Presentation Vincent Touze

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Garantir la solvabilité des systèmes de retraite Vincent Touzé OFCE Sciences Po

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Présentation de Vincent Touze sur la solvabilité des régimes de retraite. AssurEco|2014.

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Garantir la solvabilité des systèmes de retraite

Vincent Touzé

OFCE – Sciences Po

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Quelques remarques introductives

• Rq 1 : La pleine adéquation entre promesses de pension etcapacité à les financer repose souvent sur des conditionséconomiques et démographiques incertaines et difficiles àatteindre.

• Rq 2 : Les gouvernements répugnent souvent à réformer lessystèmes de retraite par répartition car ils craignent de subir uncoût politique élevé. Par voie de conséquence, ils tendent àprocrastiner et donc à reporter l’adoption de mesures quidevrait garantir la solvabilité.

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• Rq 3 : Bien sûr, en situation d’insolvabilité urgente, tous lesgouvernements réforment et même de façon substantielle. Maisle problème avec les réformes ad hoc est que, selon Turner(2009), "(elles) ont un haut degré de risque politique parce queleur timing et magnitude sont inconnus".

Quelques remarques introductives

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Plan de la présentation

• 1. Mesurer la solvabilité

• 2. Garantir la solvabilité

• 3. La situation française : le cas de la CNAV

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1. Evaluer le niveau de solvabilité• Deux approches de l’insolvabilité :

• (1) Approche « américaine » :

VAP des recettes futures + Fonds de réserves

< VAP des dépenses futures.

Le sous-financement est nommé « unfunded obligations » qui se traduitlittéralement par « les obligations non financées ».

• (2) Approche « suédoise » :

(actif notionnel + Fonds de réserves) / passif notionnel < 1.

Ce ratio s’inspire du ratio de capitalisation utilisé dans les fonds depension. Remarque : le système suédois est basé sur un comptenotionnel qui comptabilise l’ensemble cotisations versées pendantl’activité. A la retraite, ce capital notionnel (c-à-d sans contrepartiefinancière) est converti en rente viagère.

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2. Garantir la solvabilité : quels enjeux ?

• Eviter des fausses promesses non tenables sur le montant des retraites à venir.

• Risque pour les ménages de ne pas avoir suffisamment pourvu à leurs besoins de consommation future = épargne insuffisante.

• Eliminer les choix politiques discrétionnaires (i.e. pas de règles) ajustements surprises.

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• La stratégie peut consister pour les gouvernements à :• Déléguer la gouvernance du régime de retraite à une autorité

indépendante qui aura des objectifs à atteindre.

• Introduire des Mécanismes d’Ajustement Automatique (règles) afin de garantir la solvabilité du système à toutes dates sans avoir besoin d’intervention politique et ainsi éliminer le recours “à d’importants changements de programme adoptés en mode crise” (Turner, 2009).

• Cela signifie des choix clairs au sujet des transferts entre les générations + une forte acceptation sociale des règles.

2. Garantir la solvabilité : quelles solutions?

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• Les paramètres institutionnels sont ajustés selon des règles prédéfinies.

2. Garantir la solvabilité : Solution 1 = Adopter des mécanismes d’ajustement automatique (MAA) « simples ».

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• Choisir un mécanisme d’ajustement automatique nécessite de définir de nombreux éléments (Bosworth and Weaver, 2011):

• 1. Légitimer les règles selon, par exemple, le principe “un objectif, uninstrument". → identifier les objectifs et les outils (paramètres).

• Principaux objectifs : équité actuarielle, maintien du pouvoir d’achat, justicesociale et solvabilité.

• 2. Définir la fréquence des révisions.

• 3. Choisir les variables observées (espérance de vie, croissance,structure démographique, etc.) à l’origine de l’ajustement.

• 4. Programmer les ajustements ex ante à partir d’une analyseprospective donnée ou ex post en fonction des états de la natureréellement observés.

• 5. Fixer le degré d’automaticité : le caractère obligatoire desajustements donne de la crédibilité au processus.

