Intention Entrepreneuriale

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UNIVERSITE DE ROUEN Faculté de Droit, des Sciences Economiques et de Gestion Institut d’Administration des Entreprises L'INTENTION ENTREPRENEURIALE Une recherche comparative entre des étudiants suivant des formations en entrepreneuriat (bac+5) et des étudiants en DESS CAAE Thèse pour le doctorat ès Sciences de Gestion présentée et soutenue publiquement par Azzedine TOUNÉS le 15 décembre 2003 Directeur de recherche : Monsieur ORANGE Gérald Professeur à l’Université de Rouen Membres du jury : Rapporteurs Monsieur HERNANDEZ Emile-Michel Professeur à l’Université de Reims Monsieur PATUREL Robert Professeur à l’Université de Toulon et du Var Suffragants Monsieur LETOWSKI André Responsable analyses et statistiques à l’APCE - Paris - Monsieur VATTEVILLE Eric Professeur à l’Université de Rouen

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UNIVERSITE DE ROUEN Faculté de Droit, des Sciences Economiques et de Gestion

Institut d’Administration des Entreprises

L'INTENTION ENTREPRENEURIALE

Une recherche comparative entre des étudiants suivant des formations en

entrepreneuriat (bac+5) et des étudiants en DESS CAAE

Thèse pour le doctorat ès Sciences de Gestion

présentée et soutenue publiquement par

Azzedine TOUNÉS

le 15 décembre 2003

Directeur de recherche : Monsieur ORANGE Gérald

Professeur à l’Université de Rouen

Membres du jury :

Rapporteurs Monsieur HERNANDEZ Emile-Michel

Professeur à l’Université de Reims

Monsieur PATUREL Robert

Professeur à l’Université de Toulon et du Var

Suffragants Monsieur LETOWSKI André

Responsable analyses et statistiques à l’APCE - Paris -

Monsieur VATTEVILLE Eric

Professeur à l’Université de Rouen

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"Hélas ! Rien n'est pire que l'ignorance quand elle se farde de science et prend la parole.

L'ignorance tout court, l'ignorance du peuple est nette : comme une plaie franche, on peut

la guérir".

Malek BENNABI

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A mes parents, mes sœurs

et mon frère.

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Remerciements

Peu à peu, dans une période de ma vie, naissait une thèse où je ressentais souvent le

poids de la solitude, l'immensité et l'intensité de l'investissement. Mes lectures me firent

comprendre le rôle du sacrifice dans la vie de l'entrepreneur, son courage et sa ténacité. Je

ne voudrais convaincre personne qu'il est possible d’obtenir quelque chose sans peine.

S’en tenir à la bibliographie à partir de laquelle j'ai bâti mes connaissances ne me

permettrait pas de faire part de toutes les dettes intellectuelles que j'ai contractées au cours

de cette recherche. Je ne pourrai citer tous ceux qui m’ont aidé au cours de ce long travail.

Je désire exprimer ma profonde gratitude à monsieur le Professeur Gérald ORANGE

qui m'a initié et accompagné dans cette longue et sinueuse aventure. Il a éclairé mes

balbutiements d'apprenti-chercheur et m'a fait confiance quand le "destin" me tournait le

dos. Ses remarques, ses observations et son écoute attentive m'ont été très précieuses.

Messieurs Emile-Michel HERNANDEZ, André LETOWSKI et Robert PATUREL

portent depuis de nombreuses années un intérêt particulier au champ de l’entrepreneuriat.

Monsieur Eric VATTEVILLE manifeste une curiosité certaine pour mon sujet. Leur

présence dans ce jury de thèse m’honore. Qu’ils trouvent ici l’expression de mon profond

respect.

Toute ma reconnaissance va à mademoiselle Caroline CINTAS, maître de conférences

en gestion à l’Université de Rouen et à monsieur Yves CONDE, Premier Conseiller à la

Chambre Régionale des Comptes de Haute-Normandie. Leur implication et leur

disponibilité sans cesse renouvelées m’ont été d’un apport inestimable. Leurs

recommandations ont amélioré la qualité de la rédaction et la cohérence de cette thèse.

Monsieur Alain FAYOLLE, maître de conférences et Habilité à Diriger des Recherches

à l’INPG de Valence, m’a prodigué des conseils et m’a orienté vers des contributions qui

ont éclairé mon cadre théorique. Monsieur Eric COMPOY, maître de conférences en

gestion à l’Université de Paris I - Panthéon Sorbonne m’a apporté un concours pertinent

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dans les traitements statistiques. Philippe BOISTEL, maître de conférences en gestion à

l’Université de Rouen, Francis CONCATO, ingénieur d’études à l’Université de Rouen

(CREGO), et Eric LECLERCQ, maître de conférences en économie à l’Université de

Rouen, ont apporté tout leur soin à la lecture de cette thèse. Je leur témoigne ma vive

reconnaissance.

Je remercie toutes les personnes qui m'ont aidé dans la construction et l'épuration du

questionnaire. Sans être exhaustif, je cite Christian BRUYAT, maître de conférences en

gestion à l'E.S.A. de Grenoble, Thierry VOLERY, Professeur en Entrepreneuriat à l'E.M.

Lyon et Nathalie SCHIEB-BIENFAIT, maître de conférences en gestion à l'Université de

Nantes.

Je tiens tout particulièrement à remercier les responsables de diplômes qui ont bien

voulu me consacrer du temps pour l'administration des questionnaires. Leur coopération

m’a largement facilité l’accès au terrain. Un salut tout particulier pour les étudiants qui ont

eu la gentillesse de répondre à mes enquêtes.

A la fin de ce travail qui m'a rendu peu disponible, je ne peux oublier ceux qui m'ont

encouragé et soutenu dans mes moments de retranchement. Ma dernière pensée "survolera"

la Méditerranée pour atterrir en Algérie et déclarer à mes parents, mes sœurs et mon frère

qui m’ont donné le sens des valeurs familiales, que je leur voue un amour

incommensurable. Leur absence ne m'a jamais tant fait souffrir.

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Sommaire

INTRODUCTION GENERALE........................................................................................ 4 PARTIE I - COMPREHENSION DU PROCESSUS ENTREPRENEURIAL ET PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE........................................................................ 22

CHAPITRE 1 - POSITIONNEMENT DE LA RECHERCHE DANS LE CHAMP DE L’ENTREPRENEURIAT ET PROBLEMATIQUE ........................................................................ 25 CHAPITRE 2 - L’ENTREPRENEUR : DES THEORIES ECONOMIQUES AUX APPROCHES INTERDISCIPLINAIRES ........................................................................................................ 65 CHAPITRE 3 - LE PROCESSUS ENTREPRENEURIAL AMONT : MOBILES ET FACTEURS CONTINGENTS.................................................................................................................. 100

PARTIE II - UN MODELE DE L'INTENTION ENTREPRENEURIALE A TRAVERS UN PROCESSUS MARQUE PAR DES PROGRAMMES OU DES FORMATIONS EN ENTREPRENEURIAT................................................................ 125

CHAPITRE 4 - UN CADRE GENERAL D'ANALYSE DE L’ENSEIGNEMENT DE L’ENTREPRENEURIAT EN FRANCE.................................................................................... 128 CHAPITRE 5 - LE CADRE THEORIQUE DE REFERENCE ....................................................... 157 CHAPITRE 6 - PROPOSITION D'UN MODELE DE L'INTENTION ENTREPRENEURIALE............. 177

PARTIE III - METHODOLOGIE EMPIRIQUE, RESULTATS ET ANALYSES.. 205

CHAPITRE 7 - LA METHODOLOGIE EMPIRIQUE : UNE DEMARCHE HYPOTHETICO-DEDUCTIVE INSCRITE AU SEIN DE LA METHODE DE G.A. CHURCHILL (1979) ................................. 207 CHAPITRE 8 - CARACTERISTIQUES DESCRIPTIVES ET ANALYSES D’HOMOGENEITE .......... 249 CHAPITRE 9 - UN MODELE DE L’INTENTION ENTREPRENEURIALE VALIDE DANS UN CONTEXTE DE L’ENSEIGNEMENT DE L’ENTREPRENEURIAT............................................... 302

CONCLUSION GENERALE......................................................................................... 368

BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................... 382 ANNEXES ........................................................................................................................ 412 TABLES DES FIGURES....................................................................................................... 446 TABLES DES TABLEAUX................................................................................................... 447 TABLES DES ANNEXES ..................................................................................................... 453

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INTRODUCTION GENERALE

"Dans la pensée scientifique, la méditation de l’objet par le sujet prend toujours la forme

de projet".

Gaston BACHELARD

Genèse de la problématique

"Comme toujours, qui veut trop prouver ne prouve rien", affirme J.K. GALBRAITH

(1969, p. 93) [1967]1. Cela s’applique parfaitement au processus et à la dynamique qu’a

connu notre recherche. Une très vague idée concernant les systèmes d’appui et

d’accompagnement à la création d’entreprise est née au cours d'un stage que nous avons

effectué dans le cadre d'un DESS, au sein d'une pépinière d'entreprise.

Par une certaine façon de construire son sujet d'étude, se projette une manière qui peut

être révélatrice de l'ambition du chercheur. Au début, nous voulions nous intéresser aux

systèmes d'appui et de soutien à la création d'entreprise en Haute-Normandie. Le processus

d'entonnoir a orienté notre travail vers les systèmes d'appui en phase amont de la création.

Une longue concertation avec notre directeur de thèse et une première présentation de

notre travail au cours du tutorat organisé lors du premier congrès de l'académie de

l'entrepreneuriat à Lille en novembre 1999, ont consolidé l'idée d’orienter notre recherche

vers l'influence de programmes ou de formations en entrepreneuriat sur l'intention

entrepreneuriale. L’hypothèse de départ était que le système éducatif supérieur, dans

la multiplicité des systèmes d’appui et de soutien à la création d’entreprise, peut

contribuer à insuffler l’esprit d’entreprise.

La création d'entreprise est un acte qui naît au sein d'un processus en construction. En

amont de celui-ci, de multiples recherches ont tenté d'expliquer les causes qui amènent les

individus à devenir entrepreneur. En nous inscrivant dans cette perspective, une recherche

1 Cette année correspond à la première édition anglaise intitulée "The New Industrial State". Dans la suite de cette thèse, les années entre crochets correspondent à la première édition, française ou anglaise.

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bibliographique ciblée nous a convaincu que, pour comprendre l’acte d’entreprendre, il est

important de décrire et d’expliquer l’intention entrepreneuriale, qui est le médiateur entre

le comportement, les attitudes, les normes subjectives et les perceptions.

Finalement, d’une certaine façon, la recherche est en lien avec l'histoire du chercheur.

Construire le sujet et l’objet de recherche, c’est découvrir, à l’intérieur de la société, des

faits sociaux liés par un système de relations propres au phénomène étudié.

Les constats de départ

Trois constats majeurs dans les réalités économiques et sociales animent nos

préoccupations et éclairent nos premières interrogations. Il s’agit du faible nombre des

diplômés qui créent leur entreprise, de l’inadaptation du système éducatif qui, jusqu’au

début des années 1990, est resté à la marge du phénomène entrepreneurial et enfin des

progrès énormes, réalisés depuis cette époque, dans la mise en place d’un nombre accru de

cours, de programmes et de formations en entrepreneuriat depuis le secondaire jusqu’au

supérieur.

Très peu de diplômés-créateurs

En s’appuyant sur l’enquête SINE (Système d’informations sur les nouvelles

entreprises) qui recense les créateurs-repreneurs d’entreprise pendant la période du premier

semestre de l’année 1994, R. ABDESSELAM et alii (1999, p. 6) notent que les créateurs

ou repreneurs qui ne sont pas titulaires du baccalauréat représentent 60% des créateurs.

Dans le même sens, J. BONNEAU et D. FRANCOZ (1996) constatent en 1994, que

seulement 4,6% des créateurs-repreneurs ont le baccalauréat. J. BERANGER et alii (1998,

p. 11) notent qu’en France, la probabilité de créer une entreprise est divisée par deux si

l’on est diplômé du supérieur. Des études plus récentes montrent que plus les individus

sont diplômés, moins ils créent des entreprises2.

2 APCE, "Les enjeux de la création d'entreprise", http://www.apce.com, avril 1998, p. 2 ; R. TABOURIN et alii, 2001, n° 814. Ceci est d'ailleurs vrai aux Etats-Unis où R.H. BROCKHAUS (1982, p. 54) a fait le constat dès le début de la décennie 1980. Nous retrouvons la même situation en Suède selon P. DAVIDSSON (1995).

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La création d'entreprise est le parent pauvre des diplômés du supérieur. La revue des

statistiques indique que très peu de diplômés des universités, des écoles de management et

gestion et d’ingénieurs choisissent la voie entrepreneuriale. Dans une étude réalisée en

1978 sur 14 promotions regroupant 2 800 anciens élèves de l'ESC Paris, P. SENICOURT

(1997, p. 16) remarque que le taux de création peut être situé dans un intervalle de 5% à

10%. Un résultat étonnant selon M. SAFAVIAN-MARTINON (1998, p. 350), est le

manque d'esprit d'entreprise des jeunes diplômés de HEC. En effet, moins de 5%

deviennent entrepreneurs 7 ans après leur sortie de l'école. Les diplômés des grandes écoles

représentaient moins de 3% des créateurs d’entreprises en 19973. Selon l’enquête annuelle

de la conférence des grandes écoles, réalisée auprès de diplômés en 1996, 1997 et 1998,

seulement 1% d’entre eux auraient créé leur entreprise4.

Si au XIXème siècle, 40% des seuls ingénieurs des Arts et Métiers créaient leur

entreprise, aujourd’hui, moins de 3% des 20 à 25 000 ingénieurs diplômés chaque année

créent une entreprise avant l’âge de 35 ans5. Une étude réalisée en 1999 auprès de 10 000

créateurs d'entreprise a montré que seulement 6% de ceux-ci ont concrétisé un projet

d'étude6.

Ces faibles taux de création s’expliquent, en partie, par les difficultés institutionnelles

rencontrées. En effet, l’enquête réalisée en septembre 1996 par le CNPF (Centre National

du Patronat Français, aujourd’hui dénommé MEDEF) révèle qu’il est très difficile de créer

une entreprise en France. En effet, 90% des enquêtés jugent que se mettre à son propre

compte est une mission difficile. L’environnement ne s’y prête pas ; les principaux freins

cités, sont dans l’ordre, le poids des charges sociales, la frilosité des établissements

financiers et l’inadaptation du système éducatif7. Le patronat français adresse des critiques

3 A. PEREZ, "Innovation : une urgence Française", Les Echos, 1998b, p. 70. 4 Le Monde, "Les jeunes Français se rallient à l’esprit d’entreprise", mardi 31 août 1999, p. II. Cependant, rien ne prouve que les diplômés des grandes écoles soient moins entreprenants que les autres. La fonction entrepreneuriale est peut être liée à l'école fréquentée. Si les diplômés des grandes écoles sont peu entreprenants, c’est peut être parce qu’ils se voient aussitôt offrir des postes gratifiants avec un statut prestigieux et des conditions de rémunération très avantageuses. 5 Ecole des Mines d’Alès, "Education, Enseignement supérieur et création d’entreprise", Actes du colloque international, Ecole des Mines d’Alès, Allocution de H. PUGNERE, novembre 1996, p. 6. 6 Etude réalisée par les organisateurs du VIème Salon des entrepreneurs, en collaboration avec l'APCE et la CANAM - Caisse Nationale Maladie des Professions indépendantes - (C. FOUQUET, "Les créations d'entreprises ont reculé en 98, pour la quatrième année consécutive", Les Echos, mercredi 27 janvier 1999, p. 4). 7 N.D, "Créations d’entreprises : 1,2 millions de candidats", Le Figaro, 07 mai 1998.

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à l'égard de l'éducation nationale. On trouve dans 75% des réponses, l’idée que

l’enseignement ne nourrit pas l’esprit d’entreprise (35% pensent même qu’il n’y contribue

pas du tout).

Inadaptation du système éducatif aux réalités économiques et sociales

P. ALBERT (1998, p. 94) déclare que depuis le collège jusqu’à l’université ou la très

grande école, le système éducatif ne produit que des salariés. Faut-il s'étonner si les jeunes

aspirent à intégrer l'administration ? Faut-il être surpris de voir les étudiants sortis des

universités et des écoles préférer les grandes sociétés conférant un titre de noblesse pour

celui qui prétend réussir, à la création de leur propre entreprise. Le faible nombre de

créateurs-diplômés suggère que le système éducatif français "rejetait" pendant longtemps

l’esprit d’entreprise.

L’école française s'était progressivement adaptée à la société industrielle par

l’enseignement des sciences dites "dures". Elle a permis dès le début des années 1960, en

démocratisant l’enseignement public, de surmonter le handicap culturel et social que

constituait l'appartenance à un milieu modeste (M. EURIAT, C. THELOT, 1995, p. 404 ;

M. LEVY-LEBOYER, 1979, p. 151)8. Cependant, elle est restée à la marge des

changements sociaux et économiques structurels qui se sont opérés dès le début de la

décennie 1970.

La composition du tissu productif dominée jusque là par la grande organisation, a vu

naître de nouveaux types d'entreprise, les TPE et les PME/PMI, dont les formes de

création, d’organisation et de management diffèrent largement de celles des grandes

entreprises.

La crise du chômage a modifié l'assurance éthique sur laquelle était fondé

l'enseignement public, et a fortement fragilisé la culture du succès que le monde de

l'éducation a bâtie : l'enseignement n'ouvrait plus désormais l'accès systématique à

8 Les travaux qui portent sur les contributions de l'institution scolaire à la conservation de l'ordre social ont suscité beaucoup d'embarras. L'origine sociale reste discriminante pour l'accès aux grandes écoles. Par le privilège qu'offre le diplôme de ces grandes écoles, la discrimination se trouve, selon certains auteurs, perpétuée sur le marché du travail. Voir notamment P. BOURDIEU, La noblesse d'Etat, grandes écoles et esprit de corps, Paris, Les Editions de Minuit, 1989, 568 pages.

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Montée en régime des enseignements, programmes et formations en entrepreneuriat

Alors qu'il s'agit d'une discipline universitaire à part entière dans les pays anglo-saxons

où la plupart des universités possèdent des chaires d'entrepreneuriat et de nombreux cours

depuis les années 1970, le thème de l'entrepreneuriat est d'une actualité récente en France.

Depuis peu, des enseignements spécifiques à ce champ ont fait leur apparition. On observe

un développement à un rythme soutenu des enseignements, programmes et formations en

entrepreneuriat sous diverses formes10. Cela va des cours facultatifs aux formations

diplômantes de troisième cycle. Les universités, les écoles et les instituts manifestent

depuis la deuxième moitié de la décennie 1990 un réel engouement et une nette volonté

d’instaurer des cultures entrepreneuriales à travers leurs formations et leurs objectifs

pédagogiques.

Globalement, nous constatons aujourd’hui que le système éducatif déploie une double

perspective : sensibiliser le maximum d’étudiants à l'entrepreneuriat et, à un degré

moindre, spécialiser et accompagner ceux qui veulent s'orienter vers des carrières

entrepreneuriales. L’"éducation entrepreneuriale" est une réponse stratégique du monde

éducatif aux récents développements de la demande sociale émanant des étudiants (M.

LAUKKANEN, 2000, p. 26).

Ces constats étant formulés, il convient, avant de présenter notre problématique, de

répondre à la question :

L'entrepreneuriat peut-il s'enseigner ?

Avant d'entamer ce long travail de recherche, il convient d'élucider cette interrogation

fondamentale qui revient dans les travaux s'intéressant aux liens entre l'éducation et

l'entrepreneuriat (nous citons notamment J.-P. BECHARD, 1998 ; A. FAYOLLE, 2000c ;

B. SAPORTA et T. VERSTRAETE, 2000 ; P. SENICOURT et T. VERSTRAETE, 2000).

10 Cependant en 1999, la France était encore à la traîne des pays européens avec le Danemark, la Grèce et le Portugal (avec respectivement 14 %, 12% et 12%) dans la mise en place de l’enseignement de l’entrepreneuriat (CCI Paris, 1999, p. 10).

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Savoir si l’entrepreneuriat peut s’enseigner revient à se demander si l'esprit d'entreprise

peut s'acquérir. Fondamentalement, pour B. SAPORTA et T. VERSTRAETE (2000, p.

98), si la question se pose, c'est que l'on confond connaissance et expérience. Cette

dernière est pourtant un élément de la première.

Pour savoir si l’entrepreneuriat peut faire l’objet d’un enseignement, ces auteurs, ainsi

que P. SENICOURT et T. VERSTRAETE (2000), notent qu'il faudrait au préalable se

poser deux questions : qu'est-ce que l'entrepreneuriat ? Mais aussi qu'est-ce qu'enseigner ?

La "réponse" à la première question est largement débattue dans le premier chapitre. En

accord avec les deux auteurs, l'inexistence de consensus sur le concept d’entrepreneuriat

n'exclut pas le développement de connaissances pouvant se décliner en enseignements

théoriques et pratiques. Pour la seconde question, sans une immersion dans les sciences de

l'éducation, si l'on conçoit l'entrepreneuriat comme un ensemble d’aptitudes et d'attitudes

s’exprimant par des perceptions, des intentions, des actes et des comportements, alors le

système éducatif, porteur et diffuseur des cultures, peut (doit) être le vecteur de ces

diverses composantes de la culture entrepreneuriale.

Comme la plupart des champs et disciplines appartenant aux sciences sociales, et plus

précisément aux sciences de gestion, l'entrepreneuriat peut faire l'objet d'un enseignement

académique et pratique (A. FAYOLLE, 2000c, p. 78 ; B. SAPORTA, T. VERSTRAETE,

2000, p. 98). Pour J.-P. BECHARD (1998, p. 25), la question ne se pose même plus. Les

interrogations aujourd’hui portent sur les programmes de formation : "Que doit-on

enseigner aux entrepreneurs ? Comment leur enseigner ? Dans quel contexte leur

enseigner ? Et qui peut leur enseigner ?".

Selon M. BOUCHARD-D'AMOURS et Y. GASSE (1989, p. 17), "l'école est un lieu de

développement des caractéristiques entrepreneuriales potentielles et latentes". H.

LEIBENSTEIN (1968, p. 82-83) affirme que la formation à l'exercice de la fonction

entrepreneuriale peut accroître l'offre d'entrepreneurs. Evidemment, fait-il remarquer,

toutes les caractéristiques de l'entrepreneur ne peuvent faire l'objet d'une formation. Mais

beaucoup d'aptitudes qu'exige le processus entrepreneurial peuvent faire l'objet

d'enseignements (H.H. STEVENSON et J.C. JARILLO, 1990, p. 25). N.F. KRUEGER et

D.V. BRAZEAL (1994, p. 99) soutiennent que l'on peut enseigner les aptitudes à

entreprendre, que l'on peut former les individus à être plus autonomes et à encourager

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l'esprit d'initiative11. Pour J.A. KATZ (1990, p. 17), l’enseignement de l'entrepreneuriat est

l'une des formes les plus évidentes préparant les individus à la création d'entreprise12.

Si selon la formule anglo-saxonne consacrée "learning by doing" s’acquiert par

l'exercice des fonctions d'entrepreneur, des enseignements, des programmes ou des

formations en entrepreneuriat sont mieux à même de fournir les outils théoriques et

pratiques indispensables pour faire face aux futurs situations et comportements

entrepreneuriaux13. L'entrepreneuriat est un processus qui nécessite certaines aptitudes et

attitudes. Bon nombre d'entre elles peuvent s'acquérir en suivant des enseignements, des

programmes ou des formations. Ceux-ci peuvent anticiper sur des décisions que seul le

créateur ou l'individu en situation entrepreneuriale est à même d'assumer. Ils favoriseraient

probablement l'émergence d'idées ou d'opportunités d'affaire, et in fine la création

d'entreprise.

Le postulat de base de notre thèse est que l'entrepreneuriat peut faire l'objet

d'enseignements, de programmes ou de formations. L’entrepreneuriat est non

seulement une pratique et un champ de recherche, mais aussi un domaine

d’enseignement. Il peut avoir des effets sur les attitudes, les normes et les perceptions des

étudiants quant à leur choix de carrière. Les caractéristiques entrepreneuriales, révélées ou

cachées, ne pourraient se développer et prendre forme que dans un milieu propice.

La problématique de recherche

Il est important de savoir quels types d'individus créent des entreprises, pour quelles

raisons ils le font et dans quels contextes ils opèrent. Les premières recherches en

entrepreneuriat identifiaient les causes qui amènent les individus à se vouloir entrepreneur,

leurs traits et leurs caractéristiques psychologiques. La spécificité de ces recherches est de

traiter notamment des populations dans des situations ex-post, c'est-à-dire des individus qui

sont déjà créateurs et entrepreneurs.

11 "… However, research suggests that we can train individuals to behave more autonomously. We can teach self-management skills ; we can teach skills at coping with adversity ; we can visibly reward initiative taking (including unsuccessful initiative taking)". 12 "One obvious form of preparation (à l’entrepreneuriat) is business school preparation for entrepreneurship". 13 Il est surprenant de constater que S. BOUTILLIER et D. UZUNIDIS (1999, p. 136) affirment que l’esprit d’entreprise est inné et qu'il ne peut être enseigné.

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12

Depuis le début de la décennie 1990, les recherches en entrepreneuriat portent un intérêt

plus important aux phases amont, qui s'intéressent aux individus en devenir dans le

processus entrepreneurial. Ainsi, au lieu d'aborder les phénomènes sur la base de

comportements observés, il apparaît nécessaire de s’interroger d'abord sur les processus

amont pour expliquer les comportements futurs. Pour avoir une image globale de

l’entrepreneuriat, notent T. VOLERY et alii (1997, p. 277), il n’est pas suffisant d’étudier

seulement ceux qui ont concrétisé leurs objectifs (création), mais aussi ceux qui sont en

amont du processus menant à la création d’entreprise14. Pour N.F. KRUEGER et A.L.

CARSRUD (1993, p. 324), étudier un comportement futur de création d'entreprise est

inséparable des intentions qui animent les individus quant à la concrétisation de ce

comportement15.

Les processus sont moins compris lorsqu’ils sont traités rétrospectivement. Une optique

prospective de la recherche entrepreneuriale demande des modèles processuels

hypothético-déductifs qui s'intéressent à l'intention entrepreneuriale. L'entrepreneuriat est

un processus intentionnel qui exige l'utilisation de modèles adéquats qui prennent en

compte non seulement les individus qui ont concrétisé leurs projets, mais aussi ceux qui

sont en devenir (N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD, 1993, p. 316 et 327)16.

Cette thèse tente de décrire et d’expliquer la formation de l'intention

entrepreneuriale des étudiants en gestion suivant des programmes ou des formations

en entrepreneuriat. L'idée centrale de notre recherche est de comprendre l’influence

de programmes ou de formations en entrepreneuriat, au même titre que des variables

situationnelles et personnelles, sur l’intention entrepreneuriale des étudiants.

Nous nous intéressons à des populations étudiantes de niveau bac+5 (DESS Instituts

d’Administration des Entreprises, départements des Sciences Economiques et

14 "In order to get a comprehensive picture of entrepreneurship, it is not sufficient to approach only those who have fulfilled their objectives. Therefore, there is still a need to shed light on the process leading to new enterprise. In this perspective, the analysis should focus on the pre-decision stage, i.e. interest, entrepreneurial career preference, and characteristics of nascent entrepreneurs". 15 "Discussion of a target behaviour is inseparable from discussion of intentions toward that behavior". 16 "Process are less well understood retrospectively. Rather, they are best studied prospectively. We thus need testable theory-driven process models of entrepreneurial cognition which focus on intentions and their perceptual bases… Organizational emergence is an intentional process ; let us use models congruent with that reality. We should evaluate the entire emergence process including not only successful and unsuccessful entrepreneurs, but also those who change their minds or whose intentions are unrealistic. The reward for including these is a better understanding of the mechanisms by which exogenous factors influence emergence".

Page 16: Intention Entrepreneuriale

13

d’Administration Economique et Sociale, et diplômes d’écoles de management et gestion)

suivant des cursus à dominante "entrepreneuriat". Le choix de cette base de sondage

s’explique par le fait que ces étudiants sont à quelques mois d’intégrer le monde du travail

et exprimeraient une variété d’intentions de carrière. En outre, ces derniers sont dans des

contextes qui laissent supposer que leurs attitudes, leurs normes subjectives et leurs

perceptions peuvent se développer et renforcer leur intention entrepreneuriale.

Dans une perspective comparative, nous choisissons une population témoin présentant

globalement les mêmes caractéristiques que les populations précédentes (niveau de

diplôme, disciplines enseignées et débouchés professionnels). Le critère qui les distingue

est le non-suivi d’un programme ou d’une formation en entrepreneuriat ou en création

d’entreprise. Notre choix s’est porté sur des étudiants de DESS CAAE.

L'intention entrepreneuriale représente une phase forte du processus de création

d'entreprise. En amont, elle prédit l'acte d'entreprendre qui serait susceptible de se

concrétiser. L'état de l'art nous indique que l'intention ne peut être abordée que dans une

perspective processuelle qui prend en compte des facteurs personnels et contextuels. Au

sein d’un modèle hypothético-déductif, défini par le cadre général des dimensions

sociales de l'entrepreneuriat de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982), et fondé sur la théorie

du comportement planifié de I. AJZEN (1991), nous décrivons et analysons l'intention

entrepreneuriale en considérant trois groupes de facteurs :

les attitudes associées au comportement : qui sont spécifiées par l’existence d’une

idée ou d’un projet de création plus ou moins formalisé, et la recherche

d’informations ;

les normes subjectives : qui s’expriment par le besoin d’accomplissement, la

recherche de l’autonomie, la propension à la prise de risque et l’existence de

modèles d’entrepreneur ;

les perceptions du contrôle comportemental : qui se forment par les expériences

professionnelles et associatives, les programmes ou les formations en

entrepreneuriat, l’accessibilité des ressources financières, des informations et

conseils.

Nous voulons tester un modèle intentionnel élaboré à partir de la revue documentaire,

de nos choix théoriques, méthodologiques et de nos réflexions personnelles. Il se base

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14

essentiellement sur des travaux américains et scandinaves. Ce modèle mobilise une

approche psychosociologique fondée sur la théorie du comportement planifié (TOPB :

Theory Of Planned Behaviour). Les recherches en entrepreneuriat utilisent très peu de

modèles fondés sur l'intention entrepreneuriale. Cependant, selon N.F. KRUEGER et A.L.

CARSRUD (1993, p. 320), quelques recherches annoncent de bonnes perspectives pour ce

type d'approches17.

Avant de donner plus loin un aperçu global de notre "protocole" de recherche, nous

résumons l’articulation de notre démarche en distinguant ce qui est à décrire et à expliquer,

ce qui se traduit en variables mesurables et les modes d'investigation choisis pour les

enquêtes.

Figure 1 - L’articulation du sujet, de l’objet d’étude et des modes opératoires

Les intérêts de la recherche

L’entrepreneuriat ne peut se contenter d’études en aval, notamment celles concernant

l’acte d’entreprendre. Les recherches qui s’opèrent en amont permettent de mieux

17 "Few entrepreneurship studies explicitly consider intentions-based models. However, some existing research indicates this would be a fruitful approach".

Ce que l'on cherche à comprendre, décrire et analyser

Ce que l'on cherche à observer

SUJET DE RECHERCHE INTENTION ENTREPRENEURIALE

Facteurs influençant l'intention : Attitudes associées au comportement Normes subjectives Perceptions du contrôle comportemental

MODES OPERATOIRES

- Consultations d'experts - Questionnaires auto-administrés

VARIABLES MESURABLES

OBJET DE RECHERCHE - Etudiants en gestion suivant des formations ou des programmes en entrepreneuriat.- Etudiants en DESS CAAE ne suivant pas de programmes en entrepreneuriat

Page 18: Intention Entrepreneuriale

15

expliquer celles qui se font sur la base de comportements observés. Elles les enrichissent et

les consolident.

L’étude de l'intention entrepreneuriale accorde un intérêt croissant aux attitudes et aux

perceptions. Elle nous éclaire sur les facteurs personnels et situationnels qui interviennent

dans le processus de création d’entreprise au sein de populations étudiantes. Nous situons

ainsi l'ambition de notre recherche à un double niveau, théorique et pratique.

Sur le plan théorique

Comme pour toute démarche scientifique, notre recherche qui s’attache, au sein d’un

modèle multidimensionnel, à explorer un concept central du processus entrepreneurial, doit

apporter une contribution originale dans le progrès des connaissances. Elle tente de :

décrire et d'analyser, dans un champ en devenir, une phase du processus

entrepreneurial. L'intention entrepreneuriale permet de prédire les comportements.

Comprendre et expliquer ce processus cognitif nous informera pourquoi et comment un

individu est engagé dans le processus entrepreneurial, bien avant d’arriver au stade de

l’opportunité ou de décider quel type d'activité lancer par exemple. Notre recherche

est innovatrice car elle s’intéresse à des entrepreneurs potentiels. La quasi-totalité

des travaux en entrepreneuriat portent sur des entrepreneurs déjà établis et ne nous

renseignent, de ce fait, que peu ou pas du tout sur les phases amont du processus de

création d’entreprise ;

élaborer des concepts pour éclairer les recherches dans le champ de l’entrepreneuriat.

Nous espérons, à travers nos acceptions des concepts de l'entrepreneuriat, de

l'entrepreneur, des aptitudes, des attitudes et de l’intention entrepreneuriales, contribuer

à lever certaines "zones d’ombre et de contradiction" ;

construire des instruments de mesure pertinents, capables d'appréhender

l'intention entrepreneuriale. Sur l’opérationnalisation des construits, la revue de la

littérature en a révélé quelques-uns. Mais la majorité des items est élaborée à partir de

consultations d’experts, d’universitaires et de professionnels, et de réflexions

personnelles. Leur reproduction par des études empiriques sur des échantillons de

différents établissements et pays, pourrait consolider leur validité et contribuer à leur

généralisation ;

Page 19: Intention Entrepreneuriale

16

élaborer un modèle de l’intention entrepreneuriale, et contribuer par son test à

l'organisation, à l'accumulation et au développement des connaissances pour

mieux éclairer le cheminement du processus menant à l'acte d'entreprendre.

Mieux comprendre les actions des créateurs, exige un "stock" de connaissances sur

chacune des phases en amont du processus entrepreneurial, et sur les différentes

catégories de créateurs potentiels (des étudiants suivant des programmes ou des

formations en entrepreneuriat). Cette organisation et ce développement des savoirs

permettent un meilleur positionnement des chercheurs dans le champ de

l’entrepreneuriat.

Sur le plan pratique

Nous faisons une recherche en entrepreneuriat, mais tout d'abord, nous appartenons à la

communauté des chercheurs en sciences de gestion. Positionné de la sorte et en gardant les

impératifs utilitaristes de la recherche, cette dernière doit proposer des moyens et des outils

susceptibles d'améliorer la pratique.

Dans un souci de production de connaissances en phase avec la demande sociale, notre

projet coïncide avec des faits sociaux et économiques qui sont d'actualité. Les programmes

et les formations en entrepreneuriat foisonnent en France depuis le milieu des années 1990.

Notre rôle social nous confronte à des contraintes d’opérationnalité qui nous amène à

conforter (ou infirmer) l'influence de ces programmes et de ces formations en

entrepreneuriat sur l'intention d’entreprendre.

Les investissements pédagogiques, matériels et humains engagés par l'Etat, les

universités (notamment les IAE et les UFR de Droit, Sciences Economiques et Gestion),

les écoles de management et gestion, les organismes consulaires et les entreprises,

nécessitent un corpus de connaissances qui les informe des effets des programmes et des

formations en entrepreneuriat. Parmi d’autres variables, nous cherchons à appréhender

leurs influences sur l’intention entrepreneuriale à travers :

le changement des perceptions des étudiants ;

le changement des attitudes des étudiants par leurs engagements dans le processus

entrepreneurial. Ces engagements se manifestent par l’existence d’une idée ou

Page 20: Intention Entrepreneuriale

17

d’un projet d’affaire, et par la recherche d’informations en vue de mieux les

formaliser et les traduire en opportunités susceptibles de se concrétiser.

Puisque l’intention entrepreneuriale se situe en amont de l’acte de création, cette

recherche a donc pour intérêt pratique de déceler parmi les étudiants ceux qui détiennent

des projets et manifestent l’intention de les concrétiser. Elle est un "signal" pour

accompagner et suivre ces projets vers une maturité qui nécessite des soutiens et des

conseils personnalisés. Les responsables en charge des systèmes d’appui et de soutien à la

création d‘entreprise se trouveront face à des porteurs de projets qu’ils souhaitent conforter

et appuyer par les moyens classiques que l’on connaît.

Même si notre thèse se limite à l'intention, le bon sens suggère que lorsque cette

dernière se forme, qu'elle se concrétise (de suite ou de façon différée) ou non, une réponse

positive est donnée à des programmes ou des formations en entrepreneuriat en ce qu'ils

influencent le processus de passage à l'acte.

Le modèle de l’intention entrepreneuriale que nous validerons représente, pour les

responsables de diplômes visant essentiellement à former des créateurs d’entreprise, un

instrument facilitant l’analyse des profils pour le recrutement d’étudiants.

Globalement, ce travail s'adresse aux étudiants et diplômés des IAE, des écoles de

management et gestion et des écoles d’ingénieurs qui souhaitent s’orienter vers des

programmes ou des formations en entrepreneuriat ou en création d’entreprise, et aux

professeurs et responsables pédagogiques de ces établissements qui désirent répondre aux

demandes des étudiants et qui s’interrogent sur les objectifs et les contenus des

enseignements et des programmes entrepreneuriaux. Cette thèse intéresse les responsables

politiques et économiques, soucieux d'améliorer l'adéquation entre les demandes sociales

en entrepreneuriat et en création d’entreprise et les besoins économiques. Enfin, nous

destinant nous-même à l'enseignement de la Gestion, l'investigation de ce sujet répond à

une curiosité personnelle.

Page 21: Intention Entrepreneuriale

18

Justification du plan de la thèse

Le plan de la thèse, repris dans la figure 2, se présente en trois parties. Les objectifs de

chaque chapitre y sont détaillés. Ceux-ci ont pour finalité de justifier la construction du

plan, notamment la partie théorique qui aboutit à l’élaboration du modèle de recherche.

La première partie "Compréhension du processus entrepreneurial et problématique

de recherche" relate des incursions dans la littérature qui nous semblent impératives pour

la justification des hypothèses de recherche, et donc du modèle de l’intention

entrepreneuriale. Elle présente le positionnement de la thèse dans le champ de

l’entrepreneuriat. Elle tente de cerner l’évolution et les constructions théoriques de ce

champ à travers trois approches. Elle formule la problématique, notre acception de

l’intention entrepreneuriale et le décalage entre les logiques d’intention et d’action dans le

déroulement du processus de création d’entreprise.

Cette partie approche l'entrepreneur et son rôle dans la pensée économique. L’analyse

des caractéristiques et des typologies d’entrepreneur s’est avérée particulièrement

intéressante pour générer les hypothèses. Pour aller plus en profondeur dans la

compréhension du processus entrepreneurial, cette partie traite des mobiles et des facteurs

contingents susceptibles d’expliquer l’intention entrepreneuriale et l’acte de création.

Pour bien situer l’intention entrepreneuriale dans son contexte, la deuxième partie "Un

modèle théorique de l’intention entrepreneuriale à travers un processus marqué par

des programmes ou des formations en entrepreneuriat", s’attarde sur la dualité du

système d’enseignement en France, sur l’accès aux fonctions dirigeantes et à responsabilité

des diplômés en gestion, sur les programmes, les formations et les pédagogies pratiquées

dans l’enseignement de l’entrepreneuriat en France. Ceci débouche sur l’élaboration d’un

cadre d’analyse de l’enseignement de l’entrepreneuriat en France qui combine les

méthodes pédagogiques, les niveaux d’intervention et les objectifs de formation. Cette

partie a pour but de présenter le cadre théorique, d’asseoir les fondements conceptuels du

cadre d'analyse et de générer les hypothèses de recherche. Enfin, elle élabore un modèle de

l’intention entrepreneuriale d’étudiants suivant des programmes ou des formations à

dominante entrepreneuriat.

Page 22: Intention Entrepreneuriale

19

La troisième partie "Méthodologie empirique, résultats et analyses" décrit la

méthodologie empirique utilisée. Celle-ci s’inspire de la méthode de G.A. CHURCHILL

(1979). Elle argumente le choix de la démarche hypothético-déductive appuyée sur une

approche qualitative de consultations d’experts en entrepreneuriat. Elle détaille la

construction du questionnaire et présente la méthode d’échantillonnage, les terrains

d’investigation et les populations observées. Elle contient la procédure de collecte des

données.

Cette partie a aussi pour objet d’exposer les analyses descriptives (données socio-

démographiques), les analyses de dimensionnalité et de fiabilité (analyses factorielles et

alpha de Cronbach) et les tests de validation qui confirment ou infirment les hypothèses de

recherche (méthodes de ANOVA à un facteur, de régressions simple et multiple ainsi que

la corrélation multiple). Nous arrivons ainsi à un modèle testé et validé de l'intention

entrepreneuriale de populations étudiantes suivant des programmes ou des formations en

entrepreneuriat

La conclusion générale synthétise les principaux apports de cette recherche et ses

implications théoriques et pratiques. Nous présentons également les limites et les

principaux prolongements de ce travail qu’il nous semble nécessaire d'explorer. Enfin,

dans les annexes, nous avons sélectionné les documents, les informations et les données

utiles pour une meilleure illustration de nos commentaires.

Page 23: Intention Entrepreneuriale

20

Première partie Compréhension du processus

entrepreneurial et problématique de recherche

Chapitre 1 Positionnement de la recherche

dans le champ de l’entrepreneuriat et

problématique

Chapitre 2 L’entrepreneur : des théories économiques aux approches

interdisciplinaires

Chapitre 3 Le processus entrepreneurial amont : mobiles et facteurs

contingents

OBJECTIFS DU CHAPITRE

- Acception du concept d’entrepreneuriat : positionnement de la recherche. - Mise en perspective de l’évolution de la recherche en entrepreneuriat vers l’approche processuelle. - Présentation de la problématique. - Délimitation du sujet : acception du questionnement principal de la recherche.

Identification dans la littérature des facteurs susceptibles de nous éclairer sur les variables à retenir dans le modèle

de l’intention entrepreneuriale. - Analyse de l’évolution du concept d’entrepreneur dans les théories économiques : synthèse de cette évolution à travers un schéma ; acception personnelle du concept d’entrepreneur. - Analyse interdisciplinaires des caractéristiques de l’entrepreneur et du créateur d’entreprise : mise en exergue du dynamisme typologique.

Identification dans la littérature des facteurs susceptibles de nous éclairer sur les variables à retenir dans le modèle

de l’intention entrepreneuriale. - Compréhension et analyse au sein du processus entrepreneurial amont : des mobiles qui guident les individus vers l’acte d’entreprendre ; des facteurs contingents qui peuvent favoriser cet acte.

INTITULES DES PARTIES ET DES CHAPITRES

Page 24: Intention Entrepreneuriale

21

Figure 2 - Justification du plan de la thèse

Deuxième partie Un modèle de l’intention

entrepreneuriale à travers un processus marqué par des

programmes ou des formations en entrepreneuriat

Troisième partie Méthodologie empirique,

résultats et analyses

OBJECTIFS DU CHAPITRE

Chapitre 5

Le cadre théorique de référence

Chapitre 6

Proposition d’un modèle de l’intention entrepreneuriale

Chapitre 7 La méthodologie empirique : une démarche hypothético-déductive inscrite au sein de

la méthode de G.A. CHURCHILL (1979)

Chapitre 9 Un modèle de l’intention

entrepreneuriale validé dans un contexte de

l’enseignement de l’entrepreneuriat

- Justification du choix de la démarche hypothético-déductive et de la méthode de G.A. CHURCHILL (1979). - Définition des principaux construits : traduction des questions de recherche en variables à mesurer. - Elaboration du questionnaire. - Méthode d’échantillonnage et composition des populations observées. - Procédure de recueil de données.

- Analyses socio-démographiques et tests de validité des construits : tris croisés ; tests de dimensionnalité et de fiabilité.

Chapitre 8

Caractéristiques descriptives et analyses d’homogénéité

- Détermination du cadre théorique de la recherche : Le modèle de la formation de l’événement entrepreneurial de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982) ; la théorie du comportement planifié de I. AJZEN (1991). - Illustration de l’applicabilité de la théorie du comportement planifié par le biais de deux modèles.

- Définitions et acceptions des variables explicatives de l’intention entrepreneuriale. - Elaboration d'un corps d'hypothèses. - Conceptualisation des questions de recherche au sein d'un modèle.

- Tests statistiques de validation d’hypothèses : ANOVA à un facteur. régression simple. régression multiple. corrélation multiple.

INTITULES DES PARTIES ET DES CHAPITRES

Chapitre 4 Un cadre général d’analyse

de l’enseignement de l’entrepreneuriat en France

Analyse d’une variable contextuelle de l’intention entrepreneuriale : l’enseignement de l’entrepreneuriat.

- Acception. - Mise en exergue de son intégration graduelle dans le système éducatif supérieur. - Historique en France. - Analyse des objectifs et des pédagogies en oeuvre. - Mise en perspective des approches transversales s’appuyant sur des pédagogies par projet. - Elaboration d’un cadre général d’analyse en France.

Page 25: Intention Entrepreneuriale

22

PARTIE I - COMPREHENSION DU PROCESSUS

ENTREPRENEURIAL ET PROBLEMATIQUE DE

RECHERCHE

Page 26: Intention Entrepreneuriale

23

INTRODUCTION

Cette première partie "Compréhension du processus entrepreneurial et

problématique de recherche" se décline en trois chapitres.

Traiter de l'intention entrepreneuriale exige au préalable une compréhension de

l’entrepreneuriat, de l’évolution de la recherche dans ce champ et un positionnement du

chercheur. Dans le premier chapitre, nous parcourons quelques définitions et approches

d'un concept controversé : l'entrepreneuriat. Nous en présentons notre propre acception.

Nous retraçons les évolutions et les trois approches qui délimitent ce champ (descriptive,

comportementale et processuelle). Nous présentons ensuite des modèles processuels

d'entrepreneuriat.

Ce chapitre permet également de délimiter le sujet et la problématique de recherche.

Nous donnons notre acception de l’intention qui met en exergue la volonté personnelle au

sein d’un processus cognitif. Nous cernons les contours de la problématique par le

décalage entre la logique d’intention et d’action et l’hypothèse de stabilité temporelle qui

régit l’intention entrepreneuriale.

Dans le chapitre deuxième, nous abordons plus particulièrement l'"agent" qui est à la

base de toute création et innovation. Nous essayons de saisir, en puisant dans les origines

et les sources économistes, depuis R. CANTILLON jusqu'aux auteurs contemporains, la

métamorphose du concept d’entrepreneur et son rôle dans l'activité économique. Ce

personnage mythique cède du terrain à l'"organisation" à la fin du XIXème siècle et se

"réinvente" avec J. SCHUMPETER. Il se conforte à partir des années 1970 et voit

apparaître deux figures d'entrepreneur qui marquent l'économie d'aujourd'hui :

l’entrepreneur "social" et l’entrepreneur "virtuel". En synthèse de ce tour d’horizon dans la

littérature, nous présentons un schéma (figure 9) qui indique les principales figures

d’entrepreneur selon les évolutions socio-économiques. Nous donnons, en adéquation avec

notre approche du concept d’entrepreneuriat, notre propre acception du concept

d'entrepreneur.

Ensuite, nous mettons en relief l’introduction des approches interdisciplinaires dans le

champ de l’entrepreneuriat. Celles-ci intègrent, parallèlement aux analyses économiques,

Page 27: Intention Entrepreneuriale

24

des dimensions psychologiques, sociologiques et managériales. Nous présentons celles qui

sont les plus répandues dans les recherches menées sur ce thème. Nous exposons des

typologies d’entrepreneur en insistant sur leur dimension dynamique.

Pour mieux cerner la formation de l’intention, le chapitre trois analyse les mobiles qui

animent les individus au sein du processus entrepreneurial. Ceux-ci nous informent sur

leurs motivations entrepreneuriales. Nous exposons des facteurs contingents qui, au cours

de ce processus, peuvent renforcer l’intention, voire l’acte de création. Nous insistons sur

le passé professionnel susceptible d’augmenter les perceptions des aptitudes

entrepreneuriales, l’ancrage territorial et les systèmes d’appui et de soutien à la création

d’entreprise qui peuvent influencer les perceptions de disponibilité des ressources des

porteurs de projet.

Page 28: Intention Entrepreneuriale

25

Chapitre 1 - Positionnement de la recherche dans le champ de

l’entrepreneuriat et problématique

"Entrepreneurship is a process of becoming rather then a state of being".

William.D. BYGRAVE (1989a)

Des articles fondateurs et fondamentaux de la recherche ont traité et traitent toujours du

sens à donner au concept d’entrepreneuriat. La recherche dans ce champ s'est développée

dans les années d'après-guerre grâce aux économistes et aux historiens d'entreprise. Le

Research Center in Entrepreneural History Of Harvard créé en 1948 a connu une intense

activité dans le champ durant les années 1950 et a réellement prospéré à la fin de la

décennie 1960 (C. BRUYAT, 1993, p. 32-3318). Les décennies 1980 et 1990 ont vu

foisonner des recherches (américaines pour l'essentiel) traitant du concept

d'entrepreneuriat. En France, d'éminents travaux de thèse ont été consacrés à la

modélisation entrepreneuriale (C. BRUYAT, 1993 ; A. FAYOLLE, 1996 ; S. MARION,

1999 ; P. SENICOURT 1997 ; T. VERSTRAETE, 1996).

En l'état actuel de la recherche, il n'est pas possible de ne pas "revisiter" le concept et la

genèse du champ de l'entrepreneuriat. Primo, la théorisation entrepreneuriale est en

plein "chantier" et cela nécessite d'exposer son évolution et ses tendances actuelles.

Secundo, notre recherche doit se situer dans le champ de l'entrepreneuriat

caractérisé par la diversité, la multiplicité et parfois les contradictions entre les

approches.

Notre présentation reprend des approches et des définitions du concept

d’entrepreneuriat afin de le situer dans la construction théorique. Nous donnons notre

propre acception de ce concept en nous inscrivant dans une dimension processuelle. Dans

un deuxième temps, nous retraçons les trois grands axes de l'évolution de la recherche en

entrepreneuriat depuis R. CANTILLON jusqu'à nos jours. Ensuite, nous mettons en relief

18 Un des premiers précurseurs français qui a ouvert la voie de la dimension processuelle. Sa thèse, avec une impressionnante bibliographie d'une quarantaine de pages, a posé les jalons de la recherche entrepreneuriale en France. Elle est source d'inspiration pour plusieurs travaux.

Page 29: Intention Entrepreneuriale

26

des modèles processuels en vue de rendre compte de la diversité, de la

multidimensionnalité et de la complexité du phénomène entrepreneurial.

En adoptant la dimension processuelle de l’entrepreneuriat, l'objet de ce chapitre est

également d’en présenter une phase forte : l’intention entrepreneuriale qui constitue notre

problématique de recherche. Notre acception du questionnement principal insiste sur la

volonté personnelle qui s’exprime à travers un processus cognitif. Nous passons en revue

le décalage entre les logiques d’intention et d’action dans le processus de création

d’entreprise. Avant de conclure, nous posons l’hypothèse de stabilité temporelle à

moyenne échéance de l’intention entrepreneuriale.

1.1. Un concept multiforme et controversé

La revue de la recherche académique révèle d'emblée que le concept

d'entrepreneuriat divise plus qu'il ne réunit. Le constat est déjà formulé à l'aube de la

genèse de ce champ par A. SHAPERO et L. SOKOL (1982, p. 77)19. J.M. CRANT (1996,

p. 43) au même titre que W.G. DYER (1994, p. 7), W.B. GARTNER (1990), A. GIBB et J.

COTTON (2002, p. 4), L.-J. FILION (1997, p. 142) et E.-M. HERNANDEZ (1999, p. 46),

affirme qu'il n'y a pas d'accord, ni au sein de la communauté universitaire, ni chez les

praticiens, sur le contenu de l'entrepreneuriat. L’exposé de certaines définitions en rend

compte.

1.1.1. Des approches et des définitions

Pour P.-A. JULIEN et M. MARCHESNAY (1996), le vocable d'entrepreneuriat dans la

littérature tourne généralement autour de trois concepts : l'entrepreneur, l'esprit

d'entreprise20 et la création d'entreprise. Dans une étude réalisée auprès d'hommes

19 "… any cursory review of the literature finds a very large diversity of definitions or implied definitions of entrepreneurs and entrerpreneurship". 20 Pour une large revue de la littérature sur le concept d’esprit d’entreprise, le lecteur peut se rapporter aux ouvrages de B. PONSON et J.-L. SCHAAN (1993, 502 pages) et B. BERGER et alii (1993, 265 pages). Accessoirement, d’autres auteurs, notamment G. GILDER (1985, p. 110-111 et 217), P. DRUCKER (1985, p. 11, 16, 45 et 46), A. LABOURDETTE (1992 ) et D. MUZYKA et N.C. CHURCHILL (1998, p. 288-292) présentent des éléments d’analyse sur ce concept.

Signalons que ces auteurs utilisent, indifféremment, les termes "esprit d’entreprise" et "esprit d’entreprendre". Nous avons opté pour le premier, plus répandu dans la littérature entrepreneuriale.

Page 30: Intention Entrepreneuriale

27

politiques, de chercheurs et de chefs d'entreprise de grande renommée, W.B. GARTNER

(1990) a recensé quarante quatre définitions de l'entrepreneuriat21. Celles-ci sont réparties

en huit thèmes récurrents qui semblent, conclut-il, refléter les différentes parties d'un même

phénomène. Dans un autre article, W.B. GARTNER (1988, p. 23) avance que si l'on peut

définir qui est entrepreneur, alors on saura ce qu'est l'entrepreneuriat22.

Pourquoi cette diversité et cette division ? Chaque auteur s'exprime avec une volonté

différente de comprendre des phénomènes et des comportements entrepreneuriaux afin de

mieux organiser et structurer les connaissances dans le champ de l’entrepreneuriat. Nous

exposons des définitions qui reflètent la diversité, la division, et par moment, la confusion

dans les approches.

L.-J. FILION (1997, p. 156) définit l'entrepreneuriat comme étant "le champ qui étudie

la pratique des entrepreneurs : leurs activités, leurs caractéristiques, les effets

économiques et sociaux de leur comportement ainsi que les modes de soutien qui leur sont

apportés pour faciliter l'expression d'activités entrepreneuriales".

Pour E.-M. HERNANDEZ (1999, p. 19-21), la démarche entrepreneuriale au sens large

prend plusieurs aspects tels que la PMIsation juridique, la croissance interne, la franchise,

l'essaimage23, la reprise d'entreprise24 et la création ex-nihilo. Dans le même esprit, S.

BIRLEY et D. MUZYKA (1998a, p. 14-15) voient que le champ de l'entrepreneuriat prend

un sens vague et varié. On retrouve les thèmes du rachat d'entreprise par les salariés, de

l'acquisition d'entreprise par une équipe de direction extérieure ("MBO : Management buy-

out"), du rachat d'entreprise par le management en place ("MBI: Management buy-in"), de

la franchise, du développement de nouvelles activités au sein des grandes entreprises

("corporate entrepreneurship")25, des entreprises familiales et des entreprises publiques.

21 Selon C. BRUYAT (1993, op.cit., p. 45), il est l’un de ceux ayant fait le plus progresser l'entrepreneuriat ces dernières années. 22 "If we can just find out who the entrepreneur is, then we'll know what entrepreneurship is". 23 Concernant ce concept, le lecteur peut se référer à P. ALBERT (1997, p. 42), F. PEIGNE (1995, 4 pages) et au site de la Commission Nationale de la Création d’Entreprise (CNCE - Commission "Essaimage" -, http://www.apce.com, avril 1998, 22 pages). D. LE COZ (1996) et H. DAVAL (2002) donnent une bonne illustration des facteurs de succès et d’échec de l’essaimage en tant que politique stratégique de gestion des ressources humaines. 24 Sur les particularités du processus "repreneurial" par rapport au processus de création d’entreprise, la modélisation de B. DESCHAMPS (2002) est un exposé enrichissant et clair. 25 Cf. à ce sujet H.H. STEVENSON, J.C. JARILLO (1990).

Page 31: Intention Entrepreneuriale

28

H.H. STEVENSON et J.C. JARILLO (1990, p. 23) affirment que définir

l'entrepreneuriat est une tentative d'ordre sémantique. Réduire son champ risque d'exclure

des travaux qui peuvent être utiles dans plusieurs domaines. L'élargir peut dissoudre sa

particularité de champ d'études spécifique. Dans tous les cas, constatent-ils, l'essence de

l'entrepreneuriat est la volonté de concrétiser une opportunité sans tenir compte au

préalable des ressources disponibles. Par opportunité, ces auteurs entendent une situation

future qui est considérée comme souhaitable et réalisable26. N.F. KRUEGER et D.V.

BRAZEAL (1994, p. 91) rejoignent (sans en faire référence) H.H. STEVENSON et J.C.

JARILLO (1990) dans leur conception de l'entrepreneuriat27.

M.G. SCOTT (1998, p. 193-195) postule que "l'entrepreneuriat consiste à mettre à

profit de façon créative les valeurs de l'environnement". D. MUZYKA et N.C.

CHURCHILL (1998, p. 288) définissent l'essence de l'entrepreneuriat comme "la faculté

d'identifier et de faire fructifier une valeur marchande en faisant coïncider une innovation

et un besoin".

Le monde universitaire représenté par l'Académie de l'Entrepreneuriat qui regroupe

l'élite francophone en la matière, s'accorde sur l'absence d'une définition ultime de

l'entrepreneuriat, autant par la complexité que par la diversité du phénomène. L'Académie

convient qu'"A ce jour, on ne peut pas augurer d'un prochain consensus s'agissant d'une

définition de l'entrepreneuriat (comme on ne peut croire en une définition de la firme, ou

bien d'autres objets ou champs de recherche, quelle que soit la discipline d'ailleurs). La

complexité du phénomène entrepreneurial et la diversité de ses manifestations expliquent

sans doute que toute définition réduit, voire ampute, l'appréhension des formes qu'il

revêt"28. Mais respectant son statut et son rôle d'organisme fédérateur en matière de

26 "Defining entrepreneurship is, nevertheless, an important question, albeit semantic, because a definition too narrow may render much useful research inapplicable to important areas, such as corporate entrepreneurship. On the other hand, too broad a definition may make entrepreneurship equivalent to good management, thus effectively dissolving it as a specialized field of study… But in any case the essence of entrepreneurship is the willingness to pursue opportunity, regardless of the resources under control. It is typical of entrepreneur "to find a way"…Opportunity is defined as a future situation which desirable and feasible".

Quelques années plus tard, H.H. STEVENSON (1998, p. 23) convient toujours de l'acception opportunité/ressources mais en l'approfondissant. Il écrit que l'entrepreneuriat est "une approche du management que nous définissons comme la volonté de concrétiser une opportunité, indépendamment des ressources disponibles au départ". Il affine cette définition par une analyse de six paramètres, qu'il juge essentiels, pour un management entrepreneurial : l'orientation stratégique, le degré d'engagement, l'engagement des ressources et leur maîtrise, la structure managériale et la politique de rémunération. 27 "We define "entrepreneurship" as "the pursuit of an opportunity irrespective of existing resources"". 28 http://www.entrepreneuriat.com/these.html.

Page 32: Intention Entrepreneuriale

29

recherche, à titre indicatif et provisoire, elle propose sa définition : "Au sens large, le

champ de l’entrepreneuriat couvre tous les aspects de l’engagement de l’entrepreneur,

tant professionnels que personnels, qui apparaissent lors de la création de l'entreprise et

tout au long du cycle de vie de celle-ci. Il s’étend aussi à la fonction sociétale de

l’entrepreneur et à ses manifestations dans des contextes culturels variés"29.

1.1.2. Le positionnement de la recherche : une perspective processuelle

Les approches et les définitions ci-dessus tentent de reproduire un des aspects de

l'entrepreneuriat. Il n'est nullement indiqué, du moins de manière nette et affirmée, que

l'entrepreneuriat soit un phénomène et un processus dont les interactions sont diverses et

complexes. E.-M. HERNANDEZ (1999) nous conforte dans ce constat en décomposant

l'évolution de la recherche en trois grandes étapes.

La première, qualifiée de "fondamentaliste", consiste en une conception abordée selon

une logique unique. Il est question de mettre à nu les caractéristiques et les profils de

l'entrepreneur et du créateur d'entreprise. L'extrême variété des entrepreneurs et des

créations d'entreprise réfute l'universalisme. La "contingence" matérialise la deuxième

étape qui tisse des liens entre l'efficacité et l'adaptation, ainsi qu'avec la cohérence du

concept d'entrepreneuriat et l'environnement de l'individu. La dernière phase est centrée sur

l'aspect "processuel" du phénomène et marque une nette rupture avec les précédentes.

Il est bien entendu que si l'on veut mener à bien une recherche, il faut se positionner

dans le champ sur lequel on travaille (M. GRAWITZ, 1996, p. 348)30. Les raisonnements

que nous développons tout au long de cette thèse exigent de nous impliquer dans la

construction théorique du champ de l'entrepreneuriat et de proposer notre propre

acception du concept31. Celui-ci n’est pas seulement une aide pour percevoir, mais une

façon de concevoir. Il exerce un premier tri au milieu du flot d’impressions qui nous

29 Nous regrettons tout de même de ne pas retrouver la dimension processuelle de l'entrepreneuriat de façon claire et prononcée. 30 La dernière édition de cet ouvrage est apparue en 2001. 31 Certains chercheurs, sans doute très prudents, se refusent de donner une définition, voire même une acception de l'entrepreneuriat. Il en est ainsi de B. SAPORTA et T. VERSTRAETE (2000, op.cit., p. 98) qui notent : "…il nous semble que l'entrepreneuriat est un phénomène trop complexe pour être réduit à une définition".

Page 33: Intention Entrepreneuriale

30

submergent, organise notre compréhension du champ et fonde nos choix théoriques

ultérieurs.

Il n'existe pas de meilleure définition de l’entrepreneuriat, mais des acceptions et des

approches qui répondent à des problématiques et des projets de recherche pertinents. Nous

considérons l'entrepreneuriat comme un processus dynamique et complexe. Il est le

fruit de facteurs psychologiques, sociaux, culturels, politiques et économiques. Il

prend la forme d’attitudes, d’aptitudes, de perceptions, de motivations et de

comportements qui se manifestent dans un contexte donné. Il peut s’exprimer sous

diverses formes telles que l'intrapreneuriat, l'essaimage, la franchise ou la filialisation.

Cependant, la création d'entreprise constitue pour nous la manifestation la plus

visible du phénomène entrepreneurial. Elle prend le sens d’une opportunité que nous

assimilons à la concrétisation d'un projet pérenne avec les risques y afférents32. Il doit

y avoir, pour reprendre les termes de C. BRUYAT (1993, p. 169), "une double

: nouveauté pour le créateur et nouveauté pour l'entreprise".

La dimension processuelle n’est intégrée dans le champ de l’entrepreneuriat que depuis

une dizaine d’années. Pour en arriver là, les recherches dans le domaine ont connu trois

grandes tendances que l'on peut distinguer dans l’axe du temps. Mais les deux dernières

tendances se sont développées en tissant des liens théoriques avec celles qui les ont

précédées.

1.2. La "trilogie" de la recherche dans le champ de l'entrepreneuriat

A ce jour, on peut schématiser l’évolution de la recherche en entrepreneuriat selon trois

grands courants de pensée. Jusqu'à la fin de la décennie 1980, tout comme l'entrepreneur

depuis deux siècles et demi, la recherche a connu essentiellement deux approches :

descriptive et fonctionnelle (comportementale). Globalement, la première voulait répondre

à la question "Qui est… ?". La seconde tentait de répondre à la question "Que fait… ?".

La décennie 1990 a vu naître une approche qui tient compte du dynamisme du processus et

32 Certains "entrepreneurs" sont spécialisés dans la création d'entreprise dans l'ultime perspective de revendre, à l'image de ce qui se fait actuellement avec les jeunes pousses. La notion de pérennité, telle que nous l’entendons ici, "voile" à peine celle de "persistance" de T. VERSTRAETE (2001, op.cit.). Ainsi nous nous rangeons dans la lignée des auteurs qui assimilent innovation et création d’entreprise. Nous citons notamment K.G. SHAVER et L.R. SCOTT (1991, p. 39) ("After all, new venture creation is nothing if not innovation, taking the unforeseen with the foreseeable").

Page 34: Intention Entrepreneuriale

31

du phénomène entrepreneurial. Cette approche s’intéresse davantage au "Pourquoi… ?"

et au "Comment… ?".

Chronologiquement, nous présentons l'évolution des recherches en entrepreneuriat en

distinguant trois approches : descriptive, comportementale et processuelle33.

1.2.1. L'approche descriptive : les limites "économistes" dans l'élaboration du champ de

l'entrepreneuriat

Cette approche a pris forme dans les premiers écrits des théories économiques et s’est

quelque peu atténuée depuis la fin de la décennie 1970. En analysant le rôle que joue

l'entrepreneur dans la croissance économique, en définissant l'entrepreneur par ses

fonctions économiques et sociales et en le décrivant par ses caractéristiques, l’économie a

concentré l’essentiel de la recherche en entrepreneuriat. Cette dernière peut se résumer

essentiellement en des essais de définition de l'entrepreneur, du manager ou du

propriétaire-dirigeant34. Chaque grand courant de pensée, selon les changements socio-

économiques, insiste sur des caractéristiques et des fonctions entrepreneuriales spécifiques.

L'entrepreneuriat a été donc identifié par les économistes comme une construction utile

pour mieux comprendre le développement économique. Cependant, H. LEIBENSTEIN

(1968, p. 1) conclut qu'il n'est pas possible d'établir un modèle complet et détaillé du

développement économique en relation avec l'entrepreneuriat. Il va même jusqu'à écrire

que la théorie de la concurrence donne l'impression qu'il n'y a nul besoin en ce domaine.

Cela résulte, argumente-t-il, du fait que cette théorie cache le rôle vital de l'entrepreneur35.

33 En présentant l’évolution des recherches en entrepreneuriat en plusieurs rubriques (questions principales, types d'approche, échelle temporelle, domaines scientifiques principaux, objets d'étude, paradigmes dominants et méthodologies utilisées), A. FAYOLLE (2000c, op.cit., p. 404) donne une autre vue synthétique qui nous semble bien cerner la question. Cependant quelques divergences subsistent dans nos points de vue, notamment pour ce qui est des paradigmes dominants dans le champ de l’entrepreneuriat.

I. DANJOU (2002) présente une autre évolution de la recherche en entrepreneuriat selon trois angles d’attaque : le contexte, l’acteur et l’action. L’approche de l’auteur éclaire la littérature en retraçant ces trois dimensions selon les facteurs suivants : les questions clés, les disciplines de base, les angles de vue, les contributions et les définitions types. 34 Cf. infra., chap.2 "L’entrepreneur : des théories économiques aux approches interdisciplinaires" qui sera entièrement dédié aux concepts d'entrepreneur et de manager dans la théorie économique et à son émergence sociale. 35 "The received theory of competition gives the impression that there is no need for entrepreneurship… The answer is that the standard competitive model hides the vital function of the entrepreneur".

Page 35: Intention Entrepreneuriale

32

W.R. SANDBERG (1992, p. 87) est arrivé à la conclusion qu'il y a davantage d'espoir

pour un développement d'une théorie de l'entrepreneuriat depuis que les faiblesses de

l'approche descriptive sont devenus évidentes36. D.M. RAY (1993, p. 349) s’aperçoit que le

champ de l'entrepreneuriat s'est longtemps retranché derrière l'approche descriptive, ce qui

n'a pas nécessairement amélioré notre compréhension du phénomène entrepreneurial37.

Plusieurs auteurs (E. CHELL, 1985 ; W.B. GARTNER, 1988 ; D.L. SEXTON, 1987)

manifestent la même position et critiquent les courants qui approchent la question par les

traits de personnalité.

W.B. GARTNER (1988, p. 21) affirme que l'approche descriptive est complémentaire

de l'approche comportementale, mais il prévoit plus de perspective pour cette dernière en

vue d'expliquer le phénomène entrepreneurial38. Les sciences économiques se trouvaient

alors face au problème suivant : une bonne partie de la recherche se situe désormais en

dehors d'elle, car il s'agit de découvrir les facteurs comportementaux du phénomène

entrepreneurial qui s'inscrivent dans des contextes sociaux, culturels, politiques et

économiques particuliers39.

36 "The prospects for developing a theory of entrepreneurship seem brighter than might have been imagined a mere decade ago, when the shortcomings of the trait approach, including its inability to predict performance, began to become obvious".

W.R SANDBERG (1992, op.cit. p. 83) présente les contributions que peut apporter le management stratégique à la construction d'une théorie sur l'entrepreneuriat. La conclusion la plus importante à laquelle l'on est arrivé, commente-t-il, est que le management stratégique s'applique comme paradigme au thème de la création d'entreprise. Le démarrage d'une nouvelle activité présente plusieurs aspects qui peuvent trouver une réponse dans des modèles du management stratégique, notamment l'acquisition et l'utilisation des ressources ("The acquisition and use of resources are the core of some strategic management models of the firm and its performance").

Pour une autre approche sur les concepts d’entrepreneuriat et de management stratégique, pour une réflexion approfondie sur les liens entre l’entrepreneuriat et la stratégie entrepreneuriale, voir T. VERSTRAETE (2001, op.cit.). 37 "… the field of entrepreneurship has been stuck for too long on a limited number of psychological traits that have not necessarily increased our understanding of entrepreneurs". 38 "Research on the entrepreneur should focus on what the entrepreneur does and not who the entrepreneur is". 39 Il y a cependant quelques auteurs "obstinés" qui approchent toujours la question d'un point de vue économiste. Ainsi, E.J. DOUGLAS (1999) explique que l’individu formule des intentions de choix de carrière en comparant les utilités maximales qu’offrent ces carrières. L'utilité que retire un individu (salarié ou installé à son compte) dépend aussi bien du revenu que des conditions de travail (responsabilité, prise de risque, indépendance, effort requis). C'est la différence qu’il perçoit entre l'utilité globale (prestige, richesse, pouvoir…) et la "désutilité" globale qu'offre la voie salariale, par opposition à la voie entrepreneuriale, qui déterminera son choix de carrière. L’auteur évoque les limites de son hypothèse en annonçant que ce qui est perçu comme "utilité" par l'un peut être "désutilité" pour l'autre, et que cette perception change avec l'évolution de l'emploi.

En rapportant le choix de carrière à un calcul algorithmique, il est supposé que l'information est parfaite et que chaque individu est capable d'évaluer mathématiquement ses attentes en termes d'emploi. Hors, nul ne reviendrait sur l'asymétrie de l'information. Il nous semble très exagéré de dire qu'un individu puisse décider de créer son entreprise parce que l'utilité qu'il retire de son actuel emploi ne le satisfait plus et qu'il pourrait tirer une utilité supérieure en travaillant dans les mêmes conditions pour son propre compte.

Page 36: Intention Entrepreneuriale

33

Les économistes, toutes écoles confondues et à quelques très rares exceptions40,

raisonnaient comme si les aptitudes industrielles et techniques des individus pouvaient être

considérées comme des quantités fixes. Cependant, les penseurs modernes de

l'entrepreneuriat ont constamment à l'esprit le fait que ces aptitudes sont le produit des

circonstances propres au milieu dans lequel ils vivent.

1.2.2. L'approche comportementale : l'amorce de l'entrepreneuriat comme véritable

champ de recherche

A force de parler de l'entrepreneur, on oublie que la réussite n’est pas uniquement

redevable à des qualités personnelles. Celle-ci implique la famille qui lui a donné naissance

et la société dans laquelle il puise sa culture. L'initiative individuelle n'est rien sans un

contexte social, culturel, économique et politique propice.

M. WEBER (1964) [1905]41 est sans doute le premier auteur auquel nous pouvons

rattacher l’approche comportementale dans le champ de l’entrepreneuriat. Cependant,

selon plusieurs auteurs, celle-ci a été révélée par la psychologie et plus précisément par les

travaux de D.C. Mc CLELLAND (1961 ; 1962 ; 1965) dans le début de la décennie 196042.

Cet auteur est l'un des premiers à s'intéresser aux liens qui existent entre l'action des

individus (les entrepreneurs) et leur environnement (les valeurs, les croyances et les

motivations)43. Le fondement de son analyse est que le développement économique

s'explique par l'esprit d'entreprise, qui lui-même trouve ses sources dans le besoin

d'accomplissement (Need-Achievement). D.C. Mc CLELLAND (1965, p. 392) avance

l'hypothèse que ce trait psychologique est assez stable. Combiné aux caractéristiques de

l'environnement, il prédispose les individus à choisir des carrières entrepreneuriales44.

40 Nous pensons essentiellement à J. SCHUMPETER. 41 1905 est l’année de la première édition en langue anglaise intitulée "The Protestant Ethic and the Spirit of Capitalism". 42 L'un des auteurs les plus cités dans le champ de l'entrepreneuriat selon A. SHAPERO et L. SOKOL (1982, op.cit, p. 74). 43 Mais à son époque, on ne parlait pas encore d’entrepreneuriat en tant que champ de recherche ; ni d’approche comportementale en tant que théories pouvant expliquer les phénomènes entrepreneuriaux. 44 "… n Ach is a fairly personality characteristic which, given certain characteristics of the social system, predisposes young men to enter entrepreneurial occupations or to function in traditional occupations in entrepreneurial ways".

Page 37: Intention Entrepreneuriale

34

Les variables environnementales caractérisant les individus sont donc devenues, elles-

mêmes de réels objets d'analyse. Les causes des actes des entrepreneurs constituent l'intérêt

principal de la recherche. Ainsi des travaux ayant pour origine diverses disciplines des

sciences humaines (Gestion, Economie, Psychologie, Sociologie, Anthropologie…) se sont

orientés vers l'explication des comportements entrepreneuriaux en liaison avec

l'environnement dans lequel ils s'expriment. Nous retrouvons ici, par exemple, tous les

travaux s’intéressant aux caractéristiques psychologiques et aux typologies des

entrepreneurs, que nous exposerons dans le deuxième chapitre.

L'approche comportementale est donc intéressante en ce qu'elle se préoccupe des

comportements de l'entrepreneur dans l'exercice de son activité, lesquels s'inscrivent dans

un environnement culturel, social, économique et politique. Elle considère l'entrepreneuriat

comme un événement contextuel, comme le résultat de plusieurs influences (W.B.

GARTNER, 1988, p. 21)45.

L'analyse comportementale a dominé le champ de l'entrepreneuriat entre les années

1960 et les années 1980 (L.-J. FILION, 1997, p. 138). La fin de la décennie 1980 a connu

une remise en cause des théorisations "traditionnelles" sur l'entrepreneuriat en présentant le

phénomène entrepreneurial comme un processus. P. DAVIDSSON (1995), D.B.

GREENBERGER et D.L. SEXTON (1988), L. HERRON et H.J. SAPIENZA (1992) et J.

VESALAINEN et T. PIHKALA (1999) confirment que les récents développements des

constructions théoriques en entrepreneuriat considèrent que l'approche comportementale ne

rend pas compte du phénomène ; ces auteurs mettent l'accent sur sa dimension

processuelle. R.J. BRADLEY (1990, p. 39) écrit que le centre d'intérêt des recherches en

entrepreneuriat doit être le processus qui s'inscrit dans un contexte social

multidimensionnel et non pas le profil psychologique de l'entrepreneur46. Toute la

littérature (que nous avons consultée) ultérieure à la fin de la décennie 1980 s'inscrit

parfaitement dans la genèse processuelle du phénomène entrepreneurial.

Les années 1980 ont vu, selon L.-J. FILION (1997, p. 141) et I. DANJOU (2002, p.

109), l'introduction de l'entrepreneuriat dans la quasi-totalité des sciences humaines.

45 "This behavioral approach views the creation of an organization as a contextual event, the outcome of many influences". 46 "… the focal point of entrepreneurship research should be the entrepreneurial process or event as it take place within a multidimensional social context, not the psychological profile of the entrepreneur".

Page 38: Intention Entrepreneuriale

35

Beaucoup de chercheurs, chacun dans son domaine, avec une logique et une méthodologie

propres, réalisent des travaux en la matière. Ainsi, le champ de l'entrepreneuriat se retrouve

au centre d'une multitude de disciplines. Mais "Si chacun de ces points de vue

disciplinaires (psychologie, sociologie, psychologie sociale, histoire des entreprises,

démographie des populations, …) possède sa légitimité, aucun ne peut revendiquer un

statut supérieur aux autres" (C. BRUYAT, 1993, p. 163).

Si l'approche comportementale doit être abandonnée en soi pour expliquer le

phénomène entrepreneurial, nous pensons qu’elle a le mérite d'avoir amorcé

l'entrepreneuriat comme champ de recherche à part entière, et ce en se positionnant à

l'intersection de plusieurs disciplines des sciences humaines.

1.2.3. L'approche processuelle : un affranchissement "rationnel" et irréversible du

champ de l’entrepreneuriat

Si l’approche descriptive cherche à comprendre le rôle de l’entrepreneur dans

l’économie et la société, si l’approche comportementale explique les actes et les

comportements des entrepreneurs en les situant dans leurs contextes spécifiques, la

démarche processuelle a pour objet d’analyser dans une perspective temporelle et

contingente, les variables personnelles et environnementales qui favorisent ou

inhibent l’esprit d’entreprise, les actes et les comportements entrepreneuriaux.

Dans un remarquable panorama où nous découvrons des travaux traitant de l'influence

des facteurs sociaux, culturels, ethniques, institutionnels et économiques sur la formation

de l'événement entrepreneurial, A. SHAPERO et L. SOKOL (1982, p. 78) sont les

premiers qui ont éclairé l'optique processuelle du phénomène entrepreneurial. Ils tentent de

comprendre le déclenchement d'un événement entrepreneurial en le corrélant avec des

facteurs situationnels et individuels. Tout événement entrepreneurial, font-ils remarquer,

est la fin d'un processus et le début d'un autre47.

47 "The paradigm attempts to include all versions of the entrepreneurial event, from the one-time promotion to civic organization, and to include all of the variables, situational, social, and individual, that might be identified with the event… Each entrepreneurial event is the endpoint of a process and the beginning of another".

Page 39: Intention Entrepreneuriale

36

W.D. BYGRAVE et C.W. HOFER (1991, p. 14) tout en réfutant les approches

descriptive et comportementale, insistent sur le changement dans l'objet de la recherche. A

l'instar du management stratégique qui a délaissé les rôles et fonctions du "manager" pour

se centrer sur les processus stratégiques de l'organisation, l’entrepreneuriat, au lieu de se

focaliser sur les caractéristiques, les fonctions et les innombrables définitions de

l'entrepreneur, a ici vocation à s’intéresser à la nature et aux caractéristiques du processus

entrepreneurial48. Ils traduisent l'évolution de la recherche comportementale vers la

recherche processuelle par quelques questions clés :

Quelques questions clés dans le champ de l'entrepreneuriat

Centrées sur l'entrepreneur Centrées sur le processus entrepreneurial

1. Qui devient entrepreneur ?

2. Pourquoi devient-on entrepreneur ?

3. Quelles sont les caractéristiques des

entrepreneurs qui réussissent ?

4. Quelles sont les caractéristiques des

entrepreneurs qui échouent ?

1. Qu'est-ce qui permet la perception

d'opportunités de manière efficace et

performante ?

2. Quelles sont les tâches clés pour créer avec

succès une entreprise ?

3. En quoi ces tâches diffèrent-elles de celles

mises en œuvre dans les organisations

existantes ?

4. Quelles sont les contributions spécifiques de

l'entrepreneur dans le processus ?

Tableau 1 - Some of the key questions in the field (W.D. BYGRAVE et C.W. HOFER,

1991, p. 16)

C. BRUYAT (1993, p. 62) dans une remarquable entreprise de modélisation s’aperçoit

que l'entrepreneuriat "fait référence à un changement ou à quelque chose en train de se

faire, à un temps créateur. La dialogique sujet/objet (individu/création de valeur ; pour lui

ce qui qualifie un entrepreneur est la création de valeur) s'inscrit dans une dynamique de

48 "Starting in the mid-1960s, however, the focus of that field shifted from the "roles and functions of the general manager" to "the strategic processes of organisation"… In a similar fashion, it may be useful to shift our focus from "the characteristics and functions of the entrepreneur" and the myriad definitions of what constitutes an entrepreneur, and to focus, instead, on the nature and characteristics of "the entrepreneurial process"".

Page 40: Intention Entrepreneuriale

37

changement créatrice"49. Cette dynamique dans le processus entrepreneurial est soutenue

par l'Organisation de Coopération et de Développement Economique. Celle-ci définit

l'entrepreneuriat comme "Le processus dynamique qui consiste à identifier les possibilités

économiques et à les exploiter par la mise au point, la production et la vente de biens et de

services" (OCDE, 1998, p. 269).

La notion de processus, tout en reposant sur les approches descriptive et

comportementale qui font appel à des variables psychologiques, culturelles, sociales,

politiques et économiques, inscrit donc celles-ci dans une double dimension : dynamique

et complexe50. Les interrelations entre les variables influant sur le phénomène supplantent

l'importance des variables prises séparément. Les propos suivants présentent des travaux

récents qui témoignent de la nécessité de la prise en compte de la dimension processuelle

dans le champ de l’entrepreneuriat.

1.3. Des modèles processuels d'entrepreneuriat

Aujourd'hui, tous les modèles accompagnent la genèse théorique dans la construction

processuelle de l'entrepreneuriat. Bien entendu, ils s'appuient sur les approches descriptive

et comportementale en les intégrant dans une optique temporelle et complexe.

Passer en revue des modèles théoriques implique pour notre recherche de saisir les

différents stades du processus entrepreneurial et d’analyser et de comprendre les

facteurs personnels et environnementaux qui peuvent éventuellement intervenir dans

chaque phase. Plusieurs modèles théoriques retiennent la dimension de préférence d'une

49 Le terme dialogique est emprunté, selon A. FAYOLLE (1998, p. 285), à E. MORIN. Pour C. BRUYAT (1993, op.cit, p. 60), "Le principe de dialogique signifie que deux ou plusieurs logiques différentes sont liées en une unité, de façon complexe (complémentaire, concurrente et antagoniste) sans que la dualité ne se perde dans l'unité". 50 En cela, nous rejoignons E.-M. HERNANDEZ (1999, op.cit) et A. ARLEO et E.-M. HERNANDEZ (2002) qui abordent le processus entrepreneurial selon deux concepts : "temporalité" et "complexité". Le temps disent-il, n'est pas une contrainte, il est l'essence même du phénomène. Pour E.-M. HERNANDEZ (1999, p. 221-228), il n'est pas question d'une temporalité linéaire, rationnelle et séquentielle, mais de boucles et d'itérations. La complexité, qu'il tient à distinguer de la complication, fait interagir une multitude d'éléments et se développe dans le temps avec une multitude de rétroactions.

La recherche de A. ARLEO et E.-M. HERNANDEZ (2002, op.cit) sur l’usage des métaphores en entrepreneuriat apporte une bonne connaissance dans la construction théorique de ce champ. Ces auteurs font une analyse intéressante des corpus théoriques anglais et français les plus utilisés en entrepreneuriat. Ils présentent les limites des métaphores utilisées et en proposent deux pour sortir de "l’impasse monométaphorique actuelle" qui caractérise le champ : l’organisation vue comme "cerveau" et "flux".

Page 41: Intention Entrepreneuriale

38

situation actuelle (salariat, chômage, études…) par rapport à une situation future (la

création d'entreprise). Ils décrivent cette préférence comme étant le résultat de facteurs

situationnels et personnels.

L'abondance des recherches, américaines pour la plupart, nous pousse à occulter

certains travaux riches en enseignements. Cependant, les modèles que nous présentons ici

sont des variantes assez représentatives de ce que nous retrouvons dans les modélisations

du processus entrepreneurial. Ils nous paraissent assez significatifs et synthétiques de la

littérature.

1.3.1. La forme générique du processus de création d’entreprise de C. BRUYAT (1993)

Dans ses contributions épistémologiques à la création d'entreprise, C. BRUYAT (1993,

p. 62 et 96) note que trop de chercheurs semblent négliger la prise en compte conjointe de

deux points de vue dans l’évaluation du changement dans le processus entrepreneurial,

l'environnement et l'individu qui sont "dialogiquement indissociables". Pour lui, tout

modèle de recherche doit prendre en compte l'entreprise créée, le créateur, l'environnement

et le processus. Il schématise le processus de création d'entreprise sous une forme

générique comme suit :

Figure 3 - Une forme générique du processus de création d'entreprise (C. BRUYAT,

1993, p. 260)

PR E

0 1 2 3 4 5

Page 42: Intention Entrepreneuriale

39

Etape 0 : "l'action de créer n'est pas perçue" du fait de l'éducation, de la personnalité ou

de l'environnement de l'individu. La création d'entreprise n'est pas intégrée dans les

schèmes cognitifs de l'individu.

Etape 1 : "l'action de créer sa propre entreprise est perçue". L'individu a l'information

nécessaire pour comprendre plus ou moins ce qu'est la création d'entreprise, sans pour

autant qu'une quelconque réflexion et action ne soient entreprises.

Etape 2 : "l'action de créer est envisagée". Elle est prise en compte par l'individu comme

étant une alternative possible. Il a un projet flou de ce que pourrait être sa future entreprise.

Il commence à rechercher une idée de création en y consacrant un peu de son temps.

Etape 3 : "l'action est recherchée" car l'individu investit activement une idée (s'il ne l'a pas

déjà) et tente de l'évaluer. Cette étape se distingue de la précédente par l'engagement réel

de l’individu dans le processus en consacrant du temps et de l'argent. C'est pendant cette

phase que sont réalisées l'étude de marché et l'élaboration du plan d'affaire. L'individu a un

statut hybride où il garde son ancienne activité s'il est salarié, ou continue à rechercher un

emploi s'il est chômeur.

Etape 4 : "l'action est lancée". Les négociations avec les clients et les fournisseurs sont en

cours, les procédures financières et juridiques sont déclenchées, le matériel nécessaire à la

production est commandé… et les premières commandes sont livrées. Si l'entreprise

parvient à atteindre son seuil de rentabilité et à assurer son équilibre financier, elle passera

à la dernière étape.

Etape 5 : "l'action est réalisée" et l'entreprise devient une entité reconnue par ses

partenaires quand elle atteint son équilibre d'exploitation. Le créateur est devant une

problématique de dirigeant de PME.

PR : "l'action est perçue et refusée". Ce refus peut être définitif ou temporaire. L'individu a

développé un projet, a recherché de l'information, mais il a renoncé pour des raisons

psychologiques ou autres.

L'auteur reconnaît le caractère "rustique" de la description du modèle qui met en relief

des moments forts dans le processus. Dans la pratique, poursuit-il, il est difficile de

déterminer dans quelle phase se trouve le créateur.

Page 43: Intention Entrepreneuriale

40

1.3.2. Le modèle du processus de création d'entreprise de W.D. BYGRAVE (1989a,

1989b)

W.D. BYGRAVE (1989a, p. 8) écrit que le processus de création d’entreprise tel que

décrit dans son modèle fait partie intégrante du paradigme entrepreneurial et qu'il fera une

quasi-unanimité dans le monde de la recherche51. Le processus entrepreneurial amont

appelle des variables :

inhérentes à l'individu qu'il répartit en deux groupes. Le premier agit sur la naissance

de l'idée (besoin d’accomplissement, contrôle interne, prise de risque, valeurs

personnelles, formation et expérience antérieure). Le second intervient au niveau du

déclenchement de l'événement de création "Triggering event" (prise de risque,

insatisfaction au travail, perte d'emploi, formation, âge, sexe et engagement) ;

sociologiques qui sont l'influence des relations personnelles, des collègues, de la

famille et de modèles d'entrepreneur ;

environnementales réparties elles aussi en deux groupes. Le premier a un impact sur la

naissance de l'idée et le déclenchement de l'événement (opportunités, modèles

d'entrepreneur et créativité). Le second intervient sur le déclenchement de l'événement

et sa mise à exécution (la concurrence, les ressources, les incubateurs ou les pépinières

et les politiques publiques en faveur de l'entrepreneuriat).

51 "There will be almost unanimous agreement that the phenomena in this model are an integral part of entrepreneurship paradigm".

Page 44: Intention Entrepreneuriale

41

Figure 4 - A model of Start up Process (W.D. BYGRAVE, 1989b, p. 8)

W.D. BYGRAVE (1989b, p. 11) décrit le processus entrepreneurial par les

caractéristiques suivantes :

1. l'événement entrepreneurial est une discontinuité ;

2. la discontinuité contient aussi bien le prodigieux que le faible progrès ;

3. l'événement entrepreneurial est le produit de plusieurs variables ;

4. l'événement est déclenché par des changements qui affectent les facteurs qui lui sont

antérieurs ;

5. les changements sont souvent de faible ampleur et non des progrès majeurs ;

6. l'événement entrepreneurial est unique : deux événements ne se ressemblent jamais ;

7. le processus est instable. Son évolution est très sensible aux changements mineurs qui

affectent les facteurs qui le déclenchent ;

8. le processus est holistique. On ne peut analyser l'événement en analysant isolément les

variables en jeu52.

52 "The entrepreneurial event is a discontinuity. The discontinuity ranges in size from a quantum jump to a tiny increment. The antecedents to the event comprise many factors. The event is triggered by changes in the antecedents. the changes are usually tiny increments rather than large breakthroughs. The event is unique : cannot be exactly replicated. The process is unstable : outcomes are very sensitive to small changes to the inputs.

PERSONAL PERSONAL SOCIOLOGICAL n-Achievement Risk Taking Networks Internal Control Job Dissatisfaction Teams Ambiguity Tol. Job Loss Parents Risk Taking Education Family Personal Values Age Role models Education Gender Experience Commitment INNOVATION TRIGGERING EVENT ENVIRONMENT ENVIRONMENT Opportunities Competition Role Models Resources Creativity Incubator Government policy

Page 45: Intention Entrepreneuriale

42

Dans la recherche en entrepreneuriat, poursuit W.D. BYGRAVE (1989a, p. 20 ; 1989b,

p. 10), il est presque impossible de réduire les problèmes à des facteurs qui peuvent être

considérés isolément. Il faut éviter, chaque fois que possible, le réductionnisme dans la

recherche. Il faut envisager l'approche comme un "tout". Pour comprendre les causes de

l'événement entrepreneurial, nous avons besoin de comprendre les changements dans les

facteurs antérieurs, qui ont déclenché l'événement. Le plus souvent, les créations

d'entreprise, y compris celles qui se sont accompagnées d'innovations importantes, sont

déclenchées par une succession de changements relativement faibles dans les variables

affectant le processus entrepreneurial53.

W.D. BYGRAVE (1989a, p.20-21), à travers son modèle, conçoit l'entrepreneuriat

comme un processus en devenir plutôt qu'un état immuable. L'essence de l'entrepreneuriat

est le changement dans un processus holistique où la stabilité disparaît. Si l'on se contentait

d'études transversales, on perdrait toute la richesse de l'approche longitudinale54.

1.3.3. Le modèle stratégique d'entrepreneuriat de E.-M. HERNANDEZ (1999)

E.-M. HERNANDEZ (1999, p. 72) présente un modèle stratégique où il accorde une

place importante à l'individu et à l'opportunité d'affaire. Il distingue quatre phases où le

créateur potentiel est influencé par son origine familiale, ses traits psychologiques et son

histoire personnelle.

L'étape d'"Initiation" reflète essentiellement la recherche d'opportunité. Celle-ci

exprime pour l'auteur l'écoute permanente et l'anticipation de l'environnement sur les

évolutions démographique, technologique et des modes de vie. La phase de "Maturation"

doit permettre de vérifier la cohérence entre le créateur et son projet. Lorsqu'il y a

It is a holistic process". 53 "In entrepreneurship research, it is nearly impossible to reduce problems to neat constituents that can be examined in isolation. We should avoid, whenever possible, reductionism in entrepreneurship research. Instead, we should look at the whole. Entrepreneurship is a process that evolves with time". "To find its (l'événement) cause, we need to understand the changes in the antecedent variables that triggered the even… Likewise, at the quantum end of the spectrum, some very innovative ventures are also triggered by relatively small changes rather than one big breakthrough… True, some entrepreneurial ventures are triggered by a single breakthrough, but they are few an far between. And even a new venture is based on a breakthrough, it might be argued that the invention behind it was triggered by small changes". 54 Entrepreneurship is a process of becoming rather then a state of being. It is not a steady state phenomenon. Nor does it change smoothly. It changes in quantum jumps… Entrepreneurship is a process that evolves with time. If we do only cross-sectional studies, we lose much of the richness that comes from longitudinal studies… But the essence of entrepreneurship is a change of state. And change a state is a holistic process in which the existing stability disappear".

Page 46: Intention Entrepreneuriale

43

inadéquation totale, l'abandon constitue la voie la plus sage. La "Décision" de créer

implique de manifester des comportements entrepreneuriaux en vue de concrétiser

("Finalisation") son projet d'entreprise.

Page 47: Intention Entrepreneuriale

44

Figure 5 - Proposition d’un modèle stratégique d’entrepreneuriat (E.-M. HERNANDEZ, 1999, p. 72)

Caractéristiques psychologiques

Environnement 1. Micro-économique = entreprise 2. Méso-économique = réseau 3. Macro-économique

Origine familiale

Etape I Etape II Etape III Etape IV

Créateur potentiel

Opportunité

Vécu

Décision de créer

Projet-Stratégie : choix

Comportement entrepreneurial

Stratégie : mise en œuvre

Création réussie

INITIATION MATURATION DECISION FINALISATION

Page 48: Intention Entrepreneuriale

45

1.3.4. Le modèle systémique du processus individuel d'émergence des entrepreneurs de

J.-P. SABOURIN et Y. GASSE (1989)

Nous avons choisi de présenter ce modèle car il concerne un sujet et un objet de

recherche identiques aux nôtres : l'intention entrepreneuriale de populations étudiantes55.

Sur la base d'un modèle de développement d’entrepreneurs élaboré en synthèse des

principales conclusions de quelques études, à partir d'une étude de huit programmes

professionnels de formation, J.-P. SABOURIN et Y. GASSE (1989, p. 21) constatent qu'il

existe une relation positive entre les intentions de démarrage et le potentiel

entrepreneurial56. Les variables qui agissent sur ce dernier se répartissent en trois groupes :

les "antécédents" représentent l'ensemble des facteurs personnels et environnementaux

qui favorisent l'apparition de prédispositions chez un individu. L'environnement dans

lequel il évolue facilite ou inhibe son cheminement vers une carrière entrepreneuriale.

Ils remarquent par exemple que les élèves ayant des parents travaillant à leur compte

ont un plus fort potentiel entrepreneurial comparativement aux autres ;

les "prédispositions" sont l'ensemble des caractéristiques psychologiques décelées chez

un entrepreneur. Ce sont "les motivations, les attitudes, les aptitudes et l'intérêt" qui

dans un contexte favorable, interagiront pour se manifester en comportement ;

la concrétisation du potentiel entrepreneurial par un projet qui aboutit à un lancement

se produit souvent sous l'effet de "déclencheurs" qui sont des facteurs de

"discontinuité" et des facteurs "positifs"57. La présence de déclencheurs plus intenses

incitera un plus grand nombre d'individus à démarrer une entreprise, et en principe, les

individus à fort potentiel entrepreneurial auront besoin d'un déclencheur plus faible.

55 Bien que les auteurs précisent que leur étude "analyse les programmes sous l'angle d'un processus de transformation éducative des étudiants", le modèle ne montre pas de manière directe à quels niveaux intervient la formation sur les intentions entrepreneuriales.

Cette modélisation nous éclaire sur les facteurs susceptibles d'agir sur l'intention entrepreneuriale, mais nous n'avons pas trouvé de réponse qui puisse nous guider dans l'élaboration de notre cadre théorique. Les auteurs n'ont entamé aucune approche théorique du concept d'intention entrepreneuriale ainsi que les éventuels supports théoriques qui peuvent la soutenir. 56 La distribution des intentions en fonction du potentiel entrepreneurial montre que 31% des intentions positives se concentrent chez les individus ayant un fort potentiel et que seulement 11% des intentions négatives proviennent de ce groupe. A l'opposé, seulement 3,5% des intentions positives proviennent du groupe à faible potentiel. 57 Sans en faire référence, les auteurs empruntent les concepts de "negative displacements" et "positive pull" de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982, op.cit.) ainsi que celui de "discontinuity" de W.D. BYGRAVE (1989a, op.cit. ; 1989b, op.cit.).

Page 49: Intention Entrepreneuriale

46

Figure 6 - Le modèle du développement des entrepreneurs (J.-P. SABOURIN et Y.

GASSE, 1989, p. 15)

ANTECEDENTS

Famille Activités parascolaires Expérience de travail Environnement • Modèle • Infrastructure • ressources

PREDISPOSITIONS MOTIVATIONS APTITUDES

Motivations

Réalisation Pouvoir Autonomie sociale Défi/audace

Aptitudes

Intérêts

Attitudes

Confiance en soi Capacités physiques et conceptuelles Energie Tolérance au stress

Attitudes Intérêt

COMPORTEMENT

Affectif empathie leadership ressources humaines Cognitif information apprentissage feed-back Action moyen opportunisme adaptation

décision

Argent Risque

Succès/Echec Changement Concurrence

Destin

Innovation/Initiatives Action

Engagement à long terme Responsabilités

RESULTAT

Entreprise nouvelle

DECLENCHEURS

Facteurs de discontinuité Licenciement, perte d'emploi Promotions personnelles bloquées Frustrations et insatisfactions Crise de mi-carrière

Facteurs positifs Services de pré-incubation Opportunités Regroupement d'entrepreneurs

Page 50: Intention Entrepreneuriale

47

Toutes les analyses qui ont précédé ont mis en relief la dimension processuelle de

l’entrepreneuriat. Celle-ci nous indique que ce dernier comprend différentes phases. Les

propos ci-dessous ont pour objectif de s’intéresser à une phase en amont de ce processus :

l’intention entrepreneuriale qui constitue notre question principale de recherche.

1.4. L’intention entrepreneuriale : une phase en amont du processus

entrepreneurial

Le processus entrepreneurial peut être représenté par des moments forts58. L’étude de

l’intention qui est en amont de celui-ci, présente un intérêt particulier pour comprendre le

cheminement qui mène à l'acte d'entreprendre.

Le débat sur les difficultés d'identifier le début du processus est largement commenté

dans la littérature. Nous considérons que le processus en amont est un continuum qui peut

être identifié par les quatre temps forts suivants :

Figure 7 - Les différentes phases du processus entrepreneurial

58 Ces séquences nous ont été inspirées par le modèle de la formation de l'organisation de K.E. LEARNED (1992, p. 40). Notons aussi que les phases que nous présentons ici se rapprochent, dans la présentation séquentielle, des concepts déployés et analysés par la philosophie de l'action : "plan-intention-choix-décision-action" (A. BOYER, 1997, p. 268).

Intention entrepreneuriale

Décision d'entreprendre

Acte d’entreprendre

Propension entrepreneuriale

Comportements (entrepreneuriaux

ou non)

Poursuite ou abandon Choix formulés sur la base d’influences

personnelles et situationnelles

Aptitudes entrepreneuriales

Page 51: Intention Entrepreneuriale

48

Avant d’aborder de façon synthétique ces étapes, notons que la littérature fait souvent

l’amalgame entre les concepts d’aptitudes entrepreneuriales et de potentiel

entrepreneurial59.

Un individu possédant de fortes aptitudes entrepreneuriales sera plus "réceptif" aux

facteurs personnels et environnementaux qui l’animeront pour créer son entreprise60.

Cependant, de fortes aptitudes entrepreneuriales ne sont pas toujours accompagnées d'une

intention de se mettre à son propre compte, et encore moins de l’acte de création.

Les aptitudes entrepreneuriales peuvent s’enrichir à mesure que l'individu progresse au

sein du processus. Il peut chercher à augmenter ses aptitudes entrepreneuriales par le suivi

d’enseignements ou de formations par exemple, une fois qu'il a saisi une idée ou une

opportunité d'affaire. Cependant, des individus pouvant présenter initialement de fortes

aptitudes entrepreneuriales ne se révèlent pas toujours comme étant de bons porteurs de

projets.

La première phase du processus entrepreneurial est la propension que le "Larousse"

définit comme un "penchant, inclination à faire quelque chose". Pour A. FAYOLLE

(2000a, p. 405), la propension entrepreneuriale est "une inclination, un penchant à

s'engager dans une démarche entrepreneuriale". K.E. LEARNED (1992, p. 40) considère

la propension à créer comme une combinaison des caractéristiques psychologiques et

d'expériences professionnelles qui augmente la probabilité pour certains individus à tenter

l’aventure entrepreneuriale61. Pour notre part, la propension entrepreneuriale signifie

que sous l'influence de son environnement, notamment la famille, les proches, la

formation, et de ses propres expériences entrepreneuriales, l'individu est sensibilisé à

l'entrepreneuriat et n’écarte pas l'éventualité de fonder son entreprise.

59 C’est le cas de J.-M. AURIFEILLE et E.-M. HERNANDEZ (1991), N.F. KRUEGER, D.V. BRAZEAL (1994), N.F. KRUEGER et alii (2000) et K.E. LEARNED (1992, p. 39). L’approche de A. FAYOLLE (2000a, p. 406) nous donne une idée de cet amalgame. En effet, le potentiel entrepreneurial prend le sens d'"un ensemble de ressources personnelles (connaissances, expériences, compétences, relations, aptitudes) utiles pour l'action entrepreneuriale". 60 Pour notre acception du concept d’aptitudes entrepreneuriales, cf. infra., p. 197, "6.1.3.1. Les perceptions des aptitudes entrepreneuriales". 61 "Propensity to found. Some individuals have a combination of psychological traits in interaction with background factors which make them more likely candidates to attempt to found business".

Page 52: Intention Entrepreneuriale

49

La propension peut se transformer en intention entrepreneuriale62. Nous distinguons ces

deux concepts par deux aspects majeurs : l'existence d'une idée ou d'un projet d'affaire

plus ou moins formalisé, et l'engagement personnel dans le processus de création

d'entreprise, en recherchant notamment les premiers "matériaux" permettant de formaliser

cette idée ou ce projet.

La décision implique que l'individu est conforté dans son intention. Elle se distingue

de cette dernière par deux dimensions essentielles. Premièrement, la formalisation de

l’idée ou du projet est achevée dans ses "moindres détails". L'idée ou le projet sont

transformés en opportunité qui est validée par les études financière et marketing.

Deuxièmement, les ressources de différente nature (financières et logistiques) sont

globalement mobilisées.

L'acte d’entreprendre correspond au démarrage "physique" de l'activité qui se

manifeste par la réalisation des premiers produits ou services63. Les comportements du

créateur d'entreprise, qui sont en aval du processus entrepreneurial, font l’objet d'une

littérature abondante64. Les comportements des créateurs d'entreprise ne sont pas (et ne

peuvent pas) tous être qualifiés d'entrepreneuriaux. Certains d'entre eux seront autonomes,

meneurs d'hommes, anticiperont le marché, rechercheront en permanence des opportunités

et développeront leurs activités. D'autres au contraire, pour plusieurs raisons, telles que la

recherche de l'équilibre familial ou le manque de ressources, éviteront de s'engager dans

des situations entrepreneuriales, se satisferont des positions acquises et se contenteront du

maintien d'un niveau d'activité.

Il serait illusoire de concevoir le processus de création d’entreprise en phases

"disjointes". La présentation du processus amont dans une optique linéaire et séquentielle

est très simplificatrice. Il s’agit de le rendre intelligible. Certes, l'intention précède souvent

62 Tout comme pour les concepts d’aptitude entrepreneuriale et de potentiel entrepreneurial, certains auteurs amalgament aussi les concepts de propension et d’intention entrepreneuriale. Nous pensons plus spécialement à T.M. BEGLEY et alii (1997) qui tantôt font usage de "entrepreneurial intention", et tantôt de "propensity toward starting a business". 63 Certains auteurs considèrent que l’acte d’entreprendre correspond au lancement juridique et administratif. Nous réfutons cette acception car l’entreprise peur rester longtemps en "sommeil". Pire encore, elle peut ne jamais honorer des commandes que l’étude de marché a bien révélées. 64 Pour une large revue sur les comportements des entrepreneurs et des managers, voir A. GIBB (1999) et A. GIBB et J. COTTON (2002, op.cit.).

Page 53: Intention Entrepreneuriale

50

la décision et l'acte de création. Mais les cheminements entrepreneuriaux des individus

sont très différents, pour ne pas dire singuliers. L'acte de création peut naître d'une

rencontre soudaine, d'une insatisfaction professionnelle, d'une opportunité saisie lors d'un

travail salarié… sans pour autant que les phases d’intention et de décision puissent être

nettement distinguées et différenciées dans le temps.

1.4.1. La problématique

La recherche sur l'enseignement et l'entrepreneuriat n'est pas un fait nouveau. D.C. Mc

CLELLAND (1965, p. 389-392) est le premier auteur à s'y être intéressé au début des

années 1960. Il a mené une étude longitudinale sur les comportements entrepreneuriaux

des étudiants65. La première recherche traitant de l'intention entrepreneuriale d'une

population d'étudiants en gestion remonte à 1975. Elle est à l'actif de R.H. BROCKHAUS

(1975, p. 433-435)66.

Le rôle du système éducatif dans le développement de l'entrepreneuriat soulève

plusieurs questions. Les premières pistes de recherche ont été suggérées par A. SHAPERO

et L. SOKOL (1982, p. 87-88) dans leur modèle des dimensions sociales de

l'entrepreneuriat. Ils s'interrogeaient sur les effets des formations en gestion sur la création

d'entreprise chez les étudiants américains. Ces formations ne diminuent-elles pas la

probabilité que les étudiants créent des entreprises ? Ne véhiculent-elles pas l'idée que la

petite entreprise est indésirable et condamnée à l'échec ?

L'éclosion d'études sur l’influence de l’enseignement de l’entrepreneuriat dans le

processus de création d’entreprise a eu véritablement lieu durant la décennie 1990. Mais la

question de l'impact de programmes ou de formations en entrepreneuriat sur l'intention

d’entreprendre est rarement abordée dans la recherche. Peu de travaux y sont consacrés

65 L'auteur constate que les étudiants de l'université de Wesleyan ayant eu un fort besoin d'accomplissement, sont entrepreneurs ou occupent des professions exigeant des comportements entrepreneuriaux.

"A cross-validation study of students of the classes of 1954 and 1964 confirmed the finding that males with high n Ach gravitated toward business occupation of an entrepreneurial nature… 83% of the entrepreneurs had been high in n Ach 14 years earlier versus only 21% of the nonentrepreneurs". 66 En s'intéressant aux étudiants de l'université de Saint Louis suivant des enseignements en entrepreneuriat, l'auteur introduit les notions de "I-E (Internal, External) Locus of Control" pour mesurer l'intention entrepreneuriale. Le concept de "I-E locus of control" est une des caractéristiques psychologiques le plus souvent citée comme prédictive de l’acte d’entreprendre. Il décrit la manière dont l’individu attribue la responsabilité des événements à des facteurs internes ou externes à son contrôle. Le "locus of control" affecte la perception qu’a un individu des relations entre ses actions et leurs conséquences.

Page 54: Intention Entrepreneuriale

51

(T.M. BEGLEY et alii, 199767 ; N.F. KRUEGER, D.V. BRAZEAL, 1994, p. 10268 ; N.F.

KRUEGER et alii, 2000, p. 41569).

Avant d'être créateur, l'étudiant s'inscrit d'abord dans une réalité sociale, économique et

politique dont on ne peut faire l'économie. Pour comprendre les variables qui sont à

l'origine de l'intention entrepreneuriale, il faut aborder le sujet de manière globale.

Les mobiles susceptibles de justifier, au sein du processus entrepreneurial, l’acte

d’entreprendre indiquent, comme nous le verrons au troisième chapitre, que la famille est

la première expérience sociale de l’individu. Elle modèle ses comportements et lui

transmet les valeurs qu’elle voudrait qu’il partage. Depuis S. FREUD, nous savons que les

modèles parentaux contribuent à orienter "les choix professionnels". Plusieurs études

montrent que les entrepreneurs ont des parents chefs d’entreprise ou qui exercent une

activité de travailleur indépendant. Les créateurs d’entreprise sont issus, pour une bonne

partie, d’un milieu entrepreneurial. Une amitié d'affaires ou encore la connaissance

d'entrepreneurs dans la société apportent une certaine expérience, et peuvent donner accès

à des réseaux d'informations forts utiles pour construire un projet d'entreprise.

Une formation entrepreneuriale vient s'adjoindre à cette réalité sociale, économique et

politique dans laquelle évoluent les étudiants. Elle constitue l'événement déclencheur

positif ("Positive Pull") au sens de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982). La formation en

entrepreneuriat, notamment pour des étudiants de troisième cycle, intervient à un moment

où ils doivent souvent décider de leur carrière. Elle joue un rôle capital dans leur "choix

professionnel" et leur offre un cadre où peuvent s’intégrer de nouvelles attitudes, aptitudes

et perceptions.

