Portfolio : moded’emploi - cartesmentales-esi.e...

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Portfolio : mode  d’emploi  

à  l’usage  des  étudiants infirmiers et des tuteurs

Christine BENOIT

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Avec mes remerciements pour leur collaboration à :

Karine Arondel, Coordinatrice des soins de support

Claire Augagneur, Directrice  des  Soins,  Directeur  d’Institut

Dolorès Lamy, Cadre de santé formateur IFSI

Sandrine Manier, Cadre de santé

Sabine Peltriaux, Infirmière hygiéniste

Christelle Schmittling, Responsable du dossier de soins informatisé

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SOMMAIRE

Chapitre 1. Une formation orientée sur les compétences Conception générale et finalité de la formation La pédagogie Les  responsables  de  l’encadrement sur les lieux de stage

Chapitre 2 : Le portfolio

Définition Le contenu du portfolio Les objectifs L’utilisation  du  portfolio

Chapitre 3. Le rôle et les missions du tuteur

Accueillir, intégrer Accompagner Évaluer Servir de lien

Chapitre 4. L’accueil  de  l’étudiant  

La  préparation  de  l’accueil L’accueil  du  premier  jour   L’accueil  des  jours  suivants  

Chapitre 5. La pédagogie en situation professionnelle

L’engagement  réciproque  du  tuteur  et  de  l’étudiant Le climat de confiance Les  conditions  d’apprentissage :  de  l’ignorance  à  l’expertise Les étapes pédagogiques utilisées par le tuteur L’adaptation  de  la  pédagogie  à  l’étudiant Les erreurs pédagogiques à éviter L’auto-évaluation  ou  l’analyse  réflexive   L’exercice  de  la  compétence

Chapitre  6.  L’évaluation des compétences sur le lieu de stage

Qui  est  responsable  de  l’évaluation ?

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Qui  est  responsable  de  l’évaluation ? Qu’est-ce  qui  permet  de  dire  qu’une  compétence  est  maîtrisée ? L’acquisition  des  critères Que doit remplir le tuteur comme documents en fin de stage ? Quelle est la progression des compétences à acquérir ? Exemples pratiques

Chapitre  7.  L’évaluation  des  actes,  des  activités  et  des  techniques  de  soins  

Observation et recueil des données cliniques Soins de confort et de bien être Information  et  éducation  de  la  personne,  de  son  entourage  et  d’un  groupe  de  personnes Surveillance  de  l’évolution  et  de  l’état  de  santé  des  personnes Soins et activités à visée diagnostique ou thérapeutique Coordination et organisation des activités de soins Contrôle et gestion des matériels, dispositifs médicaux et produits Formation et information de nouveaux professionnels et stagiaires Veille professionnelle et recherche

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Une formation orientée sur les compétences

Conception générale et finalité de la formation

La formation d’infirmier  a  pour  vocation    de  préparer     l’étudiant  à  l’exercice  et  à  l’évolution  de  son métier, à la possibilité de pouvoir poursuivre un cursus universitaire et répond à la convergence des formations au niveau européen suite aux accords de Bologne. Sa durée est de trois années soit six semestres de 20 semaines chacun équivalent à 4200 heures.

Elle se répartit de la manière suivante :

Figure 1.1 La durée et répartition des études

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L’arrêté  du   31   juillet   2009   relatif   au   diplôme  d’Etat   d’infirmier stipule   que   le   diplôme  d’infirmier  atteste des  compétences  pour  exercer  les  activités  du  métier  d’infirmier  selon :

- Les  référentiels  d’activités  et  de  compétences  de  l’arrêté  du  31  juillet  2009 - Les articles R.4311-1 à R.4311-15 du Code de la santé publique

D’une  manière  générale, un métier représente une activité professionnelle définie par son objet, ses techniques et se caractérise par une spécificité qui exige  à  la  fois  un  apprentissage  et  de  l’expérience. Ainsi, le métier décrit les différentes activités du professionnel, son savoir-faire, ses aptitudes, ses comportements, les   liens  avec   les  autres,  ce  qu’il produit et avec quoi (les outils, les méthodes, les procédures…),  les  conditions  d’exercice,  les  résultats  attendus,  la  qualité…

Le  métier  d’infirmier(ères) consiste à :

- évaluer  l’état  de  santé  d’une  personne  et  analyser  les  situations  de  soins ; - concevoir et définir des projets de soins personnalisés ; - planifier des soins, les prodiguer et les évaluer ; - mettre  en  œuvre  des  traitements ; - dispenser des soins de nature préventive, curative ou palliative, visant à promouvoir,

maintenir et restaurer la santé ; - contribuer   à   l’éducation   à   la   santé   et   à   l’accompagnement   des   personnes   ou   des   groupes  

dans leur parcours de soins en lien avec leur projet de vie ; - intervenir  dans  le  cadre  d’une  équipe  pluri-professionnelle, dans des structures et à domicile,

de manière autonome et en collaboration.

Le contenu de la formation

La formation s’articule  autour de trois référentiels :  d’activités,  de  compétences  et  de  formation.

Figure 1.2 Niveau  d’exigence  défini

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Le  référentiel  d’activités du  métier  d’infirmier(ères)  énumère  9  activités :

1. observation et recueil des données cliniques 2. soins de confort et de bien être 3.  information  et  éducation  de  la  personne,  de  son  entourage  et  d’un  groupe  de  personnes 4.  surveillance  de  l’évolution  et  de  l’état  de  santé  des  personnes 5. soins et activités à visée diagnostique ou thérapeutique 6. coordination et organisation des activités de soins 7. contrôle et gestion des matériels, dispositifs médicaux et produits 8. formation et information de nouveaux professionnels et stagiaires 9. veille professionnelle et recherche

Les compétences à acquérir contenues dans le référentiel de compétences sont au nombre de 10 :

1. évaluer une situation clinique et établir un diagnostic dans le domaine infirmier 2. concevoir et induire un projet de soins infirmiers 3. accompagner une personne dans la réalisation de ses soins quotidiens 4. mettre  en  œuvre  des  actions  à  visée  diagnostique  et  thérapeutique   5. initier  et  mettre  en  œuvre  des  soins  éducatifs  et  préventifs   6. communiquer et induire une relation dans un contexte de soins 7. analyser la qualité des soins et améliorer sa pratique professionnelle 8. rechercher et traiter des données professionnelles et scientifiques 9. organiser et coordonner des interventions soignantes 10. informer et former des professionnels et des personnes en formation.

Les compétences 1 à 5 sont dites des compétences cœur de métier. Les compétences 6 à 10 sont dites des compétences transversales :

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Figure 1.3 Les compétences

Le référentiel de formation a  pour  objet  de  professionnaliser   le  parcours  de   l’étudiant. Il s’articule  autour du référentiel de compétences dans un souci de progression pédagogique à travers l’acquisition   de   savoirs,   savoir-faire, attitudes et comportements reliés entre eux afin de rendre l’infirmier(ère)  responsable,  autonome  et  réflexif.  Ainsi,  dans les limites de son rôle,   l’étudiant  sera capable  d’analyser  toute  situation  de  santé,  de  prendre  une  décision  et  de  mener  des  interventions  seul et en équipe pluri- professionnelle.

Le  champ  d’intervention  est  très  large  car  les   infirmiers (ères) interviennent dans les secteurs de la santé (hôpitaux,  cliniques,  SSR,  long  séjour,  maison  de  retraite…  public  ou  privé),  en  libéral,  dans  les  entreprises,  les  écoles…

Dans l'ensemble de ces activités, les infirmiers et infirmières sont soumis au respect des règles professionnelles et notamment du secret professionnel. Il a une éthique professionnelle.

Le  référentiel  de  formation  du  diplôme  d’Etat  d’infirmier  est  constitué  de  36  matières  de  formation  réparties  dans  59  unités  d’enseignement  pour  permettre  une  progression  pédagogique  cohérente.

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L’obtention  du  diplôme s’obtient  par  l’acquisition  de  180  crédits  européens  (C.E)    conformément  au  système européen de transferts de crédits European Crédits Transfer System et au cadre législatif et règlementaire :

- 120  crédits  pour  les  Unités  d’Enseignement (UE) dont  les  Unités  d’Intégration (UI)

- 60 crédits pour la formation clinique en stage

Figure1.4 La répartition des 180 ECTS

La   formation   n’est   donc   plus   basée   comme auparavant sur des contenus, des savoir-faire et des savoir-être mais sur des compétences. Une année de formation validée correspond à 60 crédits.

Chaque  compétence  s’obtient  par :

- La validation de la totalité des UE en relation avec la compétence - L’acquisition  des  compétences  évaluées  lors  des  stages - La validation  des  actes,  activités,  techniques  de  soins  évalués  soit  en  stage  soit  à  l’IFSI

Les  crédits  européens  correspondant  en  stage  sont  attribués  après  que  l’étudiant  ait :

- réalisé le stage - analysé les situations rencontrées - mis   en   œuvre   et   validé   les   éléments de compétences requises dans une ou plusieurs

situations

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- acquis  l’aptitude  à  réaliser  des  actes  et  des  activités  liés  au  stage  effectué

Les   crédits   de   formation   sont   attribués   par   une   commission   d’attribution   de   crédits.   Elle   est  composée de formateurs référents, de un ou plusieurs représentants   de   l’enseignement  universitaire, de un ou plusieurs représentants des tuteurs.

FIGURE 1.5 La répartition des stages

Le référentiel de formation est articulé autour de connaissances diverses à acquérir en lien avec les compétences  requises  pour  l’exercice  de  la  profession.  

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Les  enseignements  proposés  s’articulent  autour  d’Unités  d’Enseignements (UE) de quatre types :

Figure 1.6 Les  Unités  d’Enseignement

et couvrent 6 champs :

Figure 1.7 Les champs des U.E

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Les enseignements sont réalisés sous la forme de cours, de travaux dirigés pour approfondir et compléter le cours (exposés, travaux de groupe, exercices, situations cliniques), de travaux personnels guidés. Ces UE sont thématiques, elles comportent des objectifs de formation, des contenus, une durée, des modalités et des critères de validation. Chaque   UE   contribue   à   l’acquisition   des   compétences   du  référentiel. Par exemple : Unités   d’enseignement   en   relation avec la compétence 3 : « accompagner une personne dans la réalisation de ses soins quotidiens » UE 2.10.S1 infectiologie hygiène UE 4.1. S1 soins de confort et bien être Unité  d’intégration : UE5.1.S1 Accompagnement dans la réalisation des soins quotidiens

Les  unités  d’intégration (UI) sont  des  unités  d’enseignement  qui  portent  sur  l’étude  des  situations  de  soins ou situations cliniques. Elles comportent des analyses de situations soit vécues en stage soit imaginées par le formateur. Les UI doivent permettre   à   l’étudiant de mobiliser un ensemble de connaissances pour  comprendre  et  analyser  les  situations  rencontrées,  de  conceptualiser,  d’évaluer  les résultats de son action, pour les transférer par la suite dans  d’autres  situations  de  soins. Elles sont en relation avec les compétences visées de manière à faire réfléchir les étudiants sur leur action (soit vécues en stage soit imaginée par le formateur).

Les unités   de  méthodologie   et   d’anglais   permettent   de   développer   d’une   part   des  méthodes   de  travail et  d’autre  part  d’acquérir  des  compétences  transverses  favorisant  les  échanges  internationaux et la compréhension des données professionnelles et scientifiques.

La formation des infirmier (ères) est une formation par alternance qui intègre à la fois des temps de formation  théorique  réalisée  à  l’Institut  de  Formation  en  Soins  Infirmiers  et  des  temps  de  formation  clinique en milieu professionnel en lien avec la santé et les soins : établissements de santé, domicile, collectivité et selon différents contextes :   situation   de   prévention,   situations   d’urgence,   soins  palliatifs, milieu scolaire, en entreprise, auprès de population à risques...

Les étudiants acquièrent leurs compétences et leur identité professionnelle dans cette interaction. Sur le terrain, ils se trouvent confrontés à des situations particulières. L’objectif   poursuivi   est de croiser et de mobiliser les savoirs, les savoir-faire, les attitudes et les comportements dans des situations  de  soins  afin  de  pouvoir  ensuite  les  transférer  à  d’autres.

Une convention  de  stage  est  établie  et  signée  par   l’IFSI,   l’établissement  d’accueil  et   l’étudiant.  Elle  précise  les  conditions  d’accueil  et  les  engagements  de  chaque  partie.  

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Les lieux de stage :

- En milieu hospitalier : médecine, chirurgie, santé mentale ou psychiatrie, pédiatrie ou pédopsychiatrie, gériatrie ou géronto-psychiatrie, réanimation, urgences, soins intensifs, bloc opératoire, santé publique.

- En milieu extrahospitalier : centre de soins, en libéral, crèche, entreprise, établissement scolaire…

Figure 1.8 Les lieux de stage

Les  stages  sont  représentatifs  des  différentes  situations  dans  lesquelles  l’étudiant  pourra  rencontrer  des spécificités dans la prise de soins. Tous les stages ne peuvent contribuer à développer la totalité des compétences. Chaque lieu a sa spécificité, ses activités et ses ressources. Il est donc nécessaire de procéder au recensement des situations apprenantes et de se positionner sur les compétences que les professionnels se proposent de travailler avec les étudiants. Ce recensement des activités et des  compétences   susceptibles  d’être  acquises  par   l’étudiant   sont  notées   sur   le   livret  d’accueil. Les lieux  de  stage  sont  donc  choisis  en  fonction  des  situations  d’apprentissage  qu’ils  peuvent  offrir  aux  étudiants   afin   qu’ils   acquièrent   des   compétences   ciblées.     L’étudiant   utilisera   ses   données   pour  formuler des objectifs.

Le terrain de stage garantit au minimum trois pré-requis :

- La présence de professionnels qualifiés au regard de la discipline exercée. - Le respect de la convention de stage - Une activité professionnelle de  l’étudiant  permettant un réel apprentissage.

La formation des infirmiers vise l’acquisition  :

- de   connaissances   spécifiques   dans   la   perspective   d’analyses   de   situations   cliniques et de pratiques infirmières ;

- de raisonnement clinique ; - de  l’autonomie  et  de  la  responsabilité ;

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- du   positionnement   de   sa   place   de   soignant   au   sein   d’un   service,   d’une   équipe,   d’une  structure, dans la société et en lien avec les différents acteurs de soins ;

- de   capacités   d’adaptation et   d’organisation   afin   de   répondre   à   des   situations  professionnelles existantes, nouvelles et imprévues dans une dynamique personnelle et collective ;

- de compétences afin   d’exercer   le   métier   d’infirmier en partenariat avec des équipes pluridisciplinaires ;

- d’ouverture  afin  de  répondre  à  l’évolution  des  besoins  de  santé  et  de  leur  métier.  

Au  cours  de  ses  études,  l’étudiant :

- acquiert des savoirs théoriques et méthodologiques, des habiletés gestuelles, une capacité relationnelle et une éthique professionnelle ;

- pratique  l’analyse  réflexive  et auto-évalue sa progression ; - s’exerce  au  raisonnement  clinique  et  à  la  réflexion  critique ; - apprend à analyser les différentes situations de santé, puis à prendre des décisions dans la

limite de son rôle ; - mène des interventions seul et en équipe pluri-professionnelle ; - prépare son projet professionnel avec confiance en ses capacités et ressources ; - apprend à reconnaître ses émotions et à prendre le recul nécessaire ; - sait reconnaître ses difficultés suite à son évaluation par un tiers et réagir positivement afin

de  s’améliorer

C’est  ainsi  que  l’infirmier  sera  formé  pour réaliser  des  soins  de  qualités  dans  l’approche  holistique  du  patient visant à promouvoir, maintenir et restaurer la santé. Il interviendra soit dans des structures soit à domicile, de manière autonome et en collaboration avec  d’autres  professionnels. Son action de nature préventive, curative, éducative ou palliative contribuera à la promotion de la santé publique et communautaire.

La pédagogie

La pédagogie ne consiste plus uniquement à l’assimilation   de   connaissances   et   de   mises   en  application en situations professionnelles. La démarche de soins est une méthode de travail basée sur   l’organisation   de   la   pensée   de   l’infirmier   (ère)   afin de prendre en charge la personne soignée dans sa globalité, de planifier des soins personnalisés visant son mieux-être. Elle repose sur un processus   d’acquisition   de   compétences   à   partir   des situations de soins en interrelation avec les savoirs, l’expérience  basée  sur le questionnement, la  compréhension,  l’analyse,   l’action,  la  posture  réflexive, la conceptualisation et   l’adaptation  à  des   situations  nouvelles. L’étudiant  doit apprendre dans une logique de construction de la compétence. Ainsi, il a à travailler régulièrement sur les acquis, les processus et les stratégies afin de pouvoir les transposer dans  d’autres  situations.

Par exemple, pour acquérir la compétence 3 « accompagner une personne dans la réalisation de ses soins quotidiens »,  l’étudiant  établira  le  lien  entre  l’enseignement  reçu  sur  les  soins  de  confort  et  de  

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bien-être,   l’hygiène,   la   psychologie,   la   sociologie,   l’éthique,   la   législation,   la   biologie,   la  pharmacologie et thérapeutiques, le raisonnement et la démarche clinique infirmière en fonction de la personne (un enfant, une personne âgée, une personne handicapée, capacités motrices, intellectuelles,   motivation   pour   progresser…) et la situation professionnelle à laquelle il est confronté. En se connectant à ses connaissances théoriques, en faisant appel à son sens de l’observation,  du  dialogue  et  à  ses  qualités  d’écoute,  il  saura  recueillir  des  données  significatives  lui  permettant  d’élaborer  un  plan  de  soins.

La   compétence   n’est   pas   la   somme   des   différents   savoirs.   Elle se définit comme la capacité de pouvoir :

- analyser le contexte par le recueil des données, analyser et interpréter les données pour formuler un diagnostic infirmier ;

- mener des tâches avec efficacité et qualité dans une situation déterminée en mobilisant et en organisant tous ses savoirs : connaissances et culture générale, procédurale, considération de   l’environnement et du patient, savoir-faire opérationnel, relationnel, émotionnel, cognitif,  aptitudes  personnelles  (rigueur,  créativité,  diplomatie…) ;

- mettre  en  œuvre  une  pratique professionnelle  selon  les  règles  et  l’éthique  de  la  profession ; - d’anticiper,   de   savoir   réagir,   d’improviser   c’est-à-dire d’activer   ses   facultés   cognitives

comme la déduction (produire de nouvelles connaissances à partir de principes, de faits, de postulats…),  comme  l’induction  (généraliser  à  partir  d’observations)  ou  l’abduction  (repérer des traits communs) ;

- utiliser   les   ressentis,   les   émotions,   l’intuition   pour   prendre   des   décisions   ou   s’ouvrir   aux  attentes des patients, des praticiens ou des autres acteurs (famille, entourage, autres professionnels) et répondre à leur demande ;

- agir avec éthique, en mettant des valeurs et de la conscience professionnelle dans les tâches exécutées ;

- compter sur ses ressources personnelles et des ressources complémentaires (équipe, réseaux documentaires et   d’expertise, protocoles, procédures, banques de données, Internet…) ;

- se questionner et mener  une  réflexion  critique  afin  d’acquérir  de  nouvelles  connaissances  en  tenant  compte  de  l’évolution  des  savoirs  et  des  sciences ;

- analyser et de juger le résultat obtenu par auto-évaluation et de le modifier si nécessaire ; - transférer cette compétence dans différentes situations tout en conservant la performance

attendue.

La   compétence   s’acquiert grâce à la diversité de situations significatives, finalisées et contextualisées. L’étudiant   choisit   avec   les   professionnels   des   situations   professionnelles  apprenantes. Elles sont utilisées comme moyen pédagogique.

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Figure 1.9 Les  composantes  d’une  situation  de  soins Par exemple :  dans  un  service  de  cardiologie,  réalisation  d’une  éducation  en  santé  sur une personne après une embolie pulmonaire avant son retour à domicile sur les anti-vitamines k. La compétence nécessite de transférer ce qui peut être utile pour répondre à la situation (les invariants) et de rechercher par ailleurs les moyens nécessaires pour réaliser ce même soin de façon satisfaisante dans une situation nouvelle (les variables). De ce fait, elle   n’est   pas   à   confondre   avec   l’aptitude   à   réaliser   un   acte,   une   activité ou une technique de soins. Une compétence présente une construction complexe car elle fait appel aux différentes connaissances, ressources personnelles et externes,   à   l’observation   des   professionnels par  l’étudiant, à la compréhension, à la capacité de  mettre  en  œuvre  une  action, à la recherche de sens   dans   l’action,   à   l’analyse   réflexive   et au transfert dans une logique de contextualisation et décontextualisation. Plus  l’étudiant  aura  été  confronté à des situations diversifiées, à des personnes différentes, plus il  sera  capable  d’exercer  son  futur  métier.   Par   exemple,   réaliser   une   toilette   d’un  adolescent hospitalisé en orthopédie pour une fracture du poignet suite à un accident de scooter ne  suffit  pas  à  affirmer  que  l’étudiant  sera  capable  de  réaliser une toilette pour un adulte en soins palliatifs dans un service de cancérologie. Il devra mobiliser d’autres   connaissances   théoriques   et   aller   chercher   d’autres   ressources   (dont ses expériences passées) pour mettre   en   place   des   stratégies   d’adaptation.     Il   sera   capable   d’argumenter   ses  décisions, ses choix, sa stratégie pour réaliser cette toilette dans un contexte différent et ce, conformément aux bonnes pratiques professionnelles. C’est   la   raison   pour   laquelle,   une   seule  situation  ne  permet  pas  d’affirmer  la  compétence  de  l’étudiant.    

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Figure 1.10 Les situations de soins comme outils pédagogiques

Cette démarche pédagogique constitue les trois paliers de  l’apprentissage :

Figure 1.11 Les  3  paliers  de  l’apprentissage  

COMPRENDRE

AGIR ET EVALUER

TRANSFERER

Rai

sonn

emen

t Q

uestionnement

Argumentation

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La   pédagogie  mise   en  place   est   une   pédagogie   active   c’est-à-dire   qui   rend   l’étudiant   acteur   de   sa  formation. Le  choix  du  stage  est  important  car  il  permet  à  l’étudiant  de  construire  son  parcours  de  compétences  grâce  aux   situations  abordées  et  aux   spécificités  du  service  ou  de   l’unité   (population  prise  en  charge,  pathologies,  activités…).  

Le stage est le « baptême du feu ».   Il     permet   à   l’étudiant   de   découvrir ou   d’approfondir   des activités, de commencer à pratiquer, de confronter ses connaissances théoriques à la réalité du terrain,   de   s’approprier les gestes du métier et de mettre en pratique la démarche clinique et réflexive à   partir   d’une   situation   apprenante. Les situations de soins permettent de faire des interactions entre les cours, la littérature professionnelle, les patients, les contextes, les pathologies, les traitements, les expériences passées… afin  d’en  dégager  des  similitudes  et  des  différences pour agir avec compétence. Elles favorisent aussi l’ancrage   des   savoirs,   l’organisation   du   travail  d’infirmier(ère),   l’auto-observation et le   réajustement   par   l’analyse   de   l’erreur   ou   de   la   réussite.  Cette   pédagogie   active   et   réflexive   a   pour   but   de   donner   un   sens   à   l’action,   de   l’analyser,   de   la  rectifier si nécessaire, de la mémoriser en vue de rendre   l’étudiant   autonome  et   responsable. Elle favorise son  évolution  dans  l’apprentissage,  et  l’utilisation  de  l’intelligence  émotionnelle.

Figure 1.12 Le rôle des situations de soins dans l’acquisition  des  compétences

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La  progression  dans  l’acquisition  des  compétences  est  formalisée  dans  le  portfolio.  Ce document est détenu  par  l’étudiant  durant toute la durée de sa formation.

Ce parcours bien que commun à tous les étudiants tient compte de la progression de chacun dans sa manière  d’acquérir  les  compétences.  

Les  stages  en  milieu  professionnel  ont  pour  but  de  permettre  à  l’étudiant :

- de relier cours théorique et pratique professionnelle en le rendant acteur de sa formation; - d’acquérir  des habiletés gestuelles, des pratiques ; - de mesurer ses acquisitions dans chacune des compétences ; - d’exercer  son  jugement  par  l’auto-évaluation ; - de réajuster sa pratique à partir de son analyse réflexive et  l’évaluation  du  tuteur ; - de prendre progressivement des initiatives et des responsabilités ; - de  se  confronter  au  monde  professionnel,  au  travail  d’équipe  et  à  ses  émotions ; - de centrer son écoute sur le patient et de proposer des soins de qualité.

Figure 1.13 Les principes pédagogiques

L’acquisition  des  compétences  est  progressive.  Le  portfolio  détermine  à  l’aide  de croix, la période de stage à laquelle devrait être acquis chaque indicateur de compétence, cela donne un fil conducteur.

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Figure 1.14 Repères  dans  l’acquisition  des  compétences

Chaque semestre (excepté le dernier), le formateur référent présente les résultats des étudiants à la Commission.  Elle  se  prononce  sur  l’attribution  des  crédits  et  sur  la  poursuite  du  parcours.  

Les étudiants qui ont validé les 5 premiers semestres et qui ont effectués la totalité des épreuves et des stages prévus pour la validation du semestre 6 peuvent se présenter devant le jury régional d’attribution  du  diplôme  d’état  infirmier.

Figure 1.15 le diplôme infirmier

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Les responsables  de  l’encadrement  sur les lieux de stage

Chaque  étudiant   est  placé   sous   la   responsabilité  d’un  maître  de   stage,  d’un   tuteur  de   stage  et  de professionnels de proximité au quotidien.

Figure 1.16 Les différents acteurs de la formation

Les fonctions de maître de stage et de tuteur peuvent être exercées par la même personne dans le cas  d’équipe  d’encadrement  restreinte  ou  pour  des  raisons  d’organisation.    

Le maître de stage est en général le cadre de santé. Il exerce des fonctions de management. Il assure l’accueil et  l’intégration  de  l’étudiant, le  suivi  de  l’étudiant,  les  relations  avec  l’Institut de formation, le tuteur et les professionnels de proximité. Il   présente   l’étudiant   au   tuteur  et   à   l’équipe.   Il est le garant de la qualité de   l’intégration  et   de   l’encadrement.   Il   intervient en cas de difficultés ou de conflit. Il est le responsable du stage et   à   ce   titre,   il   organise   les   moyens   d’un   encadrement   de  qualité.

Le tuteur est un professionnel de santé, qui est reconnu à la fois pour ses compétences professionnelles : expert reconnu dans son métier, maîtrise des procédures, des protocoles de soins, connaissance   des   référentiels   d’activités,   ses   compétences   organisationnelles,   relationnelles,  pédagogiques et ses qualités personnelles. Il   est   le   référent,   l’accompagnateur   de   l’étudiant. Ses missions   sont   fixées   dans   la   charte   d’encadrement.   Elles   s’articulent   autour   de   3   domaines : l’accompagnement   de   l’apprentissage (accueil et suivi du stagiaire),   l’évaluation (en prenant en compte les exigences du portfolio) et  les  relations  avec  l’IFSI.

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Les professionnels de proximité encadrent les étudiants dans les activités pratiquées sur le terrain. Ils   l’aident dans   l’acquisition   des   compétences et de son autonomie. Ils   l’accompagnent   dans  l’apprentissage   des   gestes   professionnels   lors   des   soins   infirmiers,   suscitent   la réflexion et encouragent  l’étudiant  dans  ses  recherches. Ils le guident, indiquent ce qui est conforme aux bonnes pratiques et ce qui doit être amélioré.  Ils  l’informent  sur  les  procédures,  les  protocoles…  Ils  donnent  du  sens  à  leurs  actes  et  ne  se  contentent  pas  de  réaliser  des  tâches.  Ils  associent  l’acte  de  soins  au  soigné et en rappellent les finalités. Comme le tuteur, ils ont le devoir de montrer, d’expliquer  et  de  transmettre leur expertise. Ils entretiennent des contacts réguliers avec le tuteur par rapport à la progression  de  l’étudiant. Le   formateur   de   l’IFSI,   référent   de   stage : Il suit   le   parcours   de   l’étudiant   en   lien   avec   les  professionnels. Il  s’engage  à  maintenir  des  relations  régulières en  vue  de  s’assurer  de  la  coordination  autour  de   l’étudiant. Il  accompagne   les  équipes  dans   l’utilisation  du  référentiel  de  compétences  et  des outils de la formation. Par ailleurs le référentiel de formation précise les critères  de  qualification  d’un  stage, à savoir :

l’établissement   d’une   charte   d’encadrement formalise   les   engagements   de   l’IFSI   et   de  l’établissement   terrain   de   stage   à   l’égard   de   la   formation   clinique   des   étudiants   en   soins  infirmiers. Cette charte acte   que   l’établissement   s’engage   à   assurer   l’encadrement   de   l’étudiant   en  désignant un maître de stage, un tuteur et des professionnels de proximité responsables de l’encadrement  au  quotidien  (sachant  qu’il  peut  s’agir  de  la  même  personne)  et  en définissant les modalités. Elle constitue une garantie de formation clinique des étudiants. L’IFSI,  quant  à  elle,    désigne  un  formateur  référent  de  stage.  L’objectif  de  cette  charte  est  de  garantir  la  qualité  de  l’encadrement  de  l’étudiant  infirmier  en stage. L’établissement  propose  des  lieux  réunissant  les  conditions  d’un  encadrement  professionnalisant,  organise  le  parcours  de  l’étudiant  en  vue  de  ses  objectifs  et  des  ressources  du  service.  Il  tient  ses  livrets  d’accueil  à jour et les met à la disposition  de  l’étudiant.  L’IFSI  établit  des  liens  avec  le  maître  de  stage  et   le  tuteur  afin  d’accompagner   l’étudiant  durant  son stage  et  dans  son  parcours.  L’Institut  diffuse   son   projet   pédagogique   et   tient   informer   l’établissement   des   évolutions  pédagogiques et réglementaires.   Enfin,   l’établissement   et   l’IFSI   réalisent   un   bilan   annuel. Cette  charte  fait  l’objet  d’une  évaluation  régulière.

l’établissement   d’un   livret   d’accueil : il est spécifique à chaque lieu de stage et contient toutes les informations qui préparent  l’étudiant  à  appréhender  le  fonctionnement  du  service. Grâce   à   ce   livret   d’accueil,   les   formateurs   ont   une   connaissance   des   situations  professionnelles ou des activités rencontrées dans le stage, des compétences accessibles en ce lieu, la qualité de  l’encadrement, la présence de personnes ressources (assistante sociale, psychologue,   diététicienne,   documentaliste,   qualiticienne…)   et des spécificités (types de pathologies, de « clientèle »). Ainsi, ils pourront attribuer un stage en tenant compte à la fois des spécificités du terrain et des objectifs des étudiants (activités, actes, soins techniques à réaliser et compétences à atteindre).

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l’établissement  d’une   convention  de   stage : c’est  un  document   tripartite  qui   lie   l’école, le partenaire (établissement  de   santé,   scolaire,   entreprise,   profession   libérale…) et   l’étudiant  lors du stage. Elle  précise  les  conditions  d’accueil,   la  durée,   les  modalités  d’évaluation  dans un stage précis et les engagements de chacune des parties.

Figure 1.17 Les différents documents entre les partenaires

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Logo nom  de  l’établissement  

LIVRET  D’ACCUEIL  du  service  ou  unité: Typologie du stage :

courte durée sur lieux de vie, individuels ou collectifs

longue durée, SSR santé mentale et psychiatrie

- Mission principale du service :

curative palliative diagnostique préventive éducative

- Capacité  d’accueil  : nombre de lits : places : - Horaire  de  l’équipe  infirmière :

- Horaires du stagiaire : - Coordonnées - du maître de stage : - du tuteur :

Clé, vestiaire, codes, Intranet, tenue,  repas…

Règles  particulières  d’organisation :

Date  de  l’entretien  d’accueil :

Date  de  l’entretien  de  suivi :

Date  de  l’évaluation  de  fin  de  stage :

hospitalisation complète hôpital de semaine

ambulatoire hôpital de jour

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EXEMPLES Effectif Spécificités Médecins Chirurgiens Infirmières Aides-soignants Agents de services Autres

- Caractéristiques de la population soignée :

- Pathologies les plus souvent traitées :

- Situations les plus fréquentes :

- Actes et activités proposées spécifiques : Activités

- Compétences susceptibles d’être  acquises par le stagiaire au  sein  de  l’unité  :

- Protocoles : identifier la manière dont l’étudiant  pourra  y  avoir  accès

- Les étudiants pourront suivre le patient et rencontrer les différents partenaires dans le parcours de soins oui non

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Le portfolio

Définition

Le  portfolio  est  un  terme  d’origine  anglais,  emprunté  à  l’italien  portafogli qui désignait un carton plié en deux, servant à contenir des documents. Dans  l’art,  le  portfolio  contient  les  œuvres  susceptibles  de   montrer   le   talent   de   l’artiste.   Dans   le   domaine   de   l’éducation,   le   portfolio   est un dossier personnalisé qui rassemble les travaux de  l’élève  qui  montrent    l’évolution  de son travail. Il atteste de sa compétence tout en présentant sa   progression.   C’est   cet esprit qui anime le concept de portfolio  de  l’étudiant en soins infirmiers.

