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Présentation des bonnes pratiques relatives aux
interventions dans le domaine de la santé maternelle,
néonatale et infantile
AFRICAN UNION
UNION AFRICAINE
UNIÃO AFRICANA
Addis Ababa, ETHIOPIA P. O. Box 3243 Tele: +251-115 517 700
Fax: +251-11-5 517844 Website: www.africa-union.org
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Mars 2013
Avant-propos
En mai 2009, la Commission de l’Union africaine a lancé la Campagne pour
l’accélération de la réduction de la mortalité maternelle en Afrique (CARMMA), qui a
pour but de sensibiliser les différentes parties prenantes ainsi que les États Membres,
afin qu’ils trouvent rapidement des solutions aux problèmes de santé maternelle,
néonatale et infantile qui ont été identifiés dans le Plan d’action de Maputo, en vue de
la mise en œuvre de la santé sexuelle et de reproduction et des droits y afférents.
Etant donné qu’une grande majorité des États Membres de l’Union africaine ont lancé la
CARMMA au niveau national, et qu’ils sont en train de mettre en œuvre les principales
stratégies de cette campagne, la bonne nouvelle d’une baisse impressionnante de 41%
de la mortalité maternelle en Afrique de 1990 à 2010 donne une nouvelle impulsion au
processus.
Même si des progrès importants ont été enregistrés, les femmes du continent courent
toujours constamment le risque 1 fois sur 39 de mourir des suites de complications liées
à la grossesse ou à l’accouchement, situation qui demeure inacceptable. Il convient
donc de déterminer ce qui a bien fonctionné, en fournissant les informations
essentielles, tout en espérant qu’elles pourront, au besoin, être adaptées à travers le
continent, pour faciliter les changements souhaités en matière de santé maternelle,
néonatale et infantile.
La présente publication indique donc les mesures actuellement prises pour la mise en
œuvre des interventions efficaces axées sur les résultats, qui permettent de s’attaquer
aux principales causes de mortalité maternelle, néonatale et infantile. En effet, l’Afrique
peut trouver elle-même des solutions à ses propres problèmes, qui ne sont pas
totalement étrangères au continent, et dont certaines sont systématiquement utilisées
pour réduire considérablement la mortalité et la morbidité dans bon nombre de pays.
J’espère très sincèrement que grâce à la diffusion de ces pratiques louables, les États
Membres et les parties prenantes pourront identifier les pratiques nécessaires et
appropriées qui leur permettront d’améliorer la situation de la santé maternelle,
néonatale et infantile sur notre continent.
Dr. Mustapha Sidiki Kaloko
Commissaire aux Affaires sociales
Commission de l’Union africaine
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Remerciements
Le recueil des bonnes pratiques relatives à la santé maternelle, néonatale et infantile
examine 11 domaines d’action, à savoir: le franchisage social, les services de sous-
traitance, l’enseignement de l’obstétrique, les soins obstétricaux d’urgence, la
délégation des tâches, les ressources humaines pour la santé, les initiatives
communautaires, l’utilisation des TIC, l’engagement de la société civile, l’éducation des
filles, l’avortement sans risques, l’équité en matière de soins de santé, et les audits sur
la mortalité maternelle. Lorsqu’elles sont mises à profit, ces interventions importantes
peuvent constituer un moyen très efficace et peu onéreux de faire face à la charge que
représente la santé maternelle, néonatale et infantile en Afrique.
La Commission de l’Union africaine exprime sa profonde gratitude à tous les
partenaires au développement qui ont toujours soutenu les programmes et les
interventions sur la santé maternelle, néonatale et infantile au sein du continent, et plus
particulièrement la présente publication. Citons dans le désordre l’UNFPA, l’Alliance
GAVI, l’Ipas (Afrique), Marie Stopes International (MSI), AIDS Accountability
International (AAI), la Fondation Elizabeth Glaser Pediatric AIDS, PMNCH, SAfAIDS et
Population Media Center.
La Commission entend poursuivre la collaboration axée sur les résultats avec un grand
nombre de partenaires pour la mise en place d’un cadre propice à la santé maternelle,
néonatale et infantile en Afrique.
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Introduction
Les taux de morbidité et de mortalité maternelle, néonatale et infantile sont
extrêmement élevés en Afrique, causant ainsi une lourde charge sur le bien-être
socioéconomique du continent.
La Commission de l’Union africaine (CUA) reconnaît parfaitement que le statut de la
femme et de l’enfant, dont les indicateurs (de santé) sont de solides baromètres
immédiats, se trouve au centre du développement social et humain, déterminant
essentiel de la croissance et du développement économique équitable et durable. La
CUA croit fermement que la croissance économique durable, la paix et la stabilité ne
pourraient être réalisées si l’on ne règle pas le problème des inégalités persistantes de
genre, et celui de l’exclusion sociale et de la faiblesse des résultats en matière de santé
sur le continent.
Le Plan directeur de la santé sexuelle et de reproduction et des droits y afférents a été
adopté en 2005 par décision n° EX.CL/225 (VIII) de l’Union africaine, en réponse à
l’appel lancé pour la réduction de la morbidité et de la mortalité maternelles et infantiles
en Afrique. Il a été mis au point en tant que contribution de l’Afrique à la mise en œuvre
des programmes d’action de la Conférence internationale sur la population et le
développement (CIPD), dont la santé de reproduction et les droits des femmes et des
hommes constituent les principaux objectifs prioritaires. En outre, le plan directeur
continental destiné à la santé sexuelle et de reproduction et aux droits y afférents avait
pour but d’accélérer l’action menée en faveur de la mise en œuvre des OMD, en
particulier ceux liés à la santé, notamment les OMD 4, 5 et 6. En 2006, l’Union africaine,
par la déclaration de son Conseil exécutif n° EX.CL/Déc.516 (XV), a adopté le Plan
d’action de Maputo pour la mise en œuvre du plan directeur de la santé sexuelle et de
reproduction et des droits y afférents.
Après une évaluation probante de la mise en œuvre du Plan d’action de Maputo en
2010, la 15e session de la Conférence ordinaire de l’UA dont le sommet s’est tenu à
Kampala, a, par sa déclaration n° Assembly/AU/Décl.1{XV}), chargé la Commission de
l’UA de faire chaque année le bilan de la situation de la santé maternelle, néonatale et
infantile en Afrique jusqu’en 2015. Compte tenu de ce qui précède, la Commission de
l’UA entend améliorer la qualité du rapport sur la santé maternelle, néonatale et infantile
en Afrique, en publiant les interventions caractérisées par de bonnes pratiques, pour
partager ses connaissances sur ce qui fonctionne, où et comment. Les objectifs
spécifiques de la publication sont les suivants :
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Faciliter l’échange des connaissances sur les pratiques factuelles qui ont permis
d’améliorer les résultats en matière de santé de la reproduction et de santé
maternelle, néonatale et infantile;
Favoriser le renforcement des programmes nationaux et la maximisation des
ressources disponibles, tout en faisant office de mécanisme d’apprentissage
continu, de retour d’information, de réflexion et d’analyse de ce qui fonctionne ou
non, comment et pourquoi ; et
Faciliter l’extension ou l’adoption des facteurs de succès essentiels et éprouvés,
ainsi que les enseignements tirés, afin d’améliorer la couverture des services de
qualité, et d’accélérer le progrès en vue de l’accès universel à des services de
santé maternelle, néonatale et infantile de qualité.
Les échanges d’expériences entre les États Membres de l’Union africaine et en dehors,
devra accélérer les efforts actuels visant à réduire la charge de la santé maternelle,
néonatale et infantile (SMNI) en Afrique.
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Thème du programme: Santé sexuelle et de la reproduction
Composante: franchisage social
Informations générales
Le franchisage social est fondé sur un modèle de franchisage communément utilisé
dans le secteur commercial. Il suppose d’ordinaire l’octroi d’une licence par une
entreprise sociale (le franchiseur, souvent une ONG) à une autre personne ou société
(le franchisé) pour lui permettre de créer la demande en utilisant l’image de marque de
l’entreprise concernée. La franchise qui en résulte permet au franchisé de
commercialiser les produits ou les services du franchiseur à partir de ses propres points
de vente. Le franchisé doit suivre les procédés d’exploitation standard après la
formation et l’accréditation formelles.
