Pour Une Enquete Europeene - Le Probleme Du Ministeriat Au XVIIe Siecle

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Jean Bérenger Pour une enquête européenne : le problème du ministériat au XVIIIe siècle In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 29e année, N. 1, 1974. pp. 166-192. Citer ce document / Cite this document : Bérenger Jean. Pour une enquête européenne : le problème du ministériat au XVIIIe siècle. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 29e année, N. 1, 1974. pp. 166-192. doi : 10.3406/ahess.1974.293461 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1974_num_29_1_293461

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Em uma perspectiva europeia, o que significava o fenômeno dos favoritos e ministros

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Jean BrengerPour une enqute europenne : le problme du ministriat auXVIIIe sicleIn: Annales. conomies, Socits, Civilisations. 29e anne, N. 1, 1974. pp. 166-192.Citer ce document / Cite this document :Brenger Jean. Pour une enqute europenne : le problme du ministriat au XVIIIe sicle. In: Annales. conomies, Socits,Civilisations. 29e anne, N. 1, 1974. pp. 166-192.doi : 10.3406/ahess.1974.293461http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1974_num_29_1_293461Pour uneenquteeuropenne Leproblmeduinistnat auXVIIesicle historiographie de ces vingt dernires annes estnouveau penche surun problme caractristique des structures politiques europennes de la premiremoitiduxvnesicleleproblme du validoqui est pos pour la premirefoisdansEspagne dePhilippe III avecle ducde Lenneassoluto signore diquelgovernoEn effetcelui-ci transmettait au roi les avis du ConseiltatetPhilippeIII serangeaitpeuprsautomatiquementopiniondesonfavoriEn compensation ce dernierhomme humble originetait constituune fortune considrableEn ion le premier ministre jouissait de 700 ooo ecusde revenus annuels etpossdait en propre un capital demillions cusDs son apparition institution du ministriat tournaitla caricatureunsimplesujetsesubstituantsonsouverainaccumulaitprofitshonneursetpouvoir audtrimentetdesonmatreetdes sujetsdecelui-ciPourtant ceest pas un hasard si dans les trois grandes monarchies Europe occidentaleapparaissent simultanment lecomte-duc Olivarsle cardinal de RichelieuetleducdeBuckinghamOnpeuteneffetsedemandersilacomplexitcroissante destats modernesexigeait pas une dlgation de pouvoirs de lapartdusouveraincelui-ci auraitremisunhommedeconfiance lagestionquotidienne des affairesquittese rserver les grandesdcisionsIl estcer- RapportdeambassadeurGirolamoSORANZOauSnatdeVenise1611publi dans lesRelazioni degliAmbasciatoriveneti nelSecoloXVIISpagna dBAROZZIet BERCHET Venise1856456 Don Gaspard de Guzmon comte puis duc Olivars 1587-1641Voir la biographie dudocteur GregorioMARAONEl Conde-duquedeOlivaresvol. Madrid. 1962DE- ZEEspagne dePhilippeIV Paris1970pp35-39 GeorgesVilliersduc de Buckingham1592-1628Favoripuispremierministre deJacques IerAngleterre il futenmmetemps le mentor duPrincedeGallesdont ildevint le tout-puissant ministre lorsque Charles devintroi en1625Voir enparticulier le rapportde ambassadeur vnitienLANDO1622Relazioni.InghilterradBA ROZZIetBERCHET Venise1863pp243-250ainsique la thsedeLawrence STONE TheCrisisoftheAristocracy1118-1641)vol.841p.Oxford1965enparticulier ppIII-II5 Roland MOUSNIERet FritzRTUNGProblmesconcernantla Monarchieabso luedansX0CongressoInternazionalediScienzeStaikRelazioniIV pp28-32 Florence1956 166 RENGER LEMINISTRIAT AU XVIIeSICLE tainavec ledveloppementdesConseilsetdelabureaucratieaucours duxviesiclecertainssouverainscommePhilippeII Espagnetaient puisslatcheautres comme empereur RodolpheII taient mme rvls incapablesde prendre les dcisionsncessairesla sauvegarde deleurs tatsDanscesdeuxcasprcisonsouventdonnuneinterprtation psychologiqueun sens aigu du devoir jointune vritable incapacitprendre desdcisionsvraidireinterprtationtraditionnellequi rendmalcompte destensionsexer antsurlePrincepoque moderneducationque celui-ci recevait ne le prparait ni intellectuellement ni moralementdevenir unbureaucratecrasdebesogneUnroitaitabord un gentilhommequi devait consacrer une partie de son tempsau sportetla guerreainsi aux ftesetauxartslibrauxIlavaitdonccontradiction entreidal humain du Prince dfini parBCastiglioneidal social de la noblesse et les exigences croissantesdu mtier de roi est pourquoi le Prince faitappelun premier ministreauquel il ne tarde pasdlguerunebonnepartdesesprrogativesPour lesambassadeurs vnitiensMadrid7Paris8 etLondres9 ce ne sont plus les souverains dans leurConseil priv soit respectivement Philippe IV LouisXIII etCharles Ier qui fontlapolitique mais les tout-puissantspremiers ministresEt lesautres diplomatesenparticulier les nonces taient pas dupes nonplusAu-del des explications psychologiques superficiellesde hisoitre politiquetraditionnelle au-delmmedeimage complaisammentcultiveduroietde son ministre simplificationsoi-disanthtiveetpdagogiquecultiveparlesmanuels scolairesfranais)apparatun phnomneeuropenqui concernegalement leSaint-Empireetquiproccupalespolitologuesjusquedanslespremires dcennies du xvine sicleIl mriteraitnotre avis une enqute de dimension internationalequantsesoriginessesmanifestationssonvolutionetles violentescritiques il suscitaLi aux progrsde absolutisme il troubla les classes dirigeantes dans la mesure o le premier ministre tendaitinterposer entrelesouverainune partetlamassede sessujetsautre partprivant deleursprivilges ceux qui alors taient associs au pouvoirAussi nous proposons-nous dans cette brve tude de poser quelques jalons une enqute qui dpasserait unjour le stadedescriptifetdonnerait une tentativeinter prtationun phnomne qui proccupajadis thoriciens ethommes action deAge baroque premire vue le problme parat simplevers 1630 les grandes puissances En particulieraucoursde la GuerredeQuinze anscontre lesTurcs1592-1608Voir ouvrage dj ancien nanmoins suggestifGINDELY RudolfII und seineZeit volVienne1868surPhilippe II sereporterla 3epartiedelathsedeFernand BRAUDEL LaMditerraneetlemondemditerranenpoquedePhilippeII 2ed. ParisColin1966II pp223-467 BaldassareCASTIGLIONEIICorteggianoirdddieaujeune CharlesQuint RapportMOCENIGOauSnat de Venise1631La prowizioneedrimedii tutti li accidenti ed occorenze si gravi dispendono dal medesimo favorito commestato dettoRelazioni.Spagnaopcit.pp650-652 Relazioni degliAmbasciatorivenetinelSecoloXVIIFy anciaedBAROZZIet BERCHET Venise1859ppRapport Aloiso CONTARINIdi Nicolo au Snat1637quidclareLa direzionedelgovernodopo anno1625fuassunta dal Cardinale diRichelieucolprogressodel temposegliassoggettata inmodoche ora vedesicomandarecome rpiuttostocheoperarecomeministro. Relazioni.Inghilterraopcit. pp243-250 167 LESDOMAINESDEHISTOIRE europennes sonttoutesdirigespar un premier ministreaprs1660cetype de personnagedisparatde lascne nonque le mondepolitique manqutde fortes personnalits mais personne ne songeraitcomparer les rles de Colbert etdeRichelieuceuxdeLordClarendonetdeBuckinghamlechancelier AutricheHocher 10etleprinceCharlesdeLiechtensteinleprsidentde Castilleetlecomte-ducdOlivarseneffetlesministresdeLouisXIV de CharlesII Angleterre ouEspagne de empereur Leopold Iertaienttout au plus des conseillers parmi autres ils taient pas les matres de la politique deleurPrinceOnpeutadmettreque mmesilaconduitedesgrandstats besoin une responsablecelui-ci est plusunindividuaussi dousoit-il mais unConseil de cabinetqui voitprcisment le jourcette poqueSeule exceptionEmpire ottoman o le Grand Vizirjouaitplus quejamais un rle essentielessayant de maintenirtoutprix lacohsiondetatalorsque le Sultan se dsintressait de plus en plus de la conduite des affaires quotidiennes Et cetteexceptionestprcismentlourdedesenspourtouslesEuropens du xvne sicle Empire ottoman reprsentaittat tyrannique par excellence o leGrandSeigneurtait undespote rgnant sur desesclaves abandonnant un entre euxlesoindemaltraiterunpeuplusletroupeauEn faitsi institution du ministriatrgress aprs 1660 est que les critiques taient faites trs violentesgard de ceuxque on considraitla foiscomme des usurpateursetdestyransRichelieu reprsentant le symboledecette autorit usurpe Richelieumytheetralit est pourquoi V.-LTapievoulu dlimiter enfinle rle exact du cardinal dans laconduitedesaffaires franaisesde1624sa mortpourdmontreren particulierlasubtiledialectiquequirgissaitlesrapportsduroiavecson ministreetquersumelaformuleattribueaucardinalLesquatrepieds carrs du Cabinet du roi me sont plus difficilesconqurir que tous les champs de bataillede Europe Or la gnration romantiquepas peu contribudvelopper la lgende dedictateur machiavlique impitoyable rduisant leroiau rlepeu enviable un pantin pitoyable et craintifMais cette lgendedes origines fort anciennes etelle est rpandue trstt dans les milieux dirigeants europensLe cardinal de Retzfait que donner des lettresde noblesse littraireune srie ana lyses qui encombrent les rapports des diplomates en postela Cour de France deRohan disait que Louis treizime tait jaloux desonautorit forcede ne la pas connatreLe Marchal Ancr etde Luines taient que des ignorantsqui taient pas capables deen informer Le Cardinal deRichelieu leursuccdaquifitpourainsiparlerunfondsde toutescesmauvaisesintentionsetdetoutescesignorancesdesdeuxderniers sicles pour en servirselon son intrtIl lesdguisa enmaximes utiles et nces- loJean-Paul Hocherchancelier Autriche de 16671683de 16721681 il exer une influenceprpondrante dansleConseiltatde empereuretdirigeaenfaitle cabinetrestreintouConfrencesecrteVoirarticleHocherdeAllgemeine DeutscheBiographieainsique SCHWARZTheImperialPrivyCouncilvol. Cambridge Mass.1944 168 RENGERLEMINISTRIATAU XVIIeSICLE sa respourtablirautoritroyaleetlafortunesecondantsesdesseinspar le dsarmementdupartiprotestantenFrancepar lesvictoiresdesSudoispar la faiblesse deEmpire parincapacit de Espagne il forma dans la pluslgitime desmonarchiesla plusscandaleuseetla plusdangereusetyranniequi aitpeut- tre asservi untathabitude quieu la forceenquelques pays accoutumer leshommesaufeunousendurcisdes chosesque nospres ontapprhendes plusque le feummeNousnesentonsplusla servitudeils ontdtesteet le Cardinal deRichelieuplusaucun autretravaillavec autant impru denceque application AprsavoirmontrqueRichelieutaitdevenupeupeuuntyranpour le peuple franais ilaccuse celui-ci avoir t un usurpateur du pouvoir royal Et pour montrer ledangerdetellesusurpationsilprend