2. Garantir la solvabilité : MAA

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Exemple 1 : Indice des pensions

• La pension de retraite évolue chaque année en fonction du taux d’inflation afin de tenir compte de l’augmentation du coût de la vie.

2. Garantir la solvabilité : MAA

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Exemple 2 : Période contributive

• Pour obtenir une pension pleine, il est nécessaire de valider unnombre suffisant de trimestres. La durée de cette période peutêtre connectée à l’espérance de vie.

2. Garantir la solvabilité : MAA

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Exemple 3 : Age de la retraite("normal=taux plein" ou minimum)

• Dans beaucoup de pays, les réformes ont modifié les âges de la retraite avec l’évolution de l’espérance, mais pas de façon automatique.

2. Garantir la solvabilité : MAA

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Exemple 4 : Lien entre pension et cotisations

• En Suède, le coefficient de conversion du capital notionnel en rente dépend de l’âge et de l’année de naissance. Ce coefficient est révisé de façon automatique, pour chaque génération, afin de refléter l’évolution des tables de mortalité par génération.

2. Garantir la solvabilité : MAA

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Solution 2 = Renforcer les AAMs en adoptant un mécanisme d’équilibre automatique (MEA) afin de “recalibrer” globalement le régime.

2. Garantir la solvabilité : Que faire si les MAAs “simples” ne sont pas suffisants?

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• Cinq questions majeures :• 1. Choisir une notion de solvabilité : Comment la définir?

• 2. Quels sont les critères pour choisir des changements dans la loicourante?

• 3. Quelle place pour l’optimisation afin de limiter les soubresauts dansles ajustements?

• 4. Quel est l’horizon temporel de l’équilibre budgétaire?

• 5. Faut-il anticiper l’avenir sur la base d’un scénario tendanciel(éventuellement “best estimate”) ou au contraire sur la base d’un scénario prudent?

2. Garantir la solvabilité : les mécanismes d’équilibre (financier) automatique

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2. Garantir la solvabilité : Exemples de mécanismes d’équilibre automatique• Cas d’école : le tax gap (pas de procrastination = ajustement

immédiat)• Correction du taux de cotisation :

VAP(dépenses futures)/VAP(recettes futures)

• Correction du niveau des pensions :

VAP(recettes futures)/VAP(dépenses futures)

• Un ajustement lissé et progressif : le « smoothed automaticbalance mechanisms » (Gannon-Legros-Touzé, 2013).

• Critère de déformation à minimiser (fonction de perte quadratique)

• Préférence pour le présent (on contrôle le degré de procrastination)

• Ajustement mixte sur les pensions et sur les taux de cotisation

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2. Garantir la solvabilité : Exemples de mécanismes d’équilibre automatique

• Suède : ajustement par les pensions (indexation spéciale en plus de ) de façon restaurer l’équilibre entre les passifs et actifs notionnels.

• Allemagne et Japon : introduction d’un index spécial des pensions qui intègre une notion de solvabilité.

• Canada : hausse des cotisations et gel des pensions pendant 3 ans si déséquilibre financier et ce tant que le gouvernement n’a pas pris de mesure.

• Etats-Unis : « mur budgétaire » car interdiction pour le régime de s’endetter.

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3. Le cas françaisRETRAITE PAR REPARTITION :

• Pour les salariés du privé : principalement CNAV (régime de base) + AGIRC/ARRCO (complémentaires)

• Pour les fonctionnaires du secteur public : un régime de pension spécifique.

Tous ces régimes affichent des déséquilibres financiers importants à l’horizon 2060 (cf. rapport du COR 2012)

RETRAITE PAR CAPITALISATION :

• En France, la rente viagère par capitalisation (PERP, PERCO, art. 39, 82, 83, etc.) est très peu utilisée : 165 Md€ contre 1.300Md€ dans l’assurance vie et 7.500 Md€ dans l’immobilier (chiffres fin 2012).

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3. Le cas français• Deux réformes importantes : 1993 puis 2003. Elles étaient

censées garantir la pérennité.