Plusieurs chercheurs se sont penchés sur la détection dans les populations estudiantines

d'entrepreneurs potentiels. Des recherches effectuées aux Etats-Unis sur les diplômés de

premier et deuxième cycles du fameux "Babson College" et de l’université de Harvard ont

67 "This paper explored the ability of socio-cultural factors to explain interest by individuals in seven countries in starting a business. Since little previous empirical work had been done in the area, the paper first attempted to identify socio-cultural dimensions that might be relevant in predicting interest in entrepreneurship". 68 "Where we do focus on processes underlying entrepreneurial activity, we too often look backward through the lens of existing entrepreneurs. Studies of entrepreneurial intentions are relatively few". 69 "These arguments (recherches antérieures) strongly support testing intentionality-driven models of entrepreneurship, but few studies do so explicitly".

Page 55: Intention Entrepreneuriale

52

prouvé l’existence d’une corrélation positive entre le nombre de cours sur l’entrepreneuriat

ou sur la petite entreprise suivis durant les études et l’exercice ultérieur d’une activité

indépendante ou de création d’entreprise (OCDE, 1998, p. 97-99).

M. BOUCHARD-D'AMOURS et Y. GASSE (1989, p. 20 et 21) montrent que

l'intention entrepreneuriale a quasiment doublé après le suivi du programme "Jeunes

Entreprises". Ils notent qu’il est vraisemblable qu'une formation à l'entrepreneuriat, si elle

n'agissait pas sur l'intention des étudiants, leur donnerait une meilleure connaissance du

monde des affaires. Elle leur ferait prendre conscience de leurs aptitudes, de leurs goûts et

de leur potentiel entrepreneurial. La formation en entrepreneuriat rendrait les étudiants plus

sensibles aux déclencheurs qui les amèneront à démarrer leur propre entreprise.

Ce à quoi nous nous intéressons est de chercher à comprendre et à expliquer dans quelle

mesure des programmes ou des formations en entrepreneuriat, parmi des variables

personnelles et contextuelles, agissent sur l'intention entrepreneuriale des étudiants70. Nous

nous attachons, dans une perspective prédictive, à comprendre et à expliquer

l'influence de facteurs individuels et contextuels, notamment ceux qui émergent du

suivi de programmes ou de formations en entrepreneuriat, sur l'intention

entrepreneuriale. Il est donc question, au sein d’une démarche hypothético-déductive,

descriptive et explicative à caractère rétrospectif, de savoir selon quelles modalités

des programmes ou des formations en entrepreneuriat, parmi des variables

psychologiques, socioculturelles et économiques, peuvent agir sur l'intention

entrepreneuriale des étudiants ? Ces programmes ou formations développent-ils des

attitudes et des perceptions qui influencent l'intention entrepreneuriale ?

Ainsi notre démarche se veut à caractère prospectif, dans la mesure où elle se chargera

de prédire des comportements. Mais elle est aussi rétrospective car l'intention

entrepreneuriale ne peut se comprendre qu'en combinant les événements de l'histoire

"entrepreneuriale" de l'étudiant (facteurs psychologiques et socioculturels) avec le contexte

présent dans lequel il évolue (formation, facteurs économiques).

70 Il est question d’étudiants en troisième cycle (bac+5) de gestion suivant des formations ou des programmes en entrepreneuriat ou création d’entreprise. Donc, logiquement, à quelques mois de décider de leurs futurs professionnels.

Page 56: Intention Entrepreneuriale

53

L'étude de l'intention entrepreneuriale fournit, selon B.J. BIRD (1988, p. 442), une voie

de recherche avancée qui permet de dépasser les études descriptives71. Elle affirme que

l'étude de l'intention entrepreneuriale met en jeu des relations complexes entre les idées

d'affaires et leurs conséquences en accordant une attention particulière aux variables

individuelles et contextuelles72. N.F. KRUEGER et D.V. BRAZEAL (1994, p. 102)

signalent que les études sur les intentions entrepreneuriales sont instructives73. Pour N.F.

KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993, p. 326), la création d'entreprise est un événement

assez rare ; étudier les intentions offre une idée et une compréhension adéquates du

processus entrepreneurial, même si le phénomène n'aboutit pas74.

Si nous voulons donner une portée opérationnelle à notre problématique, il nous faut

présenter notre acception de l’"intention entrepreneuriale". Nous insistons sur les

dimensions de volonté et de processus cognitif qui la contiennent. Nous mettons en

exergue le décalage entre la logique d'intention et celle d'action, et la nécessité de formuler

l’hypothèse de stabilité de l’intention sur une échéance de cinq ans.

1.4.2. Le questionnement principal de la recherche : l'intention entrepreneuriale

Usuellement, on distingue l’intention de choix et l’intention d’adopter un comportement

donné (I. AJZEN et M. FISHBEIN, 1980)75. Cette dernière qui intéresse notre recherche est

aujourd'hui souvent décrite comme une variable au sein de modèles psychologiques (B.-J.

BIRD, 1988, p. 442)76. Pour J.-P. SABOURIN et Y. GASSE (1989, p. 20), l'intention

entrepreneuriale est l'une des "unités de mesure" de la propension à entreprendre qui

71 "The study of entrepreneurial intentions provides a way of advancing entrepreneurship research beyond descriptive studies". 72 "The study of entrepreneurial intentions opens new arenas to theory-based research. It directs attention toward the complex relationships among entrepreneurial ideas and the consequent outcomes of these ideas, and it directs attention away from previously studied entrepreneurial traits (e.g., personality, motivation, and demographics) and contexts (e.g., displacements, prior experience, markets, and economics)". 73 "Studies of entrepreneurial intentions are relatively few but are typically enlightening". 74 "Also, given that new venture initiation is a relatively infrequent occurrence, studying intentions offers valuable insights into the process, even where we cannot observe initiation". 75 Sur les intentions de choix de carrière, il existe une "pléthore" d’études empiriques réalisées notamment par l’APCE. Cf., APCE, "Les Français et la création d'entreprise", http://www.apce.com, janvier 2000, 4 pages. 76 "Some modern theorists describe intention as one variable within larger psychological model".

Page 57: Intention Entrepreneuriale

54

représente la présence, plus ou moins grande, d'"antécédents" et de "prédispositions"77.

Pour J.M. CRANT (1996, p. 43), l'intention entrepreneuriale est définie par les "jugements"

de l'individu sur la probabilité de posséder sa propre entreprise78. Selon P. DAVIDSSON

(1995), l’intention entrepreneuriale est déterminée essentiellement par la conviction

personnelle qu’une carrière d’entrepreneur est une alternative préférable pour soi79.

K.E. LEARNED (1992, p. 40) affirme que la rencontre de situations qui interagissent

avec des traits psychologiques et des expériences professionnelles ou entrepreneuriales,

vont provoquer l'intention80. Pour J.-P. NEVEU (1996, p. 21), "l'intention représente une

étape nécessaire au cheminement motivationnel vers le comportement". Selon R.-J.

VALLERAND (1994, p. 784), le concept d'intention comportementale renvoie à la

prédisposition à agir.

Le colloque du CERISY sur "les limites de la rationalité" organisé en 1997 par

l'université Paris XIII nous a fait découvrir que le thème de l'intention est une

préoccupation importante des philosophes81. A ce titre, A. BOYER (1997, p. 269) note que

"la philosophie morale requiert une théorie élaborée de l'intention, ne serait-ce que pour

ne pas priver de sens les "éthiques de l'intention" (non purement conséquentialistes) et

pour fonder le concept juridico-oral de responsabilité personnelle".

Les travaux présentés lors de ce colloque montrent qu'il existe plusieurs concepts de

l’"intention" (intention partagée, commune et collective82). D. FISETTE (1997, p. 348-349)

fait remarquer que la multiplicité conceptuelle complique les recherches dans les théories

77 Cf. supra., p. 45 et 46, "1.3.4. Le modèle systémique du processus individuel d'émergence des entrepreneurs de J.-P. SABOURIN et Y. GASSE (1989)". 78 "The central variable in this paper, entrepreneurial intentions, will be defined as one's judgements about the likelihood of owning one's own business". Sans en faire référence, peut être que l'auteur se base sur la vision répandue du comportement rationnel fondée sur les séquences : représentations, jugement, choix, action. Voir à ce sujet G. DOSI et alii, "Les normes comme propriétés émergentes d'un apprentissage adaptatif : Le cas des routines économiques", in : J.-P. DUPUY, P. LIVET (1997, p. 49-52). 79 “The model suggests that a major determinant of entrepreneurial intention is the individual’s conviction that this career is a suitable alternative for him/her”. 80 "Intention to found. Some of those individuals will encounter situations which, in interaction with their traits and backgrounds, will cause intentionality". 81 Nos recherches dans la littérature nous ont apportées la preuve, comme nous le verrons aussi plus loin avec les emprunts que nous faisons aux sciences juridiques, que l'entrepreneuriat est un champ qui inévitablement se construit avec les apports de diverses disciplines. Il est intéressant de noter qu'à l'université de Durham (Grande-Bretagne), une thèse de doctorat en philosophie soutenue par R. Ma en 2000 avait pour thème "Enterprise Education and its relationship to Enterprising Behaviours". Cité in : A. GIBB, J. COTTON (2002, op.cit, p. 1-24). 82 Pour des exposés détaillés sur ces concepts, cf. A. BOYER (1997), M.-E. BRATMAN (1997), J. COUTURE (1997) et D. FISETTE (1997).

Page 58: Intention Entrepreneuriale

55

de l'action. Cependant, l'auteur écrit que l'on distingue dans ces théories trois usages ou

concepts "irréductibles" d'intention83 :

l'"usage adverbial" : signifie avoir agi intentionnellement. Il nous permet de distinguer

un simple comportement d'une action. Tout ce que nous avons l'intention de faire et

que nous faisons effectivement, nous le faisons intentionnellement. Mais à l'opposé, il

n'est pas toujours vrai que nous ayons l'intention de faire tout ce que nous faisons

concrètement ;

l'"usage substantif" : l'intention désigne un état psychique. Avoir l'intention d'agir

s'impose lorsqu’elle est formée bien avant que l'action visée ne soit exécutée ;

"agir avec une intention" : implique une certaine attitude de la part de l'individu à

l'égard de la relation entre l'action et le résultat escompté. Il évalue les avantages et

inconvénients d'une action désirable en tenant compte de ses croyances et de ses

limites.

Pour notre part, nous nous situons dans les deux derniers usages. Il est question de

l'intention d'agir dans le futur. Celle-ci s'accompagne de certaines actions présentes qui

pourraient mener au comportement souhaité.

1.4.2.1. Une volonté personnelle

Le dictionnaire "Le Robert" définit l'intention comme "le fait de se proposer un certain

but". Dans l'intention délibérée, il y a "détermination, résolution, volonté". Au sens

épistémologique, l'intention vient du verbe latin intendere qui signifie "tendre vers". Elle

est la volonté tendue vers un certain but. A. BOYER (1997, p. 269) définit l'intention

comme "une "pro-attitude" qui manifeste une tendance positive de l'agent vers un état du

monde visé". Selon D. GAUTHIER (1997, p. 59-60), l'intention est synonyme du succès

d'une délibération concernant une action à venir84.

83 Tout le débat philosophique, selon l'auteur, s'est polarisé sur la question de savoir si ces trois sens pouvaient être réduits à un sens unitaire. 84 Selon l'auteur, la délibération sur l'avenir concerne ce qu'il s'agirait de faire. Lorsqu'elle est couronnée de succès, la délibération se traduit par une décision présente de réaliser une action future.

Page 59: Intention Entrepreneuriale

56

Pour R.H. BROCKHAUS (1975 ; 1982), l'intention prend le sens de contrôle interne

("internal locus control") versus contrôle externe ("external locus control"). L'internalité

du lieu de contrôle est un bon prédicteur de l'intention entrepreneuriale. Pour C. BRUYAT

(1993, p. 244), elle est une volonté. Pour A. FAYOLLE (2000a, p. 405), en plus de cette

volonté d'accomplir un acte, l'intention signifie un "dessein délibéré".

N.G. BOYD et G.S. VOZIKIS (1994, p. 66) précisent cette volonté en la reliant à la

poursuite d'un comportement donné85. R.J. BRADLEY (1990, p. 48)86, W.D. BYGRAVE et

C.H. HOFER (1991, p. 17)87, I. DANJOU (2002), H.H. STEVENSON et J.C. JARILLO

(1990, p. 24)88 et T. VERSTRAETE (2001) notent que pour comprendre le phénomène

entrepreneurial, on doit tenir compte de la volonté de l'individu. Personne ne peut

concrétiser une opportunité s'il n'en exprime pas la volonté.

B.J. BIRD (1988, p. 44389 ; 1992, p. 1190) assimile aussi l'intention à une liberté et une

volonté individuelle ; elle est un état de l'esprit qui oriente l'attention, et conséquemment,

l'expérience et l'action de l'individu vers un objectif spécifique (créer une entreprise,

décisions de croissance, changements)91. Même si les idées d'affaires naissent avec

l'inspiration, une attention et une intention soutenues sont nécessaires pour la rendre

manifeste92.

Selon A. TOUNES (2001a ; 2001b), plusieurs auteurs considèrent donc l'intention

comme l'expression d'une volonté. Nous avons fait un détour dans le droit pénal pour

rendre compte de cet aspect. L'intention se retrouve dans la notion d'infraction qui est le

fait générateur de la responsabilité pénale. En effet, l'infraction se compose de trois

éléments (F. DESPORTES et F. LE GUNEHEC, 1997, p. 333) : "matériel", c'est-à-dire le

85 "Intentions are thought to reflect a person's willingness to pursue a given behavior". 86 "Individuals are, after all, the energizers of the entrepreneurial process". 87 "So useful model of entrepreneurship must recognize the importance of human volition". 88 "By definition, nobody will pursue an opportunity if he/she does not want to". 89 "Intentionality is the larger framework which includes not only goal setting but also a greater degree of freedom and expanded creativity for the entrepreneur". 90 "New ventures are not coerced into being nor are not they random or passive product of environmental conditions. Ventures get started and develop through initial stages largely based on the vision, goals, and motivations of individuals". 91 "Intention is a state of mind directing a person's attention, experience, and behavior toward a specific object or method of behaving". 92 "Even though entrepreneurial ideas - for a new products, new services, new social movements - begin with inspiration, sustained attention and intention are needed in order for them to become manifest".

Page 60: Intention Entrepreneuriale

57

fait ou l'acte nécessaire à son existence ; "réglementaire", c'est-à-dire le texte juridique qui

la sanctionne ; et enfin, l'élément "moral"93 où l'on retrouve l'intention.

Pour J. PRADEL (1995, p. 500 et 501), il n'existe aucune définition de l'intention dans

la loi, et encore moins dans la jurisprudence. En essayant de définir l'intention avec un

grand souci de précision, il est apparu, dit-il, dans la doctrine une notion monolithique et

très variée où la volonté est très présente. Cet auteur affirme que l'intention est "à la fois

connaissance de ce qui est interdit et volonté de transgresser l'interdit malgré tout…De

façon générale, elle n'est pas seulement la volonté tendue vers la recherche d'un résultat

précis, mais également que les agissements réalisés volontairement entraînent ce

résultat… Aux yeux de notre droit, la volonté est définie de manière objective : elle est le

fait de vouloir un acte et elle n'est rien d'autre".

En droit, l'intention est considérée comme "la volonté consciente" de commettre un fait

prohibé par la loi. D'après G. STEFANI et alii (1997), pour que l'infraction existe

juridiquement, il ne suffit pas qu'un acte matériel soit commis, il faut encore que celui-ci

ait été l'œuvre de la volonté de son auteur. En absence de volonté, en cas de force majeure

par exemple, il n'y a pas d'infraction. L'intention est la volonté d'accomplir un acte (G.

STEFANI et alii, 1997, p. 211 et 215 ; F. DESPORTES, F. LE GUNEHEC, 1997, p. 363 ;

W. JEANDIDIER, 1991, p. 353). D’où un lien étroit entre l'intention et le résultat envisagé

(P. CONTE, P. MAISTRE DU CHAMBON, 1998, p. 202).

1.4.2.2. Un processus cognitif

En exposant quelques modèles de mobilité et de départ volontaire de salariés fondés sur

l’intention, J.-P. NEVEU (1996, p. 35) définit l’intention comme "une représentation

cognitive à la fois d’un objectif précis et des moyens pour l’atteindre". Pour N.F.

KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993, p. 322)94, et M.E. TUBBS et S.E. EKEBERG

(1991, p. 184)95, l'intention est une structure cognitive qui inclut les fins et les moyens. Elle

93 Sans doute est-il préférable de parler d'élément psychologique selon G. STEFANI et alii (1997, p. 214). 94 "Intentions are a cognitive structure including both goals (ends) and plans (means), though goals typically crystallize in subjects' minds before the plans to reach the goals". 95 “Intention is depicted as a cognitive structure reflecting both means and end, consistent with most prior definitions of intention”.

Page 61: Intention Entrepreneuriale
Page 62: Intention Entrepreneuriale

59

entrepreneuriale se traduit par des perceptions à la fois de la faisabilité et de la

désirabilité d'un comportement105. Si elle n'aboutissait pas, elle resterait au stade de la

cognition.

1.4.2.3. Le décalage entre les logiques d'intention et d'action dans le processus de

création d'entreprise

Dans l'étymologie du verbe "prédire", le dictionnaire "Larousse" conçoit l'idée

d'"annoncer ce qui doit arriver". Mais les prédictions peuvent être démenties par les faits.

Il n'est pas vrai que toute intention, même suffisamment forte, peut servir de garantie que

l'acte correspondant sera bien réalisé (D. GAUTHIER, 1997, p.64). Ce qui relève de la

volonté présente pourra devenir un futur impossible. "Ni nos intentions, ni nos motivations,

ni nos objectifs…", notent M. CROZIER et E. FRIEDBERG (1977, p. 17-18), "ne sont une

garantie ou une preuve de la réussite de nos entreprises".

Le passage d'une logique d'intention (intention de concrétiser une idée ou un projet

d'affaire) à une logique d'action (l'acte de création lui même) est difficile à cerner. Le

comportement entrepreneurial, selon N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993, p. 322),

implique des liens complexes entre l'intention et l'action avec un grand décalage dans le

temps, bien que la première soit forte dans certains cas106. D'après J.-P. NEVEU (1996, p.

21), des variables viennent "se greffer" à la séquence intention-comportement, et peuvent

ainsi changer complètement la direction originale indiquée par le sens de l'intention. Les

intentions sont "révocables" si les choses varient de façon pertinente (M.-E. BRATMAN,

1997, p.248).

Dans une synthèse des différentes approches qui étudient le passage à l'acte de création,

J.A. KATZ (1990, p. 15-16) conclut que l'on peut les regrouper en trois composantes

principales : l'aspiration (qui reflète l'intention), la préparation (accès aux ressources et aux

105 Le raisonnement discursif nous amène à introduire les concepts de faisabilité et de désirabilité. Pour savoir ce que nous en entendons, cf. infra., p. 178-201, "6.1. Définitions et acceptions des variables explicatives de l'intention entrepreneuriale et hypothèses de recherche". 106 "Entrepreneurial behaviors entail relatively complex linkages between intention and action with long time lags. Even very strong intentions need not lead to actual behavior".

Page 63: Intention Entrepreneuriale

60

réseaux d'informations) et l'entrée (démarrage de l'activité)107. Il présente un schéma très

représentatif du décalage entre l'intention et la création dans le déroulement du processus

entrepreneurial :

Figure 8 - Hurdles to self-employment for wage-or-salaried workers - hypothetical

frequencies (J.A. KATZ, 1990, p. 16)

Seule une faible partie, donc, de ceux qui aspirent entreprendre crée effectivement leurs

entreprises. Nous sommes bien conscients que les proportions de concrétisation resteront

faibles et ne dépasseront pas les 10% au maximum108. Une faible proportion des individus

formuleront l'intention d'entreprendre. Une part plus faible prendra l'initiative de créer une

entreprise.

Nous sommes tout aussi conscients que les individus (diplômés en ce qui nous

concerne) ne passeront pas de suite à l'acte de création. Il est montré, comme nous

l'évoquerons en traitant des mobiles du processus entrepreneurial au chapitre troisième, que

le passage à l'acte intervient souvent des mois, voire des années, après la naissance de

l'idée. Plusieurs recherches, notamment celles de M. BOUCHARD-D'AMOURS et Y.

GASSE (1989), P.B. DUFFY et H.H. STEVENSON (1984) et A. FAYOLLE (1996), pour

ne citer que celles-ci, l'affirment ou le prouvent.

107 "The first hurdle is aspiration to enter self-employment. This reflects the stated intention to become self-employed. This statement can be to oneself, to others, or both. The second hurdle is preparation for entry to self-employment by environmental scanning, resource gathering, networking, or obtaining training. The third hurdle is entry itself, where the newly self-employed open their doors, or phones, for business". 108 Les différentes études en France montrent que les diplômés-créateurs représentent entre 5% et 7% de la population des créateurs(quelle que soit la formation suivie).

Don't aspire to self-employment

Hurdle 1 : aspiring

Hurdle 3 :entering

Hurdle 2 : preparing

Box size suggests Frequency of

action

Page 64: Intention Entrepreneuriale

61

L'intention est donc évolutive selon les circonstances, les populations, les lieux et les

opportunités (N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD, 1993, p. 326 et 328109 ; N.F

KRUEGER et D.V. BRAZEAL, 1994, p. 93-94110). Les événements professionnels

(licenciement, chômage, promotion bloquée…), les opportunités d'entrepreneuriat et la

disponibilité des ressources sont quelques facteurs qui pourraient affecter les attitudes et

les perceptions, et par là même, les intentions des individus.

Il est certain que notre travail rendra compte d'"une photographie" du processus

entrepreneurial. Cependant, notre recherche s’inscrit dans une perspective

processuelle. Nous pensons de plus qu’elle a le mérite de prendre en compte des variables

situationnelles et personnelles pertinentes pour comprendre et expliquer l’intention

entrepreneuriale.

Si au cours du processus de création d'entreprise une intention peut être décelée, il n'en

demeure pas moins que la concrétisation de cette intention ne peut être connue

qu'ultérieurement grâce à l’acte de création. L'entrepreneuriat est un processus. Qui dit

"processus", dit nécessairement changement, dynamique et fait référence au temps

nécessaire pour que des effets puissent se produire. Ce temps nécessaire qui

explique partiellement le décalage entre l’intention et l’action nous obligent à nous

questionner sur l’horizon de validité prédictive de l’intention.

1.4.2.4. L'hypothèse de base : la stabilité à moyenne échéance de l'intention

Il est certain que toute prédiction de l’acte de création est soumise à contingence. Celle-

ci relèverait de deux ensembles de variables : personnelles et environnementales. Mais les

théories de la contingence retiennent des possibilités d'analogie de certaines situations. M.

CROZIER et E. FRIEDBERG (1977) signalent que l'on peut repérer des stratégies

d'acteurs en découvrant une régularité dans les comportements.

Pour K.-J. GERGEN et alii (1992, p. 184, 213-214), la prédiction du comportement par

les attitudes dépend de l'intervalle de temps qui sépare la mesure des attitudes de la

109 "Intentions and attitudes depend on the situation as well as the person and predict behaviour better than strictly individual (personality) or situational ((employment status) variables… The relative importance of different attitudes on intentions will likely differ across cultures". 110 "Thus, they (les intentions) are learned and learnable and necessarily vary across both individual and situations… Salient change in the situation is needed to precipitate intentions and thus behavior".

Page 65: Intention Entrepreneuriale

62

concrétisation du comportement souhaité. Ils affirment tout au moins que les attitudes sont

relativement persistantes. D'après M. CROZIER et E. FRIEDBERG (1977, p. 466), une

fois acquises et établies, les attitudes sont relativement stables, donc mesurables. Leur

caractère de stabilité relative leur permet de prédire les comportements. L'intention, selon

M.-E. BRATMAN (1997, p.248 et 255) est une composante stable de "plans partiels". Elle

"est soumise à une exigence de stabilité".

Nous nous appuyons donc sur l'hypothèse de stabilité des attitudes, des normes

subjectives et des perceptions, et conséquemment de l’intention. Mais quelle est

l’échéance de cette stabilité ? Les études de J.-M. AURIFEILLE et E.-M. HERNANDEZ

(1991), P. DAVIDSSON (1995) et A.F. DE NOBLE et alii (1999) ont vérifié

empiriquement la validité prédictive de l'intention sur une période de cinq ans. Nous

retenons donc celle-ci pour prédire les comportements et analyser l’intention pour un

étudiant donné, puis comparer les étudiants sur cette base111.

Si l'on trouve de manière significative et récurrente, malgré la diversité des situations,

que des facteurs psychologiques et situationnels (les attitudes, les normes subjectives et les

perceptions) agissent à un moment précis de l’histoire des étudiants (quelques mois avant

de décider de leurs avenirs professionnels), sur leurs intentions d’entreprendre, nous

pourrons alors prédire l’acte de création sur une échéance de cinq ans.

Conclusion du chapitre 1

L'entrepreneuriat ne fait pas l'unanimité sur son contenu. Pour certains (S. BIRLEY,

1998 ; M. BOUCHARD-D'AMOURS et Y. GASSE, 1989 ; C. BRUYAT, 1993, 1994 ;

W.D. BYGRAVE et C.W. HOFER, 1991 ; P. DAVIDSSON, 1995 ; W.G. DYER, 1994 ;

W.B. GARTNER, 1988 ; E.-M. HERNANDEZ, 1999112), c'est tout simplement la création

d'entreprise, pour d'autres (A. FAYOLLE, 1998 ; D.C. Mc CLELLAND, 1965 ; D.W.

NAFFZIGER et alii, 1994 ; T. VERSTRAETE, 2001), il peut aussi correspondre à des

111 En outre, la plupart des études que nous avons consultées, indiquent que l'âge moyen des créateurs se situe dans l’intervalle 30 à 35 ans. Au terme de cinq ans, les étudiants qui sont actuellement en fin de formation auront un âge avoisinant la trentaine. 112 Tout récemment, E.-M. HERNANDEZ (2002, p. 99) se démarque de ce positionnement dans le champ en montrant que l’entrepreneuriat est bien entendu la création d’entreprise, mais qu’il correspond aussi à la reprise d’entreprise.

Page 66: Intention Entrepreneuriale

63

situations de reprise, de franchise, de développement d'activités nouvelles, de filiales,

d'unités stratégiques ou de centres de profits. Et pour d'autres encore (A. ARLEO et E.-M.

HERNANDEZ, 2002 ; A. GIBB et J. COTTON, 2002 ; E.-M. HERNANDEZ, 1999 ; N.F.

KRUEGER et D.V. BRAZEAL, 1994 ; H.H. STEVENSON et J.C. JARILLO, 1990), il est

fondé sur la notion de concrétisation d'opportunités.

Le renouvellement de l'étude de l'entrepreneuriat doit aller de pair avec celui du

vocabulaire utilisé pour le décrire, notamment le concept d'entrepreneur pour lequel

l'analyse, comme nous le verrons dans le chapitre deuxième, n'est pas moins difficile. Pour

C. BRUYAT (1993, p. 49), le champ de l'entrepreneuriat est dans une impasse

"sémantique" à cause de la réification du concept d'entrepreneur. L'inexistence d'un

consensus peut être expliquée par le manque de définition de l'entrepreneur (E.-M.

HERNANDEZ, 1999, p. 17 ; R.J. BRADLEY, 1990, 48) et par la diversité et la complexité

des paramètres qui constituent le paradigme.

Cette diversité et cette complexité ne peuvent que conforter la tendance actuelle des

recherches qui se font dans une optique "multidisciplinaire" (L.-J. FILION, 1997, p. 149)

ou de "discipline réseau"113. Le champ de l'entrepreneuriat intéresse plusieurs disciplines et

ne peut être contenu par aucune d'elles (A. SHAPERO, L. SOKOL, p. 74)114. Il emprunte à

la gestion, l'économie, la psychologie, la sociologie, la psychologie sociale, la démographie

sociale, l'anthropologie et l'histoire. Chacune d’elle pose des problématiques avec des

logiques, des modèles et des cultures spécifiques. Cependant, il est montré que

l’entrepreneuriat a pu s'affranchir des sciences économiques grâce notamment à

l'avènement de l'approche comportementale. Il est devenu un champ de recherche doté

d'instruments propres empruntés aux diverses disciplines citées ci-dessus115.

113 Qualificatif utilisé par M. MARCHESNAY lors d'une intervention au premier colloque de l'Académie de l'Entrepreneuriat à Lille, les 15 et 16 novembre 1999. Il l'utilise au lieu et place de "transdisciplinaire". 114 "No single discipline is sufficient to the task… Standing back from the profusion of literatures and references, it becomes apparent that "entrepreneurship" is a label for a profound and pervasive human activity that is of interest to many disciplines but is not encompassed by any one of them".

A ce sujet, C. BRUYAT (1993, op.cit, p. 38) note qu’"Il est intéressant de retracer la carrière de ceux qui, en 1990, dominent la discipline. K. Vesper, I. Mc Millan, A. Cooper, T. Tybjee, D. Baumann ont des diplômes d'ingénieurs ; W.-D. Bygrave, A. Bruno, I. Litvak sont physiciens ; W. Dunkleberg économiste, Y. Gasse; N. Fast, R. Hisrich, B. Kirchhoff, R. Knight, R. Ronstat, J. Timmons, N. Churchill, W. Gartner, H. Stevenson sont des gestionnaires ; J. Hornaday, A. Carsrud sont psychologues". 115 E.-M. HERNANDEZ et L. MARCO (2002) nous révèlent quelques uns des instruments que le champ de l’entrepreneuriat a pu s’approprier de façon très avancée : la théorie de l’économie des coûts de transaction, la théorie des conventions et l’approche évolutionniste.

Page 67: Intention Entrepreneuriale

64

L’entrepreneuriat est un processus où diverses phases sont distinguées en amont et en

aval. L’intention entrepreneuriale en représente un moment fort. Cette dernière est

notre principale question de recherche. Comprendre celle-ci est, selon N.F. KRUEGER et

A.L. CARSRUD (1993, p. 315)116 et N.F. KRUEGER et alii (2000, p. 411)117,

particulièrement utile pour un phénomène qui est relativement rare. Etudier les intentions

nous donne un bon aperçu des comportements visant la création d'entreprise, même si

celle-ci ne se réalise pas. Ainsi, l'intention peut être un instrument de mesure pour la

prédiction de comportements futurs. Quels que soient les comportements recherchés par

les individus, l'intention reste le meilleur prédicteur des comportements futurs (L.

KOLVEREID, 1997, p. 49118 ; N.F. KRUEGER, D.V. BRAZEAL, 1994, p. 93119 ; N.F.

KRUEGER et alii, 2000, p. 412120). Par exemple, J.-P. NEVEU (1996, p. 104) révèle que

de façon générale, les études s’accordent sur le caractère positif de la relation intention-

comportement pour les départs de salariés

L’intention entrepreneuriale n'explique pas le devenir du processus entrepreneurial,

mais donne une photographie de celui-ci à un moment précis et dans un contexte où des

étudiants suivent des formations ou programmes en entrepreneuriat ou création

d’entreprise. Notre problématique s'interroge sur une phase du processus entrepreneurial,

mais nous comprenons que le décalage entre l’action et l’intention pourrait empêcher

cette dernière de se réaliser.

L’objectif des deux chapitres suivants est d’identifier dans la littérature les

concepts et les facteurs qui peuvent nous éclairer sur les variables à retenir dans la

construction de notre modèle de l’intention entrepreneuriale. A cet effet, le deuxième

chapitre a pour objet d’analyser et de décrire dans les théories économiques, la

psychologie, la sociologie et le management, les caractéristiques du principal acteur de

l’entrepreneuriat : l’entrepreneur.

116 "Understanding intentions is particularly useful where phenomena are relatively rare… That is, studying intentions gives us valuable insights into new venture initiation, even without observing that initiation". 117 "In the psychological literature, intentions have proven the best predictor of planned behavior, particularly when the behavior is rare, hard to observe, or involves unpredictable time lags". 118 "The theory of planned behavior has during recent years become one of the most widely used psychological theories to explain and predict human behavior". 119 "The intentions literature strongly suggests two critical notions. First, intentions serve to focus decision makers' attention on a target behavior and routinely prove to be the best single predictor of that behavior". 120 "Intentions are the single best predictor of any planned behavior including entrepreneurship".

Page 68: Intention Entrepreneuriale

65

Chapitre 2 - L’entrepreneur : des théories économiques aux

approches interdisciplinaires

"If we can just find out who the entrepreneur is, then we'll know what entrepreneurship is".

William.B. GARTNER (1988)

L'entrepreneur est le principal acteur du phénomène entrepreneurial. Le plus difficile

dans l’étude de son rôle consiste à définir qui est un entrepreneur ou ce qu’est un

entrepreneur. Pour M. CASSON (1991, p. 9) [1982]121, il n'existe aucune théorie de

l'entrepreneur. La plupart des études consacrées à ce sujet ne cherchent pas à en donner

une définition. Elles se fondent sur une vision stéréotypée d'un aventurier qui fait des

affaires.

Depuis J.-B. SAY, notre revue de la littérature nous permet de distinguer, tout comme

M. CASSON (1991, p. 21) [1982], deux approches de l'entrepreneur, descriptive et

fonctionnelle. Cette revue de l’état de l’art nous indique que l’entrepreneur ne fait pas

l’unanimité sur son contenu. Plusieurs auteurs (R.J. BRADLEY, 1990 ; W.B. GARTNER,

1988 ; D.M. RAY, 1993 ; K.G. SHAVER et L.R. SCOTT, 1991) sont arrivés à la

conclusion qu'il n’existe pas de consensus sur la définition de l'entrepreneur. D.M. RAY

(1993 p. 346-347) remarque que l'inexistence de définition a amené à des résultats

empiriques contradictoires. Plus encore, les frontières entre entrepreneuriat et entrepreneur

sont très floues car l'on décèle des confusions sémantiques. Cependant nous considérons

que les différents courants économiques se réunissent autour de la reconnaissance de

l’individu comme source incontournable de richesses.

La notion d’entrepreneur correspond au besoin de la théorie économique de s’appuyer

sur un type idéal afin de fournir une explication générale du fonctionnement de l’économie

de marché. L'idéologie de l'entrepreneur repose sur l'idée que le développement

121 Cette année correspond à la parution de la première édition anglaise : The Entrepreneur : an economic theory.

Page 69: Intention Entrepreneuriale

66

économique est le produit de l'initiative individuelle. Comment se sont construits les

personnages tantôt admirés, tantôt détestés de l'entrepreneur ? Quels sont ses rôles

économiques et sociaux ?

Rendre compte de la théorie économique et donner de l’entrepreneur une représentation

acceptable n’était pas une tâche aisée. Au simplisme initial a succédé le trop-plein et une

sophistication des hypothèses et des constructions. De plus, les différentes représentations

proposées ne sont en général pas cohérentes entre elles. Chaque grand courant d’analyse

propose une représentation qui lui est propre. Cependant la théorie économique a le mérite

d’avoir adapté le concept d’entrepreneur aux évolutions de ses activités et de ses fonctions

économiques et sociales. Sans prétendre à l'exhaustivité, nous avons conjugué une

perspective historique (et non chronologique) et une vision dynamique, ce qui constitue la

première contribution du présent propos.

Jusqu’à la fin de la décennie 1950, il est indéniable que l'analyse de l'entrepreneur s’est

faite dans une perspective purement économique. Les théoriciens du domaine restent à peu

près tous prisonniers de l'individualisme méthodologique dont Robinson CRUSOE incarne

le modèle. A partir des années 1960, sans tracer une frontière nette et définitive, et à

quelques exceptions près, l’analyse de l’entrepreneur se fait, parallèlement aux théories

économiques, dans une perspective interdisciplinaire. Celle-ci insiste davantage sur ses

actes et comportements, sur ses traits psychologiques et sur l'influence des variables

sociales et culturelles. La littérature actuelle en entrepreneuriat rejette l’exclusivité des

analyses chères aux néoclassiques, axées sur l'acteur "individuel".

L’objectif de ce chapitre est de fournir les premiers matériaux capables de nous

éclairer sur les variables à retenir dans le modèle de recherche. Il tente de cerner

l'entrepreneur, ses rôles socio-économiques et ses fonctions dans l’entreprise ou

l’organisation. Notre investigation nous amène aux premières sources du concept. Nous

présentons tout d’abord la naissance de la terminologie et les premières acceptions du

terme. Nous abordons l’évolution théorique que nous avons décomposée en trois étapes. Le

point de départ est la fusion complète des notions d’entrepreneur et d’entreprise. La

deuxième étape rend compte de la croissance des dimensions de l’entreprise que l’on

nomme "organisation" d’où une scission entre les notions d’entrepreneur et d’entreprise.

Le "manager" supplante l’entrepreneur et prend des formes d’organisateur ou de

Page 70: Intention Entrepreneuriale

67

"technostructure". La troisième étape reconsidère l’entrepreneur en tant que moteur de

l’activité économique. En synthèse de la revue de la littérature, nous traitons de la

reconquête de sa légitimité socio-économique. Pour mieux saisir l’entrepreneur, notre

deuxième contribution synthétise les figures dominantes qu’il épouse selon les

évolutions socio-économiques (figure 9) ; parmi ces figures, l’entrepreneur social et

l’entrepreneur "virtuel" connaissent un essor important. Nous donnons notre acception du

concept d’entrepreneur, en adéquation avec le concept d’entrepreneuriat que nous avons

adopté.

Ensuite, nous exposons les caractéristiques psychologiques, sociologiques et

managériales les plus répandues sur l’entrepreneur. Nous nous consacrons aux typologies

d’entrepreneur. La distinction des dimensions statique et dynamique dans l’évolution

des constructions typologiques constitue la troisième contribution de ce chapitre.

L’acte d'entreprendre et conséquemment l'intention entrepreneuriale, peuvent trouver une

explication partielle dans ces caractéristiques et ces typologies.

2.1. Les pérégrinations socio-économiques de l’entrepreneur

"Sans une théorie de l'entrepreneur", commente M. CASSON (1991, p. 12) [1982], "il

est impossible de fournir un compte rendu complet des retards qui gouvernent la

dynamique du cycle des affaires". L’interrogation sur le contenu du concept constitue un

préalable inévitable et indispensable à la fois.

L’entrepreneur fait son entrée dans la théorie économique avec R. CANTILLON. Le

mot "entrepreneur", au même titre que le mot "manager", est né en France, à la fin du

XVIIème siècle (H. VERIN, 1982). Il désignait ceux que l’on appellera plus tard les

fournisseurs aux armées. Très vite, il s’est appliqué à tous ceux qui étaient liés par contrat

avec le gouvernement royal, pour la construction des routes, des ponts et des fortifications.

Dès l'origine, l'entrepreneur a été associé à l'aventure, avec une forte connotation militaire.

Page 71: Intention Entrepreneuriale

68

2.1.1. Du personnage mythique …

Dans la première étape, l’analyse est essentiellement centrée sur l’entrepreneur. C’est le

cas, par exemple, de toute l’analyse classique. A. SMITH (1991, p. 122) [1776]122 assigne

comme fonction principale à l'entrepreneur l'accumulation du capital, et la bonne marche

de son affaire comme seul objectif123. Il distingue le profit, source de revenu de

l'entrepreneur, le salaire et la rente. Le profit que l'entrepreneur retire de l'emploi du

capital, est une part constitutive de la valeur. Contrairement au salaire et à la rente, celui-ci

ne hausse point selon l'état économique de la nation, c'est à dire l'état de la richesse

nationale124. A. SMITH (1991, p. 179) [1776] ajoute que "les profits ordinaires des

capitaux ne peuvent, dans aucune industrie, être affectés par la constance ou l'incertitude

de l'emploi. C'est la faute du commerçant, et non celle des affaires, si le capital n'est pas

constamment employé". Il retrace quatre manières d'utiliser le capital. Celui-ci peut être

employé à la fourniture ou à la fabrication de produits bruts pour l'usage et la

consommation ; il peut servir au transport de ces produits bruts ou manufacturés, ou à la

parcellisation de ces mêmes produits pour répondre aux besoins de la consommation

quotidienne.

Dans le cas où l'activité de l'entrepreneur est nouvelle, qu'il s'agisse d'une nouvelle

manufacture, d'une nouvelle branche de commerce ou d'une pratique nouvelle en

agriculture, celui-ci vise à réaliser les profits les plus élevés possible ; il est alors

"spéculateur" au sens d'A. SMITH (1991, p. 190) [1776], et son intérêt particulier peut

même s'opposer à l'intérêt général. Seul le profit personnel guide l'emploi d'un capital dans

une activité donnée125.

Il répartit, toutefois, le capital en deux : le capital fixe et le capital circulant126 ; il opère

une nette séparation entre le capitaliste qui prête moyennant un intérêt, et l'homme

d'affaires qui emploie le capital qu'il détient ou qu'il emprunte127.

122 Cette année correspond à la première édition anglaise intitulée "An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations". 123 L'enrichissement désigné sous le concept d'accumulation du capital, constituait pour lui un objet théorique nouveau dont l'économie politique devait expliquer les lois. 124 A. SMITH, 1991 [1776], op.cit, p. 335. 125 Idem., p. 336 et 465. 126 Ibid., cf. chap.I, p. 357-365. 127 Ibid., p 424-425.

Page 72: Intention Entrepreneuriale

69

P. LAURENT (1989) critique l'approche "smithienne" parce qu'elle n'articule pas ses

analyses avec celles de R.CANTILLON128. A. SMITH, avec sa fameuse main invisible,

dépersonnalise l'entrepreneur (M. CASSON, 1991 [1982]). Notre critique portera

principalement sur l'inexistence d'une analyse du rôle de l'entrepreneur et de son influence,

en tant qu'agent économique, sur l'activité économique. En ce sens, nous voyons là une

régression, du moins sur l'axe du temps, en comparaison avec R. CANTILLON.

Dans ses travaux d'économie mathématique où il expose sa conception de l'économie

politique pure - qu'il oppose à l'économie politique appliquée -, L. WALRAS (1976)

[1874], le principal représentant du courant marginaliste, établit une nette distinction entre

le propriétaire foncier, le travailleur, le détenteur de capital et un quatrième personnage,

l'entrepreneur qui en appliquant des "services producteurs" (terre-travail-capital) aux

matières premières, vend à son compte les produits obtenus. L. WALRAS (1976, p. 191)

[1874] affirme, qu'un même individu peut cumuler deux, trois, voire toutes ses fonctions.

"La diversité de ces combinaisons engendre la diversité des modes d'entreprises".

Le "paradoxe walrasien", selon P. LAURENT (1989), est que dans le contexte de la

théorie de l'équilibre général, l'entrepreneur, qui dans un premier temps est identifié

comme un acteur à part, est réduit par la loi de l'offre et de la demande, à un agent de

transition et de coordination des marchés129. L’auteur vide de son contenu l'action de

l'entrepreneur en tant qu'acteur de la vie économique. En faisant reposer son raisonnement

sur la loi de l'équilibre de la production, L. WALRAS (1976, p. 195) [1874] fait le constat

que "les entrepreneurs ne font ni bénéfice ni perte. Ils subsistent alors non comme

entrepreneurs, mais comme propriétaires fonciers, travailleurs ou capitalistes dans leurs

propres entreprises ou dans d'autres". Il va même jusqu'à conclure qu'à l'état d'équilibre de

l'échange et de la production, nous pouvons faire abstraction de l'intervention de

l'entrepreneur. Il ignore ainsi le risque que celui-ci peut supporter.

Aussi l'entrepreneur combine-t-il les facteurs de production, mais à la différence de R.

CANTILLON et de J.-B. SAY, nous sommes d'accord avec S. BOUTILLIER et D.

UZUNIDIS (1995, p. 21-22), pour dire que L. WALRAS ne lui accorde aucun caractère

128 Signalons qu'en aucune façon, A. SMITH ne cite le "Traité d'économie politique" de R. CANTILLON dans son ouvrage "Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations". 129 Cette loi fondamentale en économie politique est la réunion de la loi des variations des prix d'équilibre et la loi d'établissement de ces mêmes prix.

Page 73: Intention Entrepreneuriale

70

exceptionnel. La formalisation mathématique de l'économie a contribué à effacer le rôle

dynamique de l'entrepreneur.

Assumer le risque et exercer la direction sont deux rôles qui ont progressivement été

dissociés et se sont imposés dans le personnage de l’entrepreneur. Ce qui explique, au

cours de cette première phase, que les approches de l’entrepreneur se soient réparties en

deux groupes, l’une mettant en exergue la notion de direction ou d’organisation et l’autre

celle de risque.

2.1.1.1. L’organisateur de J.-B. SAY

J.-B. SAY (1972) [1803], dont la contribution au progrès de l'analyse économique est

loin de faire l'unanimité, peut être considéré comme le premier auteur centrant l’analyse

sur le critère de direction. En divisant les procédés de l'industrie humaine en trois

opérations, il distingue le savant qui étudie les lois de la nature, l'entrepreneur, et l'ouvrier

qui travaille sous leurs ordres. L'entrepreneur profite des connaissances des savants pour

créer des produits utiles ; c'est l'agriculteur, le manufacturier ou le commerçant qui

"entreprend de créer pour son compte, à son profit et ses risques, un produit

quelconque"130. Cette typologie dit-il, est mise en place dans un souci de division des

occupations pour accroître les produits de la société. A. SMITH, à l’instar de J.-B. SAY

(1972, p. 88-96) [1803], a analysé les mérites de la division du travail131.

L’auteur met l'entrepreneur au centre du raisonnement économique ; c'est un agent

économique rationnel et dynamique garantissant l'équilibre économique. J.-B. SAY (1972,

p. 376-377) [1803] le décrit comme étant "l'intermédiaire entre toutes les classes de

producteurs et entre ceux-ci et le consommateur. Il administre l'œuvre de la production ; il

est le centre de plusieurs rapports ; il profite de ce que les autres savent et de ce qu'ils

ignorent, et de tous les avantages accidentels de la production". J.-B. SAY (1972) [1803]

effectue un apport intéressant : la distinction (délicate selon ses dires) entre les fonctions

d’entrepreneur et d’apporteur de capitaux, cette dernière étant rétribuée par le profit du

130 J.-B. SAY, op.cit, 1972 [1803], p 74-75. 131 Selon A. MARSHALL (1971, p. 427) [1906], A. SMITH a donné une portée nouvelle à cette idée grâce à une pénétration philosophique et aux faits dont il l'illustra.

Page 74: Intention Entrepreneuriale

71

capital. Les deux fonctions peuvent être combinées par une même personne, mais cela n’a

rien de nécessaire. L’entrepreneur n’est pas forcément membre d’une classe sociale

particulière. Il est chargé de remplir une fonction économique originale qui doit être

assumée quel que soit le système économique.

Fort de son expérience d’industriel et de banquier, l’auteur a clairement vu que la mise

en place d’une organisation était un point crucial ; l’entrepreneur est avant tout un

organisateur. Il harmonise les trois facteurs de production, terre-travail-capital, pour

rechercher un maximum d'utilité. Néanmoins, quelques risques accompagnent toujours les

entreprises industrielles, même celles qui sont les mieux conduites. Elles ne sont pas à

l'abri d'un échec. L’entrepreneur peut y compromettre, ajoute J.-B. SAY (1972, p. 375)

[1803], sa fortune et éventuellement y perdre son honneur, capital symbolique en cas de

faillite.

Diriger et organiser d’une part, prendre des risques, d’autre part, sont les deux

traits les plus caractéristiques de l’activité de l’entrepreneur, et ils le sont restés.

L’analyse de J.-B. SAY présente cependant une faiblesse qui tient à son caractère statique.

Sa préoccupation centrale est l’étude d’un entrepreneur agissant dans un univers certain,

c'est-à-dire répondant aux impulsions des marchés tendant eux-mêmes vers l’équilibre132. Il

a considéré que l'offre crée sa propre demande, ce qui veut dire en reprenant les termes de

J.M. KEYNES (1996, p. 9 et 47) [1936]133, "En un certain sens évocateur mais non

clairement défini, que la totalité des coûts de production doit nécessairement, dans la

communauté entière, être dépensée directement ou indirectement pour l'achat de la

production". Celui-ci ajoute "qu'une théorie fondée sur une telle base ne saurait convenir à

l'étude des problèmes se rapportant au chômage et au cycle économique". J.-B. SAY

néglige le rôle perturbateur de l’entrepreneur, son action sur l’environnement. Néanmoins,

il écrit que le bien-être d'un pays dépend de sa population active et du dynamisme de ses

entrepreneurs.

132 La loi de J.-B. SAY : l’offre crée sa propre demande. Il s'est évertué à montrer qu'il existe des forces qui ramènent toujours le système économique vers l'équilibre. 133 C’est l’année de la première édition anglaise ("The General Theory of Employment, Interest and Money").

Page 75: Intention Entrepreneuriale

72

2.1.1.2. Le preneur de risque

Les analyses du deuxième courant théorique sont fondées sur l’étude du risque. Selon

H. VERIN (1982), quelle que soit l'époque considérée, l’activité de l'entrepreneur est

assimilée à une action risquée.

R. CANTILLON (1997) [1755]134, qui s’enrichit grâce à sa compréhension des

mécanismes économiques, opère dans son ouvrage "Essai sur la nature du commerce en

général" une division socio-économique en trois classes135 : les propriétaires, qui seuls

comme le prince, vivent dans l'indépendance ; les fermiers et un dernier groupe très

hétérogène auquel appartient l'entrepreneur. Cette dernière classe comprend aussi bien les

marchands, les bouchers, les boulangers, les manufacturiers, les mendiants que les hommes

de lois…

En véritable entrepreneur, R. CANTILLON (1997) [1755] dépeint cet élément comme

un agent de direction de la production et du commerce. L’entrepreneur supporte les risques

liés aux contraintes du marché et aux fluctuations des prix. Il effectue des achats à des prix

certains pour se procurer tous les facteurs nécessaires à sa production. Ses ventes et ses

recettes sont par contre aléatoires. Son revenu, le profit, est incertain. Il accorde néanmoins

à l'entrepreneur la possibilité d'anticiper le risque en prévoyant les décisions d'achats et en

fixant le prix qui convient à ses marchandises. S'il leur accorde un prix excessif, il fera

banqueroute. L'évaluation de l'état du marché dépend de son expérience personnelle.

L'instinct du profit amène ainsi toujours l'emploi des méthodes les plus avantageuses. R.

CANTILLON (1997) [1755] fait de l'entrepreneur, de façon explicite, une pièce maîtresse

de la dynamique économique. Nous pouvons lui reprocher de bâtir son analyse sur le

postulat de l'équilibre naturel vers lequel tout revient ou tend à revenir. Aux prémices de la

pensée économique, il ignore le véritable rôle de l'entrepreneur qui s'étend au-delà de

l'intermédiation dans l'activité.

134 Cette année est celle de la première édition. 135 R. CANTILLON avait l'ambitieux objectif d'édifier un traité général d'économie. Il a construit un modèle analytique qui cernait les éléments de l'économie afin d'isoler les forces fondamentales en exercice. Par son œuvre, curieusement tombée dans l'oubli pendant plus d'un siècle, il fondait la doctrine capitaliste et donnait l'une des premières applications de la méthode inductive en économie. Indéniablement, il a eu le mérite d'annoncer la science économique.

Page 76: Intention Entrepreneuriale

73

Appartenant à l'école autrichienne qui a exploré la fonction d'acquisition et

d'exploitation de l'information par l'entrepreneur (B. CORIAT, O. WEINSTEIN, 1997, p.

16-17), F.H. KNIGHT (1985) [1921]136 signale la difficulté d'une théorie structurée de

l'entrepreneur et met l'accent sur l'incertitude liée à l'évolution économique137. Il fait,

contrairement à R. CANTILLON (1997) [1755], une distinction entre risque, assurable, et

incertitude, non assurable.

L'assurance est un moyen de se prémunir contre le risque, alors qu'il n’en existe aucun

pour se couvrir contre l'incertitude. Tout au plus peut-on la réduire. Le risque, soit par un

calcul à priori, soit par des statistiques portant sur des expériences antérieures, peut être

évalué, tandis que l’incertitude ne peut pas l’être138. C'est celle-ci qui joue un rôle dominant

vis-à-vis de l'entrepreneur dans la mesure où elle présente des situations pour lesquelles les

probabilités ne peuvent être déterminées ni par le raisonnement, ni par l'inférence

statistique. Le profit que l'entrepreneur en tire est une contrepartie de l'incertitude et sera

une fonction proportionnelle de celle-ci. Il en résulte selon F.H. KNIGHT (1985) [1921],

que la fonction d'entrepreneur n'est pas d'organiser la production, mais de porter un

jugement sur un futur prévisible.

Au terme de cette première étape, nous constatons la volonté prononcée des auteurs

d’identifier l’entrepreneur à un groupe particulier d’individus, distinct de tout autre, le

professionnel du risque pour R. CANTILLON et F.H. KNIGHT, l'organisateur pour

J.-B. SAY.

La taille des entreprises est devenue telle que celles-ci sont envisagées pour elles-

mêmes. La petite ou moyenne entreprise paternaliste à structure relativement simple,

propriété de l'entrepreneur, fait place, partiellement et progressivement, à la grande société

à structure beaucoup plus complexe (H. KAELBLE, 1979, p. 22). Le centre de l’analyse

est alors transposé de l’entrepreneur vers l’entreprise. Vient alors la deuxième étape, celle

136 Cette année correspond à la première édition. 137 Signalons, au passage, que P. DRUCKER (1985, p. 189), bien qu'il soit proche de l'école autrichienne par le fait qu'il insiste sur l'innovation dans l'activité de l'entrepreneur, affirme que les entrepreneurs n'ont pas de propension à prendre des risques. Il écrit que "Les innovateurs que je connais réussissent dans la mesure où ils définissent et limitent les risques… Les innovateurs sont des conservateurs, ils n'ont pas le choix. Ils ne cherchent pas les "risques", ils visent "l'opportunité"". Pour lui, l'entrepreneur n'est ni un employeur, ni un investisseur ni un capitaliste. L'innovation est son instrument spécifique, le moyen d'utiliser le changement comme une opportunité ouverte sur une affaire ou un service différent. 138 Voir à ce sujet G. GILDER (1985, op.cit., p. 69-76).

Page 77: Intention Entrepreneuriale

74

de l’attention privilégiée accordée à l’entreprise en tant qu’organisation. L'augmentation de

la dimension des entreprises s’est accompagnée d’une transformation des exploitations

individuelles en sociétés anonymes. La conséquence majeure de cette évolution de la taille

et des caractéristiques de l'entreprise est l'apparition de la carrière managériale qui a vu la

séparation de la propriété et de la gestion. En conséquence, pour l'entrepreneur, les tâches

de direction sont devenues plus complexes.

2.1.2. ... qui s’estompe au détriment de l’organisation …

L’individualisme méthodologique dominant dans la pensée économique a souligné le

fait que seul l’individu pense et agit. L’entreprise est "l’affaire de l’entrepreneur", au risque

de dissimuler quelque peu l’aspect social de l’entreprise. Notre approche dynamique

dans sa perspective historique, met en évidence le phénomène de dissociation entre

l’exercice du pouvoir de décision dans l’entreprise et la détention de la propriété.

Le développement des unités économiques qui se livrent à des activités de production et

d’échange, de plus en plus imposantes par leur structure et leur rôle dans le marché, s’est

traduit par le fait que la prise de décision n'est pas toujours individuelle, mais souvent

collégiale. D’autre part, les centres de direction et de propriété qui formaient au départ un

bloc, ne sont plus fondus en une seule personne ; ils sont dispersés en autant d’acteurs qui

animent les transformations juridico-économiques de l’entreprise. Le problème de la

définition de l’entrepreneur s’en trouve posé.

Le capitalisme managérial apparaît à la fin du XIXème siècle avec la vague des

révolutions technologiques et les mouvements de concentration financière. La grande

organisation devenait le moteur de la puissance industrielle. La production de masse s'est

érigée en loi industrielle139. S'ouvre l'ère des managers qui supplantent progressivement les

entrepreneurs individuels ; la vision managériale succède à la vision patrimoniale. La

culture industrielle est devenue orpheline d'entrepreneurs.

La gestion n’est donc plus l’apanage d’un individu ; elle est aux mains de plusieurs

spécialistes qui se partagent les compétences et l’autorité. Le contrôle, écrit E. GIBERT

(1980, p. 9), est pour une large mesure en dehors de la propriété. Ceci a favorisé

139 Toutefois, un réseau dense de petites entreprises se constitue ou subsiste, mais souvent en relation forte avec les grands groupes industriels et financiers.

Page 78: Intention Entrepreneuriale

75

l’émergence d’une nouvelle classe de dirigeants professionnels qui détient le pouvoir.

Ceux-ci sont qualifiés de "directeurs" par J. BURNHAM (1969) [1947]140, de

"technostructure" par J.K. GALBRAITH (1969) [1967] ou de "managers" par H.

KAELBLE (1979, p. 23).

L’organisation a pris la place de l’entrepreneur dans la littérature économique,

spécialement dans l’économie industrielle où ce dernier est quasiment exclu. P.

DRUCKER (1985) et J. SCHUMPETER (1979, p. 178) [1942]141 regrettent sa disparition

au profit de l’organisation et des managers

A. MARSHALL (1971) [1906]142, qui assimile l'entrepreneur au "management" au sens

le plus vaste du terme, affirme que celui-ci remet en cause le statu quo économique. Il

n'hésite pas à mythifier l'entrepreneur qui fournit le capital et le travail nécessaires.

L’auteur le considère à deux points de vue ; il est une entité industrielle très spécialisée et

un intermédiaire entre l'ouvrier manuel et le consommateur. L’entrepreneur est un

marchand et un organisateur de la production.

Mais selon A. MARSHALL (1971, p. 502) [1906], la nouvelle organisation industrielle

a transféré la responsabilité et la direction qui étaient la propriété d'un seul individu. "Cette

forme est en train d'être supplantée par d'autres où l'autorité suprême est répartie entre

plusieurs associés ou même entre un grand nombre d'actionnaires". L’auteur prévoyait

une étendue des formes collectives et démocratiques de direction des entreprises.

J. BURNHAM (1969, p. 29) [1947] émet l'hypothèse que le monde vit une

transformation sociale décisive, et qu'un changement radical a lieu dans les institutions

économiques. Il affirme que l'on se dirigeait vers "la société directoriale". Celle-ci est une

transition entre le type de société qui a prévalu depuis le XVème siècle jusqu'au début du

XXème siècle. C'est une nouvelle société où la propriété privée individuelle ne joue plus un

rôle économique déterminant. Il observe des changements dans le groupe d'hommes qui

détient les positions dirigeantes et les privilèges dans la société. J. BURNHAM (1969, p.

117) [1947] les appelle "directeurs" ; ceux-ci demeurent, dans une large mesure, les

140 La première édition anglaise s’intitule "The Managerial Revolution" (1941). 141 Cette année correspond à la première édition anglaise dont le titre est "Capitalism, Socialism and Democracy". 142 La première édition anglaise ("Principles of Economics") date de 1890.

Page 79: Intention Entrepreneuriale

76

serviteurs des grands capitalistes, leurs "délégués" dans l'exercice du pouvoir et du

contrôle.

En prédisant la disparition de la société capitaliste qu'il qualifie d'individualiste, de

liberté de contrats et d'initiative privée, cet auteur éclipse l'entrepreneur de la sphère

économique et sociale et ne lui prête aucun avenir.

Pour l'économiste et sociologue américain J.K. GALBRAITH (1969) [1967], seules les

grandes entreprises pouvaient aligner au début du XXème siècle les capitaux nécessaires et

mobiliser les compétences exigées par une haute productivité. Leur organisation massive et

complexe remet en cause tous les aspects du comportement économique. L'auteur affirme

ainsi que c’est la grande taille qui rend possible l’élimination de l’incertitude du marché,

alors que la petite entreprise ne le permet pas.

J.K. GALBRAITH (1969, p. 17-22) [1967] note que "le système industriel" sanctionne

l’enseignement économique qui veut que l’entreprise soit gérée par une seule personne.

Les exigences techniques de la complexité industrielle et la grande variété d’informations

imposent de recourir au groupe pour la prise de décisions. L’auteur insiste sur la notion de

"pouvoir économique" qui, dans l’organisation et la société, est irrévocablement transféré

des mains des propriétaires vers le groupe. J.K. GALBRAITH (1969, p. 82) [1967]

propose d’appeler celui-ci "la technostructure",

L’époque n’est plus celle de l’entrepreneur. Il n’existe plus en tant que personne

individuelle. L’imagination, l’esprit de décision et la propension au risque ne sont pas

spécialement importants pour organiser l’intelligence dans l’industrie. J.K. GALBRAITH

(1969, p. 99) [1967] écrit à propos de l’entrepreneur : "Son œuvre, si elle devait continuer

à répondre aux objectifs pour lesquels il l’avait conçu, exigeait son remplacement". Ainsi

l’organisation se voit plus apte à faire du profit et à exercer le pouvoir et, c’est là que

réside son avantage par rapport à l’entrepreneur qui est écarté de l’analyse. Il reconnaît

néanmoins à l’individu la faculté d’innovation pour assurer la prospérité et la survie de la

grande entreprise.

La production de masse qui privilégie des organisations toujours plus vastes et plus

complexes, une incitation au travail sans goût entrepreneurial, une production valorisant

les structures concentrées et un Etat qui étouffe les initiatives mènent vers une rigidité du

système industriel. Mais depuis le choc pétrolier de 1973 et le chômage incompressible que

Page 80: Intention Entrepreneuriale

77

celui-ci a engendré, la grande entreprise a montré ses limites. Les TPE/PME reconsidérées

par l’Etat ne sont plus incompatibles avec la multinationale et les progrès technologiques.

2.1.3. … et qui renaît avec J. SCHUMPETER

Avec la domination de la pensée néoclassique, l’entrepreneur qui occupait une place

primordiale chez J.-B. SAY, disparaît presque totalement de la littérature. Cependant selon

B. CORIAT et O. WEINSTEIN (1997, p.16), quelques auteurs tels que J. SCHUMPETER,

F.H. KNIGHT et F. HAYEK, font exception et se situent en marge de cette pensée du

calcul rationnel qui ignore l'initiative et l’innovation. Cette étape est celle d’une

réaffirmation de l'entrepreneur en tant que personnage-clé de l'activité économique.

Pour M. CASSON (1991, p. 22) [1982], l’entrepreneur est un agent de changement car

il améliore l'affectation des ressources dans le but de maximiser le profit. Davantage qu’un

agent de coordination, il injecte de façon spontanée et indépendante de nouveaux éléments

dans le marché. Son agilité dans la découverte et son aptitude à tirer partie de l’instabilité

sont ses qualités fondamentales. Ses choix relèvent autant de l’imagination créative que de

la déduction logique. L’auteur fait de l’entrepreneur le responsable de sa structure. Il le

personnifie en un individu, par opposition à une équipe, un comité ou une organisation.

J. SCHUMPETER (1935, p. 41-42)143 [1911]144 marque une évolution importante dans la

compréhension de la fonction entrepreneuriale. Il fait de l’entrepreneur un agent

économique d'une espèce particulière, le moteur du progrès technique qui fait des

combinaisons nouvelles des moyens de production et réalise des innovations145.

L’auteur distingue l'invention, qui est une activité scientifique pas nécessairement

motivée par le progrès économique, et l'innovation. Ce n'est qu'exceptionnellement que

l'entrepreneur peut être inventeur. Ce dernier développe une technique que l'innovateur

cherche à exploiter pour la création de richesses. L'innovation implique une décision

143 que L.-J. FILION (1997, op.cit, p. 134) qualifie de père du champ de l'entrepreneuriat. 144 Cette année correspond à la première édition anglaise dont le titre est "The theory of Economic Development". 145 Par combinaisons nouvelles, qui ont lieu en prélevant des prestations de travail et de terre sur leurs emplois accoutumés, J. SCHUMPETER entend cinq catégorie de cas : la fabrication d'un bien nouveau, l'introduction d'une méthode de production nouvelle, la conquête d'un nouveau débouché, la conquête d'une source nouvelle de matière première et la réalisation d'une nouvelle organisation de la production.

Page 81: Intention Entrepreneuriale

78

réfléchie, relative à l'engagement des ressources rares pour appliquer l'invention. J.

SCHUMPETER (1935) [1911] souligne que les individus capables d’innover méritent

seuls l’appellation d’"entrepreneur" ; ils sont doués d’imagination et font preuve

d’initiative et de volonté. Ils assurent le passage entre le monde scientifique de la

découverte et des inventions, et le monde économique des innovations.

Le système ne peut progresser rapidement que si l’effort créatif est récompensé. Par

l’innovation, l’entrepreneur introduit un déséquilibre dans le circuit économique et il peut

s’emparer d’un profit, mais celui-ci est temporaire. Toute innovation finit inévitablement

par être imitée, et lorsqu’elle est généralisée, un nouvel état d’équilibre est atteint et la

source de profit disparaît. Ainsi, la liaison profit-innovation est double ; d’une part,

l’innovation est la seule façon active de s’attribuer un profit, qui apparaît comme le

stimulant du progrès, d’autre part, le profit est la rémunération de l’innovation qui est la

récompense accordée à l’entrepreneur dynamique.

Cependant, J. SCHUMPETER (1935, p. 41-42) [1911] donne de l’entrepreneur une

définition plus restrictive que celle de J.-B SAY. Il rejette en effet totalement la notion de

risque. Il écrit que "C'est toujours le capitaliste qui supporte seul le risque… La conception

de l'entrepreneur comme celui qui supporte les risques, est incompatible avec nos idées"146.

Cette position est à notre avis excessive, même lorsque la propriété des outils de

production devient distincte de leur utilisation. Toute innovation comporte des aléas et la

volonté de vaincre ne va jamais sans risque. Les circonstances en règle générale,

contrairement à ce que pensait J. SCHUMPETER, se modifient brusquement et d'un coup.

D’inspiration "néo-schumpeterienne", H. LEIBENSTEIN (1968, p. 73 et 80) considère

que l'un des obstacles majeurs à la compréhension de l'entrepreneur réside dans la théorie

de la fonction de production qui est incomplète. Il considère la firme comme une

organisation composée d'individus différents entre lesquels n'existe aucune unanimité en

terme d'objectifs. Il distingue dans l’activité de l’entreprise ce qui est de la routine, qui

regarde le management, et ce qui est exceptionnel et qui constitue la véritable fonction de

146 Il distingue les risques prévisibles et les risques imprévisibles. La première catégorie se partage en risque technique de la production et en risque commercial ; elle est incluse dans la détermination du coût de production. La prime de risque ne représente cependant pas un gain pour le producteur ; elle l'est tout au plus pour la compagnie d'assurance. Puisqu'il est prévisible, le risque n'est ni plus ni moins inexistant. Il en va autrement si les risques ne sont pas prévus. D'une part, ils deviennent des sources de perte, et d'autre part, des sources de gain.

Page 82: Intention Entrepreneuriale

79

ce qu'il appelle les "N-Entrepreneurs". Dans les deux cas, le rôle de l’entrepreneur consiste

à coordonner les activités qui impliquent différents marchés147.

Pour cet auteur, c'est la vigilance de l’entrepreneur à l'égard du déséquilibre qui le

distingue des autres agents. Il considère les fonctions de l'entrepreneur comme une réponse

créative à l'inefficience X ("gap-filler") et une transformation des facteurs de production

("input-transformer")148. En insistant sur le fait qu'il n y a pas de théorie universelle de

développement, il note que l'entrepreneur est le moteur de la croissance.

I.M. KIRZNER (1976) [1960]149 qui se rattache à la tradition autrichienne, identifie les

processus pouvant conduire une économie vers l’équilibre. Pour les autrichiens, les prix

observés dans la réalité ne sont jamais des prix d’équilibre, mais de déséquilibre. Face à

une telle situation, l’entrepreneur se voit attribuer la fonction de communication et

d’arbitrage sur les marchés. Pour cet auteur, l’entrepreneur a pour rôle essentiel

l'ajustement des prix150. C'est sa vigilance à l'égard du déséquilibre qui le distingue des

autres agents ; celle-ci signale un aspect important de l’activité de l’entrepreneur.

Lorsque l’économie est en situation d’équilibre, tous les agents économiques sont

supposés capables d’atteindre les objectifs de leurs plans. Dans de telles circonstances,

l’entrepreneur n’a rien à faire et le profit disparaît. Mais l’équilibre est hypothétique, les

goûts des consommateurs changent, les techniques évoluent avec le progrès. Un excédent

d’offre apparaît sur certains marchés, un excédent de demande sur d’autres. L’entrepreneur

va trouver là l’occasion d’exercer son intuition par des arbitrages plus ou moins complexes

sur les opérations d’achat et de vente. Il obtiendra pour cela un revenu, le profit.

Tels sont brièvement esquissés les principaux résultats de cette odyssée du concept

d'entrepreneur. Notre première préoccupation a été d’en retracer les changements. Ceux-ci

ont coïncidé avec les grandes mutations sociales et économiques du capitalisme. Si

147 "He (l’entrepreneur) is an intermarket operator." Mais ce n'est pas sa seule fonction majeure, constate-t-il. Cf. infra, p. 88-89, "2.3.1. D'une conjonction de caractéristiques…". 148 La théorie de l'efficience X, qu'il contraste avec le paradigme néoclassique de la rationalité totale, suppose qu'être pleinement rationnel entraîne des coûts psychologiques qui sont dus à l'inertie de la personnalité de l'individu. Cette théorie constitue le degré d'inefficience dans l'utilisation des ressources au sein de la firme. Elle représente la mesure dans laquelle la firme ne parvient pas à atteindre son potentiel productif, soit parce que les ressources sont employées de manière inappropriée, soit parce qu'elles sont gaspillées. 149 C’est l’année de la première édition. 150 Pour S. BOUTILLIER et D. UZUNIDIS (1995, op.cit), la conception de I.M. KIRZNER est voisine de celle de R. CANTILLON pour qui, en fonction de la localisation des marchés, l'entrepreneur joue sur la différence des prix.

Page 83: Intention Entrepreneuriale

80

nous en restions là, le travail serait "inachevé". Une question reste posée : où nous mène

cette odyssée ? Certains, à l'image de P.-A. JULIEN et M. MARCHESNAY (1996),

évoquent la fin de la "société salariale". La création d'entreprise est au cœur du domaine de

l'entrepreneuriat et se développe rapidement et partout à travers le monde.

2.2. En synthèse de cette odyssée

L'entrepreneur a modifié le cours de l'histoire, dit M. CASSON (1991) [1982]. Il a un

comportement atypique. Bien qu'il fasse partie d'une minorité, c'est lui qui a raison, alors

que la majorité est dans l'erreur. "Ce sont les entrepreneurs qui connaissent les grandes

lois du monde et les commandements de Dieu", écrit G. GILDER (1985, p. 15), "grâce à

cela, ils entretiennent la vie de l'univers d'ici-bas… Ils ne rétablissent pas des équilibres,

ils renversent ce qui est établi". L’enseignement principal que l’on peut tirer est de

reconnaître avec J.M. KEYNES (1996) [1936], dans son ouvrage "Théorie Générale de

l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie", qui l'a hissé aux premiers rangs des économistes

contemporains, que c’est notre besoin inné d’activité qui constitue le véritable moteur

des affaires151.

Ce besoin de l’entrepreneur est ravivé avec les changements socio-économiques. En

effet, contrairement à J. SCHUMPETER (1979)152 [1942] qui prévoyait la disparition

graduelle des PME avec le déclin des nouveaux entrepreneurs dans une économie

concentrée dans d’énormes conglomérats, les années 1975 inaugurent trente années de

rupture dans le capitalisme industriel. Celui-ci entre dans sa troisième génération.

Nous synthétisons cette revue de la littérature en mettant l’accent sur la légitimité socio-

économique reconquise par l’entrepreneur. Celle-ci est accompagnée par l’apparition de

l’entrepreneur social et l’entrepreneur "virtuel". Nous schématisons les figures dominantes

de l’entrepreneur selon les évolutions économiques et sociales (figure 9). Enfin, nous

donnons notre acception de ce concept.

151 Outre le fait qu'il raisonne au niveau macro-économique, il est proche des classiques car il ne semble pas accorder de l'importance à l'entrepreneur en tant que tel. 152 Cf. le chapitre "Le processus de destruction créatrice".

Page 84: Intention Entrepreneuriale

81

2.2.1. Une position confortée par une légitimité socio-économique

La croissance du revenu disponible dans les décennies 1960 et 1970 a créé une hausse

de la demande. Il a fallu adapter de plus en plus finement les produits aux nouvelles

habitudes individuelles et sociales et leur accoler des services répondant aux besoins non

standardisés. Les marchés des produits se sont fractionnés en de multiples micro-marchés,

beaucoup plus délimités et plus instables. Ensuite, les membres de la classe moyenne se

sont retrouvés en état de suréquipement et de saturation en biens industrialisés. Il a donc

fallu développer de nouvelles activités, et l'innovation s'est alors portée sur les activités de

services. Or dans celles-ci, l’adaptabilité, la flexibilité et la proximité du client constituent

un atout essentiel que les grandes firmes bureaucratiques ont été souvent incapables

d’assurer.

Il en découle, selon P.-A. JULIEN et M. MARCHESNAY (1996), un phénomène

littéralement de "dé-management" qui se traduit par un démembrement de plusieurs grands

groupes industriels. Ceux-ci externalisent des activités et s'efforcent d'insuffler un nouvel

esprit d'entreprise. Les grandes entreprises ne joueront vraisemblablement plus le même

rôle moteur dans la nouvelle société "post-industrielle"153.

C'est "l'économie de management" qui se transforme progressivement en une "économie

d'entrepreneurs" (P. DRUCKER, 1985). Nombre d’auteurs estiment que le capitalisme est

entré dans une nouvelle phase. On parle d’une société de services avec une résurgence

spectaculaire du capitalisme entrepreneurial.

Le développement de la création d’entreprise est à l'ordre du jour. L'accroissement du

volume des petites et moyennes entreprises semble être un phénomène universel. La petite

entreprise s’est imposée comme une institution qui a acquis une légitimité considérable

(P.-A. JULIEN, 1994, p. 151-152). Le petit entrepreneur, créateur, dirigeant et propriétaire

de son affaire se voit attribué un intérêt grandissant (S. BOUTILLIER, D. UZUNIDIS,

1995, p. 46). Globalement, deux faits majeurs expliquent ce dernier.

Premièrement, les problèmes propres à la grande entreprise. La grande dimension

n’était plus un objectif en soi. Les TPE/PME, quoi qu’on en dise, ne sont souvent pas

appelées à devenir grandes. Le dynamisme des économies industrialisées repose sur la

153 L. BOYER (1998, op.cit. p. 75) utilise le qualificatif de société "post-salariale".

Page 85: Intention Entrepreneuriale

82

productivité de leurs entreprises. Ceci est devenu vrai autant pour les petites que pour les

grandes entreprises. A cause des multiples liaisons, notamment les systèmes intermédiaires

constitués par les réseaux d’entreprise et la sous-traitance, les petites entreprises sont aussi

importantes que les grandes dans la recherche de la compétitivité nationale et

l’augmentation du produit national. Leur contribution incontestable au développement

local, repose sur leur mode d’insertion dans le tissu économique et social.

Deuxièmement, les TPE/PME acquièrent, selon P.-A. JULIEN (1994, p. 189-191), une

légitimité sociale et économique. La première est liée aux facteurs de réalisation de soi et

d'insertion sociale. La seconde relève des innovations productrices, du développement des

nouveaux services et de la création d’emplois pour lesquels les TPE/PME ont été ces

dernières années le fer de lance154.

Le mouvement des créations d'entreprise redonne à la personne de l'entrepreneur un rôle

primordial dans la vie du XXIème siècle. Les conditions économiques et sociales changent

constamment, et chaque génération d’auteurs envisage l’entrepreneur d'une façon propre et

souvent différente. Les sensibilités actuelles ne se distinguent guère des précédentes.

Certains, comme P.B. DUFFY et H.H. STEVENSON (1984) et P. DRUCKER (1985), à

l'instar de J. SCHUMPETER, privilégient l'innovation, que l’on soit dans un contexte de

création d'entreprise ou d'intrapreneuriat. D'autres, tel que W.B. GARTNER (1990), dans

la lignée de R. CANTILLON ou de J.-B. SAY, s'intéressent à l'entrepreneur comme étant

celui qui assume les risques et la responsabilité de la mise en œuvre d'une nouvelle

entreprise.

Aujourd'hui, l'entrepreneur se confond généralement avec la petite entreprise. Il

n'est plus héroïque par des innovations majeures qui bouleversent la société. Il crée souvent

son propre emploi. Il est proche de ses clients, de ses fournisseurs, de ses financiers et de

ses partenaires locaux. Il s'inscrit dans un réseau complexe d'entreprises où il trouve sa

source d'innovation.

154 Entre les années 1960 et le milieu des années 1980, alors que les grandes entreprises ont perdu entre 4 et 6 millions d'emplois et le secteur public 5 millions, P. DRUCKER (1985, op.cit, p. 14) affirme que les Etats-Unis ont créé quelques 40 millions d'emplois, essentiellement par les TPE/PME. Pour les 25 années suivant les trente glorieuses, le développement économique de l'Amérique est certainement le fruit de la TPE/PME.

En France, de 1990 à 1994, les entreprises de 1 à 4 personnes ont créé 3,4 millions d'emplois, tandis que celles de 100 à 500 salariés n'ont créé que 20 000 et que les entreprises de plus grande taille en perdaient (L. BOYER, 1998, op.cit, p. 75). En 1995, les TPE et les PME françaises employaient respectivement 14% et 63% de l'emploi total (S. BOUTILLIER, D. UZUNIDIS, op.cit., 1999, p. 107).

Page 86: Intention Entrepreneuriale

83

2.2.2. Vers deux nouvelles figures d'entrepreneur

Il semble parfois plus facile de comprendre les motivations des premiers entrepreneurs

qui considéraient la réussite économique comme un objectif primordial. Aujourd'hui, la

rationalité des comportements des agents économiques est interpellée. Pour E. GIBERT

(1980, p. 6), l’entrepreneur ne peut plus être conçu comme un agent réagissant

mécaniquement au marché. Dans l'analyse, devenue célèbre, des rapports existants entre

l'éthique protestante et l'essor du capitalisme, M. WEBER (1964, p. 14 et 62) [1905] fait

remarquer que la recherche de plus en plus grande de profit n'a rien à voir avec le

capitalisme. Ce dernier, à juste titre dit-il, n'est pas le pur produit d'opérations financières.

Le profit n'est pas le seul but qui guide les hommes d'affaire, commente D.C. Mc

CLELLAND (1962, p. 100) ; la réalisation de soi apparaît également comme un but

recherché. Le profit est seulement une mesure qui indique la manière avec laquelle le

travail est accompli155. G. GILDER (1985, p. 15) note que les calculs d'optimisation de

profit tiennent peu de place dans la vie des entrepreneurs. A. MARSHALL (1971, p. 10)

[1906] distinguait les formes modernes de la vie économique des formes anciennes par ce

qu'il nommait "la liberté économique". Cette liberté peut mener à renoncer en partie à la

liberté individuelle lorsque l'association est une voie pour atteindre l'objectif voulu. Il s'agit

d'une motivation qui n'est pas complètement étrangère à la raison et à la loi économique.

L'entrepreneuriat ne trouve plus son explication dans une équation de profit et de gains

financiers. Les théories traditionnelles de l’économie se trouvent tronquées devant des

entrepreneurs qui ne sont pas entièrement "homo economicus".

Les changements intervenus dans toutes les sphères d’activité, la révision des modalités

de gestion des affaires publiques, la non satisfaction de certains besoins par l’Etat ou le

marché, la segmentation des besoins collectifs... ont conduit à l’apparition d’un nouveau

phénomène économique, l’entrepreneuriat socio-économique. Celui-ci s’insère dans

l’économie concurrentielle tout en s’appuyant sur les financements publics156. Ni public ni

155 "… But now the research I have done has come to businessman's rescue by showing that everyone has been wrong, that is not profit per se that makes the businessman tick but a strong desire for achievement, for doing a good job. Profit is simply one measure among several of how well the job has been done, but it is not necessarily the goal itself". 156 En 1997, il existait en France entre 700 000 et 800 000 associations dont le budget global est estimé à 230 milliards de francs, dont 129 milliards de subventions publiques. On estime à 570 000 équivalent emplois à temps plein (Ministère des Finances, "Notes bleues", n°146, 1998).

Page 87: Intention Entrepreneuriale

84

privé, il prend des formes variées, à savoir une entreprise sociale, une organisation à but

non lucratif, une association, une mutualité financière... L’essor de ce phénomène a amené

une nouvelle figure d’entrepreneur, l’entrepreneur social157.

Si l’entrepreneur peut être considéré comme celui ou celle qui prend des risques, associe

des ressources de manière cohérente et efficiente, innove en créant des nouveaux services,

produits ou procédés, son homologue "l’entrepreneur social, semble déployer les mêmes

compétences, à l’exception de la faculté de distribuer des bénéfices monétaires" (OCDE,

1998, p.130).

Evidemment, l'activité de l'entrepreneur social s'inscrit difficilement dans un cadre

public. Mais plutôt que d’invoquer les défaillances de l’Etat ou du marché pour justifier

son existence, sa démarche entrepreneuriale n’est pas très différente de l’entrepreneur

"classique". Le point de départ, le déclencheur de l’initiative, est la constatation d’un

besoin collectif, qu’il concerne un groupe social ou professionnel, une communauté

ethnique ou encore un territoire. Cependant son action s’exerce au profit de l’intérêt

général et de la richesse sociale. Par sa démarche éthique, sa contribution à la cohésion

sociale et au développement économique, il ajoute une valeur additionnelle à la production

des biens et services.

L’entrepreneur social est loin de s’essouffler. Les tendances actuelles font que les

organisations à but non lucratif innovent et restent compétitives dans l’élaboration et la

mise à disposition de biens et services de qualité et à moindre coût158.

Une autre figure de l'entrepreneur prend un énorme essor aujourd’hui. Elle est le produit

de l'explosion des nouvelles technologies de l'information et de la communication,

notamment Internet. Ce secteur est attractif car les coûts d'entrée sont faibles et le retour

sur investissement très élevé. Les pouvoirs publics consacrent de plus en plus de ressources

à la nouvelle économie159.

157 Depuis une vingtaine d'années, le secteur à but non lucratif suscite un intérêt grandissant de la part des économistes, sociologues et juristes, mais commence à peine à susciter la curiosité des chercheurs en sciences de gestion. La communauté scientifique, fait remarquer C. BRUYAT (1993, op.cit, p. 61), ne semble pas opposée à une conception large de l'entrepreneuriat qui inclut le secteur non marchand. 158 L’avantage comparatif du secteur se mesure certainement par son aptitude à réduire les coûts de transactions. 159 En 1999, l'ANVAR (Agence Nationale de Valorisation de la Recherche) a consacré 23% de ses ressources, en subventions ou crédits, à des sociétés ou laboratoires actifs dans les nouvelles technologies de l'information et de la communication (P. GUILLAUME, 2000, p. 40).

Page 88: Intention Entrepreneuriale

85

L'entrepreneur "virtuel", preneur de risque et très imaginatif, dans un "cyber-monde"

mouvant, prend l'esprit qu'a voulu J. SCHUMPETER (1935) [1911]. Il est innovateur, non

seulement capitaliste, mais aussi ingénieur de son exploitation, son directeur technique. Il

est le plus souvent tout à la fois acheteur et vendeur, et juriste des affaires courantes. Il est

"la tête de son bureau". L'aptitude à diriger et à organiser, chère à J.-B. SAY, n’est

certainement pas de mise pour un entrepreneur inséré dans une toile et des réseaux qui

irriguent la planète, dont le foyer est la domiciliation, l'ordinateur, le seul outil de travail et

sa personne, son unique employé.

2.2.3. Les principales figures d’entrepreneur selon les évolutions socio-économiques

Le long chemin de l'entrepreneur est un parcours dans lequel il est possible de repérer

des temps forts, des changements dans la nature de l'activité. Notre voyage fait ressortir,

quelle que soit la figure qu’épouse l’entrepreneur, trois traits majeurs : le risque, la

direction et l'innovation. Ainsi, en s'appuyant sur ces trois caractéristiques principales,

la deuxième contribution de ce chapitre est de mettre en œuvre les diverses figures

d'entrepreneur qui ont marqué des tournants importants dans l'évolution de

l'histoire du capitalisme (figure 9).

Tout découpage est simplificateur. Cependant, la lecture de notre schéma ne doit pas se

faire par rupture, par palier, mais plutôt comme un itinéraire avec de possibles allers-

retours, où plusieurs figures peuvent coexister au sein d'une même époque, avec bien sûr la

dominance d'une figure pour chaque grande mutation.

Aux XVIIème et XVIIIème siècles, les marchands, les commerçants et les négociants

qui assument le risque de l'échange des produits et de la monnaie sont les principales

figures qui ont dominé l'activité économique. L'ingénieur-entrepreneur, innovateur et

dirigeant, a accompagné la révolution industrielle. Le manager (qui peut être un groupe

d'hommes) est l'agent de direction qui a symbolisé l'organisation du capitalisme managérial

jusqu'au milieu de la décennie 1970. L'innovation et la prise de risque ressurgissent avec

les exigences de création des petites entreprises. Le capitalisme entrepreneurial est

schématisé par l'entrepreneur "virtuel" et l'entrepreneur social qui répondent à des

marchés de plus en plus segmentés et mouvants.

Page 89: Intention Entrepreneuriale

86

Figure 9 - Les principales figures d'entrepreneur selon les évolutions socio-

économiques

2.2.4. Une acception de l’entrepreneur en adéquation avec le positionnement de la

recherche

Force est de constater, suite à la revue de la littérature, qu’il n’y a pas de définition de

l’entrepreneur, et il ne peut y en avoir dans la mesure où il s’agit d’un concept en

continuelle métamorphose. Celui-ci a subi une longue transformation dont nous pensons

qu’elle n’est pas parvenue à son terme.

En l'absence d'une définition "universelle" de l'entrepreneur, nos choix théoriques nous

obligent à formuler notre propre approche du concept, afin de mieux asseoir notre

raisonnement et nos positions théoriques ultérieures. Cette approche doit être cohérente

CAPITALISME ENTREPRENEURIAL

Entrepreneur-virtuel

INNOVATION

DIRECTION

RISQUE (financier et social)

Entrepreneur-social

CAPITALISME MANAGERIAL

Manager

CAPITALISME MARCHAND

Marchand, commerçant, négociant

CAPITALISME LIBERAL

Ingénieur-entrepreneur : Manufacturier, technicien,

directeur de fabrique

Page 90: Intention Entrepreneuriale

87

avec l’acception que nous avons donnée du concept d’entrepreneuriat et notre

positionnement dans le champ de recherche160.

C'est en combinant le risque de J.-B. SAY et l'innovation de J. SCHUMPETER que

nous cherchons à comprendre l'entrepreneur. Pour nous, l'entrepreneur réunit et

emploie, de façon rationnelle, les diverses ressources pour concrétiser une

opportunité, en assumant les risques y afférents et en assurant la pérennité de son

organisation161. Il ne suffit pas de détenir une opportunité, il faut être capable de la faire

vivre et de lui assurer la continuité.

A partir de la décennie 1960, l’analyse de l’entrepreneur s’est étendue à d’autres

disciplines. En même temps que les analyses économiques, des approches prenant en

compte des dimensions psychologiques, sociologiques et managériales intégraient

graduellement le champ de l’entrepreneuriat. Les propos suivants en rendent compte.

2.3. L’intégration des approches interdisciplinaires : de l’analyse

statique et disjointe à l’analyse dynamique et contingente

Le "glissement" des analyses des sciences économiques vers d’autres disciplines qui

mettent en exergue d’autres "facettes" de l’entrepreneur, s’explique par au moins deux

arguments. La fin de la seconde industrialisation a induit des changements culturels et a vu

cohabiter la grande, la moyenne et la petite entreprise, avec une multiplicité

d'entrepreneurs aux traits différents les uns des autres. A cela s'est combiné un fait

académique qui a vu le champ de l'entrepreneuriat "envahi" par diverses disciplines,

notamment le management, la psychologie, la démographie sociale, la sociologie et

l'anthropologie. "Tous nos collaborateurs – économistes, anthropologues, sociologues,

politologues, spécialistes du monde de l'entreprise – …", remarque B. BERGER (1993, p.

1), "s'accordent pour l'essentiel à penser qu'il n'est plus possible de cerner la fonction

multiforme de l'entrepreneur dans le cadre unique de l'une ou l'autre discipline

160 Cf. supra., p. 29-30, "1.1.2. Le positionnement de la recherche : une perspective processuelle". 161 Le terme "organisation" est employé pour inclure l’entrepreneur social dans notre acception. Il désigne l’entreprise, au sens classique, mais aussi les structures non marchandes (organisation non lucrative, association, mutualité…).

Page 91: Intention Entrepreneuriale

88

traditionnelle…, ils partagent le sentiment qu'une appréciation globale du domaine en

question suppose un travail interdisciplinaire".

A quoi reconnaît-on les entrepreneurs ? La recherche de leurs traits majeurs peut se

faire dans une double perspective, théorique et empirique. Les traits qui caractérisent

l’entrepreneur sont variés et intéressent, parallèlement aux sciences économiques, plusieurs

disciplines.

2.3.1. D'une conjonction de caractéristiques…

J.-B. SAY (1972) [1803], par qui l'entrepreneur est véritablement entré dans la théorie

économique, écrit que dans l'exercice de son métier, l’entrepreneur rencontre des obstacles,

des inquiétudes et des malheurs. Autant de déconvenues à surmonter qui nécessitent de

l’intelligence, du calcul, de la prudence et de la probité. L’entrepreneur manifeste du

jugement et de la constance. Il est connaisseur des hommes et des choses. En fonction de

l'activité, ses capacités et ses connaissances sont variables.

A. MARSHALL (1971) [1906] définit deux agents de production, la nature et l'homme.

Le capital et l'organisation sont le fruit de l'homme aidé par la nature. Ils sont assis sur la

faculté que l'entrepreneur a de prévoir l'avenir et sur son désir d'y pourvoir. L'entrepreneur

est meneur d'hommes.

L’entrepreneur selon J. SCHUMPETER (1935, p. 125-126) [1911], grâce à une volonté

et une capacité particulière est le chef qui a une manière spéciale de percevoir la réalité des

choses. La particularité de l’entrepreneur tient à sa capacité d'aller seul de l'avant, de

combattre l'insécurité et les résistances et d'influencer autrui. Il obtient l'autorité et

l'obéissance. C'est en remplissant toutes, ou quelques-unes de ces caractéristiques, qu'il

arrive à exercer ses fonctions.

Dans la coordination des activités qui impliquent différents marchés, H. LEIBENSTEIN

(1968) suppose que l’entrepreneur a les capacités de découvrir des opportunités et de les

évaluer. Il interprète les informations pour conquérir de nouveaux marchés, techniques ou

Page 92: Intention Entrepreneuriale

89

produits, assume les responsabilités managériales les plus importantes et assure la

motivation des hommes.

Dans son remarquable ouvrage retraçant le parcours d'entrepreneurs hors du commun

aux Etats-Unis, G. GILDER (1985, p. 96) relève que les vertus traditionnelles les plus

célèbres de l'entrepreneur sont le goût de l'action, le sens de l'opportunité, le dynamisme

face à la concurrence et l'instinct de l'efficacité. Notre revue de la littérature moderne sur

l'entrepreneuriat révèle que les chercheurs prêtent aussi à l’entrepreneur la faculté

d’identifier et d’exploiter des innovations, la créativité, l'engagement personnel,

l’anticipation, la proactivité, l'adaptation, l'initiative, l’imagination, l’intelligence,

l'enthousiasme, l'énergie, le courage, la patience, la propension au risque, au changement et

à l'aventure, l’esprit de décision, la promptitude dans la réaction, les capacités

d’organisation, l'écoute, la souplesse, la confiance, la ténacité, l'honneur... Les

psychologues y ajoutent quelques traits parfois moins séduisants, comme le besoin de

domination, l'autonomie, l'indépendance, l'esprit de compétition, la défiance à l’égard

d’autrui, le désir d’être approuvé, la réalisation de soi, le refus de l'autorité… Ces

caractéristiques entrepreneuriales existent un peu partout dans la société. Elles

peuvent permettre une explication partielle des intentions, des actes et des

comportements des créateurs d’entreprise et des entrepreneurs.

Bien que les entrepreneurs présentent des caractéristiques communes, ils sont difficiles

à appréhender. Ainsi, il est apparu opportun dès le début des années 1970 de dépasser

le stade de la simple énumération de traits et facteurs qui semblaient qualifier

l'entrepreneur, pour élaborer des modèles sophistiqués de typologies d'entrepreneur.

Ceux-ci tentent de rendre compte des principaux mécanismes extra-économiques des actes

et des comportements des entrepreneurs, en les situant davantage dans des circonstances

contingentes.

2.3.2. … au dynamisme des typologies

L'approche typologique est intéressante car d'une part, elle affine l'approche fondée sur

la recherche d'une définition de l’entrepreneur et d'autre part, elle permet de mieux saisir

les points d'ancrage, les systèmes de pensée et de valeurs et de repérer des actes et des

comportements entrepreneuriaux susceptibles d'émerger dans des contextes spécifiques.

Page 93: Intention Entrepreneuriale

90

Sur le plan empirique, dès les années 1960, la littérature a tenté de classer les

entrepreneurs en fonction de leurs attitudes et aptitudes à manifester l’esprit d’entreprise.

Gestionnaires, psychologues, sociologues, ethnologues et spécialistes du comportement

humain se sont efforcés d’affecter les entrepreneurs dans des catégories. En la matière,

nous retrouvons pour les gestionnaires par exemple, les travaux sur l’analyse stratégique de

la petite entreprise. Ainsi, ont vu le jour d’innombrables typologies, établies presque

toujours à partir des caractéristiques psychologiques, sociologiques et managériales de

l'entrepreneur ou du créateur d’entreprise162.

Nous considérons qu’une typologie est un outil méthodologique résumant un

ensemble d'informations pouvant s'appliquer à un sujet ou un groupe de sujets. Elle a

d’après L.-J. FILION (1997, p. 138), l’avantage de présenter des repères non négligeables

à ceux qui aspirent entreprendre en vue de mieux se situer comme entrepreneurs potentiels.

Selon nous, la première typologie a été élaborée par J. SCHUMPETER (1935) [1911]

qui distingue deux catégories d’entrepreneur : "l'innovateur" et "l'imitateur". Ce dernier,

tout en reprenant l'innovation, l'aménage et l'adapte selon le marché visé. L'une des

premières typologies fondée sur le niveau d'éducation et de formation remonte à 1967,

selon J. LORRAIN et L. DUSSAULT (1988, p. 159). Elle est à l'actif de N.R. SMITH, et

distingue l'"entrepreneur artisan" et l'"entrepreneur opportuniste". Le premier manifeste

une forte compétence technique avec un faible niveau de formation. Il adopte une attitude

paternaliste et a une certaine aversion au risque. Le second, mieux formé, dispose de

nombreuses et diverses expériences. Il ne craint pas la perte de contrôle de son entreprise

car il est motivé par des considérations financières.

L’approche des typologies est très souvent faite dans une perspective de simple

narration, de rapprochement ou de groupement entre diverses typologies. Le troisième

apport de ce chapitre est de distinguer les dimensions statique et dynamique dans

162 H. DAVAL et alii (1999) ont recensé 25 typologies d'entrepreneur. A partir des caractéristiques qui les composent, ils ont construit une grille de lecture en utilisant une démarche heuristique d'analyse. Dans une première étape, ils ont défini cinq catégories centrales de caractéristiques entrepreneuriales qui intègrent de façon organisée les informations recueillies et permettent de comprendre et de classifier les différents entrepreneurs. Trois d'entre elles sont propres à l'individu (histoire, aptitudes, besoins) et deux sont liées à l'action de l'entrepreneur sur son organisation (politique générale de l'entreprise et management).

Page 94: Intention Entrepreneuriale

91

l’élaboration des typologies d’entrepreneur. Cette distinction souligne l'intérêt qu’il y

a à aborder l’entrepreneur et son activité dans une perspective processuelle163.

2.3.2.1. Les typologies statiques

Par statisme, nous entendons une linéarité et une discontinuité au sein d’une même

typologie d'entrepreneur. Il n y’a pas de "passerelles" entre les différents types d’une

même typologie, c’est-à-dire pas d’évolution envisagée d’un type à un autre.

Dans une étude qui a porté sur soixante créations d'entreprise entre 1955 et 1970, J.

LAUFER (1975) distingue quatre types d'entrepreneur en fonction de leurs motivations

psychologiques et de leurs comportements économiques :

"le manager ou l'innovateur" orienté vers la croissance et ses exigences. Il n'est pas

inquiet quant au partage du pouvoir et à la délégation des responsabilités. Il a été formé

dans de grandes écoles et a acquis une solide expérience dans de grandes entreprises ;

"l’entrepreneur propriétaire" pratique un mode de gestion paternaliste. Il est très

concerné par la croissance de son entreprise dans la mesure où cela ne menace pas son

autonomie financière. La création de son entreprise est une insatisfaction liée à son

ancien emploi où il évoluait dans une relation de subordination. Il a connu un échec

scolaire ou des débuts professionnels perturbés ;

"l’entrepreneur technicien" refuse le développement de son entreprise de peur de

perdre son pouvoir. Cependant, il recherche la productivité et l'efficacité. Il a fait l'objet

d'une crise professionnelle ou psychologique ;

"l’entrepreneur artisan" n’éprouve pas de joie dans l'exercice du pouvoir. Il ne se

reconnaît pas comme un véritable entrepreneur. Il est animé par une volonté profonde

d'autonomie car son indépendance est plus importante que la réussite économique.

L'entreprise doit s'adapter aux besoins familiaux car il ne voit pas d'avenir en dehors du

cercle familial.

L'auteur arrive à la conclusion que la motivation qui forme un élément de la

personnalité de l'entrepreneur, est identifiable dès la constitution du projet de création

d’entreprise. Elle conditionnera l'évolution ultérieure de l'entreprise.

163 Les typologies ci-dessous, statiques et dynamiques, sont exposées dans un ordre chronologique. Par contre, l’évolution des constructions typologiques, du statisme au dynamisme, s’est faite dans un processus non chronologique.

Page 95: Intention Entrepreneuriale

92

J. LORRAIN et L. DUSSAULT (1988) se sont intéressés à des entreprises

manufacturières établies depuis un semestre environ, dans quatre régions du Québec. Ils

confirment la validité empirique des typologies fondées sur des caractéristiques

psychologiques, mais aussi sur des comportements de gestion qui conditionnent l'évolution

de l'entreprise. Ils discernent deux groupes majeurs d'entrepreneur, les "artisans" et les

"opportunistes"164. Ces derniers ont un niveau de formation élevé conjugué avec une bonne

expérience dans le domaine de la gestion. Ils s'impliquent plus que les "artisans" dans les

différentes fonctions de la gestion. Celle-ci s'en trouve plus équilibrée.

S. BOUTILLIER et D. UZUNIDIS (1995, p. 86-88) opposent "l’entrepreneur

révolutionnaire" à "l’entrepreneur routinier". Le premier est adepte de la nouveauté et du

changement. Il a un capital "connaissance" élevé. L'innovation le guide dans son activité.

Le partage du capital ne l'effraie pas. Le second est solidaire, jaloux de son indépendance

et très peu tenté par le bouleversement de l'ordre établi.

H.H. STEVENSON (1998) met aux antipodes deux entrepreneurs165 :

"le promoteur" se caractérise par une forte confiance en soi. Constamment à l'écoute de

son environnement, il a l'aptitude à saisir et à exploiter une opportunité

indépendamment des ressources dont il dispose (management entrepreneurial). Fort de

son intelligence, son énergie et son expérience, il est enclin à réagir vite. Ce n'est pas sa

capacité d'action qui est en cause, mais sa constance dans l'engagement. Par une

structure hiérarchique horizontale, il s’informe de l’avancement des projets par des

contacts directs avec ses salariés. Créatif et innovateur, il accepte un risque plus

important dans la mesure où il essaie de maximiser la création de valeur avec le moins

de ressources possibles ;

"le gestionnaire" stimulé par le contrôle et l'utilisation efficace des ressources

disponibles (management administratif), met plus de temps à se décider et engage plus

de ressources. Il semble plus stable dans les choix qu'il effectue en établissant une

structure hiérarchique formelle dans la délégation du pouvoir et des responsabilités.

164 Remarquons que cette typologie est similaire à celle de N.R. SMITH. 165 Cette typologie a été déjà développée en 1985 par l’auteur lui-même en collaboration avec D.E. GUMPERT (Cf. H.H. STEVENSON, D.-E. GUMPERT, 1985, p. 23-33).

Page 96: Intention Entrepreneuriale

93

L’auteur affirme cependant, qu'une large variété de comportements managériaux existe

entre les deux types d’entrepreneurs. Naturellement, plus l'individu se rapproche du

"promoteur", plus il est doté de l'esprit d'entreprise.

Plusieurs chercheurs se sont intéressés à la relation entre les différents types

d'entrepreneur et l'évolution de l'entreprise et de son management. Cependant, aucun d’eux

n'a souligné le changement du comportement de l'entrepreneur qui induirait le passage, au

sein d'une même typologie, d’un type d’entrepreneur à un autre. P.-A. JULIEN (1994) dans

une remarquable rétrospective de la littérature, a bâti une typologie qui a ouvert dans le

processus - non chronologique - de construction des typologies, la voie à la prise en

compte de la dimension dynamique.

2.3.2.2. Les typologies dynamiques

Les chercheurs qui ont introduit l’aspect dynamique ont le mérite de souligner encore

une fois, que l'entrepreneuriat n'a pas d'autres angles de compréhension et

d’explication qui soient extérieurs au "processus". Les modèles de croissance, de la

petite entreprise notamment, prescrivent qu’au fur et à mesure qu’elle grandit, l’entreprise

exige des changements organisationnels. Conséquemment, ceux-ci impliquent des

changements dans le profil du dirigeant. Les "mutations" entre divers types d’une même

typologie peuvent émaner de l’entrepreneur lui-même, ou être provoquées par des facteurs

tels que la croissance du marché ou la découverte de nouvelles opportunités.

P.-A. JULIEN (1994) distingue, à cet égard, quatre principaux types de chefs

d’entreprise :

"l’entrepreneur" qui réunit les qualités d’innovateur, de preneur de risque et

d’organisateur ;

"l’innovateur", peu animé par le risque ;

"l’entrepreneur technicien", gestionnaire recherchant une performance moyenne et

stable ;

"le manager ou le professionnel", guidé par le souci de performance de son

organisation. Ses objectifs sont arrêtés et ses produits stabilisés.

Page 97: Intention Entrepreneuriale

94

L’auteur remarque que ces typologies présentent une forte normativité. Avec le

développement de l’entreprise, le profil du dirigeant évolue. "L’innovateur" devrait

particulièrement se transformer en "manager" dans le souci d’une meilleure performance.

P-A. JULIEN et M. MARCHESNAY (1996) ont construit une typologie d’entrepreneur

en s’appuyant sur la détermination des buts économiques qui pouvaient affecter de façon

majeure ses choix stratégiques. Au regard de ces objectifs, ils ont intégré les composantes

personnelles et sociales des entrepreneurs. Leurs investigations dans la littérature font

ressortir trois buts économiques : la recherche de la pérennisation et de la survie, la

recherche de l’autonomie de décision et enfin, la recherche de la croissance et du pouvoir.

Ainsi deux types d’entrepreneur nommés "PIC" (Pérennité, Indépendance, Croissance) et

"CAP" (Croissance, Autonomie, Pérennité) sont décrits.

Le premier est animé par une logique d’accumulation du patrimoine ; son objectif

principal est la pérennisation de son entreprise. Le désir d’indépendance se manifeste par

une volonté de détenir le capital social et d’éviter l’endettement long. Le second est guidé

par la valorisation rapide des capitaux engagés. Le "CAP" est davantage préoccupé par des

problèmes d’autonomie de décision que d’indépendance patrimoniale. Il n’hésite pas à

intégrer des fonds extérieurs, tout en gardant l’indépendance décisionnelle. Peu motivé par

la recherche de la pérennité de son entreprise, il préfère les investissements immatériels.

Un "CAP" peut évoluer vers un "PIC" lorsque son entreprise se retrouve dans une activité

mûre.

Les deux auteurs précisent qu’il s’agit d’une systématisation et non d’une idéalisation

des réalités observées. Ils reconnaissent les propres limites de leur apport. En effet, cette

classification bute sur les mêmes objections que les autres typologies car elle ne représente

que des situations extrêmes. Cependant, elle a le mérite de faire apparaître les incohérences

dans les buts des propriétaires-dirigeants et de mettre en exergue les conflits d’objectifs

entre les détenteurs du capital.

L.-J. FILION (1997, p. 145) a bâti une typologie dynamique représentant six cas de

figure :

"le bûcheron" : type le plus courant des propriétaires dirigeants. Grand travailleur, il se

met à son compte car il est convaincu que c’est la seule voie de recevoir son véritable

dû. Ambitieux, il délègue rarement les responsabilités car il est insatisfait du travail de

Page 98: Intention Entrepreneuriale

95

ses collaborateurs. Sa culture organisationnelle est axée sur la production. S'il réussit, il

pourra évoluer vers le "missionnaire" ;

"le séducteur" : doté d'un fort réseau relationnel, il est le champion de l'achat et de la

reprise d'entreprise. Il a les capacités d'évaluer autant les forces et les faiblesses que le

marché potentiel d'une entreprise. Il aime que les choses se fassent rapidement. Il

risque fort de devenir un "sportif" ;

"le sportif" : issu d'un milieu aisé et parfois d'une famille entrepreneuriale, il pratique

une discipline sportive car il juge ceci comme une activité vitale. Son entreprise qu'il

regarde par moment comme une contrainte nécessaire, représente l'autonomie

financière qui lui permet de se donner aux activités de loisir qui l'intéresse. Peu motivé,

il travaille en suivant des pics d'activité ;

"le vacancier" : il a un emploi "officiel" qu'il conserve par besoin de sécurité. Pour la

réalisation de soi, il consacre toute son énergie et son temps pour développer sa petite

entreprise. Il met beaucoup de temps pour prendre et articuler des décisions

stratégiques. Il peut se transformer en "bûcheron" ou en "converti". Mais il manifestera

inexorablement des tendances de "sportif", car il aura acquis un double mode de

fonctionnement ;

"le converti" : enfin, il a sa propre entreprise qui lui permettra de se réaliser. Véritable

obsession, il est impliqué de façon très émotionnelle dans ce qu'il croit être une tâche à

but social. Il délègue très peu car il aime le contrôle. Il pourrait devenir

"missionnaire" ;

"le missionnaire" : "converti" mature, il est convaincu de l'utilité sociale de sa mission,

mais avec moins d'implications émotives. Le plus souvent, il est l'unique maître

d'œuvre de l'entreprise qu'il a créée. Celle-ci, à l'image de la représentation qu’il se fait

de la famille, est le lieu où les individus évoluent de façon harmonieuse,

individuellement et collectivement pour réaliser les meilleures performances.

Passionné, il connaît bien son produit ainsi que ses débouchés. Il délègue dès que

l'occasion se présente et est ouvert à toutes les propositions. Réaliste dans la pratique

des affaires, il est moins intéressé par la croissance que par la gestion des hommes. Il se

consacre à communiquer et à motiver le personnel en donnant lui-même l'exemple.

Page 99: Intention Entrepreneuriale

96

En insistant sur les défauts habituels de toute typologie (simplification excessive,

grosseur des traits…), E.-M. HERNANDEZ (1999, p. 81-85) distingue dans une

dichotomie "Croissance-Autonomie", quatre catégories principales de créateurs :

"le Manager" : a un comportement proche de celui d'un cadre de grande entreprise.

Instruit, il crée son entreprise dans une nette volonté de pouvoir. Il désire franchir

rapidement les étapes successives de développement. Il peut devenir "entrepreneur" ;

"l'Entrepreneur" : recherche comme le précédent la croissance, mais celle-ci doit être

maîtrisée financièrement. Travailleur infatigable, moins instruit, il délègue moins que

le "Manager". Il "a une revanche à prendre sur la vie" ;

"l'Artisan-TPE" : l'artisan et le Très Petit Entrepreneur ont moins de dix salariés. Ils

maîtrisent parfaitement un métier ou une technique de production. Déléguant peu dans

un esprit paternaliste, leur structure est très informelle. Ils recherchent avant tout

l'indépendance. L'"Artisan-TPE" peut évoluer vers la catégorie des "Entrepreneurs". Il

aura alors beaucoup de difficultés à déléguer ;

"l'Exclu" : proche du "Manager", il est chômeur et veut créer son propre emploi en

créant son entreprise. Cette dernière connaît une structure informelle. L'"Exclu" qui

provient du monde ouvrier peut rejoindre "l’Artisan-TPE". Celui qui occupait un

emploi de cadre peut devenir "Manager". Pour l'"Exclu" qui considère la création

d'entreprise comme "une véritable révélation", il rejoindra la catégorie des

"Entrepreneurs".

