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Pour vous, qui suis-je ?

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G.-M. GARRONE

DESCLÉE

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Je crois que le malaise, qui règne aujourd'hui dans le peuple fidèle, vient pour une part de ce que les hommes de Dieu ne lui parlent plus seulement de Dieu et qu'ils lui parlent volontiers de tout le reste... Le peuple fidèle attend de vous ce que personne que vous ne saurait lui donner : il attend que vous partagiez avec lui votre expérience de Dieu. Cette expérience que le peuple fidèle imagine que les prêtres ou les religieux ont par vocation : « Seigneur apprenez-nous à prier! » La prière extérieure, cela s'apprend. (Mauriac, Nouveau Bloc-Note, p. 34)

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A la vénérée mémoire du R.P. René Arnou qui aima et encouragea le projet de ce livre.

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« Pour vous, qui suis-je? » Tout le long des siècles, des milliers et des milliers

d'hommes ont entendu la même question du Seigneur. Beaucoup y ont répondu avec l'élan d'une foi et d'une charité sans défaut : les Saints. Le plus grand nombre a laissé simplement monter de son cœur une réponse à la mesure de sa foi et de son amour.

Cette réponse, il vaut la peine de l'écouter. Pour répondre, le cœur est bien obligé de demander

des mots à l'esprit, mais il ne lui demande pas sa logique. Il aurait peur qu'on l'emprisonne dans des cadres artificiels. Ou bien qu'on lui reproche de ne pas tout dire : il veut qu'on sache que c'est impossible. Ou, pis encore, qu'on puisse s'imaginer qu'il a tout dit, ce qui est plus impossible encore. On ne peut donc chercher un ordre dans ces réponses venues du cœur, l'on n'en trouvera pas dans ce livre. Le dernier mot dit, il reste toujours tout à dire : si ces pages en apportaient l'évidence, elles auraient rempli leur mission.

Ro me, 24 juin 1972 en la fête de saint Jean-Baptiste.

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I N T R O D U C T I O N

Nous pouvons interroger le Seigneur et lui demander son nom. Ainsi faisait Moïse dans la scène du buisson de feu. Ainsi encore Saul terrassé sur la route de Damas.

A notre appel, le Seigneur ne refuse pas de répondre — il l'a fait pour Moïse et pour Paul — et les noms qu'il se donne deviennent pour nous les plus précieux instruments de réflexion, de prière et de communion. De ces noms nous avons naguère relevé et brièvement commenté quelques-uns 1

Mais on pourrait imaginer que le Seigneur lui-même nous pose la question, en nous invitant à sonder notre propre « cœur ». Or c'est précisément ce que Jésus a fait, et cela nous a valu l'admirable « con- fession de Pierre » que le Seigneur salue avec joie, y reconnaissant le don de son Père : « Qui dites-vous que je suis ? — Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. — ... Ce n'est pas la chair et le sang qui te l'ont révélé, mais mon Père qui est dans les cieux. »

Pourquoi donc ne laisserions-nous pas Jésus nous interroger à notre tour? Il n'y a pas artifice en cela, car l'Évangile ne passe pas et Jésus continue de nous demander notre foi. Pourquoi ne chercherions- nous pas à nous dire ce qu'est le Christ pour nous, comment se traduit en nous sa présence ?

Accepter l'interrogation, tenter d'y répondre, ce sera d'abord nous redire ce que nous savons, retrouver les mots de notre Symbole baptis- mal, les mots qu'ont répétés Pierre et Paul et tous les chrétiens nos frères à travers les siècles. Et cela ne sera pas sans profit. Accepter l'interrogation, ce sera aussi et sans doute, pour notre heureuse sur- prise, voir monter du fond de notre âme et s'exprimer une foule de choses que nous ne soupçonnions pas, que nous nous contentions de vivre. Et le profit ne sera pas moindre de nous apercevoir de tout ce qu'il y avait dans notre cœur à notre insu : cette découverte est celle

1 Cf. « Seigneur, dis-moi ton nom », Fleurus Éditeur (traductions : allemande, anglaise, espagnole, italienne, portugaise, polonaise).

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de notre foi la plus personnelle, celle de la grâce à l'œuvre en nous, celle de l'Esprit Saint qui nous aide, suivant la promesse, à nous rappeler ce que Jésus nous dit.