Le portfolio est le pivot du processus  d’apprentissage  de  l’étudiant. L’étudiant  est  responsable  de  sa  tenue. C’est à la fois un outil et une démarche.

- Un outil de  présentation  de  l’étudiant  avec  son  parcours  de  stage,  sa  formation  (ses  Unités  d’Enseignement  suivies,  ses  points  forts  en  formation, ses points à approfondir, ses objectifs de stage)

- Un  outil  de  développement  personnel  et  professionnel  car  l’étudiant  à  travers  les  situations  ou activités rencontrées va appréhender sa manière de vivre la situation en abordant les ressources dont il a eu besoin, les contraintes auxquelles il a du faire face, sa marge d’autonomie,   les   résultats   qu’il   a   obtenu.   Dans   son   analyse   de   pratique,   il   va   noter   ses  observation et ses étonnements ce qui nécessite de la prise de recul sur la situation et la manière dont il a abordé et vécu les différentes activités.

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- Un outil d’auto-évaluation  et  de  réflexion  de  l’étudiant  sur  le  développement  professionnel  car il retrace et mesure l’acquisition  des  compétences,  des  activités  et  des  actes  infirmiers.

- Un outil de communication entre les différents accompagnateurs et entre ces derniers et l’étudiant.    

- Une   démarche   car   il   trace   le   chemin   de   progression   de   l’étudiant. L’étudiant   prend  conscience  de  son  mode  d’apprentissage.

Figure 2.1 Le rôle du portfolio

Le contenu du portfolio Le portfolio précise et contient :

- les objectifs de stage ;

- le métier, le référentiel de compétences, le diplôme ;

- le  rôle  de  l’étudiant  et  des  différents  accompagnateurs ;

- le parcours récapitulatif de  stage  de  l’étudiant : nature, lieux, dates, commentaires ;

- les   unités   d’enseignement   suivies,   ses   points   forts,   les   points   à   approfondir,   les  objectifs de stage ;

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- les analyses de situations ;

- le parcours :   acquisition   de   compétences,   à   remplir   par   l’étudiant   au   cours   de  l’entretien  avec  le tuteur ;

- le parcours : les actes, activités et  techniques  de  soins  à  remplir  par  l’étudiant  et  le  tuteur;

- un bilan, réalisé par le tuteur.

Les objectifs

Pour  l’étudiant : avec  la  rédaction  du  portfolio,   l’étudiant  est  pleinement  acteur  de  sa  formation. Il est invité à réfléchir, à analyser  ses  modes  d’apprentissage,  les  situations  rencontrées, ses pratiques professionnelles afin de pouvoir exercer le métier d’infirmier. Ce support est un guide dans la mesure où   son  parcours   d’acquisition   est   prédéterminé. Il   s’interroge   ainsi   sur   l’intégration   de   ses   savoirs  dans sa pratique lors des stages. Grâce à son auto-évaluation  et  l’évaluation  du  tuteur,   il  perçoit  sa  valeur et anticipe son orientation professionnelle. Enfin, il prend conscience de ses progrès et des axes  d’amélioration  afin  de  répondre  aux  exigences  en  termes de niveau en fin de formation.

Pour le tuteur : le portfolio renseigne   le   tuteur  sur   les  acquisitions  antérieures  de   l’étudiant   (grâce aux feuillets MON PARCOURS DE STAGE, FORMATION, ANALYSE DE PRATIQUE, ACQUISITION DES COMPETENCES, ACTES, ACTIVITES ET TECHNIQUES DE SOINS) afin de proposer un stage qui lui permettra  d’acquérir  des  compétences  nouvelles et de fortifier les compétences acquises ou de les transférer  dans  d’autres  situations.

Pour le référent de suivi pédagogique : le portfolio permet de réaliser le bilan des acquisitions pour validation et éventuellement de procéder à des réajustements.

L’utilisation  du  portfolio

Le portfolio, à tout moment du stage ou de la formation, est à   la   disposition   de   l’ensemble   des  professionnels  qui  participent  à  l’encadrement  de  l’étudiant  (maître  de  stage,  tuteur,  professionnels  de proximité, formateur référent du stage, formateur référent de suivi pédagogique). Il sert également à coordonner les  interventions  de  chaque  accompagnateur  de  l’étudiant.  

L’étudiant  inscrit :

- Son  parcours  de  stage  qui  permet  aux  accompagnateurs  d’avoir  une  vision  globale  de  son cursus en situation professionnelle

- Sa   formation   car   l’objectif   du   stage  est  de   relier   ses   connaissances théoriques à la prise en charge de la personne bénéficiaire de soins.

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- Les éléments  d’analyse  des  situations  rencontrées ce  qui  l’aide  à  prendre conscience de ses progrès et à tenir informé de son évolution les personnes responsables de son encadrement (autonomie,   difficultés,   connaissances   utilisées,   résultat   obtenu…).  Grâce aux grilles de synthèse, le formateur responsable du suivi pédagogique établit les bilans semestriels.

- Enfin, il sert de bilan de fin de formation. Il est renseigné simultanément par l’étudiant   et   le   tuteur   lors   de   l’entretien   d’évaluation   de   fin   de   stage.   Le   tuteur remplit le BILAN DE STAGE et La SYNTHESE PAR LE TUTEUR DES ACQUISITIONS DES COMPETENCES EN STAGE.  Le  tuteur  s’assure  de  la  concordance  entre  les  documents  remplis par  l’étudiant  sur le portfolio et lui-même.

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Le rôle et les missions du tuteur

Le tuteur est un soignant expérimenté reconnu par ses pairs pour ses qualités professionnelles et d’encadrement  des  stagiaires.   Il  est  volontaire,  porte  de   l’intérêt  aux  étudiants  et  a  développé  des  compétences variées :

- techniques : c’est   un   expert   dans   son   métier,   il   a   le   niveau   de   qualification exigé pour encadrer   un   étudiant   et   une   durée   d’exercice   de   l’activité   professionnelle   suffisante.   Son professionnalisme est reconnu par ses pairs. Il aime son métier et sait analyser son poste, l’environnement  (politique  qualité,  gestion  des  risques,  connaissance  des  circuits,  protocoles,  procédures…).   Il   a   compris   l’approche   de   la   formation   infirmière   par les compétences, l’analyse  réflexive,  l’importance  du  stage  dans  la  progression  de  l’étudiant  et  la  finalité  de  la  formation.

- d’organisation,  de  gestion  du  temps  et  des  priorités : l’organisation  des  soins  passe par le

projet de soins, par la planification des soins, la programmation des soins. La planification consiste à fixer les objectifs de soins et les délais pour les atteindre, à programmer les actes et  à  organiser   leur  mise  en  œuvre.    La  programmation  consiste  à  répartir   la  réalisation  des  soins aux différents professionnels du service dans un temps donné, en fonction des différentes contraintes liées aux patients et à leur prise en charge . Le tuteur s’organise  avec l’équipe  en tenant compte des caractéristiques de son service et de son travail pour assurer la continuité des soins tout  en  consacrant  du  temps  à  l’étudiant pour le former à devenir un professionnel. Il sait structurer sa journée dans le respect des tâches qui lui incombent, arbitrer  entre   les   contraintes  et   le  besoin  d’accorder  du   temps au patient, aux familles, au stagiaire afin de lui expliquer les différents aspects de son métier.  Il  explique  à  l’étudiant  ce  qu’il  a  à  faire,  ce  qu’il  fait  et  comment  il  le  fait. Il  prévoit  de  passer  du  temps  avec  l’étudiant,    il fixe les entretiens  de   suivi   et  d’évaluation  à   l’avance.   Il   sait   faire   face   à   l’imprévu,   réagir  dans  l’urgence  et  encadrer  sans  stresser.  Il  délègue certaines missions aux professionnels de

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proximité et contrôle leur bonne exécution. Il ne fait pas partie des personnes qui agissent au dernier moment, excité par la sensation de la dernière minute. Il sait faire la distinction entre l’urgent  et   l’important  de  manière  à  ne  pas  stresser   l’étudiant  et à lui donner le sentiment qu’il  faut  toujours  travailler  dans  l’urgence.  

- pédagogiques :   l’étudiant   n’apprend   pas   dans   n’importe   quel   ordre,   dans   n’importe   quel  rythme. Le tuteur doit adopter une méthode constructive qui favorise la mobilisation des ressources  personnelles  de   l’étudiant  et  des  ressources  collectives   (procédures,  protocoles, documentation…).   Pour cela, le tuteur doit   prendre   le   temps   d’étudier   le   portfolio   de  l’étudiant   afin   d’appréhender   ses   acquis,   ses   capacités, ses objectifs afin   d’adapter sa pédagogie  en  vue  que  l’étudiant  atteigne des compétences supplémentaires et conforte les précédentes. Il  analyse  avec  l’étudiant  les  situations  rencontrées,  l’éthique  de  ses  actions  et  de ses décisions, sa manière de résoudre les problèmes, de fixer une stratégie, des priorités, d’établir  une  relation  avec  le  patient  et  son  entourage, de  mettre  en  œuvre  des  soins  à  visée  diagnostique, thérapeutiques, éducatifs et préventifs,  sa  façon  de  vérifier  l’efficacité  du  plan  de soins... Au cours des soins, il sait expliciter la situation particulière, montrer les activités à réaliser, les commenter afin  que  l’étudiant en comprenne le sens et la chronologie. Il ne se contente   pas   d’expliquer,   de   montrer,   il   fait   reformuler   l’étudiant   afin   de   valider   sa  compréhension et lui fait exécuter   l’acte,   l’activité ou la technique de soins. De ce fait, il n’hésite  pas  à  susciter le questionnement, à le faire réfléchir au lieu de donner la solution en demandant   à   l’étudiant   d’approfondir   ses   réponses   et   de   réagir   en   cas   d’erreur   ou   de  difficultés. Il   accompagne   les   démarches   d’auto-évaluation   de   l’étudiant. Au préalable, le tuteur   s’est   posé   des questions sur sa pratique et sur les compétences spécifiques développées dans son service. Il a identifié les situations de soins formatrices pour l’étudiant. Il sait faire établir des liens à   l’étudiant  entre les différentes situations pour les confronter aux concepts, aux savoirs théoriques et aux expériences passées. Il développe une pédagogie progressive c’est-à-dire par paliers afin de favoriser l’acquisition   et   le  développement de compétences. Il donne à   l’étudiant   un   niveau   d’autonomie   selon   son  niveau de progression. Il   sait   conduire   des   entretiens   d’évaluation   ou   de   suivi   et   de  synthétiser un bilan de stage.

- relationnelles c’est   une   personne  enthousiaste,  empathique, qui aime nouer des relations

avec autrui, partager son expérience. Elle a l’amour   de   son   métier   et en parle avec conviction. Elle est ouverte aux autres, à la nouveauté et  à  l’écoute.  Il   inspire confiance ! Sa manière de communiquer est simple,   concise   c’est-à-dire que le tuteur ne pratique ni la périphrase ni la verbalisation floue et confuse. Il sait se rendre disponible, accessible pour montrer,   expliquer   et   fait   preuve   d’une   réelle   qualité   de   présence   (« il est ici et maintenant »). Il est flexible  c’est-à-dire  qu’il  est  capable  de  modifier sa stratégie en cas de difficulté  de  l’étudiant, d’imaginer une nouvelle approche,  de  s’adapter  à  autrui,  de  répéter  avec   patience,   de   reformuler   autrement   pour   s’assurer   de   la   bonne   compréhension,   de  programmer des mises en situation pour consolider la   pratique   de   l’étudiant. Il valorise l’expérience,   les progrès et  l’estime  de  soi  de  l’étudiant  par  des  feed-back positifs. Il sait se

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mettre  à  la  place  de  l’étudiant  et se remémorer ses propres difficultés. Il  soutient  l’étudiant,  l’accompagne   dans   sa progression, répond à ses questions. Il accepte la différence intergénérationnelle  et  découvre  l’autre  sans  a  priori.  

Figure 3.1 les compétences du tuteur

Dans   l’idéal, il a suivi une formation sur le tutorat afin de prendre en charge les étudiants. Il est responsable de l’accueil,  de  l’intégration,  de l’encadrement  et  de  l’évaluation  de  l’étudiant  pendant  sa période de stage. Il fait découvrir la spécificité de son service ou de son unité,  aide  l’étudiant  dans  son observation, explique des situations et ses raisonnements. Il  lui  apprend  à  faire  lien  entre  ce  qu’il  a   appris   en   cours,   vu   et   acquis   dans   d’autres   stages.   Il assure   l’accompagnement   pédagogique du stagiaire et la transmission de la pratique soignante. Il facilite l’approche   réflexive   sur son activité professionnelle et ils échangent  sur  le  ressenti  de  l’étudiant. Le rôle du tuteur est de rendre le travail formateur. Il donne du sens à ses actes et à ses techniques de soins car ils ne doivent pas être déconnectés de la personne soignée, de son histoire et du contexte. Le sens est à la base de toute action et donne une direction. Une tâche accomplie sans ajouter du sens est une action reproductive, elle ne rend pas le stagiaire parfaitement acteur et ne tient pas compte de la singularité de la situation. Donner  du  sens  à  l’acte  ou  à  l’activité  replace  l’étudiant  dans  son  métier  qui  a  pour  finalité  de favoriser le retour à un état de santé de la personne ou à une amélioration de cet état. De même que  le  questionnement,  le  raisonnement,  l’évaluation sont porteurs de sens pour les soins infirmiers.

Le tuteur procède à l’évaluation des compétences en cours et en fin de stage. Il transmet les savoir-faire, les valeurs de sa profession, la culture du service et de son établissement et aide l’étudiant dans la construction de son identité professionnelle. Il délègue cet accompagnement auprès des

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membres  de   son  équipe  et   fait   le  point   régulièrement   avec  eux   sur   la  progression  de   l’étudiant.   Il  communique avec le cadre de santé et le formateur référent du stage.

Figure 3.2 Les missions du tuteur

Il accompagne les stagiaires et évalue leur progression à partir des rencontres avec les professionnels de proximité. Il facilite l’accès   aux   différentes   ressources   proposées, techniques et humains : identification des situations apprenantes, mise à disposition de documents, rencontre avec des personnes ressources. Il assure des relations spécifiques avec le formateur référent du stage, effectue et trace les bilans intermédiaires de stage. Il signale les difficultés au cadre de santé qui propose des solutions en cas de conflits. Il formalise  l’évaluation  du  stage,  au  cours  d’un  entretien  avec  l’étudiant,  sur  la  feuille  d’acquisition  des compétences, la feuille de bilan de stage en cohérence avec le port folio rempli, dans le même temps, par l’étudiant. Il signale les absences éventuelles de l’étudiant  en  cours  de  stage.

La  période  de  stage  permet  à  l’étudiant  d’être  confronté  à  la  réalité  de  la  pratique  soignante  auprès  des personnes. Il se forme en :

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- découvrant des situations diversifiées, - agissant au sein des équipes professionnelles, - intégrant les connaissances reçues en cours, - comprenant les mécanismes de la liaison entre ce qu’il   fait   et   ce   qu’il   sait,   de  

l’analyse réflexive, de la contextualisation  et  de  la  décontextualisation… - créant de nouvelles compétences et en élargissant ses savoirs par la voie de

l’observation,  de  la  participation  aux  soins  et  aux  réflexions  menées - prenant en charge des personnes.

Ainsi, le stage est à   la   fois   un   lieu   d’intégration, d’ancrage   des connaissances reçues et un lieu d’acquisition   de   nouvelles   connaissances et compétences. Le stagiaire mémorise le patient, sa situation,  son  traitement,  les  signes  cliniques  et  les  moyens  mis  en  œuvre  pour  sa  prise  en  charge.  Au  début  de  l’apprentissage, dans des cas similaires, il sera capable de reproduire certains actes tout en étant  conscient  qu’il  s’adresse  à  des  personnes  différentes. Plus tard, il se verra confier des activités plus complexes et  sera  capable  de  s’adapter  à  des situations nouvelles, de résoudre des problèmes, de déterminer une démarche à suivre pour obtenir un certain résultat visant le mieux être de la personne soignée. Le   tuteur   a   pour   mission   de   montrer   l’interrelation   entre   les   savoirs   théoriques,   techniques, organisationnels  et  relationnels  mis  en  œuvre  dans  les  différentes  activités.  

Le   stage   est   à   la   fois   un   lieu   d’intégration   des   connaissances   et   d’acquisition  de   nouveaux   savoirs  grâce  à  l’observation,  à la pratique, à la prise en charge des personnes, à la résolution de problèmes nouveaux,  à  l’écoute  et  à  la  participation    aux  réflexions  menées  par  les  membres  de  l’équipe

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L’accueil  de  l’étudiant

La  préparation  de  l’accueil

L’étudiant  n’a  pas  ou  peu  d’expérience  dans  le  monde  de travail, de ce fait il manque de repères : il ne connaît pas les lieux, les habitudes de travail de  l’unité  ou  du  service, le rangement du matériel, les protocoles... Il  n’a  pas  ou  peu  l’habitude  de se positionner dans une équipe.

Le stage offre aux étudiants un itinéraire concret pour relier leurs connaissances théoriques à la pratique pour maîtriser leur futur métier. Grâce   au   livret   d’accueil   remis   au   préalable   à   l’IFSI,  l’étudiant  peut   appréhender  davantage   la   spécificité  du   stage et les compétences spécifiques  qu’il  pourra acquérir.

La   préparation   est   un   signe   fort   de   l’établissement  qui   témoigne   de   la   considération     au   nouveau  venu   (on   prépare   l’arrivée   des   personnes   importantes).   Plus   la   préparation   est   efficiente,   plus  l’accueil   est   efficace   et   convivial. Efficace car le tuteur ne passe pas son temps à régler des contretemps :   manque   de   vestiaire,   de   tenue   professionnelle,   badge   non   prêt…   Convivial   car  l’organisation  délivre  un  message    sympathique:  « vous êtes attendu ! »

Si  l’étudiant  ressent  l’effort  de  l’établissement  pour  l’accueillir,  il  en  sera  reconnaissant  et  aura  envie  de  s’investir.  Au  contraire,  si  l’accueil  est  raté,  il  aura  le  sentiment  qu’il  n’est  pas  le  bienvenu  et  aura  de  la  difficulté  à  s’intégrer.  Formulée    ainsi,  la  préparation  représente donc un véritable enjeu pour l’intégration  de  l’étudiant et la réussite de son stage.

L’organisation  varie  en  fonction  de  la  taille  et  de  l’organisation.  L’accueil  pourra  se  faire  par   le cadre de santé ou le tuteur qui lui délivrera les informations utiles  afin  qu’il  se familiarise rapidement avec ce nouvel environnement.

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Il est judicieux que   la   structure   accueillante   définisse   sa   politique   d’accueil   des   stagiaires avant la planification  de   l’IFSI : nombre de stagiaires par an, services concernés, procédure  d’attribution  du  stage, identification et formation des tuteurs,  contacts  réguliers  avec  l’IFSI,  procédure  d’information à  l’équipe…

Cette   politique   s’accompagne   d’outils   tels que par exemple un film découverte, une visite commentée, une check-list afin de ne rien oublier, un kit de bienvenue remis au stagiaire.

Ce kit pourra comprendre par exemple :

- Les modalités pratiques :  noms  du   responsable  de   l’unité,   du   tuteur  et   leurs   coordonnées, préciser   à   quel   moment   et   à   quel   endroit   l’étudiant   doit se présenter, les conditions matérielles  (horaires,  tenues…)

- Le   livret   d’accueil   de   l’établissement : missions, organisation, organigramme, présentation des  services,  différentes  commissions…

- Documentations diverses : synthèse du projet   d’établissement et projet de soins, prise en charge du patient, règlement intérieur, organigramme, charte du patient hospitalisé, charte de  l’enfant  hospitalisé,  charte  de  la  personne  âgée  dépendante, droits et devoirs du stagiaire, responsabilité du soignant, secret professionnel, discrétion, courtoisie…

- Le  livret  d’accueil  du  service avec la mise en place par exemple d’un  parcours  d’insertion, la description du service ou  de   l’unité en termes : d’effectifs, horaires des infirmières, règles d’organisation,   population   accueillies , pathologies et situations les plus fréquemment rencontrées, identification des activités et des compétences que  pourra  acquérir   l’étudiant  dans ce service ou dans cette unité.

Il importe de donner au stagiaire des informations ciblées et utiles afin  de  l’aider  dans  sa  phase  de  découverte du service.

La préparation du stage est à la fois pédagogique, administrative et organisationnelle. La structure accueillante doit avoir signé une convention de stage et une  charte  d’encadrement.  L’étudiant  doit avoir formalisé dans son portfolio les UE suivies, les points forts acquis en formation, les points à approfondir et les objectifs de stage. La structure accueillante doit avoir désigné un tuteur qui sert de lien entre le cadre de santé, les professionnels de proximité et    l’IFSI.  

L’accueil  du  premier  jour  

Le  maître  de  stage  (ou  le  tuteur)  accueille  l’étudiant avec convivialité. La manière dont le stagiaire est accueilli le premier jour influence déjà la relation. Au préalable, le tuteur a été informé de la date, de l’heure  et  du  lieu.  Il  s’organise  pour  ne  pas  faire  attendre  l’étudiant  car  cela  augmente  l’inquiétude  de ce dernier.

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L’étudiant  a  renseigné  en  amont  du  stage  la  feuille  FORMATION.  Il  en  explique  le  contenu.  L’écoute  est importante car elle permet de découvrir la personnalité du stagiaire (sa motivation, ses inquiétudes, ses attentes), le niveau de ses compétences, de son savoir théorique et les stages réalisés (renseignements notés par ailleurs sur le feuillet MON PARCOURS DE STAGE). Si   l’étudiant   éprouve   de   la   difficulté   à   prendre   la   parole,   le tuteur pose des questions ouvertes. « Quelles  sont  les  unités  d’enseignement  que  vous  avez  suivies ? Quels sont vos points forts ? Est-ce votre premier stage ? Dans quelles structures avez-vous effectué vos stages précédents ? Quelles sont les situations rencontrées que vous avez déjà analysées sur le portfolio ? Quelles compétences avez-vous acquises ? Quelles sont celles que vous pensez acquérir lors de ce stage ?  Qu’attendez-vous de cette formation dans notre service ? Avez-vous des appréhensions particulières ? Quels sont les soins techniques que vous souhaiteriez pratiquer ?... » ou indirectes : « Selon vous, quelles compétences allez-vous acquérir dans ce service ? » . S’il   veut   obtenir   des   réponses plus précises, il pose des questions fermées qui visent à obtenir une réponse positive (oui) ou négative (non) ou des questions alternatives  par  l’emploi  de  « ou ». Le premier jour permet de faire connaissance. Il faut donc prendre du temps pour cette rencontre, être  disponible  c’est-à-dire de ne pas être dérangé (y compris par le téléphone) et faire preuve de réelle présence. Il faut donc prévoir un endroit calme qui privilégie la confidentialité. Le maître de stage ou le tuteur présente à  l’étudiant le  service  ou  l’unité,  les  effectifs,    la  population  accueillie,  les  pathologies,  les  missions  du  service,  les  situations  qu’il  va  rencontrer…  il    remet le livret d’accueil qui contient les informations indispensables à sa meilleure compréhension du service, de l’unité  ou  du  pôle  afin  de  faciliter  son  intégration.  Il  lui  explique  les  modalités  d’encadrement  et  les  conditions matérielles du stage. Il présente ses missions  à  l’étudiant  et  formalise  ses obligations. Ce premier entretien est très important car il génère la première impression dans la mémoire de chacun.   Cependant,   il   ne   faut   pas   vouloir   tout   dire   le   premier   jour.   Trop   d’informations   tuent  l’information.  Le  risque  de  vouloir   tout  dire   le  premier   jour  est  de  provoquer  de   la  confusion  alors  que  l’objectif  du tuteur est  d’être  clair  et  concis pour être compris. Les jours suivants permettront de revenir  sur  les  détails.    Le  premier  jour  sert  à  tracer  les  grandes  lignes.  Avant  de  clore  l’entretien,  le  maître  de  stage  ou  le  tuteur  n’hésite  pas  à  faire  reformuler  à  l’étudiant  les  informations  principales  afin de valider sa compréhension. Il a validé  avec  l’étudiant  les  objectifs  du  stage.  Dès  ce  premier  jour,  l’étudiant  connaît  les  dates  des entretiens de suivi et de fin de stage afin de gérer son temps. Il est également prévu des temps d’échange  autour  des  problématiques  rencontrées  pendant  le  stage  :  partage  d’expériences  à  partir  de situations ou questionnements professionnels. La  qualité  de  l’entretien va dépendre de la qualité de la communication. La communication est à la fois :

- verbale : le langage, la signification des mots - paraverbale : intonation, intensité de la voix, débit et articulation - non verbale : la gestuelle, les mimiques (sont l’expression  des  émotions)

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Figure 4.1 Les composantes de la communication

La  communication  verbale  c’est-à-dire le contenu du message va être renforcé ou démenti par la voix de   l’émetteur   (celui qui envoie le message) et sa gestuelle. En effet, les individus transmettent des informations non seulement par la parole mais aussi par des signes, des gestes, des sons, des émotions ou des odeurs. Les personnes sont en contact non seulement par la présence physique mais,   reliées   entre   elles   par   leurs   émotions,   l’intellect   et   le   désir   de   communiquer.   La voix et les gestes  de   l’émetteur   transmettent  des   informations   inconscientes   au   récepteur   (celui  qui   reçoit   le  message) qui corroborent le discours ou au contraire le démentent.

La communication interactive prend en compte les réactions conscientes et inconscientes des interlocuteurs  en  fonction  de  leurs  valeurs,  des  préjugés,  de  leurs  convictions,  de  l’éducation  reçue,  de leur vécu, de leurs émotions…    

Ainsi,   l’émetteur   émet   des   informations   que   le   récepteur   capte   et   interprète   en   fonction   de   son  schéma cognitif et des émotions suscitées par le message. Il réagit consciemment ou inconsciemment   aux   propos   de   l’émetteur.   À   son   tour,   son   interlocuteur   reçoit   l’information   et  l’interprète  en  fonction  de  sa  personnalité.  Il  est  donc  extrêmement  difficile  d’émettre et de recevoir un   message   sans   le   déformer.   C’est   la   raison   pour   laquelle,   l’émetteur   va   s’assurer   de   la  compréhension du récepteur et réajuster en conséquence.

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réagit consciemment et inconsciemment

ce  qu’il  veut  répondre   au message, à la voix et à la gestuelle ce  qu’il  dit   avec quel effet

Émetteur Récepteur

Figure 4.2 Schéma de la communication interactive De  plus,  il  faut  savoir  que  la  perte  d’informations  est  importante  car  il  existe  un  écart : - entre  ce  que  l’émetteur  veut  dire  et  ce  qu’il  dit  en  réalité ; - ce que le récepteur comprend ; - ce que le récepteur retient ; - ce  qu’il  utilise  ou  qu’il  restitue.  

En communiquant le tuteur s’assure que  l’étudiant    a  bien  compris  le  message  qu’il  veut  transmettre. La qualité de la communication entre eux est un des éléments primordiaux de la réussite de l’apprentissage.  

vécu croyances valeurs

vision de la vie éducation

vis

vécu croyances valeurs

vision de la vie éducation

comprend quoi ressent quoi retient quoi restitue quoi

ce  qu’il  veut  dire ce  qu’il  dit   avec quel effet

comprend quoi ressent quoi retient quoi restitue quoi

re reformulation

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Le  tuteur  utilise  la  reformulation  de  tout  ou  partie  du  message  afin  qu’il  soit  pleinement  intégré  par  le stagiaire. Le langage peut être un obstacle à la communication lorsque les phrases sont longues, le vocabulaire complexe. Le tuteur veille donc à faire des phrases courtes, claires et compréhensibles.

L’émetteur  est  responsable  de  la  transmission  du  message.  Il  s’exprime  pour  être  compris ! Il ne doit pas rendre responsable le récepteur  de  l’incompréhension  du  message.  Ainsi le tuteur doit adapter son message en fonction de la  compréhension  de  l’étudiant.

Pour communiquer efficacement, il faut être le plus précis possible. Un message complet répond aux questions suivantes : CQQ COQP (lire à voix haute ce moyen mémo-technique) : Comment, Quoi, Qui, Combien, Où, Quand, Pourquoi.

Figure 4.3 Méthode empirique de questionnement

Le message idéal est celui qui est proche de la description car   l’imprécision   est   source d’erreurs,  d’interprétations,   de   jugements   ou   de   suppositions.   Seul   l’échange,   le   questionnement,   la  reformulation, la confrontation des points de vue et   l’interaction  engendrent   la   compréhension  du  message.

L’étudiant,  quant  à   lui,  n’hésite  pas  à  poser  des  questions  s’il  ne  comprend  pas   les  explications  du  tuteur,   s’il   lui  manque  des   informations   concernant   le  dossier  de   soins,   les  protocoles,   l’utilisation  des  matériels…  ou  s’il  n’arrive  pas  à  faire  des  liens  entre  ce  qu’il  doit  faire  et  ses  connaissances.

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La  qualité  de  la  communication  passe  par  la  volonté  réelle  de  communiquer,  de  coopérer,  d’écouter  les  propos  de  l’autre  et  de  se  rendre  disponible  à  ses  idées  et  à  ses  valeurs.  Les  interlocuteurs  auront  la sensation   d’un   dialogue   réussi   lorsqu’il   aura   été   basé   sur   des   échanges   respectueux,   justes   et  équilibrés.

Comme la relation est par  essence  interactive,  l’étudiant va entrer en contact de la même façon que le tuteur c’est-à-dire avec son vécu, sa personnalité, son besoin de reconnaissance, son estime de soi plus  ou  moins  forte,  ses  émotions…  autant  de  critères  imperceptibles  qui  vont  détériorer  ou  embellir  la relation.

La   perception   d’autrui   négative,   les   jugements,   les   préjugés…   sont   des facteurs qui nuisent à la relation tout autant que la mauvaise estime de soi. Par exemple, lorsque le tuteur pense que l’étudiant   n’est   pas   suffisamment   compétent,   qu’il   va   perturber   le   service,   lui   donner   du   travail  supplémentaire,  n’est  pas  assez  motivé  ou  vice  versa  que  l’étudiant  pense  qu’il  va  être  mal  encadré,  que  le  service  est  mal  organisé…  cette perception négative se trouve renforcé de la manière suivante lorsque  le  tuteur  ou  l’étudiant  a  une  mauvaise  estime  de  soi :

Estime de soi négative du tuteur

Perceptionnégativede l’étudiantpar le tuteur

Estime de soi positive du tuteur

Perceptionpositivede l’étudiantpar le tuteur

pouvoir rapport de forcemanipulation

écouterespect

relation gagnant-gagnant

découragement fatiguemanque  d’investissement

séductiondévalorisation

Figure 4.4 Estime  de  soi  du  tuteur  et  perception  de  l’étudiant par le tuteur

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Perceptionnégativedu tuteurpar l’étudiant

Perceptionpositivedu tuteurpar l’étudiant

Estime  de  soi  négative  de  l’étudiant

Estime  de  soi    positive  de  l’étudiant

démotivationposition de victime

sentiment de ne pas être à la hauteurstress

susceptible à la critiquemanque de respect

coopérationclimat de confiance

Figure 4.5 Estime  de  soi  de  l’étudiant    et  perception  du  tuteur  par  l’étudiant

L’accueil  des  jours  suivants  

Les jours suivants, le  tuteur  poursuit  ou  complète  ses  explications.  Si  l’étudiant  pose  des  questions,  le  tuteur prend le temps nécessaire pour y répondre ou le dirige vers une personne ressource de l’équipe car  une  question  sans  réponse  nuit  à  l’intégration  des  savoirs  et  des savoir-faire.

Si l’étudiant ne  pose  pas  de  questions,  cela  ne  signifie  pas  pour  autant  qu’il  a  tout  compris.  Le  tuteur  pratique  alors  le  questionnement  ouvert  afin  de  s’assurer  du  niveau  de  compréhension  de  l’étudiant:  « Hier,   j’ai   abordé   avec   vous   les transmissions ciblées, avez-vous   eu   l’occasion   d’assister   aux transmissions de ce matin ? Je vous ai affecté à un secteur de patients, est-ce que la charge de travail n’est  pas   trop  élevée ? Vous sentez- vous capable de réaliser davantage de soins dans ce secteur ? Ressentez-vous de la difficulté à communiquer avec certains patients ? Je vous ai montré le fonctionnement de la tablette du dossier de soins informatisé, avez-vous   eu   l’occasion   de   l’utiliser  depuis votre arrivée ? Avez-vous  eu  l’occasion  de  suivre la visite du médecin ? Pouvez-vous prendre en

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charge la prise de rendez-vous pour les radios et les consultations spécialisées ? Avez-vous compris l’organisation  du  service ? » …    

Le   tuteur   s’assure   au   fur   et   à   mesure   que   l’étudiant   a   travaillé   avec toutes les catégories professionnelles  du  service  et  qu’il  connaît  les  responsabilités  et  les  limites  de  son  futur  métier.  