Bien peu d’individus réunissent les qualités pour assumer des fonctions

entrepreneuriales. Si l'entrepreneur qui réussit se fait rare, commente J.-B. SAY (1972, p.

375) [1803], c'est parce que ses qualités sont difficilement réunies chez une seule personne.

"La condition de capacité borne le nombre de gens qui offre le travail d'un entrepreneur".

A. MARSHALL (1971) [1906] note que les qualités pour faire un entrepreneur idéal sont

si nombreuses, que peu de personnes en sont dotées. H. LEIBENSTEIN (1968) fait

remarquer que les qualités entrepreneuriales sont un talent rare et pas toujours réunies en

un seul individu ou au sein d'une même entreprise.

J.R. SIMPLOT, cultivateur et fils de cultivateur, devenu milliardaire et empereur de la

pomme de terre surgelée, qui reçut des Etats-Unis le témoignage de la plus haute

reconnaissance, confia à G. GILDER (1985, p. 13) que "Sur les entrepreneurs, sur leur

personnalité et sur leur action, il n'y a ni idée généralisable ni prévision possible. Ce sont

Page 100: Intention Entrepreneuriale

97

parfois des savants, parfois des artistes, parfois des artisans ; le plus souvent ce sont des

chefs d'entreprise".

Dans le même esprit, P. DRUCKER (1985, p. 50) conclut après plusieurs années

passées dans le monde des affaires que "… En plus de vingt ans de carrière, je n'ai pas

rencontré une seule personnalité d'entrepreneur. J'ai en revanche vu des individus de

personnalité et de tempérament les plus divers réussir parfaitement dans leur démarche

d'entrepreneur".

La distinction entre entrepreneurs, non-entrepreneurs ou managers a toujours guidé les

chercheurs qui s’intéressent aux traits de personnalité (R.A. BARON, 1997166 ; D.W.

NAFFZIGER et alii, 1994, p. 29-32167). Mais constate W.B. GARTNER (1988), il y a

moins de différence en comparant les entrepreneurs entre eux, qu'en essayant de comparer

les entrepreneurs et les "non-entrepreneurs". Les typologies se contentent de proposer des

"prototypes" d’entrepreneur en privilégiant quelques caractéristiques jugées essentielles

par type de problème, et souvent par discipline de recherche168.

Nous constatons avec les auteurs ci-dessus qu’il n’existe pas d’idéal-type

d'entrepreneur. Cependant, l’approche typologique nous aide à mieux appréhender les

principaux acteurs de l’entrepreneuriat : les créateurs d’entreprise et les entrepreneurs. Sa

dimension dynamique a le mérite de retracer de façon plus fidèle la genèse de l’activité

entrepreneuriale. Nous ne serons pas étonnés de voir les travaux à venir abandonner

les typologies statiques.

Conclusion du chapitre 2

La décennie 1980 restera celle du renouveau de l’entrepreneuriat. L’entreprise

individuelle constitue pratiquement la moitié de la totalité des créations d’entreprise en

France durant ces dernières années. Elle se confond et s’identifie, temporairement ou

166 "A key question in entrepreneurship research has long been "Why do some persons choose to become entrepreneurs while others do no?… The basic premise underlying such research was simple : entrepreneurs are different from other persons with respect to certain traits ". 167 "The search for personality differences between entrepreneurs and non-entrepreneurs was pursued by numerous researchers in the early 1980s… Early research in the field of entrepreneurship sought to determine what personality characteristics distinguished entrepreneurs from non-entrepreneurs, entrepreneurs from managers in large firms, and successful entrepreneurs from unsuccessful entrepreneurs". 168 Les résultats empiriques sont par moment contradictoires. Les caractéristiques retenues n'ont pas le même poids et la même signification selon la culture, le secteur d'activité, l'expérience personnelle, l’histoire entrepreneuriale, …

Page 101: Intention Entrepreneuriale

98

définitivement, avec l’entrepreneur. L'innovation ne peut se réaliser que si elle émane d'un

entrepreneur qui prend des risques et qui organise son développement, bref, qui

"entreprend". L'entrepreneur, c'est l'essence ou le cœur même de l'entrepreneuriat.

La conception de l'entrepreneur a évolué avec le temps, en parallèle avec la complexité

et la complexification de l'organisation et de l'activité économique. L’entrepreneur ne peut

être véritablement compris et analysé qu’en dépassant les hypothèses de base de l’école

néoclassique. Il faut passer du comportement rationnel de l’équilibre statique vers une

représentation évolutionniste prenant en considération l’imperfection de l’information et la

complexité de l’entreprise. C’est dans cette voie, concluent B. CORIAT et O.

WEINSTEIN (1997, p.17), que se sont développées les analyses qui visent à rendre compte

de la réalité de l’entreprise moderne.

Les changements sociaux et économiques conditionnent les comportements et les

activités de l'entrepreneur. Mais aussi, par sa créativité et son innovation,

l’entrepreneur suscite l'activité économique et interpelle les chercheurs afin de mieux

le saisir. Les faits sociaux et économiques de ces trente dernières années le projettent aux

devants de la recherche académique. Revenu au cœur des préoccupations des acteurs de la

vie sociale et économique, il est l’objet d’un ensemble d’interrogations majeures de la part

des théoriciens de diverses disciplines, de l’Economie et de la Gestion notamment. Il

retient l’attention et devient un objet d’analyse de plus en plus étroit.

En décrivant l'entrepreneur, la recherche voulait, à partir de la décennie 1960, étendre le

cadre théorique dans le champ de l’entrepreneuriat à d'autres disciplines. La

compréhension de l'entrepreneur et de ses comportements de management s'est faite au

départ sous une simple forme de conjugaison de caractéristiques, avant d’évoluer vers des

typologies.

Il est essentiel de ne jamais figer ces dernières, et donc de les concevoir avec beaucoup

de souplesse et de flexibilité. Les typologies, en surpassant la description de l'entrepreneur

au sens d'acteur individuel, intégreront à un degré croissant les facteurs psychologiques,

sociologiques et managériaux qui régissent le processus entrepreneurial. Nous pensons

que les typologies futures qui verront l'essor du net-entrepreneur et de l'entrepreneur

social, s'intéresseront moins aux possibilités de réalisation de profit.

Page 102: Intention Entrepreneuriale

99

Et si nous devions "prendre partie" dans l'élaboration des typologies, il en existerait

deux pour nous. La typologie des individus qui créent les événements ou qui se demandent

ce qui a bien pu produire ceux qu'ils n'ont pas provoqué, et celle des individus qui

regardent ces mêmes événements en spectateurs. "Ainsi la tâche n’est point de contempler,

mais de méditer comme personne n’a encore médité sur ce que tout le monde a devant les

yeux" (Arthur SCHOPENHAUER). Les entrepreneurs appartiennent indéniablement à la

première typologie.

Cependant, quels que soient les progrès dans la construction dynamique des

typologies, ceux qui épousent le chemin de l’entrepreneuriat resteront hétérogènes. Il

n'existe aucun type idéal garantissant l’acte d’entreprendre ou le succès d'une entreprise.

On n'a pas établi, écrit L.-J. FILION (1997, p. 138) "un profil psychologique scientifique

absolu de l'entrepreneur". Les facteurs clés de passage à l’acte, les moyens à mobiliser et

les apprentissages à réaliser sont différents. La diversité des porteurs de projets, des

créateurs, de leurs buts et de leurs projets rend vaine la recherche d'un modèle

général de l’entrepreneur. Toute tentative pour dresser un profil-type de porteur de projet

ou de créateur d’entreprise, est vouée à l'échec.

Enfin, quelles que soient les oppositions de la théorie, et parfois ses contradictions, il

convient de ne pas oublier que les entrepreneurs existent et agissent presque toujours sans

tenir compte de la théorie (E. GIBERT, 1980, p. 6). Aujourd’hui encore, il sont toujours les

créateurs, les aventuriers des temps modernes. Ils continueront certainement, et pendant

longtemps, à occuper les esprits curieux.

Le troisième chapitre s’intéresse au processus entrepreneurial amont. Nous expliquons

des mobiles et des facteurs contingents qui peuvent guider les individus et favoriser leur

cheminement au sein de ce processus, notamment dans ces phases intentionnelle et d’acte

de création.

Page 103: Intention Entrepreneuriale

100

Chapitre 3 - Le processus entrepreneurial amont : mobiles et facteurs

contingents

"Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer".

Guillaume D’ORANGE

Nous avons mentionné au premier chapitre que l’entrepreneuriat est un processus qui se

décompose en plusieurs phases (propension, intention, décision, acte, comportements :

entrepreneuriaux ou non)169. Si ce dernier demeure "un phénomène hétérogène

correspondant à des logiques diverses et évolutives aux limites floues, éphémères et

difficilement repérables dans le temps" (C. BRUYAT, 1993, p. 110), il est possible

néanmoins d’identifier au sein de ce processus, notamment dans ses phases intentionnelle

et d’acte (de création), des mobiles et des facteurs contingents susceptibles de nous

éclairer sur la formation de l’intention entrepreneuriale.

Ce chapitre prolonge les réflexions personnelles et la quête d’éléments de l’état de

l’art susceptibles de nous guider dans la construction de notre modèle de l’intention

entrepreneuriale. Nous traitons tout d’abord des mobiles économiques, psychologiques et

socioculturels qui renseignent sur les motivations qui animent les individus au cours

du processus entrepreneurial amont, notamment dans sa phase intentionnelle. Pour

donner un ancrage opérationnel à cette dernière, ce chapitre a aussi pour objet de rendre

compte des facteurs contingents qui influencent les individus au cours de ce processus. En

effet, l’expérience professionnelle peut augmenter les aptitudes entrepreneuriales des

individus170 ; l’ancrage territorial et les systèmes d’appui et de soutien à la création

d’entreprise peuvent agir favorablement sur les perceptions de disponibilité des

ressources (financières, informations et conseils, logistiques)171 et par là même, renforcer

l’intention, voire la concrétisation de l’acte de création.

169 Cf. supra., p. 47-50, "1.4. L’intention entrepreneuriale : une phase en amont du processus entrepreneurial". 170 Pour notre acception du concept d’aptitudes entrepreneuriales, cf. infra., p. 197, "6.1.3.1. Les perceptions des aptitudes entrepreneuriales". 171 Cf. infra., p. 201, "6.1.3.2. Les perceptions de l’accessibilité aux ressources ".

Page 104: Intention Entrepreneuriale

101

3.1. L'imbrication des mobiles du processus entrepreneurial

Comprendre et analyser des mobiles qui se manifestent chez les individus au cours du

processus entrepreneurial amont, nous renseigne sur certaines variables

motivationnelles et situationnelles qui peuvent influencer l'intention, et

éventuellement l’acte de création. Les mobiles sont inhérents à l'individu, conformes à sa

personnalité, à ses intérêts et parfois à son projet d'entreprise. Ils sont de différentes natures

et présentent une importance variable. Nous distinguons les mobiles économiques,

psychologiques et socioculturels172.

3.1.1. Les mobiles économiques

La séparation de l'activité économique du reste des phénomènes sociaux constitue l'acte

de naissance des sciences économiques. Bien que les économistes abordent dans la théorie

des marchés les influences réciproques entre les individus, leur analyse part, selon B.

BERGER (1993, p. 16), de cet être "sans culture et sans psychologie". Traditionnellement,

les économistes considèrent l'activité entrepreneuriale comme le produit de situations

économiques particulières. Entreprendre serait profiter des occasions de faire des bénéfices

que d'autres auraient négligées. Pour les marginalistes, la recherche du profit maximum

est la motivation principale conduisant un individu à la création d'une entreprise.

Le gain matériel a toujours guidé l'homme dans son activité. Mais si la détection des

perspectives de rémunération et de profit est souvent présentée comme une composante

essentielle, elle n’est pas toujours la motivation unique et suffisante dans le processus

entrepreneurial amont173. Pour A. MARSHALL (1971, p. 69 et 108-112) [1906],

172 L’ordre de présentation de ces mobiles n’est pas fortuit. Economiques d’abord, pour signaler que les premiers penseurs en entrepreneuriat, exclusivement économistes, n'ont pas ou peu cherché d'explications externes à l'acteur lui-même. Psychologiques ensuite, pour marquer le tournant pris au début des années 1960 dans la pensée entrepreneuriale qui met en relief les caractéristiques psychologiques. Enfin socioculturels, pour indiquer l’importance de l’environnement dans le processus entrepreneurial. 173 A ce propos, nous faisons état des deux grandes logiques de création d’entreprise, la logique entrepreneuriale volontaire, et la logique d’insertion sociale, forcée ou subie. C'est ce que L.-J. FILION (1997, op.cit, p. 153) appelle respectivement l'entrepreneuriat des "volontaires" et l'entrepreneuriat des "involontaires". Dans le premier cas, il est question de saisir une opportunité, et dans le second de la nécessité de résoudre le problème de l’emploi que l’individu a renoncé de chercher par ailleurs. C’est dans une période de chômage élevé et le désarroi de ne pas trouver un emploi que l’acte d’entreprendre devient une issue incontournable dans une logique d’insertion sociale.

Page 105: Intention Entrepreneuriale

102

l'économie politique moderne fait preuve à l’origine d’une étroitesse d'esprit en considérant

la richesse comme une fin, plutôt que comme un moyen de la vie humaine. L'économie

politique, par le biais de grands penseurs note-t-il, avait déjà pris conscience que les

mobiles de l'action humaine ne se limitent pas à une équation de gains. I.M. KIRZNER

(1976) [1960] signale que le processus de marché suppose l'existence d'éléments qui ne se

laissent pas appréhender dans un cadre économique rationnel. Aujourd'hui, tous les auteurs

intervenant dans le champ de l'entrepreneuriat s'accordent à dire que le mobile économique

n'est pas le seul qui détermine le processus entrepreneurial amont dont l'ultime phase est

l’acte de création. Il est difficile de réduire ce processus aux algorithmes de

maximisation de gains.

La libre entreprise n'est pas seulement attirante parce qu’elle apporte une possibilité de

gain supérieur (D. MUZYKA, 1998a, p. 15). Une enquête sur les entreprises suédoises,

réalisée en 1989, a montré que 16% seulement des entrepreneurs pensaient que le but

essentiel de leur réalisation était d’augmenter leurs revenus (OCDE, 1998, p. 44). Plus

récemment, il ressort qu'un quart seulement des créateurs de la Communauté Européenne

recherchent l'attrait du gain (CCI Paris, 1999, p. 20). D’autres considérations que nous

exposons dans ce qui suit entrent en jeu dans l’acte d’entreprendre.

3.1.2. Les mobiles psychologiques

L’interdisciplinarité des approches dans le champ de l’entrepreneuriat induite

notamment par la fin de la seconde industrialisation et le changement des modes de vie,

explique que les chercheurs mettent en avant d'autres éléments pour comprendre le

processus entrepreneurial amont. D'ordre psychologique, les mobiles sont parfois

synonymes d'un bouleversement dans la vie quotidienne. Cependant, J. SCHUMPETER

(1935)174 [1911] insistait déjà sur les aspects psychologiques pour décrire l’entrepreneur. Il

le présente comme un joueur qui va à l'encontre des pratiques et des idées reçues. L’auteur

recense plusieurs mobiles qui peuvent expliquer l’acte entrepreneurial. Primo, il y a le rêve

et la volonté de bâtir un royaume, un empire qui procure un sentiment de puissance et de

174 Il est avec l'école autrichienne, l'une des exceptions "économistes" qui dépasse le cadre interprétatif traditionnel des sciences économiques.

Page 106: Intention Entrepreneuriale

103

propriété. Secundo, vient la volonté d’élévation sociale. Rien ne peut mieux stimuler

l'énergie et l'initiative d'un homme que l'espoir de pouvoir progresser dans la vie. Le

troisième groupe de mobiles qui se rencontre par ailleurs, tient dans le fait de donner forme

à une entité économique et de la diriger.

Le nombre de paramètres caractérisant l'entrepreneur a augmenté depuis l'avènement de

l'approche comportementale. La prégnance des psychologues dans le champ de

l’entrepreneuriat a fait émerger de nouveaux facteurs (motivations, représentations,

valeurs, perceptions, attitudes…) pour comprendre le processus entrepreneurial

amont. Parmi les mobiles psychologiques que nous avons esquissés lors de notre analyse

des caractéristiques de l'entrepreneur175, nous insistons sur ceux que nous pouvons qualifier

de "rupture psychologique"176.

Pour qu'un homme s’oriente vers le chemin de l’entreprise, il faut qu’intervienne dans

sa vie une forte pulsion psychologique ou un bouleversement de son environnement. A.

SHAPERO (1975) observe que les créateurs/repreneurs d'entreprise ont subi un "choc"

dans leur vie privée ou professionnelle qui a éveillé en eux le désir d'entreprendre. Dans la

formation d'une personnalité d'entrepreneur coïncident souvent une certaine

marginalisation, des difficultés à être accepté, une insécurité sociale, une négligence, une

éviction de la vie socio-économique, une crise, une véhémence, une rupture ou une

insatisfaction au travail177. Ceci consiste souvent en une trahison, un divorce, une

séparation familiale ou encore une immigration.

Cette dernière est un bouleversement qui peut aider à transcender des barrières que l’on

rencontre au sein du processus entrepreneurial amont (R.H. BROCKHAUS, 1982, p. 53 ;

P. DAVIDSSON 1995). Pour certains immigrés et certaines minorités ethniques, l'acte de

création est l'aboutissement d'un processus pour des groupes de statuts inférieurs. Les

conditions de vie et le racisme ne leur ont pas donné par ailleurs une reconnaissance

175 Cf. infra., p. 88-89, "2.3.1. D’une conjonction de caractéristiques…". 176 C'est ce que A. SHAPERO et L. SOKOL (1982, op.cit, p. 79), comme nous le verrons dans l’exposé de notre cadre théorique au chapitre 5, nomment les "déplacements" positifs et négatifs ("pushs and pulls") (Cf. infra., p. 162-165, "5.1.1. Le cadre général de la recherche : le modèle de la formation de l'événement entrepreneurial de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982, op.cit.)". 177 A. GUPTA (1993, p. 63) dans son étude sur les entrepreneurs indiens énonce très bien ce que peut être une déception professionnelle qui pousserait un salarié à se mettre à son compte : "Nous avons connu des experts-comptables qui ne supportaient plus la comptabilité, des cadres de publicité qui rongeaient leur frein dans une agence dirigée par d'autres et des architectes lassés d'être envoyés par leur patron pour vérifier sur leurs chantiers le bon fonctionnement des robinets et la propreté des lavabos".

Page 107: Intention Entrepreneuriale

104

sociale et une perspective professionnelle (W.G. DYER, 1994, p. 10178). Le dynamisme du

marché du travail américain est renforcé par l’immigration. Celle-ci est largement

représentée parmi les créateurs d’entreprise. L'exemple des communautés coréenne,

cubaine, italienne, iranienne ou juive est édifiant (A. SHAPERO, L. SOKOL, 1982, p. 80).

Le futur entrepreneur a été prématurément arraché à une existence "normale". La

rupture entraîne un sentiment de culpabilité, un état d'angoisse, et finalement un besoin

irrésistible et une volonté implacable pour réussir. Pour illustrer notre propos, nous ne

pouvons nous empêcher, encore une fois, de reprendre les récits de G. GILDER (1985, p.

13). En résumant les faits psychologiques qui guident les individus au cours du processus

entrepreneurial vers l’acte de création, il écrit : "Beaucoup ont fui la maison et la famille

natale pour des terres lointaines, et ont été blessés par la perte qu'ils infligeaient aux

autres comme à eux-mêmes ; mais ils se battent maintenant pour cicatriser leur blessure et

justifier leur action. Des immigrés se sentent orphelins de leurs pays et ils en tirent la

volonté de fonder une nouvelle dynastie. D'autres ont perdu leur père, ont dû très tôt le

remplacer, et ils tentent de jouer pour lui le grand rôle qu'il aurait pu tenir. S'ils sont laids,

ils sont plus forts que la beauté ; durs et sans pitié, ils donnent bonté et vérité. La plupart

sont des parias, des exilés, des orphelins de père, des exclus, et des combattants : ils ont

appris très tôt les leçons de la vie, subi l'expérience de la douleur, et connu les grandes

joies de la lutte… Connaissant les défaites, ils savent en tirer les moyens de la victoire.

Acceptant le risque, ils assurent la sécurité de tous. Assumant le changement, ils

apportèrent la stabilité économique et sociale".

Retraçant le parcours entrepreneurial de S. HONDA, G. GILDER (1985, p. 247) nous

présente le portrait de ce brillant pionnier de la construction mécanique : "Mais en cette

période d'avant-guerre (la deuxième) où il avait décidé d'essayer de produire un bon

segment de piston, et de se consacrer jour et nuit à l'étude et à l'expérimentation des

techniques de fonderie, il n'avait eu de l'homme de génie que les terribles sueurs, le joyeux

drille était devenu un ermite hirsute retranché dans son atelier, harassé, puant d'huile et

de transpiration, tandis que ses économies s'épuisaient, que ses amis s'inquiétaient, que

ses parents lui rappelaient les belles occasions qu'il manquait dans la réparation 178 "For example, certain ethnic groups - particularly immigrant groups such as Asian Americans and Jews – were often discriminated against as they sought employment. Thus, they were compelled to seek their livelihoods outside established organizations and began to create their own businesses".

Page 108: Intention Entrepreneuriale

105

automobile, et que lui-même portait les bijoux de sa femme chez le prêteur sur gages. Et à

cet emploi du temps qui ne laissait déjà guère de place au sommeil, le jeune homme sans

instruction finit par ajouter des cours à l'école technique d'Hamamatsu, où son idée de

fabriquer des segments fit au début rire son professeur".

Cependant la reconnaissance des mobiles individuels ne doit pas conduire à négliger le

poids des contraintes et des influences sociales et culturelles dans de le processus

entrepreneurial, notamment dans ses phase intentionnelle et d’acte de création. La

religion, la famille et les amis, les libertés économique et politique peuvent influencer ce

processus.

3.1.3. Les mobiles socioculturels

Entreprendre, ou le vouloir, n'est pas seulement fonction de caractéristiques

individuelles prises isolément dans un environnement (N.F. KRUEGER, D.V. BRAZEAL,

1994, p. 92)179. Les facteurs environnementaux et situationnels agissent de manière

contingente pour favoriser ou inhiber le processus entrepreneurial amont dans ses

différentes phases. "C'est le lien inextricable", note B. BERGER (1993, p. 9) "entre

activité entrepreneuriale et culture qui nous oblige à les associer sur le plan théorique"180.

Cette démarche se trouve à l'origine de l'incapacité des économistes à comprendre

l'élément radicalement social de l'esprit humain. Nous répartissons les mobiles

socioculturels selon qu’ils proviennent de la religion, de la famille, du cadre politico-

économique ou du système éducatif.

Les conditions socioculturelles constituent "le moule" dans lequel sont coulées les

capacités de chacun. Si le capital financier est indispensable à toute activité

entrepreneuriale, la culture et la religion fournissent le capital "spirituel". La religion est

sans doute l'influence culturelle la plus ancienne. La thèse de M. WEBER (1964, p. 34-

179 "Despite a focus on the potential entrepreneur, we fully recognize that entrepreneurial activity does not occur in a vacuum. Instead, it is deeply embedded in a cultural and social context, often amid a web of human networks that are both social and economic". 180 Pour B. BERGER (1993, op.cit, p. 25), la culture "englobe la totalité des manières de penser, de croire, de comprendre et de sentir ainsi que les méthodes de travail, les modes de consommation, et, généralement, les formes d'interaction sociale que partagent les membres d'un groupe déterminé".

Page 109: Intention Entrepreneuriale

106

36) [1905] qui privilégie la relation entre la religion protestante et l'essor du capitalisme,

souligne l'influence des valeurs éthiques sur l'environnement et la personnalité. L'éthique

religieuse agit sur la culture et la société, c'est-à-dire sur la conception du rôle de l'homme,

et celui des autres dans la vie économique. D’après M. WEBER (1964) [1905], le

développement de l’esprit du capitalisme trouve son origine dans la culture et l'éthique,

dans l'existence de systèmes de valeurs liées à l'initiative, à l'individualisme et à la volonté

de se dépasser. L'ascétisme, soutient M. WEBER (1964, p. 236) [1905], a constitué le plus

fort levier de l'esprit du capitalisme. A. GUPTA (1993, p. 55 et 93) conclut qu'il est

difficile de se défaire de la thèse de M. WEBER. La religion et les traditions culturelles,

constate-t-il, semblent avoir joué, partout en Inde, un rôle non négligeable dans

l'émergence de la culture entrepreneuriale.

La famille a été de tout temps le principal agent de socialisation (R.-J.

VALLERAND, 1994, p. 671). Elle porte en elle les valeurs économiques et sociales

capables d'influencer et d'inciter ses membres vers les voies de l’entreprise. La plupart des

études qui se penchent sur le milieu d'origine des entrepreneurs montrent que la famille

n'est pas étrangère au monde des affaires. H. LEIBENSTEIN (1968) note que les

entrepreneurs proviennent souvent de familles qui sont dans les affaires ou le commerce.

Celles-ci interfèrent dans le processus de création d’entreprise. La présence d'un parent ou

d’un ami entrepreneur, peut représenter un modèle pour ceux qui sont engagés au sein du

processus entrepreneurial.

Le "réseau primaire des connaissances" de l'individu prépare souvent le terrain à une

carrière d'entrepreneur. Il inclut souvent, en plus de la famille, les amis, les connaissances

scolaires et professionnelles… Bien qu'il fournisse des informations plus "générales", le

caractère personnel et informel de ce réseau fait qu'il est le premier et le plus souvent

consulté (P.-A. JULIEN, 1994, p. 203 ; R. RAIJMAN, 2001, p. 396). Il est une source

notable qui peut aider à franchir les nombreuses barrières à la création. Par moment, les

membres de ce réseau peuvent même s'impliquer directement dans le projet de création

d'entreprise181.

181 Dans les pays de la Communauté Européenne, 2/3 des créateurs d'entreprise se sont associés principalement à la famille, à des amis ou à des collaborateurs (CCI Paris, op.cit, 1999, p. 11-17).

Page 110: Intention Entrepreneuriale

107

Le processus entrepreneurial exige l'existence d'une économie de marché. Celle-ci

implique la liberté économique. Avec un capital, si minime soit-il, chacun doit pouvoir

s'installer librement à son compte. Dans l'histoire du développement des grandes nations, à

divers degrés, l'Etat, par l’éventail des mécanismes fiscaux et institutionnels, a joué un rôle

important dans le développement de l’entrepreneuriat. Mais la libre entreprise favorisée par

les pouvoirs publics ne trouve pas toujours un terreau fertile pour l’innovation et la prise de

risque. Des résistances sociales peuvent bloquer le cours du processus entrepreneurial.

Au début de la décennie 1990, le parlement algérien a voté plusieurs lois en faveur de la

privatisation et de l’initiative privée. La transition vers l'économie de marché a connu des

inerties et des oppositions manifestées par les diverses composantes syndicales, politiques

et associatives. Le capitalisme était rejeté et assimilé à la domination étrangère. Les

mentalités, ancrées dans la communauté des biens, n’étaient pas préparées. Les structures

mises en place au cours de décennies de dirigisme économique ont renforcé les aspects

bureaucratiques, anémié les capacités innovatrices et asphyxié le désir d’entreprendre.

Dans certains pays d’Europe de l’Est, le marché libre n’a été introduit que récemment.

La création d’entreprise représente un changement important par rapport aux anciens

schémas de comportement dans un contexte d’économie planifiée et centralisée, où

l’initiative privée était illégale et où l’Etat veillait (en théorie) aux besoins de chacun. Ainsi

en Russie, on découvrait une culture de méfiance, voire de ressentiment à l’égard de la

richesse et de toute activité entrepreneuriale. La conviction selon laquelle l'initiative privée

et le bénéfice sont des sources d'inégalité sociale est toujours présente dans les esprits.

La force des idées doit être telle qu'elle puisse donner aux individus et aux groupes la

possibilité de dépasser les obstacles de pratiques étouffant souvent le processus

entrepreneurial. Celui-ci exige la réalisation d’une deuxième condition, la liberté

politique. Il ne peut y avoir de libre entreprise sans règles de droit garantissant la liberté

des échanges, la protection des personnes et des biens. Liberté d’entreprendre et liberté

d’expression sont le socle du processus entrepreneurial amont.

Les facteurs psychologiques, l’environnement culturel, politique, social, économique et

religieux exercent de toute évidence une influence sur les individus, qu’ils soient engagés

ou non dans le processus entrepreneurial. Ces individus, notamment les porteurs de projets,

n’agissent pas de la même façon, pour les mêmes raisons, ni pour les mêmes fins dans tous

Page 111: Intention Entrepreneuriale

108

les types d’environnement. En plus des mobiles analysés, des facteurs de contingence

peuvent conditionner le processus entrepreneurial en consolidant l’intention et en menant

éventuellement à l’acte d’entreprendre.

3.2. Des facteurs contingents

Nous distinguons essentiellement trois facteurs. L’expérience professionnelle peut

accroître les perceptions des aptitudes entrepreneuriales. L’ancrage territorial, comme

les systèmes d’appui et de soutien à la création d’entreprise, peuvent favoriser les

perceptions de disponibilité des ressources. Ces trois variables peuvent renforcer

l’intention entrepreneuriale et conduire, par là même, à l’acte. Nous évoquons

successivement chacun de ces trois facteurs.

3.2.1. L'expérience professionnelle

Cette expérience relate l’histoire entrepreneuriale de l’individu. Traditionnellement, la

plupart des entrepreneurs commencent leur carrière comme salariés, écrivent O.C.

BRENNER et alii (1991, p. 62)182. Le travail constitue souvent un lieu de rencontre

essentiel entre le créateur et l'idée. Il permet d'observer et d'explorer en profondeur un

secteur d'activité, un marché et un métier. L’expérience professionnelle peut augmenter

les perceptions des aptitudes entrepreneuriales et de ce fait, contribuer

éventuellement, au sein du processus entrepreneurial, à la formation de l’intention et

à l’acte de création.

Il est rare de voir quelqu'un touché par la grâce et trouver une idée dans un domaine qui

lui est peu ou pas familier. Les opportunités décelées sont souvent à l'actif d'un

briscard doté d'une forte expérience professionnelle. La probabilité de créer une

entreprise est alors plus importante lorsque les individus arrivent à maturité

professionnelle. Celle-ci est un facteur important de réussite, ou du moins de survie, de la

jeune entreprise (C. BRUYAT, 1993, p. 124-127).

182 "Traditionally, most entrepreneurs began their careers by working for someone else".

Page 112: Intention Entrepreneuriale

109

Bon nombre de créateurs expliquent leur action par une idée, qui oubliée au "fond d'un

tiroir" par leur ancien employeur, est mise à exécution. Plusieurs études, notamment celles

de J. BERANGER et alii (1998, p. 32) sur les ingénieurs, montrent que le passage à l'acte

se produit souvent après un parcours professionnel qui amène une maturité dans le métier,

augmente les compétences et accroît le capital de direction des hommes et des techniques.

L'âge moyen des créateurs d'entreprise dans les pays de la Communauté Européenne est de

35 ans. 90% d'entre eux étaient en activité au moment de la création. L'idée de la création

d'entreprise est principalement en rapport (dans 43% des cas) avec le métier pratiqué (CCI

Paris, 1999, p. 11,15 et 20). Dans les pays de l’OCDE, l’entrepreneur type est âgé de 30 à

35 ans et bénéficie d’une grande expérience professionnelle acquise dans une moyenne ou

une grande entreprise (OCDE, 1998, p. 197).

3.2.2. L'ancrage territorial

Bien que le dynamisme local et régional de certaines régions soit mis en évidence par

plusieurs études, la prise en compte du territoire pour comprendre la dynamique

entrepreneuriale est relativement récente183. En effet, une tendance toute récente des

travaux académiques considère que le territoire, par les facilités qu'il permet, influence le

processus et l’acte entrepreneuriaux.

Cette prise en compte est née des constats sur les différences régionales dans les

créations d'entreprise. Ces écarts ont donné naissance à toute une série d'études en vue de

formuler des indices généraux de l'attrait que peut avoir le territoire sur l'activité

entrepreneuriale (R. WHITLEY, 1993, p. 135).

Pourquoi la création d’entreprise est-elle plus fréquente dans certaines régions que

dans d’autres ? Il n’existe pas d’explication claire de ce phénomène, mais certaines

variables semblent particulièrement importantes. Sans être exhaustif, il est probable que la

proximité d’universités et de réservoirs de compétence, une population active ouverte à

l’initiative individuelle, la croissance démographique, le niveau élevé du patrimoine

personnel, la présence de sociétés de capital-risque et d'organismes financiers, les

dispositifs incitatifs régionaux et locaux, les activités "amont" et "aval" générées par les

183 A ce sujet, trois laboratoires de recherche (l’ERFI, le CNME et le CLAREE) sous le patronage de l’AIRPME, ont organisé à Montpellier le 6 mars 2002, un séminaire intitulé "L’entrepreneur et les petites et moyennes entreprise face à la mondialisation : le rôle des territoires".

Page 113: Intention Entrepreneuriale

110

réseaux d'entreprise existants et les spécificités économiques régionales soient générateurs

d’entrepreneurs. De façon similaire, des régions sinistrées par une situation de chômage

peuvent également être des territoires où les fondateurs d'entreprises sont plus nombreux184.

Aux Etats-Unis, les taux de création d’entreprise les plus forts sont l’apanage de l’Ouest

et du Nord-Est, les plus faibles se retrouvent dans le Centre-Nord et le Sud185. Gladstone en

Australie, l’Emilie-Romagne en Italie sont les régions économiques les plus prospères de

leurs pays (R. WHITLEY, 1993, p. 156). En Inde, l'esprit d'initiative économique est plus

prononcé à l'Ouest (A. GUPTA, 1993, p. 65). En France, les régions PACA et Île-de-

France sont les plus dynamiques dans la création d’entreprise et d’emplois. Elles ont la

croissance économique la plus forte (P. ALBERT, 1997, p. 32).

Le territoire est un pôle de ressources dont "l’attractivité entrepreneuriale" est

indéniable. Il peut développer les perceptions de disponibilités des ressources

nécessaires (informationnelles, financières, logistiques et relationnelles) qui

influenceraient le processus entrepreneurial amont, notamment dans ses phases

intentionnelle et d’acte de création. Le territoire permet de tirer profit de marchés

existants186, de s'insérer dans un réseau d'entreprise et de nouer des contacts en amont et en

aval de l’activité. L'individu tisse un réseau relationnel (clients, sous-traitants, donneurs

d’ordre, organismes publics et para-publics…) qui lui permet de gagner du temps et de

bénéficier de l'asymétrie de l'information. L'ancrage territorial, par le biais de dispositifs

incitatifs, pourra favoriser l'émergence de projets d'entreprise qui, in fine, assureront le

développement local.

184 De nombreuses études font apparaître que dans certaines régions anglaises, entre 1979 et 1983, les créations d'entreprises sont en lien direct avec des situations de non-emploi (R. WHITLEY, 1993, op.cit, p. 143-144). 185 La Silicon Valley accueillait en 1998 un tiers des 100 entreprises technologiques les plus importantes créées aux Etats-Unis depuis 1965. La région accueille environ un tiers des capitaux à risque américains d’origine privée. On trouve à proximité, des centres d’enseignement et de recherche de premier plan qui assurent en partie le succès de la vallée grâce à une exploitation de leurs retombées technologiques (OCDE, op.cit, 1998, p. 102). 186 18% des créateurs de la Communauté Européenne ont une clientèle locale et 23% une clientèle régionale (CCI Paris, op.cit, 1999, p. 35).

Page 114: Intention Entrepreneuriale

111

3.2.3. Les systèmes d'appui et de soutien à la création d'entreprise

Mis en place par les pouvoirs publics pour favoriser la création d’entreprise, ces

systèmes sont des moyens d’actions qui fournissent les ressources nécessaires (financières,

informations et conseils, logistiques) susceptibles de faciliter, le long du processus

entrepreneurial, le parcours des détenteurs de projets. Ces systèmes sont des facteurs

contingents qui peuvent influencer favorablement les perceptions de disponibilité des

ressources, qui à leur tour, renforceront l’intention, voire conduiront à la concrétisation de

l’acte de création.

Contrairement à l'impulsion nationale donnée par la "Training Agency" anglaise, il est

original de constater qu'en France, le foisonnement des systèmes d'appui et

d’accompagnement a eu une origine locale, avec des alliances variées entre acteurs locaux

publics, consulaires et privés187. Cependant, la création d’entreprise est à la fois une

problématique nationale et locale.

Au niveau national sont fixés la législation, la réglementation et son cortège de

complications administratives, l'essentiel de la fiscalité, de la politique du crédit et les

principaux instruments d'aide financière. D’une manière générale, c’est au niveau local

qu’un certain nombre de programmes et de politiques importants en destination de

l’entrepreneuriat sont le mieux conçus et mis en œuvre. La concentration des ressources

aux points névralgiques (les informations, les conseils, les mesures de sensibilisation et les

dispositifs de formation), la mobilisation de tout un éventail d’acteurs et de réseaux

directement en prise avec les porteurs de projets et les entreprises nouvellement créées (les

apporteurs de capitaux, de technologie et de savoir-faire, les réseaux qui les soutiennent,

les administrations de l'Etat et des collectivités territoriales, les organismes consulaires, les

organismes de formation, les associations, etc), comptent parmi les très nombreuses

initiatives qui relèvent du cadre local.

En France, en se basant sur les conditions des créations d’entreprise, les pouvoirs

publics ont mis en place des systèmes d’appui et de soutien au début des années 1980 pour

187 Le milieu local et régional a d’autant plus de mérite qu’il a une marge faible en matière fiscale et réglementaire.

Page 115: Intention Entrepreneuriale

112

faire face à un double enjeu : global, pour soutenir l’emploi et remédier à la disparition

d’entreprises ; individuel, pour apporter des réponses aux mobiles économiques et

psychologiques manifestés par les porteurs de projets.

Les instigateurs de ces systèmes constataient que ces derniers manquaient d'argent, de

savoir-faire, de formations spécifiques, d'infrastructures d'accueil… A partir de là, les

systèmes d’appui et de soutien à la création d’entreprise se sont développés autour de trois

axes (P. ALBERT et alii, 1994, p. 101-103 ; A. LETOWSKI, 1991, p. 3) : l’appui

financier, les conseils et les formations, et le soutien logistique. Nous évoquons chacun de

ces axes en signalant que les pouvoirs publics n'ont d'emblée accordé aucune place au

système éducatif dans la conception des mécanismes de promotion de l'esprit d’entreprise.

Nous mettons en relief les perspectives d’évolution de ces systèmes.

3.2.3.1. Un appui financier dépendant de la nature de l'activité et de la taille de

l'entreprise

Aussi précieux que soient les systèmes d'appui à l'émergence de nouvelles initiatives,

beaucoup d’études montrent que ceux-ci peuvent demeurer sans effet en l'absence de

soutien financier. On ne peut devenir entrepreneur sans être initialement débiteur, écrit J.

SCHUMPETER (1935, p. 147 et 152) [1911]. Dans l'économie nationale, ce dernier est le

seul débiteur typique. La quintessence du phénomène du crédit est "essentiellement une

création de pouvoir d'achat en vue de sa concession à l'entrepreneur".

L'accès au capital peut constituer une importante barrière à l'entrée dans la fonction

d'entrepreneur. Le problème le plus souvent évoqué en matière de création

d’entreprise est celui du financement188. C’est d'autant plus vrai pour les secteurs en

expansion, comme les nouvelles technologies de l'information et de la communication et

les biotechnologies, fortement innovants et nécessitant l’apport d’importants fonds

d'amorçage.

188 Un peu moins du tiers (27%) des créateurs d'entreprise européens évoquent les difficultés rencontrées pour trouver des financements (CCI Paris, 1999, op.cit, p. 18).

Page 116: Intention Entrepreneuriale

113

En France l'appui financier est, d’un point de vue chronologique, l’un des premiers

leviers utilisés pour favoriser l’aboutissement du processus entrepreneurial amont : la

création d’entreprise. Les aides, primes et subventions développées sous cette forme sont

nombreuses et variées189. De façon succincte, il est possible de distinguer celles qui

dépendent de la localisation de l’entreprise et celles qui sont liées aux spécificités des

projets. Sur le premier point, que l'on s'implante dans tel ou tel département ou même, à

l'intérieur d'un département, dans tel canton ou telle commune, les conditions d'obtention et

les montants des appuis financiers varient sensiblement. Le second point tient compte des

caractéristiques des projets (aides, primes, subventions accordées à des entreprises

"écologiques", technologiques, créées par des demandeurs d'emploi…).

La transformation de la nature des activités depuis le milieu des années 1990, plus

technologiques avec une croissance rapide, impose une mise en adéquation des

dispositifs de financement. Ainsi se développent les financements de proximité et "à

risque". Nous traitons respectivement de ces deux points. Dans un second temps, nous

rapportons quelques exemples d'écoles et d'universités qui ont introduit la pratique de ces

financements au sein de leur établissement.

A. Le financement de proximité

Egalement appelé "financement affectif", les nouvelles petites entreprises sont, en

général, financées par l’épargne personnelle, la famille, les amis et enfin les organismes de

crédits. Le financement de proximité reste le moyen de financement essentiel pour les

créations d'entreprise, notamment celles à faibles capitaux ou de petite taille. Les porteurs

de projets se lancent souvent avec leur énergie et leurs propres économies190.

Dans une faible proportion, certains porteurs de projet augmentent leur capital en faisant

appel à des investisseurs individuels appelés "investisseurs providentiels" ("business

189 Elles sont évaluées à près de 9 milliards de francs par an (S. BIRLEY et D. MUZYKA, 1998, op.cit, p. 5). En 1998, l'Etat s'était engagé à mettre à la disposition des réseaux d'aide et d'appui à la création d'entreprise une enveloppe de 200 millions de francs pour l'aide aux jeunes créateurs d'entreprises. Celle-ci prendra la forme d'une avance remboursable pour les porteurs de projets de moins de trente ans (Industries, 1998, p. 9). 190 En 1992, près de 80% des 500 meilleures petites entreprises américaines avaient comme capital de départ l'épargne personnelle de leurs créateurs (W.D. BYGRAVE 1998a, op.cit, p. 75). Sur quelque 2 millions d'entreprises créées chaque années aux Etats-Unis, près de 95% disposent de fonds rassemblés par le fondateur et ses proches. 4% bénéficient de l'apport des investisseurs providentiels et moins de 0,5% connaissent des participations en capital-risque (W.D. BYGRAVE, 1998b, op.cit, p. 82). La même tendance se retrouve en Chine (P. MUSTAR, 1998, p. 189).

Page 117: Intention Entrepreneuriale

114

angels"). Ceux-ci représentent le marché informel du capital-risque. Ils connaissent soit les

entrepreneurs, soit leurs secteurs d'activité, soit les deux à la fois. Ils apportent certes leur

argent, mais aussi et surtout, leur expertise professionnelle, leurs compétences d'hommes

d'affaire, leurs conseils, leurs savoir-faire ainsi que leurs carnets d'adresses. Ils participent à

la formulation des stratégies, au suivi et au soutien des projets191.

En France, il est impossible d'estimer le nombre ou le montant global des opérations des

investisseurs providentiels192. Une certitude cependant, leur population croît avec l'arrivée

d’épargnants que les avantages fiscaux liés à ce type d'investissement, et que la faiblesse

des taux d'intérêts éloignent peu à peu des placements traditionnels. Les investisseurs

providentiels s'organisent en associations et différents clubs.

L'actionnariat populaire est un moyen de mobiliser et de renforcer une identité locale.

L'épargne de proximité pourra être canalisée par les acteurs locaux (collectivités locales,

chambres consulaires, associations d’entreprise, réseaux d’entrepreneurs…). Même si

certains particuliers étaient prêts à investir dans des TPE ou PME, ils n'ont ni les

compétences ni l'envie de le faire directement. Il faudrait qu'ils puissent procéder par

l'intermédiaire de sociétés locales de capital-risque. Celles-ci investiraient à leur tour dans

les TPE/PME, avec une gestion professionnelle, selon la volonté de E. ZUCARELLI,

ancien ministre de la fonction publique et de la décentralisation. L’ancien Secrétaire d'Etat

aux PME, M. LEBRANCHU, souhaitait examiner la faisabilité et les contraintes de cette

mobilisation de l'épargne locale avec l'appui des réseaux locaux (Industries, 1998, p. 9). La

tendance, aujourd’hui, est donc à la professionnalisation du marché informel du

financement de proximité.

Il existe cependant des projets, notamment dans les nouvelles technologies de

l'information et de la communication, avec un caractère fortement innovant et pour

191 La majeure partie des investissements providentiels sont constitués par l'achat d'actions. Cependant, ils peuvent prendre la forme de prêts (habituellement non garantis), de garanties et de montages de créances contre participation, associés ou non à un placement en actions. 192 Comme dans beaucoup d'autres pays, ils ne sont pas recensés. Si l'on ne parle que des investisseurs providentiels actifs et compétents - et non de tous les particuliers investissant dans les sociétés non cotées -, ils sont un millier (A. DENNIS, Les Echos, 2000, p. 78). En Europe, seulement 1% de la constitution du capital de lancement provient des investisseurs providentiels (CCI Paris, op.cit, 1999, p. 35).

Aux Etats-Unis, les meilleures estimations laissent penser qu'ils sont environ 250 000 et qu'ils investissent, annuellement, entre 10 et 20 milliards de dollars dans plus de 30 000 entreprises. Ceci représente au moins cinq fois la taille du marché institutionnel du capital-risque (C. MASSON, R. HARRISON, 1998, p. 90-93).

Page 118: Intention Entrepreneuriale

115

lesquels le financement de proximité est insuffisant. Ce qui nous amène à aborder une

forme particulière de facteur contingent qui connaît en France un essor relativement

important depuis 1995, à savoir le capital-risque.

B. Le capital-risque

Celui-ci est né en 1946 aux Etats-Unis (W.D. BYGRAVE, 1998b, p. 8 ; F.

TABOURIN, 1989, p. 3). Il a connu une véritable explosion lorsque l'industrie

électronique a inondé le monde de ses nouveaux produits (semi-conducteurs, micro-

processeurs…). Par la suite, l’émergence d’investisseurs institutionnels tels que les fonds

de pension, les compagnies d'assurance et les banques, a été un facteur important de son

développement (C. CHAMAILLARD, 1987, p. 236)193. Aux Etats-Unis, au Royaume-Uni

et au Japon, la révision des règles régissant les investissements des fonds de pension qui

fournissent un tiers, voire davantage du financement en capital-risque, a permis à des

investisseurs de se lancer dans des projets à plus haut risque194.

Malgré la diversité des approches, on peut retenir deux traits essentiels qui permettent

de caractériser le capital-risque. Premièrement, il constitue un apport en fonds propres dans

un projet ou une entreprise présentant des perspectives aléatoires de croissance195. Par

définition, il n'est pas, contrairement aux prêts bancaires, garanti par des actifs. Le niveau

de risque acceptable consiste en ce que le projet soit bien réalisé et bien géré, d'où

l'importance des qualités personnelles et managériales du créateur d'entreprise196. Le

capital-risque peut prendre aussi la forme d'un prêt à court, moyen ou long terme ou d'un

193 En 1996, environ 37% des nouveaux investissements à risque ont concerné des nouvelles entreprises. Ce taux se voit réduit au tiers pour l'Europe. En 1998, l’encours du capital-risque était de l'ordre de 30 milliards de dollars (OCDE, 1998, op.cit, p. 222). 194 Le capital-risque bénéficie d'un régime juridique très souple grâce à la mise en place de modalités contractuelles novatrices. Les restrictions aux placements des fonds de pension (non soumis à l'impôt sur les plus-values) et en titres non cotés ont été levées. Le succès des marchés de capital-risque a été renforcé par une condition essentielle, la facilité de sortie pour les investisseurs grâce aux mécanismes de désengagement qui leur permettent de récupérer la valeur de leurs investissements une fois ceux-ci parvenus à maturité. Ces mécanismes de sortie revêtent la forme de transactions privées qui consistent dans la vente de l'entreprise à une autre ou l'achat des intérêts d'un apporteur de capital-risque par un autre investisseur également apporteur de capital-risque (Idem., p. 82-84). 195 On pense souvent, selon C. MASSON et R. HARRISON (1998, op.cit , p. 90), que les sociétés de capital-risque sont la principale source de capitaux pour des nouveaux projets ou des jeunes entreprise. La réalité aux Etats-Unis montre que la grande partie de leurs fonds est destinée à financer des opérations de croissance, de rachat par les salariés ou par des personnes extérieures. 196 Aux Etats-Unis, depuis qu'il existe, la moyenne du rendement annuel du capital-risque atteint, au mieux 15%, ce qui n'a rien, selon W.D. BYGRAVE (1998b, op.cit, p. 85), de spectaculaire au regard du risque encouru.

Page 119: Intention Entrepreneuriale

116

apport en capital-actions197. Deuxièmement, tout comme les investisseurs providentiels, les

capital-risqueurs gagnent leur vie en "pariant" sur les entrepreneurs. Leur rôle ne se limite

pas à un simple apport, il consiste aussi en des missions de conseil dans le cadre d’un

partenariat actif.

En France, contrairement aux Etats-Unis où il s'est développé par le jeu d'investisseurs

privés, le capital-risque a dû son essor à l'action des pouvoirs publics dans la décennie

1980 (E. STEPHANY, 1999, p. 28-29 ; F. TABOURIN, 1989, p. 6)198. L’Etat voulait, en

transférant une partie du risque sur le secteur public, remédier à la défaillance du

financement de proximité qui risquait d'entraîner l'abandon de projets prometteurs,

notamment ceux présentant un risque plus élevé. Il n’en reste pas moins que comme dans

d’autres pays de la Communauté Européenne, le capital-risque français ne finance qu’un

pourcentage très restreint (seulement 1%) des créations d’entreprise (CCI Paris, 1999, p.

35). Les jeunes pousses, en nombre modeste, ont drainé 675 millions de francs en 1998199.

L'explosion des nouvelles technologies de l'information et des biotechnologies a triplé ce

montant en l'espace d'un an, pour atteindre 2,27 milliards de francs. L'investissement

moyen était de 8,2 millions de francs en 1999200.

Bien qu’il reste une source importante de financement de grands projets ayant

vraisemblablement de rapides perspectives de croissance, le capital-risque reste faiblement

présent dans les créations d’entreprise françaises. D’abord les investisseurs institutionnels

ne peuvent détenir qu'un volume restreint de titres non cotés. En outre, ceux-ci rencontrent

des difficultés lorsqu'ils expriment la volonté de céder leurs placements. Il est possible

aussi que cette mauvaise posture tienne au fait que les porteurs de projets sont réticents à

197 Il est courant de différencier l'intervention du capital-risque suivant la courbe de vie de l'entreprise. La première étape se caractérise par le capital d'amorçage ("seed money"). Le capital-risqueur investit sur un projet et son porteur. A l'étape de la naissance, correspond le financement de création de la jeune pousse ("start-up"). En cas de succès, suit alors la phase de croissance qui demande des besoins en fonds propres pour financer le développement ("first and second stage financing"). Le "bridge financing" concerne, quant à lui, les sociétés qui préparent leur introduction en bourse dans un horizon de douze mois (C. CHAMAILLARD, 1987, op.cit, 238). 198 Par un dispositif législatif et réglementaire, l'Etat a institutionnalisé le capital-risque. Nous citerons la création en 1982 de la SOFARIS (Société Française pour l'Assurance du Capital-Risque des PME), des Fonds Communs de Placement à Risque (FCPR) par la loi du 3 janvier 1983, la mise en place du second marché qui se traduit par des possibilités de sortie pour les participations, et plus récemment, la constitution d'un fonds public pour le capital-risque de 600 milliards de francs prélevé sur les recettes de privatisation de France Telecom. 199 Il y a par exemple, 20 000 ingénieurs diplômés en France par an, pour quelques centaines de jeunes pousses qui se créent (Le Monde, 2000b, p. II). 200 C.T, Les Echos, 2000, p. 30.

Page 120: Intention Entrepreneuriale

117

accepter la perte de contrôle qu'implique le financement en capital-risque. Enfin, la taille

des opérations ainsi que le rythme de développement exigés par les investisseurs en

capital-risque exclut fréquemment de nombreux petits projets201.

Cependant, plusieurs personnalités du monde de la création d’entreprise prévoient de

bonnes perspectives pour le capital-risque. Dans un rapport sur la technologie et

l'innovation commandé en 1998 par le gouvernement JOSPIN, H.GUILLAUME, président

d'honneur de l'ANVAR, se dit convaincu que le capital-risque français est en train de

décoller. Tout d'abord, affirme-t-il, le capital d'amorçage se développe et les introductions

des jeunes entreprises de haute technologie se multiplient dans le nouveau marché202.

Ensuite, l'apport de capitaux anglo-saxons203 et les perspectives de financement importantes

ouvertes par les nouveaux produits d'assurance-vie augmentent les capacités

d'investissement.

C. Une singulière entrée dans le système éducatif

L'industrie américaine de la biotechnologie est née d'une stimulante compétition

universitaire qui dure depuis trente ans entre les universités de Stanford et de Berkeley,

situées respectivement au sud et au nord de San Francisco (M. KTITAREFF, 1998, p. 58-

59). Les grandes universités locales ont structuré depuis longtemps toutes les étapes qui

séparent la réussite d'un programme de recherche spécifique, de la mise sur pied d'une

véritable entreprise à partir des travaux de recherche. Elles peuvent enregistrer elles-

mêmes des brevets au nom de leurs chercheurs. Elles soutiennent financièrement les

scientifiques qui quittent leurs laboratoires. Une panoplie de liens les unit avec l'industrie

privée qui finance directement des recherches académiques. Ainsi, le capital-risque connaît

un grand engouement aujourd’hui dans des universités ou écoles de renommée, telles que

le Babson College, Stanford, ou Wharton.

En Israël, quatrième rang mondial pour le capital-risque (derrière les Etats-Unis, le

Canada et la Grande-Bretagne), au moins 250 nouvelles firmes de haute technologie se

201 C'est le cas aussi des projets américains dont la plupart n'offrent pas le potentiel nécessaire pour attirer les investisseurs en capital-risque (W.D. BYGRAVE, 1998a, op.cit, p. 74). 202 Après près de trois ans de fonctionnement, le nouveau marché a mis en place le département "biotechnologie" qui regroupe une cinquantaine de sociétés cotées. Ce département est pour l'instant relativement limité, mais sa capitalisation est en revanche élevée (A. PEREZ, 1998b, op.cit, p. 70-71). 203 Les fonds de pension américains représentent actuellement près de la moitié des financements des entreprises innovantes en France.

Page 121: Intention Entrepreneuriale

118

créent chaque année, grâce entre autres, à des aides publiques à la recherche et au

développement qui représentent près de 3% du PIB204. Des pépinières d'entreprises, avec

l'aide des municipalités, prennent en charge des frais de lancement de prototypes issus de

la recherche universitaire.

L’appui financier, notamment par le biais du capital-risque, reste en revanche un

facteur contingent très peu présent au sein du système éducatif français. Nous citons

les exemples de Sup de Co Paris, l’INSEAD, et le lancement en 1999 de la première

formation au capital-risque à l'ESSEC dans le cadre de sa filière "Entrepreneuriat" où les

étudiants investissent leur propre argent dans les projets. L'EDHEC a constitué un fonds

d'amorçage destinée a apporté le premier financement aux projets qui naissent au sein de

l’école205.

Suite à la loi "Allègre", un fonds de 100 millions de francs sous forme de capital

d'amorçage sur trois ans a été dégagé en 1998 par la Caisse des dépôts et consignations,

pour accompagner financièrement les chercheurs qui souhaitent créer leur entreprise sur la

base de leurs travaux206.

3.2.3.2. Les conseils et les formations : une intégration graduelle dans l’enseignement

supérieur

Les besoins en conseil et formation du porteur de projet d’entreprise, qu’ils soient

formulés ou non, constituent un facteur contingent essentiel au sein du processus

entrepreneurial amont207. Certes, l’apprentissage managérial est pour une part essentielle

le fruit de rencontres entre l’individu et l’environnement, mais des techniques de

204 430 millions de dollars ont été investis en 1996 dans les jeunes pousses. On dénombre 80 fonds de capital-risque, leurs moyens d'intervention sont estimés à 2 milliards de dollars (D. B, Les Echos, 1998, p. 56). 205 J.-C. LEWANDOWSKI, 1999. 206 Cependant, seulement une trentaine de chercheurs quittent chaque année le monde de la recherche publique pour celui de l’entreprise. La commission européenne relève quatre causes majeures de la faiblesse des activités innovantes dans le vieux continent. En plus du manque de ressources financières et la lourdeur des procédures administratives, on retrouve une faible protection de l'innovation (le coût de dépôt et du maintien d'un brevet est en Europe six fois plus élevé qu'aux Etats-Unis) et un effort de recherche fondamentale globalement insuffisant (A. PEREZ, 1998b, op.cit, p. 70). 207 Plusieurs études et enquêtes montrent que les porteurs de projets manifestent un besoin en conseils et formations. 82% des créateurs de la Communauté Européenne déclarent que le conseil est le type d'aide qui leur a le plus manqué au moment du montage de leur projet (CCI Paris, 1999, op.cit, p. 44).

Page 122: Intention Entrepreneuriale

119

management en général, des conseils et des formations dispensés aux porteurs de projets en

particulier, donnent à un individu les aptitudes entrepreneuriales et les ressources qui

le guident dans la formalisation de son projet.

Nous distinguons les formations qui interviennent avant ou après la création. Les

formations "post-création" ont, pour de multiples raisons, du mal à se développer et restent

assez marginales. Les formations "ante-création" qui interviennent au niveau du

processus amont se sont mieux développées ; elles sont organisées par différents

organismes impliqués dans la création d'entreprise (Chambres consulaires, pépinières

d'entreprise, diverses associations…).

Depuis la moitié des années 1990, différents enseignements, programmes et formations

ante-création, ou tout simplement dédiés à l’entrepreneuriat, voient le jour dans les

établissements du système éducatif supérieur. Cela va des formations diplômantes (DESS à

dominante entrepreneuriat, Mastères dans les écoles de management et gestion et

d'ingénieurs), des filières et options dans les premier, deuxième et troisième cycles, aux

actions sporadiques, tels que les concours à la création d'entreprise, organisés

conjointement avec des acteurs locaux (chambres de commerce, associations d'aide à la

création d'entreprise…). Ces enseignements, programmes et formations, qui seront abordés

au chapitre suivant, ont non seulement pour objet de former des créateurs, des cadres

capables d’intervenir dans des problématiques entrepreneuriales, mais aussi de susciter des

comportements entrepreneuriaux chez les futurs salariés.

3.2.3.3. Le soutien logistique : un requis organisationnel

Celui-ci est symbolisé par les pépinières d’entreprise et les incubateurs. S'inspirant

d'expériences étrangères et des structures d'incubation des universités et des technopoles

américains, ces pépinières et incubateurs se sont développés tardivement mais de façon très

rapide en France. De moins de 10 en 1985, ils sont passés à plus de 200 au début des

années 1990. En l'an 2000, il en existait quasiment un par région (Le Monde, 2000b, p. I).

Page 123: Intention Entrepreneuriale

120

Les incubateurs ont pour objet d’aider les porteurs de projets en leur fournissant des

conditions préférentielles de loyer et des ressources communes variées et divisibles

(téléphone, fax, photocopieuse, ordinateur, accès à Internet, logiciels de simulation pour

plan d’affaires…). Cependant, leur réussite réside dans le conseil et l’accompagnement

proposés à ces porteurs. Autant de facteurs qui tendent à minimiser les coûts de lancement

d’un projet, et donc à renforcer la disponibilité des ressources et à faciliter la

concrétisation du processus entrepreneurial par l’acte de création.

Les incubateurs d’entreprise appartiennent habituellement aux collectivités locales ou à

des associations d’entreprise à but non lucratif208. Ils bénéficient d’une subvention en

acquittant un loyer symbolique. Ils visent la création d’emplois209. Les caractéristiques

économiques de leur implantation conditionnent fortement leur fonctionnement et leur

"rendement". Les zones choisies devraient théoriquement permettre un accès aux marchés

des produits et services, concentrer une certaine densité de compétences locales, disposer

des ressources financières et garantir l’engagement de la communauté locale, notamment

les milieux d’affaires.

Aujourd’hui, les incubateurs, tout comme les pépinières d’entreprise, vivent un conflit

opérationnel entre la promotion du développement économique et leur autonomie

financière. La question de la pérennisation d’un certain nombre d’entre eux est à

l’ordre du jour. Ils n’ont généralement pas atteint l’autonomie de fonctionnement pouvant

les mettre à l’abri de choix budgétaires à l’intérieur desquels ils n’apparaissent pas

prioritaires.

Pour se donner les moyens de réussir une formation entrepreneuriale, il apparaissait

important pour un certain nombre d’établissements français de dédier un espace physique

aux projets de création. Certains d’entre eux, à l'image de la Suisse, instaurent des

incubateurs internes pour accueillir et faciliter le mûrissement de projets210. Il existe 23

incubateurs au sein d'universités, d’écoles et d’instituts auxquels il devait s'en ajouter une

208 Il existe des incubateurs privés, mais ils sont très peu nombreux (Le Monde, 2000b, op.cit, p. XIV). 209 Ils peuvent aussi avoir à long terme des effets indirects qu’il est difficile de mesurer. Une fois sorties des incubateurs, on ne sait pas ce qu'il advient des entreprises créées en termes de survie, de croissance et de création d'emplois. 210 CRCI Haute Normandie, 2000, 18 pages.

Page 124: Intention Entrepreneuriale

121

dizaine suite à une sélection par un comité réuni en mai 2000211. La loi "Allègre" prévoit la

mise en place d'incubateurs "orientés technologies" pour valoriser les travaux de recherche

dans les universités.

Le premier incubateur dans un établissement de l’enseignement supérieur a vu le jour à

l'Ecole Supérieure de Physique et Chimie Industrielle de Paris. L'Ecole des Mines d'Alès a

développé depuis 1984 le plus important incubateur de France pour les projets

technologiques (J. BERANGER et alii, 1998, p. 56 ; A. FAYOLLE, 1999, p. 49). La même

année, l'E.M. Lyon a mis en place "Le Centre des Entrepreneurs" qui assure

l'accompagnement dans la création, la reprise et le développement d'entreprise.

L'incubateur de l’Ecole Supérieure des Télécommunications de Bretagne abrite depuis

1996 ses dipômés-créateurs. L'ESC Grenoble a démarré depuis la rentrée 1999-2000 un

"Hall de l'entrepreneuriat technologique".

Si le coût des incubateurs et les ressources humaines qu’ils mobilisent font que leur

nombre est relativement faible dans les établissements d’enseignement supérieur, il n’en

demeure pas moins qu’ils sont une option stratégique dans les formations en

entrepreneuriat212. Leur mise en place pourrait consolider, tout au long du processus

entrepreneurial, l’intention et contribuer à la concrétisation des projets émanant des

étudiants.

3.2.3.4. Les perspectives d’évolution

Les systèmes de soutien et d'appui à la création d’entreprise accompagnent les

créateurs potentiels le long du processus entrepreneurial. Ces systèmes étaient à

l'origine des mosaïques d’actions déconnectées les unes des autres. Bien que l'on soit passé

211 Plusieurs établissements s'associent dans un seul incubateur. Nous citerons "Agranov" qui regroupe les universités Pierre et Marie-Curie (Paris-VI), Paris-Dauphine, l'Ecole Normale Supérieure et Paris Tech (Le Monde, 2000b, op.cit, p. XIV).

L'ESIEA (Ecole Supérieure d'Informatique, Electronique et Automatique) a crée un incubateur de jeunes pousses avec l'université de Marne-la-Vallée et l'Ecole des Ponts. L'ESC Grenoble collabore avec l'université californienne UCLA. A l'ESC Paris, les anciens élèves ont mis en place "ESCP-EAP Création", un incubateur jumelé avec un réseau similaire en Allemagne, qui accueille des élèves ou des diplômés d'autres écoles (J.-C. LEWANDOWSKI, 2000b, p. 50). L'incubateur de l'ESSEC collabore à l'international avec un consortium d'écoles et d'universités (l'International Center for Entrepreneurship and New Development) (Les Echos, 2000, p. 51). 212 Le coût d'un incubateur est au minimum de 200 000 F par an et par projet. Au Québec, où l'on est très avancé dans ce domaine, on estime que le retour sur investissement n'est seulement que de 50% au bout de dix ans (Industries, 2000, p. 13). Le Ministère de l'Education Nationale a débloqué 200 millions de francs pour encourager les incubateurs orientés vers la haute technologie (Le Monde, 2000b, op.cit, p. XIV).

Page 125: Intention Entrepreneuriale

122

d'actions ponctuelles à des programmes d'action mis en œuvre par un ensemble de

partenaires213, l'architecture des domaines de compétence des organismes, de plus en

plus nombreux et avec des actions de plus en plus diversifiées, n'est pas transparente

aux yeux des porteurs de projet. L'ensemble des aides disponibles reste caractérisé par sa

grande diversité. On en recense en France quelques centaines214.

Cependant, le travail effectué par les organismes d'aide et d’accompagnement à la

création d'entreprise est indéniable. Ils ont le mérite d'offrir un espace de dialogue qui

rompt l’isolement des individus engagés dans le processus entrepreneurial. Cet espace

favorise une médiation entre ceux-ci, les acteurs concernés et les ressources mobilisées.

Une meilleure compréhension du processus entrepreneurial amont peut faire

progresser les dispositifs d'appui et de soutien. Le système éducatif (lycées, universités,

écoles, instituts), qui était jusqu'à un passé récent, en marge des systèmes de soutien et de

support à la création d'entreprise, en fait graduellement partie aujourd’hui. Mais il serait

sans doute vain de chercher un modèle explicatif global pour améliorer les systèmes de

soutien et d’appui215. La diversité des créateurs, de leurs buts, de leurs projets et de leurs

environnements impose une approche plurielle.

Quelques grandes tendances doivent toutefois se dessiner pour que ces systèmes

facilitent les trajectoires au sein du processus entrepreneurial amont216. Il faut faire appel à

des intervenants possédant un professionnalisme rigoureux, des vocations différenciées

mais plus généralistes. Les outils de financement locaux doivent être plus présents. Il est

nécessaire de trouver une synergie entre les divers organismes pour une meilleure

harmonisation des énergies qui diminuerait les interfaces avec les porteurs de projets et les

213 Des réseaux se sont constitués. Le réseau "Chances" mis en place par l'APCE, vise à "franchiser" tout un nombre de partenaires pour accueillir et orienter, de façon semblable et sur l'ensemble du territoire, les créateurs d'entreprise. Des Missions Régionales à la Création et au Développement des Nouvelles Entreprises (sous l'égide de l'APCE) ont pour objectifs de coordonner les politiques régionales à la création d'entreprise et de faciliter la synergie entre les différents partenaires (A. LETOWSKI, 1991, op.cit, p. 2 et 4). 214 L'APCE a recensé, en 1998, plus de 1 850 aides pour les TPE/PME (E. BEMBARON, Le Monde, 1998, p. 29). La quatrième édition du guide des financements de proximité a recensé 458 structures intervenant spécialement dans le financement des créations de TPE (APCE, site Internet, http://www.apce.com, février 2000, op.cit).

A ce stade, les mises en relation, les informations sur les aides et les sources de financement et de conseil privés ou publics sont particulièrement appréciées. Pour se reconnaître dans le "maquis" des aides et des conseils, un site Internet au niveau de chaque région ou département, faciliterait les moyens d'accès aux porteurs de projets. 215 Il n’en demeure pas moins que quelques travaux peuvent contribuer à l’amélioration du fonctionnement de ces systèmes. Nous pensons particulièrement à F. BARES et R. MULLER (2002) qui ont mobilisé la théorie du don pour dépasser certaines barrières aux soutiens entrepreneuriaux. 216 Nous nous inspirons essentiellement des articles de P. ALBERT et alii (1994, p. 101-103) et de A. LETOWSKI (1991, op.cit, p. 3).

Page 126: Intention Entrepreneuriale

123

créateurs d’entreprise. De manière plus formelle, en présence cette fois de la nécessité

d’élaborer un plan de développement des systèmes d'appui et de soutien à la création

d'entreprise, il faut combiner une approche descendante de l’administration centrale et

une approche ascendante des acteurs locaux, avec des "alliances" entre les différents

niveaux de décision et d’intervention217.

Conclusion du chapitre 3

Ce chapitre nous permet de consolider notre positionnement dans l’approche

processuelle de l’entrepreneuriat que nous avons annoncée au chapitre premier. Dans

les travaux sur les mobiles qui agissent sur le processus entrepreneurial amont, nous

distinguons ceux des économistes qui ont tendance à les concevoir d’un point de vue

exclusivement "économique", et ceux des chercheurs venus d'autres disciplines qui les

expliquent par des liens intimes entre l'individu, ses traits de personnalité et son

environnement. Les mobiles qui peuvent expliquer le processus entrepreneurial sont

une interpénétration constante d'un besoin économique, de traits psychologiques,

d'une culture, d’un sentiment familial et de principes éthiques.

Conjointement à ces mobiles, des facteurs contingents agissent sur ce processus. En

effet, l’expérience professionnelle, l’environnement territorial et les systèmes d’appui

et de soutien à la création d’entreprise peuvent agir sur l’intention entrepreneuriale, et

conséquemment sur l’acte d’entreprendre.

Au cours du processus entrepreneurial amont, l’identification des mobiles

entrepreneuriaux nous aident à comprendre les motivations des individus ; l’expérience

professionnelle peut expliquer l’acquisition d’aptitudes entrepreneuriales ; l’ancrage

territorial et les systèmes d’appui et de soutien à la création d’entreprise sont des facteurs

217 Pour une approche plus détaillée sur cette question, cf. P.-A. JULIEN (1994, op.cit, p. 63). Le Conseil National de la Création d’Entreprises (CNCE) fait office d'organisme fédérateur au niveau de l'administration centrale. Il a pour mission de construire une politique nationale de la création d’entreprise. Il a en charge l’éducation nationale, l’information et la sensibilisation du grand public, les grandes décisions stratégiques d’appui (financières, logistiques) et les actions favorisant la recherche et le transfert de l’information. Pour ces dernières, il s’agit notamment de favoriser la création d’entreprise par des chercheurs. Le CNCE regroupe désormais les quatre grandes structures d’aides à la création : "Entreprendre en France", "Fondation Entreprendre" (structure patronale), "France Initiatives Réseaux" (collectivités locales) et "Adie" (Association pour le Droit à l'Initiative Economique).

Au niveau local, plus proche des porteurs de projets et des créateurs, il est question de confier les actions de formation, le financement de proximité et la coordination des différents protagonistes.

Page 127: Intention Entrepreneuriale

124

susceptibles d’augmenter les perceptions de disponibilité des ressources. La mise en

perspective de ces mobiles et de ces facteurs contingents nous servira de base pour

concevoir des hypothèses formulant les variables susceptibles d’influencer l'intention

entrepreneuriale.

Tout au long de cette première partie, nous nous sommes positionnés dans le champ de

la recherche, nous avons formulé notre problématique et tenté de mieux appréhender le

processus entrepreneurial à travers l’analyse de l’entrepreneur, des mobiles et des facteurs

contingents qui peuvent amener les individus à entreprendre. Conformément aux

positionnements théoriques précédemment exposés, la deuxième partie se propose tout

d’abord d’analyser un facteur contextuel susceptible d’influencer l’intention

entrepreneuriale : l’enseignement de l’entrepreneuriat et ses différents aspects. Ensuite,

nous présentons le cadre théorique et le modèle de l'intention entrepreneuriale en synthèse

des différentes hypothèses de recherche.

Page 128: Intention Entrepreneuriale

125

PARTIE II - UN MODELE DE L'INTENTION

ENTREPRENEURIALE A TRAVERS UN PROCESSUS

MARQUE PAR DES PROGRAMMES OU DES FORMATIONS

EN ENTREPRENEURIAT

Page 129: Intention Entrepreneuriale

126

INTRODUCTION

Cette deuxième partie "Un modèle théorique de l’intention entrepreneuriale à

travers un processus marqué par des programmes ou des formations en

entrepreneuriat" s’articule autour de trois ensembles.

Le chapitre quatre expose ce que nous entendons par l’enseignement de

l’entrepreneuriat. Il tente d’apporter des éclairages sur la dualité du système

d’enseignement supérieur français. Il retrace l’évolution des diplômés en gestion dans

l’accès aux fonctions dirigeantes et à haute responsabilité. Il formule les mutations socio-

économiques et technologiques qui ont conduit l’enseignement supérieur à intégrer

graduellement l’entrepreneuriat et la création d’entreprise dans ses cursus. Nous

inventorions les pratiques de l’enseignement de l’entrepreneuriat en France. Nous

répartissons l’enseignement de l’entrepreneuriat en trois niveaux d’intervention en

présentant parallèlement à chacun d’eux, les pratiques pédagogiques les plus déployées.

Nous mettons ainsi l’accent sur la nécessité d’adopter des approches transversales dans

l’enseignement de l’entrepreneuriat. Celles-ci trouvent un terreau favorable dans les

pédagogies par projet. Nous accordons une attention particulière aux intervenants

universitaires. Avant de conclure, notre réflexion sur l’analyse de l’enseignement de

l’entrepreneuriat en France se concrétise par la construction d’un cadre général d’analyse.

Celui-ci combine les méthodes pédagogiques et les phases d’intervention dans

l’enseignement de l’entrepreneuriat.

Le chapitre cinq consiste à argumenter la construction théorique qui s’appuie sur le

modèle de la formation entrepreneuriale de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982) et la

théorie du comportement planifiée de I. AJZEN (1991). Il expose deux modèles de

l’intention entrepreneuriale illustrant la théorie du comportement planifié en tant que cadre

théorique.

Le chapitre six conceptualise les variables personnelles et contextuelles que nous

retenons dans l’intention entrepreneuriale (les attitudes associées au comportement, les

normes subjectives et les perceptions du contrôle comportemental), tout en posant les

Page 130: Intention Entrepreneuriale

127

hypothèses de recherche. Il présente en synthèse le modèle de l’intention entrepreneuriale

qui est testé par une enquête comparative dans divers établissements de gestion.

Page 131: Intention Entrepreneuriale

128

Chapitre 4 - Un cadre général d'analyse de l’enseignement de

l’entrepreneuriat en France

"Il faut oser tout examiner, tout discuter, tout enseigner même".

CONDORCET

Nous avons posé en introduction générale le postulat que l’entrepreneuriat peut faire

l’objet d’un enseignement. Les appropriations culturelles sont fonction de l'univers

fréquenté par l'apprenant (J.-Y. ROBIN, 1994, p. 77). Et si l'acte d'entreprendre dépend du

contexte, il n'en est pas moins de la formation des hommes, insiste S. BIRLEY (1998, p.

14).

Traiter de l’enseignement de l’entrepreneuriat exige de préciser ce que nous en

entendons. Il existe de multiples positions académiques, à l’instar de la diversité qui

subsiste sur le concept d’entrepreneuriat (K.H. VESPER, W.B. GARTNER, 1997, p. 407).

A. GIBB et J. COTTON (2002, p. 5) suggèrent que l’entrepreneuriat dans un contexte

éducatif est un ensemble de comportements, d’aptitudes et d’attributs exercés

individuellement ou collectivement pour manager des individus ou des organisations de

toute sorte, pour créer des entreprises et innover dans des contextes de forte incertitude et

complexité. Ces comportements, aptitudes et attributs sont des moyens d’accomplissement

personnel218. Selon M. LAUKKANEN (2000, p. 26-27), l’éducation entrepreneuriale peut

être définie comme "quelque chose" qui facilite l’accès aux pratiques entrepreneuriales.

Elle concerne le "que faire ?" et la façon de concrétiser celui-ci en étant personnellement

impliqué219.

Pour notre part, nous considérons que tout enseignement (enseignements,

programmes ou formations de sensibilisation, de spécialisation et d’accompagnement)

218 “Behaviours, skills and attributes applied individually and/or collectively to help individuals and organisations of all kinds, to create, cope with and enjoy change and innovation involving higher levels of uncertainty and complexity as a means of achieving personal fulfilment”. 219 "Entrepreneurial education is as something concerned with learning and facilitating for entrepreneurship (what to do and how to make it happen by being personally involved) and less with studying about it (in a detached manner, as a social phenomenon among others)".

Page 132: Intention Entrepreneuriale

129

destiné à préparer et à développer les perceptions, les attitudes et les aptitudes

entrepreneuriales, est qualifié d’"entrepreneurial"220.

S’intéresser à l'impact que peut avoir un programme ou une formation en

entrepreneuriat, parmi d’autres variables, sur l’intention entrepreneuriale, nécessite au

préalable d’analyser l’enseignement de l’entrepreneuriat sous ses divers aspects. Il nous a

semblé utile, avant d’entrer dans le vif du sujet, de comprendre les diverses fonctions du

diplôme et les différences "marchandes" et sociales qu’il engendre. Nous adoptons une

perspective historique pour appréhender les liens entre les formations en gestion et

l'évolution de l’exercice de fonctions patronales et dirigeantes. Ceci peut nous aider à

structurer notre compréhension sur les trajectoires de carrière des diplômés de

gestion. Ensuite, nous exposons l’adéquation des systèmes d’enseignement supérieur avec

l’enseignement de l’entrepreneuriat et de la création d’entreprise. Nous insistons sur les

mutations économiques et technologiques qui génèrent une demande sociale des étudiants

qui souhaitent emprunter des voies entrepreneuriales.

Il est impératif pour notre question de recherche de développer une compréhension

globale de l'"existant" en matière d’enseignement de l’entrepreneuriat en France,

notamment pour ce qui est des DESS IAE. Pour avoir un aperçu sur ce que peuvent être

nos terrains d'enquête, nous dressons un état des lieux des formations universitaires de

troisième cycle. La diversité des formes d’entrepreneuriat et de création d’entreprise nous

oblige à analyser les niveaux d’intervention dans l’enseignement de l’entrepreneuriat en

général et de la création d’entreprise en particulier, tout en insistant sur les pratiques

pédagogiques les plus utilisées.

Pour une vue d’ensemble du phénomène, et sans une immersion profonde dans les

sciences de l’éducation, notre objectif est également de présenter les approches

transversales qui utilisent des pédagogies par projets axées sur les attitudes. Vouloir

apporter des connaissances sur l’enseignement de l’entrepreneuriat exige de nous intéresser

à un type d’intervenant particulier, les enseignants pour lesquels nous prévoyons une

spécialisation dans la formation et une reconnaissance académique par leurs pairs. En

220 Pour nos approches de l’enseignement de sensibilisation, de spécialisation et d’accompagnement, cf. infra., p. 139 à 143, "4.4. Des objectifs et des pédagogies à un triple niveau d’intervention". Pour nos acceptions d’attitude entrepreneuriale, cf. infra., p. 181-182, "6.1.1. Les attitudes associées au comportement", et pour celle d’aptitude entrepreneuriale, cf. infra., p. 197, "6.1.3.1. Les perceptions des aptitudes entrepreneuriales".

Page 133: Intention Entrepreneuriale

130

synthèse de cette large mise en perspective, notre contribution personnelle se concrétise

par l’élaboration d’un cadre général d’analyse de l’enseignement de

l’entrepreneuriat en France. En nous appuyant sur les travaux de J.-P. BECHARD

(2000), sur des études empiriques et sur nos investigations personnelles, ce cadre tient

compte des phases d’intervention de l’enseignement (sensibilisation, spécialisation,

accompagnement et appui), de ses objectifs et des méthodes pédagogiques en œuvre. Il est

un instrument qui peut servir à de nouvelles innovations pédagogiques.

4.1. Dualité du système d’enseignement supérieur français : diversité des

valeurs sociales et "marchandes" des diplômes

Si l'économie du XIXème siècle s'est développée sans "diplômés", aujourd'hui les

autodidactes et les hommes formés uniquement par la voie pratique ne sont plus aussi

nombreux. Jusqu’à la fin des années 1970, l’université avait pour tâche de former les

enseignants, les membres des professions de la santé, les juristes et les fonctionnaires

moyens. Les grandes écoles de l’Etat pourvoient la haute administration et les postes à

haute responsabilité. Depuis leur fondation, les écoles de management et gestion forment

les dirigeants et les cadres supérieurs d’entreprise. Cette "spécialisation" dans les objectifs

de formation, conjuguée avec des raisons historiques, idéologiques, économiques et

sociales, fait que le système d'enseignement supérieur en France connaît une "dualité" sans

égale par ailleurs. Elle se manifeste dans l'existence simultanée d’un double système

d’enseignement, le secteur universitaire et celui des grandes écoles221. Elle recouvre, nous

fait savoir P. BOURDIEU (1989, p. 132), deux styles de travail et deux visions du

monde222. Cette "dualité" distingue les diplômés universitaires de ceux des écoles

publiques, consulaires ou privées.

Selon P. BOURDIEU (1989, p. 165), le diplôme est sans doute l'"attribut" le plus

déterminant de l'"identité sociale". Il est un titre académique qui confère à son détenteur

221 A tort, plusieurs auteurs attribuent l’origine et la paternité des grandes écoles françaises à Napoléon Ier, note B. MAGLIULO (1982, p. 12-13). D’après cet auteur, c’est durant les années 1880-1914 que l’expression "grande école" se substituait à celle d’"école spéciale". Elle fût véritablement consacrée après la seconde guerre mondiale. 222 Pour insister sur l'opposition et la dualité entre les deux systèmes d’enseignement, P. BOURDIEU (1989, p. 138) voit qu’ "Ainsi, il suffit de rassembler la série des traits qui caractérisent les deux espèces d'institution scolaires pour entrevoir les effets qu'elles produisent dans et par leur opposition même".

Page 134: Intention Entrepreneuriale

131

des valeurs personnelles et un statut social. Cependant, la dualité du système

d’enseignement français produit des diplômes aux valeurs "marchandes" différentes, selon

entre autre, l’origine et la réputation de l’établissement qui l’a délivré. Ceux des écoles de

management et gestion, notamment les plus prestigieuses (EDHEC, ESCP, ESSEC, HEC et

Sup de Co), distinguent ses titulaires de leurs homologues universitaires sur le marché du

travail, avec des conséquences importantes sur les trajectoires de carrière des diplômés223.

A cet effet, M. SAFAVIAN-MARTINON (1998, p. 32) qualifie le diplôme d’outil de

"sélection culturelle".

Il n’en reste pas moins que le diplôme, quel que soit son origine, ouvre au moins,

majoritairement en France, l’accès au statut de cadre. En effet son rôle, explique M.

SAFAVIAN-MARTINON (1998, p. 36 et 82), doit être compris en relation avec le statut

typiquement français de cadre, essentiellement accessible par le niveau de formation. Le

diplôme confère la possibilité d'entamer une carrière dont les caractéristiques et le rythme

d'évolution se distinguent nettement de ceux qui n'ont pas commencé à ce niveau. Cet

accès direct au statut de cadre oppose les diplômés aux autodidactes. Ces derniers sont

handicapés quant à la "transférabilité du diplôme" sur le marché du travail224.

Parmi les diverses fonctions du diplôme, nos investigations portent plus

particulièrement sur les différences sociales qu’il engendre. En plus du titre scolaire, les

liens familiaux et la propriété du capital sont des facteurs indispensables pour se frayer un

chemin dans les postes de direction et de responsabilité. Notre propos se termine par la

mise en valeur des mutations économiques et technologiques qui ont propulsé les

"gestionnaires" aux devants des fonctions dirigeantes et à responsabilité.

4.1.1. Le diplôme des grandes écoles : un système de différence sociale

Partant du constat que les mêmes classes sociales occupent majoritairement les places

des grandes écoles et les positions dominantes dans les entreprises, P. BOURDIEU (1989,

223 Cf. à ce sujet, M. BAUER et B. BERTIN-MOUROT (1987). 224 Au vu de la théorie du "screening" (filtre), le diplôme est important car il permet une sélection à l'entrée et à la sortie de l'école, ce qui représente des critères de "filtre" en moins pour l'employeur, commente M. SAFAVIAN-MARTINON (1998, p. 420). Il est aussi, au regard de la théorie du signal, un "signe de compétences supposées très qualifiées", surtout en début de carrière.

Page 135: Intention Entrepreneuriale

132

p. 139 et 140) envisage les "écoles du pouvoir"225 comme des instruments de reproduction

sociale et de "consécration". A travers elles, les classes dominantes cherchent à produire et

à conserver leurs privilèges. Les grandes écoles répondent beaucoup mieux que les facultés

aux attentes de la grande bourgeoisie qui contourne l'obstacle scolaire.

Le diplôme des grandes écoles réalise donc l'opération qui consiste à connaître et à

reconnaître les frontières sociales qui différencient ses détenteurs. En tant que système de

différences scolaires, confirme P. BOURDIEU (1989, p. 140 et 188), les grandes écoles

placent d'emblée leurs diplômés sur une trajectoire sociale qui les conduira toujours plus

vite, plus loin et plus haut. Les diplômés des écoles les plus connues sont recrutés à l'entrée

dans la vie active sur des postes plus intéressants et plus stratégiques dans de grandes

entreprises. Ayant commencé en général dans des postes importants, ils ont plus de

possibilités d'accéder aux fonctions les plus prestigieuses au fil de leur carrière226.

Cependant, le titre scolaire n'est pas suffisant en soi, signale P. BOURDIEU (1989, p.

404 et 412), pour accéder aux positions dominantes dans le champ économique. Les liens

de parenté avec les affaires et la cooptation sont aussi influents. Le taux de détenteurs de

titres d'enseignement supérieur parmi les dirigeants croît, signale P. BOURDIEU (1989,

p.404), très fortement quand on va des entreprises à contrôle familial, aux entreprises

publiques ou privées. L’"esprit du corps", synonyme de la constitution du capital social,

est une ressource collective qui permet à chacun des membres d'un groupe intégré

d'accéder au capital individuellement possédé par chacun. Il accroît le champ des

privilèges des diplômés des grandes écoles. Le diplôme se substitue donc au capital et au

lien du sang.

225 Le titre que donne l’auteur au deuxième chapitre de la quatrième partie de son ouvrage (p. 428-481) est très parlant à cet égard : "écoles du pouvoir et pouvoir sur l'économie". 226 M. SAFAVIAN-MARTINON (1998, op.cit, p. 43-49), dont la thèse tourne autour de l'influence du diplôme sur les attitudes de carrière de l'individu, nous informe que la littérature sur la carrière, un "concept multiforme", est riche. Les théories prennent leurs sources dans différentes disciplines telles que la sociologie, la psychologie, l’économie, la gestion et le comportement organisationnel. Dans son acception la plus courante, la carrière est considérée comme la chronologie des postes occupés durant la vie professionnelle. Cependant, il existe des auteurs qui lui accordent une dimension dynamique en la définissant comme "une suite de mobilités".

Page 136: Intention Entrepreneuriale

133

4.1.2. L’accès aux fonctions dirigeantes et à responsabilité des diplômés en gestion

Dans une études sur les 200 plus grandes entreprises françaises, M. BAUER et B.

BERTIN-MOUROT (1987) distinguent trois modalités d'accès aux fonctions de direction

et aux hautes responsabilités :

l'"atout-Etat" : les grandes écoles (ENA, Ecoles Polytechnique, Ecole Centrale, Ecole

des Mines…) et les couloirs de la haute administration publique, contribuent à la

distribution des pouvoirs et des privilèges. Les dirigeants et les hauts responsables ont

été portés à la direction avec "la complicité" de l'Etat ;

l'"atout-capital" : les dirigeants et les hauts responsables ont eu accès à leur statut à

travers la propriété du capital qui légitime le pouvoir. Le renouvellement de l’élite

économique est assuré par l’accumulation et la transmission des patrimoines227 ;

l'"atout-carrière" : les dirigeants et les hauts responsables ont été portés à leur fonction

grâce à leurs potentiels et leurs résultats dans les différents postes qu’ils ont occupé.

Au delà des voies d’accès au patronat et aux hautes sphères des entreprises publiques et

privées, il nous importe de comprendre la place et l'évolution des diplômés en gestion, par

rapport aux autres diplômés, en la matière.

Au début de la seconde industrialisation, ce sont surtout des ingénieurs qui occupaient

les postes de patrons et de hauts responsables. Leur nombre se renforçait avec les

années.Les mutations économiques, sociales et technologiques des années 1970 ont été

suivies par l’émergence de nouvelles catégories de patrons et de hauts responsables à la

mesure de l’accroissement des fonctions financières et commerciales, par rapport aux

fonctions techniques (P. BOURDIEU, 1989, p. 310). Ces changements se répercutent sur

les positions des diplômés en gestion dans la hiérarchie patronale et dirigeante. Par leur

formation, ils sont plus disposés à assurer des fonctions d'encadrement dans les métiers de

la finance, du marketing, de la gestion du personnel228... Leur ascension prend une

227 Cf. à ce sujet M. BAUER (1993). 228 Si parmi ces diplômés en gestion nous retrouvons une majorité provenant des écoles de commerce, c’est que ces dernières étaient les seules, pendant longtemps, à dispenser des enseignements de gestion. En 1940, on comptabilisait déjà vingt et une écoles de commerce (P. BOURDIEU, 1989, op.cit p. 316), alors que la gestion n’a été admise comme discipline universitaire que dans la décennie 1960. Aujourd’hui, en plus des écoles de management et gestion, diverses filières académiques fournissent l'ensemble des cadres de "management" français, notamment les départements des sciences économiques, de psychologie, de droit, les I.E.P, l’E.N.A et les autres filières de la fonction publique. Les IAE par le biais de divers DESS de gestion qui se multiplient depuis la décennie 1980, préparent

Page 137: Intention Entrepreneuriale

134

extension progressive dans des secteurs d'activité de plus en plus diversifiés (A. THEPOT,

1979). Nous admettons que les changements sociaux et technologiques et le

renouvellement partiel du patronat et des hauts responsables sont allés de pair.

Les diplômés des établissements de gestion ne sont sans doute pas moins entreprenants

que les autres. Mais le cheminement de leur carrière où ils se voient, aussitôt le diplôme

obtenu, offrir des postes gratifiants avec des conditions de rémunération avantageuses, les

dirige droit vers le salariat. Pour les amener éventuellement vers des voies

entrepreneuriales, les établissements de gestion ont mis en place des enseignements,

programmes et formations où l’entrepreneuriat et la création d’entreprise occupent des

positions de plus en plus stratégiques dans leurs dispositifs pédagogiques.

4.2. Une adaptation croissante du système éducatif supérieur à

l’enseignement de l’entrepreneuriat

Les établissements de gestion du système éducatif supérieur formaient en général, à des

métiers de direction ou de "technostructure", pour reprendre le vocable de J.K.

GALBRAITH (1969) [1967]. Il n'était pas dans leurs objectifs de présenter

l'entrepreneuriat comme une possibilité professionnelle. Leurs diplômés semblaient

s'intégrer dans des structures formalisées où les fonctions, les responsabilités et les

activités étaient bien délimitées.

Cependant, depuis 1995, bien qu’elle reste relativement faible par rapport à l'Amérique

du Nord et à la Grande-Bretagne, l'introduction de l'entrepreneuriat dans le système

éducatif supérieur français connaît un rythme de plus en plus accéléré. Les universités, les

écoles et les instituts innovent en introduisant plus d’enseignements, d’options, de filières

et de formations entières en entrepreneuriat et en création d'entreprise. L'esprit d’entreprise

font désormais davantage partie de leurs missions.

Cette intégration croissante de l’entrepreneuriat dans les programmes d’enseignement

trouve plusieurs sources. Primo, bien qu’aucune mesure politique de grande envergure

n’ait été prise pour donner à l'entrepreneuriat une place réelle dans les programmes

éducatifs, une réelle volonté des divers acteurs concernés s'exprime en faveur d'une

explicitement à des métiers de gestionnaire et de dirigeants de PME/PMO. Néanmoins, aujourd'hui encore, les diplômés des écoles de management et gestion, notamment les plus huppées, bénéficient de plus grandes facilités d’accès à des postes intéressants dans les premières années de leur vie active.

Page 138: Intention Entrepreneuriale

135

introduction plus conséquente de l’enseignement de l'entrepreneuriat. Secundo, la

composition du tissu économique (à dominante TPE et PME) privilégie aujourd'hui des

salariés aux compétences et comportements plus entrepreneuriaux. Tertio, les changements

sociaux et économiques induits par la nouvelle économie se traduisent par un double effet

qui trouve peu d'échos dans l’ancien système éducatif.

Premièrement, davantage d’étudiants envisagent des carrières entrepreneuriales, d’où

une affluence sur les enseignements consacrés au "e-business", à la gestion de projets et à

la création d'entreprise. Deuxièmement, cette affluence induit des modifications profondes

des contenus et des pédagogies d’enseignement et une redistribution de la géographie des

cours optionnels.

Bon nombre d’universités, au sein desquelles des IAE, des écoles de management et

gestion et d’ingénieurs ont perçu la nécessité fondamentale de s’adapter aux changements

caractérisant cette période de mutations économiques, technologiques et sociales,

notamment la nouvelle économie qui offre aux étudiants de nouvelles opportunités

d'entreprendre229. Ces établissements mettent en place des programmes et des formations en

entrepreneuriat pour répondre à une demande sociale. En tant que tels, ce sont, au sens de

M. LAUKKANEN (2000, p. 26), des systèmes d’innovation sociale. Présentons

maintenant un historique de l’enseignement de l’entrepreneuriat pour rendre compte de son

intégration progressive dans le paysage éducatif français.

4.3. Un historique de l’enseignement de l’entrepreneuriat dans les

établissements supérieurs français

Aux Etats-Unis, la Harvard Business School a introduit un cours d’entrepreneuriat en

1945. A la fin de la décennie 1960, il y avait 16 écoles et universités qui dispensaient des

enseignements d'entrepreneuriat. J.-M. AURIFEILLE et E.-M. HERNANDEZ (1991, p.

40) notent qu’entre 1968 et 1983, les Etats-Unis ont développé à un rythme annuel soutenu

(seize en moyenne) des programmes et des formations en entrepreneuriat. En 1995, plus de

229 Il est difficile de quantifier le phénomène avec précision, d'autant qu'il est inégalement réparti. A l'ESSCA d'Angers, on compte une bonne centaine de projets (J.-C. LEWANDOWSKI, 2000b, op.cit, p. 49). En mettant en place un dispositif complet d'accompagnement de projets dans la nouvelle économie ("New Business Center"), les enseignants de l'ESSEC sélectionnent une vingtaine de projets en moyenne par trimestre qui sont orientés vers l'incubateur d'entreprises de l'école (Les Echos, 2000, op.cit, p. 51).

Page 139: Intention Entrepreneuriale

136

400 écoles dispensaient des enseignements en entrepreneuriat (K.H. VESPER et W.B.

GARTNER, 1997, p. 406-407). D’après J.O. FIET (2000, p. 102), plus de 800 écoles et

universités offraient des enseignements en entrepreneuriat en 2000.

Au Canada, M. BOUCHARD-D'AMOURS et Y. GASSE (1989, p. 17) relèvent que

"Jeunes Entreprises", l'un des premiers programmes destinés à l'entrepreneuriat,

fonctionne depuis les années 1950 dans 85 villes environ. Il permet aux élèves du

secondaire et du collégial230 d'acquérir expérimentalement, les connaissances nécessaires à

la création et à la gestion d'une entreprise.

L'enquête réalisée par la junior entreprise d'HEC, avec le soutien d'Ifop-Gallup, montre

que plus du quart des étudiants européens reçoivent des enseignements de création

d'entreprise. Ceux-ci sont très présents en Allemagne, en Finlande et aux Pays-Bas231.

Les premiers enseignements en entrepreneuriat en France ont été optionnels. Ils ont vu

le jour en 1977 à l'ESC Paris, sur une initiative de P. SENICOURT (1997, p. 16). HEC a

emboîté le pas en instaurant en 1978 une formation à la création d'entreprise, qui est

devenue aujourd'hui HEC-Entrepreneurs. EM Lyon, un des pionniers dans le domaine, a

créé le Centre des Entrepreneurs en 1984. L'ESSEC Angers a lancé en 1996 "La chaire

Entrepreneurs PME/PMI". D’autres initiatives ont suivi à peu près à la même époque ;

l'ESC Grenoble, l'ESC Lille, l'ESC Clermont-Ferrand… ont créé des Mastères en

entrepreneuriat.

Avant d’intégrer des thématiques d’entrepreneuriat, l’enseignement supérieur public

s’est notablement orienté vers des formations en management de PME, de niveau

deuxième cycle au minimum. Ainsi, à partir de 1985, une dizaine de DESS ont été créés.

L'IAE de Tours a été le premier à lancer le DESS "Gestion des PME". Les DESS à

dominante entrepreneuriat ou création d'entreprise sont apparus dans le paysage éducatif au

début des années 1990 (tableau ci-dessous). Ils sont en nombre de 10. Les derniers créés

sont les DESS "Création d’entreprise et ingénierie entrepreneuriale" de l’UFR de

Sciences Sociales et de Gestion d’Evry-Val d’Essone, "Entrepreneuriat" de l’IAE de

230 Au Québec, la formation collégiale se caractérise par une double vocation, préparer aux études universitaires et assurer une formation technique qui mène directement au monde du travail. 231 Le rapport ne précise pas la nature et le contenu des formations (CCI Paris, 1999, op.cit, p. 2 et 6).

Page 140: Intention Entrepreneuriale

137

Valenciennes, "Entrepreneuriat et développements de projets" de l’IGR de Rennes1, et

"Entrepreneuriat et Activités Nouvelles" de l'IAE de Rouen232.

Intitulé du DESS Universités

Création d'entreprises et gestion de projets

innovants

Bordeaux IV(IAE)

Création, reprise et redressement

d'entreprise

Clermont-Ferrand I

Création d’entreprise et ingénierie

entrepreneuriale

Evry-Val d’Essone (UFR de

Sciences Sociales et de Gestion)

Entrepreneuriat et développement de PME Metz (IAE)

Gestion et management des PME Nantes (IAE)

Création et gestion des PME Paris V

Gestion des PME-PMI : Création

d'entreprise

Paris XII

Entrepreneuriat et développement de projets Rennes1 (IGR)

Entrepreneuriat et activités nouvelles Rouen (IAE)

Entrepreneuriat Valenciennes (IAE)

Tableau 2 - DESS de Gestion orientés entrepreneuriat ou création d'entreprise

L'enquête de A. FAYOLLE (2000c) révèle qu'environ 160 établissements

d'enseignement supérieur dispensaient en 1998, au moins un cours ou entreprenaient une

action de sensibilisation à l'entrepreneuriat. L'analyse des résultats par type d'établissement

montre que les écoles de management et gestion affichent, et de loin, le score le plus fort

en la matière. En effet, plus de 70% de celles-ci offraient au moins un enseignement de

l’entrepreneuriat, suivies respectivement par les écoles d'ingénieurs (46%) et les

universités (37%).

232 Des enseignements sont intégrés dès le deuxième cycle un peu partout dans les départements de gestion (tels que "la filière entrepreneuriat", une option de maîtrise de Gestion de l'université Paris-Dauphine, le module "création d’entreprise" de maîtrise IUP de Rouen) et de plus en plus dans des troisièmes cycle (DESS CAAE de Lille).

Il est à remarquer que les écoles d’ingénieurs ont initié l’enseignement de l'entrepreneuriat au début de la décennie 1980. C'est le cas de l'Ecole Centrale de Lyon et de l'Ecole des Mines d'Alès. La création d'activités fait partie des thèmes prioritaires retenus par le ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie dans la charte des écoles d'ingénieurs définie en juin 1999 (Industries, 2000, op.cit, p. 12-13).

Page 141: Intention Entrepreneuriale

138

Plus de 70 établissements projetaient de lancer un enseignement en entrepreneuriat. Les

écoles d’ingénieurs occupent la tête avec le tiers des prévisions. Les universités (19%) et

les écoles de management et gestion (15%) manifestent des prévisions beaucoup moins

importantes.

4.4. Des objectifs et des pédagogies à un triple niveau d'intervention

Plusieurs travaux233 traitant de l’enseignement de l’entrepreneuriat privilégient, à

quelques différences secondaires, trois types de débats en la matière (A. TOUNES, 2003b,

2003c) :

les finalités : que nous répartissons en trois groupes. La première consiste à

sensibiliser à l'entrepreneuriat, c’est-à-dire à stimuler des facultés de créativité et

d'initiative, et à développer l'autonomie et l'esprit d'initiative. La seconde a pour

objectif de spécialiser les étudiants dans les domaines d’activités de l’entrepreneuriat,

de les inciter à la création d'entreprise. La dernière finalité, enfin, est

l’accompagnement et le suivi d’étudiants qui ont un projet de création d'entreprise.

Dans la pratique, ces trois finalités sont complémentaires et peuvent se recouvrer ;

les types de public : les besoins d’apprentissage, les niveaux de responsabilité et les

attentes des individus se distinguent selon qu’il s'agit d’un public vaste, d’étudiants, de

jeunes créateurs ou de chefs d’entreprise. Les étudiants, comparativement aux jeunes

créateurs et aux entrepreneurs, manquent d'expérience, ont des ambitions spécifiques

de carrière et des compétences vraisemblablement moindres. Cependant,

l’hétérogénéité des profils peut être porteuse d’un riche partage d’expérience ;

la conception des apprentissages : les méthodes pédagogiques pratiquées se

distinguent selon les finalités et les publics en présence. Elles mobilisent des contenus,

des ressources logistiques, didactiques et humaines variés. Les stratégies

d’enseignement impliquent de définir au préalable les places et rôles de l’intervenant

(universitaire, entrepreneur ou conseiller) et de l’étudiant.

233 P. ALBERT et S. MARION (1998, op.cit., p. 29), J.-P. BECHARD (1998, op.cit., p. 33), A. FAYOLLE (1999, op.cit., p. 23 ; 2000c, op.cit., p. 91), A. GIBB et J. COTTON (2002, op.cit., p. 2), B. SAPORTA et T. VERSTRAETE (2000, op.cit., p. 114-115), N. SCHIEB-BIENFAIT (2000, p. 126) et P. SENICOURT et T. VERSTRAETE (2000, op.cit.).

Page 142: Intention Entrepreneuriale

139

Nous présentons dans les sections suivantes les finalités de l’enseignement de

l’entrepreneuriat tout en insistant sur les méthodes pédagogiques les plus répandues pour

chacune d’elles.

4.4.1. Les enseignements d’éveil et de sensibilisation

A ce niveau d’intervention, l’individu ou l'étudiant n'a pas forcément connaissance

d'une possibilité de carrière entrepreneuriale234. S'il en est informé, c'est de façon large et

floue. Cette "non-connaissance" ou méconnaissance peut s'expliquer par un "déficit"

d'informations lié à la formation antérieure, à la famille ou aux médias.

Eveiller et sensibiliser implique qu’entreprendre est possible et faisable. Il s’agit de

stimuler la curiosité et l'intérêt d’un large public à l'égard de la création d'entreprise et

d’activité, c’est-à-dire finalement valoriser l'entrepreneur et l’entreprise. Ceci est

synonyme d'une préparation des perceptions à intégrer l’entrepreneuriat.

Il est question d’informer les individus qu’à un moment de leur carrière, ils seront

appelés à créer des entreprises ou à participer à la création d’activités. Il s’agit de leur faire

comprendre que c’est stimulant et enrichissant sur les plans intellectuel et personnel. Ceci

concerne aussi la démystification de la création d’activité en général et d’entreprise en

particulier. Il paraît indispensable d’informer d'une façon réaliste sur ce que sont la

création d'entreprise et d’activité (les difficultés de financement, les facteurs d'échec et de

réussite, les statistiques sur la mortalité des entreprises...), leurs mécanismes, leurs enjeux,

les compétences et outils nécessaires, sans rien cacher des risques financier et social

associés et des difficultés des démarches administratives. Nous aurions compris que les

enseignements de sensibilisation doivent répondre essentiellement aux questions :

pourquoi entreprendre ? Quelles sont les finalités ? Quels bénéfices en tire-t-on ?

Quels sont les facteurs influents ? Quels sont les risques et les enjeux ? Quelles sont

les implications sur la vie du créateur et sur son cercle familial et amical ?

Les enseignements de sensibilisation sont généralement ponctuels, et utilisent plusieurs

méthodes pédagogiques. Ils peuvent prendre la forme de cours théoriques destinés à

234 Seuls un peu plus du quart des étudiants européens déclarent être suffisamment informés sur la création d'entreprise. Les Allemands et les Hollandais sont les plus satisfaits en termes d'information à la création d'entreprise (CCI Paris, 1999, op.cit, p.6).

Page 143: Intention Entrepreneuriale

140

aborder sous un angle conceptuel, les différents thèmes de l'entrepreneuriat et de la

création d'entreprise, de mini-projets, d'enquêtes et de monographies, de vidéos

d'entrepreneurs liés à des constructions pédagogiques, de témoignages de jeunes créateurs,

d'entrepreneurs et de professionnels de la création ou de la reprise d’entreprise235. Il nous

semble particulièrement important d’insister sur ces témoignages qui peuvent être des

supports psychologiques et émotionnels indéniables, et des modèles d’identification pour

les étudiants. Rien ne vaut un vécu entrepreneurial relaté par son propre auteur. Les lots de

difficultés techniques, personnelles et familiales se vivent plus qu’ils ne s'apprennent.

Les enseignements d’éveil et de sensibilisation sont les plus répandus par rapport aux

enseignements de spécialisation et aux formations diplômantes. Ceci s’explique par une

exigence moindre en termes de ressources humaines, logistiques et temporelles. Ils

nécessitent peu de mobilisation en termes de compétences, de projets pédagogiques et de

logiques d'action respectant des objectifs précis. L'analyse des enseignements par finalité

dans l’étude de A. FAYOLLE (2000c) nous renseigne sur l’envergure de ce type

d’enseignement. 80% des enseignements en entrepreneuriat dispensés dans les écoles

d’ingénieurs sont de type sensibilisant, contre respectivement près de 70% et un peu plus

de 60% dans les écoles de management et gestion et les universités.

Plusieurs auteurs, notamment J. BERANGER et alii (1998, p. 34), militent en faveur

d’une généralisation des enseignements d’éveil et de sensibilisation. Une stratégie

éducative rendant "obligatoire" des cours d'entrepreneuriat dès le tronc commun du cycle

supérieur, produirait des changements dans la culture des établissements236. Ceci

constituerait une innovation dans les contenus des enseignements.

4.4.2. Les programmes et les formations de spécialisation

Le but essentiel d’un enseignement de spécialisation est de permettre à des étudiants

souhaitant créer leur entreprise ou travailler dans les domaines de l’entrepreneuriat

et de la création d’entreprise, d'approfondir la formalisation de leurs projets, leurs

connaissances et leurs apprentissages, d'appréhender la diversité de l'entrepreneuriat et de

235 En plus du circuit traditionnel de formation, les médias (la presse écrite généraliste et spécialisée, audio et audiovisuel) ont un rôle de premier plan dans la vulgarisation de l’entrepreneuriat et de la création d’entreprise. Ils ont l’avantage d’atteindre un large public en dehors du système éducatif. 236 Des auteurs recommandent le mode optionnel en évoquant le fait que l’on ne peut forcer la "main" à des individus qui, a priori, ne manifestent pas d’intérêt pour l’entrepreneuriat.

Page 144: Intention Entrepreneuriale

141

leur donner un esprit entrepreneur. Il n’est donc pas seulement question de préparer des

créateurs ou des repreneurs d'entreprise, mais aussi des individus qui à défaut de vouloir

entreprendre, auront une bonne connaissance des formes et des problématiques

entrepreneuriales. Ces derniers seront capables de travailler dans des activités annexes et

connexes à l’entrepreneuriat et à la création d’entreprise (développement d’entreprise,

intrapreunariat, dirigeant, métiers du conseil et d’aide à la création ou reprise

d’entreprise…). Autrement dit, il faut distinguer la formation "à" l'entrepreneuriat et

la formation "d"'entrepreneurs (de créateurs d'entreprise).

Dans cette phase intermédiaire, des moyens pédagogiques et humains conséquents sont

mobilisés au service d’une réelle stratégie de formation entrepreneuriale. Cette dernière

suppose des ressources professorales impliquées, expertes et motivées. A travers des

spécialisations, diplômantes (DESS, Mastère Spécialisé, MBA) ou non (options, filières,

unités de valeurs, majeures, dominantes…), ces programmes et formations doivent

répondre aux questions : comment opère-t-on ? Quels sont les apprentissages à

réaliser ? Quels sont les méthodes et les outils spécifiques à mettre en oeuvre ?

Si l’on désire développer des aptitudes et des attitudes entrepreneuriales, et in fine

des comportements entrepreneuriaux, il faut nécessairement passer par un élargissement de

l'offre des enseignements et par le développement de programmes spécifiques exigeant des

pratiques pédagogiques élaborées. Celles-ci, en privilégiant une orientation de type auto-

formatrice, tournent généralement autour d’études de cas réels, de montage de projets

(fictifs ou réels) de création, reprise ou redressement d'entreprise, de conduite de projets de

développement d'activités dans une TPE/PME, de missions d’appui et d’assistance à des

porteurs de projets ou de jeunes créateurs, de participation à des concours de création

d'entreprise… Des pédagogies plus rares telles que des ateliers entrepreneurs-étudiants

organisés autour de situations vécues, d'idées de création sont en œuvre dans certains

établissements.