Un tel travail est à la gloire de Dieu : c'est la confession de Césarée se renouvelant en nous; Jésus reçoit la réponse qu'il demandait et il saluera l'action du Père dans nos âmes.

Un tel travail nous fera découvrir aussi à quelle profondeur notre âme est en communion avec tous ceux qui depuis vingt siècles font la même « belle confession », dans l'élan de la grâce et de leur expé- rience.

Un tel travail enfin, ce sera surtout nous découvrir nous-mêmes avec une indicible joie : « Seigneur, il est donc vrai que je vous aime ! Et je ne le savais pas. »

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I. LE CHRIST AUQUEL CROIT L'ÉGLISE

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Les réponses que notre cœur souffle à notre esprit sont comme les rayons innombrables issus d'un même foyer : la réponse centrale et en quelque manière unique, celle que les autres monnaient à l'infini, celle que le Christ lui-même a reconnu valable sur les lèvres de Pierre, doit être présente à toutes les autres. C'est celle que l'Église a reçue de Pierre lui-même et qu'elle enseigne maternellement aux siens.

Celle du Baptême, où l'on demande à l'Église la foi, et l'Église nous répond.

Celle qui exprime le Mystère vivant du Christ, Fils éternel du Père », « Verbe de Dieu fait chair », « Dieu parmi nous ». Il n'y a pas connaissance authentique du Christ là où cela n'est pas dit d'abord ni répété toujours.

Celle où la louange, la glorification, l'admiration, l'obéissance se mêlent inséparablement à l'amour et lui donnent sa véritable dimension, sa signification unique et dernière, qui est formellement divine à travers l'humain.

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LE CHRIST BAPTISMAL

« Qui suis-je pour vous ?» A cette question de Jésus monte aussitôt à nos lèvres, comme une leçon bien apprise, la réponse de notre Credo.

On est sévère contre ce type de réponse toute faite. On a tort. C'est par là qu'il faut commencer.

D'abord parce que les mots de cette réponse sont ceux que Dieu même sait et nous souffle, ceux qu'il a fait naître dans le cœur et sur les lèvres de Pierre et dont II lui dit sa satisfaction. Aujourd'hui c'est l'Église qui parle au nom de Dieu et nous transmet ce message. Nous ne pouvons rien y changer et sans lui toute autre parole, même pure- ment intérieure, n'étant plus celle de l'Évangile, ne serait qu'illusion. Ce qu'on pourra dire de plus personnel n'en sera jamais que l'explicita- tion. Ce que l'on trouvera en soi ne pourra jamais être plus riche et plus sûr que ces réponses-là.

Ces mots de l'Église nous les retrouverons toujours en nous- mêmes au bout des longs et nécessaires détours de notre prière et de nos échanges avec le Christ. L'Église est une mère. Comme toutes les mères elle fait confiance aux paroles qu'elle fait dire à l'enfant. Elle sait de par Dieu ce qu'il faut que l'enfant sache et qu'il pense et qu'il sente : elle épie sur ses lèvres les mots qu'il a pris sur ses propres lèvres pour les lui donner ; ils ouvriront cette âme, elle le sait, à la connaissance et à l'amour de Dieu et des siens.

C'est donc à condition de dire et redire d'abord humblement ces mots appris, reçus, que nous pourrons oser parler la langue de notre propre expérience. Ces mots, l'Église n'a cessé de les défendre jalouse- ment, de chercher à les interpréter correctement afin que rien ne se perde de ce que Dieu nous a dit. Par eux c'est la « santé » de la doctrine, comme dit saint Paul, qu'elle assure, qu'elle défend. Ces mots sont la source et le critère de toute vraie foi personnelle. Nous sommes tou- jours ramenés, comme la vague au rocher, à ces mots que les Livres Saints nous apportent et que l'Église inlassablement nous redit, ceux que nous épelions naguère un à un en demandant au Seigneur de nous « dire son Nom ».

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Ces mots que l'Église enseigne aux siens dans le symbole de sa foi et dans sa liturgie sont le point de rencontre de notre foi avec celle des autres dans le Christ. Ils ne sont pas magiques, ils sont divins. Ils ne sont pas artificiellement construits pour entreprendre sur Dieu : ils nous sont miséricordieusement et gratuitement prêtés par Dieu même. Ils disent une fois pour toutes, dans le condensé de leur formu- lation, ce que nous essayons de rassembler des quatre coins de notre expérience.