exemple duSrail Istanbul mais fait surtout appeldes prcdents historiques il va chercher dans histoire mmede la monarchie franaise Maispourquoichercherdesexemplestrangersonousenavonstantde domestiquesPpinemploya pourdtrnerlesMrovingiensetapnese servit pourdpossder lesCarlovingiensque dela mme puissance que les prd cesseurs de un et de autre taient acquise sous le nom de leursmatreset il est observeretque lesmairesdupalaisetque lescomtesdeParis seplacrent sur le trnedes rois justement etgalement par la mme voie par laquelle ilstaient insinusdansleurespritest--direpar affaiblissementetparlechangement des loisdetat qui plattoujours abord aux princes peu clairs etqui dans les suites sert de prtexteaux grandsetde motif au peuple pour se soulever Le Cardinal deRichelieutait trophabile pourne pasavoir toutescesvues maisil lessacrifiason intrtIl voulut rgnerselon soninclinationqui ne se donnaitpointderglesmme dans leschoseso ilneluiet riencotdeen donneret ilfitsi bienque si le destin lui et donnun successeur de son mrite je nesaissi la qualit de premier ministreil prise le premier aurait pas pu tre avec un peu de temps aussi odieuse en France que ont t par vnement celles de mairedu palais et de comtede ParisLa providence deDieupourvut au moinsun senslecardinalMazarinquipritsaplaceayant donnnipu donneraucunombragetat ductdeusurpation 11 Retz esquissealors un portrait parallle de Mazarin son ennemi personnel il peintsouslestraitsun bouffonetil opposeRichelieuCelui-ci anantissaitparsonpouvoiret parsonfasteroyallamajestpersonnelle duRoimaisil remplissaitavectantdedignitlesfonctionsdelaroyaut il fallaittre pasduvulgaire pour ne pasconfondrelebienetle mal en ce fait12 Le propos deV.-LTapie estde montrerqueRichelieujamaist un usurpateurparceild combattresanscesse pouracquriretconserver la confiance du roi qui est demeur le matre au boutplusieurs reprises les relationsdu souverain etdu ministre ontt troubles par de graves crises qui auraient pu aboutirla disgrce du cardinalLes recherches de historien amricainnm ont ailleurs abouti aux mmes conclusionsle roisans cesse contrl activit de son ministre etdeson gouvernement13 Richelieuailleurs russiimposer avec bien du mal car il avait 11CardinaldeRETZMmoiresdMaurice ALLEMvol. ParisGallimardLa Pliade1950pp64-65 12RETZMmoiresopcit.66 OresteLes cratures deRichelieuvol. 259 p. Paris1966 169 LESDOMAINESDEHISTOIRE abord li sa fortune politiquecellede la reine mreMariede Med eis qui enmme enun phmre secrtairetatMais on sait que le jeune roineparvintaffirmerson autoriten ladisputantsamrequitait trsattacheau pouvoirLa reine mremalgr sa demi-disgrceobtinttout de mme le chapeau de cardinal pour son protg auquel le roi remit la barrette en 1622Ce futledbut un rapprochement quidevait aboutir dix-huitmois plustardaurappeldeRichelieuauxaffairesLa Francetaitalorsdirige par unequipe mdiocre gure capable defairefaceunesituation gnrale difficileunmomento lamonarchieEspagne reprenaitinitiative diplo matique etmilitaireLouisXIII gouvernait avec aide de son Conseil priv o sigeaientct dela reine mrelecardinal deLa Rochefoucauld le conn tabledeLesdiguiresetlenouveausurintendantdesFinancesLaVieuville qui remplissait le rle de principal ministre aprs avoir fait chasser les derniers serviteursHenri IV lechancelierSilleryetsonnilesecrtairetatCe est en aot 1624que Richelieuprofitantde ladisgrcede La Vieuville devenait le principal ministrele chef du Conseil mme il ne porta pas imm diatement cestitres qui ne lui furentaccords que peupeuEn fait il allait exercersesprrogativespendantprsdedix-huitanssamortle dcembre1642Contrasteclatantavec lapriodeprcdentequi connut une instabilit ministrielle notoireMais tait-on pas tomb un excs dans autreetRichelieuoutrepassait-il pas sesprrogativesdechefdegouver nement V.-LTapie estaccord avec lecardinaldeRetz au moins sur un point LouisXIII taitunmonarquejaloux desonautoritilnedlguajamais quiconquelepouvoirdedcidersa placeetpardonnadifficilementaux rebellesquelque ftleur rangdanstatetla hirarchiesocialecompris son demi-frre Vendme Louis XIII tait un soldat qui hsitait pasrprimer les armesla main lesrvoltesdes provincesmridionalesaffaire deLa Rochelletait un casparmibienautresMaiscetait passeulementunofficierdetroupe qui aimait guerroyercar ilnengligeait ni les affairesdetat niles dtails deadministrationLecomportementdeLouisXIII lorsdelaJournedes Dupes est pleinementsignificatifOnconnatles faitsLenovembre1630 la reine mre tentait de circonvenir Louis XIII pour il disgracit Richelieu cedernier parvintles surprendrechez Marie de Med eis dans cemagnifique palaisduLuxembourgelle venaitdesefaireconstruireAprsunescne violente Richelieu reut ordre de seretirer chez lui tandis que le roi rentrait auLouvrePersonne ne saura jamais ce il pensseul le rsultat comptait Dans aprs-midi Louis XIII partait pour son pavillon de chasse de Versailles etdonnaitRichelieu par crit ordre derejoindre enajoutantDemeu rez auprs de moi etje vous protgerai contre vos ennemis14Pour V.-LTapie LouisXIII futalorsvraimentroiil avaittunmdiocretyrannispar son ministreflottantentredes influencescontrairesleschosesauraient pris untoutautrecoursCefutluietluiseulquisauvaRichelieuparceil reconnaissaitdansleCardinalsonmeilleur serviteur15 Il ne faudrait pourtant pascroire que les rapports ministre-souverainaient 14Citpar Victor-Lucien TAPIELaFrancedeLouisXIII etdeRichelieuvol. 428p. Paris Flammarion.2ed1967399 15Ibid.132 170 RENGER LEMINISTRIAT AU XVIIeSICLE tordre sentimentalcarlesdeuxhommestaienttropdiffrentsLeroi avaitincontestablementconnancedanslestalentslafidlitetles butsdu cardinal sansque celui-ci devntpourtantjamais lefavoridumonarque Undesmeilleurs historiensdeLouisXIII lePreGriffet critce propos Richelieu et bienvouluil en etautre que lui-mmemais il avait prouv que ce prince voulait avoir un autre confident que son ministre et en lui donnant toute sa confiance pour la conduite de son royaume il ne pouvait se rsoudrevivreavec luidans cette familiaritqui fait la douceur de la vie16 Les relationsentre lesdeuxhommestaientautant plusdifficilesils taienttousdeuxatteintsdemaladieschroniquesquiinfluaientsurleur caractre respectifAprs1632 Richelieuplaen permanenceauprsdu roi un hommelui lesecrtairetatChavignyqui taitchargde surveiller les humeursde LouisXIII etde luienrendre compteAinsi lejuillet1638 Chavigny mandeRichelieuSi le Roy continuetenir son esprit en assiette oilestSonEminencenedoitfairenulle difficultezdeluiproposertoutce il luy plaira car Sa Majest en aportera aucunesuivre ses conseilz etje laveoiscette heure hors de cette demanceelle tesmoignait par le pass17 Depuis la disparition du duc de Luynes le rle de favori tait en fait spar de celui de premier ministreEn effetLouis XIII en dpit de ractions parfois brutalesprouvaitunimmensebesoinaffectionSonenfanceavait pas theureuseOrphelinjeune ilavait jamaistrouvchezMarisde Med eis lamoindretendressemaridebonneheureilavait pastrouvenAnne Autriche lacompagneil taiten droit desouhaitercetait unsecret pourpersonnequelecoupleroyalentendaitmalIltait pas insensible auxcharmesfmininsmaisiltaittropscrupuleuxpourselancerdansces provocantesliaisonsquiferontlaclbritdesesdencendantsIlserfugia doncdansdesamitismasculinesqui avaient pointlecaractreamitis particuliresLe ducdeSaint-Simonpredu mmorialisteoccupa long temps ce rle de favori puis ce fut vers lafin de son rgne le jeune Cinq-Mars que le roi nomma Grandcuyeril avait t plac l par Richelieu qui prfrait queleconfidentftunhommeluiBienttCinq-Marsdontlesqualits matressestaientniintelligencenilagratitudesebrouillaavecson bienfaiteur etcommenintriguer contre lui et contre sa politique en complo tantavecEspagneRichelieuobtint leprojetdetraitde paix avec Madrid etla condamnationmort du favorique Louis XIII refusa de gracierCelui-ci concluten1642unnouveaucontratavecsonministrequiildonnaiten quelquesorteune nouvelle investituremaisil neluipardonna pas cetteder nire etbrutale intrusion dans sa vie prive etaufondau moment de la mort deRichelieu lesdeuxhommes taientbrouillsmmesi lesimpratifsde la raisontat les obligeaientse supporterLe dernier billet du roi au cardinal estune scheresse remarquable Vousavez fait grand plaisirdeenvoyer la dpche Angleterre laquelle je vous renvoieJe ne vois pas il ait beaucoup avantage de part ni autre ileneuje le tiensduct duRoi Jetrouvetrsbonon continueLaffemaslacommissiondelieutenant- civilIl est tropbienacquitt de cettechargepour ne pas la continuerLouis 18 16Ibid.306 lyB.NParis Msfranais9354 f0259 i8V.-LTAPIopcit.399 171 LES DOMAINESDE HISTOIRE V.-LTapie suppose ailleurs que le temps aurait pans la blessure amour- propreduroietil auraitrenoudesrelationsconfiantesavec lecardinal Toujours est-ilil appuya pendantdix-huitanslapolitiquedeRichelieu aveclesoptions elle reprsentait tant il est vraicette poque se vrifia plusieursreprisesadagegouvernerest choisirSoutenirRichelieu tait faire un choixde personne mais bien plus encore donner le pasla poli tiquetrangrevoirela guerreaudtrimentde laprospritdu royaume et de ce que nous appellerions hui les rformes de structuresRichelieu toutsubordonnla conservationdelaCouronnequiluiparaissaittrela tchelaplusurgenteToutes lesfoisqueautoritroyaletaitmenace intrieur commeextrieur ildployaittous leseffortsensonpouvoir pour la rtablirIl faudrait alors reprendre endtail toute action du cardinal pendant sonministriatetceest pasl notre proposCe qui compte est que dans les moments dcisifs le roi et le cardinal taient troitement solidaires de la mme politique En faitds1626lemaintiendeRichelieuaux affairesimpliquaitpour LouisXIII unchoixde personneLa reinemretoujoursautoritairetait misedtestersonprotgenqui elleavait vu un instrumentdocile susceptibledelui redonner influence prpondrante dans le Conseillaquelle elleavait jamais renoncV.