Les programmes et formations de spécialisation sont beaucoup moins présents que les

enseignements de sensibilisation. L’enquête de A. FAYOLLE (2000c) révèle que 25% des

programmes ou formations en entrepreneuriat dispensés par les écoles de management et

gestion sont de type spécialisant. Ce pourcentage se réduit à 20% dans les universités et les

écoles d’ingénieurs. Les formations diplômantes se font encore plus rares : les universités

Page 145: Intention Entrepreneuriale

142

avec 16% des enseignements en entrepreneuriat devancent de loin les écoles de

management et gestion et d'ingénieurs (respectivement 6% et 1,3%).

4.4.3. Accompagnement et appui des porteurs de projets

La finalité de ce type d’intervention est d’accompagner par le soutien et le conseil des

étudiants qui ont des projets de création ou de reprise d'entreprise, ou qui participent à

la mise en œuvre de tels projets. Dans un contexte d'éducation entrepreneuriale, il ne s'agit

pas seulement de "faire acquérir" des connaissances intellectuelles et cognitives, écrit C.

CARRIER (2000, p. 152), mais surtout des compétences et des activités d'apprentissage

qui guideront l'individu dans sa propre démarche entrepreneuriale. Un programme de

formation ne saurait prétendre à l'expertise, note G. KOENIG (2000, p. XI), en formant les

hommes dans le conformisme et la similitude des profils.

Les pédagogies à mettre en œuvre pour donner aux projets le maximum de chance de se

concrétiser sont pragmatiques, personnalisées et relèvent de la collaboration. Pour orienter

et accompagner les porteurs de projets dans leurs parcours, il est nécessaire de développer

des offres de cours centrés sur les besoins des projets. L’accompagnement et le suivi de

projets nécessitent de grandes qualités d'écoute, des soutiens et conseils individualisés dans

la réalisation des plans d'affaires, de la disponibilité avec un engagement de

l'accompagnateur dans l'encadrement et le passage à l'acte237.

Donner à des projets une maturité nécessaire en vue de les valider ou de les refuser,

appelle aussi des apports pédagogiques qui tiennent à la mise en réseaux avec des

partenaires extérieurs et à l’accès aux conditions matérielles pour se lancer en affaire.

L'incubation est la forme d'accompagnement de projets la plus avancée et la plus originale

en ce qu'elle offre des ressources matérielles, informatiques et documentaires. Les

incubateurs des établissements sont, dans ce cas, un lieu de transition entre le milieu de

l'éducation et le monde des affaires.

L'accompagnement, l'appui et le suivi, en intégrant une dimension prospective dans la

réflexion avec les étudiants sur leurs projets doivent permettre de répondre aux questions

suivantes : comment formaliser un projet ? Peut-on le concrétiser ? Comment accéder

aux différentes ressources et réseaux pour y parvenir ?

237 Ceci oblige les établissements à revoir les charges de tutorat des enseignants et professionnels qui augmentent considérablement dans leurs emplois du temps.

Page 146: Intention Entrepreneuriale

143

Face à de nouveaux comportements d’étudiants-porteurs de projets ou d’étudiants-

créateurs, induits notamment par la nouvelle économie, les établissements sont confrontés

au fait de réfléchir sur de nouvelles philosophies pédagogiques et de nouvelles stratégies

d’enseignement. L’un des changements les plus importants est l’aménagement des emplois

du temps et des cursus des étudiants. Bon nombre de ceux-ci ont des difficultés à suivre

une scolarité "normale", car ils sont partagés entre leurs exigences de créateur et leurs

études238. A cet effet, les auteurs du rapport sur la formation entrepreneuriale des ingénieurs

(J. BERANGER et alii, 1998) s'interrogent sur la nécessité de définir un statut d'élève-

entrepreneur permettant à l'étudiant de peaufiner son projet tout en poursuivant ses études.

4.5. Vers des approches transversales déployant des pédagogies par

projet

Les méthodes pédagogiques utilisées présentent, comme nous l’avons vu en traitant des

objectifs et des pédagogies de l’enseignement de l’entrepreneuriat, une grande variété de

modalités envisageables. Cette dernière s’explique par l’hétérogénéité des publics, les

objectifs et les résultats escomptés des programmes et formations. E.-K. WINSLOW et alii

(1999) ont identifié 11 méthodes pédagogiques utilisées dans 209 écoles et universités

américaines239.

Notons d'emblée que les propos ci-dessous occultent, pour une bonne partie, un pan des

méthodes et techniques pédagogiques qui doivent faire l'objet d'une exploration dans les

sciences de l'éducation240. Nous exposons tout d’abord l’intérêt des approches transversales

238 Ceci peut aller jusqu'à prévoir des programmes sur mesure, à allonger la durée de la formation et à alterner hebdomadairement les études et la vie en entreprise. Certains établissements, à l'image de SUPELEC et EDHEC, offrent une gamme complète de services allant jusqu'à rechercher des investisseurs providentiels et des capital-risqueurs. Bien que largement minoritaires, ces étudiants ont une influence considérable et bousculent bien des habitudes. Ainsi, pour le directeur général de HEC, "Cette déferlante de la création d'entreprise et des start-up est un mouvement salutaire. Mais elle nous oblige à trouver de nouveau modes de fonctionnement" (J.-C. LEWANDOWSKI, 2000b, op.cit, p. 50). 239 Le montage de plans d’affaires (87%), les études de cas (78%) et les témoignages d’entrepreneurs (69%) occupent une très large place. 240 Le lecteur en quête d’une littérature théorique sur les fondements théoriques de ces méthodes et techniques trouvera peu d'éclairages ici. Sur cette question, J.-P. BECHARD (2000, op.cit, p. 165-178) présente une bonne synthèse des différentes méthodes pédagogiques susceptibles d’être utilisées dans l’enseignement de l’entrepreneuriat. L’auteur distingue les méthodes pédagogiques, les techniques pédagogiques et les modèles pédagogiques. La méthode des cas est une méthode pédagogique. L'incident critique est une technique particulière de la méthode des cas. Le modèle pédagogique est une configuration particulière d'activité de gestion de la matière et de la classe. Un modèle pédagogique (d'enseignement et /ou d'apprentissage) peut faire appel à plusieurs méthodes, et donc à plusieurs techniques pédagogiques.

Page 147: Intention Entrepreneuriale

144

qui inhibent les clivages des approches fonctionnelles. Ensuite, nous examinons une

pédagogie récente qui trouve un terrain favorable dans l’enseignement et l’apprentissage

de l’entrepreneuriat. C’est la pédagogie par projet qui aborde les TPE/PE comme objet

d’étude global intégrant leurs différentes fonctions (marketing, finance, GRH…).

4.5.1. Les approches d’enseignement : transversalité versus fonctionnalité

Les établissements et les centres de recherche en gestion sont structurés par département

ou discipline (marketing, finance, gestion des ressources humaines, comptabilité…).

Chaque discipline possède ses propres techniques dans le management des organisations.

Cette "spécialisation" se retrouve dans l'enseignement de l’entrepreneuriat qui est

largement organisé autour d'un découpage fonctionnel du projet et de l'entreprise.

En "décloisonnant" un projet ou une entreprise par grandes fonctions, les enseignants

les présentent à leurs étudiants comme un ensemble d’indicateurs comptables et

statistiques, plutôt que comme un projet global qui est l'œuvre d’un individu ou d’une

équipe. Ce découpage n'est bien évidemment pas dénué de rationalité et de cohérence.

Mais une présentation séquentielle, analytique et linéaire d’un projet ou d’une

entreprise, occulte un postulat essentiel et souvent peu appréhendé dans le monde des

affaires : la vision globale. En outre, ce type de présentation n’est adéquat que pour les

entreprises ayant une certaine taille et un certain volume d'activités, obligeant une

organisation hiérarchisée et formalisée. Le processus entrepreneurial quant à lui,

notamment dans ses phases naissantes et émergentes, est par nature transversale. Il ne

convient donc pas à ce type d’approches. Son enseignement impose une "agrégation" dans

la formalisation du projet et le démarrage de l'entreprise.

Les modèles français d'enseignement de l'entrepreneuriat s'appuient souvent sur des

approches fonctionnelles et beaucoup moins sur des approches transversales intégrant

une vision globale et non éclatée du projet ou de l’entreprise (A. TOUNES, 2003b, 2003c).

De ce fait, ils prennent beaucoup moins en compte les temps forts de la vie d'un projet et

d’une entreprise en démarrage, et n’imbriquent pas la dialogique individu/projet241.

241 Il n’en demeure pas moins que dans l'enseignement de l'entrepreneuriat, nous sommes convaincus qu'il y a complémentarité et compatibilité entre une large polyvalence dans les connaissances théoriques et instrumentales (savoirs-faire, aptitudes), qui donne une vision globale du projet et de l'entreprise, et une spécialisation par grandes fonctions de l'entreprise, qui peut nourrir des problématiques et des réflexions avancées chez les étudiants.

Page 148: Intention Entrepreneuriale

145

La transversalité des approches renferme des voies d’association qui peuvent nous

économiser du temps et des moyens. Celle-ci contiennent une dimension "multi-

établissements" (P. ALBERT et S. MARION, 1998, p. 30 ; J. BERANGER et alii, 1998, p.

61), qui regroupe des étudiants aux compétences pluridisciplinaires (technique-

management) dans des projets et des missions communes. Ces modes d’association

impliquent aussi une diffusion et un partage des connaissances, des savoir-faire, des

apprentissages, des outils et des méthodes pédagogiques et des brassages d'expérience

entre les établissements français242. Ces voies peuvent renforcées par la mise en place de

programmes communs243, de partenariats et de coopérations nationales et internationales244,

et l’insertion dans des réseaux de recherche français et étrangers.

La transversalité des approches et des dispositifs d’enseignement de l’entrepreneuriat

exige la mobilisation de formes pédagogiques spécifiques qui s'éloignent notablement de

celles où l'apprentissage ignore les dimensions processuelles d'un phénomène aux

manifestations diverses et singulières. Le défi note G. KOENIG (2000, p. XI), "n'est donc

pas de se conformer à des normes, mais bien d'inventer des pédagogies nouvelles,

dépassant les clivages entre disciplines… C'est une évolution difficile, mais

indispensable".

Les pédagogies par projet apparaissent, en l’état actuel des connaissances, comme des

pratiques répondant à la nécessité de la transversalité. Elles semblent être plus appropriées

à l’enseignement et à l’apprentissage de la culture entrepreneuriale. Elles fournissent une

compréhension du projet et de l'entreprise dans sa globalité, avec des approches

transversales qui décrivent les visions fonctionnelles.

242 Il est regrettable de constater que l’enseignement de l'entrepreneuriat en France relève plus d'initiatives isolées que de stratégies structurées au sein de systèmes réfléchis qui s’appuient sur des expériences antérieures, françaises ou étrangères (BERANGER et alii, 1998, op.cit., p. 65 ; A. FAYOLLE, 2000c, op.cit., p. 89). Peu sont les structures où l'on peut observer des équipes constituées et travaillant autour de stratégies et d'objectifs clairement définis. 243 Tel que le Mastère "Création d'Entreprise et Entrepreneuriat", créé en 2000 par trois grandes écoles : l'Ecole Centrale et l'ESC de Lille et l'Ecole Nationale Supérieure des Arts et Industries Textiles de Roubaix. Nous citerons aussi le programme commun mis ne place par l’Ecole des Mines et l’Ecole Supérieure de Vente Industrielle et Internationale de Douai (Industries, 2000, p. 13). 244 A l’exemple du club franco-britannique, créé en novembre 1999 à l'initiative du Secrétariat d'Etat à l'Industrie et The Department of Trade and Industry. Il rapproche les deux pays dans le domaine de la formation en entrepreneuriat. Il réunit une soixantaine d'établissements (Idem., p. 14).

Page 149: Intention Entrepreneuriale

146

4.5.2. Les pédagogies par projet axées sur les attitudes et les perceptions

L’enseignement de l’entrepreneuriat en France, indistinctement des trois phases

d’intervention, montre que l'on est le plus souvent au sein du paradigme pédagogique

traditionnel. Les enseignements classiques de gestion d'entreprise (finance, fiscalité,

marketing…) sont privilégiés au détriment du développement de l'esprit d’entreprise. C.

CARRIER (2000, p. 151-152) préconise l'abandon de ce paradigme où domine la

transmission des connaissances, les méthodes pédagogiques qui perfectionnent la

rationalisation, la maximisation et le cartésianisme. Il faut accepter, note-elle, "avec

beaucoup d'insécurité, de désapprendre tous les principes de ces paradigmes

pédagogiques créaticides… Il ne s'agit plus ici de "transmettre" mais plutôt de "faire

acquérir"".

Une solide formation aux connaissances et aux savoirs conceptuels demeure

indispensable, mais elle doit s'accompagner de situations pédagogiques qui consolident les

perceptions et les attitudes des étudiants qui souhaitent épouser le chemin de

l’entrepreneuriat. La première est d'ordre cognitif, la seconde est d'ordre pratique car elle

s'acquiert par l'expérimentation, les situations d'incertitudes, la prise de risque, la créativité,

l'initiative, le sens de l'équipe et les essais-erreurs.

L’enseignement et l’apprentissage de l’entrepreneuriat nécessite donc d'agir

simultanément sur les aptitudes, mais aussi et surtout sur les perceptions et les

attitudes. Ce qui fait appel nécessairement à une pédagogie de l'action ("learning by

doing"), qui est selon A. GIBB (1999, p. 16), le mode didactique le plus approprié en la

matière. Parmi les méthodes les plus utilisées dans les pédagogies de l’action, les

pédagogies par projet (réel ou virtuel) sont les plus propices à l’innovation et l’aventure (P.

ALBERT, 1998, p. 94).

C. CARRIER (2000) insiste dans les pédagogies par projet sur la nécessité de déployer

plus d'activités d'apprentissage centrées sur la créativité et l'innovation. L'étudiant sera

Page 150: Intention Entrepreneuriale

147

amené à découvrir son potentiel créatif et innovateur. Il s’agit de le familiariser avec des

méthodes lui facilitant l'identification d'occasions d'affaire245.

Les pédagogies par projet, qui intègrent largement la pédagogie "expérientielle" de G.

KOENIG (2000, p. XI), recèlent une "communauté d'apprentissage" qui permet, selon N.

SCHIEB-BIENFAIT (2000, p. 139), un "apprentissage réciproque". Celui-ci s’opère grâce

à une forte dimension collective qui met en jeu des échanges entre étudiants, mais aussi

entre ceux-ci et le corps enseignant et les partenaires éventuels impliqués dans les projets.

Accéder aux compétences et aux ressources des autres, augmente de façon importante la

valeur collective de l’apprentissage entrepreneurial.

4.6. Pour un corps enseignant universitaire spécialisé

Développer les aptitudes et les attitudes des étudiants constitue un défi pour l'équipe

pédagogique. Celle-ci est généralement composée d'universitaires et de professionnels. La

théorie, dont les universitaires sont sans doute plus aptes à assurer l’enseignement, fournit

les outils d'analyse des situations, du sens aux expériences et aux compétences très

pratiques que des entrepreneurs et des professionnels de l’entrepreneuriat sont mieux à

même d'apporter. Cependant, il est vivement souhaité que les universitaires soient

confrontés à des situations entrepreneuriales, notamment le montage ou la participation

dans des projets (de création, de reprise ou développement d’entreprise). Notre regard

porte sur les universitaires plus "impliqués !" dans l’enseignement (de par leur statut et le

volume horaire) par rapport aux intervenants extérieurs.

Un enseignement en entrepreneuriat se veut par essence innovateur, créatif et novateur.

Or, les universitaires ont été eux-mêmes formés à l'intérieur du paradigme pédagogique

traditionnel de l'ordre, du rationnel et du formel. Ils remplissent souvent une fonction de

médiation et de transfert de connaissances. Ils agissent peu sur les attitudes et les

perceptions des étudiants relatives au monde des affaires. En outre, les chercheurs

245 Bien qu’elle déplore l'absence d’outils et de modèles appropriés pour intégrer concrètement des activités d'apprentissage centrées sur la créativité et l'innovation, l’auteur recense quelques méthodes qui peuvent y pallier : les méthodes combinatoires (la matrice de découverte, l'analyse morphologique), les méthodes antithétiques (l'analyse de la valeur, le concassage, "Wishful thinking", la pensée latérale), les méthodes associatives (les métaphores et les analogies, l'association/bi-sociation, la carte mentale ou schéma heuristique, l'objet fétiche "unrelated stimuli"), les méthodes exploratoires (le groupe nominal, le brainstorming, le RME) et les méthodes oniriques (l'allégorie et la visualisation créatrice).

Page 151: Intention Entrepreneuriale

148

spécialisés en entrepreneuriat sont rares246. Ils sont pour une bonne partie, des spécialistes

issus d'autres disciplines (stratégie, finance, marketing…) qui se décloisonnent peu à peu à

mesure qu'ils s'intéressent au champ.

Si nous ajoutons à cela la faible mobilisation de la communauté scientifique française

pour la recherche entrepreneuriale (C. BRUYAT, 1993 ; A. FAYOLLE, 2000b ; B.

SAPORTA, T. VERSTRAETE, 2000), la jeunesse des expériences dans l’enseignement247

et la fragilité des outils et supports qui soutiennent le champ de l’entrepreneuriat248, nous

arrivons à un corpus de connaissances et à quelques pratiques pédagogiques qui permettent

juste de monter des enseignements cohérents.

Pour dynamiser le développement de connaissances et de pratiques pédagogiques

spécifiques au champ de l’entrepreneuriat, la mobilisation d’enseignants-chercheurs

spécialisés est une réponse parmi d’autres qui restent à préciser. Pour faire décoller

cette dynamique, C. BRUYAT (1993, p. 35) conseille la constitution d’un doctorat

spécifique qui serait un couronnement pour le champ de l’entrepreneuriat en France. A ce

titre, A. FAYOLLE (20000b, p. 152), B. SAPORTA et T. VERSTRAETE (2000, p. 105)

se déclarent en faveur d’une reconnaissance de celui-ci comme discipline académique.

Si l'entrepreneuriat a acquis son statut de champ scientifique autonome, sa

reconnaissance académique permettrait une professionnalisation d’enseignants-chercheurs

formés aux spécificités de l'entrepreneuriat. Ceux-ci pourraient s'investir de façon

permanente et non marginale, dans l'enseignement et la recherche.

246 Le nombre de thèses soutenues pendant la décennie qui vient de s'écouler n'excède pas la dizaine. Le nombre de doctorants qui se sont présentés au premier congrès de l'Académie de l'Entrepreneuriat en 1999, ne dépassait pas la douzaine. 247 Les expériences sont pour la plupart au début de leurs parcours et se contentent généralement de dispenser des enseignements qui se limitent à la PME, à la création ou la reprise d'entreprise, sans explorer les multiples situations entrepreneuriales. 248 Aux Etats-Unis, les revues spécialisées (Journal of Business Venturing, Entrepreneurship Theory and Practice, Entrepreneurship and Regional Development…), les centres de recherche, les congrès et conférences (notamment celui organisé annuellement depuis 1981 par le célèbre Babson College) comptent de nombreux travaux sur l'entrepreneuriat. Mais des cultures différentes appellent des besoins, des modes opératoires et des formes d’intervention différentes dans l’enseignement de l’entrepreneuriat.

Page 152: Intention Entrepreneuriale

149

4.7. Analyse de l’enseignement de l’entrepreneuriat dans les

établissements de gestion de l’enseignement supérieur en France

Pour contribuer à la connaissance sur l’enseignement et l’entrepreneuriat, notre apport

consiste à élaborer un cadre général d’analyse de l’enseignement de l’entrepreneuriat

dans les établissements de gestion de l’enseignement supérieur en France. A cet effet,

nous combinons les phases d’intervention de l’enseignement de l’entrepreneuriat, ses

objectifs et les méthodes pédagogiques les plus utilisées. Nous nous inspirons du cadre

d’analyse bâti par J.-P. BECHARD (2000). Ce cadre offre, entre autres, des réflexions sur

de nouvelles expériences pédagogiques qui restent à découvrir.

4.7.1. Le cadre d’analyse de J.-P. BECHARD (2000)

J.-P. BECHARD (2000, p. 168-169) pose l'hypothèse que l’enseignement de

l’entrepreneuriat se fait essentiellement à l’aide de trois catégories de méthodes

pédagogiques : les méthodes pédagogiques de reproduction, de construction et de co-

construction. Les premières sont centrées sur l'individu (ou la classe) et se caractérisent par

un contrôle de l'apprentissage par le formateur. Les méthodes utilisées sont les exposés, la

documentation, les enseignements modulaires et les exercices répétitifs. Les secondes se

définissent par leur organisation spatiale autour de l'individu qui a le contrôle de ses

apprentissages. Il s'agit des méthodes de protocole, de la recherche guidée, de l'interview et

du projet individuel. Les méthodes pédagogiques de co-construction sont centrées sur la

classe et les sous-groupes à géométrie variable ; le contrôle des apprentissages est partagé

entre le formateur et les apprenants. Les méthodes utilisées sont le travail d’équipe, les

jeux de rôle, les simulations, les études de cas, les groupes de discussion, les ressources du

milieu…

Pour mettre à l'épreuve la robustesse de son cadre d'analyse, J.-P. BECHARD a procédé

à deux études combinant les méthodes pédagogiques utilisées dans l'enseignement et

l’apprentissage de l'entrepreneuriat avec la nature des programmes dispensés. La première

étude explorait le programme "lancement d'une entreprise" mené dans 16 établissements

Page 153: Intention Entrepreneuriale

150

de régions différentes du Québec. La seconde étude analysait 146 programmes de

formation en entrepreneuriat et PME provenant de 40 pays dans les cinq continents.

Il ressort de la première étude que dans presque la moitié des cas (48,6%), les régions

du Québec utilisent des méthodes pédagogiques de reproduction. Un tiers (33,8%) présente

des pratiques éducatives reliées aux méthodes de construction. Les méthodes de co-

construction sont pratiquées dans un peu moins d’un cinquième (17,6%) des

établissements.

Au delà de ces résultats, il est particulièrement intéressant de détailler les combinaisons

qui s'opèrent entre les méthodes. 3 établissements utilisent majoritairement les méthodes de

reproduction. 8 établissements pratiquent les méthodes de reproduction appuyées fortement

par des méthodes pédagogiques de co-construction. 5 établissements associent les

méthodes de co-construction appuyées par les méthodes pédagogiques de reproduction.

La deuxième étude indique que les méthodes pédagogiques de reproduction sont

présentes dans un quart (24%) des programmes. Un peu plus de 40% de ceux-ci utilisent

des méthodes pédagogiques de reproduction appuyées par des méthodes de co-

construction. Plus d'un tiers (35%) des programmes font appel aux méthodes pédagogiques

de co-construction appuyées par des méthodes de reproduction249.

L'analyse croisée entre les méthodes pédagogiques et les programmes de formation

("programmes de sensibilisation à l'entrepreneuriat, de création d'une entreprise et de

développement d'une petite entreprise") semble refléter davantage la réalité. 23

programmes sur un total de 34 (68%) ont davantage valorisé les méthodes pédagogiques de

reproduction dans la sensibilisation. Dans les programmes de création d'entreprise, 39

programmes sur 60 (65%) ont mis l'accent sur des méthodes pédagogiques de reproduction

appuyées par des méthodes de co-construction. Dans les programmes de développement de

petite entreprise, 28 des 52 programmes (54%) ont développé de méthodes pédagogiques

de co-construction appuyée par des méthodes pédagogiques de reproduction.

249 L’analyse continentale indique que les programmes axés sur l’intervenant sont davantage répandus en Europe (30% des programmes). Ceux centrés sur l’étudiant sont pratiqués surtout en Amérique Centrale et du Sud et en Europe (33% pour chacune des régions). Deux autres formes de programmes ressortent de l’étude de l’auteur. Une forme basée sur l’éducation permanente, plus valorisée en Asie (34%) et une autre axée sur le réseau local, essentiellement prégnante en Amérique du Nord (50%).

Page 154: Intention Entrepreneuriale

151

4.7.2. Elaboration d’un cadre général d'analyse de l’enseignement de l’entrepreneuriat

combinant les phases d’enseignement, les objectifs et les pédagogies

Contrairement aux Etats-Unis, où des recensements sur les programmes et formations

en entrepreneuriat sont régulièrement réalisés depuis vingt ans par K.H. VESPER, un des

pères fondateur du champ de l'entrepreneuriat, en France, à l'image d’autres pays

développés, le manque d’études et de recensements sur les différents aspects de

l’enseignement de l’entrepreneuriat250 est patent. Tandis que de nombreuses universités,

écoles et instituts développent des dispositifs d’enseignement de l’entrepreneuriat, la

connaissance que l’on a de ce phénomène reste encore réduite et amputée sur ses divers

aspects. Les données disponibles sur les publics concernés, les objectifs poursuivis, les

enseignements proposés, les méthodes et pratiques pédagogiques et les moyens déployés,

sont pauvres et dispersées251.

Il est donc difficile d'entamer un travail qui veut structurer des connaissances

quantitatives, et encore moins qualitatives, sur l’enseignement de l'entrepreneuriat en

France252. Néanmoins, en nous appuyant sur le cadre fourni par J.-P. BECHARD (2000),

sur les résultats de BERANGER et alii (1998) et de A. FAYOLLLE (1999, 2000c, 2002),

sur des expériences françaises présentées lors du premier congrès de l'Académie de

l'Entrepreneuriat en 1999 et des VIIèmes Journées Scientifiques du Réseau Entrepreneuriat

de l’AUF en 2001, sur nos analyses qui ont associées les objectifs, les pédagogies et le

triple niveau d'intervention de l’enseignement de l’entrepreneuriat, et sur nos propres

investigations (A. TOUNES, 2003b, 2003c), notamment lors de la recherche de terrains

d’enquête pour notre thèse, nous avons pu concevoir un cadre général d’analyse de

l’enseignement de l’entrepreneuriat en France. Celui-ci se présente comme suit :

250 En Europe, un projet d'enquête sur l’enseignement de l’entrepreneuriat dans les principaux pays européens vient d’être impulsé par l'ESCB (European Council For Small Business). 251 A ce jour, seules trois études ont été réalisées : celles de J. BERANGER et alii (1998, op.cit.) sur les ingénieurs, et de A. FAYOLLE (1999, op.cit., 2000b, op.cit., 2002, op.cit.) sur les universités, les écoles de gestion et d’ingénieurs. 252 Ceci serait d’ailleurs compliqué sur le plan conceptuel tout d’abord. Les sens que donneraient les uns et les autres aux concepts d’entrepreneuriat et de l'enseignement de l'entrepreneuriat, risquent de donner des résultats difficilement cumulables.

Page 155: Intention Entrepreneuriale

152

Figure 10 - Un cadre général d'analyse de l’enseignement de l'entrepreneuriat en

France combinant les phases d'intervention, les objectifs et les catégories de méthodes

pédagogiques

Ce cadre associe les trois niveaux d’intervention de l’enseignement de l’entrepreneuriat,

ses objectifs et les méthodes pédagogiques les plus pratiquées. Les zones d’intersection

indiquent le "degré" d’utilisation des catégories pédagogiques selon les phases

d’intervention de l’enseignement de l’entrepreneuriat.

Phase I Sensibilisation et information

Développement des connaissances générales sur l'entrepreneuriat

Public : large Objectifs : Pourquoi entreprendre ? Quelles sont les finalités ? Quels bénéfices en tire-t-on ? Quels sont les facteurs influents ? Quels sont les risques et les enjeux ? Quelles sont les implications sur la vie du créateur et sur son cercle familial et amical ?

Phase II Spécialisation

Développement d'attitudes et d'aptitudes Public : essentiellement individus souhaitant travailler dans les domaines de l’entrepreneuriat et de la création d’entreprise ; accessoirement, porteurs de projets Objectifs : Comment opère-t-on ? Quels sont les apprentissages à réaliser ? Quels sont les méthodes et les outils spécifiques ?

Phase III Accompagnement et appui

Développement de comportements entrepreneuriaux

Public : porteurs de projets

Objectifs : Comment formaliser un projet ? Peut-on le

concrétiser ? Comment accéder aux

différentes ressources et réseaux pour y parvenir ?

Pédagogies de construction appuyées par des pédagogies de co-

construction - Centrées sur l'individu et les sous-groupes - Partage du contrôle de l'apprentissage

Pédagogies de reproduction

- Centrées sur l'individu et la classe - Contrôle de l'apprentissage par le formateur.

Pédagogies de co-construction

appuyées par des pédagogies de reproduction

- Centrées sur les sous-groupes et l’individu - Partage du contrôle de l’apprentissage

Page 156: Intention Entrepreneuriale

153

Les pédagogies de reproduction sont "largement" utilisées dans les enseignements de

sensibilisation et "peu" présentes dans les programmes ou les formations de spécialisation.

De par leurs méthodes de travail, elles sont centrées au même temps sur l'individu et la

classe. Le contrôle de l'apprentissage est à l’actif du formateur. Les pédagogies de co-

construction appuyées par des pédagogies de reproduction sont "largement" présentes

dans les programmes et les formations de spécialisation tout en étant "légèrement"

intégrées dans les enseignements de sensibilisation. Les méthodes pédagogiques de

formation font qu’elles sont centrées simultanément sur l'individu et les sous-groupes, avec

un partage du contrôle de l'apprentissage de ceux-ci avec le formateur. Les pédagogies de

construction appuyées par des pédagogies de co-construction sont

"proportionnellement" utilisées dans les programmes et les formations de spécialisation,

d’accompagnement et d’appui. Les méthodes de formation les axent simultanément sur les

sous-groupes et l’individu, tout en permettant un partage du contrôle de l’apprentissage

avec le formateur.

En l'état actuel des données, il faut avouer que les informations reconstituées pour

élaborer ce cadre d’analyse sont partielles et incomplètes. Nous pouvons seulement

affirmer, suite à nos investigations sur les 10 formations "DESS gestion" à dominante

entrepreneuriat ou création d’entreprise existant en France, que ce cadre est valide.

Toutefois, une des premières perspectives de recherche qu’ouvre notre thèse est la

validation empirique de ce cadre d’analyse dans le système éducatif supérieur

français. Celle-ci se fera par une étude nationale qui recensera les enseignements, les

programmes et les formations en entrepreneuriat, les méthodes pédagogiques adoptées, les

publics concernés et les objectifs poursuivis. Deux nuances importantes, nous semble-t-il,

doivent être levées, à savoir la répartition par type d'établissement (public, para-public et

privé) et par type de formation (gestion et management, scientifiques, autres formations).

Ce cadre global d'analyse, s’il vient à être confirmé, nous donnera une "cartographie"

d’ensemble de l’enseignement de l’entrepreneuriat, qui conjugue ces différentes

dimensions253. Il nous permettra notamment de consolider et d’enrichir les différentes

pratiques pédagogiques en France. 253 Le changement majeur que peut connaître ce cadre d’analyse est un léger "glissement" des différentes catégories pédagogique à l’intérieur des "cadrans" des niveaux d'intervention et des objectifs. Dans l’ensemble, nous pensons que les résultats de l’étude empirique respecteront sensiblement la "configuration" présentée ici.

Page 157: Intention Entrepreneuriale

154

Bien que présentant des limites certaines sur le plan de la vérification empirique, ce

cadre représente un instrument pour de nouvelles explorations pédagogiques. Celles-ci

peuvent être guidées par la triple composante ainsi que l’architecture d’ensemble qui

constituent ce cadre. L’une des voies qui nous semble propice d’investir relève du domaine

psychosocial. Quelles pédagogies pourrait-on mobiliser pour agir sur les attitudes et

les perceptions en vue de déclencher des actes et des comportements

entrepreneuriaux ?

Conclusion du chapitre 4

C'est souvent au sein de la famille, dans l'épreuve, la confrontation, la désillusion et les

échecs professionnels que se construit le processus entrepreneurial. Cet apprentissage

"incident", intransmissible et incompressible, où l'individu apprend à ses dépends, précède

l'apprentissage "intentionnel" qui domine les pédagogies éducatives254. A l’intérieur de ce

dernier, la formation guide les choix professionnels des hommes. D’où l’intérêt d’instaurer

l’enseignement de l’entrepreneuriat. Celui-ci empêche qu'une bonne partie de l'offre

d'entrepreneurs ne se perde ou ne soit révélée. S’il n’augmente pas directement celle-ci,

l’enseignement de l’entrepreneuriat peut forger un vivier de créateurs potentiels en

cultivant des projets qui se concrétiseraient des années après255. Il a aussi pour objet

d’inciter des comportements entrepreneuriaux qui ne se seraient pas dévoilés.

Quelles que soient les stratégies d’enseignement en entrepreneuriat, elles reviennent à

répondre à trois objectifs : sensibiliser et éveiller à l'entrepreneuriat ceux qui ne sont

pas informés, former et spécialiser ceux qui envisagent un métier dans les domaines

de la création d’entreprise ou de l’entrepreneuriat, et préparer et accompagner, si

possible, ceux qui ont l'intention de passer à l'acte d'entreprendre. Toutefois, il

n’existe pas de réponses univoques aux différentes questions que nous avons soulevées

pour mettre en place un enseignement en entrepreneuriat. De multiples variables

254 Les concepts d’apprentissages "incident" et "intentionnel" sont empruntés à J.-Y. ROBIN (1994, op.cit., p. 81). 255 Mais de ce vivier, seul un faible nombre confirmera le souhait et la volonté d'entreprendre. D'une part, certains espoirs se seront évaporés ou découragés chemin faisant. D'autre part, si la formation est perçue, elle n'est pas pour autant intégrée. On aurait au moins économisé des énergies et fixer les étudiants sur leur choix de carrière.

Page 158: Intention Entrepreneuriale

155

interagissent à tous les niveaux : les types de programmes visés, les publics concernés, les

finalités, les pédagogies en œuvre et les ressources à mobiliser.

L’enseignement de l’entrepreneuriat doit tenir compte des projets de vie des étudiants.

En dépassant les approches fonctionnelles, il doit construire des processus d'apprentissage

qui permettent de faire découvrir le projet et l’entreprise dans une perspective globale, tout

en insistant sur les phases cruciales de leur naissance. Pour ce faire, les pédagogies par

projet sont, au regard des pratiques actuelles, celles répondant le mieux à ce besoin.

Au niveau du corps enseignant, elles combinent les universitaires et les

professionnels ; au niveau des approches conceptuelles et expérientielles, elles marient

des pédagogies de reproduction, de construction et de co-construction.

Nous avons élaboré un cadre d’analyse de l’enseignement de l'entrepreneuriat en

décrivant et analysant ses multiples facettes. Notre cadre d’analyse peut servir d’outil pour

explorer de nouvelles pratiques pédagogiques. En outre, il nous renseigne qu'un bon

chemin est parcouru, mais que des évolutions certaines restent à entreprendre.

L’enseignement de l'entrepreneuriat n’a pas encore atteint son degré de maturité. Il

cherche ses voies.

En France, rares sont les expériences ayant beaucoup d’antériorité ; les gains en

apprentissage sont importants. Pour que des progrès notables puissent s’édifier dans

l’enseignement de l’entrepreneuriat, trois conditions semblent nécessaires (A. GIBB et J.

COTTON, 2002, p. 11) ; l’établissement doit être une organisation entrepreneuriale ; la

classe doit être un lieu entrepreneurial et l’intervenant doit être une personne

entreprenante. Ceci suppose de manière sous-jacente, d’engager une stratégie affirmée en

adéquation avec les ressources de l'établissement, ses objectifs pédagogiques, son

histoire et sa culture.

Cependant, ces progrès n’interpellent pas seulement les structures éducatives, mais

aussi les entreprises régionales, les organismes parapublics, les organisations

professionnelles, les associations et les bailleurs de fonds. Pour répondre à une demande

sociale et économique, l’établissement, cadre entrepreneurial, devrait être un véritable

Page 159: Intention Entrepreneuriale

156

centre de ressources256. Ce dernier partagerait des responsabilités complémentaires quant

aux conditions nécessaires à l'éclosion et la promotion de l'esprit d’entreprise.

L’entrepreneuriat est une pratique pédagogique, mais aussi académique car il

développe un corpus de connaissances. Mais si la transmission du savoir et du savoir-

faire entrepreneurial ne présente a priori pas de difficultés, agir sur les attitudes et les

perceptions des étudiants est beaucoup plus délicat. Ceci nécessite non seulement un

changement des comportements du corps enseignant, qui doit s’éloigner du paradigme

pédagogique traditionnel, mais aussi une exploration de nouvelles voies pédagogiques. Il

sera laborieux pour de longues années encore, en France et dans bien d'autres pays

développés, d'enseigner l'entrepreneuriat.

En outre, l’enseignement de l’entrepreneuriat est loin d’être suffisant, à lui seul, pour

modifier les attitudes et les perceptions qui permettent de déclencher et de mobiliser des

opportunités et des événements entrepreneuriaux. Les contingences dans le déroulement du

processus entrepreneurial impliquent des dimensions sociales, perceptives et attitudinales

qu'il est difficile d'enseigner selon les méthodes pédagogiques établies. La suite de la

deuxième partie de la présente thèse, qui adopte et explicite notre cadre de recherche, et

qui présente notre modèle de l’intention entrepreneuriale, montre qu’à ce niveau du

processus entrepreneurial, l'influence de la formation ne peut être envisagée pour

elle-même. Les étudiants sont en prise avec d’autres composantes personnelles et

environnementales.

256 A ce titre voir les exemples exposés par J. BERANGER et alii (1998, op.cit., p. 124), A. GIBB et J. COTTON (2002, op.cit., p. 17).

Page 160: Intention Entrepreneuriale

157

Chapitre 5 - Le cadre théorique de référence

"L'art d'interroger n'est pas si facile qu'on pense. C'est bien plus l'art des maîtres que des

condisciples ; il faut avoir déjà beaucoup appris de choses pour savoir demander ce qu'on

ne sait pas".

Jean-Jacques ROUSSEAU, "La Nouvelle Héloïse"

Pour W.D. BYGRAVE et C.W. HOFER (1991 p. 13), si l'entrepreneuriat peut se

revendiquer comme un champ de recherche grâce surtout à de considérables travaux

empiriques réalisés dans la décennie 1980, ses lacunes sont essentiellement théoriques257.

L'un des défis majeur qui se pose aux chercheurs en entrepreneuriat, est selon eux, de bâtir

des théories et des modèles en puisant dans les sciences sociales258. W.D. BYGRAVE

(1989a, p. 13 et 23) affirme que le paradigme de l'entrepreneuriat est dans une phase de

"pré-theorie". Tout au plus, l'on peut emprunter, avec la prudence nécessaire, à d'autres

disciplines, des concepts et des théories que l'on intègre dans des modèles "processuels"

qui peuvent s’avérer utiles et ouvrir d’intéressantes perspectives de recherche259.

Toute théorie modélisant l'entrepreneuriat doit prendre racine dans les sciences sociales,

comme l'anthropologie, la psychologie, la sociologie, l'économie et les sciences politiques.

Celles-ci décrivent les variables clés qui sous-tendent le processus entrepreneurial. Dans

notre allégresse, écrit W.D. BYGRAVE (1989a, p. 8), n'oublions pas que les modèles en

257 L'entrepreneuriat, considéré dans une perspective processuelle, fait essentiellement référence à des notions issues des théories des organisations, notamment les théories du comportement organisationnel ("Organizational Behavior") et les théories de l'émergence organisationnelle ("Organizational Emergence").

Les théories des organisations commencent en général au moment où les organisations cessent d'être émergentes. Elles s'intéressent plus aux structures importantes dont l'existence est bien affirmée plutôt qu'aux petites unités ou à celles en phase de création. Plusieurs événements entrepreneuriaux sont étudiés : la décision de créer une entreprise, les comportements dans une organisation (valeurs, apprentissage organisationnel, engagement de l'individu, motivations de l'individu, intrapreneuriat…)… L'émergence organisationnelle s'intéresse au processus de formation et à la création des organisations. Pour E.-M. HERNANDEZ (1999, op.cit., p. 62), cela revient à se demander pourquoi ? Où ? Quand ? Qui est impliqué dans la naissance de l'organisation ? 258 "However, by the end of that decade (1980), due primarily to impressive advances in its body of empirical knowledge, entrepreneurship could claim to be a legitimate field of academic inquiry in all respects except one : it lacks a substantial theoretical foundation. A major challenge facing entrepreneurship researchers in 1990s is to develop models and theories built on solid foundations from the social sciences". 259 "A paradigm (l'entrepreneuriat) is in the pre-theory stage like a jig-saw puzzle with a framework but with most of the pieces missing… Entrepreneurship has no great theories. At best, we take concepts from others fields and incorporate them into process models".

Page 161: Intention Entrepreneuriale

158

entrepreneuriat doivent tirer leurs sources de la validité théorique de la psychologie et de la

sociologie260.

D.C. Mc CLELLAND (1961 ; 1962 ; 1965) est le premier à avoir posé les jalons d'une

approche psychosociologique dans la recherche en entrepreneuriat. Il se demandait quelles

sont les raisons qui étaient à un moment donné, à l’origine d’une bonne croissance

économique de certaines sociétés. Il a attribué ceci aux caractéristiques psychologiques

("Need-achievement" : besoin d’accomplissement) que manifestent une large part des

dirigeants et salariés de ces sociétés. L'apport de D.C. Mc CLELLAND s'est révélé très

fertile en ce qu'il a introduit le concept psychosociologique du "Need-Achievement" dans le

champ de l'entrepreneuriat.

L'orientation cognitive de l'explication de l'acte entrepreneurial a pour thèse que

l'entrepreneur est non seulement très productif économiquement, mais qu'il est aussi l'un

des principaux porteurs des modes de cognition et des comportements spécifiques de la

société à laquelle il appartient. Pour L.-J. FILION (1997), P. COSSETTE (1994)261 a

ouvert une piste de recherche originale. Pour mieux comprendre la logique stratégique de

l'entrepreneur, il utilise la cartographie cognitive262. En France, les travaux de T.

VERSTRAETE (1997a, 1997b) illustrent dans une perspective constructiviste,

l'application de la cartographie cognitive sur des créateurs d'entreprise.

Le champ de l'entrepreneuriat est jeune ; les outils sophistiqués qui sont par ailleurs

mobilisés par des paradigmes déjà bien élaborés ne lui sont pas encore pleinement

applicables. Très souvent les approches en entrepreneuriat définissent des pans de leur

sujet à partir des structures théoriques extérieures à leur discipline (A. SHAPERO et L.

260 "The various ideas contained in the model are rooted primarily in the sciences of business, economics, psychology, sociology, and to a lesser (but increasing) degree, politics… But in our elation, we must not forget that entrepreneurship models have to be rooted in psychology and sociology if they are to have theoretical validity". 261 P. COSSETTE, Cartes cognitives et organisation, Québec, Presse de l'université Laval, Paris, Editions ESKA, 1994. Non lu. 262 E.-M. HERNANDEZ (1995, op.cit., p. 111-112) révèle que c'est W.D. GUTH et A. KUMARASWAMY qui, en 1991, ont modélisé l'entrepreneuriat dans une perspective cognitive. Ils ont mené une étude longitudinale sur des porteurs de projets. Aux Etats-Unis, à partir du milieu des années 1990, plusieurs auteurs se sont positionnés dans des perspectives cognitives pour expliquer des phénomènes entrepreneuriaux. Cf. notamment R.A. BARON (1997, op.cit.).

Page 162: Intention Entrepreneuriale

159

SOKOL, 1982, p. 74)263. Nous allons chercher dans la psychologie sociale les fondements

de notre questionnement de recherche. Parce qu’elle s'intéresse à l'individu et au groupe

que la psychologie sociale trouve dans le champ de l'entrepreneuriat un terrain fertile de

recherche.

Les paragraphes qui suivent sont consacrés à la présentation et à l’argumentation du

cadre théorique choisi. Dans un premier temps, notre objectif est de situer notre

problématique au sein d'un cadre très répandu et appliqué dans les recherches en

entrepreneuriat, à savoir le modèle des dimensions sociales de l'entrepreneuriat de A.

SHAPERO et L. SOKOL (1982). Puis, dans un deuxième temps, nous posons les jalons

théoriques de notre questionnement de recherche en nous appuyant sur une théorie de

prédiction comportementale : la théorie du comportement planifié de I. AJZEN (1991).

Avant de conclure, il est utile d’illustrer à travers deux modèles d'entrepreneuriat

l’application de la théorie du comportement planifié de I. AJZEN (1991) comme cadre

théorique.

5.1. Le cadre théorique de la recherche

Notre problématique et la place que nous accordons aux attitudes, normes subjectives et

perceptions nous ont amené à rechercher un cadre théorique dans la psychologie sociale.

Celle-ci est particulièrement importante pour soutenir notre thèse car elle nous permet de

mieux comprendre les processus psychologiques responsables des comportements que

nous adoptons en société.

Le but fondamental du psychologue social est de comprendre les conditions à la base

des comportements des individus en société. En effet, le psychologue social cherche, entre

autre, à déterminer comment les variables individuelles interagissent avec le contexte dans

lequel la personne se trouve, pour prédire le comportement social (R.-J. VALLERAND,

1994, p. 12). Les théories comportementales peuvent nous éclairer sur les processus

d'influence des variables individuelles et contextuelles sur l'intention entrepreneuriale.

263 "Discipline-centered approaches to the subject of entrepreneurship almost always define away parts of the subject or oversimplify it to fit theoretical structures".

Page 163: Intention Entrepreneuriale

160

Notre revue de la littérature montre que trois théories peuvent éventuellement servir de

cadre théorique à notre thèse. Il s’agit des théories de l'auto-efficacité ("Self-efficacy

theory") de A. BANDURA (1977, 1986), de l'attente ("VIE : Valence-Instrumentality-

Expectation") de V.H. VROOM (1995), et enfin de la théorie du comportement planifié

("TOPB : Theory Of Planned Behavior") de I. AJZEN (1991) que nous retenons comme

cadre théorique.

La théorie de l'auto-efficacité est surtout appliquée à l’analyse des choix de carrière.

Nous la rejetons car elle nous semble insuffisante et "incomplète" pour prédire l’intention.

Comme nous le verrons plus loin, la théorie de A. BANDURA (1977 ; 1986) s’apparente à

une dimension de la théorie du comportement planifié de I. AJZEN (1991) : les

perceptions du contrôle comportemental264.

Il est aussi parfois fait référence à la théorie de V.H. VROOM (1995) dans les processus

de choix relatifs aux carrières265. L’auteur explique les choix et les intentions des individus

entre différents types de postes et différentes entreprises. Pour ce faire, il se fonde sur les

attentes et les valences de l’individu quant aux conséquences du comportement à adopter.

Le propos de la théorie VIE (Valence-Instrumentality-Expectation) est donc d'expliquer et

de prédire, tout comme la théorie du comportement planifié, les comportements.

264 Plusieurs auteurs font le rapprochement entre le concept de perceptions du contrôle comportemental et la théorie de l’auto-efficacité. Nous citerons notamment T.M. BEGLEY et alii (1997, op.cit), N.F. KRUEGER et D.V. BRAZEAL (1994, op.cit), N.F. KRUEGER et alii (2000, op.cit) et J. VESALAINEN et T. PIHKALA (1999, op.cit).

D’ailleurs, I. AJZEN (1991, op.cit, p. 184) lui-même cite que les perceptions du contrôle comportemental rejoignent la théorie de l’auto-efficacité : "The present view of perceived behavioral control, however, is most compatible with Bandura's (1977, 1982) concept of perceived self-efficacy which "is concerned with judgments of how well one can execute courses of action required to deal with prospective situations". Much of our knowledge about the role of perceived behavioral control comes from the systematic research program of Bandura and his associates… The theory of planned behavior places the construct of self-efficacy belief or perceived behavioral control within a more general framework of the relations among beliefs, attitudes, intentions, and behavior".

La recherche de N.G. BOYD et G.S. VOZIKIS (1994, op.cit) est une bonne illustration de l’insuffisance de la théorie de l’auto-efficacité pour expliquer l'intention entrepreneuriale. Les auteurs ont introduit dans leur modèle théorique, en plus de la dimension auto-efficacité (qui est influencée en amont par l'histoire personnelle, la personnalité et les aptitudes), la dimension "attitudes et perceptions", qui est influencée en amont par le contexte social, politique et économique. Pour d’autres applications de la théorie de l'auto-efficacité à l'intention entrepreneuriale, le lecteur pourra consulter A.F. DE NOBLE et alii (1999, op.cit) et T. ERIKSON (1998). 265 Cf. annexe 1, p. 413-414, " La théorie VIE de V.H. VROOM (1995)".

Page 164: Intention Entrepreneuriale

161

Bien que certains auteurs affirment que la théorie VIE est adaptée pour comprendre les

processus entrepreneuriaux266, nous avons également rejeté cette théorie car elle ne prend

pas en compte de façon explicite l'influence des variables contextuelles267. Il ressort du

modèle, à travers sa dimension "Expectation" une certaine "rationalité" dans les

comportements. Dans l'esprit de V.H. VROOM, le choix des individus est rationnel et

libre ; il n'est soumis à aucune contrainte extérieure.

Cependant, il nous paraît opportun d’adopter la théorie du comportement planifié de I.

AJZEN (1991) comme cadre théorique de la recherche. Les concepts de cette théorie

s'apparentent à la conception que nous avons de l'intention. La théorie du comportement

planifié, à travers ses trois composantes (les attitudes associées au comportement, les

normes subjectives et les perceptions du contrôle comportemental), contient et englobe

parfaitement l’intention entrepreneuriale, en tant que processus cognitif où la volonté de

l’individu se conjugue avec les facteurs environnementaux.

Pour N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993, p. 318 et 327), la théorie du

comportement planifié a été utilisée avec beaucoup de succès, autant dans des recherches

empiriques que fondamentales. Son utilisation s'étend de la prédiction des comportements

de carrière et des habitudes de consommation aux intentions d'abandon de comportements

nuisibles à la santé. Cette théorie largement utilisée par les psychosociologues offre

d'énormes potentialités pour les chercheurs en entrepreneuriat, notamment pour ceux qui

s’intéressent à l'impact d'une formation en entrepreneuriat sur les intentions des

individus268.

266 Nous pensons notamment à W.B. GARTNER et al. (1992, op.cit, p. 24) qui affirment que la théorie de l'expectation est la plus adaptée pour comprendre les choix de carrière, et plus particulièrement, le phénomène entrepreneurial. 267 La recherche de J. VESALAINEN et T. PIHKALA (1999, op.cit) est une bonne illustration de l’utilisation de la théorie VIE pour la prédiction de l'intention entrepreneuriale. Les auteurs sont arrivés au constat que cette théorie ne rend pas compte de façon globale du processus entrepreneurial, car elle occulte l'influence des variables environnementales. A ce titre aussi, N.G. BOYD et G.S. VOZIKIS (1994, op.cit, p. 68) notent que l'objet de l’étude de la théorie VIE est orienté vers l'individu. Au lieu de poser la question "Can I do this ?", la théorie de l'expectation s’exclament-ils, voudrait répondre à "If I do this, what will happen ?". 268 "Social psychologists and marketing researchers have long used the Ajzen-Fishbein models of behavioural intentions with great success in practical applications and in basic research. These cognitive models are consistently robust and replicable in predicting behaviour and intentions, including sucess in studies of career-related behaviour… Intentions models such as the theory of planned behaviour demonstrate great utility to social psychologists and thus offer considerable potential for entrepreneurship researchers. For instance, researchers might use this model to analyze how the process of doing a business plan or entrepreneurial training affects intentions".

Page 165: Intention Entrepreneuriale

162

Nous nous proposons donc d'analyser la théorie du comportement planifié afin de voir

comment elle nous aide à justifier et à conceptualiser les variables que nous retenons dans

notre recherche. Mais avant d'entamer cette présentation, nous situons notre problématique

dans un cadre général très connu en entrepreneuriat : le modèle de la formation de

l'événement entrepreneurial de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982) - plus connu sous

l’appellation du modèle des dimensions sociales de l'entrepreneuriat -.

5.1.1. Le cadre général de la recherche : le modèle de la formation de l'événement

entrepreneurial de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982)

Les travaux de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982) sont les plus anciens et certainement

ceux qui ont eu le plus grand retentissement dans la sphère académique entrepreneuriale.

Ces deux auteurs ont élaboré un modèle qui reste, selon T.M. BEGLEY et alii (1997) le

point de référence "the referencee point" dans les recherches en entrepreneuriat.

Ils ont modélisé la formation de l'événement entrepreneurial en recensant trois groupes

de facteurs (figure 11). Les "déplacements négatifs" ("negative displacements" : divorce,

licenciement, émigration, insatisfaction au travail…), les "déplacements positifs" ("positive

pull" : famille, consommateur…) et les "situations intermédiaires" ("Between things" :

sortie de l'armée, de l'école, de prison) sont les événements qui marquent des changements

dans les trajectoires de vie des individus et sont à la base du déclenchement de l'événement

entrepreneurial.

Page 166: Intention Entrepreneuriale

163

Figure 11 - Entrepreneurial event Formation (A. SHAPERO et L. SOKOL, 1982, p.

83)

Les "déplacements négatifs" tels que l'émigration peuvent provoquer l'acte

entrepreneurial. Il n'est pas accidentel que l'entrepreneuriat soit hautement identifié à

certains groupes ethniques. Juifs, Libanais et autres groupes sont de nombreux exemples de

la crédibilité de l'événement entrepreneurial269. Les "déplacements positifs" et les

"situations intermédiaires" influencent le système de valeurs des individus et par là même,

leurs perceptions de désirabilité.

A l'interface entre ces trois groupes de variables explicatives du modèle et la variable à

expliquer ("Company formation"), les auteurs identifient deux groupes de variables

intermédiaires : les perceptions de désirabilité et les perceptions de faisabilité qui sont le

produit de l'environnement culturel, social et économique. Elles varient d'un individu à un

autre. Elles nous aident à déterminer quelles actions seront prises effectivement en

considération.

269 "It is no accident that entrepreneurship is highly identified with certain ethnic groups : Jews, Lebanese, Ibos in Nigeria, Jains and Parsis in India, Gujeratis in East Africa. Each of these ethnic groups contains a large number of examples to establish the credibility of company formation" (A. SHAPERO, L. SOKOL, 1982, op.cit, p. 85).

Life path change Negative displacements : Forcefully emigrated Fired Insulted Angered Bored Perceptions of Desirability Perceptions of feasibility Reaching middle age Culture Financial support Divorced or widowed Family Other support Between things : Peers Demonstration effect Company Out of army Colleagues Models Formation Out of school Mentor Mentors Out of jail Partners Positive Pull : From partner From mentor From investor From customer

Page 167: Intention Entrepreneuriale

164

5.1.1.1. Les perceptions de désirabilité

Les facteurs sociaux et culturels qui interviennent dans la formation de l'événement

entrepreneurial se manifestent à travers le système de valeurs de l'individu. Plus un

système social accorde de la valeur à l'innovation, à la prise de risque, à l'autonomie, plus

fortes seront les perceptions de désirabilité, et plus l'on verra des entreprises se créer270.

Le système de valeurs se construit par l'influence de la famille, notamment les parents

qui jouent le rôle le plus important dans la formation de la désirabilité. Les expériences

antérieures, les échecs dans des aventures entrepreneuriales sont des facteurs qui renforcent

les perceptions de désirabilité271. L'entreprise est une expérience de travail où naissent

souvent des idées d'affaires qui peuvent réunir plusieurs personnes, qui à leur tour si elles

passent à l'acte de création, vont influencer les perceptions de désirabilité de leurs

collègues.

5.1.1.2. Les perceptions de faisabilité

La faisabilité se construit sur les perceptions des variables de soutien et d'aides de

différente nature. La disponibilité des ressources financières influence directement la

propension à entreprendre selon A. SHAPERO et L. SOKOL (1982, p. 86). Celle-ci peut

être générée par les économies personnelles de l'individu et par les apports de la famille,

mais aussi par les membres du groupe dans le cas des ethnies. La presse spécialisée, l'aide

du conjoint ou d'amis proches, les conseils et la formation à la création d'entreprise,

notamment les programmes et les formations en entrepreneuriat, thématique qui intéresse

directement notre sujet, agissent aussi sur les perceptions de faisabilité272.

270 "The social and cultural factors that enter into the formation of entrepreneurial events are most felt through the formation of individual value systems… More diffusely, a social system that place a high value on innovation, risk-taking, and independence is more likely to produce entrepreneurial events than a system with contrasting values". Idem., p. 83. 271 "Failures apparently do not shake the credibility of company formation act, but may even reinforce its credibility and serve as a learning experience". Ibid., p. 85. 272 " The many efforts of the Small Business Administration, including advice, consultation, education, and financial support, make the act feasible to the potential entrepreneur. Popular journal articles and press items may impart knowledge that removes some of the perceived uncertainty". Ibid., p. 87-88.

Page 168: Intention Entrepreneuriale

165

A la lecture de ce modèle, qui selon N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993, p.

320)273 et N.-F. KRUEGER et alii (2000, p. 418)274 est implicitement fondé sur l'intention,

nous comprenons que pour agir sur cette dernière, il faut favoriser simultanément les

perceptions de désirabilité et de faisabilité des individus.

A. SHAPERO et L. SOKOL (1982, p. 87-88) accordent à l’enseignement de

l’entrepreneuriat un rôle important dans leur modèle. En effet, ils avancent l'hypothèse

que des programmes et des formations en entrepreneuriat s'appuyant sur leur

modèle augmenteraient les perceptions de désirabilité et de faisabilité des étudiants ;

ils sont mieux à même de décourager les "mauvais" candidats, mal avisés quant à l'étendue

que peuvent prendre les changements des perceptions de désirabilité et de faisabilité275.

Les auteurs concluent sur une piste de recherche qui investira les effets des formations en

écoles de gestion sur les perceptions de désirabilité des étudiants276. Cette piste sera

constitutive d’un de nos objectifs de recherche.

Parallèlement à ce cadre général de recherche, notre cadre théorique trouve sa source

dans la psychologie sociale qui a pour objet, entre autres, la prédiction des comportements.

La théorie du comportement planifié est d'un apport indéniable dans l'explication de

l'intention entrepreneuriale à travers des facteurs personnels et contextuels.

5.1.2. La théorie du comportement planifié de I. AJZEN (1991)

La théorie du comportement planifiée de I. AJZEN nous a été suggérée par les travaux

de E. AUTIO et alii (1997), P. DAVIDSSON, (1995), L. KOLVEREID (1996), N.F.

KRUEGER, A.L. CARSRUD (1993) et N.F. KRUEGER et alii (2000) et A. TKACHEV et

273 "One existing intentionality-based model is Shapero's model of the entrepreneurial event (1982)… For Shapero, intentions require that founders perceive entrepreneurship as a "credible" career alternative. "Credibility" depends on perceptions that the venture is both desirable and feasible". 274 "Upon modest reflection, it clear that Shapero's (1982) model of the "Entrepreneurial Event" (SEE) is implicitly an intention model, specific to the domain of entrepreneurship". 275 "It (le modèle) suggests that educational programs that pride themselves on discouraging the "wrong" candidates are misguided to ignore the extent to which desirability and feasibility can be modified". 276 "What is the effect of business school education on entrepreneurship ? Does it convey the idea that small business is not desirable ? or doomed to failure ? Does a business school education, particularly a "good" one form a major business school, decrease the probability that an individual will start a business ?".

Page 169: Intention Entrepreneuriale

166

L. KOLVEREID (1999). Elle est par essence prédictive car elle tente d'expliquer

l'apparition d'un comportement dans des contextes spécifiques.

Cette théorie intègre et prolonge des travaux cognitifs qui ont pour objet d'expliquer et

prédire les comportements humains à travers des concepts renvoyant aux dispositions

comportementales, aux attitudes et aux traits de personnalité (I. AJZEN, 1991, p. 179)277.

Elle s’appuie particulièrement sur la théorie de l'action raisonnée ("the theory of reasoned

action") élaborée par I. AJZEN et M. FISHBEIN (1980)278.

La théorie du comportement planifié confère à l'intention de l'individu la place

centrale dans la genèse du comportement. Celle-ci reflète l'ensemble des forces

motivationnelles qui influencent un comportement. L’intention est l’indicateur des

comportements que les individus veulent adopter279. Elle met en relation les attitudes et les

comportements. Les attitudes prédisent donc les intentions qui à leur tour prédisent les

comportements (I. AJZEN et M. FISHBEIN, 1980).

I. AJZEN (1991, p. 179 et 188) pose le postulat que les intentions peuvent prédire les

comportements à travers trois antécédents, conceptuellement distincts mais liés entre

eux280. Nous les présentons dans le schéma et les propos suivants :

277 "Concepts referring to behavioral dispositions, such as social attitude and personality trait, have played an important role to predict and explain human behavior". 278 278 La théorie de l’action raisonnée prédit le comportement à travers deux variables : les attitudes associées au comportement et les normes subjectives. I. AJZEN intègre une troisième variable prédictive "les perceptions du contrôle comportemental" ("… In fact, the theory of planned behavior differs from the theory of reasoned action in its addition of perceived behavioral control ". I. AJZEN, 1991, op.cit, p. 183).

Cette variable permet, selon l’auteur de prédire efficacement les situations où le comportement n'est pas sous contrôle volontaire. Elle rend mieux compte de la volonté de l’individu et des perceptions qu’il a de ses propres aptitudes et des ressources de l’environnement pour concrétiser son comportement. 279 "As in the original theory of reasoned action, a central factor in the theory of planned behavior is the individual's intention to perform a given behavior … Intentions are assumed to capture the motivational factors that influence a behavior ; they are indications of how hard people are willing to try, of how much of an effort they are planning to exert, in order to perform behavior" (Idem., p. 181). 280 "Intentions to perform behavior of different kinds can be predicted with high accuracy from attitudes towards the behaviour, subjective norms, and perceived behavioral control… The theory of planned behavior postulates three conceptually independent determinants of intention".

Page 170: Intention Entrepreneuriale

167

Figure 12 - Theory of planned behavior (I. AZJEN , 1991, p. 182)

5.1.2.1. Les attitudes associées au comportement

Les attitudes associées au comportement impliquent l’évaluation, favorable ou

défavorable, que fait l'individu du comportement auquel il aspire (I. AJZEN, 1991, p.

188)281. Elles dépendent des résultats probables que l'individu en attend du comportement

en question. Les attitudes associées au comportement renvoient au concept de

désirabilité de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982).

Par exemple, avoir l’intention de créer son entreprise peut s'expliquer dans le cadre de

notre recherche par des attitudes qui se manifesteraient par une meilleure formalisation

d’une idée ou d’un projet d’affaire. Ces attitudes peuvent se concrétiser, entre autre, par la

recherche d’informations auprès du corps professoral ou d'organismes spécialisés.

281 "The first is the attitude toward the behavior and refers to the degree to which a person has a favorable or unfavorable evaluation or appraisal of the behavior in question".

Attitude toward the behavior

Subjective norm

Perceived behavioral

control

Intention Behavior

Page 171: Intention Entrepreneuriale

168

5.1.2.2. Les normes subjectives

Les normes subjectives282 résultent des perceptions de la pression sociale qui concernent

ce que les parents, la famille et les amis penseraient de ce l'on voudrait entreprendre (I.

AJZEN, 1991, p. 188)283. Elles peuvent être l'effet de sensibilités qui naissent dans un

cercle plus large que celui de l'environnement immédiat. Un gouvernement qui encourage

la création d'entreprise de haute technologie pourra augmenter les sensibilités des individus

à s'orienter vers des entreprises technologiques. Les normes subjectives renvoient elles

aussi au concept de désirabilité élaboré par A. SHAPERO et L. SOKOL (1982).

Selon nous, l'influence de facteurs culturels tels que l'existence de modèles

d'entrepreneur dans l'entourage de l'étudiant, et des motivations telles que le besoin

d’accomplissement et la recherche de l’autonomie, sont des dimensions des normes

subjectives qui peuvent influencer éventuellement l'intention entrepreneuriale.

5.1.2.3. Les perceptions du contrôle comportemental

La théorie du comportement planifié pose l'hypothèse que l'intention ne peut trouver un

terrain d'expression que si elle est sous le contrôle de la volonté de l'individu284. C'est

pourquoi, comme nous l’avons annoncé précédemment, I. AJZEN (1991, p. 183-186)

"greffe" à "la théorie de l'action raisonnée" de I. AJZEN et M. FISHBEIN (1980) une

troisième variable prédictive : "les perceptions du contrôle comportemental"285. Celles-ci

combinées avec l'intention, permettent de prédire directement le comportement286.

282 Les normes subjectives est la traduction du terme "subjective norm" que nous avons emprunté à K.-J. GERGEN et alii (1992) et R.-J. VALLERAND (1994, op.cit, p.398). 283 "The second predictor is a social factor termed subjective norm : it refers to the perceived social pressure to perform or not perform the behavior". 284 "It should be clear, however, that a behavioral intention can find expression in behavior only if the behavior in question is under volitional control" (I. AJZEN, 1991, op.cit, p. 181). 285 Le concept "perceived behavioral control" est celui qui nous a posé le plus de difficultés dans la traduction. Plusieurs traductions sont possibles, comme "le contrôle perçu" ou "le contrôle comportemental perçu". Mais nous avons opté pour "la perception du contrôle comportemental" que nous avons repris à J.-P. NEVEU (1996, op.cit, p. 36) et R.-J. VALLERAND (1994, op.cit, p.398). Nous voulions être le plus proche du sens de I. AJZEN. Il est question de perception avant tout. 286 "According to the theory of planned behavior, perceived behavioral control, together with behavioral intention, can be used directly to predict behavioral achievement" (I. AJZEN, 1991, op.cit, p. 184).

Page 172: Intention Entrepreneuriale

169

Les perceptions du contrôle comportemental impliquent la prise en compte des degrés

de connaissance et de contrôle qu’a un individu de ses propres aptitudes, ainsi que des

ressources et des opportunités nécessaires en vue de concrétiser le comportement souhaité.

I. AJZEN (1991) prête à cette variable un rôle primordial en ce qu'elle apporte plus de

précision dans la prédiction du comportement287.

L’auteur accorde une telle importance aux perceptions du contrôle comportemental qu'il

va jusqu'à dire qu'elles peuvent à elles seules, prédire le comportement futur (flèche en

pointillé dans la figure 12)288. Selon I. AJZEN (1991, p. 186), il est empiriquement

démontré que lorsque les comportements ne dépendent d'aucune variable que l'individu ne

puisse maîtriser, les intentions peuvent les prédire avec une grande précision289.

Les perceptions du contrôle comportemental ne peuvent être réalistes si l'individu

dispose de peu d'informations sur le comportement à adopter, si les ressources nécessaires

ou disponibles changent ou si un élément nouveau et peu connu intervient dans le

contexte290. Les objectifs de l'acteur sont fonction des ressources et contraintes qu'il perçoit

dans la situation. En effet, selon M. CROZIER et E. FRIEDBERG (1977), une ressource

potentielle ne devient mobilisable que si elle est perçue.

Les perceptions du contrôle comportemental s'apparentent au concept de

faisabilité de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982). Elles jouent un rôle médiateur

important entre les expériences passées et le comportement futur (I. AJZEN, 1991, p.

287 "Perceived behavioral control plays an important part in the theory of planned behavior… a measure of perceived behavioral control may add little to accuracy of behavioral prediction". Idem., p. 183 et 185. 288 L’auteur insiste sur l'importance de distinguer le concept de "perceived behavioral control" d'autres, notamment le contrôle interne ("locus of control"), qui lui est stable dans le temps malgré le changement des contextes et des situations. "Importantly, perceived behavior control differs greatly from Rotter's (1966) concept of perceived locus of control… Whereas locus of control is a generalized expectancy that remains stable across situations and forms of action, perceived behavioral control can, and usually does, vary across situations and actions". Ibid., p. 183. 289 Il donne l’exemple des intentions de vote estimées juste avant les élections présidentielles et les intentions d’allaitement (au sein ou au biberon) exprimées par des femmes enceintes : "As a general rule it is found that when behaviors pose no serious problems of control, they can be predicted from intentions with considerable accuracy (see Ajzen, 1988 ; Sheppard, Hartwick, & Warshaw, 1988). Good examples can be found in behaviors that involves a choice among available alternatives. For example, people’s voting intentions, assessed a short time prior to a presidential election, tend to correlate with actual voting choice in the range of .75 to .80 (see Fishbein & Ajzen, 1981). A different decision is at issue in mother’s choice of feeding method (breast versus bottle) for anew born baby. This choice was found to have a correlation of .82 with intention expressed several weeks prior delivery (Manstead, Proffitt, &Smart, 1983) ". 290 "Perceived behavioral control may not be particularly realistic when a person has relatively little information about the behavior, when requirements or available resources have changed, or when new and unfamiliar elements have entered into the situation". Ibid., p. 184-185.

Page 173: Intention Entrepreneuriale

170

196 et 204)291. Dans notre cas, les perceptions du contrôle comportemental peuvent être

influencées par le suivi d’une formation ou d’un programme en entrepreneuriat ou en

création d’entreprise, par les expériences entrepreneuriales antérieures de travail ou de

stage et par la disponibilité des ressources nécessaires (informations et conseils, financières

ou logistiques).

L'importance des attitudes associées au comportement, des normes subjectives et des

perceptions du contrôle comportemental dans la prédiction de l'intention varie dans le

temps et selon les situations. Dans certains cas, seules les attitudes comptent dans la

prédiction ; dans d'autres, les attitudes et le contrôle comportemental agissent ensemble ; et

dans d'autres cas encore, les trois prédicteurs contribuent de manière indépendante (I.

AJZEN, 1991, p. 188-189)292.

Pour notre problématique, nous retiendrons de la théorie du comportement planifié, ces

trois principales composantes qui sont les attitudes manifestées en vue d'atteindre un

comportement souhaité ("attitude toward behavior"), les normes subjectives ("subjective

norm") et les perceptions du contrôle comportemental ("perceived behavioral control").

Ces trois concepts semblent parfaitement convenir à notre problématique et adaptés

à notre acception de l’intention entrepreneuriale. Ainsi, le processus entrepreneurial

peut être abordé dans sa phase intentionnelle par le biais de la théorie du

comportement planifié. Nous adoptons donc celle-ci en insistant sur les sens que nous

donnerons aux attitudes, aux normes subjectives et aux perceptions telles qu'elles émergent

de notre question de recherche.

La théorie du comportement planifié par le biais des concepts d'attitudes associées au

comportement et normes subjectives qui renvoient au concept de désirabilité, de

perceptions du contrôle comportemental qui s'assimile au concept de faisabilité, rejoint le

modèle élaboré par A. SHAPERO et L. SOKOL (1982). La théorie du comportement

291 "These control beliefs may be based in part on past experience with the behavior… It thus stands to reason that perceived behavioral control can play an important role in mediating the effect of past on later behavior". 292 "The relative importance of attitude, subjective norm, and perceived behavioral control in the prediction of intention is expected to vary across behaviors and situations. Thus, in some applications, it may be found that only attitudes have a significant impact on intentions, in others that attitudes and perceived behavioral control are sufficient to account for intentions, and in still others that all three predictors make independent contributions".

Page 174: Intention Entrepreneuriale

171

planifié et le modèle de la formation de l'événement entrepreneurial se recouvrent et

coïncident fortement (N.F. KRUEGER et D.V. BRAZEAL, 1994, p. 95-96293 ; N.F.

KRUEGER et alii 2000, p. 419 et 424294).

A travers les liens qui sont donc tissés entre la théorie du comportement planifié de

I. AJZEN (1991) et le modèle de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982), il est mis en

exergue un domaine d'application d'une théorie de la psychologie sociale au champ de

l'entrepreneuriat : la prédiction de l’acte d’entreprendre qui s’exprime dans le

contexte d’étudiants suivant des formations ou programmes en entrepreneuriat ou en

création d’entreprise. A titre d’illustration, présentons deux modèles pour montrer

l'"applicabilité" de la théorie du comportement planifié comme cadre théorique explicatif

de l'intention entrepreneuriale.

5.2. Deux modèles intégratifs de l'intention entrepreneuriale fondés sur

la théorie du comportement planifié

L’analyse de ces modèles peut nous aider dans le choix des variables que nous

retiendrons dans le notre. Le premier modèle est imputable à N.F. KRUEGER et A.L.

CARSRUD (1993) qui sont les premiers à avoir appliqué la théorie de I. AJZEN (1991)

dans l'explication de l'intention entrepreneuriale ; ils ont été suivi par P. DAVIDSSON

(1995). Le deuxième modèle, à l’actif de E. AUTIO et alii (1997), a le privilège d'être testé

sur des populations de cultures différentes.

293 "The theory of planned behavior and Shapero's model of the entrepreneurial event overlap considerably... At the risk of oversimplifying the models, perceived feasibility in SEE corresponds to perceived behavior control in TPB (both correspond to perceived self-efficacy) ; TPB's other two attitude measures are subsumed by SEE's perceived desirabillity". 294 "Both TPB and SEE are largely homologous to one another. Both contain an element conceptually associated with perceived self-efficacy (perceived behavioral control in TPB ; perceived feasibility in SEE). TPB's other two attitude measures correspond to SEE's perceived desirability…The Shapero model appears slightly superior for assessing entrepreneurial intentions, at least as the models are specified currently. However, the theory of planned behavior appears equally useful. Both of these two intention-based models offer researchers a valuable tool for understanding the process of organizational emergence".

Page 175: Intention Entrepreneuriale

172

5.2.1. Le modèle de N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993)

L'objectif de ces auteurs est de montrer qu'un modèle largement utilisé en psychologie

sociale pour prédire une variété de comportements, peut trouver un domaine d'application

dans le champ de l'entrepreneuriat. L’intention, selon N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD

(1993, p. 315), est le seul et le meilleur prédicteur des comportements entrepreneuriaux295.

Dans une modélisation restée au stade théorique (sans résultats empiriques), s'inspirant

largement du modèle de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982), les auteurs relèvent trois

éléments essentiels qui agissent sur l'intention :

Figure 13 - Intentions toward entrepreneurial behavior : the theory of planned

behavior (simplified) (N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD, 1993, p. 323)

la perception de l'attrait du comportement entrepreneurial ("perceived attractiveness of

entrepreneurial behavior") qui est supposée dépendre de la probabilité d'arriver aux

295 "We discuss exactly such a model, widely used in social psychology, and demonstrate its applicability to the entrepreneurial domain. Ajzen's intentions-centered "theory of planned behavior" is parsimonious, well grounded in theory, and robustly predicts a wide variety of planned behaviours. Intentions are the single best predictor of such behavior, both conceptually and empirically".

Hyp

othe

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nous

Influ

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Entre

pren

euria

l Act

ivity

Perceived Attractiveness

Of Entrepreneurial Behavioral

Perceived Self-Efficacy/Control

for Entrepreneurial Behaviors

Perceived Social Norms about

Entrepreneurial Behaviors

Intentions Toward

Entrepreneurial Behavior

Target Entrepreneurial

Behavior

Hypothesized Exogenous Precipitating, Facilitating, or Inhibiting influences

Page 176: Intention Entrepreneuriale

173

résultats du comportement que l'on désire ("presumed to depend on the likely impact of

salient outcomes from the target behaviour") ; la perception des normes sociales quant aux comportements entrepreneuriaux

("perceived social norms about entrepreneurial behaviors"), laquelle est supposée

dépendre de la perception de la pression sociale qui favorise ou inhibe le comportement

en question ("presumed to depend on perceived social pressure which favour or

suppose the behavior"). L'existence de modèles d'entrepreneur est supposée agir sur

l'intention ;

la perception de l’auto-efficacité des comportements entrepreneuriaux ("perceived self-

efficacy/control for entrepreneurial behaviors"), celle-ci représentant la perception

quant à la faisabilité et à la réalisation du comportement recherché ("represents

optimism that the target behavior is actually doable or achievable"). Les auteurs

soulignent que cette perception est un puissant prédicteur pour une multitude de

comportements. Elle fournit aux chercheurs un outil intéressant pour expliquer

l'émergence de nouvelles entreprises.

Les facteurs exogènes (compétences et aptitudes, traits de personnalité, disponibilité des

ressources, situation économique…) influencent indirectement les comportements à travers

les perceptions. Mais ils peuvent aussi agir directement sur la liaison intentions-

comportements (flèches en pointillés)296.

5.2.2. Le modèle de E. AUTIO et alii (1997)

Inspirés des travaux de P. DAVIDSSON (1995) et de A. SHAPERO et L. SOKOL

(1982), E. AUTIO et alii (1997, p. 134, 136-137) ont testé, à la fin de 1996 et au début de

1997, le modèle ci-dessous auprès de 1956 étudiants (Finlandais, Suédois, Américains et

Asiatiques) en sciences techniques. La comparaison internationale est motivée par le souci

de vérifier la solidité de la théorie du comportement planifié dans la prédiction de l'acte

entrepreneurial297.

296 "Generally, exogenous factors either influence attitudes or the intentions-behaviour relationship" (N.F. KRUEGER, A.L. CARSRUD, 1993, op.cit, p. 326). 297 "The empirical samples have been compiled from Finland, Sweden, USA and South-East Asia. This approach allows us both to test the stability of the model, as well as compare the prevalence of entrepreneurial intent among students in different countries".

Page 177: Intention Entrepreneuriale

174

Figure 14 - Illustration of the final model, relationships grouped (E. AUTIO et alii,

1997, p. 141)

A cet effet, ils ont introduit dans le modèle de P. DAVIDSSON (1995) des variables

exprimant l'image de l'entrepreneuriat et la récompense que les étudiants attendent en

optant pour une carrière entrepreneuriale ("image/payoff")298. Il ressort de leur analyse que

la conviction entrepreneuriale et les préférences de carrière ("conviction and career

preferences") des étudiants sont les facteurs les plus importants dans la formation de

l'intention entrepreneuriale. Ces préférences et cette conviction se référent aux concepts de

perceptions de faisabilité de A. SHAPERO et de L. SOKOL (1982) et de perceptions du

contrôle comportemental de I. AJZEN (1991). Elles sont influencées par :

l'image de l'entrepreneuriat ("image/payoff") comme possibilité de carrière et les

conséquences que les étudiants en attendent. Cette image renvoie aux attitudes

associées au comportement de I. AJZEN (1991) et aux perceptions de désirabilité de A.

SHAPERO et L. SOKOL (1982)299. L'image est influencée par le niveau d'éducation,

les expériences de travail dans les petites entreprises et l'entourage immédiat ;

298 "Our model is based on the model of Davidsson (1995). We have developed some modifications to account for the characteristics of university students In Davidsson's domain attitudes, we introduce variables relating to the image of entrepreneurship as well as to the expected payoff". 299 "In the model, the image of entrepreneurship corresponds to Ajzen's attitude toward the behavior, Shapero's perceived desirability".

SITUATIONAL Years studied Employed ?

BACKGROUND Relatives Small firm experience Age Immigrant ? Sex Educational level

GENERAL ATTITUDES

Achievement Autonomy Change Money

IMAGE/PAYOFF

CONVICTION And career Preferences

ENTREPRENEURIAL INTENT

UNIVERSITY ENVIRONMENT

Page 178: Intention Entrepreneuriale

175

les attitudes générales ("general attitudes" : besoin de réussite, autonomie,

changement, gain d'argent) sont influencées par le niveau d'éducation, les expériences

de travail dans les petites entreprises et l'entourage immédiat ;

l'environnement universitaire ("university environment") en ce qu'il est perçu comme

support permettant aux aspirations entrepreneuriales de s'exprimer300.

La formation et les expériences de travail ("background"), le nombre d'années d'études,

ainsi que les attitudes générales peuvent influencer directement l'intention entrepreneuriale

(flèches en pointillés).

Ce modèle a l’avantage d'une validité transcontinentale. Mais il amalgame, nous

semble-t-il, attitudes, motivations et normes subjectives301.

Conclusion du chapitre 5

Nous avons construit notre propre cadre théorique en empruntant à la psychologie

sociale une théorie (la théorie du comportement planifié) peu usitée dans les recherches

entrepreneuriales en particulier, et en sciences de gestion en général. Notre construction

théorique confirme que l'entrepreneuriat est un champ au carrefour de plusieurs

disciplines302. L'apport transdisciplinaire de notions psychosociales est indéniable quant à

la formulation des acceptions et des concepts auxquels nous ferons appel dans le chapitre

qui suit.

Le processus entrepreneurial dans sa phase intentionnelle peut être analysé par le biais

de la théorie du comportement planifié. C'est parce qu'elle permet de prédire les

comportements que le champ d'application de cette théorie s'étend et s'applique à

300 "In the model, social variables try to capture characteristics of the university environment as well as situational variables… The perceived support of the university environment relates to the degree to which the university is perceived as supporting entrepreneurial aspirations". 301 Les motivations de création (besoin de réussite, autonomie, changement, gain d'argent) sont incluses dans le groupe de variables nommé "general attitudes"; il en est de même pour les normes subjectives (les proches et les modèles d’entrepreneur) qui sont intégrées dans la variable image de l’entrepeneuriat ("image/payoff"). 302 Cf. supra., p. 33-35, "1.2.2 L'approche comportementale : l'amorce de l'entrepreneuriat comme véritable champ de recherche".

Page 179: Intention Entrepreneuriale

176

l'entrepreneuriat, et plus particulièrement en ce qui nous concerne, à l’intention

entrepreneuriale.

En choisissant comme toile de fond à notre problématique le modèle de la formation de

l’événement entrepreneurial de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982), et en l'approchant à la

lumière de la théorie du comportement planifié, nous arrivons au constat que pour

comprendre l'intention entrepreneuriale, il est primordial de décrire et d’analyser les

attitudes associées au comportement, les normes subjectives et les perceptions du contrôle

comportemental. Plus spécialement, il est question de décrire les actions qu’entreprennent

les étudiants en vue de concrétiser leur intentions (variables d’attitude), les motivations et

les influences sociales qui les animent (variables de norme subjective), et enfin, les

perceptions de leurs aptitudes et des ressources pour ce qui est de la faisabilité des idées ou

des projets d'affaire (variables de perception).

Ayant justifié le cadre théorique de référence, il est maintenant nécessaire d'énoncer les

hypothèses de recherche et d'exposer ce que recouvrent les facteurs personnels et

contextuels qui agissent sur l'intention d'entreprendre dans une thématique de formation en

entrepreneuriat. En synthèse des deux parties théoriques de cette thèse, nous présentons un

modèle de l’intention entrepreneuriale.

Page 180: Intention Entrepreneuriale

177

Chapitre 6 - Proposition d'un modèle de l'intention

entrepreneuriale

"Quelque compliqué que soit un ordre de phénomènes, il y a toujours moyen de l'étudier

scientifiquement à la condition d'observer la règle qui prescrit d'aller du simple au

composé".

Léon WALRAS (1976) [1874]

Les recherches en entrepreneuriat prennent diverses formes303. Souvent exploratoires

ou descriptives, elles dominent le champ pour une grande partie. L'objectif de ces

recherches est d'apporter de l'information, de décrire un événement ou un phénomène du

processus entrepreneurial. Elles apportent une meilleure connaissance des divers aspects de

l’entrepreneuriat. Explicatives et/ou prédictives, les recherches combinent au sein d’une

démarche hypothético-déductive l'approche exploratoire et les tests d'hypothèses. Elles

tentent de mettre en évidence des relations d’influence ou de causalité entre des

variables304.

Les chercheurs en entrepreneuriat se sont longtemps cantonnés dans des approches

utilisant les traits de personnalité, les attitudes et les facteurs situationnels au détriment de

modèles multidimensionnels et prédictifs, plus solides et largement utilisés par ailleurs

(R.J. BRADLEY, 1990, p. 51305 ; N.F. KRUEGER et A.L CARSRUD, 1993, p. 318306 ;

N.F. KRUEGER et alii, 2000, p. 412307). Les modèles en entrepreneuriat, fait remarquer à

303 A ce titre, elles sont similaires aux études et recherches en marketing qui sont soient exploratoire, descriptive, explicative-prédictive-causale ou d'aide à la décision (Y. EVRARD et alii, 1997). 304 Pour un exposé sur les conditions qui permettent d’envisager une relation de causalité, le lecteur pourra se référer à J. IGALENS et P. ROUSSEL (1998, p. 174-175) qui notent qu'"On ne peut jamais démontrer la causalité, on peut seulement l'inférer". 305 "The application of multidimensional research models should result in a better understanding of the nature of the whole "entrepreneurial animal" as a complex and dynamic set of interrelated parts". 306 "Research in entrepreneurship has largely ignored these models for less robust and less predictive approaches using personality traits, demographics or even attitudinal approaches". 307 "Intentions and attitudes depend on the situation and person. Accordingly, intentions models will predict behavior better than either individual (for example personality) or situational (for example, employment status) variables".

Page 181: Intention Entrepreneuriale

178

juste titre W.D. BYGRAVE (1989a, p. 13), sont essentiellement descriptifs. Ils sont plus

empiriques et "phénoménologiques" que théoriques308.

Notre volonté est de concevoir et de tester un modèle fondé sur l’intention

entrepreneuriale. Prédictif de l’acte de création d’entreprise, ce modèle décrit et

explique, dans une optique multidimensionelle, cette phase-amont du processus

entrepreneurial. Les modèles fondés sur la théorie du comportement planifié, utilisés

avec succès pour l'étude de l'intention comportementale, reposent sur un système

d'hypothèses (N.F. KRUEGER, A.L. CARSRUD, 1993, p. 32309). Notre démarche est

donc hypothético-déductive.

Or, ce type d’approche nous oblige à conceptualiser les variables explicatives retenues

dans le modèle. Successivement, nous traitons des attitudes associées au comportement,

des normes subjectives et des perceptions du contrôle comportemental. Chacun de ces trois

concepts est accompagné d’une argumentation sur ses facteurs constitutifs.

Au fur et à mesure de la présentation de quelques définitions et de nos propres

acceptions des variables explicatives de l'intention entrepreneuriale, nous énonçons les

hypothèses de travail. Sur ces bases, nous pouvons esquisser le modèle de recherche dans

sa globalité.

6.1. Définitions et acceptions des variables explicatives de l'intention

entrepreneuriale et hypothèses de recherche

L'entrepreneuriat, si besoin est de le rappeler, est un champ mobilisant plusieurs

disciplines. Nul ne peut prétendre à une compétence pluridisciplinaire. Ainsi, notre

démarche n'est pas d'opérer une exploration conceptuelle profonde de chacune des

variables figurant dans le modèle.

308 "Today's entrepreneurship models are mainly descriptive. They are empirical or phenomenological rather than theoretical". 309 "The theory of planned behaviour's demonstrated robustness offers much to research on the emergence of new organization. Theory-based intentional models successfully reflect the nature of intentional, perception-driven process phenomen of organizational emergence".

Page 182: Intention Entrepreneuriale

179

H.H. STEVENSON et J.C. JARILLO (1990, p. 20) notent que l’utilisation d’outils

sociologiques et psychologiques dans le champ de l’entrepreneuriat a suscité plusieurs

critiques. Tout au plus, persistent-il, peut-on corréler les variables psychologiques et

sociologiques agissant sur le processus entrepreneurial avec des types de comportement

entrepreneuriaux310.

Cependant, nous prenons le risque "scientifique" de nous aventurer sur un terrain où les

résultats de recherche sont probablement à un stade où leur validité reste à confirmer. Il

n’en demeure pas moins qu’en l’état des connaissances actuelles, il nous est possible

d’affirmer que l'intention, une phase importante en amont du processus

entrepreneurial, est suffisamment stable dans le temps pour être isolée et étudiée avec

"précaution". Nous partons du constat que certains facteurs situationnels et

personnels (les attitudes, les normes et les perceptions) influencent, sur une période

s’étalant sur cinq ans, l'intention entrepreneuriale.

Une fois ce constat formulé, il est nécessaire de spécifier les variables explicatives qui

agissent sur l'intention entrepreneuriale. Mais au fur et à mesure de l'élaboration de la

problématique et de la définition du cadre théorique de référence, nous avons pris

conscience de :

la diversité des variables à prendre en compte ;

de leur interdépendance ;

de la difficulté de leur opérationnalisation (il est question d'attitudes, de normes et

de perceptions).

Les variables intervenant dans l'intention entrepreneuriale sont nombreuses.

Opter pour des relations multiples se heurte au dilemme classique opérationnalité-

exhaustivité (C. BRUYAT, 1993, p. 137)311. Quelles variables sélectionner parmi

celles, nombreuses, citées dans la littérature ?

310 "Many criticisms have been levelled at these attempts to understand the why of entrepreneurship… Indeed, the literature suggests that no causal link can be established between any of the above-mentioned variables (variables psychologiques et sociologiques) and entrepreneurship. At most, one could speak of correlates or antecedents of particular kinds of entrepreneurial behavior". 311 E.-M. HERNANDEZ (1999, op.cit., p. 52) signale qu’une modélisation "se heurte à deux difficultés : la capacité du chercheur à identifier les éléments et les relations en rapport avec l'objectif retenu, et sa capacité à la rendre communicable à ceux qui auront à s'y référer".

Page 183: Intention Entrepreneuriale

180

Il serait évidemment difficile, sinon impossible comme le note J.M. CRANT (1996, p.

44) de contrôler toutes les variables qui expliqueraient l'intention entrepreneuriale312.

Préciser les objectifs de la recherche, c’est déterminer ce que l’on veut décrire ou mesurer,

définir ce que l’on retient, mais aussi écarter un certain nombre de problèmes (M.

GRAWITZ 1996, p. 499). Nous avons opéré des choix entre une multitude de variables ;

ils peuvent être discutables et critiquables selon différents points de vue313. Notre

problématique et le contexte dans lequel se trouve les étudiants nous ont conduit à retenir

les aspects les plus saillants de notre recherche.

Chaque trajectoire entrepreneuriale est unique, mais la lecture de quelques modèles

laisse supposer que des régularités contingentes peuvent émerger par rapport à l’existence

d’idées d’affaire ou de projet, à des variables psychologiques, à l’entourage des étudiants

et aux perceptions des aptitudes et ressources qui faciliteraient la concrétisation de

l’intention entrepreneuriale. Nous avons réussi à faire émerger des variables

explicatives et prédictives de l'intention entrepreneuriale de populations suivant des

formations ou des programmes en entrepreneuriat.

La modélisation est une construction complexe. La forme de l'exposé, cependant,

contraint la pensée à un raisonnement analytique et linéaire. "Tout découpage est

fondamentalement artificiel. C'est cependant un moyen commode pour simplifier l'étude et

la compréhension d'un processus complexe" (C. BRUYAT, 1993, p. 259).

"Désarticuler" et "découper" l’intention entrepreneuriale revient à énoncer l’influence

de trois types de variables. Les attitudes associées au comportement se déclinent par

l'existence d’une idée ou d’un projet d’affaire et par la quête d’informations pour mieux les

structurer. Les normes subjectives sont approchées par les motivations qui soutiennent

l’intention entrepreneuriale (besoin d’accomplissement, recherche de l’autonomie), les

perceptions des conséquences de la prise de risque et la connaissance de modèles

d'entrepreneur. Les perceptions du contrôle comportemental sont contenues par les

perceptions des aptitudes entrepreneuriales (les programmes ou formations en

entrepreneuriat), les expériences professionnelles et associatives, et par les perceptions de

disponibilité des ressources (informations, conseils et finances). 312 "… it would be difficult if not impossible to control for all possible effects on entrepreneurial intentions". 313 Selon les problématiques et les objectifs de recherche, certaines dimensions sont toujours occultées au détriment d'autres.

Page 184: Intention Entrepreneuriale

181

6.1.1. Les attitudes associées au comportement

Selon Le Robert, l'attitude est un "…Ensemble de jugements et de tendances qui

poussent à un comportement". En psychologie, les attitudes sont analysées dans l'ensemble

des rapports qu'entretient l'homme en société, aussi bien dans le monde du travail, la

famille que le monde éducatif (J. IGALENS, P. ROUSSEL, 1998, p. 48). Pour S.

MOSCOVICI (1962, p. 190), l’attitude est "une dimension de certaines classes de

comportement dont elle est l'élément essentiel".

En psychologie sociale, selon M. CROZIER et E. FRIEDBERG (1977, p. 463),

l'attitude est "un attribut de l'individu" qui permet de comprendre le comportement qu’il a

choisi. Elle renvoie à ses traits de personnalité, à son système de valeurs ainsi qu’à leurs

processus de formation. L'attitude constitue "le pont entre les conduites observables des

individus et la structure de valeurs - inobservable - qui oriente celles-ci".

Il existe d’après K.-J. GERGEN et alii (1992, p. 14, 15, 19 et 184), trois principaux

courants théoriques qui étudient le changement des attitudes en psychologie sociale : les

théories béhavioriste, cognitive, des règles et des rôles314. Les nombreuses définitions

proposées reflètent à chaque fois, d’après eux, une prise de position particulière. Ces

auteurs définissent l'attitude comme "une prédisposition à réagir de façon positive ou

négative à une personne ou à un objet, ou encore à un ensemble de personnes ou d'objets".

Ils distinguent trois composantes des attitudes :

"cognitive" : l'individu possède des croyances ou opinions sur un objet ;

"affective" : l'individu possède un sentiment envers une personne ou un objet qui peut

varier positivement ou négativement ;

"conative" (comportemental) : l'action de l'individu est orientée vers l'objet.

314 La théorie béhavioriste repose sur le postulat qui veut que l'action humaine soit gouvernée par des événements extérieurs, qui sont significatifs en raison de leur influence sur les états psychologiques responsables du comportement. Cette approche incite le chercheur à identifier des événements environnementaux intimement liés aux actions des gens, et conséquemment, à prévoir leur influence.

La théorie cognitive rejette le point de vue béhavioriste et met l'accent sur les processus intérieurs, notamment les effets des pensées et des interprétations sur les propriétés de l'environnement. Tandis que les béhavioristes affirment que les événements environnementaux influent sur les gens, les cognitivistes croient que la perception que les gens ont des événements constitue ce qui influe sur leur comportement.

La théorie des règles et des rôles tire ses origines de la sociologie. Les sociologues ont proposé, dans leur intérêt pour les patterns d'activité sociale, que les gens partagent des "règles" qui guident leur conduite dans le temps. Lorsque ces règles sont largement adoptées, les "rôles" se substituent aux "règles". Les adeptes de cette théorie accordent moins d'importance aux événements extérieurs, ils s'intéressent à la manière dont les règles intériorisées guident la conduite. Contrairement aux cognitivistes, ils s'intéressent moins à la façon dont une personne interprète ou perçoit le monde extérieur.

Page 185: Intention Entrepreneuriale

182

Ces trois dimensions sont interactives, de sorte qu'une modification de l'une entraîne des

changements sur les autres.

La psychologie sociale se préoccupe donc des attitudes au regard de leur lien étroit avec

les actions des individus. K.-J. GERGEN et alii (1992, p. 211-217) notent que "le postulat

d'une relation étroite entre les attitudes et le comportement occupe une place centrale en

psychologie sociale". Connaître les attitudes d'un individu envers un autre ou envers un

objet, devrait rendre possible de prédire son comportement315. "Intuitivement, ce postulat

semble sensé". Pour R.-J. VALLERAND (1994, p. 332), l'attitude oriente l’individu vers

certaines actions particulières.

Dans le même sens, M. CROZIER et E. FRIEDBERG (1977, p. 463) distinguent deux

types d'études sur les attitudes. Le premier s'intéresse aux attitudes en ce qu'elles révèlent

des régularités et des modes de structuration de l'univers social catégorisé des individus. Le

second, qui répond indubitablement à notre préoccupation, s'intéresse aux attitudes dans

une perspective de prédiction des comportements, en établissant une "équivalence

implicite" entre eux.

Les intentions entrepreneuriales dépendent des attitudes envers des comportements que

l'on souhaite atteindre. Elles sont mieux saisies par le biais d'attitudes spécifiques (N.F.

KRUEGER et D.V. BRAZEAL, 1994, p. 93316 ; N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD,

1993, p. 315317 ; N.F. KRUEGER et alii, 2000, p. 413318). Les intentions sont de parfaits

médiateurs entre les attitudes et les comportements visés.

Selon le point de vue qui nous intéresse, nous retenons de l’attitude sa dimension

conative319. Les actions de l’individu sont orientées vers le comportement souhaité,

c’est à dire que l’attitude oriente l’action. Les attitudes associées au comportement sont

315 Ces auteurs affirment que plusieurs chercheurs rappellent souvent que les attitudes ne permettent pas de prédire les comportements. Le problème provient, confirment K.-J. GERGEN et alii (1992, op.cit), des biais de la recherche, c'est-à-dire de l'impuissance des modèles théoriques et des plans de recherche à identifier la relation entre les attitudes et le comportement. 316 "In turn, certain key attitudes or beliefs robustly predict intentions. That is, the forces acting upon a potential behavior do so indirectly by influencing intentions via those key attitudes". 317 "… In turn, intentions are best predicted by certain specific attitudes. Intentions fully mediate the relationship between attitudes and the target behavior". 318 "In its simplest form, intentions predict behavior, while in turn, certain specific attitudes predict intention". 319 La dimension cognitive y est sous-jacente.

Page 186: Intention Entrepreneuriale

183

l'un des trois groupes de variables explicatives de l'intention entrepreneuriale. Elles se

manifestent par l'existence d’une idée ou d’un projet d’affaire et la recherche

d’informations en vue de mieux les formaliser.

6.1.1.1. L'idée ou le projet d’affaire

Comme nous l’avons annoncé au chapitre premier, l’existence d’une idée ou d’un projet

d’affaire distingue l’intention entrepreneuriale au sein du processus amont de création

d’entreprise320. L'étudiant qui a l’intention de se mettre à son compte, a d'abord une idée de

création avant de cerner son projet321. C. BURYAT (1993, p. 104) affirme que le processus

entrepreneurial ne devient repérable pour le chercheur qu'à partir du moment où il est

suffisamment engagé. Cet engagement dans son modèle générique nous situe

essentiellement à l'étape 2 ("l'action de créer est envisagée" : l'individu possède un projet

flou) et accessoirement à l'étape 3 (l‘individu a formalisé un plan d'affaires)322. Nous en

sommes aussi en phase d'"Initiation" de E.-M. HERNANDEZ (1999)323.

Pour E.J. DOUGLAS (1999), même s’il existe une forte intention à se vouloir

entrepreneur, celle-ci ne peut se concrétiser réellement sans l’existence d’une opportunité

de création et des ressources nécessaires pour sa mise en œuvre324. Dans leur modèle de

création d'entreprise, D.B. GREENBERGER et D.L. SEXTON (1988, p. 4) intègrent une

variable "vision" qui implique l'existence probable dans l'esprit du porteur de projet d'une

"image" ou d'une idée d'affaire qui se transformera plus tard en intention

entrepreneuriale325.

320 Cf. supra., p. 47-50, "1.4. L’intention entrepreneuriale : une phase en amont du processus entrepreneuriale". 321 Certains auteurs supposent que l'individu décide d’abord de créer son entreprise, puis recherche une idée ; d'autres clament le contraire. Le débat pour nous ne se pose pas. Il nous importe seulement d'affirmer que l’existence d’une idée ou d'un projet est un facteur qui peut influencer l'intention entrepreneuriale. 322 Cf. supra., p. 38-39, "1.3.1. La forme générique du processus de création d’entreprise de C. BRUYAT (1993)". 323 Cf. supra., p. 42-44, "1.3.3. Le modèle stratégique d'entrepreneuriat de E.-M. HERNANDEZ (1999)". 324 "We note that even with the strongest intentions to be an entrepreneur, no entrepreneurship will occur without the advent of a suitable self-employment opportunity and the funding required to undertake that opportunity". 325 "In addition to possessing a predisposing personality, the individual who initiates a new venture is also likely to have some vision or idea of the prospective business… Instead, entrepreneurs are likely to have some abstract image in mind about what they intend to accomplish".

Selon T. VERSTRAETE (2001, op.cit., p. 13), le terme "vision", qui a plutôt une dimension organisationnelle est, dans la littérature entrepreneuriale, attaché aux représentations que se fait

Page 187: Intention Entrepreneuriale

184

L. KOLVEREID (1997), D.W. NAFFZIGER et alii (1994, p. 35) notent que l'existence

d'idée d'affaire est une composante importante dans le processus de passage à l'acte de

création326. M.G. SCOTT et D.F. TWOMEY (1988, p. 9 et 11) notent que la validation

d'une idée d'affaire doit être sans nul doute la pièce centrale d'un programme de formation

visant à assister des entrepreneurs potentiels327. Les résultats de leur enquête

transcontinentale portant sur 436 étudiants américains, anglais et irlandais, montrent que

plus de la moitié des étudiants aspirant à créer leur entreprise ont une idée d'affaire. La

possession de cette dernière représente peut être l'influence la plus importante dans le

choix d'une carrière entrepreneuriale328. Dans une recherche plus récente, R. RAIJMAN

(2001, p. 398) montre que 90% des immigrés mexicains résidants à Little Village (Etats-

Unis), ayant l’intention d’entreprendre, possèdent une idée d’affaire329.

J. VESALAINEN et T. PIHKALA (1999) confortent les constats ci-dessus en affirmant

que la recherche d'idées d'affaire permet de mesurer l'intention entrepreneuriale330. N.F.

KRUEGER et alii (2000, p. 411 et 428) notent que l'identification d'une opportunité est

partie intégrante du processus de formation de l'intention entrepreneuriale.

La formation de l'intention exige donc de formuler une idée ou un projet, plus ou

moins structurés, qui expliqueraient les attitudes entrepeneuriales des étudiants. La

possession d'une idée ou d’un projet est une étape centrale dans la formation de l'intention

entrepreneuriale des étudiants. On peut donc énoncer notre première hypothèse :

l’entrepreneur du futur désiré. La vision se forme de différents éléments "dispositionnels" (l’expérience, les relations, les motivations et les aspirations…) et "situationnels" (le contexte économique, politique et social). L’article de C. FONROUGE (2002) apporte un bon éclairage de la notion de vision dans l’étude des phénomènes entrepreneuriaux. 326 "Obviously, no one will start a business without an idea… Thus, it is the contention of this paper that the existence of an idea and the evaluation of that idea is an important part of the new venture decision-making process". 327 "The creation and validation of a business idea should be incorporated as a central part of any program designed to assist aspiring entrepreneurs and promote interest in self-employment". 328 "Nearly 52 percent of those who preferred self-employment said they had a business idea as opposed to 26.8 percent of those who wanted to work in small business, 16.5 percent of those who preferred work in the public sector… Finally, the possessing of a business idea is perhaps the strongest influence on career aspiration". 329 "About half of the respondents in the household survey reported having thought about starting a business, and almost 90% of these have a specific line of business in mind". 330 " The dependent variable (intentionality) is measured as follows… We asked whether the respondent will involve in various pre-start-up actions such as actively look for business ideas, make experiments to produce a product, develop a new product or service, look for business partners, or apply for a patent for a product".

Page 188: Intention Entrepreneuriale

185

hypothèse 1 : l'existence d'une idée ou d'un projet d'entreprise plus ou moins

formalisé influence positivement l'intention entrepreneuriale des étudiants.

6.1.1.2. La recherche d’informations

Dans leur "traité" sur les problèmes que pose l'"action organisée", sur les conditions qui

la rendent possible et les contraintes qu’elle impose, M. CROZIER et E. FRIEDBERG

(1977, p. 460-461) suggèrent que les attitudes sont développées non pas uniquement en

fonction du passé (la socialisation, les expériences passées), mais aussi en fonction des

opportunités présentes et futures. Elles correspondent à des "orientations stratégiques" que

les acteurs adoptent en tenant compte des ressources et des contraintes qui pèsent sur eux.

Les attitudes reflètent alors le choix d'une orientation d'action face aux risques et

opportunités des jeux auxquels les acteurs participent dans leurs univers sociaux. Elles sont

donc utilisées comme des révélateurs des stratégies d'acteur.

L'intention implique l'action (K.E. LEARNED, 1992, p. 42). L'engagement personnel

dans le processus de création d'entreprise distingue les individus qui ont l'intention de créer

et ceux qui manifestent seulement une propension à entreprendre331. Selon M.E. TUBBS et

S.E. EKEBERG (1991, p. 184), l’intention s’exprime par des objectifs mais aussi par un

plan d’action destiné à la concrétiser. A.F. DE NOBLE et alii (1999) affirment que la

recherche des ressources nécessaires à la mise en œuvre d'opportunités d'affaires distingue

essentiellement les individus qui entreprennent des actions en vue de concrétiser leurs

idées332.

Pour E.-M. HERNANDEZ (1999, p. 64), "Elle (l'intention) reflète l'objectif ou les

objectifs du ou des créateurs. En général, elle se traduit par la recherche de l'information

utile pour agir". T. VOLERY et alii (1997, p. 277)333 ainsi que R. RAIJMAN (2001, p.

331 " Intention implies action… Individuals with intention have a higher likelihood of founding than do individual with only propensity, because they have committed themselves to attempting to found". 332 "Such a measure (mesure de la fiabilité et de validité de l'auto-efficacité entrepreneuriale) can be used to identify individuals who actually commit to marshalling the necessary financial and human resources needed to pursue a venture opportunity. These individuals would be quite distinct from those who merely think about setting up their own business but never initiate the necessary actions". 333 "Individuals with the intention to start a business not only have a propensity to start, but also a rational behaviour to reach their goal. They have therefore already taken some steps (e.g. gathered some information, established a business plan and saved some money) toward this goal".

Page 189: Intention Entrepreneuriale

186

398)334 notent que les individus qui ont l’intention de créer leur entreprise ont, non

seulement une propension entrepreneuriale, mais franchissent certaines étapes pour

parvenir à leurs objectifs. Ils recherchent les ressources et les informations nécessaires

pour mettre en œuvre leurs projets.

D'après N.F. KRUEGER et D.V. BRAZEAL (1994, p. 97), la recherche d'informations

implique que l'intention est plus forte car on entame un processus à travers lequel on

cherche à surmonter les obstacles relatifs à la création d'entreprise335. Une idée ou un projet

ne sont donc pas suffisants à eux seuls dans le processus de création d’entreprise.

L’intention exige donc des actions qui conforteraient ou fragiliseraient les choix des

individus. Ces dernières se manifestent par la recherche d'informations sur le marché, le

produit et la formalisation de certains aspects de l’idée ou du projet de création. Ces

actions et ces orientations permettent de percevoir et de mesurer l'intention

d’entreprendre des étudiants336. Il nous est ainsi possible de poser l'hypothèse suivante :

hypothèse 2 : la recherche d'informations dans le but de formaliser certains aspects

de l'idée ou du projet d'entreprise influence positivement l'intention entrepreneuriale

des étudiants.

6.1.2. Les normes subjectives

Pour R.-J. VALLERAND (1994, p. 571, 622, 671 et 672), les normes sont des attentes

généralisées concernant le comportement adopté au cours d’un processus de socialisation.

Elles sont des règles de conduite dictées par la société. Les normes constituent des modèles

d'approbation ou de désapprobation sociale. Dans les sociétés d'aujourd'hui, les normes

334 "Once the idea of starting business exists, the following stage is to take steps to accomplish the desired goal. The search for sources of financial capital and information were other common steps taken by latent entrepreneurs". 335 "They (entrepreneurs potentiels) are likely to see obstacles that are simply not there and not see very real obstacles. Someone with well-developed intentions toward starting business is more likely to have investigated obstacles than someone for whom intentions are not salient". 336 Ceci dit, il n'est nullement besoin que le projet soit ficelé par un plan d'affaires solide pour montrer l'existence de l'intention. A ce titre, N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993, op.cit., p. 322) note que "One need not a formal business plan to have an intention to start a business or to demonstrate that intention".

Page 190: Intention Entrepreneuriale

187

subjectives s’acquièrent principalement par le biais de la famille, de l'école et du milieu

professionnel.

L’auteur constate que la norme subjective constitue un concept voisin de celui de

l’influence sociale. Elle précise l'effet de la présence des autres et de leurs comportements

comme source d'influence sur nos propres comportements. "En somme, les individus

cherchent à se conformer aux normes de leur groupe et de la société".

K.-J. GERGEN et alii (1992, p. 214 et 288) mettent aussi en exergue "la proximité" des

deux concepts. L’influence sociale peut amener les individus à changer leurs

comportements ou leurs attitudes selon les schémas dominants de la culture dans laquelle

ils sont immergés337. L’influence sociale est fonction des "croyances normatives". Ces

dernières sont relatives à la perception des autres sur ce que nous devrions faire.

Plusieurs études montrent l'importance des phénomènes d’influence sociale sur les

comportements des individus. Quelles formes prennent concrètement ces normes

subjectives dans le cadre de notre problématique ?

Dans un premier temps, les normes subjectives peuvent s’exprimer sous forme de

motivations. En effet, leur théorisation est réalisée autour d'un cadre de référence culturel

donné. Les motivations tiennent, selon D. DRILLON (1995, p. 10 et 44) à la pression que

peut exercer l’environnement dans le rapport qu’entretient avec lui l’individu. La

motivation concerne l'individu dans son ensemble, et dans les relations qu'il entretient avec

son environnement. Elle est soumise à deux formes d'influence : une interne et une autre

issue de l'interaction individu-environnement. La motivation est certes influencée à divers

degrés par nos valeurs, besoins, attentes et performances. Mais à ces éléments personnels

s'ajoutent, poursuit l’auteur, le rôle de la société et de l'organisation dans lesquelles

s’inscrivent les actions individuelles.