Le tuteur fait un accompagnement personnalisé, formalisé et soutenu dans la durée. Il a conscience que chaque étudiant est unique dans la construction de son parcours. En revanche, chaque étudiant a les mêmes besoins :

comprendre :  car  il  est  impossible  d’apprendre  et  de  s’intégrer  sans  comprendre ; Comprendre quoi ? • Son  positionnement  au  sein  de  l’équipe,  son  rôle,  sa  manière  d’atteindre les objectifs de stage • Les attitudes professionnelles attendues; • La  communication  au  sein  de  l’équipe,  avec  le  tuteur,  les  autres  collègues,  les  patients,  les  autres  

professionnels  de  santé… • L’organisation  du  service,  de  l’établissement ; • Les consignes  de   sécurité,  d’hygiène,  de  gestion  des   risques,  de   traçabilité…les  procédures,   les  

protocoles… ; • La qualité attendue ; • La  culture  d’entreprise,  les  habitudes  du  service,  les  valeurs,  l’esprit  d’équipe… • La manière dont il doit acquérir ses compétences.

se sentir accueilli, attendu dans le service et non vécu comme une charge de travail

supplémentaire ; être intégré car  l’apprentissage  est  favorisé  par  le  climat  de  confiance et la convivialité ; être reconnu : la   reconnaissance   nourrit     l’estime   de   soi   nécessaire   à   l’apprentissage   et   à  

l’autonomie ; besoin  de  s’accomplir, de se réaliser : si   le   stage  donne  à   l’étudiant,   l’occasion  d’exploiter   ses  

potentiels,  d’appliquer  ce  qu’il  apprend  en  cours,  de  développer  de  nouvelles  compétences,  de pouvoir agir de manière  autonome…  cela fortifiera sa motivation et son identité professionnelle.

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Figure 4.5 Les besoins du stagiaire

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La pédagogie en situation professionnelle

Selon la directive européenne 2005-36 : « L'enseignement clinique se définit comme étant le volet de la formation d'infirmier par lequel le candidat infirmier apprend, au sein d'une équipe, en contact direct avec un individu sain ou malade et/ou une collectivité, à organiser, dispenser et évaluer les soins infirmiers globaux requis à partir des connaissances et compétences acquises1. »

Les soins infirmiers représentent une réalité complexe qui exige des connaissances diverses que ce soit en sciences biologiques, en sciences humaines, en sciences  de  l’éducation ... La pédagogie mise en  place  alterne  l’acquisition  de  savoirs  théoriques,  de  savoir-faire, la mobilisation de ces différentes ressources en lien avec les situations vécues afin de développer la maîtrise du  métier  d’infirmier(ère). L’étudiant ne pouvant pas être confronté concrètement à toutes les situations possibles, il doit mémoriser des similarités et acquérir des ressources personnelles analytiques afin de pouvoir transférer ses connaissances dans  des   situations  nouvelles.  C’est   la   raison  pour   laquelle,   l’étudiant  exploite  et  approfondit  sur  le  terrain  tout  ce  qu’il  a  compris  en  cours afin  d’affiner  son  raisonnement. Il  en  saisit  l’utilité  professionnelle.  

Le  tuteur  est  donc  centré  sur  l’étudiant,  sa  capacité  à observer, à analyser, à poser un diagnostic, à concevoir   un   plan   d’action,   à   évaluer   ses   effets   sur   l’état   de   santé   du   patient,   à   s’auto-évaluer, à transposer ses acquis et ses éléments de compréhension dans sa pratique quotidienne. Le tuteur ne se fixe donc pas seulement sur la performance de  l’étudiant mais sur sa capacité à prendre en charge un patient dans un contexte donné tant dans son rôle prescrit rattaché au diagnostic médical et aux complications  possibles  (traitement,  pansements…)  que  dans  son  rôle  propre  lié  à  la  maladie  centré sur  les  réactions  de  la  personne  ou  encore  sur  la  prévention  et  l’éducation. Il  encourage    l’étudiant  à  se confronter aux indices, aux signes et aux symptômes qui vont initier son raisonnement clinique. Il

5

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l’invite  à  gagner  en  autonomie  et  en  prise  de  décision  afin  d’organiser  et réaliser des actes infirmiers, dans son rôle propre et son rôle prescrit.

Le processus cognitif du tuteur qui favorise la conclusion clinique est à la fois inconsciente et automatique grâce à son expérience et à sa pratique. C’est   là   que   réside   l’une   des   difficultés   de  transmission  entre  le  tuteur  et  l’étudiant.  Le tuteur va donc encourager le stagiaire à décomposer les différentes étapes de l’observation  de  la  personne  soignée,  à  la  communication  afin  de  recueillir  des  données   complémentaires,   à   l’interprétation,   à   l’énoncé   d’un   diagnostic,   à   l’élaboration   d’un  programme thérapeutique. Le tuteur facilite le raisonnement du stagiaire en activant, en combinant ses savoirs et en les confrontant à la réalité. L’erreur   la   plus   fréquente des novices est de vouloir confirmer une hypothèse ou un problème dès  le  premier  indice  ou  d’omettre  le  contexte.  

La prise de recul qu’invite  à  faire  pratiquer le tuteur à  l’étudiant  après le raisonnement clinique ou un acte est très formatrice pour comprendre les processus de décisions. Cette pédagogie responsabilise l’étudiant   en   vue   de   le   rendre   autonome   et   ouvert   à   de   nombreux   contextes   et à de multi-pathologies.  L’enseignement  théorique  n’est  pas  détaché  du  milieu  professionnel  mais  s’intègre,  au contraire, pleinement dans  l’organisation  du  travail  dans  laquelle  le  patient  tient  une  place  centrale.  L’alternance   de   théorisation   et   de   réalisations   concrètes   contribue   à   former   des   professionnels  capables   d’analyser,   d’organiser,   de   réaliser   des   soins, de les évaluer, de contribuer au recueil de données cliniques et épidémiologiques, de participer à des actions de prévention, de dépistage, de formation  et  d’éducation  à  la  santé.      

L’engagement  réciproque  du  tuteur  et  de  l’étudiant

L’étudiant  est acteur et responsable de sa formation. Il prend contact avec le maître de stage pour s’informer  des  spécificités  du  service  en  lien  avec  le  livret  d’accueil.  D’ailleurs,  il  formule  ses  objectifs  en   cohérence   avec   le   livret   d’accueil   et   son   niveau   d’acquisition. Il est accueilli en milieu professionnel, il se doit donc de respecter le règlement intérieur, le fonctionnement de la structure, du service, le   code   de   déontologie,     les  modalités   du   stage   (horaire,   tenue…),   les instructions du tuteur et le secret professionnel. Il  s’approprie  également  les  règles  de  l’organisation.

Il   se   donne   les  moyens   d’acquérir   des   compétences   à   partir   des   ressources  mises   à   sa   disposition  dans  le  service.  Il  intègre  une  démarche  constructive  d’apprentissage.

Le pivot des soins infirmiers étant la relation soignant-soigné,  l’étudiant  a  le  souci  de  comprendre  les  besoins en santé de la personne bénéficiaire de soins afin de répondre à sa situation, à ses attentes, à ses besoins insatisfaits et à son mode de vie par des soins appropriés. Le développement des sciences  humaines  et  notamment   les  travaux  d’Abraham  Maslow  ont  mis  en  évidence la notion de besoins :

- primaires : besoins de survie ou physiologiques (boire, manger,   se   réchauffer…) et de sécurité (avoir un toit, une assurance,   des  économies,   protection   physique…)  qui   satisfont  l’avoir

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- les   besoins   secondaires   qui   satisfont   l’être : les besoins de socialisation : amour et appartenance ; d’estime : reconnaissance et considération ; et en haut de la pyramide :  les  besoins  d’accomplissement et de réalisation personnelle.

Virginia Henderson, infirmière américaine a écrit sa conception des besoins des personnes et en a déduit   le   rôle   que   devait   avoir   l’infirmier(ère)   pour   aider   le   bénéficiaire   de   soins   à   maintenir,   à  retrouver sa santé  ou  à   l’assister  dans  sa fin de vie. Elle part du principe que, toute personne tend vers   l’indépendance   dans   la   satisfaction   des   14   besoins   fondamentaux (respirer, boire et manger, éliminer, se mouvoir et maintenir une bonne posture, dormir et se reposer, se vêtir et se dévêtir, maintenir la température du corps dans la limite de la normale, être propre, soigné et protéger ses téguments, éviter les dangers, communiquer avec ses semblables, agir selon ses valeurs et ses croyances,  s’occuper  en  vue  de  se réaliser, se divertir et se recréer, apprendre) mais que le niveau d’indépendance  peut   se  modifier.  Évaluer   l’état  de   santé  d’une  personne  consiste  donc  à  explorer  ces différents besoins selon leurs composantes :

Afin   d’établir   si   les   besoins   sont   satisfaits (indépendance) ou non (dépendance). Le rôle de l’infirmière   consiste   à   favoriser   le   retour   à   l’indépendance   après   avoir   identifié   la/les sources de difficulté.

Durant   ses   stages,   l’étudiant   apprendra   à   apprécier,   comprendre   et   évaluer   l’état   de   santé   d’une personne en recueillant des données significatives (compétence 1) pour identifier les aptitudes de cette personne à satisfaire ou non ses besoins, identifier la/les sources de difficulté qui en sont à l’origine   afin   d’établir   un   lien   entre   la   dépendance et la source (analyse horizontale) puis avec d’autres  besoins  insatisfaits (analyse verticale).

La relation soignant-soigné   sera   satisfaisante   lorsqu’elle   sera   empreinte   de   professionnalisme  (bonnes   pratique,   règles   d’hygiène,   identification   des   risques   liés   aux   situations   de   soins…),   de  respect  de  la  personne,  dénuée  de  sentimentalisme  subjectif  et  basée  sur  l’écoute  empathique.  Par  conséquent,  l’étudiant  évitera  de  porter  des  jugements  tant  sur  les  personnes que sur les situations et se gardera de toute familiarité envers les patients, les familles… Il  aura  à  cœur  de  s’intégrer  dans  l’équipe   de   soins,   de   s’impliquer et de maintenir   l’esprit   d’équipe   existant,   de   respecter  l’organisation  du  service  et  de  savoir  se  positionner  au  sein  de  celui-ci.

Biologique/physiologique, psychologique, socioculturelle/environnementale et spirituelle

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Engagement de  l’étudiant

Respect du : Règlement intérieur, du secret professionnel, de la réglementation, de son rôle. Organisation de la structure, du service, des modalités du stage, des personnes

Professionnalisme : engagement et responsabilité des dans son  activité,  respect  des  règles  (d’hygiène,  de  sécurité,  d’asepsie,  d’ergonomie…) et des exigences professionnelles (bonnes pratiques) Valeurs humanistes : respect, écoute empathique, satisfaction des  besoins  et  des  attentes,  rôle  d’aide,  d’évaluation  de  la  douleur… Attitude et comportements respectables : ponctualité, tenue, implication,  respect  des  consignes,  politesse… Intégration  dans  l’équipe  de  soins  et  à  son  tour  sait former Respect des biens et des personnes

Motiver pour : Construire sa compétence dans une démarche cohérente S’entraîner  à  la  réflexion  et  à  l’analyse  de  sa  pratique pour réajuster et transférer S’impliquer  dans  la  résolution  de  problèmes Prendre des initiatives et des responsabilités Mesurer sa progression par rapport à ses objectifs et à ses pairs

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Le tuteur s’engage, quant à lui, à accueillir, accompagner et favoriser   la  progression  de   l’étudiant sur le terrain. Il   a   accepté   de   consacrer   du   temps   à   l’apprentissage   des   étudiants,   de   centrer   sa  pédagogie   sur   l’apprenant et non sur lui-même.   Il   possède   des   qualités   d’écoute,   de   patience,   de  pédagogie   et   a   suffisamment   de   recul   et   d’expérience   pour   savoir   transmettre   son   expertise   avec  intelligence.

Il  est  animé  du  désir  que   l’étudiant  atteigne  avec  succès  son  objectif  de   formation,  c’est  pour  cela  qu’il  lui  facilite  son  intégration  et  lui  transmet  ses  compétences  professionnelles.  Il veille à le rendre autonome  en  fonction  de  son  niveau  d’apprentissage  et  du  service  considéré. Son rôle est de faire en sorte que l’étudiant  progresse,  ce  qu’il  vérifie  régulièrement.  Pour  cela,  il  établit  des  étapes  dans  la  progression, étapes qui peuvent être formalisées au sein du service. Il analyse et exploite les situations   rencontrées   avec   l’étudiant   afin   qu’il   apprenne   à   analyser son action et structurer ses savoirs. Il est aidé au quotidien dans sa mission par les professionnels de proximité qui nomment les gestes, les actions menées, transmettent les savoir-faire,  l’aident  à  s’auto-évaluer…

En final, le tuteur évalue les compétences et les  qualifications  acquises  en  termes  d’actes,  d’activités, de techniques de soins.

Le climat de confiance

La confiance signifie croitre, faire crédit. Elle ne se décrète pas, elle se construit dans la durée. Quels sont les facteurs qui conditionnent ce climat de confiance ?   Comment   l’engendrer   et   comment   la  conserver ?

La prise de contact est déjà déterminante pour  nouer  ou  non  une  bonne  relation.  L’étudiant   doit se sentir attendu, écouté dans ses craintes et ses objectifs. Le tuteur par son accueil chaleureux lève l’anxiété  naturelle  de  l’étudiant  lors  de  son  arrivée.

Le  tuteur  doit  lui  porter  de  la  considération,  du  respect  et  de  l’intérêt  qu’il  manifeste  par  une  écoute  attentive et un dialogue ouvert. La réussite de la rencontre dépend de la bonne volonté de chacune des  parties  à  accueillir  l’autre dans ses différences,  de  manière  à  valoriser  l’identité  de  chacun.  

Le formalisme, le manque de temps et de convivialité créent un climat de méfiance.

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Figure 5.1 Les qualités de communication du tuteur

Quant  à  l’étudiant,  il  a  la  volonté lors de son arrivée de :

Figure 5.2 Les  conditions  de  réussite  de  l’intégration

Dans la durée, la confiance se traduit par la prévisibilité et une continuité. Elle   s’installe  progressivement à mesure  que  chacun  apprend  à  connaître  l’autre  et  à  l’apprécier.  L’étudiant  sait  au  fur  et  à  mesure  ce  que  le  tuteur  attend  de  lui.  Il  s’y  conforme. Il est fiable, il honore ses engagements, il respecte les délais, les consignes, transmet les informations et  sait  dire  ce  qu’il  n’a  pas  su  faire.  Il  ne  dissimule rien, ni son manque de compréhension ni ses difficultés. Sa sincérité et son honnêteté sont

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des   atouts  pour  progresser.   Il   s’intègre  dans   l’équipe,   respecte   les  membres  et ne formule pas de critiques.

De  son  côté,  le  tuteur  sait  trouver  un  positionnement  juste  à  l’égard  de  l’étudiant.  Le tuteur donne un  sentiment  de  sécurité  à  l’étudiant  par  sa  cohérence c’est-à-dire  qu’il  fait  ce  qu’il  dit,  il  dit  ce  qu’il  pense, il exige de   l’étudiant   ce   qu’il   s’impose à lui-même (rigueur, honnêteté, effort, conscience professionnelle,   respect  des  règles,  des  protocoles  et  des  procédures…).   Il sait le soutenir dans ses efforts, lui faire part de sa progression et  l’aider  dans  son  auto-évaluation.  Il  se  garde  d’émettre des critiques non factuelles, des jugements définitifs ou de le dévaloriser. Il sait prendre du recul pour formuler une remarque et le fait dans le calme et seulement en présence   de   l’étudiant,   jamais   devant   le   patient.   Lorsque le tuteur réagit sur un comportement inadapté, un acte, une activité ou une technique des soins non maîtrisés, ses critiques sont constructives. Elles ont pour but de recadrer ou de faire évoluer un geste, le recueil  et  l’analyse  des  données, de faire appliquer un protocole, une procédure, de se centrer sur la situation dans sa globalité….   Les remarques le questionnent sur sa pratique personnelle afin de coller aux bonnes pratiques infirmières. Il   retrace   les   faits  sans  mêler  à  ses   remarques  de   l’émotion  négative   (colère,  agacement, irritation) « J’ai   constaté  que lors  de   la   toilette  complète  au   lit  de  Mr  X,   tu  ne   t’es  pas  adressé  au  patient  mais  tu  discutais  avec  le  soignant  qui  t’accompagnait.  Or,  la  communication  avec  le  patient  fait  partie  intégrante  du  soin.    L’échange  te  permet de compléter le recueil de données en vue de faire une prise en charge adaptée au patient » ou encore « lors de la ponction veineuse de Me Y,  j’ai  dû  intervenir  discrètement  en  te  présentant  des  gants.  En  effet,  tout  prélèvement  veineux  doit  s’effectuer avec des précautions standards dont le port de gants. En revanche, je te félicite pour la préparation du matériel». Le tuteur réagit avec patience en lui expliquant les conséquences de son geste pour sa sécurité ou pour celle du patient, non pas pour le culpabiliser ou le dévaloriser mais pour lui faire prendre conscience  de   la  gravité  d’une   inattention.  L’erreur  devient  une  source  d’apprentissage,  un   facteur  de  progrès.  Le  tuteur  accorde  le  droit  à  l’erreur,  à  l’ignorance  (un  étudiant  ne  connaît  pas  tout), à la difficulté  de  compréhension,  d’assimilation  et  de  mémorisation.  Il  se  sent  également  coresponsable : si   l’étudiant  n’a  pas   su   faire,   il   remet  en  cause   sa  manière  d’expliquer ou la   responsabilité  qu’il   a  confiée  à  l’étudiant.    

Le climat de confiance est propice à la co-construction. Alors que la dévalorisation, les critiques, la non   acceptation   de   l’autre   détériorent   la   relation   et   induisent   du   découragement   et     des  comportements difficiles.

La confiance demande des ajustements mutuels en cas de malentendus ou de non-dits. La confiance mutuelle est le fait d’un  équilibre  et  d’une  réciprocité    entre   la  confiance  accordée  et   la  confiance  reçue.   Elle   est   le   résultat   d’une   relation   basée   sur   une   volonté   de   coopérer   afin   d’atteindre   des  objectifs commun :  la  réussite  de  l’étudiant.

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Figure 5.3 La confiance réciproque

L’engagement   du   tuteur   et   de   l’étudiant   est   basé sur la motivation :   l’étudiant   doit   vouloir  apprendre, participer, agir en tant que professionnel, pouvoir résoudre des problèmes ; le tuteur est animé  du  désir  de  vouloir  transmettre.  Cet  engagement  demande  également  de  part  et  d’autre  de  l’implication et  de   la  participation  active  :   l’étudiant  doit  pratiquer  et  s’impliquer  à   la  manière  d’un  professionnel afin de mémoriser ce   qu’il   a   vu   et   entendu.   Il   doit   prendre   une   part   active   dans   sa  formation et non être un simple spectateur ;  le  tuteur  doit  s’impliquer  non  seulement  à  montrer  mais  à expliciter son savoir-faire, son mode de réflexion et de prise de décisions. Il permet à  l’étudiant  de  se sentir utile et de se projeter positivement dans son futur métier.

Les   facteurs   personnels   jouent   un   rôle   important   dans   l’établissement   de   la   confiance.   Sans   la  confiance  en  soi,  il  est  difficile  d’avoir  confiance  dans  les  autres.  Le tuteur a une bonne vision de lui-même.  Il  est  conscient  de  ses  forces,  de  ses  faiblesses,  de  ses  peurs,  de  ses  besoins,  de  ses  désirs…  Cette connaissance de lui-même lui permet de créer du lien dans le respect réciproque. De plus, il a suffisamment confiance en lui pour ne pas craindre de voir remis en cause son autorité et son professionnalisme. Il a   l’assurance   de   savoir   agir,   analyser,   décider,  mobiliser   ses   ressources   pour  faire face à toute situation nouvelle ou difficile, assumer, à donner du sens à l’action,  à  faire  appel  au  cadre  de  santé….  Il  est  un  interlocuteur  solide,  qui  sait  s’adapter  à  des  personnalités  différentes,  il  est  rassurant et sait fédérer autour de lui.

Acceptation de la

différence

Empathie

Congruence

Prévisibilité

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L’estime  de  soi  induit  l’acceptation  de  soi  et  de  l’autre  tel  qu’il  est  avec  ses talents et ses limites. Le tuteur  aide  l’étudiant    à  ce  centrer  sur  lui-même, sur ces points forts afin que dans les moments de découragement   (il   y   en   a   toujours   dans   les   phases   d’apprentissage)   il   puisse   se   ressourcer  intérieurement. Si les remarques de l’étudiant  sont  limitatives : « ce  travail  n’est  pas  intéressant », il l’aide  à  les  revisiter : « Qu’est-ce  que  vous  n’aimez  pas  en  particulier ?  Qu’est-ce qui vous a intéressé lorsque vous vous êtes inscrit en apprentissage ?   Qu’aimez-vous faire ? » Il pratique le questionnement par entonnoir qui consiste à sortir de la généralisation pour aller vers la véritable problématique. Le  tuteur  est  assertif  c’est-à-dire  qu’il  ose  être  à  l’extérieur  ce  qu’il  est  à  l’intérieur,  il  se  positionne  tel  qu’il  est  réellement tout en respectant autrui.  Il  sait  s’affirmer,  dire  « non »  au  lieu  d’exprimer  un  « oui »   auquel   il   ne   donnera   pas   la   suite   espérée   par   l’étudiant.   Il   exprime   ses   désaccords,   son  opinion…   sans  blesser   l’autre  ou   le   rabaisser.   Il   ne   répond  pas  parce  que « c’est   comme  ça  et   pas  autrement » lorsqu’une   question   le   prend   au   dépourvu.   Il ne craint pas de nuire à son image en répondant « je ne sais pas mais je vais me renseigner ». Il endosse ses responsabilités et ne se décharge pas sur les autres en cas de problème. Il ne fuit pas dans les difficultés, ne nie pas l’existence  de  problèmes  et  n’a  pas  besoin  de  désigner  un  coupable  pour  les  régler.  Il  agit  en  pleine  connaissance  de   sa  mission  de   tuteur  et  peut   compter   sur   le   cadre  de   santé   lorsqu’il   ne  peut pas résoudre seul une problématique. Il connaît son rôle et ses limites. Le   tuteur   sait   accueillir   les   émotions   de   l’étudiant.   Il   sait   le   féliciter   lorsque   son   travail   est   bien  exécuté   et   le   rassurer   lorsqu’il   reste à acquérir des compétences. Il adopte une attitude d’encouragement.  L’agressivité  de  l’étudiant  ou toute émotion négative exprime un besoin insatisfait à laquelle le tuteur doit répondre par  de  l’écoute  active  et  de  la  considération.  

Les  conditions  d’apprentissage :  de  l’ignorance  à  l’expertise

Gardons   toujours   en   mémoire   que   le   stage   doit   permettre   à   l’étudiant   de   développer   des  compétences   c’est-à-dire de mettre en pratique ses ressources en menant une activité dans une situation professionnelle.

Le tuteur doit donc lui laisser la possibilité  d’agir  en  respectant  évidemment  une  progression  dans  la  mise  en  œuvre.  

L’apprentissage   à   travers   des   cas   concrets   permet   une   meilleure   mémorisation   des   savoirs  importants.

Pour  faciliter  les  conditions  d’apprentissage,  le  tuteur  suscite et entretient la motivation, la cognition et la progression.

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Figure 5.4 les  conditions  d’apprentissage  

- La motivation : le tuteur par ses encouragements, ses explications soutient la motivation intrinsèque de l’étudiant (celle qui lui a fait choisir ce métier). Il délègue par exemple un secteur afin que le stagiaire se sente à la fois responsable de patients et reconnu par l’équipe. La   motivation   est   le   moteur   de   la   progression   de   l’étudiant.   Le tuteur mise sur l’intérêt   de   l’étudiant   pour   la   mission   confiée   en nourrissant ainsi son sentiment de compétence  et  d’efficacité  personnel.

- La cognition : la démarche de soins est une méthode de travail basée sur la cognition et en particulier sur la résolution de problèmes. Le travail cognitif, associé à la pratique, va permettre d’anticiper  l’action,  de la contrôler,  puis  de  l’analyser  pour  la  modifier  si  cela  est  nécessaire. Prenons  l’exemple  du  raisonnement  clinique  et  diagnostique  de la démarche de soins. Le modèle de raisonnement utilisé par les médecins est le modèle hypothético-déductif. Ce mode de raisonnement est appliqué de la même manière dans le raisonnement clinique des infirmiers(ère)s. En   partant   d’indices   perçus,   il   permet à   partir   d’opérations  mentales, d’émettre  des hypothèses, de les valider avant  de  décider  d’actions  personnalisées pour la personne. Pour être retenue, une hypothèse doit être confortée par un certains nombres de faits et de signes observés (physiques, psychologiques, affectifs) interpellant le stagiaire sur un dysfonctionnement pour lequel   il   faut   trouver   l’origine. Le tuteur fait expliciter au stagiaire les différentes opérations cognitives qu’il   a   utilisé pour émettre des hypothèses et poser un diagnostic (réel, potentiel, de mieux-être, de syndrome). En cas d’écart  entre  le  jugement  clinique  de  l’étudiant  et  celui  du  tuteur,  ce  dernier   invite  l’étudiant  à rechercher les erreurs dues à :

- son opinion  qui  n’est  pas  une  donnée  objective  par  rapport  au  factuel; - sa  rapidité  de  l’observation et/ou à son manque  d’écoute  de  la  personne ;

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- sa  généralisation  qui  consiste  à  tirer  des  conclusions  d’ordre  général  d’après un ou plusieurs signes ou symptômes ;

- l’utilisation exclusive de son intuition qui est un mode de connaissance immédiat basé sur ce qui apparaît comme évident mais qui ne fait pas appel au raisonnement mental et de ce fait, doit être validé par une approche rationnelle ;

- son imprécision, ou encore son abondance  d’informations  et  par  conséquent  au  manque  de  tri des données significatives, au manque de pertinence ;

- la projection de sa personnalité sur celle du patient or la vision ce dernier n’est  pas  la  même  que   celle   de   l’étudiant   (différence   d’éducation,   de vécu,   d’âge,   de   sexe,   de   convictions,  d’émotions…) ;

- son manque  d’esprit critique  sur  l’hypothèse  formulée : l’étudiant  doit  orienter sa stratégie d’enquête   sur   la   recherche   d’indices complémentaires qui permettra de l’infirmer   ou   la  confirmer.

Le projet de soins représente la planification des soins. Il consiste à concevoir la stratégie de soins qui va être mise en place soit personnalisée ou individualisée soit adaptée à partir de supports standardisés et  à   l’évaluation/réajustement. Chaque action est donc réalisée en cohérence avec le projet de soins et les réactions de la personne soignée. Lors   de   la   réalisation  de   soins,   l’étudiant  mobilise  en  amont  sa  compréhension,  la  chronologie  du  soin,  l’objectif  poursuivi,  la  connaissance  des  protocoles   s’y   rapportant, le bien-fondé   de   l’action   à   entreprendre   en   fonction   de   la   situation (adaptée  à  la  personne,  au  lieu,  à  l’activité,  au  contexte  particulier).  Puis, il met en pratique un savoir gestuel mobilisant des savoirs, des savoir-faire,   l’application  de  protocoles  et des attitudes de base de  la  relation  d’aide  (authenticité,  respect et empathie). La qualité des soins répond à des normes de sécurité,  d’hygiène,  de  surveillance,  de  traçabilité, d’éthique,  de gestion des risques et à des critères permettant de mesurer l’efficacité,  la  fiabilité,  le  délai,  la  disponibilité,  le respect  de  l’environnement,  la   recherche   de   l’amélioration   et   la   coordination   entre   les   différents   professionnels.     C’est   en  mobilisant  ses  différentes  ressources  et  en  les  combinant  que  l’étudiant  enrichira  ses  connaissances  et ses compétences. Il sera capable  d’analyser  son  action  et  de  l’expliciter,  voire  de  l’argumenter.

L’étudiant   peut   se   poser   les   questions   suivantes : « De quelle manière ai-je   conduit   l’entretien  d’accueil ? Ai-je   su   évaluer   l’état   de   santé   de   la   personne,   veiller   à   sa   sécurité   et   à   son confort, renseigner de manière exhaustive le dossier de soins ? Quel soin dois-je réalisé ? Suis-je habilité à l’accomplir ? Quels sont les pré-requis indispensables ? Existe-t-il un protocole ? Est-ce que je le maîtrise ? Ai-je bien vérifié et suivi la prescription ? Ai-je suffisamment informé le patient (principe, intérêt, bénéfices/risques, déroulement) ? Ai-je recueilli son consentement,  faciliter  l’expression  des ses craintes et/ou de ses attentes ? Ai-je bien préparé mon matériel et les produits nécessaires au soin ? Suffisamment vérifié, correctement employé ? Ai-je bien installé le patient, su le rassurer, le respecter, être attentif à son confort ? Avant et durant le soin ai-je respecté toutes les règles de bonnes pratiques ? Ai-je tenu compte des réactions du patient lors du soin (attentif à la relation, à la douleur, à ses expressions verbales et non verbales)? Le soin est-il évalué, tracé et transmis ? »

Il  vérifie   l’efficacité  des  soins  en  comparant   l’état  de  santé  du  patient  en mesurant les progrès du patient,  l’atteinte  ou  non  des  buts  et  des  objectifs  des  soins.  Pour évaluer les progrès du patient, le stagiaire utilisera des indicateurs. Il réajuste au besoin. Il sait ensuite conceptualiser et transférer ce qu’il  a  appris  de sa pratique à de nouvelles situations en remobilisant ses compétences.

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L’étudiant   doit   apprendre   à   identifier   son   mode   de   raisonnement,   les   étapes,   ses   forces   et   ses  faiblesses.  Cet  apprentissage  du  raisonnement  clinique  s’acquiert  par   l’alternance  entre   l’IFSI  et   les  terrains de stage. Par  la  diversité  des  lieux  de  stage,  l’étudiant  renforce  ses  compétences  en  agissant  dans des situations et avec des populations différentes.

La progression

Le tuteur passe du rôle de « celui qui sait » à « celui qui aide  à  s’approprier   les  compétences  de   la  profession ». Pour apprendre, l’étudiant   a   besoin   d’être   mis   en   situation,   de   s’entraîner,   de  comprendre son action pour la mémoriser, de lui donner un sens en la reliant à ses savoirs théoriques, de prendre le temps de réfléchir sur les concepts qui éclairent la pratique et  d’évaluer  cette dernière.

Pour  progresser,  l’étudiant  a  besoin  d’explorer  les  phases  suivantes  :

Figure 5.5 Les  phases  progressives  de  l’apprentissage  

- La   phase   d’observation et de compréhension : cette phase exploratoire consiste à la découverte du service, de son organisation, des personnes soignées, des situations de soins… L’étudiant  perçoit   les  informations  à  saisir,  se  repère,  comprend  ce  que  le  tuteur  attend  de  lui, confronte  ce  qu’il  voit  à  ce  qu’il  a  déjà  vécu  dans  d’autres  services  et  appris  à   l’IFSI.   Le tuteur s'efforce de rendre explicite tout concept, lien, raisonnement, toute stratégie, procédure,  protocole  ou  démarche  nécessaires  à  la  compréhension  de  l’étudiant.  

- La  phase  d’action pendant laquelle il exécute la tâche, « je fais ». Pour  que  l’action  soit  mémorisée,  il  faut  plusieurs  conditions :

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qualité des consignes, plaisir  de  l’apprentissage, attention soutenue, vigilance, répétitions et maîtrise des gestes, des processus, des raisonnements reconnaissance des expériences passées, des situations de soins vécues, variabilité de la pratique, assimilation des contraintes et accommodation, élaboration de représentations mentales efficaces   de   l’activité,   de   l’acte   ou   de   la  

technique de soins, utilisation  de  la  synergie  de  l’équipe, stabilisation  d’un  mode  de  coordination, compréhension et intégration   du   sens   de   l’action menée en fonction de la situation :

« action située », utilisation des erreurs comme moyen pédagogique (remédiation) et des réussites

(approfondissement), interrogation sur ses processus mentaux, réflexion et analyse sur ses ressources et ses

pratiques : métacognition activation de toutes les ressources utiles avant,   pendant   et   après   l’action (savoirs,

connaissance du délai, des règles de qualité, du résultat et de la performance), acquisition de stratégies, de résolution de problèmes, questionnement et échange de feedbacks entre   les   professionnels   et   l’étudiant  

constants tout au long de cette phase, pour s'assurer que les actions effectuées par l’étudiant  sont  comprises  et  reliées  à  ses  savoirs,

motivation  d’accomplissement,  reconnaissance de son rôle, de son utilité, sentiment de reconnaissance  et  d’acceptation  dans  l’équipe.

- La phase d’explicitation où l’étudiant analyse son action de manière à la comprendre parfaitement  pour  la  mémoriser.  Il  fait  le  récit  de  l’expérience  vécue,  discerne  les  différentes  étapes,  les  ordonne  et  décrit  la  manière  dont  il  s’est  pris  pour  mener  l’action  à  son terme « je dis  ce  que   j’ai   fait » Le  tuteur   l’aide  par  un  questionnement  « que  s’est-il passé ensuite ? à partir de quelle étape, avez-vous ressenti de la difficulté ? » La mémorisation ne consiste pas seulement   à   retenir   mais   à   construire   l’action, à identifier les étapes importantes (indications, matériel nécessaire, préparation physique et psychologique du patient, vérification de la procédure de soin, réalisation technique du geste, évaluation du suivi de la procédure, efficacité : du résultat ou des objectifs à atteindre), à prévoir les conséquences (surveillance après le soin de   l’état  du  patient, complications et risques)…  . Nous retenons 10% de ce que nous entendons, 50% de ce que nous voyons et entendons, 80 % de ce que nous voyons, entendons et verbalisons et 90 % de ce que nous voyons, entendons, verbalisons et expérimentons.