Le franchisage social crée un réseau de prestations de services permettant d’accroître
considérablement la couverture de services de qualité efficaces en termes de santé
sexuelle et de reproduction. Les prestataires de services de santé privés représentent
l’une des principales sources de santé des pays en développement, et leur croissance
est susceptible de se poursuivre au cours de la prochaine décennie. Plusieurs études
indiquent qu’une proportion importante d’individus pauvres s’adresse aux prestataires
de soins de santé privés pour la plupart de leurs besoins de santé. En collaborant avec
le secteur privé, le franchisage social permet aux organisations s’occupant de la santé
sexuelle et de reproduction de rendre les services disponibles dans les zones mal
desservies, de manière rapide et économique. Le franchisage social permet aussi aux
organisations s’occupant de la santé sexuelle et de reproduction d’accroître l’utilisation
des services actuels en améliorant leur qualité ou en les mettant sur le marché de
manière appropriée.
Résultats:
Le franchisage social a été introduit dans le secteur de la santé sexuelle et de
reproduction dans les années 1990. En 2011, 27 franchises sociales existaient dans 19
pays en Afrique. Lancé tout d’abord au Kenya en 2004, le franchisage social a été
appliqué dans plus de 1 775 points de prestation de services de santé dans 10 pays.
L’année 2012 verra le démarrage de programmes similaires dans 10 autres pays.
Enseignements tirés:
Les résultats positifs observés dans ces pays pionniers peuvent s’étendre à l’ensemble
du continent si le concept de franchisage social est repris dans tous les États Membres
de l’UA.
Partenaires de mise en œuvre:
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Thème du programme: Santé maternelle
Composante: Enseignement de l’obstétrique et perfectionnement professionnel
Informations générales
Au Soudan du Sud, il existe un déséquilibre important dans la main d’œuvre qualifiée,
surtout chez les sages-femmes et dans leur capacité à fournir des soins de santé
efficaces et efficients. L’enquête récemment menée sur les ménages (en 2010) au
Soudan du Sud montre que seuls 10% des accouchements dans ce pays ont lieu en
présence d’accoucheuses qualifiées. La couverture en soins prénatals se situe au faible
taux de 16%, et le taux d’utilisation des méthodes contraceptives est inférieur à 3,5%,
pourtant, le besoin non satisfait en la matière est généralement faible.
Afin d’augmenter le nombre de sages-femmes qualifiées et de renforcer les services
obstétricaux, des efforts sont entrepris grâce à l’assistance technique et financière
accordée à quatre instituts nationaux de formation médicale pour leur permettre
d’assurer des programmes d’études obstétricales, notamment la toute première école
professionnelle de la nouvelle République, qui prépare aux diplômes d’infirmières et de
sages-femmes. Il y a également une assistance technique permettant de réviser et
d’améliorer la qualité du diplôme et les programmes d’études obstétricales pour les
conformer aux normes internationales et aux compétences fondamentales nécessaires
en obstétrique, telles que élaborées par la Confédération internationale des sages-
femmes. L’assistance porte également sur l’octroi à 37 ressortissants du Soudan du
Sud de bourses d’études pour leur permettre de poursuivre des études obstétricales
dans trois écoles professionnelles en Ouganda, et dans un institut de formation
médicale privé au Soudan du Sud.
Résultats:
a) Cette action a permis de disposer de quatre instituts nationaux de formation
médicale dotés d’une plus grande capacité à gérer les programmes d’études
d’infirmières et de sages-femmes; d’avoir plus de 200 étudiants en obstétrique et
70 élèves infirmiers qui poursuivent leurs études dans des instituts nationaux de
formation médicale appuyés par cette initiative; et de renforcer les capacités du
Ministère de la santé à gérer les services infirmiers et de sages-femmes ;
b) Des associations nationales et 10 associations publiques comprenant plus de
432 membres ont été créées pour promouvoir les professions d’infirmier et de
sage-femme, et contribuer à l’amélioration de la santé maternelle au Soudan du
Sud.
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Facteurs essentiels de succès:
Les principaux facteurs qui ont facilité le progrès sont: un partenariat et une
collaboration solides entre les organismes placés sous la tutelle du Ministère de la
Santé. Ce partenariat a permis d’assurer une utilisation maximale et une mise à profit
des ressources disponibles. A cela s’ajoute l’engagement politique des autorités
gouvernementales qui a facilité le travail de l’ensemble des partenaires et assuré la
satisfaction des besoins nécessaires, ainsi que le respect harmonieux des procédures
publiques.
Enseignements tirés:
Cette initiative est très appréciable puisqu’elle est conforme à la stratégie du secteur de
la santé qui vise à s’assurer que le programme demeure pertinent et conforme aux
priorités nationales. C’est une bonne pratique qui montre le degré d’intervention des
partenaires face aux besoins et aux priorités des pays. Ce partenariat a permis de
coordonner les activités, de façon à réduire les chevauchements, à utiliser les
ressources au maximum, et à sentir la nécessité de déterminer les priorités parmi les
activités, pour ne pas surcharger les pays.
Partenaires de mise en œuvre:
Le Ministère de la Santé, Real Medicine Foundation, l’Agence japonaise pour la
coopération internationale, le programme du Fonds mondial du PNUD, l’UNICEF,
l’Organisation mondiale de la Santé, International Medical Corps et la Fondation
africaine de la recherche médicale.
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Thème du programme: Santé maternelle
Composante: Création d’une base de données obstétrique
Informations générales
Le Plan stratégique sur les ressources humaines pour la Santé (2010 – 2015) établi par
le Gouvernement d’Ethiopie, parfois appelé « stratégie d’inondation », porte
essentiellement sur la formation d’autant de professionnels de la santé que possible.
Pour mettre en œuvre cette nouvelle stratégie, le gouvernement a créé davantage
d’instituts de formation. Par exemple, le nombre d’établissements de formation de
sages-femmes est passé de cinq en 2000 à 30 en 2011. Il existe actuellement 11
universités qui forment des sages-femmes du niveau BSc (licence ès sciences) alors
que d’autres établissements forment des sages-femmes diplômées. Le gouvernement
d’Ethiopie s’est fixé pour objectif de former 8 635 sages-femmes jusqu’en 2015, alors
que le pays a besoin de 19 489 sages-femmes d’ici à 2015 pour satisfaire les besoins
de sa population croissante (Rapport de juin 2011 sur la situation des sages-femmes
dans le monde). Malgré le nombre croissant de sages-femmes diplômées des instituts
de formation, l’absence de données obstétriques est l’une des lacunes qui ont été
identifiées à tous les niveaux, y compris au sein de l’association des sages-femmes, et
qui affecte le recrutement des membres. Divers départements ministériels et
partenaires citent différentes données. Le nombre de sages-femmes qui sont passées
du Ministère de la Santé aux ONG, ou qui ont rejoint d’autres professions à l’intérieur du
Ministère de la Santé, a aussi atteint des niveaux élevés. Pour résoudre ces problèmes,
il a été procédé à un recensement visant à :
Identifier le nombre et le profil des sages-femmes en service dans les
institutions d’enseignement et les établissements de santé (publics, privés, et
ONG) par exemple;
Déterminer le nombre d’étudiantes en obstétrique de toutes les écoles
professionnelles et universités (établissements publics et privés), et consigner
leurs adresses ;
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Evaluer les possibilités offertes ainsi que les obstacles rencontrés pour les
sages-femmes dans les institutions d’enseignement, les établissements de santé
publics et privés, surtout pour ce qui est de l’amélioration de leur carrière
professionnelle ;
Déterminer l’adhésion des sages-femmes et des étudiantes en obstétrique.
D’après le recensement, 4 332 sages-femmes et 7037 étudiantes en obstétrique au
total ont été enregistrées et intégrées dans la base de données Excel. La base de
données est abritée par l’Association des sages-femmes d’Ethiopie et sera actualisée
tous les trois mois afin d’enregistrer les nouvelles diplômées ainsi que celles qui auront
abandonné la profession.