Dans un second temps, les normes subjectives se concrétisent par la propension à la

prise de risque. Une société ou un entourage favorisant cette dernière sont plus enclins à

337 Les auteurs notent trois formes d'influences sociales qui produisent la similarité des comportements :

""l'uniformité" : repose sur le fait que l'on accepte le postulat tacite qui veut qu'il est désirable d'être comme les autres ;

"le conformisme" : une forme de similarité qui se produit lorsqu'on cède à la pression sociale qui nous oblige à être comme les autres ;

"la soumission" : repose sur l'acquiescement à une demande faite par une autorité".

Page 191: Intention Entrepreneuriale

188

inciter leurs membres vers la voie entrepreneuriale, contrairement à un groupe social

manifestant une aversion au risque.

Enfin, les normes subjectives peuvent se matérialiser à travers la connaissance de

modèles d’entrepreneur et le souhait de les imiter. Le fait de se trouver dans un milieu

culturel donné peut amener un individu à agir différemment, par l’observation du

comportement des autres. Selon J. MAISONNEUVE (1971, p. 39), tout individu membre

d’un groupe subit l’influence de modèles collectifs et respecte certaines normes explicites

ou implicites, se conforme à ce qu’on attend de lui.

6.1.2.1. Les motivations de l'intention entrepreneuriale

Pour C. BRUYAT (1993, p. 120), "Il est naturel qu'un champ se constituant à partir de

l'affirmation de l'individu comme source principale de la création de valeur, tente de

décrire et de mettre… les facteurs intra-individuels prédictifs de l'acte entrepreneurial et

de sa réussite… Les études empiriques de type hypothético-déductif tentent de différencier

les entrepreneurs d'autres populations avec comme objectif, au moins implicite, de tester

un modèle prédictif de l'acte entrepreneurial".

Les approches descriptive et comportementale ont été dominées, entre autres, par les

travaux sur les motivations des porteurs de projets, des créateurs d’entreprise et des

entrepreneurs. Ces dernières ne fournissent pas directement des éléments tangibles, mais

elles ont, tout au moins, contribué à mieux faire comprendre les phénomènes

entrepreneuriaux en mettant en exergue leur diversité, leur complexité et leur contingence.

D’après M. SAFAVIAN-MARTINON (1998, p. 262-263), il est difficile de distinguer

les concepts de "motivations", "mobiles", "valeurs", "préférences", "objectifs" et "besoins"

les uns des autres, surtout quand on se réfère aux carrières. Pour D. DRILLON (1995, p.

13-14), "Parler de la motivation c'est prendre le risque de ne pas se comprendre". Il s'agit

d'un thème ardemment exploré et décrit depuis fort longtemps. L'auteur note qu'il existerait

140 définitions différentes de la motivation, qui reste un concept flou, un "fourre tout". Il

en conclut que les débats soulèvent plus de questions que de réponses.

S'agissant d'une "entité non matérialisable", la motivation serait "une force qui pousse

l'individu à agir". Elle est activée ou inhibée selon la pertinence et l'intensité d'un

Page 192: Intention Entrepreneuriale

189

changement pour l'individu. Celui-ci pondère ce changement et le filtre selon ces valeurs,

son image de soi, ses perceptions et ses attentes. Le comportement qui en découle reflète

en partie l'image de cette motivation ; l’autre partie étant fonction des différences

individuelles et culturelles qui atténuent ou amplifient ce comportement.

D’après L.-J. FILION (1997, p. 135), la motivation est ce que la personne perçoit

comme menant à son bien être ; elle inclut l'estimation du degré d'importance d'un but ou

d'un comportement. La motivation, selon K.-G. GERGEN et alii (1992, p. 476), désigne

les forces (besoins, tendances…) qui poussent un individu à agir. Elle "implique une

volonté concrétisée de bien faire, de mobiliser tous ses efforts, et de réaliser de son mieux,

selon ses capacités, le travail qui est confié" (J. IGALENS, P. ROUSSEL, 1998, p. 107).

M. WEBER (1964) [1905] explique fondamentalement les motivations par le système de

valeurs, les motivations structurant les attitudes.

Bien que les motivations soient rarement mises en relation avec le concept d’intention,

la multiplicité des éléments retenus dans la littérature (gain d'argent, réalisation de

soi, recherche du pouvoir et du succès, désir d'autonomie…) fait certainement que les

choix que nous opérons ci-dessous feront l’objet d’interrogations "légitimes".

L'approche comportementale présentée au chapitre premier de cette thèse a mis en

évidence de façon marquée le besoin d'accomplissement comme motivation distinctive des

créateurs d’entreprise338. Il a été associé à l'entrepreneuriat depuis que D.C. Mc

CLELLAND (1961) a publié ses travaux sur les liens entre le protestantisme, le

développement économique et le besoin d'accomplissement (n Ach)339. L'auteur repose sur

la thèse que les entrepreneurs sont psychologiquement différents des non-entrepreneurs et

qu'ils sont à la base du développement économique. D.C. Mc CLELLAND (1961, p. 411 ;

1962, p. 101 et 110) affirme que le besoin d'accomplissement trouve ses sources les plus

importantes dans les valeurs, les croyances et l'idéologie340. Il reflète les rêves, les pensées

338 Cf. supra., p. 33-57, "1.2.2 L'approche comportementale : l'amorce de l'entrepreneuriat comme véritable champ de recherche". 339 E.-G. DE PILLIS (1998) révèle que le concept a été défini par H.A. MURRAY ("The concept of Need for Achievement was originated by Henry Murray in 1938 "). 340 "Where does strong achievement motivation come from ? Values, beliefs, ideology - these are the really important sources of a strong concern for achievement in a country".

Page 193: Intention Entrepreneuriale

190

et les souvenirs qui nous renseignent sur les inquiétudes intimes des individus341. Le besoin

d'accomplissement présente les aspects suivants :

la définition d’un problème ;

la volonté de le résoudre ;

la réflexion aux moyens à mettre en œuvre, aux difficultés que l'on peut rencontrer et

aux personnes qui peuvent nous aider à trouver la solution ;

l’anticipation du succès ou de l'échec de l'idée à concrétiser342.

Il nous a semblé d'autant plus judicieux de retenir le concept de besoin

d'accomplissement car D.C. Mc CLELLAND (1962, p. 109) tisse un lien direct avec le

concept d'opportunité (existence d'une idée d'affaire) que nous retenons dans notre modèle.

En effet, note-t-il, une opportunité d'affaire incite à l'acte, surtout les individus possédant

déjà une certaine motivation à réussir343.

J.A. STARR et N. FONDAS (1992, p. 70) notent qu'il a été démontré que le besoin

d'accomplissement constitue une force motrice dans le processus de création d'entreprise344.

Il ressort comme une variable discriminante dans divers travaux345. Pour K.G. SHAVER et

L.R. SCOTT (1991, p. 31), il est peut être la seule variable psychologique dont

l'association avec la création d'entreprise est convaincante.346

Cependant, P. DAVIDSSON (1995) signale que le besoin d’accomplissement est certes

le concept psychologique le plus utilisé dans les recherches entrepreneuriales, mais aussi le

plus critiqué. E.G. DE PILLIS (1998) signale que les résultats des recherches sur la

corrélation entre l'entrepreneuriat et le besoin d'accomplissement sont mitigés, voire

341 "It (le besoin d'accomplissement) is the fantasies of the person, his thoughts and associations, which give us his real "inner concerns" at the time he is working" . 342 "… These all represent different aspects of a complete achievement sequence - defining the problem, wanting to solve it, thinking of means of solving it, thinking of difficulties that get in the way of solving it (either in one's self or in the environment). Thinking of people who might help in solving it, and anticipating what would happen if one succeed or failed". 343 "Opportunity is part of the story, of course. It does arouse people to act, but it arouses precisely those who have some need for achievement already…Opportunity challenges those who are achievement-oriented". 344 "In the entrepreneurial context, Need for achievement (Nach) motivation has been demonstrated to be a driving force in the start-up process". 345 Nous citons, entre autre, E. AUTIO et alii (1997, op.cit.), O.C. BRENNER et alii (1991, op.cit., p. 66), W.D. BYGRAVE (1989a, op.cit. ; 1989b, op.cit ; 1990), W.G. DYER (1994, p. 9, op.cit.), J.A. KATZ (1992), L. KOLVEREID (1996, op.cit., p. 29 ; 1997, p. 51), J.-P. SABOURIN et Y. GASSE (1989, op.cit.), H.H STEVENSON et J.C. JARILLO (1990, op.cit., p. 18) et A. TKACHEV et L. KOLVEREID (1999 op.cit.). 346 "Remarkably, although that quest is now thought quixotic, achievement motivation remains perhaps the only personological whose association with new venture creation appears convincing".

Page 194: Intention Entrepreneuriale

191

contradictoires ; une étude comparative menée sur des étudiants Irlandais et Américains

montre que le lien ainsi analysé est loin d’être clairement établi et qu'il peut être expliqué

par des différences culturelles347.

Nous retenons le besoin d'accomplissement comme motivation distinctive qui peut

agir sur l'intention entrepreneuriale, car les étudiants sont en fin d'études, donc en phase de

décider de leur choix de carrière. Cette motivation est sans doute une voie de réalisation de

soi dans la vie professionnelle. La première hypothèse relative aux motivations qui

influencent l’intention entrepreneuriale s'énonce comme suit :

hypothèse 3a : le besoin d'accomplissement influence positivement l’intention

entrepreneuriale des étudiants.

La deuxième variable, qui nous semble comme une motivation différenciant des

étudiants qui peuvent formuler une intention entrepreneuriale, est la recherche de

l'autonomie. Celle-ci est synonyme d’être son propre chef, d’être indépendant et de

travailler selon son propre désir. Selon P. DAVIDSSON (1995), la recherche de

l’autonomie est l’un des facteurs les plus fréquemment révélés dans les motivations menant

à la création d’entreprise. Nous la retrouvons comme facteur déterminant dans plusieurs de

travaux348. La deuxième hypothèse relative aux motivations qui influencent l'intention

entrepreneuriale peut donc être formulée comme suit :

hypothèse 3b : la recherche de l'autonomie influence positivement l’intention

entrepreneuriale des étudiants.

347 "Research on entrepreneurship and achievement motivation has yielded uneven results… Some studies show that measures of need for achievement correlate strongly with entrepreneurial behavior. On other research, however, these measures do not appear to be related to entrepreneurial behavior… Studies performed in the United States seem to show a positive relationship between entrepreneuring and need for achievement. Research from the United Kingdom and Ireland, on the other hand, finds little or no connection between need for achievement and business venturing… The debate on nAch is far from settled … Cultural differences may be responsible for some of the inconsistencies in findings on nAch". 348 Nous faisons référence essentiellement à J.-M. AURIFEILLE et E.-M. HERNANDEZ (1991, op.cit.), E. AUTIO et alii (1997, op.cit.), O.C. BRENNER et alii (1991, op.cit.), E.J. DOUGLAS (1999, op.cit.), P.B. DUFFY et H.H. STEVENSON (1984, op.cit.), W.B. GARTNER (1990, op.cit.), J.A. KATZ (1992, op.cit.), L. KOLVEREID (1996, op.cit. ; 1997, op.cit.), N.F. KRUEGER (2000, op.cit.), J.-P. SABOURIN et Y. GASSE (1989, op.cit.), A. TKACHEV et L. KOLVEREID (1999, op.cit.) et J. VESALAINEN et T. PIHKALA (1999, op.cit.).

Page 195: Intention Entrepreneuriale

192

6.1.2.2. La propension à la prise de risque : les perceptions des conséquences de la

disparition de l’entreprise

Dans le processus de formation de l’intention entrepreneuriale, la prise de risque est une

dimension des normes subjectives qui peut être nourrie par des influences sociales émanant

de la société en général, et de l’entourage immédiat en particulier. La prise de risque, une

dimension que nous avons retenue dans notre acception de l'entrepreneur349, est une

caractéristique psychologique qui ressort comme discriminante dans les recherches sur

l’intention entrepreneuriale, notamment les travaux de E.J. DOUGLAS (1999) et R.

RAIJMAN (2001).

Il ne peut y avoir d'entrepreneur qui ne veuille ou qui ne soit obligé de prendre des

risques. Quelle que soit l'époque envisagée dans le capitalisme, quelles que soient les

figures d'entrepreneur dominant chaque époque, nous avons montré au deuxième

chapitre que le risque (combiné avec l'innovation et la direction) ressort comme une

dimension distinguant à chaque fois l'entrepreneur350. R.H. BROCKHAUS (1982, p. 47)

divise le risque entrepreneurial en trois composantes :

1. la propension à la prise de risque en général (qu'il définit comme la probabilité perçue

par l'individu de recevoir les récompenses de sa future entreprise) ;

2. la probabilité perçue de l'échec ;

3. les conséquences perçues de l'échec351.

Ainsi à partir de cette troisième dimension, nous "jumelons" donc la propension à

la prise de risque avec les perceptions qu’ont les étudiants des conséquences de la

disparition de l’entreprise qu’ils seraient amenés à créer. Ces perceptions peuvent

349 Cf. supra., p. 86-87, "2.2.4. Une acception de l’entrepreneur en adéquation avec le positionnement de la recherche". 350 Cf. supra., p. 80-86, "2.2. En synthèse de cette odyssée". 351 "… Moreover, entrepreneurial risk can be divided into three components : the general risk taking propensity of potential entrepreneur, the perceived probability of failure for specific venture, and the perceived consequences of failure".

Page 196: Intention Entrepreneuriale

193

prendre la forme d’un échec352, et par là même diminuer peut être la propension au

risque.

Du temps de A. SMITH (1991, p. 429) [1776], la banqueroute était fortement

humiliante. C'est pourquoi les hommes prenaient bien soin de l'éviter. Aujourd'hui encore,

l’échec d’une entreprise signifie une incapacité à honorer ses engagements. Dans bon

nombre de pays, l'échec est considéré comme une défaillance personnelle, sévèrement

sanctionnée matériellement et juridiquement. En France et en Grande-Bretagne, la faillite

est souvent assimilée à un échec personnel et social (E.G. DE PILLIS, 1998353 ; P.

ALBERT, 1997, p. 32 ; J. BERANGER et alii, 1998, p. 18). Les perceptions sociales

constituent souvent une sanction morale de l’échec. Celui-ci peut avoir un coût

psychologique et social élevé, qui découragerait selon toute vraisemblance, la prise de

risque.

Aux Etats-Unis en revanche, note E.G. DE PILLIS (1998), l’échec entrepreneurial est

généralement considéré comme le résultat justifié d’une opération qui valait la peine d’être

tentée par celui qui incarne le choix et la liberté354. Une faillite n’est nullement jugée

dégradante et la responsabilité n’en est pas automatiquement imputée au failli. L’échec

devrait témoigner d'une évolution sous-jacente, d'une expérience enrichissante, et par là

même, d'une nouvelle opportunité à saisir. "Un échec vécu comme un processus

d'apprentissage", souligne à juste raison C. BRUYAT (1993, p. 296), "peut être, pour

certains, porteur de réussites ultérieures". Dans le processus complexe de la création

d'entreprise, le résultat de l'action devrait être moins important que l'action elle même.

L'échec en sera alors plus toléré.

352 Les chercheurs en entrepreneuriat traduisent souvent les notions d'échec ou de réussite par la survie ou les performances de l'entreprise créée. Implicitement, il est supposé que la satisfaction de l'entrepreneur est plus forte quand cette dernière réussit et se développe. Si ce point de vue est légitime dans les approches économiques pour lesquelles seul le résultat du processus compte, les chercheurs du domaine de l’entrepreneuriat ne peuvent ignorer le point de vue de l'acteur, comme l’indiquent C. BRUYAT (1993, op.cit, p. 92), L.-J. FILION (1997, op.cit, p. 153-154) et B. SAPORTA (1994, p. 79). 353 "Fear of failure plays a large role in British attitudes toward business venturing… In sum, neither Ireland nor England appears to offer a hospitable climate toward entrepreneurship. Entrepreneurial venturing is not a prestigious or popular pursuit, neither financially nor socially rewarding… An unsuccessful endeavor may reap ridicule… Ireland is an island country with a relatively small population, and word of failure spreads quickly". 354 "Americans admire entrepreneurs for the individual expression and freedom of choice that they embody… Entrepreneurship, or any activity with uncertain outcome, carries with it the real possibility of failure. Americans accept this ; for them, initial setbacks may only make the final victory sweeter… In the United States, by contrast, failure is understood to be part of an ambitious undertaking ".

Page 197: Intention Entrepreneuriale

194

Les étudiants peuvent alors, à l’opposé de l’échec, percevoir les conséquences de la

disparition de l’entreprise comme un enrichissement profitable pour une autre

aventure entrepreneuriale, ou pour la suite de leurs carrières professionnelles. De ce

fait, la propension au risque serait éventuellement renforcée. Nous cernons donc

l’hypothèse correspondant à la propension au risque dans les termes suivants :

hypothèse 4 : la propension à la prise de risque influence l’intention entrepreneuriale

des étudiants.

6.1.2.3. La connaissance de modèles d'entrepreneur

L'approche processuelle nous oblige à chercher l’origine des normes subjectives dans

les histoires individuelles des étudiants. Ceci nous amène à nous interroger sur l'existence

d'événements, passés ou présents, qui peuvent nous éclairer sur leurs intentions de devenir

entrepreneurs.

D'après K.-J. GERGEN et alii (1992, p. 44 et 239), "La perception sociale est

également influencée par le contexte dans lequel on observe les actions d'autrui". Les

individus cherchent à se conformer aux comportements de ceux considérés comme

modèles, "Ceux qui sont déjà engagés malgré l'ambiguïté de la situation". Comme nous

l'avons exposé au chapitre troisième355, la connaissance de modèles d'entrepreneur au

sein de la famille, de l’entourage proche ou lointain, peut inciter les individus à vouloir

prendre exemple en imitant les actes et comportements de ces modèles ; plusieurs auteurs

l’attestent356.

Dans une recherche comparative sur les types de recrutement du patronat pendant la

révolution industrielle, il apparaît clairement à H. KAELBLE (1979, p. 15) que les

entrepreneurs Allemands, Britanniques et Américains étaient issus pour plus de la moitié

355 Cf. supra., p. 105-108, "3.1.3. Les mobiles socioculturels". 356 Nous citons notamment J.-M. AURIFEILLE et E.-M. HERNANDEZ (1991, op.cit.), N.G. BOYD et G.S. VOZIKIS (1994, op.cit.), R.H. BROCKHAUS (1982, op.cit., p. 52), W.D. BYGRAVE (1989a, op.cit. ; 1989b, op.cit.), J.M. CRANT (1996, op.cit., p. 44), P. DAVIDSSON (1995, op.cit.), W.G. DYER (1994, op.cit., p. 9), N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993, op.cit.), N.F. KRUEGER et alii (2000, op.cit.), W.B. GARTNER (1990, op.cit.), J.-P. SABOURIN et Y. GASSE (1989, op.cit.), M.G. SCOTT et D.F. TWOMEY (1988, op.cit., p. 7), A. TKACHEV et L. KOLVEREID (1999, op.cit., p. 271) et T. VOLERY et alii (1997, op.cit., p. 281).

Page 198: Intention Entrepreneuriale

195

de familles d'affaires. C'est alors, dit-il, le seul groupe de cette importance dont les

membres possèdent une origine sociale commune. "L'accession à l'élite des affaires suit

sensiblement les mêmes voies pendant la révolution industrielle et pendant la seconde

industrialisation". R. TORSTENDAHL (1979) est arrivé aux mêmes conclusions en Suède

où plus de la moitié des chefs d'entreprises avaient un père, beau-père, frère ou oncle qui

étaient leurs prédécesseurs ou propriétaires de leurs propres affaires. L'accès à la voie

entrepreneuriale et patronale, au XIXème siècle, n'était pas étranger à la famille.

Dans un temps plus récent, A. SHAPERO et L. SOKOL (1982, p. 77) remarquent que

plus de la moitié des créateurs d'entreprise américains ont un parent ou un autre membre de

la famille dans les affaires357. M. BOUCHARD-D'AMOURS et Y. GASSE (1989, p. 16 et

19) font le même constat dans une étude portant sur un échantillon de créateurs canadiens.

L’étude de R. RAIJMAN (2001, p. 398) a révélé aussi que plus de la moitié des immigrés

mexicains de "Little Village" (Etats-Unis) ayant formulé l’intention d’entreprendre,

possèdent un parent ou un membre de famille qui sont chefs ou créateurs d’entreprise.

En France, A. LETOWSKI et F. PEIGNE (1992, p. 3) relèvent que dans deux tiers des

cas, le créateur a au moins un proche parent qui a fondé son entreprise. En 2000, une

enquête de l’APCE prouve que dans plus de la moitié des situations, le père du créateur

travaille lui-même pour son compte (APCE, 2000).

L'étude de R. ABDESSELAM et alii (1999, p. 5) montre que l’environnement

entrepreneurial du créateur-repreneur conditionne partiellement le passage à l’acte

d’entreprendre. En effet, plus de 40% des créateurs-repreneurs ont un membre de la famille

qui dirige une entreprise, un peu plus de 20% un ami qui dirige une entreprise et 10% les

deux. Selon ces auteurs, cette tendance est une caractéristique stable qu’ils retrouvent dans

plusieurs études faites à des époques et dans des cultures différentes.

Le processus de création d’entreprise, dans divers endroits du monde, n'échappe donc

pas à une certaine "pesanteur sociale". Il connaît même une certaine "reproduction

familiale". L’hypothèse relative à l'impact de modèles d’entrepreneur sur l’intention

entrepreneuriale peut être formulée comme suit :

357 "Fifty to 58 percent of company founders in the United States had parents who were company owners, free professionals, independent artisans, farmers".

Page 199: Intention Entrepreneuriale

196

hypothèse 5 : la connaissance par les étudiants de modèles d'entrepreneur qu’ils

souhaiteraient imiter agit positivement sur leur intention entrepreneuriale.

6.1.3. Les perceptions du contrôle comportemental

D'après K.-G. GERGEN et alii (1992, p. 477), "La perception est un processus cognitif

actif". Cette définition nous a particulièrement intéressée car elle s’inscrit dans notre

acception de l’intention entrepreneuriale358. Selon nous, et replacée dans notre

problématique, les perceptions du contrôle comportemental impliquent les

perceptions de ses propres aptitudes entrepreneuriales359, des ressources et obstacles

de l’environnement qui peuvent favoriser ou entraver l’intention entrepreneuriale. Il

est question ici des perceptions de faisabilité du comportement auquel on aspire.

N.F. KRUEGER et D.V. BRAZEAL (1994, p. 94) affirment qu'en l'absence des

perceptions du contrôle comportemental, il ne peut y avoir de comportement. Selon eux,

les modèles hypothético-déductifs fondés sur ces perceptions sont un outil précieux pour

comprendre les intentions360. T. ERIKSON (1998) a montré que plus fortes sont les

perceptions du contrôle comportemental, meilleure sera l'intention entrepreneuriale361.

Comment se manifestent les perceptions du contrôle comportemental dans le

processus de formation de l’intention entrepreneuriale d’étudiants suivant des

programmes ou des formations en entrepreneuriat ? L’entrepreneuriat est un processus

où des aptitudes élevées sont exigées. Plusieurs auteurs insistent sur les aptitudes

entrepeneuriales de l'individu dans le passage à l’acte de création362.

Cependant les perceptions du contrôle comportemental ne sont pas seulement

conditionnées par les perceptions des aptitudes entrepreneuriales, mais aussi par les

358 Cf. supra., p.57-59, "1.4.2.2. Un processus cognitif". 359 Cf. infra., p. 197, "6.1.3.1. Les perceptions des aptitudes entrepreneuriales". 360 "To be blunt : no self-efficacy, no behavior… Formal theory driven models of intentions, anchored by perceived self-efficacy, are invaluable to understanding toward planned, intentional behaviors like entrepreneurship". 361 "… Consequently, in this study it is argued that the higher the belief in one's capability to start a new business, that is, entrepreneurial self-efficacy, the stronger the entrepreneurial intentions". 362 Nous pensons notamment à E. AUTIO et alii (1997, op.cit.), B.J. BIRD (1992, op.cit.), R.H. BROCKHAUS (1982, op.cit., p. 50), W.D. BYGRAVE (1989a, op.cit. ; 1989b, op.cit.), L. HERRON et H.J. SAPIENZA (1992, op.cit., p. 50), J.A. KATZ (1992, op.cit.), N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993, op.cit.), W.G. DYER (1994, op.cit., p. 9), D.M. RAY (1993, op.cit.), J.-P. SABOURIN et Y. GASSE (1989, op.cit.), et H.H. STEVENSON et J.C. JARILLO (1990, op.cit., p. 21).

Page 200: Intention Entrepreneuriale

197

perceptions de la facilité (ou la difficulté !) d'accès aux ressources du milieu (informations,

conseils et finances). En effet, pour M. CROZIER et E. FRIEDBERG (1977), le

comportement de l'acteur ne peut se comprendre et s'expliquer que dans un contexte donné,

avec ses propres ressources et contraintes. Le contexte influence les "perceptions" dans la

construction des "logiques d'acteurs". Celles-ci établissent la manière avec laquelle les

individus choisissent leurs stratégies en fonction de la perception qu'ils ont des ressources

et des contraintes qui pèsent sur eux. En effet, confirment-ils, ce sont les perceptions qui

comptent.

6.1.3.1. Les perceptions des aptitudes entrepreneuriales

Avant d’aller plus en profondeur dans les perceptions des aptitudes, que signifie le

concept d’"aptitudes entrepreneuriales" ? Dans une recherche où il cerne le débat sur les

aptitudes entrepeneuriales, il subsiste selon A. GIBB (1999, p. 2-3), un manque certain

dans la clarification du concept363. Ceci, poursuit-il, est le fait d’abondance et de confusion

dans les définitions. Il substitue aux aptitudes entrepeneuriales, le concept de capacités

entrepreneuriales. Celui-ci rend mieux compte de l’effet de l’environnement professionnel

et culturel364.

Cela étant, cette abondance et confusion ne doit pas nous empêcher de nous positionner

pour ancrer davantage notre démarche dans la modélisation de l’intention entrepreneuriale.

Pour notre part, nous entendons par "aptitudes entrepreneuriales" une triple

dimension. Conceptuelle tout d’abord, elle regroupe les connaissances et savoirs

théoriques que les étudiants acquièrent avec les enseignements magistraux et les

travaux dirigés. Il est question des enseignements de marketing, comptabilité, gestion

financière, droit… qui fournissent les matériaux indispensables pour mieux comprendre les

363 "Yet there remains a substantial lack of clarity as to what is meant by entrepreneurial skills". 364 Le concept d’aptitude renvoie, selon l’auteur, plus à l’individu, et occulte de ce fait l’environnement. Le concept d’aptitude est défini comme le potentiel à se comporter d’une certaine façon. Les capacités entrepreneuriales, quant à elles, sont associées à des aptitudes, connaissances et attitudes. Elles constituent pour lui les conditions de base, nécessaires et suffisantes, pour la réalisation de comportements entrepreneuriaux, que cela soit sur les plans individuel, organisationnel ou sociétal. ("Combining, therefore, the various contexts leads towards a proposed definition on entrepreneurial capacities as : those capacities that constitute the basic, necessary, and sufficient conditions for the pursuit of effective entrepreneurial behaviour individually, organizationally and societally in an increasingly turbulent and global environment").

Page 201: Intention Entrepreneuriale

198

diverses dimensions d'un projet. Instrumentale ensuite, elle représente les savoir-faire

et compétences que les étudiants intègrent avec des programmes et formations

spécialisés en entrepreneuriat. Il s’agit de formaliser des projets et éventuellement les

concrétiser. Il est question d’agréger la spécialisation et le découpage fonctionnel de la

composante conceptuelle. Dans une optique de vision globale, la transversalité mobilise

d’autres formes pédagogiques telles que les pédagogies par projets365. Expérientielle enfin,

elle prend la forme de savoir-être et comportements "entrepreneuriaux" qui sont le

produit de différentes expériences (professionnelles, associatives...).

Les résultats de l’enquête de J. VESALAINEN et T. PIHKALA (1999) confirment que

des attitudes favorables à l'entrepreneuriat ne suffisent pas à elles seules pour la formation

des intentions entrepreneuriales. Elles doivent s’accompagner de perceptions des aptitudes

qui permettent d'envisager la faisabilité de l'acte366. L'intention entrepreneuriale, selon B.J.

BIRD (1992, p. 12), exige la volonté personnelle mais aussi des aptitudes qui permettent

de vérifier la faisabilité d'une idée d'affaire et d’extrapoler sur les aspects futurs de

l'entreprise367.

Déclinées selon le triptyque que nous avons défini, les perceptions des aptitudes

entrepreneuriales sont mieux à même de renforcer les perceptions des étudiants sur la

faisabilité de leurs projets ou idées. Elles trouvent leurs sources dans les formations et

programmes en entrepreneuriat et en création d’entreprise et dans les expériences

professionnelles et associatives.

A. Les formations et programmes spécifiques en entrepreneuriat ou en création d’entreprise

D.B. GREENBERGER et D.L. SEXTON (1988, p. 5) notent que même si l'individu

possède les qualités psychologiques nécessaires, et détient une opportunité d'entreprise,

365 Cf. supra., p. 144-145, "4.5.1. Les approches d’enseignement : transversalité versus fonctionnalité". 366 "Here we have a possibility to observe the importance of perceptions on personal skills : just mere favourable attitudes towards entrepreneurship are not enough, the person has to be capable to act accordingly, otherwise the attitudes do not lead to entrepreneurial intentions. For an entrepreneurial career choice, the person needs to see both that the choice brings him the rewards he values, and that the choice would be feasible for him". 367 "Specifically, intention requires the individual's ability and willingness to sustain temporal tension, to stretch between a vision of what could be and current conditions. Temporal tension bridges the interval between the idea for a new business and the existence of some approximation of that business".

Page 202: Intention Entrepreneuriale

199

l'acquisition de connaissances nécessaires et du savoir liés à la concrétisation d'un projet

restent indispensables368. A ce titre, W.G. DYER (1994, p. 11) affirme que des

enseignements de spécialisation en entrepreneuriat sont susceptibles de nourrir la confiance

dont on a besoin pour passer à l'acte369. N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993, p. 326)

écrivent que les perceptions du contrôle comportemental incluent les aptitudes à

entreprendre, que l'on acquiert notamment par le biais d'une formation et des expériences

de travail antérieures370.

Des formations ou programmes en entrepreneuriat ou en création d’entreprise,

notamment en phases de spécialisation et d’accompagnement, sont des évènements qui

peuvent renforcer les perceptions des aptitudes entrepreneuriales des étudiants. Ainsi, nous

pouvons formuler l'hypothèse suivante :

hypothèse 6a : les perceptions des aptitudes entrepreneuriales que les étudiants

acquièrent avec les programmes et les formations de spécialisation ou

d’accompagnement en entrepreneuriat ou en création d’entreprise influencent

positivement l’intention entrepreneuriale.

B. Les expériences professionnelles et associatives

Au troisième chapitre, nous avons montré que les expériences professionnelles sont

des facteurs contingents qui peuvent renforcer, au sein du processus entrepreneurial

amont, l’intention et éventuellement conduire à l’acte de création371. Selon I. AJZEN

(1991, p. 202), les expériences passées de comportements similaires à un comportement

futur sont les meilleurs prédicteurs de celui-ci372. Souvent, les entreprises créées revêtent un

lien avec les expériences antérieures des individus (O.C. BRENNER et alii, 1991, p. 62 ; P.

DAVIDSSON, 1995).

368 "There are many examples of individuals who possess the appropriate personality and a meaningful idea about a new venture, and who, because of their business background, may even possess the knowledge required to initiate the venture". 369 "Specialized courses in entrepreneurship or training in how to start a business may give some people the confidence they need to start their own companies". 370 "Proven antecedents of self-efficacy (and thus intentions behaviour) include actual "hands-on" mastery (e.g., acquiring business skills) and vicarious learning (e.g., prior exposure to entrepreneurial activity)". 371 Cf. supra., p. 108-109, "3.2.1. L’expérience professionnelle", p. WW. 372 "Past behavior is the best predictor of future behavior".

Page 203: Intention Entrepreneuriale

200

L'étude de J.-M. AURIFEILLE et E.-M. HERNANDEZ (1991, p. 47-48) montre qu'il

existe une corrélation positive entre le désir de créer et le nombre d'entreprises fréquentées.

Aussi, plus les expériences en entreprise ont été convaincantes, plus les étudiants

expriment une intention de créer leur entreprise. Les résultats de l’enquête de M.

BOUCHARD-D'AMOURS et Y. GASSE (1989, p. 19) indiquent que plus des deux tiers

des créateurs d'entreprise ont eu des expériences de travail en étant élèves.

E. AUTIO et alii (1997) ont construit leur modèle de l’intention entrepreneuriale en

intégrant les expériences passées de travail. M.G. SCOTT et D.F. TWOMEY (1988, p.

10)373, L. KOLVEREID (1997), A. TKACHEV et L. KOLVEREID (1999, p. 272)374 et T.

ERIKSON (1998)375 soutiennent que les expériences de travail affectent les intentions de

carrière.

Pour notre part, les dimensions qui nous importent dans les expériences de travail et de

stages sont la prise de responsabilité et de décisions importantes ainsi que la conduite ou la

participation à des projets dans des petites ou moyennes structures. Ces dimensions sont

mieux à même de consolider les aptitudes entrepreneuriales des étudiants. Les

responsabilités prises dans des activités associatives peuvent également être un terrain

d’acquisition d’aptitudes entrepreneuriales. Nous considérerons donc que :

hypothèse 6b : les aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec les

responsabilités, la conduite ou la participation dans des projets et la prise individuelle

de décisions importantes lors d’expériences professionnelles (travail ou stage)

influencent positivement l’intention entrepreneuriale ;

hypothèse 6c : les aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec les

responsabilités associatives influencent positivement l’intention entrepreneuriale.

373 "Work experience is another crucial factor which helps shape career aspirations ". 374 "Prior entrepreneurial experience is another factor that may affect employment status choice intentions". 375 "The acquisition of skills through past achievements reinforces self-efficacy and contributes to higher aspirations and future performance".

Page 204: Intention Entrepreneuriale

201

6.1.3.2. Les perceptions de l’accessibilité aux ressources

Si les attitudes et les aptitudes entrepreneuriales sont indispensables pour la faisabilité

d'idées d'affaire ou de projets d'entreprise, elles resteront sans effet si les étudiants peuvent

percevoir des obstacles insurmontables qui les compliquent et les rendent risqués, et donc

non désirables.

La faisabilité exige des perceptions que les obstacles soient surmontables et que les

ressources soient disponibles (N.F. KRUEGER, D.V. BRAZEAL, 1994, p. 100)376. En

effet, selon M. CROZIER et E. FRIEDBERG (1977), une ressource potentielle ne devient

mobilisable que si elle est perçue. Les perceptions qu’ont les étudiants des facilités ou des

difficultés d’accès aux informations, conseils et moyens financiers pour affiner et

éventuellement concrétiser leurs idées ou leurs projets sont des composantes des

perceptions du contrôle comportemental qui peuvent agir sur l'intention entrepreneuriale.

Ces ressources, que nous avons étayées dans les facteurs contingents du processus

entrepreneurial (chapitre troisième)377 rendent possible de poser l’hypothèse ci-dessous :

hypothèse 7 : les perceptions de disponibilité des ressources (informations et conseils,

finances) influencent positivement l’intention entrepreneuriale.

6.2. Un modèle explicatif de l'intention entrepreneuriale

N.F. KRUEGER et D.V. BRAZEAL (1994, p. 93) affirment que les modèles

hypothético-déductifs élaborés sur l’intention entrepreneuriale ont apporté la preuve de

leur validité prédictive et expliquent mieux la formation de celle-ci378. Dans le même esprit,

N.F. KRUEGER et alii (2000, p. 413 et 415) soutiennent que ces modèles sont compatibles

avec les principales conclusions de la plupart des travaux effectués dans le champ de

l'entrepreneuriat379.

376 "Perceived feasibility requires perceptions that obstacles are surmountable and that resources are available". 377 Cf. supra., p. 111-121, "3.2.3. Les systèmes d'appui et d’accompagnement à la création d'entreprise". 378 "Formal, theory driven models of intentions have proven remarkably robust in predictive validity". 379 "These arguments (recherches antérieures) strongly support testing intentionality-driven models of entrepreneurship".

Page 205: Intention Entrepreneuriale

202

Les modèles élaborés sur l'intention tiennent leur succès, d’après ces auteurs, du fait que

les comportements soient intentionnels380. Auparavant, N.F. KRUEGER et A.L.

CARSRUD (1993, p. 316) ont conclu pareillement381.

Grâce aux hypothèses que nous avons pu formuler, nous cherchons donc à expliquer

l'impact de facteurs liés aux attitudes associées au comportement, aux normes subjectives

et aux perceptions du contrôle comportemental sur l'intention d’entreprendre. Ces

hypothèses nous permettent de proposer le modèle de recherche (hypothético-déductif).

Inspiré du cadre des dimensions sociales de l'entrepreneuriat de A. SHAPERO et L.

SOKOL (1982) et fondé sur la théorie du comportement planifié de I. AJZEN (1991), ce

modèle prend la forme suivante :

Figure 15 - Modèle explicatif de l'intention entrepreneuriale d’étudiants de gestion de

troisième cycle suivant des programmes ou des formations en entrepreneuriat

380 "Although it is possible that some will argue otherwise, it seems evident that much of what we consider "entrepreneurial" activity is intentionally planned behavior". 381 "Intentions-based models derive their success from two sources. First, planned behaviour is intentional. These models are thus congruent with what we already know about human cognition…".

Recherche d’informations

Connaissance de modèles d'entrepreneur

INTENTION ENTREPRENEURIALE

LES ATTITUDES ASSOCIEES AU

COMPORTEMENT

Existence d’une idée ou d’un projet plus ou moins formalisé

LES NORMES SUBJECTIVES

Besoin d’accomplissement

Recherche d'autonomie

Propension à la prise de risque

LES PERCEPTIONS DU

CONTRÔLE COMPORTEMENTAL

Formations et programmes en entrepreneuriat

Expériences professionnelles

Expériences associatives

Perceptions de la (non) disponibilité des ressources : informations et conseils Ressources financières

Page 206: Intention Entrepreneuriale

203

Nous considérons ce modèle comme instable, non-séquentiel et répondant à des

situations hétérogènes. Instable, car on ne peut reposer, comme nous l’avons signalé

précédemment382, sur la stabilité temporelle de l'intention et de ses variables constitutives.

Le processus de création d’entreprise est dynamique, compliqué et complexe. W.D.

BYGRAVE (1989a, p. 13) ne se réserve pas de généraliser que les modèles en

entrepreneuriat sont fragiles et leurs paramètres sont en continuel changement383.

Non-séquentiel, car les facteurs qui affectent l’intention entrepreneuriale ne sont pas

chronologiques et successifs. Enfin répondant à des situations hétérogènes, car il fait

émerger des variables pertinentes qui englobent des contextes et des histoires personnelles

différents.

Conclusion du chapitre 6

La recherche documentaire basée sur le cadre général de l’évènement entrepreneurial de

A. SHAPERO et L. SOKOL (1982) et sur la théorie du comportement planifié de I.

AJZEN (1991), la présentation de deux modèles américain et scandinave construits sur

l’intention entrepreneuriale, des explorations en psychologie sociale, des réflexions ainsi

que des choix personnels nous ont permis d'analyser les variables explicatives de

l'intention entrepreneuriale et d’en donner des acceptions.

Toute modélisation suppose un processus de sélection et d’élimination de

variables ; ceci est lié à des contraintes de recherche et temporelles. Les premières sont

imputées à la problématique et à l’objet de l’étude. Les secondes trouvent une explication

classique dans l'échéance de réalisation de la thèse qui conditionne en partie le propre

devenir professionnel du doctorant.

La revue de la littérature384 et les objectifs de recherche imposent de combiner dans le

modèle trois groupes de variables (les attitudes associées au comportement, les normes

382 Cf. supra., p. 59-61, "1.4.2.3. Le décalage entre les logiques d'intention et d'action dans le processus de création d'entreprise". 383 "Entrepreneurship models are fragile and parameters are always changing". 384 Notamment les travaux de E. AUTIO et alii (1997, op.cit.), P. DAVIDSSON (1995, op.cit.), T. ERIKSON (1998, op.cit.), E.-M. HERNANDEZ (1995 op.cit. ; 1999, op.cit.), N.F. KRUEGER et D.V. BRAZEAL (1994, op.cit.), N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993, op.cit.), L. KOLVEREID (1997, op.cit.), N.F. KRUEGER et alii (2000, op.cit.), A. TKACHEV et L. KOLVEREID (1999, op.cit.) et J. VESALAINEN et T. PIHKALA (1999, op.cit.).

Page 207: Intention Entrepreneuriale

204

subjectives et les perceptions du contrôle comportemental) pour décrire et expliquer

l'intention entrepreneuriale. Celle-ci est le résultat d'un processus cognitif dicté par

l’influence de plusieurs facteurs : l’existence d’une idée ou d’un projet d’affaire ; la

recherche d’informations en vue de formaliser cette idée ou ce projet ; des motivations à

entreprendre (besoin d’accomplissement et la recherche de l’autonomie) ; un trait

psychologique (la propension à la prise de risque) ; la connaissance de modèles

d’entrepreneur ; les perceptions des aptitudes entrepreneuriales qui naissent avec le suivi

de programmes ou formations en entrepreneuriat ; des aptitudes entrepreneuriales acquises

par le biais d’expériences professionnelles et associatives ; les perceptions de disponibilité

des informations, conseils ainsi que des ressources financières.

La souplesse et l'adaptabilité des modèles basés sur l'intention entrepreneuriale

devraient encourager les chercheurs en entrepreneuriat à s'appuyer sur ce type de modèles

processuels qui ouvrent de nouvelles voies pour la création d'entreprise (N.F. KRUEGER

et A.L. CARSRUD, 1993, p. 318, 326385 ; N.F. KRUEGER et alii, 2000, p. 426386).

Le modèle que nous proposons élabore des hypothèses qui nous assurent la

transition d'une question à un projet de recherche cohérent. Novateur par son unicité

"française", il est susceptible d'enrichir les travaux anglo-saxons sur l’intention

entrepreneuriale. Il sera soumis à validation à travers deux enquêtes quantitatives

(comparatives) et des tests statistiques qui feront l'objet de la troisième partie de cette

thèse. Mais auparavant, la rigueur scientifique exige d’opérationnaliser nos variables

explicatives et à expliquer en les traduisant par des items "mesurables". Pour ce faire, une

investigation documentaire combinée à des réflexions personnelles sera renforcée par des

consultations d’experts en entrepreneuriat. Celle-ci constitue la première étape de notre

approche empirique.

385 "Intentions-based models of entrepreneurial activity are compatible with existing research results and open new approaches to studying venture initiation… The versatility and robustness of intentions-based models should hearten proponents of process models of entrepreneurship and should encourage further process-based research". 386 "Intention based models appear most promising for research and for teaching and practice".

Page 208: Intention Entrepreneuriale

205

PARTIE III - METHODOLOGIE EMPIRIQUE, RESULTATS

ET ANALYSES

Page 209: Intention Entrepreneuriale

206

INTRODUCTION

Cette partie "Méthodologie empirique, résultats et analyses" est structurée en trois

chapitres. Le chapitre sept a pour objet de décrire et de justifier notre méthodologie

empirique. Nous débutons l’exposé par les justifications de la démarche hypothético-

déductive et de la logique quantitative consolidées par une enquête qualitative. Nous

adoptons et adaptons la méthode de G.A. CHURCHILL (1979) aux impératifs de la

recherche.

Nous présentons, plus concrètement, le déroulement de l’enquête qualitative des

consultations d’experts. Leur apport est indéniable dans l’épuration du projet de

questionnaire. Le double test de ce dernier poursuit l’objectif de l’amélioration de sa

compréhension et la vérification de sa pertinence et de sa qualité. Nous détaillons la

construction du questionnaire en mettant l’accent sur la modalité d’échantillonnage, les

tailles et compositions des deux échantillons et la question de l’optimalité qui en découle.

Avant de conclure, nous expliquons la procédure de collecte de données.

Le chapitre huit comprend les analyses descriptives et les traitements d’homogénéité.

Nous débutons par les résultats concernant les données socio-démographiques (tris

croisés). Nous exposons les concepts de dimensionnalité et de fiabilité. Dans un premier

niveau d’analyse, nous procédons aux tests d’homogénéité des échelles par le biais des

analyses factorielles et de l’alpha de Cronbach. Ces tests sont indispensables avant

d’effectuer les calculs concernant la validation des hypothèses.

Le chapitre neuf procède au deuxième niveau d'analyse. Il contient les analyses de

vérification d’hypothèses (ANOVA à un facteur, régressions simple et multiple ainsi que la

corrélation multiple) qui portent sur les influences des variables explicatives (celles qui

interviennent dans la formation de l’intention entrepreneuriale) sur la variable à expliquer

(l'intention entrepreneuriale). Ces analyses permettent alors de valider certaines hypothèses

et d'en rejeter d'autres.

Page 210: Intention Entrepreneuriale

207

Chapitre 7 - La méthodologie empirique : une démarche hypothético-

déductive inscrite au sein de la méthode de G.A. CHURCHILL (1979)

"A l’aide de ces sciences expérimentales actives, l’homme devient un inventeur de

phénomènes, un véritable contremaître de la création".

Claude BERNARD

La méthodologie empirique consiste à connecter le théorique au terrain. Il est question

de stratégies opératoires qui permettent de relier les aspects théoriques et le recueil

de données par des choix méthodologiques. C’est aussi, pour F. WACHEUX (1996, p.

48, 86 et 258), l’appréhension des faits en relation avec la problématique et les logiques et

outils adoptés pour l’observation et la collecte des informations.

Selon ce même auteur, le chercheur peut construire sa propre méthodologie ou opter

librement pour déterminer celle qui convient à son projet. Spécifique à l’objet théorique et

empirique de la recherche, elle doit répondre à ses objectifs et à ses contraintes. Nous

avons adopté et adapté la méthode de G.A. CHURCHILL (1979) en nous inspirant de J.

IGALENS et P. ROUSSEL (1998, p. 11).

G.A. CHURCHILL (1979) a élaboré une méthode permettant de construire

rigoureusement des instruments de mesure de type questionnaire à échelles multiples.

Celle-ci permet d’appréhender des faits et de formuler des résultats. Cette démarche est

surtout utilisée en sciences de gestion dans les disciplines du marketing, et à un degré

moindre en GRH, où il est question d'images, de perceptions, d'attitudes, de croyances et

de comportements. Dans ce type de recherches, cette méthode permet de réduire les

difficultés que posent l'élaboration des questionnaires ainsi que les problèmes de

dimensionnalité et de fiabilité des mesures.

La méthode de G.A. CHURCHILL (1979) se prête bien à notre recherche car nous

étudions un phénomène non directement observable (l'intention entrepreneuriale), pour

lequel il n’existe pas de travaux dans le contexte français. La génération de questions et

Page 211: Intention Entrepreneuriale

208

d’items concernant les attitudes, les normes subjectives et les perceptions d’étudiants

suivant des formations ou des programmes de spécialisation ou d’accompagnement en

entrepreneuriat et en création d’entreprise s’en trouve facilitée.

Un de nos objectifs de recherche est de vérifier si ces formations ou programmes

influencent l’intention entrepreneuriale. Il est indiqué de comparer cette intention à celle

d’individus ne suivant pas ce type d’enseignement. Nous avons alors intégré dans notre

protocole empirique cette comparaison modulant de la sorte la méthode de G.A.

CHURCHILL (1979).

La stratégie comparative, dans le cas de notre recherche, est essentiellement un

mode d’analyse particulier et non une finalité ; l’objectif étant de confronter deux

contextes comportant quelques similitudes pour mettre en évidence d’éventuelles

différences et les expliquer.

Après avoir choisi la méthodologie empirique, F. WACHEUX (1996, p. 86) conseille

de fournir les éléments et arguments permettant de l’évaluer, notamment en spécifiant les

conditions de réalisation sur le terrain. Celles-ci peuvent être schématisées de la façon

suivante :

Page 212: Intention Entrepreneuriale

209

Figure 16 - Les phases de la méthodologie empirique

Validité de contenu Epuration

Suppression, modification et génération d’items Enquête qualitative auprès de 9 chercheurs et 3

professionnels experts en entrepreneuriat

Recueil de données Enquêtes auto-administrées auprès de 178 étudiants suivant des programmes ou des formations en entrepreneuriat ou en

création d’entreprise (5 DESS IAE et 6 écoles de management et gestion) et de 176 étudiants dans 5 DESS

CAAE

Epuration des items - Tests de fiabilité

Premier test du projet de questionnaire auprès de 23 étudiants en 1ère année à l'ESC Lyon

Tests de validité des items

Résultats, analyses et interprétation

Elaboration du projet de questionnaire

Définition des principaux construits Traduction des questions de recherche en variables

mesurables

Deuxième test du projet de questionnaire auprès de 42 étudiants en Maîtrise IUP Management et gestion de

l'université de Rouen

Codification des variables avec le logiciel SPSS Saisie des réponses

Regroupement de certaines modalités de réponse

Questionnaire 5 moutures avant

la version définitive

Page 213: Intention Entrepreneuriale

210

L’objet de ce chapitre est d’expliciter concrètement les stratégies opératoires. Avant

d’aller plus finement dans le protocole empirique, nous devons justifier et légitimer le

choix de la démarche hypothético-déductive jumelée avec une logique quantitative. Nous

présentons la méthode de G.A. CHURCHILL (1979) et les aménagements opérés dans le

cadre de notre travail. Nous distinguons les phases exploratoire et de validation. Pour des

raisons didactiques, nous exposons d’abord les sections relatives à l’enquête qualitative et

aux tests du projet de questionnaire, avant de développer la construction du questionnaire

lui-même387. Nous souhaitons montrer les diverses modifications (génération, modification

et suppression d’items) qu’a connues celui-ci suite aux consultations d’experts et au double

test.

Notre objectif dans ce chapitre est par ailleurs de rendre compte de la méthode

d’échantillonnage adoptée. Celle-ci est accompagnée de la composition de notre

échantillon de référence. Notre perspective comparative nous amène à rechercher une

homogénéité dans la constitution d’un échantillon témoin. Nous analysons l’optimalité des

échantillons qui interroge les chercheurs en sciences sociales. Nous terminons ce chapitre

en évoquant le mode de collecte des observations.

7.1. Pourquoi avoir choisi une démarche hypothético-déductive appuyée

sur une approche qualitative ?

Le clivage traditionnel dans les sciences de gestion distingue les approches quantitative

et qualitative, et les logiques déductive et inductive388. La déduction est l’expression

courante du positivisme. Elle implique de partir d’une(de) question(s) "précise(s)". Après

avoir défini les concepts de façon rigoureuse et traduit les analyses théoriques en

hypothèses "testables", le chercheur conçoit alors, à partir d’un échantillon représentatif,

une enquête empirique pour confirmer ou infirmer la validité de ces dernières.

387 Pour l’analyse comparative, nous avons élaboré deux projets de questionnaire. Le premier concerne des étudiants ayant suivi des formations ou programmes en entrepreneuriat ou création d’entreprise ; le second s’adresse à des étudiants en DESS CAAE. Ces deux questionnaires sont quasiment identiques (à deux différences près que nous exposons dans les sections "7.5.2.4. Le cursus entrepreneurial" et "7.5.3. La fiche signalétique"). Ainsi, dans la suite de ce chapitre, nous utilisons les termes "projets de questionnaire" et "questionnaire" au singulier. 388 La logique inductive consiste à enquêter sur un fragment de réalité sociale aux caractéristiques a priori peu connues.

Page 214: Intention Entrepreneuriale

211

La démarche hypothético-déductive, combinée à une approche quantitative, cherche à

déterminer si les variables explicatives possèdent bien les propriétés et les relations

anticipées par le modèle. L’objectif principal de la recherche est de décrire l’intention

entrepreneuriale en vue de lui donner un caractère explicatif et prédictif. Trois raisons

majeures expliquent donc le choix de cette démarche.

La première tient à l’abondance de travaux sur les facteurs et les influences menant

les individus à la création d’entreprise, sans pour autant qu’ils soient "connectés"

directement à l’intention entrepreneuriale389.

La seconde raison trouve son argument dans l’existence de travaux anglo-saxons et

scandinaves sur l’intention entrepreneuriale. Celle-ci a été mesurée empiriquement

par des questionnaires fermés, sous forme dichotomique et à échelles390. En tenant

compte des différences culturelles et en prenant les précautions spécifiques au contexte

français, ces travaux peuvent être "transposables" dans celui-ci.

La dernière raison s’explique par la théorie du comportement planifié de I. AJZEN

(1991) qui stipule que l’influence des attitudes et des perceptions sur l’intention est

mieux perçue grâce à la formulation préalable d’un système d’hypothèses. Celles-ci

doivent être testées à travers de larges et pertinents échantillons.

Le caractère scientifique de toute recherche est notamment subordonné au dispositif

méthodologique d’opérationnalisation des hypothèses. En plus des recherches

documentaires et des réflexions personnelles, nous avons procédé à une enquête

"qualitative" de consultations d’experts, directement ou indirectement intéressés par

l’enseignement de l’entrepreneuriat. Il s’agit "de réduire en permanence les incertitudes de

situations de recherche" (F. WACHEUX, 1996, p. 32). Notre but est de faire émerger les

erreurs liées à la conception des questions et des échelles.

389 Nous voulons dire par là que ces travaux ne distinguent pas les phases amont du processus entrepreneurial. On expose des approches et résultats sur les processus menant à la création d’entreprise, sans pour autant que ceux-ci soient liés à l’une des phases amont que nous avons présentées en figure 9 dans le premier (Cf. supra., p. 47-50, "1.4. L’intention entrepreneuriale : une phase en amont du processus entrepreneurial)". 390 Parmi les travaux ayant opérationnalisé l’intention entrepreneuriale et ses variables explicatives, nous citerons E. AUTIO et alii (1997, op.cit.), T.M. BEGLEY et alii (1997, op.cit.), J.M. CRANT (1996, op.cit.), P. DAVIDSSON (1995, op.cit.), A.F. DE NOBLE et alii (1999, op.cit.), E.J. DOUGLAS (1999, op.cit.), T. ERIKSON (1998, op.cit.), L. KOLVEREID (1996, op.cit. ; 1997, op.cit.), N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993, op.cit.), N.F. KRUEGER et alii (2000, op.cit.), R. RAIJMAN (2001, op.cit.), A. TKACHEV et L. KOLVEREID (1999, op.cit.) et T. VOLERY et alii (1997, op.cit.).

Page 215: Intention Entrepreneuriale

212

7.2. Une adaptation de la méthode de G.A. CHURCHILL (1979)

Cette méthode peut être considérée comme une définition d'échelles multiples en

plusieurs étapes. Elle constitue "une démarche méthodologique qui s'applique seulement

au processus de création et de développement des échelles d'attitudes multiples ou multi-

items… Cette méthode consiste à élaborer des échelles où plusieurs énoncés mesurent un

seul indicateur" (J. IGALENS, P. ROUSSEL, 1998, p. 113, 114)391.

Un grand débat en méthodologie empirique, notent J. IGALENS et P. ROUSSEL (1998,

p. 49) et Y. EVRARD et alii (1997), concerne les résultats des données recueillies par

questionnaire avec des échelles d'attitudes. Ces résultats sont souvent sujets à des erreurs

de dimensionnalité et de fiabilité. La méthode de G.A. CHURCHILL (1979) est

particulièrement appropriée pour y remédier dans notre projet de recherche. Tout

d’abord, nos variables (explicatives et à expliquer) sont en grande partie traduites en

échelles multi-items. Ensuite, l’inexistence de travaux dans le contexte français

opérationnalisant nos hypothèses nous y incite davantage.

Cette méthode, présentée ci-dessous, propose un cadre de travail et une démarche qui

permettent d’élaborer avec rigueur des instruments de mesure de type questionnaire à

échelles multi-items. N.F. KRUEGER et alii (2000, p. 425) affirment que l'utilisation de

ces dernières pour mesurer les construits d'un modèle "intentionnel" réduit les erreurs de

mesure392.

391 La méthode de G.A. CHURCHILL (1979) s'inscrit dans le modèle de la vraie valeur, "connu aussi sous le nom de la théorie de l’erreur de mesure (Roehrich, 1993)", qui vise à tester la qualité des instruments tels que les échelles d'attitudes. Cette théorie est formalisée comme suit : "mesure obtenue = vraie valeur + erreur systématique + erreur aléatoire". Elle repose sur l'hypothèse qui veut que si un questionnaire respecte les critères de validité convergente et de validité discriminante, l'erreur systématique et l'erreur aléatoire seront alors peu importantes.

La phase exploratoire de la méthode tente de réduire l'erreur aléatoire, "c’est-à-dire l’exposition de l’instrument aux "aléas tels que les circonstances, l’humeur des personnes interrogées… Elle a donc pour objectif de limiter les réponses aléatoires ne correspondant pas à la véritable position de la personne interrogée" (Y. EVRARD et alii, 1997, op.cit, p. 288). La phase de validation tente de réduire non seulement l'erreur aléatoire, mais aussi l'erreur systématique, liée à la conception des échelles. 392 "It would equally valuable if future studies would employ multiple-item measures of key construct to reduce measurement error. Although research into intentions and self-efficacy has often used multi-item measures, multiple items would increase confidence of researchers at little cost".

Page 216: Intention Entrepreneuriale

213

Figure 17 - Suggested procedure for developing better measures (G.A. CHURCHILL,

1979, p. 66)

Précisons d'emblée que cette méthode n’est pas un cadre méthodologique rigide et

séquentiel. Elle tolère des aménagements en s'adaptant au contexte et aux objectifs de la

recherche. Alors que G.A. CHURCHILL (1979) préconise une double collecte de données

(les étapes 3 et 5), nous n’en avons opéré qu’une seule, sur laquelle nous avons réalisé

l’ensemble de nos analyses393. 393 La première collecte sert à un premier niveau d’analyse de dimensionnalité et de fiabilité (identification de structures factorielles). La deuxième permet d’administrer le même questionnaire mais purifier de ces items inadaptés. Les conséquences prévisibles pour notre recherche seraient d’opérer des analyses sur des variables dont la fiabilité et les validités convergente et discriminante ne sont pas stables.

Specify domain of construct

Generate sample of items

Collect data

Assess reliability

Assess validity

Develop norms

Purify measure

Average and other statistics summarizing distribution of scores

Multitrait-multimethod matrix Criterion validity

Coefficient alpha Split-half reliability

Coefficient alpha Factor analysis

Literature search

Literature search Experience survey Insight stimulating examples Critical incidents Focus groups

Recommended Coefficients or Techniques 1

2

3

4

6

7

8

Collect data

5

Page 217: Intention Entrepreneuriale

214

Les propos suivants décrivent la méthode de G. A. CHURCHILL (1979) en insistant sur

son adaptation à notre cadre de recherche. Elle se subdivise en deux grandes phases :

exploratoire et de validation. A chacune des étapes de cette dernière, il est possible d'opérer

des itérations avec la phase exploratoire pour modifier tout ou une partie du questionnaire.

7.2.1. La phase exploratoire

Cette phase est importante car de la définition et de la traduction des concepts en items

dépendra en partie la qualité de la mesure. La phase exploratoire se décompose en quatre

étapes : la spécification du domaine du construit, la génération d’un échantillon d’items, la

collecte des données et la purification de l’instrument de mesure.

7.2.1.1. Spécification du domaine du construit

La première étape du cadre méthodologique de G.A. CHURCHILL (1979) est

consacrée à la définition des construits394. Dans un premier temps, il s'agit d'identifier de la

façon la plus exhaustive possible, l'ensemble des construits et variables utiles à la

compréhension du problème étudié. Dans un second temps, il est question de retenir pour

chaque variable explicative une définition précise, ou d’en proposer une si la littérature

n’en fournit pas. La conceptualisation, note M. GRAWITZ (1996, p. 348), doit guider la

recherche en lui procurant au départ, un point de vue.

Il convient par ailleurs, poursuit G.A. CHURCHILL (1979), de présenter les courants

théoriques qui ont étudié le problème, de s'inscrire dans l'un d'eux en justifiant son choix.

Ensuite, il doit confirmer les premières idées sur les caractéristiques du phénomène étudié

à travers l'analyse de cas précis. Cette dernière permet alors une meilleure compréhension

du phénomène étudié et aide à l'élaboration des items395.

La revue de la littérature et les réflexions personnelles que nous avons menées

répondent à cette première étape. Nous avons défini tous nos concepts en empruntant à des

394 Le terme "construit" est utilisé, selon Y. EVRARD et alii (1997, op.cit, p. 304), du fait que l'on considère les mesures comme des constructions élaborées sur la base des concepts qui conditionnent notre représentation du sujet étudié. 395 Les consultations d’experts que nous avons menées répondent à cette exigence. .

Page 218: Intention Entrepreneuriale

215

auteurs ou en proposant nos propres acceptions396 ; nous avons argumenté notre cadre

théorique et justifié le rejet des autres théories qui étaient susceptibles de nous servir de

bases397.

7.2.1.2. Génération d'un échantillon d'items

L'objectif ici est d'élaborer un projet de questionnaire. Tout d’abord, le chercheur puise

dans la littérature afin d'identifier toutes les échelles qui ont été élaborées et qui peuvent

être adaptées à ses construits. Il est souvent appelé à construire ses propres échelles, surtout

pour des sujets à caractère exploratoire.

Ensuite, la finalité de cette étape est de tester "la validité de contenu"398 pour améliorer

la construction des échelles, c'est-à-dire s'assurer que les items élaborés dans le projet de

questionnaire pour mesurer le problème étudié appréhendent bien ses différents aspects (J.

IGALENS, P. ROUSSEL, 1998, p. 104). La validation du contenu implique, dans notre

cas, comme le recommande G.A. CHURCHILL (1979), de soumettre le projet de

questionnaire à des experts directement impliqués dans des problématiques

entrepreneuriales en général, et l’enseignement de l’entrepreneuriat en particulier. Nous

avons mené des entretiens avec des universitaires et des professionnels399.

7.2.1.3. Collecte des données

A ce stade de la méthode, le chercheur doit arrêter le mode d'administration du

questionnaire et la taille de l'échantillon. Les techniques d'analyses statistiques

recommandées par G.A. CHURCHILL (1979), notamment l'ACP (Analyse en Composante

Principale), conditionnent en partie la taille de l'échantillon. Selon la rigueur scientifique

qu'il veut imposer à ses résultats, le chercheur définit un échantillon dont la taille peut

396 Cf. supra., p. 178-201, "6.1. Définitions et acceptions des variables explicatives de l'intention entrepreneuriale et hypothèses de recherche". 397 Cf. supra., p. 159-171, "5.1. Le cadre théorique de la recherche". 398 C'est la "validité de consensus" de Y. EVRARD et alii (1997, op.cit, p. 294). 399 Cf. infra, p. 218-219, "7.3. L’enquête qualitative : les consultations d’experts".

Page 219: Intention Entrepreneuriale

216

comprendre 5 à 10 fois plus d'individus qu'il n'y a d'items introduits dans une même ACP.

L’auteur note qu’il est préférable de choisir l’ACP contenant le plus grand nombre d’items.

7.2.1.4. Purification de l'instrument de mesure

Cette ultime étape de la phase exploratoire se propose de purifier les échelles de mesure

de façon quantitative au cours d'un processus par itérations. Dans une première itération

où le chercheur teste la fiabilité et opère des analyses factorielles, les items qui nuisent

à la cohérence interne des échelles, c'est-à-dire à l'identification d'une structure factorielle

claire, sont éliminés ou modifiés. La modification d'un énoncé est nécessaire lorsque l'item

nuit faiblement à la cohérence interne et qu'il procure une information importante.

Dans une deuxième itération où il aura supprimé les items inadaptés, le chercheur

soumettra à nouveau les données recueillies au test de fiabilité, notamment à l'alpha de

Cronbach et aux analyses factorielles.

Une fois terminée la purification des instruments de mesure, une nouvelle version du

questionnaire est alors rédigée si besoin est. Celle-ci est soumise à une deuxième collecte

de données ainsi qu’aux analyses statistiques de la phase de validation.

7.2.2. La phase de validation

Au-delà de la réduction de l'erreur aléatoire qui doit se poursuivre dans la phase de

validation, il est question aussi de réduire l'erreur systématique liée à une mauvaise

conception des instruments de mesure. Cette phase regroupe quatre étapes qui nous mènent

à la confirmation ou à l’infirmation des hypothèses de recherche400.

7.2.2.1. Collecte des données

Ce second recueil de données doit respecter deux conditions au regard des

caractéristiques de l'échantillon. Pour ce qui est de la taille, le chercheur doit reconduire les

normes observées à l'étape 3 de la phase exploratoire. Concernant la composition, il est

400 Pour des raisons de présentation, nous avons regroupé les étapes 6 et 7 de la méthode.

Page 220: Intention Entrepreneuriale

217

souhaitable de choisir un nouvel échantillon afin d'éviter différents biais tels que les effets

de maturité et de désirabilité sociale.

Comme nous l’avons déjà signalé, nous n’avons opéré qu’une seule collecte de

données sur laquelle a porté l’ensemble de nos analyses (les étapes 6 à 8 de la

méthode)401 ; les impératifs de temps ont rendu quasiment impossible une double

collecte402.

7.2.2.2. Estimation de la fiabilité et de la validité

Lors de ces deux étapes, l'objectif principal consiste à tester la stabilité des validités

convergente et discriminante du questionnaire dans le temps et sur un autre échantillon. S'il

se révèle que des items nuisent à l'homogénéité403 et à la cohérence interne des échelles, le

chercheur doit envisager leur élimination définitive.

Le test de validité discriminante concerne non seulement les instruments de mesure

utilisés, mais aussi les construits théoriques développés dans le modèle d'analyse. Cette

validité permet de savoir si les différents items censés mesurer une variable du

modèle ne mesurent effectivement que celle-ci (et pas une autre).

Si cela est vérifié, l'échelle à laquelle appartiennent ces items présente des qualités de

validité discriminante. Du même coup, les construits théoriques sont clairement identifiés

et indépendants les uns des autres. La validité discriminante occupe l'essentiel des travaux

d'analyse dans les tests de validation de questionnaire. Le plus souvent, elle est fondée sur

les analyses factorielles.

7.2.2.3. Développement de normes

Une fois la fiabilité et la validité du questionnaire vérifiées, le chercheur opère des

calculs des scores pour chaque échelle du questionnaire. Les analyses statistiques

401 Cf. supra., p. 212-214, "7.2. Une adaptation de la méthode de G.A. CHURCHILL (1979)". 402 Pour réaliser un deuxième recueil de donnés, il fallait attendre l’entrée universitaire suivante, c’est-à-dire 2002-2003. Notre collecte comme, nous le verrons plus loin, s’est étalée de mars à juin 2002. 403 Ce concept est exposé au chapitre huit, cf. infra., p. 257-260, "8.2.L’homogénéité des échelles".

Page 221: Intention Entrepreneuriale

218

adéquates ont pour objet de confirmer ou d’infirmer les hypothèses. Le développement des

"normes" trouve un intérêt principal dans les comparaisons que l’on peut opérer avec des

études empiriques antérieures ou postérieures.

Si la présence (ou l'absence) de liens entre certaines variables de la recherche est

conforme aux résultats et prédictions issus des théories fondées sur les travaux antérieurs,

alors "la validité nomologique" (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 294), appelée aussi validité

externe, de tout ou partie des concepts développés sera établie.

Précisons que cette validité est fonction des conditions de la comparaison, laquelle

doit tenir compte des différences contextuelles et culturelles. En outre, il est nécessaire que

les modèles théoriques testés soient similaires et que les techniques utilisées pour obtenir

les résultats soient voisines. Ces difficultés propres à l’analyse comparative expliquent la

faiblesse de la validité externe de certaines études, les résultats ainsi obtenus n’étant pas

toujours identiques. Pire encore, il n’est pas rare de se retrouver en situation de

contradiction.

7.3. L’enquête qualitative : les consultations d’experts

Après la recherche documentaire et les réflexions personnelles pour élaborer le projet de

questionnaire, G.A. CHURCHILL (1979) recommande de valider les instruments de

mesure (items) en vérifiant la validité des construits. Il s’agit de consolider, à travers des

consultations d’experts, la validité de contenu de notre projet de questionnaire pour

améliorer la construction des échelles404. Ceci constitue une précaution nécessaire avant

de procéder à toute analyse de dimensionnalité et de fiabilité, et aux traitements sur les

liaisons entre notre variable à expliquer et les variables explicatives.

Cette enquête qualitative a donc pour objectif de juger la pertinence des items à mesurer

chacune des variables retenues dans notre modèle. Autrement dit, il est question de la

validité de ces instruments qui doivent opérationnaliser le mieux possible ces variables. Il

s'agit de répondre à la question, notent Y. EVRARD et alii (1997, p. 294), "Mesure-t-on ce

qu'on cherche à mesurer ?".

404 C’est le cas par exemple de T.M. BEGLEY et alii (1997, op.cit). Ils ont consulté des experts asiatiques dans le domaine de l’entrepreneuriat pour générer des items sur les variables explicatives de l’intention entrepreneuriale.

Page 222: Intention Entrepreneuriale

219

Concrètement, cette enquête que nous qualifions d’"épuration du questionnaire",

nous permettra d'améliorer la compréhensibilité et l’intelligibilité des items en modifiant

ceux qui sont mal adaptés. Elle doit aussi éliminer ceux qui ne sont pas pertinents et

générer des items que la littérature ou nos réflexions personnelles n'ont pas dévoilés.

Notre enquête qualitative se matérialise par des consultations d’experts directement

concernés par des thématiques entrepreneuriales, notamment l’enseignement de

l’entrepreneuriat. Leurs expériences et leurs connaissances de diverses problématiques

entrepreneuriales constituent un apport indéniable dans l’opérationnalisation de nos

hypothèses. Cette enquête revêt donc une importance de premier ordre dans notre

protocole empirique car elle consolide la rigueur scientifique de notre projet.

Nos consultations ont eu lieu en septembre 2001 et janvier 2002, c’est-à-dire avant et

après le premier test du projet de questionnaire. Nous avons contacté 13 universitaires et 4

professionnels, mais l’échantillon final se compose de 12 individus. En effet, 9

universitaires, professeurs, habilités à diriger des recherches et maîtres de conférence en

sciences de gestion, et 3 professionnels ont pris soin de nous répondre. Il est généralement

nécessaire, selon les recommandations de G.A. CHURCHILL (1979), de réunir des

échantillons de 10 à 30 personnes.

Nous avons joint pour chaque (groupe de) question(s) ou échelle(s) l’hypothèse

correspondante. Ainsi, les experts peuvent mieux apprécier l’opérationnalisation de cette

dernière selon sa formulation et son sens. Ces consultations ont été fructueuses tant au

niveau du contenu que des recommandations sur les précautions à prendre pour faciliter la

codification informatique préalable aux analyses statistiques. Cependant, cette enquête

n’a pas remis fondamentalement en cause les intitulés et les items de nos questions.

Notons enfin, dans le volet des consultations, qu’une collègue PRAG d’anglais, nous a

aidé dans la traduction des échelles anglo-saxonnes.

7.4. Le double test du projet de questionnaire

Le test, nous indique M. GRAWITZ (1996, p. 501), permet d’explorer le problème à

étudier sur un échantillon réduit présentant quelques caractéristiques de la population de

Page 223: Intention Entrepreneuriale

220

l’enquête. Il a pour objectif de vérifier la qualité et la pertinence d’un questionnaire. Cette

étape du protocole empirique a pour finalité d’assurer que les questions, telles

qu’elles sont formulées et conçues, sont bien comprises et assimilées par les étudiants,

destinataires finaux de notre enquête.

Le premier test du projet de questionnaire s’est déroulé en novembre 2001 auprès de 23

étudiants de deuxième année de l’ESC Lyon. Nous l’avons opéré en classe, à la fin d’un

cours. Nous avons demandé à chaque individu d’expliquer les raisons des choix de ses

réponses, et d’indiquer les questions qu'il avait mal comprises. Nous avons appréhendé la

manière dont les étudiants interprétaient ces dernières, et vérifié éventuellement celles qui

présentaient des ambiguïtés.

Ce premier test a révélé quelques mauvaises formulations et "incompréhensions". Après

avoir remédié à ces faiblesses en modifiant ou en éliminant certains énoncés, nous avons

élaboré une deuxième version de notre projet de questionnaire. Soumis à une seconde

consultations d’experts, nous l’avons testé à nouveau, à la fin d’un cours en février 2002,

auprès de 42 étudiants en Maîtrise IUP Management et Gestion de l’Université de Rouen.

Pour la taille des échantillons du test, nous répondons largement à un critère formulé

par Y. EVRARD et alii (1997, p. 245). Ces auteurs indiquent qu’elle doit être comprise

entre 12 et 30 individus.

Le test d’un projet de questionnaire offre, en outre, l’avantage d’estimer la durée

de son administration. De manière générale, les répondants ont trouvé celle-ci "correcte".

Des chronométrages ont montré que le temps moyen de réponse avoisinait 20 minutes.

Cette information sera reprise dans la présentation de l’objet du questionnaire en vue de

rassurer les étudiants qui surestiment cette durée à cause de l’effet visuel (le questionnaire

contient sept pages).

Au final, les tests du projet de questionnaire n’ont pas révélé de problèmes

majeurs. Nous nous adressions à des populations estudiantines familiarisées avec le

vocabulaire utilisé. Notre questionnaire a ainsi pris sa forme et son contenu définitifs suite

aux modifications induites par l’enquête qualitative et le double test. Les propos suivants le

présentent en insistant sur les modifications les plus marquantes.

Page 224: Intention Entrepreneuriale

221

7.5. Elaboration du questionnaire

La formulation de la problématique et le cadre théorique sont indispensables pour

défendre une thèse. Cette dernière consiste à délimiter, concevoir et définir ce que le

chercheur souhaite mesurer. Dans une optique hypothético-déductive, le questionnaire

représente, par excellence, l’instrument de mesure de(des) l’objectif(s) de recherche.

Il est le maillon intermédiaire entre la théorie et le terrain ; il construit les outils de mesure

du pan théorique.

L’élaboration du questionnaire exige une rigueur scientifique et un soin extrême.

La construction de la première version s’est étalée d’avril à juillet 2001, soit un peu plus de

3 mois. Entre le projet initial du questionnaire, épuré avec le double test et les

consultations d’experts, et la version finale, six mois se sont écoulés et cinq moutures

différentes se sont succédées.

Notre questionnaire est bâti à partir de huit thèmes cohérents. Il s’appuie sur un plan qui

est agencé non pas selon l’ordre croissant d’émission des hypothèses, mais en respectant

deux critères405. Le premier est dicté par une progressivité qui implique d’aller du plus

simple au plus compliqué. Le second est imposé par une succession logique dans l’ordre

des questions. Au début, l’interviewé doit se familiariser avec le sujet de façon générale,

avant de réfléchir et se prononcer sur des questions plus difficiles. Ainsi par exemple, nous

avons délibérément laissé en dernier les questions relatives aux mesures de l’intention

entrepreneuriale et à la prise de risque.

L’intégralité du questionnaire est joint en annexe 2406. Il compte 34 questions dont un

certain nombre a été repris par B. SAPORTA et A. FAYOLLE (2003)407. Nous avons tenté

d’atténuer l'effet "optique" de longueur en opérant une numérotation par thème (au nombre

405 Pour exemple, la première rubrique a pour objet d’opérationnaliser la variable explicative de l’hypothèse 6b. 406 Cf. infra, p. 415-421, "Annexe 2 : Questionnaire Ecoles de management et gestion et DESS entrepreneuriat et création d’entreprise". 407 Ce questionnaire concerne les étudiants ayant suivi des programmes et formations de spécialisation ou d’accompagnement en entrepreneuriat ou création d’entreprise. Notre démarche comparative nous amène à élaborer un deuxième questionnaire pour des étudiants n’ayant pas suivi ce type d’enseignement (DESS CAAE). Ce dernier, repris en annexe 3, comprend 36 questions Cf. infra, p. 422-428, "Annexe 3 : Questionnaire DESS CAAE". Il présente deux différences avec le premier questionnaire (Cf. infra, p. 228-230, "7.5.2.4. Le cursus entrepreneurial" et p. 239-240, "7.5.3. La fiche signalétique").

Page 225: Intention Entrepreneuriale

222

de 8) et non par question. Le motif est de ne pas afficher le nombre total des questions qui

pourrait éventuellement décourager les répondants.

L’importance du questionnaire en tant qu’instrument de mesure et la recherche

permanente de la rigueur méthodologique nous incitent à détailler, dans les

commentaires suivants, la construction de notre questionnaire rubrique par rubrique. Le

but est de permettre au lecteur d’apprécier sa fiabilité et ses limites. Nous faisons part,

dans ses grandes lignes, de l’épuration qui a résulté des consultations d’experts et du

double test. Avant de présenter les instruments de mesure et la fiche signalétique,

reprenons la rubrique présentant l’objet de notre enquête.

7.5.1. Présentation de l’objet de l’enquête

Selon M. GRAWITZ (1996, p. 502), il est important de ne pas négliger la présentation

de l’objet de l’enquête. L’interviewer doit être conscient que son travail peut souvent

"transgresser" l’intimité et les secrets des enquêtés. Il est utile, poursuit-elle, de sensibiliser

les interviewés sur le caractère académique de l’étude. En effet, parmi ceux-ci, certains

réagiront davantage au sujet, s’il leur paraît indiscret, au fait même d’être interrogés.

Nous présentons l’objet de l’enquête de façon "imprécise". Pour ne pas biaiser les

réponses et éviter tout effet de "désirabilité sociale", une pratique bien connue consiste à ne

pas informer les sujets sur les buts réels de l'étude à laquelle ils participent. Nous avons

simplement signalé son caractère académique et l’impact de la formation et des

expériences personnelles sur les projets professionnels des étudiants.

Nous nous sommes engagés à fournir les résultats de notre recherche. Dans le souci

de réduire les non-réponses, nous avons indiqué la durée approximative de l’enquête.

Ceci est fort souhaitable, indique M. GRAWITZ (1996, p. 502). Il en est de même pour

l’assurance de la confidentialité des réponses, celle-ci étant une règle déontologique

relevant de l'honnêteté intellectuelle. En outre, il semblerait que les sujets soient plus

rassurés. L’introduction à notre enquête est formulée de la façon suivante :

Page 226: Intention Entrepreneuriale

223

Cette enquête est réalisée dans le cadre d'une recherche doctorale. Elle vise à comprendre l'impact de votre formation, ainsi que de vos expériences personnelles, sur votre projet professionnel.

Nous vous tiendrons informés des résultats de cette étude par le biais de votre association des étudiants ou du BDE. Le temps que vous consacrerez à ce questionnaire n’excédera pas 20 minutes. Nous vous assurons que la confidentialité totale de vos réponses sera préservée.

7.5.2. Les instruments de mesure : des emprunts et des constructions personnelles

Les instruments de mesure traduisent nos hypothèses en variables, circonscrites par des

questions de différentes natures, en vue de les confirmer ou de les infirmer. Notre

démarche hypothético-déductive repose sur un ensemble de construits articulés au sein

d’un modèle qui reproduirait une interprétation valide de l'intention entrepreneuriale.

Il n’est pas rare, comme pour notre recherche, de se retrouver en présence de construits

non définis. En effet, note T.M. BEGLEY et alii (1997), parce que peu d’études ont été

conduites sur l’intention entrepreneuriale, qu’il existe peu de construits opérationnalisés408.

La génération des items a conjugué à la littérature nos réflexions personnelles et les apports

des experts. Le principe de base est que, derrière toute hypothèse, il y a une (des)

question(s) qui doit(doivent) l’éclairer avec concision.

Avant d’entamer la présentation des huit rubriques du questionnaire, nous devons faire

au préalable quatre remarques d’ensemble pour nous entourer d’un maximum de

précautions méthodologiques. La première tient à la (l’im)parité des échelles. Nous

n’avons pas trouvé de règle absolue dans la littérature. Nous avons exclu la réponse

médiane pour la totalité des échelles ; nous avons choisi un nombre de points pairs (quatre)

pour éliminer les sans opinions et les positions neutres. Nous voulons impliquer à chaque

fois l’interviewé dans ses perceptions, ses attitudes et ses (dés)accords409.

La deuxième remarque concerne l’intégration de l’item "Autre (merci de préciser)"

pour toutes les échelles et les questions multichotomiques à réponse unifiée ou à choix

multiples. Le but étant de pallier à un éventuel oubli d’une modalité de réponse.

408 "Since few studies have been conducted in this area, few measures exist for the constructs of interest". 409 Il en est de même pour P. DAVIDSSON (1995, op.cit.) dans le test de son modèle de l’intention entrepreneuriale ("All attitudes were measured by four category agree-disagree statements").

Page 227: Intention Entrepreneuriale

224

La troisième remarque s’interroge sur le sens des modalités des échelles. Faut-il

l’alterner ou garder le même ? Là encore, la littérature, notamment M. GRAWITZ (1996),

M. GAUTHY-SINECHAL et M. VANDERCAMMEN (1998) et Y. EVRARD et alii

(1997), révèle des contradictions. Pour éviter l'effet de halo, certains auteurs préconisent

d’inverser les continuums des échelles, s’agissant des questions qui se suivent. L’intérêt est

d'éviter un alignement des réponses sur une même modalité. Les défenseurs de l’unicité du

sens des échelles évoquent le fait qu’il convient de ne pas "déstabiliser" le répondant. Nous

avons pris cette option. Les consultations d’experts nous ont conforté dans cette voie.

La dernière remarque regarde l'ordre de présentation des items dans les questions à

échelles, multichotomiques à réponse unifiée ou à choix multiples. Celui-ci pourrait

influencer les choix des réponses dans la mesure où les items placés au début pourront

avoir une plus forte fréquence d’apparition. Le double test n'a globalement pas montré de

biais induits par cet effet.

7.5.2.1. Les expériences de travail

L’objectif de cette première rubrique est d’opérationnaliser la variable explicative de

l’hypothèse 6b ("les aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec les

responsabilités et la prise individuelle de décisions importantes lors d’expériences

professionnelles (travail ou stage) influencent positivement l’intention entrepreneuriale").

Ceci est fait à travers la question 1.9 pour laquelle nous avons créé la totalité des items

Accessoirement, nous avons formulé des questions (1.1 à 1.8.) pour circonscrire mieux

encore les expériences professionnelles. Nous voulons savoir leur nombre, la nature du

contrat de travail, l’effectif de l’entreprise, le secteur d’activité, la durée et le lieu de

ces expériences. Cette première rubrique contient les questions ci-après :

1. Les expériences de travail 1.1. Avez-vous travaillé en entreprise ? Oui Non (veuillez aller à la question 2.1.) 1.2. Dans combien d’entreprises avez-vous travaillé ?……. TRES IMPORTANT POUR LA SUITE DU QUESTIONNAIRE : MERCI DE LIRE LE PARAGRAPHE CI-DESSOUS EN ENTIER

Page 228: Intention Entrepreneuriale

225

Si vous avez travaillé dans plusieurs entreprises, veuillez nous renseigner, pour les questions 1.3. jusqu’à 1.9. sur l’expérience professionnelle qui vous semble la plus significative en termes de prises de responsabilité et de décision, et d'implication dans un ou une partie d'un projet. 1.3. Quelle était la nature de votre contrat de travail ? CDD CDI Stages Intérim Autre (merci de préciser) ……………... 1.4. Dans quel type d'entreprise ? TPE (-10 salariés) PE (10 à 49 salariés) PME/PMI (50 à 249 salariés) Grande entreprise (250 et +) Autre (organismes publics, parapublics,… : merci de préciser le nombre de salariés)

……… 1.5. Dans quel secteur d'activité ?

Secteur Merci de préciser Services Industrie Nouvelles technologies Autre (merci de préciser)

1.6. Combien de mois a duré votre travail ?………… 1.7. Où avez-vous effectué ce travail ? France Etranger 1.8. Si vous avez répondu "Etranger" à la question 1.7., pour quelles raisons étiez-vous parti ? 1. Opportunité dans le cadre de la formation Oui Non 2. Opportunité professionnelle Oui Non 3. Rejoindre de la famille Oui Non 4. Rejoindre des amis Oui Non 5. Découvrir un autre pays Oui Non 6. Autre (merci de préciser)

1.9. Dans le cadre de votre travail (cochez une case pour chacune des modalités suivantes) : 1. Vous aviez des responsabilités sur des

hommes Aucunement Partiellement Pour une part

importante Totalement

2. Vous aviez des responsabilités sur un budget

Aucunement Partiellement Pour une part importante

Totalement

3. Vous aviez des responsabilités sur des moyens matériels

Aucunement Partiellement Pour une part importante

Totalement

4. Vous aviez à charge de mener ou participer à un projet

Aucunement Partiellement Pour une part importante

Totalement

5. Vous preniez des décisions importantes seul

Aucunement Partiellement Pour une part importante

Totalement

6. Autre (merci de préciser)

Page 229: Intention Entrepreneuriale

226

Les questions 1.7. et 1.8 nous ont été inspirées par le modèle de l’intention

entrepreneuriale de P. DAVIDSSON (1995). L’auteur pose l’hypothèse que les individus

qui voyagent sont plus enclins à créer leur entreprise410.

Deux aménagements majeurs ont été opérés suite aux consultations d’experts et au

double test. Nous avons ajouté le commentaire précédant la question 1.3. et transformé la

question 1.6 en numérique ouverte au lieu de codée.

7.5.2.2. Les centres d’intérêt associatifs

Cette deuxième rubrique traduit la variable explicative de l’hypothèse 6c par les

questions 2.3. et 2.4 ("les aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec les

responsabilités associatives influencent positivement l’intention entrepreneuriale"). Les

responsabilités associatives comme un parcours favorable à la formation de l’intention

entrepreneuriale sont opérationnalisées comme suit :

2. Les centres d'intérêt associatifs 2.1. Dans combien de structures associatives êtes (et étiez)-vous engagé ?………. (Si vous répondez "0" à cette question, veuillez aller à la question 3.1.) 2.2. Dans quel type de structures associatives êtes (et étiez)-vous engagé ? (Vous pouvez cocher plusieurs réponses selon le nombre de vos activités) Association au sein de votre établissement (B.D.E, …) Syndicat Association en dehors de votre établissement Parti politique Conseil d'établissement (lycée, école, université,…) Autre (merci de préciser) ……………………………………………………………….. 2.3. Vous occupez (occupiez) le statut de ? (Vous pouvez cocher les deux réponses si vous occupez (occupiez) les deux statuts) Membre simple Responsable 2.4. Si vous occupez (occupiez) le statut de responsable, lequel ? (Vous pouvez cocher plusieurs réponses selon vos différents statuts) Président Vice-président Secrétaire Trésorier Membre du bureau Membre du Conseil d'administration Autre (merci de préciser) ………………………………………………………………

410 “… However, if experience with radical change increases the probability of founding one’s own firm, then native Swedes who have lived in several different places should be more prone to found businesses than those who have stayed in the same place their entire life”.

Page 230: Intention Entrepreneuriale

227

L’avis d’un expert nous a permis de transformer la question 2.4., qui était ouverte, en

multichotomique à choix multiples.

7.5.2.3. Les modèles d’entrepreneur

A travers cette thématique, nous voulons opérationnaliser l’influence de modèles

d’entrepreneur sur l’intention entrepreneuriale ("hypothèse 5 : la connaissance par les

étudiants de modèles d'entrepreneur qu’ils souhaiteraient imiter agit positivement sur leur

intention entrepreneuriale").

Nous avons trouvé dans la littérature deux travaux qui traduisent cette influence. T.M.

BEGLEY et alii (1997), et T. VOLERY et alii (1997, p. 282) proposent respectivement

"S’intéresser à ceux qui dirigent leurs propres entreprises"411, et "Suivre l’exemple d’une

personne que j’admire"412. Ces items nous ont semblé "réducteurs" pour recueillir les

informations nécessaires aux analyses de notre hypothèse. Nous avons alors développé

nos propres questions (3.1. et 3.4).

Secondairement, nous avons cherché à connaître le nombre des entrepreneurs, à

l’intérieur ou à l’extérieur de l’entourage immédiat (questions 3.2. et 3 .5.), que les

étudiants souhaiteraient imiter. Nous voulons aussi nous informer sur le lien de parenté

avec l’entourage immédiat (questions 3.3.) et avoir quelques exemples d’entrepreneur

en dehors de cet entourage (questions 3.6.). Enfin, il nous a semblé important

d’approfondir l’analyse en considérant les supports médiatiques sur lesquels les étudiants

ont pris connaissance de ces exemples d’entrepreneurs (questions 3.7). Cette thématique

renferme les questions ci-dessous :

3. Les modèles d’entrepreneur 3.1. Y a-t-il des entrepreneurs (professions libérales, indépendants, chefs d'entreprise, créateurs d'entreprise) dans votre entourage que vous souhaiteriez imiter ? Oui Non (veuillez aller à la question 3.4.) 3.2. Combien sont-ils ?…….. 411 "People look up to those who run own firms". 412 "To follow the example of a person I admire".

Page 231: Intention Entrepreneuriale

228

3.3. Qui sont-ils ? (Vous pouvez cocher plusieurs réponses selon le nombre d’entrepreneurs) Parents Frères ou sœurs Autres membres de la famille Amis Autre (merci de préciser) …………………. …………………………….. 3.4. Y a-t-il des entrepreneurs (professions libérales, indépendants, chefs d'entreprise, créateurs d'entreprise) en dehors de votre entourage, que vous souhaiteriez imiter ? Oui Non (veuillez aller à la question 4.1.) 3.5. Combien sont-ils ?…….. 3.6. Veuillez nous donner des exemples……...…………………………………………….. 3.7. Dans quels types de médias les avez-vous connus ? (Vous pouvez cocher plusieurs réponses) Le(s)quel(s) ? 1. Ecrits nationaux 2. Ecrits étrangers 3. Chaînes radios nationales 4. Chaînes radios étrangères 5. Chaînes télévisées nationales 6. Chaînes télévisées étrangères

Les consultations d’experts nous ont conduit à intégrer la question 3.7. Les tests nous

ont révélé qu’il fallait préciser les termes de la question 3.4. Nous avons ainsi reformulé "Y

a-t-il des entrepreneurs en dehors de votre entourage, que vous souhaiteriez imiter ?" en "Y

a-t-il des entrepreneurs (professions libérales, indépendants, chefs d'entreprise,

créateurs d'entreprise) en dehors de votre entourage, que vous souhaiteriez imiter ?".

7.5.2.4. Le cursus entrepreneurial

Cette quatrième thématique a pour but de traduire la variable explicative de

l’hypothèse 6a en échelle ("les perceptions des aptitudes entrepreneuriales que les

étudiants acquièrent avec les programmes et les formations de spécialisation ou

d’accompagnement en entrepreneuriat ou en création d’entreprise influencent positivement

l’intention entrepreneuriale"). Mais avant, notre optique comparative nous amène à filtrer

et à éliminer dans notre échantillon témoin les étudiants qui auraient suivi des programmes

Page 232: Intention Entrepreneuriale

229

et formations de spécialisation ou d’accompagnement en entrepreneuriat ou création

d’entreprise413. Nous les avons à cet effet interrogé de la façon suivante :

4. Le cursus entrepreneurial 4.1. Avez-vous suivi des enseignements obligatoires en entrepreneuriat ou en création d'entreprise ? Oui Lesquels ?…………………………………………………………………………….………………………………………………………………………………………………………. Non 4.2. Avez-vous suivi des enseignements optionnels en entrepreneuriat ou en création d'entreprise ? Oui Lesquels ?…………………………………………………………………………….………………………………………………………………………………………………………. Non Si vous avez répondu par Non aux questions 4.1. et 4.2., veuillez aller directement à la question 5.1.. Si vous avez répondu par Oui à la questions 4.1. et/ou à la question 4.2, veuillez répondre à la question 4.3.

L’ensemble des questions ci-dessus concerne uniquement les étudiants n’ayant pas

suivi des programmes et formations de spécialisation ou d’accompagnement en

entrepreneuriat ou création d’entreprise (DESS CAAE). Il constitue (avec une

modalité de réponse dans une thématique que nous présenterons plus loin) la

première des deux différences dans le contenu de nos deux questionnaires.

Pour opérationnaliser la variable indépendante de l’hypothèse 6a, nous nous sommes

inspirés de l’échelle de L. KOLVEREID (1997 p. 52) et A. TKACHEV et L.

KOLVEREID (1999 p. 276-277)414 que nous avons traduit comme suit :

413 Cet échantillon se compose d’étudiants en DESS CAAE. Cf. infra., p. 244-245, "7.6.2. L’échantillon témoin : la quête d’une homogénéité comparative". 414 "Perceived behavioral control was measured using the following six, 7-point rating scales : (1) "For me, being self-employed would be (1 = very easy, 7 = very difficult)". (2) "If I wanted to, I could easily pursue a career as self-employed (1 = strongly agree, 7 = strongly disagree)". (3) "As self-employed, how much control would you have over the situation ? (1 = absolutely no control, 7 = complete control)". (4) "The number of events outside my control which could prevent me from being self-employed are (1 = very few, 7 =

Page 233: Intention Entrepreneuriale

230

4.3. Les enseignements spécifiques à la création d'entreprise que vous avez suivis font que (cochez une case pour chacune des modalités suivantes) : 1. devenir créateur d'entreprise me serait Très difficile Difficile Facile

Très facile

2. si je voulais, je pourrais facilement poursuivre une carrière de créateur d'entreprise

Pas du tout d'accord

Plutôt pas d'accord

Plutôt d'accord

Tout à fait d'accord

3. comme créateur d'entreprise, j'aurais un contrôle de la situation

Absolument aucun

Peu de contrôle

Beaucoup de contrôle

Contrôle total

4. le nombre d'événements qui ne seraient pas sous mon contrôle, et qui pourraient m'empêcher de devenir créateur d'entreprise est

Très peu élevé Peu élevé Elevé Très élevé

5. si je deviens créateur d'entreprise, les chances de réussite de mon entreprise seront

Très fortes

Fortes

Faibles Très faibles

Suite aux résultats de consultations d’experts, nous avons éliminé l’item 6 "si je deviens

créateur d'entreprise, les chances d’échec de mon entreprise seront…"415 car il semble

redondant avec l’item 5.

7.5.2.5. Les attitudes entrepreneuriales

Dans un premier temps, cette cinquième rubrique souhaite d’opérationnaliser le

facteur explicatif de l’hypothèse 1 par l’intermédiaire de la question 5.1 ("l'existence

d'une idée, ou d'un projet d'entreprise plus ou moins formalisé influence positivement

l'intention entrepreneuriale des étudiants"). Il nous a semblé utile de nous enquérir de

l’origine de l’idée ou du projet (question 5.3.) et de savoir si ceux-ci sont nés avant ou

après l’intégration de la formation entrepreneuriale (question 5.2.).

Dans un second temps, cette rubrique se donne pour finalité de transcrire les questions

et les échelles (5.4. et 5.5) capables d’appréhender la variable de l’hypothèse 2 ("la

recherche d'informations dans le but de formaliser certains aspects de l'idée ou du projet

d'entreprise influence positivement l'intention entrepreneuriale des étudiants"). Nous les

avons créées nous-même.

numerous)". (5) "If I become self-employed, the chances to success would be (1 = very low, 7 = very high)". (6) "If I pursue a career as self-employed, the chances of failure would be (1 = very low, 7 = very high)". 415 "If I pursue a career as self-employed, the chances of failure would be".

Page 234: Intention Entrepreneuriale

231

La question 5.6. conduit les étudiants à nous renseigner sur quelques aspects de leurs

idées ou projets. Il s’agit de vérifier la véracité de ces derniers comme prolongement

logique à la question 5.1. La question 5.7. sert à appréhender l’échéance de

concrétisation des idées ou projets détenus par les étudiants. Le groupe de questions

qui renvoie aux attitudes entrepreneuriales est formulé de la façon suivante :

5. Les attitudes entrepreneuriales 5.1. Avez-vous une idée ou un projet d'entreprise ? Oui Non (veuillez aller à la question 8.1.) 5.2. Cette idée ou projet d'entreprise est-il(elle) né(e) avant ou après que vous ayez suivi les enseignements spécifiques à l’entrepreneuriat et à la création d’entreprise ? Avant Après 5.3. Comment cette idée ou projet est-il(elle) né(e) ? 1. Suite à des rencontres avec des entrepreneurs Oui Non 2. Suite à un projet mené pendant votre formation antérieure Oui Non 3. Suite à un projet mené pendant votre formation actuelle Oui Non 4. Suite à un emploi, à un stage Oui Non 5. En lisant la presse spécialisée Oui Non 6. Suite à un séjour à l'étranger Oui Non 7. Autre (merci de préciser)

5.4. Consacrez-vous actuellement du temps à la recherche d’informations pour mieux formaliser les aspects suivants de votre idée ou projet d'entreprise ? (Cochez une case pour chacune des modalités suivantes) 1. Le marché Pas du tout Peu

conséquent Conséquent Très

conséquent 2. Le produit (bien ou service) Pas du tout Peu

conséquent Conséquent Très

conséquent 3. Le montage du plan d'affaires Pas du tout Peu

conséquent Conséquent Très

conséquent 4. Autre (merci de préciser)

5.5. Auprès de qui ? 1. Organismes spécialisés dans l'aide à la création et à la reprise

d'entreprise Oui Non

2. CCI Oui Non 3. Agence Pour la Création d'Entreprise Oui Non 4. Chambre des métiers Oui Non 5. Organisations professionnelles Oui Non 6. Enseignants de votre établissement Oui Non 7. Autre (merci de préciser)

Page 235: Intention Entrepreneuriale

232

5.6. Pourriez-vous nous renseigner sur les aspects suivants de votre idée ou projet d'entreprise ? (Cochez une case pour chacune des modalités suivantes) 1. Avez-vous une idée de vos futurs clients ? Pas du tout

Précise Plutôt pas

précise Plutôt précise

Tout à fait précise

2. Avez-vous une idée de vos besoins financiers au démarrage ?

Pas du tout Précise

Plutôt pas précise

Plutôt précise

Tout à fait précise

3. Avez-vous une idée de vos concurrents ? Pas du tout Précise

Plutôt pas précise

Plutôt précise

Tout à fait précise

4. Avez-vous une idée de vos besoins en ressources humaines au démarrage ?

Pas du tout Précise

Plutôt pas précise

Plutôt précise

Tout à fait précise

5.7. Dans combien de temps pensez-vous concrétiser votre idée ou projet en créant votre entreprise ? Moins d’un an Entre 1 et moins de 3 ans Entre 3 et 5 ans Plus de 5 ans

Un expert nous a aidé à transformer la question 5.6. Complètement ouverte au départ,

elle s’énonçait dans les terme suivants : "Veuillez nous décrire votre idée ou projet

d’entreprise…………".

7.5.2.6. Les motivations de concrétisation

Cette sixième thématique a pour objet de traduire en échelle les facteurs explicatifs

de des hypothèses 3a ("le besoin d'accomplissement est une motivation qui influence

positivement l’intention entrepreneuriale des étudiants") et 3b ("la recherche de

l'autonomie est une motivation psychologique qui influence positivement l’intention

entrepreneuriale des étudiants").

"Pour appréhender la motivation", note D. DRILLON (1995, p. 26 et 45), "il faut viser

des informations profondes et complexes difficiles à exprimer et donc à saisir". Les

motivations sont une composante essentielle de notre modèle. Elles peuvent être perçues à

travers des facteurs capables de l'activer. Le premier d’entre eux que nous avons retenu est

le besoin d’accomplissement pour lequel il existe plusieurs échelles. R. J. BRADLEY

(1990, p. 41-43) note que huit échelles ont été développées pour mesurer le n Ach des

entrepreneurs. Ce nombre atteste de la différence dans la mesure du construit416.

416 "The number of different measures attests to the popularity of the study of the motive, but, more importantly, to the variability of definition and disagreement about measurement … In the studies, reviewed for this paper is a considerable variability in the "entrepreneurial" samples studied, different

Page 236: Intention Entrepreneuriale

233

Pour notre part, nous avons recensé les échelles de E. AUTIO et alii (1997, p. 147)417, de

P. DAVIDSSON (1995)418 et R. LYNN (1969, p. 529)419. Cette dernière, souvent utilisée en

GRH, s’applique aux choix et à la gestion des carrières ; elle est mal adaptée pour des

populations en cours d'études. Nous n’avons pas non plus retenu les deux premières car,

telles qu’elles sont formulées, elles ne paraissent pas répondre à des motivations de

concrétisation de projet. Celle de P. DAVIDSSON (1995) nous semble particulièrement

mal conçue car l’enquêté doit se référer à une "moyenne" (average) qu’il ne peut pas

toujours apprécier.

R.J. BRADLEY (1990, p. 47) relève que les échelles TAT (Thematic Apperception

Test) de D.C. Mc CLELLAND et EPPS (The Edwards Personal Preference Schedule) de

A.L. EDWARDS sont les plus utilisées pour mesurer le n Ach dans le champ de

l’entrepreneuriat420. Appliqué à une population d’entrepreneurs, le TAT de D.C. Mc

CLELLAND (1961, 207) montre que ceux possédant un "fort" besoin d'accomplissement

manifestent les caractéristiques suivantes :

1. la prise de risque comme une fonction de compétence ;

2. l'activité contribuant au dynamisme et/ou à l'originalité ;

3. la responsabilité individuelle ;

4. la connaissance des résultats des décisions, l'argent étant la mesure de ces résultats ;

5. l'anticipation du futur421. operationalizations of achievement motivation, and a lack of consistency in the measurement of the achievement motive". 417 “I like to take initiative, and make things happen, even if this would mean greater stress and longer working hours. I am always trying to accomplish new things, to do better than the average”. 418 “I find it hard to understand people who always keep on striving towards new goals although they have already achieved all the success they could possibly have imagined (rev). To face new challenges and to manage to cope with them is extremely important to me. I always try to succeed and accomplish something more than average. I ‘m probably a bit pushing and try to improve all the time”. 419 "Do you find it easy to relax completely when you are on holiday ? Do you feel annoyed when people are not punctual for appointments ? Do you dislike seeing things wasted ? Do you like getting drunk ? Do you find it easy to forget about your work outside normal working hours ? Would you prefer to work with a congenital but incompetent partner, rather than with a difficult highly competent one ? Does inefficiency make you angry ? 420 “Mc Clelland's TAT has been more used extensively than any other single measure… The achievement subscales of the Edwards Personal Preference Schedule (EPPS) is the second most frequently used measure of achievement motivation in entrepreneurship research (Edwards, 1959)". 421 " Modern risk-taking as a function of skill not chance ;

Page 237: Intention Entrepreneuriale

234

Nous avons retenu parmi celles-ci la troisième (la responsabilité individuelle) et la

quatrième (la connaissance des résultats des décisions, l'argent étant la mesure de ces

résultats)422. Gagner plus d’argent est une motivation qui revient souvent comme facteur

amenant les individus à se vouloir entrepreneurs (L.-J. FILION, 1997 ; T. VOLERY et alii,

1997, p. 283).

Ainsi, nous avons construit notre propre échelle en conjuguant les deux caractéristiques

de D.C. Mc CLELLAND (1961) avec les motivations de vouloir aller au bout d’une idée

ou d’un projet, d’avoir du pouvoir423 et de relever un défi. Cette échelle renferme les 5

items suivants :

6.1. Dans quelles mesures les affirmations suivantes vous motiveraient-elles pour la mise en œuvre de votre projet ? (Cochez une case pour chacune des modalités suivantes) Pas du tout

d'accord Plutôt pas d'accord

Plutôt d'accord

Tout à fait d'accord

1. Je prendrai des responsabilités 2. Je gagnerai plus d'argent 3. Je me réaliserai en tant qu'être humain (j’irais

jusqu'au bout de mon idée ou de mon projet)

4. J’aurai du pouvoir 5. J’ai à cœur de relever un défi

Cette thématique souhaite aussi opérationnaliser la variable explicative de

l’hypothèse 3b. Là encore, plusieurs échelles ont été développées pour mesurer la

recherche de l’autonomie, notamment celles de E. AUTIO et alii (1997, p. 147)424 et P.

DAVIDSSON (1995)425. Nous ne les avons pas adoptées car nous pensons que telles

energetic and/or novel instrumental activity ; Individual responsibility ; knowledge of results of decisions ; money as a measure of results ; and anticipation of future possibilities". 422 La première caractéristique (la prise de risque comme une fonction de compétence) se retrouve sous une autre forme dans l’hypothèse 4. 423 Notre acception du pouvoir rejoint celle de R.-J. VALLERAND (1994, p. 683). Il implique une forme d’épanouissement. Selon cet auteur, il est associé à l'idée de force ; c'est la capacité d'influencer autrui même contre son gré. 424 "Working for an established employer is more important for me than freedom to pursue my own ideas. I prefer employment security, even if I would have less autonomy". 425 “ When I am in a group I am happy to let someone else take the lead (rev). I think I’ve found it harder than others to let authorities like parents, teachers, and superiors control me. I usually do what is expected of me and follow instructions (rev). I usually trust my own judgement and do not care much about what others say or think”.

Page 238: Intention Entrepreneuriale

235

qu’elles sont énoncées, elles ne contiennent pas des motivations de concrétisation de

projet.

Selon T. VOLERY et alii (1997, p. 282), l’autonomie d’un entrepreneur reflète sa

volonté d’être indépendant, son désir d’être son propre chef426. En tenant compte de cette

forme d’expression de la recherche d’autonomie, nous l’avons opérationnalisée par les

deux items suivants :

6.1. Dans quelles mesures les affirmations suivantes vous motiveraient-elles pour la mise

en œuvre de votre projet ? (Cochez une case pour chacune des modalités suivantes) Pas du tout

d'accord Plutôt pas d'accord

Plutôt d'accord

Tout à fait d'accord

6. Je serai autonome (être mon propre chef) 7. J’aspire à plus de liberté 8. Autre (merci de préciser)

7.5.2.7. La disponibilité des ressources

Cette septième rubrique souhaite traduire en items la variable explicative de

l’hypothèse 7 ("les perceptions de disponibilité des ressources - informations et conseils,

finances - influencent positivement l’intention entrepreneuriale"). Nous avons construit

notre propre échelle en nous appuyant sur des facteurs contingents analysés au

troisième chapitre427. Nous avons alors distingué les ressources financières subdivisées en

trois catégories (financement bancaire, capital-risque et fonds de proximité : items 1, 2

et 3), et les ressources en informations et conseils en vue de mettre en œuvre l’idée ou le

projet d’entreprise (items 4 et 5). L’échelle relative aux perceptions des ressources est

formulée par les items suivants :

426 “Autonomy reflects the willingness of entrepreneurs to be independent… The desire to be one’s own boss further reflects this autonomy”. 427 Cf. supra., p. 111-121, "3.2.3. Les systèmes d’appui et de soutien à la création d’entreprise".

Page 239: Intention Entrepreneuriale

236

7.1. Dans quelle mesure les facteurs suivants feraient-ils obstacles à la mise en œuvre de votre idée ou projet d’entreprise ? (cochez une case pour chacune des modalités suivantes) Pas du tout

d'accord Plutôt pas d'accord

Plutôt d'accord

Tout à fait d'accord

1. La difficulté à obtenir un financement bancaire 2. La difficulté à attirer les capital-risqueurs 3. La difficulté à réunir des fonds de proximité (amis,

famille)

4. La difficulté à trouver les informations dont j’aurais besoin pour mieux formaliser mon idée ou mon projet

5. La difficulté à trouver les conseils dont j’aurais besoin pour mieux formaliser mon idée ou mon projet

6. Autre (merci de préciser)

Initialement, nous voulions que les interviewés classent ces 5 obstacles par ordre

croissant de difficulté pour la mise en œuvre de leurs projets. La question 7.1. s’énonçait

alors : "Classez par ordre d'importance les facteurs suivants selon la difficulté qu’ils

représenteraient pour la mise en œuvre de votre projet (notez 1 pour le plus important des

cinq, et 5 pour le moins important des cinq) ?". Le premier test auprès des étudiants de

l'ESC Lyon a montré les difficultés qu’il y a à classer ces 5 items. Nous avons éliminé le

classement par ordre d’importance.

7.5.2.8. Le choix de carrière

Cette thématique est le champ d’exploration de deux objectifs. Le premier est

d’appréhender la variable à expliquer, l’intention entrepreneuriale. Comme nous

l'avons souligné lors de l'approche du concept de l’intention, celle-ci est de deux types : les

intentions d’adopter un comportement souhaité et les intentions de choix428. Le but ici est

d’opérationnaliser ces dernières, c’est-à-dire les intentions de choix de carrière des

étudiants. Celles-ci peuvent être entrepreneuriales ou salariales.