- La  phase  d’évaluation  consiste à la fois à évaluer la procédure de soins et le résultat ou les buts à   atteindre.   Le   processus   d’auto-évaluation   permet   d’améliorer   ses compétences en

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évaluant  l’efficacité  de  l’action par rapport aux bonnes pratiques à travers le mieux-être du patient.  L’évaluation  par  un tiers favorise  la  réflexion  d’une  part  sur  les  points  à  acquérir  et  d’autre  part  sur  les  points  forts.  Pour guider sa réflexion,  l’étudiant  identifie  en  premier  lieu,  les ressources utilisées (savoir théorique, discussions et pratiques internes dans le service, publications  professionnelles…). Ensuite, il peut poser des questions aux professionnels de proximité : « d’après vous,   qu’est-ce   que   j’ai   bien   fait ? Sur quels points dois-je m’améliorer ? »

- La phase de conceptualisation et de modélisation où l’étudiant comprend que la situation

de soins apprise peut être réutilisée   et   servir   de  modèle   pour   d’autres   « je comprends le principe ». À partir  de  sa  compréhension,   l’étudiant  est capable de formaliser des idées et des  concepts.  L’idée  est  liée  à  la  perception  de  la  réalité. Cette perception est subjective car elle est liée à la personnalité de  l’individu, à son éducation, à sa culture, à ses émotions et à son vécu. Le concept théorique est une représentation schématique intellectuelle. Ainsi, l’étudiant  est  capable  de  définir  par  exemple  les  besoins  fondamentaux  d’une  personne,  les  soins infirmiers, la qualité de vie, la dépendance…   grâce à ses connaissances en sciences biologiques et médicales, sciences humaines, sciences et techniques infirmières... les concepts se forment soit à partir des idées, des expériences  et  des  rapprochements  qu’il fait entre eux : par la généralisation.  Soit  en  les  distinguant  entre  eux,    c’est  alors  un  concept  par  discrimination. Le concept scientifique met en jeu des opérations mentales (généralisation ou discrimination) qui sont reliés entre eux selon des liens logiques ce qui facilite la compréhension  et  l’apprentissage  de  l’étudiant.  

Le concept est pragmatique   lorsqu’il   se   forme  à  partir  de   l’action.   Il  permet  de  reproduire  l’acte  ou  l’activité  sans  mettre  en  place  un  raisonnement  long  et laborieux. Ainsi,   l’étudiant  après avoir observé le tuteur, compris le « pourquoi » et le « comment » de son acte pourra à son tour agir. Il saura « savoir  ce  qu’il  faut  faire » et il « pourra le faire » car son action sera porteuse de sens. Par exemple, dans un service vasculaire, pour la pose de bandage de contention, il connaîtra les indications (prévention thrombophlébite), il reliera son geste à sa connaissance des troubles circulatoires veineux et artériels des membres inférieurs, des signes  d’apparition  d’une  phlébite,  des  troubles  trophiques  d’origine circulatoire. Il préparera le matériel adéquat et réfléchira au taux de compression. Il préparera le patient, réalisera le geste  technique,  s’assurera de  l’absence  de  douleur,  vérifiera à son retrait que la bande ou le bas   n’ait   pas   été   traumatisant. Il évaluera la procédure de soins (adéquation avec la prescription et adaptation de la taille au patient, bonne technique de pose, délai de maintien ou de contention respecté). Puis le résultat : il s’assurera  que  la  contention  a  évité  ou  limité  les complications dues aux insuffisances veineuses. Les concepts pragmatiques sont liés à l’efficacité de   l’action. La   réalisation   de   l’activité  permet de réorganiser les connaissances et   d’en   trouver   une   autre   signification grâce à la réflexion. Les concepts théoriques   vont   être   pragmatisés   c’est-à-dire   qu’ils   vont   servir   à  nourrir et à analyser la réalité et  rendre  l’étudiant  opérationnel. L’action  amène  l’opérateur  à  réfléchir sur la qualité de son exécution ce qui met en évidence la structure conceptuelle de la situation. L’analyse  réflexive est  un  outil  pour  le  formé,  qui  a  pour  objectif  d’acquérir une

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meilleure  compréhension  des  effets  de  son  action,  afin  qu’il  puisse  l’ajuster,  la  réviser  en  cas    de non acquisition. En  cas  de  succès,  l’étudiant  sera  ensuite capable de la transférer dans des situations  différentes.  La  conceptualisation  fait  de  l’action  une  résultante  de  ce  que  l’étudiant  sait  déjà  à  travers  les  unités  d’enseignement,  ses  stages  précédents  et  la  situation  à  laquelle  il  doit faire face. Le développement   des   compétences   implique,   d’une   part,   l’acquisition   de  concepts théoriques (scientifiques, techniques), des concepts pragmatiques,   d’indicateurs  (données   significatives,   observations   factuelles),   de   modes   d’action,   et   d’autre   part   une  corrélation entre  les  connaissances  théoriques  enseignées  à  l’Institut  et  l’opérationnel acquis en stage.

- La phase de transfert qui fait entrevoir que le geste, la technique ou la situation de soins apprise peuvent être utilisés ou transférés à d’autres   situations. Cela consiste à utiliser l’expérience  et la connaissance acquises dans  d’autres  situations  similaires  ou  différentes  en  s’accommodant   et   en   s’adaptant : « je transpose ». Pour   l’activer,   l’étudiant   se   pose   les  questions suivantes : « Ai-je déjà rencontré cette situation auparavant ? En quoi est-elle semblable ou différente à celle que je connais ? Que dois-je faire ? Est-ce que mon questionnement et mes propositions me rapprochent   d’une   solution ? Quelle stratégie nouvelle pourrais-je appliquer ?... ».

- La phase de renforcement : par son feed-back,   le   tuteur   renforce   l’intégration  des   savoirs,  des savoir-faire, des attitudes et des comportements en adéquation avec le métier d’infirmier.

Les étapes pédagogiques utilisées par le tuteur

Les étapes pédagogiques  déterminent  la  progression  utilisée  par  le  tuteur  pour  amener  l’étudiant  à  apprendre son métier :

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Figure 5.6 les étapes pédagogiques du tuteur

Expliquer

Avant de réaliser toute action, le tuteur indique la démarche  ou   l’acte,   l’activité qu’il   va  accomplir  afin de :

- préparer l’étudiant     à   ce   qui   va   suivre : il sollicite sa concentration, sa représentation mentale  afin  qu’il  « se fasse une idée des choses »,  il  définit  l’objectif (alimentation entérale ou vidange gastrique) et   l’intérêt  de   l’acte  qu’il  va  effectuer  « pose  d’une  sonde  gastrique  par voie nasale» par exemple, il lui présente le matériel, le   protocole…   Il   l’intéresse au résultat à atteindre avant de glisser la sonde par une narine. Le tuteur attire  l’attention  sur  les  points  délicats  de  l’acte  ou  du  geste  technique.  

- faire comprendre : pour cela le tuteur questionne   l’étudiant   sur   ce   qu’il   sait, organise l’information,  la  déploie en plusieurs étapes ou la simplifie si elle est complexe.

- donner du sens  à  l’action : le tuteur explique comment et pourquoi il va procéder de telle ou telle  façon  car  chaque  geste,  attitude,  procédure…  a  une  fonction  et  une  finalité  précises.

- stimuler son attention, son intérêt pour que l’étudiant   retienne   plus   facilement. On mémorise  davantage  ce  que  l’on  fait  avec  plaisir  qu’avec  effort.

- faciliter la mémorisation pour  que  l’étudiant puisse avoir toutes les chances de reproduire au début de   l’apprentissage   à   l’identique  avant  de  personnaliser   sa  méthode ou résoudre par lui-même le problème.

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La démarche interrogative ou la maïeutique de Socrate : on attribue à Socrate, philosophe né  en  469  avant  notre  ère,  l’art  du  questionnement  pour  faire  accoucher  l’esprit  humain  en  partant du principe que celui qui a un problème porte en lui la solution. Le mot maïeutique est  d’origine  grecque et signifie :  l’art  d’accoucher.  Le  tuteur  utilise  la  méthode  interrogative  à  l’égard  du  tutoré  pour  chercher  à  cerner  ses  connaissances  et  les  lui  faire  conceptualiser  :  « Connaissez-vous cet appareil ? L’avez-vous déjà utilisé ? Dans quelles occasions ? » Les questions ouvertes sur ses connaissances et ses expériences passées, donnent au tuteur une certaine appréciation sur les  notions  déjà  connues  de  l’étudiant, celles à revoir ou à lui faire découvrir ainsi que ses représentations mentales, ses confusions ou ses représentations biaisées….  Cette  discussion  favorise  les  éclaircissements  et  le  prépare  à  la  démonstration  du  tuteur  qui  vise  à  lancer  l’action.  

La démarche inductive : Le raisonnement inductif est basé sur un enchaînement logique qui à  partir  des  effets  remontent  jusqu’aux  causes  qui les ont produits. La première étape est la formulation   d’hypothèses à   partir   de   l’observation   ou   des   informations   connues ou collectées.  Puis,  l’hypothèse  est  testée  en  vue  de  découvrir  s’il  existe  une  autre  situation  qui  produirait   les  mêmes  effets   sans  qu’elles   soient  dues  aux  mêmes   causes.   Par  exemple,  un  enfant blessé. Première hypothèse, il est tombé. Mais il pourrait être victime de violence. Si l’enfant  confirme  qu’il  est  tombé  et  peut  en  décrire   les  circonstances  exactes,  que  celles-ci sont confirmées par des  parents  à   l’attitude  aimante,   il a tout lieu de croire à la première hypothèse. En  cas  de  doute,  l’infirmier  montrera  à  l’étudiant  la  manière  d’isoler  l’enfant,  de pousser  davantage   l’entretien  auprès  de   l’enfant   (puis  des  parents)  et,   rechercher  d’autres  signes cliniques qui pourraient   évoquer   une  maltraitance.   Il   lui   demandera   d’expliquer   les  raison de son attitude neutre.

La démarche déductive : Le raisonnement déductif est basé sur un enchaînement logique qui consiste   à   déduire   une   information   nouvelle   d’un   ensemble   d’informations   ou   de  connaissances.  Par  exemple,  si  l’étudiant sait que le patient tente de vaincre son alcoolisme sans motivation réelle, il peut en déduire que la mort de sa femme va aggraver son addiction.

La démarche analogique : Cette démarche consiste à transposer à un nouveau contexte, une pratique ou une solution déjà connue. « En quoi les opérations ou les situations sont-elles similaires ou se ressemblent-elles ? Pourquoi ?  Qu’est-ce  que  l’on  peut  comparer ?  Qu’est-ce qui peut les rapprocher ? »

Le tuteur (ou les professionnels de proximité) explique ce  qu’il fait : pour qui, pourquoi, comment, dans quel contexte : de quelles informations dispose-t-il ? Comment adapte-t-il les soins aux besoins et aux attentes du patient ? Quelles mesures appropriées met-il   en  œuvre ? Quelles compétences utilise-t-il ? Quelles ressources mobilise-t-il ? Pour atteindre quels résultats ? Quelles circonstances peuvent modifier la manière de faire ? Les raisons c’est-à-dire les motifs de son action : soins quotidiens, à visée diagnostique, éducation thérapeutique, promotion de la santé, prévention. La manière   dont   il   s’y   prend : outils, techniques, équipements, méthodes, procédures, protocoles utilisés, relation avec le patient, obtention de son consentement, respect des bonnes pratiques,

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prévention   des   risques,   qualité   de   la   surveillance   et   du   suivi,   avec   la   collaboration   d’autres  professionnels…

tandis  que  l’étudiant  en  observant  et  en  écoutant  relient  les  explications  du  tuteur  ou  d’un  membre  de  l’équipe  à  ses  savoirs  organisés.

Montrer

Le tuteur et les professionnels de proximité montrent :

les soins en indiquant les circonstances pour lesquelles le soin est dispensé, les différents enchaînements, les raisons et surtout les relient à la situation particulière ;

le matériel et si nécessaire, le fonctionnement, le réglage ou le montage ;

les  modalités  d’installation,  d’information,  d’éducation  et  de  négociation du soin avec le patient ;

les différentes actions à effectuer, à surveiller ou à superviser ;

les  règles  d’hygiène,  de  sécurité,  d’ergonomie…à respecter ;

les procédures, les protocoles employés (transversaux, de service, dans le  cadre  d’une  urgence  vitale…) ;

les comportements et attitudes professionnelles.

Faire faire en autonomie ou en accompagnement

L’étudiant   n’est   pas   un   simple   spectateur,   il   doit   apprendre   en   stage   à  être pleinement acteur en contribuant à la mise en œuvre des traitements et en réalisant des soins, éducatifs, relationnels, techniques. La  mémorisation  a  besoin  à  la  fois,  de  répétition  et  de  gestuelle.  L’apprentissage  se  fait  par   l’essai   et   par   l’erreur.   Le   tuteur   ne   doit   pas   assimiler   l’erreur   à   une   faute inexcusable, il doit l’exploiter  pour  que  l’étudiant  analyse  le  dysfonctionnement  et  ses  conséquences  possibles.  Pour  ce  faire, il pratique le questionnement : « Pourquoi faut-il remplir la seringue généralement à 50 ml pour un passage sur 10 heures et non de 48 ml ? Pour quelles raisons ne faut-il pas injecter une solution qui contient des particules ou des dépôts ? ». L’exploitation  constructive    de  l’erreur  invite  à  la réflexion alors que la colère du tuteur incite au ressentiment et à la détérioration du climat de confiance.

Selon   ses   compétences,   l’étudiant sera accompagné ou autonome dans le secteur confié. Il fera preuve,   de   raisonnement   clinique,   d’organisation,   d’analyse,   d’évaluation   de   la   qualité   des   soins,  d’auto-évaluation,  d’enseignement (envers les aides-soignants, auxiliaires de puériculture, les aides

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médico-psychologiques) et de recherche. Il   est   utile   qu’il   apprenne   à   son   tour   à   analyser   et   à  argumenter   son   action.   Le   tuteur   interviendra   pour   aider   l’étudiant   dans   des   résolutions   de  problèmes (non pas en lui donnant la solution mais en accompagnant son raisonnement et les passerelles  avec  ses  savoirs  théoriques  ou  d’autres    ressources).

Interagir

ll   y   a   interaction   entre   l’étudiant   et   le   tuteur   c’est-à   dire   qu’il   existe   une   relation   dynamique de communication  et  d’échanges mutuels à partir :

- de la situation de soins qui est à la base de la pratique soignante ;

- des   bonnes   pratiques,   des   valeurs   professionnelles,   de   la   déontologie,   d’éthique,   de   la  réglementation servant de repères et permettant  de  réagir  en  cas  d’écart ;

- du portfolio : une  proposition  de  progression  est  inscrite  sur  le  portfolio.  Ainsi  l’étudiant  peut  mesurer ses écarts  au  regard  d’un  référentiel ;

- de  l’erreur  qui  sollicite  l’étudiant  sur  l’analyse  et  la  correction  tandis que le tuteur procède à une réflexion sur la qualité de ses explications ou de sa démonstration ;

- du feed-back  du  tuteur  à  l’étudiant  sur  la  qualité  de  son  stage et vice-versa;

- du  questionnement  du  tuteur  qui  favorise  la  mémorisation  et  rend  actif  l’étudiant qui peut à son tour interroger le tuteur ;

- de la  confrontation  entre  ce  que  l’on  apprend  à  l’IFSI  et  ce  que  les  professionnels  pratiquent   sur le terrain ce qui favorise  la  progression  de  l’étudiant  et  du  tuteur  (par  la  remise  en  cause  de méthodes dépassées   et   l’apprentissage   de   nouvelles   techniques),   de   même   que   la  confrontation de points de vue entre les générations, les étudiants, les formateurs et les professionnels.

Évaluer

Le verbe évaluer se réfère à deux notions : apprécier et mesurer. Il ne   s’agit   donc   pas   de   juger,  critiquer,  comparer,  culpabiliser,  interpréter,  imaginer…  .  Apprécier  c’est  constater  les  compétences  acquises,   faire   le   point   sur   la   progression,   examiner   les   conditions   dans   lesquelles   l’étudiant   a  procédé à des activités en étant autonome, reconnaître la valeur de son travail, de son intégration dans  l’équipe,  de  son  potentiel.  Mesurer  c’est  le  contraire  d’interpréter,  d’imaginer  dans  la  mesure  où   le   tuteur   se   sert  d’indicateurs  objectifs  préalablement  définis  pour  avoir  une   vraie visibilité sur l’évaluation  des  compétences.  Bien  mené,   l’évaluation  est  un   levier  pour  accroître   la  motivation,   la  ténacité  et  l’estime  de  soi  de  l’étudiant.  

L’évaluation   est   constructive   dans   la   mesure   où   l’étudiant   peut   porter   un   regard   sur   son  apprentissage (les acquis) et être le pilote de sa formation. Grâce au tuteur, il identifie ses progrès ce qui   l’encourage   encore   plus   dans   ses   efforts.   Il   se   rend   compte   des   écarts   ce   qui   le   stimule   pour  

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progresser. La confrontation avec la perception du tuteur, sa réalisation par rapport au portfolio et aux exigences du métier  l’aide  à  progresser.

Pour   être   pleinement   efficace,   l’entretien   d’évaluation     ou   de   suivi   ne   doit   pas   être   considéré   ni  comme un simple formalisme ni comme un passage obligé. Le tuteur  n’évalue  jamais  l’étudiant  mais  ses   compétences   c’est-à-dire ses ressources (connaissances, modes de raisonnement, capacités, aptitudes   …),   ses   pratiques   professionnelles et sa capacité à gérer une situation.   Évaluer   c’est  comparer une donnée observée avec une valeur de référence. Le référentiel de formation définit les capacités exigées pour les missions et les tâches correspondant à un statut professionnel. Chaque critère et chaque indicateur fixent au préalable les objectifs à atteindre.

Le déroulement  de  l’évaluation  obéit  à  certaines  règles :

introduire  l’entretien : car  une  fois  encore,  l’accueil  est  primordial.  Le  tuteur  invite  l’étudiant  dans un lieu calme, veille à ne pas être dérangé, explique le rôle de la rencontre, précise la durée  de  l’entretien.

maintenir la confiance : l’entretien  ne  doit  pas  nuire  à  la  qualité  de  la  relation  établie  entre  le  tuteur  et  l’étudiant.  L’évaluation  est  factuelle,  ce  n’est  ni  un  jugement  basé  sur  des  opinions  « vous  êtes  irresponsable… », ni sur des impressions favorables ou défavorables, ni encore la transcription   des   préjugés   ou   de   la   rumeur.   L’évaluateur   bannit   l’expression   « on   m’a   dit  que… ». L’appréciation   est   réalisée   objectivement   c’est-à-dire à partir des indicateurs du portfolio et de  faits  ou  d’événements significatifs observés par le tuteur. Le tuteur doit être attentif  sur  sa  manière  de  communiquer.  L’appréhension  de  l’évaluateur  inexpérimenté  peut  le rendre trop autoritaire ou au contraire trop rassurant ou complice. Les expressions négatives sur la  démarche  de  l’entretien  nuisent  en  faisant  perdre  de  la  crédibilité  au  tuteur  « comme  je  n’ai  pas  le  choix,  je  dois  vous  recevoir  pour  faire le bilan de votre stage …  j’ai  reçu  l’ordre  de  vous  évaluer…  c’est  mon  devoir  …  vous  devez  me  comprendre… ». Par conséquent, elles sont à bannir !

écouter   l’auto-évaluation de  l’étudiant : Le  tuteur   invite   l’étudiant  à  prendre  la  parole afin qu’il  donne  son  sentiment   sur   son  acquisition  de  compétences  durant   son  stage. Le tuteur écoute avec attention. Il doit être concentré pour analyser le message de son interlocuteur, repérer les écarts entre le bilan fait par le stagiaire et par lui-même, noter les points à clarifier, faire abstraction des différences culturelles et des filtres socio-éducatifs. Cette auto-évaluation  facilite  l’évaluation  du  tuteur  lorsqu’elles  sont  identiques  ou  lorsque  l’étudiant  se  sous-évalue. Dans ce dernier cas, le rôle du tuteur consiste à le rassurer sur ses compétences et  à  l’encourager.  En  revanche,  lorsque  l’étudiant  se  surévalue,  le  tuteur doit confronter son observation  à  celle  de   l’étudiant,   sans   le  mettre  en  position  défensive  afin  d’éveiller  en   lui  une prise de conscience des progrès à réaliser.

identifier  les  écarts  lors  d’un  entretien  de  suivi  et  les  objectifs à atteindre Lorsque l’étudiant  connaît  des  difficultés,  l’entretien  de  suivi  n’a  pas  pour  but  de  lui  faire  des  reproches  mais  de  l’aider  dans  sa  démarche  d’acquisition  de  compétences.  L’évaluation entre

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le  tuteur  et  l’étudiant peut être dissemblable à cause de la différence de perception que ce soit sur le travail proprement dit ou le comportement. Le  tuteur  doit  donc  s’appuyer  sur  des  indicateurs précis : « Qu’est-ce ce que je dois vérifier ?  Qu’est  ce  qui  me  permet  de  dire  que  la  compétence est maîtrisée ? Quels signes visibles ai-je observés ? Quel est le niveau d’exigence   ? Qu’est-ce qui va déclencher mon appréciation : acquis, non acquis ou à améliorer ? » En   cas   de   divergence,   le   tuteur   s’assure   d’avoir   justifié   ses   appréciations   par  des faits précis, quantitatifs, observables (erreurs, manque de pertinence, manque de traçabilité, non-respect  des  bonnes  pratiques,  non  suivi  des  protocoles…).

Il reste ouvert aux   arguments   avancés   par   l’étudiant   et les analyse avec objectivité. L’entretien  est  participatif,  chacune  des  parties a donc la possibilité de  s’exprimer  librement  si bien que  l’évaluation  peut  virer  au  conflit  si  l’étudiant  conteste la vision du tuteur.

Les objections du tutoré peuvent prendre les formes suivantes :

- le  déni,  l’ignorance : « ce  n’est  pas  vrai,  je maîtrise parfaitement la pose de cathéter » - l’accusation : « si  je  n’y  arrive  pas,  c’est  de  la  faute  du  service …. » - la minimisation : « mon  erreur  dans  le  calcul  de  dose  n’est vraiment pas bien grave … » - la dévalorisation : « si   je   n’étais   pas   si   nul,     j’aurai   pu   penser   à   aller   chercher   le   chariot  

d’urgences» - la culpabilisation : « si  on  m’avait  davantage  montré le soin du cordon, je saurai le faire » - le  rejet  de  l’indicateur : « ce  n’est  pas  à  moi  de  le  faire mais aux aides-soignantes» - la mauvaise foi : « je   ne   suis   pas   d’accord   avec   vous   car   je   maîtrise   parfaitement   bien le

branchement  d’une  hémodialyse »… Le tuteur respecte les règles de la communication et fait preuve de maturité émotionnelle. Il prend suffisamment de recul pour ne pas se laisser emporter par ses émotions ce qui aurait pour conséquence   d’activer   les mécanismes de défense du stagiaire. Il reste factuel, par exemple si l’étudiant  minimise   son   erreur   de   calcul   de   dose,   il   en   explique   les   conséquences   pour   le   patient. Dans le déni ou la mauvaise foi, le tuteur fait   reformuler   les   étapes   du   geste   à   l’étudiant   ou   lui  explique les raisons pour lesquelles il ne faut pas par exemple perfuser   du   côté   d’une   prothèse  orthopédique ou vasculaire en préopératoire. Dans  le  rejet  de  l’indicateur,  il développe  l’intérêt  de  réaliser certaines activités même   si   elles   apparaissent   peu   gratifiantes   et   il   rappelle   qu’elles   font  partie du rôle propre etc…   D’une   manière   générale,   les divergences sont traitées par du professionnalisme et  non  par  de  l’émotionnel.

Savoir conclure Le tuteur résume rapidement les points forts et les axes de progrès. La conclusion est chaleureuse et encourageante. Il réaffirme son   soutien   à   l’étudiant.   Si   aucun   écart   n’est   constaté,   le   tuteur  considère que les compétences ciblées  sont  acquises,  il  félicite  l’étudiant  et  l’encourage  à  poursuivre jusqu’à  la  fin  du  stage.

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Réagir

Lorsque   les  deux   interlocuteurs   sont  d’accord  sur   les   indicateurs à améliorer lors  de   l’entretien  de  suivi,   ils   prévoient   un   plan   d’action   pour   réduire les écarts ou remédier aux dysfonctionnements avant la fin du stage.  Idéalement,  il  est  préférable  de  faire  trouver  la  solution  à  l’étudiant  plutôt  que  de  la  lui  imposer.  Ce  dernier  s’engage  alors  à  la  mettre  en  œuvre  ou  à  corriger  son  attitude si l’écart  porte sur un problème de comportement. Lors  d’une évaluation négative ou de la non acquisition de critères, l’étudiant   ne   doit   pas   la   vivre   comme   un   échec   personnel  mais   comme   une   occasion   de  progresser  et  de   revoir   sa  manière  d’apprendre  et  de  procéder. Il ne doit pas se laisser envahir et guider par de la colère ou du découragement. Toute remarque est une opportunité pour devenir un bon professionnel. Si  par  exemple,  l’étudiant  a  de  la  difficulté  dans  le  calcul  de  doses,  il  aura  à  cœur  de travailler particulièrement cet indicateur. De   son   côté,   le   tuteur   contrôle   l’efficacité   du   rythme  d’apprentissage,  de  sa  méthode  pédagogique  et  de  celle  des  professionnels  de  proximité.  

Synthèse des différentes  phases  d’apprentissage  et  l’interaction  entre  l’étudiant et le tuteur peuvent être résumées ainsi :

Phases  d’apprentissage  de  l’ETUDIANT

Etapes pédagogiques utilisées par le TUTEUR

Phase de motivation à apprendre Motivation à transmettre

Phase d’attention Préparation  de  l’étudiant à la démonstration réalisée par le tuteur

Phase  d’observation Lien  avec  les  unités  d’enseignement et autres ressources

Démonstration Commentaires

Mémorisation Phase de rétention (emmagasinage) Phase  d’action  

Laisser agir Observation de  l’étudiant Soutien Encouragement Intervention  en  cas  d’erreur  majeure    (danger  pour  l’étudiant  ou  le  patient)

Phase  d’autoévaluation  et  d’analyse  réflexive  

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Phase d’explicitation   Métacognition Verbalisation :   décrire,   analyser   l’action,   examiner  l’efficacité  

Écoute active Repérage des erreurs mineures Analyse réflexive sur sa pratique personnelle « comment aurais-je fait  à  la  place  de  l’étudiant ? Pourquoi ? » Évaluation

Intégration Appropriation Phase de conceptualisation et de modélisation

Faciliter  l’appropriation  par  du  rappel, des liens avec le savoir théorique et les expériences passées

Stabilisation Adaptation à de nouvelles situations professionnelles Phase de transfert Anticipation

Promouvoir le transfert de  l’apprentissage  en  le  confrontant  à  des  situations différentes

Phase de performance Donner  des  axes  de  progression  et  d’amélioration

Phase de renforcement Donner du feed-back

L’adaptation  de  la  pédagogie  au  parcours  de l’étudiant

Tous   les  étudiants  ne  progressent  pas  à   la  même  vitesse.  L’intérêt  du  portfolio  est  de permettre à chaque  intervenant  d’identifier le parcours de chaque stagiaire et  d’adapter  sa  pédagogie  en  fonction  des compétences à acquérir. Le premier entretien est primordial pour les identifier.

De  plus,  chaque  étudiant  n’a  pas  la  même  manière  d’apprendre en fonction de :

- sa prédominance sensorielle : certains sont plus visuels (ils ont besoin de voir faire pour apprendre, de faire appel à des supports, intègrent par des représentations mentales), d’autres  sont  plus  auditifs  (ils  retiennent  davantage les explications fournis en  s’appuyant  sur  la chronologie de  l’explication),  d’autres  sont  plus  kinesthésiques  (ils    apprennent  davantage  par le toucher) ;

- son approche plutôt analytique (se focalise sur les détails, étudiant rationnel) ou globale (a une vision globale, étudiant intuitif) ;

- son tempérament contrôlé   ou   impulsif   :   soit   en   réfléchissant   avant   d’agir   (avec   une  préférence  pour  la  logique,  le  concret),  soit  en  agissant  d’abord  et  en  réfléchissant  après    (à  l’aise  dans  l’abstrait,  la  créativité) ;

- sa gestion des risques : prend des risques (personnalité téméraire) ou au contraire, ne s’expose  pas  de  peur  d’échouer  (personnalité  prudente) ;

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- sa capacité à accomplir une ou plusieurs tâches en même temps : la personnalité monochrone aime   traiter   une   seule   chose   à   la   fois,   ne   passe   à   un   autre   objectif   qu’après avoir atteint le premier tandis  qu’une  personnalité  polychrone  peut mener plusieurs activités à la fois ;

- son degré de conformisme ou de créativité : certains étudiants conformistes respectent les usages, les normes et les opinions du plus grand nombre, respectent les recommandations du   tuteur,   les   limites   fixés…   tandis   que   d’autres   ont   une   plus   une grande tolérance à la complexité, à l’ambiguïté,   n’aiment pas raisonner comme tout le monde, aiment se différencier,  ont  le  sens  de  l’humour,  se trouvent inventifs…

- son estime de soi :   certains   étudiants   à   l’estime   de   soi   déficitaire   ont   tendance   à   se  dévaloriser,   alors   qu’une   bonne   estime   de   soi   favorise   une   vision   de   soi   réaliste : points faibles et points forts ;

- son émotivité : tous les êtres humains ont des émotions mais leur intensité est plus ou moins forte  d’un  individu  à  un  autre ;

- son caractère extraverti ou introverti : certaines personnes sont naturellement ouvertes aux autres,  d’autres  sont  plus  repliées  sur  elles-mêmes ;

- sa motivation intrinsèque : la motivation permet à l’étudiant   de   maintenir   son   action d’apprentissage en vue d’obtenir   en   final   son   diplôme,   objectif   qu’il   considère   comme  fortement   désirable.   Elle   donne   à   son   intention   de   l’intensité,   une   direction   et   de   la  persévérance. Cette motivation est plus ou moins forte.

Ainsi, le tuteur, conscient des différences entre les personnalités : • respecte  les  différences  dans  la  perception,  les  croyances,  les  émotions…

• n’impose  pas  une solution  mais  invite  l’étudiant  à en trouver une ;

• ne confond pas les faits qui sont objectifs avec ses opinions qui sont subjectives ;

• écoute   l’étudiant sans   renoncer   pour   autant     à   son   point   de   vue,   l’invite   à   s’exprimer   et   à  

confronter son opinion, la confrontation fait naître des solutions nouvelles ;

• s’efforce de  se  mettre  à  la  place  de  l’étudiant ;

• n’hésite  pas  à  reformuler  la  solution  commune  afin  d’être  certain de celle-ci ;

• trouve une solution gagnant-gagnant en cas de conflits ;

• applique une pédagogie différenciée.

Les erreurs pédagogiques à éviter

Le tuteur est animé du désir de bien faire et de transmettre son métier mais il doit être attentif à ne pas tomber dans le piège des erreurs pédagogiques les plus fréquentes qui sont de :

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- se centrer sur des actes et des activités et négliger les situations de   soins   car   l’évaluation  porte sur  l’analyse  de  situations ;

- proposer une activité dont le but est trop éloigné de ses possibilités : il se décourage ; - lui donner des activités trop "sur mesure", privilégiant uniquement ses possibilités

immédiates : il ne va pas évoluer ; - vouloir en montrer trop :  l’étudiant  ne  va  pas  retenir ; - montrer trop rapidement sans expliquer : il ne va pas mémoriser ; - oublier de lui faire pratiquer après la démonstration : il ne va pas maîtriser ; - croire  qu’il  a  compris  et  ne  pas  faire de validation par la pratique ou la mise en situation: il ne

va ni retenir ni maîtriser ; - imposer  son  style  d’apprentissage  au  stagiaire  en  oubliant  que  nous  n’apprenons  pas  tous  de  

la même manière : il ne va pas apprendre ; - négliger de créer un climat de confiance :  il  risque  d’être  soumis  ou  rebelle ; - le  priver  d’autonomie  alors  qu’il  est  capable  de  gérer  seul  un  secteur  par  exemple. - ne   pas   féliciter   alors   que   cela   renforce   l’estime   de   soi   et   sa   motivation : par manque

d’encouragement,  il  risque  de  croire  qu’il  ne  progresse  pas  ; - l’interrompre  à  la  moindre  erreur : il ne va plus oser prendre des initiatives ; - imposer  des  délais  trop  courts  :  il  risque  de  se  décourager,  d’être  stressé.

L’auto-évaluation ou  l’analyse  réflexive  

L’entraînement  réflexif  est  l’une  des  exigences  de  la  formation des infirmières.

