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POLICY PAPER ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ Octobre 2016 MAXIME GOELFF QUENTIN MARTENS NOéMIE MONNART

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policy paper

ENTREPRENDRE !

PouR uNE sociéTé RichE D’iNiTiaTivEs ET DE cRéaTiviTé

Octobre 2016

Maxime Goelff

Quentin Martens Noémie Monnart

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Les auteurs remercient chaleureusement l’ensemble des personnes qui ont permis la réalisation de cette étude.

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ENTREPRENDRE !

POUR UNE SOCIETE RICHE

D’INITIATIVES ET DE

CREATIVITE

Maxime GOELFF | Quentin MARTENS |

Noémie MONNART

Octobre 2016

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Résumé

L’entrepreneuriat est le moteur d’une société. Les personnes qui entreprennent sont animées par leur recherche d’épanouissement et de développement personnel.

L’entrepreneuriat permet de créer de l’emploi et de l’activité, et d’apporter des solutions innovantes à des besoins insuffisamment rencontrés au sein de la société.

Pour promouvoir l’entrepreneuriat et, plus largement, une société riche en initiatives, la présente étude se concentre sur différents axes qui sont trop rarement mis en évidence.

La multiplicité des initiatives entrepreneuriales est fortement liée à la culture et aux

mentalités. Comment développer une culture favorable aux initiatives dans l’ensemble de la société ?

Les initiatives ne se limitent pas au seul monde de l’entreprise commerciale privée. De multiples formes d’entreprises existent : comment soutenir cette diversité ?

La création d’entreprises ne nécessite pas toujours de partir de zéro. De nombreuses entreprises disparaissent chaque année, faute de repreneurs. Comment favoriser la

reprise d’entreprises existantes ?

Le passage d’un statut d’allocataire social ou de salarié à celui d’indépendant peut se

traduire par une perte de revenus importante. Comment mieux soutenir ces transitions professionnelles et encourager le passage à l’acte effectif pour ceux qui souhaitent lancer leur entreprise ?

Pour chacune de ces questions, le présent rapport formule des propositions innovantes.

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TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION........................................................................... 10

1. Place et évolutions de l’entrepreneuriat ...................................... 14

1.1. La situation de l’entreprise ................................................................................................ 14

1.1.1. Nombre d’entreprises ......................................................................................................... 14

1.1.2. Nombre de postes de travail et valeur ajoutée par taille d’entreprise ............................... 15

1.1.3. Création et cessations d’entreprises ................................................................................... 15 1.1.4. Age des entreprises ............................................................................................................. 17

1.1.5. Evolution de l’emploi indépendant par Région .................................................................. 18

1.2. Le niveau de l’ent repreneuriat .......................................................................................... 20

1.3. Contexte international ........................................................................................................ 23

2. La culture et l’éducation entrepreneuriale ................................... 26

2.1. Une vision culturelle ............................................................................................................ 26

2.1.1. Un vrai engouement pour l’entrepreneuriat ......................................................................28

2.1.2. Tenir compte des intrapreneurs ..........................................................................................28 2.1.3. Un entrepreneuriat pas toujours visible .............................................................................29

2.1.4. Une culture qui reste un frein.............................................................................................. 30 2.1.5. Un passage à l’acte qui reste difficile .................................................................................. 30

2.1.6. Des actions qui ont porté leurs fruits .................................................................................. 31

2.2. Un changement de valeurs .................................................................................................31

2.3. Les caractéristiques des entrepreneurs........................................................................... 32

2.3.1. Les traits de personnalité .................................................................................................... 32

2.3.2. Les compétences de l’entrepreneur ................................................................................... 32

2.3.3. Des compétences recherchées ........................................................................................... 32 2.3.4. Entrepreneuriat de nécessité ou d’opportunité ................................................................. 33

2.4. L’importance de l’enseignement .......................................................................................33

2.5. Nos mesures pour encourager la pédagogie entrepreneuriale .................................. 36

2.5.1. La pédagogie entrepreneuriale dès l’enseignement primaire et l’entrepreneuriat durant

l’enseignement secondaire ................................................................................................................ 36

2.5.2. Intégrer l’entrepreneuriat dans les programmes des Universités et des Hautes Ecoles ... 39

2.6. Résumé des propositions pour une culture et une éducation ent repreneuriale ..... 42

3. L’accompagnement et le financement à la création d’entreprise ..... 44

3.1. Panorama des acteurs de l’accompagnement à la création d’entreprise ................. 45

3.1.1. Les acteurs de l’accompagnement en Wallonie et à Bruxelles ..........................................45

3.1.2. Le dynamisme des acteurs et leur collaboration................................................................48 3.1.3. Les réseaux d’entrepreneurs ...............................................................................................48

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3.2. Etat des lieux de l’enjeu du financement pour les (nouvelles) entreprises ...............49

3.2.1. En Europe............................................................................................................................ 50

3.2.2. En Belgique ..........................................................................................................................51

3.3. Les différents moyens de financement ........................................................................... 55

3.3.1. Panorama des différentes étapes du financement ............................................................ 55

3.3.2. Le plan fédéral .................................................................................................................... 58

3.3.3. Les priorités wallonnes ....................................................................................................... 58 3.3.4. Le prêt coup de pouce en Région wallonne ....................................................................... 58

3.3.5. Le prêt subordonné ............................................................................................................ 59 3.3.6. Le microcrédit aux publics fragilisés .................................................................................. 60

3.4. Nos mesures pour mieux accompagner les créations d’entreprises et assurer leur

financement ......................................................................................................................................... 61

3.4.1. Promouvoir l’expansion des incubateurs pour étudiants et leurs structures de financement .......................................................................................................................................61

3.4.2. Faciliter l’accès au travail indépendant de façon ponctuelle ou pour se lancer .................61 3.4.3. Simplifier les procédures administratives par le principe « only once ».............................63

3.4.4. Sensibiliser les réseaux d’entrepreneurs à élargir leur public et les soutenir financièrement ...................................................................................................................................63 3.4.5. Encourager les investissements privés en capital grâce à une collaboration accrue entre les business angels, le venture capital et les Invests publics ............................................................ 64

3.4.6. Mobiliser l’épargne vers l’économie réelle et locale .......................................................... 65 3.4.7. Développer le crowdfunding à grande échelle .................................................................. 66

3.5. Résumé des propositions pour le financement et l’accompagnement des entreprises............................................................................................................................................68

4. Soutenir les transitions vers l’entrepreneuriat ............................. 70

4.1. Quelles sont les possibilit és actuelles ? ........................................................................... 70

4.1.1. Le plan Airbag......................................................................................................................70

4.1.2. Les dispositions à l’attention des chômeurs .......................................................................70

4.2. Soutenir les transitions professionnelles vers le statut d’indépendant ..................... 73

4.2.1. Octroyer des allocations dégressives au début de l’activité indépendante ....................... 73

4.2.2. Octroyer aux salariés la possibilité de prendre un crédit-temps avec motif pour création d’activité économique ........................................................................................................................74

4.3. Résumé des propositions pour soutenir les transitions professionnelles vers

l’emploi indépendant ......................................................................................................................... 77

5. Soutenir la diversité entrepreneuriale : des associations à la coopérative ................................................................................. 80

5.1. Principes de l’entrepreneuriat social ................................................................................80

5.2. Renforcer l’accompagnement de l’entrepreneuriat social, coopératif et collaboratif …………………………………………………………………………………………………………….81

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5.2.1. Renforcer et élargir les agences-conseil .............................................................................82

5.2.2. Stimuler la création de nouvelles entreprises sociales.......................................................82

5.2.3. Un incubateur de projets sociétaux en Wallonie ................................................................82

5.3. Soutenir les coopératives participatives ......................................................................... 83

5.3.1. Modifier la loi sur les coopératives......................................................................................84

5.3.2. Financer adéquatement le développement des coopératives participatives....................85

5.4. Garantir la liberté d’entrepreneuriat associatif ............................................................. 85

5.4.1. Les fondements de la Charte associative ...........................................................................85 5.4.2. Mettre en place la Charte associative .................................................................................86

5.5. Résumé des propositions pour soutenir la diversité ent repreneuriale ..................... 87

6. Favoriser la transmission d’entreprise......................................... 90

6.1. Peu de transmissions, mais un grand potentiel ............................................................. 90

6.1.1. Un vieillissement qui gagne en importance ....................................................................... 91 6.1.2. Une mauvaise préparation des cédants.............................................................................. 91

6.1.3. Trop peu de repreneurs ....................................................................................................... 91

6.1.4. Les avantages d’une reprise ................................................................................................92

6.2. Pour l’ent re-reprise ! ........................................................................................................... 93

6.2.1. Amplifier la sensibilisation de manière ciblée ....................................................................94

6.2.2. Permettre la gratuité des plateformes faisant rencontrer l’offre et la demande ..............94 6.2.3. Encourager financièrement les tandems ............................................................................95

6.2.4. Faciliter l’accès au financement ..........................................................................................95

6.2.5. Transmettre son entreprise à ses salariés : le choix de la coopérative ..............................96

6.3. Résumé des propositions pour favoriser la transmission d’entreprise ..................... 97

CONCLUSION .............................................................................100

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES................................................102

TRENTE PROPOSITIONS POUR UNE SOCIETE RICHE D’INITIATIVES ET DE CREATIVITE .......................................................................... 106

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INTRODUCTION

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

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INTRODUCTION

« Il faut garantir à celui qui a l’envie d’entreprendre, et qui donc prend des risques, les moyens de mettre en œuvre son projet. Au niveau économique, social, culturel, les entrepreneurs sont des

moteurs de la société ».

Manifeste du Développement Humain

Une société riche en initiatives et dynamique en création de projets, de biens et de services

innovants est la marque d’une société prospère qui se réinvente vers plus d’autonomie, de responsabilisation, de créativité et d’épanouissement personnel. L’entrepreneuriat est au centre du fonctionnement de notre économie. Il est le poumon d’une société innovante et

créatrice d’emplois où chacun devient libre de réaliser ses propres projets, et où chacun peut soi-même être amené à créer de l’emploi pour autrui. Les projets développés améliorent notre qualité de vie par les biens et les services qu’ils apportent. L’esprit d’entreprendre est aussi la source des innovations sociétales et associatives. Dans certains cas, ces réalisations

débouchent sur de nouvelles relations entre consommateurs et producteurs, sur des dynamiques coopératives ou encore sur des formes nouvelles de développement personnel. Les possibilités sont innombrables.

Pourtant, en se comparant à d’autres pays dans le monde, l’esprit et le goût d’entreprendre peuvent être améliorés en Belgique.

L’entrepreneuriat au sens strict peut se définir comme « la capacité et la volonté des individus, par eux-mêmes ou en équipe, à l'intérieur et en dehors des organisations existantes, à percevoir et à créer de nouvelles opportunités économiques (nouveaux produits, de nouvelles

méthodes de production, de nouveaux schémas organisationnels et de nouvelles combinaisons produit-marché), et d'introduire leurs idées sur le marché, en faisant face à un contexte d'incertitude et à une série d’obstacles »1.

Plus largement, l’esprit d’entreprendre qui anime une société va au-delà de cette définition car il ne se limite pas à la seule valorisation commerciale. En effet, l’entrepreneuriat touche également la création de projets ou d’organisations associatifs sans buts lucratifs. Il touche à

n’importe tout projet collectif ou individuel qui nécessite de l’organisation et de la créativité pour arriver à des solutions ou des services qui améliorent le quotidien des personnes. L’esprit d’entreprendre est le moteur tant du développement économique que sociétal. La création de son activité économique ou les créations d’entreprises constituent dès lors un pan important

de l’entrepreneuriat, mais celui-ci ne s’y limite aucunement. L’esprit d’entreprendre couvre un champ bien plus large d’activités et de projets.

1 Conseil Central de l’Économie, « L’entrepreneuriat en Belgique : problèmes et défis », 2011, p. 5.

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Une société entrepreneuriale ouverte au changement accélérera naturellement le processus d’innovation2. De plus, divers courants (économie du partage, économie collaborative,

économie numérique, économie circulaire) influencent notre économie et la transforment. Ces changements de paradigmes rabattent les cartes économiques. Une série de métiers sont amenés à évoluer ou à disparaitre. Parallèlement, de nouvelles opportunités émergent. Ces

changements doivent être accompagnés et il convient de soutenir ceux qui sont dans une démarche entrepreneuriale pour saisir ces opportunités. Nous devons développer une culture entrepreneuriale, soutenir les prises d’initiatives et le développement d’activités, appuyer les personnes entreprenantes qui se mettent en projets, encourager les activités

complémentaires et ceux qui souhaitent se lancer, faciliter les changements de carrière, équilibrer les différents statuts, améliorer l’accompagnement et le financement.

L’étude trouve son inspiration dans une série d’entretiens réalisés entre décembre 2015 et septembre 2016 avec des experts académiques, des entrepreneurs et des représentants des différents secteurs. Des références à ces entretiens sont régulièrement mentionnées au cours de cette publication. Le champ de l’étude est axé sur les nouveaux entrepreneurs qui

souhaitent ou qui viennent de lancer leur activité d’indépendant, et sur les premières étapes de leur développement. L’enjeu de la croissance des entreprises déjà établies sort du cadre de cette publication.

Au cours de notre réflexion, cinq thèmes en particulier ont été identifiés comme porteurs d’une société intensive en initiatives : l’éducation, l’accompagnement et le financement des entreprises, les transitions vers l’emploi indépendant, le soutien à des formes diverses

d’entrepreneuriat et la transmission d’entreprise.

Si certaines dimensions sont fréquemment abordées dans l’approche de l’entrepreneuriat ,

d’autres sont trop peu mises en avant. C’est le cas par exemple de la transition vers l’emploi indépendant, ou encore de la transmission d’entreprise. Par l’approche qui nous présentons dans cette publication, nous avons voulu démontrer que le développement de l’esprit d’initiative et d’entreprendre nécessite une approche large, innovante et qui décloisonne les

différentes dimensions.

2 DEJARDIN, M., « Construire une société de l’entrepreneuriat », Rapport de session, Conférence européenne : "L’Europe de l’esprit d’entreprise au futur", présidence hellénique de l’Union européenne et Commission européenne, Thessalonique, 13 février 2003.

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1.PLACE ET EVOLUTIONS DE L’ENTREPRENEURIAT

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

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1. PLACE ET EVOLUTIONS DE L’ENTREPRENEURIAT

1.1. LA SITUATION DE L’ENTREPRISE

1.1.1. Nombre d’entreprises

En Belgique, il y a 674.604 entreprises répertoriées en 2014, dont 469.490 sans aucun salarié. 3 Les entreprises qui occupent moins de 10 personnes représentent plus de 94% des entreprises

et constituent plus d’un tiers de l’emploi du secteur des entreprises4. Entre 2008 et 2014, environ 86.000 entreprises supplémentaires ont été créées. Cette hausse du nombre total est totalement imputable aux entreprises qui ne disposent pas de salariés. Il s’agit dès lors généralement de simples indépendants. Le nombre d’entreprises de tailles supérieures a

diminué sur la même période.

Selon les statistiques, la valeur ajoutée par personne occupée apparait relativement plus

élevée dans les grandes entreprises (cf. : Tableau 2, p. 15). La création de valeur dans les petites entreprises apparait donc comme une question cruciale.

Tableau 1 Nombre d’entreprises (hors secteur financier et assurances) par classe de

taille en Belgique

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2014-

2008

Total 588.507 593.745 601.989 613.949 630.605 656.979 674.604 86.097

Zéro

salarié 378.397 385.032 392.675 403.633 422.115 450.334 469.490 91.093

De 1 à 4 salariés

144.433 143.703 144.449 145.112 143.670 142.592 141.169 -3.264

De 5 à 9 salariés

30.806 30.663 30.716 30.805 30.511 30.184 30.114 -692

10 salariés ou plus

34.871 34.348 34.149 34.400 34.309 33.869 33.832 -1.039

Source : Eurostat

3 Une entreprise sans salarié peut tout de même occuper un(e) ou plusieurs travailleur-e-s, par exemple le (la) ou les

dirigeant-e-s. 4 Hors secteurs financier et des assurances.

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PLACE ET ÉVOLUTIONS DE L’ENTREPRENEURIAT EN BELGIQUE

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1.1.2. Nombre de postes de travail et valeur ajoutée par taille d’entreprise

En 2013, l’économie marchande belge (hors construction, secteur financier et assurances) se

compose de 565.802 entreprises, dont 94,3% de micro-entreprises (moins de 10 personnes occupées). 2.709.917 personnes sont occupées dans l’économie marchande et génèrent une valeur ajoutée de 191 milliards d’euros. 70% de l’emploi au sein de l’économie marchande se

situe au sein d’une PME (entreprise de moins de 250 personnes).

Tableau 2 Statistiques des entreprises belges (hors secteur de la construction, secteur

financier et assurances) en 2013

Nombre d'entreprises

Valeur ajoutée aux coûts des facteurs (M€)

Nombre de personnes occupées

Total 565.802 191.172,1 2.709.917

100 % 100 % 100 %

Moins de 10 salariés

533.487 42.635,5 924.736

94,29 % 22,3 % 34,12%

De 10 à 19 salariés

17.073 16.420,1 228.612

3,02 % 8,59 % 8,44 %

De 20 à 49

salariés

10.167 23.116,5 318.163

1,8 % 12,09 % 11,74 %

De 50 à 249 salariés

4.189 35.337,3 422.299

0,74 % 18,48 % 15,58 %

250 salariés ou plus

886 73.662,7 816.107

0,16 % 38,53 % 30,12 %

Source : Eurostat

1.1.3. Création et cessations d’entreprises

Le nombre d’entreprises augmente sensiblement entre 2008 et 2014. Nous avons vu que cette

augmentation concerne exclusivement des entreprises individuelles. Parallèlement aux créations d’entreprises, de nombreuses entreprises ferment chaque année. Le Tableau 3 montre ces évolutions. Chaque année, ce sont entre 20.000 et 30.000 entreprises qui se créent, et entre 10.000 et 25.000 qui cessent leur activité. Le Tableau 3 et la Figure 1, p. 16 présentent

également le taux de survie à 3 ans et à 5 ans des entreprises.5 Le taux de survie s’est fortement amélioré au cours des dernières années, en particulier en 2014, et apparait nettement plus élevé que chez les trois principaux pays limitrophes.6 Il y a lieu d’identifier si cette tendance se confirme à l’avenir.

5 Le taux de survie à 3 ans d’une entreprise est le nombre d’entreprises créées en t-3 ayant survécu en t, rapporté au

nombre d’entreprises créées en t-3. 6 Les statistiques sont à prendre avec précaution vu certaines incohérences manifestes : ainsi, le taux de survie à 3 ans en 2014 apparait supérieur à 100%, ce qui semble difficilement explicable.

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

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Tableau 3 Créations et cessations d’entreprises en Belgique

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Population des entreprises

actives en t 588.507 593.745 601.989 613.949 630.605 656.979 674.604

Nombre de créations

d'entreprises en t 30.915 26.516 30.814 31.509 31.020 22.914 28.945

Nombre de cessations d'entreprises en t

19.234 21.076 19.672 13.327 14.337 22.995 19.789

Créations - cessations d'entreprises

11.681 5.440 11.142 18.182 16.683 -81 9.156

Taux de survie après 3 ans en % 61,41 69,86 71,68 73,05 73,11 102,87

Taux de survie après 5 ans en % 53,99 60,16 61,40 86,12

Figure 1 Taux de survie des entreprises à 3 ans et à 5 ans, en %

Source : Eurostat

0,0010,0020,0030,0040,0050,0060,0070,0080,0090,00

100,00110,00

Belgique Allemagne France Pays-Bas

Taux de survie après trois ans

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

0,0010,0020,0030,0040,0050,0060,0070,0080,0090,00

100,00

Belgique Allemagne France Pays-Bas

Taux de survie après cinq ans

2009 2010 2011 2012 2013 2014

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PLACE ET ÉVOLUTIONS DE L’ENTREPRENEURIAT EN BELGIQUE

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Le Tableau 4 renvoie au nombre de postes de travail qui sont générés ou perdus selon qu’une entreprise soit créée ou liquidée. En 2011, 2012 et 20137 , il y a ainsi près de deux fois plus de

postes de travail créés dans des entreprises récentes qu’il n’y a d’emplois perdus dans les entreprises en liquidation. Ces chiffrent démontrent la pertinence d’une politique publique qui mise sur la création d’entreprises pour créer de l’emploi.

Tableau 4 Nombre de personnes occupées en Belgique dans les entreprises

nouvellement créées ou en cessation

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Nombre de personnes occupées dans la population des entreprises

nouvellement créées en t-5 ayant survécu en t

33.508 39.382 40.447

Nombre de personnes occupées dans la population des entreprises ayant cessé leur activité en t

47.788 35.706 32.612 17.926 17.548 26.587 23.664

Taille moyenne des entreprises mortes :

nombre de personnes occupées durant la période de référence (t) dans les entreprises mortes en t divisé par le

nombre d'entreprises mortes en t

2,48 1,69 1,66 1,35 1,22 1,16 1,20

Source : Eurostat

1.1.4. Age des entreprises

En moyenne, les entreprises de moins d’un an représentent environ 4,5% des entreprises répertoriées.

Tableau 5 Part des entreprises selon l’âge dans le total des entreprises en %

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Part des entreprises âgées d'un an 4,85 4,71 3,96 4,47 4,55 4,26 4,42

Part des entreprises âgées de deux ans 4,02 4,22 4,03 3,47 3,93 3,95 4,99

Part des entreprises âgées de trois ans 3,56 3,87 3,61 3,07 3,43 4,80

Part des entreprises âgées de quatre ans 3,33 3,49 3,25 2,71 4,24

Part des entreprises âgées de cinq ans 3,03 3,18 2,89 3,38

Part des entreprises âgées de plus de cinq ans 86,4 86,57 87,02 82,59

Source : Eurostat

7 Ce sont les trois seules années où des statistiques sont disponibles concernant le nombre de personnes occupées dans des entreprises nouvellement créées (en t-5).

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

18

1.1.5. Evolution de l’emploi indépendant par Région

L’emploi indépendant en Belgique est resté relativement stable de 1995 jusqu’à la moitié des

années 2000. Entre 2005 et 2016, l’emploi indépendant augmente, de 694.500 à 775.700 travailleurs. Si le nombre d’indépendants augmente considérablement à Bruxelles en termes relatifs (+33,2% entre 2005 et 2016), c’est cependant majoritairement la Flandre qui est à la

base de la hausse du nombre d’indépendants en termes absolus. La Région wallonne pouvait se targuer d’un haut taux d’indépendants avant les années 2000, mais ce taux a diminué. Il reste malgré tout légèrement plus important qu’en Flandre, mais le nombre d’indépendant s supplémentaires entre 2005 et 2016 y est inférieur (+17.300 en Région wallonne contre +44.000

en Flandre).

Tout l’enjeu est de permettre à davantage de personnes de créer et tester leur activité

d’indépendant, et d’améliorer sensiblement le taux de passage à l’acte. En Belgique, « 93% des jeunes de moins de 30 ans ont une attitude favorable vis-à-vis de l’entrepreneuriat, 43% d’entre eux envisagent de créer une entreprise dans un avenir proche mais moins de 3% passeront à l’acte entrepreneurial à la sortie de leurs études »8.

Tableau 6 Augmentation de l’emploi indépendant entre 2005 et 2016 selon les Régions

Croissance 2005-2016 Augmentation 2005-2016

Région Bruxelles-Capitale + 33,2% + 19.718

Région flamande + 10,3% + 44.109

Région wallonne + 8,3% + 17.339

Belgique + 11,7% + 81.166

Source : Bureau fédéral du Plan

8 1819.brussels, « Avant de créer des entreprises, il faut créer des entrepreneurs – Vers une stratégie régionale en matière de sensibilisation des jeunes à l’entrepreneuriat », Région Bruxelles-Capitale, Mars 2016, p. 4.

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PLACE ET ÉVOLUTIONS DE L’ENTREPRENEURIAT EN BELGIQUE

19

Figure 2 Emploi indépendant par Région

Source : Bureau fédéral du Plan, Perspectives économiques régionales (années 2016 et suivantes : projections)

0

100 000

200 000

300 000

400 000

500 000

600 000

700 000

800 000

900 000

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

2015

2016

2017

2018

Emploi indépendant

Région Bruxelles-Cap Région flamande

Région wallonne Belgique

0,0%

2,5%

5,0%

7,5%

10,0%

12,5%

15,0%

17,5%

20,0%

22,5%

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

2015

2016

2017

2018

Emploi indépendant en % de l'emploi total

Région Bruxelles-Cap Région flamande

Région wallonne Belgique

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

20

1.2. LE NIVEAU DE L’ENTREPRENEURIAT

« Les entrepreneurs ou candidats entrepreneurs en Belgique doivent faire face à des coûts salariaux élevés, à des règles strictes et à des contraintes administratives en plus de prestations

sociales moins favorables [par rapport à l’emploi salarié] »9

Pour pouvoir s’interroger sur les défis de l’entrepreneuriat en Belgique et dans ses Régions, il importe d’en connaître la situation actuelle tout en comparant les résultats avec d’autres pays

industrialisés. Plusieurs indicateurs permettent de comparer l’entrepreneuriat au niveau international. Le premier indicateur, « l’indice TEA »10, reflète la part de la population en âge de travailler qui est concernée par la création d’une nouvelle entreprise11 ou d’une activité

d’indépendant.

Cette population de jeunes entrepreneurs a progressé depuis 2006 en Belgique, avec un pic atteint en 2011, permettant ainsi à la Belgique de dépasser l’Italie, la France et l’Allemagne en

termes de taux de jeunes entrepreneurs au sein de la population professionnelle. Si ces performances sont appréciables, elles restent cependant faibles en comparaison de celles affichées par d’autres pays comme le Royaume-Uni, les Etats-Unis ou les Pays-Bas. Au sein de

ces huit pays, les pays anglo-saxons semblent se distinguer.

9 « Tableau de bord de la compétitivité de l’économie belge », SPF Economie, Novembre 2015, p. 57. [En ligne : http://economie.fgov.be/fr/spf/etudes/Tableau_de_bord_competitivite/#.VxSqB0dSE58 ] 10 « Total early-stage Entrepreneurial ». 11 Entreprises qui partent de zéro. Les fusions, scissions ou restructurations ne sont pas concernées, et âgées de maximum 42 mois.