-LTapiejustement insistsur influence de la famille royale dans la vie politique du royaumeDans les ides du temps les proches parents du roi taient ses conseilleurs-nsMarie de Med eis se croyait desdroitsdepuiselle avaitexerclargenceetsonfilscadetGaston Orlans imaginait en avoir davantage parce il fut1638 hritier dutrneFortdeimpunit que luivalaitsasituationexceptionnelledans tatGastonOrlans futdetouslescomplotsaristocratiquesquitaient dirigs contre le premier ministreoublions pas en juin 1632 par exemple le frre du roi entrait en Francela tte de mercenaires trangersenpubliant unmanifesteoilengageaitle royaumesesouleveraunom du roi pour dlivrerLouisXIII dela tyranniedeson ministre19quipe qui sesolda par le soulvementune partie du Languedoc etexcution duduc deMont morencyMouvement caractristiquedans la rpression duquelLouis XIII se montra plus intraitable que le cardinal La JournedesDupes avaiteuaumoinsavantage demettreunterme aurlepolitiquedelareinemrequineseconsolajamaisdesonchecet obstinadanssonrefusderevenirauConseilEnjuillet1631elleenfuit CompigneetserfugiaauxPays-Bas espagnolsMariedeMdicisdevait finirsa viedansunexilauquel personnene avait contraintePourtantce dpart avait fortificonsidrablement autorit duroi etcelle de son premier ministrequi futnommducetpairEn effetMarie deMdicistaitla fois une personne royale et le chefun parti redoutable qui comptait de nombreux appuisdans leConseilles notablesetopinionle partidvotDirig par le Garde des Sceaux Marillac etson frreMichel ce parti avait opt pour la paix tout prix avec Espagne au nomcertes de la religion catholique maisaussi dansintrt desrgnicolesIl pensaitque les rformesdestructures taient plusurgentesquelaluttecontreimprialismedelaMaisonAutricheIl estimait galement que le roi trs chrtien ne devait pas allier avec les princes protestants ni soutenir hrsie aux Pays-Bas ou dans Empire mais attacher 19Ibid.287 172 RENGERLEMINISTRIAT AU XVIIeSICLE rtablir unit religieuse deson royaumeIl seraitdoncsimpliste en faire un partiprogressisteprfrant la paix et les rformesla guerre trangre en matire confessionnelle il tait beaucoup moins libral que Richelieu Il tait pas non plus un ramassis de tratres venduslacause de Espagne etRichelieu lesous-estimaitsipeuil employa touslesjournalistesqui voulurent biense mettresonservicepourconvaincre leshsitantsdontle plusillustretaitprcisment leroilui-mme Celui-ci futen effetlentconvaincreet eutsouvent des remordsest un desgrandsmritesdulivredeV.-LTapieavoir montrlesfrquentes hsitationsdu roiqueRichelieudevaitregagnerchaque instantAinsiau coursde anne 1630qui futdcisivedans histoire du rgne etdans celle du ministeriallecardinaldutmeneruncombatincessantlafameuse JournedesDupesquivitfinalement le succsclatantdu premier ministre Et si cinq ans plus tard Louis XIII accepta entre en guerre contre Espagne commeunmoindre malilen connutpas moinspar lasuitede frquents remordsIl savait au prix de quelles souffrances ses sujets parvenaientsoutenir effortde guerreAussi en1642 prta-t-il uneoreille complaisante aux propos deCinq-Marsqui rptaittouthautqueRichelieurepoussaitindfiniment lapaixparceque laguerreseuleluiassuraitlerledepersonnageindis pensable20 Par moment la guerre faisait horreur au prince chrtien tait Louis XIII car ilenconnaissaitlesmalheursetsavaitcommenton extorquaitargent de impt aux masses paysannesOr parfaitement conscientde ses responsa bilitsilsavaitbienquetait luiquiendfinitiveavaitchoisientrela politiquede paixde Marillac etla politique de grandeur deRichelieuIl avait certes ses raisons il en connaissait pas moins des remords et pouvait prouver dudcouragementVoilpourquoiactiondeCinq-Marsquiproposaitdes ngociationssecrtesavecRomeetMadridinsu ducardinalmettaiten prilautoritdecedernier Mmeentreces momentsde criseviolente 16301642 lesrapportsentre leroi etlepremier ministretaientsouventdifficilescar celui-cidevaitper suaderLouisXIII deprendrechaquedcisionimportanteOnnepeut donc considrerRichelieu comme un usurpateurvoirecommeunmaire duPalais agissant au lieu etplace un roi fainantselon image que suggre le cardinal de Retz En revanche dans la lgendequi est cre autour du cardinal est apparue maintes fois accusation de tyranniegard du peupleRetz lui-mme est pas tendre sur cechapitre opposant la lgitimit dusystme monarchiquela tyrannieintroduite par lepremierministreilformadansla plus lgitime des monarchies laplus scandaleuse etla plusdangereuse destyrannies quiait peut-tre asservi untat21 Amrmationtranchequiest passeulementlaformulebrillanteun adversaire du ministriat mais qui repose sur une analyse des moyens utilisa RichelieupourgouvernerlaFrance En effetRichelieurenontrs viteaux rformesde structuresutilisant lesinstitutionsexistantesetlespeuplanthommesluiSonpouvoirextra ordinaire reposait sursa propre clientle il largit enimposant des mariages 20Ibid.393 21RETZMmoiresopcit.65 173 LESDOMAINESDEHISTOIRE utilesses parentsetsesfidlescebienmontrnmdans son ouvrageLescraturesdeRichelieuLetitreestempruntauvocabulairede poqueRichelieului-mmesereconnaissaitsouventcommeunecrature duroi marquantainsi sa dpendance personnelle vis--vis du roietenmme temps la faveur exceptionnelle dont il jouissaitIl employait ce terme galement pour les gensdesonparti vis--visduroiQuant aux ministresilscrivaient frquemment des lettres o ils parlaient eux comme des cratures du cardinal partirde1632celui-cipeuplaleministrehommesluisibien en 1639lecardinalBarberinisecrtairetatduSaint-Sigepouvait crireLe gouvernement est rduitauseul cardinal deRichelieu qui sesert desministresnommsparsessoinsenparticulierleGardedesSceauxles gnrauxdesFinancesetdesSecrtairestatBoutiglierChavignyet Noyers22 Habilet suprmecette datesur les quatre secrtairestat Richelieu en maintenait un en fonctionsHenri de Lomnie sieur de La Ville aux Clercs qui tait point de son partiil tait content de lui rduire ses attributions la correspondance avec quelques provincesetde lui ter la Maison du roi nmbien montr la gense de la clientle de Richelieuorigine ileut amiti qui lia le grand-pre de Richelieu etDenis Bouthillierceder nier taitclercdu grand-prede Richelieuauquel ilpromitdeveiller surses petits-enfants demeurs orphelinsOr le fils de Denis Claude Bouthillier russit unerapideascensionsocialeil taitconseillerauParlementArmand duPlessisayantlui-mme russiimposer auprsdelareine mrerecom manda ClaudeBouthillierMarie deMed eisqui en1613 en fitle secrtaire de ses commandementsDs ce moment Bouthillier eut pour tche de surveiller la reinemreen rcompensede lapromotion il avaitobtenuepar les soins de vque de LuonCe dernier eut recours aux services de Claude Bouthillier toutletempsil futloigndes affairesmaisil leddommagealargement desesservicesen lefaisantnommersecrtairetaten1628puis en1629 il lui obtint non sans mal emploi important et prestigieux de secrtairetat charg des Affaires trangresDs 1624 le conseillertat Bullion prend parti contreMarillacenfaveurdeRichelieuquilefaitnommerchancelierdela reinemreanne suivanteAinsipartirde1625sedessineunpartidu cardinal qui en profite pour entourer Marie de Mdicis de ses hommeslui car la reine mretenait encore beaucoup de place dans le gouvernementEn 1629 il acquiert appui duclanPhlypeauxenfaisantnommersecrtairetat le sieur de La Vrillire Louis Phlypeaux auquel Louis XIII avait pas voulu accorder lasurvivance de lacharge de sonpre Richelieutait autre partacquisappui un intendantdesfinances SubletdeNoyersil devaitchargerdenombreusesmissionsenprovince Voil pour le noyau de sonparti auquel ilconvientajouter lePre Joseph minencegriseil chargeaitimportantesmissionsdiplomatiquesen AllemagneFace auparti dvot Richelieu disposait un rseaude cratures il ne dominait pas encore leConseilen Haut et ne contrlait pas encore les dpartements ministrielscesera chose faite aprs la Journedes Dupes En 1632 il russit en effetmettre la main sur le ministre en pla ant Claude 22InstructiondonneaunonceextraordinaireScottiparlecardinalsecrtaire tatle2imai1639etpublieparBLETS.JdansCorrespondanceduNonceen FranceScotti-1641)96 174 RENGER LEMINISTRIAT AU XVIISICLE Bouthillierla surintendancedes Finances tche dans laquelle il tait paul par Bullionen mme temps ses cratures occupaient trois postes de secrtaires tatsur quatrelefilsBouthillieralias Chavignysuccdason preaux Affaires trangresSublet de Noyersla Guerre etLa Vrillire DansquelmilieuRichelieurecrutait-ilsescraturesIlcertesfacilit lesmariagesde ses parentsavecdes membresde aristocratieetsi on tient compte du rle essentielde la famille dans la socit du xvne sicle cet esprit ne doit pastre perdu de vue encoreil ait tprsentinsuffisam ment tudiMais ilsurtout recrut ses partisans parmi les couches suprieures de lanoblesse de robe cette bourgeoisiequi souventdepuis plusieurs gnra tionssert le roi dans lesofficesdefinancesetdejudicatureEt chantillon tudi parnm serviraillustrer notre propos Claude Bouthillier tait conseillerau Parlement lorsque le cardinal en fitle secrtairedescommandementsdela reineSonascensionsocialeluipermit de marier son fils Lon le futur secrtairetat aux Affaires trangresune Phlypeauxfilledu sieur de VillesavineOr les Phlypeaux constituaient une famillederobetrsancienneettrsillustreChavignytaitdoncparentde LouisPhlypeauxdeLa VrillirecommeluisecrtairetatBulliontait par sa mre apparentune illustre famillede magistrats parisiens les Lamoi- gnonEt siSublet de Noyers tait filsun officierde la Chambre des Comptes sa mretait une Bochart etsononcle maternelChampigny exerait en1628 lesfonctions de premierprsidentdu Parlementde Parisest--dire il se trouvaitoccuperdansordredesprsances letroisimerang danstat aprs le roi etle chancelierOn voit doncque Richelieu recrutait ses cratures danslemilieudesofficiersdescourssouverainesParlementChambredes Comptes etdans celui des matres des requtes de Htel mais que ses fidles sanssonaideauraient peut-trepasatteintlessommetsdumondedela robe alors que les Lomnie qui constituaient une vritable dynastie refusrent adhrerson partiLa famille occupa en effet un postedesecrtairetat sous les rgnesHenri IV LouisXIII etLouis XIVUnLomnie secrtaire duroiavaittassassinlorsdumassacrede laSaint-Barthlmycequi empcha passonfilsAntoineLomniedeBriennededevenirsecrtaire tatenaprsavoirtpremiercommisdesonprdcesseurReize Et ce est en 1665 que les Lomnie de Brienne abandonnrent le secrtariat tatils avaientoccup pendantsoixante ans tudenmapparatpluttsommaireencequiconcerneles fortunes et le Minutier central fournirait certainement utiles renseignements nanmoinson peut poser enprincipe que le passage au gouvernement permet taitdeenrichirceuxqui se trouvaientassocis au pouvoir taient combls depensionsdebnficesoudegratificationsoutreleursgagesordinaires ambassadeurvnitienAngeloCorrerattribueRichelieuen1641 950 oooecusderevenusannuelssoitenviron500 oooecusdebnfices ecclsiastiques150 oooecusderevenus personnels100oooecusde pension royaleloo ooo ecus de revenus comme gouverneur de la Bretagne100 ooo ecus de revenusdes autreschargescomme