Mais  qu’est-ce  qu’une  posture  réflexive ?

Une pratique professionnelle n'est pas réflexive du  seul   fait  que   l’étudiant   réfléchisse  avant  d'agir,  analyse la situation, compare diverses options possibles de l'action, anticipe tels ou tels obstacles. Elle est réflexive lorsqu'il prend sa propre action comme   objet   de   sa   réflexion   (avant   l’action,  pendant  l’action,  après  l’action) dans  le  but  d’apprendre  de  son  expérience  pour  développer  d’autres  stratégies.  L’analyse  réflexive  fait  partie  intégrante  de  l’apprentissage  dans  la mesure où elle prépare à   affronter   d’autres   situations,   analogues  ou  nouvelles en réorganisant les connaissances (savoirs, références  scientifiques…). Elle contribue à fixer les savoirs et à les mobiliser en temps utile.

Avant  l’action,  l’étudiant  analyse  le  contexte,  s’interroge  sur  l’intérêt  de  l’action,  sur  sa  manière  dont  il va procéder, sur le matériel utilisé et son fonctionnement, contrôle les paramètres, relie   l’acte  à  ses connaissances, à la prescription, au protocole, au contexte, à la personne à   l’organisation  collective autour du patient dont  il  est  un  des  éléments  d’intervention  …  afin  d’optimiser  le  résultat.    

Pendant   l’action,   des  modifications   restent   possibles   afin   de   s’adapter   aux   réactions   du   patient,   à  adopter  une  meilleure  ergonomie,  à  un  imprévu,  à  une  complication…  

Après  l’action,  l’étudiant  évalue  la  qualité du soin et la justesse de son action afin de comprendre ses erreurs ou les critères de sa réussite, justifier ses actes et son raisonnement pour apprendre de l’expérience  (ne  pas  reproduire  les  mêmes  erreurs  ou  mémoriser). Il identifie les points forts et les

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points faibles. La pratique réflexive conduite a postériori consiste, à tenter de comprendre par quels enchaînements  de  raisonnements  ou  de  réactions  moins  réfléchies  l’étudiant    exécute  le  soin.    Il  peut  regretter, soit dans le registre éthique, relationnel soit dans le registre des   normes   d’hygiène,   de  sécurité,  d’ergonomie,  soit  dans  le  registre  émotionnel, soit dans le registre tactique, des actes qui ne servent pas ses intentions. Ce regard lucide et critique sur sa pratique lui permet de le confronter à celui des autres professionnels afin de mieux accueillir leur évaluation sur ses compétences.

Le stage est le support par excellence de   l’analyse   réflexive   de   l’étudiant   qui   peut   questionner la pratique   avec   l’aide   des   professionnels   et   des   formateurs.   L’étudiant comprend la liaison entre savoirs et actions afin de les intégrer dans la construction de ses compétences. La posture réflexive s’exerce  non  seulement  dans  le  positionnement  des  travaux  cliniques  ou  pratiques  mais  aussi  sur  les  acquis,   les   processus   et   les   stratégies   afin   d’en   dégager   des   principes   transposables.   La pratique réflexive n’est  donc  pas  à  confondre  avec  une  simple  réflexion  banale,  elle  s’appuie  sur  une approche méthodique de l'action, des données analytiques, des observations précises, la verbalisation des expériences. Elle   nourrit,   affine   les   savoirs   grâce   à   l’appropriation   et   approuve   ou   corrige   l’action  accomplie afin de développer des compétences et des savoirs  nouveaux  à  partir  de  l’expérience dans un  but  d’amélioration.

L’étudiant  doit  être  capable  pour  exercer  son  métier  non  seulement  de  fixer  ses  savoirs  mais  de  les  mobiliser dans toutes les situations possibles et  d’exercer  son  esprit  critique. En effet, la profession d’infirmier  est  un  métier  exigeant.   Il   suppose  une   réflexion  poussée  sur   les  pratiques,   l’éthique,   la qualité, les capacités organisationnelles, relationnelles et techniques. L’étudiant   apprend   non  seulement à évaluer les aspects matériels et techniques, mais également son action globale en approfondissant sa manière de faire : prévention et pertinence des soins, prise en charge des patients et des pathologies, prise en charge de la douleur, gestion des risques, respect des différentes normes (hygiène, sécurité, surveillance), qualité des soins ( dont la qualité de l’information  donnée  au  patient  et  à  sa  famille)  ,  éthique,  humanisme…  Il  sait décrire son action et le contexte (démarche utilisée, contraintes, problématique),  l’analyser (stratégies et logiques utilisées, imprévus, justification   de   ses   choix,   explication   sur   les   bénéfices/risques…)   et en examiner l’efficacité.  Il sait cerner et évoquer ses difficultés et ses réussites. Il comprend la liaison entre savoir et action et peut expliquer les liens entre eux qui mènent à des actions particulières. Le regard rétrospectif   sur   l’action suppose donc de travailler sur tous les aspects du métier. Par conséquent, l’étudiant   sait juger   tous   les   éléments  d’un  ensemble  et   ne   se  contente  d’en  sélectionner   certains pour se satisfaire de sa pratique. Ensuite, il est capable de modifier ou de conforter sa pratique.

Si   l’analyse   réflexive   est   individuelle,   elle   est soutenue   par   l’évaluation   du   tuteur   et   l’aide   du  formateur  de  l’IFSI,  l’ANALYSE  DE  PRATIQUE    (feuillet  du  portfolio)  et les groupes de réflexion.

La posture réflexive permet à  l’étudiant  de :

- se questionner avant, pendant et  après   l’action « Qu’est-ce que je dois faire ?  Qu’est-ce qui arriverait  si…    Qu’est-ce qui se passe ? Comment cela se passe ? Que  s’est-il passé ? Pourquoi cela  s’est-il passé ainsi ? Que puis-je faire pour améliorer ma pratique ?» ;

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- faire des allers-retours permanents entre la théorie   et   le   déroulement   de   l’action car apprendre  c’est  expérimenter  de  manière  réfléchie  en  vue  d’atteindre  le  résultat  souhaité ;

- concevoir et élaborer une description « comment  je  m’y  suis  pris  pour  faire  ce  que  je  viens  de  faire ? » et une explication de sa pratique « pourquoi   je   l’ai fais ainsi ? » par une distanciation entre lui-même et sa pratique ;

- progresser  à  travers  l’action  et la réflexion pour  s’affirmer  en  tant  que  professionnel, savoir agir  dans  l’urgence  et  décider  dans  l’incertitude ;

- modifier sa pratique grâce à sa mise à distance et son regard critique et constructif sur son agir professionnel ;

- identifier les bonnes pratiques de soins, les orientations éthiques, les références théoriques mobilisables,  les  normes…et les faire évoluer pour maintenir une expertise professionnelle ;

- se forger une identité professionnelle ; - d’avoir  de  réelles  compétences  plutôt  que  des  savoir-faire ; - transférer  ces  nouveaux  savoirs  d’action  dans  d’autres  situations  de  soins ; - verbaliser la pratique soignante ; - de  s’adapter  et  de  continuer  à  apprendre  tout  au  long  de  sa  vie  professionnelle.

Figure 5.7 La pratique réflexive

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L’exercice  de  la  compétence

La  compétence  permet  d’agir  et/  ou de résoudre un problème de manière pertinente et efficace en mobilisant   l’ensemble  des  savoirs,  savoir-faire et capacités de manière intégrée, dans une situation et un contexte donnés. Une compétence renvoie à une action réussie en lien avec le métier à exercer.

Ainsi, les   compétences   1   et   2   mettent   en   évidence   l’importance   de   l’évaluation   de   la   situation  clinique qui   oriente   l’action   du   professionnel et engendre une analyse réflexive sur son action. L’étudiant  sait  conduire  un  entretien  de  recueil  des  données,  évaluer les besoins et les attentes, les ressources   de   la   personne   ou   d’un   groupe,   élaborer   un   diagnostic   de   situation   clinique et/ou diagnostic infirmier ainsi que les risques. Il  est  capable  d’élaborer  un  projet  de  soins,  de  le  mettre  en  œuvre,  de  l’argumenter  et  de  l’évaluer.    

Les compétences C3, C4, C5, C6 sont centrées sur la prise en charge de la personne, la réalisation des soins et sur la relation avec le patient durant   les   soins.   L’accompagnement   de   la   personne   induit  d’avoir  posé  les  bases  de  l’alliance  thérapeutique,  d’adapter  les  soins  et  les  activités  à ses besoins et à ses attentes (en prenant en compte son état physique et psychologique, son histoire de vie, sa maladie, du contexte).   L’étudiant   est   capable   d’analyser   la   prescription  médicale,   d’en   repérer   les  anomalies, de préparer et de mettre en œuvre  l’administration  des  médicaments,  les  protocoles,  de  conduire  une  relation  d’aide,  de  prévoir,  d’installer  et  d’utiliser  les  appareils  et  dispositifs  médicaux,  d’identifier   les   risques,   d’assurer   la   traçabilité,   d’initier   et   de   concevoir,   formaliser   et   mettre   en  œuvre  des  soins  éducatifs  et  préventifs,  d’instaurer  et  de  conduire  une  relation  dans  un  contexte  de  soins en tenant compte des altérations de communication, en recherchant le consentement.

C1 : Évaluer une situation clinique et établir un diagnostic dans le domaine infirmier

C2 : Concevoir et conduire un projet de soins infirmiers

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Les compétences C7, C8 exigent   une   distanciation   entre   l’étudiant   et   sa   pratique : par   l’analyse réflexive, l’étudiant   observe,   formalise   et   explicite   les   éléments   de   sa   pratique   professionnelle,   il  évalue les   soins,   l’application   des   règles   de   traçabilité,   des   différents   circuits   et   identifie   les   non-conformités. Par la recherche et le traitement des données professionnelles, il enrichit ses savoirs et sa pratique. Les compétences 7 et 8 sont évaluées également à travers le mémoire.

Les compétences 9 et 10 engagent l’étudiant  à  travailler  en  collaboration avec les aides-soignants, les stagiaires, les nouveaux arrivants, à les informer, les former et les évaluer :

La compétence s’exprime  dans  l’exercice  d’une  activité en combinant à la fois :

- Savoir théorique : comprendre, interpréter les  cours  et  toutes  sources  d’information; - Savoir procédural : comprendre la manière de procéder (le comment) ; - Savoir-faire procédural : savoir procéder ; - Savoir-faire expérientiel : mise  en  œuvre  du  savoir,  habileté  pratique,  dextérité ; - Savoir-faire relationnel et comportemental: savoir écouter, communiquer avec le patient et

sa famille, établir une relation empathique avec la bonne distance émotionnelle, savoir se comporter dans un contexte professionnel particulier ;

C3 : Accompagner une personne dans la réalisation de ses soins courants

C4 :  Mettre  en  œuvre des actions à visée diagnostique ou thérapeutique

C5 : Initier et mettre en  œuvre  des  soins  éducatifs et préventifs

C 6 : Communiquer et conduire une relation dans un contexte de soins

C7 : Analyser la qualité et améliorer sa pratique professionnelle

C8 : Rechercher et traiter des données professionnelles et techniques

C9 : Organiser et coordonner les interventions soignantes

C10 : Informer, former des professionnels et des personnes en formation

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- Savoir-faire cognitif :  savoir  traiter  l’information  pour  raisonner,   jugement clinique, analyser la situation et le contexte, utiliser des conclusions pour adapter la prise en charge, savoir résoudre un problème par la créativité, savoir transposer

en  vue  d’atteindre  un  résultat  efficace et de la satisfaction du patient.

Pour qu’une  compétence  puisse  s’exercer,  il  faut  3  conditions :

Figure  5.8  L’exercice  de  la  compétence

- Savoir agir : l’étudiant   s’interroge   sur ses connaissances « à quoi cette situation fait-elle référence ? » sur la manière dont ses pairs procèdent, « que feraient-ils dans cette situation ? Existe-t-il des procédures, des protocoles, des normes ? »

- Vouloir agir : l’étudiant   doit     être   animé   du   désir   de   prendre   des   initiatives,   d’agir   en  autonomie tout en étant conscient des limites de son rôle. Le vouloir agir donne du sens à l’action.  Elle  n’est  pas  imposée  par  le  tuteur,  elle  naît  du  désir  d’apprendre, de réaliser une activité, un acte ou une technique de soins de la part de l’étudiant.  

- Pouvoir agir : il  est  important  qu’en  fonction  de ses compétences le tuteur laisse à  l’étudiant la possibilité d’exercer  son  futur  métier.  L’apprentissage  passe  indéniablement  par  l’agir et le faire qui sont des phases de confrontation entre la théorie et la pratique, de mises en relation et de production de significations. C’est   en  expérimentant un geste, une activité, une   technique  que   l’étudiant  va  apprendre,  exprimer  et  approfondir   ses savoirs. Puis  c’est  par  l’analyse  de  son  action,  qu’il  progressera.

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L’évaluation  des compétences sur le lieu de stage

L’évaluation   consiste   à   évaluer   la   compétence   de   l’étudiant   c'est-à-dire ses pratiques professionnelles, la qualité des actes effectués, la mobilisation de ses ressources (savoirs, modes de raisonnement, méthodologie, attitude, comportement relationnel, posture réflexive…),  mais   jamais  sa personne.

L’évaluation  se  fait  toujours  à  partir  d’une  activité,  jamais  à  partir  d’une  opinion ou  d’un  sentiment. La  compétence  est  liée  à  la  situation  dans  laquelle  elle  s’exerce.  Elle  ne  se  limite  pas  à  l’expérience, elle   s’articule   autour   de la connaissance, de la capacité de (« l’étudiant   est   capable   de… »), et d’attitudes  appropriées  dans  le  but  d’agir,  d’interagir  et  de  réagir.

Elle mesure la progression de   l’étudiant. Le tuteur se renseigne au préalable auprès des professionnels  de  proximité  car  il  ne  travaille  pas  de  façon  continuelle  avec  l’étudiant.

L’évaluation  consiste  à  mesurer à  l’aide  de  critères  objectifs  et  des  indicateurs  du  portfolio : - Le savoir agir :   résultat   obtenu   par   l’étudiant   placé   en   situation   réelle,   la   manière   de  

procéder  dans  la  réalisation  de  l’activité - Le savoir pour agir : explications et argumentation de l’étudiant  sur  son  action  dans  le  cadre  

de  l’analyse  réflexive.  

Les indicateurs peuvent être qualitatifs (fiabilité, exhaustivité, dextérité, pertinences des explications, respect des normes …)  ou  quantitatifs   (nombre  de  patients  pouvant  être  pris  en  charge, temps de distribution  des  médicaments…)

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L’évaluation  est  un  moment   important  pour   l’étudiant   car  c’est  un  moment  particulier  d’échanges sur le processus de son apprentissage. Le  tuteur  va  l’encourager  en  lui  montrant  sa  progression  car  le  but  est  d’insister sur les axes de progrès plutôt que sur les compétences non acquises.

Qui  est  responsable  de  l’évaluation ?

Le  tuteur  est  responsable  de  l’évaluation  en  concertation  avec  l’équipe.  Le  portfolio  est  le  support  de  l’évaluation. Évaluer ne consiste pas seulement à   observer   la   pratique   par   l’étudiant   ou   écouter  l’analyse  de  sa  pratique.  Le  tuteur  évalue le degré de maîtrise du critère en posant des questions (aux équipes,   à   l’étudiant)   pour   bien   comprendre   la   manière   dont   l’étudiant   a   agi   et   pourquoi. Les indicateurs sont contextualités, concrets et observables. Le tuteur pratique lui-même une posture réflexive   ce   qui   lui   permet   de   prédire   et   d’évaluer   la   compétence   de   l’étudiant. Il y a évaluation lorsque le tuteur croise différentes informations pour affiner si le critère est acquis ou non. Il mesure l’écart  entre  ce  qu’il  attend  de  l’étudiant  et  l’action  de  l’étudiant.  

Sur  quoi  porte  l’évaluation  en  stage ? L’évaluation  porte  sur :

Les   éléments   d’acquisition   de   compétences   à   partir   des   critères et des indicateurs du référentiel de compétences

Les  actes,  activités  et  techniques  de  soins  réalisés  par  l’étudiant.  

Le  tuteur  formule  à  l’étudiant  ce  qui  motive  son  évaluation : ce qui est acquis, ce qui ne  l’est  pas,  ce  qui est à améliorer et en explique les raisons. L’évaluation  intermédiaire  ou  bilan  intermédiaire  ou  évaluation  de  suivi  permet  de  vérifier  l’atteinte  des   objectifs   de   l’étudiant   (personnels   et   institutionnels).   S’ils   ne   sont   pas   atteints,   le   tuteur   et  l’étudiant  en  analysent  les  raisons et les réajuste ;  s’ils  sont  atteints,  ils  formulent  une  progression  et  individualisée.

Qu’est-ce  qui  permet  de  dire  qu’une  compétence  est  maîtrisée ? Une  compétence  est  maîtrisée  lorsqu’elle  correspond  à  la  compétence  requise  pour  exercer  le  métier d’infirmier.   La compétence répond aux exigences de :

- efficacité, exactitude, exhaustivité, fiabilité :   l’étudiant   apporte   une   réponse   pertinente   et  efficace par sa pratique professionnelle et  l’utilisation  de  ses  ressources  pour  répondre  à  des  situations professionnelles existantes, nouvelles et imprévues (prévention, éducation à la gestion de la santé et de la maladie) ;

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- travail  en  équipe  et/ou  en  réseau  afin  d’assurer  la  continuité  des  soins ;

- compréhension/explicitation  de  l’acte  réalisé ;

- combinaison efficace entre les ressources internes et externes ;

- coordination gestuelle et dextérité. Exécution avec sécurité des gestes techniques dans le respect  des  différents  nomes  et  l’application  des  protocoles  et  des  procédures ;

- autonomie, responsabilité :   l’étudiant   est   acteur   dans   sa   formation,   il   participe   à   la  détermination de ses objectifs et à leur réalisation.

- transversalité et intrication : les compétences transverses : communication, relation avec le patient, analyse de la qualité, de sa pratique professionnelle, du traitement des données professionnelles et scientifiques, organisation et la coordination des interventions soignantes,   la   formation   et   l’accompagnement   des   aides-soignants, des stagiaires et des nouveaux arrivants se joignent aux compétences métier pour atteindre la compétence globale  du  métier  d’infirmier ;

- prise de recul :  grâce  aux  capacités  d’analyse  réflexive de  l’étudiant, il est capable de réfléchir sur son action, d’en  tirer  des  conséquences et de réajuster son action afin de progresser;

- résolution de problèmes :  l’étudiant  est  capable  de résoudre un problème face à un situation nouvelle, un contexte différent, à un problème complexe…  d’apporter  une  réponse  adéquate  et appropriée sans chercher à la puiser dans une solution préprogrammée (processus de contextualisation, de décontextualisation, de recontextualisation) ;

- intégration : l’étudiant   mobilise   l’ensemble   de   ses   ressources   cognitives   (connaissances,  attitudes et capacités) et métacognitives.

L’acquisition des critères : Le tuteur évalue le stage à partir de critères et d’indicateurs en  tenant  compte  de  l’avis  de  l’étudiant,  par exemple en pratiquant le questionnement « Pour ce patient, quelles informations avez-vous sélectionnées et pourquoi avez-vous   omis… ? De quelle manière avez-vous recueilli son consentement ?». Chaque compétence est décrite par plusieurs éléments qui précisent les composantes essentielles de la compétence (les critères) et les exigences pour obtenir la compétence (les indicateurs). Les critères  peuvent  porter  sur  les  résultats  directs  de  l’activité,  sur  le  savoir-faire  procédural  ou  encore  sur  la  compréhension,  l’explicitation.   4 possibilités pour renseigner la feuille sur  l’acquisition  ou  non  des  compétences :

non pratiqué (NP) : acte non réalisé  par  l’étudiant  ou si le critère est non évaluable non acquis (NA) :   acte   réalisé   par   l’étudiant   mais   non-conforme aux bonnes pratiques

utilisées dans le service

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à améliorer (AA):  acte  réalisé  par  l’étudiant  mais  la  réalisation  n’est  possible  qu’en présence du  professionnel  qui  guide  le  geste  de  l’étudiant  

acquis (A): le soin peut-être  confié  à  l’étudiant,  il  peut  le  réaliser  seul.   Pour cocher « acquis »,   il   faut   que   l’ensemble   des   indicateurs   soient   acquis.   Si   pour   l’un   des indicateurs, le tuteur a noté »non acquis », le critère d’évaluation   global ne peut pas donner « acquis ». Exemple pour la compétence 1 « évaluer une situation clinique et établir un diagnostic dans le domaine infirmier » : sous le premier critère « pertinence des informations   recherchées   au   regard   d’une   situation  donnée », le tuteur évaluera chaque indicateur en renseignant chacun des champs « consulte l’ensemble  des  sources  d’informations,  recherche  des  éléments  d’informations  pertinents,  utilise  des  informations fiables et actualisées, argumente le choix des informations ». C’est   au   regard   de   ces  différentes appréciations que le tuteur pourra affirmer si la compétence est acquise ou non, à améliorer ou à pratiquer. Dans tous les autres cas où un indicateur est acquis, deux à améliorer ou un à améliorer ou deux acquis  et  un  ou  plusieurs  non  pratiqués…  le  critère global est « à améliorer » : Critère  d’évaluation   A AA AA AA

- Indicateur 1 A A NP A - Indicateur 2 A NP AA A - Indicateur 3 A AA AA A - Indicateur 4 A A A AA

Dans   le   même   temps,   l’étudiant   remplit   son   portfolio   (PARCOURS : ACQUISITION DES COMPETENCES).  La  feuille  d’acquisition  des  compétences  et  le  portfolio  doivent  être  rigoureusement  identiques. Il faut être vigilant en remplissant le portfolio car les ratures et les traces de correcteur sont  interdites.  Dans  le  cas  d’une  erreur,  cependant,  le  tuteur  peut  raturer  et  signer  au  niveau  de  la  rature.

Il est tout à fait possible, que lors du précédent stage, le tuteur du stage est notifié « acquis » pour une compétence et que le tuteur actuel note « non acquis » pour la même compétence. « Acquis »  n’est  pas  une  mention  définitive.  En  effet,   la  référence  à  considérer  est   la  bonne pratique utilisée dans le service dont les exigences et la difficulté peuvent être variables. Les contextes, les situations de soins peuvent être différents. De plus, « acquis »   n’est   pas   synonyme  d’une  expertise  définitive,   les   stages   suivants  doivent  permettre  de   renforcer  ou  de   confirmer   ces  premières acquisitions.

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Exemple pour une compétence : Justesse dans la recherche de participation et de consentement du patient au projet de soins (qui  devra  faire   l’objet  de  plusieurs  mises en situations durant le même stage, par souci de simplification et pour faciliter la compréhension du lecteur,  l’exemple  ci-dessous ne  tient  compte  que  d’une  seule  situation)

Stage effectué en service de cardiologie NA

Stage effectué en chirurgie orthopédique A

Stage effectué aux Urgences NA

Pour la pose de pace maker, il  n’a  pas  pensé  à  recueillir ce que  savait  le  patient  et  ne  l’a  pas informé de la nécessité de poser un pace maker. Il n’a  pas  tenu  compte  de  ses  réactions face à cette décision médicale. A recueilli la signature du consentement aux soins.

A participé au recueil des informations sur son intervention, au complément d’informations sur son intervention (prothèse de hanche) ; a expliqué les bénéfices/risques donnés par le praticien,  s’est  assuré  de  la  compréhension du patient et a recueilli la signature du consentement aux soins.

A pris en charge le patient. A oublié de recueillir son consentement aux soins alors que le patient était lucide. Après analyse/ réajustement, a été placé à nouveau dans une situation d’accueil  et  a  oublié  de  noter  le consentement dans le dossier de soins.

Que doit remplir le tuteur comme documents en fin de stage ?

Le tuteur remplit la feuille "SYNTHESE PAR LE TUTEUR DES ACQUISITIONS DES COMPETENCES EN STAGE " et "DES ACTES, ACTIVITES ET TECHNIQUES DE SOINS" ainsi que la feuille " BILAN DU STAGE" où figureront les commentaires du tuteur, les points positifs et les axes d'amélioration. Ces feuilles sont remises à l'étudiant avant son départ du stage. Le tuteur a veillé à maintenir une bonne relation, à rester pédagogue lors  de   son  évaluation,   à   valoriser   la  progression  de   l’étudiant,   à   souligner   les  axes de progrès et de rechercher ensemble les prochains objectifs.

Quelle est la progression des compétences à acquérir ? Les croix notées sur le portfolio « ACQUISITION DES COMPETENCES » indiquent à quel moment dans le parcours ces compétences devraient être acquises. Les éléments de la compétence 3 sont à acquérir idéalement au cours du 2ème stage. Ces indications fixent un certain cadre de référence afin d’alerter  l’étudiant et les autres acteurs de la formation si  l’étudiant  a  trop  peu  d’acquis.  Cela  permet  d’éviter  également  que  le  dernier  stage  soit  porteur  d’objectifs  trop  lourd.    C’est  le  fort  décalage  de  la  progression  de  l’étudiant,  en  plus  ou  en  moins,  qui  incite au dialogue entre les différentes parties. En   tout   état   de   cause,   il   s’agit   en   final   de   valider   la   totalité   des   compétences   pour   prétendre   au  

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diplôme.  Chaque   compétence  est   acquise  par   la  validation  des  unités  d’enseignement  dont   l’unité  d’intégration,   l’acquisition  des  éléments  de   la  compétence  évalué  en  stage,   la  validation  des  actes,  activités  et  techniques  de  soins  (pouvant  être  évalués  en  stage  ou  à  l’IFSI).  

COMPETENCE 1 :

Evaluer une situation clinique et établir un diagnostic dans le domaine infirmier

Selon le lieu du stage, les activités et les situations seront différentes. Chaque stage a sa spécificité. Il construira son parcours de compétence à partir de la diversité des situations rencontrées sur les lieux de stage. Par exemple, en court  et  moyen  séjour,  l’étudiant  aura  à  accueillir un patient en urgences et/ou programmé (en hospitalisation, ambulatoire), l’évaluation   des   situations   cliniques   portera   sur   des   patients   présentant   des   pathologies.  Dans les stages de long séjour, soins de suite et de réadaptation et de rééducation,  l’étudiant  prendra en charge des personnes présentant des polypathologies et aura à identifier et mobiliser   les   ressources  du  patient.  Sur   les   lieux  de  vie,   l’étudiant  aura  à évaluer le niveau d’autonomie, de douleur,   d’isolement,   le   contexte   de   vie   social   et   familial,   d’hygiène  personnelle …   et   sera   réagir   en   identifiant   les   signes   d’urgence,   de   détresse,   de  décompensation  d’une  pathologie  ou  d’un  dysfonctionnement.  Lors  des  stages  de  soins  de  santé mentale ou psychiatrique,   l’étudiant   aura   à   prendre   en   charge   des   patients   des  personnes désorientées,  présentant  des  troubles  de  l’humeur,  relationnels,  névrotiques,  du  développement,   du   comportement,   de   conduites   addictives… Les aptitudes exigées par la compétence 1 relèvent  de   l’art  d’établir  un  diagnostic   infirmier à  partir  d’entretiens  auprès  de   la   personne   soignée   et/ou   de   son   entourage,   de   l’équipe   et   des   informations   pouvant  figurer par exemple dans le dossier de soins.

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Pertinence des informations recherchées  au  regard  d’une  situation  donnée  

Consulte  l’ensemble des sources d’informations

L’étudiant  utilise toutes  les  sources  d’informations : auprès du patient (ou du groupe), de sa famille, de son entourage, de  l’équipe,  des dossiers, du carnet de santé, des outils  de  transmission…dans  le  but  d’identifier  qui  il  est,  comment  il  vit,  ce  qu’il  ressent,  ce  qu’il  comprend,  la  nature  de  sa  problématique, qu’il  sache  le situer dans son environnement. Il connaît les éléments constitutifs du dossier de soins pour rechercher des informations. Dans  la  mesure  du  possible,  il  recherche  les  informations  avant  l’arrivée  du  patient,  dans  les  dossiers  antérieurs  au  sein  du  service  ou  dans  d’autres  secteurs.

Recherche des éléments d’informations pertinents

L’étudiant ne se contente pas de recueillir des informations mais il les sélectionne, les comprend en vue de les exploiter pour prendre en charge le patient dans une démarche personnalisée. Dans le respect des droits des patients, il recherche des informations et les sélectionne en distinguant l’information  utile  des  détails  superflus  (ceux qui  n’ont  pas  de  réels  intérêts  pour la prise en charge du patient). Sa collecte est organisée et orientée sur la personne. Elle permet de connaître l’histoire  de  vie  de  la personne, celle de sa maladie, ses habitudes de vie, le contexte dans lequel elle évolue, ses ressources, ses besoins, ses attentes, ses motivations, son état de santé passé  et  actuel  et  l’impact  de  celui-ci sur sa vie actuelle (déficit, dépendance). Les informations doivent être significatives de la situation (permettent  de  faire  des  liens  entre  ce  qu’il  a  observé,  de  qu’il  a  appris  ou  lu) pour aboutir à l’identification  des  problèmes  de  santé  et  à  l’élaboration  d’un  plan  de  soins adapté à la personne.

Utilise des informations fiables et actualisées

Il valide par des voies différentes le recueil des données afin de  s’assurer  de  leur fiabilité. Il tient  informer  l’équipe  des  modifications  dont  il  a  connaissance.  Ces  données  sont  actualisées  c’est-à-dire réajustées en fonction  de  l’évolution  de  la  maladie  et  de  la  situation.

Argumente le choix des informations

Il  est  capable  d’expliquer  sa  sélection  des  informations,  leur  pertinence  en  vue de la situation donnée dans le but de poser des hypothèses de problèmes et/ou de diagnostic infirmier.

Cohérence des informations recueillies et sélectionnées avec la situation de la personne ou du groupe Recueille des informations adaptées aux besoins de la personne

Il  sait  conduire  un  entretien  d’accueil ou de recueil de données qui repose sur  la  qualité  de  l’observation,  de  la  communication,  du  raisonnement,  de  l’identification  du  problème,  de  l’examen  clinique  afin  d’obtenir  des  informations utiles pour répondre aux besoins réels, actuels ou potentiels de la personne. Il identifie les signes et les symptômes liés à la pathologie, à l’état  de  santé  de  la  personne  et  à  leur  évolution.  Il explore les facteurs d’influence  favorisant  ou  déclenchant  le  changement  dans  l’état  de  santé  de  la personne et les facteurs de risque. Il évalue si le contexte permet à la personne ou au groupe de satisfaire ses besoins immédiats et repère les ressources et les potentialités, notamment dans la prise en charge de sa santé.

Recueille des informations dans le respect de la déontologie et des règles professionnelles

L’étudiant est attentif au  respect  de  l’intimité,  de  la  vie  privée    et  du  secret  professionnel.  Avant  d’entreprendre  la  collecte  des  données,  il  en  informe  le  patient, la famille du mineur, choisit le moment et le lieu opportun, sélectionne les sources écrites afin de limiter les questions inutiles. Lors de

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l’entretien,  il  se  rend  disponible  (en  termes  de  temps  et  d’écoute),  montre  son intérêt, note les informations sur le support adéquat, reste objectif. Les éléments recueillis sont strictement utilisés dans le cadre de la prise en charge du patient.

Priorise les informations

Après avoir réalisé le recueil des données, il les classe en fonction de leur importance (il s’interroge  par  exemple,  si  la  priorité est  d’aider  la  personne  à  manger ou de traiter sa douleur thoracique)

Pertinence du diagnostic de situation clinique posé Analyse la situation de santé de manière multidimensionnelle

Il analyse une situation de santé et de soins, émet des hypothèses interprétatives, pose  un  diagnostic  clinique  en  s’appuyant  sur  les  dimensions  physique, psychologique et affective de la personne et à partir des réactions du patient ou du groupe. Il a une vision holistique de la personne. Il sait relier toutes les informations recueillies sur la personne soignée avec ses savoirs pour comprendre son problème.

Repère  les  signes  d’urgence,  de  détresse,  de décompensation d’une pathologie ou  d’un dysfonctionnement

En lien avec ses connaissances théoriques et son expérience de terrain, il repère  toute  situation  d’aggravation  de  l’état  de  santé  du  patient  (observation  physique,  écoute,  repérage  d’une  modification  du  comportement,  mesure  des  paramètres  vitaux…).  Il  sait  identifier  les  signes  et les symptômes liés à la pathologie,  à  l’état  de  santé  de  la  personne  (situation  d’urgence,  violence, maltraitance …)  et  à  leur  évolution.  Il à la capacité  d’évaluer  les  risques  et  de  prioriser  les  mesures  à  mettre  en  place.  

Explique le raisonnement clinique et la démarche d’analyse des informations

A  partir  d’une  situation  clinique donnée, il peut expliquer sa démarche pour prendre en charge le patient. Il  est  capable  d’expliciter  le  raisonnement  qui  l’a  conduit  a  identifié  le  problème,  ses  manifestation,  les  facteurs  favorisants  afin  d’améliorer  l’état  de  santé  de  la  personne  et/ou  de  résoudre  son  problème. Il établit des passerelles entre tous les éléments recueillis qui lui ont permis de fixer des objectifs de soins et de choisir les interventions infirmières adaptées.