Résultats:
1. La base de données est actuellement mise en place et montre qu’il y a eu
augmentation du nombre de sages-femmes disponibles.
Tendance de la main d’œuvre disponible et programme accéléré de formation de
sages-femmes
Source: Base de données de l’Association des sages-femmes d’Ethiopie (2010 - 2012)
Sages –femmes
(formation
actuelle)
Sages –femmes
(programme
accéléré)
Agents de santé
Année
No
mb
re d
’age
nts
de
san
té
12
La base de données montre également une variation du nombre de sages-femmes
disponibles dans chaque région, comme l’indique la figure ci-après; elle montre aussi
que le nombre de sages-femmes a considérablement augmenté dans chaque région
par rapport aux données de 2009.
A l’aide de la base de données, l’Ethiopie est en train d’élaborer son propre Rapport sur
les sages-femmes en Ethiopie.
Facteurs essentiels de succès: Les principaux facteurs qui ont facilité le progrès sont: un partenariat et une
collaboration solides entre les organismes placés sous la tutelle du Ministère de la
Santé. Ce partenariat a permis d’assurer une utilisation maximale et une mise à profit
des ressources disponibles. A cela s’ajoute l’engagement politique des autorités
gouvernementales qui a facilité le travail de l’ensemble des partenaires et assuré la
satisfaction des besoins nécessaires ainsi que le respect des procédures
gouvernementales.
Enseignements tirés: Le processus de recensement ouvre une voie pour la collecte des informations sur les
raisons du faible maintien du personnel dans la profession, permettant ainsi de bien
élaborer et de bien asseoir les mécanismes destinés à encourager les élèves sages-
femmes et les sages-femmes elles-mêmes à embrasser la profession.
73 105315
26
1 949
364
696 662
47 67
395
0
500
1000
1500
2000
2500
MIDWIVES IN ETHIOPIA : Source EMA DATA 2012
Gambella
Ben Shangul
Somali
Afar
Oromiya
Tigray
Amhara
SNNP
Dire Dawa
SAGES –FEMMES EN ETHIOPIE
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Partenaires de mise en œuvre: Association des Sages-femmes d’Ethiopie, Agence suédoise de développement
international (SIDA), et Ministère fédéral de la Santé (Ethiopie).
Source: UNFPA
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Thème du programme:
Santé maternelle
Composante: Maisons d’attente de maternité
Informations générales
Le Cap oriental en Afrique du Sud possède une vaste population rurale et des taux de
mortalité maternelle élevés. Les précédents rapports ont montré une hausse importante
de la mortalité maternelle au cours des années 1998 à 2000. La même tendance a été
observée au cours de la période 2001 à 2003. La période 2003- 2004 a connu la plus
forte augmentation, passant de 129 cas de décès à 209. Cette augmentation a été
suivie d’une légère baisse, soit 181 décès en 2005. Cependant, il y a eu depuis lors une
augmentation progressive, atteignant 268 décès en 2009. Après la mise en place de la
Commission d’enquête nationale confidentielle sur le rapport relatif à la mortalité
maternelle (Saving Mothers Report 2005-2007), un certain nombre de facteurs
déterminants ont été mis en lumière. Parmi ces facteurs, le retard dans la recherche de
l’aide dans les établissements de santé, qui constitue l’un des facteurs ayant contribué
à la croissance de la mortalité maternelle dans le pays. Le rapport a aussi souligné le
retard dans la recherche d’une assistance médicale dans 26,7% des cas de mortalité
maternelle. Dans le Rapport Saving Mothers pour la période 2008 – 2010, le retard
dans la recherche d’une assistance médicale a été cité dans 28,8% de cas de décès
maternels.
L’une des mesures prises est la création de maisons d’attente de maternité destinées à
raccourcir la distance géographique qui mène jusqu’aux services de santé obstétriques.
Ces maisons sont des établissements résidentiels situés à l’intérieur des périmètres
hospitaliers, et destinés aux femmes enceintes vivant loin des points de prestation des
services de santé. Elles sont dans une grande mesure utilisées par les femmes qui
vivent dans les zones rurales éloignées et qui n’ont pas accès à des moyens de
transport sûrs. Certaines de ces zones rurales ne disposent pas d’infrastructures
routières adéquates permettant aux voitures et ambulances de transporter leurs clients
à partir de leurs domiciles en cas de besoin, surtout à des moments déclarés « à haut
risque ». Ces établissements ouvrent facilement et à temps l’accès aux services de
soins de santé où sont assurés une bonne prise en charge des grossesses, et surtout
des services d’urgence en cas de complications, et où les accouchements sont
pratiqués et les soins postnatals administrés.
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Résultats:
Les maisons d’attente de maternité ont offert des opportunités, et l’on insiste
davantage sur l’éducation et les consultations relatives à la grossesse, à
l’accouchement et aux soins du nouveau-né et de la famille.
Une baisse du nombre de complications à l’accouchement, et de la mortalité
maternelle, a été observée, étant donné que les mères à risque se rendent tôt à
l’hôpital et séjournent dans les maisons d’attente de maternité, et leur
accouchement se déroule mieux que pour des femmes qui sortent directement
des communautés.
Facteurs essentiels de succès:
Le programme est facilité par le fait que l’admission dans une maison d’attente de
maternité est gratuite, et que cette maison se trouve à une courte distance (de marche)
du centre d’accouchement, ce qui permet aux mamans d’y arriver à temps lorsqu’elles
sont en travail.
Enseignements tirés:
Les maisons d’attente de maternité sont une stratégie efficace qui permet, en cas de
complications, de fournir convenablement et à temps, des soins de santé pour la mère
et le nouveau-né. L’identification des causes de mortalité maternelle, néonatale et
infantile ne suffit pas, aussi des mesures doivent-elles être prises. Prendre les décès
maternels et les résultats des enquêtes confidentielles comme base permettant
d’améliorer la santé maternelle, néonatale et infantile, est une bonne pratique.
Partenaires de mise en œuvre
Gouvernement de la République d’Afrique du Sud
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Thème du programme: Santé maternelle
Composante: Approche communautaire pour accroître l’utilisation des services de
santé maternelle
Informations générales
Djibouti possède l’un des taux de mortalité maternelle les plus élevés d’Afrique du Nord,
estimé en 2008 à 300 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes. Le taux
d’utilisation des méthodes contraceptives est de 17,8, et 93% de femmes environ ont
subi une mutilation des organes génitaux. Par rapport aux autres pays d’Afrique du
Nord, Djibouti possède aussi l’un des taux de prévalence du VIH/sida les plus élevés
parmi les Etats arabes. Bien qu’elle soit inférieure à un million d’habitants, sa population
est éparpillée et n’accède que très peu aux services de santé. L’accès limité à ces
services contribue au taux élevé de mortalité maternelle. Les centres de santé ne sont
pas bien répartis, et se trouvent éloignés de plusieurs femmes. Le transfert d’urgence
des femmes des centres de santé aux services de soins tertiaires ou aux services de
soins obstétricaux d’urgence peut prendre jusqu’à dix heures. D’autre part, les femmes
risquent de ne pas pouvoir payer leurs frais de transport. L’une des principales
interventions du plan national de développement de la santé a consisté à améliorer
l’accès physique et financier aux services, particulièrement aux services obstétricaux
d’urgence.
Pour accélérer la capacité d’intervention du système de santé et améliorer la qualité
des soins, l’UNFPA a appuyé une initiative communautaire visant à accroître l’utilisation
des services de santé maternelle. Cette initiative avait pour but:
De réduire les barrières financières qui entravent des services de santé de
reproduction de qualité;
De renforcer et d’améliorer l’organisation communautaire autour de la santé
maternelle; et
D’améliorer la collaboration entre les communautés rurales et les prestataires de
soins de santé, en particulier les services mobiles.
Le programme pilote a ciblé les communautés rurales nomades ou semi-nomades
(avec des populations n’excédant pas 30 000 habitants; à peu près 7 000 femmes en
âge de procréer, et 2 700 enfants de moins de cinq ans). L’initiative a suscité une forte
adhésion des membres de la communauté. Le programme a conduit à la formation de
comités composés de 10 personnes (8 femmes et 2 hommes). Le programme a aussi
tenu compte de la collecte de ressources financières provenant de sources locales, et de
la création de fonds communautaires (mutuelles) d’environ 300 à 500 dollars EU. Ces
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fonds ont pour but de permettre aux comités de se prendre en charge et de renforcer leurs
capacités en gestion financière.