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PLACE ET ÉVOLUTIONS DE L’ENTREPRENEURIAT EN BELGIQUE

21

Figure 3 « TEA-index », i.e. : pourcentage de la population de 18-64 ans qui est soit nouvel entrepreneur, soit gestionnaire-propriétaire d’un nouveau business

Classement par ordre croissant en 2014 (panneau de gauche) ; évolution pour la Belgique et tendance linéaire (panneau de droite)

Source : GEM – Global Entrepreneurship Monitor

Un autre indice, l’indice NBOR, se concentre sur les jeunes entreprises déjà rentables12. Sans

surprise, la valeur observée est toujours plus faible que pour l’indice TEA car les entreprises qui n’ont pas encore rémunéré leurs propriétaires pendant au moins quatre mois en sont exclues. Pour la Belgique, l’indice NBOR, deux fois moins élevé que l’indice TEA, fait apparaitre qu’une nouvelle entreprise sur deux créée en Belgique est donc soit tout juste naissante (âgée de

moins de trois mois), soit non-rentable (à ce stade).

L’indice NBOR suit une tendance similaire à l’indice TEA, avec un pic de 3,0% en 2011 et une

amélioration tendancielle depuis le début des années 2000. Le trio des pays en tête reste le même que pour celui de l’indice TEA avec des valeurs toujours sensiblement plus élevées que les autres pays exposés. Les Pays-Bas arrivent cette fois en tête, indiquant que ce pays est celui où l’on trouve la plus grande proportion de personnes gestionnaires et propriétaires d’une

nouvelle entreprise rentable depuis au moins quatre mois.

12 « New Business Ownership Rate » (NBOR) : se limite aux chefs d’entreprise dont l’entreprise a payé des salaires ou toute autre forme de rémunération à ses dirigeants durant plus de trois mois et au maximum durant 42 mois.

4,4%5,3% 5,3% 5,4%

6,5%

9,5%10,7%

13,8%

0%

2%

4%

6%

8%

10%

12%

14%

16%

2002 2006 2010 2014

5,7%

2%

3%

4%

5%

6%

7%

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Belgique

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

22

Figure 4 « New Business Ownership Rate », i.e. : pourcentage de la population de 18-64 ans gestionnaire-propriétaire d’un nouveau business13

Classement par ordre croissant en 2014 (panneau de gauche) ; évolution pour la Belgique et tendance linaire (panneau de droite)

Source : GEM – Global Entrepreneurship Monitor

Figure 5 « Necessity-Driven Entrepreneurial Activity : Relative Prevalence », i.e. :

pourcentage de la population comptabilisée dans l’indice TEA et impliquée dans l’entrepreneuriat parce qu’elle n’a pas d’autre choix pour travailler

Classement par ordre croissant en 2014 (panneau de gauche) ; évolution pour la

Belgique, l’Allemagne, les Etats-Unis et le Royaume Unis (panneau de droite)

Source : GEM – Global Entrepreneurship Monitor

13 C’est-à-dire un business qui a payé des salaires ou toute autre forme de rémunération à ses propriétaires durant plus de trois mois et au maximum 42 mois.

1,3%

1,7%

2,5% 2,5% 2,6%

4,3%4,5% 4,5%

0,0%

0,5%

1,0%

1,5%

2,0%

2,5%

3,0%

3,5%

4,0%

4,5%

5,0%

2002 2006 2010 2014

3,0%

0%

1%

1%

2%

2%

3%

3%

4%

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Belgique

12,9% 13,5% 13,6%15,7% 16,1%

23,2%

30,7%

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

35%

40%

45%

2002 2006 2010 2014

30,7%

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

35%

40%

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Belgique Allemagne

Etats-Unis Royaume-Uni

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PLACE ET ÉVOLUTIONS DE L’ENTREPRENEURIAT EN BELGIQUE

23

Un autre aspect de l’entrepreneuriat est la motivation qui pousse une personne à entreprendre. Selon le Conseil central de l’économie14, les entrepreneurs qui sont les plus

enclins à créer des entreprises innovantes à haute valeur ajoutée ne seraient pas ceux qui ont entrepris pour des raisons de subsistance, c.-à-d. ceux qui ont entrepris parce qu’ils n’avaient pas d’autres moyens pour travailler. C’est pourquoi il est important d’encourager

plus de personnes à entreprendre, et en particulier des personnes qui ont un projet innovant.

La Figure 7, p. 22, montre qu’en 2014, 30,7% des nouveaux entrepreneurs le sont pour des raisons de subsistance. Ce score est le plus élevé des sept pays exposés. Ce n’a pas toujours

été le cas. L’Allemagne et la France, par exemple, ont connu un pic en 2006 avec respectivement 36% et 39% d’indépendants ayant entrepris par nécessité. Ces valeurs se sont ensuite amenuisées. Pour le cas de l’Allemagne, la réduction du chômage sur la même période

de temps est une hypothèse potentielle pour expliquer cette tendance. Mais il est notable de constater que la tendance inverse apparait pour la Belgique : alors que les entrepreneurs semblent très peu motivés par des raisons de subsistance au cours des années 2000 (moins de 10 %), près d’un sur trois semble l’être en 2014.

Les données du Global Entrepreneurship Monitor (GEM) laissent enfin apparaitre que non seulement le Royaume-Uni affiche le meilleur taux de jeunes entreprises, mais également le

plus haut taux d’entreprises créées pour d’autres raisons que des raisons de subsistance.

1.3. CONTEXTE INTERNATIONAL

La Belgique se caractérise comme une petite économie ouverte qui dépend d’entreprises multinationales étrangères et qui est exposée à une forte concurrence internationale via l’importation.15 « La grande ouverture de l’économie belge induit une hausse du risque entrepreneurial. Elle pénalise notamment les initiatives nationales, par ce qu’on appelle le

"crowding out". »16 Vu ce cas de figure, le défi est d’en tirer les avantages, notamment l’accès aux capitaux et aux connaissances apportées par les entreprises étrangères.

La Belgique a perdu des parts des marchés à l’exportation, c’est-à-dire que les pays vers lesquels la Belgique a l’habitude d’exporter importent relativement moins de produits belges. L’entrepreneuriat doit pouvoir être une réponse à cette évolution, car les jeunes entreprises innovantes sont plus à même de développer de nouveaux produits qui seront appréciés au

niveau international.

14 Entretien avec Luc Denayer, Secrétaire général du Conseil central de l’économie, Bruxelles, 10 décembre 2015. 15 Conseil Central de l’Economie, « L’entrepreneuriat en Belgique : problèmes et défis. La vision des experts », Note

documentaire., 2011, p. 18. 16 CCE (2011), Ibid, p. 16.

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

24

Figure 6 Parts de marché à l’exportation de biens et services par rapport aux marchés potentiels (1990 = 1)

Source : OCDE, études économiques de l’OCDE : Belgique

Note : la part des marchés potentiels à l’exportation correspond à l’évolution pondérée de la part des exportations belges

dans les importations des pays importateurs de nos produits. Ainsi, depuis 1990, les exportations belges sont inférieures de 30% au niveau qu’elles auraient atteint si nos parts de marchés étaient restées constantes.

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

0,9

1

1,1

1,2

1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012

Netherlands France

Germany Italy

United States Belgium

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2. LA CULTURE ET L’EDUCATION ENTREPRENEURIALE

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

26

2. LA CULTURE ET L’EDUCATION ENTREPRENEURIALE

La culture dominante et les mentalités déterminent fortement le caractère entrepreneurial d’une société. Il s’agit d’un état d’esprit selon lequel les problèmes sont amenés à être résolus,

par des solutions innovantes, en prenant des initiatives, par la persévérance et en prenant des risques mesurés. Bien qu’on ne puisse changer radicalement la culture d’un pays ou d’une région, celle-ci peut évoluer. Dans ce contexte, l’enseignement et l’éducation sont des facteurs essentiels.

2.1. UNE VISION CULTURELLE

La littérature scientifique tente d’apporter des explications sur la vitalité ou le manque de

vitalité de l’entrepreneuriat. Les études abordent ces facteurs soit sous l’angle de l’individu (personnalité, parcours familial et professionnel,) soit sous l’angle du développement de l’entrepreneuriat au niveau d’un territoire (pays, région).

Le Global Entrepreneurship Monitor17 étudie la dynamique entrepreneuriale dans le monde entier en comparant les pays entre eux en se posant la question : pourquoi certains pays sont plus entreprenants que d’autres ? En Belgique, l’entrepreneuriat est perçu comme un bon

choix de carrière par 52,3% des citoyens, contre 56,9%18 en moyenne en Europe. La perception de l’entrepreneuriat est donc moins favorable en Belgique que dans d’autres pays. Parallèlement, 10.6% des Belges déclarent avoir l’intention d’entreprendre, contre 12.1% en

Europe. Sur base de ces différents chiffres, la culture de l’entrepreneuriat en Belgique apparait comme relativement faible.

17 Plusieurs études mettent en exergue la relativement faible performance de la Belgique en matière

d’entrepreneuriat17. Un des indicateurs les plus utilisés pour évaluer le lancement de nouvelles entreprises est le TEA

de l’enquête Global Entrepreneurship Monitoring.

18 Global Entrepreneurship Monitor, Global report, 2014, p.30.

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LA CULTURE ET L’ÉDUCATION ENTREPRENEURIALE EN BELGIQUE

27

Figure 7 Indice et classement de l’écosystème entrepreneurial en Belgique Sur 62 pays évalués

Source : Global Entrepreneurship Monitor, 2015/2016 report

Un rapport du Conseil Central de l’Économie19 confirme que la Belgique se caractérise par un

faible degré d’entrepreneuriat. Selon ce rapport, les Belges sont en général davantage averses

au risque que la moyenne, et le statut associé aux entrepreneurs qui réussissent n’est pas aussi positif que dans d’autres pays. La relation au succès et à l’échec serait problématique en Belgique (en Belgique francophone à tout le moins). Le rapport du CCE met également en avant la stigmatisation des échecs entrepreneuriaux en Belgique comme en Europe de

manière générale. Ces constats sont confirmés par plusieurs spécialistes, dont Marcus Dejardin, professeur à l’Université de Namur. Celui-ci avance que la culture d’entreprendre n’est pas fort développée en Belgique20, mais également que la culture au sein d’un pays

change très lentement, et qu’il est difficile de la modifier. La question n’est dès lors pas tant « comment changer notre culture ? » mais, « compte tenu de la culture existante, comment changer notre discours pour favoriser l’entrepreneuriat ? »

Considérant ces éléments, nous nous interrogeons sur les raisons pour lesquelles l’intention d’entreprendre en Belgique est moins marquée que dans d’autres pays. Cette interrogation renvoie, au moins en partie, à la culture et aux valeurs transmises par et dans la société. En

termes de politiques publiques, la question revient à s’interroger sur les mesures à mettre en œuvre afin que davantage de personnes entreprennent et puissent avoir l’envie et l’opportunité de créer leur activité (sous quelle que forme que ce soit).

19 Conseil Central de l’Economie, « L’entrepreneuriat en Belgique : problèmes et défis. La vision des experts », Note

documentaire., 2010.

20 Entretien avec Marcus Dejardin, Professeur à l’Université de Namur, Bruxelles, 16 mars 2016.

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

28

2.1.1. Un vrai engouement pour l’entrepreneuriat

Malgré une culture de l’entrepreneuriat qui reste assez faible, la plupart des interlocuteurs

rencontrés estiment que le climat s’est nettement amélioré ces dix dernières années. Aujourd’hui, les idées et les projets se multiplient. Si, auparavant, les projets manquaient, désormais de nombreux jeunes se lancent ou ont l’intention de se lancer. Une série de

politiques ont porté leurs fruits.

A l’école de commerce de Solvay (ULB), par exemple, la mineure en entrepreneuriat est devenue la mineure la plus choisie actuellement.21 Par le passé, Solvay formait principalement

des industriels et par la suite des consultants. Le fait qu’elle forme aujourd’hui des personnes qui souhaitent devenir entrepreneuses est révélateur d’un changement opéré par la nouvelle génération.

2.1.2. Tenir compte des intrapreneurs

Vu les statistiques du GEM sur les TEA et EEA (entrepreneuriat des employés et l’activité), la Belgique apparait peu entrepreneuriale. Il est toutefois important de noter que l’entrepreneuriat ne se réduit pas à la création de nouvelles organisations. Le GEM considère

également les « intra-preneurs », c’est-à-dire les personnes chargées de projets entrepreneuriaux et qui prennent des initiatives à l’intérieur de leur organisation.22 La Belgique se distingue favorablement du point de vue « intra-preneurial ». Cela signifie qu’en dépit du

taux de création d’entreprise relativement faible23, l’esprit d’entreprendre au sens large reste bien présent. Beaucoup de projets innovants voient le jour et la fonction entrepreneuriale est assurée (Cf. : Figure 8, p. 29).

21 Entretien avec Bruno Wattenbergh, Directeur de Brussels Impulse (structure bruxelloise de soutien aux jeunes entreprises), Bruxelles, 14 avril 2016.

22 L’intra-entrepreneuriat est évalué par des questions du type : « Avez-vous été en charge d’un projet innovant dans

votre entreprise ? »

23 Conseil Central de l’Economie, « L’entrepreneuriat en Belgique : problèmes et défis. La vision des experts », Note documentaire., 2010, p. 33.

D’un point de vue

« intra-entrepreneurial », la

Belgique se distingue favorablement.

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LA CULTURE ET L’ÉDUCATION ENTREPRENEURIALE EN BELGIQUE

29

Figure 8 Global Entrepreneurship and Development Index (GEDI : Belgium, Europe (Region) and World)

Source : Commission européenne, GEDI

2.1.3. Un entrepreneuriat pas toujours visible

Contrairement à ce qu’il ressort régulièrement et que nous relatons ci-dessus, certains interlocuteurs comme Patrick Sapy24 estiment que le discours consistant à déclarer que le

Belge n’est pas assez entreprenant est incorrect. Pour lui, il existe une frange importante de la population qui est entreprenante. Il s’agit d’entrepreneurs informels qui témoignent d’une énergie entrepreneuriale forte mais qui n’est pas toujours perceptible, en particulier lorsqu’elle se situe dans l’illégalité.25 Il faut pouvoir ramener ces personnes dans l’économie formelle, tant

par un accompagnement spécifique permettant de mieux intégrer les contraintes réglementaires d’application que par une lutte plus efficace contre la fraude.

Il est difficile de se faire une idée précise des activités qui ne sont pas déclarées et qui relèvent d’une démarche entrepreneuriale. Nous avons néanmoins des indications quant à l’ampleur des activités non déclarées. Selon un rapport récent, l’activité souterraine en Belgique correspondrait à un volume d’activité de 60 milliards d’euros par an26. Parmi celle-ci, il est

probable qu’une part relève d’activités indépendantes.

24 Entretien avec Patrick Sapy, Directeur de MicroStart, 20 avril 2016, Bruxel les. 25 On parle dans ce cas d’entrepreneuriat de nécessité. 26 « Enquête parlementaire sur les grands dossiers de fraude fiscale », Rapport fait au nom de la Commission d’enquête par MM. Jean-Marc NOLLET, Raf TERWINGEN et Alain MATHOT, DOC 52 0034/004, Chambre des Représentants, 7 mars 2009, p. 8.

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

30

Si ce constat se vérifie, deux voies doivent pouvoir être suivies : d’une part, il convient de lutter de manière plus efficace contre la fraude, afin d’intégrer ces activités au sein de la légalité. Par

ailleurs, il est nécessaire de s’interroger sur les contraintes existantes quant à l’exercice d’une activité indépendante, en particulier lorsque des freins administratifs ou réglementaires découragent les initiatives.

2.1.4. Une culture qui reste un frein

Comme écrit au point 2.1, les Belges ont une aversion au risque importante : ils redoutent les situations inconnues27. La Belgique est le pays où la peur de l’échec (49.1%) est la plus haute des pays européens avec la Grèce et la Pologne28.

Les entreprises belges ont également du mal à croître. Selon Bernard Surlemont29, la problématique des entreprises qui ne croissent pas s’explique principalement par des raisons

culturelles. La volonté fait parfois défaut. De nombreux chefs d’entreprise n’ont pas cette culture, ils ont atteint un équilibre de vie et un certain degré de confort qui fait qu’ils ne souhaitent pas spécialement croitre. Pour Bernard Surlemont, il est nécessaire de faire évoluer les mentalités à ce sujet.

Xavier De Poorter confirme que la culture véhiculée au sein de la société est hautement déterminante.30 La culture des affaires en Belgique est peu développée : réaliser des ventes et

avoir beaucoup de clients n’est pas forcément bien considéré. Des sociologues tels que Max Webber ont, de longue date, étudié et décrit la nature différente et variable des relations à l’argent et au succès financier entretenues par des populations distinctes sur le plan culturel.

2.1.5. Un passage à l’acte qui reste difficile

65% des Belges préfèrent le salariat à l’entrepreneuriat31. Pour Xavier de Poorter, le passage à l’acte est difficile en Belgique francophone. Ce serait même le principal problème. Beaucoup de personnes en ont envie mais peu passent à l’acte. Cela s’explique en partie par le fait que le salariat habitue à la (parfois illusoire) sécurité de fonction et de rémunération.

Chez les jeunes, un des premiers freins pour se lancer est la réaction des parents qui craignent de gaspiller le coût des études. On remarque pourtant que les trois mois qui suivent la fin des

études est une période cruciale pour ceux qui veulent se lancer. Une fois dans la vie active salariée, les jeunes talents peuvent être découragés d’entreprendre après s’être habitués à des conditions professionnelles plus sécurisées.

27 Conseil Central de l’Economie, « L’entrepreneuriat en Belgique : problèmes et défis. La vision des experts », Note documentaire., 2010, p.16. 28 Global Entrepreneurship Monitor, “Global report”, 2014, p.33. 29 Entretien avec Bernard Surlemont, Professeur d’entrepreneuriat à l’Université de Liège, 7 janvier 2016, Bruxelles. 30 Entretien avec Xavier De Poorter, Fondateur d’ICHEC-PME et de la plateforme d’entrepreneuriat Wikipreneurs, 7 janvier 2016, Bruxelles. 31 SPF Economie, « Panorama de l’économie belge », 2012.

Les trois premiers mois

après la sortie des études sont cruciaux

pour se lancer. La

réaction des parents, cependant, n’encourage

généralement pas les jeunes à se lancer.

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LA CULTURE ET L’ÉDUCATION ENTREPRENEURIALE EN BELGIQUE

31

Les pouvoirs publics ont

suivi la bonne approche ces dernières années : la Belgique est 1ère au

classement GEM en matière d’aide et de pertinence des

politiques publiques pour entreprendre.

La recherche

d’autonomie et l’épanouissement personnel sont les

nouvelles motivations d’entreprendre.

2.1.6. Des actions qui ont porté leurs fruits

Durant les Trente Glorieuses, peu de politiques ont été menées pour promouvoir le travail

indépendant et l’entrepreneuriat car la vision du salariat s’imposait naturellement. Depuis lors, ce paradigme a fortement évolué à l’avantage de l’entrepreneuriat. Pour Xavier De Poorter, les pouvoirs publics ont entrepris la bonne approche ces dernières années. Ils ont soutenu et

structuré le secteur. Un travail consistant a été mis en œuvre en réunissant les acteurs autour de la table et en s’interrogeant sur les pistes à suivre pour être plus efficaces, afin d’amener les gens à se parler et à collaborer davantage.

Si la Belgique se situe dans la moyenne haute des 62 pays représentés dans le GEM 32 pour une bonne partie des indicateurs son point fort est incontestablement, selon le GEM, le support et la pertinence des politiques de gouvernement. En la matière, la Belgique est

classée numéro 1 (cf. : Figure 7, p. 27, « Government policies: support and relevance »).

Le travail d’acteurs tel que celui proposé par la Fondation FREE a contribué à développer ce climat propice à l’entrepreneuriat, qui lui-même a sensibilisé les pouvoirs publics à cet enjeu

majeur. Plusieurs initiatives se sont développées pour travailler les mentalités et renverser notre rapport à l’échec, notamment, à l’image des « fuck’up nights » qui invitent des entrepreneurs à parler de leurs échecs. Cela participe à atténuer notre aversion au risque et à

dédramatiser l’échec, avec l’ambition de faire évoluer notre culture tout en faisant bénéficier d’éventuels candidats entrepreneurs de l’expérience d’entrepreneurs aguerris.

2.2. UN CHANGEMENT DE VALEURS

D’après Marcus Dejardin, certaines études établissent un lien entre les valeurs matérialistes et les dynamiques entrepreneuriales. Or, aujourd’hui, on observe l’émergence de nouvelles générations davantage animées par des valeurs post-matérialistes (cf. : Inglehart, 1977)33. La

motivation à entreprendre n’est plus axée que sur la recherche de profit. La question du sens, de la recherche d’autonomie ou de reconnaissance, le souhait d’accomplissement , et l’épanouissement personnel sont de nouvelles motivations à entreprendre.

Thurik et Dejardin (2012) ajoutent que « les politiques pourraient être néanmoins adaptées pour tenir compte des facteurs culturels présents dans une société donnée. Pour donner un exemple : dans une société post-matérialiste, il est sans doute adéquat de promouvoir l’entrepreneuriat en

soulignant les avantages non matériels (autonomie, espace de créativité, épanouissement personnel, etc.) plutôt qu’en insistant sur les avantages économiques »34.

De nombreuses formes d’entrepreneuriat sont en effet possibles avec d’autres finalités que la finalité lucrative, et il importe de pouvoir les développer (cf. : Chapitre 5, p. 80).

32 « Les dynamiques entrepreneuriales », Conférence organisée par l’Université de Namur, 4 avril 2016, Namur. 33 INGLEHART, R. F., “The Silent Revolution”, Princeton University Press, 1977. 34 THURIK, R., & M. DEJARIN, (2012), « L'impact de la culture sur l'esprit d'entreprendre », Reflets et perspectives de la vie économique, LI, 2, pp. 75-81. DOI : 10.3917/rpve.512.0075.

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

32

« L’expérience entrepreneuriale est un

atout majeur sur un CV. »

Patrick Sapy

Les observateurs rencontrés décrivent clairement un changement de perception et de discours de la part des entrepreneurs. Il y a dix ans, l’acte d’entreprendre renvoyait d’une part à la

question des risques qui y sont liés et à la difficulté de concilier vie professionnelle et vie privée. Depuis quelques années, le discours des jeunes qui entreprennent a changé et est beaucoup plus centré sur la notion de liberté. Pour Bernard Surlemont, les jeunes aspirent à donner plus

de sens à ce qu’ils font, comme par exemple entreprendre un projet qui leur est cher en lien avec les enjeux de société.

2.3. LES CARACTÉRISTIQUES DES ENTREPRENEURS

2.3.1. Les traits de personnalité

L’entrepreneuriat est habituellement associé à certains traits de personnalité et à des valeurs et principes qui s’y rattachent. Dans une tentative de synthétisation, Van den Berghe (2007) a

identifié les traits suivants : proactivité, persévérance, désir d’indépendance, sens des responsabilités et de l’initiative, créativité, propension au risque et confiance en soi. Les traits de personnalité et valeurs précités sont partiellement déterminés par des facteurs sociaux

(environnement familial…), mais aussi par des facteurs « d’environnement ». L’enseignement est l’un de ces facteurs d’environnement.

Plusieurs études ont démontré que moins les personnes sont éduquées, plus leur propension

à entreprendre s’accroit. En revanche, les personnes éduquées ont plus de chance de réussir leur entreprise (cf. : Myriam Van Prat).35

2.3.2. Les compétences de l’entrepreneur

Les chefs d’entreprise doivent disposer d’aptitudes et de connaissances spécifiques. Globalement, on peut identifier les éléments suivants : aptitudes de communication, aptitudes de gestion, capacités analytiques, capacité d’apprentissage, compréhension de l’économie, connaissance du produit/service spécifique, connaissance du secteur et de la réglementation 36.

2.3.3. Des compétences recherchées

Les profils entreprenants, qui ont une expérience entrepreneuriale, qui démontrent des capacités de travail en groupe et de montage de projets sont très valorisés et recherchés sur le marché du travail.

35 En d’autres termes : les franges de la population avec un niveau d’éducation plus faible entreprendraient davantage,

mais avec un taux de réussite moindre. A l’inverse, les franges de la population avec un niveau d’éducation plus élevé auraient moins tendance à entreprendre, mais auraient plus de chance de succès lorsqu’elles se lancent.

36 VAN DEN BERGHE, W., “Ondernemend leren en leren ondernemen – Pleidooi voor meer ondernemerschap in het onderwijs, Koning Baudewijnstichting, 2007, p. 15.

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LA CULTURE ET L’ÉDUCATION ENTREPRENEURIALE EN BELGIQUE

33

Les pouvoirs publics

doivent aider les entrepreneurs « de nécessité » à ne pas

faire faillite. En ce qui concerne les entrepreneurs par

opportunité de marché, il faut les aider à croître.

Un enfant de sept ans

est naturellement entrepreneur. L’école doit maintenir et

renforcer cette créativité.

2.3.4. Entrepreneuriat de nécessité ou d’opportunité

Le Global Monitoring Entrepreneurship distingue deux types d’entrepreneuriat :

l’entrepreneuriat de nécessité et l’entrepreneuriat d’opportunité.37 Nous avons vu plus haut que l’entrepreneuriat de nécessité était fort développé en Belgique. Certaines études tendraient à montrer que ces deux formes d’entrepreneuriat ne sont pas totalement

dissociables, mais peuvent évoluer avec le temps. Un entrepreneur « par nécessité » peut très bien évoluer en entrepreneur « par opportunité » avec le temps.38

Le premier cas rassemble des personnes qui entreprennent car elles n’ont pas d’autres

possibilités pour trouver un travail. Cet entrepreneuriat-là va apparaitre davantage en période de basse conjoncture, il y a donc une corrélation négative avec la croissance (avec un lagged effect de 9 mois environ). Le potentiel de croissance inhérent à ce type d’entrepreneuriat est

plus faible, par manque de capacité ou de volonté des entrepreneurs.

Le second est créé à la suite d’une opportunité de marché. Il se développe davantage en période de forte conjoncture. Il y a donc une corrélation positive entre l’entrepreneuriat

d’opportunité et la croissance économique. Ces entrepreneurs voient davantage les opportunités de marché et de croissance.

De cette description ne doit pas découler la conclusion que l’entrepreneuriat de nécessit é serait à délaisser. Au contraire, les pouvoirs publics peuvent accompagner ces personnes entreprenantes, précisément en les sensibilisant davantage à l’importance de l’analyse de leur marché et de la demande. L’accompagnement en termes de croissance et d’expansion sera en

revanche davantage porté sur l’entrepreneuriat issu d’une opportunité de marché. Le potentiel de croissance, d’emploi et de valeur ajoutée que cet entrepreneuriat recouvre invite les pouvoirs publics à maximiser les chances de croissance de ces entrepreneurs.