Précise les connaissances utilisées

Il  mobilise  l’ensemble  de  ses  connaissances  théoriques  et  pratiques,  il  sait  verbaliser  l’ensemble  de  la  démarche    (du  recueil  des  données  à  l’élaboration  du  diagnostic  au  projet  de  soin  individualisé).

COMPÉTENCE 2

Concevoir et conduire un projet de soins infirmier Après avoir identifié les problèmes de santé et les ressources de la personne soignée et de son  entourage,   l’étudiant  met  en  œuvre   le  projet  de  soins  en  sollicitant   la  personne  et  son  entourage   pour   l’élaborer et en collaboration avec els autres professionnels. En court ou moyen séjour, le projet de soins est en relation avec les situations pathologiques avec des objectifs  à  court  terme  alors  qu’ils  sont  fixés sur le long terme en stage de longue durée avec des réajustements en   fonction   de   l’évolution   de   l’état   de   santé   de   la   personne,   de   ses  

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besoins et de ses attentes. L’étudiant  s’assure  du  consentement  de la personne soignée, la fait  participer  à   l’élaboration  et  à   l’actualisation  de  son  projet  afin  de   la rendre pleinement actrice. Sa programmation des soins et leur réalisation sont tracés dans les supports du dossier de soins.

Pertinence du contenu du projet et de la planification en soins infirmiers Présente un projet cohérent avec l’ensemble  des  informations

L’étudiant   a construit lui-même un projet de soins personnalisé sur le secteur qui lui  a  été  confié  en  utilisant  toutes  les  informations  pertinentes  qu’il  a  pu  recueillir ou suit un plan de soins type car il a compris que la situation relève   d’un  ensemble de situations identiques spécifiques au service tout en tenant compte de la particularité du patient. Il le présente à son tuteur qui constate que l’étudiant  a  su  identifier  la  situation,  les  problèmes  de  santé  de  la  personne,  les  causes et les signes principaux et a su prévoir les interventions à mettre en œuvre  pour  y  remédier. Le projet de soins est  réalisé  avec  l’adhésion  du patient et son consentement. Il   a   tenu   compte   de   l’ensemble   des   professionnels   qui  peuvent  intervenir  dans  l’organisation des soins auprès du patient.

Développe les objectifs, les actions et les  modes  d’évaluation

En fonction du projet de soins,   du   contexte   et   de   l’urgence   des situations, il hiérarchise et planifie des objectifs pour définir des actions à mettre en place. Les actions prévues sont en adéquation avec le contexte et les ressources. Il a identifié  les  étapes  du  parcours  de  soins.  Il  est  capable  d’expliquer  et  de  justifier  ses priorités. (Par exemple, suite à une chirurgie colique avec stomie, le but sera l’éducation   thérapeutique   du   patient.   Les   actions   seront de détecter les connaissances de la personne sur la chirurgie et ses suites, ses appréhensions, de compléter par des explications sur l’intervention   chirurgicale   et   ses conséquences, la détection par lui-même   d’une   détérioration : cutanée, de la stomie…   l’utilisation   adéquate du matériel, du changement de poche…) pour amener le patient à être autonome et/ou améliorer sa qualité de vie.  L’étudiant  pourra  formuler  le  niveau  d’atteinte  de  l’objectif  par  la  formulation  « à ce jour, le patient  est  capable  de  … ». Il  y  a  adéquation  entre  le  projet  et  l’évaluation  de  la  situation (l’étudiant  sait  utiliser  les  supports  d’aide  à  l’évaluation  de  l’atteinte  des  objectifs). Il a compris que les objectifs, les buts des soins, les actions et les évaluations forment le parcours de soins. Il anticipe les modifications dans l’organisation  des   soins,   réagit   en  prenant  des  mesures   adaptées,   il  argumente les réajustements nécessaires. Il se sent responsable des résultats des actions entreprises.

Fait participer la personne soignée au projet.

L’étudiant   inclut   le  patient  dans   le  parcours  de  soins  afin  qu’il   soit  acteur  de  sa  santé. Il   favorise   l’expression   de   la   personne   soignée,   s’assure   de   sa  compréhension, prend en considération ses attentes et ses problèmes, recherche avec elle et/ou ses proches les ressources dont elle dispose et celles à acquérir pour la réalisation du projet de soins. Par  l’éducation  thérapeutique,  il  permet  à  la personne soignée  d’évoluer  afin  d’apprendre  à  vivre  avec  sa  maladie  et/  ou  de  devenir   autonome   et   responsable.   Il   est   conscient   qu’il   sert   de   guide   dans   les  

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actions accompagnantes, éducatives et préventives. Respecte  l’adéquation  entre  le  projet  et l’évaluation

Il évalue   la   mise   en   œuvre   du   projet   de   soins   et   réajuste   en   fonction   des  évaluations régulières pour atteindre le but fixé en amont. Il sait expliquer les raisons de son réajustement.

Justesse dans la recherche de participation et de consentement du patient au projet de soins Négocie les objectifs de soins et les actions avec la personne soignée ou sa famille

Négocier   avec   le   patient   et/ou   sa   famille   exige   de   l’étudiant   qu’il   ait   la  connaissance  de  l’état  de  santé  du  patient  et  de  son  traitement.  Il explique tous les   soins  qui  vont  être  dispensés  ainsi  que   l’intervention  des  professionnels  qui  vont le prendre en charge. Dans le cas, où le patient ne donne pas son consentement,   il   est   capable   de   comprendre   sa   position,   de   formuler   d’autres  propositions  pour  trouver  un  terrain  d’entente  acceptable  (gagnant/gagnant).    Il  a   assimilé   les   notions   de   concessions,   compromis,   consensus,   filtres  mentaux…  afin de ne pas avoir recours à des méthodes nuisibles telles que la manipulation ou la domination.

Décrit les réactions du patient

Pour faire un retour du ressenti du patient, de son consentement ou non, il sait mobiliser  l’écoute,  l’empathie,  l’observation,  le  questionnement  et  formaliser  les  réactions  du  patient  auprès  de  l’équipe.

Recherche le consentement du patient

Son  entretien  l’a  conduit  à  recueillir   le  consentement  du  patient.  Il  a  su  faciliter  l’expression  des  craintes  et  des  attentes  de  la  personne  soignée.

Argumente son analyse des réactions du patient

L’étudiant  ne  se  contente  pas  de  prendre note du consentement du patient au projet  de  soins,  il  est  capable  d’analyser  les  réponses  du  patient  pour  s’assurer  de  la fiabilité de son consentement.

Pertinence et cohérence dans les modalités de réalisation du soin Respecte les règles de sécurité, d’hygiène  et  d’asepsie

Le  tuteur  peut  observer  que  l’étudiant  réalise  les  soins  dans  le  respect  des règles d’hygiène générales et spécifique (hygiène des mains, propreté des lieux, des matériels), de sécurité (élimination des déchets piquants, coupants, tranchants), d’asepsie   (par   exemple   réalisation   d’un   pansement   de   manière   stérile). Si l’étudiant  a  la  charge  d’un  secteur,  il  doit  être  attentif  à  la  chronologie  des  soins  par rapport aux risques infectieux de chaque patient.

Adapte  les  soins  et  l’application des protocoles à la situation et au contexte

Il applique le projet de soins tout en aidant la personne à mobiliser ses ressources   et   sait   identifier   le   type   d’aide   à   proposer.   Il     réalise les soins de manière adaptée au patient, à sa situation et en fonction des protocoles relevant de   la  prescription  médicale,  d’urgence,  de   soins,  administratifs,  de   surveillance,  éducatifs…   et des vigilances (identitovigilance, hémovigilance, infectiovigilance…).   Il suit   l’organisation   du   service : horaires, intervenants, examens programmés.... En long séjour ou SSR, il accompagne, aide aux actes de la vie quotidienne, mobilise les ressources et applique par ex les protocoles de prévention  (dénutrition,  escarres…).  

Réalise le geste avec dextérité

L’étudiant réalise des soins avec un geste précis, habile dans un temps donné, tout en les reliant à ses connaissances théoriques, techniques, relationnelles, procédurales et à son expérience. Il ne se contente pas de se satisfaire de sa

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dextérité mais il analyse l’ensemble  de  la  qualité  du  soin  au  regard  de  la  situation  particulière de la personne.

Prend en compte les réactions du patient lors du soin

Durant   un   soin   technique,   l’étudiant   est   capable   de  maintenir   l’observation,   la  communication avec le patient afin de réajuster son geste en fonction de ses réactions  (appréhension,  douleur…)

Évalue la qualité du soin réalisé

L’étudiant   s’auto-évalue sur la qualité du soin réalisé en fonction de différents critères (par exemple :   respect   de   l’hygiène,   de   la   douleur, efficacité du geste, qualité   relationnelle…)   et   évalue   l’efficacité   des   ses   actions   en   mesurant   les  progrès   de   la   personne,   l’évolution   de   son   état   de   santé,   la   progression   ou  l’atteinte   des   buts   de   soins.   En   fonction   des   résultats   pour   ces   deux   types  d’évaluation,  il  procède  à  un  réajustement  si  cela  s’avère  nécessaire.  

Respecte les règles de traçabilité

Tout soin dispensé doit être tracé dans le dossier de soins et transmis oralement à   l’équipe  pour  assurer   la  continuité  des  soins.  Le   tuteur  s’assure que tout soin réalisé  par  l’étudiant  est  tracé  et  que  ce  dernier  est  conscient  de  l’importance  de  la traçabilité. Après chaque intervention, il date, signe (nom, fonction) et note les résultats  des   soins  prodigués  à   la  personne,   ses  observations   sur   l’évolution de son état de santé et toutes les informations pertinentes. La non administration doit être tracée ainsi que le motif.

Pertinence  des  réactions  en  situation  d’urgence Repère  les  situations  d’urgence  et  de  crise

L’étudiant   a   développé   des   connaissances au cours des stages et des unités d’enseignement   qu’il   va   utiliser   pour   repérer   les   signes cliniques de détresse vitale et/ou des situations de crise (par exemple douleur thoracique abdominale intense, tendances suicidaires, confusion mentale avec  hallucination…)

Met en œuvre des  mesures  d’urgence appropriées

En  fonction  du  degré  de  l’urgence,  il  identifie  puis  met  en  place  des  manœuvres  conservatoires (massage cardiaque, ventilation, mise en position latérale de sécurité, de stopper une hémorragie…)  et  prévient  le  praticien, les équipes. Il sait utiliser et  entretenir  le  chariot  d’urgences  par  une  maîtrise  du  contenu.

Explique les mesures d’urgence   adaptées aux différentes situations

Au   préalable,   il   a   repéré   les   situations   d’urgence et de crise, il connaît les protocoles   existants.   Il   est   à  même  d’expliquer   les différents types de prise en charge  en  situation  d’urgence.    

Rigueur  et  cohérence  dans  l’organisation  et  la  répartition  des  soins Assure  l’ensemble  des  soins

Dans son secteur,   l’étudiant   assure   l’ensemble   des   soins   prescrits   et   son   rôle  propre. Il   tient  compte  des  priorités   liées  aux  patients    et  s’adapte  (en  fonction  de   l’urgence,  de   son  état  de   santé…),   au   service   (visite  des  praticiens,  horaires  des  repas…)  et  aux  différentes contraintes (rendez-vous imagerie médicale, bloc opératoire,  ambulances…).  

Argumente la répartition des tâches et la coordination des activités en collaboration

Il a compris la répartition des tâches, les missions de chacun au sein du service et peut   l’expliquer   de   manière   précise.   Il sait quelles tâches déléguer et à quel

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collaborateur   afin   d’optimiser   le   travail et assurer la sécurité et la qualité des soins.

Réalise le contrôle des soins

Dans le cadre des soins délégués, il contrôle la qualité des soins effectués. Il possède  l’expertise  des  soins  qu’il  évalue.  

Prend en compte le contexte et les aléas  dans  l’organisation

Il assure   l’ensemble  des   soins  dans   son  secteur  en  s’adaptant   au  contexte,  aux contraintes et aux aléas (par exemple : il   diffère   un   pansement   pour   s’occuper  d’une  entrée  en  urgence).  

Argumente les priorités dans l’organisation  

Il  est  capable  d’expliquer  pourquoi  et  comment   il  a  modifié  sa  planification  des  soins  ainsi  que  les  priorités  qu’il  a  fixées.  

COMPÉTENCE 3

Accompagner une personne dans la réalisation de ses soins quotidiens Le soin infirmier permet le maintien et la continuité de la vie, la restauration de la santé de la personne, la réappropriation de son autonomie et le soutien à la personne et à son entourage.   Il   s’inscrit   dans   une situation particulière, un projet de vie, le respect de la personne, de ses capacités et en la laissant actrice de sa santé. L’étudiant   veille   à   établir  l’alliance   thérapeutique,   entre   lui   et   le   patient,   basée   sur   une   relation de confiance, indispensable à la bonne marche des soins.

Adéquation des activités proposées avec les besoins et les souhaits de la personne Propose des activités adaptées aux besoins de la personne

Par son observation, son écoute, sa compréhension  de  l’histoire  de  la  personne,  l’étudiant   a   identifié   ses   besoins, (diminution des performances physiques, cognitives   et   mentales,   dénutrition…), son handicap, ses ressources celles de l’entourage,   du service ou de la structure et propose des activités de la vie quotidienne en fonction de ces critères et de son âge (par exemple éveil pour l’enfant,   stimulation   pour   les   personnes   âgées) pour maintenir et/ou restaurer son autonomie. Il favorise sa participation et celle de son entourage en tenant compte des habitudes. Il   évalue   l’évolution   de   la   personne   et   réajuste   les  activités en fonction de celle-ci.

Mobilise les ressources de la personne

Il pallie aux différents besoins perturbés de la personne en prodiguant des soins adaptés (toilette, habillage, prise de repas…),  l’aide à retrouver son autonomie. Il ne fait pas à sa place pour gagner du temps mais participe à la réadaptation physique et psychique en  l’encourageant  à  mobiliser  ses  ressources. Il la rassure, l’encourage   et   la   reconnaît   comme   une   personne   à   part   entière,   l’aidant   à  

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comprendre et accepter les changements de son état de santé. Cohérence des modalités de réalisation des soins avec les règles de bonnes pratiques Respecte  la  pudeur  et  l’intimité  de  la personne

L’étudiant   respecte   l’identité   de   la   personne,   sa   personnalité,   sa   croyance,   sa  religion  et  le  traite  dignement.  Il  l’écoute, la prend en considération, fait preuve de discrétion, donne des explications sur le soin pratiqué, répond à ses questions, lui accorde du temps de compréhension, de consentement pour la réalisation de ses soins. Par   exemple,   il   ne   commence   pas   un   soin   sans   l’en   informer   au  préalable. Il   est   attentif   à   sa   sensibilité   (mots   et   gestes   d’impatience,  rougissement…),  au  respect  de  sa  pudeur  (lors  de  la toilette intime, du soin dans une  chambre  à  deux   lits,   sans   la  présence  de  tiers  à  domicile…  en  évitant  de   la  découvrir   inutilement,   en   utilisant   un   drap   ou   un   paravent),   à   l’adhésion   au  projet de soins. Si le patient ne peut pas   s’exprimer,   s’il   est   dément ou si le patient est un enfant, l’étudiant  respecte  son  intimité  et  sa  pudeur.

Respecte les règles d’hygiène, d’ergonomie  et  de sécurité

Les  soins  pratiqués  tiennent  compte  des  procédures  d’hygiène,  du  confort  et des capacités du patient, de la sécurité, de   l’environnement   et   de   l’ergonomie  (respect des techniques de manutention et utilisation des aides techniques).

Adapte les moyens à la situation

L’étudiant   tient   compte   du   contexte,   des   moyens   mis   à   sa   disposition   pour  réaliser les soins avec les règles de bonne pratique.

Vérifie les conditions de qualité de vie de la personne

Lors  de  l’accueil,   l’étudiant  repère  des  signes  pouvant  évoquer  un  état  précaire  (dénutrition  ou  malnutrition,  escarres,  plaies,  mauvaise  hygiène…),  une situation de maltraitance. Il le questionne sur son mode de vie afin de mettre en place une prise en charge adaptée, immédiate ou différée. En   cas   d’alitement, par exemple, l’étudiant   s’assure que tout est à portée de main du   patient   (verre   d’eau,   système   d’appel adéquate,   bassin,   urinal…),   il respecte  l’alignement  corporel  naturel,  s’assure  de  son  confort. Lors du premier transfert au fauteuil, il cherche à détecter le moindre signe d’hypotension   orthostatique.   Il   est   capable   de   faire   appel   à   d’autres  professionnels pour optimiser les conditions de qualité de vie (par exemple : à la sortie du patient :   intervention   d’un   ergothérapeute,   assistante   sociale…).   Il  prend en charge le devenir du patient.

Pertinence  dans  l’identification  des  risques  et  adéquation  des  mesures de prévention Explique les risques liés à la situation

L’étudiant  identifie  les  risques  liés  à la situation: par  exemple  lors  d’un alitement prolongé : escarres, constipation, perte de poids, infection urinaire…, perte d’autonomie : diminution de   l’estime   de   soi,   isolement   social,   comportement  agressif,  perte  de  repères  du  temps… et la manière de les prévenir sont repérés.

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COMPÉTENCE 4

Mettre  en  œuvre  des  actions  à  visée  diagnostique  ou  thérapeutique

La prise en charge médicamenteuse du patient en établissement de santé est complexe notamment à cause de la diversité des pathologies, leur  degré  d’urgence,  l’intervention  des  différents   professionnels,   la   connaissance   et   l’application   des   protocoles,   la   circulation   de  l’information…     Chaque acteur doit sécuriser le processus y compris le patient et/ou son entourage. L’étudiant  vérifie la prescription, rappelle au patient le traitement prescrit par le praticien (nom   du  médicament,   dose,   voie   d’administration,   fréquence), les modifications éventuelles,   l’informe  des  consignes  pour  une  bonne  prise,  de   l’intérêt  de   l’observance  du  traitement,  de  sa  durée,  des  précautions  à  prendre  (alimentation,  boisson…) et recueille son consentement en vérifiant sa compréhension. Il contrôle les concordances entre le produit, le patient et la prescription.  Il  vérifie  la  qualité  de  la  voie,  l’état  psychologique  et  clinique  du  patient, ses paramètres spécifiques. Il administre le médicament en respectant le plan de soins et le protocole et/ou la procédure, les règles de sécurité, d’hygiène, d’asepsie, d’ergonomie, de dextérité, de confort, de  maintien  de   la   relation.   Il   trace   l’information en temps réel et surveille la personne soignée. La surveillance est tracée. Il  a   compris  ce  qu’il  doit faire et les raisons pour   lesquelles   il   met   en   œuvre   la   prescription.   Le soin exige l’application  et  le  respect  de  la  prescription  médicale  écrite,  qualitative,  quantitative, datée et signée ainsi que des protocoles thérapeutiques et de soins. Sa continuité nécessite de prendre en compte le traitement personnel du patient.

Justesse  dans  les  modalités  de  mise  en  œuvre  des  thérapeutiques  et  de  réalisation  des  examens,  et  conformité aux règles de bonnes pratiques Respecte les règles de sécurité, hygiène et asepsie

Suite   à   une   prescription  médicale,   l’étudiant  met   en   place   des   actions   dans   le  respect  des  règles  d’hygiène  (par  exemple :  réalisation  aseptique  d’une  perfusion  veineuse), de sécurité (par exemple : respect du circuit du médicament en veillant   à   l’observance   et à la continuité des traitements et utilisation des matériels de sécurité par exemple :   seringues   à   l’aiguille   rétractable,  masques,  sur  lunettes…)  et  d’asepsie  pour  prévenir  les  infections liées aux soins : hygiène des mains, stérilité du matériel de soins, respect du circuit propre et sale…   Il éduque  le  patient  et  son  entourage  aux  règles  d’hygiène    (lavage  des  mains).

Respecte les règles de qualité et de traçabilité

L’étudiant   s’assure   que   chaque   médicament   qu’il   distribue   est le bon médicament, au bon  patient,  qu’il  est non périmé, prescrit en fonction des règles de bonnes pratiques, à la bonne posologie, selon la bonne voie, dans les bonnes

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conditions et au bon moment. Il  vérifie  donc  l’identité  du  patient  lors  de  chaque  administration, connaît la procédure  en  vigueur  en  cas  d’homonymie ; Il analyse la faisabilité : absence de contre-indication,  allergies,  état  du  patient…  il  contrôle  l’étiquette,  vérifie  la  date  de  péremption,  l’aspect  du  médicament,  les  conditions  de   conservation,   l’intégrité   de   l’emballage,   ses   calculs   de   dose   et   si   besoin   fait  vérifier par le tuteur.  Il  s’assure  que  la  voie  est  appropriée  et  sécurisée.  Il  concilie  les besoins du patient en fonction des heures ou des fréquences précises à laquelle il doit administrer le traitement et apprécie son état clinique et psychique. Il  contrôle  les  voies  d’abord.  Il  s’assure  du  réglage  adapté  du  matériel  d’administration.   Il trace et signe son acte : nom du médicament, dose administrée, forme, voie, date et heure d’administration, soluté de perfusion, durée ainsi   que   les   différents   examens   complémentaires   (radios,   scanner…). Il trace la non-administration et le motif, les effets indésirables (en informe le médecin) et les bénéfices obtenus. Il trace la surveillance. Il utilise les outils d’aide  à  l’administration  des  médicaments (procédure  générale  d’organisation  de  la   prise   en   charge   médicamenteuse   en   vigueur   dans   l’établissement,   liste des prescripteurs habilités, protocoles de prescriptions à risques, protocoles d’administration,   procédure de gestion du traitement personnel du patient, protocoles thérapeutiques…). La continuité du traitement médicamenteux est organisé  de  l’admission,  jusqu’à  la sortie, transfert inclus.

Met en œuvre les contrôles de conformité

L’étudiant  connaît les modalités assurant la sécurisation de la dispensation des médicaments. Il contrôle la validité des différents produits ou matériels utilisés (médicaments, sets de pansement,   compresses…).   Il   met   en   œuvre   une prescription que si elle est conforme (datée, signée, nominative, âge pour les enfants,   identification   du   prescripteur,   identification   de   l’unité   de   soins, identification du médicament, dénomination, forme galénique, dosage, posologie,   voie   d’administration,   durée,   allergie). Il vérifie   l’identification du médicament et l’application  des   soins en fonction des protocoles en vigueur. Il s’assure   qu’il   réalise   les   bons   soins   à   la   bonne   personne   (identitovigilance). Il s’interroge  sur   les interactions et toute anomalie manifeste. Il prend en compte le traitement   personnel   du   patient   à   l’admission.   Il contrôle les produits à injecter :  dose,  étiquetage,  intégrité  de  l’emballage,  date  de  péremption,  absence  de   précipité… Les médicaments à risques requièrent une sécurisation de la prescription, de la dispensation, de la  détention  du  stockage,  de  l’administration  et un suivi thérapeutique approprié, fondés sur le respect des données de référence (exemples : anticoagulants, antiarytmiques, agonistes adrénergiques IV,  digitaliques  IV,  insuline,  anticancéreux…)

Explique les actions au patient

Tous   les   soins   dispensés   sont   expliqués   par   l’étudiant   au   patient   dans   leur  déroulement, leur surveillance, leur intérêt et leurs conséquences.

Apporte une attention à la personne

Il prend en considération les besoins et les réactions du patient (douleur physique, angoisse, peur du devenir…)   et   réajuste   son   action   en   fonction   de  l’évolution  de  l’état  de  santé  physique  ou  psychique de ce dernier.

Respecte les protocoles et modes Il suit les procédures et les protocoles établis, les prescriptions médicales, met en

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opératoires : préparation, déroulement et surveillance

œuvre  des   actions  en   cas  de   changements  dans   l’état  de   santé  de la personne soignée,   réagit   en   cas   d’urgence,   réalise certains soins et surveillances, des actions éducatives et respecte les  procédures  en  cas  d’évènements indésirables. En amont, il a pris connaissance des différents types de protocoles et compris l’intérêt  de  leur  application.  

Réalise les gestes avec dextérité

Il  fait  preuve  d’habileté,  de précision lors  d’actes  et  de  techniques  de  soins  dans  un temps imparti sans pour autant faire preuve de précipitation. Ses gestes sont assurés, expérimentés et adaptés au patient.

Prévient la douleur générée par les soins

Il prévient le patient que le geste peut être douloureux tout en le mettant en confiance. Il applique le protocole antalgique sur prescription médicale et attend le   délai   d’efficacité   avant   de   réaliser   le   soin. S’il   n’y   a   pas   de   prescription,   il  prévient le praticien de la douleur du  patient  et  de   la  nécessité  d’une  mise  en  place   d’une   thérapeutique préventive. Il évalue la douleur avant, pendant et après le soin.

Respecte la procédure d’hémovigilance

Il a pris préalablement connaissance des  protocoles  d’hémovigilance. Il connaît les différents supports nécessaires à la commande des produits sanguins, pour réceptionner et stocker les produits à transfuser. Avant de transfuser un patient, il   l’informe  sur   la   transfusion,   sa  durée  et  ses  effets   indésirables. Il identifie les éléments de la prescription médicale (identification du patient très précise, du service, type et quantité du produit demandé, date et heure prévue de la transfusion,  degré  d’urgence  pour   le  plasma   frais   congelé,   il   ajoute   l’indication,  pour les plaquettes, il ajoute le poids du patient, la date et les résultats de la dernière transfusion). Il vérifie la carte de groupe sanguin, le bilan sérologique pré-transfusionnel, les vérifications pré-transfusionnelles, le contrôle ultime au lit du patient. En présence  du  patient,  il  contrôle  la  concordance  entre  l’identité  du receveur, la prescription, la fiche de distribution, la carte de groupe sanguin, l’étiquette   du   produit.   Il surveille le patient transfusé et connaît la conduite à tenir   en   cas   d’accident transfusionnel. Il assure la traçabilité et participe à la procédure de signalement des incidents et des accidents. Il connaît le nom et les coordonnées du médecin hémovigilant.

Justesse dans le respect de la prescription après repérage des anomalies manifestes Administre la thérapeutique conformément à la prescription

Il a pris connaissance de la prescription, a compris son intérêt et les objectifs poursuivis par le praticien. En cas de doute ou de manque de compréhension, il sollicite les personnes ressources. Il  est  capable  de  la  planifier  et  de  l’organiser  dans la continuité (exemple :   un   gramme   d’Augmentin,   3   fois   par   jour   sur   8  jours). Il dispense la thérapeutique selon la prescription (posologie, forme et voie d’administration),   l’organisation du service et  veille   à   l’observance (respect des horaires, modalités de prise) et à la continuité des traitements en expliquant au patient   l’intérêt   du   traitement. Il contrôle la péremption et la conservation (température,   obscurité…).   Il   connaît   les effets indésirables et surveille leur éventuelle apparition.

Signale les anomalies

S’il  a   repéré  que   la  prescription  n’était  pas  conforme  (par  exemple : allergie du patient au produit prescrit), il en fait part immédiatement au  médecin   (s’il   est  

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présent dans le service), au  tuteur  ou  à  un  membre  de  l’équipe. Lors  de  l’administration,  il  remarque  un  évènement  indésirable  (effet secondaire immédiat   ou   matériel   défectueux),   il   arrête   le   traitement   le   temps   d’aviser le médecin et de recevoir de nouvelles consignes. Il surveille le patient.

Exactitude du calcul de dose Réalise avec exactitude tous les calculs de dose

L’étudiant  calcule avec exactitude une quantité de produit à injecter au patient (par exemple pousse-seringue électrique, aussi dans les services de pédiatrie).

Pertinence  dans  la  surveillance  et  le  suivi  des  thérapeutiques  et  réalisation  d’examens Repère les effets attendus et les effets secondaires

Il  observe  le  patient  suite  à  l’administration  d’une  thérapeutique  et  doit  repérer  l’efficacité   du   traitement   (par   exemple :   administration   d’un   paracétamol   à   un  patient algique, évaluation de la douleur, Echelle Visuelle Analogique diminuée). Tout thérapeutique peut avoir des effets secondaires plus ou moins gênants ou dangereux que  l’étudiant doit connaître et savoir repérer (par exemple : douleurs gastriques  liées  à  l’absorption  d’un  anti-inflammatoire). Il alerte le médecin.

Évalue correctement la douleur et met en  œuvre  une  action  appropriée

Il   sait   repérer  par   l’observation   les  signes cliniques de la douleur. Il maîtrise les différents  outils  d’évaluation de la douleur sur les plans quantitatif (échelles de mesure) et qualitatif (nature de la douleur, localisation...). Il mesure le retentissement de la douleur sur la vie quotidienne et  réajuste  l’organisation  des  soins et des activités en tenant compte de ce nouvel élément. Il réévalue la douleur régulièrement. Les outils sont   adaptés   à   l’âge  et   à   la  morphologie  du  patient. En fonction du niveau de douleur, il applique le protocole   s’il   existe,   dans   le   cas   contraire,   il  transmet  l’information  au  médecin  pour  que  celui-ci intervienne.

Adapte les thérapeutiques antalgiques dans le cadre des protocoles

Il connaît les protocoles antalgiques, il les applique et les évalue. Il transmet l’information  au  médecin  qui  valide  l’application  du  protocole  ou  le  réajustera  en  fonction du patient.

Pertinence  dans  l’identification  des  risques  et  des  mesures  de  prévention Explique les risques liés aux thérapeutiques et aux examens

Il connaît les thérapeutiques et les différents examens. Il sait expliquer Le déroulement aux patients,   chercher   ce   qu’il   connaît   des   thérapeutique   et   des  examens. Il peut répondre aux questions du patient.

Explique les étapes de la procédure d’hémovigilance

Il maîtrise la procédure, sait expliquer le déroulement de la transfusion, les effets secondaires potentiels qui devront être signalé au patient (nausées, céphalées, fébrilité). Il sait  qu’il  doit  commencer par   la  vérification  de   l’identité  du  patient,  de la concordance entre la prescription et les besoins (compatibilité A, B, O) et surveiller les paramètres cliniques (coloration, pouls, tension) jusqu’à  l’arrêt de la transfusion. Il connaît la procédure de traçabilité pendant la transfusion et la procédure de déclaration  d’accident  transfusionnel.

Explique les risques et la prévention des accidents  d’exposition au sang

Il connaît la procédure de prise en charge immédiate d’un  accident  exposant  au  sang (information au patient, recueil du consentement pour le bilan sanguin, prise en charge médicale du soignant, déclaration administrative). Il sait les

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conséquences  d’un  tel accident (contamination hépatique, HIV) et les mesures à prendre à distance. Il maîtrise les règles de prévention   à   mettre   en   œuvre  (comme par exemple : le port des gants, ne pas recapuchonner une aiguille souillée, bien utiliser le container des objets piquants, coupants, tranchants). Il connaît le nom du médecin référent et la manière de le contacter.

Explique les règles de traçabilité

Il a pris connaissance de toutes les procédures et supports de traçabilité. Il a appréhendé le fait que tous les risques ainsi que les mesures de prévention mises en   place   font   l’objet   impérativement   d’une   traçabilité   (par   exemple   la  surveillance des  paramètres  vitaux,  l’obligation  de  remplir  la  fiche  de  déclaration  des évènements indésirables lors d’un  accident   transfusionnel).

Connaît les risques liés à un défaut de traçabilité

Il  a  appréhendé   le  fait  qu’un  défaut  de  traçabilité  retarde la prise en charge du patient, peut le mettre en danger, lui ou une collectivité (lot défectueux), engendrer une perte de confiance de la part du patient, peut faire courir un risque de surdosage dans le cas  d’une  médication  non  tracée.  Sur le plan médico-légal, il a compris que ce qui  n’est  pas  tracé  est  considéré  comme  non  fait.

Justesse  d’utilisation  des  appareillages  et  DM  conforme  aux  bonnes  pratiques Utilise les appareillages conformément au mode opératoire

Il connaît les différents matériels et dispositifs médicaux, leur utilisation. Il repère les éventuels dysfonctionnements. Il est capable de comprendre les résultats transmis par ces dispositifs (par exemple : hémocue, glucomètre) ou repérer les anomalies les plus courantes.

Adapte  l’utilisation  des appareillages et dispositifs médicaux à la situation

Il sait repérer quel matériel utiliser en fonction de la situation du patient (par exemple : électrocardiogramme pour un patient ayant une douleur thoracique, tensiomètre). Il utilise ses appareils sur  prescription  et  dans  les  situations  d’urgence.

Pertinence  de  mise  en  œuvre  de  l’entretien  d’aide  thérapeutique  et  conformité  aux  bonnes pratiques Utilise  les  techniques  d’entretien thérapeutique

Il établit une relation de confiance avec le patient, apporte  de  l’aide,  du  soutien  et donne des conseils au patient (et à sa famille) sans se substituer à lui, dans la limite de son rôle et en fonction du projet de soins individualisé de la personne. Il développe  des  qualités  d’empathie,  d’écoute, de respect  de  l’autre…    Il maîtrise les techniques d’entretien  thérapeutique.  Il  est  capable  d’analyser  la dynamique relationnelle   et   de   restituer   les   informations   utiles   à   l’équipe (transmissions écrites et orales).