En cherchant qui est le Christ pour nous, il nous faut en effet commencer par demander à Dieu de nous le dire. Rien ne peut nous dispenser de ce premier effort. Il se prolongera d'une certaine façon jusqu'au bout. Qui épuisera jamais, quelle expérience pourra jamais suppléer le Nom de Jésus? On ne désapprendra jamais ce langage. On ne fera jamais qu'en pénétrer toujours plus profondément l'inson- dable profondeur.

Ces paroles que nous propose l'Église et qu'elle puise dans la Parole même de Dieu sont au commencement et elles seront à la fin de tout ce que nous pourrons écouter en nous-mêmes. Ce sont elles qui, cheminant en nous à notre insu, ont éclairé l'esprit, fait lever les sentiments, provoqué les vouloirs. Et nous les retrouvons à la fin, enrichies de toutes les richesses acquises en avançant dans la commu- nion au patrimoine de l'Église. Car notre foi n'est jamais exclusive- ment la nôtre. C'est celle de l'Église. Ainsi l'avons-nous conçue et acceptée le jour de notre Baptême. C'est là que se trouve le Christ identifié pour toujours avec ceux qui croient en son Nom et que nous avons rencontré à notre tour après saint Paul. Dans ce que l'Église croit il y a tout ce que l'Église inlassablement tire de l'Évangile, tout ce que les martyrs et les saints ont souffert pour leur foi, ce que les vivants et les morts apportent au trésor commun. Qui pourra dire la part d'une mère, d'un maître, d'un saint, d'une rencontre dans ce qu'il sait et dans ce qu'il pense exprimer à sa façon? La foi de chacun a les traits uniques de notre incommunicable personnalité, mais c'est la foi de tous. Pour se maintenir et pour s'accroître notre foi doit indéfiniment rejoindre les mots mêmes du Seigneur et de l'Église. C'est cela et rien autre que nous cherchons à retrouver dans la langue singulière de notre propre cœur.

Notre foi elle-même, notre acte intérieur d'abandon rejoint celui du Corps entier. Il lui est lié, c'est là que la grâce s'origine. Là d'autres vivent, meilleurs que nous ou humbles comme nous, avec lesquels nous ne faisons qu'un dans la charité. Cette foi qui nous permet

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d'appeler Dieu « Père » ne nous permet pas de lui donner son Nom sans nous souvenir qu'il est le Père de tous : « Notre Père ». Ainsi les noms que nous pouvons donner au Christ dans le secret de notre cœur ne sont de vrais instruments de contact avec Lui que dans la mesure où ils ne sont pas seulement les nôtres.

C'est pourquoi quand le Christ nous interroge : Pour toi, qui suis-je? avant même de chercher à déchiffrer le contenu de notre expérience, nous devons Lui répondre : Vous êtes Celui en qui l'Église croit. Une expérience qui ne pourrait pas trouver place à l'intérieur de cette foi serait suspecte. Les mots divins ont été choisis de telle sorte que toute expérience valable s'y trouve à l'aise. De toute expé- rience ils sont la garantie et la pierre de touche, car ils ont été et ils continuent d'être la source. Certes, il y a plus dans notre expériencè que dans une simple traduction qui substituerait un mot à un: autre. Mais cela n'enlève rien à la valeur des mots régulateurs. Cela est vrai pour la conscience collective de l'Église comme pour celle de chacun de nous.

Écoutons donc d'abord l'Église. Il semblera qu'elle parle à notre place comme du dehors. En fait, elle nous communique maternelle- ment sa foi. Elle nous enseigne et nous apporte le message dont elle a reçu pour nous la charge. Elle nous fait communier à la foi des Saints.

Jésus, nous dit-elle, est vraiment le Fils éternel de Dieu. Le Fils de Dieu était depuis le commencement dans le sein du

Père, et Il était Dieu. Tout ce qui existe a été créé par Lui et Il en dispose comme le

Créateur. Tout tient en Lui.

Or Il a voulu se rendre présent en personne à notre humanité. Prendre chair au sein d'une femme, Marie. Et donner cette chair en sacrifice pour nos péchés. Il s'est appelé parmi nous : Jésus, notre Sauveur et notre Dieu.