2.4. L’IMPORTANCE DE L’ENSEIGNEMENT

Les experts de la Commission européenne estiment que l’enseignement à l’entrepreneuriat ,

qui implique le développement d’attitudes par l’expérience dans la durée, doit commencer dès l’enseignement primaire.39 « L’enseignement et l’apprentissage de l’entrepreneuriat impliquent le développement de connaissances, de compétences, d’attitudes et de qualités personnelles adaptées à l’âge et à l’évolution des élèves ou des étudiants »40. L’enseignement primaire sera

consacré au développement de qualités personnelles (créativité, esprit d’initiative). La confiance en soi, la créativité et l’ouverture d’esprit. L’enseignement secondaire visera davantage la sensibilisation des étudiants à la perspective d’une carrière indépendante, avec

un apprentissage par la pratique. L’enseignement supérieur mettra enfin davantage l’accent sur les compétences techniques liées à la gestion.

37 KEYLLEY, D., S. SINGER & M. HERRINGTON (2016), « Global Entrepreneurship Monitor: 2015/16 Global Report », p. 9.

38 WILLIAMS, C.C. (2008), “Beyond necessity-driven versus opportunity-driven entrepreneurship – A study of informal entrepreneurs in England, Russia and Ukraine”, The International Journal of Entrepreneurship and Innovation, Volume 9, Number 3, August, pp. 157-165(9).

39 SURLEMONT, B. (2007), « Former pour entreprendre ? Réflexion sur l’approche pédagogique en matière

d’entrepreneuriat », Working Paper, p. 10. 40 Ibidem.

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

34

de la Fédération

Wallonie-Bruxelles prévoit que les établissements scolaires

développent les compétences entrepreneuriales de leurs élèves.

De nombreuses actions

de sensibilisation à l’esprit d’entreprendre sont menées dans les

écoles.

D’après Bruno Wattenbergh, des études démontrent que l’enfant de 7 ans est entrepreneur et adopte naturellement ce type de comportements mais que cette attitude et ces

comportements diminuent au fur et à mesure des années passées à l’école et à l’université. Pour contrecarrer cette tendance et pour que l’école soit un tremplin et non un frein à l’entrepreneuriat, l’Ecosse a intégré des cours d’entrepreneuriat au sein des cursus et de la

pédagogie.

Dans le cadre du décret « Missions » du 24 juillet 199741 de la Fédération Wallonie-Bruxelles, les écoles développent des programmes et cours et des projets d’établissement invitant les

élèves à prendre des initiatives, se donner des objectifs, développer un état d’esprit et des compétences nécessaires à l’entrepreneuriat, acquérir des attitudes entrepreneuriale s (autonomie, confiance en soi, esprit d’équipe, créativité, persévérance, organisation, sens des

responsabilités, communication, évaluation…). Et la sensibilisation à l’esprit d’entreprendre fait depuis quelques années l’objet d’une attention plus grande des diverses autorités publiques.

Une analyse d’Eurydice portant sur l’année 2014-2015 et réalisée dans 33 pays fait ainsi apparaître que la Fédération Wallonie-Bruxelles se classe parmi les pays ayant une stratégie spécifique pour l’éducation à l’entrepreneuriat au même titre que le Danemark, la Suède, la

Finlande, la Norvège, bien classés internationalement en matière d’innovation42.

De nombreuses actions de sensibilisation à l’esprit d’entreprendre sont effectivement menées dans nos écoles grâce à des structures expérimentées dans le domaine43, grâce aussi au soutien

de l’Agence de Stimulation Economique, d’Impulse Brussels et même de certaines provinces44.45 Des projets très concrets de création d’entreprises (mini-entreprises) se matérialisent. Des réseaux se mettent en place entre les acteurs impliqués (enseignants, structures en contact

avec les jeunes acteurs institutionnels, entreprises) pour échanger les expériences et bonnes pratiques46. Des activités d’immersion dans le monde de l’entreprise sont organisées pendant les vacances scolaires47, etc.

Parallèlement, le Gouvernement wallon a également lancé un programme pour la période 2015-2020. Le Plan PME du Gouvernement wallon fait référence au Programme génération entreprenantes 2015-2020, lequel comprend plusieurs volets :

ouverture à l’entrepreneuriat dans la formation des enseignants ;

développement de l’esprit d’entreprendre à l’école ;

reconnaissance du statut étudiant entrepreneur ;

collaboration entre école et entrepreneurs ;

41 Décret définissant les missions prioritaires de l’Enseignement fondamental et de l’Enseignement Secondaire et organisant les structures propres à les atteindre. Voir en particulier l’article 8 2° (les activités de découverte, de production et de création) et 8° (le goût de la culture et de la créativité). 42 “Entrepreneurship Education at School in Europe”, Eurydice, 2012. 43 Les Jeunes Entreprises, Boost Your Talent, Dream, 100.000 entrepreneurs, Groupe One, Stel2you, Youthstart… 44 http://www.province.luxembourg.be/fr/collaboration-ecoles-entreprises.html?IDC=3732#.V35jvZBV3IV 45 L’Agence de Stimulation Economique a depuis fusionné avec l’Agence de Stimulation Technologique pour former l’Agence pour l’Entreprise et l’Innovation (AEI). 46 http://www.abe-bao.be/fr/blog/premiere-rencontre-reseau-esprit-dentreprendre 47 http://www.abe-bao.be/fr/blog/immersion-des-jeunes-en-entreprise

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LA CULTURE ET L’ÉDUCATION ENTREPRENEURIALE EN BELGIQUE

35

développement des incubateurs pour étudiants).

C’est l’Agence pour l’Entreprise et l’Innovation (AEI) (anciennement Agence de Stimulation Economique) qui est chargée de développer le programme sur le terrain. Celui-ci s’articule

autour de 4 piliers :

le développement des écoles entrepreneuriales ;

la formation continuée et l’accompagnement des enseignants en entrepreneuriat ;

la participation de chaque étudiant, avant la fin de son parcours éducatif, à un nombre

minimal d’activités développant ses attitudes entrepreneuriales ;

le soutien aux étudiants-entrepreneurs.

En Région Bruxelloise aussi, une stratégie de sensibilisation des jeunes à l’entrepreneuriat a été lancée48. Des fonds ont été débloqués pour :

diffuser et vulgariser la culture entrepreneuriale auprès des jeunes Bruxellois ;

favoriser et soutenir l’acquisition de connaissances et de compétences

entrepreneuriales en milieu scolaire et extra-scolaire ; encourager le passage à l’acte.

Des appels ont été lancés sur le terrain et soumis à un jury d’experts qui les sélectionne en vue

d’être subsidiés.

Des subventions de la FWB permettent à des écoles d’expérimenter le projet d’Ecole

Communautaire Entrepreneuriale Consciente (ECEC) dont le concept a été initié au Québec en 1990 par Rino Levesque.

La FWB subsidie aussi directement l’organisation d’une quarantaine d’Entreprises

d’entraînement pédagogique dans des options du secteur économique : il s’agit d’entreprises virtuelles gérées par les élèves, encadrés par leurs professeurs ; excepté la production, tous les services commerciaux d’une entreprise sont exercés par les élèves.

La législation évolue pour matérialiser cette volonté d’encourager les jeunes à entreprendre. Un décret de 2013 prévoit des stages d’observation dans l’enseignement secondaire, dès le premier degré.

L’accord du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles 2014-2019 prévoit de soutenir les dispositifs permettant aux élèves de vivre les réalités de l’entreprise (témoignages, mises

en situation, créations de mini-entreprises, stages de découverte, etc.).

48 1819.brussels, « Avant de créer des entreprises, il faut créer des entrepreneurs », Mars 2016.

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

36

L’esprit d’entreprendre

ne doit pas exclusivement se référer à la sphère des activités

économiques. Rendre l’élève acteur de ses choix et orientations

relève d’une culture entrepreneuriale au sens large du terme.

2.5. NOS MESURES POUR ENCOURAGER LA PÉDAGOGIE

ENTREPRENEURIALE

2.5.1. La pédagogie entrepreneuriale dès l’enseignement primaire et l’entrepreneuriat durant l’enseignement secondaire

Dans le cadre des travaux du Pacte pour un enseignement d’excellence, il a été suggéré par

le groupe central49 de faire de la créativité, de l’engagement et de l’esprit d’entreprendre un des sept domaines d’apprentissages composant le futur tronc commun redéfini sur une base polytechnique et pluridisciplinaire. L’éducation à l’entrepreneuriat deviendra ainsi un thème transversal dans les programmes d’enseignement primaire et secondaire, intégré dans les

matières obligatoires. Un tel objectif nécessitera certainement d’intégrer l’éducation à l’entrepreneuriat à la formation initiale et à la formation continuée de tous les enseignants50.

L’intérêt de l’approche prônée par le Pacte d’excellence est d’associer étroitement l’esprit d’entreprendre à la créativité et à l’esprit d’engagement. Il importe en effet que dans la formation de base – telle qu’elle peut être conçue dans un tronc commun et dans les filières

ultérieures, tant de transition que de qualification – l’esprit d’entreprendre ne soit pas exclusivement référé à la sphère des activités économiques . Il s’agit d’en développer également les dimensions artistique, existentielle, sociétale. La création artistique,

l’inventivité technoscientifique, l’engagement citoyen, le déploiement de l’individu dans ses projets personnels… doivent tout autant être développés que la culture entrepreneuriale au sens strict du terme. Rendre l’élève acteur de ses choix et orientations relève, par exemple, d’une culture entrepreneuriale au sens large du terme.

L’esprit d’entreprendre ne doit pas être confondu avec l’esprit d’entreprise. Cela implique de dé-diaboliser les entreprises aux yeux des enseignants.51 Cela peut être réalisé en améliorant

l’image des entrepreneurs en les invitant par exemple dans les classes. De nombreux enseignants sont conscients que l’entrepreneuriat et la prise d’initiative participent à l’épanouissement et l’accomplissement de chacun, ce qui rejoint les objectifs humanistes de l’école.

Comme développé au point 0, p. 33, de plus en plus d’initiatives sont mises en œuvre et pourraient être davantage connues tant des enseignants que du monde entrepreneurial. Ces

initiatives pourraient être développées à plus grande échelle.

49 Avis 2 du Groupe Central du 3 mai 2016. 50 Sur l’importance de former les enseignants à dispenser une éducation à l’esprit d’entreprise, voyez la publication de

la Commission européenne, Entreprises et industrie, Education à l’esprit d’entreprise : Guide des formateurs, 2014 qui réunit des bonnes pratiques de formation initiale et de formation continuée. 51 Entretien avec Luc Denayer, Secrétaire général du Conseil central de l’Economie, 10 décembre 2015, Bruxelles.

L’éducation à l’en-

trepreneuriat doit devenir un thème

transversal dans les programmes

d’enseignement primaire et secondaire.

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LA CULTURE ET L’ÉDUCATION ENTREPRENEURIALE EN BELGIQUE

37

C’est dans ce cadre que nous proposons de valoriser l’entrepreneuriat et la pédagogie entrepreneuriale dès le plus jeune âge en intégrant dans les programmes, au sein du tronc

commun, la promotion des attitudes entrepreneuriales, à l’instar de ce que propose l’Agence pour l’Entreprise et l’Innovation (AEI) (anciennement « Agence wallonne de stimulation économique » (ASE)52). Il ne s’agit pas d’instaurer un cours d’entrepreneuriat, mais de

développer transversalement une pédagogie qui stimule l’épanouissement personnel et la confiance des élèves. Ces attitudes ne sont aucunement propres ou exclusives au monde économique. Ce sont des valeurs qui participent à l’accomplissement de chacun. Elles sont présentées dans le Tableau 7, p. 38).

Comme le suggère l’AEI, le rôle de l’enseignant pour faire naître ces attitudes consisterait à susciter l’état d’éveil auprès des élèves, de façon à ce que ceux-ci perçoivent le milieu comme

une ressource, se sentent concernés par la réalité qui les entourent, et se l’approprient en prenant des initiatives créatives et des responsabilités pour résoudre des situations-problèmes.53

Une situation-problème doit avoir du sens, c’est-à-dire interpeller et concerner l’apprenant , qui ne se contente pas d’obéir ou exécuter. Elle est liée à un obstacle, et doit faire naître un questionnement. L’élève se pose lui-même des questions. La situation doit être suffisamment

complexe, tout en étant reliée au réel. Différentes réponses et stratégies sont possibles pour la résoudre. Enfin, une analyse a posteriori de la manière dont les activités ont été vécues.54

La posture de l’enseignant n’est plus celle d’un dispensateur de savoir, mais celle d’un

gestionnaire du processus d’apprentissage.55

Ces propositions sont valables tant dans l’enseignement général que dans l’enseignement

technique et professionnel.

52 Agence de stimulation économique (ASE), « Guide de pédagogie entrepreneuriale : petites leçons d’enthousiasme et de créativité » : http://as-e.be/sites/default/files/public/fichiers_publics/petites_lecons.pdf 53 Ibid., p. 12. 54 Ibid., p. 12. 55 Ibid., p. 14.

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

38

Tableau 7 Les attitudes entrepreneuriales

L’esprit d’équipe

Collaborer en vue d’un but commun :

- Agir avec les autres de manière concertée - Travailler avec d’autres en tenant compte des responsabilités

de chacun - Apporter des idées à un projet de groupe

- Accepter les critiques constructives - Travailler pour atteindre l’objectif visé tout en tenant compte

de l’opinion des différents membres du groupe

Le sens des

responsabilités

Faire ce qui doit être fait :

- Assumer et réaliser ce qui a été convenu par l’équipe, le groupe, l’organisation ou soi-même

- Accomplir les tâches assignées en sachant que ne pas les réaliser peut entrainer des répercutions sur soi-même ou son entourage

- Prioriser les tâches et déterminer les étapes de leur réalisation - Être reconnu pour sa capacité à mener une tâche à terme

La persévérance

Terminer ce qui a été commencé :

- Démontrer sa capacité à poursuivre un projet à terme jusqu’à ce qu’il soit réalisé

- Passer au-dessus des obstacles et les frustrations

La confiance en soi

- Se percevoir positivement

- Être fier de ses réussites - Miser sur ses aptitudes - Reconnaitre ses forces et faiblesses

- Accepter l’échec et en tirer les leçons

La créativité

Imaginer différents chemins pour résoudre une situation-problème :

- Associer des idées, des situations - Etre conscient des éléments à disposition et les utiliser

L’esprit d’initiative

Recourir à ses connaissances et compétences pour faire face à l’imprévu :

- Transformer un problème en action à entreprendre

- Ne pas se laisser figer par une situation - Poser des questions, chercher des manières de faire

différentes

- Être à l’affût - Assumer un certain leadership

Source : AEI, Guide de pédagogie entrepreneuriale

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LA CULTURE ET L’ÉDUCATION ENTREPRENEURIALE EN BELGIQUE

39

2.5.2 . Intégrer l’entrepreneuriat dans les programmes des Universités et des Hautes Ecoles

a. Un accent à l’entrepreneuriat davantage prononcé pour l’ensemble des filières

La sensibilisation à l’entrepreneuriat dans l’enseignement supérieur fait également l’objet d’une attention importante. Le graphique en étoile du GEM pour la Belgique (cf. : Figure 7,

p. 27) montre que notre pays se classe dans le peloton de tête (9e sur 62) en termes d’éducation entrepreneuriale au sein de l’enseignement supérieur. La marge de progression reste toutefois élevée (score de 5,37 sur un maximum de 9).

L’entrepreneuriat n’est pas réservé aux étudiants en gestion ou dans les filières économiques . Il faut pouvoir donner le goût et les capacités d’entreprendre aux étudiants des filières scientifiques, informatiques ou polytechniques. Pour créer une activité économique, il faut

bien sûr être bon technicien ou vendeur mais il est également nécessaire d’être un bon gestionnaire. Il est trop fréquent, actuellement, que des entrepreneurs qui créent un bon produit ou qui délivrent un bon service ne gèrent pas suffisamment bien leur activité pour en assurer la viabilité. Un créateur n’est pas un manager. Aux USA, par exemple, de nombreuses

formations sont complétées par des cours d’entrepreneuriat à l’université. Les techniciens ou toute autre personne ayant des compétences utiles à la société doit pouvoir transformer son potentiel en valeur ajoutée.

Des dispositifs originaux se déploient actuellement en Fédération Wallonie-Bruxelles , notamment :

- la création en 2016 d’une filière de formation en alternance dans l’enseignement supérieur ;

- le soutien grandissant aux étudiants-entrepreneurs et l’instauration d’un cadre

légal56 ; - la création de spin-offs universitaires ; - la mise sur pied d’incubateurs pour étudiants et des jeunes diplômés (VentureLab de

l’ULg, Student Start Lab de l’UCL Mons, Start Lab de Solvay (ULB)57, Linkube à

l’initiative du Bureau Economique de la Province de Namur) ; - des formations dédiées à l’entrepreneuriat avec la mise sur pied de projets

multidisciplinaires (notamment le master CPME58 de l’UCL (qui entame sa 19e promotion au moment de la sélection 2016-2018) ;

- la mise en place de structures d’investissement pour les étudiants entrepreneurs qui participent à ces programmes (SIBA VentureLab) ;

- un programme européen d’échange Erasmus pour jeunes entrepreneurs.

56 Le dispositif « étudiants-entrepreneurs » est soutenu par l’AEI. Il qui vise à encourager les étudiants à développer leur projet, les accompagner et faciliter le passage à l’acte entrepreneurial dans le cadre de leur parcours académique. Le 23 aout 2016, le Gouvernement fédéral a également approuvé un avant-projet de loi pour accorder un statut légal à l’étudiant-entrepreneur. Le seuil de revenu à partir duquel l’étudiant-entrepreneur n’est plus fiscalement à charge de ses parents est plus que doublé, et il sera exempté de cotisations sociales pour les revenus annuels inférieurs à 6505,33 euros. 57 Bruxelles : cf. : Small Business Act – Bruxelles Région entrepreneuriale-Plan PME de la Région de Bruxelles-Capitale

2016-2025. 58 Formation multidisciplinaire en création d’entreprise : ce master réunit des étudiants de formations différentes pour l’accomplissement d’un mémoire projet en création d’entreprise.

Les cours d’entre-

preneuriat ne doivent pas être limités aux facultés de gestion : il

ne suffit pas d’être bon technicien pour gérer une entreprise.

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

40

Plus encore que les

projets en eux-mêmes, les experts du

VentureLab ont fait le

choix de coacher les individus et leur

tempérament entrepreneurial.

Le premier VentureLab a été lancé par l’Université de Liège en 2014. Cette structure vise à aider les étudiants et jeunes diplômés de l’ULg et des hautes écoles du pôle académique Liège-

Luxembourg à créer leur propre entreprise. Il s’agit, selon l’initiateur du projet Bernard Surlemont, de créer le chainon manquant entre l’envie de réaliser un projet lors des études et les dispositifs d’aide à l’entrepreneuriat qui demandent au candidat entrepreneur d’être plus

avancé dans le projet pour être soutenu.

Nous mentionnions précédemment que 93% des jeunes de moins de trente ans ont un avis favorable à l’entrepreneuriat, 43% d’entre eux envisagent de créer leur activité dans un avenir

proche, mais seulement 3% passent réellement à l’acte (cf. : point 1.1.5, p. 18). Le VentureLa b ambitionne de réduire l’écart entre les personnes favorables et celles qui se lancent réellement.

Au sein du VentureLab, les coachs ont été adaptés en fonction du profil des personnes qui veulent lancer leur projet. Le coach apporte aux jeunes ce qui leur manque le plus : l’expérience, le réseau et l’exemplarité. Ils sont également là pour entretenir la motivation des

porteurs de projets. Plus encore que les projets en eux-mêmes, les experts du VentureLab ont fait le choix de coacher les individus et leur tempérament entrepreneurial. C’est fondamental car le jeune est ce qu’il est, c’est le projet qui va changer. Avec le coaching, les jeunes sont

progressivement mis en confiance par rapport à leurs capacités, leurs connaissances de l’environnement et il sont aidés à se lancer sans se laisser impressionner par la prise de risque. La question du sens prédomine également. Les coachs sont attentifs à ce que les jeunes entrepreneurs s’épanouissent dans leurs projets et y trouvent un accomplissement personnel.

Après être passés par le VentureLab, les jeunes entrepreneurs peuvent soit lancer directement leur activité de façon autonome, soit se diriger vers des incubateurs destinés à des projets plus

avancés. C’est pourquoi encourager de telles initiatives et favoriser l’articulation et la collaboration entre tous les acteurs de l’accompagnement est indispensable.

Depuis, plusieurs incubateurs pour étudiants ont vu le jour, comme le Student Start Lab de

l’Université de Mons et ou le Start Lab de Solvay (ULB). Des initiatives pour étudiants mais externes aux universités proprement dites voient également le jour, comme le Linkube mis en place depuis 2016 à l’initiative du Bureau Economique de la Province de Namur.

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LA CULTURE ET L’ÉDUCATION ENTREPRENEURIALE EN BELGIQUE

41

Les résultats « or-

phelins » de la recherche peuvent offrir des perspectives

intéressantes pour démarrer des activités entrepreneuriales.

b. La valorisation de la recherche comme source d’entrepreneuriat

Comme mentionné ci-dessus, il faut pouvoir donner le goût et les capacités d’entreprendre aux

étudiants issus des filières scientifiques et polytechniques. Une illustration du fossé entre la recherche académique et la valorisation commerciale est le nombre de technologies orphelines, c’est-à-dire les technologies découvertes mais qui ne font l’objet d’aucune

application commerciale. Dans certaines disciplines, il existe des partenariats avec des entreprises ou des fonds privés pour financer des bourses doctorales, permettant une valorisation immédiate des résultats de recherche obtenus. Mais très souvent, les résultats de la recherche restent « orphelins ». Parmi ces résultats « orphelins », certains pourraient

pourtant donner lieu à une valorisation économique. Les pouvoirs publics, les acteurs privés, les universités et certaines structures mixtes comme les pôles de compétitivité ont un rôle à jouer pour valoriser ces résultats. Par une meilleure coordination et gestion des résultats de la

recherche, de nouvelles entreprises pourraient voir le jour.

Le manifeste pour les PME propose de créer une base centralisée de toutes les technologies orphelines. 59 Il est également envisagé de créer des sessions de mise en relation entre porteurs

potentiels de projets et propriétaires de résultats de recherche. Ce processus permettrait de sensibiliser les acteurs de la recherche à la valorisation économique de leurs résultats.

Les universités seraient gagnantes à jouer le jeu et à tirer profit des recherches qui sont découvertes en leur sein. Celles-ci pourraient se positionner comme de réels acteurs économiques60, soit en vendant ces technologies, soit en poussant les étudiants à lancer une activité économique pour les exploiter. Une solution intermédiaire pourrait être la création de

partenariats entre les propriétaires des résultats et les porteurs de projets de valorisation. A cet égard, les pôles de compétitivité jouent un rôle fondamental.

Un objectif important à l’heure actuelle est de renforcer la valorisation de la recherche pour créer de la valeur ajoutée.

Dans son manifeste des PME61, le Conseil des PME s’est penché sur cette question pour

apporter des solutions concrètes afin de valoriser les résultats de projets de recherche orphelins de manière adaptée à chaque secteur :

Créer une base de données centralisée de toutes les technologies orphelines

Créer des sessions de mise en relation entre propriétaires de résultats de recherches

et porteurs de projets potentiels.

En popularisant leurs résultats inexploités, les universités se présentent comme des acteurs économiques à part entière à destination des entreprises. Les universités peuvent également

promouvoir l’utilisation de ces résultats en interne en les proposant à leurs étudiants entrepreneurs.

59 Conseil des ME, « Manifeste pour les PME », 29 Janvier 2016, p. 112. 60 Ibidem. 61 Ibidem.

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42

Différentes bases de données seraient créées en fonction de leur secteur d’activité. Elles seraient créées à l’initiative de la DGO6 en Région wallonne, et d’Innoviris en Région de

Bruxelles-Capitale. Les descriptions succinctes de résultats de recherche seraient intégrées de façon volontaire par les universités et acteurs de la recherche qui souhaiteraient trouver d’éventuels porteurs de projets. Ces descriptions seraient conservées aussi longtemps que les

propriétaires le souhaiteraient. Les entreprises ou candidats entrepreneurs qui voudraient consulter les différentes plateformes pourraient en faire la demande auprès de la DGO6 ou d’Innoviris.

2.6. RÉSUMÉ DES PROPOSITIONS POUR UNE CULTURE ET UNE

ÉDUCATION ENTREPRENEURIALE

Pour une culture et une éducation entrepreneuriale

Dans l’enseignement primaire et secondaire :

Intégrer la pédagogie entrepreneuriale dès l’enseignement primaire ainsi que

dans le tronc commun de l’enseignement secondaire. La pédagogie

entrepreneuriale vise à stimuler l’esprit d’équipe de l’élève, son sens des responsabilités, sa persévérance, sa créativité, son esprit d’initiative et sa confiance en lui.

Inviter ponctuellement des entrepreneurs dans les cursus pour partager leurs expériences (enseignement secondaire).

Développer l’expression des soft skills (notamment l’esprit d’équipe, le sens des

responsabilités, la persévérance, la confiance en soi, la créativité et l’esprit d’initiative) par l’apprentissage par projet.

Renforcer la formation continuée des enseignants ainsi que la formation initiale,

pour sensibiliser les enseignants à développer les attitudes entrepreneuriales

auprès des étudiants.

Dans l’enseignement supérieur :

Préparer à l’entrepreneuriat dans davantage de disciplines, et pas uniquement

dans les études de gestion.

Poursuivre les initiatives d’étudiants-entrepreneurs et d’incubateurs.

Créer une base de données centralisée de toutes les technologies orphelines.

Créer des sessions de mise en relation entre propriétaires de résultats de

recherches et porteurs de projets potentiels.

Promouvoir l’utilisation des recherches orphelines au sein d’universités par les

étudiants entrepreneurs.