Nous avons relevé dans la littérature plusieurs opérationnalisations de l’intention

entrepreneuriale. Nous citerons entre autres, T.M. BEGLEY et alii (1997)429, J.M. CRANT

428 Cf. supra., p. 53-59, "1.4.2. Le questionnement principal de la recherche : l'intention entrepreneuriale". 429 "I intend to start my own business firm within the next ten years" ; "I have no intention of starting my own firm in the future (the latter was reverse scored)".

Page 240: Intention Entrepreneuriale

237

(1996, p. 45)430, P. DAVIDSSON (1995)431, A.F. DE NOBLE et alii (1999)432, L.

KOLVEREID (1997, p. 50-51)433 et R. RAIJMAN (2001, p. 401)434. Exceptée cette

dernière, celles-ci sont toutes des "variantes" de celle utilisée par I. AJZEN et M.

FISHBEIN (1980)435. L’échelle de ces deux auteurs a donc fait la preuve de sa

dimensionnalité et de sa fiabilité dans ces diverses études. Nous l’avons adoptée et traduite

de la manière suivante :

8.1. Dans les cinq prochaines années (Cochez une case pour chacune des modalités

suivantes) 1. la probabilité que vous créiez votre entreprise

est Très Faible Faible Forte Très forte

2. la probabilité que vous poursuiviez une carrière de salarié est

Très Faible Faible Forte Très forte

3. si vous devez choisir entre créer votre entreprise et être salarié, vous préféreriez

Certainement être salarié

Plutôt être

salarié

Plutôt créer mon

entreprise

Certainement créer mon entreprise

Le deuxième objectif de cette rubrique est d’opérationnaliser la variable explicative

de l’hypothèse 4 ("la propension à la prise de risque influence l’intention entrepreneuriale

des étudiants"). La revue documentaire nous a révélé une seule opérationnalisation de la

430 "Entrepreneurial intentions : three items, including "I will probably own my own business one day" and "It is likely that I will personally own a small business in the relatively future", were developed to measure this variable using a seven-point Likert format". 431 “It should be added here that the ultimate dependent variable, intention, was measured by an index of three questions : “Have you ever considered founding your own firm?” (with three response categories from “never occurred to me” to “have seriously considered”) and “How likely do you consider it to be, that one [five] year[s] from now you run your own firm?“ (five response categories “not likely at all” to “dead certain”)”. 432 "We also measured participants' intention to start their own business using a four-item scale developed by Krueger, and al. (1999). An example of one item is : "How likely it is that you are going to start your own business in the next five years ? All four items were measured based on a 5-point scale ranging from Extremely unlikely (1) to Extremely likely (5)". 433 L’auteur a repris l’échelle de I. AJZEN et M. FISHBEIN (1980) dans son intégralité. Il cite : "As Ajzen and Fishbein (1980) have pointed out, choice intentions of this kind can be explained in terms of the intentions to perform each of the alternatives involved". 434 "On a scale form 1 to 5, where 5 is the most desirable and 1 is the least desirable, tell me how each of the following activities rank in your mind :

"Working for the government" ; "Working for a large company" ; "Having your own business" ; "Being a Farmer" ; "Working for a small company" ; "Working in hospital "".

435 "(1) "If you would to choose between running your own business and being self-employed by someone, what would you prefer ? (1 = Would prefer to be employed by someone ; 7 = Would prefer to be self-employed) ; (2) "How likely is that you would pursue a career as self-employed?" (unlikely – likely. (3) "How likely is it that you will pursue a career as employed in organization ?" (likely – unlikely)".

Page 241: Intention Entrepreneuriale

238

propension au risque, en l’occurrence celle de R. RAIJMAN (2001, p. 401)436. Nous

l’avons rejetée car elle nous semble assez "pauvre" pour appréhender les différentes

facettes de notre hypothèse.

Nous avons bâti notre propre échelle pour mesurer la propension à la prise de risque.

Nous avons traduit cette dernière par les perceptions qu’ont les étudiants des

conséquences de la disparition de l’entreprise qu’ils seraient amenés à créer. Ceci

nous a été inspiré, comme nous l’avons signalé précédemment, par R.H. BROCKHAUS

(1982, p. 47)437.

Ces perceptions peuvent se manifester de deux manières. La première serait l’échec qui

se déclinerait en trois aspects. Financier tout d'abord (item 1), car créer exige d'engager

des ressources propres, et éventuellement celles de ses proches. En cas de faillite, la

conséquence en serait le remboursement des dettes des années durant. Social ensuite (item

2), car souvent la société française sanctionne négativement les créateurs qui "échouent".

Personnel enfin (item 3), car les étudiants qui n’auraient pas su mener à terme ou

pérenniser un projet peuvent avoir des perceptions négatives d’eux-mêmes.

Aux antipodes de l’échec, une deuxième forme de perceptions, qualifiées de "positives",

peut se développer suite à une faillite ; ses conséquences peuvent être perçues par les

étudiants de deux manières. La première serait une expérience enrichissante pour

renouer avec d’autres aventures entrepreneuriales (item 4). La seconde serait un vécu

professionnel à faire valoir pour la suite de leur carrière (item 5), comme le signalent

A. SHAPERO et L. SOKOL (1982, p. 85)438. Ainsi, les items relatifs aux perceptions de la

disparition des entreprises en tant que conséquence de la prise de risque sont formulés

comme suit :

436 ""Would you be willing to risk your possessions to start a business ? (Willing - Very Willing)" ; "To start your own business is a risk thing (Disagree - Strongly Disagree)". 437 Cf. supra., p. 192-194, "6.1.2.2. La propension à la prise de risque : les perceptions des conséquences de la disparition de l’entreprise". 438 "Failures apparently do not shake the credibility of the company formation act, but may even reinforce its credibility and serve as a learning experience".

Page 242: Intention Entrepreneuriale

239

8.2. Si un jour vous créez votre entreprise, pour vous, son échec éventuel serait avant tout

(Cochez une case pour chacune des modalités suivantes) : Pas du tout

d'accord Plutôt pas d'accord

Plutôt d'accord

Tout à fait d'accord

1. Un échec financier 2. Un échec social 3. Un échec personnel 4. Une expérience utile pour une autre aventure

entrepreneuriale

5. Une expérience utile pour la suite de votre carrière professionnelle

6. Autre (merci de préciser)

7.5.3. La fiche signalétique

Il est d’usage que les renseignements signalétiques soient laissés à la fin du

questionnaire. Les variables que nous avons sélectionnées sont essentiellement descriptives

et se répartissent en trois groupes. Le premier concerne les données d’identification.

L’intérêt est d’opérer des analyses socio-démographiques et des segmentations (sous-

échantillonnages). Ce groupe contient le nom et le prénom dans la perspective d’une

étude longitudinale sur le lien intention-acte de création439, le sexe, l’âge, la nationalité, le

type de formation (initiale ou continue) et enfin l’établissement fréquenté.

Dans un deuxième groupe, nous interrogeons les étudiants sur le diplôme obtenu avant

d’intégrer les formations actuelles ("L'admission à cette formation s’est faite après : … ").

Enfin, dans le dernier groupe, sous une forme dichotomique, nous avons voulu connaître

les motivations qui les ont poussés à choisir ces formations de troisième cycle

("Pourquoi avez-vous intégré ce diplôme ?").

Dans ce dernier groupe, nous avons ajouté une modalité de réponse uniquement pour les

étudiants suivant des programmes et formations de spécialisation ou d’accompagnement en

entrepreneuriat ou création d’entreprise. Il s’agit de "4. Me donner les connaissances

439 Tout en garantissant la confidentialité, nous pourrons retrouver les individus à l’aide, par exemple, des fichiers d’associations d'anciens élèves.

Page 243: Intention Entrepreneuriale

240

nécessaires pour développer mes aptitudes entrepreneuriales". Celle-ci constitue la

seconde différence de contenu entre les deux questionnaires. Notre fiche signalétique

reprend donc les intitulés suivants :

Nom (facultatif) :…………………. Prénom (facultatif) :…………………………. Sexe : M F Age :…… Nationalité :…………………….……Type de formation : initiale continue Etablissement :………………………….. L'admission à cette formation s’est faite après : La(les)quelle(les) 1. Obtention d’une maîtrise 2. Obtention d’un diplôme d’ingénieur 3. Validation d’acquis professionnels 4. Autre (merci de préciser)

Pourquoi avez-vous intégré ce diplôme ? 1. Compléter une formation technique par une formation en gestion Oui Non 2. Approfondir mes connaissances en gestion Oui Non 3. Découvrir une discipline qui m’intéresse Oui Non 4. Me donner les connaissances nécessaires pour développer mes aptitudes

entrepreneuriales Oui Non

5. Autre (merci de préciser)

La construction et la composition du questionnaire ainsi détaillées, nous allons procéder

à la présentation des modes opératoires d’échantillonnage et de recueil des données.

7.6. Méthode d’échantillonnage et composition des populations observées

L’une des difficultés majeures de notre méthodologie empirique consiste à définir les

caractéristiques de notre base de sondage. L’interrogation porte sur le choix entre deux

populations. La première est composée de jeunes entrepreneurs et de salariés qui

auraient suivi, il y a cinq ans au plus, un programme ou une formation de spécialisation ou

d’accompagnement en entrepreneuriat ou création d’entreprise. La seconde population

comporte un ensemble d’étudiants de troisième cycle (bac+5) suivant le même type de

cursus. Ces sujets sont à quelques mois, voire quelques semaines, d’entamer leur carrière

professionnelle, donc manifestent une large variété d'intentions de carrière.

Page 244: Intention Entrepreneuriale

241

Nous avons rejeté la première alternative car les attitudes, normes subjectives et

perceptions sont susceptibles d’évoluer dans le temps. Les effets des socialisations

professionnelle et organisationnelle ne sont souvent pas neutres440. En outre, décrire et

expliquer des événements qui se seraient produits il y a cinq ans peut représenter un

sérieux handicap pour la mémoire des enquêtés. A cet effet, N.F. KRUEGER et A.L.

CARSRUD (1993, p. 327) nous confortent dans le choix de la seconde population en

indiquant qu’une démarche rétrospective n’est pas pertinente pour l’étude de l’intention

comportementale441.

Le choix d’étudiants de troisième cycle suivant des formations et des programmes

à dominante "entrepreneuriale" s’explique par le fait que ces derniers sont des contextes

qui laissent supposer que les attitudes, les normes subjectives et les perceptions peuvent se

développer et renforcer l’intention entrepreneuriale.

En France, les écoles de management et de gestion, les écoles d'ingénieurs et, à un degré

moindre, les établissements universitaires (Instituts d’Administration des Entreprises,

départements de Sciences Economiques et d’Administration Economique et Sociale), sont

les structures qui ont le plus instauré des programmes ou des formations en entrepreneuriat.

En nous attachant à repérer des similitudes à l’intérieur de groupes "homogènes",

nous avons exclu de nos enquêtes les écoles d’ingénieurs. Non pas que le "goût" pour

l'innovation et la création d'entreprise soit l’apanage des seuls étudiants de gestion ou de

sciences économiques et d’administration économique et sociale, mais il se trouve que

l’accès au terrain nous était plus facile dans ces conditions. En outre, intervenant nous-

même dans le DESS "Entrepreneuriat et nouvelles activités" de l’IAE de Rouen, il nous a

paru opportun de tester notre modèle et vérifier l’impact de la formation sur nos propres

étudiants.

440 Le modèle de l’intention entrepreneuriale que nous avons élaboré aurait été bien évidemment différent. Cf. supra., p. 201-203, "6.2. Un modèle explicatif de l'intention entrepreneuriale inspiré du cadre des dimensions sociales de l'entrepreneuriat de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982) et fondé sur la théorie du comportement planifié de I. AJZEN (1991)". 441 "For intentional behaviors, hindsight is not perfect".

Page 245: Intention Entrepreneuriale

242

7.6.1. La population de référence : un échantillon de convenance

La possibilité de vérifier des hypothèses à partir de faits observés est caractéristique de

toute démarche scientifique. Il est question d’obtenir des résultats généralisables ayant la

portée la plus vaste possible (M. GRAWITZ, 1996, p. 500). Ainsi, nous avons visé

l’exhaustivité. Notre base de sondage est constituée de l’ensemble des établissements

universitaires - IAE et départements Sciences Economiques et AES - et des écoles de

management et gestion assurant des programmes et des formations de spécialisation ou

d’accompagnement en entrepreneuriat ou création d’entreprise (niveau bac+5). Ceux-ci

peuvent être diplômants (DESS pour les établissements universitaires, mastères pour les

écoles de management et gestion), ou non ("programmes", "majeures" ou "options" pour

les écoles de management et gestion).

Dans un premier temps, nous avons recherché toutes les composantes universitaires et

les écoles de management et gestion assurant ce type d’enseignement. La requête s’est faite

essentiellement sur Internet. Sur dix formations universitaires (DESS)442, la moitié de

leurs responsables a bien voulu donner suite à notre demande.

Pour les écoles de management et gestion, nous avons localisé sur les sites de "La

Conférence des Grandes Ecoles" et de la "FNEGE", 28 établissements dispensant un

enseignement en entrepreneuriat ou en création d’entreprise. 17 répondent aux

caractéristiques que nous recherchons (bac+5 ; formations diplômantes, "programmes",

"majeures" et "options"). Mais seuls 6 (35,3%) responsables de diplôme ont répondu

favorablement à notre sollicitation.

Au total nous avons recueilli 178 questionnaires entièrement exploitables. 76

(42,7%) proviennent d’établissements universitaires et 102 (57,3%) d’écoles de

management et gestion. La ventilation de notre échantillon de référence par intitulé et

composante de diplôme se décline de la manière suivante :

442 Cf. supra., p. 137, "Tableau 2 : DESS de Gestion orientés entrepreneuriat ou création d'entreprise".

Page 246: Intention Entrepreneuriale

243

Intitulés et composantes des DESS à dominante entrepreneuriat ou

création d’entreprise

Nombre de

questionnaires

exploitables

Création d'entreprise et gestion de projets innovants (IAE Bordeaux IV) 13

Entrepreneuriat et nouvelles activités (IAE Rouen) 13

Gestion et Management des PME (IAE Nantes) 14

Entrepreneuriat et Développement de PME (IAE Metz) 15

Création et Gestion des PME (Faculté de droit, Paris V) 21

Total 76

Intitulés et composantes des diplômes "Ecoles de management et

gestion"

Mastère "Entrepreneurs" (ESC Paris-EAP) 6

"Majeure Entrepreneur" (EDHEC Nice) 8

Mastère "Création d’entreprise et Entrepreneuriat" (ESC Lille) 10

Programme ESC (EM Lyon) 22

Mastère "Entrepreneurs" (ESC Grenoble) 23

Option "Entrepreneurs" (ESC Le Havre) 33

Total 102

Tableau 3 - Répartition de l’échantillon de référence par intitulé et composante des

diplômes

18 questionnaires ont été administrés aux étudiants de l’IAE de Nantes et 25 à ceux de

l’EM Lyon. Respectivement 4 et 3 étaient peu ou pas du tout exploitables. La composition

de notre échantillon "cible" présente, nous semble-il, une bonne diversité entre universités

(5 établissements) et écoles de management (6 établissements). Cette population observée

est qualifiée d’échantillon de convenance car tous les établissements qui recèlent les

caractéristiques recherchées ont été sollicités. L’exhaustivité n’a pas été réalisée à cause

des non-réponses ou du refus pur et simple de responsables de diplôme.

Page 247: Intention Entrepreneuriale

244

7.6.2. L’échantillon témoin : la quête d’une homogénéité comparative

L’adoption de la démarche comparative nous amène à constituer un deuxième

échantillon, appelé échantillon témoin. Le critère distinctif par rapport à l’échantillon

de référence est le non-suivi d’un programme ou d’une formation de spécialisation ou

d’accompagnement en entrepreneuriat ou création d’entreprise.

Pour respecter une certaine homogénéité dans la comparaison, nous avons pris un

échantillon témoin présentant globalement des caractéristiques similaires à l’échantillon de

référence. Celles-ci sont le niveau de diplôme (bac+5), les disciplines enseignées (sciences

de gestion) et les débouchés professionnels. Il s'agit de rechercher une contingence au

sein de chacun des deux "univers sociaux semblables". Notre choix s’est porté sur des

étudiants en DESS CAAE.

Nous avons répertorié, sur le site Internet du réseau des IAE, 27 CAAE. Nous avons

effectué un sondage aléatoire avec un tirage au sort sans remise. Nous sommes donc en

présence d’"un échantillon aléatoire simple", selon Y. EVRARD et alii (1997, p. 177).

La quête d’homogénéité nous a conduit aussi à constituer une population témoin de

taille équivalente à celle de l’échantillon de référence (178). Les cinq premiers

établissements tirés au sort ont suffi pour répondre à cette exigence. En effet, nous avons

arrêté le recueil de données dès que l’échantillon a atteint une taille voisine de 178. Nous

avons collecté 183 questionnaires, dont 176 exploitables. La répartition de notre

échantillon par composante se présente comme suit :

Page 248: Intention Entrepreneuriale

245

Composantes (IAE) des DESS CAAE Nombre de questionnaires exploitables

Amiens 13

Tours 26

Rouen 28

Nantes 48

Caen 61

Total 176

Tableau 4 - Répartition de l’échantillon témoin par intitulé et composante des

diplômes

Nous avons reçu 15 questionnaires de l’IAE d’Amiens et 29 de celui de Tours.

Respectivement 2 et 3 questionnaires étaient peu ou totalement inexploitables. Nous avons

éliminé 2 questionnaires de l’IAE de Caen car les étudiants concernés avaient suivi des

enseignements de sensibilisation ou de spécialisation en création d’entreprise.

En résumé, nos échantillons de référence et témoin se présentent comme suit :

DIPLOME Nombre d’étudiants

en %

DESS, formations ou programmes en écoles de management et

gestion en création d’entreprise ou en entrepreneuriat

178 50,3%

DESS CAAE 176 49,7%

Total 354 100,0%

Tableau 5 - Composition des échantillons de référence et témoin

7.6.3. L’optimalité de la taille des échantillons

Après la présentation de la composition des deux échantillons, on ne peut faire fi de

l’"optimalité" de leur taille qui demeure un débat en sciences sociales. Cependant,

plusieurs auteurs essaient de s’accorder sur des seuils minima pour lesquels les données

recueillies peuvent avoir une "significativité" quantitative et statistique.

Lors de la présentation de la méthode de G.A. CHURCHILL (1979), nous avons signalé

que les techniques statistiques recommandées, notamment l'ACP, conditionnent

Page 249: Intention Entrepreneuriale

246

partiellement la taille de l'échantillon443. La rigueur méthodologique de cette méthode

voudrait que le chercheur définisse un échantillon comportant 5 à 10 fois plus d'individus

qu'il n’y a d'items introduits dans une même ACP. Cette dernière doit regrouper le plus

grand nombre d'items444.

Pour les deux questionnaires, cette ACP contient au maximum 8 items - c’est la

question 6.1 -. Les tailles de nos échantillons de référence et témoin sont respectivement de

178 et 176. Elles représentent 22 fois l’ACP contenant le plus d’items. Nous remplissons

donc largement le critère fixé par G.A. CHURCHILL (1979).

7.7. Procédure de recueil des données : une auto-administration assistée

D’après F. WACHEUX (1996, p. 202), avant d’être une étape dans le processus de

validation et d’explication des hypothèses, la collecte des données coïncide d’abord avec

une confrontation entre les constructions théoriques et les réalités empiriques. La nature

même des informations qu’il convient de recueillir pour atteindre les objectifs de

recherche, écrit M. GRAWITZ (1996, p. 455), commande les moyens à employer pour le

faire.

Le premier stade de notre stratégie de collecte des données a consisté à obtenir une prise

de contact avec les responsables de diplôme. Nous avons opéré par courrier électronique

ou par téléphone. Après plusieurs relances, nous réussissons à obtenir un premier entretien

téléphonique au cours duquel nous nous efforçons de convaincre notre interlocuteur de

l’intérêt de notre étude. En cas d’avis favorable, nous expliquons l’objet de notre enquête,

et convenons, de suite ou plus tard, du moment et des modalités d’administration des

questionnaires.

Concernant ces dernières, trois voies étaient envisageables. Les deux premières sont

le courrier postal ou électronique. Ces deux modalités nous ont été plusieurs fois

proposées par des responsables de diplômes. Nous nous sommes appliqués à les en

443 Cf. supra, p. 215-216, "7.2.1.3. Collecte des données". 444 Cependant, d’après J. IGALENS et P. ROUSSEL (1998, p. 120), il est considéré que de telles normes peuvent être exceptionnellement révisées à la baisse. Ils citent que "Pedhazur et Pedhazur Schmelkin (1991), dans leur ouvrage d'analyse des données, font état de recherches empiriques qui ont dû limiter l'échantillon à 150 personnes pour des ACP sur 40 items".

Page 250: Intention Entrepreneuriale

247

dissuader. Le caractère impersonnel qu’elles revêtent peut générer un risque important de

non-réponse.

Le taux de réponse des enquêtes est fortement lié à leur organisation, à l'adhésion et à

l'aide des responsables de formation ainsi qu’à la collaboration des étudiants445. Pour

"optimiser" ce taux, nous avons choisi comme mode de recueil de données l’auto-

administration, en classe à la fin d’un cours, avec l’assistance d’un enseignant ou par

nos propres soins. Chaque fois, les objectifs de l’enquête étaient expliqués et les étudiants

sensibilisés aux points difficiles des questionnaires.

Cette modalité nécessitait bien entendu une implication plus importante des

responsables de diplôme et des enseignants, dont certains nous ont accueilli au sein de leur

classe ; nous avons pu nous-même administrer des questionnaires auprès des étudiants du

DESS "Entrepreneuriat et activités nouvelles" (IAE Rouen), des Mastères "Création

d’entreprise et Entrepreneuriat" (ESC Lille) et "Entrepreneurs" (ESC Paris-EAP), de

l’Option "Entrepreneurs" (ESC Le Havre), du "Programme ESC" (EM Lyon) et des

DESS CAAE des IAE de Rouen et Caen.

L’administration des questionnaires s’est déroulée entre mars et juin 2002. La longueur

de cette période s’explique essentiellement par l’indisponibilité de certaines promotions

qui étaient en stage, et des responsables de diplôme pris par leurs engagements

professionnels.

Conclusion du chapitre 7

Ce chapitre a en toile de fond la justification des choix et stratégies opératoires. La

rigueur méthodologique nous incite à fournir au lecteur les éléments d’évaluation des

forces et faiblesses de chaque étape du protocole empirique.

L’abondance des recherches analysant les facteurs menant les individus à la création

d’entreprise, l’existence de travaux anglo-saxons et scandinaves portant sur l’intention

entrepreneuriale, ainsi que la théorie du comportement planifié de I. AJZEN (1991) qui

445 Le vocabulaire "taux de réponse" tel qu’utilisé dans les recherches quantitatives est peu approprié ici, car tous les étudiants présents aux cours ont pris soin de nous répondre.

Page 251: Intention Entrepreneuriale

248

stipule que celle-ci ne peut être décrite et expliquée qu’à travers de larges échantillons,

justifient l’adoption de la démarche hypothético-déductive. En prenant en considération

les spécificités du contexte français dans lequel nous testons notre modèle, nous adaptons

la méthode de G.A. CHURCHILL (1979) qui structure notre méthodologie empirique.

L’élaboration d’un questionnaire, intermédiaire entre nos hypothèses et les vérifications

statistiques, exige du bons sens, de la réflexion, de la créativité, de l'intuition et une bonne

dose d'expérience. Il est le fruit d’emprunts à la littérature, de consultations d’experts, de

réflexions personnelles et d’un double test.

Notre perspective comparative nous amène à enquêter sur deux populations dont le

critère distinctif est le (non)suivi de programmes ou de formations de spécialisation ou

d’accompagnement en entrepreneuriat ou création d’entreprise. Recherchant une certaine

homogénéité dans la comparaison (niveau de diplôme, disciplines enseignées et

débouchés professionnels), les difficultés d’accès aux terrains ont largement déterminé la

taille de nos deux échantillons. Il n’en demeure pas moins que celle-ci respecte le critère de

"significativité" suggéré par G.A. CHURCHILL (1979).

L’auto-administration assistée par un enseignant ou par nous-même est le mode de

recueil des informations qui nous a semblé le plus opportun en termes de taux et de facilité

de réponse pour les étudiants. Il permet un climat de sérieux entretenu par la réponse

simultanée en présentiel.

Ayant déterminé le protocole empirique dans sa globalité, l’objectif du chapitre suivant

est de présenter les propriétés socio-démographiques des deux populations enquêtées et les

traitements statistiques de dimensionnalité et de fiabilité.

Page 252: Intention Entrepreneuriale

249

Chapitre 8 - Caractéristiques descriptives et analyses d’homogénéité

"Ce n'est pas dans la science qu'est le bonheur, mais dans l'acquisition de la science".

E. A. POE (1809-1849)

Avant de saisir les questionnaires à l’aide du logiciel de traitements statistiques SPSS,

nous avons codifié toutes les variables au sein d’une base de données structurellement

constituée pour faciliter les calculs souhaités.

L’objet de ce chapitre est d’exposer les analyses descriptives et les tests d’homogénéité

des construits. Nous réalisons tout d’abord des tris croisés concernant les caractéristiques

socio-démographiques. Ensuite, nous passons en revue les concepts de dimensionnalité et

de fiabilité. Ceux-ci nous permettent, à travers l’analyse factorielle et le test de l’alpha de

Cronbach, de procéder à l’agrégation, et si nécessaire à l’épuration, des items composants

les différentes échelles du questionnaire. A cet effet, la perspective comparative de la

recherche conduit à distinguer parallèlement deux échantillons lors des calculs : celui des

"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat

ou en création d’entreprise" et celui des "DESS CAAE". Nous comparons, chaque fois que

possible, les résultats obtenus à ceux issus des travaux américains et scandinaves446.

8.1. Les données socio-démographiques

Avant d’entamer les tests d’homogénéité indispensables à la validation des hypothèses,

il est opportun de spécifier les propriétés des données que nous avons recueillies par le

biais de la fiche signalétique du questionnaire. Ainsi, nous décrivons les caractéristiques

des deux échantillons par le biais des variables suivantes : le sexe, l’âge, le pays ou la

région d’origine, le cursus antérieur, le type de formation et les raisons d’intégration des

formations.

446 En ayant à l’esprit la diversité culturelle, les différences dans les techniques d’échantillonnage et la taille des populations étudiées, la comparaison ne peut s’opérer que pour des échelles identiques, c’est-à-dire composées des mêmes items.

Page 253: Intention Entrepreneuriale

250

8.1.1. Le sexe

La répartition par sexe indique que l’échantillon "DESS, formations ou programmes en

écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise" contient

un tiers de femmes (34,3%) et deux tiers d’hommes (65,7%). L’échantillon "DESS

CAAE" est composé à parité d’hommes et de femmes (respectivement 48,0% et 52,0%).

Le tableau 6 présente le détail de cette répartition.

DIPLOME

DESS, formations ou programmes en écoles de management

et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise

DESS CAAE

SEXE nb en % nb en %

Masculin 115 65,7 83 48,0

Féminin 60 34,3 90 52,0

Total 175447 100,0 173 100,0

Tableau 6 - Tri croisé "sexe-échantillons"

8.1.2. L’âge

Le croisement de l’âge et du diplôme laisse apparaître que l’âge moyen est identique

dans les deux populations examinées, soit 24,7 ans (tableau 7). Cependant, l’écart-type

montre une différence de 1,1 point en faveur de l’échantillon "DESS, formations ou

programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création

d’entreprise". En effet, dans la composition détaillée de l’âge (annexe 4448), cet écart peut

s’expliquer de deux manières : premièrement, cet échantillon contient plus d’individus

ayant 21 ou 22 ans, soit 38 (22,5%) contre 26 (15,2%) pour l’échantillon "DESS CAAE".

En outre, celui-ci connaît une plus grande concentration d’étudiants ayant 24 ou 25 ans,

soit 59 (34,5%) contre 48 (28,4%) pour l’échantillon de référence. Deuxièmement, la

tranche d’âge supérieure à 34 ans révèle que ce dernier renferme 10 individus (6%) contre

7 (4,2%) pour l’échantillon témoin.

447 Pour ce tableau et ceux qui suivent dans les chapitres 8 et 9, les totaux des répondants dans les deux échantillons de référence et témoin peuvent être inférieurs à la taille de ces derniers (respectivement 178 et 176). Cela résulte des "non-réponses" ou des questions "filtres" introduites dans le questionnaire. 448 Cf. infra., p. 429, "Annexe 4 : Répartition des deux échantillons selon l’âge".

Page 254: Intention Entrepreneuriale

251

Dans un horizon de cinq ans, échéance retenue pour prédire l’intention entrepreneuriale

des étudiants, la moyenne d’âge des deux échantillons avoisinera la trentaine. Or, la plupart

des études indiquent que l'âge moyen des créateurs en France se situe entre 30 et 35 ans449.

A ce titre, les deux populations se trouvent donc dans une tranche d’âge proche de celle

qui est empiriquement validée.

DIPLOME

ÂGE DESS, formations ou programmes en écoles de management et

gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise

DESS CAAE

Moyenne 24,7 24,7

Nb 169 171

Ecart-type 4,971 3,883

Tableau 7 - Tri croisé "âge-échantillons"

8.1.3. Le pays ou la région d’origine

La répartition par pays ou région d’origine est largement dominée par la France dans les

deux échantillons (tableau 8). En effet, 90% des individus de chacun d’eux sont Français.

Pour une part négligeable n’excédant pas à chaque fois 4% dans chaque population, nous

retrouvons des Maghrébins, des Africains, des Européens et des Sud-Américains. Nous

relevons cependant que la population "DESS CAAE" comporte 5% de Chinois. Il est

permis de penser que les programmes de coopération engagés avec la Chine par des IAE

composant l’échantillon témoin expliquent cette fréquence, qui reste toutefois peu

significative.

La supériorité numérique des individus de nationalité française contribue à

l’homogénéité des deux populations ; ceci peut atténuer les effets éventuels des variables

culturelles spécifiques aux pays ou aux régions. Nous pensons notamment aux variables

ayant opérationnalisé les hypothèses 3a, 3b, 4, 5 et 6c.

449 Cf. supra., p. 108-109, "3.2.1. L'expérience professionnelle".

Page 255: Intention Entrepreneuriale

252

DIPLOME

DESS, formations ou programmes en écoles de management

et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise

DESS CAAE

PAYS OU REGION D’ORIGINE

nb en % nb en %

France 160 91,4 155 89,1

Maghreb 7 4,0 3 1,7

Afrique noire 5 2,9 5 2,9

Chine 2 1,1 9 5,2

Europe et Amérique du Sud 1 0,6 2 1,1

Total 175 100,0 174 100,0

Tableau 8 - Tri croisé "pays ou régions d’origine-échantillons"

8.1.4. Le cursus antérieur

Avant d’intégrer les formations actuelles, les cursus antérieurs suivis par les étudiants

des deux échantillons présentent une large variété (tableau 9). Presque un quart (23,2%)

des étudiants de la population de référence provient des écoles préparatoires450. Environ un

cinquième (18%) est issu des filières qualifiées de sciences "dures" (7,3% titulaires de

maîtrises, 5,6% d’ingénieurs et 5,1% en dernière année d’ingéniorat). Pour une part

légèrement inférieure (environ 15%), les étudiants ont acquis une maîtrise de gestion ou

de sciences sociales.

Dans des proportions égales (7,9%), ces étudiants ont obtenu des diplômes de maîtrise

"AES" ou validé leurs acquis professionnels. Loin derrière, et pour des valeurs ne

dépassant guère 5%, nous retrouvons des étudiants titulaires d’une maîtrise en sciences

économiques, droit ou LEA, d’un DEA, DESS et d’une licence en sciences sociales.

Pour les étudiants en DESS CAAE, presque un tiers (29,9%) est titulaire d’une maîtrise

en sciences dites "dures" et un cinquième (19,0%) de maîtrise de droit. Les diplômés de

maîtrises en sciences sociales et les ingénieurs représentent plus d’un dixième de

l’échantillon (soit 13,2% et 10,3%). Le "CAAE" ayant pour vocation une formation à

double compétence, la dominance de ces filières pourrait s’expliquer par la sélection à

l’entrée où ce type de profil est particulièrement recherché par les responsables de diplôme.

450 Un sous échantillonnage de cette population montre que ces étudiants appartiennent exclusivement aux formations ou programmes en écoles de management et gestion.

Page 256: Intention Entrepreneuriale

253

Tout comme la population de référence, de façon marginale mais plus diversifiée, le

reste de l’échantillon est composé d’étudiants titulaires de DEA ou de DESS en sciences

sociales ou "dures", de maîtrises de gestion, de sciences économiques, d’AES et de LEA,

d’étudiants suivant parallèlement une dernière année de pharmacie et d’ingéniorat ou ayant

validé des acquis professionnels.

DIPLOME

DESS, formations ou programmes en

écoles de management et gestion en

entrepreneuriat ou en création d’entreprise

DESS CAAE

CURSUS ANTERIEUR

nb en % Nb en %

"Prépa" 41 23,2

Maîtrise en gestion451 25 14,1 5 2,9

Maîtrise en "sciences sociales"452 23 13,0 23 13,2

Maîtrise AES 14 7,9 1 0,6

Validation d’acquis professionnels 14 7,9 8 4,6

Maîtrises en sciences "dures" 13 7,3 52 29,9

Diplôme d’ingénieur 10 5,6 18 10,3

Dernière année en école d’ingénieur 9 5,1 4 2,3

Maîtrise en sciences économiques 9 5,1 2 1,1

DEA en "sciences sociales" 5 2,8 4 2,3

Licence en sciences sociales 5 2,8

Maîtrise en droit 4 2,3 33 19,0

DESS en sciences sociales 4 2,3 1 0,6

Maîtrise LEA453 1 0,6 9 5,2

DEA en sciences "dures" 6 3,4

DESS en sciences "dures" 3 1,7

Dernière année de pharmacie 5 2,9

Total 177 100,0 174 100,0

Tableau 9 - Tri croisé "cursus antérieur-échantillons

451 Sous ce vocable, nous avons regroupé toutes les maîtrises à dominante Gestion (MSG, Management et Gestion des Entreprise de l’Economie Sociale, Management du Sport, Commerce International, Administration des Affaires, Communication …). 452 Nous avons regroupé dans cette rubrique les maîtrise d’histoire, de géographie, de psychologie, de musique et de musicologie et d’environnement. 453 Langues Etrangères Appliquées.

Page 257: Intention Entrepreneuriale

254

8.1.5. Le type de formation

Dans le type de formation, nous distinguons les formations continues et initiales. Nous

constatons dans le tableau ci-dessous que ces dernières sont majoritaires et présentes de

façon égale dans les deux échantillons (94%).

DIPLOME

DESS, formations ou programmes en écoles de management

et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise

DESS CAAE

TYPE DE

FORMATION

nb en % nb en %

Initiale 167 93,8 164 93,7

Continue 11 6,2 11 6,3

Total 178 100,0 175 100,0

Tableau 10 - Tri croisé "type de formation-échantillons"

8.1.6. Les raisons de l’intégration des formations

Les raisons qui ont motivé les répondants de l’échantillon de référence à intégrer ces

formations sont multiples (tableau 11). Vouloir se donner les connaissances nécessaires

pour développer des aptitudes entrepreneuriales et approfondir son savoir en gestion sont

les deux causes majoritairement évoquées (dans 90% des cas pour chacune d’elle454). La

découverte d’une discipline pour laquelle les étudiants manifestent un intérêt et chercher à

compléter une formation technique par une formation en gestion, représentent dans l’ordre,

plus de deux tiers (76,3%) et plus d’un cinquième (22%) des raisons citées. De manière

moins significative, les étudiants mettent en avant la vision globale de l'entreprise, le

diplôme comme carte de visite, l’étude de la faisabilité d’un projet, l’accès au secteur du

conseil en création, l’apport d’un réseau professionnel en matière de création, la

préparation psychologique à la création d'entreprise et l’intégration du réseau de l'ESCP.

Concernant la population témoin, les raisons annoncées sont souvent les mêmes que

celles évoquées ci-dessus, mais les fréquences observées sont sensiblement différentes.

Ainsi, vouloir découvrir une discipline qui intéresse les étudiants occupe largement la 454 Les totaux dépassent 100% car les interviewés ont répondu simultanément de façon dichotomique à plusieurs énoncés. Cf. supra., p. 239-240, "7.5.3. La fiche signalétique".

Page 258: Intention Entrepreneuriale

255

première position avec une fréquence de 80%. Dans des proportions équivalentes (60%),

les étudiants déclarent qu’ils souhaitent compléter une formation technique par une

formation en gestion et approfondir leurs connaissances en gestion. Dans des fréquences

beaucoup plus faibles, les étudiants évoquent différentes autres raisons : avoir une vision

globale de l'entreprise, envisager la création d’une entreprise avoir un troisième cycle,

s'ouvrir des perspectives d'évolution de carrière, de rachat ou de création d'entreprise et

élargir les possibilités sur le marché du travail.

DESS, formations ou programmes en

écoles de management et gestion en

entrepreneuriat ou en création d’entreprise

DESS CAAE RAISON DE L’INTEGRATION DE LA

FORMATION

nb en % nb en %

Me donner les connaissances nécessaires pour

développer mes aptitudes entrepreneuriales

Oui 159 89,8

Non 18 10,2

Total 177455 100,0

Approfondir mes connaissances en gestion Oui 158 89,3 104 59,8

Non 19 10,7 70 40,2

Total 177 100,0 174 100,0

Découvrir une discipline qui m’intéresse Oui 135 76,3 140 80,5

Non 42 23,7 34 19,5

Total 177 100,0 174 100,0

Compléter une formation technique par une

formation en gestion

Oui 39 22,0 106 60,9

Non 138 78,0 68 39,1

Total 177 100,0 174 100,0

Avoir une vision globale de l'entreprise Oui 3 1,7 2 1,1

Non 174 98,3 172 98,8

Total 177 100,0 174 100,0

Diplôme comme carte de visite Oui 2 1,1

Non 175 98,9

Total 177 100,0

455 Deux fiches signalétiques n’ont pas été remplies dans chacun des échantillons.

Page 259: Intention Entrepreneuriale

256

DESS, formations ou programmes en

écoles de management et gestion en

entrepreneuriat ou en création d’entreprise

DESS CAAE RAISON D’INTEGRATION DE LA

FORMATION

nb en % nb en %

Etudier la faisabilité de mon projet en suivant

une formation spécifique

Oui 1 0,6

Non 176 99,4

Total 177 100,0

Accéder au secteur du conseil en création Oui 1 0,6

Non 176 99,4

Total 177 100,0

M'apporter un réseau professionnel de la création Oui 1 0,6

Non 176 99,4

Total 177 100,0

Me préparer psychologiquement à la création

d'entreprise

Oui 1 0,6

Non 176 99,4

Total 177 100,0

Intégrer le réseau de l'ESCP Oui 1 0,6

Non 176 99,4

Total 177 100,0

Dans l'objectif de création de mon entreprise Oui 1 0,6

Non 173 99,4

Total 174 100,0

Avoir un troisième cycle Oui 1 0,6

Non 173 99,4

Total 174 100,0

M'ouvrir des perspectives d'évolution de carrière,

de rachat ou de création d'entreprise

Oui 1 0,6

Non 173 99,4

Total 174 100,0

Elargir les possibilités sur le marché du travail Oui 1 0,6

Non 173 99,4

Total 174 100,0

Tableau 11 - Tri croisé "raison d’intégration de la formation-échantillons"

Page 260: Intention Entrepreneuriale

257

8.2. L’homogénéité des échelles

L’homogénéité, appelée aussi validité, est la capacité des échelles à mesurer

"précisément et uniquement" les concepts définis dans les hypothèses de recherche (J.

IGALENS et P. ROUSSEL, 1998, p. 104). Il s’agit de procéder de façon complémentaire

aux tests de dimensionnalité et de fiabilité. Dans le premier cas, il est question de "vérifier

si les mesures de construits différents obtenues avec un ou plusieurs instruments ne sont

pas corrélées (ou le sont faiblement)". Dans le second cas, il est question d'examiner si "la

mesure d'un construit obtenue avec un instrument est corrélée avec celle produite par un

ou plusieurs autres instruments".

La méthode de G.A. CHURCHILL (1979) recommande particulièrement les traitements

d’homogénéité dans la mesure où ils permettent d’épurer les échelles si besoin est. La

dimensionnalité se réalise grâce à l’analyse factorielle. La fiabilité s’opère par le biais du

coefficient alpha (α) de Cronbach utilisé comme instrument de mesure dans les travaux les

plus récents, notamment ceux traitant de l'intention entrepreneuriale456. Examinons ces

deux concepts.

8.2.1. La dimensionnalité

La dimensionnalité repose sur l’analyse factorielle. Les possibilités qu’offre l’analyse

en composantes principales (ACP) pour l’épuration et la validation des échelles en ont fait

une des méthodes descriptives les plus utilisées (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 376 ; J.

IGALENS et P. ROUSSEL, 1998, p. 152). Cette méthode doit être établie

préalablement au calcul de fiabilité.

L’ACP identifie la(les) dimension(s) d’une variable construite a priori en identifiant

le(s) facteur(s) sous-jacent(s) de son échelle. Ceci implique de vérifier si cette dernière 456 Selon Y. EVRARD et alii (1997, op.cit, p. 290-291), il existe principalement trois techniques pour les tests de fiabilité. "La technique du test/retest" consiste à administrer deux fois le même questionnaire à la même population. "La technique des deux moitiés" scinde la population en deux et vérifie que les réponses sont similaires au sein des deux sous-populations. "La technique des formes alternatives" utilise plusieurs échelles pour appréhender la même variable ; elle a pour inconvénient d’alourdir le questionnaire.

L'utilisation de l’alpha de Cronbach s’est tardivement généralisée en marketing dans la deuxième moitié de la décennie 90. En effet, la première publication de L.J. CRONBACH traitant de la cohérence interne date de 1951 (L.J. CRONBACH, "Coefficient alpha and the internal structure of tests", Psychometrika, 1951, vol. 16, n° 3, p. 297-334. Non lu).

Page 261: Intention Entrepreneuriale

258

mesure précisément et exclusivement le construit qu'elle est censée mesurer. A cet égard,

l’ACP révèle une structure factorielle à travers laquelle la (les) composante(s) identifiée(s)

est(sont) clairement reliée(s) à des items.

Si la variable est unidimensionnelle, tous les items servant à l’évaluer forment un seul et

même facteur. Dans ce cas, ces derniers se rapportent au même axe factoriel ; l'échelle

formant ces items ne mesure qu'une seule dimension de la variable étudiée. Dans le cas

contraire, nous sommes en présence d’une structure factorielle à au moins 2 facteurs, et la

variable est alors bi ou multidimensionnelle.

L’ACP est donc une méthode de réduction des données qui sélectionne parmi les

variables initiales (items), celles qui interviennent le plus dans la description du

phénomène étudié. Nous obtenons ainsi des variables composites (facteurs) au sein

desquelles ne sont conservées pour les tests de validation d’hypothèses que les variables

initiales fortement corrélées avec les facteurs jugés les plus importants. Mais quels sont

les critères qui permettent d’une part, d’éliminer les items d’une échelle, et d’autre

part de choisir le nombre de facteurs à retenir ?

La suppression d’un item, le nombre de facteurs et l’interprétation de leur signification

sont déterminés en fonction de "références empiriques". Quatre critères sont fréquemment

retenus dans les travaux de validation de questionnaire à échelles multiples. Ils révèlent "le

caractère arbitraire, subjectif" de la procédure d’épuration (J. IGALENS et P. ROUSSEL,

1998, p. 155). Ces critères457 s’appuient sur l’importance des items initiaux dans la

formation des axes factoriels. Le principe de base est d’éliminer les items ne se rapportant

à aucun facteur ou ayant de faibles coefficients de contribution factorielle458.

Le premier critère prescrit de supprimer les items dont les contributions factorielles

sont supérieures à 0,30 sur plusieurs facteurs, ou n’ayant aucune contribution

atteignant ce score sur l’un des facteurs principaux retenus. Le deuxième critère

recommande d’éliminer les items n’ayant aucune contribution supérieure ou égale à 0,50

sur ces mêmes facteurs. C’est en fonction des résultats de l’ACP que l’une ou l’autre

option est prise "sans préférence a priori". Le troisième critère consiste à sélectionner les

457 Les auteurs utilisent le terme de "règles" qui nous semble "fort" car s’appuyant seulement sur des résultats empiriques. 458 Ces coefficients représentent la corrélation entre l’item et le facteur retenu.

Page 262: Intention Entrepreneuriale

259

facteurs dont les valeurs propres initiales sont supérieures à 1459. Enfin, le dernier

critère recommande de retenir un nombre d’axes restituant un pourcentage de la variance

totale au moins égal à 50% (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 383-384 ; J. IGALENS J et P.

ROUSSEL, 1998, p. 154).

Ainsi, en respectant ces critères, il devient possible grâce aux coefficients de corrélation

les plus élevés obtenus pour un facteur donné, de trouver les variables initiales qui

contribuent le plus à sa formation, et donc de l’interpréter.

8.2.2. La fiabilité

La fiabilité (appelée aussi cohérence interne : "Internal consistency reliability") apporte

la confirmation de l’homogénéité d’une échelle dont le construit peut être unidimensionnel

ou multidimensionnel. La fiabilité est une condition nécessaire mais non suffisante de

la validité (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 292 et 294 ; J. IGALENS J et P. ROUSSEL,

1998, p. 144). Elle a pour objectif de réduire l’erreur aléatoire460.

La cohérence interne nous informe, à travers l’alpha de Cronbach, sur le degré de

corrélation de chaque item d'une échelle avec au moins un autre item de celle-ci. Ainsi, ces

items mesurent précisément et uniquement le construit analysé et partagent par là même,

une notion commune. Le coefficient de l’alpha estime la variance du score total des

facteurs communs propres aux items de l'échelle testée.

Cependant, ce score soulève des problèmes de seuil. Il n'existe pas, selon J. IGALENS

et P. ROUSSEL (1998, p. 49 et 142), de "bonne règle" concernant les valeurs minimales

de ce coefficient (comprises entre –1 et +1). Les normes les plus souples servent de

référence en la matière. Le choix de ce seuil "joue un rôle essentiel dans le processus

d'épuration d'un questionnaire. Fixer un seuil à 0,50, 0,60 ou 0,70 peut changer

considérablement le processus de condensation, c'est-à-dire, le nombre d'items à

éliminer". Toutefois, ces auteurs indiquent que ce seuil doit au moins dépasser 0,70 pour

des études confirmatoires. Y. EVRARD et alii (1997, p. 292) considèrent que "pour une

étude exploratoire, l'α est acceptable s'il est compris entre 0,6 et 0,8 ; pour une étude

459 Celles-ci représentent la variation expliquée par les facteurs communs restitués par l’ACP. 460 Cf. supra., p. 216, "7.2. Une adaptation de la méthode de G.A. CHURCHILL (1979)".

Page 263: Intention Entrepreneuriale

260

confirmatoire, une valeur supérieure à 0,8 est recommandée". Les valeurs du coefficient

de l’alpha dans les recherches sur l'intention entrepreneuriale se situent entre 0,49 et 0,94.

Les résultats de A.F. DE NOBLE et alii (1999) indiquent un coefficient avec une borne

inférieure égale à 0,66 et une borne supérieure égale à 0,69461. L’étude de T.M. BEGLEY

et alii (1997) laisse apparaître des valeurs comprises entre 0,69 et 0,91 ; les résultats de T.

VOLERY et alii (1997, p. 281) et L. KOLVEREID (1997, p. 51) recouvrent des scores

proches, soit respectivement les intervalles [0,65;0,91] et [0,68;0,90]. Il en est de même

pour E. AUTIO et alii (1997, p. 137) et P. DAVIDSSON (1995), soit dans l’ordre les

intervalles [0,49;0,75] et [0,52;0,77]. Les valeurs qui bornent l’alpha des recherches de

E.G. DE PILLIS (1998) et N.F. KRUEGER et alii (2000, p. 421-422) sont respectivement

estimées à 0,62 et 0,83, et à 0,69 et 0,83. Les calculs de A. TKACHEV et L. KOLVEREID

(1999 p. 275-276) se situent entre 0,50 et 0,89. Enfin, l’enquête de T. ERIKSON (1998) est

celle qui présente la valeur de l’alpha la plus élevée, soit 0,94 (la valeur minimale étant

0,74).

Le modèle que nous souhaitons vérifier n’a pas été testé dans le contexte français. De ce

point de vue, il revêt un caractère exploratoire. Cependant, les valeurs recensées ci-

dessus, l’emprunt à des auteurs scandinaves et américains de deux échelles dont la fiabilité

a été confirmée462, et la valeur la plus faible relevée dans nos calculs, soit 0,68, nous

conduisent à retenir cette dernière comme un seuil minimum significatif du coefficient

alpha. Ce seuil est largement supérieur à 0,6, valeur recommandée par Y. EVRARD et alii

(1997, p. 292) et J. IGALENS et P. ROUSSEL (1998, p. 49).

8.3. Les tests et les analyses de condensation des échelles

Avant d’entamer le premier niveau d’analyse indispensable à la validation des

hypothèses, quelques remarques s’imposent. Concernant l’analyse factorielle, si l’ACP

initiale (orthogonale), comme nous le verrons pour certaines échelles, ne fait pas ressortir

461 "Reliabilities of four out of seven scales exceed the recommended cut-off point .70 for a newly created measure (Nunnally, 1978). Reliabilities of the remaining three scales (Core purposes, Unexpected challenges, and Critical human resources) also were close to the cut-off point ranging between .66 and .69". 462 Il s’agit des échelles opérationnalisant les hypothèses 6a et la variable à expliquer (l’intention entrepreneuriale) que nous avons empruntées respectivement à L. KOLVEREID (1997, op.cit., p. 52) et A. TKACHEV et L. KOLVEREID (1999, op.cit., p. 276-277) et I. AJZEN et M. FISHBEIN (1980, op.cit.).

Page 264: Intention Entrepreneuriale

261

une structure factorielle claire en raison d’items ayant des contributions supérieures à 0,30

sur plusieurs facteurs, il est souhaitable d'introduire une rotation pour "ajuster" la structure

proposée (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 384 ; J. IGALENS et P. ROUSSEL, 1998, p. 155-

156). La rotation nous aide à interpréter les facteurs en augmentant la valeur des

coefficients de corrélation de certains items avec les nouveaux axes de représentation.

Parmi les différentes méthodes de rotation proposées, les plus répandues sont en nombre de

cinq : varimax, quartimax, equamax et promax, toutes de type orthogonal, et la rotation

oblique dite oblimin directe.

Le choix de la rotation la plus pertinente est, tant du point de vue conceptuel que

statistique, d’ordre méthodologique. Il peut induire des résultats différents pour les

analyses factorielles, et par là même, influencer les tests de validation d’hypothèses. "La

revue de la littérature indique que les rotations varimax et oblique sont les plus utilisées"

(J. IGALENS et P. ROUSSEL, 1998, p. 155-156 et 158). La rotation varimax a pour objet

de réduire le nombre d’items qui ont des fortes contributions sur un axe afin de simplifier

les facteurs463. "La rotation de type oblique est conseillée lorsqu’il y a anticipation d’un

certain degré de chevauchement entre les dimensions à identifier". Contrairement aux

rotations dites orthogonales, l’oblimin tolère des inter-corrélations entre facteurs tout en

respectant leur indépendance. Elle ne maintient pas les axes de l’espace factoriel en angle

droit.

Les items de chaque échelle opérationnalisant les construits que nous avons définis ne

sont pas complètement indépendants les uns des autres. Nous retenons donc la rotation

oblique car elle a, en outre, l’avantage de mieux rendre compte de situations où

plusieurs facteurs sont composés d’items ayant des contributions élevées dans plus

d’un facteur.

Concernant l’alpha de Cronbach, celui-ci s’emploie essentiellement dans les échelles

métriques, de proportion ou d'intervalle. Toutefois, Y. EVRARD et alii (1997, p. 298 et

377), ainsi que J. IGALENS J et P. ROUSSEL (1998, p. 139, p. 144-146), notent que

certaines échelles non métriques, de types ordinal ou Likert comme c'est notre cas, sont le

plus souvent traitées comme des échelles métriques.

463 Elle est fondée sur la maximisation des coefficients de corrélation des variables les plus corrélées.

Page 265: Intention Entrepreneuriale

262

Selon ces auteurs, il a été démontré à plusieurs reprises que les scores de fiabilité les

plus élevés sont à l’actif d’échelles dont le nombre d’items et de modalités est élevé. De

plus, le coefficient α tend à être plus fort pour les construits unidimensionnels par rapport à

ceux qui sont multidimensionnels.

Lorsque l’α d’une échelle est sensiblement inférieur au seuil retenu, il faut s’intéresser

aux scores de chaque item (corrélation entre l'item et le score de l'échelle) en vérifiant si le

score total de l’échelle augmente au-delà de ce seuil, après suppression de l’item ou des

items qui lui sont le moins corrélés. Dans l’affirmative, nous pouvons éliminer le ou les

items en question et la cohérence globale s’en trouvera améliorée. Néanmoins, si le

coefficient α d’un item représentant une information importante est légèrement inférieur au

seuil retenu - et donc nuit faiblement à la fiabilité de l’échelle -, il ne faudrait pas le

supprimer.

Par ordre croissant des hypothèses, nous allons appliquer les tests d’homogénéité aux

données recueillies dans les échantillons de référence et témoin. La perspective

comparative que nous avons adoptée nous contraint à retenir, dans ces deux

échantillons, le même nombre de facteurs avec des compositions similaires (les mêmes

items).

8.3.1. La variable "recherche d’informations"

Nous avons conçu une échelle multiple à 3 items pour mesurer cette variable. Pour

tester sa dimensionnalité, nous avons effectué une analyse factorielle reprise dans le

tableau 12. La procédure de résolution permet d’identifier les axes factoriels, de

calculer la variance qui leur est associée et les contributions factorielles de chaque

item. L’ACP indique que la variable "recherche d’informations" ainsi constituée est

unidimensionnelle pour les "DESS, formations ou programmes en écoles de management

et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise". Les items "RINFOMAR"

(recherche d’informations sur le marché), "RINFOPRO" (recherche d’informations sur le

bien ou le service) et "RINFOBP" (recherche d’informations pour le montage du plan

d’affaires) se rapportent de manière significative à la même composante. Ils ont tous un

Page 266: Intention Entrepreneuriale

263

coefficient de contribution factorielle (matrice des composantes) supérieur à 0,80. De plus,

74,7% de l’information recueillie est représentée par le seul facteur contenant ces items.

Qualité de représentation

Initial Extraction RINFOMAR 1,000 ,799 RINFOPRO 1,000 ,778 RINFOBP 1,000 ,665 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée

Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus

Composante Total % de la variance

% cumulés Total % de la variance % cumulés

1 2,242 74,749 74,749 2,242 74,749 74,749 2 ,477 15,914 90,662 3 ,280 9,338 100,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Matrice des composantes a

Composante 1

RINFOMAR ,894 RINFOPRO ,882 RINFOBP ,816 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. a : 1 composante extraite. Tableau 12 - Analyse factorielle de la variable "recherche d’informations"

(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion

en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

La fiabilité étant une condition nécessaire d’homogénéité, nous avons procédé au test de

cohérence interne pour approfondir les résultats de l’ACP. Celui-ci calcule, d’une part, la

corrélation de chaque item avec l’échelle globale (quatrième colonne) ; d’autre part,

l’α est calculé en enlevant à chaque fois un item de l’échelle (cinquième colonne). L’α

global est égal à 0,8297, ce qui est une valeur largement supérieure à la norme retenue, soit

0,68. L’échelle présente donc une bonne cohérence interne.

Page 267: Intention Entrepreneuriale

264

Echelle multiple "recherche d’informations" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle

Moy

7,5364 Variance 6,6913

Ecart type 2,5868

Variables 3

Moy échelle si item supprimé

Variance échelle si item supprimé

Corrélation item-total corrigé

Alpha si item supprimé

RINFOMAR 4,8909 3,1807 ,7389 ,7151 RINFOPRO 4,8818 3,0960 ,7148 ,7375 RINFOBP 5,3000 3,4046 ,6151 ,8356

Coefficient de fiabilité nbre de cases = 110,0 nbre d’items = 3 Alpha = ,8297

Tableau 13 - Alpha de Cronbach de la variable "recherche d’informations"

(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion

en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Pour l’échantillon témoin, l’ACP fait ressortir les résultats reportés dans le tableau ci-

dessous. Elle montre que la variable "recherche d’informations", comme pour l’échantillon

de référence, est unidimensionnelle. Les trois items se rapportent de façon importante à

une seule composante. Ils ont tous un coefficient de contribution supérieur à 0,75. En

outre, les items restituent 71,4% de la variance de l’information. Nous vérifions ainsi que

les items se regroupent bien entre eux suivant la dimension qu’ils sont censés représenter.

Qualité de représentation

Initial Extraction RINFOMAR 1,000 ,889 RINFOPRO 1,000 ,682 RINFOBP 1,000 ,572 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée

Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus

Composante Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés 1 2,142 71,409 71,409 2,142 71,409 71,409 2 ,672 22,386 93,795 3 ,186 6,205 100,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Page 268: Intention Entrepreneuriale

265

Matrice des composantes a Composante

1 RINFOMAR ,943 RINFOPRO ,826 RINFOBP ,756 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. a : une composante extraite. Tableau 14 - Analyse factorielle de la variable "recherche d’informations"

(échantillon "DESS CAAE")

De même que pour l’échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de

management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise", les données

collectées sur les étudiants "DESS CAAE" concernant la variable "recherche

d’informations" présente une valeur très satisfaisante de l’α, soit 0,7938 (tableau 15).

L’échelle de cette variable présente donc une bonne cohérence interne. Elle est pertinente

pour mesurer la nouvelle variable agrégeant les items "RINFOMAR", "RINFOPRO" et

"RINFOBP". Celle-ci est nommée "RINFO".

Echelle multiple "recherche d’informations" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle

Moy 5,4694

Variance 4,5459

Ecart type 2,1321

Variables 3

Moy échelle si item supprimé

Variance échelle si item supprimé

Corrélation item-total corrigé

Alpha si item supprimé

RINFOMAR 3,5510 1,9192 ,8296 ,5007 RINFOPRO 3,5510 2,3359 ,5892 ,7681 RINFOBP 3,8367 2,4311 ,5145 ,8458

Coefficient de fiabilité nbre de cases = 49,0 nbre d’items = 3 Alpha = ,7938

Tableau 15 - Alpha de Cronbach de la variable "recherche d’informations"

(échantillon "DESS CAAE")

Page 269: Intention Entrepreneuriale

266

8.3.2. La variable "aspects de l’idée ou du projet d’entreprise"

L’échelle du tableau 16 a pour objectif de recueillir des informations concernant des

aspects des idées ou des projets d’entreprise émanant des les étudiants. Il s’agit de

s’enquérir de la véracité de leur existence. Le test de dimensionnalité exécuté sur

l’échantillon de référence indique que les énoncés "IDECLIEN" (renseignements sur les

futurs clients), "IDEFINAN" (renseignements sur les besoins financiers de démarrage),

"IDECONCU" (renseignements sur la concurrence) et "IDEGRH" (renseignements sur les

besoins en ressources humaines) sont rattachés à un seul facteur. Ils contribuent tous pour

une valeur supérieure à 0,78 pour sa formation, à l’exception du dernier item qui possède

un coefficient factoriel légèrement supérieur au critère de contribution de 0,50 (0,58). De

plus, les items restituent 54,5% de la variance de l’information. L’échelle ainsi constituée

est unidimensionnelle.

Qualité de représentation a Initial Extraction

IDECLIEN 1,000 ,613 IDEFINAN 1,000 ,618 IDECONCU 1,000 ,613 IDEGRH 1,000 ,336 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a

Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus

Composante

Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés 1 2,181 54,515 54,515 2,181 54,515 54,515 2 ,953 23,825 78,340 3 ,482 12,055 90,395 4 ,384 9,605 100,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Matrice des composantes a

Composante 1

IDECLIEN ,783 IDEFINAN ,786 IDECONCU ,783 IDEGRH ,580 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. a : 1 composante extraite. Tableau 16 - Analyse factorielle de la variable "aspects de l’idée ou du projet"

(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion

en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Page 270: Intention Entrepreneuriale

267

Le test de fiabilité fait apparaître que cette échelle est homogène (tableau 17). En effet,

les caractéristiques de cohérence interne montrent que la valeur de l’α est égal à 0,7164.

Ce dernier ainsi que l’analyse factorielle nous amènent donc à retenir, pour l’échantillon

"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat

ou en création d’entreprise"), la totalité des items de l’échelle mesurant la variable "aspects

de l’idée ou du projet d’entreprise".

Echelle multiple "aspects de l’idée ou du projet d’entreprise" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle Moy

11,0818 Variance 6,6997

Ecart type 2,5884

Variables 4

Moy échelle si item supprimé

Variance échelle si item supprimé

Corrélation item-total corrigé

Alpha si item supprimé

IDECLIEN 8,1727 4,2176 ,5516 ,6294 IDEFINAN 8,5909 3,7852 ,5821 ,6042 IDECONCU 8,2636 3,8473 ,5336 ,6360 IDEGRH 8,2182 4,6492 ,3613 ,7335

Coefficient de fiabilité nbre de cases = 110 nbre d’items = 4 Alpha = ,7164

Tableau 17 - Alpha de Cronbach de la variable "aspects de l’idée ou du projet"

(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion

en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Mais avant de condenser cette échelle, les contraintes de comparaison nous oblige à

vérifier son unidimensionnalité et sa fiabilité auprès de l’échantillon "DESS CAAE".

L’analyse factorielle, détaillée dans le tableau suivant, montre que la variable comprend

une seule composante, avec une contribution supérieure à 0,62 de tous les items.

Qualité de représentation

Initial Extraction IDECLIEN 1,000 ,468 IDEFINAN 1,000 ,395 IDECONCU 1,000 ,577 IDEGRH 1,000 ,656 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Page 271: Intention Entrepreneuriale

268

Variance totale expliquée

Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus

Composante Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés 1 2,096 52,408 52,408 2,096 52,408 52,408 2 ,884 22,102 74,509 3 ,560 13,994 88,504 4 ,460 11,496 100,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Matrice des composantes a

Composante 1

IDECLIEN ,684 IDEFINAN ,629 IDECONCU ,759 IDEGRH ,810 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. a : 1 composante extraite. Tableau 18 - Analyse factorielle de la variable "aspects de l’idée ou du projet"

(échantillon "DESS CAAE")

De plus, l’échelle multiple présente pour cette population un α acceptable, soit 0,6961

(tableau 19). Nous gardons donc les items "IDECLIEN", "IDEFINAN", "IDECONCU" et

"IDEGRH" que nous regroupons sous une nouvelle variable nommée "IDEPROJ".

Echelle multiple "aspects de l’idée ou du projet d’entreprise" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle

Moy 10,2449

Variance 7,2721

Ecart type 2,6967

Variables 4

Moy échelle si item supprimé

Variance échelle si item supprimé

Corrélation item-total corrigé

Alpha si item supprimé

IDECLIEN 7,5510 4,6276 ,4355 ,6599 IDEFINAN 8,1020 5,0935 ,3870 ,6851 IDECONCU 7,5510 4,4192 ,5213 ,6061 IDEGRH 7,5306 3,8793 ,5848 ,5590

Coefficient de fiabilité nbre de cases = 49 nbre d’items = 4 Alpha = ,6961

Tableau 19 - Alpha de Cronbach de la variable "aspects de l’idée ou du projet"

(échantillon "DESS CAAE")

Page 272: Intention Entrepreneuriale

269

8.3.3. La variable "besoin d’accomplissement"

L’opérationnalisation du besoin d’accomplissement implique que l’intention

entrepreneuriale des étudiants est influencée par les motivations suivantes : la prise de

responsabilité ("PRISRESP"), la recherche du gain financier ("PLUSARGE"), la volonté

de se réaliser ("REALIS"), le pouvoir ("POUVOIR") et le défi ("DEFI"). Une première

analyse factorielle sur l’échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de

management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise" met en évidence

l’existence de deux facteurs (annexe 5). Cependant la structure factorielle n’est pas claire.

L’item "REALIS" a une contribution factorielle supérieure à 0,30 et identique dans les

deux facteurs (0,48) ; il devrait être éliminé. Il convient de procéder à une rotation oblimin

(annexe 6).

Cette dernière a permis de mettre au jour une structure qui fait sens. L’examen de la

matrice des types indique deux composantes bien distinctes. La première, qui regroupe les

items "PRISRESP", "PLUSARGE" et "POUVOIR", met en jeu des variables

environnementales (prendre des responsabilités et exercer du pouvoir sur des individus).

Elle rejoint la conception de D.C. Mc CLELLAND (1961) du besoin d’accomplissement.

La deuxième est constituée des items "REALIS" et "DEFI" et se rapporte davantage à

l’individu en tant que tel.

Les résultats de l’analyse factorielle sur l’échantillon "DESS CAAE" indique, comme

pour l’échantillon de référence, une bidimensionnalité (annexe 7). La première composante

contient des items renvoyant à des motivations psychologiques ("PRISRESP", "REALIS",

"POUVOIR" et "DEFI"). La seconde est d’ordre financier et contient un seul item

("PLUSARGE").

Les analyses factorielles sur les deux échantillons font apparaître que les deux axes

factoriels dégagés dans chacun d’eux ne contiennent pas les mêmes items. La

comparaison que nous souhaitons effectuer entre ces échantillons exige de garder une

structure factorielle composée des mêmes items. Le choix de la solution à retenir ne se

contente pas seulement de trouver le ou les facteurs "interprétables", mais tient

compte des contraintes de similarité entre les structures factorielles composant

chaque échantillon. A cet égard, les calculs suggèrent qu’il convient de retirer les items

"PLUSARGE" et "DEFI". Ainsi seuls sont conservés les items qui discriminent le mieux le

Page 273: Intention Entrepreneuriale

270

besoin d’accomplissement ("PRISRESP", "REALIS" et "POUVOIR"). Sur cette base, nous

avons exécuté à nouveau les opérations d’homogénéité.

L’analyse factorielle de l’échantillon de référence (tableau 20) montre

l’unidimensionnalité du besoin d’accomplissement. Bien que l’axe factoriel ne rende

compte que d’une valeur minimale de la variance totale (49,6%), les items "PRISRESP",

"REALIS" et "POUVOIR" ont des contributions factorielles satisfaisantes (toutes

supérieures à 0,57).

Qualité de représentation

Initial Extraction PRISRESP 1,000 ,584 REALIS 1,000 ,335 POUVOIR 1,000 ,478 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a

Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus Composante Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés

1 1,397 49,575 49,575 1,397 46,575 49,575 2 ,893 29,779 79,354 3 ,709 20,646 100,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Matrice des composantes a

Composante 1

PRISRESP ,764 REALIS ,579 POUVOIR ,691 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. a : 1 composante extraite.

Tableau 20 - Analyse factorielle de la variable "besoin d’accomplissement" sans les

items "PLUSARGE" et "DEFI" (échantillon "DESS, formations ou programmes en

écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

La dimensionnalité de l’échelle est globalement acceptable. Le faible nombre des items

la constituant et l’importance des informations qu’ils contiennent nous incite à les garder,

d’autant plus que leur cohérence interne, détaillée dans le tableau suivant, est satisfaisante

(0,6848).

Page 274: Intention Entrepreneuriale

271

Echelle multiple "besoin d’accomplissement sans les items PLUSARGE et DEFI" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle Moy

9,5818 Variance 2,4872

Ecart type 1,754

Variables 3

Moy échelle si item supprimé

Variance échelle si item supprimé

Corrélation item-total corrigé

Alpha si item supprimé

PRISRESP 6,2273 1,3914 ,5788 ,46023 REALIS 6,0909 1,7379 ,4554 ,6891 POUVOIR 6,8455 1,4744 ,5568 ,5880

Coefficient de fiabilité nbre de cases = 110,0 nbre d’items = 3 Alpha = ,6848 Tableau 21 - Alpha de Cronbach de la variable "besoin d’accomplissement" sans les

items "PLUSARGE" et "DEFI" (échantillon "DESS, formations ou programmes en

écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Le test de dimensionnalité sur l’échantillon DESS "CAAE" conforte l’unicité factorielle

du "besoin d’accomplissement" (tableau 22). Tous les items contribuent à la formation de

sa composante avec de bons coefficients (supérieurs à 0,65). De plus, le facteur représente

une variance acceptable de l’information recueillie (52,6%).

Qualité de représentation Initial Extraction

PRISRESP 1,000 ,556 REALIS 1,000 ,591 POUVOIR 1,000 ,432 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a

Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus Composante Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés 1 1,578 52,607 52,607 1,578 52,607 52,607 2 ,785 26,177 78,784 3 ,636 21,216 100,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Matrice des composantes a

Composante 1

PRISRESP ,746 REALIS ,769 POUVOIR ,657 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. A : 1 composante extraite. Tableau 22 - Analyse factorielle de la variable "besoin d’accomplissement" sans les

items "PLUSARGE" et "DEFI" (échantillon "DESS CAAE")

Page 275: Intention Entrepreneuriale

272

Les statistiques de cohérence interne indiquent que l’homogénéité du facteur retenu est

vérifiée pour l’échantillon témoin (tableau 23). En effet, le coefficient de l’alpha est

satisfaisant (0,7175). Ainsi, nous condensons les items "PRISRESP", "REALIS" et

"POUVOIR" sous une nouvelle variable appelée "ACCOMPLI".

Echelle multiple "besoin d’accomplissement sans les items PLUSARGE et DEFI" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle Moy

9,7959 Variance 2,6575

Ecart type 1,7676

Variables 3

Moy échelle si item supprimé

Variance échelle si item supprimé

Corrélation item-total corrigé

Alpha si item supprimé

PRISRESP 6,1837 1,8114 ,5592 ,6063 REALIS 6,1837 1,6031 ,5796 ,5479 POUVOIR 7,2245 1,2527 ,5050 ,7250

Coefficient de fiabilité nbre de cases = 49,0 nbre d’items = 3 Alpha = ,7175

Tableau 23 - Alpha de Cronbach de la variable "besoin d’accomplissement" sans les

items "PLUSARGE" et "DEFI" (échantillon "DESS CAAE")

8.3.4. La variable "recherche de l’autonomie"

La variable "recherche de l’autonomie" contient les items "AUTONOME" (être

autonome) et "LIBERTE" (aspirer à plus de liberté). L’analyse factorielle concernant

l’échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en

entrepreneuriat ou en création d’entreprise" met en évidence l’unidimensionnalité du

construit. La matrice des composantes, reprise dans le tableau ci-dessous, montre que les

coefficients de contribution factorielle des deux items sont très bons (0,81). De plus, la

variance totale du nuage de points, concentré sur un seul axe, restitue une bonne valeur de

l’information totale (66,3%).

Page 276: Intention Entrepreneuriale

273

Qualité de représentation Initial Extraction

AUTONOME 1,000 ,663 LIBERTE 1,000 ,663 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenusComposante

Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés 1 1,326 66,279 66,279 1,326 66,279 66,279 2 ,674 33,721 100,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Matrice des composantes a

Composante 1

AUTONOME ,814 LIBERTE ,814 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. A : 1 composante extraites. Tableau 24 - Analyse factorielle de la variable " recherche de l’autonomie"

(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion

en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Examinons la fiabilité pour se prononcer sur l’homogénéité de cette échelle (tableau

25). Le calcul de l’α révèle un coefficient au-dessus du seuil retenu (0,6852), d’autant plus

que cette dernière est réduite au nombre minimum d’items (deux). Ceux-ci sont corrélés

entre eux et mesurent bien la variable "recherche de l’autonomie".

Echelle multiple "recherche de l’autonomie" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle

Moy 6,6545

Variance 1,5126

Ecart type 1,2299

Variables 2

Moy échelle si item supprimé

Variance échelle si item supprimé

Corrélation item-total corrigé

Alpha si item supprimé

AUTONOME 3,2000 ,6752 ,5256 . LIBERTE 3,4545 ,4704 ,5256 .

Coefficient de fiabilité nbre de cases = 110,0 nbre d’items = 2 Alpha = ,6852 Tableau 25 - Alpha de Cronbach de la variable "recherche de l’autonomie"

(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion

en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Page 277: Intention Entrepreneuriale

274

L’ACP de l’échantillon "DESS CAAE" détaillée dans le tableau 26 donne des

caractéristiques voisines de celles de l’échantillon de référence. Chaque item possède une

contribution factorielle égale à 0,83 et la variance totale est bonne (69,2%). Le construit

est donc unidimensionnel.

Qualité de représentation Initial Extraction

AUTONOME 1,000 ,692 LIBERTE 1,000 ,692 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus Composante

Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés 1 1,384 69,216 69,216 1,384 69,216 69,216 2 ,616 30,784 100,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Matrice des composantes a

Composante 1

AUTONOME ,832 LIBERTE ,832 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. a : 1 composante extraite. Tableau 26 - Analyse factorielle de la variable " recherche de l’autonomie"

(échantillon "DESS CAAE")

Le calcul du coefficient de fiabilité indique un α supérieur à celui de l’échantillon de

référence, soit 0,7217 (tableau 27). Nous conservons donc cette échelle sous sa forme

actuelle et additionnons ses deux items. Nous créons ainsi la variable "RECHAUTO" qui

renvoie à la recherche de l’autonomie.

Echelle multiple "recherche de l’autonomie" : cohérence interne Statistiques pour l’échelle

Moy 6,7959

Variance 1,2908

Ecart type 1,1361

Variables 2

Moy échelle si item supprimé

Variance échelle si item supprimé

Corrélation item-total corrigé

Alpha si item supprimé

AUTONOME 3,2041 ,6658 ,5843 . LIBERTE 3,5918 ,2883 ,5843 .

Coefficient de fiabilité nbre de cases = 49,0 nbre d’items = 2 Alpha = ,7217 Tableau 27 - Alpha de Cronbach de la variable "recherche de l’autonomie"

(échantillon "DESS CAAE")

Page 278: Intention Entrepreneuriale

275

8.3.5. La variable "propension à la prise de risque"

Selon les développements argumentant l’hypothèse correspondante464, la propension au

risque, qui se manifeste à travers les perceptions des conséquences de la disparition de

l’entreprise que les étudiants seraient amenés à créer, contient deux aspects. Le premier est

l’échec qui peut être financier "ECHECFIN", social "ECHECSOC" ou personnel

"ECHECPER". A l’opposé, le second traduit l’utilité d’une expérience pour une autre

aventure entrepreneuriale "UTIAVENT" ou pour la suite de la carrière professionnelle

"UTISUICA". L’ACP devrait donc révéler deux facettes de la propension au risque.

Concernant l’échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management

et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise", la rotation initiale ne fait pas

apparaître de structure factorielle claire (tableau 28). Les items "ECHECSOC" et

"ECHECPER" ont des contributions factorielles supérieures à 0,30 sur les deux axes

factoriels.

Qualité de représentation

Initial Extraction ECHECFIN 1,000 ,342 ECHECSOC 1,000 ,676 ECHECPER 1,000 ,567 UTIAVENT 1,000 ,775 UTISUICA 1,000 ,751 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs

retenus Composante

Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés 1 1,666 33,325 33,325 1,666 33,325 33,325 2 1,445 28,895 62,220 1,445 28,895 62,220 3 ,864 17,283 79,503 4 ,585 11,701 91,204 5 ,440 8,796 100,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

464 Cf. supra., pp. 192-194, "6.1.2.2. La propension à la prise de risque : les perceptions des conséquences de la disparition de l’entreprise".

Page 279: Intention Entrepreneuriale

276

Matrice des composantes a Composantes

1 2 ECHECFIN ,518 ,272 ECHECSOC ,517 ,639 ECHECPER ,467 ,591 UTIAVENT -,670 ,571 UTISUICA -,681 ,536 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. a : 2 composantes extraites. Tableau 28 - Analyse factorielle de la variable "propension à la prise de risque"

(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion

en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Le tableau 29 approfondit l’analyse de bidimensionnalité de cette échelle en exécutant

une rotation oblimin. L’interprétation des deux axes factoriels devient plus nuancée et

conforte les deux dimensions précédentes. La matrice des types met au jour de façon très

claire une double facette de la propension au risque.

Qualité de représentation Initial Extraction

ECHECFIN 1,000 ,342 ECHECSOC 1,000 ,676 ECHECPER 1,000 ,567 UTIAVENT 1,000 ,775 UTISUICA 1,000 ,751 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés

des facteurs retenus Somme des carrés des facteurs

retenus pour la rotation Composante

Total % de la variance

% cumulés

Total % de la variance

% cumulés

Total

1 1,666 33,325 33,325 1,666 33,325 33,325 1,578 2 1,445 28,895 62,220 1,445 28,895 62,220 1,555 3 ,864 17,283 79,503 4 ,585 11,701 91,204 5 ,440 8,796 100,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. a : lorsque les composantes sont corrélées, les sommes des carrés chargés ne peuvent pas être additionnés pour obtenir une variance totale. Matrice des composantes a

Composantes 1 2

ECHECFIN ,518 ECHECSOC ,517 ,639 ECHECPER ,467 ,591 UTIAVENT -,670 ,571 UTISUICA -,681 ,536 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. a : 2 composantes extraites.

Page 280: Intention Entrepreneuriale

277

Matrice des types a Composantes

1 2 ECHECFIN ,540 ECHECSOC ,827 ECHECPER ,757 UTIAVENT -,882 UTISUICA -,865 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser. a : la rotation a convergé en 6 itérations. Matrice de structure

Composantes 1 2

ECHECFIN ,558 ECHECSOC ,818 ECHECPER ,748 UTIAVENT -,880 UTISUICA -,866 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser. Matrice de corrélation des composantes Composante 1 2 1 1,000 ,104 2 ,104 1,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser. Tableau 29 - Analyse factorielle après rotation oblimin directe de la variable

"propension à la prise de risque" (échantillon "DESS, formations ou programmes en

écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Les items "UTIAVENT" et "UTISUICA" expriment des perceptions positives (utilité)

quant aux conséquences de la disparition de l’entreprise que les étudiants créeraient ; ils

contribuent fortement au premier facteur (coefficients factoriels supérieurs à 0,86). Les

items "ECHECFIN" et "ECHECSOC" et "ECHECPER") forment le deuxième facteur ; ils

renvoient à des perceptions négatives (échec) des conséquences de la disparition de

l’entreprise et possèdent des coefficients de contribution factorielle satisfaisants. Les

premier et deuxième facteurs restituent respectivement 33,3% et 28,9% de l’information

recueillie ; le plan factoriel qu’ils constituent rend compte de 62,2% de l’information de

départ.

Procédons aux tests de fiabilité sur chacune des dimensions dégagées par la rotation

oblimin pour pouvoir se prononcer sur leur homogénéité. La valeur de l’α pour la

Page 281: Intention Entrepreneuriale

278

dimension renvoyant à des perceptions positives des conséquences de la disparition de

l’entreprise est de 0,7078 (tableau 30).

Echelle multiple "perceptions positives des conséquences de la disparition de l’entreprise" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle Moy

6,6836 Variance 1,7175

Ecart type 1,3105

Variables 2

Moy échelle si item supprimé

Variance échelle si item supprimé

Corrélation item-total corrigé

Alpha si item supprimé

UTIAVENT 3,3785 ,5434 ,5490 . UTISUICA 3,3051 ,5655 ,5490 .

Coefficient de fiabilité nbre de cases = 177,0 nbre d’items = 2 Alpha = ,7078 Tableau 30 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions positives des

conséquences de la disparition de l’entreprise" (échantillon "DESS, formations ou

programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création

d’entreprise")

Ce score est convenable pour une échelle exploratoire. Il en est de même pour la

cohérence interne de la dimension exprimant des perceptions négatives des conséquences

de la disparition de l’entreprise dont les caractéristiques sont présentées dans le tableau

suivant (α = 0,7078).

Echelle multiple "perceptions négatives des conséquences de la disparition de l’entreprise" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle Moy

7,7175 Variance 3,4538

Ecart type 1,8585

Variables 3

Moy échelle si item supprimé

Variance échelle si item supprimé

Corrélation item-total corrigé

Alpha si item supprimé

ECHECFIN 4,8701 4,0910 ,4294 ,7652 ECHECSOC 5,7175 3,8516 ,6358 ,4393 ECHECPER 4,8475 3,7891 ,5289 ,6065

Coefficient de fiabilité nbre de cases = 177,0 nbre d’items = 3 Alpha = ,7108 Tableau 31 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions négatives des

conséquences de la disparition de l’entreprise" (échantillon "DESS, formations ou

programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création

d’entreprise")

Page 282: Intention Entrepreneuriale

279

Etudions l’échantillon témoin pour s’enquérir de la bidimensionnalité révélée dans

l’échantillon de référence. Comme pour ce dernier, la première ACP reprise dans le tableau

32 n’indique pas de structure factorielle claire dans la mesure où les items "UTIAVENT"

et "UTISUICA" ont des contributions factorielles supérieures à 0,30 sur les deux facteurs.

Qualité de représentation

Initial Extraction ECHECFIN 1,000 ,370 ECHECSOC 1,000 ,667 ECHECPER 1,000 ,555 UTIAVENT 1,000 ,752 UTISUICA 1,000 ,722 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs

retenus Composante

Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés 1 1,771 35,430 35,430 1,771 35,430 35,430 2 1,294 25,884 61,314 1,294 25,884 61,314 3 ,904 18,070 79,384 4 ,614 12,273 91,657 5 ,417 8,343 100,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Matrice des composantes a

Composantes 1 2 ECHECFIN 4,983E-02 ,606 ECHECSOC -,457 ,677 ECHECPER -,583 ,464 UTIAVENT ,810 ,311 UTISUICA ,751 ,397 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. a : 2 composantes extraites. Tableau 32 - Analyse factorielle de la variable "propension à la prise de risque"

(échantillon "DESS CAAE")

C’est pourquoi nous avons réalisé une rotation oblimin qui met au jour les mêmes

facteurs identifiés dans l’échantillon de référence (tableau 33). Ceux-ci expliquent 61,3%

de la variance totale de l’information collectée. Cependant, l’item "ECHECFIN" a une

contribution factorielle supérieure à 0,30 sur les deux composantes. Le test de cohérence

interne renseignera sur la position à adopter en ce qui le concerne (le garder ou le

supprimer).

Page 283: Intention Entrepreneuriale

280

Qualité de représentation

Initial Extraction ECHECFIN 1,000 ,370 ECHECSOC 1,000 ,667 ECHECPER 1,000 ,555 UTIAVENT 1,000 ,752 UTISUICA 1,000 ,722 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés

des facteurs retenus Somme des carrés des facteurs

retenus pour la rotation Composante

Total % de la variance

% cumulés Total % de la variance

% cumulés Total

1 1,771 35,430 35,430 1,771 35,430 35,430 1,666 2 1,294 25,884 61,314 1,294 25,884 61,314 1,414 3 ,904 18,070 79,384 4 ,614 12,273 91,657 5 ,417 8,343 100,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. a : lorsque les composantes sont corrélées, les sommes des carrés chargés ne peuvent pas être additionnés pour obtenir une variance totale. Matrice des composantes a

Composantes 1 2 ECHECFIN ,606 ECHECSOC -,457 ,677 ECHECPER -,583 ,464 UTIAVENT ,810 ,311 UTISUICA ,751 ,397 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. a : 2 composantes extraites. Matrice des types a

Composantes 1 2

ECHECFIN ,347 ,512 ECHECSOC ,813 ECHECPER ,684 UTIAVENT ,857 UTISUICA ,850 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser. a : la rotation a convergé en 7 itérations. Matrice de structure

Composantes 1 2

ECHECFIN ,329 ,499 ECHECSOC ,815 ECHECPER ,693 UTIAVENT ,861 UTISUICA ,850 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser.

Page 284: Intention Entrepreneuriale

281

Matrice de corrélation des composantes Composante 1 2 1 1,000 -3,533E-02 2 -3,533E-02 1,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser. Tableau 33 - Analyse factorielle après rotation oblimin directe de la variable

"propension à la prise de risque" (échantillon "DESS CAAE")

Au sein de l’échantillon "DESS CAAE", le score de fiabilité de la dimension renvoyant

aux perceptions positives des conséquences de la disparition de l’entreprise que les

étudiants créeraient éventuellement possède une valeur qui satisfait largement au seuil

minimum retenu, soit 0,7274 (tableau 34). Les items ont une bonne mesure de la cohérence

interne de cette composante ; ils sont corrélés entre eux.

Echelle multiple "perceptions positives des conséquences de la disparition de l’entreprise" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle

Moy 6,3920

Variance 1,9883

Ecart type 1,4101

Variables 2

Moy échelle si item supprimé

Variance échelle si item supprimé

Corrélation item-total corrigé

Alpha si item supprimé

UTIAVENT 3,2727 ,5652 ,5748 . UTISUICA 3,1193 ,7000 ,5748 .

Coefficient de fiabilité nbre de cases = 176,0 nbre d’items = 2 Alpha = ,7274 Tableau 34 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions positives des

conséquences de la disparition de l’entreprise" (échantillon "DESS CAAE")

Selon l’interprétation des résultats de cohérence interne de la dimension renvoyant aux

perceptions négatives des conséquences de la disparition de l’entreprise, il n’est pas

envisagé de supprimer l’item "ECHECFIN" (tableau 35). Premièrement, il apporte une

information importante dans la composition de ce facteur. Deuxièmement, la qualité du

coefficient de fiabilité renseigne sur la satisfaction du critère de cohérence interne de ce

facteur (0,7106).

Page 285: Intention Entrepreneuriale

282

Echelle multiple "perceptions négatives des conséquences de la disparition de l’entreprise" : cohérence

interne

Statistiques pour l’échelle

Moy 8,5795

Variance 2,7365

Ecart type 1,6542

Variables 3

Moy échelle si item supprimé

Variance échelle si item supprimé

Corrélation item-total corrigé

Alpha si item supprimé

ECHECFIN 5,6307 3,9828 ,4098 ,8288 ECHECSOC 6,0739 3,3602 ,6757 ,3525 ECHECPER 5,4545 3,3808 ,5671 ,5740

Coefficient de fiabilité nbre de cases = 176,0 nbre d’items = 3 Alpha = ,7106 Tableau 35 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions négatives des

conséquences de la disparition de l’entreprise" (échantillon "DESS CAAE")

Ainsi, sur la base des rotations oblimin et des tests de l’α sur les deux échantillons, nous

condensons l’échelle initiale en passant de 5 items à deux variables représentant les deux

axes factoriels. Renvoyant à des perceptions positives des conséquences de la disparition

de l’entreprise que les étudiants auraient créées, la variable "ECHEC" regroupe les items

"ECHECFIN", "ECHECSOC" et "ECHECPERSO". Révélant des perceptions négatives

des conséquences de la disparition de l’entreprise, la variable "UTI" rassemble les items

"UTIAVENT" et "UTISUICA".

8.3.6. La variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais de la

formation"

Pour opérationnaliser cette variable, nous avons traduit l’échelle utilisée par L.

KOLVEREID (1997 p. 52) et A. TKACHEV et L. KOLVEREID (1999 p. 276-277)465.

Celle-ci a été testée uniquement auprès de l’échantillon de référence. En effet, le suivi d’un

enseignement en entrepreneuriat ou en création d’entreprise différencie les deux

populations de l’étude.

465 Cf. supra, p. 228-230, "7.5.2.4. Le cursus entrepreneurial".

Page 286: Intention Entrepreneuriale

283

Composée de cinq items, cette échelle renvoie aux perceptions qu’ont les étudiants des

aptitudes entrepreneuriales qu’ils peuvent acquérir par le biais des programmes et des

formations en entrepreneuriat ou en création d’entreprise. Le premier item

("DEVECREA") traduit les perceptions des étudiants quant aux difficultés (facilités) de

devenir créateur d’entreprise ; le deuxième item ("POURCARR") représente la difficulté

(facilité) de poursuivre une carrière de créateur d’entreprise ; le troisième item

("ENSCONT") renvoie au contrôle de la situation en qualité de créateur d’entreprise ; le

quatrième item ("ENSNCONT") porte sur le degré de contrôle des événements qui peuvent

être un obstacle pour devenir créateur ; enfin le dernier item ("ENSREUSS") énonce les

perceptions des chances de réussite ou d’échec nées à la suite des formations et des

programmes.

Cette échelle est unidimensionnelle et fiable auprès d’étudiants en management

norvégiens et russes (avec un alpha de 0,72 et 0,75). Qu’en est-il des scores d’homogénéité

de cette échelle dans le contexte culturel français ?

L’ACP, présentée dans le tableau suivant, met en évidence l’unidimensionnalité de la

variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais de la formation"

auprès de l’échantillon de référence. Tous les items se rapportent de manière significative à

un seul facteur (contributions factorielles supérieures à 0,54). Cependant, la variance totale

restituée par le facteur est égale à 47,9%, ce qui représente un score légèrement inférieur à

la moyenne requise.

Qualité de représentation

Initial Extraction DEVECREA 1,000 ,590 POURCARR 1,000 ,463 ENSCONT 1,000 ,448 ENSNCONT 1,000 ,297 ENSREUSS 1,000 ,397 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus

Composante Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés 1 2,195 47,899 43,899 2,195 47,899 47,899 2 ,927 17,532 65,431 3 ,714 13,283 78,714 4 ,681 12,614 91,328 5 ,484 8,672 100,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Page 287: Intention Entrepreneuriale

284

Matrice des composantes a Composante

1 DEVECREA ,768 POURCARR ,680 ENSCONT ,669 ENSNCONT ,545 ENSREUSS ,630 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. a : 1 composante extraite. Tableau 36 - Analyse factorielle de la variable "perceptions des aptitudes

entrepreneuriales acquises par le biais de la formation" (échantillon "DESS,

formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou

en création d’entreprise")

Avant de décider de regrouper les cinq items de l’échelle au sein d’une seule variable,

nous avons procédé au test de cohérence interne dont les caractéristiques sont reprises dans

le tableau ci-dessous. Le score de l’α est acceptable (0,6869), mais il reste faible par

rapport à ceux des études de L. KOLVEREID (1997 p. 52) et A. TKACHEV et L.

KOLVEREID (1999 p. 276-277). De plus, l’élimination d’un des cinq items réduit à

chaque fois sa valeur.

Echelle multiple "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais de la formation" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle Moy

13,8596 Variance 3,7372

Ecart type 1,9332

Variables 5

Moy échelle si item supprimé

Variance échelle si item supprimé

Corrélation item-total corrigé

Alpha si item supprimé

DEVECREA 11,2865 2,3751 ,5431 ,5563 POURCARR 11,0449 2,3821 ,4304 ,6134 ENSCONT 10,9270 2,7234 ,4384 ,6104 ENSNCONT 11,2416 2,6023 ,3240 ,6660 ENSREUSS 10,9382 2,8719 ,4063 ,6260

Coefficient de fiabilité nbre de cases = 178,0 nbre d’items = 5 Alpha = ,6869 Tableau 37 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions des aptitudes

entrepreneuriales acquises par le biais de la formation" (échantillon "DESS,

formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou

en création d’entreprise")

Page 288: Intention Entrepreneuriale

285

L’analyse factorielle indique que la variable ainsi constituée est unidimensionnelle ;

l’échelle est fiable. Nous la conservons telle quelle et agrégeons ses cinq items pour former

la variable "PERCFOR".

8.3.7. La variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des

expériences professionnelles"

Cette variable est opérationnalisée par cinq items. Les trois premiers renvoient à

l’exercice de responsabilités sur des hommes "RESPHOM", sur un budget "RESPBUD" et

sur du matériel "RESPMAT". Les deux derniers traduisent la conduite ou la participation

dans des projets "MENPART" et la prise de décisions importantes de manière solitaire

"DECISEUL".

Concernant l’échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management

et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise", les statistiques de l’ACP

montrent que ce construit est undimensionnel (annexe 8). Tous les items se rapportent à la

même composante. Cependant, la contribution factorielle de l’item "MENPART" est

inférieure à 0,50. En outre, seulement 46,1% de l’information recueillie est représentée par

le facteur en question.

Pour ce qui est de l’échantillon témoin, les contributions factorielles des items

"RESPBUD" et "RESPMAT" sont supérieures à 0,30 pour les deux facteurs contenant

cette variable (annexe 9). L’ACP nécessite donc une rotation oblimin, laquelle indique que

la variable est bidimensionnelle (annexe 10). La première facette regroupe les items

"RESPHOM", "MENPART" et "DECISEUL". La deuxième est formée par les items

"RESPBUD" et "RESPMAT".

L’optique comparative nous oblige à retenir le même nombre de facteurs avec des

items identiques pour chacun d’eux. Des calculs simultanés sur les deux échantillons

nous informent qu’il faut supprimer l’item "MENPART". Le tableau 38 reprend les

propriétés de l’ACP de la population de référence sans ce dernier. Les contributions

factorielles des quatre items restant (toutes supérieures à 0,69) sont améliorées de façon

importante. De plus, la variance totale augmente pour s’établir à hauteur de 53,9%.

Page 289: Intention Entrepreneuriale

286

Qualité de représentation Initial Extraction

RESPHOM 1,000 ,484 RESPBUD 1,000 ,639 RESPMAT 1,000 ,511 DECISEUL 1,000 ,523 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales

Variance totale expliquée a Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus

Composante Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés 1 2,157 53,932 53,932 2,157 53,932 53,932 2 ,726 18,155 72,088 3 ,624 15,602 87,690 4 ,492 12,310 100,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Matrice des composantes a

Composante 1 RESPHOM ,696 RESPBUD ,799 RESPMAT ,715 DECISEUL ,724 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. a : 1 composante extraite. Tableau 38 - Analyse factorielle de la variable "perceptions des aptitudes

entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles" sans l’item

"MENPART" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de

management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Le calcul de l’α révèle un coefficient acceptable pour l’échelle initiale (annexe 11).

Cependant, le tableau ci-dessous indique que l’élimination de l’item "MENPART" permet

d’améliorer ce score de 0,1 point (0,7144).

Page 290: Intention Entrepreneuriale

287

Echelle multiple "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles sans l’item MENPART" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle Moy

8,2759 Variance 8,1431

Ecart type 2,8536

Variables 4

Moy échelle si item supprimé

Variance échelle si item supprimé

Corrélation item-total corrigé

Alpha si item supprimé

RESPHOM 6,3678 5,1125 ,4607 ,6767 RESPBUD 6,5000 4,5867 ,5810 ,6007 RESPMAT 6,1034 5,1222 ,4792 ,6652 DECISEUL 5,8563 5,2451 ,4870 ,6609

Coefficient de fiabilité nbre de cases = 174,0 nbre d’items = 4 Alpha = ,7144 Tableau 39 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions des aptitudes

entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles" sans l’item

"MENPART" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de

management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Ainsi donc, au regard des critères de l’ACP et de l’α, nous épurons l’échelle de l’item

"MENPART" pour la population de référence. Qu’en est il pour la population témoin ? La

suppression de cet item conduit à un construit unidimensionnel (tableau 40). Bien que la

variance totale soit inférieure à 50%, les contributions factorielles de chacun des facteurs à

l’axe principal sont satisfaisantes.

Qualité de représentation Initial Extraction

RESPHOM 1,000 ,340 RESPBUD 1,000 ,471 RESPMAT 1,000 ,263 DECISEUL 1,000 ,570 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales

Variance totale expliquée a

Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus Composante Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés 1 1,644 46,098 46,098 1,644 46,098 46,098 2 ,967 22,184 68,282 3 ,742 17,539 85,821 4 ,647 14,179 100,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Page 291: Intention Entrepreneuriale

288

Matrice des composantes a Composante

1 RESPHOM ,583 RESPBUD ,686 RESPMAT ,513 DECISEUL ,755 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. a : 1 composante extraite.

Tableau 40 - Analyse factorielle la variable "perceptions des aptitudes

entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles" sans l’item

"MENPART" (échantillon "DESS CAAE")

Le coefficient de fiabilité après suppression de l’item "MENPART" est quasiment

identique à celui de l’échelle le contenant, soit respectivement 0,6846 (tableau 41) et

0,6861 (annexe 12). Si la fiabilité de l’échelle n’est pas améliorée, il n’en demeure pas

moins que l’élimination de l’item "MENPART" produit, comme pour l’échantillon de

référence, un construit unidimensionnel.

Echelle multiple Echelle multiple "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles sans l’item MENPART" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle Moy

7,0373 Variance 4,1861

Ecart type 2,1060

Variables 4

Moy échelle si item supprimé

Variance échelle si item supprimé

Corrélation item-total corrigé

Alpha si item supprimé

RESPHOM 5,4224 2,7705 ,4498 ,6774 RESPBUD 5,6770 2,9950 ,5443 ,6069 RESPMAT 5,0497 2,8850 ,4116 ,7110 DECISEUL 4,9627 2,3236 ,6088 ,5170

Coefficient de fiabilité nbre de cases = 161,0 nbre d’items = 4 Alpha = ,6846 Tableau 41 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions des aptitudes

entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles" sans l’item

"MENPART" (échantillon "DESS CAAE")

Ainsi, après suppression de l’item "MENPART" réalisée pour obtenir un construit

unidimensionnel dans les deux échantillons, nous condensons l’échelle afférente aux

Page 292: Intention Entrepreneuriale

289

perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences

professionnelles ("RESPHOM", "RESPBUD", "RESPMAT", et "DECISEUL") pour

former la nouvelle variable dont le nom est "PERCEXP".

La suppression de l’item "MENPART" qui traduit la conduite ou la participation dans

des projets a pour conséquence de reformuler les termes de l’hypothèse 6b qui contient

cette dimension. Ainsi, celle-ci s’exprime de la manière suivante :

hypothèse 6b : les aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec les

responsabilités et la prise individuelle de décisions importantes lors d’expériences

professionnelles (travail ou stage) influencent positivement l’intention

entrepreneuriale466.

8.3.8. La variable "perceptions de disponibilité des ressources"

Les perceptions de disponibilité des ressources s’expriment à travers deux aspects467. Le

premier est d’ordre financier : la difficulté d’obtention d’un financement bancaire

"DIFFINBA" ; la difficulté à attirer les capital-risqueurs "DIFFINRI" et la difficulté à

réunir des fonds de proximité "DIFFINPR". Le second relève du conseil et de

l’information : la difficulté à trouver les informations pour mieux formaliser l’idée ou le

projet "DIFINFO" ; la difficulté à trouver les conseils pour mieux formaliser l’idée ou le

projet "DIFCONSE".

Ainsi l’échelle que nous avons construite devrait mener à une structure factorielle

bidimensionnelle. L’examen de l’ACP initiale au sein de l’échantillon "DESS, formations

ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création

d’entreprise" révèle en effet deux axes factoriels (tableau 42). Cependant, la matrice des

composantes n’est pas claire ; en effet les trois premiers items ("DIFFINBA",

"DIFFINRI" et "DIFFINPR") ont des contributions factorielles supérieures à 0,30 sur les

deux dimensions. Pour pouvoir interpréter plus clairement ces facteurs, une rotation

oblimin s’impose.

466 Précédemment, celle-ci s’énonçait de la façon suivante : les aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec les responsabilités, la conduite ou la participation dans des projets et la prise individuelle de décisions importantes lors d’expériences professionnelles (travail ou stage) influencent positivement l’intention entrepreneuriale (Cf. supra., p. 199, "B. Les expériences professionnelles et associatives"). 467 Cf. supra., p. 201, "6.1.3.2. Les perceptions de l’accessibilité aux ressources".

Page 293: Intention Entrepreneuriale

290

Qualité de représentation Initial Extraction

DIFFINBA 1,000 ,708 DIFFINRI 1,000 ,665 DIFFINPR 1,000 ,431 DIFINFO 1,000 ,843 DIFCONSE 1,000 ,832 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a

Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus Composante Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés 1 1,800 35,990 35,990 1,800 35,990 35,990 2 1,679 33,576 69,566 1,679 33,576 69,566 3 ,762 15,245 84,811 4 ,456 9,127 93,938 5 ,303 6,062 100,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Matrice des composantes a

Composantes 1 2

DIFFINBA ,585 ,605 DIFFINRI ,734 ,356 DIFFINPR ,444 ,484 DIFINFO -,603 ,692 DIFCONSE -,598 ,688 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. A : 2 composantes extraites. Tableau 42 - Analyse factorielle de la variable "perceptions de la disponibilité des

ressources" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de

management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Cette rotation fait nettement ressortir les liens entre les facteurs et leurs composantes car

les contributions factorielles ont des valeurs plus élevées (tableau 43). Tous les items

contribuent fortement (contribution supérieure à 0,65) et essentiellement (aucune

contribution supérieure ou égale à 0,30 sur un autre facteur) à la dimension qu’ils

composent. De plus, les deux axes restituent chacun plus d’un tiers de l’information

collectée et le total de leur variance est égal à 69,5%.

Qualité de représentation

Initial Extraction DIFFINBA 1,000 ,708 DIFFINRI 1,000 ,665 DIFFINPR 1,000 ,431 DIFINFO 1,000 ,843 DIFCONSE 1,000 ,832 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Page 294: Intention Entrepreneuriale

291

Variance totale expliquée a Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés

des facteurs retenus Somme des carrés des facteurs

retenus pour la rotation Composante

Total % de la variance

% cumulés

Total % de la variance

% cumulés

Total

1 1,800 35,990 35,990 1,800 35,990 35,990 1,749 2 1,679 33,576 69,566 1,679 33,576 69,566 1,731 3 ,762 15,245 84,811 4 ,456 9,127 93,938 5 ,303 6,062 100,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. a : lorsque les composantes sont corrélées, les sommes des carrés chargés ne peuvent pas être additionnés pour obtenir une variance totale. Matrice des composantes a

Composantes 1 2

DIFFINBA ,585 ,605 DIFFINRI ,734 ,356 DIFFINPR ,444 ,484 DIFINFO -,603 ,692 DIFCONSE -,598 ,688 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. a : 2 composantes extraites. Matrice des types a

Composantes 1 2

DIFFINBA ,839 DIFFINRI ,786 DIFFINPR ,653 DIFINFO ,918 DIFCONSE ,912 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser. a : la rotation a convergé en 4 itérations. Matrice des structures a

Composantes 1 2

DIFFINBA ,837 DIFFINRI ,790 DIFFINPR ,651 DIFINFO ,918 DIFCONSE ,912 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser.

Page 295: Intention Entrepreneuriale

292

Matrice de corrélation des composantes Composante 1 2

1 1,000 -1,880E-02 2 -1,880E-02 1,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser. Tableau 43 - Analyse factorielle après rotation oblimin directe de la variable

"perceptions de disponibilité des ressources" (échantillon "DESS, formations ou

programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création

d’entreprise")

La première dimension regroupe les perceptions de disponibilité des ressources

financières ("DIFFINBA", "DIFFINRI" et "DIFFINPR"). La seconde est composée des

perceptions des ressources en informations et conseils ("DIFINFO" et "DIFCONSE"). Pour

confirmer l’homogénéité de chacune de ces dimensions, nous avons exécuté le test de

l’alpha.

S’agissant du premier axe factoriel, le tableau suivant indique que le coefficient de

fiabilité α est légèrement supérieur au seuil retenu (0,6899) ; il est d’autant plus acceptable

que cette échelle est exploratoire.

Echelle multiple "perceptions de disponibilité des ressources financières" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle

Moy 7,5909

Variance 4,3907

Ecart type 2,1854

Variables 3

Moy échelle si item supprimé

Variance échelle si item supprimé

Corrélation item-total corrigé

Alpha si item supprimé

DIFFINBA 4,8818 2,3437 ,5973 ,4714 DIFFINRI 5,0273 2,0818 ,5239 ,5668 DIFFINPR 5,2727 ,3961 ,7325

Coefficient de fiabilité nbre de cases = 110,0 nbre d’items = 3 Alpha = ,6899 Tableau 44 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions de disponibilité des

ressources financières" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de

management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Page 296: Intention Entrepreneuriale

293

Les caractéristiques de fiabilité du deuxième facteur sont reprises dans le tableau ci-

dessous. Elles indiquent un bon score de l’α (0,8165) d’autant plus que l’échelle est réduite

à son nombre le plus faible (deux items).

Echelle multiple "perceptions de disponibilité des informations et conseils": cohérence interne

Statistiques pour l’échelle Moy

4,4182 Variance 2,4107

Ecart type 1,5526

Variables 3

Moy échelle si item supprimé

Variance échelle si item supprimé

Corrélation item-total corrigé

Alpha si item supprimé

DIFINFO 2,1455 ,6575 ,6920 . DIFCONSE 2,2727 ,7690 ,6920 .

Coefficient de fiabilité nbre de cases = 110,0 nbre d’items = 3 Alpha = ,8165 Tableau 45 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions de disponibilité des

informations et conseils" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles

de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

La bidimensionnalité révélée dans l’échantillon "DESS, formations ou programmes en

écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise" se

confirmera-t-elle pour l’échantillon DESS "CAAE" ? Les résultats de l’analyse factorielle

initiale montrent en fait une double composante (tableau 46). Cependant, comme pour

l’échantillon de référence, la structure factorielle proposée n’est pas claire car l’item

"DIFINRI" a une contribution factorielle supérieure à 0,30 sur les deux facteurs. Ceci nous

oblige à procéder à une rotation oblimin en vue d’obtenir des axes qui puissent être

interprétables.

Qualité de représentation

Initial Extraction DIFFINBA 1,000 ,690 DIFFINRI 1,000 ,739 DIFFINPR 1,000 ,551 DIFINFO 1,000 ,889 DIFCONSE 1,000 ,881 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Page 297: Intention Entrepreneuriale

294

Variance totale expliquée a Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus

Composante Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés 1 1,983 39,670 39,670 1,983 39,670 39,670 2 1,766 35,322 74,992 1,766 35,322 74,992 3 ,634 12,687 87,679 4 ,399 7,971 95,650 5 ,217 4,350 100,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Matrice des composantes a

Composantes 1 2

DIFFINBA ,821 ,124 DIFFINRI ,825 ,302 DIFFINPR ,694 ,263 DIFINFO -,301 ,894 DIFCONSE -,237 ,908 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. a : 2 composantes extraites. Tableau 46 - Analyse factorielle de la variable "perceptions de disponibilité des

ressources" (échantillon "DESS CAAE")

En effet, avec cette rotation, nous retrouvons au sein de l’échantillon témoin la même

structure factorielle que dans l’échantillon de référence (tableau 47). Deux facteurs sont

clairement distingués avec des contributions factorielles élevées (toutes supérieures à

0,74). En outre, les deux composantes présentent une variance totale très satisfaisante

(74,9%).

Qualité de représentation

Initial Extraction DIFFINBA 1,000 ,690 DIFFINRI 1,000 ,739 DIFFINPR 1,000 ,551 DIFINFO 1,000 ,889 DIFCONSE 1,000 ,881 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a Valeurs propres initiales Extraction Sommes des

carrés des facteurs retenus Somme des carrés des facteurs

retenus pour la rotation Composante

Total % de la variance

% cumulés

Total % de la variance

% cumulés

Total

1 1,983 39,670 39,670 1,983 39,670 39,670 1,968 2 1,766 35,322 74,992 1,766 35,322 74,992 1,784 3 ,634 12,687 87,679 4 ,399 7,971 95,650 5 ,217 4,350 100,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. a : lorsque les composantes sont corrélées, les sommes des carrés chargés ne peuvent pas être additionnés pour obtenir une variance totale.

Page 298: Intention Entrepreneuriale

295

Matrice des composantes a Composantes 1 2

DIFFINBA ,821 DIFFINRI ,825 302 DIFFINPR ,694 DIFINFO -,301 ,894 DIFCONSE ,908 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. a : 2 composantes extraites. Matrice des types a

Composantes 1 2

DIFFINBA ,823 DIFFINRI ,860 DIFFINPR ,741 DIFINFO ,942 DIFCONSE ,939 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser. a : la rotation a convergé en 3 itérations. Matrice des structures a

Composantes 1 2

DIFFINBA ,825 DIFFINRI ,859 DIFFINPR ,739 DIFINFO ,942 DIFCONSE ,938 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser. Matrice de corrélation des composantes Composante 1 2

1 1,000 -2,308E-02 2 -2,308E-02 1,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser. Tableau 47 - Analyse factorielle après rotation oblimin directe de la variable

"perceptions de disponibilité des ressources" (échantillon "DESS CAAE")

Pour s’enquérir de l’homogénéité de chacun des axes factoriels, nous allons procéder

aux calculs de fiabilité. S’agissant de la dimension regroupant les perceptions de

disponibilité des ressources financières, le tableau 48 indique que le score de l’α est

satisfaisant (0,7174). Aucune suppression d’items ne permet de l’améliorer de manière

conséquente.

Page 299: Intention Entrepreneuriale

296

Echelle multiple "perceptions de disponibilité des ressources financières" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle

Moy 8,6939

Variance 4,2585

Ecart type 2,0636

Variables 3

Moy échelle si item supprimé

Variance échelle si item supprimé

Corrélation item-total corrigé

Alpha si item supprimé

DIFFINBA 5,4286 2,5833 ,5693 ,6274 DIFFINRI 5,7143 1,9167 ,6131 ,5288 DIFFINPR 6,2449 1,9804 ,4774 ,7265

Coefficient de fiabilité nbre de cases = 49 nbre d’items = 3 Alpha = ,7174 Tableau 48 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions de disponibilité des

ressources financières" (échantillon "DESS CAAE")

Le score de fiabilité du facteur contenant les aspects de conseils et d’informations

présente une très bonne valeur (0,8712) pour cette échelle (tableau 49).