Résultats:
Accroissement du nombre de femmes enceintes se rendant dans les établissements de santé pour accoucher. Les accouchements réalisés dans ces établissements et qui se situaient généralement entre 10 et 15 pour cent en 2008 ont maintenant atteint le taux de 48 à 100 pour cent en 2012 (rapports d’enquête du Ministère de la Santé)
Intensification du programme pour couvrir davantage de zones éloignées et nécessiteuses du Nord et du Sud de Djibouti. Le programme a démarré dans 16 communautés et couvre maintenant plus de 42 communautés.
Accroissement des activités des équipes de santé mobiles dans les collectivités participantes, avec le renforcement des relations entre les organisations communautaires et les équipes de santé. Les équipes mobiles sont en train d’effectuer trois visites par mois dans les deux régions du Sud, et deux visites à chacun des sites situés dans les trois régions du Nord. Le renforcement des efforts communautaires visant à identifier et à encourager les femmes enceintes à se joindre au programme.
Facteurs essentiels de succès:
La forte cohésion suscitée par l’engagement communautaire a facilité l’accroissement
de la participation de celle-ci et son accès aux services compétents.
Source
UNFPA
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Thème du programme: Ressources humaines pour la santé
Composante: Délégation des tâches pour les services de maternité et de
planification familiale
Informations générales
Plus de 75% de médecins et 60% d’infirmiers dans le monde travaillent dans les zones
urbaines où vivent moins de 55% de la population mondiale. Cette disparité provient du
nombre élevé d’institutions de formation, d’établissements de santé et/ou des
opportunités accordées aux revenus plus élevés des zones urbaines. Il en résulte que
plusieurs communautés rurales n’ont pas suffisamment accès aux services
traditionnellement fournis par des professionnels de la santé hautement qualifiés.
Permettre aux prestataires de services de niveau intermédiaire de fournir les services
qui étaient traditionnellement assurés par des professionnels hautement qualifiés
permet d’améliorer considérablement la santé et l’accès à une vaste gamme de soins
de santé. Les professionnels hautement qualifiés ont généralement suivi pendant deux
ou trois ans une formation supérieure, et constituent dans de nombreux pays à faible
revenu, une proportion importante de l’ensemble des effectifs sanitaires. Dans neuf
pays de l’Afrique subsaharienne, par exemple, le nombre de prestataires de services de
soins de santé de niveau intermédiaire est égal au nombre de médecins ou le dépasse.
Résultats:
a) Les prestataires de services de niveau intermédiaire ayant reçu une formation en
chirurgie font accoucher à peu près 90% de femmes par voie césarienne dans
les hôpitaux de district du Malawi.
b) Au Mozambique et en Tanzanie, 84% et 92% respectivement des principales
opérations de chirurgie obstétricale sont réalisées par des prestataires de
services de niveau intermédiaire ayant une formation en chirurgie.
c) L’Ethiopie utilise la technique de la délégation des tâches dans la prestation des
services cliniques de planification familiale.
Enseignement tirés:
L’action des prestataires de services de niveau intermédiaire, surtout ceux qui ont des
liens naturels avec les communautés cibles, est plus efficace et économique lorsque ce
sont eux qui fournissent certains services essentiels de santé maternelle, néonatale et
infantile.
Source
Marie Stopes International
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Thème du programme : Ressources humaines pour la santé
Composante: Prise en charge au niveau du district de la prévention de la
transmission du VIH de la mère à l’enfant
Informations générales:
Conformément à son plan national de quasi élimination du VIH chez les enfants, le
Ministère de la Santé et de la protection de l’enfance du Zimbabwe a adopté et
nationalisé un modèle de point focal de district chargé de la prévention de la
transmission du VIH de la mère à l’enfant (PTME) pour appuyer le programme national
y relatif au Zimbabwe en 2011. Ce programme a pour but d’utiliser les points focaux de
district, qui sont des agents de santé communautaires expérimentés, pour soutenir les
équipes sanitaires de district du Ministère de la Santé et de la protection de l’enfance
dans la mise en œuvre dans les établissements de santé maternelle et infantile, des
directives 2010 révisées de l’OMS pour la prévention de la transmission du VIH de la
mère à l’enfant. Le but était d’accorder la priorité, au niveau de l’établissement de
santé, à la prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant, afin d’atteindre
l’objectif du Zimbabwe de réduire le taux de transmission du VIH de la mère à l’enfant à
moins de 5% d’ici à 2015. Cette stratégie est née des discussions entre le Ministère de
la Santé et de la protection de l’enfance et EGPAF Zimbabwe, et a fourni une formation
supplémentaire aux infirmières principales de district pour appuyer le renforcement de
la prestation des services de PTME, tout en assurant une supervision et un
encadrement sur place des agents de santé sur les interventions en matière de
prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant. L’objectif principal de ces
activités est d’améliorer la mise en place de services de prévention de la transmission
du VIH de la mère à l’enfant ainsi que les taux de rétention des personnels dans ces
services, de supprimer les goulots d’étranglement que connaît le programme, et de
recenser les réalisations du programme ainsi que les enseignements tirés. Les
directeurs médicaux provinciaux ont aussi été impliqués dans le processus de
recrutement des points focaux de district et dans la mise en œuvre du programme.
Résultats:
Les points focaux de district ont visiblement influé sur l’enregistrement des
malades et la consignation des améliorations survenues dans les principaux
aspects de la prestation de services. Dans une province (celle du Mashonaland
East), le suivi qu’ils ont effectué sur l’administration du cotrimoxazole (CTX) aux
enfants a donné lieu à une amélioration de 32% au premier trimestre 2011 à
97% au quatrième trimestre 2011.
Les points focaux de district continuent d’aider les infirmières à commencer le
traitement antirétroviral, avec lequel certaines infirmières ne se sentent pas à
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l’aise parce que les directives nationales du Zimbabwe y relatives ne donnent
pas de conseils précis sur le traitement.
Les points focaux de district font aussi état de liens renforcés avec la
communauté, et couvrent les événements communautaires organisés par
d’autres partenaires pour s’assurer que les messages sur la prévention de la
transmission du VIH de la mère à l’enfant y sont inclus.
Facteurs essentiels de succès
Ce programme a été facilité par un solide partenariat entre EGPAF et le Ministère de la
Santé et de la protection de l’enfance, et il a mis l’accent sur l’appui du gouvernement.
La coordination dès le départ avec le Ministère de la Santé et de la protection de
l’enfance, ainsi que l’appropriation du cadre et du modèle des points focaux de district
aux niveaux national et provincial sous la direction de ce même ministère, a été d’une
importance capitale dans leur mise en œuvre harmonieuse et leur acceptation au
niveau des districts. D’autre part, l’implication du directeur médical de district et du
personnel provincial du Ministère de la Santé et de la protection de l’enfance lors des
visites de soutien, a amélioré leur appropriation et leur responsabilité dans leur action
sur le terrain.
Enseignements tirés
Le modèle des points focaux de district est étroitement contrôlé et suivi au profit des
autres domaines qui pourraient souhaiter employer une stratégie similaire. Parce qu’il
devrait être abandonné après sa cinquième année d’existence, le rôle du point focal au
niveau du district pourrait bien constituer une approche réaliste dans les pays capables
d’investir dans des stratégies à court terme pour accélérer l’amélioration de la
prestation des services de prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant,
sans avoir besoin de prendre des engagements financiers à long terme qui pourraient
éventuellement ne pas être viables. En outre, puisqu’il est intégré dans la structure de
district du Ministère de la Santé, ce modèle pourrait être repris par tout pays qui dispose
d’équipes de santé de district relevant du Ministère de la Santé, sans avoir besoin de
mettre sur pied des structures de prise en charge parallèles.
Partenaires de mise en œuvre
Le Ministère de la Santé et de la protection de l’enfance du Zimbabwe, et la Fondation
Elizabeth Glaser Pediatric AIDS (EGPAF).