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3. L’ACCOMPAGNEMENT ET LE FINANCEMENT À LA CRÉATION D’ENTREPRISE

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

44

3. L’ACCOMPAGNEMENT ET LE FINANCEMENT À LA CRÉATION D’ENTREPRISE

L’accompagnement des projets entrepreneuriaux et l’accès au financement pour les jeunes entreprises sont deux aspects très liés dans les soutiens à la création de nouvelles entreprises. Les banques s’appuient régulièrement sur l’expertise des acteurs qui accompagnent la

création d’entreprises. Il n’est pas rare qu’un même organisme se charge d’octroyer un financement et que ce même organisme accompagne le porteur de projet tout au long du processus de création. Cette complémentarité entre le financement et l’accompagnement est bénéfique pour les entreprises. Dans certains cas, le renforcement de cette complémentarit é

est même souhaitable pour améliorer la qualité des outils publics de financement.

L’accompagnement des entreprises s’est fortement développé au cours des dix dernières

années. Il témoigne d’un nouveau climat favorable qui place l’entrepreneuriat comme un pilier des politiques économiques. L’accompagnement se distingue entre deux types : 1) l’accompagnement professionnel : les conseils d’experts, les réseaux d’entrepreneurs, les incubateurs, etc. ; et 2) l’accompagnement informel de la famille et de l’entourage direct.

Ce deuxième type n’est pas à négliger car près de la moitié des personnes désirant lancer leur activité privilégie l’accompagnement informel.62 Néanmoins, le rôle des pouvoirs publics se

concentre sur le premier type, et vise à apporter à chaque entrepreneur l’opportunité de recevoir des conseils professionnels. Ces outils doivent être popularisés auprès des candidats entrepreneurs.

Dans son manifeste63, le Conseil des PME identifie plusieurs pistes (voire priorités) en matière d’accompagnement des entreprises :

Etendre le nombre de PME sollicitant et bénéficiant d’un accompagnement public via

une communication plus proactive et ciblée64 ; Donner l’opportunité à tous les profils de tester et/ou de lancer leur projet65 ;

Renforcer l’incubation de projets d’entreprises66 ;

Développer une offre de tutorat/mentorat pour les starters ;

Renforcer l’offre managériale lorsque le besoin se fait sentir67 ;

Soutenir spécifiquement les entreprises en difficulté et permettre la seconde chance

en cas d’échec68.

62 Entretien avec Bruno Wattenbergh, CEO de Brussels Impulse, 14 avril 2016, Bruxelles. 63 Conseil des PME, « Manifeste pour les PME », 29 janvier 2016. 64 Ibid., p. 127. 65 Ibid., p. 35. 66 Ibid., p. 46. 67 Ibid., p. 49. 68 Ibid., p. 52.

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L’ACCOMPAGNEMENT ET LE FINANCEMENT À LA CRÉATION D’ENTREPRISE

45

3.1. PANORAMA DES ACTEURS DE L’ACCOMPAGNEMENT À LA

CRÉATION D’ENTREPRISE

La demande de coaching visant la création d’entreprises est bien présente. Il existe de nombreux acteurs sur le marché. Ce constat est positif mais pose la question des moyens et des doubles emplois ainsi que des besoins de clarifications sur les rôles et missions de chacun.69

Une amélioration de l’accompagnement passera par une augmentation de l’offre, mais aussi par une clarification des rôles de chaque acteur. Un acteur public ou privé doit également être en mesure de rediriger les entrepreneurs vers les profils d’accompagnateur adaptés à chaque entreprise.

3.1.1. Les acteurs de l’accompagnement en Wallonie et à Bruxelles

De nombreux acteurs existent tant à Bruxelles qu’en Région wallonne pour accompagner les porteurs de projets entrepreneuriaux ou le développement d’entreprises existantes. Ces

organismes peuvent être des acteurs privés, des acteurs privés subventionnés pour la réalisation de missions de services publics, ou des acteurs financés entièrement par le secteur public.

a. Les acteurs de l’accompagnement en Région de Bruxelles-Capitale

Les acteurs de l’accompagnement à Bruxelles sont nombreux. On trouve notamment Impulse.brussels (la principale agence bruxelloise pour l’entreprise), les guichets d’économie

locale, les organisations d’employeurs (Beci, Unizo, UCM), diverses autres associations (ILES, Ceraction…), et les écoles de commerce (Solvay, ICHEC…). Voici une liste non exhaustive des acteurs bruxellois : 70

Impulse.brussels : anciennement « Agence bruxelloise pour l’Entreprise » est l’acteur

principal pour le développement des entreprises à Bruxelles. Impulse chapeaute le service 1819.brussels et met à disposition toute l’information générale pour créer ou développer son entreprise à Bruxelles. Impulse offre également de l’accompagnement ponctuel sur certaines thématiques.

Guichets d’entreprise agréés (UCM, Beci, Unizo) : accompagnement à la création d’entreprise, et notamment au niveau des formalités administratives.

Solvay Entrepreneurs : service d’accompagnement de l’ULB pour la création/reprise

d’entreprises ou la création de spin-offs pour les chercheurs.

ICHEC-PME : centre de formation spécialisé en gestion de PME et en entrepreneuriat

au sein de l’ICHEC.

ILES : asbl d’accompagnement pour le développement économique local et

l’insertion professionnelles.

Réseau entreprendre : tutorat personnalisé de chefs d’entreprises expérimentés pour

des nouveaux entrepreneurs à haut potentiel (cf. : 3.1.3, p. 48).

69 Entretien avec Xavier De Poorter, Fondateur d’ICHEC-PME et de la plateforme d’entrepreneuriat Wikipreneurs, 7

janvier 2016, Bruxelles. 70 Voir acteurs de l’accompagnement en Région de Bruxelles-Capitale : http://www.1819.be/fr/tags/accompagnement

Une clarification des

rôles des acteurs du coaching est essentielle.

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

46

Les Guichets d’Economie Locale (GEL) : les GEL accompagnent les candidats

indépendants et entrepreneurs qui souhaitent s’implanter dans une commune en particulier. Les GEL sont présents à Anderlecht, Molenbeek, Saint-Gilles, Schaerbeek

et Bruxelles-ville.

Les centres d’entreprise : ils visent à dynamiser le tissu économique bruxellois et en

mettant des bureaux à disposition et en offrant des services aux des entrepreneurs.

Aide à la création de microentreprises et/ou microfinance :

o MicroStart : groupes d’entreprises sociales visant l’accompagnement et le

financement d’entreprises portées par des publics exclus des canaux traditionnels (cf. : point 3.3.6, p. 60).

o Crédal : acteur visant l’accompagnement des personnes sans emploi désirant créer leur entreprise. Crédal est également actif dans l’économie

sociale et dans la microfinance solidaire. o Ceraction : association spécialisée dans l’aide aux personnes cherchant à

s'insérer dans le marché du travail par la création d'une microentreprise.

Coopératives d’activités bruxelloises (Bruxelles Emergences, Baticrea, DEBUuT) : les

coopératives d’activités accompagnent les chercheurs d’emploi et allocataires

sociaux qui veulent se lancer comme indépendants, en leur offrant un accompagnement personnalisé et leur permettant de tester leur projet sur une durée de maximum 18 mois.

Bruxelles Pionnières : structure d'accompagnement pour les femmes qui désirent concrétiser la création de leur projet d’entreprise ou développer leur entreprise existante.

Il existe également des acteurs sectoriels spécialisés, comme BLSI (sciences de la vie),

BRUFOTEC (agroalimentaire), Galien (incubateur de l’UCL pour les entreprises de recherche et développement, en particulier dans la santé et l’oncologie) , ICAB (incubateur de la VUB pour entreprises technologiques).

b. Les acteurs de l’accompagnement en Région wallonne

La Région wallonne dispose de ses propres acteurs publics et privés. Ceux-ci sont répartis comme suit :

L’Agence pour l’Entreprise et l’Innovation (AEI) : acteur principal de la Région

wallonne qui chapeaute les services de la Région et l’information disponible.

Les opérateurs de proximité d’animation économique wallons : ces opérateurs

regroupent des structures parfois très diverses, mais « disposent globalement de

compétences dans le développement de l'innovation, de la création d'activités et du support aux entreprises »71.

o Couveuses d’entreprise ou centres d’entreprise et d’innovation : CAP Innove.

Entreprendre.wapi. Héraclès (Centre Européen d’Entreprise et d’Innovation)

71 Région wallonne, « Un réseau de conseillers au service des entreprises et de l’innovation » : http://www.infos-entreprises.be/fr/un-reseau-de-conseillers-au-service-des-entreprises-et-de-linnovation-2823

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L’ACCOMPAGNEMENT ET LE FINANCEMENT À LA CRÉATION D’ENTREPRISE

47

La Maison de l’Entreprise (LME, filiale d’IDEA, Centre Européen d’Entreprise et d’Innovation).

CEI LLN (Centre d’entreprise et d’innovation). Le CEI est en partenariat avec l’UCL et son Parc Scientifique pour la promotion des start-up et PME innovantes à Louvain-La-Neuve.

Cide-Socran (Centre d’Innovation et de Développement d’Entreprise).

o Organisations de commerce ou patronales : Les différentes entités provinciales de la CCI (Chambres de

Commerce et de l’Industrie dans le Brabant wallon, dans le Hainaut, CCI CONNECT, CCI Luxembourg).

UCM (Union des Classes Moyennes).

o Intercommunales ou agences de développement économique : IDEA (Intercommunale de Développement Economique et

d’Aménagement de la région Mons-Borinage). Hainaut Développement (Agence de Développement de

l’Economie de la Province du Hainaut). IGRETEC (Intercommunale pour la Gestion et la Réalisation

d’Etudes Techniques et Economiques) SPI (Agence de développement de la Province de Liège)

WFG (Wirtschaftsförderungsgesellschaft Ostbelgiens – Société de développement économique de l’Est)

BEP (Bureau Economique de la Province de Namur)

IDELUX (Intercommunale du développement économique de la Province du Luxembourg)

Les opérateurs spécialisés dans la recherche et les technologies (WAL-TECH, ADISIF,

InnovaTech, NCP-Wallonie, PICARRE)

Les incubateurs technologiques spécialisés (NEST’Up – Nurtuing Entrepreneurship,

Start-up and Talents ; WSL – Wallonia Space Logistics72 ; WBC – Wallonia Biotech

Coaching ; ESA-BIC Redu – European Space Agency – Business Innovation Centres)

Les structures d’accompagnement à l’autocréation d’emploi (SAACE). Les SAACE

visent à accompagner les demandeurs d’emploi qui souhaitent créer leur entreprise (par exemple : jecreemonjob.be)

Les guichets d’entreprises : comme en Région de Bruxelles-Capitale, ils visent à

soutenir les nouvelles entreprises en particulier sur les plans administratifs. Il existe

huit guichets agréés en Région wallonne (UCM, Acerta, Fomalis, Partena, Securex, Xerius, Zenito, Eunomia).

Les agences-conseil en économie sociale : Agès, Crédal-Conseil, Febecoop, Progress,

PROPAGE-S, SAW-B et SYYneco.

D’autres acteurs importants, comme la Sowalfin ou la SRIW, existent par ailleurs. Ces organes, davantage orientés sur le financement des entreprises, sont présentées dans la section dédiée (cf. : point 3.3, p. 55).

72 Historiquement dédié aux technologies liées au spatial, il prend désormais en charge tous les projets relevant des sciences de l’ingénieur).

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

48

« Les rencontres que j’ai faites et le coaching dont j’ai

pu bénéficier au sein du

Réseau Entreprendre ont été décisives dans le succès de

mon entreprise ». Julien Vandeleene,

Fondateur de BePark

« Les réseaux d’entrepreneurs et leur

impact sur les résultats des entreprises restent

marginaux car trop

d’entrepreneurs n’ont pas le temps de se remettre en

cause et de demander un coaching. Ceux qui se

dirigent vers les réseaux

d’entrepreneurs ont déjà passé une étape et ont

conscience des difficultés qu’ils peuvent rencontrer ».

Arnaud Deplae, UCM

Le Réseau Entreprendre est

une excellente initiative. Mais celle-ci reste un peu

élitiste et ne correspond pas nécessairement à tous les types de publics. Soutenir

son expansion serait le moyen le plus efficient de démultiplier les capacités

d’accompagnement à la création d’entreprise »

Bruno Wattenbergh, Directeur de Impulse

3.1.2. Le dynamisme des acteurs et leur collaboration

Il est important de laisser les nombreux acteurs se déployer librement afin de dynamiser l’offre.

Leur collaboration doit être promue de sorte d’adapter au mieux le service aux entreprises et aux candidats entrepreneurs. En particulier, la collaboration est fondamentale entre les différents chaînons de l’accompagnement. Par exemple, les incubateurs (en aval, pour des

projets déjà relativement bien avancés) peuvent davantage s’articuler avec des initiatives plus en amont, comme le VentureLab de l’Université de Liège (cf. : point 2.5.2, p. 39)). Une politique de l’accompagnement efficace doit réussir à concilier le développement libre des acteurs et leur collaboration.

Le coaching nécessite de nombreuses qualités personnelles en matière de soft skills (empathie, écoute, attitude d’ouverture) mais aussi des compétences plus techniques (connaissance du

milieu de l’entreprise). Les personnes qui exercent ces fonctions doivent être formées pour répondre aux attentes des entrepreneurs qui souhaitent se lancer. Le coaching s’apprend davantage par l’action et par l’expérience acquise que par l’élaboration d’un business plan. 73 On évolue bien plus aujourd’hui dans la culture du test et de la pratique. Le business plan se

réalise sur le terrain et non plus sur papier.74

3.1.3. Les réseaux d’entrepreneurs

Les réseaux d’entrepreneurs se développent de plus en plus. Ces réseaux visent le soutien par

des pairs ou par des entrepreneurs expérimentés à la création d’entreprise. De façon générale, il ressort de nos entretiens que les réseaux d’entrepreneurs sont très efficaces pour aider les candidats entrepreneurs qui ont la volonté de s’étendre et qui ont une idée relativement claire des obstacles qu’ils pourraient rencontrer. Les mentors seraient nombreux à être volontaires

pour partager leurs expériences.

Toutefois, ces réseaux d’entrepreneurs restent relativement confidentiels à ce stade, et la plupart des candidats ou jeunes entrepreneurs n’auraient pas réellement conscience de ce que

ces réseaux pourraient leur apporter.

En la matière, il va de soi que l’autorité publique ne peut intervenir que de manière

précautionneuse. Il ne s’agit ni de briser une dynamique existante, ni de forcer des jeunes entrepreneurs à collaborer avec des mentors s’ils ne le souhaitent pas.

Toutefois, l’extension de ces réseaux d’entrepreneurs semble souhaitable pour favoriser leur accessibilité et permettre à tous, y compris ceux qui ne disposent pas du même capital social ou culturel, de bénéficier de leur apport. Dès lors, nous proposons de pouvoir offrir un soutien financier au développement des réseaux d’entrepreneurs , en particulier pour assurer une

reconnaissance de ces initiatives et en favoriser la publicité.

73 Entretien avec Bernard Surlemont, Professeur à HEC-Lège, 7 janvier 2016, Bruxelles. 74 Entretien avec Bruno Wattenbergh, CEO d’Impulse.brussels, 14 avril 2016, Bruxelles.

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L’ACCOMPAGNEMENT ET LE FINANCEMENT À LA CRÉATION D’ENTREPRISE

49

3.2. ETAT DES LIEUX DE L’ENJEU DU FINANCEMENT POUR LES

(NOUVELLES) ENTREPRISES

Lors de la création d’une entreprise, obtenir un financement adéquat pour son projet figure souvent parmi l’un des plus grands défis. Le financement pour les nouvelles entreprises peut être de deux types. Soit il s’agit d’un financement classique par emprunt bancaire ou par

apport de fonds propres personnels, soit il provient d’un soutien public de financement ou d’un apport en capital privé de personnes ou sociétés convaincues par le potentiel du projet (business angels ou venture capital).75 Qu’il s’agisse d’un soutien public ou d’un apport venant d’un business angels ou de venture capital, l’accompagnement est généralement lié au

financement, ou devrait l’être (cf. : supra).

Encadré Venture Capital et Business Angel

Les business angels et le venture capital sont des investisseurs privés qui visent à soutenir financièrement et généralement à accompagner (par leur expérience, leurs compétences, leurs réseaux,) des entreprises innovantes et considérées comme risquées. Dans les deux

cas, une participation est acquise dans le capital privé de la jeune entreprise.

La différence entre ces deux types d’investisseurs est que le business angels est une

personne physique, par exemple un entrepreneur à succès, qui investit sur fonds propres, aussi bien dans des entreprises en phase de lancement que dans des entreprises établies. Les sommes investies par projet sont de l’ordre de 10.000 EUR à 100.000 EUR, voire parfois 1 million EUR.

Le Venture Capital est généralement une société investissant des capitaux provenant d’autres investisseurs. Les montants investis par projet sont souvent plus importants

(supérieurs au million EUR) et plus rarement destinés à des entreprises tout juste en phase de démarrage. Les cibles principales sont dès lors des jeunes entreprises dont le concept est prouvé et les premiers revenus déjà obtenus. Une place au conseil d’administration des entreprises investies est régulièrement demandée par le venture capital.

Source : TheBusinessAngel.org

En fonction des besoins du projet mis en place, un recours à une ou plusieurs sources de financement peut être envisagé, du crédit bancaire classique au financement par apports

personnels en passant par le financement alternatif.

75 Le financement participatif est une option complémentaire. Les investisseurs qui prennent part à ce mode de financement peuvent parfois être considérés comme des venture capitalists.

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

50

L’accès au financement est

un problème plus important pour les microentreprises.

3.2.1. En Europe

Au niveau de la zone euro, selon l’enquête SAFE76 (Survey on the Access to Finance of

Enterprises) de la Banque centrale européenne sur l’accès des entreprises au financement, il ressort que la première préoccupation pour les PME est d’abord de trouver des clients : 25% des répondants mentionnent ce point en premier lieu. Comme le montre la Figure 9 ci-

dessous, l’accès au financement s’est amélioré depuis 2012 et parmi les six problèmes les plus importants rencontrés par les entreprises, il serait le moins préoccupant. Mais il dépend de la taille des entreprises. L’accès au financement est un problème plus important pour les microentreprises que pour les grandes entreprises. Il s’agissait d’un des problèmes les plus

importants pour 20 % des microentreprises en 2012, et pour 12% d’entre elles en 2015.

Figure 9 Les problèmes les plus importants rencontrés par les entreprises de la zone euro

Source : Banque centrale européenne, SAFE, avril à septembre 2015

76 European Central Bank, “Survey on the Access to Finance of Enterprises in euro area (SAFE)”, April to September 2015. [En ligne : http://bit.ly/2en7lp3 ]

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L’ACCOMPAGNEMENT ET LE FINANCEMENT À LA CRÉATION D’ENTREPRISE

51

L’accès au financement est

un sujet de préoccupation moins grave qu’auparavant selon les entrepreneurs.

3.2.2. En Belgique

Dans le cadre de son enquête SAFE, la BCE interroge des chefs d’entreprise, essentiellement

de PME, sur les difficultés auxquelles ils sont confrontés. Les résultats montrent qu ’à l’instar de leurs homologues européennes, les PME belges considèrent l’accès au financement comme la préoccupation la moins grave parmi les problèmes qui freinent les possibilités d’expansion

des PME belges (cf. : Tableau 8, p.51). Les PME belges considèrent les coûts de production ou les coûts salariaux comme les plus préoccupants.

Tableau 8 Gravité d’un certain nombre de problèmes qui freinent les possibilités d’expansion des PME belges (Score moyen77)

Source : Banque centrale européenne, SAFE

Le fait que l’accès au financement soit relativement moins préoccupant que d’autres n’exclut pas de trouver des pistes pour continuer à l’améliorer. 31% des PME belges considèrent

toujours l’accès au financement comme une préoccupation importante, et 11% d’entre elles estiment ce problème comme le principal frein à l’expansion de leur entreprise.78

Selon une étude du SPF Economie, « les banques restent les principaux fournisseurs de financement sous forme de prêt. 71,1% des entreprises qui ont cherché à obtenir un financement sous forme de prêt en 2010 n’ont essayé qu’auprès d’une banque. 26,3% des entreprises ont recherché du financement auprès d’une banque et au moins une autre source.

On remarque une diversification des sources de financement par rapport à 2007. (…) En 2010, les autres formes de financement sous forme de prêt étaient par ordre d’importance les propriétaires/administrat eurs (24,9%), les autres entreprises (7,8%), la famille et les amis

(5,4%), les autres salariés (3,1%) et les autres sources (2,0%) » 79.

Au niveau francophone, l’UCM a également mené une enquête80 spécifique afin de faire le point, de façon plus adéquate selon eux, sur les difficultés rencontrées par les PME en matière

d’accès au financement. L’UCM estime en effet que l’enquête menée par l’observatoire du crédit aux sociétés non financières par la Banque nationale est une source d’information intéressante mais ne permet pas une ventilation par taille de PME, alors qu’il s’agit d’un

critère important.

77 Sur la base des scores individuels sur une échelle de 1 (pas un problème inquiétant) à 10 (problème très inquiétant). 78 BNB, « Résultats de l’enquête SAFE au premier semestre de 2014 ». [En ligne : http://bit.ly/2ehhb0N ] 79 SPF Economie, « Accès au financement », 28 mars 2012. [En ligne : http://bit.ly/2e0rX9B ] 80 LESCEUX, J., « Enquête sur l’accès au financement des indépendants et PME francophones », UCM, Janvier 2015.

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

52

Une nouvelle législation est

entrée en vigueur pour le financement des entreprises. Il est

notamment imposé aux prêteurs de renseigner les motifs en cas de refus de

crédit.

Figure 10 Prêts utilisés par les PME

Source : UCM

Cette enquête conclut que le crédit d’investissement est la forme de financement la plus utilisée. Par ailleurs, un entrepreneur sur dix signale avoir bénéficié d’un des outils publics.

En ce qui concerne l’accès au financement, 39,2% des entrepreneurs jugent ne pas avoir eu de difficulté à obtenir un crédit bancaire, tandis que 23,9% estiment ne pas avoir obtenu le financement nécessaire et 18,5% n’en avoir obtenu seulement qu’une partie. Il ressort

également que les difficultés pour l’obtention d’un crédit bancaire sont plus marquées pour les jeunes entreprises (mois de 5 ans) et pour les plus petites entreprises (moins de 5 travailleurs).

Début 2014, une nouvelle législation est entrée en vigueur afin de faciliter l’accès aux crédits pour les PME. Il est notamment imposé aux prêteurs de désormais renseigner les motifs en cas de refus d’octroi d’un crédit. Cette loi du 21 décembre 2013 prévoit également l’exécution de

certaines dispositions via un code de conduite, signé par les différents représentants, Unizo, UCM et Febelfin. Ce code de conduite formule les renseignements que le prêteur doit fournir, permettant ainsi à l’entrepreneur de disposer de toutes les informations nécessaires avant de faire son choix entre les différentes formes de crédits proposés. Le code de conduite stipule

également les renseignements que le prêteur doit fournir en cas de refus d’un crédit, permettant à l’entrepreneur de connaître les motifs du rejet.

Selon l’enquête de l’UCM, 14,4% des refus de crédit n’ont pas été motivés par le prêteur et 73,8% des entrepreneurs considèrent avoir obtenu des renseignements adaptés sur le type de crédits existants.

Les difficultés pour

l’obtention d’un crédit bancaire sont plus

marquées pour les jeunes et les petites entreprises.

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L’ACCOMPAGNEMENT ET LE FINANCEMENT À LA CRÉATION D’ENTREPRISE

53

Plus de 50% des

entrepreneurs ne connaissent pas les outils de financement mis à

disposition par les organismes publics.

Ensuite, cette enquête fait état de la connaissance des outils publics de la part des entrepreneurs. Ceux-ci sont plus de 50% à ne pas connaitre les différents outils. Cette

méconnaissance est à relativiser partiellement dans la mesure où certains outils publics sont activés par le biais de la banque lorsque celle-ci estime qu’une garantie publique ou un cofinancement permettrait de finaliser le dossier de financement.81 C’est le cas en Région

wallonne des outils fournis par la Sowalfin et ses filiales (prêt subordonné ou garantie). Finalement, la plupart de ces outils publics sont jugés (très) utiles par les entrepreneurs, particulièrement les outils de garantie et le prêt subordonné de la Sowalfin.

Concernant plus spécifiquement les starters, une autre enquête82 de l’UCM montre que l’accès au financement arrive en troisième position parmi les principales difficultés qui touchent les PME en phase de lancement. Les charges administratives restent le plus grand obstacle selon

les répondants, juste devant la recherche de clients qui arrive en seconde position. L’enquête spécifie que l’importance accordée aux charges administratives pourrait être surestimée dans la cas où elle serait basée sur la perception et pas forcément sur une réalité objective.

L’enjeu de l’accès au financement est fréquemment soulevé dès lors qu’il est relativement simple à résoudre, la solution résidant sans doute principalement dans la popularisation des aides existantes.

81 LESCEUX, J., « Enquête sur l’accès au financement des indépendants et des PME francophones », UCM, Janvier

2015, p. 27. 82 LESCEUX, J., « Chiffres clés sur les starters et recommandations », UCM, Octobre 2013.

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54

Encourager le parrainage

par des personnes privées qui investissent du

patrimoine est la voie à développer.

Figure 11 Principales difficultés rencontrées par les PME en phase de lancement

Plusieurs choix étaient possibles. Les pourcentages repris portent sur le nombre de citations de chacun des choix. Source : UCM, mars 2013.

En Belgique, ce serait davantage l’accompagnement lié au financement qui ferait défaut plutôt que l’investissement en lui-même. Les Invests wallons, par exemple, n’auraient pas toujours le personnel suffisant pour conseiller efficacement les entreprises dans lesquelles elles investissent. Intervenir dans la gestion de l’entreprise nécessite un investissement

considérable en temps et des compétences sectorielles pointues en parallèle. Les Invests décident chaque année pour plusieurs centaines de dossiers, ce qui ne permet pas un suivi très rapproché de la stratégie des entreprises financées.

L’exemple de l’Angleterre, cité pour l’investissement à qualité ajoutée, pourrait être suivi afin d’améliorer la qualité de nos propres investissements. En Angleterre, un investissement ne doit pas uniquement apporter de l’argent mais aussi un réseau, du support, un challenge pour

le patron. Les investisseurs doivent avoir du temps à consacrer aux entreprises pour la réflexion, les questions stratégiques, nouer des contacts à l’international, etc.