la surintendance de la Navigation Etsisescraturesrinvestissaientlesprofitsils tiraientdeexercice du pouvoir ils achetaient pas seulement des offices mais aussides terressur lesquellesilsfaisaientbtirdeschteauxquicontribuaientasseoirleur prestigeest ainsiqueClaude BouthillierfitdifierunchteauPont-sur- Seine tandis que Bullion construisait le chteau de Wideville non loin de Saint- 175 LES DOMAINESDEHISTOIRE Gennain-en-LayeQuantChavignyilfitconstruireun chteausur la terre du mme nomen1635 sesdiverses oprationsfinancires auraient couvert de dettesen toutSoo ooo livresmais sa haute position dans le gouvernement luivitalabanqueroute etlui permitdelespongerIllune direction de recherchesqui confirmeraient vraisemblablement hypothse selon laquelle le ministriat permettait asseoir srieusement la fortune etles alliances une famillePrenonsexempledeRichelieuiloutrageusementfavorisson beau-frreBrzetsesneveuxLaMeilleraieetla duchesseAiguillonUne autrefilledeBrzpous lejeuneduc Enghien qui sera le Grand Conde BrzfutnommmarchaldeFrance toutcommeson filsLa Meilleraiequi reutgalementlachargedeGrandMatrede Artillerieaveclesprroga tives financiresquitaient attachesUn autre neveu le marquis de Pigne- rollesfutnommgnral desGalres 23 Le ministriatcontribuaitdoncmonopoliser chargesetprofitsentreles mainsdupremierministrelui-mmedesesparentsetdesescraturesEt Richelieu ne se contenta pasde contrler les hautes charges du gouvernement et de arme ilappesantit galement son autorit sur les provinces en utilisant descommissairesroyauxcommeSubletdeNoyersIl tendit lesystmedes fidles au corps des matres des requtesil envoya surveiller les compagnies officierslesnotablesetlesmilitaires historiographie classiquefranaise attribuaitRichelieula crationdes intendantsselon elle le cardinalaurait voulu remodeler administration pro vincialeduroyaumeEnralitest unecrationempiriquequireposait essentiellementsur lacomptenceetla fidlit desa clientleDe mmeil placcertainesde ses crtauresdans lespostes-clsde administration cen tralede mme il veilleapplication desesdcisionsV.-LTapie notele recoursaux intendantsne procdepas autres vuesest une erreur... de croirecesujetuneactionoriginaleetune pratique suiviede son gou vernement usage de confier unemission prcise etlimiteun matredes requtes taitcourant sous les rgnes prcdentsLes Valois au xvie sicleen avaient largementusRichelieurussitlesplacerdirectementsoussonautorit est ainsi queLa Thuilleryenomm intendantde La Rochelle aprs la prise delavillerelevaitdirectementducardinalquiavait propos sa nomination LouisXIIIIlestvraiquelachargedesurintendantdelaNavigation exer ait Richelieujustifiaitdes pouvoirsaussiexorbitants 24 Faute tude socialeapprofondiedescraturesdeRichelieu dansadmi nistration provinciale il nous faut biendemeurerlasurface du phnomne L encore lecardinalappuyait surunepartiede la noblessede robeune poque o la vnalitdes officespermettait unlargissement etun renouvelle mentdececorpssocialEn toutcas lescorpsconstitusluireprochaientle 23Oresteopcit.et surtout le rapport de ambassadeur vnitienCORRER 1641dans Relazioni.Franciaopcif.pp335-336 24cescauses sur la nominationqui noust fte de vostre personne parnostre trscheret trsam cousin le cardinal deRichelieugrand maistre chef etsurintendant gnral de la navigation et commerce deFranceattache soubsle contre scel de nostre chancellerieNousvousavonscommisetordonncommettonsetordonnonsparces prsentesetc.durant le tempsdevostreditecommissionpour icelleexercer et vous conduiresuivant lesordresqui vousontestou serontdonnez par nostredictcousin Commissionintendant de la MarinepourdeLa Thuillerye1628) 176 RENGERLEMINISTRIAT AU XVIISICLE comportement brutal de ses fidlesSi Richelieu tait fort que de la clientle qui le suivaitcettemmeclientle luisuscitaitdesennemisLa brutalitde gens comme Isaac de Laffemasla morgue des bourgeois parvenus qui tenaient deluilemoyenhumiliertouslesautrescausaientpartoutdeprofondes blessures25 Dvousleur matre ils excutaient sans mnagement les instruc tionsils recevaientetest lsemble-t-iloriginedelarputationde tyrannieil acquit aussibiendansaristocratiefranaisequedansles cours trangresGrotius le grand juriste nerlandais lui fitune trs mauvaise rputation alors il tait ministre de SudeParisLesurs deLouis XIII la reine Angleterre etla duchesse de Savoie le faisaient passer pour un tyran En Cour de Rome iltait dtest pour sa brutalitQuant auxaristocrates ils neluipardonnaientnisaconceptionrigoureusedeautoritroyalenises dlgationsdepouvoirdesrobins AinsinaquitpeupeulalgendeselonlaquelleRichelieuexeraitune vritable tyrannie au nom du roiLa fermet avec laquelle ilexerle pouvoir futnuisibleauministriatlui-mmeinstitutionfutpeupeumiseen questionDans le casdeRichelieu accusation usurpation tait injustifie celle detyrannie tait davantagehomme tait pas cruel mais nanmoins implacableil jugeaitautoritdetatenjeuetaristocratielui pardonna difficilement excution de Montmorency ou de Cinq-Mars ainsi que les abus de pouvoir des commissaires royauxjugs par eux un rang infrieur Les mmescritiqueslevrent enAngleterrecontre Buckinghametpar lasuitecontreThomasWentworthcomtedeStratfordhistoriographie anglaisecontemporainemisen videnceantagonisme violentqui opposait Buckingham etses hommesau restede la classe dirigeanteUne clique mono polisaitlaussifaveursetpensionsroyalescartantdupouvoiraristocrates et gentilshommes quiconstituaient traditionnellement lescadres politiques de la nation anglaise 26 On sait que action nergique de cedernier ne fut pastrangre au dclen chement de lacrise qui devaitaboutirlaRvolution Angleterre Les sujetsde la monarchieEspagne accusrent galementde tyrannie le comte-duc Olivarspartir de1640 institution du ministerialest associe au renforcement de absolutisme et les critiques se multiplient dans les groupes sociauxtraditionnellementassocisaupouvoirqui voientun mauvaisil le renforcement de autorit royaleCeux-ci dveloppent accusation de tyran nieMmedanslesmilieuxgouvernementauxattachscerenforcementde absolutisme on craignait galement une ventuelle usurpationAussipartir de1660lesystmetait-il srieusementmisenquestiontantdans la thorie que dans lapratique Launsystme Nousdcrirons abord la raction sur leplan pratique etnousretiendrons cet effet deux exemplesexemple trsclassique de la France etcelui moins connu mais non moinssignificatifde laCour de Vienne 25V.-LTAPIE opcit.286 26Voir le rapportde ambassadeur vnitienLANDOen1622 opdi. loecit.dont analyseannoncelesconclusionsdehistoriographieanglaise contemporaine 177 LESDOMAINESDEHISTOIRE LaRvolutionde 1660 En France onconnat les faitsLe cardinal Mazarin exerles fonctions depremierministreaprsla mortdeLouisXIII etendpitune brve solutiondecontinuitfutlesuccesseurdeRichelieudontiltaitune des craturesIl cristallisa sur sa personne tout le mcontentement dla politique deguerreetlafiscalitcrasantePourfaciliterapaisementpendantla Fronde il loigna volontairementetne rentraParis en 1653Bien que le jeuneLouisXIV ftmajeur celui-ci laissa Mazarinauxaffairessa mort en 1661Il en estailleurs expliqu dans les Mmoires pour instruction du Dauphin Jenesaissijedoismettreau nombrede mesfautesdeavoir paspris abord moi-mme la conduite de montatai tch si en est une dela bien rparer par lessuiteset je puishardiment vousaffirmer que cenefut jamais en effetdengligencenidemollesse Ds enfance mme le seul nomdes Rois fainantsetdeMairesduPalais me faisaient de la peinequand on le prononait en ma prsenceMais il faut se repr sentertatdeschosesdesagitationsterriblesdanstout le royaumeavant et aprsmamajorituneguerretrangreoces troublesdomestiquesavaient faitperdrela France milleetmilleavantagesunprincedemonsangetun trsgrand nomla ttedes ennemisbeaucoup decabales dans Etatles par lementsencoreenpossession etengotune autoritusurpedansmacour trspeu de fidlitsans intrt et par l messujets enapparence lesplus soumis autantcharge etautantredouter pour moi que les plus rebellesun Ministre rtabli malgr tant de factions trs habile trs adroit qui aimait et que aimais qui avait rendu degrands services mais dont les penses etles manires taient naturellementtrsdiffrentesdes miennes que je ne pouvais toutefoiscontredire niluiterlemoindrepartidesoncrditsansexciterpeut-tredenouveau contreluiparcetteimage quoiquefaussededisgrcelesmmesorageson avaiteutantdepeinecalmermoi-mmeassezjeuneencoremajeurla vritde la majoritdesRoisquelesloisdetatont avance pour viter de plusgrandsmauxmaisnonpas decelles oles simples particulierscommencent librementgouvernerleursaffaires 27 Dans ce textedestinsonfilsLouis XIV fait loge de Mazarin mais il dresse en mme temps un tableau sans fard du royaume en1654autorit de tat tait tout juste rtablie et se sentant incapable de diriger seul ses affaires il fitnouveau confianceson premier ministrebien il ait pas toujours partag son point de vue ilse sentait oblig de le garderLe souverain justifie sa conduitela foispar les circonstances difficilesetpar son extrme jeunesse ilavait besoin un mentor ilne voulait pas non plus donner raisonopposi tion politique en dsavouant MazarinMais il necache pas que la solution tait un pis-alleretque autorit un premier ministre luipesaitest pourquoi la mortdece dernieril supprima emploi et prit personnellementen mains ladirectiondesaffairesdetatIlestimaitquesonapprentissagetait terminquelecalmetaitrevenudansleroyaumeetil avait plus dlguersonpouvoirun desessujetstonnementfutgrandil dclara vouloir exercer seul le pouvoir il futencore plus grand lorsque Europe 27Mmoiresde LouisXIVpourInstruction duDauphinpourlesannes1661 et1666dLONGNONParis192353 178 RENGER LEMINISTRIAT AU XVIISICLE vitla manire dont il exer ait et le srieux avec lequel il pratiquait son mtier de roi EnAutricheCettedcisionferme et irrvocablemarquaituntournant danshistoire duministriatQuatreansplustardlejeuneempereurLeo pold Ierprofitait de la mort du prince Portia qui exerait les fonctions de pre mierministredepuis1657pourdclarersolennellementluiaussiil se passeraitdsormaisdesservices un premier ministreDans unelettreson cousin archiduc Sigismond de Tyrol il affirmaitle 25fvrier 1665il avait rsolude neplusprendredeprincipalministreetil traiterait lesaffaires dansunConseildecabinetcomposdequelques membresdesonConseil priv 28Il confirma sesintentionsdans une lettre personnellesonambassa deurMadrid le comte Poettingqui ilcrivait il voulait treson propre premier ministreIl justifiait sa