21
Thème du programme : Santé maternelle
Composante: Engagement de la société civile dans la prévention des fistules
obstétriques
Informations générales
Le taux de mortalité maternelle au Mozambique est de 500 pour 100 000 naissances
vivantes, et 36,8% de ces décès surviennent chez les jeunes femmes de 15 à 24 ans
(2007), la plupart chez les jeunes filles et les femmes pauvres et analphabètes des
zones rurales. Pour toutes les femmes qui meurent de causes liées à l’accouchement,
au moins 20 sont censées avoir été victimes de morbidité maternelle, dont la fistule
obstétrique constitue l’une des formes les plus sévères. L’on estime à 2 000 le nombre
de cas de fistules obstétriques qui surviennent chaque année au Mozambique.
L’existence de la fistule obstétrique ainsi que ses causes et ses conséquences sont
inconnues de la plupart des couches sociales, et les femmes du Mozambique peuvent
donc vivre de nombreuses années avec cette affection socialement et physiquement
incapacitante, dont beaucoup d’entre elles meurent des suites de complications.
L’absence d’information liée aux tabous et aux idées préconçues, aux limites dans
l’accès aux établissements de santé, et à la pauvreté, rend les femmes vulnérables à la
fistule, et les victimes sont souvent abandonnées sans aucune assistance, puis
marginalisées dans leurs propres communautés. Jusqu’à récemment, les services
médicaux destinés à traiter ou à réduire cette affection étaient peu nombreux, et les
efforts visant à toucher les victimes étaient très limités, puisqu’il n’existait aucune
stratégie ou plan national visant à résoudre ce problème.
Résultats
Cette intervention a contribué à l’accroissement de l’accès aux services de santé de
reproduction de qualité ainsi qu’à leur utilisation, surtout en ce qui concerne les services
de santé maternelle et néonatale, et ceux de planification familiale.
Enseignements tirés
Cette intervention a renforcé les liens entre la communauté et les services de santé, ce
qui est stratégiquement important pour l’amélioration de l’accès aux soins de santé de
reproduction. En outre, l’initiative a non seulement introduit un “nouveau” risque ou
complication de santé maternelle pour de nombreux participants, mais aussi facilité un
débat et une discussion indispensables parmi les participants venus des ONG agréées
concernant leur propre rôle dans la prévention et l’intégration de celle-ci dans les
interventions communautaires en cours.
Partenaires de mise en œuvre
Forúm Mulher et ONG agréées
22
Thème du programme : Santé sexuelle et de reproduction des adolescents
Composante: Forum de discussions pour les filles sur la santé sexuelle et de
reproduction
Informations générales
Le Mozambique possède une importante population de jeunes (dont 66, 6 pour cent
sont âgés de moins de 24 ans) qui font face à des défis importants liés à l’emploi, à
l’éducation, et pas le moindre, à la santé sexuelle et de reproduction. Leur vulnérabilité
particulière augmente le risque pour la morbidité et la mortalité liées à la santé sexuelle
et de reproduction.
Les jeunes filles et les femmes sont particulièrement vulnérables, comme le prouve le
taux élevé des mariages et des grossesses chez les adolescentes (41 pour cent de
filles âgées de 15 à 19 ans sont soit mères soit enceintes), du fait que 36,8 pour cent du
nombre total de décès maternels (soit 500 décès pour 100 000 naissances vivantes)
surviennent chez les femmes âgées de 15 à 24 ans, et du fait de la forte prévalence de
VIH chez les filles et les jeunes femmes, qui courent quatre fois plus le risque d’être
infectées.
Un forum de discussions donne aux filles et aux jeunes femmes un espace confortable
qui leur permet de parler de leurs problèmes et de leurs expériences en matière de
santé sexuelle er de reproduction, et d’être mieux informées de leurs droits par rapport
aux garçons et aux jeunes hommes.
Résultats
L’intervention a eu un effet positif sur un grand nombre de jeunes femmes, en
améliorant leur amour propre et leur niveau de prise de décision en matière de
santé sexuelle et de reproduction.
L’implication des garçons et des hommes dans le forum est un résultat positif,
puisqu’ils constituent une partie des problèmes que rencontrent les femmes et
les filles par rapport aux choix qu’elles doivent effectuer dans le cadre de leur
santé sexuelle et de reproduction.
Enseignements tirés
Cette activité est une réussite en soi, et compte tenu de la situation de pauvreté et des
menaces qui planent sur l’emploi des filles, elle apporte une réponse à certains aspects
de ces défis. Convertir le pouvoir des filles dans le domaine privé demande à être suivi
d’interventions visant à promouvoir le plaidoyer pour des services utiles et efficaces,
ainsi que des politiques convenablement financées, et à promouvoir des politiques
ingénieuses adaptées à tous. En d’autres termes, l’activité doit être liée à d’autres
programmes axés sur le développement.
23
Partenaires de mise en œuvre
L’AMODEFA (Association mozambicaine de planification familiale – Associée à
l’Initiative de planification familiale)
24
Thème du programme : Santé maternelle et néonatale
Composante: Audit national sur les décès maternels et néonataux
Informations générales
Au Mozambique, le taux de mortalité maternelle est de 500 pour 100 000 naissances
vivantes. L’absence d’informations biomédicales, les difficultés d’accès et d’utilisation
des services médicaux, les aspects sociaux comme les inégalités de genre et
intergénérationnelles, et les normes et croyances locales spécifiques, rendent les
femmes et les filles vulnérables à diverses complications de santé sexuelle et de
reproduction. Le pays ne dispose pas de suffisamment d’établissements de santé, et
fait face à une pénurie de personnels qualifiés capables de faire normalement face au
million d’enfants à peu près, qui naissent chaque année. Le gouvernement reconnaît
l’importance d’investir dans la réduction de la mortalité maternelle, ainsi que la
nécessité de disposer de données factuelles à cet effet.
Afin de résoudre ce problème, des commissions sur l’audit des décès maternels et
néonataux ont été créées en 2010 au niveau national, provincial et des districts. Ce
mécanisme d’audit qualitatif comprend une étude systématique des décès maternels et
néonataux destinée à déterminer les facteurs sanitaires, sociaux et autres contributifs
sous-jacents.
Cette intervention fournit une plateforme permettant de mener des discussions ouvertes
sur les causes remédiables de la mortalité maternelle et néonatale, sans rejeter le
blâme sur les prestataires des soins de santé. L’audit des décès a permis de réduire
dans les établissements de santé les complications qui sont cause de mortalité
obstétrique et néonatale, et il sert à contrôler et à évaluer en permanence les politiques
de santé maternelle et néonatale dans le pays. Cette intervention a introduit pour la
toute première fois au Mozambique un formulaire global d’enregistrement des
informations qualitatives liées à la santé ou à la mortalité maternelle et néonatale.
Résultats
Une base de données spécifique sur les décès maternels et néonataux a été
mise en place.
Une meilleure compréhension, par le personnel médical et les membres de la
société civile concernés, de l’importance qu’il y a à analyser et à enregistrer les
causes des décès maternels et néonataux.
Le personnel médical et les gestionnaires de la santé considèrent l’audit comme
un outil essentiel devant leur permettre de mieux éviter les décès maternels et
néonataux causés par des situations similaires.
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Enseignements tirés
Les audits sur les décès maternels et néonataux permettent aux autorités médicales de
mieux comprendre la situation pour prendre des mesures visant à améliorer la prise en
charge des complications obstétriques et néonatales dans les établissements de santé.
Partenaires de mise en œuvre
Ministère de la Santé et UNFPA
Source
UNFPA
26
Thème du programme: Santé maternelle
Composante: Réforme des lois et extension de l’accès aux services d’avortement
sans risques
Informations générales
L’Ethiopie n’est pas performante sur plusieurs indicateurs de santé de la reproduction.