Ce type d’investissement rejoint davantage le rôle de la SRIW, qui gère moins de dossiers, mais

dans des entreprises de plus grandes tailles, avec des engagements financiers supérieurs et une plus grande implication dans les dossiers. Dès lors, une voie à suivre est d’encourager le parrainage par des personnes privées expérimentées dans le secteur, et qui idéalement

investissent aussi une partie de leur patrimoine. Il s’agit dans ce cas d’un partenariat entre des business angels ou du venture capital, dont le financement et l’accompagnement d’entreprises à haut potentiel sont les métiers, et les outils publics de financement. Ceux-ci en tireraient largement les bénéfices pour la qualité de leur accompagnement.

Pour un financier, la qualité – c’est-à-dire la complémentarité, l’expérience, en particulier du marché, les réseaux, etc. – de l’équipe qui amène le projet est déterminante. Ces conditions

doivent être davantage remplies pour créer des partenariats entre des acteurs privés et les outils publics.

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L’ACCOMPAGNEMENT ET LE FINANCEMENT À LA CRÉATION D’ENTREPRISE

55

3.3. LES DIFFÉRENTS MOYENS DE FINANCEMENT

Cette section liste les différentes initiatives prises par les nombreux acteurs et organisations en matière de financement, dans le but de répondre aux défis récurrents rencontrés par les

entreprises en la matière. Elle recense également les suggestions émises par différents experts sollicités.

3.3.1. Panorama des différentes étapes du financement

En matière de financement, plusieurs sources sont envisageables. Premièrement, le

lancement de son projet suppose bien souvent un apport personnel (ou autofinancement) afin de couvrir une partie des premiers besoins et de montrer un certain gage de sérieux, de confiance. Les proches sont généralement sollicités à ce stade, on parle des 3F : Family, Friends and Fools.

Deuxièmement, le recours à une demande de fonds auprès d’une banque ou d’un organisme financier apparait souvent nécessaire. Ces fonds sont complémentaires à l’autofinancement

et visent aussi bien à lancer l’activité que réaliser des investissements. L’offre de crédits est plutôt vaste. Pour les entrepreneurs qui se lancent, deux types de demandes sont généralement rencontrées : le crédit d’investissement et le crédit de caisse. Toutefois, en phase de démarrage, s’il y a peu de sûretés valorisables ou de patrimoine personnel, et que le

projet revêt un caractère innovant, les possibilités de financement auprès d’une banque sont limitées. L’octroi ou non d’un crédit bancaire dépendra donc du profil de l’entreprise.

Il existe par ailleurs différentes aides financières mises à disposition par les Régions pour bénéficier de fonds de capital-risque publics.

A Bruxelles par exemple, les entrepreneurs se tourneront vers la SRIB83 ou le Fonds bruxellois de Garantie. La SRIB et ses filiales, formant le groupe finance.brussels, interviennent à différents stades avec comme mission de soutenir la création et la croissance de l’entreprise. Leurs interventions se déclinent sous différentes formes : une prise de participation, l’octroi

d’un prêt (éventuellement subordonné) ou un co-financement à travers les différent es filiales84. Le Fonds bruxellois de garantie a comme rôle de s’engager vis-à-vis de la banque afin de garantir une éventuelle défaillance de l’emprunteur.

83 Société Régionale d’Investissement de Bruxelles. 84 SRIB : Financement d’entreprises en phase d’expansion. Brustart : Financement de jeunes entreprises innovantes. Exportbru : Financement d’entreprises exportatrices.

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Les problèmes de

financement seraient peu nombreux en Wallonie.

Mais il faut améliorer le support et

l’accompagnement.

En Wallonie, la SRIW85 se consacre au soutien des moyennes et des grandes entreprises, tandis que le financement des PME (prêts, subordonnés ou non, garanties sur prêts bancaires, prises

de participation) relève du groupe Sowalfin86, dont font partie les Invests, acteurs locaux du financement « haut de bilan ». Récemment, la Sowalfin a lancé Euroquity, une plate-forme de mise en relation entre sociétés à la recherche de fonds propres et investisseurs (privés et

publics), tout en y associant la communauté des outils d’accompagnement des PME. Cette plate-forme de service, obtenue grâce à une licence exclusive accordée par BPI France à Sowalfin, vise à faciliter l’échange d’informations et à développer un écosystème favorable pour le financement des entreprises.

Figure 12 Acteurs du financement en Wallonie

Source : Manifeste pour les PME, 2016

En parallèle, le financement participatif ou crowdfunding, est également une source à ne pas

négliger et qui tend à se développer de plus en plus. Il permet à chacun de participer au financement d’un projet jugé prometteur et/ou en lien avec ses valeurs. Il existe par ailleurs des organisations actives dans le microcrédit qui, par des petits prêts, soutiennent les personnes

désirant lancer une petite entreprise ou développer leur petite activité déjà existante. Les Business Angels peuvent aussi jouer un rôle prépondérant pour le financement d’un projet. Au-delà du financement, ils apportent leur expérience, un carnet d’adresse et une mise en réseau. En contrepartie, ils entrent dans le capital et détiennent par conséquent une partie de l’activité.

85 Société Régionale d’Investissement de Wallonie. 86 Sowacess : faciliter la transmission d’entreprises. Sofinex : financement des activités à l’international. Novallia : financement et soutien de l’innovation. Socamut : favoriser l’accès au crédit des indépendants et des très petites entreprises.

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L’ACCOMPAGNEMENT ET LE FINANCEMENT À LA CRÉATION D’ENTREPRISE

57

Tableau 9 Résumé des modes de financement disponibles

Financement par les proches : les trois F :

Family

Friends

Fools

Fonds des banques Crédit de caisse

Crédit d’investissement

Financements

régionaux :

Bruxelles SRIB et filiales (groupe finance.bruxelles) :

o Prise de participation

o Octroi d’un prêt (éventuellement subordonné)

o Co-financement à travers les différentes filiales87.

Le Fonds bruxellois de garantie :

o S’engager vis-à-vis de la banque afin de garantir une éventuelle défaillance de

l’emprunteur.

Wallonie SRIW : soutien aux grandes entreprises

Sowalfin : soutien aux PME :

o Octroi de prêts subordonnés

o Garantie des crédits octroyés par la banque

Les Invests wallons :

o Agissent au niveau local

o Financent les PME directement sans passer par une banque

o Peuvent prendre une participation en capital

Autres Crowdfunding

Business Angels

Venture capital

Organisations de micro crédit

87 SRIB : Financement d’entreprises en phase d’expansion. Brustart : Financement de jeunes entreprises innovantes. Exportbru : Financement d’entreprises exportatrices.

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Le prêt « coup de pouce »

offre un crédit d’impôt aux particuliers lorsqu’ils

investissement dans des jeunes PME ou start-up.

3.3.2. Le plan fédéral

Au niveau fédéral, un plan PME a été lancé début 2015. Plusieurs mesures concernent le

financement : (1) améliorer la législation sur les délais de paiement, (2) réformer la procédure sommaire d’injonction de payer, (3) évaluer la relation entre les banques et les entreprises, (4) favoriser et promouvoir le financement alternatif des PME.

3.3.3. Les priorités wallonnes

Le manifeste88 pour les PME wallonnes, rédigé début 2016 à destination du Gouvernement wallon, à l’initiative de patrons de PME et d’acteurs institutionnels wallons, formule plusieurs recommandations spécifiques pour le financement des PME. Dans cette catégorie, le Conseil

de PME a retenu cinq axes de mesures prioritaires :

(1) Former, sensibiliser et accompagner à l'utilisation du financement (haut et bas de

bilan) et à l'introduction d'un dossier de financement. (2) Augmenter l'offre et faciliter l'accès au financement haut de bilan (capital & quasi-

capital) et notamment promouvoir le financement alternatif. (3) Améliorer, faciliter et diversifier l'accès au financement bas de bilan – crédit

(bancaire). (4) Articuler les subsides dans un schéma global de financement.

3.3.4. Le prêt coup de pouce en Région wallonne

Le prêt « coup de pouce » wallon est un mécanisme qui s’inspire du prêt win-win en Flandre. Celui-ci permet à n’importe quelle entreprise en Flandre (y compris les entreprises sociales) de pouvoir emprunter jusqu’à 200.000 euros auprès de particuliers. Cet avantage est intéressant pour les personnes qui souhaitent lancer leur activité, et qui ont besoin des « 3 F » pour

commencer (family, friends, fools) ou qui ont recours à des business angels.

Le prêt « coup de pouce » wallon, entré en vigueur le 30 septembre 2016, s’inscrit dans cette logique. Il s’agit d’un incitant fiscal pour les prêts privés aux PME de moins de cinq ans et start-

up. En période de contraction du crédit bancaire, l’accès au financement peut s’avérer préoccupant pour les entreprises. L’objectif est de diversifier les sources de financement pour soutenir le développement des PME. Une phase de test du dispositif est prévue avec une

évaluation fin 2017.

Le dispositif s’exécute sur une période de 4, 6 ou 8 ans. Chaque particulier peut prêter jusqu’à 50.000 EUR et bénéficie d’un crédit d’impôt de 4 % du capital prêté les quatre premières

années, et de 2,5 % les éventuelles quatre années suivantes. Le remboursement des intérêts est annuel, mais le remboursement du capital s’effectue en une seule fois au terme de l’emprunt. L’emprunteur peut emprunter jusqu’à 100.000 euros via ce mécanisme.

88 Conseil des PME, « Manifeste pour les PME », 29 Janvier 2016.

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L’ACCOMPAGNEMENT ET LE FINANCEMENT À LA CRÉATION D’ENTREPRISE

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Le prêt subordonné permet

d’éviter que les entreprises ne soient noyées sous les remboursements aux

échéances à court terme.

3.3.5. Le prêt subordonné

Le financement sous forme de prêt subordonné est un emprunt dont le remboursement au

créancier est subordonné au paiement préalable des autres créanciers. Il s’agit donc d’un renforcement du financement « haut de bilan » (cf. : Encadré ci-dessous). En d’autres termes, en cas de faillite de l’émetteur, l’emprunt sera remboursé après le remboursement des autres

créanciers.

Encadré Le prêt subordonné et le principe du financement « haut de bilan »

Dans le passif du bilan d’une entreprise, où sont répertoriés les financements dont elle dispose, plus la rubrique est « haute dans le bilan », plus l’échéance du remboursement est à long terme. Au sommet du bilan se trouvent les fonds propres (qui ne doivent donc pas

être remboursés) et tout en bas se trouvent les engagements à court terme.

Le prêt subordonné est un financement « haut de bilan » et se trouve juste en-dessous des

fonds propres. On parle parfois de « quasi » fonds propres, car le prêt subordonné ne doit être remboursé qu’à long terme, après les autres engagements tels que les crédits bancaires d’investissement. Ce mode de financement est généralement considéré comme une bouffée d’oxygène pour les entrepreneurs et les PME dès lors qu’ il permet d’atténuer les

échéances à court terme.

Une application des prêts subordonnés peut concerner en particulier la reprise d’entreprises89

(cf. : Chapitre 6, p. 90).

En termes de financement, le rachat d’une entreprise existante pose toutefois la question du financement pour réaliser l’opération. Contracter un emprunt impose le remboursement des

mensualités et des intérêts. Une plus ou moins grande partie des bénéfices de l’entreprise sont ainsi consacrés au remboursement auprès de la banque, ce qui réduit les possibilités d’investissement pour l’entreprise elle-même. Or, une entreprise cédée par un entrepreneur senior souffre déjà souvent d’un déficit d’investissement lors de la cession, car l’investissement

n’est plus la priorité des entrepreneurs âgés. Conserver un potentiel d’investissement lors d’une reprise de société est donc essentiel pour s’assurer de la pérennité de l’entreprise. De par son échéance à (très) long terme, le prêt subordonné offre cette possibilité.

Il est dès lors opportun de renforcer les prêts subordonnés mis à disposition par le public en cas de reprise afin de temporiser les premières années plus difficiles en termes d’investissement s . Outre le financement, l’accompagnement lors de la reprise d’entreprise et une bonne

préparation en amont de la décision sont essentiels pour maximiser les chances de succès de l’entreprise cédée. Ces propositions spécifiques feront l’objet du chapitre 6, p. 90.

89 Nous abordons l’importance de la reprise d’entreprise et formulons des propositions pour faciliter les reprises au chapitre 6 de cette publication.

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60

MicroStart reconnait à chacun le droit à l’initiative

et à l’entrepreneuriat.

L’avantage des prêts subordonnés est qu’ils sont considérés comme du quasi-capital : ils s’assimilent presque à des fonds propres et permettent d’augmenter les capacités d’emprunt

auprès des banques. Sous forme de produits mixtes (combinés avec une garantie publique), ils sont régulièrement cités dans les enquêtes parmi les outils publics à renforcer pour soutenir les personnes qui se lancent et qui entreprennent (ou « entre-reprennent »).90

3.3.6. Le microcrédit aux publics fragilisés

Il existe aussi des structures de microcrédits à l’image de MicroStart qui soutiennent certains publics fragilisés à l’entrepreneuriat. MicroStart agit tant sur le financement comme organisme de microcrédit que dans l’accompagnement des publics ciblés. 80% de leurs

bénéficiaires se situent en dessous du seuil de pauvreté et 68% sont nés à l’étranger, dont 61% en dehors de l’Union européenne. Ils s’adressent donc à un public particulier d’entrepreneurs qui ne sont généralement pas à l’aise avec le cadre réglementaire et qui ont des parcours plus

« accidentés ». Le prêt d’argent et leur accompagnement permet à ces personnes de se lancer, et souvent de passer du statut d’allocataire social à entrepreneurs. Le travail de MicroStart affiche d’excellents résultats.

Il s’agit d’une vision très humaniste de l’entrepreneuriat dans laquelle chacun a ses chances et des capacités, peu importe son origine. Chacun se voit reconnaitre un droit à l’initiative économique et à l’entrepreneuriat. 81% des entrepreneurs que MicroStart a accompagnés

sont autonomes après trois ans ; 60% des entrepreneurs sont toujours à la tête de leur entreprise ; et 21% ont recréé une autre entreprise ou sont devenus salariés. Certains indépendants déjà établis reviennent chez MicroStart qui leur permet de poursuivre leur activité, alors qu’ils n’auraient pas accès au financement via d’autres canaux.

Ce type de structure doit être développé davantage. C’est d’ailleurs le souhait de leurs fondateurs. Ils ont accompagné et financé 2.805 actifs depuis leur création en 2010. En France, la structure sœur a accompagné 200.000 micro-entrepreneurs en 20 ans.

90 Voir notamment : LESCEUX, J., « Enquête sur l’accès au financement des indépendants et des PME francophones », UCM, Janvier 2015, p. 31.

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L’ACCOMPAGNEMENT ET LE FINANCEMENT À LA CRÉATION D’ENTREPRISE

61

3.4. NOS MESURES POUR MIEUX ACCOMPAGNER LES CRÉATIONS

D’ENTREPRISES ET ASSURER LEUR FINANCEMENT

Pour de nombreux experts et entrepreneurs, le premier objectif de l’accompagnement est de donner à tous les candidats entrepreneurs l’opportunité de tester leurs projets et leurs produits. Ce qui pourra faciliter les jeunes à s’essayer dans leurs projets sans devoir pour autant

se lancer dans le vide poussera davantage de personnes à entreprendre. Les quatre propositions suivantes en matière d’accompagnement s’intègrent dans cette logique.

3.4.1. Promouvoir l’expansion des incubateurs pour étudiants et leurs structures de

financement

Les étudiants en dernière année d’étude et les jeunes tout juste diplômés (jusqu’à six mois) sont des publics clés sur lesquels miser pour promouvoir l’entrepreneuriat. En effet, ils peuvent être entreprenants, innovants, et leurs responsabilités privées91 sont souvent légères, voire

inexistantes. Dans ces conditions, les risques sont moins élevés pour ces publics, qui peuvent dès lors se lancer en tant qu’indépendants plus facilement. Une fois que ces jeunes entrepreneurs potentiels se lancent dans la vie active en tant que salariés, les probabilités qu’ils désirent lancer une activité indépendante se réduisent sensiblement.

C’est pourquoi l’Université de Liège a créé le VentureLab92 (cf. : point 2.5.2 p. 39), au même titre que la formation interdisciplinaire en création d’entreprise (CPME) organisée à l’UCL et

qui entame sa 19ème promotion. La Fédération Wallonie-Bruxelles doit soutenir les initiatives prises par les acteurs de l’enseignement supérieur pour promouvoir au maximum ces projets , y compris au sein des hautes écoles.

3.4.2. Faciliter l’accès au travail indépendant de façon ponctuelle ou pour se lancer

Faciliter les démarches pour accéder au travail d’indépendant est fondamental pour augmenter le nombre de personnes qui se lancent. De nombreuses personnes, en effet, voudraient lancer un projet ou exercer une activité, mais ne le font pas en raison de démarches administratives parfois laborieuses. Nous proposons deux solutions alternatives afin de pallier

ce constat et faire en sorte que se lancer comme indépendant soit le plus simple possible.93

a. Le statut d’autoentrepreneur

Le statut d’autoentrepreneur est une mesure qui a été mise en œuvre en France. Elle permet à une personne souhaitant se lancer comme indépendant de bénéficier de régimes de cotisations sociales avantageux et d’obligations administratives plus légères, et ce pour une durée limitée et pour autant que le chiffre d’affaires ne dépasse pas un certain montant94. Ils

peuvent s’acquitter de cotisations et impôts libératoires tous les mois ou trimestres.

91 Ils n’ont généralement pas de responsabilités familiales et peuvent encore être à charge de leurs parents, dans de nombreux cas. 92 En 2016, 80 participent à ce projet. 93 Une seule des deux mesures proposées devrait être mise en œuvre pour remplir l’objectif. 94 82.200 euros de chiffre d’affaires maximum en cas de vente de produits, 32.900 euros en cas de prestations de services ou activités libérales. Ces montants sont calculés au prorata en cas de prestations réalisées seulement une partie de l’année.

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

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La SMart gère la totalité

des démarches administratives et permet à des travailleurs autonomes

de bénéficier de la protection sociale des

salariés.

Cette mesure permettrait aux candidats entrepreneurs de tester leur projet sans être découragés par les obligations administratives. Le revenu maximum pour bénéficier de ce

régime préférentiel doit impérativement être limité. Une durée maximale devrait également être prévue pour ne pas faire concurrence déloyale à d’autres entreprises ne bénéficiant pas de ce régime.

b. Pouvoir exercer des prestations en toute simplicité : généralisation du modèle SMart

Il n’est pas rare qu’un travailleur souhaitant réaliser une activité rémunérée ne souhaite le faire que ponctuellement. Les raisons peuvent être diverses, comme simplement le fait de

rencontrer une opportunité mais qui ne devrait a priori pas continuer au-delà d’une certaine période ; ou l’envie de construire une initiative de manière progressive. Enfin, dans certains secteurs, notamment artistiques, de plus en plus de personnes souhaitent vivre de leur savoir-

faire, sans pour autant vouloir un travail fixe auprès d’un seul patron, même si cela signifie avoir une discontinuité de revenus.

Les artistes et autres professions associées à l’art et au spectacle disposent d’une solution aisée

leur permettant de réaliser des activités ponctuelles, en sollicitant les services de la SMart. Lorsqu’un travailleur fait appel aux services offerts par SMart, il devient salarié de cette coopérative. Il paie par conséquent des cotisations sociales relatives au statut du travailleur

salarié. Par ailleurs, la coopérative prélève une commission de 6,5% sur le montant de chaque contrat HTVA. En contrepartie, la coopérative lui permet de bénéficier de la totalité des droits en sécurité sociale liés à ce statut.95 Cela lui permet aussi de bénéficier de services complémentaires, tels que le service de recouvrement de crédits auprès des clients du

travailleur en cas de retard de paiement. Dans ce cas, la SMart avance la rémunération à ses membres et récupère ensuite le montant de la facture auprès du donneur d’ordre. Enfin, SMart gère la totalité des démarches administratives du travailleur (contrat de travail, souches TVA, cotisations sociales, etc.). Tout étant automatisé, le membre gère lui-même les heures

prestées et la rémunération souhaitée.96

La logique de la SMart se démarque de celles proposées par les récentes plateformes

numériques, telles Uber. Dans le cas des plateformes numériques, les travailleurs sont des indépendants et bénéficient d’une protection sociale moins avantageuse que celles des salariés. L’absence d’un lien de subordination entre le travailleur et son « employeur » numérique peut toutefois faire l’objet de discussions. L’initiative présentée ici va dans le sens

contraire : elle permet à des travailleurs réellement autonomes de bénéficier de la protection sociale des salariés (moyennant le paiement des cotisations y afférentes).

Nous pensons que ce type d’initiative pourrait être étendu plus largement et offert à l’ensemble des travailleurs qui réalisent des activités ponctuelles. Du point de vue des pouvoirs publics, elle permet d’assurer que l’octroi de prestations en sécurité sociale corresponde à des cotisations sociales dues en tant que travailleur salarié. Du point de vue du travailleur, cette

solution permet d’offrir une facilité de gestion de ses démarches administratives ainsi qu’un meilleur lissage de ses revenus. Pour permettre cet élargissement, nous proposons qu’un appel à projet soit lancé dans un premier temps auprès des secrétariats sociaux, afin de permettre

une extension progressive de cette formule innovante.

95 Ceux qui ne travaillent pas à temps plein ou en CDI, cependant, n’ont pas accès à certains droits comme les congés

parentaux, par exemple. 96 En fonction du contrat négocié avec le donneur d’ordre et tout en s’assurant que les minimums légaux soient respectés.

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L’ACCOMPAGNEMENT ET LE FINANCEMENT À LA CRÉATION D’ENTREPRISE

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Encadré La SMart en évolution

La SMart s’interroge elle-même sur l’opportunité d’ouvrir ses activités à une palette plus large de métiers. Selon un sondage réalisé par ses soins auprès de ses membres, la grande

majorité (73,7%) estiment que les activités de la SMart devraient s’ouvrir à d’autres métiers, au moins aux métiers freelance. 41,4% estiment que les activités de la SMart devraient s’ouvrir à tous les métiers qui en ont besoin.97 La plupart des membres SMart seraient

animés par deux aspirations : d’une part entretenir un lien commercial avec leurs donneurs d’ordre plutôt qu’un lien de subordination ; et d’autre part ne pas avoir à gérer une entreprise.

3.4.3. Simplifier les procédures administratives par le principe « only once »

Toute entreprise doit régulièrement envoyer des documents, que ce soit pour recevoir des permis, pour solliciter des aides de la Région ou de l’Etat fédéral, ou encore pour fournir des données d’enquête. De nombreuses entreprises se plaignent que différents organismes leur demandent parfois plusieurs fois les mêmes documents. Ce désagrément s’explique en raison

d’un manque de centralisation des données et des documents entre les différent es administrations.

Un portail unique et informatisé doit dès lors être mis en œuvre. Celui-ci pourrait être comparé à un « coffre-fort virtuel » pour chaque entreprise. Les administrations autorisées pourraient dès lors aller y chercher les documents dont elles ont besoin, sans demander plusieurs fois les mêmes documents aux entreprises. Il s’agit d’une demande régulièrement avancée par

l’ensemble du monde entrepreneurial.

3.4.4. Sensibiliser les réseaux d’entrepreneurs à élargir leur public et les soutenir

financièrement

Nous avons vu que les réseaux d’entrepreneurs étaient très efficaces pour les jeunes

entrepreneurs qui avaient l’occasion d’y être intégrés. En revanche, le public qui y accède est encore limité et réservé à des entrepreneurs déjà conscients des obstacles qu’ils pourraient rencontrer. Or, les entrepreneurs qui auraient spécifiquement besoin d’un accompagnement

sont ceux qui ne connaissent pas encore les obstacles potentiels. Nous proposons de sensibiliser les réseaux d’entrepreneurs à élargir leur public. Un soutien financier doit être prévu en ce sens.

97 SMART, « Rapport d’activité 2015 et perspectives 2016 », Juin 2016, p. 8.

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

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Gérer un projet

entrepreneurial demande des compétences

spécifiques, parfois

sectorielles, techniques et très diverses.

3.4.5. Encourager les investissements privés en capital grâce à une collaboration accrue entre les business angels, le venture capital et les Invests publics

Les Invests wallons permettent à de nombreux projets entrepreneuriaux locaux de trouver un financement. L’accompagnement fait également partie de leurs missions. Toutefois, le nombre de projets investis est largement supérieur à leur capacité de supervision de

l’ensemble des projets en termes d’accompagnement. Le personnel au sein des Invest n’a pas toujours les effectifs requis pour ce type de missions. Par ailleurs, gérer un projet entrepreneurial demande des compétences spécifiques, parfois sectorielles, techniques et très diverses, qu’il n’est pas possible pour un conseiller d’assimiler pour chaque projet.

C’est pourquoi une collaboration entre les Invests et des investisseurs privés est tout à fait souhaitable. Il s’agit de solliciter la participation d’entrepreneurs expérimentés pour

accompagner les projets dans lesquels les Invests prennent part. Dans certains cas, ces entrepreneurs expérimentés pourraient prendre une participation (business angels) dans le capital de la start-up. Des sociétés spécialisées en venture capital pourraient également collaborer pour des projets de plus grande ampleur. Ces acteurs privés seraient choisis

spécifiquement en fonction de leurs connaissances techniques et sectorielles propres à chaque projet.

Chaque intervenant (l’acteur public, l’acteur privé et l’entrepreneur) aurait à gagner dans cette collaboration. L’acteur public, c’est-à-dire l’Invest, gagnerait en expertise pour accompagner les projets afin de mieux soutenir les projets investis et d’améliorer leur croissance et leur viabilité. L’acteur privé bénéficierait d’un levier financier plus important grâce au capital

injecté par les Invests. L’acteur privé peut ainsi choisir d’investir dans des start-up sans pour autant devoir assumer seul le risque. Enfin, l’entrepreneur qui se lance bénéficierait à la fois d’investissements en capital plus importants, et surtout d’un accompagnement spécialisé dans son domaine.

Cette collaboration est d’autant plus pertinente qu’elle est complémentaire au tax shelter pour start-up et jeunes PME instauré en 2015 par le Gouvernement fédéral ainsi qu’avec le prêt

« coup de pouce » de la Région wallonne. Le tax shelter offre une réduction fiscale de 30 % à l’impôt personne physique pour tout investissement dans une jeune PME de moins de quatre ans, et même 45 % pour toute mise dans une plus petite start-up.98 Les plafonds sont de 100.000 euros par an par investisseur et 250.000 euros par entreprise financée. Avec le prêt

coup de pouce wallon (cf. : point 3.3.4, p. 58), l’investisseur particulier bénéficie d’un crédit de 4 % sur le capital investi les quatre premières années, et de 2,5 % les éventuelles quatre années suivantes.