dcision par trois arguments essentielsabord il tait encore jeunepoque il avait vingt-cinq ans et capable de travailler ensuite il resterait le matre et un autre ne pourrait se vanter que tout dpende deluienfinil pourraitmieuxassumersesresponsabilitscaril nedevrait en prendrelui-mme 29Troismotifs poussentdonclejeunesouverain diriger lui-mme sestatsIl veutfaire son mtier de roiet non plus consa crer le plus clair de son temps auxdivertissementschasse musique thtre) commeil avait quetroptendancele fairealors Il viteraainside voirsonpouvoirusurpTrsconscientdeladualitetdeambigutdu systmeilveut gouverner et pas seulement rgnerEnfinLeopold Ierest trs conscientdesesresponsabilitsvis--visdeDieu etvis--visdeshommeset ne pourra en prendrelui-mme des dcisions bonnes ou mauvaises il auraarrtesCettedernire rflexiontait inspirepar laconception profon dmentchrtienneil avaitde sa missionmaisaussi par leserreursque le prince Portia avait cessaccumuler aucoursdesderniresannesdeson ministriat Le comte Ferdinand Portia avait tappelces hautesfonctions de chef du Conseil priv un peu par hasardune bonne maison du Frioul ilavait fait une carrirehonorabledans lesgouvernementsprovinciauxetdans ladiplo matie 30Il avaittappelcommeprcepteurdearchiduc Lopold-Ignace parceque ce dernier tait pasdestin autrnemaistat ecclsiastique Et deuxvnements imprvusfirentsa fortunela mortdearchiduc Ferdi nand hritierprsomptifen1654 etla mortprmaturedeempereur Fer dinandIII en1657Lejeuneprincegdedix-septans dsemparappela aux affairescelui enqui ilavait leplus confianceCelui-ci en tait peut-tre pas tellement digne car selon les observateurs trangers Portia tait paresseux lent irrsolu ettenaitmal enmains lesrnesdu gouvernementIl tudiait pas lesdossiersetsa ngligence faillit avoirde fcheuses consquences lorsde laguerre turquede1663-64illaissa sedvelopperunegravecrisedans les BalkanssanssersoudremettreAutriche entatdedfenselachute Oradea enTransylvanie puiscelle de Novmkyforteresseslovaque qui couvrait Bratislava etVienneobligrentdemander du secoursaux princes allemandsEspagne etauSaint-SigeMmedanscesheures gravesson 28Lettrecite parRENNER Wien imJahre1683 pp6-7Vienne1883 29Lettredeempereur LEOPOLDPoetting du18fvrier1665dBRAM dans FontesRerumAustriacarum Diplomatariet57 30FrvonKRONESarticlePortiadeAllgemeine DeutscheBiographie 179 LES DOMAINESDE HISTOIRE comportement prta leflancla critiqueempereur qui avait pour lui beau coupaffection 31refusadeledisgraciermaisilavaitcertainementperdu toute illusion sur utilit un premier ministre dont la tche tait en principe de coordonner action des Conseils de gouvernement des diverses Chancelleries etdu Conseil privOr Porfia retenait plusieurs semaines durant des dpches qui eussent ncessit une prompte rponseVoil pourquoi empereur prfrait tudier lui-mme les dossiers et prendre toutes ses responsabilitsUne semaine aprs la mort de Portia le rsident franaisVienne le chevalier de Grmonville annonait32Empereurpointfait de premier ministreIlseulement confr la charge de Majordome au Prince de Lobkowitz 33etcelle de Prsident du Conseil de Guerre avoit ce dernier au Prince de Gonzague34Confirmant ainsi les termesde ladpche prcdenteOnditpourtant que Empereur veuttablircinqministresquiauront chacunleurdpartementetil aura plusdepremierministre35 LesouciimiterLouisXIVtaitmanifesteladcisionen taitpas moinscourageuseenespceCommesoncousinLeopoldIeravaiteudes gards pour son mentor pour homme qui avait aid dans des dbuts difficiles etauquel ilavaittoujourstmoigndeaffectionPourtant lasituationde empereur tait pascelleduroide FranceCedernier rgnaitsur untat dj centralis etdisposait une administrationpeu prs homogneempe reuravait autoritque surlesPays hrditairesBohmeAutrichequi taient encoreune ConfdrationtatslaHongriechappait presque entirementsonautorit36Lepouvoirrelappartenaitaristocratie celle-cipar intermdiaire desDites provincialesetdesConseilsdegouver nement avait la possibilit orienter la politique gnrale de empereur en lui mesurantchichement aide financire par exemple 37Et lesstructuresadmi nistrativestaient fortcomplexesChaque paysBohme Autriche intrieure Basse-AutricheRoyaumedeHongrieRoyaumedeCroatie-Slavonieavait son propre gouvernement qui coiffait lui-mme des administrations provinciales autonomes etaffrontait des Dites provincialesDepuis 1620 Autriche Bohme et Hongrietaient reprsentes auprsdu souverain par un chancelierauquel ilfautadjoindrepourEmpire unvice-chanceliernommpararchevque 31RelationdeambassadeurSAGREDOauSnatdeVenisedFIEDLERDie Relationen der Botschafter Venedigs ber Deutschland im17Jahrhundertdans Fontes RerumAustriacarum26 32GrmonvilleauroiVienne25fvrier1665ArchivesdesAffairestrangres ensuite A.E.) Paris Correspondance politiqueAutriche vol19 Supplment f0263 33Wenceslas princede Lobkowitzduc de Saganappartenaitune riche et illustre familledeBohmeIlfitabord une carriremilitairequecouronna laprsidencedu Conseilde la GuerreHofkriegsratAppella chargedeGrand Matre Htel Oberst hofmeisterilavaitladirectiondelaCouretla prsidencede droitduConseilpriv Geheimer RatIl tomba endisgrce en1674 et mourut en exil sur sa terre deRoudnice en BohmeWOLF WenzelFrst LobkowitzvolVienne1869 34Don Annibal Gonzaga frredeimpratrice douairireet parconsquent beau- frre dudfunt empereur Ferdinand IIItait un soldat quiavait fait carrire au service des Habsbourgilmouruten1668 prsidentduConseil de la Guerre 35Grmonvilleau roiVienne19fvrier1665Ibid.f0262 36RENGERLa Hongrie des Habsbourgs au xvile sicleRpublique nobiliaire ou monarchielimiteRevuehistorique1967 fase483pp31-50 37RENGERFinancesetabsolutismeautrichiendanslasecondemoitidu xviie siclethsepourleDoctorat esLettresParis1970Positions dansInformation historique1971pp39-4X 180 RENGERLEMINISTRIAT AU XVIISICLE de Mayencechancelier EmpireLe vice-chancelier dirigeait les bureaux de la chancellerieEmpireil tait enparticulier charg de la correspondance diplomatique avec les puissances trangres rle dvolu enFrance ou en Angle terreauxsecrtairestatmaisilavait guredepouvoirdedcision DepuisFerdinandIerauxviesicle lesaffairescommunestaientdiscutes dansdesConseilsvritables ministrescollectifsqui dirigeaient leurs propres bureauxIlagissaitessentiellementdelaChambre-desComptespourles Financesof kammer)duConseildeGuerre pouradministration militaire Hofkriegsrat)duConseil aulique pour lesprocsenappel Reichshofratet surtoutdu Conseil privGeheimer Rat qui coiffait le tout etdirigeait la poli tiquegnrale 38Mcanismefortlourdcommeonlevoitpartirde Rodolphe II lesempereurs eurent du malentranerAussi institution un premier ministre tait-elle pasen soi absurde et Ferdinand IIIeut large mentrecourspendantlesvingtannesdesonrgneIl confiaenparticulier deux aristocrates au comte de Trautmannsdorf abord au prince Auersperg ensuitedelourdesresponsabilitsMaissicedernierpossdaitindniables qualits hommetat il taitambitieux etun orgueil incommensurable Le jeune souverain se sentait malaise avec lui etest une des raisons pour lesquellesilluiprfrasonprcepteurPorfiaAuerspergtombadansune semi-disgrce dont il espra en vain sortir en 1665Grmonville nous rapporte Pendant huit jours Empereurdlibr sur la manire de tablissement de sonConseildans lequel tempslesCabales exhaussrent pourempescherque le prince Hocsberg sic ne parvint auposte de Premier ministreOn luyfistappr hender que la forcedesongnie luyferoitinsensiblementprendretropempire sursonespritetsurses affairesque quand il neseroit point premierministreles confrencesse fenanschezlui comme plusancien Conseiller Estat il enseroit comme le matre par le rapport il endevoitfaire il estoit troppartialement attach aux Espagnols dont il rendroitSa Majest Impriale esclave Cesraisonsjointesaversion naturelleEllepourluy lefirentrsoudre deconfrerlachargedeMajordomeau PrincedeLobkowitzlaissant parcette dispositionle PrinceHocsperg simpleministre.39 empereurLeopoldsemblaitdoncredouterdavantageusurpation que latyrannieen refusant les services un premier ministre mais ilatte laitaussiunetchecrasanteCommeson cousinLouisXIV ilprenaiten mainladiplomatieGrmonville estonnepeut plusclairAmbassadeur de Venise qui eut audience avant hyer me dit il avoit demandEmpereur auquelministreilsedevoitadresserpournesepointrendreimportun Sa Majest illui rpliqua il vinstsa propre personne40 En cela ilimitait leroi de France mais la tchetait autant plus lourde il nedisposaitpasun secrtairetatplus particulirementchargdes AffairestrangresPendantuntempslebaronbeleenfitfonctionmais aprs1675la direction de ladiplomatie futnouveau partage entrede nom breusespersonnesinitiativedeempereurtaitautant pluscourageuse que toutes les affaires taient partages entre plusieurs Conseils etde nombreux 38V.-LTAPIMonarchieetpeuplesdu Danubevol. 493 p. Paris Fayard 1969 pp136-139UneabondantelittratureestprsenteparHELLBUNGsterrei chischeVerwaltungs-undVerfassungsgeschichtevolVienne1956 39GrmonvilleauroiVienne25fvrier1665Ibid.f0250 40Ibid. fo250 181 LESDOMAINESDEHISTOIRE bureauxLe projet dont fait tat GrmonvilleOn croit pourtant on don nerachaqueministreundpartementparticulierdesaffairesautrement ilaurait quelque confusion41) ne vit jamais lejour et la Confrence secrte demeura purement et simplement un Conseil de cabinet compos de ministres tatquieurent jamais lacharge un vritabledpartement ministriel empereursecontentantdechargerteloutelministretudier undossier et delui donner sonavisNuntiatwberichteaot1665241) Aussi lesdiplomatesenposteVienneregrettrent-ilssouventabsence un premier ministreDeux ans plustard ambassadeur de Venise se plaint de lafaiblesse etde la ngligence de empereur qui amuse se divertit et personne pourenvisagerfroidement les affairestat42En autres termes ce est pasavec debons sentiments on fait de la bonne politiqueEt pour tantLeopold refusacatgoriquementauprince Lobkowitz letitredepremier ministremme il luiaccord la place de chefdu Conseildonner le premier sonavis eten absence du souverainprsider leConseil priv En 1669lenoncePignatelli dplorait absence une personnalit capable de faireappliquerlesdcisionsdesConseilsempereur avrant deplusen plus inefficace au stade de excution et de la politique quotidienne 43Pourtant Leopolddemeuraobstinmentattachausystmeducabinetil avait adopten1665Mmelaveilledela secondeguerreturqueilserefusa confrer un tel postevque de Vienne un capucin hongrois le Pre Sinelli qui avaitt de longuesannes son confident etamiLe rsident franais note