Echelle multiple "perceptions de disponibilité des informations et conseils" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle

Moy 4,5918

Variance 2,7466

Ecart type 1,6573

Variables 2

Moy échelle si item supprimé

Variance échelle si item supprimé

Corrélation item-total corrigé

Alpha si item supprimé

DIFINFO 2,3061 ,8002 ,7722 . DIFCONSE 2,2857 ,7500 ,7722 .

Coefficient de fiabilité nbre de cases = 49 nbre d’items = 2 Alpha = ,8712 Tableau 49 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions de disponibilité des

informations et conseils" (échantillon "DESS CAAE")

Les calculs d’homogénéité dans les deux échantillons révèlent donc l’existence de deux

dimensions dans les perceptions de disponibilité des ressources. La dimension relative au

financement condense les items "DIFFINBA", "DIFFINRI" et "DIFFINPR" ; elle est

représentée par une nouvelle variable appelée "DIFFI". La dimension afférente aux

Page 300: Intention Entrepreneuriale

297

conseils et aux informations rassemble les items "DIFINFO" et "DIFCONSE". Nous lui

affectons la variable qui portera le nom de "DIFINFCO".

8.3.9. La variable "intention entrepreneuriale"

L’opérationnalisation de la variable à expliquer, l’intention entrepreneuriale, s’inspire

de l’échelle de I. AJZEN et M. FISHBEIN (1980) 468. A travers trois items, celle-ci vise à

mesurer, sur une échéance de cinq ans, la probabilité que les étudiants créent leurs

entreprises ("PROBACRE"), la probabilité qu’ils poursuivent une carrière de salarié

("PROBASAL") et leur propension à choisir entre la création d’entreprise et le salariat

("CHCREASA").

Cette échelle a été utilisée par L. KOLVEREID (1997 p. 52), A.F. DE NOBLE et alii

(1999) et A. TKACHEV et L. KOLVEREID (1999 p. 276-277). Les résultats de ces études

prouvent l’unidimensionnalité et la fiabilité de cette échelle auprès d’étudiants Norvégiens,

Américains et Russes suivant des cours en entrepreneuriat (au sein de cursus de

management). Respectivement, les scores de l’α étaient de 0,89, 0,70 et 0,83. La mise en

perspective dans le contexte français conduira-t-elle à une même unidimensionnalité et une

même fiabilité alors que le contexte culturel est différent ?

L’analyse factorielle sur l’échantillon de référence indique que l’unidimensionnalité est

respectée dans le contexte français (tableau 50). Les trois items présentent de très bonnes

contributions factorielles (toutes supérieures à 0,87). La variance totale expliquée est elle

aussi très satisfaisante (77,3%).

Qualité de représentation a

Initial Extraction PROBACRE 1,000 ,780 PROBASAL 1,000 ,757 CHCREASA 1,000 ,781 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

468 Cf. supra., p. 236-239, "7.5.2.8. Choix de carrières".

Page 301: Intention Entrepreneuriale

298

Variance totale expliquée Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus

Composante Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés 1 2,318 77,272 77,272 2,318 77,272 77,272 2 ,361 12,037 89,309 3 ,321 10,691 100,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Matrice des composantes a

Composante 1

PROBACRE ,883 PROBASAL ,870 CHCREASA ,884 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. a : 1 composante extraite. Tableau 50 - Analyse factorielle de la variable "intention entrepreneuriale"

(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion

en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Le test de Cronbach indique que l’échelle est très cohérente (tableau 51). Le score de

l’α est très bon (0,8521) et tous les items sont corrélés à plus de 70% au score global de

l’échelle (quatrième colonne).

Echelle multiple "intention entrepreneuriale" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle Moy

8,1124 Variance 5,3884

Ecart type 2,3213

Variables 3

Moy échelle si item supprimé

Variance échelle si item supprimé

Corrélation item-total corrigé

Alpha si item supprimé

PROBACRE 5,3876 2,4082 ,7310 ,7872 PROBASAL 5,7416 2,6560 ,7080 ,8068 CHCREASA 5,0955 2,6518 ,7321 ,7855

Coefficient de fiabilité nbre de cases = 178,0 nbre d’items = 3 Alpha = ,8521 Tableau 51 - Alpha de Cronbach de la variable "intention entrepreneuriale"

(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion

en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Page 302: Intention Entrepreneuriale

299

Les calculs d’homogénéité réalisés sur l’échantillon "DESS CAAE" vont dans le même

sens que ceux effectués sur l’échantillon de référence. En effet, l’ACP dégage une seule

dimension avec des items ayant des contributions factorielles au moins égale à 0,80

(tableau 52). Le facteur restitue 68,6% de l’information collectée.

Qualité de représentation a

Initial Extraction PROBACRE 1,000 ,643 PROBASAL 1,000 ,739 CHCREASA 1,000 ,677 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenusComposante

Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés 1 2,059 68,649 68,649 2,059 68,649 68,649 2 ,537 17,898 86,547 3 ,404 13,453 100,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Matrice des composantes a

Composante 1

PROBACRE ,802 PROBASAL ,860 CHCREASA ,823 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. a : 1 composante extraite. Tableau 52 - Analyse factorielle de la variable "intention entrepreneuriale"

(échantillon "DESS CAAE")

Les caractéristiques de cohérence interne, présentées ci-après, montrent, parallèlement à

l’échantillon de référence, un bon score de l’α (0,7547) ; l’échelle est donc fiable.

Page 303: Intention Entrepreneuriale

300

Echelle multiple "intention entrepreneuriale" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle Moy

5,5795 Variance 3,3536

Ecart type 1,8313

Variables 3

Moy échelle si item supprimé

Variance échelle si item supprimé

Corrélation item-total corrigé

Alpha si item supprimé

PROBACRE 3,6761 1,6259 ,5578 ,7050 PROBASAL 4,0000 1,9314 ,6553 ,6348 CHCREASA 3,4830 1,4626 ,5841 ,6853

Coefficient de fiabilité nbre de cases = 176,0 nbre d’items = 3 Alpha = ,7547 Tableau 53 - Alpha de Cronbach de la variable "intention entrepreneuriale"

(échantillon "DESS CAAE")

Les valeurs de l’α pour la variable "intention entrepreneuriale" calculées dans le

contexte français à travers les deux échantillons de l’étude se situent dans l’intervalle de

celles trouvées469 par les études de L. KOLVEREID (1997 p. 52), A.F. DE NOBLE et alii

(1999) et A. TKACHEV et L. KOLVEREID (1999 p. 276-277). L’échelle représentant la

variable à expliquer du modèle que nous souhaitons tester est donc homogène, nous

additionnons ses trois items pour former une nouvelle variable appelée "INTENT".

Conclusion du chapitre 8

Les tris croisant successivement les deux échantillons avec le sexe, l’âge, le pays ou la

région d’origine, le cursus antérieur, le type de formation et les raisons de l’intégration des

programmes et des formations en entrepreneuriat ont permis de décrire et de spécifier des

propriétés socio-démographiques des deux populations de la recherche.

Les critères d’homogénéité pour les traitements des échelles s’appuient sur les méthodes

de dimensionnalité et de cohérence interne. Celles-ci sont centrées sur le résumé des

données et la structuration des variables. En effet, l’analyse factorielle révèle les

469 Soit [0,70 et 0,89].

Page 304: Intention Entrepreneuriale

301

dimensions sous-jacentes des hypothèses. L’alpha de Cronbach confirme ou infirme ces

dimensions. Les composantes des différentes variables sont mises au jour en factorisant les

items pertinents et en supprimant ceux qui le sont moins.

Ainsi, au terme de cette avant-dernière étape de la recherche, nous avons condensé les

variables initiales en un nombre réduit de variables composites en vue de pouvoir les

interpréter. Les nouvelles variables créées sont des opérationnalisations pertinentes des

hypothèses. En effet, seuls trois items ont été supprimés et les dimensions mises au jour

par les ACP sont conformes aux différents aspects formulés dans les hypothèses.

Les calculs d’homogénéité reposent sur des "références empiriques". En tenant compte

de considérations spécifiques aux différences culturelles, nous avons comparé les résultats

obtenus avec ceux des travaux norvégien, américain et russe. Les résultats de la

recherche dans le contexte français sont en adéquation avec ceux trouvés dans

d’autres régions du monde.

L’homogénéité des échelles étant vérifiée, nous allons procéder dans un ultime chapitre

aux tests de validation des hypothèses. Dans cette perspective, notre démarche mobilise les

méthodes de ANOVA à un facteur, de régressions simple et multiple ainsi que la

corrélation multiple.

Page 305: Intention Entrepreneuriale

302

Chapitre 9 - Un modèle de l’intention entrepreneuriale validé dans un

contexte de l’enseignement de l’entrepreneuriat

"Une vérité n'appartient pas à celui qui la trouve, mais à celui qui la prouve, et qui sait en

voir les conséquences".

J.-B. SAY (1972) [1803]

Valider ou invalider des hypothèses implique pour notre étude de vérifier l’influence

des variables explicatives du modèle sur la variable à expliquer : l’intention

entrepreneuriale. Il s’agit donc de soumettre les relations formulées dans les hypothèses à

des tests économétriques de manière à déterminer, lorsqu’elles existent, l’importance et la

signification des contributions des variables indépendantes sur les variations de la

variable dépendante.

L’objectif de ce chapitre est par conséquent de tester la validité des hypothèses.

Parallèlement, chaque fois que les informations collectées le permettent, nous opérons des

analyses descriptives afférentes à certaines hypothèses. Ainsi, pour expliquer et prédire

l’intention entrepreneuriale, nous procédons en trois étapes. Successivement, nous

cherchons à montrer l’impact éventuel des attitudes associées au comportement, des

normes subjectives et des perceptions du contrôle comportemental sur l’intention

entrepreneuriale. Nous recourrons, selon les cas, à des techniques de régressions simple et

multiple, à l’ANOVA à un facteur et à l’analyse de la corrélation. Celles-ci sont exposées

pour faciliter la compréhension des opérations effectuées. Avant de conclure, nous

présentons un modèle de l’intention entrepreneuriale validé auprès d’étudiants suivant des

formations ou des programmes en entrepreneuriat ou en création d’entreprise.

Page 306: Intention Entrepreneuriale

303

9.1. Les méthodes explicatives et prédictives utilisées

Les tests de vérification des hypothèses font appel à des méthodes explicatives et

prédictives470 dont le choix est subordonné à trois critères : les objectifs de la recherche

exprimés à travers les hypothèses, les propriétés des données (c’est-à-dire le niveau des

variables analysées qui peuvent être nominales, ordinales ou métriques) qui déterminent les

tests mathématiques qu’il est pertinent de leur appliquer et le nombre de variables à

expliquer.

9.1.1. L’analyse de régression simple

Cette analyse est une des méthodes explicatives et prédictives les plus utilisées.

Fréquemment fondée sur la problématique de l’ajustement linéaire471, elle permet de

vérifier la relation de cause (variable explicative) à effet (variable à expliquer) entre deux

variables quantitatives (métriques) dont on a postulé l’existence et le sens dans

l’hypothèse correspondante (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 449-450). L’analyse de

régression linéaire simple permet d’identifier les coefficients de l’équation de la droite qui

minimisent la dispersion entre ordonnées observées et ordonnées ajustées472.

A l’aide de cette équation, l’interprétation des résultats d’une régression se fait à trois

niveaux (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 458 ; J.-L. GIANNELLONI et E. VERNETTE,

2001, p. 356). L’intensité de la relation entre les deux variables est calculée grâce au

coefficient de corrélation linéaire (R). Il en est de même pour la significativité de la

liaison et la qualité de l’ajustement du modèle dont les indicateurs sont le coefficient de

détermination linéaire (R2) et le test F de FISHER-SNEDECOR. Enfin, la régression

permet l’examen "des résidus" en se prononçant sur la précision du modèle, c’est-à-dire

l’écart entre les valeurs prédites par le modèle et celles réellement observées473.

470 Prédictives car à partir d’un certain nombre d’observations, on peut prédire pour chaque individu à partir de la valeur de la variable explicative, la valeur correspondante de la variable à expliquer. 471 L’analyse de régression ainsi que celle de la variance sont des variantes du modèle linéaire général. Le plus souvent, la forme de la fonction choisie est linéaire car elle est la relation la plus simple. 472 Cette équation détermine la droite "moyenne" qui résume un "nuage de points". 473 La variation résiduelle est obtenue en considérant la différence entre la valeur réelle (observée) de la variable à expliquer et la valeur recalculée (théorique) par le modèle. Ce dernier est d’autant meilleur que la différence entre ces deux valeurs est faible (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 454). "Plus la somme des carrés des erreurs est faible, meilleure est la régression" (J.-L. GIANNELLONI et E. VERNETTE, 2001, op.cit., p. 361). Ainsi, la variation résiduelle est aussi un indicateur de la qualité globale du modèle.

Page 307: Intention Entrepreneuriale

304

9.1.2. L’analyse de la variance à 1 facteur

Contrairement à ce qu’indique son nom, l’analyse de la variance s’intéresse aux

moyennes. Selon J.-L. GIANNELLONI et E. VERNETTE (2001, p. 438), elle "permet de

conclure objectivement s’il existe dans la population (dont on extrait l’échantillon) des

différences statistiquement discernables entre les valeurs moyennes de la variable à

expliquer dans les différents groupes que celle-ci permet de constituer".

La variance à 1 facteur, appelée aussi ANOVA ("ANalysis Of Variance") à un facteur,

est le cas le plus simple de l’analyse de la variance. Elle a pour objet de vérifier si une

variable explicative nominale (qualitative) a une influence significative ou non sur une

variable à expliquer métrique (quantitative)474. La finalité est d’expliquer les variations

de cette variable dépendante par la variable indépendante (J.-L. GIANNELLONI et E.

VERNETTE, 2001, p. 437). Les variables explicatives peuvent donc être traduites en

variables binaires suivant la présence ou l’absence du phénomène mesuré. De ce fait,

l’analyse de la variance, dans le cadre du modèle linéaire général, est considérée comme

"une extension de la régression" (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 464-466).

L’analyse de la variance est fondée sur la décomposition de la variance totale à

expliquer en deux composantes : une variation entre les modalités, appelée variance

intergroupe, et une variation au sein des modalités, nommée variance intragroupe. Le

test statistique consiste à comparer ces deux variances dont le rapport F suit une loi de

FISHER-SNEDECOR. En tenant compte des degrés de liberté et de confiance, la valeur

calculée de F ainsi que son degré de significativité vont indiquer si l’influence est

significative, c’est-à-dire permettre de tester la variabilité (variance) d’un phénomène

quantitatif à partir d’une variable indépendante qualitative.

Parallèlement à la régression, l’analyse de la variance s’emploie pour atteindre trois

objectifs (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 466 ; M. GAUTHY-SINECHAL et M.

VANDERCAMMEN, 1998, p. 334). Le premier teste le caractère significatif des

résultats obtenus pour les différentes modalités de la variable explicative. Le deuxième

474 Cette influence se formule, selon Y. EVRARD et alii (1997, op.cit., p. 466) par "l’hypothèse nulle suivante : la valeur moyenne de la variable à expliquer est la même pour toutes les modalités de la variable explicative ; si cette hypothèse nulle est démentie par le test, l’existence d’une liaison est établie".

Page 308: Intention Entrepreneuriale

305

identifie la qualité globale de l’ajustement. Le dernier objectif vérifie le poids de chaque

modalité dans l’explication apportée par la variable indépendante.

9.1.3. La corrélation

La corrélation simple est une spécification de la relation entre deux catégories de

variables : une variable explicative et une variable à expliquer. Le coefficient de

corrélation linéaire (r, compris entre -1 et +1) développé par K. PEARSON constitue

l’indicateur le plus utilisé pour en mesurer l’intensité (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 341 ;

J.-L. GIANNELLONI et E. VERNETTE, 2001, p. 364).

Ce coefficient, évalué à partir du rapport entre la covariance et le produit des écarts-

types, requiert des données métriques. Un signe positif indique que les deux variables

évoluent dans le même sens : l’augmentation (la diminution) de l’une s’accompagne de

l’augmentation (la diminution) de l’autre. Un signe négatif est synonyme d’une variation

opposée : une variable augmente et l’autre diminue. Un coefficient dont la valeur absolue

est proche de 1 signifie une très forte intensité de la relation. A l’opposé, une valeur proche

de 0 en implique une très faible.

La corrélation multiple quantifie l’association entre plusieurs variables et repose sur les

mêmes principes que la corrélation simple. Nous l’utiliserons après avoir procédé à la

régression multiple pour vérifier qu’il n’existe pas de corrélations significatives entre les

variables explicatives. En effet, celles-ci doivent être significativement indépendantes les

unes des autres (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 450) ; si leurs coefficients de corrélation sont

très faibles, il n y a pas d’effet de multicolinéarité.

Dans le cas contraire, J.-L. GIANNELLONI et E. VERNETTE (2001, p. 410-411)

signalent une double conséquence : une "estimation imprécise des coefficients de

régression, donc des erreurs standard de régression élevées", et un "manque de stabilité"

de ces coefficients dont la valeur variera sensiblement d’un échantillon à un autre. De ce

fait, l’estimation de la part relative de chacune des variables explicatives dans la "qualité"

de la régression devient délicate. Conséquemment, il est conseillé, chaque fois que cela est

possible, "de privilégier l’indépendance dans le choix des variables explicatives

potentielles".

Page 309: Intention Entrepreneuriale

306

9.2. Les tests et les analyses de validation des hypothèses

Accepter une hypothèse implique que les données recueillies au cours d’une enquête lui

sont compatibles. "Il serait plus juste de dire que l’hypothèse est "non rejetée" plutôt

qu’"acceptée", car rien ne prouve que d’autres hypothèses ne seraient pas également

acceptables" (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 326). Cette précaution interprétative étant

formulée, nous allons procéder aux analyses statistiques pour ne pas confirmer ou infirmer

les hypothèses envisagées une à une.

9.2.1. Les effets des attitudes associées au comportement sur l’intention entrepreneuriale

L’intention entrepreneuriale dépend des attitudes. Celles-ci s’expriment à travers les

actions des étudiants qui sont orientées vers des comportements qu’ils souhaitent adopter.

Ces attitudes se concrétisent par l’existence d’une idée ou d’un projet d’affaire ("hypothèse

1 : l'existence d'une idée ou d'un projet d'entreprise plus ou moins formalisé influence

positivement l'intention entrepreneuriale des étudiants") et par la recherche d’informations

dans le but de mieux les formaliser ("hypothèse 2 : la recherche d'informations dans le but

de formaliser certains aspects de l'idée ou du projet d'entreprise influence positivement

l'intention entrepreneuriale des étudiants"). Nous allons vérifier l’impact que peuvent

exercer ces attitudes sur l’intention entrepreneuriale. Nous étudions les différences qui

existeraient éventuellement entre les deux populations de l’enquête.

9.2.1.1. L’influence de l’existence d’une idée ou d’un projet

L’influence de l’existence d’une idée ou d’un projet d’affaire sur l’intention

entrepreneuriale se vérifie par le biais de la technique de l’ANOVA à un facteur

particulièrement adaptée au cas d’une variable explicative qualitative475 et d’une variable à

expliquer quantitative476.

Le calcul se fait en transformant les deux variations (intergroupe et intragroupe) en un

rapport de variance qui s’obtient en divisant chacune d’elle par le nombre de degrés de

liberté qui convient. Nous obtenons ainsi un coefficient F de FISHER-SNEDECOR dont

475 Cf. supra., p. 230-232, "7.5.2.5. Les attitudes entrepreneuriales", la question 5.1. 476 Cf. supra., p. 236-239, "7.5.2.8. Choix de carrières", la question 8.1.

Page 310: Intention Entrepreneuriale

307

les propriétés statistiques sont connues. Nous comparons la valeur calculée de F à sa valeur

critique, à un seuil α fixé et pour le nombre de degrés de liberté correspondant.

Pour l’échantillon de référence, la table de FISHER-SNEDECOR donne pour α = 0,05

et 1 et 176 degrés de liberté, une valeur de 3,84. Celle que nous avons calculée (33,089) lui

est largement supérieure (tableau 54). Le calcul des moyennes de l’intention

entrepreneuriale (notée sur une échelle de 1 à 4) indique que celle-ci est supérieure de

0,63 chez les étudiants détenant une idée ou un projet d’affaire (soit 2,94 contre 2,31).

Nous concluons donc que les donnés recueillies permettent de se prononcer en faveur

d’une influence fortement significative (F = 33,089 et sig.477 = 0,000) de l’existence de

l’idée ou d’un projet de création d’entreprise sur l’intention entrepreneuriale. Plus les

étudiants formulent des projets ou des idées d’entreprises, plus forte est leur intention

entrepreneuriale.

Descriptives INTENT

Intervalle de confiance à 95% pour la moyenne

Nbre Moyenne Ecart-type Erreur standard

Borne inférieure

Borne supérieure

Minimum Maximum

0 110 2,945455 ,7031707 ,0670447 2,812574 3,078335 1,3333 4,0000 1 68 2,313725 ,7259290 ,0880318 2,138013 2,489438 1,0000 4,0000

Total 178 2,704120 ,7737667 ,0579963 2,589667 2,818573 1,0000 4,0000 ANOVA INTENT

Somme des carrés Ddl Moyenne des carrés F Signification Inter-groupes 16,770 1 16,770 33,089 ,000 Intra-groupes 89,202 176 ,507

Total 105,973 177

Tableau 54 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport à

l’existence d’une idée ou d’un projet d’entreprise (échantillon "DESS, formations ou

programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création

d’entreprise")

477 Dans la suite de ce chapitre, "sig." désigne la significativité de la relation.

Page 311: Intention Entrepreneuriale

308

Ainsi, l’hypothèse 1 n’est pas rejetée pour l’échantillon "DESS, formations ou

programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création

d’entreprise". Qu’en est-il pour l’échantillon "DESS CAAE" ?

L’analyse de la variance à 1 facteur, détaillée dans le tableau suivant, montre que la

moyenne de l’intention entrepreneuriale des étudiants détenant une idée ou un projet

d’entreprise est supérieure de 0,75 à celle de étudiants n’ayant pas d’idées ou de projets

(soit respectivement 2,40 et 1,65). La table de FISHER-SNEDECOR indique un

coefficient F d’une valeur de 76,789, laquelle est largement supérieure à la valeur critique

(F = 3,84, pour α = 0,05 et 1 et 174 degrés de liberté). Il est ainsi mis en évidence un lien

fortement significatif (F = 76,789 et sig. = 0,000) entre l’existence d’une idée ou d’un

projet d’entreprise et l’intention entrepreneuriale venant valider l’hypothèse 1 pour

l’échantillon "DESS CAAE". Plus les individus possèdent des projets ou des idées

d’entreprises, plus élevée est leur intention entrepreneuriale.

Descriptives INTENT

Intervalle de confiance à 95% pour la moyenne

Nbre Moyenne Ecart-type Erreur standard

Borne inférieure

Borne supérieure

Minimum Maximum

0 49 2,401361 ,5269566 ,0752795 2,250001 2,552720 1,0000 3,6667 1 127 1,650919 ,5037046 ,0446966 1,562465 1,739372 1,0000 3,3333 Total 176 1,859848 ,6104312 ,0460130 1,769037 1,950660 1,0000 3,6667

ANOVA INTENT

Somme des carrés ddl Moyenne des carrés F Signification Inter-groupes 19,912 1 19,912 76,489 ,000 Intra-groupes 45,297 174 ,260

Total 65,209 175

Tableau 55 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport à

l’existence d’une idée ou d’un projet d’entreprise (échantillon "DESS CAAE")

Ayant validé la première hypothèse au sein des deux échantillons, nous allons décrire

les aspects des idées ou des projets que nous avons recueillis à travers le questionnaire. Le

tableau 56 montre que plus de 60% des étudiants de l’échantillon "DESS, formations ou

programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création

Page 312: Intention Entrepreneuriale

309

d’entreprise" déclarent posséder une idée ou un projet d’entreprise (61,8%)478. Ce taux

baisse de plus de la moitié pour les étudiants de l’échantillon "DESS CAAE" (27,8%).

DIPLÔME

DESS, formations ou programmes en écoles de management

et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise

DESS CAAE

EXISTENCE DE L’IDEE

OU DU PROJET

nb en % nb en %

Oui 110 61,8 49 27,8

Non 68 38,2 127 72,2

Total 178 100,0 176 100,0

Tableau 56 - Tri croisé "existence d’une idée ou d’un projet-échantillons"

Le croisement entre les deux populations de l’étude et le moment de naissance de l’idée

ou du projet (tableau 57) indique que ces derniers sont dans 80% des cas nés avant que les

étudiants de l’échantillon de référence n’intègrent leurs formations (80,9%)479. Pour la

population témoin, la quasi-totalité (98%) des idées ou des projets sont antérieurs à

l’intégration des formations.

DIPLOME

DESS, formations ou programmes en écoles de management

et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise

DESS CAAE

MOMENT DE

NAISSANCE DE L’IDEE

OU DU PROJET nb en % nb en %

Avant 89 80,9 48 98,0

Après 21 19,1 1 2,0

Total 110 100,0 49 100,0

Tableau 57 - Tri croisé "moment de naissance de l’idée ou du projet-échantillons"

Une analyse poussée s’intéressant aux moyennes de l’intention entrepreneuriale

laisse apparaître, au sein des deux échantillons, que celles-ci sont plus fortes de 0,6 point

pour les individus dont le projet ou l’idée est né(é) avant l’intégration des formations

actuelles (tableau 58). Cependant, quel que soit le moment de naissance, ces moyennes

sont plus élevées de 0,6 point au sein de l’échantillon "DESS, formations ou programmes

478 Cf. supra., p. 230-232, "7.5.2.5. Les attitudes entrepreneuriales", la question 5.1. 479 Cf. supra., p. 230-232, "7.5.2.5. Les attitudes entrepreneuriales", la question 5.2.

Page 313: Intention Entrepreneuriale

310

en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise". Les

diagrammes reportés en annexe 13 illustrent ces différences.

DIPLOME

DESS, formations ou programmes en écoles

de management et gestion en entrepreneuriat

ou en création d’entreprise

DESS CAAE

MOMENT DE NAISSANCE

DE L’IDEE OU DU PROJET

INTENTION ENTREPRENEURIALE

Moyenne 3,011236 2,409722 Avant Nb 89 48

Moyenne 2,666667 2,000000

Après Nb 21 1

Tableau 58 – Tri croisé "moment de naissance de l’idée ou du projet-moyenne de

intention entrepreneuriale"

Les événements à l’origine de la naissance des idées ou des projets émanant des

étudiants de l’échantillon de référence sont de diverses formes (tableau 59). L’expérience

professionnelle (emploi ou stage) et des rencontres avec des entrepreneurs sont les plus

citées avec environ 40% des cas pour chacune d’elle (soit respectivement 42,7% et

38,2%480). La presse écrite spécialisée inspire les étudiants qui déclarent posséder une idée

ou un projet d’affaire dans presque un tiers des cas (30,0%). Ceci est révélateur de

l’intérêt qu’ils manifestent pour les médias dédiés à l’entrepreneuriat et à la création

d’entreprise. Dans des fréquences égales (22,7%) et supérieures au cinquième, des

projets menés pendant les formations actuelles ou antérieures sont à l’origine des idées ou

des projets de création d’entreprise. Ces derniers sont aussi la conséquence, avec une

fréquence relativement importante (17%), de voyages à l’étranger.

De façon moins significative, les étudiants mettent en avant divers faits à l’origine de

leur idée ou leur projet de création d’entreprise : "la passion" pour la création d’entreprise ;

des discussions et des réflexions avec des amis ; des réflexions personnelles sur un besoin

non satisfait ; "les loisirs" consacrés à la création d’entreprise ; un cours suivi pendant la

formation actuelle ; une idée concrétisée dans la ville natale et inexistante dans la ville où

les étudiants poursuivent leurs formation et enfin une "illumination".

480 Les totaux dépassent 100% car les interviewés ont répondu simultanément de façon dichotomique à plusieurs énoncés (Cf. supra., p. 230-232, "7.5.2.5. Les attitudes entrepreneuriales", la question 5.3).

Page 314: Intention Entrepreneuriale

311

Concernant l’échantillon "DESS CAAE", les événements cités par les étudiants sont

quasiment identiques à ceux annoncés ci-dessus, mais les proportions enregistrées s’en

éloignent sensiblement. Ainsi, l’expérience professionnelle (emploi et stage) et des

rencontres avec des entrepreneurs sont, comme dans l’échantillon de référence, les deux

origines les plus citées avec respectivement 36,7% et 24,5%. Les séjours à l’étranger et les

projets menés au cours de formations antérieures inspirent des idées ou des projets de

création d’entreprise dans presque un quart des cas (soit 20,4% et 18,4%). Dans des

fréquences légèrement supérieures à 10%, les étudiants évoquent la presse spécialisée

écrite (14,3%), des réflexions personnelles (12,2%) et des discussions et des réflexions

avec des amis (10,2%).

Dans des proportions beaucoup plus faibles, les étudiants ont donné les sources

suivantes : les projets menés pendant les formations antérieures ; la "passion" ; la volonté

de vouloir concrétiser une idée ou un projet d’entreprise constaté(e) dans la ville natale et

inexistant(e) dans la ville où ils suivent leur formation.

DIPLOME

DESS, formations ou programmes en écoles de

management et gestion en entrepreneuriat ou en

création d’entreprise

DESS CAAE ORIGINE DE LA NAISSANCE DE

L’IDEE OU DU PROJET

nb en % nb en %

Suite à un emploi, à un stage Oui 47 42,7 18 36,7

Non 63 57,8 31 63,3

Total 110 100,0 49 100,0

Suite à des rencontres avec des

entrepreneurs

Oui 42 38,2 12 24,5

Non 68 61,8 37 75,5

Total 110 100,0 49 100,0

En lisant la presse spécialisée Oui 33 30,0 7 14,3

Non 77 70,0 42 85,7

Total 110 100,0 49 100,0

Suite à un projet mené pendant votre

formation actuelle

Oui 25 22,7 3 6,1

Non 85 77,8 46 93,9

Total 110 100,0 49 100,0

Page 315: Intention Entrepreneuriale

312

DIPLOME DESS, formations ou programmes en écoles de

management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise

DESS CAAE ORIGINE DE LA NAISSANCE DE L’IDEE OU DU PROJET

nb en % nb en % Suite à un projet mené pendant votre

formation antérieure

Oui 25 22,7 9 18,4

Non 85 77,3 40 81,6

Total 110 100,0 49 100,0

Suite à un séjour à l'étranger Oui 19 17,3 10 20,4

Non 91 82,7 39 79,6

Total 110 100,0 49 100,0

Suite à une passion Oui 8 7,3 1 2,0

Non 102 92,7 48 98,0

Total 110 100,0 49 100,0

Suite à des discussions et des

réflexions avec des amis

Oui 4 3,6 5 10,2

Non 106 96,4 44 89,8

Total 110 100,0 49 100,0

Suite à des réflexions personnelles sur

un besoin non satisfait

Oui 3 2,7 6 12,2

Non 107 97,3 43 87,2

Total 110 100,0 49 100,0

Projet en relation avec mes loisirs Oui 3 2,7

Non 107 97,3

Total 110 100,0

Grâce à un cours suivi pendant cette

formation

Oui 1 0,9

Non 109 99,1

Total 110 100,0

Suite à une idée concrétisée dans ma

ville natale et inexistante dans la ville

où je fais mon DESS

Oui 1 0,9 1 2,0

Non 109 99,1 48 98,0 Total 110 100,0 49 100,0

Grâce à une illumination Oui 1 2,0 Non 48 98,0

Total 49 100,0 Tableau 59 - Tri croisé "origine de la naissance de l’idée ou du projet-échantillons"

Page 316: Intention Entrepreneuriale

313

9.2.1.2. L’influence de la recherche d’informations

Pour repérer les liens significatifs entre la recherche d’informa

tions et l’intention entrepreneuriale, nous nous sommes fondés sur l’analyse de

régression simple. En effet, cette technique convient au cas où les variables explicative481 et

à expliquer sont quantitatives.

Le R2, nommé coefficient de détermination linéaire, est le principal indicateur de la

qualité d’une régression. Il est considéré comme la part de la variance de la variable

dépendante expliquée par la variable indépendante. Il synthétise la capacité de la droite de

régression à représenter le nuage des valeurs observées. Plus ce coefficient se rapproche de

1, plus la restitution de ces valeurs est bonne. Cependant, la signification du résultat doit

être interprétée en fonction des nombres d’observations et de variables explicatives qui

sont intégrés dans le calcul du R2 ajusté (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 458 et 462). "Le R2

ajusté est une mesure plus réaliste, donc souvent plus faible, que le R2 "normal""482.

Le test de régression, dont les caractéristiques sont reprises dans le tableau 60, indique

pour la population de référence une bonne corrélation entre la recherche d’informations

et l’intention entrepreneuriale. L’intensité de cette relation se traduit par un coefficient (de

corrélation R) dont la valeur est 49,2%. Le R2 ajusté présente un score acceptable de

0,235483. Ce résultat indique que le modèle restitue 24% de la variation exprimée dans les

données de départ.

Pour évaluer la qualité de l’ajustement de cette régression, il est fait appel au test F de

FISHER-SNEDECOR. Il s’agit de savoir si, pour le risque α considéré, le R2 multiple est

significativement différent de 0 dans l’échantillon étudié (J.-L. GIANNELLONI et E.

VERNETTE, 2001, p. 413). La valeur critique de F, au seuil α = 0,05, pour 1 et 107 degrés

de liberté, est égale à 3,92. Le F calculé (34,151, sig. = 0,000) étant nettement supérieur,

nous pouvons conclure que la qualité de l’ajustement offert par la régression est

significative. Il existe donc une dépendance significative entre le fait de rechercher des

481 Cf. supra., p. 230-232, "7.5.2.5. Les attitudes entrepreneuriales", la question 5.4. 482 J.-L. GIANNELLONI et E. VERNETTE (2001, op.cit., p. 412-413). 483 Il est "normal" que les valeurs des R2 ajustés soient faibles pour chacune des régressions simples que nous allons effectuer. En effet, la somme algébrique de ces valeurs doit être "proche" de celle du R2 ajusté si l’on régressait conjointement (régression multiple) l’ensemble des variables explicatives quantitatives.

Page 317: Intention Entrepreneuriale

314

informations et l’intention entrepreneuriale. Plus les étudiants de l’échantillon "DESS,

formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en

création d’entreprise" sont en quête d’informations pour mieux formaliser certains aspects

de leurs idées ou leurs projets, meilleure est leur intention entrepreneuriale. Ainsi, sur la

base du test de la régression simple, l’hypothèse 2 n’est pas rejetée au sein de la

population de référence.

La régression multiple confirmera ou infirmera ce résultat. Il en sera de même

pour toutes les hypothèses dont les variables explicatives sont quantitatives. Les

résultats de la régression multiple doivent corroborer ceux des régressions simples pour

pouvoir se prononcer définitivement sur la validité de ces hypothèses484.

Variables introduites/éliminées b

Modèle Variables introduites

Variables éliminées

Méthode

1 RINFO a , Introduire a : toutes variables requises introduites. b : variable dépendante : INTENT. Récapitulatif du modèle Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation 1 ,492 a ,242 ,235 ,6170490 a : valeurs prédites : (constantes), RINFO. ANOVA b Modèle Somme des carrés Ddl Carré moyen F Signification 1 Régression 13,003 1 13,003 34,151 ,000 a

Résidu 40,740 107 ,381 Total 53,743 108

a : valeurs prédites : (constantes), RINFO. b : variable dépendante : INTENT. Coefficients a

Coefficients non standardisés Coefficients standardisés Modèle B Erreur standard Bêta

T Signification

1 (constante) 1,936 ,182 10,639 ,000 RINF0 ,401 ,069 ,492 5,844 ,000

a : variable dépendante : INTENT.

Tableau 60 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport à la

recherche d’informations (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles

de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

484 Cf. infra., p. 364-366, "9.3. Un modèle explicatif et prédictif de l’intention entrepreneuiriale testé dans le cadre de l’enseignement de l’entrepreneuriat".

Page 318: Intention Entrepreneuriale

315

Pour savoir si l’hypothèse 2 ne peut être rejetée dans le cadre de l’échantillon "DESS

CAAE", nous allons nous intéresser au score du R2 ajusté (tableau 61). Celui-ci est quasi

nul (-0,020). Il n’existe pas de lien significatif entre la recherche d’informations et

l’intention entrepreneuriale. Le coefficient F observé (0,051 ; sig. = 0,83) est inférieur au F

calculé pour 1 et 47 degrés de liberté (F = 4,000 ; sig. = 0,05). La régression simple ne

révèle pas de liaison linéaire significative. En conséquence, l’hypothèse 2 est rejetée au

sein de la population témoin.

Variables introduites/éliminées b Modèle Variables

introduites Variables éliminées

Méthode

1 RINFO a , Introduire a : toutes variables requises introduites. b : variable dépendante : INTENT. Récapitulatif du modèle Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation 1 ,033 a ,001 -,020 ,5322466 a : valeurs prédites : (constantes), RINFO.

ANOVA b Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification 1 Régression ,014 1 ,014 ,051 ,823 a

Résidu 13,314 47 ,283 Total 13,329 48

a : valeurs prédites : (constantes), RINFO. b : variable dépendante : INTENT.

Coefficients a Coefficients non standardisés Coefficients standardisés

Modèle B Erreur standard Bêta

t Signification

1 (constante) 2,357 ,211 11,159 ,000 RINF0 2,432E-02 ,108 ,033 ,225 ,823

a : variable dépendante : INTENT.

Tableau 61 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport à la

recherche d’informations (échantillon "DESS CAAE")

Ayant été validée par la régression au sein de l’échantillon de référence, la deuxième

hypothèse du modèle fera l’objet d’opérations descriptives pour circonscrire certains de ses

aspects. Dans un premier temps, nous allons exposer les sources d’informations des

étudiants déclarant posséder un projet ou une idée d’affaire (tableau 62).

Page 319: Intention Entrepreneuriale

316

Pour mieux formaliser ces derniers, les étudiants ont consulté dans des proportions

avoisinant 40% leurs enseignants, des organisations professionnelles et des organismes

spécialisés dans l’aide à la création et à la reprise d’entreprise (soit respectivement 46,9%,

44,8% et 39,6%485). Pour des scores proches du tiers, ces étudiants se sont rapprochés des

Chambres de Commerce et d’Industrie (CCI) et de l’Agence pour la Création d’Entreprise

(APCE) pour recueillir les informations nécessaires à leurs projets ou leurs idées (soit

35,4% et 32,3%). Dans 20% des cas, la collecte d’informations s’est faite auprès des

chambres des métiers et sur Internet. Enfin, de façon marginale, avec une fréquence ne

dépassant guère 4%, les étudiants mentionnent les sources suivantes : l’entourage ; la

presse spécialisée ; les professionnels de la création d’entreprise ; un experts comptable ;

l’INSEE ; la chambre d’agriculture et un "parrain".

DESS, formations ou programmes en écoles de management et

gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise

LES SOURCES D’INFORMATIONS

Nb en %

Enseignants de votre établissement Oui 45 46,9

Non 51 53,1

Total 96 100,0

Organisations professionnelles Oui 43 44,8

Non 53 55,2

Total 96 100,0

Organismes spécialisés dans l'aide à la

création et à la reprise d'entreprise

Oui 38 39,6

Non 58 60,4

Total 96 100,0

Agence Pour la Création d'Entreprise Oui 34 35,4

Non 62 64,6

Total 96 100,0

CCI Oui 31 32,3

Non 65 67,7

Total 96 100,0

485 Les totaux dépassent 100% car les interviewés ont répondu simultanément de façon dichotomique à plusieurs énoncés (Cf. supra., p. 230-232, "7.5.2.5. Les attitudes entrepreneuriales", la question 5.5.).

Page 320: Intention Entrepreneuriale

317

DESS, formations ou programmes en écoles de management et

gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise

LES SOURCES D’INFORMATIONS

nb en %

Internet Oui 20 20,8

Non 76 79,2

Total 96 100,0

Chambre des métiers Oui 20 20,8

Non 76 79,2

Total 96 100,0

Entourage Oui 4 4,2

Non 92 95,8

Total 96 100,0

Presse spécialisée Oui 3 3,1

Non 93 96,9

Total 96 100,0

Professionnels du métier Oui 3 3,1

Non 93 96,9

Total 96 100,0

Expert comptable Oui 1 1,0

Non 95 99,0

Total 96 100,0

INSEE Oui 1 1,0

Non 95 99,0

Total 96 100,0

Parrain Oui 1 1,0

Non 95 99,0

Total 96 100,0

Chambre d’agriculture Oui 1 1,0

Non 95 99,0

Total 96 100,0

Tableau 62 - Tri croisé "sources d’informations-échantillon "DESS, formations ou

programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création

d’entreprise""

Dans un second temps, nous allons nous consacrer au degré de renseignement avec

lequel les étudiants décrivent leurs projets ou leurs idées d’entreprise. Le tableau des

Page 321: Intention Entrepreneuriale

318

correspondances suivant prouve que la moitié des étudiants (53, soit 48%) présentent ces

derniers de façon "plutôt précise" ou "tout à fait précise"486. Au total, un tiers des individus

(38, soit 34,5%) décrivent leurs projets ou leurs idées de façon "plutôt précise" ou "tout à

fait précise" et manifestent, en même temps, une forte intention entrepreneuriale ; cette

dernière prend les valeurs les plus fortes (3 et 4).

RENSEIGNEMENT DES ASPECTS

DE L’IDEE OU DU PROJET

L’INTENTION ENTREPRENEURIALE

1 2 3 4 Total

1 2 4 2 0 8

2 7 19 13 0 39

3 1 19 32 1 53

4 1 4 5 0 10

Total 11 46 52 1 110

Tableau 63 - Tableau des correspondances "intention entrepreneuriale-

renseignement des aspects de l’idée ou du projet" (échantillon "DESS, formations ou

programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création

d’entreprise")

Dans un troisième temps, nous analysons l’horizon auquel les étudiants pensent

concrétiser leurs projets ou leurs idées d’entreprise487. L’analyse de ANOVA à un facteur,

reprise dans le tableau suivant, indique une influence significative du terme auquel les

étudiants souhaitent concrétiser leurs idées ou leurs projets sur l’intention entrepreneuriale.

La table de FISHER-SNEDECOR donne pour α = 0,05 et 3 et 106 degrés de liberté, une

valeur de 2,68, laquelle est inférieure à celle que nous avons calculée (F = 30,504 ; sig. =

0,000).

486 Cf. supra., p. 230-232, "7.5.2.5. Les attitudes entrepreneuriales", la question 5.6. 487 Cf. supra., p. 230-232, "7.5.2.5. Les attitudes entrepreneuriales", la question 5.7.

Page 322: Intention Entrepreneuriale

319

Descriptives INTENT

Intervalle de confiance à 95% pour la moyenne

Nbre Moyenne Ecart-type Erreur standard

Borne inférieure

Borne supérieure

Minimum Maximum

1 21 3,555556 ,4260064 ,0929622 3,361640 3,749471 2,6667 4,0000 2 38 3,210526 ,4131550 ,0670226 3,074726 3,346327 2,6667 4,0000 3 29 2,747126 ,7435179 ,1380678 2,464307 3,029946 1,3333 4,0000 4 22 2,166667 ,4082483 ,0870388 1,985660 2,347674 1,3333 2,6667 Total 110 2,945455 ,7031707 ,0670447 2,812574 3,078335 1,3333 4,0000

ANOVA INTENT

Somme des carrés ddl Moyenne des carrés F Signification Inter-groupes 24,971 3 8,324 30,504 ,000 Intra-groupes 28,924 106 ,273

Total 53,895 109 Tests post hoc Sous-ensembles homogènes INTENT Duncan a,b

Sous-ensemble pour alpha = .05 TPSCONCR Nbre 1 2 3 4

4 22 2,166667 3 29 2,747126 2 38 3,210526 1 21 3,555556 Signification 1,000 1,000 1,000 1,000 Les moyennes des groupes des sous-ensembles homogènes sont affichées. a : utilise la taille d'échantillon de la moyenne harmonique = 25,996. b : les effectifs des groupes ne sont pas égaux. La moyenne harmonique des effectifs des groupes est utilisée. Les niveaux des erreurs de type I ne sont pas garantis.

Tableau 64 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale sur l’horizon de

concrétisation de l’idée ou du projet (échantillon "DESS, formations ou programmes

en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Ainsi, les statistiques reprises dans la rubrique des "sous-ensembles homogènes" montre

que plus proche est le terme auquel les étudiants souhaitent concrétiser leurs idées ou

projets, plus forte est la moyenne de leur intention entrepreneuriale. Comme l’illustre la

figure 18, les moyennes de l’intention sont de 3,55 et 3,21 pour les individus manifestant

respectivement des termes de moins d’un an et entre 1 et moins de 3 ans. Ces moyennes

baissant à 2,74 et 2,16 pour des horizons de concrétisation respectifs entre 3 et 5 ans et plus

de 5 ans.

Page 323: Intention Entrepreneuriale

320

TPSCONCR

4321

Moy

enne

de

INTE

NT

3,8

3,6

3,4

3,2

3,0

2,8

2,6

2,4

2,2

2,0

Figure 18 - Diagramme croisant la moyenne de l’intention entrepreneuriale et

l’échéance de concrétisation (échantillon "DESS, formations ou programmes en

écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") Légende : INTENT : l’intention entrepreneuriale. TPSCONCR : échéance de concrétisation de l’idée ou du projet. Sur l’axe des abscisses : 1 : moins d’un an. 2 : entre 1 et moins de 3 ans.

3 : entre 3 et 5 ans. 4 : plus de 5 ans.

Les tests des hypothèses relatives aux attitudes associées au comportement étant

effectués, nous cherchons à vérifier dans la section suivante la validité statistique des

hypothèses concernant les normes subjectives.

9.2.2. Les effets des normes subjectives sur l’intention entrepreneuriale

Les influences des normes subjectives sont formulées à travers les motivations

psychologiques, la propension à la prise de risque et la connaissance de modèles

d’entrepreneur. Nous allons successivement tester la validité des hypothèses y afférentes.

Page 324: Intention Entrepreneuriale

321

9.2.2.1. L’influence des motivations psychologiques

L’impact des motivations psychologiques sur l’intention entrepreneuriale est formulé à

travers deux hypothèses. La première renvoie au besoin d’accomplissement ("hypothèse 3a

: le besoin d'accomplissement influence positivement l’intention entrepreneuriale des

étudiants"). La deuxième concerne la recherche de l’autonomie ("hypothèse 3b : la

recherche de l'autonomie influence positivement l’intention entrepreneuriale des

étudiants"). Ces deux facteurs explicatifs et prédictifs sont opérationnalisés sous forme de

variables quantitatives488, il convient donc de procéder à des analyses de régression simple.

Cette dernière, détaillée dans le tableau suivant, indique pour l’échantillon "DESS,

formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en

création d’entreprise", une corrélation satisfaisante entre le besoin d’accomplissement et

l’intention entrepreneuriale. La force de cette relation est évaluée à 26,7% (R). La part de

la variance de l’intention entrepreneuriale expliquée par le besoin d’accomplissement est

égale à 6,2% ; la qualité de l’ajustement de la relation obtenue par la régression simple est

donc acceptable et le lien s’en trouve significatif (la valeur calculée de F est supérieure à

la valeur critique observée sur la table statistique : F calculé = 8,261 ; sig. = 0,05 ; F

critique = 3,92, au seuil α = 0,05 pour 1 et 108 degrés de liberté).

Variables introduites/éliminées b Modèle Variables

introduites Variables éliminées

Méthode

1 ACCOMPLI a , Introduire a : toutes variables requises introduites. b : variable dépendante : INTENT. Récapitulatif du modèle Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation 1 ,267 a ,071 ,062 ,6808581 a : valeurs prédites : (constantes), ACCOMPLI. ANOVA b Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification 1 Régression 3,830 1 3,830 8,261 ,005

Résidu 50,065 108 ,464 Total 53,895 109

a : valeurs prédites : (constantes), ACCOMPLI. b : variable dépendante : INTENT. 488 Cf. supra., p. 232-235, "7.5.2.6. Les motivations de concrétisation", les questions 6.1 et 6.2.

Page 325: Intention Entrepreneuriale

322

Coefficients a Coefficients non standardisés Coefficients standardisés

Modèle B Erreur standard Bêta

t Signification

1 (constante) 1,742 ,424 4,111 ,000 ACCOMPLI ,377 ,131 ,267 2,874 ,005

a : variable dépendante : INTENT. Tableau 65 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport au besoin

d’accomplissement (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de

management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Vouloir s’accomplir à travers la création d’entreprise a donc un impact significatif sur

l’intention entrepreneuriale. Plus les étudiants souhaitent un accomplissement à travers la

concrétisation de leurs projets ou de leurs idées, plus forte est leur intention

entrepreneuriale. Ainsi, en se fondant sur le test de la régression simple, l’hypothèse 3a

n’est pas rejetée au sein de l’échantillon de référence.

Etudions l’échantillon témoin pour s’enquérir de la validité statistique de cette

hypothèse. L’analyse de régression (tableau 66) laisse apparaître que la corrélation entre le

besoin d’accomplissement et l’intention entrepreneuriale est faible (16,8%). Le coefficient

de détermination linéaire ajusté est aussi très faible (R2 ajusté = 0,008). En fait, le lien

unissant ces deux variables n’est pas significatif (la valeur calculée de F est inférieure à la

valeur critique observée sur la table statistique : F calculé = 1,373 ; sig. = 0,247 ; F

critique = 4,00, au seuil α = 0,05 pour 1 et 47 degrés de liberté). L’hypothèse 3a est ainsi

rejetée au sein de l’échantillon "DESS CAAE".

Variables introduites/éliminées b Modèle Variables

introduites Variables éliminées

Méthode

1 ACCOMPLI a , Introduire a : toutes variables requises introduites. b : variable dépendante : INTENT. Récapitulatif du modèle Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation 1 ,168 a ,028 ,008 ,5249211 a : valeurs prédites : (constantes), ACCOMPLI.

Page 326: Intention Entrepreneuriale

323

ANOVA b Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification 1 Régression ,378 1 ,378 1,373 ,247 a

Résidu 12,950 47 ,276 Total 13,329 48

a : valeurs prédites : (constantes), ACCOMPLI. b : variable dépendante : INTENT.

Coefficients a Coefficients non standardisés Coefficients standardisés

Modèle B Erreur standard Bêta

t Signification

1 (constante) 1,847 ,479 3,852 ,000 ACCOMPLI ,170 ,145 ,168 1,172 ,247

a : variable dépendante : INTENT. Tableau 66 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport au besoin

d’accomplissement (échantillon "DESS CAAE")

Concernant la recherche de l’autonomie, le test de la régression laisse apparaître un

coefficient de corrélation acceptable (R = 30%) pour la population ("DESS, formations

ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création

d’entreprise"). La proportion de la variance de l’intention entrepreneuriale expliquée par la

recherche de l’autonomie est égale à 8,1% ; la qualité de l’ajustement obtenue par la

régression est significativement acceptable et est évaluée à 10,666 pour un sig. = 0,001.

En effet, la valeur observée de F est supérieure à la valeur critique (F = 3,92, au seuil α =

0,05 pour 1 et 108 degrés de liberté).

Variables introduites/éliminées b Modèle Variables

introduites Variables éliminées

Méthode

1 RECHAUTO a , Introduire a : toutes variables requises introduites. b : variable dépendante : INTENT. Récapitulatif du modèle Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation 1 ,300 a ,090 ,081 ,6739246 a : valeurs prédites : (constantes), RECHAUTO.

ANOVA b Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification 1 Régression 4,844 1 4,844 10,666 ,001 a

Résidu 49,051 108 ,454 Total 53,895 109

a : valeurs prédites : (constantes), RECHAUTO. b : variable dépendante : INTENT.

Page 327: Intention Entrepreneuriale

324

Coefficients a Coefficients non standardisés Coefficients standardisés

Modèle B Erreur standard Bêta

t Signification

1 (constante) 1,805 ,355 5,082 ,000 RECHAUTO ,343 ,105 ,300 3,266 ,001

a : variable dépendante : INTENT. Tableau 67 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport à la

recherche de l’autonomie (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles

de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Ainsi, conformément à notre hypothèse, la recherche de l’autonomie exerce une

influence sur l’intention entrepreneuriale. Plus les individus sont guidés par la recherche de

l’autonomie pour concrétiser leurs projets ou idées, meilleure est leur intention

entrepreneuriale. Donc l’hypothèse 3b n’est pas rejetée au sein de la population

"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en

entrepreneuriat ou en création d’entreprise". Réalisons ces mêmes analyses pour nous

prononcer sur la validité statistique de cette hypothèse pour la population témoin.

Les statistiques de régression, dont les caractéristiques sont contenues dans le tableau

ci-dessous, montrent que la corrélation entre la recherche de l’autonomie et l’intention

entrepreneuriale est quasiment nulle (-0,5%). Le coefficient F de FISHER-SNEDECOR

est égal à 0,784 pour un sig. = 0,381. La valeur du F critique est de 4,00, au seuil α = 0,05

pour 1 et 47 degrés de liberté. L’hypothèse 3b est donc rejetée au sein de l’échantillon

témoin.

Variables introduites/éliminées b Modèle Variables

introduites Variables éliminées

Méthode

1 RECHAUTO a , Introduire a : toutes variables requises introduites. b : variable dépendante : INTENT. Récapitulatif du modèle Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation 1 ,128 a ,016 -,005 ,5281480 a : valeurs prédites : (constantes), RECHAUTO.

Page 328: Intention Entrepreneuriale

325

ANOVA b Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification 1 Régression ,219 1 ,219 ,784 ,381 a

Résidu 13,110 47 ,279 Total 13,329 48

a : valeurs prédites : (constantes), RECHAUTO. b : variable dépendante : INTENT. Coefficients a

Coefficients non standardisés Coefficients standardisés Modèle B Erreur standard Bêta

t Signification

1 (constante) 1,998 ,462 4,322 ,000 RECHAUTO ,119 ,134 ,128 ,885 ,381

a : variable dépendante : INTENT. Tableau 68 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport à la

recherche de l’autonomie (échantillon "DESS CAAE")

9.2.2.2. L’influence de la propension à la prise de risque

Selon les arguments de l’hypothèse 4 y afférente489 ("la propension à la prise de risque

influence l’intention entrepreneuriale des étudiants"), l’impact de la prise de risque sur

l’intention entrepreneuriale se manifeste par des perceptions positives (utilité) ou négatives

(échec) des conséquences de la disparition de l’entreprise que les étudiants seraient amenés

à créer. L’ACP a fait émerger cette double composante que nous avons représentée par les

variables "ECHEC" et "UTI"490. Celle-ci étant de nature quantitative, nous allons Régresser

l’intention entrepreneuriale sur chacune d’elles.

Pour l’échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et

gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise", il est mis en évidence une

corrélation négative entre l’échec en tant que perceptions des conséquences de la

disparition de l’entreprise et l’intention entrepreneuriale (tableau 69). Le coefficient de

corrélation présente une valeur négative acceptable de -27,2%, synonyme d’une

covariation négative. Si la valeur des perceptions négatives augmente, celle de l’intention

diminue et vice versa. Cette influence négative de l’échec en tant que perceptions des

conséquences de la disparition de l’entreprise sur l’intention entrepreneuriale est

489 Cf. supra., p. 192-194, "6.1.2.2. La propension à la prise de risque : les perceptions des conséquences de la disparition de l’entreprise". 490 Cf. supra., p. 275-282, "8.3.4. La variable "propension à la prise de risque"".

Page 329: Intention Entrepreneuriale

326

significative car la valeur observée du coefficient F (13,996 pour un sig. = ,000) est

nettement supérieure à la valeur critique (3,84 au seuil α = 0,05, pour 1 et 175 degrés de

liberté).

Variables introduites/éliminées b Modèle Variables

introduites Variables éliminées

Méthode

1 ECHEC a , Introduire a : toutes variables requises introduites. b : variable dépendante : INTENT. Récapitulatif du modèle Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation 1 -,272 a ,074 ,069 ,7483198 a : valeurs prédites : (constantes), ECHEC. ANOVA b Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification 1 Régression 7,837 1 7,837 13,996 ,000 a

Résidu 97,997 175 ,560 Total 105,834 176

a : valeurs prédites : (constantes), ECHEC. b : variable dépendante : INTENT.

Coefficients a Coefficients non standardisés Coefficients standardisés

Modèle B Erreur standard Bêta

T Signification

1 (constante) 3,583 ,241 14,872 ,000 ECHEC -,341 ,091 -,272 -3,741 ,000

a : variable dépendante : INTENT. Tableau 69 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux

perceptions négatives des conséquences de la disparition de l’entreprise (échantillon

"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en

entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

La régression de l’intention entrepreneuriale par rapport à l’utilité de la création

d’entreprise en tant que perceptions des conséquences de la disparition de l’entreprise

indique une corrélation positive de 18,8% (tableau 70). La qualité de l’ajustement

obtenue par cette relation linéaire est significativement acceptable et est évaluée à 6,381

pour un sig. = 0,012. En effet, la valeur observée de F est supérieure à la valeur critique (F

= 3,84 au seuil α = 0,05, pour 1 et 175 degrés de liberté).

Page 330: Intention Entrepreneuriale

327

Variables introduites/éliminées b Modèle Variables

introduites Variables éliminées

Méthode

1 UTI a , Introduire a : toutes variables requises introduites. b : variable dépendante : INTENT. Récapitulatif du modèle Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation 1 ,188 a ,035 ,030 ,7638662 a : valeurs prédites : (constantes), UTI.

ANOVA b Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification 1 Régression 3,723 1 3,723 6,381 ,012 a

Résidu 102,111 175 ,583 Total 105,834 176

a : valeurs prédites : (constantes), UTI. b : variable dépendante : INTENT.

Coefficients a Coefficients non standardisés Coefficients standardisés

Modèle B Erreur standard Bêta

T Signification

1 (constante) 1,964 ,299 6,566 ,000 UTI ,222 ,088 ,188 2,526 ,012

a : variable dépendante : INTENT. Tableau 70 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux

perceptions positives des conséquences de la disparition de l’entreprise (échantillon

"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en

entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Les perceptions négatives des conséquences de la disparition de l’entreprise influencent

négativement l’intention entrepreneuriale. Des perceptions positives exercent l’effet

inverse. Plus les individus perçoivent les conséquences de la disparition de l’entreprise

négativement, plus faible est leur intention entrepreneuriale. Plus ils perçoivent

positivement ces conséquences, meilleure est leur intention entrepreneuriale. Il en résulte

que l’hypothèse 4 n’est pas rejetée au sein de la population de référence. La validité

statistique de cette hypothèse se confirmera-t-elle dans le cadre de l’échantillon DESS

CAAE ?

Les calculs économétriques affichés dans le tableau suivant indiquent une corrélation

négative entre l’échec en tant que perceptions négatives des conséquences de la disparition

Page 331: Intention Entrepreneuriale

328

de l’entreprise et l’intention entrepreneuriale ; le coefficient de cette association s’élève à -

24,5% et signifie une variation opposée entre ces deux variables.

Il est mis au jour un impact négatif de ces perceptions sur l’intention entrepreneuriale.

Celui-ci est significatif ; en effet la valeur observée du coefficient F (11,153 pour un sig. =

,001) dépasse largement la valeur critique repérée dans la table statistique (F= 3,84 au seuil

α = 0,05, pour 1 et 174 degrés de liberté).

Variables introduites/éliminées b Modèle Variables

introduites Variables éliminées

Méthode

1 ECHEC a , Introduire a : toutes variables requises introduites. b : variable dépendante : INTENT. Récapitulatif du modèle Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation 1 -,245 a ,060 ,055 ,5934586 a : valeurs prédites : (constantes), ECHEC.

ANOVA b Modèle Somme des carrés Ddl Carré moyen F Signification 1 Régression 3,928 1 3,928 11,153 ,001 a

Résidu 61,282 174 ,352 Total 65,210 175

a : valeurs prédites : (constantes), ECHEC. b : variable dépendante : INTENT.

Coefficients a Coefficients non standardisés Coefficients standardisés

Modèle B Erreur standard Bêta

t Signification

1 (constante) 2,637 ,237 11,129 ,000 ECHEC -,272 ,081 -,245 -3,340 ,001

a : variable dépendante : INTENT. Tableau 71 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux

perceptions négatives des conséquences de la disparition de l’entreprise (échantillon

"DESS CAAE")

Les résultats de la régression de l’intention entrepreneuriale par rapport à des

perceptions positives des conséquences de la disparition de l’entreprise donnent une très

faible corrélation dont le coefficient est estimé à 3,5% (tableau 72). La qualité de

l’ajustement obtenue par cette relation linéaire, évaluée à 0,219 pour un sig. = 0,641, n’est

pas significative. La valeur critique de F (3,84 au seuil α = 0,05, pour 1 et 174 degrés de

Page 332: Intention Entrepreneuriale

329

liberté) lui est supérieure. L’hypothèse 4, sur la base de la régression simple, est donc

rejetée au sein de l’échantillon "DESS CAAE".

Variables introduites/éliminées b Modèle Variables

introduites Variables éliminées

Méthode

1 UTI a , Introduire a : toutes variables requises introduites. b : variable dépendante : INTENT. Récapitulatif du modèle Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation 1 ,035 a ,001 -,004 ,6117984 a : valeurs prédites : (constantes), UTI.

ANOVA b Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification 1 Régression ,082 1 ,082 ,219 ,641 a

Résidu 65,128 174 ,374 Total 65,210 175

a : valeurs prédites : (constantes), UTI. b : variable dépendante : INTENT.

Coefficients a Coefficients non standardisés Coefficients standardisés

Modèle B Erreur standard Bêta

t Signification

1 (constante) 1,762 ,215 8,207 ,000 UTI 3,068E-02 ,066 ,035 ,468 ,641

a : variable dépendante : INTENT. Tableau 72 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux

perceptions positives des conséquences de la disparition de l’entreprise (échantillon

"DESS CAAE")

9.2.2.3. L’influence de la connaissance de modèles d’entrepreneur

Pour mettre en exergue le lien significatif entre la connaissance de modèles

d’entrepreneur que les étudiants souhaiteraient imiter et l’intention entrepreneuriale

("hypothèse 5 : la connaissance par les étudiants de modèles d'entrepreneur qu’ils

souhaiteraient imiter agit positivement sur leur intention entrepreneuriale"), nous nous

sommes fondés sur l’analyse de ANOVA à un facteur. Nous avons réparti ces modèles

d’entrepreneur selon qu’ils font ou non partie de l’entourage immédiat. En ce qui concerne

Page 333: Intention Entrepreneuriale

330

ceux qui en font partie491, la table de FISHER-SNEDECOR donne pour l’échantillon de

référence au seuil α = 0,05 pour 1 et 176 degrés de liberté, une valeur de 3,84, laquelle est

inférieure à celle calculée et reprise dans le tableau 73 (F = 4,854 pour un sig. = ,029). Ces

résultats permettent de conclure, au vu des données collectées dans l’échantillon de

référence, à l’influence significative de la connaissance de modèles d’entrepreneur dans

l’entourage immédiat que les étudiants souhaiteraient imiter sur l’intention

entrepreneuriale. Le test de variance va-t-il conforter cette validité statistique au sein de

l’échantillon témoin ?

Descriptives INTENT

Nbre Moyenne Ecart-type Erreur standard

Intervalle de confiance à 95% pour la moyenne

Minimum Maximum

Borne inférieure

Borne supérieure

0 105 2,809524 ,7068909 ,0689855 2,672723 2,946325 1,3333 4,0000 1 73 2,552511 ,8429431 ,0986590 2,355838 2,749185 1,0000 4,0000

Total 178 2,704120 ,7737667 ,0579963 2,589667 2,818573 1,0000 4,0000 ANOVA INTENT

Somme des carrés ddl Moyenne des carrés F Signification Inter-groupes 2,844 1 2,844 4,854 ,029 Intra-groupes 103,128 176 ,586

Total 105,973 177

Tableau 73 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport à la

connaissance de modèles d’entrepreneur dans l’entourage immédiat (échantillon

"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en

entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Les calculs, dont le détail est présenté dans le tableau ci-dessous, indiquent une

influence significative de la connaissance et la volonté d’imiter des modèles

d’entrepreneur dans l’entourage immédiat sur l’intention entrepreneuriale. En effet, la

valeur critique de F pour α = 0,05 et 1 et 174 degrés de liberté est égale à 3,84. La valeur

observée de F lui est largement supérieure (F = 12,422 ; sig. = ,001).

491 Cf. supra., p. 227-228, "7.5.2.3. Les modèles d’entrepreneur", la question 3.1.

Page 334: Intention Entrepreneuriale

331

Descriptives INTENT

Nbre Moyenne Ecart-type Erreur standard

Intervalle de confiance à 95% pour la moyenne

Minimum Maximum

Borne inférieure

Borne supérieure

0 64 2,067708 ,6234107 ,0779263 1,911985 2,223432 1,0000 3,6667 1 112 1,741071 ,5724923 ,0540954 1,633878 1,848265 1,0000 2,6667

Total 176 1,859848 ,6104312 ,0460130 1,769037 1,950660 1,0000 3,6667 ANOVA INTENT

Somme des carrés ddl Moyenne des carrés F Signification Inter-groupes 4,345 1 4,345 12,422 ,001 Intra-groupes 60,864 174 ,350

Total 65,210 175

Tableau 74 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport à la

connaissance de modèles d’entrepreneur dans l’entourage immédiat (échantillon

"DESS CAAE")

Nous allons effectuer les mêmes opérations pour la connaissance de modèles

d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat que les étudiants souhaiteraient imiter.

L’analyse ANOVA à un facteur (tableau 75) laisse apparaître une influence significative

de la connaissance de ces modèles et du souhait de poursuivre la même carrière qu’eux sur

l’intention des étudiants. La table statistique donne pour α = 0,05 et 1 et 176 degrés de

liberté, une valeur de F égale à 3,84 ; celle-ci est inférieure à la valeur observée de cet

indicateur (F = 8,045 ; sig. = 0,005).

Descriptives INTENT

Nbre Moyenne Ecart-type Erreur standard

Intervalle de confiance à 95% pour la moyenne

Minimum Maximum

Borne inférieure

Borne supérieure

0 81 2,880658 ,6568203 ,0729800 2,735424 3,025893 1,0000 4,0000 1 97 2,556701 ,8343350 ,0847139 2,388545 2,724857 1,0000 4,0000

Total 178 2,704120 ,7737667 ,0579963 2,589667 2,818573 1,0000 4,0000

Page 335: Intention Entrepreneuriale

332

ANOVA INTENT

Somme des carrés Ddl Moyenne des carrés F Signification Inter-groupes 4,632 1 4,632 8,045 ,005 Intra-groupes 101,340 176 ,576

Total 105,973 177

Tableau 75 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport à la

connaissance de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat

(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion

en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Cet effet se retrouve au sein de l’échantillon "DESS CAAE" dont les caractéristiques de

l’analyse de la variance sont détaillées dans le tableau ci-dessous. L’influence sur

l’intention entrepreneuriale de la connaissance de modèles d’entrepreneur en dehors de

l’entourage immédiat et le désir de les imiter est significative. La valeur observée du

coefficient de FISHER-SNEDECOR (F = 11,175 ; sig. = 0,001) est nettement supérieure à

la valeur critique (3,84 au seuil α = 0,05, pour 1 et 174 degrés de liberté).

Descriptives INTENT

Nbre Moyenne Ecart-type Erreur standard

Intervalle de confiance à 95% pour la moyenne

Minimum Maximum

Borne inférieure

Borne supérieure

0 32 2,177083 ,5078903 ,0897832 1,993969 2,360197 1,3333 3,0000 1 144 1,789352 ,6103822 ,0508652 1,688807 1,889897 1,0000 3,6667

Total 176 1,859848 ,6104312 ,0460130 1,769037 1,950660 1,0000 3,6667 ANOVA INTENT

Somme des carrés ddl Moyenne des carrés F Signification Inter-groupes 3,936 1 3,936 11,177 ,001 Intra-groupes 61,274 174 ,352

Total 65,210 175

Tableau 76 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport à la

connaissance de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat

(échantillon "DESS CAAE")

Page 336: Intention Entrepreneuriale

333

Ainsi, quel que soit l’échantillon et le fait que les modèles d’entrepreneur font ou non

partie de l’entourage immédiat, plus les étudiants en connaissent avec une volonté de les

imiter, plus forte est leur intention entrepreneuriale. Nous concluons, sur la base des

analyses de la variance et conformément à nos attentes, que l’hypothèse 5 n’est pas

rejetée au sein des deux échantillons. Celle-ci étant validée, nous mettons en évidence

des aspects liés à la connaissance de modèles d’entrepreneur que nous avons collectés à

travers le questionnaire.

Le tri croisant l’existence de modèles d’entrepreneur dans l’entourage immédiat que les

étudiants souhaiteraient imiter avec les deux populations de l’étude (tableau 77) recense

que presque 60% des étudiants de l’échantillon de référence affichent leur souhait

d’emprunter les mêmes voies que ces modèles (59%). Ce taux se réduit à un peu plus

d’un tiers pour les individus de l’échantillon "DESS CAAE" (36,4%).

DIPLOME

DESS, formations ou programmes en écoles

de management et gestion en entrepreneuriat

ou en création d’entreprise

DESS CAAE

CONNAISSANCE DE MODELES

D’ENTREPRENEUR DANS

L’ENTOURAGE IMMEDIAT

nb en % nb en %

Oui 105 59,0 64 36,4

Non 73 41,0 112 63,6

Total 178 100,0 176 100,0

Tableau 77 - Tri croisé "connaissance de modèles d’entrepreneur dans l’entourage

immédiat-échantillons"

Une analyse détaillant les moyennes de l’intention entrepreneuriale montre, au sein

des deux échantillons, que celles-ci sont plus fortes d’environ 0,25 point pour les

individus connaissant des modèles d’entrepreneur et désireux de les imiter (tableau 78).

Cependant, qu’ils connaissent ou pas de tels modèles, ces moyennes sont plus élevées de

presque 0,8 point au sein des étudiants "DESS, formations ou programmes en écoles de

management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise". Les diagrammes

joints en annexe 14 illustrent ces différences.

Page 337: Intention Entrepreneuriale

334

DIPLOME

DESS, formations ou programmes en

écoles de management et gestion en

entrepreneuriat ou en création d’entreprise

DESS CAAE

CONNAISSANCE DE MODELES

D’ENTREPRENEUR DANS

L’ENTOURAGE IMMEDIAT

INTENTION ENTREPRENEURIALE

Moyenne 2,81 2,07 Oui

Nb 105 64

Moyenne 2,55 1,74 Non

Nb 73 112

Tableau 78 - Tris croisé "connaissance de modèles d’entrepreneur dans l’entourage

immédiat-moyenne de l’intention entrepreneuriale"

Une étude plus fine recensant le nombre de ces modèles d’entrepreneur pour lesquels

les étudiants manifestent le vœu d’emprunter les mêmes parcours montre que plus de 60%

des individus de l’échantillon "DESS CAAE" connaissent au moins un entrepreneur dans

leur entourage contre moins de 40% pour ceux de l’échantillon de référence (soit

respectivement 60,9% et 38,1%)492. Il est important de signaler que la totalité des étudiants

de l’échantillon témoin citent au plus 4 entrepreneurs, alors que plus du dixième (12,4%)

de ceux de l’échantillon de référence en connaissent plus de 4. DIPLOME

DESS, formations ou programmes en

écoles de management et gestion en

entrepreneuriat ou en création d’entreprise

DESS CAAE NOMBRE DE MODELES

D’ENTREPRENEUR DANS

L’ENTOURAGE IMMEDIAT

nb en % %

cumulé

nb en % %

cumulé

1 40 38,1 38,1 39 60,9 60,9

2 35 33,3 71,4 13 20,3 81,3

3 17 16,2 87,6 7 10,9 92,2

4 6 5,7 93,3 5 7,8 100,0

5 et + 7 6,7 100,0

Total 105 100,0 64 100,0

Tableau 79 - Tri croisé "nombre de modèles d’entrepreneur dans l’entourage

immédiat-échantillons"

492 Cf. supra., p. 227-228, "7.5.2.3. Les modèles d’entrepreneur", la question 3.2.

Page 338: Intention Entrepreneuriale

335

Pour obtenir une estimation synthétique de ces nombres, nous avons calculé des

indicateurs de position et de dispersion (tableau 80). Il ressort des enquêtes que le score

des moyennes du nombre de modèles d’entrepreneur que les étudiants connaissent et

qu’ils désirent imiter est assez proche dans les deux populations (soit respectivement 2,10

et 1,66 dans les échantillons de référence et témoin).

Cependant, l’écart-type de l’échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles

de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise" est supérieur de

0,23 point à celui de l’échantillon témoin. Cette différence peut s’interpréter, comme nous

l’avons mis en relief plus haut (tableau 79), par les fréquences des valeurs extrêmes (1, 4 et

5 et +) du nombre de modèles d’entrepreneur dans l’échantillon de référence.

DIPLOME

DESS, formations ou programmes en écoles de management et

gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise

DESS CAAE

Moyenne 2,10 1,66

Nb 105 64

Ecart-type 1,200 ,963

Tableau 80 - Tri croisé "indicateurs de position et de dispersion du nombre de

modèles d’entrepreneur dans l’entourage immédiat-échantillons"

Nous avons affiné davantage l’analyse en identifiant les liens de parenté ou d’amitié

entre les individus des deux échantillons et les modèles d’entrepreneur qu’ils veulent

imiter. Présentées dans le tableau suivant, les données recueillies dans l’échantillon de

référence placent les parents en première position avec près de 60% (soit 57,1%). Juste

derrière, les amis sont cités avec plus de 45%493. Pour plus d’un tiers (35,2%), les

étudiants connaissent d’"autre membres de leur famille" qui représentent des modèles à

suivre. Les frères et sœurs se détachent en dernière place avec une fréquence inférieure à

10% (8,6%).

493 Les totaux dépassent 100% car les interviewés ont répondus simultanément de façon dichotomique à plusieurs énoncés (Cf. supra., p. 227-228, "7.5.2.3. Les modèles d’entrepreneur", la question 3.3).

Page 339: Intention Entrepreneuriale

336

S’agissant de l’échantillon "DESS CAAE", ce sont les amis qui, avec un score

supérieur à 50%, attirent le plus les étudiants vers les chemins de l’entrepreneuriat

(53,1%). Les parents sont cités dans des proportions dépassant 45% (soit 45,3%). Les

"autres membres de la famille" représentent près d’un tiers (29,7%) des modèles

d’entrepreneur que les étudiants souhaitent imiter. Les frères et sœurs figurent avec une

faible part excédant à peine 10% (12,5%).

DIPLOME

DESS, Formations ou programmes en Ecoles de

Commerce en création d’entreprise ou en entrepreneuriat

DESS CAAE

LIEN DE PARENTE OU

D’AMITIE

Nb en % nb en %

Parents Oui 60 57,1 29 45,3

Non 45 42,9 35 54,7

Total 105 100,0 64 100,0

Amis Oui 49 46,7 34 53,1

Non 56 53,3 30 46,9

Total 105 100,0 64 100,0

Autres membres de la famille Oui 37 35,2 19 29,7

Non 68 64,8 45 70,3

Total 105 100,0 64 100,0

Frères ou sœurs Oui 9 8,6 8 12,5

Non 96 91,4 56 87,5

Total 105 100,0 64 100,0

Tableau 81 - Tri croisé "lien de parenté ou d’amitié avec les modèles d’entrepreneur

de l’entourage immédiat-échantillons"

Nous allons respecter les mêmes étapes de calcul concernant la connaissance de

modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat. Le tableau suivant montre que

plus du double des étudiants de l’échantillon de référence, par rapport à l’échantillon

témoin, déclarent connaître des entrepreneurs en dehors de leur entourage et qu’ils désirent

les prendre comme exemples (soit respectivement 45,5% et 18,2%)494.

494 Cf. supra., p. 227-228, "7.5.2.3. Les modèles d’entrepreneur", la question 3.4.

Page 340: Intention Entrepreneuriale

337

DIPLOME

DESS, formations ou programmes en

écoles de management et gestion en

entrepreneuriat ou en création d’entreprise

DESS CAAE

CONNAISSANCE DE MODELES

D’ENTREPRENEUR EN DEHORS

DE L’ENTOURAGE IMMEDIAT

Nb en % nb en %

Oui 81 45,5 32 18,2

Non 97 54,5 144 81,8

Total 178 100,0 176 100,0

Tableau 82 - Tri croisé "connaissance de modèles d’entrepreneur en dehors de

l’entourage immédiat-échantillons"

Une répartition selon la connaissance ou non de modèles d’entrepreneur indique que

dans les deux échantillons, les moyennes de l’intention entrepreneuriale sont plus

élevées d’environ 0,3 point chez les individus connaissant des modèles d’entrepreneur

(tableau 83). Respectivement, elles affichent des scores de l’ordre de 2,88 et 2,18 au sein

des échantillons "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion

en entrepreneuriat ou en création d’entreprise" et DESS CAAE". Dans l’ordre, ces valeurs

chutent à 2,56 et 1,79. L’annexe 15 schématise cette baisse.

DIPLOME

DESS, formations ou programmes en écoles

de management et gestion en entrepreneuriat

ou en création d’entreprise

DESS CAAE

CONNAISSANCE DE MODELES

D’ENTREPRENEUR EN DEHORS

DE L’ENTOURAGE IMMEDIAT

INTENTION ENTREPRENEURIALE

Moyenne 2,88 2,18 Oui

Nb 81 32

Moyenne 2,56 1,79 Non

Nb 97 144

Tableau 83 - Tris croisé "connaissance de modèles d’entrepreneur en dehors de

l’entourage immédiat-moyenne de l’intention entrepreneuriale"

Les résultats concernant le nombre de ces modèles laissent apparaître dans l’échantillon

"DESS CAAE" que 90% des individus connaissent au plus 2 entrepreneurs (tableau

84)495. Ce score est réduit de 20% chez les étudiants de l’échantillon "DESS, formations

495 Cf. supra., p. 227-228, "7.5.2.3. Les modèles d’entrepreneur", la question 3.5.

Page 341: Intention Entrepreneuriale

338

ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création

d’entreprise" (soit respectivement 90,6% et 70,4%). Seul un dixième (10%) de la

population témoin connaît 3 entrepreneurs et plus, contre un peu moins d’un tiers pour

la population de référence (29,6%).

DIPLOME

DESS, formations ou programmes en

écoles de management et gestion en

entrepreneuriat ou en création d’entreprise

DESS CAAE

NOMBRE DE MODELES

D’ENTREPRENEUR EN

DEHORS DE

L’ENTOURAGE IMMEDIAT

nb en % % cumulé nb en % % cumulé

1 25 30,9 30,9 14 43,8 43,8

2 32 39,5 70,4 15 46,9 90,6

3 13 16,0 86,5 1 3,1 93,8

4 8 9,9 96,3

5 et + 3 3,7 100,0 2 6,3 100,0

Total 81 100,0 32 100,0

Tableau 84 - Tri croisé "nombre de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage

immédiat-échantillons"

Pour compéter l’analyse sur le nombre de modèles d’entrepreneur hors entourage

immédiat, nous présentons des indicateurs de position et de dispersion (tableau 85). Les

coefficients des moyennes sont assez proches dans les deux échantillons (soit

respectivement 2,18 et 1,78 dans les échantillons de référence et témoin). Il n y a pas de

différence notable entre les deux écarts-types des deux échantillons de l’enquête.

DIPLOME

DESS, formations ou programmes en écoles de management et

gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise

DESS CAAE

Moyenne 2,18 1,78

Nb 81 32

Ecart-type 1,174 1,008

Tableau 85 - Tri croisé "indicateurs de position et de dispersion du nombre de

modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat-échantillons"

Page 342: Intention Entrepreneuriale

339

Nous avons demandé aux étudiants de nous citer les noms de modèles d’entrepreneur

qu’ils désirent imiter496. L’annexe 16 montre que la primauté ne revient pas à des

entrepreneurs de renom, mais plutôt aux entrepreneurs chez lesquels ces étudiants ont

travaillé ou effectué un stage. Ces entrepreneurs sont cités dans presque un tiers des cas

(30,8%). B. GATES, J.-M. MESSIER, F. PINAULT et B. TAPIE sont relégués au second

rang ; chacun d’eux occupe une fréquence dépassant légèrement le dixième (13,5%).

Dans des parts négligeables n’excédant pas à chaque fois 5%, les étudiants font notamment

référence à R. BRANSON, J.-M. FOLTZ, L. SCHWEITZER et à des entrepreneurs

intervenant dans leur Mastère497.

Enfin, nous ne pouvons exploiter les questions relatives aux supports médiatiques

dans lesquels les étudiants ont pris connaissance de ces modèles498. En effet, seule une

vingtaine d’étudiants des deux échantillons ont, à cet égard, fait acte de réponse. Ce

nombre n’est pas quantitativement (d’un point de vue statistique) significatif.

Les quatre hypothèses concernant les normes subjectives étant de la sorte vérifiées, nous

allons procéder à l’examen de l’influence des perceptions du contrôle comportemental sur

l’intention entrepreneuriale.

9.2.3. Les effets des perceptions du contrôle comportemental sur l’intention

entrepreneuriale

Les impacts des perceptions du contrôle comportemental sur l’intention entrepreneuriale

sont appréhendés à travers les aptitudes que les étudiants acquièrent par le biais des

programmes et des formations de spécialisation ou d’accompagnement en entrepreneuriat,

les aptitudes qu’ils développent par l’exercice de responsabilités et la prise de décisions

importantes lors d’expériences professionnelles ainsi que les responsabilités associatives.

Nous allons successivement examiner la validité statistique des hypothèses

correspondantes.

496 Cf. supra., p. 227-228, "7.5.2.3. Les modèles d’entrepreneur", la question 3.6. Les résultats concernant l’échantillon "DESS CAAE" ne sont pas reportés car seuls 9 étudiants ont répondu. 497 Les totaux dépassent 100% car les étudiants peuvent cités plusieurs noms en même temps. 498 Cf. supra., p. 227-228, "7.5.2.3. Les modèles d’entrepreneur", la question 3.7.

Page 343: Intention Entrepreneuriale

340

9.2.3.1. L’influence des perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais

de la formation

L’effet des perceptions des aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec

la formation sur l’intention entrepreneuriale est exprimé par l’hypothèse 6a ("les

perceptions des aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec les

programmes et les formations de spécialisation ou d’accompagnement en entrepreneuriat

ou en création d’entreprise influencent positivement l’intention entrepreneuriale").

Rappelons que celle-ci est à vérifier uniquement au sein de l’échantillon de référence car le

suivi de programmes ou de formations en entrepreneuriat est ce qui le différencie de la

population témoin. Ces perceptions étant opérationnalisées sous forme de variable

quantitative499, il convient de procéder à une régression simple.

Cette dernière, détaillée dans le tableau 86, montre une corrélation satisfaisante entre les

perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par la formation et l’intention

entrepreneuriale. L’intensité de cette relation est évaluée à 35,6% (R). La part de la

variance de l’intention entrepreneuriale expliquée par ces perceptions est égale à 12,2% ;

la qualité de l’ajustement de la relation obtenue par la régression simple est donc

acceptable et le lien en est significatif. En effet, la valeur observée du coefficient F

(25,542 pour un sig. = ,000) est largement supérieure à la valeur critique (3,84, au seuil α =

0,05, pour 1 et 176 degrés de liberté).

Variables introduites/éliminées b Modèle Variables

introduites Variables éliminées

Méthode

1 PERCFOR a , Introduire a : toutes variables requises introduites. b : variable dépendante : INTENT. Récapitulatif du modèle Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation 1 ,356 a ,127 ,122 ,7251260 a : valeurs prédites : (constantes), PERCFOR.

499 Cf. supra., p. 228-230, "7.5.2.4. Le cursus entrepreneurial", la question 4.3.

Page 344: Intention Entrepreneuriale

341

ANOVA b Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification 1 Régression 13,430 1 13,430 25,542 ,000 a

Résidu 92,542 176 ,526 Total 105,973 177

a : valeurs prédites : (constantes), PERCFOR. b : variable dépendante : INTENT.

Coefficients a Coefficients non standardisés Coefficients standardisés

Modèle B Erreur standard Bêta

t Signification

1 (constante) -4,834E-02 ,547 -,088 ,930 PERCFOR 1,034 ,205 ,356 5,054 ,000

a : variable dépendante : INTENT. Tableau 86 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux

perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais de la formation

(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion

en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Les perceptions des aptitudes entrepreneuriales que développent les étudiants grâce aux

programmes et formations en entrepreneuriat ou en création d’entreprise ont donc un effet

significatif sur leur intention entrepreneuriale. Plus les étudiants perçoivent ces aptitudes

entrepreneuriales, meilleure est leur intention entrepreneuriale. L’hypothèse 6a n’est pas

rejetée au sein de l’échantillon de référence.

9.2.3.2. L’influence des perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais

des expériences professionnelles

L’impact des perceptions des aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent

avec les expériences professionnelles sur l’intention entrepreneuriale s’exprime par

l’hypothèse 6b ("les aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec les

responsabilités et la prise individuelle de décisions importantes lors d’expériences

professionnelles (travail ou stage) influencent positivement l’intention entrepreneuriale").

Ces perceptions sont opérationnalisées sous forme de variable quantitative500, nous allons

donc effectuer une analyse de régression linéaire simple.

500 Cf. supra., p. 224-226, "7.5.2.1. Les expériences de travail", la question 1.9.

Page 345: Intention Entrepreneuriale

342

Celle-ci laisse apparaître un coefficient de corrélation acceptable (R = 25,7%). La

proportion de la variance de l’intention entrepreneuriale expliquée par les perceptions des

aptitudes entrepreneuriales acquises avec les expériences professionnelles est égale à

6,1%. La qualité de l’ajustement obtenue par la régression est évaluée à 12,167 pour un

sig. = 0,01. Cette valeur observée est supérieure à la valeur critique de F (3,84, au seuil α =

0,05 pour 1 et 172 degrés de liberté).

Variables introduites/éliminées b Modèle Variables

introduites Variables éliminées

Méthode

1 PERCEXP a , Introduire a : toutes variables requises introduites. b : variable dépendante : INTENT. Récapitulatif du modèle Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation 1 ,257 a ,066 ,061 ,7392438 a : valeurs prédites : (constantes), PERCEXP. ANOVA b Modèle Somme des carrés Ddl Carré moyen F Signification 1 Régression 6,649 1 6,649 12,167 ,001 a

Résidu 93,995 172 ,546 Total 100,644 173

a : valeurs prédites : (constantes), PERCEXP. b : variable dépendante : INTENT.

Coefficients a

Coefficients non standardisés Coefficients standardisés Modèle B Erreur standard Bêta

t Signification

1 (constante) 2,110 ,172 12,239 ,000 PERCEXP ,275 ,079 ,257 3,488 ,001

a : variable dépendante : INTENT. Tableau 87 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux

perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences

professionnelles (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de

management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Ainsi, les perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises avec les expériences

professionnelles ont une influence significative sur l’intention entrepreneuriale des

étudiants. Plus ceux-ci perçoivent ces aptitudes entrepreneuriales, plus élevée est leur

Page 346: Intention Entrepreneuriale

343

intention entrepreneuriale. L’hypothèse 6b n’est pas rejetée au sein de l’échantillon de

référence.

Pour savoir si elle ne l’est pas au sein de l’échantillon "DESS CAAE", nous allons nous

intéresser au score du R2 ajusté (tableau 88). Celui-ci est quasi nul (-0,003). En outre, le

coefficient F observé (0,463 ; sig. = 0,497) est inférieur au F calculé pour 1 et 159 degrés

de liberté (F = 3,84 ; sig. = 0,05). Il n’existe donc pas de lien significatif entre les

perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises avec les expériences professionnelles

et l’intention entrepreneuriale. La régression simple ne révèle pas de liaison linéaire

significative. En conséquence, l’hypothèse 6b est rejetée au sein de la population

témoin.

Variables introduites/éliminées b Modèle Variables

introduites Variables éliminées

Méthode

1 PERCEXP a , Introduire a : toutes variables requises introduites. b : variable dépendante : INTENT. Récapitulatif du modèle Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation 1 ,054 a ,003 -,003 ,6031929 a : valeurs prédites : (constantes), PERCEXP.

ANOVA b Modèle Somme des carrés Ddl Carré moyen F Signification 1 Régression ,168 1 ,168 ,463 ,497 a

Résidu 57,851 159 ,364 Total 58,019 160

a : valeurs prédites : (constantes), PERCEXP. b : variable dépendante : INTENT.

Coefficients a

Coefficients non standardisés Coefficients standardisés Modèle B Erreur standard Bêta

t Signification

1 (constante) 1,729 ,171 10,125 ,000 PERCEXP 6,344E-02 ,093 ,054 ,681 ,497

a : variable dépendante : INTENT. Tableau 88 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux

perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences

professionnelles (échantillon "DESS CAAE")

Page 347: Intention Entrepreneuriale

344

Ayant été validée par la régression linéaire simple au sein de l’échantillon de référence,

nous allons mettre en exergue des aspects de l’hypothèse 6b qui décrivent les expériences

professionnelles des étudiants. Dans un premier temps, nous allons exposer leur nombre.

Sur 178 étudiants, 174 déclarent avoir une expérience professionnelle501. Parmi ceux-ci

(tableau 89)502, presque la moitié en a eu deux ou trois (soit respectivement 23,0% et

20,7%). Un tiers (33,9%) ont travaillé dans cinq entreprises ou plus. Le reste (un

cinquième) a travaillé dans une ou quatre entreprises (soit dans l’ordre 9,2% et 13,2%).

DESS, formations ou programmes en écoles de management et

gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise

NOMBRE

D’ENTREPRISES nb en % % cumulé

1 9,2 9,2 9,2

2 23,0 23,0 32,2

3 20,7 20,7 52,9

4 13,2 13,2 66,1

5 et + 33,9 33,9 100,0

Total 174 100,0

Tableau 89 - Tri croisé "nombre d’entreprises - échantillon "DESS, formations ou

programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création

d’entreprise""

Nous avons demandé aux étudiants de nous renseigner sur l’expérience professionnelle

qui leur a semblé la plus significative en termes de prises de responsabilité et de décision.

Dans une première analyse portant sur la nature du contrat de travail (tableau 90)503, il

ressort que le stage, avec deux tiers des cas (64,4%), est l’expérience de travail la plus

contractée par les étudiants. Les CDD (Contrat à Durée Déterminée) et les CDI (Contrat à

Durée Indéterminée) en représentent chacun environ 15% (soit respectivement 17,8% et

14,4%). De façon très marginale, les étudiants ont réalisé des missions sous forme

d’intérim, de contrats d’apprentissage, de qualification ou d’adaptation.

501 Cf. supra., p. 224-226, "7.5.2.1. Les expériences de travail", la question 1.1. 502 Cf. supra., p. 224-226, "7.5.2.1. Les expériences de travail", la question 1.2. 503 Cf. supra., p. 224-226, "7.5.2.1. Les expériences de travail", la question 1.3.

Page 348: Intention Entrepreneuriale

345

NATURE DU CONTRAT

DE TRAVAIL

DESS, formations ou programmes en écoles de management

et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise

nb en %

Stages 112 64,4

CDD 31 17,8

CDI 25 14,4

Contrat d'apprentissage 3 1,7

Contrat de qualification 1 0,6

Contrat d'adaptation 1 0,6

Intérim 1 0,6

Total 174 100,0

Tableau 90 - Tri croisé "nature du contrat de travail - échantillon "DESS, formations

ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création

d’entreprise""

Parmi les types d’organisation où ont été effectuées ces expériences professionnelles,

repris dans le tableau suivant, prédominent les grandes entreprises (34,5%)504. Les

PME/PMI viennent en second rang avec plus d’un quart des cas (26,4%). Les PE (Petites

Entreprises) et les TPE (Très Petites Entreprises) sont citées dans des proportions

inférieures au cinquième (soit respectivement 19,5% et 13,8%). Marginalement, les

étudiants ont effectué leur expérience professionnelle au sein des organisations suivantes :

organisme public ou parapublic, association de moins 49 salariés et organisme public de

plus de 250 salariés et plus.

504 Cf. supra., p. 224-226, "7.5.2.1. Les expériences de travail", la question 1.4.

Page 349: Intention Entrepreneuriale

346

DESS, formations ou programmes en écoles de management

et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise TYPE D’ORGANISATION

nb en %

Grande entreprise (250 et +) 60 34,5

PME/PMI (50 à 249 salariés) 46 26,4

PE (10 à 49 salariés) 34 19,5

TPE (-10 salariés) 24 13,8

Organisme public ou parapublic (nombre de

salariés non indiqué)

4 2,3

Organisme public ou parapublic (-10 salariés) 3 1,7

Association de moins 49 salariés 2 1,1

Organisme public (250 et +) 1 0,6

Total 174 100,0

Tableau 91 - Tri croisé "type d’organisation - échantillon "DESS, formations ou

programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création

d’entreprise""

Le croisement de l’expérience professionnelle avec le secteur d’activité laisse

apparaître que les services, dans plus de la moitié des cas (54,0%), dominent largement

(tableau 92)505. L’industrie et les nouvelles technologies y sont représentées chacune pour

un cinquième (soit respectivement 20,1% et 17,2%). Loin derrière, les étudiants citent les

secteurs d’activité suivants : la distribution, la culture, le commerce, la création

d’entreprise et le BTP.

505 Cf. supra., p. 224-226, "7.5.2.1. Les expériences de travail", la question 1.5.

Page 350: Intention Entrepreneuriale

347

DESS, formations ou programmes en écoles de management

et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise SECTEUR D’ACTIVITE

nb en %

Services 94 54,0

Industrie 35 20,1

Nouvelles technologies 30 17,2

Distribution 6 3,4

Culture 4 2,3

Commerce 2 1,1

Création d'entreprise 2 1,1

BTP 1 0,6

Total 174 100,0

Tableau 92 - Tri croisé "secteur d’activité - échantillon "DESS, formations ou

programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création

d’entreprise""

Concernant la durée des expériences professionnelles, il ressort nettement du tableau

ci-dessous que 6 mois est un temps médian qui scinde l’échantillon en deux moitiés (soit

respectivement 51,1% et 48,9%)506.

DESS, formations ou programmes en écoles de management et

gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise

DUREE DE LA

PERIODE DE

TRAVAIL (EN MOIS) Nb en % % cumulé

1 4 2,3 2,3

2 18 10,3 12,6

3 43 24,7 37,4

4 20 11,5 48,9

5 4 2,3 51,1

6 et + 85 48,9 100,0

Total 174 100,0

Tableau 93 - Tri croisé "durée de la période de travail - échantillon "DESS,

formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou

en création d’entreprise""

506 Cf. supra., p. 224-226, "7.5.2.1. Les expériences de travail", la question 1.6.

Page 351: Intention Entrepreneuriale

348

Enfin, nous allons terminer la description des expériences de travail en mettant en relief

leur lieu de réalisation507. Un peu plus d’un dixième (13,8%) des étudiants les ont

effectuées à l’étranger (tableau 93). Une subdivision de l’échantillon montre que la

totalité de ces individus provient d’écoles de management et gestion. Ce score ne nous

permet pas d’exploiter les motifs de ces départs à l’extérieur de l’Hexagone car le nombre

d’individus (24) n’est pas quantitativement significatif508.

DESS, formations ou programmes en écoles de management

et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise

LIEU DE TRAVAIL

Nb en %

Pays d’origine 150 86,2

Etranger 24 13,8

Total 174 100,0%

Tableau 93 - Tri croisé "lieu de travail - échantillon "DESS, formations ou

programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création

d’entreprise""

9.2.3.3. Influence des aptitudes entrepreneuriales acquises avec les responsabilités

associatives

L’impact des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des responsabilités

associatives sur l’intention entrepreneuriale est formulé au sein de l’hypothèse 6c ("les

aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec les responsabilités

associatives influencent positivement l’intention entrepreneuriale"). Pour appréhender cette

influence, nous nous sommes fondés sur la méthode de ANOVA à un facteur car la

variable explicative est qualitative509.

Au sein de l’échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management

et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise", l’analyse de la variance, dont les

caractéristiques sont reprises dans le tableau ci-dessous, donne une valeur du coefficient F

507 Cf. supra., p. 224-226, "7.5.2.1. Les expériences de travail", la question 1.7. 508 Cf. supra., p. 224-226, "7.5.2.1. Les expériences de travail", la question 1.8. 509 Cf. supra., p. 226-227, "7.5.2.2. Les centres d’intérêts associatifs", la question 2.3.

Page 352: Intention Entrepreneuriale

349

égale à 0,216, pour un sig. = 0,643. La table de FISHER-SNEDECOR en indique une qui

lui supérieure (pour α = 0,05 et 1 et 116 degrés de liberté, F critique = 3,92).

Descriptives INTENT

Nbre Moyenne Ecart-type Erreur standard

Intervalle de confiance à 95% pour la moyenne

Minimum Maximum

Borne inférieure

Borne supérieure

0 81 2,786008 ,7998414 ,0888713 2,609149 2,962868 1,0000 4,0000 1 37 2,711712 ,8208779 ,1349515 2,438017 2,985406 1,0000 4,0000

Total 118 2,762712 ,8037208 ,0739885 2,616182 2,909242 1,0000 4,0000 ANOVA INTENT

Somme des carrés ddl Moyenne des carrés F Signification Inter-groupes ,140 1 ,140 ,216 ,643 Intra-groupes 75,438 116 ,650

Total 75,578 117 Tableau 94 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport aux

aptitudes entrepreneuriales acquises avec les responsabilités associatives (échantillon

"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en

entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Nous concluons donc sur la base des informations collectées et contrairement à nos

attentes, qu’il n y a pas d’influence significative des aptitudes entrepreneuriales que les

étudiants acquièrent avec les responsabilités associatives sur l’intention entrepreneuriale.

Ainsi, l’hypothèse 6c est rejetée au sein de l’échantillon de référence. Qu’en est-il de la

population témoin ?

Les résultats de ANOVA à un facteur prouvent que l’hypothèse 6c est aussi rejetée au

sein de l’échantillon "DESS CAAE" (tableau 95). En effet, la valeur calculée du

coefficient de FISHER-SNEDECOR (F = 0,243 ; sig = 0,624) est inférieure à celle donnée

par la table statistique (F = 3,92, au seuil α = 0,05, pour 1 et 77 degrés de liberté). Ainsi, il

n’existe pas d’influence significative des aptitudes entrepreneuriales acquises avec les

responsabilités associatives sur l’intention entrepreneuriale.

Page 353: Intention Entrepreneuriale

350

Descriptives INTENT

Nbre Moyenne Ecart-type Erreur standard

Intervalle de confiance à 95% pour la moyenne

Minimum Maximum

Borne inférieure

Borne supérieure

0 47 1,950355 ,6215872 ,0906678 1,767850 2,132859 1,0000 3,6667 1 32 2,020833 ,6275486 ,1109360 1,794578 2,247089 1,0000 3,0000

Total 79 1,978903 ,6209582 ,0698633 1,839816 2,117990 1,0000 3,6667 ANOVA INTENT

Somme des carrés Ddl Moyenne des carrés F Signification Inter-groupes ,095 1 ,095 ,243 ,624 Intra-groupes 29,981 77 ,389

Total 30,076 78

Tableau 95 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport aux

aptitudes entrepreneuriales acquises avec les responsabilités associatives (échantillon

"DESS CAAE")

Des réflexions plausibles peuvent étayer le rejet de l’hypothèse 6c au sein des deux

populations. Sur 178 étudiants en "DESS, formations ou programmes en écoles de

management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise" et 176 en "DESS

CAAE", respectivement 118 (66,3%) et 79 (44,8%) ont été engagés dans des structures

associatives. Parmi ceux-là, le tableau ci-dessous montre que 81 (68,6%) et 47 (59,5%) des

étudiants des échantillons de référence et témoin ont occupé un statut de responsable

dans le monde associatif510.

510 Cf. supra., p. 226-227, "7.5.2.2. Les centres d’intérêts associatifs", la question 2.3.

Page 354: Intention Entrepreneuriale

351

DIPLOME

DESS, formations ou programmes en écoles de management

et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise

DESS CAAE

STATUT

nb en % nb en %

Membre simple

Oui 60 50,8 47 59,5

Non 58 49,2 32 40,5

Total 118 100,0 79 100,0

Responsable

Oui 81 68,6 47 59,5

Non 37 31,4 32 40,5

Total 118 100,0 79 100,0

Tableau 96 - Tri croisé "statut associatif - échantillons

Cependant, une analyse plus approfondie permet de mieux saisir les structures

associatives à l’intérieur desquelles les étudiants ont assuré des responsabilités (tableau

97). Il ressort au sein des deux échantillons, qu’ils les ont majoritairement exercées au

sein de structures scolaires (Bureau Des Elèves, Conseil d’établissement…)511. La faible

activité de ces dernières (rythme des réunions, engagement exigé, compétences

requises…), comparativement à d’autres structures (telles que les partis politiques ou les

syndicats), suggère que les étudiants, dans de telles fonctions, ne développent pas

réellement des aptitudes pouvant influencer leur intention entrepreneuriale.

511 Les totaux dépassent 100% car les interviewés ont répondu simultanément de façon dichotomique à plusieurs énoncés (Cf. supra., p. 226-227, "7.5.2.2. Les centres d’intérêts associatifs", la question 2.2.).

Page 355: Intention Entrepreneuriale

352

DIPLOME

DESS, formations ou programmes en écoles de management

et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise

DESS CAAE TYPES DE STRUCTURE

ASSOCIATIVE

nb en % nb En %

Association au sein de votre

établissement (B.D.E…)

Oui 80 67,8 40 50,6

Non 38 32,2 39 49,4

Total 118 100,0 79 100,0

Association en dehors de

votre établissement

Oui 32 29,6 25 32,1

Non 76 70,4 53 67,9

Total 108 100,0 78 100,0

Conseil d'établissement

(lycée, école, université…)

Oui 9 7,6 5 6,3

Non 109 92,4 74 93,7

Total 79 100,0 79 100,0

Parti politique Oui 5 4,2 1 1,3

Non 113 95,8 78 98,7

Total 118 100,0 79 100,0

Syndicat Oui 2 1,7 1 1,3

Non 116 98,3 78 98,8

Total 118 100,0 79 100,0

Tableau 97 - Tri croisé "type de structure associative - échantillons

Ayant examiné la validité des trois hypothèses relatives aux perceptions du contrôle

comportemental, nous allons procéder aux estimations économétriques relatives à

l’influence des perceptions de disponibilité des ressources sur l’intention entrepreneuriale.

9.2.4. Influence des perceptions de disponibilité des ressources sur l’intention

entrepreneuriale

Selon les arguments développés dans l’hypothèse 7512 ("les perceptions de disponibilité

des ressources - informations et conseils, finances - influencent positivement l’intention

entrepreneuriale"), deux types de perceptions sont distingués : les perceptions de

512 Cf. supra., p. 201, "6.1.3.2. Les perceptions de l’accessibilité aux ressources".

Page 356: Intention Entrepreneuriale

353

disponibilité des ressources financières et les perceptions de disponibilité des informations

et conseils. Les résultats de l’analyse en composantes principales a mis au jour cette double

composante que nous avons respectivement représentée par les variables "DIFFI" et

"DIFINFCO"513. Celles-ci étant d’essence quantitative, nous allons donc procéder à des

analyses de régression linéaire simple.

Les résultats de la régression de l’intention entrepreneuriale par rapport aux perceptions

de disponibilité des ressources financières affichent au sein de l’échantillon "DESS,

formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en

création d’entreprise" une corrélation négative dont le coefficient est évalué à -9,6%

(tableau 98). Le score du R2 ajusté est nul. La qualité de l’ajustement obtenue par cette

relation linéaire, évaluée à 1,009 pour un sig. = 0,317, n’est pas significative. La valeur

critique de F (3,92 au seuil α = 0,05, pour 1 et 108 degrés de liberté) lui est supérieure.

Variables introduites/éliminées b Modèle Variables

introduites Variables éliminées

Méthode

1 DIFFI a , Introduire a : toutes variables requises introduites. b : variable dépendante : INTENT. Récapitulatif du modèle Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation 1 -,096 a ,009 ,000 ,7031404 a : valeurs prédites : (constantes), DIFFI. ANOVA b Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification 1 Régression ,499 1 ,499 1,009 ,317 a

Résidu 53,396 108 ,494 Total 53,895 109

a : valeurs prédites : (constantes), DIFFI. b : variable dépendante : INTENT. 513 Cf. supra., p. 289-297, "8.3.7. La variable "perceptions de disponibilité des ressources"".

Page 357: Intention Entrepreneuriale

354

Coefficients a Coefficients non standardisés Coefficients standardisés

Modèle B Erreur standard Bêta

t Signification

1 (constante) 3,191 ,253 12,610 ,000 DIFFI -9,688E-02 ,096 -,096 -1,005 ,317

a : variable dépendante : INTENT. Tableau 98 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux

perceptions de disponibilité des ressources financières (échantillon "DESS,

formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou

en création d’entreprise")

Les perceptions de disponibilité des ressources financières n’influencent donc pas

l’intention entrepreneuriale. Qu’en est-il des perceptions de disponibilité des informations

et conseils ?

L’analyse de régression exposée dans le tableau suivant indique des coefficients de

corrélation et de détermination linéaire quasi nuls (R = -1,5% et R2 = -0,9%). En outre,

le coefficient F observé (0,025 ; sig. = 0,874) est inférieur au F calculé pour 1 et 108

degrés de liberté (F = 3,92 ; sig. = 0,05). Il en résulte que les perceptions de disponibilité

des informations et conseils n’ont pas d’impact sur l’intention entrepreneuriale.

Variables introduites/éliminées b Modèle Variables

introduites Variables éliminées

Méthode

1 DIFINFCO a , Introduire a : toutes variables requises introduites. b : variable dépendante : INTENT. Récapitulatif du modèle Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation 1 -,015 a ,000 -,009 ,7063356 a : valeurs prédites : (constantes), DIFINFCO. ANOVA b Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification 1 Régression ,013 1 ,013 ,025 ,874 a

Résidu 53,882 108 ,499 Total 53,895 109

a : valeurs prédites : (constantes), DIFINFCO. b : variable dépendante : INTENT.

Page 358: Intention Entrepreneuriale

355

Coefficients a Coefficients non standardisés Coefficients standardisés

Modèle B Erreur standard Bêta

t Signification

1 (constante) 2,976 ,204 14,592 ,000 DIFINFCO -1,389E-02 ,087 -,015 -,159 ,874

a : variable dépendante : INTENT. Tableau 99 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux

perceptions de disponibilité des informations et conseils (échantillon "DESS,

formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou

en création d’entreprise")

Contrairement à l’hypothèse de départ et au vu des données recueillies, les régressions

simples ne révèlent pas de liaisons linéaires significatives entre les perceptions de

disponibilité des ressources (financières, informations et conseils) et l’intention

entrepreneuriale. En conséquence, l’hypothèse 7 est rejetée au sein de la population de

référence.

Au sein de l’échantillon témoin, l’examen de l’effet des perceptions de disponibilité des

ressources financières sur l’intention entrepreneuriale mis en évidence par l’analyse de

régression laisse apparaître des coefficients de corrélation et de détermination linéaire

quasi nuls (R = 0,7% et R2 = -2,1%). La qualité de l’ajustement obtenue n’est pas

significative. En effet, la valeur critique du coefficient de FISHER-SNEDECOR (F = 3,92

au seuil α = 0,05, pour 1 et 108 degrés de liberté) est supérieure à celle observée (F =

0,002 pour un sig. = 0,963).

Variables introduites/éliminées b Modèle Variables

introduites Variables éliminées

Méthode

1 DIFFI a , Introduire a : toutes variables requises introduites. b : variable dépendante : INTENT. Récapitulatif du modèle Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation 1 ,007 a ,000 -,021 ,5325208 a : valeurs prédites : (constantes), DIFFI.

Page 359: Intention Entrepreneuriale

356

ANOVA b Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification 1 Régression ,001 1 ,001 ,002 ,963 a

Résidu 13,328 47 ,284 Total 13,329 48

a : valeurs prédites : (constantes), DIFFI. b : variable dépendante : INTENT.

Coefficients a

Coefficients non standardisés Coefficients standardisés Modèle B Erreur standard Bêta

t Signification

1 (constante) 2,386 ,333 7,174 ,000 DIFFI 5,192E-03 ,112 ,007 ,046 ,963

a : variable dépendante : INTENT. Tableau 100 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux

perceptions de disponibilité des ressources financières (échantillon "DESS CAAE")

Nous en déduisons que les perceptions de disponibilité des ressources financières

n’exercent pas d’influence sur l’intention entrepreneuriale. Nous allons réaliser les

mêmes calculs pour s’enquérir de l’effet des perceptions de disponibilité des informations

et conseils sur l’intention entrepreneuriale.