98 FABES. O., « Tax shelter start-up : premier bilan mitigé après un an », Le Soir, 31 aout 2016, Disponible sur : http://bit.ly/2cByfO7

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L’ACCOMPAGNEMENT ET LE FINANCEMENT À LA CRÉATION D’ENTREPRISE

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Renforcer l’attention des

banques et des pouvoirs publics sur les TPE et les start-up est une préoccupation importante des entrepreneurs

Par cette mise en relation des réseaux d’Invests, des acteurs privés, des candidats entrepreneurs et d’entreprises en croissance, le capital à risque, véritable levier pour

l’entrepreneuriat et l’innovation, serait nettement encouragé. Les prises de participations des Invests pourraient également être plus ambitieuses, sachant que quelqu’un d’expériment é sera présent pour accompagner les projets et diminuer le risque de faillite, et donc de non

remboursement pour les Invests.

3.4.6. Mobiliser l’épargne vers l’économie réelle et locale

Le Belge est un épargnant fort attaché à son livret d’épargne. En juin 2016, un nouveau record était dépassé avec 264,16 milliards d’euros déposés sur des livrets d’épargne selon la Banque

nationale de Belgique.99 Cela revient à une moyenne de 54.260 euros par ménage belge100. Cependant, il est difficile de tracer où se dirige cette épargne. Celle-ci peut être dirigée vers l’étranger ou vers la spéculation boursière. La part destinée à l’économie réelle en Belgique

reste peu aisée à évaluer.

Les Régions doivent mobiliser cette épargne vers l’économie réelle et en particulier vers les TPE et les nouveaux entrepreneurs. Des obligations peuvent ainsi être mises en circulation.

Afin d’éviter tout risque financier pour les Régions, des taux variables seraient prévus de façon à fluctuer parallèlement à la politique monétaire de la Banque Centrale Européenne, et ainsi éviter des pertes en cas de réduction du taux directeur. Vu le contexte actuel avec des taux

d’intérêt déjà très bas, ce système serait intéressant pour les épargnants, car en cas de remontée des taux, ceux-ci en bénéficieraient et ne seraient pas bloqués avec des taux exceptionnellement bas comme nous les connaissons actuellement.

Les Régions pourraient elle-même gérer l’investissement découlant de cette épargne, ou pourraient passer par l’intermédiaire des banques tout en leur imposant un cahier des charges précis quant à la destination des investissements. Un quota de candidats entrepreneurs et de TPE serait ainsi imposé pour l’utilisation de l’épargne captée. Des rapports précis des flux

financiers devraient être tenus.

Renforcer l’attention des banques et des pouvoirs publics sur les TPE et les start-up est une

préoccupation importante des entrepreneurs.101 La mesure proposée ci-dessus n’impose pas aux banques de prévoir directement un quota pour les start-up et TPE, ce qui serait difficilement applicable. Il s’agit de prévoir un plan d’épargne, au sein duquel un quota de start-up et d’indépendants serait prévu. Ce sont donc les épargnants qui choisiraient volontairement

ce plan d’épargne. La banque ne servirait ici que d’intermédiaire ou d’opérateur.

De nombreuses formules de mobilisation de l’épargne sont possibles. Complémentairement à

une campagne de sensibilisation efficace auprès des épargnants, un engouement pourrait être créé au bénéfice des entrepreneurs et de l’économie réelle.

99 TRENDS TENDANCES, « Les livrets d’épargne passent le cap des 264 milliards d’euros », 22 aout 2016. Disponible sur : http://bit.ly/2brW4p9 100 A raison de 4.868.585 ménages belges en 2016. Source : SPF Economie, « Perspectives de la population et des

ménages ». Disponible sur : http://statbel.fgov.be/fr/statistiques/chiffres/population/perspectives/ 101 LESCEUX, J., « Enquête sur l’accès au financement des indépendants et des PME francophones », UCM, Janvier 2015, p. 30.

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

66

Le secteur du crowdfunding

s’est professionnalisé ces dernières années, et le

montant maximal qu’un entrepreneur peut récolter

a été relevé...

…Il reste toutefois quelques

freins à son développement qu’il est possible de

surmonter.

3.4.7. Développer le crowdfunding à grande échelle

Le financement participatif, ou crowdfunding, offre des perspectives intéressantes aux

entrepreneurs et investisseurs car il est accessible à tous, via des plateformes numériques, et donne l’opportunité aux entrepreneurs de défendre et vendre leur projet afin de capter des investissements.

Le crowdfunding peut viser plusieurs formes de financement. On peut ainsi parler d’investissement en prise de participation en capital à risque, de prêts avec intérêt s, de dons, ou encore d’investissement avec une contrepartie non financière. Le potentiel pour le

financement des PME réside principalement dans la prise de participation en capital à risque, et dans une moindre mesure, dans les prêts avec intérêts.

Des améliorations ont vu le jour depuis plusieurs années. Notamment, le montant maximal qu’un porteur de projet peut récolter sans entrer dans le cadre de « l’appel public à l’épargne » a été relevé en avril 2014, passant de 100.000 à 300.000 euros.102 Le secteur s’est par ailleurs professionnalisé. Une plateforme comme MyMicroInvest offre toute l’information nécessaire

aux porteurs de projets et aux investisseurs quant aux droits et risques qu’ils encourent. MyMicroInvest dépasse même le cadre légal puisque cette plateforme propose une information complète (de type « prospectus d’investissement ») quels que soient les montants

récoltés. La différence est qu’en dessous des plafonds (maximum 300.000 euros récoltés par le porteur de projet et maximum 1.000 euros investis par investisseur), le prospectus, appelé dans ce cas « mémorandum d’investissement », ne doit pas faire l’objet d’une validation des autorités financières.

Des réductions d’impôt à hauteur de 30 % ou 45 % (si la start-up est une microsociété) sont désormais prévues au niveau fédéral pour un montant investi maximal par investisseur de

100.000 euros par an. Il reste toutefois quelques freins au développement du crowdfunding qu’il est possible de surmonter.

Premièrement, le montant maximal par investisseur pour rester en dehors du cadre de

« l’appel public à l’épargne »103, reste très restreint. Ce montant, actuellement de 1.000 euros, limite les perspectives du crowdfunding comme véritable moyen de financement alternatif à grande échelle pour le financement des start-up. Nous proposons d’élever ce montant à

10.000 euros.

Deuxièmement, le crowdfunding, même s’il gagne en popularité, reste assez limité à ce stade. En octobre 2016, seulement 8 % des Belges ont déclaré avoir déjà participé à un projet de

financement participatif, selon une enquête menée à la demande d’Hello Bank104. Pourtant, parmi les personnes ayant déjà participé, 90 % se disent prêtes à le refaire. C’est pourquoi une sensibilisation des avantages du crowdfunding auprès du grand public peut amener

davantage d’investisseurs dans le circuit, lesquels seront prêts à revenir. Pour un investisseur particulier, il peut s’agir d’une bonne alternative à l’épargne dormante sur les carnets d’épargne dont les taux sont à des niveaux plancher.

102 A partir de ce montant, la recherche d’investissement passe dans le cadre de « l’appel public à l’épargne ». Dans ce cas, un prospectus d’investissement doit être publié et doit être validé par les autorités de marchés financiers. D’une centaine de pages, ce document reprend notamment les facteurs de risques, les personnes responsables, et les informations relatives à l’émetteur, au sous-jacent, et aux titres offerts (source : MyMicroInvest.com) 103 Lequel est moins souple. 104 DATH-DELCAMBEP, P., « Le crowdfunding a déjà séduit 8% des Belges », La Libre Belgique, 14 octobre 2016.

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L’ACCOMPAGNEMENT ET LE FINANCEMENT À LA CRÉATION D’ENTREPRISE

67

Troisièmement, les porteurs de projets sont parfois désarmés pour réaliser un projet qui tienne la route à long terme. Nous proposons que les candidats entrepreneurs qui choisissent de

financer leur projet par le crowdfunding puissent se voir proposer un accompagnement personnalisé, soit par un réseau d’entrepreneurs, un business angels ou par les réseaux des Régions bruxelloise et wallonne (cf. : point 3.1.1, p. 45). L’accompagnement doit rester

facultatif, mais il est essentiel que les porteurs de projets soient néanmoins sensibilisés à leur utilité.

Quatrièmement, nous proposons d’encourager et protéger les prêteurs en intégrant la

possibilité d’une déduction fiscale en cas d’échec du projet et en améliorant les informations liées aux risques encourus. Outre les risques liés à la faillite du projet, les dispositifs légaux et conditions de participation doivent être clairement mentionnés de façon intelligible pour

les contributeurs, lesquels ne sont pas des professionnels.

Il s’agit notamment d’éviter des désagréments tels que ceux subis par les utilisateurs de la plateforme MyMicroInvest ayant investi dans le capital du projet de journal indépendant

Newsmonkey. Ces investisseurs participatifs ont été contraints à une moins-value effective de 2% (cf. : Encadré ci-dessous). Toutes les clauses étaient bien mentionnées dans les documents reçus par les investisseurs participatifs et validés par les autorités financières (FSMA).

Cependant, il est essentiel de garder à l’esprit que les investisseurs participatifs ne sont pas des professionnels, et qu’une information limpide, claire et intelligible doit leur être fournie sur les enjeux et risques qu’ils encourent.

Encadré L’affaire Newsmonkey

En 2014, près de 1.500 actionnaires participatifs ont investi dans le projet de journal

indépendant Newsmonkey via la plateforme de crowdfunding MyMicroInvest. En 2016, ils ont été tenus de revendre leurs parts avec une plus-value de 10%. Or, lors de la revente des actions, les frais retenus par la plateforme de crowdfunding étaient de 12%. Dès lors, sans que leurs avis n’aient été consultés, les actionnaires participatifs ont subi une perte effective

de 2%.

L’explication réside dans le fait que les actionnaires participatifs ne sont jamais (ou très

rarement) seuls au sein d’un projet. Des business angels et/ou du venture capital prennent généralement également part à l’aventure. Or, les clauses de MyMicroInvest stipulent que « les actionnaires participatifs sortent et entrent aux mêmes conditions que les investisseurs professionnels »105. En mai 2016, les investisseurs professionnels ont décidé de sortir avec

une plus-value de 10%, entrainant de facto les investisseurs participatifs avec eux.

Source : La Libre Belgique

En surmontant ces quatre obstacles par les propositions mentionnées ci-dessus, le

financement participatif pourra devenir une véritable alternative de financement pour les start-up et PME.

105 Olivier de Duve (MyMicroInvest), cité dans : DE LAMINNE, I., « Crowdfunding : MyMicroInvest déçoit ses investisseurs », La Libre Belgique, 24 mai 2016.

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

68

3.5. RÉSUMÉ DES PROPOSITIONS POUR LE FINANCEMENT ET

L’ACCOMPAGNEMENT DES ENTREPRISES

Mieux financer et accompagner les start-up et les candidats entrepreneurs

Communiquer pour mieux faire connaître les aides proposées par les Régions

wallonne et bruxelloise et amener davantage de candidats entrepreneurs à les solliciter.

Promouvoir l’expansion des incubateurs pour étudiants et leurs structures de

financement.

Faciliter l’accès au travail indépendant de façon ponctuelle ou pour se lancer, par

le statut d’auto-entrepreneur ou par l’extension du modèle SMart .

Simplifier les procédures administratives par le principe « only once ».

Sensibiliser les réseaux d’entrepreneurs à élargir leur public et les soutenir

financièrement.

Encourager les investissements privés en capital grâce à une collaboration accrue

entre les business angels, le venture capital et les Invests publics.

Mobiliser l’épargne vers l’économie réelle et locale.

Développer le crowdfunding à grande échelle. Ceci inclut de :

Relever le montant de la participation maximale par investisseur ; Sensibiliser le public à l’intérêt du crowdfunding ; Accompagner les porteurs de projets ; Introduire une déduction fiscale en cas d’échec du projet ;

Améliorer les informations liées aux risques encourus.

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4. SOUTENIR LES TRANSITIONS VERS L’ENTREPRENEURIAT

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

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4. SOUTENIR LES TRANSITIONS VERS L’ENTREPRENEURIAT

Si l’on souhaite promouvoir une société riche en initiatives entrepreneuriales, il convient de soutenir ceux qui se lancent dans une telle démarche. Or, s’il existe de nombreux outils (publics

ou privés) pour accompagner la création d’une entreprise, force est de reconnaitre que les réglementations sont beaucoup plus pauvres à favoriser les transitions d’un statut à un autre. Cette question des transitions est pourtant centrale afin de disposer d’un marché du travail dynamique qui soutienne chacun dans ses souhaits professionnels et puisse ainsi bénéficier de

tous les talents qui le composent.

Dans cette section, nous serons dès lors attentifs à deux situations particulières : d’une part le

soutien aux personnes sans emploi (en particulier les chômeurs) qui se lancent comme indépendants, et d’autre part la transition d’un statut d’activité (salarié ou fonction publique) vers celui d’indépendant. Dans un cas comme dans l’autre, il est en effet essentiel, dans une optique de sécurisation des parcours professionnels, d’attacher une attention particulière à ces

situations de transition.

4.1. QUELLES SONT LES POSSIBILITÉS ACTUELLES ?106

4.1.1. Le plan Airbag

La mesure Airbag est une mesure régionale lancée sous l’impulsion du Ministre wallon de l’emploi sous la législature 2009-2014. Celle-ci vise à octroyer une allocation, actuellement de

maximum 12.500 euros, sur une période de deux ans et de façon dégressive. Cette mesure est fortement appréciée du monde de l’entrepreneuriat. Elle s’adresse à tous ceux qui, quel que soit leur statut antérieur, s’installent comme indépendants à titre principal.

4.1.2. Les dispositions à l’attention des chômeurs

Plusieurs dispositions sont prévues par la réglementation pour soutenir les bénéficiaires d’allocations de chômage qui souhaitent se lancer comme indépendant s.

En principe, pour avoir droit aux allocations, un chômeur ne peut pas obtenir de rémunération par ailleurs. Par exception à ce principe, il existe plusieurs formules permettant à des chômeurs de lancer une activité d’indépendant en continuant à bénéficier totalement ou partiellement de leurs allocations de chômage.

(a) Préparer son installation comme indépendant

Tout d’abord, la réglementation prévoit la possibilité pour un chômeur de préparer son installation comme indépendant pendant une période de 6 mois, en conservant, pendant cette période, le bénéfice de ses allocations de chômage. Durant cette période, il doit rester inscrit comme demandeur d'emploi et rester disponible pour le marché de l'emploi.

Durant cette période, il peut exercer les activités suivantes :

réaliser des études relatives à la faisabilité du projet envisagé ;

prévoir l’aménagement des locaux et l'installation du matériel ;

106 Sources : ONEM, 1819.brussels

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SOUTENIR LES TRANSITIONS VERS L’ENTREPRENEURIAT

71

établir des contacts nécessaires à la mise en œuvre du projet ;

créer une société ;

accomplir des formalités administratives (par exemple : en rapport avec la Banque

carrefour entreprises, la TVA et la sécurité sociale) ; chercher des associés, fournisseurs et bailleurs de fonds ;

engager du personnel (qu'on ne peut toutefois pas encore occuper) ;

acquérir des biens de production ;

La possibilité de préparer votre activité indépendante est limitée à 6 mois maximum et n'est accordée qu'une seule fois. A partir du moment l’activité indépendante est effectivement exercée, la personne n’a plus droit aux allocations.

(b) Préparer son activité d’indépendant au sein d’une coopérative

Cette solution s’adresse aux chômeurs complets indemnisés pendant au moins 156 jours (6

mois) durant les 18 mois qui précèdent pour les chômeurs de moins de 50 ans. Pour les chômeurs de 50 ans et plus, au moins 78 jours (3 mois) de chômage complet indemnisé durant les 9 mois qui précèdent sont requis pour leur permettre d’accéder aux coopératives

d’activités.

« Une coopérative d'activités apporte un accompagnement aux demandeurs d'emploi inactifs et allocataires sociaux désireux de monter une activité d'indépendant. Elle offre à ces personnes

l’opportunité, sous réserve du respect de certaines conditions, de tester sur le marché leur idée d'entreprise sans prendre de risques, dans le but d'assurer la mise sur pied ultérieure d’une activité indépendante rentable. »107

Une convention signée avec une coopérative d’activités permet au chômeur d’être accompagné et de pouvoir tester son activité durant une période maximale de 18 mois. Pendant cette période, la personne continue de bénéficier de ses allocations de chômage. Elle

garde ses droits dans le cas où son projet ne démarre pas endéans les 18 mois qui suivent la signature de la convention.

Pendant la période couverte par la convention, le chômeur peut, sous certaines conditions, être dispensé de l'obligation d'être inscrit comme demandeur d'emploi et d'être disponible pour le marché de l'emploi. Suite à la 6ème Réforme de l'Etat, cette dispense est accordée par le FOREM (pour les chômeurs résidant en Wallonie, par ACTIRIS pour les chômeurs résidant

en région Bruxelloise et par l'ADG pour les chômeurs résidant en Communauté germanophone. La Flandre n'ayant pas encore repris opérationnellement les dispenses, c'est l'ONEM qui continue provisoirement d'accorder cette dispense pour les chômeurs résidant en

Flandre.

Pendant la période de dispense, le montant des allocations est maintenu (pas de dégressivité). Le montant des allocations est également maintenu pendant les 6 mois qui suivent la période

de dispense (bonus), si la convention s'est terminée avec succès.

Si, après la convention avec la coopérative d'activités, le chômeur s'installe comme

indépendant à titre principal, il a droit, sous certaines conditions, à un complément de reprise de travail payé par l'ONEM (de 134,59 € par mois) pendant 12 mois.

107 1819.brussels : http://www.1819.be/fr/content/coop%C3%A9ratives-d%E2%80%99activit%C3%A9

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(c) Activité occasionnelle

Selon l’appréciation de l’ONEM, un chômeur peut exercer une activité occasionnelle tout en continuant à bénéficier de ses allocations durant les jours où il ne travaille pas (les allocations de chômage ne sont pas octroyées lors des jours prestés).

Le caractère occasionnel de l’activité est laissé à l’appréciation de l’ONEM. La personne concernée doit s’acquitter des obligations vis-à-vis de l’INASTI comme c’est le cas des

indépendants à titre principal.

(d) Activité à titre complémentaire

En principe, un chômeur ne peut exercer une activité d’indépendant à titre complémentaire. Ce statut est réservé aux salariés ou aux agents publics.

Dans certains cas, un chômeur peut toutefois bénéficier de ce droit. Deux types de chômeurs peuvent prétendre au statut d’indépendant complémentaire tout en bénéficiant des allocations de chômage :

Les chômeurs âgés qui bénéficient de la « dispense maximale pour les chômages

âgés » ; Les personnes qui exerçaient leur activité d’indépendant complémentaire

préalablement, au moins trois mois avant la fin de l’activité principale.

Pour ces deux catégories, les conditions pour pouvoir exercer cette activité sont strictes. Les heures prestées pour l’activité complémentaire ne peuvent se situer du lundi au vendredi entre 7 heures et 18 heures. Le samedi et le dimanche, l’activité complémentaire peut être prestée durant toutes les heures de la journée, mais les allocations de chômage sont réduites du

nombre de samedi et de dimanche prestés. Les revenus maximums autorisés sont très limités (maximum 4.190,16 EUR par an)108.

Enfin, certaines professions (en particulier celles s’exerçant hors des heures ouvrables traditionnelles) sont exclues d’office, à moins d’être d’importance très minimes109. C‘est notamment le cas de l’Horeca, les prestations liées au spectacle, à la construction, de courtier en assurance, ou de veilleur de nuit.

Une nouvelle possibilité a été ouverte récemment, par la voie du « tremplin-indépendant ». Cette nouvelle possibilité permet de cumuler l’octroi d’une allocation de chômage à une

activité indépendante accessoire. La possibilité de cumuler une allocation avec une activité indépendant à titre principal reste toutefois exclue.

108 Source : Acerta, http://www.jesuisindependant.be/statut-social/situations-specifiques/chomage 109 Laissée à l’appréciation de l’ONEM.

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SOUTENIR LES TRANSITIONS VERS L’ENTREPRENEURIAT

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4.2. SOUTENIR LES TRANSITIONS PROFESSIONNELLES VERS LE STATUT

D’INDÉPENDANT

A l’heure actuelle, à l’exception de la mesure Airbag qui soutient l’installation comme indépendant à titre principal, la réglementation sociale ne prévoit pas de mesure spécifique permettant de soutenir un travailleur salarié ou un agent de la fonction publique qui souhaite

lancer sa propre activité. Pourtant, de nombreux salariés expriment le souhait de s’épanouir différemment dans leur parcours professionnel en lançant leur propre entreprise. Un salarié qui voudrait de lui-même créer une activité économique laisse supposer que sa motivation à entreprendre tiendrait davantage de la découverte d’une opportunité de marché (par

l’innovation, la découverte d’un besoin au sein de la société jusqu’ic i sans réponse) que de la nécessité à créer une activité pour survivre. Son expérience professionnelle en tant que salarié peut également, le cas échant, être un atout pour développer une activité indépendante.

Par ailleurs, nous pensons que les dispositions existantes pour soutenir les chômeurs qui se lancent comme indépendants sont insuffisantes. Si elles permettent certes de soutenir les chômeurs lors de leur préparation à l’activité indépendante (y compris le suivi d’une formation

ou la création d’un numéro d’entreprise), la perte de revenus est brutale dès le premier jour où l’allocataire devient indépendant à titre principal.

Sur ces différents plans, nous formulons dès lors des propositions innovantes au regard de la réglementation sociale.

4.2.1. Octroyer des allocations dégressives au début de l’activité indépendante

Actuellement, le bénéficiaire d’allocations de chômage, d’insertion, d’intégration ou

d’invalidité perd son allocation dès le premier jour où il s’installe comme indépendant. Cela peut représenter une perte de revenus importante, alors même que les rentrées issues de son activité d’indépendant peuvent prendre du temps à atteindre un niveau équivalent ou

supérieur à l’allocation de chômage (en raison notamment des coûts d’amortissement liés aux investissements consentis, à la constitution d’une clientèle, aux frais de publicité, au décalage dans le temps entre les premières commandes et les premières ventes, à la nécessité de trouver le mode d’organisation le plus performant…).

Cette perte de revenu peut constituer un frein important au lancement comme indépendant qui ne se justifie pas par des raisons économiques ni sociales. Dans une optique d’une

protection sociale qui offre davantage d’agilité aux travailleurs mais qui sécurise les parcours professionnels, nous proposons d’adapter la réglementation pour soutenir de manière plus active les bénéficiaires d’allocations qui se lancent comme indépendant s.

Concrètement, nous proposons que le bénéficiaire d’allocation puisse continuer de bénéficier pleinement de ses allocations durant les 6 premiers mois d’activité comme indépendant à titre principal. Ensuite, nous proposons qu’une allocation dégressive soit octroyée durant les 6 mois suivants. Au terme des 12 mois, cette allocation est supprimée. La dégressivité est prévue par

paliers successifs de trois mois chacun (ce qui correspond à la période pertinente pour le paiement des cotisations sociales).

Le bénéfice de ces allocations est lié à une demande de maintien des allocations de chômage lors du lancement comme indépendant à titre principal, à formuler auprès de l’ONEM (compétent pour les règles d’octroi des allocations de chômage). Afin d’éviter tout abus, cette demande doit s’accompagner d’un certificat démontrant la solidité du projet

économique et du plan d’entreprise, octroyé par un organisme agréé d’accompagnement à la création d’entreprises.

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

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4.2.2. Octroyer aux salariés la possibilité de prendre un crédit-temps avec motif pour création d’activité économique

Si la réglementation prévoit des dispositions (bien qu’insuffisantes) relatives au soutien aux bénéficiaires d’allocations qui se lancent comme indépendants, celle-ci est muette sur le soutien à octroyer aux travailleurs salariés qui souhaitent réaliser un tel projet.

Dans ce contexte, nous proposons la mise en place d’un nouveau crédit-temps avec motif. Un crédit-temps consiste en une suspension complète ou partielle des prestations de travail, pour un motif déterminé. Le travailleur reçoit alors une allocation de l’ONEM qui compense en

partie la perte de revenu liée à la réduction du temps de travail.110

Cette mesure permettra à des travailleurs salariés souhaitant créer leur entreprise de pouvoir

s’abstraire totalement ou partiellement de son activité salariée pour permettre le lancement de son activité. Le crédit-temps est octroyé pour une période de 12 mois à temps plein, qui peut être étalé proportionnellement au temps de travail (24 mois à mi-temps par exemple). Le travailleur peut, à l’issue de cette période et si son expérience n’est pas concluante, retourner

auprès de son employeur initial.

Afin d’éviter d’éventuels abus, l’accès au crédit-temps est lié à la présentation d’un projet de

création d’activité auprès d’un guichet d’entreprise agréé.

Deux objectifs sont ainsi rencontrés par cette mesure : d’une part l’opportunité est donnée aux

travailleurs de créer et tester leurs projets, d’autre part le risque est limité et l’échec mieux accepté.

Encadré Règlementation actuelle des crédits-temps

Un crédit-temps vise à octroyer la possibilité à un travailleur de réduire partiellement ou totalement son temps de travail durant une durée déterminée. Cette possibilité comporte deux éléments distincts :

D’une part le droit à l’interruption auprès de l’employeur ;

D’autre part le droit à des allocation d’interruption auprès de l’ONEM.

Le droit à l’interruption auprès de l’employeur peut être lié à un motif déterminé, sans motif ou en fin de carrière et est régi par la CCT n°103111. Ce droit peut être demandé à temps

plein, à mi-temps ou à 1/5ième temps. Le droit à l’allocation d’interruption octroyé par l’ONEM est règlementé par arrêté royal.

Le droit à l’interruption auprès de l’employeur n’implique donc pas de facto le droit à l’allocation de l’ONEM. En particulier, depuis le 1er janvier 2015, les crédits-temps sans motif ne donnent plus droit à une allocation. Par ailleurs, la prolongation de la période couverte par des allocations d’interruption lorsque le crédit-temps n’est pas pris à temps

plein n’est plus possible.