lafoisleseffortsdsesprsduprlatpourparvenircettehautecharge et irrsistible rpugnancede empereurgard du ministriat MrEvesque deVienne estdclaravant hierConseillerEstat etonle verra bientostChefduConseilselontouteslesapparencesquoy que Empereur paroisse en vouloirpointavoirmaisleditEvesque faitfairedepuisquelques tempsdesplaintesEmpereurdiffrentespersonnessurceque lesaffaires demeurentindtermineselles nepeuventbien allermoinsque un aitdroitde presserceuxquiensontchargezetdeen fairerendrecomptene pouvant pasluy-mesmesentrerdans cedtail-lsiun neen informeet ne luyfasse connoistreceuxqui fontleurdevoir 44 AinsiunreligieuxquivivaitdepuisquinzeanslaCourdeVienneet connaissaitfondlesproblmesdugouvernementimprialrinventaiten quelquesorteleministriattelil avaittdfiniparRichelieudiriger actiongouvernementaletoutenlaissantausouveraininitiativepolitique etlesgrandesoptionsIlestintressantdeconstaterqueempereurrejeta cette requte bien il ait eu laplusgrandesympathie pourhommeest en dpit de timides contre-offensives le systme tait condamn irrmdia blementlafindu xvne sicle tant par les princes que par lesaristocrates et 41Ibid. f0251 42Dpche deambassadeur CORNAROdu15aotNon viPrimoMinistro non Consigliereauttorit il buon geniodel Principesidelude conartificio la bont non capaceconoscer li disordini non che corrigerliVenise Archivio di Stato SecretaSenato DispaccidiGermaniafilza129 43RapportduNoncePIGNATELLIaucardinal secrtairetatdu15aot 1665 Nuntiaturberichte aus Deutschland im17JahrhundertdLEVINSON dans Archivfr sterreichischeGeschichte105241 44Sbeville au roiVienne 12 avril1682A.EParis C.PAutriche53 fos125-126 182 RENGERLEMINISTRIAT AU XVIISICLE laplupartdeshommesgliseNoblesetclercsvoyaientundangerde tyrannie est--dire enfait une limitation de leurs privilges politiquesquant auxprincesilsredoutaientusurpationest--direlalimitationdeleur pouvoirque prcismentils souhaitaient absoluDe leur part ilne agit pas orgueildmesurmaisuneexacteapprciationdesinconvnientsdu ministriat Interprtationioiogiquearistocratie est MazarinquiavaitconseillLouisXIV desepasserdepremier ministreLe roirapport lui-mmeessentiel de ultime entretienil eut avec Mazarin auLouvre lemars1661 Mazarinmelaissaplusieursavistrsimportantsetentreautresceuxqui suiventque ay recueillis lemieuxque ay pu ... Que avois auprs de ma personnedes serviteurscapables etune entire ndlitqueestoitmoi dedistinguerquoy chacuneux est proprepour les employer selonleurstalens Quejedevoisbienprendregardeque chacunsoitbienpersuad que jesuis le maistreon ne doit attendre lesgrcesque de moy seuletsurtout dene les distribuerceux qui lesmritentpar leursservicespar leurcapacitetpar leurattachementma personne Que je devoisavoir soin que tousceux demon Conseilvivent enbonne intelli genceentreeuxdepeurque leurdivisionne prejudiciomonserviceentendre leursavissurlesoccurencescherchertoujourslemeilleurpartyparmyleurs diffrentes opinionsprendre ma rsolution de moy-mesme et aprs cela la soutenir hautement sanspermettre il soitdonnla moindreatteintemonautorit Que si un de ceux que employ dans une affaire estoit assez malheureux pourrienentreprendresansmonordreilfallaitabsolument loignerdemoy commeindignedemeservir 45 Mazarin met donc en garde son royal lve contre les dangers une autorit paralllelasienneen thoriesubordonneenpratiquegale ousuprieure En particulier il ne doit pas permettreaucun de ses ministres de se constituer uneclientleendistribuantfaveursemploispensionssa placeEtillui recommandeavoir recours auConseilo il doitrester le matrele seulqui dcidelesministrestatsecontentantdedonnerunavissansquela majoritdesvotes engage enquoi quece soit empereur LeopoldtformdansuneoptiqueanalogueLa rforme il ralise en 1665inspire de deux textes qui taient destins aux jeunes princesdelaMaisonAutricheNousenretiendronsdeuxlePrincepsin compendioquitaitdestinaufuturFerdinandIII etlemmoireduprince GundackerdeLiechtensteinquitrdigintentiondujeuneFerdi nand IV frrean de Leopold Ier RdiglademandedeFerdinandII parun membredesonentourage on attribue au Jsuite Lamormain confesseur et confidentde Ferdinant II) 45Mmoiredont le Roy mesmedicta la substance au sieur Rossecrtaire deson cabinetet reluttous lesarticlesaprslesavoirfaitentendreensa prsenceen la forme ci-dessusdQLMENTLettresinstructionsetmmoires deColbert535 183 LESDOMAINESDEHISTOIRE lePrincepsincompendiosesituedanslatraditionmdivaleallemandedu Frstenspiegel 46NonseulementLeopold Iereneuconnaissance mais il fait rditer en 1668 au moment de la naissance deson premier filsarchiduc Ferdinandqui devaitmourirauboutdequelquesmoisLepointdu mmoireintitulDe intimoPrincipisest formelle Princedoit se passer des servicesun premierministre tout-puissantauteur dutraittablitla distinction entre un conseiller srieux auquel le prince peut demander son avis dans lesaffaires importanteset lepersonnagequi abusede laconfiance que le prince meten lui-mmeauteur du mmoire est nettement hostile au favori dontlesouveraindevient peupeu instrumentetsanslequelil est plus capable de rsoudrequoiquece soitLe prince devra recourirdes conseillers tatvis--visdesquelsilgarderainitiativedesaffairesilchoisirales problmesil leur soumettraet ne retiendra que avis qui lui convientafin de conserversa propreautoritEt le meilleur moyen dene jamais la compro mettreest de nepas permettreun ministre lve au-dessusdesautres etdeconfier lesaffairestourderleteloutelconseillertat Dix ans plus tard est un aristocrate le prince Gundacker de Liechtenstein qui tient un langageanalogueIl tait le frreduprince Charlesquidirigea la rpressionen Bohmeaprs la Montagne BlancheHommede caractreil fit unecarriremoinsbrillantedans lesConseilsdegouvernementetprfrase retirersursesimmensesdomainesdeSilsieIlenpasmoinsrdig son propre Frstenspiegel un Mmoire surducation un jeune princedemeur indit est unhomme exprience etdegrande cultureNen1580 ilavait fait destudesBaie Padoue etBologneProtestantconvertiaucatholicisme en1602 Gundacker avait toujours t un fidle soutien de la Maison Autriche dans le royaume de BohmeEn 1609 il avait refus de signer la Lettre de Majest danslaquelleRodolpheII accordaitlalibertdeculteauxdiversesglises protestantes du royaume car il pensaitque cette charte limitait trop autorit royaleenfaveurdesOrdresIlfitensuitecarriredansadministration des Financesquila diffrence de la France comptaitde nombreux aristocrates Conseiller de la Chambre des Comptes ds1606 il en devint prsident en1620 au moment o Ferdinand II le nommait conseillertatCependant il rsignait sa charge trois ans plus tard faute avoir pu mettre de ordre dans les finances deempereurCelui-cilenommaen1629GrandMatreHtel est--dire chefdetouslesservicesdela CouretvirtuellementchefduConseilpriv PourtantGundackerdmissionnadeuxansaprsIl seretirasursesterres assistant rarement aux sances du Conseil priv et se consacrantadministra tion de son immense fortuneEn 1636Ferdinand II tenta dele rappelerenle nommantchefduConseilmaisGundackerprfraseconsacrerla thorie politique pluttactionSes diffrentsprojets de rforme sont leproduit deson exprienceAristocratepossessionnenBasse-Autriche etenMoravie enrichipar les confiscations royalesqui lui permirent acqurir des domaines 46Princeps inCompendio hoc est puncta aliquot compendiosa quae circaGuber- nationernReipublicae observanda videntur1632 publi parREDLICH dans Monats bltterdesVereins frLandeskundeNieder-OsterreichsVienne1906 pp105ss 47GutachtendesFrstenGundackervonLiechtensteinberEdukation einesjungen FrstenundguteBestellungdesGeheimenRathesVienneBibliothqueNationale Ms10286 ios14-20 184 RENGERLEMINISTRIAT AU XVIISICLE basprixGundackerdeLiechtensteinesttrsreprsentatifdesonmilieu Voici ceil dclare en1641propos duministriat Bien que presque touslespuissants potentatsaientchacun pourleurpart une Cour dans laquelle ilun serviteur enqui ils ont plusconnance que dans les autresetdontilsprisentet suiventdavantage lesides etlesconseilsilest pourtant pas possible que Sa Majest Impriale charge une seule personne de toutes lesaffairesniais ilfautElle rpartisselesaffaireslesplusimportantesentre sesConseillerstat dela faonsuivante Ordonnerchacun deprendreenchargelesaffairesselonil enune exprience particulire Siune decesaffairesvientendlibrdevant le Conseil privquecelui qui ellet attribue donne son vote le premierafin clairer les autres conseil lerstat]il le meilleuravissur laquestion 48 On voitdonc que leprinceGundacker deLiechtensteincondamnaitabso lumentlefavoriilrecommandaitutilisationdequelques ministrestat chargs de rapporter les dossiers que empereur leur aurait confis personnelle menttait engrosle systme prconisetadopt par empereur en1665 qui rtablissait ainsi la direction collgiale au profit des aristocratescomposant leConseil priv Cette rforme fut bien accueillie dans les milieux dirigeants car ilavait pasque empereurtre hostileauministriataristocratiedeCourtait farouchementopposeIlfautailleurscomprendresonpointde vueelle partageait le pouvoir avec empereur qui peuplait ses Conseils de ses reprsen tantsEn effetaristocratie de Ordre des Seigneursen allemand Herrenstand dominait les Dites provinciales lesadministrations locales les gouvernements de Autriche de la Bohme et du royaume de Hongrie 49Cette oligarchie tait guredisposecder lepasun dessienscommeleprinceAuersperget encore moinsun capucin humble origine comme vque de Vienneil tait filsun boucherdeKomornen Hongrie) Au momentocelui-ci veutrtablirle ministriatsonprofitlecomte Jrgercritiquainstitutiontraduisantlesentimentdeses pairsVers1680 Jrger composaen effetune histoire critiquedu rgnedans laquelle ilnotait les dfautsde administration etleserreursdu gouvernementdeLeopold Ier Celui-cienrayinterditlapublicationde ouvragequi demeuramanuscrit dans lesarchivesdetatilexerlongtemps les fonctions de vice-prsident delaChambredesComptesavanttre nommchefdugouvernementde Basse-Autrichecesdivers titresilparticipait frquemmentaux nombreuses commissionsduConseilprivetiltaittrsattachauxformescollgiales de gouvernement 50Dans le chapitre Exceptiones contra primos Aulae ministros Jrger dveloppa quatreargumentscontre le ministriat Le premier ministreest pascapable embrasser toutelamatiredu gouvernementMinistrumsuaScientnonpossecunetacomplecti Lespremiersministressepermettenttoutetsontvictimesdeleurs 48Originalallemand dansGutachtendesFrstenGundacker von Liechtensteinpartie politiqueopcit.loeeit 49RENGERDunouveau sur.Lamonarchieautrichienneauxvne