Les principaux problèmes concernent le taux élevé de fécondité (4,8 enfants par
femme, selon la toute dernière enquête nationale sur la santé), le taux élevé de
mortalité maternelle (estimé à 676 décès pour 100 000 naissances vivantes), et le
faible taux d’utilisation des méthodes contraceptives (estimé à 27 pour cent). Comme
dans beaucoup de pays de l’Afrique subsaharienne, l’avortement non médicalisé
constitue l’une des principales causes de mortalité et de morbidité maternelles. Une
étude menée en 2008 sur l’ampleur du problème de l’avortement a conclu que 27%
seulement du nombre total de 382 000 avortements annuels ont été réalisés sans
risques dans les établissements de santé. L’avortement était alors soumis à des
restrictions juridiques sévères, sauf dans le cas de la sauvegarde de la vie de la femme
enceinte ; l’avortement sans risques était par conséquent très inaccessible. Les
avortements non médicalisés contribuaient ainsi pour un tiers aux décès maternels
dans le pays.
Malgré ces défis, les dirigeants éthiopiens ont reconnu que l’avortement causait un
grand nombre de décès, surtout grâce à une série d’études réalisées dans les hôpitaux,
ainsi qu’à d’autres études indiquant son ampleur et son impact. En 2004, dans le cadre
de la révision complète de son code pénal pour le conformer à la nouvelle Constitution,
le gouvernement éthiopien a libéralisé l’accès à l’avortement comme stratégie pour la
réduction de la mortalité et de la morbidité maternelle, et la protection des droits de
reproduction de la femme.
Résultats
Révision de la loi nationale sur l’avortement et élaboration de directives techniques à
l’intention des prestataires de services de santé.
Plus de 5 000 agents de santé ont été formés, et l’avortement sans risques est
maintenant possible dans environ 600 points de prestation de services, aussi bien
dans le secteur public que privé.
En 2012, plus de 200 000 femmes en Ethiopie ont reçu des soins pour des
avortements sans risques dans des établissements de santé publics et privés.
La proportion des femmes qui se présentent avec des complications dues à
l’avortement a baissé pour se situer à 15% seulement, les autres 85% recevant des
services d’avortement médicalisé.
27
84% des patientes recevant des soins liés à l’avortement dans les établissements
de santé publics ont également reçu une méthode de contraception.
Facteurs essentiels de succès
La volonté politique de traiter de la question a bénéficié au préalable de l’adhésion du
gouvernement à différents accords internationaux et régionaux qui traitent de la santé
de reproduction de la femme et des droits y afférents, et s’est appuyée sur la
Constitution nationale basée sur les droits des personnes. La réforme de la loi sur
l’avortement est survenue après une sensibilisation concertée basée sur des données,
organisée pendant un certain nombre d’années par une vaste coalition représentant le
gouvernement et les acteurs de la société civile, ainsi que les professions médicales et
juridiques, les associations féminines et autres mouvements. Elle a aussi traduit la
reconnaissance de leurs obligations par les dirigeants politiques, grâce à un certain
nombre de politiques nationales, et aux accords internationaux sur la santé et les droits
de la femme.
Enseignements tirés
La stratégie de révision des lois restrictives sur l’avortement et l’introduction des
services d’avortement sans risques à l’échelle nationale, mise en œuvre avec succès
en Ethiopie, a aussi sa place dans d’autres pays africains. D’après l’OMS, plus d’un
quart du nombre total d’avortements pratiqués dans le monde dans des conditions
insalubres ont été réalisés en Afrique (OMS, 2011). Sur les 48 000 femmes environ qui
meurent chaque année des suites de complications dues aux avortements non
médicalisés, 29 000 se trouvent en Afrique. Plus de 60% de cas sont des jeunes
femmes âgées de moins de 25 ans, qui meurent à la fleur de l’âge (OMS, 2007). En
dehors du grand nombre de femmes qui meurent, beaucoup d’autres encore survivent
avec des affections incapacitantes à court et à long termes, y compris la stérilité.
Partenaires de mise en œuvre
Le Ministère fédéral de la Santé, le Bureau régional de la Santé et Ipas.
28
Thème du programme : Vaccination
Composante: Financement et approvisionnement en vaccins
Informations générales
Depuis 2013, les pays africains lancent de vastes campagnes de « rattrapage » pour la
rougeole-rubéole, et ils financent eux-mêmes l’introduction du vaccin correspondant
dans leurs programmes de vaccination systématique. Sept pays africains vont tester les
meilleures voies pour fournir aux filles le vaccin contre le papillomavirus, en même
temps que d’autres interventions utiles dans leur vie. Ces projets de démonstration
ouvriront aux pays la voie qui mène au renforcement des capacités et des
infrastructures nécessaires à la vaccination des filles dans le pays. Avec l’appui de
GAVI, les pays africains accélèrent l’introduction de nouveaux vaccins contre les
principales maladies mortelles pour les enfants, par exemple, la pneumonie et la
diarrhée. Enfin, les entreprises africaines manifestent un intérêt croissant dans la
fourniture de ressources financières, le plaidoyer, et les principales compétences, pour
étendre la couverture vaccinale systématique en Afrique.
Résultats
600 millions de dollars ont été dépensés en 2008, essentiellement pour acheter
des vaccins pour 72 pays éligibles à revenu faible ou intermédiaire, afin
d’accélérer l’adoption de nouveaux vaccins peu utilisés dans les pays pauvres.
La plupart de ces pays ont introduit les vaccins contre l’hépatite B et l’Hib, et sont
prêts à introduire les vaccins antirotavirus et antipneumococcique.
La garantie de marché pour le vaccin antipneumococcique, modèle de
financement innovant qui subventionne les sociétés pharmaceutiques en vue de
la mise au point et de la production de nouveaux vaccins.
Enseignements tirés
La subvention accordée pour la garantie de marché en faveur du vaccin
antipneumococcique permet aux sociétés pharmaceutiques de réduire les
investissements risqués dans des produits destinés aux marchés des pays en
développement à faible capacité d’achat ; elle est versée uniquement lorsqu’un vaccin
qui obéit à des caractéristiques précises est acheté par les pays en développement
éligibles (ou par le truchement des donateurs) à un prix fixé à l’avance. La subvention
couvre une quantité de vaccins convenue, après qu’un prix bas préfixé à long terme
(appelé aussi « prix de départ ») ait été accordé aux pays. Cette mesure permet de
s’assurer que le vaccin est utilisé au-delà de la durée de la subvention.
Partenaires de mise en œuvre
GAVI, UNICEF et gouvernements de pays.
29
Thème du programme : Santé sexuelle et de la reproduction
Composante: Communication sur le changement de comportement, la Méthode
Sabido
Informations générales
Sabido est une méthode unique qui comprend des mélodrames sous forme de
feuilletons, écrits et produits en langues locales dans les pays participants, afin de créer
à l’intention des auditoires des personnages qui se transforment graduellement en
modèles positifs, pour apporter des changements dans les normes sociales relatives
aux questions traitées. En même temps qu’elle transmet des valeurs par l’évolution des
personnages, tout en conservant la valeur récréative du feuilleton, la méthode Sabido
réussit à attirer un vaste et fidèle auditoire et à encourager des discussions sérieuses.
En amenant l’auditoire à se river sur des drames, il s’agit, non seulement de livrer
d’importants messages et informations sociales et sanitaires à un large auditoire, mais
aussi de pouvoir finalement amener les uns et les autres à changer de comportement.
La méthode Sabido s’est avérée comme l’une des stratégies de changement de
comportement les plus efficaces. La stratégie de la collectivité utilise les principales
formes de communication et d’organisation sociale de la société pour approfondir la
compréhension par l’auditoire des questions soulevées dans les feuilletons.
Résultats
a) Quarante cinq pays à travers l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine ont utilisé la
méthode Sabido pour produire des mélodrames sous forme de feuilletons.
b) Les données montrent clairement que cette stratégie a permis de rehausser le
statut de la femme, de réduire les taux de natalité, et d’améliorer la santé des
auditrices ainsi que celle de leurs enfants.
Chez les femmes mariées de la région d’Amhara en Ethiopie, l’usage des
méthodes courantes de planification familiale est passé du taux de
référence de 14% à 40% chez les auditrices, contre 25% parmi les non
auditrices.