• Cela n’a pas été le cas et la crise depuis 2008 a aggravé la situation.

• Les deux dernières « réformes » :• 2012 : retour à la retraite à 60 ans pour les carrières longues + hausse

des taux de cotisations.

• 2013 : hausse des cotisations et poursuite de l’allongement progressif de la durée de cotisation.

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3. Le cas français• Un timide début de mécanisme d’ajustement automatique

depuis la loi Fillon (2003) : la durée de cotisation de référence dépend de l’espérance de vie anticipée. La réforme de 2013 prévoit : un trimestre de plus tous les trois ans, soit une durée 43 ans en 2035 contre 41,5 actuellement.

• Le rapport Moreau et la question du pilotage automatique :

« La trajectoire financière doit être pilotée et l’équilibre financier garanti par des mécanismes d’adaptation des recettes et des dépenses permettant de neutraliser les chocs économiques ou démographiques. Ce pilotage doit permettre de porter une ambition collective pour notre système de retraites et de rétablir le consensus et la confiance autour de nos retraite ».

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3. Le cas français

• Hypothèses du COR : compte central optimiste (best estimate?) • 1,5% de croissance de la productivité à long terme

• 4,5% de chômage à long terme

• CNAV : Double dividende de la baisse du chômage et d’un taux de productivité élevé : meilleures recettes directes et indirectes via un transfert automatique en provenance de l’assurance chômage dès qu’il y des excédents (réforme de 2003).

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Source : Gannon et al. (2014)

Taux de chômage Taux de croissance de la productivité

3. Le cas français : hypothèses de projection

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Source : Gannon et al. (2014)

Solde primaire

2012 Mds€ 2013 2020 2025 2030 2040 2050 2060

Scénario de référence

(COR) (avec transfert de

l'UNEDIC)

-3.29 -1.93 1.27 1.28 -0.89 3.8 4.52

Scénario de référence

(COR)-3.29 -1.93 -4.76 -10.1 -16.2 -14.4 -16.9

Scénario prudent -3.29 -4.08 -8.04 -18.3 -32.8 -38.8 -44

3. Le cas français : la CNAV

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Source : Gannon et al. (2014)

VAP des déficits primaires (en milliards d’euros)

3. Le cas français : la CNAV

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Source : Gannon et al. (2014)

Facteur d’indexation du taux de cotisation Facteur d’indexation des pensions

3. Le cas français : la CNAV

Le mixed tax gap (scénario COR)

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Source : Gannon et al. (2014)

Facteur d’indexation du taux de cotisation Facteur d’indexation du taux de cotisation

3. Le cas français : la CNAV

Le mixed tax gap (scénario prudent)

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Source : Gannon et al. (2014)

Scénario COR (sans transferts UNEDIC) Scénario prudent

3. Le cas français : la CNAV

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Source : Gannon et al. (2014)

Scénario COR (sans transferts UNEDIC) Scénario prudent

3. Le cas français : la CNAV

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Source : Gannon et al. (2014)

Scénario COR (sans transferts UNEDIC) Scénario prudent

3. Le cas français : la CNAVFonds de réserve (en milliards d’euros)

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Conclusion• Garantir la solvabilité des systèmes de retraite est une

nécessité pour plusieurs raisons :• On s’interdit les ajustements brutaux et non « anticipables » des

paramètres qui conduisent souvent à un traitement inégal des générations ;

• On adopte une vision prospective réaliste et aussi prudente du future ;

• Le lissage des ajustements nécessite une accumulation de réserves financières qui peuvent être réinvesties dans l’économie (stratégie d’allocation d’actifs à définir) ;

• Mesurer le niveau de solvabilité fournit une information très utile sur le futur des pensions, ce qui peut éventuellement encourager les ménages à épargner plus (par exemple, des PERCO ou PERP) pour pourvoir leurs besoins de consommation de fin de cycle de vie. Cette épargne en vue de la retraite peut être investie dans l’économie et ainsi financer la croissance.