sicle Information historique1971 pp39-41 50RENGERLeConseiltat autrichien etla politique financirede empe reurauxviie sicleJournaldesSavants1971 185 LESDOMAINESDE HISTOIRE passionsIlsdeviennent de vritables tyrans qui utilisent desdlateurstuent illgalementoccidunt praeter leges exemplo Cardinalis de Richelieu qui etiam Regiamant ssimos interneicuravitbrisentles privilgesfontdesinnova tions inouesetvontchasserlesreines mresmore eiusdemCardi nalisou dcider des mariages de leur matrecomme le prince Auersperg qui voulaitfaire de empereur sonbeau-frre Les premiers ministrespuisent leTrsor royalen faisantdes largesses leursfavorisaux dpensdu peupleJrger cite ldesexemplesparticuliers AutricheLiechtensteinTrautmannsdorfAuersperg Ils sont dangereux pourle pouvoirdu princeetJrger rappelletous les procs intentsdes premiersministresAuersperg lui-mmetexilpar empereur en 1668parceil avaitintrigupourobtenir lechapeau decar dinal esprant par l devenir enn le premier ministre de Leopold Ier ambition laquelle il avait jamais renonc mmeaprs leschecs successifsde1657 et1665 51 argumentation est habileIl rfute abord argument essentiel sur lequel se basaient les derniers partisans du ministriatlepremier ministre serait un homme intelligence suprieurequi embrasserait toute la matire du gouver nement etserait par l mme une aide prcieuse du souverainIl passe ensuite la double accusation de tyrannie etusurpationPour lui le modle du tyran semblebientreleRichelieudelalgendequi il reprocheexcution de Cinq-MarsetexildelareinemreOrCinq-Marsavaitnonseulement complot contre le cardinal mais il avait trahides secretstatau profit de EspagneLouisXIII eut pas besoindesconseilsdeRichelieupourtre impitoyable il dcouvrit latrahison 52Dans la dlicate affairedes rela tions entre Louis XIII sa mre et son premier ministreest Marie de Med eis quirefusa larconciliationintriguaetfinalementenfuit auxPays-Basse condamnant volontairementexil53 Encequiconcerneusurpationilchoisitessentiellementdesexemples autrichiensViennecommeParis lepremierministre est constituune clientle en utilisant les fonds publics encore plus mal grs en Autriche en FranceComme administrateur de la Chambre des Comptes il avait accs aux dossiersetsavait dequoi il parlait ilavait lui-mme menune enqute pour retrouveretcorriger lesabus Cettedernire accusation nous paratpourtant exagreetappellerait une enquteplusapprofondiePrenonsparexemplelecasduprinceAuersperg qui exerles fonctionsde premier ministre pendant deux ans de 16551657 Son profil de carrire le distingue mal de la plupart de ses collgues du Conseil privGeheimerRatIlappartenaiteneffetunevieillefamillearistocra tiqueatteste enCarniole dslexie sicle etqui auxve siclese mit sans rticenceauservicedelaMaisonAutricheLe predeJohann Weikhard DietrichfutlevladignitdecomteEmpire pourservicesrendusdans la luttecontreles TurcsComme pour lesPorfia accessionEmpire de la branchestyriennedesHabsbourgdevaitfaciliterascensionsocialeune 51Johann QuintinOERGERUnterschiedliche Motiven Exceptiones contra primos Aulae MinistrosVienne Huf Hof und StaatsarchivHandschriftenSammlung Ms75 fos85-89 52V.-LTAPILa Francede Lousi XIII opcit.pp393-396 53Ibid. pp225-227 186 RENGER LEMINISTRIAT AU XVIISICLE famille riche ancienne etqui tait illustre dans les charges du gouvernement provincial Mme ilpas frquent Universit Johann Weikhard reut une solide ducation chez les Jsuites de Munichcomme ses pairs il pratiquait plusieurs langueslatinallemanditalienespagnoletilfuttrsttchargimpor tantesmissionsdiplomatiquesvingt-deuxansen1637FerdinandIII envoyait ngocierLa Haye ettrenteans en 1645 lui confiait ducation duprince hritierarchiduc Ferdinandqui devaitmourir dixansplus tard sansavoirrgnLa russite Auersperg danscette tchedlicatelemitau premierplandesorteen 1655FerdinandIII lenommaitGrandMatre Htel etchefdu Conseil Ilcertes profit de sa russite politique pour avancer ses affairesen1653 ilfutnommPrinceEmpire etanne suivanteilparvenaitacqurir les duchs deMunsterberg etdeFrankenstein en Silsiemais il tait pas plus cupide que ses rivaux Portia Lobkowitz Schwarzenberg ou JrgerIl ne semble pas avoir eu de clientle etest peupeu brouill avec les autres conseil lerstatetambassadeur Espagne Castel-RodrigoEn faitiljamais monopolis faveursetgratificationscomme unRichelieuou un Buckingham ambassadeurvnitiennotaitailleurs en1655quelsolochehaet havercreditoImperatore noninformadiPrivatomainessenzadi Confidente54 Interpretationidologiqueclerg Maissilahaute noblessetaitsemble-t-ildanssonensemblehostileau ministriatglisecatholiqueexceptiondequelquesdiplomatesnelui tait gure plusfavorableEn effetcertains prlatsengags dansla politique aujour lejoureussent souhaitpouvoir ngocierrapidement etefficacement avec un premier ministreenparticulierViennePourtant laCurie romaine avait pas oubli ses difficults avec RichelieuQuant aux Jsuites ils semblent avoir condamn trstt le systmeen particulier si on admet que le Princeps in compendio estuvre du Pre LamormainEn tout cas vers 1660 leur hosti litgarddu ministriatparat indiscutableLorsde lacrise ministrielle de1665lerleduPreMullerJsuiteetconfesseurde empereur semble avoir tdterminant IIestassez publicque lePre confesseurtoujourspersuad Empereur de suivre exemple de Votre Majest et de ne faire aucun premier ministreest bien icy sonintentionen userdemme 55 Et dans sa dpche du lendemain Grmonville poursuit son analyse LesJsuitesayantdanslesministrespasssexprimentlesrigueursdu PrinceAuersberg sic sesontjointsaux ennemysdecelluy-ciet onttantfait 54Relationdeambassadeur vnitienGIUSTINIANde1655publieparFIDLER Die Relationen derBotschafter Venedigs opcit.401Sur Auersperg voir le long mmoire deGreteMENCESEFFIIm Dienste Dreier HabsburgerJohann Weikhard Purst Auer spergdansArchivfrsterreichischeGeschichteVienne1938ii42pp297-508 Il agit au demeurant un long expos histoire vnementielle qui analyse gure les problmes politiques et aborde pas histoire sociale 55Grmonvielleauroi 25fvrier1665 opcit.loeeit 187 LESDOMAINESDEHISTOIRE que Empereur luydonnexclusion ayant persuad deprendreluy-mesnie la direction de sesaffairesexemple du Roy 56 Or lePreMuller tait semble-t-il un homme discretne se mlant gure de politique sauf lorsque les intrts du catholicisme taient enjeuAprs 1670 il eut une partactivedans laContre-Rforme queempereur tenta imposer laHongrieroyaleIl seraitnanmoins intressantdesavoirquellet la politique de la Compagnie vis--vis duministerialquellesont t lesthories misesetsurtoutlecas chantquellessuggestionsont tfaitesaux Pres provinciauxetaux directeursdeconsciencedesprincesQuellesonttles motivations de la Compagnie dans la mesure oileu une politique concer teSont-elles ordre tactique ou ordre moralLa Compagnie craignait-elle hostilit de certains premiers ministresson gard ougard de la politique deContre-Rformeelle dfendaitLeministerialtait-ilcontrairela conception elle se faisait du prince chrtienToutes ces questions ne pour raientobtenirnotreavisderponsevalableaprs uneenquteappro fondie dans lesarchivesde laCompagnieRome etla rponsepourraitalors avoirunedimensioneuropenne En tout cas en ce qui concerne la France les Jansnistesqui rappelons-le reprsentent une tendanceintrieur deglise etde la nation etnon point desstructures institutionnellesducatholicismeont cessdecondamner le ministerialpourdesraisonsmoralesminentspcialistedesjansnismes lorrainetfranaisRenTaveneauxmontrquelesdisciplesdevque Yprestaientpastellementdesttespolitiquesbienils aientsu occasion prendre position sur les problmes de leur temps 57Onsait en FranceleconflitlatententrelesJansnistesetlegouvernementremonte Richelieuqui hsita pasfaire internerla Bastilleabb de Saint-Cyran Lecardinalvoyaiteneuxdesnotableshostilesautorit toute-puissante detat etde la monarchieDisons dans une premire approche ils conti nuaientdevoirdansleministriat unrisquedetyrannie est cepointdevuequedfendaitencoreabb Duguetextrme fin dusicleJacques-JosephDuguettaitunOratorienamiArnauldetde QuesnelIl joua un rledirigeant danslepartijansnistedont il effor maintes reprisesde contenirlesexcsIl futavecPascal etNicoleleseul grand Jansniste franaistraiter directementde politiquelademande de abb de Tamie il composa pour ducation de hritier du Pimont le trait De Institutionun Prince58criten1699ouvrage ne futpublien 1739Londresetfutrapidementinterditparle cardinal Fleury alors tout- puissantpremierministredeLouisXVouvrage en connutpasmoins unsuccsconsidrablecomparableceluidesAventuresdeTlmaquede Fnelon DanslechapitreUnPrincehabileetprudentpointdePremier ministreabb Duguet aborde franchementla question II est difficileque tous les ministres du prince aient le mme mritela mme tendue esprit lammecapacitpourlesaffaireslemmedegrdevertu le 56Ibid.fo263 57Ren TAVENEAUX JansnismeetPolitique ParisColin1965100 58Jacques-Joseph DUGUETInstitutionun princeou Trait des qualits des vertus etdesdevoirsun souverainvol. Londres1739 B.NParis899 188 RENGER LEMINISTRIAT AU XVIIeSICLE mmezleet ilestjuste parconsquentque la confianceduprincenesoit pas gale pourtous etelle soitmesuresuringalit des talents II Mais iluneextrmediffrenceentreune connanceplusgrandepour qui la mrite mieuxet une confiance sansbornes pourun premier ministreIl est dudevoirun prince clairdedistinguer le mritemais un princeclairne se livre pointIl demeure pleinementle matre le juge etarbitre detousest lui seulquidonne lemouvementtatest deluique partentlesordresest devant luion rendcomptede leurexcutionetunique diffrenceentreun ministreplusentenduetunautre moinshabileestque un estemploypar le princedeschosesplusimportantesetqueautre estappliqudesaffaires une moindretendueetune moindreconsquencemaisest le princequi conduit un etautre etqui leur marque leursoccupations etleurssoins III est cetteautoritquiprsidetout etqui voit toutqui est le carac treessentiel un souverainIl nepeut la transporterunpremier ministresans sedgraderetsansmettresonsujetsa placeEt ildoitcomprendreil lui cde le trneds il lui abandonne la suprme intendance sur tous les ministres et sur toutessortesaffairescar le trne est point une place leve o le corps est assis il est point une vaine image de puissance et de grandeurIl est la mme choseque indpendance et la souveraine autoritetest rellement descendre du trneque delesabandonnerunpremierministrequidispose detoutqui assujettit toussescollguesqui leurfaitrendrecompteetnele rendjamais qui donneadministration