Dans quatre États du Nord du Nigeria, les deux tiers de la population qui
sollicitent les services de planification familiale et de santé de la
reproduction ont cité ce programme comme la raison qui les a poussés à
se rendre au centre de santé. Le premier programme de ce genre à
exister dans le pays a servi de motivation essentielle à 54% de nouvelles
patientes sollicitant les services de réparation des fistules dans les centres
spécialisés des États de Kano et de Kaduna au Nigeria.
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Des données recueillies en 2005 auprès des clientes de centres de santé
ont indiqué que 29 à 39% d’entre elles ont écouté au Soudan ce genre de
programme qui traitait de questions de santé de la reproduction et de
l’amélioration du statut de la femme et de la jeune fille.
96% des auditeurs du premier programme diffusé au Burkina Faso étaient
capables d’identifier au moins un endroit où étaient assurés les services
de planification familiale ou de santé de la reproduction, contre 80% chez
les non auditeurs.
Un programme diffusé au Rwanda a eu des effets considérables sur le
changement de la taille familiale souhaitée par les auditeurs de ce
programme. Au départ, le nombre moyen d’enfants souhaités par toutes
les personnes interrogées était de 3,61 (3,73 filles et 3,44 garçons), mais
il a considérablement baissé à 2,94 à la fin de l’enquête, avec des
diminutions importantes similaires pour les filles et les garçons (3,02 pour
les filles et 2,81 pour les garçons).
Facteurs essentiels de succès
Un plan directeur est établi pour chaque projet. C’est un document qui résume les lois
et les politiques nationales relatives aux sujets traités dans le feuilleton. Ce cadre doit
également tenir compte de toutes les conventions ou traités internationaux sur la santé
de la reproduction et la protection de l’enfance dont le pays est signataire. Une fois
élaboré, ce plan directeur est utilisé comme guide dans la conception du feuilleton, en
ce sens qu’il en détermine le contexte.
Partenaires de mise en œuvre
Population Media Center
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Thème du programme : Prévention et traitement de l’infection à VIH
Composante: Accroissement de l’accès aux minorités sexuelles
Informations générales
Afin d’accroître l’accès à la prévention du VIH, au traitement et aux services d’appui en
faveur des groupes marginalisés, comme les groupes de lesbiennes, homosexuels,
bisexuels, transsexuels et intersexués (LGBTI), dans deux communautés au Zimbabwe,
le projet a employé une série d’approches et stratégies, d’outils, de matériels et de
systèmes. Il s’est servi du VIH et du genre et de ses programmes de SSDR comme
point d’entrée pour aborder les problèmes des LGBTI de ces communautés, et le projet
a été depuis lors bien accueilli dans ces deux communautés. En plus de cette stratégie,
le projet a utilisé le renforcement des capacités, la production et la diffusion des
informations, la création des alliances et des partenariats, et les dialogues
transformateurs de la communauté, ainsi que les stratégies visant à faire face aux
principaux vecteurs d’homophobie existant dans ces communautés.
D’autre part, les attitudes et les sentiments des prestataires de services à l’endroit des
groupes de LGBTI entravaient leur capacité et leur volonté de fournir à ces groupes les
services de prévention, de traitement et les soins nécessaires. Socialement et
culturellement parlant, leurs actes étaient condamnés, augmentant ainsi les tendances
d’homophobie parmi les membres de la communauté. C’est dans ce contexte que ce
projet a été mis en œuvre.
Résultats
Une étude de base a été effectuée avec succès dans quatre communautés
rurales du Zimbabwe, et 106 membres de ces communautés au total y ont
participé. Les communautés ont participé à chaque étape du projet, depuis le
début jusqu’à sa mise en œuvre, au suivi et à son évaluation finale.
200 volontaires communautaires ont été formés, qui transmettent des
informations fiables et appropriées grâce à des initiatives de porte à porte.
L’accès accru et meilleure utilisation des services de prévention, de traitement et
de soins contre le VIH; amélioration des connaissances sur les différences en
matière de sexualité, qui aboutiront à des attitudes et sentiments positifs sur les
minorités sexuelles, et renforcement des capacités des communautés, surtout
les groupes de LGBTI, à influencer les politiques et pratiques qui entravent
l’accès des services aux minorités sexuelles.
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Facteurs essentiels de succès
Les activités du projet portent sur des réunions de vulgarisation organisées au niveau
national et régional pour partager ces résultats, et multiplier les possibilités de reprise
du programme ailleurs.
Enseignements tirés
Ce projet peut être repris ailleurs tant que les questions de genre, de lutte contre le VIH,
et de SSDR sont utilisées comme points d’entrée.
Partenaires de mise en œuvre
SAfAIDS
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Thème du programme : Renforcement du système de santé
Composante: Intégration des services de lutte contre le VIH à ceux de santé
sexuelle et de la reproduction (SSR)
Informations générales
Le Lesotho enregistre un taux très élevé de 91,8% d’au moins une visite prénatale,
ainsi que des taux élevés de plus de 95% pour le dépistage du VIH et le soutien
psychosocial en faveur des femmes enceintes qui font des visites prénatales, ce qui
donne de bonnes chances aux femmes séropositives sollicitant des services de santé
maternelle et infantile. La plupart des femmes préfèrent recevoir des services dans le
cadre de la santé maternelle et infantile plutôt que dans des services de médecine
générale, c’est pourquoi les services de prévention de la transmission du VIH de la
mère à l’enfant et de lutte contre le VIH dans le domaine de la santé maternelle et
infantile sont bien accueillis par les bénéficiaires du programme. Le manque crucial de
ressources humaines pour la santé et les mouvements fréquents du personnel de santé
constituent des obstacles au sein des systèmes. Les données de base collectées
d’octobre à décembre 2008 ont montré que 60% seulement de femmes éligibles pour
recevoir le paquet minimum de prévention de la transmission du VIH de la mère à
l’enfant l’ont effectivement reçu, et 18% seulement de femmes enceintes séropositives
éligibles pour le traitement ont effectivement commencé à recevoir le traitement aux
ARV.
Résultats
Quatre-vingt quatorze infirmières ont été formées dans les six districts où le
projet a été mis en œuvre, augmentant largement la capacité de leurs cliniques à
lancer le traitement antirétroviral pour les femmes éligibles. Aujourd’hui, cette
approche a été rapidement étendue avec succès à travers le Lesotho.
Après la mise en œuvre de l’intégration des services, 100% de femmes
considérées après un test positif de VIH comme éligibles ont été mises sous
traitement. Les non éligibles ont, pour leur propre santé, reçu le paquet minimum
pour la prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant. Le
pourcentage de femmes éligibles mises sous traitement antirétroviral dans les
services de santé maternelle et infantile a doublé entre le premier trimestre de
2009 et le second trimestre de 2010.
Facteurs essentiels de succès
Ce programme a réussi grâce à la politique nationale du Ministère de la Santé visant à
intégrer la prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant dans la santé
maternelle, néonatale et infantile. Cette politique cherche à intégrer ces services par la
mise en œuvre de programmes de paquets de formation, d’encadrement, d’appui et
34
d’amélioration de la qualité. En outre, le Lesotho a obtenu des taux de réussite élevés
dans le dépistage et la consultation systématiques sur le VIH, ainsi qu’en matière de
PTME ; le programme pourrait donc concentrer ses énergies et ses ressources sur un
seul point, à savoir, limiter la transmission du VIH de la mère à l’enfant, et veiller à ce
que les femmes enceintes séropositives et leurs enfants reçoivent les soins et le
traitement appropriés contre le VIH.
Enseignement tirés
Ce programme a amélioré la santé maternelle et infantile grâce à l’extension de la
prophylaxie par ARV, à la couverture des ARV à l’intention des femmes séropositives,
et à la prestation de plus en plus de services de PTME, afin de la réduire et d’améliorer
la santé de l’enfant. D’autre part, affecter des infirmières sages-femmes dans chacun
des 14 hôpitaux de médecine générale pour s’occuper de la santé maternelle,
néonatale et infantile, a largement renforcé les capacités de ces hôpitaux à fournir des
ARV dans le cadre des services de santé maternelle et infantile à long terme. Ces
professionnels de la santé resteront dans les hôpitaux, pour servir d’encadreurs et
fournir une assistance technique à d’autres agents de santé en vue de la normalisation
de services intégrés de qualité en termes de santé maternelle et infantile et de
prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant.