Analyse la dynamique relationnelle

Il analyse la pertinence des informations recueillies, sa compréhension du message,    le  maintien  de  l’attention  et  la  mobilisation  des  ressources  du  patient,  l’établissement   d’une   relation   de   confiance,   sa   maîtrise   des   techniques   en  communication (écoute active, encouragement, reformulation, questionnement ouvert et fermé, la gestion des silences…), son soutien dans la recherche de solutions par la personne ou son entourage, son positionnement de soignant. Il identifie   le   contexte   de   l’entretien : demande ou attentes de la personne, survenance  d’une  émotion  (colère,  tristesse…),  perturbations (téléphone, arrivée de  proches…)

Observe  et  transmet  l’évolution  du Il   sait   observer   l’évolution du comportement de la personne et transmettre à

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comportement après un entretien

l’équipe   les   changements psychologiques (par exemple : diminution des peurs, refus,  déni…)  et  comportementaux.

Fiabilité et pertinence des données de traçabilité Transmet avec fiabilité la synthèse des informations relatives aux soins et aux activités

Il transmet par écrit sur le dossier de soins et oralement toutes les données reçues de façon synthétique exhaustive, sans les interpréter et sans porter de jugement. Ces informations doivent être utiles à la prise en charge et permettent de compléter de façon judicieuse le dossier de soins.

Respecte la confidentialité et les règles de bonne pratique pour la traçabilité des données

Il connaît les règles de bonne pratique (transmissions écrites et orales : dans la salle de soins et avec des professionnels de santé, observation du choix du patient sur la confidentialité de certaines informations) et respecte le secret professionnel. Il maîtrise le circuit du dossier patient et sait différencier les informations à communiquer ou non. Il est en mesure de transmettre la démarche  à  suivre  à  l’entourage.

Restitue aux professionnels concernés une synthèse claire de la situation de la personne

Il   est   capable   d’assurer   les   transmissions   écrites   et   orales   de   son   secteur   de  patients lors de la relève. Il sélectionne parmi les différentes informations recueillies auprès du patient celles qui correspondent à la compétence des différents  professionnels  (régime  et  diététicienne,  angoisse  et  psychologue…).   Il  est capable de les exprimer avec professionnalisme de façon claire, précise et concise.

Repère les incohérences dans les informations transmises par les différents acteurs

Il   a   la   capacité   de   prendre   du   recul,   d’analyser   les informations diverses transmises par les différents professionnels sur le patient pour repérer le manque de cohérence entre elles. Grâce à sa connaissance du patient, il doit pouvoir clarifier les différents éléments.

COMPÉTENCE 5

Initier  et  mettre  en  œuvre  des  soins  éducatifs  et  préventifs

La prévention vise à la réduction des problèmes de santé et des facteurs de risque. L’éducation  thérapeutique fait partie intégrante des soins médicaux. Elle consiste en un accompagnement en vue d’amener  la  personne  ou  le  groupe  à  acquérir  des  aptitudes pour agir favorablement au maintien de sa santé ou aider un patient à acquérir ou maintenir des compétences pour gérer au mieux leur maladie chronique. Elle   exige   de   l’étudiant   des   compétences   relationnelles,   théoriques, méthodologiques et pédagogiques. L’étudiant   a   compris   les   différentes phases   de   l’éducation  thérapeutique centrée sur le patient :

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- évaluer, aider  la  personne  souffrant  d’une  maladie  chronique  dans  l’acceptation  de  celle-ci ; - transmettre les connaissances et des moyens d’action pour donner à la personne ou au

groupe des comportements plus favorables à sa santé ou acquérir des savoirs et des comportements  d’adaptation  à  la  pathologie  et  à  ses  conséquences ;

- utiliser les croyances relatives à la santé, les ressources et les besoins du patient pour améliorer les compétences et le  sentiment  d’efficacité  personnelle, le rendre responsable ;

- négocier  les  objectifs,  le  type  de  traitement,  l’évaluation ; - être attentif à ses réactions ; - partager la décision, motiver et soutenir les succès et utiliser les erreurs afin de permettre

aux  personnes  d’acquérir  et  de  maintenir  des  compétences  pour gérer de manière optimale leur  traitement  dans  le  but  d’arriver  à  un  équilibre  entre  qualité  de  vie  et  maladie.

Pertinence de la séquence éducative Analyse les besoins et les demandes de la personne et du groupe et les prend en compte

L’étudiant sait   recueillir   les   données   à   travers   l’entretien,   l’observation   et   le  dossier   de   soins.   Lors   de   l’entretien,   il   comprend les émotions, les valeurs, les croyances de santé du patient ou du groupe, son rapport à la maladie, au traitement, ses mécanismes de défense, ses projections, ses difficultés : sentiment  de  perte  de  l’état  de  santé  antérieur,  nécessité  de  renoncer  à  l’idée  de  guérison,   sentiment   d’injustice   ou   de   culpabilité,   peur   du   handicap, des complications, absence de symptômes, difficultés  d’observance… Il connaît les antécédents, les ressources de la personne et du milieu familial, les habitudes et projets   de   vie.     Il   reconnaît   au   patient   ses   besoins   de   s’exprimer,   de   sécurité, d’autonomie,  de  résultat,  de  compréhension…et  prend  en  compte  ses  besoins  et  ses demandes en trouvant des leviers pour mettre en place un projet thérapeutique. Il établit un diagnostic éducatif dans le but de proposer un programme  d’éducation  personnalisé.

Mobilise les ressources de la personne ou du groupe de personnes

Il recherche le(s) projet(s) du patient et/ou du groupe susceptible(s) de le motiver à apprendre et à l’inciter  à  mettre  en  pratique l’éducation.    Il  mobilise les facteurs facilitants et minimise les facteurs limitants afin  de  l’aider  à  acquérir  de  nouveaux comportements ou attitudes. Il connaît et coordonne les interventions des autres professionnels. Il  sait  accorder  du  temps  à  la  personne  pour  l’amener  à réfléchir, à prendre conscience du changement à opérer dans ses habitudes, à comprendre les soins inhérents à sa pathologie.

Adapte la séquence éducative à la situation de la personne ou du groupe

Il sensibilise sur les risques, négocie avec le patient les compétences à acquérir en fonction du problème, de sa maladie, de son âge, de sa compréhension… aide la personne à établir des objectifs et les adapte selon les différentes dimensions de la personne :

- qu’est-ce  qu’il  a ? (dimension biologique) - qu’est-ce  qu’il  fait ?(dimension socioprofessionnelle) - qui est-il ? (dimension psychologique)

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- qu’est-ce  qu’il  sait ? (dimension cognitive) - quel est son projet ? (dimension motivationnelle)

L’étudiant   recherche   l’adhésion de la personne pour atteindre les compétences d’auto-soins (réaliser des techniques de soins et de soins comme par exemple une  injection  d’insuline,  équilibre  diététique…),  de  sécurité  (par  exemple  maîtrise  des hypoglycémies pour un diabétique) et les compétences   d’adaptation   (par  exemple : maîtriser son stress pour prendre la bonne décision).

Pertinence  dans  la  mise  en  œuvre  des  soins  éducatifs  et  préventifs Recherche la participation de la personne ou du groupe

L’étudiant,   grâce   à   ses   qualités   relationnelles, recherche la participation de la personne et du groupe car il a compris que les raisons de changer et la prévention proviennent de la personne et non du thérapeute. Il se situe comme un guide, un accompagnateur qui aide la personne à atteindre ses objectifs en lui donnant les moyens nécessaires pour y parvenir. Il respecte les choix individuels, recherche la bienfaisance sans culpabiliser. En   revanche,   s’il   a   développé   des  qualités   de   négociation,   il   reste   directif   dans   sa   façon   d’aider,   à   explorer   et   à  résoudre   l’ambivalence. Il ne cherche pas à convaincre mais à travailler la rencontre en suivant les besoins, les attentes, les valeurs et le rythme du patient et  du  groupe.  Il  l’aide  à  exprimer  ses  difficultés,  à  clarifier  et  légitimer  sans  juger.  Dans  l’éducation,  il  valorise  les  efforts,   l’estime de soi, renégocie à la baisse des objectifs plus atteignables, fixe un échéancier, donne des solutions concrètes, réajuste par de nouvelles explications…   il   veille   à   maintenir   l’alliance  thérapeutique. Dans   la   prévention,   il   met   en   œuvre   des   actions,   favorise l’appropriation   du   message   et   se   fixe   des   objectifs     (résultats   escomptés)   par  rapport à sa cible.

Adapte et évalue les techniques et les outils pédagogiques

Il  adapte  les  techniques  et  les  outils  pédagogiques  de  prévention  et  d’éducation  à  l’âge du public, à  ses  besoins,  à  ses  attentes,  à  ses  valeurs…  pour mettre en place un programme personnalisé, individuel ou collectif. L’étudiant    évalue  l’efficacité  de  la  prévention  et  de  l’éducation  en  constatant  les savoirs acquis, le savoir-faire mobilisé et les nouveaux comportements du patient ou du groupe et en utilisant ou en consultant les outils pédagogiques (carnet de suivi ou outils d’évaluation).  

Évalue les actions réalisées

Il  fait  le  point  avec  le  patient  sur  ce  qu’il  sait,  ce  qu’il  a  compris,  ce  qu’il  sait  faire  et appliquer, ce qui lui reste éventuellement à acquérir, la manière dont il s’adapte  à  ce  qui   lui  arrive, à accepter le traitement. Il fait preuve de patience, réajuste la méthode pédagogique en proposant une nouvelle offre d’éducation  qui tient compte des données de cette évaluation et du suivi. Il évalue les conséquences et/ou les améliorations sur la qualité de vie de la personne et sa maladie.

Pertinence de la démarche de promotion de la santé Adapte la démarche de promotion de la santé à la population cible

Conscient du contexte actuel de santé et de son rôle dans la promotion de la santé, l’étudiant   va à la rencontre des personnes pour les rendre plus responsables dans la protection de leur santé soit en améliorant ou en

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maintenant leur capital santé soit en évitant les complications et les rechutes. Analyse les informations à partir de  l’ensemble  des  paramètres  de  la situation

L’étudiant  comprend  la  situation  du  patient  ou  du  groupe  (ce  qu’il  a,  ce  qu’il  sait,  ce qu’il   projette   de   faire),   identifie les attitudes et les comportements potentiellement  néfastes  (manque  de  soins,  mauvaises  habitudes  alimentaires…),  analyse ces  éléments    en  vue  d’établir  une démarche de promotion de la santé avec le consentement de la personne et du groupe.

Recherche  l’adéquation  entre objectifs, actions, résultats escomptés, ressources et contextes

L’étudiant   a   identifié   les   pré-acquis de la personne et du groupe, les maladies chroniques et le handicap, une liste des compétences (objectifs) à acquérir. En collaboration étroite avec le patient et le groupe, il mène des actions de promotion en fonction des ressources et des habitudes de vie pour atteindre les résultats  escomptés  grâce  à  l’évaluation  et  au  réajustement.  

COMPÉTENCE 6

Communiquer et conduire une relation dans un contexte de soins

L’évaluation  de  cette  compétence  sous-tend  l’idée  que  l’étudiant  est  animé  par  des  valeurs  d’éthique  et de communication,  des  finalités,  d’attitudes  et  de comportements qui sont propres et conformes à   la   profession   d’infirmier.   En soins infirmiers les attitudes et les comportements propices à la communication peuvent se répartir en 3 catégories :

- les dimensions intrinsèques : présentation personnelle (politesse, tenue vestimentaire conforme aux règles, attitude   représentative   de   l’image   d’infirmier(ère)…), estime de soi (confiance en soi, vision de soi, amour de soi), affirmation de soi (capacité de soutenir, d’exprimer   une   opinion   réfléchie, formulation de consignes pour les aides-soignantes…),  professionnalisme (engagement personnel, sens des responsabilités, dignité du comportement…), congruence, métacognition (perception réaliste de son comportement, acceptation  de  la  remise  en  question,  modification  de  son  comportement  en  vue  d’évoluer)

- les dimensions purement relationnelles avec le patient, la famille, les praticiens, les collègues, les équipes pluridisciplinaires : sens de la communication (claire, polie, bienveillante), qualités humaines, d’écoute,   d’attention,   d’empathie, de non jugement, compréhension des problèmes, sens  de   l’éthique (respect de la dignité des personnes, du secret professionnel, de  la  pudeur,  de  l’intimité,  honnêteté,  sens  de  la  justice),  disponibilité, ouverture  d’esprit,  respect  des  valeurs  familiales,  culturelles, du mode vie.

- les  dimensions  orientées  vers  l’action : autonomie de jugements et  d’actions qui permettent à  l’étudiant  de  ne  se  contenter  d’exécuter  des  gestes  techniques  ou  des  activités  routinières mais de se placer dans la situation de soins, capacité à prendre une décision et à agir en fonction des besoins de la personne, à résoudre des problèmes complexes, esprit d’observation  et  d’analyse  réflexive,  sens  de  la  planification  et  de  l’organisation.

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Pertinence  de  l’analyse  de  la  situation  relationnelle Analyse la situation relationnelle en fonction des personnes et du contexte

L’étudiant  évalue la qualité de la relation compte tenu du contexte (lors  d’une  crise,  entretien  d’aide,  de  soutien,  d’accueil,  d’investigation,  de  diagnostique…). Il prend  du  recul  afin  d’identifier  s’il  a  su nouer ou non une relation de confiance avec la personne (ou le groupe) par la qualité de ses attitudes : congruence, empathie, acceptation positive inconditionnelle et l’utilisation   de   techniques d’entretien spécifiques (partage, reformulation, confrontation pour mettre en évidence les contradictions exprimées, feed-back et utilisation des silences. Il s’assure qu’il  a  été  capable  de  :

- rester centrer sur la personne (communication verbale, paraverbale, non verbale)

- reconnaître ses besoins, de tenir compte de son histoire de vie, - identifier et compris sa difficulté, - déceler ses croyances, ses valeurs, ses préférences, ses émotions, - appréhender sa vision de sa maladie, ses  projections  en  matière  d’avenir (craintes, désespoir, espoir, peur), - anticiper ses comportements…   en percevant la personne dans sa globalité et en lui exprimant son empathie et  en  l’acceptant  telle  qu’elle  est.

Il  s’interroge  sur  ses  propres  affects  et  ses  sentiments, sur la résonnance en lui-même dans cette relation interpersonnelle ou thérapeutique. Il peut verbaliser son  ressenti  pour  en  prendre  conscience  et  adopter  l’attitude  professionnelle  correspondante. Il clarifie la relation à partir de son propre vécu. Il peut à postériori analyser le résultat obtenu,  sa  manière  d’être en relation, d’activer  ou  non la confiance de la personne, de  faciliter  l’expression  de  cette  dernière,    de réagir (recherche de reconnaissance, de se mettre sur la défensive, de ne pas être authentique, de vouloir décider à la place de la personne, de se laisser déborder  par  des  émotions…)   et de de changer ses comportements inadéquats. Pour  ce  faire,  il  utilise  l’analyse  réflexive  et  l’autorégulation  de ses conduites.

Explique les besoins spécifiques de communication dans les différentes situations et identifie les attitudes adaptées

Il connaît les différents besoins de communication dans les différentes situations d’accueil,   de fin de vie, situation de détresse, en préopératoire, en urgence, conflit, agressivité,  déni,  deuil,  refus… Il sait les expliquer et les relier au contexte, à la personne et à ses savoirs pour adopter un comportement et une communication adéquats pour selon les cas : réduire la souffrance psychique de la personne soignée (ou de l’entourage), lui permettre de se réaliser et d’atteindre  ses  objectifs  de  vie  dans  le  respect  de  ses  propres  valeurs  et  de  ses  propres  rythmes,  l’accompagner  dans  les  périodes  critiques  de  l’hospitalisation,  à aller vers un mieux-être,  une  acceptation  …

Cohérence  dans  la  mise  en  œuvre  d’une  communication  adaptée  aux  personnes  soignées  et  leur  entourage Met  en  œuvre  les  conditions  propices  à  la communication

Il sait instaurer et respecter une communication verbale et non verbale chaleureuse avec la personne soignée ou le groupe. Il cherche à établir une relation basée sur la confiance, à  apporter  son  soutien,  à  s’ouvrir  à  l’expérience  de  l’autre  afin  de  créer  un  climat  propice  à  une  communication aidante ; Pour ce

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faire, il sait promouvoir et à accepter   l’expression   des   ressentis positifs et négatifs, influer du courage et de l’espoir, accueillir les confidences. Il établit également  une  communication  de  qualité  avec   la   famille  et   l’entourage  en  vue  d’établir   une   alliance   thérapeutique. Il sait cultiver et déployer des qualités de patience, de bienveillance et de disponibilité.

Porte une attention à la personne

Il a  intégré  que  la  communication  s’établit  dès  lors  qu’il  s’intéresse  réellement à la personne c’est-à-dire avec authenticité, qu’il   facilite   l’échange interactif, l’écoute, la confiance et le respect en  étant  dans  l’empathie. Il entre en relation dans   la   réalité   de   l’autre, dans un esprit d’ouverture et   d’acceptation   de   la  personne,   en   réponse   à   ses   besoins   et   dans   une   volonté   d’assistance (« faire pour ») et de soutien (« être avec ») en accordant du temps à la personne. Il a des comportements empreints de caring.

Prend en compte dans la communication  l’expression  de  la personne et son contexte de vie

Il adapte sa communication en tenant compte de la personnalité de la personne dans   une   vision   holistique   c’est-à-dire dans ses composantes psychologique, sociale, économique et culturelle.

Adapte la communication à la personne

Il  s’adapte  à  la  personne  soignée et à sa famille en fonction des situations identifiées. Sa communication est centrée sur la personne afin de la comprendre, de répondre à son questionnement et  d’entretenir  une  communication  adaptée à sa compréhension, à ses besoins, à ses attentes.

Justesse dans la recherche de consentement du patient Recherche le consentement de la personne aux soins et négocie si nécessaire

Il sait mener un entretien et une négociation pour rechercher le consentement du  patient   sans   l’imposer, par un vrai dialogue où il manifeste un réel intérêt pour la personne, fait preuve  d’une  grande  capacité  d’écoute  et  d’empathie afin de protéger, maintenir, restaurer et promouvoir la santé de la personne ou l'autonomie de ses fonctions vitales physiques et psychiques. Il devient un partenaire thérapeutique et non pas une autorité supérieure qui force le consentement.

COMPÉTENCE 7

Analyser la qualité et améliorer sa pratique professionnelle

L’étudiant  doit  apprendre  à    observer,  expliciter,  évaluer  sa  pratique  et  la  confronter  à  celle  d’autres  professionnels  afin  de   l’améliorer  au  regard  des  principes  de  qualité,  de  sécurité,  d’ergonomie,  des  

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valeurs professionnelles et de satisfaction de la personne soignée. Il veillera à agir en respectant la réglementation,   la   déontologie   et   l’éthique   de   sa   profession.   Il   sera   capable   d’identifier   les   non-conformités,   les   manquements   et   de  mettre   en  œuvre   toutes   les   améliorations   possibles   par   un  réajustement efficace. Cette analyse réflexive devra se poursuivre tout au long de son parcours professionnel   afin   de   garder   un   esprit   critique   et   de   s’adapter   aux   nouvelles   technologies   et   au  progrès de la science en matière de santé.

Pertinence  de  l’analyse  dans  l’utilisation  du  protocole  pour  une  situation  donnée Explique  le  protocole  en  fonction  d’une situation donnée analyse

Au  préalable,  l’étudiant  sait  si  le  soin  réalisé  fait  partie  ou non d’un  protocole de soins actualisé, validé par des experts et approuvé en fonction de la situation de soins. Il a identifié celui qui correspond au soin à réaliser, en a compris l’intérêt  et les différentes étapes. Il sait expliciter le protocole (ainsi que son choix) qui va guider sa pratique professionnelle.

Pertinence  de  l’analyse  dans  l’application  des règles: de qualité, sécurité, ergonomie ; de traçabilité ;  liées  aux  circuits  d’entrée,  de  sortie,  et  de  stockage  du  linge,  des  matériels et des déchets Explique les règles de traçabilité, les risques de non traçabilité, le circuit de la gestion des déchets

Il a pris connaissance de la politique qualité de  l’établissement,  de  sa  gestion  des  risques (enjeux, priorités), des conduites à tenir, du recueil des évènements indésirables. Il comprend  l’intérêt  de la gestion des risques pour la sécurité des patients et du personnel. Il sait reconnaître une situation à risques, les facteurs favorisants et repérer les signaux et mettre en  œuvre   les  protocoles. Il connaît les différentes vigilances et   les   protocoles   ou   procédures   qui   s’y   rattachent: pharmacovigilance, matériovigilance, infectiovigilance, hémovigilance, identitovigilance…et   comprend   qu’il   participe   au   maintien   et   à   l’élévation   du  niveau de sécurité des biens et des personnes. Il réalise les transmissions écrites, connait les circuits propres et sales, les lieux de stockage et les respecte, utilise le matériel adapté, sait trier les déchets en fonction de leur nature, participe à la déclaration des évènements indésirables, participe aux évaluations des pratiques professionnelles et à la mise à jour des protocoles.

Identifie les non conformités

Il est capable de détecter des non conformités comme par exemple une prescription erronée, un défaut de calcul de la bonne dose (non adaptée au poids,  taille,  âge…du  patient),  confusion  de  nom  de  médicament,  une non prise en charge de la douleur, un matériel défectueux, non-conforme ou non adapté, une inadéquation de la programmation de la perfusion et/ou du pousse seringue, le non-respect des   règles   d’hygiène,   non-respect des procédures ou des protocoles, erreur de côté, non prise en charge du risque de chute, retard dans le circuit de prise en charge du patient, dossier de soins incomplet, identité erronée, erreurs entre les interfaces informatiques…  

Fait des propositions de réajustement pertinentes

Il a suffisamment intégré le système qualité, l’analyse  des processus, la gestion des  risques,  l’analyse  des  causes  et  des  conséquences,  l’organisation  de  l’unité  et  des interactions avec les autres services et il est force de propositions pour

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présenter  des  axes  d’amélioration  pertinents. Conformité de la désinfection, du nettoyage, du conditionnement, et de la stérilisation Explique les techniques de nettoyage des instruments ou des matériels

Il  a  compris  qu’ « il ne désinfecte que ce qui est propre ». Il connaît les produits (détergents, désinfectants), les   règles   d’utilisation,   les   règles   de   sécurité,   les  protocoles et les procédures de désinfection, de nettoyage, de conditionnement et de stérilisation.

Argumente les opérations de stérilisation conformément aux normes et au contexte

Dans les services de soins et au bloc opératoire, il vérifie les conditions de stockage du matériel stérilisé (par exemple :  qualité  de  l’emballage, les dates de péremption),   l’intégrité   du   matériel   utilisé   (par   exemple : lot de perfuseurs défectueux). Au bloc opératoire, il sait distinguer le matériel re-stérilisable du matériel à usage unique, expliquer les circuits de désinfection à froid, il connaît les procédures et les protocoles de désinfection et de stérilisation des dispositifs médicaux. En stérilisation, il sait expliquer les différentes opérations à travers le processus de stérilisation (traçabilité, pré-désinfection, lavage, vérifications des instruments, conditionnement, validation de chacun des cycles, autoclavage). Il a intégré le respect de la marche en avant et les règles de bonne pratique de stérilisation.

Complétude dans la vérification de la fonctionnalité des matériels, produits et dispositifs utilisés Signale les défauts de fonctionnement

Il vérifie le fonctionnement des matériels, la qualité et la date de péremption des produits, la conformité des dispositifs mis à sa disposition. Il signale les défauts de fonctionnement selon le protocole et le matériel au responsable concerné (de matériovigilance, de la pharmacie, du service qualité…) et sur le support adapté.

Contrôle les conditions de stockage

Il vérifie la conformité du local utilisé (température, ventilation, accessibilité, sécurité, éclairage),   l’agencement, les conditions de stockage (bio-nettoyage, qualité du stockage, intégrité des emballages), respecte le plan de stockage. Il maîtrise la gestion des stocks (dotation, process de commande, adéquation avec les  prévisions  d’activité,  gestion des ruptures, des pertes et des périmés) et ses outils (rotation, plan de réassort).

Pertinence  dans  la  démarche  d’analyse  critique  d’une  situation  de  travail Raisonne  avec  logique  dans  l’analyse  des situations de travail

Il observe, formalise et explicite les éléments de sa pratique professionnelle et la coordination avec les différents professionnels en fonction des différentes situations. Il  pratique  l’analyse  réflexive.

Repère les valeurs professionnelles et les règles déontologiques dans  la  démarche  d’analyse

Il raisonne et analyse au regard de la règlementation, des valeurs professionnelles,  de  la  déontologie,  de  l’éthique  et  de  l’évolution  des  sciences  et  des techniques. Il  a  compris  que  les  soins  infirmiers  nécessitent  l’application  de  normes, de règles et de critères de qualité autour de la prise en charge.

Analyse les difficultés, les erreurs, les causes

Il compare sa pratique à celle de ses pairs ce qui favorise sa prise de conscience de ses difficultés, de ses erreurs et de ses réussites. Il évalue le soin en termes de pertinence,   d’efficacité   et   de   résultat.   Il repère s’il   a   suivi   le   protocole   et   la  procédure précisément, sans erreur et sans oubli, si les appareillages et dispositifs médicaux sont correctement employés (selon   le   mode   d’emploi,  

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propreté, indicateurs de stérilisation, intégrité des emballages, contrôle de la fiabilité…). Si  le  tuteur  ou  un  membre  de  l’équipe,  lui  fait  remarquer  une  erreur,  ils cherchent ensemble à en comprendre la cause pour ne plus la reproduire. Il sait identifier à postériori des   fautes   d’asepsie,   d’hygiène,   de   sécurité,   de non respect de  l’intimité  de  la  personne  lors  de  la  toilette,  de calcul de dose erroné, d’erreur   de  médicament…     Il tire des enseignements de ses erreurs ou de ses difficultés et réajuste sa pratique professionnelle.

Propose des améliorations

Il identifie des axes d’amélioration   possibles   et   propose   des   mesures   de  réajustement de sa pratique tout   en   s’adaptant   aux   personnes,   aux   soins   et   à  l’environnement. Il formalise des objectifs de progression.

Prend en compte la satisfaction de la personne soignée

Dans son auto-évaluation, il ne considère pas seulement les aspects techniques du soin et le résultat obtenu mais il prend s en compte la satisfaction de la personne soignée (sa douleur générée par les soins, son ressenti, la qualité relationnelle,  l’atteinte  des  objectifs…)

COMPÉTENCE 8

Rechercher et traiter des données professionnelles et scientifiques l’utilisation  du

L’étudiant  est  acteur  de  sa  formation,  de  ce  fait,  il  acquiert  des  méthodes  pour  rechercher  et  traiter   l’information   en   vue   d’acquérir   des ressources complémentaires durant ses études puis  dans   l’exercice  de   son  métier.  Cette compétence est davantage à acquérir au sein de l’IFSI ou par exemple dans les groupes de recherche de PHRIP (Programme Hospitalier de Recherche Infirmier et Paramédical) .

Pertinence  des  données  recherchées  au  regard  d’une  problématique  posée Utilise les bases documentaires

L’étudiant   connaît   les   différentes   ressources   documentaires sur support papier ou numérique : ouvrages, dictionnaires, encyclopédies, périodiques, actes de congrès, colloques, thèses, mémoires, travaux de recherche en soins, revues professionnelles, documentation officielle (HAS,   INPES…), base de données, Internet, réseaux,   …   Il   a   identifié   les   caractéristiques   de   chacune   d’elles   et maîtrise les techniques de recherche en fonction de son besoin.

Recherche les données scientifiques pertinentes

Il sait mener une recherche documentaire riche et cohérente en fonction de l’objet   de   recherche   sur les différentes bases de données, reconnaître les sources scientifiques rigoureuses, validées, reconnues, des mots clés, sélectionner les  éléments  d’information pertinents, s’assurer  de leur fiabilité et de leur mise à jour.

Argumente la sélection des données au Il est capable   d’expliquer   le   choix   des   sources   et   des   différents   champs  

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regard  d’une  problématique

disciplinaires auxquels il se réfère. Il fait  preuve  de  jugement  et  d’esprit  critique    entre la nature de   l’information,   sa   qualité,   et son utilité au regard de la problématique.

Adapte les méthodes et outils d’investigation  à  la  problématique

Il développe des savoir-faire liés à la méthodologie de recherche et utilise différents outils   d’enquête en fonction de la problématique : questionnaires, entretien,  grille  d’observation…

Pertinence dans la qualité du questionnement professionnel Pose des questions pertinentes en relation avec les problématiques professionnelles

Il  faut  que  l’objet  de  recherche  soit  en  lien  avec  le  champ  professionnel  infirmier  et  s’inscrive  dans  la  démarche  d’analyse  critique  d’une  situation  de  travail.

COMPÉTENCE 9

Organiser et coordonner les interventions soignantes

L’infirmier  (ère)  est  un  acteur  obligé  dans  l’organisation  et  la  coordination  des  interventions  soignantes  afin  d’assurer  une  optimisation  de la prise en charge du patient et la continuité des soins.

Pertinence  dans  l’identification  et  la  prise  en  compte  du  champ  d’intervention  des  différents  acteurs Sollicite à bon escient les autres professionnels de santé

L’étudiant  connaît  les  différents professionnels de santé ainsi que leurs missions et les sollicite en fonction de leur qualité et de leur champ de compétences (par exemple :   travail   en   coopération  avec   l’aide-soignante, en collaboration avec la coordinatrice   des   soins   de   support,   l’assistante sociale, la psychologue, la diététicienne,  le  kinésithérapeute…)  

Identifie les ressources externes

Il a identifié les professionnels qui travaillent en collaboration avec l’établissement  et  sait  les  joindre à la demande du praticien (sur prescription) ou du patient. Il connaît les établissements en aval et en amont (par exemple : maison de retraite après SSR, rééducation cardiaque en SRR après un infarctus …) et les différents réseaux (infirmières libérales, kinésithérapeutes, HAD, médecins traitants,  pharmacies,  prestataires  de  matériels,  prestataires  d’assistance  …)

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Répartit les activités conformément aux champs de compétences des Intervenants

Il  est  capable  d’identifier  la  nécessité  de collaboration avec certains intervenants en fonction de leur champ de compétences, d’organiser   et   de   planifier les rendez-vous. Il coordonne ces interventions en fonction de la prise en charge spécifique du patient. Il délègue certains de ses  actes  à  d’autres  professionnels  (aides soignantes) et/ou fait appel à des personnes ressources (par exemple : psychologue, stomathérapeute)

Cohérence dans la continuité des soins Explicite les liens entre les différentes interventions professionnelles

Il   a   compris   qu’il   travaillait   au   sein   d’une   équipe   pluridisciplinaire et en collaboration avec chacun de ses membres.   Il   est   capable   d’expliquer   le  positionnement et le rôle de chacun au  sein  de  l’équipe, ainsi que les liens avec les autres professionnels en fonction de la pathologie du patient et de sa situation. Il prend en considération le suivi du patient par l’ensemble   des  professionnels afin  d’assurer  la  continuité  des  soins

Argumente la coordination des activités en collaboration

Il est capable de justifier la coordination des activités en collaboration pour une prise en charge holistique du patient personnalisée et adaptée.

Contrôle les soins confiés

Lorsqu’il   confie   des   soins   à   l’aide-soignante dans la limite des compétences de cette dernière,  il  s’assure  de  sa compréhension. Ensuite, il contrôle la réalisation et vérifie la qualité des soins dont la satisfaction du patient.

Fiabilité et pertinence des informations transmises Transmet les informations en respectant les délais adaptés à la situation

Il est capable de distinguer et de transmettre une information à la bonne personne et sur le bon support et de communiquer une information urgence, importante (orale ou écrite) ou à répercussion différée (par exemple :  date  d’un rendez-vous de scanner pour dans une semaine)

Sélectionne les informations transmises avec pertinence, fiabilité, discernement dans le respect de la règlementation et de la protection du patient

Il réalise des transmissions orales et écrites objectives, en fonction des bonnes pratiques,  en  s’assurant  de  leur  fiabilité,  de  leur exhaustivité et de leur actualité. Il assure une continuité des soins efficace dans le respect de la règlementation, et de la protection du patient (cf charte du patient) : il recueille, par exemple, le consentement du patient, de la personne de confiance, les autorisations pour les mineurs et les personnes sous-tutelles, il respecte le secret professionnel, les règles   de   bientraitance,   de   gestion   des   risques… Il connaît les règles de transmission  du  dossier  patient  et  peut  en  informer  l’entourage.

Restitue une synthèse claire de la situation

Il a compris toutes les données concernant le patient, son entourage, le contexte et sa situation, il les  transmet  d’une  manière  synthétique en respectant le mode de transmission (écrite ou orale), il notifie le problème, les causes, les manifestations, les actions entreprises, les évaluations et les réajustements.

Repère les incohérences entre les Informations transmises par les différents acteurs

Il repère les contradictions et/ou les écarts entre les différentes informations lors des transmissions écrites ou orales. Il en fait part  à  l’équipe  afin  de réajuster les données pour avoir une  vision   fiable  de   l’histoire  de  vie  du  patient. Il trace ses observations.

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COMPÉTENCE 10

Informer, former des professionnels et des personnes en formation

L’étudiant   apprend   à   informer   et   former   des   professionnels   (aides-soignants par exemple) et des personnes en formation (stagiaires, étudiants infirmiers en formation).