desFinancesqui illuiplatquiest le matredes emplois etdes chargesqui est le seul canal des rcompenseset qui est le principal arbitredela guerreetde la paix IV Quereste-t-ileneffetunprinceainsidpouillquelevainfantme une royaut dontson premier ministre faittoutes les fonctionsComment peut- il ilducouragevoir avec tranquillitun autre rgnepour luiil tait dignedesaplacepourquoisouffre-t-ilun serviteurusurpePourquoise dclare-t-illui-mmeimbcilePourquoi livre-t-iletsapersonneetsontat unhommenpourluiobirNe pouvait-il passe faireaideraulieude se dcharger de toutLa Providence avait-elle donn en spectacletous les peuples afin il allt se cacher dans le sein de la paresse et deoisivetquoi emploie- t-il sonesprit et sontemps pendant que toutesles grandesaffairessejugent sans luiQuels talents a-t-il il enpoint autres que celui un particulier et il amuse en secretdes choses qui seraient occupation un curieux un artisan Que veut-ilque pensent de lui etsessujetsetlestrangersquine voient son autoritncessaire en rienqui onttout faitquand ilsontobtenule consen tementdesonministreet qui savent que toutestrglavant que sonministre luirendecomptederienCommentnerougit-ilpasquandceministrevient entretenir par formedetoutcequitarrtsansluiSait-ilautrechose aucune affaireque ce il veutbien luien direEt que lui en dit-ilqui ne soit proprele faire entrer dansses sentiments Cependantquelleassuranceleprincequetouteslesvolontsdeson ministre soientjustesEt siellesnele sontpasen est-il pascharg il lesignoreParquel aveuglementadopte-t-ildesinjusticesil ne voudrait pas avoirfaitesPourquoi abandonne-t-ilsonpeupleest--diresesenfantsun homme peut-tre cruel et avare et qui certainement en est pas le prePourquoi autorise-t-ildesoppressionsautant plusgrandes peut-tre que on saitelles lui demeurentinconnues VII Maisil estindiffrenttoutcelapourquoiabandonne-t-ilunseul hommesarputationetsa gloireenluilaissant touthonneur dusuccseten consentant il rejettesurluisespropresfautesPourquoi souffre-t-ilil ait 189 LESDOMAINESDEHISTOIRE seultoute la reconnaissance desgrcesetdesbienfaitspendanton le charge lui-mme de tout ce ilodieux dans les refusPourquoi est-il pas touch deceque son ministresesertdetous lesliensquidevaientattacher lessujets leur prince pour se les attacherlui-mme et pour les tenter contre leur devoir VIII Ne sait-il pas cequi est arriv en France aux derniers rois dela premire etdelaseconde racepouravoirsouffertquedes ministrestropautorisssur passent leursfonctionsDeux premiersministresde suite peuvent disposertat de grands changementset quand on ne veut pas les craindre il ne faut pas avoir imprudence de les rendre si puissants IX Maisquand ilsneporteraientpas ambitionvouloir usurperun trne on leur laisse comme vacant il est presque pas possible que leur domi nationnecausebeaucoupde trouble danstatpardesfactionsetdespartis que le murmureet la jalousie excitentet que la faiblesseduprinceautant que excessive autoritdupremier ministrefait natre obissance au roi ne cote rien maiscelle exige un sujet est insuppor tableOnconnat le matre mais non le serviteuron veut dpendre de la souve raine autorit mais non ramper sous un homme qui devrait obir comme lesautres Onse soumet pourtantsionestforcmais avec une secrte indignationet encherchant tous les moyensabattre une puissance importune XISous un princefaible etcrduleonentente plusieurs qui sontordinaire ment malheureux maisqui branlent autant de fois le royaumeet sous un prince quicouteriencontrecelui quiledominelahainecontreleministrepasse quelquefoissonmatreeton estsurprisdevoirdanspresquetoutes lesconditionsune dispositionau mcontentement peuloignedelarvolteCe malestde tous le plusgrandetun prince quiquelque amour pourson peuple ne doitjamais exposerune tentationsicriminelle XIIII doitcraindreailleurs que ledsirdesemainteniretdeserendre ncessaire neportesonministrefairela guerreoula continuersansaucun fondement lgitimeCar il lui est bien plus facile de conserverson autorit lorsque lestroupes dpendent deluiet quetatbesoin desesservicesque lorsque la paix avec lestrangersexpose auxdivisionsintestinesAussitous les premiers ministresquientendentbienleursintrtsdemeurenttoujoursarmezetilsont grandsoinen conserver lesprtextesils colorent toujoursdubiendetat XIII Enabandonnantsansprcautionetsansrservesonministreil teintdans leurde tous ses sujetsAmour du bienpubliccar tous lemonde alorsnepensesespropresintrtsparceque le ministreest attentif ceuxquiattachentlui XIVII arrive de l un autre mal qui est abaissement et oppression de toutes lespersonnescapablesde conduiretatoudignesdela confianceduprince Toute Libert ettouteGnrositluiau premierministre sontodieusesetplus sa hainecontre toutmrite qui necde passon orgueil estinjuste pluselleest sienneet implacable XVMais le plus grandde tous les maux est que le prince lui-mme est regard commerivalet aprs avoirtout rede lui onefforce deluitoutterest luienapparencequidonneencorecertainsemploismaislaconditionsecrte exige par le ministre estundvouement aveuglesesvolonts Et abb Duguet conclut auXX Ainsiunique prcautionque laprudencedoive employerestde laissertous lesministresdans une gale dpendancegard duprincedene lesassujettir 190 RENGER LEMINISTRIAT AU XVIISICLE lui seulet de ne jamais confondre ces deux chosesqui paraissent semblables uneconfianceentireetune pleineautoritUn hommedebienpeutmriter une confiance parfaitemaisunhomme debiennepeut mriterque le princelui abandonne sonautoritet sileprincecettefaiblesse non seulement il nedoit pas en abuser mais il doit employer tous sesefforts pour empcher de se dgrader par cetteespcededmissionetil faitautrementilmanque auplusessentiel desesdevoirs 59 Ainsiabb Duguet reprendlesdeuxthmesprincipauxcontre leminis- triatdangerusurpation ettyrannieAuIII il critiqueimplicitement le rle de Richelieu quidonn les ministres les places etles rcompensesses craturesetauVIII il reprend le thmedesrois fainantsAuXII il va commeJrgeraccuserle premierministrede fairelaguerre pourse rendre indispensableSa critiquedelatyranniedupremier ministreestplus discrteXIV) elle en est pas moins vive Cequiestremarquableest lecheminementinternedelacritiquedu systme les Mmoires de Louis XIV comme les ouvrages de Jrger et de abb Duguetnefurentpublisau xvmesicleOnpourraitcertesessayerde trouverdescheminementslittrairesdessourcescommunesmaisa-t-il pas surtoutun rflexededfensedediffrentsmembres de laclasse politique enface un usurpateur qui appuy sur un groupe hommeslui met la main surappareiltatetmenace leprincecomme les groupes dirigeants tradi tionnelsest endonnantune dimension sociologiquece phnomneon parviendrainterprter correctement Pouruneinterprtationsodologiquechelleeuropenne Le ministriatesten effetorigine unsystme de gouvernement destin soulager unprince ngligentfaibleoutropscrupuleux voiresoutenirun gouvernementlorsune minoritMaistrsvitelesystmeesttombsous accusationdetyrannieetusurpationtyrannieduministrevis--visdes grandsetdupeuple usurpationdelaprrogativeroyaleEn untempsole monarqueincarnetatlespolitologuesreprochentauministretre un intermdiaireentrele roietsonpeupleetpartir de1650 lescritiquesne cessentdesemultiplierdanstouslesmilieuxdirigeantssesentantfrustrs parlepersonnagequiles privedeleur pouvoir politiqueIl se forge donc une idologiehostileau ministriataussi bienchez les princesquedansle clerg la noblesseou lemondedes officiersCartous lesmilieux dirigeantsont senti confusmentquelepremierministretaitun entre euxquimonopolisait lepouvoirpolitiqueetlesavantagesfinanciersdupouvoirsonseulprofit etau lieuque quelquescentainesdefamillesfussentassociestourde rle aux charges etaux bnfices du pouvoir ilenplus une la familia du premier ministre est--dire ses parents et ses clients qui pouvait escompter recueillirprbendesethonneursIlneagitmmepasnotreavisun groupesocialqui enexclutunautremaisune structuresocialetrsparti culirecette poque laclientlequi exclut ses pairs du pouvoiren France ce sontdes robinsattachsRichelieu qui brimentautres robinsenAngle- 59Jacques-JosephDUGUETInstitutionun princeopcitirpartiechapxi pp203-205 191 LESDOMAINESDEHISTOIRE terrecesontquelques lordsetquelques gentilshommesqui rduisent lereste de la noblesse ruralela portion congrueen Autriche est unaristocrate qui tenteclipser lesautresaristocratespeuplant lesConseilsdegouvernement deempereurOrlespensionsetlesgratificationsjouentunrledansle maintien ou accroissement du patrimoineune familleet personne admet queimportantes modificationsdu statut social soientla merci un simple sujetest pourtantce qui arrivait frquemmentavec un premier ministre Dj leducdeLermesefaisaitpayersesservicesmais Buckinghamfut expressmentaccusavoir provoquunervolutionsocialeendistribuant prbendes et titres de noblesseses cratures au mpris de ordre tablio larancurdesvieillesfamillesqui voientleursanciensclientsatteindre un rang gal ou suprieur au leurquali con ragione non possono patireche unmercante di borsa un semplice gentiluomo che talvolta ancora incontrer avereservitolorostessisuoiantenatidivengaquantodiloropi di loro60 Et en France il suffitde prendre exemple du duc Mazarin pour constater quehonorablesservicesjointslafaveurdesdeuxcardinaux-ministres mirent enArmand-Charles de La Meilleraiela tte une fortune consi drable tant en terres en officesiltait petit-cousin de Richelieu qui nous avons vu favorisa la carrire deson pre etil devenait le neveu par alliance deMazarinqui enfitson hritier 61 Lafaveurroyalemonopoliseauprofitun individuune familleou une clientleest ceque laclasse dirigeante nepouvait tolreril agt aristocratesouofficiersdelaCouronneVoilpourquoicelle-ciaccor daitcondamnerunsystmequisurleplandesstructurespolitiques offrait aucunavantagemajeuretquisurtoutmenaait srieusementleur pouvoirrel Cettehypothsedevra bienentendutrecontrleparuneanalyseplus pousse du phnomne de la clientlePourtant la concordance des phnomnes concernant le ministerial nousparu si curieuse elle appelait une tentative explicationSeule une approche sociologique des groupes dirigeants europens pourra fournir une rponsece qui semblait nagure un phnomne purement institutionnel JeanRENGER Universit deHaute-Bretagne Rapport de ambassadeur LANDOauSnat de Venise Relazioni.Inghilterraopcit.-6ZAGORIN Court and CountryLondres1969pp58-62 valueplus demillions de livresSur le duc Mazarin voir tude de Georges LIVET Le ducMazarin gouverneurAlsace Strasbourg-Paris 1954205 192