110 Il existe aussi le crédit-temps sans motif mais qui, depuis cette législature fédérale, ne permet plus d’ouvrir le droit

à une allocation de l’ONEM. 111 CONSEIL NATIONAL DU TRAVAIL, « Convention Collective de Travail N°103 », 27 juin 2012. [En ligne : http://www.cnt-nar.be/CCT-ORIG/cct-103-(27-06-2012).pdf ]

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SOUTENIR LES TRANSITIONS VERS L’ENTREPRENEURIAT

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Actuellement, les crédits-temps avec motifs peuvent être demandés pour les raisons suivantes :

1. S’occuper de son enfant de moins de 8 ans ; 2. Prendre soin d’un membre de la famille jusqu’au 2ème degré ou un membre du

ménage gravement malade ; 3. Prodiguer des soins palliatifs ; 4. Suivre une formation reconnue ; 5. Prendre soin de son enfant handicapé de moins de 21 ans ;

6. Assister ou octroyer des soins à un enfant mineur ou à un enfant gravement malade membre du ménage

Pour les motifs 1 à 4

Une convention collective de travail sectorielle ou au sein de l’entreprise doit avoir été

conclue pour obtenir une réduction des prestations à temps plein ou à mi-temps.

Ce droit peut être de 36 mois maximum112 chez l’employeur. La durée d’octroi de l’allocation de l’ONEM ne peut aller au-delà de la durée maximale auprès de l’employeur113.

Pour les motif 5 et 6

Motif 5 : le droit chez l’employeur et à l’ONEM est de 48 mois maximum.

Motif 6 : le droit chez l’employeur est de 48 mois, mais ce motif n’ouvre plus de droit à l’ONEM.

Dans le fonctionnement actuel des crédits-temps, une personne qui demande un crédit-temps

avec motif pour une certaine durée verra la durée maximale disponible pour les autres crédits-temps avec motif diminuer d’autant. Par exemple, une personne qui demande un crédit-temps avec motif durant six mois pour s’occuper de son enfant de moins de 8 ans ne pourra plus avoir

doit qu’à 30 mois maximum (=36-6) pour prodiguer des soins palliatifs.

Dans la mesure que nous proposons ici, il s’agit de veiller à ce que les durées maximales prévues pour le nouveau crédit-temps avec motif soient cumulables avec les durées de crédits-temps

avec motif existants.

Notre proposition prévoit que la durée totale maximale effective soit de 6 mois dans le cas

d’une réduction totale des prestations en tant que salarié et de 12 mois en cas de réduction à mi-temps ou d’une réduction des prestations d’1/5e temps (donc d’un travail salarié presté à 4/5e temps).

112 Le calcul n’est en outre pas proportionnel à la réduction du temps de travail. Exemple : si un travailleur prend un

crédit-temps à 1/5ième temps pendant une durée de 10 mois, ce seront bien 6 mois qui seront décomptés de son droit de 36 mois maximum (et non pas 10/5 = 2 mois). 113 Pour les motifs 1 à 3, le droit à l’indemnité est théoriquement de 48 mois maximum selon l’arrêté royal. Mais ceci n’est pas applicable tant que la CCT limite le droit auprès de l’employeur à 36 mois.

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

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Proposition d’instaurer un crédit-temps avec motif pour création d’activité économique

Proposition :

Modification CCT N°103 (besoin des partenaires sociaux) :

o Instaurer un 7ième crédit-temps avec motif « pour création d’entreprise ou

d’activité économique » d’une durée de 12 mois maximum (Art 4, §2 bis). Ce crédit-temps est lié à la présentation d’un projet de création d’activité auprès d’un guichet d’entreprise agréé.

o Déroger au principe de 2 ans d’ancienneté, avec accord de l’employeur.

o Prévoir une clause stipulant que le nouveau crédit-temps avec motif est cumulable avec les autres crédits-temps avec motifs existants. (Par exemple : prendre six mois de crédit-temps avec motif de création

d’entreprise ne pourrait donner lieu à une réduction de la période maximale disponible pour prendre un autre crédit-temps avec motif.

o Période maximale : 6 mois à temps plein, 12 mois à mi-temps et 12 mois à 1/5e temps.

o Progressivité de la réduction du temps. o Les allocations (identiques aux montants déjà prévus actuellement pour

les autres motifs) peuvent être cumulées à l’activité d’indépendant.

Au niveau fédéral (loi ou arrêté royal), octroyer une allocation durant une période maximale de 6 mois à temps plein pour les travailleurs faisant une demande de crédit-temps avec motif pour création d’entreprise. La période est de 12 mois en cas de mi-temps ou de

réduction des prestations d’1/5e temps.

Avantages de la proposition :

Intégrée à un cadre existant et approuvé par les partenaires sociaux.

Adaptée au besoin de flexibilité des salariés.

Permet de lancer son projet et de le tester.

Coussin de sécurité en cas d’échec.

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SOUTENIR LES TRANSITIONS VERS L’ENTREPRENEURIAT

77

4.3. RÉSUMÉ DES PROPOSITIONS POUR SOUTENIR LES TRANSITIONS

PROFESSIONNELLES VERS L’EMPLOI INDÉPENDANT

Soutenir les transitions professionnelles vers l’emploi indépendant

Pour les salariés :

Instaurer un crédit-temps avec motif, cumulable avec les autres crédits-temps avec

motif, pour lancer son entreprise.

Durée de 6 mois à temps plein, ou 12 mois à mi-temps ou à 1/5e temps.

Pour les personnes touchant une allocation de chômage de l’ONEM :

Permettre au bénéficiaire d’allocation de pouvoir continuer à bénéficier

pleinement de ses allocations durant les 6 premiers mois d’activité comme indépendant à titre principal.

Allouer une allocation dégressive durant les 6 mois suivants.

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5. SOUTENIR LA DIVERSITE ENTREPRENEURIALE : DES ASSOCIATIONS A LA COOPERATIVE

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

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Si nous voulons une société

riche en initiatives, en projets et en création de

valeur sociétale, nous

devons soutenir toutes les formes d’entrepreneuriat. Il

faut garantir à celui qui a

l’envie d’entreprendre, et qui donc prend des risques,

les moyens de mettre en œuvre son projet.

5. SOUTENIR LA DIVERSITE ENTREPRENEURIALE : DES ASSOCIATIONS A LA COOPERATIVE

Il existe de nombreuses formes d’entrepreneuriat : l’entrepreneuriat commercial, l’entrepreneuriat social, sociétal ou associatif. Lorsqu’on parle d’esprit d’entreprendre, nous avons tendance à penser à la start-up à visée commerciale mais l’entrepreneuriat ne se limite

pas à cette seule formule.

Une entreprise qui offre des services aux personnes, qui insère des personnes éloignées du marché du travail ou qui recycle des matériaux place la finalité sociale ou environnementale

avant le profit. La rentabilité n’est plus la finalité mais une condition de pérennité à long terme de l’entreprise.

Si nous voulons une société riche en initiatives, en projets et en création de valeur sociétale, nous devons soutenir toutes les formes d’entrepreneuriat. Il faut garantir à celui qui a l’envie d’entreprendre, et qui donc prend des risques, les moyens de mettre en œuvre son projet. Au niveau économique, social, culturel, les entrepreneurs sont des moteurs de la sociét é. Thurik

et Dejardin (2012)114 (cf. : point 0, p. 31) rappelaient l’importance de promouvoir d’autres valeurs liées à l’entrepreneuriat que sa dimension purement économique.

5.1. PRINCIPES DE L’ENTREPRENEURIAT SOCIAL

Les entreprises sociales proposent un autre modèle économique et une autre vision de société. La finalité n’est pas le profit mais la plus-value sociétale.

L’entrepreneuriat et l’économie sociale sont d’autres formes d'activités économiques intéressantes à développer. Il s’agit d’entreprises à statuts très variés (coopératives,

associations, sociétés à finalité sociale, fondations ou mutuelles) qui produisent des biens ou des services, dont l’éthique se traduit par les principes suivants : le service aux membres ou à la collectivité comme finalité plutôt que le profit, l’autonomie de gestion, le processus de décision démocratique, la primauté des personnes et du travail sur le capital dans la répartition

des revenus. Ces entreprises touchent des secteurs d’activité fort différents : la santé, la formation et l’insertion professionnelle, le développement local et l’appui à la création d’entreprises, la

finance éthique ou solidaire, la production et la diffusion culturelle, la coopération au développement et le commerce équitable, la protection de l’environnement, le recyclage et le traitement des déchets, la production d’énergies renouvelables, l’artisanat, les services aux

entreprises, les services sociaux, l’éducation et la santé, les loisirs culturels, sportifs et autres, etc.115

114 DEJARDIN, M., & R. THURIK (2012), « L'impact de la culture sur l'esprit d'entreprendre », Reflets et perspectives de la vie économique, LI, 2, pp. 75-81. DOI : 10.3917/rpve.512.0075.

115 SAW-B, « Mémorandum fédéral », 2014.

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SOUTENIR LA DIVERSITÉ ENTREPRENEURIALE : DES ASSOCIATIONS À LA COOPÉRATIVE

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Actuellement, les

structures existantes pour accompagner les start-up sont réservées à des projets

d’activité commerciale et n’accompagnent souvent pas les ASBL, à moins que

celles-ci n’entament une transition vers un développement commercial.

5.2. RENFORCER L’ACCOMPAGNEMENT DE L’ENTREPRENEURIAT

SOCIAL, COOPÉRATIF ET COLLABORATIF

Celui qui entreprend un projet animé par des aspirations de service à la société, de bien commun, et soucieux de l’intérêt collectif doit pouvoir être soutenu de manière aussi professionnelle qu’une personne qui entreprend avec un projet à visée commerciale. Les

projets à finalité non lucrative peuvent apporter tout autant à la société et répondre à des besoins qui ne sont couverts ni par un service commercial, ni par une structure publique. Ils sont motivés par des valeurs d’entraide, de collaboration et d’initiatives et participent ainsi à améliorer la qualité de vie de l’ensemble des citoyens. Ces projets représentent une réelle plus-

value sociétale.

De plus, une personne ayant accompli un projet entrepreneurial dans le secteur associatif aura

acquis des compétences qui lui seront également utiles pour développer des projets à finalités économiques. Créer une association apporte des aptitudes en termes de confiance en soi, d’esprit d’équipe, d’initiative, de management humain, de gestion administrative et de création et gestion des organisations au sens large. Ceux et celles qui se lancent dans

l’entrepreneuriat associatif ont donc un haut potentiel en tant qu’entrepreneurs pour créer de l’activité économique et de l’emploi. Il apparait donc censé de nourrir l’esprit d’entreprendre de ces personnes et de les accompagner dans le développement de leur potentiel humain, au

même titre que l’accompagnement qui existe déjà pour les entreprises classiques.

Actuellement, les structures existantes pour accompagner les start-up sont réservées à des projets d’activité commerciale et n’accompagnent souvent pas les ASBL, à moins que celles-c i

n’entament une transition vers un développement commercial. Les agences de conseil en économie sociale sont des structures dont les services sont payants et principalement limités aux entreprises économiques à finalité sociale.

L’accompagnement des projets associatifs doit permettre de développer les stratégies, d’inspirer les processus d’organisation interne, et de former les gestionnaires sur les plans des ressources humaines, financières et juridiques. Il veille à améliorer la gestion de l’association

d’une part, mais également à améliorer et à maximiser l’impact sociétal du projet d’autre part.

Cet accompagnement est d’autant plus nécessaire que les frontières entre l’économie sociale,

l’entrepreneuriat (y compris social ou sociétal), l’innovation sociale et l’engagement associatif ou citoyen (exemple : « Changemakers ») sont souvent floues et poreuses. Une partie de ces concepts s’inspire de ce que Muhammad Yunus appelle en anglais le « social business » et se traduit en français par l’entrepreneuriat social.

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

82

5.2.1. Renforcer et élargir les agences-conseil

En Wallonie116 et à Bruxelles, des agences-conseil ont été mises en place par un agrément et

un financement des Régions pour venir en soutien aux projets relevant de l’économie sociale.

Elles ont besoin de moyens conséquents et doivent continuer à faire la promotion de

l’économie sociale. Il faut rapprocher les acteurs de l’entrepreneuriat social des acteurs de l’entrepreneuriat économique traditionnel. Il est important que les projets ne soient pas uniquement centrés sur l’insertion professionnelle et que l’accompagnement s’ouvre davantage à des manières d’entreprendre autrement.

Il est nécessaire que les ASBL puissent plus facilement accéder aux agences-conseil pour permettre l’autonomie des porteurs de projets. En effet, ces dispositifs sont d’une part payants

(même si des subsides existent) et d’autre part se limitent à l’économie sociale.

La création de CoopCity à Bruxelles est la démonstration que certains acteurs de

l’entrepreneuriat social, coopératif et collaboratif ont besoin d’un accompagnement adapté.

5.2.2 . Stimuler la création de nouvelles entreprises sociales.

Comme le dit la SAW-B, « il n’existe actuellement aucun outil pour soutenir les entreprises sociales qui souhaitent innover et développer de nouvelles activités à travers la création d’une

nouvelle structure juridique. Pourtant, il est démontré que des projets de nouvelles entreprises sociales ont plus de chances de voir le jour s’ils sont portés ou soutenus par des structures d’économie sociale déjà existantes ». La Wallonie et Bruxelles doivent soutenir l’innovation et la création d’emplois au sein de l’économie sociale afin de permettre l’essaimage.

5.2.3. Un incubateur de projets sociétaux en Wallonie

Nous voulons créer en Wallonie un incubateur de projets associatifs innovants porteurs de plus-values sociales (sociales, démocratiques, écologiques…) permettant une mise en réseau

des acteurs. Il devra offrir un soutien à des projets dans leur phase de démarrage (outils de communication, recherche de partenaires, test du projet. Une offre de formation sera proposée sur les obstacles juridiques et les contraintes économiques ou administratives existantes afin d’apporter une aide pour la concrétisation et la viabilité des

projets.

116 REGION WALLONNE, « Décret relatif à l’économie sociale », Service public de Wallonie, 2008/204798, 20 Novembre 2008.

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SOUTENIR LA DIVERSITÉ ENTREPRENEURIALE : DES ASSOCIATIONS À LA COOPÉRATIVE

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En France, le mouvement

de coopératives participatives est en plein essor et maintient une

dynamique de croissance malgré la crise.

Encadré Lancement de CoopCity à Bruxelles

A Bruxelles, un projet FEDER appelé CoopCity est en cours de lancement (ouverture en

automne 2016) dont l’objectif est d’être le futur centre de l’entrepreneuriat social, coopératif et collaboratif à Bruxelles. Il soutiendra les initiatives entrepreneuriales bruxelloises à haute valeur ajoutée sur le plan sociétal et s’intéressera tout particulièrement

aux besoins des projets collectifs émergents. A partir d’un espace de rencontres et de travail partagé, il déploiera une offre intégrée pour amener les entrepreneurs à concrétiser leurs idées et projets.

5.3. SOUTENIR LES COOPÉRATIVES PARTICIPATIVES

De nouveaux modèles de management font leur apparition et proposent de donner aux travailleurs plus de place et de poids dans la gestion de l’entreprise. Si l’autogestion a montré ses limites, d’autres dynamiques assez poussées de gestion participative sont mises en œuvre

et font leurs preuves. C’est le cas en France où le mouvement de coopératives participatives est en plein essor et maintient une dynamique de croissance malgré la crise. Ces Sociétés Coopératives et Participatives (SCOP) permettent d’associer les travailleurs au capital et aux décisions de l’entreprise117.

Il s’agit d’une forme d’entreprise qui permet d’entreprendre à plusieurs, avec une identité partagée, tout en développant une culture de coopération qui permet une grande diversité des

modèles. C’est une manière de donner un sens à son travail en participant à une autre économie.

Ce type de coopérative apparaît de plus en plus comme une forme d’entreprise alternative crédible et durable face à une crise (économique et de sens) du modèle économique classique.

En France, le mouvement de coopératives participatives est en plein essor et maintient une

dynamique de croissance malgré la crise. Aujourd’hui, 2.165 SCOP emploient près de 44.000 salariés pour un chiffre d’affaires de 3,9 milliards d’euros. Ces entreprises ont un statut de « voie d’avenir » qui permet de créer des emplois stables et localement ancrés.

En Belgique, si quelques-unes se sont développées ces dernières années, un tel statut n’existe pas et l’ampleur du mouvement est dérisoire. Le contexte politique et législatif est nettement moins favorable que chez nos voisins (au vu du statut, des aides et des incitants fiscaux qui y

sont appliqués). Le modèle est très mal connu peut être mal perçu par certains chefs d’entreprise ou même certains syndicats. Le statut coopératif n’est quasiment pas enseigné au sein des universités et hautes écoles.

117 HUENS, V., « Les coopératives de travailleurs associés : un modèle entrepreneurial atypique », SAW-B, 2014.

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

84

Nous proposons de modifier le code des

sociétés en vue d’inscrire clairement les principes qui

sous-tendent l’action coopérative dans le statut

coopératif.

5.3.1. Modifier la loi sur les coopératives

Nous proposons de soutenir la création de sociétés coopératives et participatives à travers

divers dispositifs en s’appuyant sur le modèle de l’expérience française118.

Actuellement, le cadre juridique belge dans lequel les SCOP évoluent reste assez flou, ce qui

permet à des coopératives de se créer sans s’inscrire dans les valeurs qui sous-tendent cette forme juridique.

Certaines dérives par rapport à l’objectif initial des coopératives sont également apparues. L’exemple des coopératives citoyennes dans le secteur des énergies renouvelables a ainsi montré que des grands groupes à finalité commerciale, notamment Electrabel, utilisent l’outil coopératif au risque d’en atténuer ou tordre les principes forts (solidarité, égalité une

personne=une voix, etc.). « Dans ces coopératives financières, les habitants ne sont pas propriétaires d’un morceau d’éolienne. Il s’agit d’un produit purement financier dénué de véritable implication citoyenne »119. Ces exemples démontrent que les principes ne sont que des balises qui peuvent rapidement connaître des dérives si on n’y est pas attentif120.

Nous proposons de modifier le code des sociétés en vue d’inscrire clairement les principes qui sous-tendent l’action coopérative dans le statut coopératif. Il s’agit d’inscrire dans la législation

l’exigence d’un entrepreneuriat coopératif basé sur des valeurs de prise en charge, de responsabilités personnelles et mutuelles, de démocratie, d’égalité, d’équité et de solidarité et d’affirmer la dimension collective du projet coopératif et d’exiger un minimum de cinq personnes (au lieu de trois actuellement) pour constituer une société coopérative ainsi que cinq

administrateurs au lieu d’un. Il faudra veiller à établir des mesures qui permettront d’éviter la concentration des parts de la société, de démocratiser sa gestion, de limiter le dividende et de clarifier l’affectation des bénéfices121.

Il est nécessaire de travailler également à une meilleure connaissance de ce modèle par le biais de l’enseignement.

Par ailleurs, au niveau régional, des mesures de soutien pourraient être mises en œuvre : adaptation des outils de financements publics, outils d’accompagnement, avantages fiscaux spécifiques…122

118 Proposition de la Solidarité des Alternatives wallonnes et bruxelloises (SAW-B).

119 THEUNIS, L., « Eoliennes : de plus en plus de coopératives », Le Soir, 5 janvier 2016. [En ligne : http://bit.ly/2e7uNMu ]

120 HUENS, V., « Les coopératives de travailleurs associés : un modèle entrepreneurial atypique », SAW-B, 2014.

121 SAW-B, « Mémorandum fédéral », 2014.

122 HUENS, V., « Les SCOP françaises : un modèle à suivre en Belgique ? », SAW-B, 2013.

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SOUTENIR LA DIVERSITÉ ENTREPRENEURIALE : DES ASSOCIATIONS À LA COOPÉRATIVE

85

La Charte associative

affirme que le projet politique fondé sur la prise de responsabilités par des

entrepreneurs sociaux est la meilleure garantie d’égalité, d’universalité et

d’économie pour les finances de l’état.

5.3.2 . Financer adéquatement le développement des coopératives participatives

A l’instar de beaucoup de petites et moyennes entreprises, le manque de capitaux est un frein non seulement à la création mais aussi à la pérennisation des sociétés coopératives. Pour

favoriser la création et le développement des SCOP, nous demandons que la Wallonie crée, par l’intermédiaire de la Sowecsom notamment, des outils financiers spécifiques réservés à ces entreprises. Les outils proposés pourraient être des fonds d’amorçage, des fonds de garantie, du capital-risque ou encore des prêts personnels aux futurs associés ou des prêts sans

garantie123.

5.4. GARANTIR LA LIBERTÉ D’ENTREPRENEURIAT ASSOCIATIF

5.4.1. Les fondements de la Charte associative

Pour maintenir une dynamique positive dans la société et une vitalité démocratique, il est essentiel que lorsque les entrepreneurs et les citoyens peuvent prendre la main pour répondre

à un besoin par le biais d’une entreprise ou d’une association, l’autorité publique leur laisse la liberté d’action. C’est la philosophie et l’esprit même de la Charte associative.

La Charte associative affirme que le projet politique fondé sur la prise de responsabilités par des entrepreneurs sociaux est la meilleure garantie d’égalité, d’universalité et d’économie pour les finances de l’état.

La charte s’applique donc à l’autorité publique dans ses rapports à l’ensemble du secteur associatif. On entend par secteur associatif, l’ensemble des associations sans but lucratif qui remplissent des missions de services publics délégués.

123 Proposition de la Solidarité des Alternatives wallonnes et bruxelloises (SAW-B).

Encadré Exemple de BeesCoop

Lancé en 2016, BeesCoop est le premier supermarché participatif à Bruxelles. Organisé en coopérative, il tire son inspiration de l’économie sociale et de l’entrepreneuriat durable. Il focalise son développement sur des produits issus de l’agriculture biologique et locaux, réduit les emballages, et améliore l’étiquetage. La particularité la plus innovante de la

coopérative est que chaque consommateur de BeesCoop, pour pouvoir y acheter des produits, doit consacrer au moins trois heures de son temps chaque mois en tant que bénévole afin de participer à la gestion du magasin. Cette méthode de fonctionnement garantit la participation des adhérents et, surtout, permet de réduire les coûts inhérents à

la gestion de la coopérative. Celle -ci se veut sociale, accessible à tous, et démontrer que l’alimentation durable et locale n’est pas réservée à une classe moyenne aisée ou privilégiée. La gouvernance est également innovante car chaque coopérateur peut

participer aux orientations stratégiques de la coopérative.

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

86

Globalement, la philosophie de la Charte associative est de consacrer la reconnaissance de l’associatif par les autorités publiques, la complémentarité de l’action de l’un et de l’autre dans

les missions d’intérêt général (Etat opérateur - Etat régulateur) et l’équilibre à atteindre entre les autorités publiques et le secteur associatif.

Les principes fondamentaux de la charte sont :

la liberté d’association et le soutien à l’autonomie des associations, ce qui implique

notamment le respect de la liberté des associations de se structurer et de se

coordonner comme elles l’entendent et de limiter les contraintes pesant sur les associations ;

la liberté d’expression des associations, ce qui implique notamment la reconnaissance

de la valeur de l’expression critique des associations ; le principe de légalité consistant à établir a priori les règles générales d’agrément et

de financement, des procédures, … ;

l’égalité de traitement et la non-discrimination entre les associations entre elles ainsi

qu’entre les associations et les autorités publiques ; la complémentarité entre l’action associative et l’action publique dans la rencontre de

l’intérêt général ; la participation des associations au processus démocratique et à la construction de

l’intérêt général.

5.4.2 . Mettre en place la Charte associative

Nous proposons la mise en œuvre de la Charte associative dans l’ensemble des secteurs afin de garantir un climat sein et ouvert à la prise d’initiatives, au respect du rôle de chaque acteur, du renforcement de l’autonomie des associations et la limitation des contraintes qui pèsent sur elles.

Afin de promouvoir l’égalité de traitement des associations, le recours à des appels à projet afin d’organiser le subventionnement est une méthode à suivre et à généraliser. Dans ce cadre,

le lancement de nouveaux appels à projets constitue également des opportunités pour le lancement de nouvelles initiatives associatives. A ce sujet, et afin de favoriser le développement de nouvelles initiatives associatives, nous proposons également de n’utiliser que de manière restreinte et par exception l’exigence d’une durée de vie minimale de

l’association afin de pouvoir répondre et être retenu à ce type d’appel.

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SOUTENIR LA DIVERSITÉ ENTREPRENEURIALE : DES ASSOCIATIONS À LA COOPÉRATIVE

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5.5. RÉSUMÉ DES PROPOSITIONS POUR SOUTENIR LA DIVERSITÉ

ENTREPRENEURIALE

Soutenir la diversité entrepreneuriale : des associations à la coopérative

Accompagner les entreprises et associations à but non lucratif au même titre que

les entreprises classiques :

Renforcer et élargir les agences-conseil. Soutenir l’innovation et la création d’emplois au sein de l’entrepreneuriat

social.

Créer un incubateur pour projets sociétaux en Région wallonne.

Modifier le code des sociétés en vue d’inscrire clairement les principes qui sous-

tendent l’action coopérative dans le statut coopératif.

Adapter les outils de financements publics, les outils d’accompagnement, et les

avantages fiscaux spécifiques.

Développer des outils spécifiques aux sociétés coopératives (SCOP) via la

Sowecson.

Mettre en place la Charte associative pour favoriser l’égalité de traitement,

simplifier les démarches administratives et soutenir les trésoreries des associations.

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6. FAVORISER LA TRANSMISSION D’ENTREPRISE

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

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Il existe des entreprises qui

disparaissent par simple absence de repreneur.

6. FAVORISER LA TRANSMISSION D’ENTREPRISE

Si nous voulons garantir un dynamisme économique à travers le développement et le maintien de PME, il est indispensable de ne pas laisser s’éteindre nos entreprises et d’assurer leur

continuité en facilitant leur reprise. D’autant plus que le phénomène du vieillissement des chefs et propriétaires d’entreprise s’accélère. Les nouveaux entrepreneurs potentiels en Belgique envisagent trop peu une reprise d’activité existante. Celle-ci représente pourtant une bonne alternative à la création d’une nouvelle entreprise. Il faut envisager des mesures pour y

remédier et faciliter celle-ci.

Il existe déjà des mesures particulières telles que les bourses en Wallonie (et en Flandre) où les

entrepreneurs qui arrêtent leur activité peuvent trouver discrètement un repreneur pour leurs affaires124. Plusieurs mesures et adaptations ont également été apportées ces dernières années pour éliminer les obstacles légaux et fiscaux aux cessions.