Qualité  de  l’organisation  de  la  collaboration  avec  un  aide-soignant Identifie les soins qui peuvent faire l’objet  d’une  collaboration  avec  l’aide  soignante

L’étudiant   connaît les limites de sa profession et surtout celles de son rôle propre  qu’il  peut  déléguer  (en  fonction  du  niveau  d’acquisition  de  compétences et  sous  la  responsabilité  de  l’infirmière)  ou  faire  en  collaboration  avec  l’aide-soignant. Il fait  participer  l’aide-soignant à l'accueil de la personne et de son entourage, à l'identification des besoins physiques, physiologiques et psychologiques du patient en fonction de leur évolution et de sa dépendance. Il l’aide  à  se  situer  au  sein  de  l’équipe  et  à  transmettre  les  informations  sur  le  patient. Ensemble, ils favorisent la participation active du patient. L'aide-soignant réalise des soins d'hygiène et de confort auprès des patients en collaboration avec l'étudiant et /ou sous son contrôle (hygiène corporelle, aide aux repas, aide à  l’installation…),  collabore  dans  la  surveillance  des  patients  (identification  des  changements de comportements  et  information  à  l’équipe). Il participe activement au maintien et/ou au recouvrement de l'autonomie des besoins fondamentaux du patient.

Evalue les activités de collaboration de l’aide  soignant  et  lui  signale les erreurs

Il est  capable  d’évaluer les gestes et les techniques enseignés au cours de la formation de  l’aide-soignant, dans le cadre préventif, curatif et palliatif :

- dans les soins d'hygiène et de confort, dans la mobilisation du patient, dans  l’alimentation,  dans  l’élimination…

- dans la surveillance des patients, participation  aux  soins  et  à  l’éducation, identification des changements des comportements du patient, transmission à l'infirmier, surveillance des personnes en chambre d’isolement,  animation  du  groupe,  aide apportée aux personnes ayant perdu leur autonomie, dispensation du traitement personnel du patient après  vérification  par  l’étudiant  sous  contrôle  de  l’infirmière, participation  à  l’appréciation  des  paramètres et identification des modifications des signes cliniques servant    à  la  surveillance  de  l’état  de  santé du patient…

- dans  la  dimension  relationnelle  des  soins  et  d’accompagnement

- dans  l’hygiène  hospitalière

et de lui signaler des erreurs au  regard  de  l’évolution  scientifique,  technique  (oublis,  manquements  dans  l’organisation, comportement inadéquate, lacunes dans les connaissances et /ou la pratique) afin  que  l’aide-soignant réajuste son savoir, sa pratique et son comportement.

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Qualité  de  l’accueil  et  de  la  transmission  de  savoir-faire à un stagiaire Met  en  œuvre  une  démarche  d’accueil  et transmet les informations nécessaires

L’étudiant   a   compris   son   rôle   dans   l’encadrement   des   stagiaires   et   ses  responsabilités. Il collabore   à   l’accueil du stagiaire. Il sait délivrer des informations sur   l’établissement,   l’organisation du service, les pathologies accueillies,  les  soins  réalisés  dans  l’unité, les situations les plus courantes… Il peut lui  présenter  les  différents  membres  de  l’équipe, expliquer et commenter les documents du service (protocoles, procédures), le matériel, les lieux de stockage… Il peut être amené à collaborer à la rédaction de certains documents nécessaires à  l’accueil

Transmet les explications nécessaires à un stagiaire

Il est capable de donner des conseils, des  explications  d’une  manière  claire, de percevoir le questionnement du stagiaire (grâce à son vécu personnel dans le service) et de   s’adapter   en   fonction   du   niveau   d’études de chacun. Il fait reformuler  le  stagiaire  pour  s’assurer  de  sa  compréhension.  

Transmet le savoir-faire avec des méthodes pédagogiques adaptées au niveau de formation du stagiaire

Il met en application les méthodes pédagogiques apprises auprès de son tuteur. Il applique le processus de la   délégation,   de   l’apprentissage   et   de   l’évaluation.   Il  connaît le programme des études du stagiaire (aide-soignant, auxiliaire de puériculture, aide-médico-psychologique…)  son  niveau de formation, et transmet son savoir-faire en le reliant aux connaissances du stagiaire, à ses expériences passées, en faisant appel à toutes ses aptitudes (cognitives, psychomotrices, organisationnelles…), en donnant des conseils, en   l’accompagnant   par le commentaire  de  sa  pratique  et  dans  l’analyse réflexive du stagiaire, en réajustant éventuellement… sous la responsabilité infirmière.

L’évaluation  des  compétences au cours des trois années tient compte du parcours personnalisé de l’étudiant, du lieu de stage. Ainsi, le tuteur doit réguler ses exigences en fonction de la progression de   l’étudiant   (nombre  de  semestres,  nombre  de  stages,  compétences  déjà  vues  précédemment ou non, activités exercées auparavant ou non). Le  tuteur  vérifie  le  portfolio  de  l’étudiant  et  s’assure  de  la   concordance   entre   son   évaluation   et   celle   de   l’étudiant.   En   cas   de   difficulté,   il   est   important  d’organiser  un  entretien  entre  le  tuteur,  le  formateur  et  l’étudiant.

Le   formateur   référent   du   suivi   pédagogique   de   l’étudiant   prend   à   son   tour   connaissance   des  indications   apportées   sur   le   portfolio   et   propose   à   la   commission   d’attribution   des   crédits   de  formation la validation du stage. En cas  de  non  validation  d’un  stage,  l’étudiant  effectue  un  nouveau  stage  dont  les  modalités  sont  définie  par  l’IFSI.

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Chapitre  7.  L’évaluation des actes, des activités et des techniques de soins Les  référentiels  d’activités  et  de  compétences  du  métier  d’infirmier  ne  se  substituent  pas  au  cadre réglementaire (Article R 4311-1 à R 4311-15). La  notion  d’activités  renvoie  au  travail opérationnel du  cœur  de  métier  mais ne permet pas de définir si  l’étudiant  est  capable  d’exercer  son  métier  ou  non. Le référentiel tient compte des différentes activités réalisés par les infirmier(ère)s à la fois dans des lieux, des missions et des contextes différents.

En  effet,  le  champ  de  l’exercice de la profession d'infirmier ou d'infirmière comporte :

Le  domaine  d’action  de  l’infirmier(ère)  a  deux  orientations :

- le rôle propre - le rôle prescrit

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Relèvent du rôle propre les soins liés aux fonctions d'entretien et de continuité de la vie, visant à compenser partiellement ou totalement un manque ou une diminution d'autonomie d'une personne ou d'un groupe de personnes. Dans   ce   cadre,   l’infirmier(ère)   est   autonome   c’est-à-dire   qu’il   peut  prendre des initiatives dans le cadre de son exercice légal en dehors de toute prescription médicale. Conformément à la législation, l’infirmier(ère)   a   la   compétence   pour   accomplir   les   soins   liés aux besoins de la vie quotidienne qu’il   juge   nécessaires. Il identifie les besoins, pose un diagnostic infirmier, formule des objectifs de soins, peut les exécuter seul ou en collaboration avec d’autres  professionnels de santé et les évalue. Il assure le confort et la sécurité de la personne, tient compte du contexte pour identifier les risques et mettre  en  œuvre  des  actions de  prévention  ou  d’éducation.

Dans le cadre du rôle prescrit, l’infirmier(ère)   pratique   des   actes   soit   en   application   d’une    prescription   médicale   ou   d’un   protocole  médical. Il   contribue   à   l’identification   du   problème,   à   la  surveillance,   à   l’évaluation   des   effets   résultant   des   soins   et   des   traitements   prescrits   et   des  complications. Il est habilité à entreprendre et à adapter les traitements antalgiques, dans le cadre des protocoles préétablis, écrits, datés et signés par un médecin. Le protocole est intégré dans le dossier de soins infirmiers. Dans  certains  cas,  l’infirmier(ère) doit le faire en présence du médecin.

La liste contenue dans la fiche « MON PARCOURS : ACTES, ACTIVITES ET TECHNIQUES DE SOINS » dans   le   portfolio   n’est   pas   exhaustive (mais   exigible   pour   l’obtention   du   diplôme   d’état). Pour renseigner   le   livret  d’accueil   de   l’unité  ou  du   service, il faut se rapporter aux actes professionnels inscrits dans le code de la santé publique et   dans   le   référentiel   d’activités   de   l’infirmier. Il est conseillé   aux   professionnels   de   l’adapter   à   leur   service   en   notant   les   actes   et techniques de soins spécifiques. Ces actes peuvent être acquis en stage ou en IFSI. Le   tuteur   réalise   l’évaluation  avec   l’étudiant   à   la   fin  de   la  période  de   stage.   Le   formateur   référent  évalue la progression de ces apprentissages au moins une fois par an et peut proposer une modification du parcours de stage et/ou des ateliers de formation en IFSI. Une   activité   prend   du   temps.   Elle   n’est   ni   une   responsabilité   ni   une   compétence.   Elle   s’exprime  concrètement à travers une action. Les 9 activités suivantes se déclinent en 218 activités précises dans   le   référentiel   d’activités ci-dessous :

1. Observation et recueil de données cliniques :

Observation  de  l’état  de  santé  d’une  personne  ou  d’un  groupe  : – examen clinique de la personne dans le cadre de la surveillance et de la planification des soins ; – observation  de  l’apparence  générale  de  la  personne  (hygiène,  contact  visuel,  expression...) ; – observation du niveau de conscience ; – observation de signes pathologiques et de symptômes ; – lecture  de  résultats  d’examens.

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Observation du comportement relationnel et social de la personne : – observation du comportement sur les plans psychologique et affectif ; – observation des modes de vie des personnes sur les plans sociologique et culturel ; – observation  de  la  dynamique  d’un  groupe ; – observation   des   réactions   face   à   un   événement   de   la   vie,   à   la  maladie,   à   l’accident,   ou   à   un  

problème de santé ; – observation des interactions sociales ; – observation des capacités de verbalisation ; – observation  du  niveau  d’inquiétude  ou  d’angoisse. Mesure des paramètres : – mesure des paramètres vitaux : pression artérielle... ; – mesure des paramètres corporels : poids, taille, etc. ; – mesure des paramètres complémentaires : saturation en oxygène... Mesure  du  degré  d’autonomie  ou  de  la  dépendance  de  la personne ; – dans les activités de la vie quotidienne ; – dans les activités plus complexes. Mesure de la douleur : – sur les plans quantitatif (échelles de mesure) et qualitatif (nature de la douleur, localisation...) ; – mesure du retentissement de la douleur sur les activités de la vie quotidienne. Recueil de données portant sur la connaissance de la personne ou du groupe : – ressources et besoins de la personne ou du groupe ; – informations  concernant  l’environnement,  le  contexte  de  vie  sociale  et  familiale  de   la personne,

ses ressources, ses projets ; – histoire de vie et représentation de la maladie, récit des événements de santé ; – degré de satisfaction de la personne quant à sa vie sociale, professionnelle, personnelle ; – projets de la personne ; – recueil des facteurs de risque dans une situation de soins ; – recueil  de  l’expression  de  la  personne  pendant  la  réalisation  des  soins. Recueil de données épidémiologiques : – élaboration  et  exploitation  de  recueils  de  données  par  questionnaires  d’enquête  ; – rassemblement  d’informations à partir de bases de données démographiques, épidémiologiques

ou de santé ; – recueil de données statistiques visant des populations ciblées.

2. Soins de confort et de bien-être Réalisation  de  soins  et  d’activités  liés  à  l’hygiène  personnelle  : – soins  d’hygiène  partiels  ou  complets  en  fonction  du  degré  d’autonomie  de  la  personne  ;

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– aide  totale  ou  partielle  à  l’habillage  et  au  déshabillage. Réalisation  de  soins  et  d’activités  liés  à  l’alimentation  : – surveillance  de  l’hygiène  alimentaire  de  la  personne ; – aide partielle ou totale au choix des repas et à leur prise ; – surveillance  de  l’hydratation  et  aide  à  la  prise  de  boisson  régulière. Réalisation  des  soins  et  d’activités  liés  à  l’élimination  : – surveillance  de  l’élimination  ; – aide  à  l’élimination  selon  le  degré  d’autonomie  de  la  personne  ; – contrôle  de  la  propreté  du  matériel  lié  à  l’élimination. Réalisation  des  soins  et  d’activités  liés  au  repos  et  au  sommeil  : – installation de la personne pour le repos et le sommeil ; – surveillance du repos ou du sommeil de la personne ; – réfection  d’un  lit  occupé  et  hygiène  de  la  chambre  ; – organisation  d’un  environnement  favorable  à  la  tranquillité,  au  repos  et  au  sommeil Réalisation  de  soins  et  d’activités  liés  à  la  mobilisation  : – installation de la personne dans une position en rapport avec sa dépendance ; – modification  des  points  d’appui  de  la  personne  en  vue  de  la  prévention  des  escarres  ; – lever de la personne et aide au déplacement ; – mobilisation de la personne. Réalisation  de  soins  et  d’activités  liés  à  la  conscience  et  à  l’état  d’éveil  : – surveillance de la conscience ; – surveillance  de  l’orientation  temporo-spatiale ; – réalisation  d’activités  de  jeux  ou  d’éveil  pour  stimuler  la  personne. Réalisation de soins visant le bien-être et le soulagement de la souffrance physique et psychologique : – toucher à visée de bien-être ; – organisation  de  l’environnement  en  rapport  avec  le  bien-être et la sécurité de la personne ; – aide à la relaxation ; – valorisation  de  l’image  corporelle,  de  l’estime  de  soi  et  des  ressources  de  la  personne. Réalisation  d’activités  occupationnelles  et/ou  de  médiation  : – activités   visant   à   l’animation   ou   à   l’occupation   de   la   personne   en   lien   avec   son   âge   et   son  

autonomie ; – activités visant à maintenir le lien social ; – activités visant à maintenir le niveau cognitif, et la mémoire.

3. Information  et  éducation  de  la  personne,  de  son  entourage  et  d’un  groupe  de  personnes

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Accueil de la personne soignée et de son entourage : – entretien  d’accueil  de  la  personne  en  institution  de  soins,  d’éducation,  ou  en  entreprise ; – prise de contact et entretien avec la ou les personnes pour la réalisation de soins au domicile ; – présentation des personnes, des rythmes, des installations et des services mis à disposition pour

soigner ; – recueil  de  l’adhésion  ou  de  la  non-adhésion de la personne à ses soins ; – vérification des connaissances de la personne ou du groupe sur la maladie, le traitement ou la

prévention. Ecoute de la personne et de son entourage : – relation  d’aide  et  soutien  psychologique  ; – entretien  d’accompagnement  et  de soutien ; – médiation entre des personnes et des groupes ; – accompagnement de la personne dans une information progressive ; – entretiens de suivi auprès de la personne, de sa famille et de son entourage. Information  et  conseils  sur  la  santé  en  direction  d’une  personne  ou  d’un  groupe  de  personnes : – vérification de la compréhension des informations et recueil du consentement aux soins ; – information sur les soins techniques, médicaux, les examens, les interventions et les thérapies ; – informations et conseils éducatifs et préventifs en matière de santé ; – conseils  à   l’entourage  de   la  personne  ou  du  groupe   :   famille,  amis,  personnes  ressources  dans

l’environnement  (milieu  du  travail,  milieu  scolaire...)  ; – informations  sur  les  droits  de  la  personne,  l’organisation  des soins et les moyens mobilisables... – entretien  d’éducation  et  conseils  visant  à  renforcer  ou  promouvoir  des  comportements  adéquats

pour la santé, ou modifier des comportements non adéquats ; – entretien  d’aide  visant  à  la  réalisation  de  choix  de  santé  par  la personne. Information  et  éducation  d’un  groupe  de  personnes  : – création et organisation de conditions nécessaires à la dynamique du groupe ; – animation  de  séances  éducatives  et  d’actions  de  prévention  ; – transmission de connaissances aux personnes à propos de leur santé.

4. Surveillance  de  l’évolution  de  l’état  de  santé  des  personnes

Surveillance des fonctions vitales :

– surveillance  de  personnes  ayant  bénéficié  de  soins  d’examens  ou  d’appareillages  : – surveillance  de  personnes  ayant  bénéficié  d’examens  médicaux : ponctions, injections ou – ingestion de produits... ; – surveillance  des  personnes  ayant  reçu  des  traitements,  contrôle  de  l’efficacité  du   traitement et des

effets secondaires ; – surveillance de personnes porteuses de perfusions, transfusions, cathéters, sondes, drains, matériels

d’aspiration  ;

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– surveillance  de  personnes  porteuses  de  montages  d’accès  vasculaires  implantés  ; – surveillance de personnes porteuses de pompe pour analgésie (PCA...) ; – surveillance de personnes immobiles ou porteuses de dispositif de contention ; – surveillance de personnes placées sous ventilation assistée, ou sous oxygénothérapie ; – surveillance des patients sous dialyse rénale ou péritonéale... ; – surveillance des personnes en assistance nutritive ; – surveillance  de  l’état  cutané  :  plaies, cicatrisation, pansements ; – surveillance de personnes stomisées ; – surveillances de personnes ayant reçu des traitements spécifiques : électroconvulsivothérapie, enveloppements humides,... ; – surveillance de personnes en phase en pré et postopératoire.

Surveillance de personnes en situation potentielle de risque pour elles-mêmes ou pour autrui : – surveillance de personnes présentant des tendances suicidaires ; – surveillance de personnes placées dans des lieux nécessitant une sécurisation : chambre

d’isolement, unités protégées, etc. ; – surveillance de personnes confuses ou agitées nécessitant un contrôle renforcé et régulier ; – surveillance  de  personnes  potentiellement  fragiles,  ou  en  situation  de  risque  d’accident  ; – surveillance de personnes nécessitant une contention momentanée ; – activités visant à la protection contre les risques de maltraitance ; – activités visant à la protection des personnes en risque de chute. Surveillance de personnes au cours de situations spécifiques liées au cycle de la vie : – surveillance des personnes pendant la grossesse et la naissance ; – surveillance de personnes ayant à vivre une situation difficile : deuil, perte du travail,

amputation, modification  de  l’image  corporelle...  ; – surveillance de personnes proches de la fin de vie ; – surveillance de personnes ayant à vivre une situation douloureuse ou de crise.

5. Soins et activités à visée préventive, diagnostique, thérapeutique

Réalisation de soins à visée préventive : – vaccinations ; – dépistage de différents risques : maltraitance, risques liés au travail,... ; – entretiens à visée préventive ; – éducation  thérapeutique  d’une  personne  soignée  ; – éducation individuelle et collective pour la santé ; – actions de préventions des risques liés aux soins. Réalisations de soins à visée diagnostique : – entretien infirmier à visée diagnostique ; – examen clinique à visée diagnostique ; – entretien  d’évaluation  de  la  douleur  ; – prélèvements biologiques ;

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– explorations fonctionnelles ; – enregistrement et lecture de tracés relatifs au fonctionnement des organes ; – tests. Réalisation de soins à visée thérapeutique : – entretien  infirmier  d’aide  thérapeutique  ; – entretien de médiation ; – administration de médicaments et de produits par voies orale, entérale, parentérale ; – administration de produits par instillation, ou lavage dans les yeux, les sinus ou les oreilles ; – administration de produits par pulvérisation sur la peau et en direction des muqueuses ; – administration de produits médicamenteux par sonde ou poire dans les organes creux ; – réalisation de soins visant la fonction respiratoire : aspiration de sécrétions, oxygénothérapie... ; – réalisation  de  soins  visant  l’intégrité  cutanée  :  soins  de  plaies,  pansements  ; – réalisation  de  soins  de  plaie,  de  réparation  cutanée,  d’application  de  topique,  d’immobilisation

ou de contention ; – réalisation de soins de stomies ; – réalisation de soins visant à la thermorégulation ; – réalisation de soins visant aux cures de sevrage et de sommeil ; – actions de rééducation vésicale : calendrier mictionnel, reprogrammation. Réalisation de soins visant à la santé psychologique ou mentale : – activités à visée thérapeutique ou psychothérapeutique ; – activités  ludiques  à  visée  d’éveil  ou  de  maintien  de  la  conscience  ou  de  la  mémoire  ; – activités à visée socio-thérapeutique ; – contrôle et suivi des engagements thérapeutiques, des contrats et des objectifs de soins. Réalisation de soins visant au soulagement de la souffrance : – activités de relaxation (respiration, toucher, paroles, visualisation positive...) ; – entretien  spécifique  de  relation  d’aide : verbalisation, reformulation, visualisation positive Réalisation de soins visant à la santé psychologique ou mentale : – activités à visée thérapeutique ou psychothérapeutique ; – activités  ludiques  à  visée  d’éveil  ou  de  maintien  de  la  conscience  ou  de  la mémoire ; – activités à visée socio-thérapeutique ; – contrôle et suivi des engagements thérapeutiques, des contrats et des objectifs de soins. Réalisation de soins en situation spécifique : – soins  en  situation  d’urgence  ; – soins en situation de crise ; – soins en situation palliative ou en fin de vie ; – toilette et soins mortuaires ; – soins dans les transports sanitaires urgents et médicalisés ; – assistance du médecin en consultation et lors de certains actes médicaux.

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6. Coordination et organisation des activités et des soins

Organisation  de  soins  et  d’activités  : – élaboration,  formalisation  et  rédaction  d’un  projet  de  soins  ou  d’un  projet  de  vie  personnalisé  ; – élaboration  d’une  démarche  de  soins  infirmiers  pour  une  personne  ou  pour  un  groupe  ; – planification des activités dans une unité de soins pour un groupe de personnes pris en charge

pour la journée et à moyen terme ; – planification et organisation de consultations : dossier, traçabilité ; – répartition   d’activités   et   de   soins   entre   les   différents  membres   d’une   équipe de soins dans le

cadre de la collaboration ; – mesures de la charge de travail en vue de répartir les activités. Coordination des activités et suivi des parcours de soins : – coordination de ses activités avec les services prestataires : laboratoire, radio... ; – coordination des activités et des prises en charge entre les différents lieux sanitaires, sociaux, et

médico-sociaux, le domicile, la maison de repos.... ; – coordination des intervenants médico-sociaux ; – contrôle et suivi du cheminement des examens ; – intervention au cours de réunion de coordination. Enregistrement des données sur le dossier du patient et les différents supports de soins : – rédaction, lecture et actualisation du dossier de soins ou de documents de santé accompagnant

la personne ; – enregistrement de données cliniques et administratives ; – rédaction et transmission de documents de suivi pour la continuité de soins ; – enregistrement  des  informations  sur  les  supports  d’organisation  :  planification,  bons  de

demande  d’examen...  ; – recueil et enregistrement  d’information  sur  logiciels  informatiques. Suivi  et  traçabilité  d’opérations  visant  à  la  qualité  et  la  sécurité  : – enregistrement de données spécifiques à la gestion des risques et à la mise en œuvre des

procédures de vigilance sanitaire ; – enregistrement et contrôle des données sur la qualité des pratiques ; – enregistrement et vérification des données de traçabilité spécifiques à certaines activités ; – établissement de comptes rendus dans le cadre de mise en œuvre des   soins  d’urgence   ou   de

traitement antalgique. Actualisation  des  documents  d’organisation  des  soins  : – réalisation et actualisation des protocoles de soins infirmiers ; – réalisation  d’outils  d’organisation  des  activités  de  soins. Transmission  d’informations  : – transmission  orale  d’informations recueillies vers les médecins et les professionnels de santé ;

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– transmission   d’informations   à   partir   de   différents   documents   utilisés   pour   les   soins   :   dossiers, feuilles... ;

– prise de parole en réunion de synthèse ou de transmission entre équipes de soins ; – transmission  d’informations  orales  et  écrites  aux  professionnels  de   la  santé  pour  un  suivi  de   la

prise en charge ; – transmission  orale  d’informations  à  la  famille,  aux  proches  de  la  personne  soignée  ou  aux  aides à

domicile ; – réponse téléphonique à des demandes émanant de la personne soignée, des professionnels de

santé et du social, ou des proches ; – élaboration de résumés cliniques infirmiers. Interventions en réunion institutionnelle : – interventions lors de réunions de travail ou institutionnelles ; – préparation de synthèses cliniques.

7. Contrôle et gestion de matériels, dispositifs médicaux et produits

Préparation et remise en état de matériel ou de locaux : – préparation du matériel et des lieux pour chaque intervention soignante ; – préparation du dossier et mise à disposition des éléments nécessaires à la situation. Réalisation et contrôle des opérations de désinfection et de stérilisation : – vérification de la propreté du matériel utilisé dans la chambre et pour les soins ; – vérification des indicateurs de stérilisation du matériel ; – vérification  de  l’intégrité  des  emballages  ; – réalisation des différentes étapes de traitement du matériel : désinfection, stérilisation... Conduite  d’opérations  de  contrôle  de  la  qualité  en  hygiène  : – réalisation de protocoles de pré-désinfection, de nettoyage, de désinfection ou de stérilisation ; – élaboration de protocoles de soins infirmiers ; – application  des  règles  d’hygiène  concernant  le  matériel  et  contrôle  de  leur  respect. Conduite  d’opération  d’élimination  des  déchets : – réalisation   de   l’élimination   des   déchets   en   fonction   des   circuits,   de   la   réglementation   et   des

protocoles établis. Commande de matériel : – commande  de  matériel  d’utilisation  quotidienne  ou  moins  fréquente  ; – commande de produits pharmaceutiques, de dispositifs médicaux ; – commande de produits et de matériels divers. Rangement et gestion des stocks : – organisation  du  chariot  d’urgences  et  des  chariots  de  soins  ; – rangement et gestion des stocks de matériel et de produits ;

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– rangement et gestion de dotations de stupéfiants. Contrôle de la fiabilité des matériels et des produits : – contrôle  de  l’état  des  stocks  et  du  matériel  ; – contrôle  de  l’état  des  dotations  de  pharmacie  ; – contrôle  de  l’état  du  chariot  d’urgence  ; – contrôle de la fiabilité des matériels.

8. Formation et information des nouveaux personnels et des stagiaires

Accueil de stagiaire ou de nouveau personnel : – accueil de stagiaire ou de nouveau personnel ; – délivrance  d’information  et  de  conseil  aux  stagiaires  ou  au  nouveau  personnel  ; – élaboration de documents  de  présentation  du  service  ou  d’accueil  ; – contrôle du niveau de connaissance, des acquis professionnels et du projet professionnel ; – élaboration  en  équipe  du  projet  ou  du  protocole  d’encadrement. Conseil  et  formation  dans  l’équipe  de  travail  : – conseils  et  informations  aux  membres  de  l’équipe  de  soins  et  de  l’équipe  pluridisciplinaire  ; – réajustement  d’activités  réalisées  par  des  stagiaires  ou  des  nouveaux  personnels  en  vue – d’apprentissage  ; – explications sur les modalités du soin, et accompagnement afin de transmettre les valeurs – soignantes,  l’expertise  nécessaire,  et  l’organisation  du  travail  ; – encadrement  de  l’équipe  travaillant  en  collaboration  avec  l’infirmier. Réalisation de prestation de formation : – intervention en institut de formation ; – réalisation de cours ou intervention sur la pratique professionnelle ; – démonstration de soins réalisés dans un but pédagogique ; – information, conseil et formation en santé publique (tutorat...). Contrôle des prestations des stagiaires de diverses origines : – contrôle  au  quotidien  dans  l’ensemble  des  situations  professionnelles  ; – renseignement des documents de suivi ; – réalisation  des  feuilles  d’évaluation  des  stagiaires  ; – contrôle de prestations au cours des mises en situation professionnelle.

9. Veille professionnelle et recherche

Relation avec des réseaux professionnels : – lecture de revues professionnelles ; – lecture de travaux de recherche en soins ; – constitution   et   alimentation   d’une   base   d’information   sur   la   profession   d’infirmier   et   les  

connaissances professionnelles ;

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– recherche sur des bases de données existantes dans les domaines du soin et de la santé ; – recherche, sur les bases de données existantes, des recommandations de bonnes pratiques. Rédaction de documents professionnels et de recherche : – réalisation  d’études  et  de  travaux  de  recherche  dans  le  domaine  des  soins  ; – réalisation  de  publication  à  usage  de  ses  pairs  et/ou  d’autres  professionnels  de  santé  ; – rédaction de protocoles ou de procédures ; – accompagnement de travaux professionnels. Bilan sur les pratiques professionnelles : – échanges   de   pratiques   professionnelles   avec   ses   pairs   ou   avec   d’autres   professionnels   de   la

santé ; – apport   d’éléments   dans   le   cadre   d’élaboration   de   recommandations   de   bonnes   pratiques   ou

dans  le  cadre  d’évaluation  de  pratiques professionnelles ; – mise en place de débats sur les éléments éthiques dans un contexte de soins ; – Veille professionnelle et réglementaire Les  cases  des  actes,  activités  et  techniques  de  soins  sont  cochés  par  le  tuteur  avec  l’étudiant  à  la  fin  de la période de stage. Comme pour les compétences, un acte, une activité ou une technique de soins peut être acquis lors d’un  stage  et  à  améliorer  dans  un  autre.   Par exemple : ponction veineuse A domicile A Urgences AA SSR A L’étudiant   sait   respecter   les  règles  d’hygiène  standard,  faire  le point de compression à la fin, donne les bons conseils au patient, élimine les déchets correctement.

N’a   pas   su   gérer   son   stress   et  n’a   pas   réussi à piquer le patient Ou N’a   pas   su   respecter   les   règles  d’hygiène  à  cause  du  caractère  urgent

L’étudiant   sait   respecter   les  règles  d’hygiène  standard,  faire  le point de compression à la fin, donne les bons conseils au patient, élimine les déchets correctement.

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CONCLUSION

Gardons  à   l’esprit  que   la qualité de la formation des étudiants garantira leur professionnalisme de demain,  l’enjeu étant  d’assurer et  d’améliorer  la  qualité  des  soins.  Cette  qualité  passe  par  le  respect  d’exigences préétablies, la conformité des pratiques à des référentiels et leur évaluation, l’actualisation  des  connaissances  tout  au  long  du  parcours  professionnel.   Les clés du succès de la pédagogie en milieu professionnel reposent sur :

La mise en place du  livret  d’accueil  dans   les  services,  ce  qui  permet  à   l’IFSI  de  proposer  un  stage  à  l’étudiant  adapté  aux  compétences  qu’il  cherche  à  acquérir ;

La préparation de   l’accueil   de   l’étudiant,   la   qualité   de   l’accueil proprement dit et la mobilisation de tous les professionnels durant son stage ;

L’importance  de  l’information  à  l’équipe et de sa collaboration ;

L’accompagnement personnalisé du tuteur, son sens de la pédagogie, la compréhension de son rôle et   de   la   méthode   d’apprentissage. Il sait que montrer et réaliser des actes professionnels séquentiels ne suffisent pas, le tuteur incorpore du sens autour de la prise en charge  de  la  personne  en  lien  avec  les  savoirs  théoriques  de  l’étudiant.  Il  l’accompagne  dans  sa  progression  d’acquisition  des  compétences  ;

L’installation  d’un  climat  de  confiance et  l’aide  à  la  construction  de  l’identité  professionnelle;

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La  motivation  de  l’étudiant  à  apprendre  et  à  s’intégrer  dans  le  service  en  vue  d’acquérir  les compétences souhaitées;

Un étudiant acteur de sa formation à partir de situations de soins : l’étudiant   sollicite ses processus cognitifs, ses expériences passées, son analyse réflexive pour comprendre, agir, évaluer et transférer. Le tuteur lui donne du feed-back lors des moments privilégiés de rencontre où ils peuvent échanger sur des situations de soins significatives de la pratique soignante.

Le  rôle  structurant  de  l’erreur ;

La résolution  de  problèmes  par  l’étudiant à la place de solutions toutes faites apportées par le tuteur car   l’étudiant   est   considéré   comme   compétent   lorsqu’il   peut   agir   en   autonomie,  expliciter  son  action  et  transférer  dans  d’autres  situations;

La  qualité  du  suivi  et  de  l’évaluation par le tuteur, la rapidité de la mise en place d’un  plan  d’action  en  cas  de  difficultés ;

La qualité de la communication entre les différents acteurs : maître de stage, tuteur, étudiant, formateur référent;

La reconnaissance du rôle du tuteur au  sein  de  l’établissement  et  par  l’IFSI.

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Bibliographie S.Langenfeld, F.Couturat, Soins relationnels, soins palliatifs, Editions Elsevier Masson, 2011 M.A. Coudray, C.Gay, Le défi des compétences, Editions Elsevier Masson, 2009 K. Le Neurès, C.Siebert, Raisonnement, démarche clinique et projets de soins infirmiers, Editions Elsevier Masson, 2009 K. Le Neurès, B. Burlet, Soins éducatifs et préventifs, Editions Elsevier Masson, 2009 D. Beau, La boîte à outils du formateur, Editions Eyrolles, 2008 F. Alexandre-Bailly, D. Bourgeois, J.P. Gruère, Comportements humains et management, Editions Pearson Education, 2006 G. Le Boterf, Construire les compétences individuelles et collectives, Editions Eyrolles, 2009 C.Monédi, S.Mouterde Coacher et être coaché en entreprise, Editions Nathan, 2009 Site de la Haute Autorité de Santé http://www.has-sante.fr