Ainsi on a pu voir, entendre, toucher sur la terre Un homme qui vivait parmi nous l'amour que le Fils éternel de

Dieu porte de toute éternité à son Père. Il nous offrait sa communion Dont l'Eucharistie, signe de sa Passion, est le moyen pour nous.

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Ressuscité, ce Jésus devient ainsi pour nous notre unique et pleine raison de vivre;

Le Modèle de notre union avec Dieu : notre voie; Mais aussi en sa Personne l'unique moyen de cette union : Il est

notre Vérité, Il est notre Vie. En Lui nous avons accès près du Père dont nous devenons fils

par adoption, Et que l'Esprit de Dieu nous aide à appeler nous aussi notre Père. Jésus est ainsi la tête d'un grand Corps. Répandu sur le temps et l'espace : Où chacun d'entre nous, articulant son action sur celle de tous

les autres, participe activement à la croissance du tout, Qui est le Christ Jésus uni aux siens pour la gloire du Père dans

la charité de l'Esprit. Tout cela en vue de l'heure où, parvenu à sa taille définitive, Jésus offrira enfin ce Corps intégralement constitué à son Père Inaugurant ainsi le Royaume éternel de l'Amour. Tel est le Jésus auquel l'Église pense, en qui elle croit et qu'elle

aime. Telle est la foi de l'Église. De tout cela précisément nous voudrions écouter dans ce livre

l'écho vivant en nous. Tout cela nous a été révélé, tout cela s'est manifesté pour nous

comme une « grâce qui nous instruit » (ad Tit. 2, 11) et nous forme. Nous en sommes éclairés et transformés, « recréés ». Il n'y a pas en vérité un Christ-en-soi et un Christ-pour-nous : la parole qu'il nous a donnée, quand elle est accueillie dans la foi, retourne vers Dieu toute chargée de ce qu'elle est devenue dans notre expérience.

Le Christ de la foi c'est en même temps Celui que « nos lèvres » proclament quand nous répétons fidèlement les paroles de l'Évangile avec tous les Saints exprimant leur foi. Il est Celui « de qui, en qui et par qui » nous vivons, Celui qui est devenu notre raison de vivre, Celui auquel notre « coeur » est attaché dans une communion sans réserve ni intermittence.

L'enseignement de l'Église commente inlassablement la profes- sion de Pierre : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Le cœur de l'Église répond en écho avec celui de Pierre : « Seigneur, à qui irions-nous? » — « Tu sais bien que nous t'aimons ».

C'est précisément cet écho que nous cherchons à percevoir et cette voix du cœur que nous voudrions écouter.

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divine. Et cela bien sûr n'est pas dans la perspective toujours étroite de quelque comparaison humaine mais dans la perspective illimitée du Christ Chef et de toute l'humanité régénérée en Lui. L'attente de Jésus, c'est aussi et inséparablement l'attente du Royaume où il sera tout en tous. C'est cela qu'attendent les martyrs et qui leur donne la force de ce suprême passage. Le cri de saint Ignace d'Antioche dans son Épître aux Romains porte en lui le meilleur de l'aspiration de tous les croyants au seuil de la mort.

On dira, il est vrai, que bien des croyants sincères n'attendent rien. Certains n'hésitent même pas à l'avouer. Mais une foi qui voudrait tuer ainsi à sa racine cette attente de la vision divine montrerait suffisam- ment qu'elle ne sait pas ce qu'elle est. Pour ces esprits l'autre vie que l'on ignore ou rejette n'est pas comprise : on ne sait pas que l'autre vie c'est le Christ et qu'en Lui tout se résume : « J'aspire à me défaire pour être avec le Christ », voilà le ciel de Paul, et il n'y en a pas d'autre. Et de même, la foi que l'espérance ne vient pas à chaque instant joindre intérieurement, la tenant dans une insatisfaction radicale, n'est plus la foi véritable. Celle-ci ne sera jamais que le substitut provisoire de la pleine vision, la manière douloureuse de s'y préparer, en creusant, dans la conscience d'une dépendance et d'un abandon à la Vérité suprême, le vide intérieur où la lumière pourra faire irruption.

Croire, c'est croire au Christ sans le voir mais pour le voir. Croire, c'est « veiller » dans l'attente de Celui qui doit venir.

N° 9622 — Imprimé en Belgique par G E D I T S.A.. Tournai — 11.097 D-1973-0002-10

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