Ce modèle peut être facilement repris dans des pays ou des districts dotés de services
non intégrés de santé maternelle et infantile et de prévention de la transmission du VIH
de la mère à l’enfant ; le placement et la formation des travailleurs de la santé pour
fournir des services de PTME dans le cadre de la santé maternelle et infantile
permettront de renforcer la couverture des services de PTME dans les établissements
de santé et au sein de la population. Le modèle s’est jusqu’à présent étendu à travers le
Lesotho.
Partenaires de mise en œuvre
EGPAF, en collaboration avec l’UNICEF.
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Thème du programme : Financement des soins de santé
Composante: Suppression des frais d’usagers dans les services de santé
maternelle et infantile
Informations générales
Pendant des années, la Sierra Leone a occupé la position non enviable de dernier pays
dans l’Indice de développement humain des Nations Unies, en raison de ses
indicateurs de santé alarmants. La mortalité maternelle et infantile a atteint son point
culminant en 2000 avec 1 800 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes, et
286 décès d’enfants de moins de cinq ans pour 1 000 naissances vivantes, soit les taux
de mortalité les plus élevés du monde.
C’est dans ce contexte que l’Initiative pour la gratuité des soins de santé dispensés aux
enfants de moins de cinq ans, aux femmes enceintes et aux mères allaitantes a été
introduite en Sierra Leone en avril 2011, pour renforcer les objectifs du Plan stratégique
national du secteur de la santé et le Document national de Stratégie de réduction de la
pauvreté (DSRP II). Avant l’introduction de la gratuité des soins de santé en Sierra
Leone, 88 pour cent des citoyens avaient déclaré que leur incapacité à payer était la
plus grande barrière qui les empêchait d’accéder aux soins lorsqu’ils étaient malades.
La gratuité des soins de santé souligne combien les perspectives pour les femmes et
les enfants peuvent être changées positivement grâce à la fourniture d’un paquet de
soins de santé essentiels gratuits dans les établissements de santé publique, afin
d’assurer une amélioration sensible de la santé maternelle et infantile.
Résultats
Un an après la mise en place de la gratuité des soins, les données collectées par
le système d’information sanitaire ont indiqué une amélioration de 150 pour cent
des complications maternelles prises en charge dans les établissements de
santé, ainsi qu’une réduction de 60 pour cent du taux de mortalité maternelle au
cours de la première année d’existence des soins de santé gratuits, par rapport à
la période antérieure.
Les soins médicaux dispensés aux enfants de moins de cinq ans ont augmenté
de 214 pour cent, et le taux de la mortalité due au paludisme dans les hôpitaux
publics a baissé considérablement de 90 pour cent environ. Dans le même
temps, le nombre des utilisateurs des méthodes modernes de contraception a
augmenté de 140 pour cent.
36
Facteurs essentiels de succès
L’avènement de la gratuité des soins médicaux a été un projet d’une importance
considérable qui a nécessité la collaboration du Ministère de la Santé et de l’hygiène
publique, des autorités locales et autres organismes gouvernementaux, de la société
civile et des partenaires au développement, qui ont tous soutenu sa mise en œuvre.
Enseignements tirés
La réussite de la gratuité des soins médicaux en Sierra Leone et les enseignements qui
en ont été tirés offrent une plateforme de débat toute faite permettant de comprendre
comment renforcer les systèmes de soins de santé au niveau central et des districts
pour traiter des problèmes qui ne peuvent pas être résolus par les unités de soins de
santé primaires. Des modalités sont mises en place pour renforcer les services à ces
niveaux. Cette initiative a aussi montré comment la volonté politique, la suppression des
frais d’usagers et l’amélioration des établissements sanitaires, des produits et des
ressources humaines peuvent accroître la demande de soins de santé et d’autres
services essentiels, et leur utilisation, pour réduire les iniquités subies par les femmes
et les enfants. Elle a enfin jeté les bases pour l’élaboration d’une stratégie nationale de
financement de la santé qui pourrait éventuellement comprendre un régime national
d’assurance sociale capable d’assurer la protection et les soins à tout le peuple sierra
léonais.
Partenaires de mise en œuvre
Le gouvernement de Sierra Leone.
37
Thème du programme: Ressources humaines pour la santé
Composante: Financement basé sur le rendement pour les agents de santé
communautaires
Informations générales
Afin de résoudre les inégalités actuelles en matière d’accès aux soins de santé, une
approche de financement basée sur le rendement a été mise en place au niveau
communautaire dans quatre districts de santé. Il s’agit de réduire la morbidité et la
mortalité néonatales et infantiles par la prise en charge des principales maladies qui
affectent l’enfant, et par la vaccination et la promotion des pratiques familiales
essentielles. Au niveau opérationnel, des termes de référence ont été élaborés et
signés entre le responsable du centre de santé, le chef de village et les agents de santé
communautaires qui assurent la liaison entre la communauté et le système de santé.
Pour assurer la viabilité de cette démarche, des primes d’encouragement sont versées
aux agents de santé communautaires selon leur rendement.
Résultats
1087 agents de santé communautaires, parmi lesquels 41% de femmes, ont été
identifiés et formés sur l’ensemble du paquet d’interventions au niveau
communautaire (techniques de facilitation, prise en charge des cas de
paludisme, de diarrhée, de rhinite et de malnutrition, promotion des pratiques
familiales essentielles). 57% d’agents de santé communautaires offrent tout le
paquet, tandis que 43% offrent le paquet promotionnel. Après 12 mois de mise
en œuvre, 112 560 garçons et filles de moins de cinq ans de 461 villages ont eu
accès aux services de santé.
Au cours d’une période de douze mois, 26 772 cas de paludisme, 5 964 de
diarrhée, et 7 520 cas de rhinite ont été pris en charge par les agents de santé
communautaires. Il s’agit de 59 % de cas de paludisme, 17 % de cas de rhinite,
et 13 % de cas de diarrhée traités, par rapport aux cas prévus au cours des 12
mois précédents, selon nos hypothèses de travail.
Pour ce qui est des activités promotionnelles, les agents de santé
communautaires ont contribué: i) à la vaccination contre la rougeole de 73% des
personnes ciblées, ii) au contrôle de 54% des enfants malnutris identifiés. Des
entretiens avec les mères visitées par les agents de santé communautaires ont
montré que 82% d’entre elles sont capables de détecter au moins 2 signes de
danger, que 20% des enfants dorment sous des moustiquaires imprégnées et
que 89% des enfants de moins de 6 mois sont exclusivement allaités au sein.
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Facteurs essentiels de succès
Cette approche est basée sur un partenariat entre le district de santé représentant le
Ministère de la Santé, la municipalité et l’UNICEF.
Enseignements tirés
La viabilité du système établi suppose, au niveau communautaire, un engagement réel
de la part de toutes les parties prenantes, depuis les agents de santé communautaires
jusqu’aux maires, en passant par les gestionnaires des centres de santé. Un partenariat
permettant de créer un train de mesures de financement basé sur le rendement dans
l’ensemble du système de santé, devrait améliorer l’efficacité du programme grâce à un
meilleur traitement des questions de supervision et de transfert aux niveaux supérieurs.
Partenaires de mise en œuvre
Ministère de la Santé et UNICEF.
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Conclusion
Les bonnes pratiques sont une méthode ou une technique qui a toujours montré des
résultats supérieurs à ceux obtenus par d’autres moyens, et qui peut être utilisée
comme repère sur notre continent. La Commission de l’Union africaine reconnaît que
les connaissances constituent un atout important dans la création et le maintien des
avantages en matière de concurrence. Afin de préserver ces connaissances, les pays
africains ont besoin de mettre en place des systèmes solides de gestion des
connaissances. Il convient aussi de noter que ces connaissances partagées susciteront
différents points de vue, permettant ainsi aux bonnes pratiques d’évoluer pour
s’améliorer, en bénéficiant de l’apport de nouvelles découvertes.
Nous espérons par conséquent que les pratiques présentées dans ce document seront
suffisamment examinées et adaptées pour le bien commun, non seulement des
femmes et des enfants, mais de la communauté africaine toute entière.