6.1. PEU DE TRANSMISSIONS, MAIS UN GRAND POTENTIEL

Notre économie est animée par un mouvement dynamique et permanent de création et de suppression d’entreprises. Pour améliorer le nombre net d’entreprises créées, il est possible

d’agir sur la création d’entreprises et la stimuler, mais l’enjeu peut également être vu dans l’autre sens : l’action publique peut s’atteler à réduire le nombre d’entreprises qui disparaissent.

Certaines entreprises disparaissent parce qu’elles ne sont pas viables financièrement ou qu’elles sont trop dépendantes de leur fondateur/propriétaire au point qu’elles ne peuvent survivre lorsqu’ils la quittent. Il existe cependant de nombreuses entreprises qui disparaissent

par simple absence de repreneurs.

124 Conseil Central de l’Economie, « L’entrepreneuriat en Belgique : problèmes et défis. La vision des experts », Note documentaire., 2010, p. 38.

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LA TRANSMISSION D’ENTREPRISE

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Selon l’UCM, « à l'horizon

2020-2025, 9.439 PME seront sur le marché de la transmission. Elles

totalisent aujourd'hui plus de 100.000 emplois.

6.1.1. Un vieillissement qui gagne en importance

La société belge et européenne est vieillissante. Ce phénomène touche toutes les strates de la

population, y compris les dirigeants d’entreprises. En 2016, les 65 ans et plus représentent une population d’un peu plus de 2 millions de personnes. En 2040, ils seront 3 millions.125 Alors qu’à Bruxelles la population sous le statut d’indépendant rajeunit, c’est l’inverse qui est observé en

Wallonie.

En effet, en Wallonie, les indépendants de plus de 50 ans représentent presque 42% des indépendants.126 En 2013, une étude de l’UCM estimait que plus de la moitié des

entrepreneurs envisageaient de céder leur entreprise dans les cinq années suivant l’étude.127 Le fait que la population des entrepreneurs vieillisse se traduit par un accroissement de l’offre d’entreprises à reprendre. Selon l’UCM, à l'horizon 2020-2025, 9.439 PME seront sur le marché

de la transmission. Elles totalisent aujourd'hui plus de 100.000 emplois »128.

6.1.2. Une mauvaise préparation des cédants

Selon le Conseil Central de l’économie, 28% des entrepreneurs indiquent en 2010 qu’ils seront confrontés à la cession d’une propriété et/ou de la gestion journalière de leur société au cours

des dix années suivantes.129 Pourtant un grand nombre de ces entrepreneurs ne se préparent pas la cession à venir. Ce manque d’anticipation nuit aux chances de succès d’une éventuelle reprise. En effet, une cession doit en principe se préparer environ trois à cinq ans avant la vente

effective.130

Deux tiers des entrepreneurs qui envisagent de céder leur entreprise dans les cinq années à venir n’ont pas encore de repreneurs. Considérant que la moitié de l’ensemble des

entrepreneurs envisageraient de céder leur entreprise sur cette même période, environ un tiers du nombre total des entreprises seraient cédées dans les cinq prochaines années et n’auraient pas de repreneur.

6.1.3. Trop peu de repreneurs

Rares sont les jeunes entrepreneurs en Belgique qui pensent à reprendre une entreprise existante plutôt qu’à lancer la leur. D’après un sondage de la FEB, en 2009, seulement 13% des étudiants envisageaient cette solution.

125 Bureau Fédéral du Plan & Direction générale Statistique (2015), « Perspectives démographiques 2014-2060. Population, ménages et quotients de mortalité prospectifs », Mars, p. 34.

126 LESCEUX, J. « Transmettre, le défi de la continuité », UCM, Octobre 2013, p.4

127 Ibidem, p.5

128 UCM, « Le cédant, cet entrepreneur mystérieux », Union&Actions, 27 mai 2016.

129 Conseil Central de l’Economie, « L’entrepreneuriat en Belgique : problèmes et défis. La vision des experts », Note documentaire, 2010, p.31

130 SOWACCESS, « La transmission d’entreprise : les grandes étapes ».

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

92

D’autres chiffres confirment que la reprise d’une activité existante est une voie de moins en moins envisagée par les entrepreneurs qui préfèrent généralement démarrer eux-mêmes leur

activité. D’après l’Union des Classes Moyennes, 76% des entrepreneurs actifs depuis moins de 10 ans se sont lancés via le démarrage d’une nouvelle activité131.

En Belgique francophone, seul un tiers des chefs d’entreprise a démarré par une reprise132 : soit via l’achat ou une reprise (55%), soit via la reprise de la société familiale (45%). Parmi les entrepreneurs actifs depuis moins de 10 ans, seulement ¼ a repris une entreprise alors qu’ils sont 37% pour les entrepreneurs de plus de 10 ans.

Une autre réalité démographique est que, si on prolonge les tendances actuelles, le nombre d’entrepreneurs potentiels pour valoriser les entreprises existantes sera inférieur au nombre

d’entreprises qui pourraient être cédées dans les prochaines années.

Source : BECI, « Transmission d’entreprises », 2015

6.1.4. Les avantages d’une reprise

S’il est évident que l’entrepreneuriat par reprise recourt à une autre dynamique et d’autres exigences (plus de moyens financiers, un besoin important d’informations, la détermination de la valeur de l’entreprise…) que l’entrepreneuriat par création, il présente également de nombreux avantages.

131 UCM, « Mémorandum global 2014 », p.94 132 UCM, « Transmettre, le défi de la continuité », Octobre 2013, p.5

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LA TRANSMISSION D’ENTREPRISE

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Les chances de survie et de croissance des entreprises cédées sont plus élevées

que celles d’entreprises nouvellement créées.

Tout d’abord, les chances de survie et de croissance des entreprises cédées sont nettement plus élevées que celles d’entreprises nouvellement créées133. Si l’accès à la reprise nécessite

souvent un investissement plus important au départ, les chances de succès sont davantage au rendez-vous lorsque celle-ci dispose déjà d’une clientèle, de fournisseurs établis et des recettes davantage prévisibles.

Les avantages pour le repreneur134 :

il ne repart pas de zéro : il a déjà des clients, une marque développée, des fournisseurs,

un réseau ;

il peut apporter une dynamique nouvelle sur des bases déjà existantes.

Pour le cédant :

il valorise les fruits de son travail en revendant son entreprise135 ;

une fiscalité en principe allégée par rapport au boni de liquidation dont il devrait

s’acquitter en cas de liquidation de son entreprise.

Pour la société :

les entreprises viables continuent d’exercer leurs activités ;

le savoir-faire se maintient (y compris par le maintien du personnel éventuel) ;

les investissements se poursuivent.

La reprise d’une entreprise existante est donc une alternative solide à la création d’une nouvelle entreprise. Au regard du vieillissement de la population entreprenante, les reprises

méritent d’être encouragées par des mesures spécifiques. Nous proposons à cette fin trois mesures qui composent un ensemble cohérent de soutien à la reprise d’entreprises.

6.2. POUR L’ENTRE-REPRISE !

Afin de répondre au manque de transmissions d’entreprises, nous proposons un package « Entre-Reprise » qui comporte quatre volets : la sensibilisation, la rencontre entre l’offre et la

demande, et le soutien financier des tandems entre le repreneur et de cédant. Un cinquième point propose de donner la possibilité aux chefs d’entreprises de transmettre leur entreprise aux employés qu’elle occupe en faisant le choix d’une transformation en coopérative.

133 Crijns, H., Vermeulen, S., « Het Europese overnamebeleid : een balans voor Vlaanderen », Onderzoek, kortetermijnopdracht, uitgevoerd in het kader van het Stenpunt ondernemerschap, Ondernemingen en innovatie », Avril 2007, Cité dans Conseil Central de l’Economie, « L’entrepreneuriat en Belgique : problèmes et défis. La vision des experts », Note documentaire, 2010, p. 32.

134 Il faut noter qu’une cession pose aussi la difficile question de l’évaluation de l’entreprise à sa juste valeur.

135 Il est vrai malgré tout que certains entrepreneurs estiment que leur entreprise n’est pas transmissible car ils ont le sentiment que personne d’autre qu’eux ne pourra les remplacer.

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

94

6.2.1. Amplifier la sensibilisation de manière ciblée

Selon la Sowaccess, il faut idéalement trois à cinq ans en moyenne afin de bien préparer la

cession de son entreprise (cf. : supra). Dès lors, il est nécessaire de renforcer la sensibilisation des entrepreneurs à la nécessité de commencer les démarches suffisamment tôt pour trouver un entrepreneur en temps utiles. Nous proposons une sensibilisation systématique de tous les

patrons de TPE lorsqu’ils atteignent l’âge de 50 ans via un courrier visant à les informer de l’importance de bien préparer la cessation, d’y réfléchir à l’avance et de leur expliquer les outils existants (ex : plateformes de reprises spécialisées).

Encadré La sensibilisation des propriétaires d’entreprises aux Pays-Bas offre de bons

résultats

Les Pays-Bas ont mis en place une initiative similaire depuis 2004 où le ministère néerlandais des Affaires économiques envoie une lettre personnelle aux propriétaires d’entreprise ayant atteint un certain âge. La lettre est accompagnée d’une information gratuite, claire et complète à disposition des entrepreneurs sur la cession. Cela donne de

bons résultats puisqu’un quart des entrepreneurs touchés demandent un complément d’information136.

6.2.2. Permettre la gratuité des plateformes faisant rencontrer l’offre et la demande

Pour favoriser les reprises, il faut susciter cette envie chez les repreneurs et fluidifier le « marché des reprises ». Il existe déjà des plateformes de reprises spécialisées qui sont utilisées par 25% des entrepreneurs, le bouche à oreille étant le plus utilisé (près de 47%)137. Nous proposons l’inscription gratuite dans les bases de données qui centralisent les offres et les

demandes d’entreprises à transmettre (dont celle de la Sowacces en Wallonie et de Brutade à Bruxelles) ainsi que la mise en contact entre cédants et repreneurs.

Encadré La sensibilisation des étudiants en Finlande

En Finlande, des étudiants d’universités sont mis en contact avec des propriétaires d’entreprises qui recherchent un successeur138. Cela permet de développer et de sensibiliser les

jeunes à cette possibilité.

136 Conseil Central de l’Economie, « L’entrepreneuriat en Belgique : problèmes et défis. La vision des experts », Note documentaire., 2010, p. 34.

137 UCM, « Transmettre, le défi de la continuité », Octobre 2013, p.23

138 Conseil Central de l’Economie, « L’entrepreneuriat en Belgique : problèmes et défis. La vision des experts », Note documentaire., 2010, p. 38.

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LA TRANSMISSION D’ENTREPRISE

95

Le prêt subordonné est une

piste particulièrement intéressante pour améliorer le financement des cessions entreprises.

6.2.3. Encourager financièrement les tandems

La cession peut prendre du temps et est une étape souvent sous-estimée. Un passage en

douceur de l’entreprise se justifie car les chances de survie de l’entreprise s’en trouvent augmentées. Cela permet un meilleur encadrement de la cession qui évite, par exemple, que le cédant ne disparaisse lors de la passation.

Nous proposons la mise en place d’un incitant à la création d’un tandem sur une période d’un an. L’incitant prendrait la forme d’un accompagnement contractuel entre le repreneur et le cédant dans lequel ce dernier rencontre et conseille le repreneur à une fréquence d’au moins

deux fois par mois après la cession de l’entreprise.

Ce tandem donnerait lieu à une aide sous forme d’un crédit d’impôt allant jusqu’à 2.500 euros

octroyé au cédant ainsi qu’au repreneur l’année qui suit la cession/reprise. L’objectif est de stimuler ceux qui hésitent à se lancer dans ce processus. Ce tandem peut être inscrit dans la convention de cession.

Dans certains cas, le tandem pourra même se transformer en un nouveau partenariat où l’arrivée d’un jeune entrepreneur débouche sur un développement nouveau de l’entreprise. En effet, le succès de l’entrepreneuriat, surtout chez les personnes plus âgées, s’améliore

nettement lorsque l’entreprise est créée ou poursuivie en collaboration avec d’autres jeunes entrepreneurs139. Dans ce cas, il est possible qu’une complémentarité nouvelle s’installe entre les entrepreneurs, ce qui exerce un impact positif sur l’entreprise. La cessation peut également viser la reprise par un entrepreneur de la seconde chance plus âgé qui, doté d’une plus grande

expérience dans la gestion, affiche généralement de meilleures performances que les « primo-entrepreneurs »140. Cela permet par la même occasion de soutenir l’entrepreneuriat de la seconde chance et la culture de l’entrepreneuriat.

6.2.4. Faciliter l’accès au financement

Un obstacle majeur à la transmission d’entreprise reste le financement. Un repreneur éventuel doit s’acquitter d’une somme considérable afin de reprendre une entreprise et doit dès lors souvent s’endetter. Un risque récurrent est que la majorité des bénéfices générés par

l’entreprise soient directement utilisés pour financer les intérêts sur la dette et les mensualités plutôt que pour être réinvestis dans l’entreprise. Finalement, le danger est que l’entreprise ne se renouvelle pas, perde en compétitivité et finisse en définitive par péricliter. Lorsque l’entreprise ne génère plus assez de bénéfices pour rembourser les emprunts, le repreneur

tombe en faillite.

C’est pourquoi il est crucial de trouver des pistes de financement applicables pour les

repreneurs éventuels. Des solutions sont envisagées, dont le prêt subordonné (cf. : 0, p 59). Il s’agit d’un prêt à long terme qui ne doit pas être directement remboursé. Le prêt subordonné est une piste particulièrement intéressante pour améliorer le financement des cessions entreprises.

Une des possibilités serait d’élargir, moyennant certaines conditions, le Tax Shelter existant au niveau fédéral à des PME et TPE cédées à un nouveau repreneur (changement de majorité

de l’actionnariat et changement dans la gestion journalière).

139 Conseil Central de l’Economie, « L’entrepreneuriat en Belgique : problèmes et défis. La vision des experts », Note documentaire, 2010, p. 38.

140 UCM, « Memorandum global 2014 », p. 92.

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

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6.2.5. Transmettre son entreprise à ses salariés : le choix de la coopérative

D’autres pistes peuvent également être envisagées pour encourager les transmissions

d’entreprises. La SAW-B, la Fédération de l’économie sociale wallonne, propose à cette fin que soient encouragées les transmissions d’entreprises via le rachat par les salariés.141 De facto, cela revient à transformer une société existante en coopérative, où chaque salarié devient

coopérateur de l’entreprise au sein de laquelle il s’investit. Si cette formule ne peut bien entendu pas être utilisée partout, elle présente néanmoins plusieurs avantages.

Premièrement, le chef d’entreprise qui cesse son activité récupère la valeur de ses parts, à

l’instar d’une cession classique. Cette formule est donc au moins aussi avantageuse pour lui que lors d’une cession à un repreneur unique. Il aura également la satisfaction de voir son entreprise poursuivre sa route de façon autonome, avec le personnel qui la compose.

Deuxièmement, pour autant que l’entreprise en question soit une entreprise d’une certaine taille comprenant plusieurs employés, il sera sans doute plus facile de diluer la vente des parts auprès de nombreux acquéreurs – en l’occurrence, les salariés – plutôt que de trouver un

acquéreur unique qui devra débourser une somme importante. En ce sens, la transformation en coopérative pourrait être plus simple et plus rapide qu’une cession classique où un acquéreur doit être trouvé. Elle nécessite néanmoins de disposer des compétences de

management en interne.

La SAW-B propose de mettre en place des opérateurs en Région wallonne, qui auraient les compétences financières, techniques et juridiques pour matérialiser la reprise par les salariés

et la conversion en société coopérative.

Cette piste est complémentaire à la mesure tandem présentée ci-dessus. L’ancien chef

d’entreprise pourra toujours apporter son expertise afin que la coopérative poursuive son développement économique.

141 SAW-B, “Memorandum wallon”, 2014, p. 8.

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LA TRANSMISSION D’ENTREPRISE

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6.3. RÉSUMÉ DES PROPOSITIONS POUR FAVORISER LA TRANSMISSION

D’ENTREPRISE

Favoriser la transmission d’entreprise

Amplifier la sensibilisation de manière ciblée aux dirigeants de TPE atteignant l’âge

de 50 ans.

Assurer la gratuité des plateformes de rencontre entre l’offre et la demande.

Encourager financièrement les tandems via un crédit d’impôt de 2.500 euros

octroyé au cédant et au repreneur l’année qui suit la cession.

Octroyer la possibilité pour un repreneur de contracter un prêt subordonné.

Elargir le tax shelter du Plan PME fédéral aux reprises d’entreprises.

Promouvoir lorsqu’opportun les transformations en coopérative lors d’une cession

d’entreprise.

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CONCLUSION

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

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CONCLUSION

Lorsqu’on parle d’entrepreneuriat, certaines dimensions sont systématiquement mises en avant : le soutien et l’accompagnement à la création d’entreprise, les démarches

administratives à réaliser, les charges qui pèsent sur les entrepreneurs et l’accès aux financement.

Si ces questions sont abordées dans cette publication, nous avons surtout placé l’accent sur

d’autres dimensions qui sont moins souvent abordées.

D’abord, la multiplication d’initiatives entrepreneuriales au sein d’une société est favorisée par

une culture et des mentalités qui y sont favorables, qui soutiennent et valorisent ceux qui lancent leurs projets. L’enseignement, qu’il soit fondamental ou supérieur, joue un rôle majeur à ce sujet. L’enjeu n’est toutefois pas d’enseigner les modes de fonctionnement des entreprises et de leurs ressorts à l’école, mais bien de placer les jeunes dans un état d’esprit

d’initiatives, de projets et de responsabilités. Il s’agit bien plus d’un projet éducatif, qui traverse l’ensemble des missions de l’école et ne se limite pas aux salles de classe. Des jeunes citoyens capables d’imaginer des projets et de les mener à bien sont porteurs d’un esprit d’entreprendre

dans toutes les sphères de la société (économique mais également sociale, politique, culturelle…).

Ensuite, la création d’entreprises ne passe pas nécessairement par de nouvelles start-up et des

nouvelles entreprises qui partent de rien. Chaque année, des milliers d’entreprises disparaissent, faute de repreneurs, et ce phénomène va s’accentuer avec le vieillissement de la population. Pourtant, ces entreprises ont des avantages : investissements amortis, main-

d’œuvre, savoir-faire, clients, fournisseurs, structure comptable, etc. La reprise d’activités mérite une plus grande attention et un soutien plus marqué. Sensibiliser les jeunes entrepreneurs à l’« entre-reprise », et la création d’un plan tandem, tel que nous le proposons et détaillons ici, visent cet objectif.

De nombreux salariés ou agents de la fonction publique aimeraient développer un projet personnel et pensent à lancer leur activité. Mais aujourd’hui, le saut reste trop important. Lorsqu’un salarié quitte son activité et s’établit comme indépendant à titre principal, ses

revenus risquent une chute importante. Alors que la sécurisation des parcours professionnels est très présente dans les recommandations européennes, elle reste encore trop absente de notre réglementation sociale. Dans cet esprit, nous proposons qu’un crédit -temps spécifique

puisse soutenir les salariés qui se lancent comme indépendants, à temps plein ou à temps partiel, afin de permettre une transition progressive vers leur indépendance, y compris financière.

Bien sûr, le développement d’une société riche d’initiatives est un chantier large, dont les dimensions sont multiples. Par la présente étude et par les propositions concrètes et réalistes qui y sont formulées, nous espérons contribuer à cet objectif. Nous n’avons en effet pas le

choix. Des modifications fortes sont à venir compte tenu de multiples évolutions : technologiques, sociologiques, environnementales, etc. Si nous voulons profiter de ces évolutions pour créer plus de valeur ajoutée et de bien-être au sein de notre société, la multiplication d’initiatives nouvelles est une condition indispensable.

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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

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Sites web régionaux d’informations relatives aux entreprises :

Région de Bruxelles-Capitale : www.1819.be

Région Wallonne : www.infos-entreprises.be

Entretiens :

Entretien avec Didier Clarinval et Bruno Hap, Agence pour l’Entreprise et l’Innovation, Bruxelles, 1 septembre 2016.

Entretien avec Marcus Dejardin, Professeur à l’Université de Namur, Bruxelles, 16 mars 2016.

Entretien avec Arnaud Deplae (Secrétaire général), Clarisse Ramakers (Directrice du service d’études) et Jonathan Lesceux (Conseiller au service d’études), Union des Classes Moyennes, Bruxelles, 18 février 2016.

Entretien avec Luc Denayer, Secrétaire général du Conseil central de l’économie, Bruxelles, 10 décembre 2015.

Entretien avec Sarah de Heusch (Chargée de projets) et Sandrino Graceffa (Directeur général), SMart, Bruxelles, 2 mai 2016.

Entretien avec Xavier De Poorter, Fondateur d’ICHEC-PME et de la plateforme d’entrepreneuriat Wikipreneurs, Bruxelles, 7 janvier 2016.

Entretien avec Laurence Lievens, Directrice de Step2You, Bruxelles, 1 septembre 2016.

Entretien avec Patrick Sapy, Directeur de MicroStart, Bruxelles, 20 avril 2016.

Entretien avec Bernard Surlemont, Professeur d’entrepreneuriat à l’Université de Liège, Bruxelles, 7 janvier 2016.

Entretien avec Julien Vandeleene, Fondateur et administrateur délégué de Be Park, Bruxelles, 20 avril 2016.

Entretien avec Bruno Wattenbergh, Directeur de Brussels Impulse (structure bruxelloise de soutien aux jeunes entreprises), Bruxelles, 14 avril 2016.

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RESUME DES PROPOSITIONS

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

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TRENTE PROPOSITIONS POUR UNE SOCIETE RICHE D’INITIATIVES ET DE CREATIVITE

Pour une culture et une éducation entrepreneuriale (Chapitre 2)

Enseignement primaire et secondaire :

1. Intégrer la pédagogie entrepreneuriale dès l’enseignement primaire ainsi que dans le tronc commun de l’enseignement secondaire. La pédagogie entrepreneuriale vise à stimuler l’esprit d’équipe de l’élève, son sens des responsabilités, sa persévérance, sa créativité, son esprit d’initiative et sa confiance en lui.

2. Inviter ponctuellement des entrepreneurs dans les cursus pour partager leurs expériences (enseignement secondaire).

3. Développer l’expression des soft skills (notamment l’esprit d’équipe, le sens des

responsabilités, la persévérance, la confiance en soi, la créativité et l’esprit d’initiative) par l’apprentissage par projet.

4. Renforcer la formation continuée des enseignants sur le modèle de l’AEI ainsi que la formation initiale, pour sensibiliser les enseignants à développer les attitudes

entrepreneuriales auprès des étudiants.

Enseignement supérieur :

5. Préparer à l’entrepreneuriat dans davantage de disciplines, et pas uniquement dans les études de gestion.

6. Poursuivre les initiatives d’étudiants-entrepreneurs et d’incubateurs.

7. Créer une base de données centralisée de toutes les technologies orphelines142.

8. Créer des sessions de mise en relation entre propriétaires de résultats de recherches et porteurs de projets potentiels.

9. Promouvoir l’utilisation des recherches orphelines au sein d’universités par les étudiants entrepreneurs.

142 Manifeste pour les PME, 29 janvier 2016, p. 112.

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Soutenir les transitions professionnelles vers l’emploi indépendant (Chapitre 4)

18. Soutenir la transition des salariés vers l’emploi indépendant :

Instaurer un crédit-temps avec motif, cumulable avec les autres crédits-temps avec motif, pour lancer son entreprise.

Durée de 6 mois à temps plein, ou 12 mois à mi-temps ou à 1/5e temps.

19. Soutenir la transition des personnes touchant une allocation de chômage de l’ONEM vers l’emploi indépendant :

Permettre au bénéficiaire d’allocation de pouvoir continuer à bénéficier

pleinement de ses allocations durant les 6 premiers mois d’activité comme indépendant à titre principal.

Allouer une allocation dégressive durant les 6 mois suivants.

Mieux financer et accompagner les start-up et les candidats entrepreneurs (Chapitre 3)

10. Communiquer pour mieux faire connaître les aides proposées par les Régions wallonne et bruxelloise et amener davantage de candidats entrepreneurs à les solliciter.

11. Promouvoir l’expansion des incubateurs pour étudiants et leurs structures de financement.

12. Faciliter l’accès au travail indépendant de façon ponctuelle ou pour se lancer.

13. Simplifier les procédures administratives par le principe « only once ».

14. Sensibiliser les réseaux d’entrepreneurs à élargir leur public et les soutenir financièrement.

15. Encourager les investissements privés en capital grâce à une collaboration accrue

entre les business angels, le venture capital et les Invests publics.

16. Mobiliser l’épargne vers l’économie réelle et locale.

17. Développer le crowdfunding à grande échelle. Ceci inclut de :

Relever le montant de la participation maximale par investisseur ;

Sensibiliser le public à l’intérêt du crowdfunding ; Accompagner les porteurs de projets ; Introduire une déduction fiscale en cas d’échec du projet ;

Améliorer les informations liées aux risques encourus.

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ENTREPRENDRE ! POUR UNE SOCIÉTÉ RICHE D’INITIATIVES ET DE CRÉATIVITÉ

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Soutenir la diversité entrepreneuriale : des associations à la coopérative (Chapitre 5)

20. Accompagner les entreprises et associations à but non lucratif au même titre que les entreprises classiques :

Renforcer et élargir les agences-conseil. Soutenir l’innovation et la création d’emplois au sein de l’entrepreneuriat

social. Créer un incubateur pour projets sociétaux en Région wallonne

21. Modifier le code des sociétés en vue d’inscrire clairement les principes qui sous-tendent l’action coopérative dans le statut coopératif.

22. Adapter les outils de financements publics, les outils d’accompagnement, et les avantages fiscaux spécifiques.

23. Développer des outils spécifiques aux sociétés coopératives (SCOP) via la Sowecsom.

24. Mettre en place la Charte associative pour favoriser l’égalité de traitement,

simplifier les démarches administratives et soutenir les trésoreries des associations.

Favoriser la transmission d’entreprise (Chapitre 6)

25. Amplifier la sensibilisation de manière ciblée aux dirigeants de TPE atteignant l’âge de 50 ans.

26. Assurer la gratuité des plateformes de rencontre entre l’offre et la demande.

27. Encourager financièrement les tandems via un crédit d’impôt de 2.500 euros

octroyé au cédant et au repreneur l’année qui suit la cession.

28. Octroyer la possibilité pour un repreneur de contracter un prêt subordonné.

29. Elargir le tax shelter du Plan PME fédéral aux reprises d’entreprises.

30. Promouvoir lorsqu’opportun les transformations en coopérative lors d’une cession

d’entreprise.

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