Le test de la régression montre que la corrélation entre les perceptions de disponibilité

des informations et conseils et l’intention entrepreneuriale est très faible (7,8%). La

proportion de la variance de l’intention entrepreneuriale expliquée par ces perceptions est

quasi nulle (-1,6%). La qualité de l’ajustement obtenue par la régression n’est donc pas

significative. En fait, le lien unissant ces deux variables n’est pas significatif ; la valeur

critique de F (4,08, au seuil α = 0,05 pour 1 et 47 degrés de liberté) est supérieure à la

valeur observée (F = 0,246 ; sig. = 0,662). Nous en concluons que les perceptions de

disponibilité des informations et conseils n’ont pas d’effet sur l’intention entrepreneuriale.

Variables introduites/éliminées b Modèle Variables

introduites Variables éliminées

Méthode

1 DIFINFCO a , Introduire a : toutes variables requises introduites. b : variable dépendante : INTENT.

Page 360: Intention Entrepreneuriale

357

Récapitulatif du modèle Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation 1 ,072 a ,005 -,016 ,5311426 a : valeurs prédites : (constantes), DIFINFCO. ANOVA b Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification 1 Régression ,070 1 ,070 ,246 ,662 a

Résidu 13,259 47 ,282 Total 13,329 48

a : valeurs prédites : (constantes), DIFINFCO. b : variable dépendante : INTENT.

Coefficients a

Coefficients non standardisés Coefficients standardisés Modèle B Erreur standard Bêta

t Signification

1 (constante) 2,296 ,226 10,179 ,000 DIFINFCO 4,592E-02 ,093 ,072 ,496 ,622

a : variable dépendante : INTENT. Tableau 101 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux

perceptions de disponibilité des informations et conseils (échantillon "DESS CAAE")

Les résultats statistiques ne montrent pas de liaisons linéaires significatives entre les

perceptions de disponibilité des ressources (financières, informations et conseils) et

l’intention entrepreneuriale. En conséquence, l’hypothèse 7 est aussi rejetée au sein de la

population de témoin.

Il est possible que ce rejet soit le fait que les idées ou les projets des étudiants ne sont

pas à une phase poussée de formalisation permettant de s’enquérir des ressources

nécessaires à leur concrétisation514. De ce fait, ils ne perçoivent pas les entraves relatives à

la création d’entreprise.

Pour se prononcer sur la qualité et la contribution apportées par chacune des variables

quantitatives à l’explication et la prédiction de l’intention entrepreneuriale, nous réalisons

une régression multiple qui rend compte de la qualité du modèle que nous avons élaboré.

514 Cf. infra., p. 317-318, "9.2.1.2. L’influence de la recherche d’informations tableau 63".

Page 361: Intention Entrepreneuriale

358

9.2.5. Les effets concomitants des variables quantitatives sur l’intention entrepreneuriale

L’influence simultanée de l’ensemble des variables explicatives métriques sur

l’intention entrepreneuriale se teste grâce à la régression multiple. Celle-ci est une

extension de la régression linéaire simple faisant intervenir plusieurs variables

indépendantes. Les objectifs de la régression multiple sont globalement les mêmes que

ceux de la régression simple. Premièrement, il s’agit, d’expliquer les variations de la

variable dépendante à partir de celles de par plusieurs variables indépendantes supposées

être à l’origine de ces variations. Deuxièmement, le but est aussi de déterminer l’intensité

de cette relation. Enfin, comparativement à la régression simple, celle qualifiée de multiple

offre l’avantage d’analyser les contributions apportées par chacune des variables

explicatives dans l’interprétation du phénomène étudié515.

Par ailleurs, l’analyse de régression multiple, notent Y. EVRARD et alii (1997, p. 457),

a pour objet d’identifier un modèle qui soit "parcimonieux… A niveaux de pouvoir

explicatif comparables (c’est-à-dire non significativement différents du point de vue

statistique), on préférera le modèle le plus simple", c’est-à-dire celui qui inclut le plus petit

nombre de variables explicatives.

Pour l’échantillon de référence, les variables quantitatives qui sont censées expliquer et

prédire l’intention entrepreneuriale ("INTENT") sont : la recherche d'informations dans le

but de formaliser certains aspects de l'idée ou du projet d'entreprise ("RINFO") ; le besoin

d’accomplissement ("ACCOMPLI") ; la recherche de l'autonomie ("RECHAUTO") ; la

propension à la prise de risque qui se manifeste par des perceptions négatives ("ECHEC")

ou positives ("UTI") des conséquences de la disparition de l’entreprise que les étudiants

seraient amenés à créer ; les perceptions des aptitudes entrepreneuriales que les étudiants

acquièrent avec les programmes et les formations de spécialisation ou d’accompagnement

en entrepreneuriat ("PERCFOR") ; les aptitudes entrepreneuriales que les étudiants

acquièrent avec les responsabilités et la prise individuelle de décisions importantes lors

d’expériences professionnelles ("PERCEXP") et enfin, les perceptions de disponibilité des

ressources financières ("DIFFI") et des informations et conseils ("DIFINFCO")516.

515 J.-L. GIANNELLONI et E. VERNETTE (2001, op.cit., p. 410-411). 516 Deux variables qualitatives explicatives ne sont pas intégrées dans le modèle de régression : l’existence d’une idée ou d’un projet d’affaire et la connaissance de modèles d’entrepreneur.

Page 362: Intention Entrepreneuriale

359

Pour estimer l’influence conjointe de ces variables sur l’intention entrepreneuriale, nous

procédons à une régression multiple dont les résultats économétriques sont exposés dans le

tableau 102. Ceux-ci indiquent une bonne corrélation multiple (R = 72,3%) entre

"INTENT" et "RINFO", "ACCOMPLI", "RECHAUTO", "ECHEC", "UTI", "PERCFOR",

"PERCEXP", "DIFFI" ainsi que "DIFINFCO"517. Le coefficient de détermination linéaire

R2 multiple ajusté présente un score très acceptable égal à 0,48. Le modèle est de qualité

satisfaisante puisque les neuf variables indépendantes expliquent la moitié de la variance

de la variable dépendante exprimée dans les données de départ.

L’estimation de la qualité de l’ajustement du modèle est confirmée par le coefficient

F de FISHER-SNEDECOR qui est égal à 11,872 (sig. = 0,000), ce qui est largement

supérieur à la valeur critique donnée par la table statistique (F = 1,96 pour α = 0,05 et 9 et

97 degrés de liberté). Nous en concluons, par conséquent, que la qualité de l’ajustement

obtenue par la régression multiple est significative.

Variables introduites/éliminées b Modèle Variables

introduites Variables éliminées

Méthode

1 DIFINFCO, UTI, RINFO, RECHAUTO, ECHEC, PERCEXP, DIFFI, PERCFOR, ACCOMPLI a

, Introduire

A : toutes variables requises introduites b : variable dépendante : INTENT. Récapitulatif du modèle Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation 1 0,723 a ,523 ,480 ,5473843 A : valeurs prédites : (constantes), DIFINFCO, UTI, RINFO, RECHAUTO, ECHEC, PERCEXP, DIFFI, PERCFOR, ACCOMPLI. ANOVA b Modèle Somme des carrés Ddl Carré moyen F Signification 1 Régression 27,609 9 3,067 11,872 ,000 a

Résidu 25,064 97 ,258 Total 52,673 106

A : valeurs prédites : (constantes), DIFINFCO, UTI, RINFO, RECHAUTO, ECHEC, PERCEXP, DIFFI, PERCFOR, ACCOMPLI. b : variable dépendante : INTENT. 517 Alors que le coefficient de corrélation simple mesure le sens et l’intensité de la relation entre la variable à expliquer et chacun des régresseurs pris séparément, le coefficient de corrélation multiple R mesure ce sens et cette intensité entre la variable à expliquer et l’ensemble des régresseurs.

Page 363: Intention Entrepreneuriale

360

Coefficients a Coefficients non standardisés Coefficients standardisés

Modèle B Erreur standard Bêta

T Signification

1 (constante) -,688 ,781 -,880 ,381 RINFO ,349 ,062 ,431 5,636 ,000 ACCOMPLI ,174 ,116 ,184 1,495 ,051 RECHAUTO ,234 ,093 ,206 2,529 ,013 ECHEC -,174 ,091 -,152 -1,904 ,040 UTI ,144 ,083 ,141 1,725 ,048 PERCFOR ,484 ,237 ,164 2,038 ,044 PERCEXP ,128 ,075 ,133 1,716 ,049 DIFFI -7,195E-02 ,082 -,070 -,874 ,384 DIFINFCO -2,391E-02 ,070 -,026 -,341 ,734

A : variable dépendante : INTENT Tableau 102 - Régression multiple de l’intention entrepreneuriale par rapport à

toutes les variables quantitatives (échantillon "DESS, formations ou programmes en

écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Les résultats statistiques qui viennent d’être évoqués sont des indicateurs de la liaison

globale entre la variable à expliquer et les variables explicatives. Pour évaluer les

contributions de chacune de ces dernières à l’explication globale du modèle, nous

calculons les valeurs du coefficient partiel de régression Bêta. Celui-ci représente la

variation attendue de la variable à expliquer lorsque une variable explicative "change

d’une unité" et que les autres variables explicatives "sont maintenues constantes ou

contrôlées"518. C’est le coefficient de régression standardisé qui importe (rubrique des

"Coefficients" du tableau précédent), il est calculé sur les mêmes bases que le coefficient

non standardisé, mais il est supposé que "toutes les variables prise en compte dans

l’analyse aient été contrées-réduites", c’est-à-dire ramenées à une moyenne nulle et un

écart-type égal à 1.

L’examen des valeurs de ce coefficient indique que la recherche d’informations

("RINFO") est la variable qui explique le mieux l’intention entrepreneuriale (0,431). Les

variables concernant les motivations psychologiques, "RECHAUTO" et "ACCOMPLI",

contribuent chacune avec des scores de l’ordre de 0,206 et 0,184 à l’explication globale du

modèle. Les variables concernant les perceptions des aptitudes entrepreneuriales,

"PERCFOR" et "PERCEXP", y contribuent avec des coefficients de régression

respectivement égaux à 0,164 et 0,133. Les variables renvoyant à la propension à la prise

de risque, "ECHEC" et "UTI", présentent des contributions successives égales à -0,152 et 518 J.-L. GIANNELLONI et E. VERNETTE (2001, op.cit., p. 412).

Page 364: Intention Entrepreneuriale

361

0,141. Les variables relatives aux perceptions de disponibilité des ressources, "DIFFI" et

"DIFINFCO", indiquent respectivement des valeurs -0,874 et -0,341.

Pour s’enquérir sur les variables qui influencent significativement l’intention

entrepreneuriale, nous avons effectué un test de STUDENT sur chaque coefficient de

régression. Ce test permet, le cas échéant, d’éliminer les variables explicatives dont la

contribution au modèle de régression ne serait pas significative519. Ainsi le test de T de

STUDENT conduit à un modèle "plus parcimonieux" (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 460).

Il découle des valeurs affichées par T que les variables "RINFO", "ACCOMPLI",

"RECHAUTO", "ECHEC", "UTI", "PERCFOR" et "PERCEXP" contribuent

significativement à l’explication de l’intention entrepreneuriale avec un risque d’erreur

maximum de 0,051 pour chacune d’elles. Par contre, l’influence des variables "DIFFI" et

"DIFINFCO" n’est pas significative.

Au demeurant, pour être pleinement opératoire, la régression multiple doit

s’accompagner d’une indépendance significative entre les variables explicatives. Il ne doit

pas y avoir des corrélations significatives entre ces dernières. Dans le cas contraire, la

multicolinéarité qui en découle peut impliquer ce que J.-L. GIANNELLONI et E.

VERNETTE (2001, p. 413-414) qualifie de "corrélations fallacieuses"520. La matrice des

corrélations (annexe 17) prouve qu’il n y a pas de corrélations significatives entre les

variables explicatives de l’intention entrepreneuriale.

Les résultats des différents tests économétriques exposés ci-dessus permettent de

conclure, au vu des données collectées dans l’échantillon de référence, que "RINFO",

"RECHAUTO" et "ACCOMPLI", "PERCFOR", "ECHEC", "UTI" et "PERCEXP"

influencent significativement l’intention entrepreneuriale. "DIFFI" et "DIFINFCO"

n’exercent pas d’impact significatif. Ainsi, la régression multiple valide et rejette les

mêmes hypothèses que les régressions simples.

519 Leur élimination de la régression ne changera pas de façon significative la qualité de l’ajustement global du modèle, c’est-à-dire la valeur du R2 ajusté. 520 On pourrait calculer une corrélation significative (donc un R2 significatif aussi) entre la variable explicative et la variable à expliquer, alors qu’il n’existe aucune relation entre celles-ci. Cette relation serait due à une troisième variable, incluse ou non dans le modèle.

Page 365: Intention Entrepreneuriale

362

Au sein de l’échantillon témoin, nous allons effectuer les mêmes calculs

économétriques pour estimer l’influence conjointe et la contribution de chacune des

variables indépendantes à l’explication de l’intention entrepreneuriale (tableau 103). Les

facteurs introduits dans la régression multiple sont les mêmes que ceux concernant

l’échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en

entrepreneuriat ou en création d’entreprise", à l’exception de la variable relative aux

perceptions des aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec les

programmes et les formations de spécialisation ou d’accompagnement en entrepreneuriat

("PERCFOR") ; cette dernière différencie les deux populations de l’étude.

Les résultats statistiques montrent une corrélation acceptable (R = 37,1%) entre

"INTENT" et "RINFO", "ACCOMPLI", "RECHAUTO", "ECHEC", "UTI", "PERCEXP",

"DIFFI" ainsi que "DIFINFCO". Par contre, le coefficient de détermination R2 multiple

ajusté présente un score quasi nul (-0,044). La qualité du modèle est nulle car les 8

variables indépendantes n’ont aucun pouvoir explicatif et prédictif sur l’intention

entrepreneuriale. L’estimation de la qualité de l’ajustement du modèle donne une valeur

de F égale à 0,759 (sig. = 0,640). Celle-ci est inférieure à la valeur critique reprise dans la

table statistique (F = 2,18, pour α = 0,05 et 8 et 38 degrés de liberté). Cette qualité obtenue

par la régression multiple n’est donc pas significative.

Variables introduites/éliminées b Modèle Variables

introduites Variables éliminées

Méthode

1 DIFINFCO, DIFFI, RECHAUTO, RINFO, PERCEXP, ACCOMPLI, ECHEC, UTI a

, Introduire

A : toutes variables requises introduites b : variable dépendante : INTENT. Récapitulatif du modèle Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation 1 ,371 a ,138 -,044 ,5483874 A : valeurs prédites : (constantes), DIFINFCO, DIFFI, RECHAUTO, RINFO, PERCEXP, ACCOMPLI, ECHEC, UTI.

Page 366: Intention Entrepreneuriale

363

ANOVA b Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification 1 Régression 1,825 8 ,228 ,759 ,640 a

Résidu 11,428 38 ,301 Total 13,253 46

A : valeurs prédites : (constantes), DIFINFCO, DIFFI, RECHAUTO, RINFO, PERCEXP, ACCOMPLI, ECHEC, UTI. b : variable dépendante : INTENT. Coefficients a

Coefficients non standardisés Coefficients standardisés Modèle B Erreur standard Bêta

t Signification

1 (constante) 2,178 ,908 2,398 ,022 RINFO 1,460E-02 ,123 ,019 ,119 ,906 ACCOMPLI ,112 ,180 ,111 ,625 ,536 RECHAUTO 8,326E-02 ,167 ,087 ,499 ,621 ECHEC -,137 ,173 -,141 -,793 ,433 UTI ,104 ,143 ,143 ,722 ,475 PERCEXP -,292 ,151 -,313 -1,932 ,061 DIFFI -2,067E-02 ,123 -,026 -,169 ,867 DIFINFCO 7,452E-02 ,106 ,114 ,702 ,487

A : variable dépendante : INTENT Tableau 103 - Régression multiple de l’intention entrepreneuriale par rapport à

toutes les variables quantitatives (échantillon "DESS CAAE")

Les contributions des variables explicatives prises séparément affichent de faibles

valeurs pour le coefficient Bêta, excepté pour les variables "UTI" et "ECHEC"

(respectivement 0,143 et -0,141). Le test de STUDENT estime qu’aucune variable

explicative quantitative ne contribue significativement à l’explication et la prédiction de

l’intention entrepreneuriale.

Les résultats des tests statistiques permettent de conclure, au vu des informations

recueillies dans l’échantillon témoin, qu’aucune variable explicative quantitative n’a

d’impact significatif sur l’intention entrepreneuriale. La régression multiple confirme

ainsi les résultats des régressions simples en rejetant toutes les hypothèses pour

lesquelles les variables dépendantes sont métriques.

Sur la base de l’ensemble des calculs que nous avons effectués, nous pouvons enfin

présenter un modèle de l’intention entrepreneuriale validé au sein d’étudiants suivant un

enseignement à dominante "entrepreneuriat".

Page 367: Intention Entrepreneuriale

364

9.3. Un modèle explicatif et prédictif de l’intention entrepreneuriale testé

dans le cadre de l’enseignement de l’entrepreneuriat

Au fil de cette deuxième étape de l’analyse quantitative, nous avons testé le modèle que

nous avons bâti. S’agissant de l’échantillon de référence, il ressort des tests

économétriques que huit hypothèses sur dix ne sont pas rejetées. Seules sont invalidées

les hypothèses 6c (les aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec les

responsabilités associatives influencent positivement l’intention entrepreneuriale) et 7 (les

perceptions de disponibilité des ressources (informations et conseils, finances) influencent

positivement l’intention entrepreneuriale).

Le modèle validé et représenté par la figure 19 montre que la moyenne (Moy) de

l’intention entrepreneuriale chez les étudiants détenant une idée ou un projet d’entreprise

plus ou moins formalisé est égale à 2,94 (F = 33,089 ; α = 0,000). Ce score reste proche

pour les étudiants connaissant des modèles d’entrepreneur, à l’intérieur ou en dehors de

leur entourage immédiat et souhaitant les imiter (Moy = 2,81 ; F = 4,854 ; α = 0,029 ; Moy

= 2,88 ; F = 8,045 ; α = 0,005). La recherche d’informations dans le but de formaliser

certains aspects de l'idée ou du projet d'entreprise ("RINFO") est la variable quantitative

qui explique le mieux l’intention entrepreneuriale. Les facteurs renvoyant à des

motivations psychologiques ("RECHAUTO" et "ACCOMPLI") arrivent au second rang.

Par ailleurs, les variables concernant la propension à la prise de risque ("ECHEC" et

"UTI") contribuent de manière nettement significative à l’explication. Enfin, les variables

concernant les perceptions des aptitudes entrepreneuriales ("PERCFOR" et "PERCEXP")

présentent des contributions proches des précédentes.

Page 368: Intention Entrepreneuriale

365

Figure 19 - Un modèle explicatif et prédictif de l'intention entrepreneuriale validé auprès d’étudiants suivant des programmes ou

des formations en entrepreneuriat

Recherche d’informations

Connaissance de modèles d'entrepreneur

INTENTION ENTREPRENEURIALE

LES ATTITUDES ASSOCIEES AU

COMPORTEMENT

Existence d’une idée ou d’un projet plus ou moins formalisé

LES NORMES SUBJECTIVES

Besoin d’accomplissement

Recherche d'autonomie

Propension à la prise de risque

LES PERCEPTIONS DU

CONTRÔLE COMPORTEMENTAL

Formations et programmes en entrepreneuriat

Expériences professionnelles B = 0,133

B = 0,164

Moy = 2,81 ; F = 4,854 ; α = 0,029 Moy = 2,88 ; F = 8,045 ; α = 0,005

B = -0,152 ; B = 0,141

B = 0,206

B = 0,184

B = 0,431

Moy =2,94 ; F = 33,089 ; α = 0,000

Page 369: Intention Entrepreneuriale

366

Concernant l’échantillon témoin, seules deux hypothèses sont validées. Il s’agit des

hypothèses 1 (l'existence d'une idée ou d'un projet d'entreprise plus ou moins formalisé

influence positivement l'intention entrepreneuriale des étudiants) et 5 (la connaissance par

les étudiants de modèles d'entrepreneur qu’ils souhaiteraient imiter agit positivement sur

leur intention entrepreneuriale). Les variables explicatives exprimant ces hypothèses sont

toutes deux qualitatives. Aucune variable quantitative n’a une influence significative sur

l’intention entrepreneuriale.

Conclusion du chapitre 9

Pour tester la validité du modèle de recherche, nous avons employé des techniques de

régression simple et multiple, de corrélation et le test ANOVA à un facteur. Ceux-ci ont

permis de mettre au jour des facteurs explicatifs et prédictifs de l’intention

entrepreneuriale. Chaque fois que les données et le questionnaire le permettaient, nous

avons procédé à des analyses quantitatives pour mieux cerner et décrire ces facteurs qui

influencent significativement l’intention entrepreneuriale.

L’enseignement de l’entrepreneuriat est, parmi d’autres facteurs contextuels, une des

variables explicatives et prédictives de l’intention entrepreneuriale. Combinés au sein d’un

modèle, ces facteurs se sont révélés pertinents dans le cadre de l’échantillon de référence.

Les variables quantitatives relatives aux attitudes et aux traits psychologiques sont celles

qui contribuent le plus à l’explication et à la prédiction de l’intention entrepreneuriale.

Celles relatives aux perceptions y contribuent dans une moindre mesure.

Cependant, les hypothèses 6c et 7 n’ont pas été validées dans le modèle. Notre

recherche a, certes, une démarche "positive" de validation d’hypothèses. Mais la

vérification n’est pas synonyme de démonstration. Etablir qu’une hypothèse est invalidée

est en soi un résultat intéressant qui peut éclairer des recherches ultérieures traitant de

l’intention en tant que phase importante en amont du processus entrepreneurial.

Ainsi, s’agissant de l’hypothèse 6c, nous avons signalé que la faible activité des

structures associatives scolaires laisse penser que les étudiants ne sont pas confrontés à des

situations où ils acquièrent des aptitudes pouvant influencer leur intention entrepreneuriale.

Page 370: Intention Entrepreneuriale

367

Une étude intégrant le type des structures associatives en tant que critère (lieu)

d’acquisition d’aptitudes entrepreneuriales "associatives" pourrait venir moduler cette

conclusion.

Concernant l’hypothèse 7, nous n’avons pas réussi à mettre au jour des facteurs

pertinents et significatifs relatifs aux perceptions de disponibilité des ressources qui

influencent l’intention entrepreneuriale. Une explication plausible serait que les idées ou

les projets des étudiants ne sont pas à un stade suffisamment avancé de formalisation

pour s’interroger sur les ressources nécessaires à leur concrétisation. De ce fait, ils ne

percevraient pas encore les obstacles liés à la création d’entreprise.

La validation d’un modèle de l’intention entrepreneuriale apporte de nouvelles

connaissances au champ de l’entrepreneuriat. Le processus de recherche que nous avons

mené contient d’autres apports théoriques et pratiques, mais présente aussi des limites tout

en ouvrant la voie à des prolongements qu’il semble nécessaires d’explorer. La conclusion

générale reprend chacun de ses aspects.

Page 371: Intention Entrepreneuriale

368

CONCLUSION GENERALE

"Le cours de la rivière qui va jamais ne s’interrompt, et pourtant ce n’est déjà plus la

même eau".

Kamo No CHÔMEL, "Notes de mon ermitage".

L’objectif de notre thèse est de décrire, d’expliquer et de prédire, dans un contexte de

l’enseignement de l’entrepreneuriat, une phase majeure du processus entrepreneurial

amont : l’intention entrepreneuriale. Dans une perspective processuelle, celle-ci prédit

l'acte d'entreprendre susceptible de se concrétiser.

En situant la problématique de recherche au sein d'un cadre très répandu et appliqué

dans les recherches en entrepreneuriat, à savoir le modèle des dimensions sociales de

l'entrepreneuriat de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982), en se basant sur une théorie

psychosociale de prédiction comportementale, la théorie du comportement planifié de I.

AJZEN (1991), notre recherche confirme que l'entrepreneuriat est au carrefour de

plusieurs disciplines.

L’intention entrepreneuriale est appréhendée à partir d’un modèle hypothético-

déductif au sein duquel trois groupes de variables sont retenus. Le premier groupe contient

les attitudes associées au comportement spécifiées par l’existence d’une idée ou d’un

projet d’affaire et la recherche d’informations. Le deuxième groupe se compose des

normes subjectives exprimées par le besoin d’accomplissement, la recherche de

l’autonomie, la propension à la prise de risque et l’existence de modèles d’entrepreneur. Le

dernier groupe, enfin, renferme les perceptions du contrôle comportemental contenues

par les expériences professionnelles et associatives, l’enseignement de l’entrepreneuriat et

la disponibilité des ressources (financières, informations et conseils)521.

Ce modèle trouve un domaine d’application dans un contexte français d’enseignement

de l’entrepreneuriat. En effet, en mobilisant la méthode de G.A. CHURCHILL (1979)

521 Cf. supra., p. 201-203., "6.2. Un modèle explicatif de l'intention entrepreneuriale".

Page 372: Intention Entrepreneuriale

369

dans le cadre d’une démarche hypothético-déductive appuyée sur une approche

qualitative de consultations d’experts, le modèle de l’intention entrepreneuriale est

validé auprès de populations étudiantes (universités et écoles de management et gestion de

niveau bac+5) suivant des formations ou des programmes à dominante "entrepreneuriat"522.

Cette validation implique des apports théoriques et pratiques, des limites et des

perspectives de recherche qu’il convient d’exposer.

1. Les apports de la recherche

Etudier l’intention permet d’appréhender comment et pourquoi un individu est engagé

dans un processus pouvant le mener à la création d'entreprise. L'intention représente le

meilleur prédicteur des comportements futurs (L. KOLVEREID, 1997, p. 49 ; N.F.

KRUEGER, D.V. BRAZEAL, 1994, p. 93 ; N.F. KRUEGER et alii, 2000, p. 412).

L’étude de ce concept central dans le champ de l’entrepreneuriat a des implications

théoriques et pratiques dont les apports concernent plusieurs domaines de ce champ.

Bilan théorique

Le bilan théorique recense des acceptions de plusieurs concepts et deux cadres

d’analyse permettant d’éclairer des travaux ultérieurs. Le processus de recherche que

nous avons suivi exige au préalable une compréhension de l’entrepreneuriat et un

positionnement dans le champ. Le contenu de ce concept ne fait pas l'unanimité. Il n y a

pas de définition consensuelle de l’entrepreneuriat, mais des approches qui conviennent à

des problématiques et des thématiques de recherche. Ainsi, la première contribution est

d’en donner une acception. En mettant l’accent sur la dynamique et la complexité

processuelle, l’entrepreneuriat est une conjonction de facteurs psychologiques,

sociaux, culturels, politiques et économiques523. Dans un contexte précis, il s’exprime à

travers des attitudes, des aptitudes, des perceptions, des motivations et des comportements.

Cependant, la création d'entreprise en constitue la manifestation la plus visible.

522 Cf. supra., p. 364-366, "9.3. Un modèle explicatif et prédictif de l’intention entrepreneuriale testé dans le cadre de l’enseignement de l’entrepreneuriat". 523 Cf. supra., p. 29-30, "1.1.2. Le positionnement de la recherche : une perspective processuelle".

Page 373: Intention Entrepreneuriale

370

Malgré l’abondance des travaux sur le processus entrepreneurial amont, la littérature ne

distingue pas facilement les différents stades le composant. Ce travail différencie les

phases du processus entrepreneurial amont, dénombre et spécifie le continuum suivant :

la propension, l’intention, la décision et l’acte (figure 7)524. Cette organisation linéaire et

séquentielle des savoirs a pour objectif de rendre le phénomène intelligible et non

"disjoint". Elle permet ainsi aux chercheurs de mieux se positionner dans le champ de

l’entrepreneuriat.

Après avoir "désarticulé" le processus entrepreneurial, le cheminement de la recherche

suppose de fournir une acception de l’intention entrepreneuriale. Celle-ci s’exprime par

une volonté personnelle au sein d’un processus cognitif influencé par le contexte

socioculturel et économique525.

Ce cheminement accorde un intérêt tout particulier au principal acteur du phénomène

entrepreneurial : l’entrepreneur. Pour le saisir, nous conjuguons une perspective

historique et une vision dynamique qui mettent en relief sa métamorphose. La

conception de l'entrepreneur évolue avec le temps, selon la complexité de l'organisation et

de l'activité économique. Les changements sociaux et économiques conditionnent les

comportements et les activités de l'entrepreneur.

Ainsi, sous la forme d’une grille de lecture et d’analyse, nous synthétisons les

principales figures de l’entrepreneur selon les évolutions socio-économiques (figure

9)526. En distinguant trois dimensions (le risque, la direction et l’innovation) et quatre

grandes époques du capitalisme (marchand, libéral, managérial et entrepreneurial), les

marchands, commerçant et négociant, le manufacturier et le technicien, le manager, les

entrepreneurs virtuel et social dominent selon l’une ou l’autre époque.

En cohérence avec notre approche du concept d’entrepreneuriat, nous présentons une

acception de l’entrepreneur tout en étant conscient que ce concept est en continuelle

métamorphose. C'est en combinant le risque de J.-B. SAY et l'innovation de J.

SCHUMPETER que nous le saisissons. De façon rationnelle, celui-ci réunit et emploie

524 Cf. supra., p. 47-49, "1.4. L’intention entrepreneuriale : une phase en amont du processus entrepreneurial". 525 Cf. supra., p. 57-59, "1.4.2.2. Un processus cognitif". 526 Cf. supra., p. 85-86, "2.2.3. Les principales figures d’entrepreneur selon les évolutions socio-économiques".

Page 374: Intention Entrepreneuriale

371

les diverses ressources pour concrétiser une opportunité, en assumant les risques qui

en découlent et en assurant la pérennité de son organisation527.

La diversité des caractéristiques comportementales et psychologiques des entrepreneurs,

des porteurs de projets, des créateurs, de leurs buts ainsi que de leurs projets rend vaine la

recherche d'un modèle général de l’entrepreneur. Il n’en demeure pas moins qu’une

analyse fine de l’évolution des constructions typologiques de l’entrepreneur permet de

distinguer des conceptions statiques et dynamiques528. En dépassant la description de

l'entrepreneur en tant qu’acteur individuel, les typologies doivent intégrer de plus en plus

les variables psychologiques, sociologiques et managériales régissant le processus

entrepreneurial.

Après avoir identifié et mis en perspective des mobiles et des facteurs contingents

pouvant aider à la formulation des hypothèses de recherche, notre réflexion sur un facteur

contextuel susceptible d’influencer l’intention entrepreneuriale, l’enseignement de

l’entrepreneuriat, a abouti à deux contributions essentielles. La première consiste en une

acception de l’enseignement de l’entrepreneuriat permettant d’éclaircir certaines

ambiguïtés dans le cadre d’une thématique pour laquelle il n’existe pas beaucoup de

travaux en France. Ainsi, tout enseignement (programmes ou formations de

sensibilisation, de spécialisation et d’accompagnement et d’appui) dont le but est de

préparer et de développer des perceptions, des attitudes et des aptitudes

entrepreneuriales, est qualifié d’"entrepreneurial"529.

La deuxième contribution renvoie à un cadre général d’analyse de l’enseignement de

l’entrepreneuriat en France. Ce cadre conjugue les phases d’intervention de cet

enseignement (sensibilisation, spécialisation, accompagnement et appui), ses objectifs et

les méthodes pédagogiques en œuvre. Il représente un outil pour réfléchir sur de

nouvelles innovations pédagogiques530.

527 Cf. supra., p. 86-87., "2.2.4. Une acception de l’entrepreneur en adéquation avec le positionnement de la recherche". 528 Cf. supra., p. 89-97, "2.3.2. … au dynamisme des typologies". 529 Cf. supra., p. 128-129, "Chapitre 4 - Un cadre général d'analyse de l’enseignement de l’entrepreneuriat en France". 530 Cf. supra., p. 151-154., "4.7.2. Elaboration d’un cadre général d'analyse de l’enseignement de l’entrepreneuriat combinant les phases d’enseignement, les objectifs et les pédagogies".

Page 375: Intention Entrepreneuriale

372

Pour ancrer davantage notre démarche dans la modélisation de l’intention

entrepreneuriale, le processus de recherche exige de formuler une acception des attitudes

et des aptitudes entrepreneuriales. Le débat académique laisse subsister un manque

certain dans la définition de ces deux concepts. Selon le point de vue qui intéresse la

problématique, nous retenons de l’attitude sa dimension conative : les actions de

l’individu sont orientées vers le comportement souhaité, l’attitude oriente l’action531.

La clarification des aptitudes entrepreneuriales se décline en une triple dimension532.

Conceptuelle, elle se compose des connaissances et savoirs théoriques que les étudiants

acquièrent avec les enseignements magistraux et les travaux dirigés. Instrumentale, elle

contient les savoir-faire et compétences que les étudiants peuvent retirer des programmes

et formations spécialisés en entrepreneuriat. Expérientielle enfin, elle se concrétise par des

savoir-être et des comportements "entrepreneuriaux" qui sont le produit de différentes

expériences (professionnelles, associatives...).

Dans le protocole empirique, la traduction des construits en variables mesurables a très

peu emprunté à la littérature ; notre contribution a de fait consisté à développer la plupart

des échelles et des questions opérationnalisant les variables à expliquer et la variable

explicative (l’intention entrepreneuriale). Caractérisées par de bons, voire de très bons

scores d’homogénéité533, ces échelles de mesure se sont révélées pertinentes pour

appréhender l'intention entrepreneuriale. Elles peuvent servir de matériau à d’autres

études susceptibles de les valider534.

Enfin, le dernier apport théorique de cette thèse se caractérise par la singularité du

modèle proposé au regard de la littérature existante dans le cas de la France. Testé

auprès d’étudiants suivant des programmes ou des formations en entrepreneuriat, le modèle

de l’intention entrepreneuriale contribue à l'organisation et au développement des

connaissances en vue de mieux éclairer les cheminements au sein du processus

entrepreneurial amont. Les résultats des techniques de régressions simple et multiple, de

531 Cf. supra., p. 181-183, "6.1.1. Les attitudes associées au comportement". 532 Cf. supra., p. 197-198, "6.1.3.1. Les perceptions des aptitudes entrepreneuriales". 533 En tenant compte de considérations spécifiques aux différences culturelles, nous avons comparé les résultats obtenus avec ceux des travaux norvégien, américain et russe. Les résultats trouvé dans le contexte français sont conformes à ceux trouvés dans d’autres endroits du monde. 534 Cf. supra., p. 260-300, "8.3. Les tests et les analyses de condensation des échelles".

Page 376: Intention Entrepreneuriale

373

corrélation et du test ANOVA à un facteur ont montré des facteurs explicatifs et

prédictifs pertinents de l’intention entrepreneuriale535.

En effet, au sein de l’échantillon de référence ("DESS, formations ou programmes en

écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise"),

l’enseignement de l’entrepreneuriat est, parmi d’autres facteurs contextuels et personnels,

une des variables explicatives et prédictives de l’intention entrepreneuriale536. Les variables

quantitatives relatives aux attitudes (existence d’une idée ou d’un projet plus ou moins

formalisé ; recherche d’informations) et aux traits psychologiques (recherche de

l’autonomie ; besoin d’accomplissement ; propension à la prise de risque et connaissance

de modèles d’entrepreneur) sont celles qui contribuent le plus à l’explication et à la

prédiction de l’intention entrepreneuriale. Celles relatives aux perceptions y contribuent le

moins.

Eu égard à la stratégie comparative que nous avons adoptée, nous avons confronté ce

modèle à une population témoin ("DESS CAAE") ne suivant pas d’enseignement en

entrepreneuriat mais comportant des similitudes avec l’échantillon de référence. Nous

avons mis en évidence des différences notables car seules les hypothèses 1 (l'existence

d'une idée ou d'un projet d'entreprise plus ou moins formalisé influence positivement

l'intention entrepreneuriale des étudiants) et 5 (la connaissance par les étudiants de modèles

d'entrepreneur qu’ils souhaiteraient imiter agit positivement sur leur intention

entrepreneuriale) ont été validées dans le cadre de l’échantillon témoin.

Au-delà du caractère académique de production des connaissances, notre thèse a par

ailleurs pour objectif d’améliorer les pratiques dans divers domaines de l’entrepreneuriat

en apportant des outils de gestion et des formes d’opérationnalité aux acteurs concernés.

535 Cf. supra., p. 364-366, "9.3. Un modèle explicatif et prédictif de l’intention entrepreneuriale testé dans le cadre de l’enseignement de l’entrepreneur". 536 Seules les hypothèses 6c ("les aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec les responsabilités associatives influencent positivement l’intention entrepreneuriale") et 7 ("les perceptions de disponibilité des ressources - informations et conseils, finances - influencent positivement l’intention entrepreneuriale") ont été rejetées.

Page 377: Intention Entrepreneuriale

374

Bilan pratique

Les principales conclusions de notre travail proposent des instruments capables de

faciliter les pratiques des différents acteurs impliqués au niveau du processus amont de la

création d’entreprise.

Un de nos principaux objectifs de recherche est de vérifier si des programmes ou des

formations en entrepreneuriat influencent l’intention entrepreneuriale. En France, depuis le

milieu des années 1990, les établissements et les écoles de l’enseignement supérieur

intègrent de plus en plus des programmes et des formations en entrepreneuriat en réponse à

des demandes sociales émanant de la part d’étudiants et de différentes institutions

intervenant dans l’appui et le soutien à la création d’entreprise.

Notre recherche apporte des connaissances confortant les investissements pédagogiques,

matériels et humains engagés par l'Etat, les universités (notamment les IAE et les UFR de

Droit, Sciences Economiques et Gestion), les écoles de management et gestion et les

organismes consulaires. Lorsque l’intention entrepreneuriale se forme, qu'elle se concrétise

(de suite ou de façon différée) ou non, une réponse positive est fournie sur l’influence des

programmes et formations en entrepreneuriat sur le processus de passage à l'acte.

Les formations et programmes en entrepreneuriat, combinés avec des variables

contextuelles et personnelles pertinentes, renforcent les perceptions des aptitudes

entrepreneuriales qui à leur tour, influencent positivement l’intention

entrepreneuriale. L’existence d’une idée ou d’un projet et la recherche d’informations en

vue de les formaliser et éventuellement de les concrétiser sont les facteurs qui contribuent

le plus à l’explication et à la prédiction de l’intention entrepreneuriale. Ils expriment un

réel engagement des étudiants dans le processus entrepreneurial amont. Cet

engagement a pour effet opérationnel de détecter parmi les populations estudiantines les

individus possédant une intention entrepreneuriale.

Ce processus de détection constitue un outil de gestion mis à la disposition des

responsables en charge des systèmes d’appui et de soutien à la création d‘entreprise. Ainsi,

il sera plus facile d’accompagner et d’appuyer, par les moyens classiques que l’on connaît

(informations, conseils personnalisés, aides financières et logistiques), des projets et des

idées vers une formalisation et une maturité nécessaires à leur concrétisation.

Page 378: Intention Entrepreneuriale

375

Une autre forme d’opérationnalité de ce processus de sélection est de fournir un cadre

d’analyse à la disposition des responsables de diplômes visant à recruter essentiellement

des candidats potentiellement entrepreneurs. Décelant des variables représentatives de

l’engagement dans le processus de création d’entreprise, ce modèle représente ainsi un

instrument facilitant l’analyse des profils pour le recrutement d’étudiants désireux

d’emprunter la voie entrepreneuriale.

Le cadre général d’analyse de l’enseignement de l’entrepreneuriat que nous avons

élaboré est un outil aidant les responsables de formations souhaitant mettre en place

un enseignement en entrepreneuriat. En effet, en tenant compte des publics concernés,

des niveaux d’intervention de cet enseignement (sensibilisation et information,

spécialisation, accompagnement et appui) et des objectifs pédagogiques, ce cadre permet

de choisir des méthodes pédagogiques appropriées.

Nos apports sont de nature à consolider les orientations adoptées par les différents

organismes (chambres consulaires, associations, incubateurs…) dans la mise en place de

programmes et de formations de spécialisation et d’accompagnement à la création

d’entreprise. Ces apports renforcent l’idée que le système éducatif supérieur peut agir en

tant qu’acteur à part entière dans la promotion de l’entrepreneuriat en assurant une

adéquation entre les demandes sociales en création d’entreprise et les besoins

économiques.

De manière plus générale, cette thèse concerne les étudiants et diplômés d’universités,

d’écoles de management et gestion et d’écoles d’ingénieurs désireux de suivre des

formations en entrepreneuriat ou en création d’entreprise. Elle s’adresse également aux

professeurs et responsables pédagogiques de ces établissements souhaitant répondre aux

demandes croissantes des étudiants dans ce domaine.

Les implications théoriques et pratiques ayant été présentées, nous allons exposer les

principales limites de notre thèse.

Page 379: Intention Entrepreneuriale

376

2. Les limites de la recherche

Les principales limites de cette thèse sont de deux catégories : théoriques inhérentes à la

nature même du sujet (l’intention entrepreneuriale) et plus générales concernant la

démarche empirique adoptée.

Limites inhérentes au sujet

Bien qu’elle s’inscrive dans une perspective processuelle intégrant des dimensions

rétrospective537 et prospective538, l’intention entrepreneuriale n'explique pas le devenir du

processus entrepreneurial. L’une de ses principales limites est qu’elle rend compte d'"une

photographie" du processus entrepreneurial à un moment donné (quelques mois avant

d’intégrer le marché du travail) et dans un contexte précis (suivi de formations ou de

programmes en entrepreneuriat).

La deuxième limite découle de la première. Même si l’état des connaissances actuelles

permet de poser l’hypothèse de stabilité temporelle de l'intention539, force est de

constater que le décalage entre l’action et l’intention pourrait empêcher cette dernière

de se réaliser. En effet, la concrétisation d’une idée ou d’un projet d’entreprise ne peut

être connue qu'ultérieurement avec l’acte de création.

Le processus de création d’entreprise est dynamique et complexe. Il implique des

changements et le temps nécessaire pour que des effets puissent se produire. L’intention est

évolutive selon les circonstances540 ; des facteurs contingents sont susceptibles de la

modifier, et par là même d’agir sur la séquence intention-acte et de "désorienter" de la

sorte, la direction indiquée par l'intention. Ainsi, le passage d'une logique d'intention à

une logique d'action (l'acte de création) est difficile à appréhender.

537 L'intention entrepreneuriale est décrite et expliquée en combinant des événements de l’histoire "entrepreneuriale" de l'étudiant - facteurs psychologiques et socioculturels - avec le contexte présent dans lequel il évolue - formation et facteurs économiques -. 538 Dans la mesure où l’intention prédit les comportements. 539 L’intention est suffisamment stable dans le temps pour être isolée et étudiée. L’hypothèse est que les attitudes, les normes subjectives et les perceptions influencent, sur une période de cinq ans, l'intention entrepreneuriale. 540 Les trajectoires des individus, les socialisations professionnelle et organisationnelle et les contextes économiques peuvent avoir, entre autre, des effets sur l’intention.

Page 380: Intention Entrepreneuriale

377

Toute modélisation suppose un processus de sélection et de choix de facteurs

explicatifs du sujet étudié. Les résultats économétriques ont montré, qu’au vu des

informations collectées dans l’enquête, les hypothèses 6c et 7 n’ont pas été validées dans le

cadre de notre modèle. Certes, toute recherche n’atteint pas obligatoirement l’objectif

ambitieux de vérification des hypothèses, mais il est certain que nous n’avons pas réussi

à faire émerger des variables pertinentes relatives aux aptitudes entrepreneuriales que les

étudiants acquièrent avec les responsabilités associatives et aux perceptions de

disponibilité des ressources

Une étude qualitative auprès d’étudiants ou de jeunes créateurs aurait peut être permis

non seulement de faire émerger des facteurs pertinents concernant ces deux aspects, mais

éventuellement d’en mettre en évidence d’autres que la revue de la littérature, les

consultations d’experts et nos réflexions personnelles pourraient avoir ignorés.

Limites propres au protocole empirique

Le cadre empirique que nous avons retenu, s’il comporte nombre d’intérêts, présente

également des limites certaines. Malgré les précautions méthodologiques mises en place, la

rigueur scientifique nous invite à repérer les faiblesses des choix et stratégies opératoires

adoptés. Les limites les plus importantes de la méthodologie empirique concernent deux

aspects. Le premier relève de la composition des échantillons de référence et témoin et

donc, de la comparaison que nous avons effectuée entre ceux-ci. Le deuxième renvoie à

la validité externe des échelles.

L’échantillon de référence contient des étudiants en troisième cycle suivant des

formations ou des programmes à dominante "entrepreneuriat" dans des universités (IAE et

départements Sciences Economiques et AES) et des écoles de management et gestion. Ce

choix est motivé par le fait que ces individus sont dans des contextes qui laissent supposer

que leurs attitudes, leurs normes subjectives et leurs perceptions des aptitudes

entrepreneuriales et de la disponibilité des ressources (financières, informations et

conseils) peuvent se développer et contribuer à la formation de l’intention entrepreneuriale.

En effet, ces sujets sont à quelques mois, voire quelques semaines, d’entamer leur carrière

professionnelle, donc manifestent une large variété d'intentions de carrière.

Page 381: Intention Entrepreneuriale

378

L’approche comparative nous amène à constituer un échantillon témoin dont le critère

distinctif par rapport à la population de référence est le non-suivi de programmes ou de

formations de spécialisation ou d’accompagnement en entrepreneuriat. Dans l’objectif

de maintenir une certaine homogénéité comparative et trouver une contingence au sein de

deux "univers sociaux semblables", notre choix s’est porté sur des étudiants en "DESS

CAAE". Il s’agit de constituer une population estudiantine possédant des

caractéristiques globalement similaires à celles de l’échantillon "DESS, formations ou

programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création

d’entreprise" (le niveau de diplôme - bac+5 -, les disciplines enseignées - sciences de

gestion- et la nature des débouchés sur le marché du travail).

Si la comparaison demeure possible d’un point de vue statistique541, il n’en demeure

pas moins que sur le plan de la constitution des populations observées, certaines

limites sont inéluctables. La première réside dans le biais des procédures de

présélection ou de sélection des candidats aux formations "entrepreneuriales". En

effet, nous n’avons pas pris connaissance des contenus des dossiers de présélection ou de

sélection. Ceux-ci peuvent contenir des éléments qui renseignent sur le projet professionnel

des étudiants (création d’entreprise versus salariat : existence d’un projet ou d’une idée ;

recherche d’informations pour le(la) formaliser), sur leurs motivations entrepreneuriales et

leurs trajectoires individuelles (participation dans des projets importants ou concours de

création d’entreprise…).

Même si nous avions procédé à cette étude des contenus des dossiers, l’entrée dans

certaines formations se fait aussi par entretiens. Dans ce cas, il nous est impossible de

"détecter" les biais dans la sélection.

En somme, le biais d’échantillonnage dans la population de référence subsiste dans

la mesure où certains candidats manifestaient une intention entrepreneuriale avant

même d’intégrer leur formation.

L’opérationnalisation de la plupart des construits de notre enquête constitue certes,

comme nous l’avons indiqué, un apport intéressant pour les recherches entrepreneuriales,

mais présente cependant une limite liée à la validité externe des échelles. Celle-ci ne peut

541 Les nombres d’observations et de variables explicatives sont intégrés dans le calcul du R2 ajusté. L’ANOVA à un facteur tient aussi compte du nombre d’observations.

Page 382: Intention Entrepreneuriale

379

être vérifiée que par des études portant sur des échantillons de différents établissements et

de différents pays. Leur reproduction consolidera ainsi cette validité et contribuera à leur

généralisation.

Une limite découlant directement de la validité externe renvoie à la difficulté de

confronter les résultats obtenus à ceux émanant d’autres travaux (internationaux). La

comparaison des résultats n’est possible que si les modèles testés sont similaires et les

méthodes déployées pour les analyses sont identiques. En effet, en prenant les précautions

liées à la diversité culturelle, aux différences dans les techniques d’échantillonnage, la

taille des populations et les techniques de calcul, la comparaison ne peut s’opérer que pour

des échelles identiques, c’est-à-dire composées des mêmes items.

Quelles suites donner au travail réalisé et aux résultats obtenus ?

3. Les perspectives de la recherche

Pour progresser, une recherche doit renouveler des problématiques, introduire des

approches différentes et évaluer des perspectives. Ouvrir le débat sur ces dernières

implique, notamment, d’apporter des réponses en vue de pallier certaines limites évoquées.

A ce titre, les explorations que nous souhaitons entreprendre sont de deux natures :

nécessaires et envisageables.

Prolongements indispensables

En premier lieu s’imposera une étude longitudinale sur le lien intention-acte de

création, afin de vérifier la stabilité temporelle de l’intention. Les données

d’identification que nous avons collectées dans la fiche signalétique (le nom, le prénom,

le sexe, l’âge, la nationalité, le type de formation et l’établissement fréquenté) permettent

de localiser les étudiants à travers les associations d’anciens élèves et "les bureaux des

élèves". En effet, ceux-ci tiennent à jour des bases de données de leurs membres.

L’objectif de cette recherche longitudinale est de s’enquérir, dans un délai de trois à

quatre ans, du devenir professionnel des étudiants ayant manifesté une intention

entrepreneuriale. Celle-ci a-t-elle été concrétisée ? Dans l’affirmative, y aurait-il des

facteurs nouveaux influents que nous n’avons pas intégrés dans le modèle ? Dans le cas

Page 383: Intention Entrepreneuriale

380

contraire, il sera intéressant d’appréhender les facteurs personnels et situationnels qui ont

inhibé l’intention. Les opportunités d’emploi et l’inaccessibilité des ressources notamment,

sont des variables qui peuvent se révéler pertinentes.

Pour tester la validité externe des échelles que nous avons développées, il est

indispensable de varier les échantillons. Le modèle de l’intention entrepreneuriale serait-

il valide dans d’autres contextes, auprès de populations ne réunissant pas les mêmes

caractéristiques ? Les variables que nous avons retenues et les opérationnalisations qui en

découlent seraient-elles pertinentes auprès d’étudiants ingénieurs ou d’individus désirant

entreprendre dans le monde associatif ? L’hétérogénéité des trajectoires scolaires,

familiales et professionnelles révélerait peut-être d’autres facteurs explicatifs de l’intention

entrepreneuriale.

Les dernières pistes de recherche qu’il nous semble nécessaire d’explorer concernent le

domaine de l’enseignement de l’entrepreneuriat. Premièrement, nous souhaitons valider

sur un échantillon plus large et varié le cadre général d’analyse de l’enseignement de

l’entrepreneuriat en France. Testé auprès de dix formations "DESS" de gestion et

sciences économiques (IAE et départements Sciences Economiques et AES) à dominante

"entrepreneuriat", notre but est d’élargir ce cadre analytique à l’ensemble du système

éducatif supérieur.

L’enquête de terrain consistera à recenser sur le territoire français l’ensemble des

enseignements, des programmes et des formations en entrepreneuriat, les méthodes

pédagogiques en œuvre, les publics concernés et les objectifs fixés. Une distinction doit

être opérée entre, d’une part les types d'établissement (public, para-public et privé) et

d’autre part, les types de formation (gestion et management, scientifiques, autres

formations).

La confirmation de ce cadre d'analyse, susceptible d’aménagements, fournira une

"cartographie" synthétique de l’enseignement de l’entrepreneuriat conjuguant les aspects

ci-dessus. Ce cadre permettra notamment de consolider et d’enrichir les différentes

pratiques pédagogiques en France.

Deuxièmement, sur la base du cadre d’analyse qui serait validé, il paraît nécessaire de

s’interroger sur les pédagogies susceptibles d’être mobilisées pour agir sur les attitudes

et les perceptions, et conséquemment sur l’intention entrepreneuriale.

Page 384: Intention Entrepreneuriale

381

Prolongements envisageables

Au-delà des perspectives directement liées à notre sujet, nous souhaitons approfondir

nos connaissances sur le processus entrepreneurial amont, dans sa phase décisionnelle.

Quels sont les enseignements du modèle de l’intention entrepreneuriale qui

permettent d’aborder et d’appréhender la décision de vouloir entreprendre ?

Enfin, de façon plus large, nous projetons d’explorer l’analyse et la description des

actes de création d’entreprise, en tant que comportements initiant le processus

entrepreneurial aval.

Page 385: Intention Entrepreneuriale

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Page 415: Intention Entrepreneuriale

412

Annexes

Page 416: Intention Entrepreneuriale

413

Annexe 1 - La théorie VIE de V.H. VROOM (1995)

La théorie VIE (Valence, Instrumentality, Expectation) de V.H. VROOM (1995),

communément traduite par théorie de l'attente, stipule que la tendance qu'a un individu à

agir d'une certaine façon dépend de trois groupes de facteurs :

l'attente par l'individu que l'acte va conduire à des résultats auxquels il aspire ("The

strength of the expectancy that act i will be followed by outcome j"). Cela peut être dans

notre cas pour l’étudiant, que la recherche d’informations pour mieux formaliser son idée

ou son projet d’affaire, lui permettra de concrétiser son intention d’entreprendre. C'est la

dimension "instrumentality" de la théorie VIE ;

la probabilité perçue par l'individu que ces résultats provoqueront des conséquences

ou récompenses ("The cognized instrumentality of outcome j for the attainment of

outcome k"). Dans notre cas, la concrétisation de l’intention permettra à l’individu de

s’accomplir par exemple. Il s'agit de l'"expectation" du modèle VIE ;

la valeur accordée par l'individu aux résultats et ses récompenses ("Valence of

outcome"). C'est par exemple, qu'il soit important pour celui qui a concrétisé son intention

de s’accomplir à travers la création d’entreprise. Cette valorisation représente la "valence"

dans le modèle VIE.

Empirical coordinates of the model (V.H. VROOM, 1995, p. 32)542

542 Version simplifiée.

The Force to perform

act i

The outcom

e k

Past and present

situational variables

The cognized instrumentality of outcome j for the

attainment of outcome k

(IJK)

Valence of outcome j

(VJ)

The strength of the

expectancy that act i will be followed

by outcome j (EIJ)

Valence of outcome k

(Vk)

Page 417: Intention Entrepreneuriale

414

Ce modèle permet de prédire le comportement "i" ; il tente d’expliquer un choix ou une

intention. Il s'appuie sur les trois équations suivantes :

F =Σ(EIJ*VJ)

F : la force motivationnelle à adopter le comportement i ("The force to

perform act i").

EIJ : l'attente que le comportement i conduira au résultat j ("The strength of

the expectancy act i will be followed by outcome j").

VJ : la valence ou attractivité accordée au résultat j ("the valence of

outcome j").

VJ =Σ(IJK*Vk)

IJK = l'instrumentalité du résultat j pour obtenir les récompenses k ("The

cognized instrumentality of outcome j for the attainment of outcome k").

Vk = la valence accordée aux récompenses k ("the valence of outcome

k").

P =F*A ;

P : la performance, c'est-à-dire la réalisation effective du comportement i.

A : les possibilités effectives (ressources, compétences et opportunités)

de réussir le résultat k.

Page 418: Intention Entrepreneuriale

415

Annexe 2 - Questionnaire Ecoles de management et gestion et DESS entrepreneuriat et création d’entreprise

Questionnaire Ecoles de Management et Gestion et DESS Entrepreneuriat et création d’entreprise

Cette enquête est réalisée dans le cadre d'une recherche doctorale. Elle vise à comprendre l'impact de votre formation, ainsi que de vos expériences personnelles, sur votre projet professionnel.

Nous vous tiendrons informés des résultats de cette étude par le biais de votre association des étudiants ou du BDE. Le temps que vous consacrerez à ce questionnaire n’excédera pas 20 minutes. Nous vous assurons que la confidentialité totale de vos réponses sera préservée. 1. Les expériences de travail 1.1. Avez-vous travaillé en entreprise ? Oui Non (veuillez aller à la question 2.1.) 1.2. Dans combien d’entreprises avez-vous travaillé ?……. TRES IMPORTANT POUR LA SUITE DU QUESTIONNAIRE : MERCI DE LIRE LE PARAGRAPHE CI-DESSOUS EN ENTIER Si vous avez travaillé dans plusieurs entreprises, veuillez nous renseigner, pour les questions 1.3. jusqu’à 1.9. sur l’expérience professionnelle qui vous semble la plus significative en termes de prises de responsabilité et de décision, et d'implication dans un ou une partie d'un projet. 1.3. Quelle était la nature de votre contrat de travail ? CDD CDI Stages Intérim Autre (merci de préciser) ……………... 1.4. Dans quel type d'entreprise ? TPE (-10 salariés) PE (10 à 49 salariés) PME/PMI (50 à 249 salariés) Grande entreprise (250 et +) Autre (organismes publics, parapublics,… : merci de préciser le nombre de salariés)

……… 1.5. Dans quel secteur d'activité ?

Secteur Merci de préciser Services Industrie Nouvelles technologies Autre (merci de préciser)

Page 419: Intention Entrepreneuriale

416

1.6. Combien de mois a duré votre travail ?………… 1.7. Où avez-vous effectué ce travail ? France Etranger 1.8. Si vous avez répondu "Etranger" à la question 1.7., pour quelles raisons étiez-vous parti ? 1. Opportunité dans le cadre de la formation Oui Non 2. Opportunité professionnelle Oui Non 3. Rejoindre de la famille Oui Non 4. Rejoindre des amis Oui Non 5. Découvrir un autre pays Oui Non 6. Autre (merci de préciser) 1.9. Dans le cadre de votre travail (cochez une case pour chacune des modalités suivantes) : 1. Vous aviez des responsabilités sur des

hommes Aucunement Partiellement Pour une part

importante Totalement

2. Vous aviez des responsabilités sur un budget

Aucunement Partiellement Pour une part importante

Totalement

3. Vous aviez des responsabilités sur des moyens matériels

Aucunement Partiellement Pour une part importante

Totalement

4. Vous aviez à charge de mener ou participer à un projet

Aucunement Partiellement Pour une part importante

Totalement

5. Vous preniez des décisions importantes seul Aucunement Partiellement Pour une part importante

Totalement

6. Autre (merci de préciser)

2. Les centres d'intérêt associatifs 2.1. Dans combien de structures associatives êtes (et étiez)-vous engagé ?………. (Si vous répondez "0" à cette question, veuillez aller à la question 3.1.) 2.2. Dans quel type de structures associatives êtes (et étiez)-vous engagé ? (Vous pouvez cocher plusieurs réponses selon le nombre de vos activités) Association au sein de votre établissement (B.D.E, …) Syndicat Association en dehors de votre établissement Parti politique Conseil d'établissement (lycée, école, université,…) Autre (merci de préciser) ……………………………………………………………….. 2.3. Vous occupez (occupiez) le statut de ? (Vous pouvez cocher les deux réponses si vous occupez (occupiez) les deux statuts) Membre simple Responsable

Page 420: Intention Entrepreneuriale

417

2.4. Si vous occupez (occupiez) le statut de responsable, lequel ? (Vous pouvez cocher plusieurs réponses selon vos différents statuts) Président Vice-président Secrétaire Trésorier Membre du bureau Membre du Conseil d'administration Autre (merci de préciser) ………………………………………………………………

3. Les modèles d’entrepreneur 3.1. Y a-t-il des entrepreneurs (professions libérales, indépendants, chefs d'entreprise, créateurs d'entreprise) dans votre entourage que vous souhaiteriez imiter ? Oui Non (veuillez aller à la question 3.4.) 3.2. Combien sont-ils ?…….. 3.3. Qui sont-ils ? (Vous pouvez cocher plusieurs réponses selon le nombre d’entrepreneurs) Parents Frères ou sœurs Autres membres de la famille Amis Autre (merci de préciser) …………………. …………………………….. 3.4. Y a-t-il des entrepreneurs (professions libérales, indépendants, chefs d'entreprise, créateurs d'entreprise) en dehors de votre entourage, que vous souhaiteriez imiter ? Oui Non (veuillez aller à la question 4.1.) 3.5. Combien sont-ils ?…….. 3.6. Veuillez nous donner des exemples……...…………………………………………….. 3.7. Dans quels types de médias les avez-vous connus ? (Vous pouvez cocher plusieurs réponses) Le(s)quel(s) ? 1. Ecrits nationaux 2. Ecrits étrangers 3. Chaînes radios nationales 4. Chaînes radios étrangères 5. Chaînes télévisées nationales 6. Chaînes télévisées étrangères

Page 421: Intention Entrepreneuriale

418

4. Le cursus entrepreneurial 4.1. Les enseignements spécifiques à la création d'entreprise que vous avez suivis font que (cochez une case pour chacune des modalités suivantes) : 1. devenir créateur d'entreprise me serait Très difficile Difficile Facile

Très facile

2. si je voulais, je pourrais facilement poursuivre une carrière de créateur d'entreprise

Pas du tout d'accord

Plutôt pas d'accord

Plutôt d'accord

Tout à fait d'accord

3. comme créateur d'entreprise, j'aurais un contrôle de la situation

Absolument aucun

Peu de contrôle

Beaucoup de contrôle

Contrôle total

4. le nombre d'événements qui ne seraient pas sous mon contrôle, et qui pourraient m'empêcher de devenir créateur d'entreprise est

Très peu élevé Peu élevé Elevé Très élevé

5. si je deviens créateur d'entreprise, les chances de réussite de mon entreprise seront

Très fortes

Fortes

Faibles Très faibles

5. Les attitudes entrepreneuriales 5.1. Avez-vous une idée ou un projet d'entreprise ? Oui Non (veuillez aller à la question 8.1.) 5.2. Cette idée ou projet d'entreprise est-il(elle) né(e) avant ou après que vous ayez suivi les enseignements spécifiques à l’entrepreneuriat et à la création d’entreprise ? Avant Après 5.3. Comment cette idée ou projet est-il(elle) né(e) ? 1. Suite à des rencontres avec des entrepreneurs Oui Non 2. Suite à un projet mené pendant votre formation antérieure Oui Non 3. Suite à un projet mené pendant votre formation actuelle Oui Non 4. Suite à un emploi, à un stage Oui Non 5. En lisant la presse spécialisée Oui Non 6. Suite à un séjour à l'étranger Oui Non 7. Autre (merci de préciser) 5.4. Consacrez-vous actuellement du temps à la recherche d’informations pour mieux formaliser les aspects suivants de votre idée ou projet d'entreprise ? (Cochez une case pour chacune des modalités suivantes) 1. Le marché Pas du tout Peu conséquent Conséquent Très conséquent 2. Le produit (bien ou service) Pas du tout Peu conséquent Conséquent Très conséquent 3. Le montage du plan d'affaires Pas du tout Peu conséquent Conséquent Très conséquent 4. Autre (merci de préciser)

Page 422: Intention Entrepreneuriale

419

5.5. Auprès de qui ? 1. Organismes spécialisés dans l'aide à la création et à la reprise d'entreprise Oui Non 2. CCI Oui Non 3. Agence Pour la Création d'Entreprise Oui Non 4. Chambre des métiers Oui Non 5. Organisations professionnelles Oui Non 6. Enseignants de votre établissement Oui Non 7. Autre (merci de préciser) 5.6. Pourriez-vous nous renseigner sur les aspects suivants de votre idée ou projet d'entreprise ? (Cochez une case pour chacune des modalités suivantes) 1. Avez-vous une idée de vos futurs clients ? Pas du tout

Précise Plutôt pas

précise Plutôt précise

Tout à fait précise

2. Avez-vous une idée de vos besoins financiers au démarrage ?

Pas du tout Précise

Plutôt pas précise

Plutôt précise

Tout à fait précise

3. Avez-vous une idée de vos concurrents ? Pas du tout Précise

Plutôt pas précise

Plutôt précise

Tout à fait précise

4. Avez-vous une idée de vos besoins en ressources humaines au démarrage ?

Pas du tout Précise

Plutôt pas précise

Plutôt précise

Tout à fait précise

5.7. Dans combien de temps pensez-vous concrétiser votre idée ou projet en créant votre entreprise ? Moins d’un an Entre 1 et moins de 3 ans Entre 3 et 5 ans Plus de 5 ans 6. Les motivations de concrétisation 6.1. Dans quelles mesures les affirmations suivantes vous motiveraient-elles pour la mise en œuvre de votre projet ? (Cochez une case pour chacune des modalités suivantes) Pas du tout

d'accord Plutôt pas d'accord

Plutôt d'accord

Tout à fait d'accord

1. Je prendrai des responsabilités 2. Je gagnerai plus d'argent 3. Je me réaliserai en tant qu'être humain (j’irais

jusqu'au bout de mon idée ou de mon projet)

4. J’aurai du pouvoir 5. J’ai à cœur de relever un défi 6. Je serai autonome (être mon propre chef) 7. J’aspire à plus de liberté 8. Autre (merci de préciser)

Page 423: Intention Entrepreneuriale

420

7. La disponibilité des ressources 7.1. Dans quelle mesure les facteurs suivants feraient-ils obstacles à la mise en œuvre de votre idée ou projet d’entreprise ? (cochez une case pour chacune des modalités suivantes) Pas du tout

d'accord Plutôt pas d'accord

Plutôt d'accord

Tout à fait d'accord

1. La difficulté à obtenir un financement bancaire 2. La difficulté à attirer les capital-risqueurs 3. La difficulté à réunir des fonds de proximité (amis,

famille)

4. La difficulté à trouver les informations dont j’aurais besoin pour mieux formaliser mon idée ou mon projet

5. La difficulté à trouver les conseils dont j’aurais besoin pour mieux formaliser mon idée ou mon projet

6. Autre (merci de préciser) 8. Choix de carrières 8.1. Dans les cinq prochaines années (Cochez une case pour chacune des modalités suivantes) 1. la probabilité que vous créiez votre entreprise

est Très Faible Faible Forte Très forte

2. la probabilité que vous poursuiviez une carrière de salarié est

Très Faible Faible Forte Très forte

3. si vous devez choisir entre créer votre entreprise et être salarié, vous préféreriez

Certainement être salarié

Plutôt être salarié

Plutôt créer mon

entreprise

Certainement créer mon entreprise

8.2. Si un jour vous créez votre entreprise, pour vous, son échec éventuel serait avant tout (Cochez une case pour chacune des modalités suivantes) : Pas du tout

d'accord Plutôt pas d'accord

Plutôt d'accord

Tout à fait d'accord

1. Un échec financier 2. Un échec social 3. Un échec personnel 4. Une expérience utile pour une autre aventure

entrepreneuriale

5. Une expérience utile pour la suite de votre carrière professionnelle

6. Autre (merci de préciser)

Page 424: Intention Entrepreneuriale

421

Fiche signalétique Nom (facultatif) :…………………. Prénom (facultatif) :……………………….. Sexe : M F Age :…… Nationalité :……………………... Type de formation : initiale continue Etablissement :………………………….. L'admission à cette formation s’est faite après : La(les)quelle(les) 1. Obtention d’une maîtrise 2. Obtention d’un diplôme d’ingénieur 3. Validation d’acquis professionnels 4. Autre (merci de préciser) Pourquoi avez-vous intégré ce diplôme ? 1. Compléter une formation technique par une formation en gestion Oui Non 2. Approfondir mes connaissances en gestion Oui Non 3. Découvrir une discipline qui m’intéresse Oui Non 4. Me donner les connaissances nécessaires pour développer mes aptitudes

entrepreneuriales Oui Non

5. Autre (merci de préciser)

Page 425: Intention Entrepreneuriale

422

Annexe 3 - Questionnaire DESS CAAE

Questionnaire DESS CAAE

Cette enquête est réalisée dans le cadre d'une recherche doctorale. Elle vise à comprendre l'impact de votre formation, ainsi que de vos expériences personnelles, sur votre projet professionnel.

Nous vous tiendrons informés des résultats de cette étude par le biais de votre association des étudiants ou du BDE. Le temps que vous consacrerez à ce questionnaire n’excédera pas 20 minutes. Nous vous assurons que la confidentialité totale de vos réponses sera préservée.

1. Les expériences de travail 1.1. Avez-vous travaillé en entreprise ? Oui Non (veuillez aller à la question 2.1.) 1.2. Dans combien d’entreprises avez-vous travaillé ?……. TRES IMPORTANT POUR LA SUITE DU QUESTIONNAIRE : MERCI DE LIRE LE PARAGRAPHE CI-DESSOUS EN ENTIER Si vous avez travaillé dans plusieurs entreprises, veuillez nous renseigner, pour les questions 1.3. jusqu’à 1.9. sur l’expérience professionnelle qui vous semble la plus significative en termes de prises de responsabilité et de décision, et d'implication dans un ou une partie d'un projet. 1.3. Quelle était la nature de votre contrat de travail ? CDD CDI Stages Intérim Autre (merci de préciser) …………... 1.4. Dans quel type d'entreprise ? TPE (-10 salariés) PE (10 à 49 salariés) PME/PMI (50 à 249 salariés) Grande entreprise (250 et +) Autre (organismes publics, parapublics,… : merci de préciser le nombre de salariés)

……… 1.5. Dans quel secteur d'activité ?

Secteur Merci de préciser Services Industrie Nouvelles technologies Autre (merci de préciser)

Page 426: Intention Entrepreneuriale

423

1.6. Combien de mois a duré votre travail ?………… 1.7. Où avez-vous effectué ce travail ? France Etranger 1.8. Si vous avez répondu "Etranger" à la question 1.7., pour quelles raisons étiez-vous parti ? 1. Opportunité dans le cadre de la formation Oui Non 2. Opportunité professionnelle Oui Non 3. Rejoindre de la famille Oui Non 4. Rejoindre des amis Oui Non 5. Découvrir un autre pays Oui Non 6. Autre (merci de préciser) 1.9. Dans le cadre de votre travail (cochez une case pour chacune des modalités suivantes) : 1. Vous aviez des responsabilités sur des

hommes Aucunement Partiellement Pour une part

importante Totalement

2. Vous aviez des responsabilités sur un budget

Aucunement Partiellement Pour une part importante

Totalement

3. Vous aviez des responsabilités sur des moyens matériels

Aucunement Partiellement Pour une part importante

Totalement

4. Vous aviez à charge de mener ou participer à un projet

Aucunement Partiellement Pour une part importante

Totalement

5. Vous preniez des décisions importantes seul Aucunement Partiellement Pour une part importante

Totalement

6. Autre (merci de préciser)

2. Les centres d'intérêt associatifs 2.1. Dans combien de structures associatives êtes (et étiez)-vous engagé ?………. (Si vous répondez "0" à cette question, veuillez aller à la question 3.1.) 2.2. Dans quel type de structures associatives êtes (et étiez)-vous engagé ? (Vous pouvez cocher plusieurs réponses selon le nombre de vos activités) Association au sein de votre établissement (B.D.E, …) Syndicat Association en dehors de votre établissement Parti politique Conseil d'établissement (lycée, école, université,…) Autre (merci de préciser) ……………………………………………………………… 2.3. Vous occupez (occupiez) le statut de ? (Vous pouvez cocher les deux réponses si vous occupez (occupiez) les deux statuts) Membre simple Responsable

Page 427: Intention Entrepreneuriale

424

2.4. Si vous occupez (occupiez) le statut de responsable, lequel ? (Vous pouvez cocher plusieurs réponses selon vos différents statuts) Président Vice-président Secrétaire Trésorier Membre du bureau Membre du Conseil d'administration Autre (merci de préciser) ……………………………………………………………… 3. Les modèles d’entrepreneur 3.1. Y a-t-il des entrepreneurs (professions libérales, indépendants, chefs d'entreprise, créateurs d'entreprise) dans votre entourage que vous souhaiteriez imiter ? Oui Non (veuillez aller à la question 3.4.) 3.2. Combien sont-ils ?…….. 3.3. Qui sont-ils ? (Vous pouvez cocher plusieurs réponses selon le nombre d’entrepreneurs) Parents Frères ou sœurs Autres membres de la famille Amis Autre (merci de préciser) …………………. …………………………….. 3.4. Y a-t-il des entrepreneurs (professions libérales, indépendants, chefs d'entreprise, créateurs d'entreprise) en dehors de votre entourage, que vous souhaiteriez imiter ? Oui Non (veuillez aller à la question 4.1.) 3.5. Combien sont-ils ?…….. 3.6. Veuillez nous donner des exemples……...…………………………………………… 3.7. Dans quels types de médias les avez-vous connus ? (Vous pouvez cocher plusieurs réponses) Le(s)quel(s) ? 1. Ecrits nationaux 2. Ecrits étrangers 3. Chaînes radios nationales 4. Chaînes radios étrangères 5. Chaînes télévisées nationales 6. Chaînes télévisées étrangères 4. Le cursus entrepreneurial 4.1. Avez-vous suivi des enseignements obligatoires en entrepreneuriat ou en création d'entreprise ? Oui Lesquels ?…………………………………………………………………………….……… ………………………………………………………………………………………………. Non

Page 428: Intention Entrepreneuriale

425

4.2. Avez-vous suivi des enseignements optionnels en entrepreneuriat ou en création d'entreprise ? Oui Lesquels ?…………………………………………………………………………….……… ……………………………………………………………………………………………….Non Si vous avez répondu par Non aux questions 4.1. et 4.2., veuillez aller directement à la question 5.1.. Si vous avez répondu par Oui à la questions 4.1. et/ou à la question 4.2, veuillez répondre à la question 4.3. 4.3. Les enseignements spécifiques à la création d'entreprise que vous avez suivis font que (cochez une case pour chacune des modalités suivantes) : 1. devenir créateur d'entreprise me serait Très difficile Difficile Facile

Très facile

2. si je voulais, je pourrais facilement poursuivre une carrière de créateur d'entreprise

Pas du tout d'accord

Plutôt pas d'accord

Plutôt d'accord

Tout à fait d'accord

3. comme créateur d'entreprise, j'aurais un contrôle de la situation

Absolument aucun

Peu de contrôle

Beaucoup de contrôle

Contrôle total

4. le nombre d'événements qui ne seraient pas sous mon contrôle, et qui pourraient m'empêcher de devenir créateur d'entreprise est

Très peu élevé Peu élevé Elevé Très élevé

5. si je deviens créateur d'entreprise, les chances de réussite de mon entreprise seront

Très fortes

Fortes

Faibles Très faibles

5. Les attitudes entrepreneuriales 5.1. Avez-vous une idée ou un projet d'entreprise ? Oui Non (veuillez aller à la question 8.1.) 5.2. Cette idée ou projet d'entreprise est-il(elle) né(e) avant ou après que vous ayez suivi les enseignements spécifiques à l’entrepreneuriat et à la création d’entreprise ? Avant Après 5.3. Comment cette idée ou projet est-il(elle) né(e) ? 1. Suite à des rencontres avec des entrepreneurs Oui Non 2. Suite à un projet mené pendant votre formation antérieure Oui Non 3. Suite à un projet mené pendant votre formation actuelle Oui Non 4. Suite à un emploi, à un stage Oui Non 5. En lisant la presse spécialisée Oui Non 6. Suite à un séjour à l'étranger Oui Non 7. Autre (merci de préciser)

Page 429: Intention Entrepreneuriale

426

5.4. Consacrez-vous actuellement du temps à la recherche d’informations pour mieux formaliser les aspects suivants de votre idée ou projet d'entreprise ? (Cochez une case pour chacune des modalités suivantes) 1. Le marché Pas du tout Peu conséquent Conséquent Très conséquent 2. Le produit (bien ou service) Pas du tout Peu conséquent Conséquent Très conséquent 3. Le montage du plan d'affaires Pas du tout Peu conséquent Conséquent Très conséquent 4. Autre (merci de préciser) 5.5. Auprès de qui ? 1. Organismes spécialisés dans l'aide à la création et à la reprise d'entreprise Oui Non 2. CCI Oui Non 3. Agence Pour la Création d'Entreprise Oui Non 4. Chambre des métiers Oui Non 5. Organisations professionnelles Oui Non 6. Enseignants de votre établissement Oui Non 7. Autre (merci de préciser) 5.6. Pourriez-vous nous renseigner sur les aspects suivants de votre idée ou projet d'entreprise ? (Cochez une case pour chacune des modalités suivantes) 1. Avez-vous une idée de vos futurs clients ? Pas du tout

Précise Plutôt pas

précise Plutôt précise

Tout à fait précise

2. Avez-vous une idée de vos besoins financiers au démarrage ?

Pas du tout Précise

Plutôt pas précise

Plutôt précise

Tout à fait précise

3. Avez-vous une idée de vos concurrents ? Pas du tout Précise

Plutôt pas précise

Plutôt précise

Tout à fait précise

4. Avez-vous une idée de vos besoins en ressources humaines au démarrage ?

Pas du tout Précise

Plutôt pas précise

Plutôt précise

Tout à fait précise

5.7. Dans combien de temps pensez-vous concrétiser votre idée ou projet en créant votre entreprise ? Moins d’un an Entre 1 et moins de 3 ans Entre 3 et 5 ans Plus de 5 ans 6. Les motivations de concrétisation 6.1. Dans quelles mesures les affirmations suivantes vous motiveraient-elles pour la mise en œuvre de votre projet ? (Cochez une case pour chacune des modalités suivantes) Pas du tout

d'accord Plutôt pas d'accord

Plutôt d'accord

Tout à fait d'accord

1. Je prendrai des responsabilités 2. Je gagnerai plus d'argent 3. Je me réaliserai en tant qu'être humain (j’irais

jusqu'au bout de mon idée ou de mon projet)

4. J’aurai du pouvoir 5. J’ai à cœur de relever un défi 6. Je serai autonome (être mon propre chef) 7. J’aspire à plus de liberté 8. Autre (merci de préciser)

Page 430: Intention Entrepreneuriale

427

7. La disponibilité des ressources 7.1. Dans quelle mesure les facteurs suivants feraient-ils obstacles à la mise en œuvre de votre idée ou projet d’entreprise ? (cochez une case pour chacune des modalités suivantes) Pas du tout

d'accord Plutôt pas d'accord

Plutôt d'accord

Tout à fait d'accord

1. La difficulté à obtenir un financement bancaire 2. La difficulté à attirer les capital-risqueurs 3. La difficulté à réunir des fonds de proximité (amis,

famille)

4. La difficulté à trouver les informations dont j’aurais besoin pour mieux formaliser mon idée ou mon projet

5. La difficulté à trouver les conseils dont j’aurais besoin pour mieux formaliser mon idée ou mon projet

6. Autre (merci de préciser) 8. Choix de carrières 8.1. Dans les cinq prochaines années (Cochez une case pour chacune des modalités suivantes) 1. la probabilité que vous créiez votre entreprise

est Très Faible Faible Forte Très forte

2. la probabilité que vous poursuiviez une carrière de salarié est

Très Faible Faible Forte Très forte

3. si vous devez choisir entre créer votre entreprise et être salarié, vous préféreriez

Certainement être salarié

Plutôt être salarié

Plutôt créer mon

entreprise

Certainement créer mon entreprise

8.2. Si un jour vous créez votre entreprise, pour vous, son échec éventuel serait avant tout (Cochez une case pour chacune des modalités suivantes) : Pas du tout

d'accord Plutôt pas d'accord

Plutôt d'accord

Tout à fait d'accord

1. Un échec financier 2. Un échec social 3. Un échec personnel 4. Une expérience utile pour une autre aventure

entrepreneuriale

5. Une expérience utile pour la suite de votre carrière professionnelle

6. Autre (merci de préciser)

Page 431: Intention Entrepreneuriale

428

Fiche signalétique Nom (facultatif) :…………………. Prénom (facultatif) :……………………….. Sexe : M F Age :…… Nationalité :……………………... Type de formation : initiale continue Etablissement : IAE de ………………….. L'admission à cette formation s’est faite après : La(les)quelle(les) 1. Obtention d’une maîtrise 2. Obtention d’un diplôme d’ingénieur 3. Validation d’acquis professionnels 4. Autre (merci de préciser) Pourquoi avez-vous intégré ce DESS ? 1. Compléter une formation technique par une formation en gestion Oui Non 2. Approfondir mes connaissances en gestion Oui Non 3. Découvrir une discipline qui m’intéresse Oui Non 4. Autre (merci de préciser)

Page 432: Intention Entrepreneuriale

429

Annexe 4 - Répartition des deux échantillons selon l’âge

DIPLOME

DESS, formations ou programmes en écoles de management

et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise

DESS CAAE Total

AGE

nb en % nb en % nb en %

21 3 1,8 3 0,9

22 35 20,7 26 15,2 61 17,9

23 60 35,5 52 30,4 112 32,9

24 32 18,9 40 23,4 72 21,2

25 16 9,5 19 11,1 35 10,3

26 2 1,2 12 7,0 14 4,1

27 5 3,0 5 2,9 10 2,9

28 3 1,8 3 0,9

29 1 0,6 3 1,8 4 1,2

30 1 0,6 1 0,6 2 0,6

31 2 1,2 1 0,6 3 0,9

32 2 1,2 2 1,2 4 1,2

34 1 0,6 1 0,3

35 1 0,6 1 0,3

37 2 1,2 2 0,6

38 1 0,6 1 0,6 2 0,6

39 1 0,6 1 0,6 2 0,6

40 1 0,6 1 0,6 2 0,6

41 1 0,6 1 0,3

43 1 0,6 1 0,3

47 2 1,2 2 0,6

49 1 0,6 1 0,3

51 2 1,2 2 0,6

Total 169 100,0 171 100,0 340 100,0

Page 433: Intention Entrepreneuriale

430

Annexe 5 - Analyse factorielle de la variable "besoin d’accomplissement" (échantillon

"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en

entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Qualité de représentation

Initial Extraction PRISRESP 1,000 ,530 PLUSARGE 1,000 ,573 REALIS 1,000 ,467 POUVOIR 1,000 ,515 DEFI 1,000 ,728 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenusComposante

Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés 1 1,699 33,980 33,980 1,699 33,980 33,980 2 1,114 22,278 56,258 1,114 22,278 56,258 3 ,823 16,453 72,711 4 ,709 14,174 86,885 5 ,656 13,115 100,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Matrice des composantes a

Composantes 1 2 PRISRESP ,721 9,614E-02 PLUSARGE ,707 -,271 REALIS ,482 ,485 POUVOIR ,663 -,275 DEFI 8,351E-02 ,849 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. a : 2 composantes extraites.

Page 434: Intention Entrepreneuriale

431

Annexe 6 - Analyse factorielle après rotation oblimin directe de la variable "besoin

d’accomplissement" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de

management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") Qualité de représentation

Initial Extraction PRISRESP 1,000 ,530 PLUSARGE 1,000 ,573 REALIS 1,000 ,467 POUVOIR 1,000 ,515 DEFI 1,000 ,728 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés

des facteurs retenus Somme des carrés des facteurs

retenus pour la rotation Composante

Total % de la variance

% cumulés Total % de la variance

% cumulés

Total

1 1,699 33,980 33,980 1,699 33,980 33,980 1,662 2 1,114 22,278 56,258 1,114 22,278 56,258 1,191 3 ,823 16,453 72,711 4 ,709 14,174 86,885 5 ,656 13,115 100,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. a : lorsque les composantes sont corrélées, les sommes des carrés chargés ne peuvent pas être additionnés pour obtenir une variance totale. Matrice des composantes a

Composantes 1 2

PRISRESP ,721 PLUSARGE ,707 REALIS ,482 ,485 POUVOIR ,663 DEFI ,849 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. a : 2 composantes extraites. Matrice des types a

Composantes 1 2

PRISRESP ,642 PLUSARGE ,762 REALIS ,594 POUVOIR ,723 DEFI ,849 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser. a La rotation a convergé en 6 itérations.

Page 435: Intention Entrepreneuriale

432

Matrice de structure Composante

1 2 PRISRESP ,674 ,352 PLUSARGE ,752 REALIS ,345 ,627 POUVOIR ,711 DEFI ,821 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser. Matrice de corrélation des composantes Composante 1 2 1 1,000 ,118 2 ,118 1,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser.

Page 436: Intention Entrepreneuriale

433

Annexe 7 - Analyse factorielle de la variable "besoin d’accomplissement" (échantillon

"DESS CAAE")

Qualité de représentation

Initial Extraction PRISRESP 1,000 ,569 PLUSARGE 1,000 ,875 REALIS 1,000 ,588 POUVOIR 1,000 ,457 DEFI 1,000 ,508 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs

retenus Composante Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés 1 1,918 38,363 38,363 1,918 38,363 38,363 2 1,079 21,584 59,947 1,079 21,584 59,947 3 ,771 15,411 75,357 4 ,765 15,304 90,661 5 ,467 9,339 100,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Matrice des composantes a

Composantes 1 2 PRISRESP ,754 3,082E-02 PLUSARGE ,152 ,923 REALIS ,629 -,440 POUVOIR ,651 ,182 DEFI ,713 -7,888E-03 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. a : 2 composantes extraites.

Page 437: Intention Entrepreneuriale

434

Annexe 8 - Analyse factorielle de la variable "perceptions des aptitudes

entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles" (échantillon

"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en

entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Qualité de représentation

Initial Extraction RESPHOM 1,000 ,411 RESPBUD 1,000 ,600 RESPMAT 1,000 ,491 MENPART 1,000 ,237 DECISEUL 1,000 ,565 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus

Composante Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés 1 2,304 46,085 46,085 2,304 46,085 46,085 2 ,982 19,643 65,727 3 ,652 13,044 78,772 4 ,572 11,445 90,217 5 ,489 9,783 100,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Matrice des composantes a

Composante 1 RESPHOM ,641 RESPBUD ,774 RESPMAT ,701 MENPART ,487 DECISEUL ,752 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. a : 1 composante extraite.

Page 438: Intention Entrepreneuriale

435

Annexe 9 - Analyse factorielle de la variable "perceptions des aptitudes

entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles" (échantillon

"DESS CAAE")

Qualité de représentation

Initial Extraction RESPHOM 1,000 ,499 RESPBUD 1,000 ,452 RESPMAT 1,000 ,776 MENPART 1,000 ,641 DECISEUL 1,000 ,653 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus

Composante Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés 1 1,998 39,958 39,958 1,998 39,958 39,958 2 1,023 20,451 60,409 1,023 20,451 60,409 3 ,809 16,188 76,596 4 ,715 14,300 90,896 5 ,455 9,104 100,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Matrice des composantes a

Composantes 1 2 RESPHOM ,582 -,401 RESPBUD ,568 ,360 RESPMAT ,385 ,792 MENPART ,734 -,319 DECISEUL ,806 -5,225E-02 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. a : 2 composantes extraites.

Page 439: Intention Entrepreneuriale

436

Annexe 10 - Analyse factorielle après rotation oblimin directe de la variable

"perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences

professionnelles" (échantillon "DESS CAAE")

Qualité de représentation

Initial Extraction RESPHOM 1,000 ,499 RESPBUD 1,000 ,452 RESPMAT 1,000 ,776 MENPART 1,000 ,641 DECISEUL 1,000 ,653 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés

des facteurs retenus Somme des carrés des facteurs

retenus pour la rotation Composante

Total % de la variance

% cumulés

Total % de la variance

% cumulés Total

1 1,998 39,958 39,958 1,998 39,958 39,958 1,840 2 1,023 20,451 60,409 1,023 20,451 60,409 1,366 3 ,809 16,188 76,596 4 ,715 14,300 90,896 5 ,455 9,104 100,000 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. a : lorsque les composantes sont corrélées, les sommes des carrés chargés ne peuvent pas être additionnés pour obtenir une variance totale. Matrice des composantes a

Composantes 1 2 RESPHOM ,582 -,401 RESPBUD ,568 ,360 RESPMAT ,385 ,792 MENPART ,734 -,319 DECISEUL ,806 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. a : 2 composantes extraites. Matrice des types a

Composantes 1 2

RESPHOM ,723 RESPBUD ,572 RESPMAT ,902 MENPART ,800 DECISEUL ,697 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser. a : la rotation a convergé en 6 itérations.

Page 440: Intention Entrepreneuriale

437

Matrice de structure Composantes

1 2 RESPHOM ,694 RESPBUD ,375 ,627 RESPMAT ,866 MENPART ,801 DECISEUL ,759 ,436 Méthode d'extraction : analyse en composantes principales. Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser. Matrice de corrélation des composantes Composante 1 2 1 1,000 ,219 2 ,219 1,000 Méthode d'extraction : Analyse en composantes principales. Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser.

Page 441: Intention Entrepreneuriale

438

Annexe 11 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions des aptitudes

entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles" (échantillon

"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en

entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Echelle multiple "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences

professionnelles" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle

Moy 11,4655

Variance 10,1809

Ecart type 3,1907

Variables 5

Moy échelle si item supprimé

Variance échelle si item supprimé

Corrélation item-total corrigé

Alpha si item supprimé

RESPHOM 9,5575 7,0227 ,4175 ,6724 RESPBUD 9,6897 6,2731 ,5659 ,6054 RESPMAT 9,2931 6,8211 ,4825 ,6442 MENPART 8,2759 8,1431 ,2907 ,7144 DECISEUL 9,0460 6,7378 ,5439 ,6191

Coefficient de fiabilité nbre de cases = 174,0 nbre d’items = 5 Alpha = ,7030

Page 442: Intention Entrepreneuriale

439

Annexe 12 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions des aptitudes

entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles" (échantillon

"DESS CAAE")

Echelle multiple "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences

professionnelles" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle

Moy 9,6708

Variance 7,0097

Ecart type 2,6476

Variables 5

Moy échelle si item supprimé

Variance échelle si item supprimé

Corrélation item-total corrigé

Alpha si item supprimé

RESPHOM 8,0559 5,0906 ,3164 ,6545 RESPBUD 8,3106 5,5780 ,3309 ,6505 RESPMAT 7,6832 5,5553 ,1913 ,7147 MENPART 7,0373 4,1861 ,4416 ,6846 DECISEUL 7,5963 4,2297 ,5573 ,5177

Coefficient de fiabilité nbre de cases = 161,0 nbre d’items = 5 Alpha = ,6861

Page 443: Intention Entrepreneuriale

440

Annexe 13 - Diagrammes croisant la moyenne de l’intention entrepreneuriale et le moment de naissance de l’idée ou du projet

IDEPROAA

10

Moy

enne

de

INTE

NT

3,1

3,0

2,9

2,8

2,7

2,6

Echantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en

entrepreneuriat ou en création d’entreprise".

IDEPROAA

10

Moy

enne

de

INTE

NT

2,5

2,4

2,3

2,2

2,1

2,0

1,9

Echantillon "DESS CAAE". Légende : INTENT : l’intention entrepreneuriale. IDEPROAA : moment de naissance de l’idée ou du projet. Sur l’axe des abscisses : 0 : naissance de l’idée ou du projet avant l’intégration des formations actuelles. 1: naissance de l’idée ou du projet après l’intégration des formations actuelles.

Page 444: Intention Entrepreneuriale

441

Annexe 14 - Diagrammes croisant la moyenne de l’intention entrepreneuriale et la connaissance de modèles d’entrepreneur dans l’entourage immédiat

ENTRENT

10

Moy

enne

de

INTE

NT

2,9

2,8

2,7

2,6

2,5

Echantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en

entrepreneuriat ou en création d’entreprise".

ENTRENT

10

Moy

enne

de

INTE

NT

2,1

2,0

1,9

1,8

1,7

Echantillon "DESS CAAE". Légende : INTENT : l’intention entrepreneuriale. ENTRENT : connaissance de modèles d’entrepreneur dans l’entourage immédiat. Sur l’axe des abscisses : 0 : Oui. 1 : Non

Page 445: Intention Entrepreneuriale

442

Annexe 15 - Diagrammes croisant la moyenne de l’intention entrepreneuriale et la connaissance de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat

ENTRHENT

10

Moy

enne

de

INTE

NT

2,9

2,8

2,7

2,6

2,5

Echantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en

entrepreneuriat ou en création d’entreprise".

ENTRHENT

10

Moy

enne

de

INTE

NT

2,2

2,1

2,0

1,9

1,8

1,7

Echantillon "DESS CAAE". Légende : INTENT : l’intention entrepreneuriale. ENTRENT : connaissance de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat. Sur l’axe des abscisses : 0 : Oui. 1 : Non

Page 446: Intention Entrepreneuriale

443

Annexe 16 – Exemples de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat

DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en

entrepreneuriat ou en création d’entreprise

NOMS DE MODELES D’ENTREPRENEUR EN DEHORS DE L’ENTOURAGE IMMEDIAT

nb en % Entrepreneur ou chef d’entreprise chez qui j'ai travaillé ou effectué mon stage

Oui 16 30,8

Non 36 69,2 Total 52 100,0

Bill GATES Oui 8 15,4 Non 44 84,6

Total 52 100,0 Jean-Marie MESSIER Oui 7 13,5 Non 45 86,5

Total 52 100,0 Bernard TAPIE Oui 7 13,5 Non 45 86,5

Total 52 100,0 François PINAULT Oui 7 13,5 Non 45 86,5

Total 52 100,0 Jean-Martin FOLTZ Oui 3 5,8

Non 49 94,2 Total 52 100,0

Richard BRANSON Oui 3 5,8 Non 49 94,2

Total 52 100,0 AULAS Oui 3 5,8

Non 49 94,2 Total 52 100,0

Louis SCHWEITZER Oui 2 3,8% Non 50 96,2

Total 52 100,0 Entrepreneurs intervenants dans le Mastère Oui 2 3,8

Non 50 96,2 Total 52 100,0

Autres Oui 13543 25,0 Non 39 75,0

Total 52 100,0

543 Les 13 entrepreneurs cités sont : Les créateurs d'AMAZON, de TATI et d'Easyjet, John Davison ROCKFELLER, Jean-Claude DECAUX, Yves ROCHER, Francis MER, LAGARDERE, BUFFET, Stoe JOBS, Maître VERGES, Marc ARAZI, Louis NICOLLIN.

Page 447: Intention Entrepreneuriale

444

Annexe 17 – Corrélation multiple de l’ensemble des variables quantitatives

INTENT RINFO ACCOMPLI RECHAUTO ECHEC UTI PERCFOR PERCEXP DIFFI DIFINFCO

INTENT Corrélation de Pearson 1 ,492** ,267** ,300** -,272** ,188* ,356** ,257** -,096 -,015

Sig. (bilatérale) , ,000 ,005 ,001 ,000 ,012 ,000 ,001 ,317 ,874

Nbre 178 109 110 110 177 177 178 174 110 110

RINFO Corrélation de Pearson ,492** 1 ,113 ,051 -,067 ,040 ,012 ,070 -,055 ,050

Sig. (bilatérale) ,000 , ,243 ,595 ,489 ,681 ,905 ,472 ,571 ,609

Nbre 109 109 109 109 109 109 109 107 109 109

ACCOMPLI Corrélation de Pearson ,267** ,113 1 ,120 ,133 ,109 ,110 ,048 -,035 -,003

Sig. (bilatérale) ,005 ,243 , ,239 ,167 ,254 ,252 ,623 ,719 ,975

Nbre 110 109 110 110 110 110 110 108 110 110

RECHAUTOCorrélation de Pearson ,300** ,051 ,120 1 -,025 ,031 ,153 ,087 ,076 ,052

Sig. (bilatérale) ,001 ,595 ,239 , ,794 ,749 ,111 ,373 ,428 ,587

Nbre 110 109 110 110 110 110 110 108 110 110

ECHEC Corrélation de Pearson -,272** -,067 ,133 -,025 1 -,084 -,079 ,004 ,191 -,012

Sig. (bilatérale) ,000 ,489 ,167 ,794 , ,269 ,297 ,960 ,146 ,904

Nbre 177 109 110 110 177 177 177 173 110 110

UTI Corrélation de Pearson ,188* ,040 ,109 ,031 -,084 1 ,108 ,044 ,128 ,014

Sig. (bilatérale) ,012 ,681 ,254 ,749 ,269 , ,151 ,564 ,184 ,883

Nbre 177 109 110 110 177 177 177 173 110 110

PERCFOR Corrélation de Pearson ,356** ,012 ,110 ,153 -,079 ,108 1 ,200 -,110 -,140

Sig. (bilatérale) ,000 ,905 ,252 ,111 ,297 ,151 , ,018 ,251 ,143

Nbre 178 109 110 110 177 177 178 174 110 110

Page 448: Intention Entrepreneuriale

445

INTENT RINFO ACCOMPLI RECHAUTO ECHEC UTI PERCFOR PERCEXP DIFFI DIFINFCO

PERCEXP Corrélation de Pearson ,257** ,070 ,048 ,087 ,004 ,044 ,200 1 -,020 -,054

Sig. (bilatérale) ,001 ,472 ,623 ,373 ,960 ,564 ,018 , ,840 ,580

Nbre 174 107 108 108 173 173 174 174 108 108

DIFFI Corrélation de Pearson -,096 -,055 -,035 ,076 ,191 ,128 -,110 -,020 1 -,040

Sig. (bilatérale) ,317 ,571 ,719 ,428 ,146 ,184 ,251 ,840 , ,678

Nbre 110 109 110 110 110 110 110 108 110 110

DIFINFCO Corrélation de Pearson -,015 ,050 -,003 ,052 -,012 ,014 -,140 -,054 -,040 1

Sig. (bilatérale) ,874 ,609 ,975 ,587 ,904 ,883 ,143 ,580 ,678 ,

Nbre 110 109 110 110 110 110 110 108 110 110

** La corrélation est significative au niveau 0.01 (bilatéral).

* La corrélation est significative au niveau 0.05 (bilatéral).

Page 449: Intention Entrepreneuriale

446

Tables des figures Figure 1 - L’articulation du sujet, de l’objet d’étude et des modes opératoires .................. 14 Figure 2 - Justification du plan de la thèse .......................................................................... 21 Figure 3 - Une forme générique du processus de création d'entreprise (C. BRUYAT, 1993,

p. 260) ........................................................................................................................... 38 Figure 4 - A model of Start up Process (W.D. BYGRAVE, 1989b, p. 8)........................... 41 Figure 5 - Proposition d’un modèle stratégique d’entrepreneuriat (E.-M. HERNANDEZ,

1999, p. 72) ................................................................................................................... 44 Figure 6 - Le modèle du développement des entrepreneurs (J.-P. SABOURIN et Y.

GASSE, 1989, p. 15) .................................................................................................... 46 Figure 7 - Les différentes phases du processus entrepreneurial .......................................... 47 Figure 8 - Hurdles to self-employment for wage-or-salaried workers - hypothetical

frequencies (J.A. KATZ, 1990, p. 16) .......................................................................... 60 Figure 9 - Les principales figures d'entrepreneur selon les évolutions socio-économiques 86 Figure 10 - Un cadre général d'analyse de l’enseignement de l'entrepreneuriat en France

combinant les phases d'intervention, les objectifs et les catégories de méthodes pédagogiques .............................................................................................................. 152

Figure 11 - Entrepreneurial event Formation (A. SHAPERO et L. SOKOL, 1982, p. 83)163 Figure 12 - Theory of planned behavior (I. AZJEN , 1991, p. 182).................................. 167 Figure 13 - Intentions toward entrepreneurial behavior : the theory of planned behavior

(simplified) (N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD, 1993, p. 323)............................. 172 Figure 14 - Illustration of the final model, relationships grouped (E. AUTIO et alii, 1997,

p. 141) ......................................................................................................................... 174 Figure 15 - Modèle explicatif de l'intention entrepreneuriale d’étudiants de gestion de

troisième cycle suivant des programmes ou des formations en entrepreneuriat......... 202 Figure 16 - Les phases de la méthodologie empirique ...................................................... 209 Figure 17 - Suggested procedure for developing better measures (G.A. CHURCHILL,

1979, p. 66) ................................................................................................................. 213 Figure 18 - Diagramme croisant la moyenne de l’intention entrepreneuriale et l’échéance

de concrétisation (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") ................... 320

Figure 19 - Un modèle explicatif et prédictif de l'intention entrepreneuriale validé auprès d’étudiants suivant des programmes ou des formations en entrepreneuriat ............... 365

Page 450: Intention Entrepreneuriale

447

Tables des tableaux

Tableau 1 - Some of the key questions in the field (W.D. BYGRAVE et C.W. HOFER, 1991, p. 16) ................................................................................................................... 36

Tableau 2 - DESS de Gestion orientés entrepreneuriat ou création d'entreprise............... 137 Tableau 3 - Répartition de l’échantillon de référence par intitulé et composante des

diplômes...................................................................................................................... 243 Tableau 4 - Répartition de l’échantillon témoin par intitulé et composante des diplômes 245 Tableau 5 - Composition des échantillons de référence et témoin .................................... 245 Tableau 6 - Tri croisé "sexe-échantillons" ........................................................................ 250 Tableau 7 - Tri croisé "âge-échantillons" .......................................................................... 251 Tableau 8 - Tri croisé "pays ou régions d’origine-échantillons"....................................... 252 Tableau 9 - Tri croisé "cursus antérieur-échantillons........................................................ 253 Tableau 10 - Tri croisé "type de formation-échantillons" ................................................. 254 Tableau 11 - Tri croisé "raison d’intégration de la formation-échantillons"..................... 256 Tableau 12 - Analyse factorielle de la variable "recherche d’informations" (échantillon

"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 263

Tableau 13 - Alpha de Cronbach de la variable "recherche d’informations" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 264

Tableau 14 - Analyse factorielle de la variable "recherche d’informations" (échantillon "DESS CAAE") .......................................................................................................... 265

Tableau 15 - Alpha de Cronbach de la variable "recherche d’informations" (échantillon "DESS CAAE") .......................................................................................................... 265

Tableau 16 - Analyse factorielle de la variable "aspects de l’idée ou du projet" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 266

Tableau 17 - Alpha de Cronbach de la variable "aspects de l’idée ou du projet" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 267

Tableau 18 - Analyse factorielle de la variable "aspects de l’idée ou du projet" (échantillon "DESS CAAE") .......................................................................................................... 268

Tableau 19 - Alpha de Cronbach de la variable "aspects de l’idée ou du projet" (échantillon "DESS CAAE") .......................................................................................................... 268

Tableau 20 - Analyse factorielle de la variable "besoin d’accomplissement" sans les items "PLUSARGE" et "DEFI" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") ................... 270

Tableau 21 - Alpha de Cronbach de la variable "besoin d’accomplissement" sans les items "PLUSARGE" et "DEFI" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") ................... 271

Tableau 22 - Analyse factorielle de la variable "besoin d’accomplissement" sans les items "PLUSARGE" et "DEFI" (échantillon "DESS CAAE") ............................................ 271

Tableau 23 - Alpha de Cronbach de la variable "besoin d’accomplissement" sans les items "PLUSARGE" et "DEFI" (échantillon "DESS CAAE") ............................................ 272

Page 451: Intention Entrepreneuriale

448

Tableau 24 - Analyse factorielle de la variable " recherche de l’autonomie" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 273

Tableau 25 - Alpha de Cronbach de la variable "recherche de l’autonomie" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 273

Tableau 26 - Analyse factorielle de la variable " recherche de l’autonomie" (échantillon "DESS CAAE") .......................................................................................................... 274

Tableau 27 - Alpha de Cronbach de la variable "recherche de l’autonomie" (échantillon "DESS CAAE") .......................................................................................................... 274

Tableau 28 - Analyse factorielle de la variable "propension à la prise de risque" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")......................................................... 276

Tableau 29 - Analyse factorielle après rotation oblimin directe de la variable "propension à la prise de risque" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") ................... 277

Tableau 30 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions positives des conséquences de la disparition de l’entreprise" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") ... 278

Tableau 31 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions négatives des conséquences de la disparition de l’entreprise" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") ... 278

Tableau 32 - Analyse factorielle de la variable "propension à la prise de risque" (échantillon "DESS CAAE") ...................................................................................... 279

Tableau 33 - Analyse factorielle après rotation oblimin directe de la variable "propension à la prise de risque" (échantillon "DESS CAAE") ........................................................ 281

Tableau 34 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions positives des conséquences de la disparition de l’entreprise" (échantillon "DESS CAAE") ...................................... 281

Tableau 35 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions négatives des conséquences de la disparition de l’entreprise" (échantillon "DESS CAAE") ...................................... 282

Tableau 36 - Analyse factorielle de la variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais de la formation" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise").................................................................................................................................... 284

Tableau 37 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais de la formation" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise").................................................................................................................................... 284

Tableau 38 - Analyse factorielle de la variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles" sans l’item "MENPART" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")......................................................... 286

Tableau 39 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles" sans l’item "MENPART" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")......................................................... 287

Tableau 40 - Analyse factorielle la variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles" sans l’item "MENPART" (échantillon "DESS CAAE") ...................................................................................... 288

Page 452: Intention Entrepreneuriale

449

Tableau 41 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles" sans l’item "MENPART" (échantillon "DESS CAAE") ...................................................................................... 288

Tableau 42 - Analyse factorielle de la variable "perceptions de la disponibilité des ressources" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") ........................................ 290

Tableau 43 - Analyse factorielle après rotation oblimin directe de la variable "perceptions de disponibilité des ressources" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") ... 292

Tableau 44 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions de disponibilité des ressources financières" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") ........................................ 292

Tableau 45 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions de disponibilité des informations et conseils" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") ................... 293

Tableau 46 - Analyse factorielle de la variable "perceptions de disponibilité des ressources" (échantillon "DESS CAAE")................................................................... 294

Tableau 47 - Analyse factorielle après rotation oblimin directe de la variable "perceptions de disponibilité des ressources" (échantillon "DESS CAAE")................................... 295

Tableau 48 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions de disponibilité des ressources financières" (échantillon "DESS CAAE") .................................................................. 296

Tableau 49 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions de disponibilité des informations et conseils" (échantillon "DESS CAAE") ............................................. 296

Tableau 50 - Analyse factorielle de la variable "intention entrepreneuriale" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 298

Tableau 51 - Alpha de Cronbach de la variable "intention entrepreneuriale" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 298

Tableau 52 - Analyse factorielle de la variable "intention entrepreneuriale" (échantillon "DESS CAAE") .......................................................................................................... 299

Tableau 53 - Alpha de Cronbach de la variable "intention entrepreneuriale" (échantillon "DESS CAAE") .......................................................................................................... 300

Tableau 54 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport à l’existence d’une idée ou d’un projet d’entreprise (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise").................................................................................................................................... 307

Tableau 55 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport à l’existence d’une idée ou d’un projet d’entreprise (échantillon "DESS CAAE")......................... 308

Tableau 56 - Tri croisé "existence d’une idée ou d’un projet-échantillons" ..................... 309 Tableau 57 - Tri croisé "moment de naissance de l’idée ou du projet-échantillons" ........ 309 Tableau 58 – Tri croisé "moment de naissance de l’idée ou du projet-moyenne de intention

entrepreneuriale"......................................................................................................... 310 Tableau 59 - Tri croisé "origine de la naissance de l’idée ou du projet-échantillons" ...... 312 Tableau 60 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport à la recherche

d’informations (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") ................... 314

Tableau 61 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport à la recherche d’informations (échantillon "DESS CAAE") ............................................................. 315

Page 453: Intention Entrepreneuriale

450

Tableau 62 - Tri croisé "sources d’informations-échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise"" .............................................................................................................. 317

Tableau 63 - Tableau des correspondances "intention entrepreneuriale-renseignement des aspects de l’idée ou du projet" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") ... 318

Tableau 64 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale sur l’horizon de concrétisation de l’idée ou du projet (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise").................................................................................................................................... 319

Tableau 65 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport au besoin d’accomplissement (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") ................... 322

Tableau 66 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport au besoin d’accomplissement (échantillon "DESS CAAE") ...................................................... 323

Tableau 67 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport à la recherche de l’autonomie (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") ................... 324

Tableau 68 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport à la recherche de l’autonomie (échantillon "DESS CAAE") ............................................................. 325

Tableau 69 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux perceptions négatives des conséquences de la disparition de l’entreprise (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")............................................................................................ 326

Tableau 70 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux perceptions positives des conséquences de la disparition de l’entreprise (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")............................................................................................ 327

Tableau 71 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux perceptions négatives des conséquences de la disparition de l’entreprise (échantillon "DESS CAAE")....................................................................................................................... 328

Tableau 72 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux perceptions positives des conséquences de la disparition de l’entreprise (échantillon "DESS CAAE")....................................................................................................................... 329

Tableau 73 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport à la connaissance de modèles d’entrepreneur dans l’entourage immédiat (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 330

Tableau 74 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport à la connaissance de modèles d’entrepreneur dans l’entourage immédiat (échantillon "DESS CAAE") .......................................................................................................... 331

Tableau 75 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport à la connaissance de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")......................................................... 332

Tableau 76 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport à la connaissance de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat (échantillon "DESS CAAE") ...................................................................................... 332

Page 454: Intention Entrepreneuriale

451

Tableau 77 - Tri croisé "connaissance de modèles d’entrepreneur dans l’entourage immédiat-échantillons" ............................................................................................... 333

Tableau 78 - Tris croisé "connaissance de modèles d’entrepreneur dans l’entourage immédiat-moyenne de l’intention entrepreneuriale" .................................................. 334

Tableau 79 - Tri croisé "nombre de modèles d’entrepreneur dans l’entourage immédiat-échantillons"................................................................................................................ 334

Tableau 80 - Tri croisé "indicateurs de position et de dispersion du nombre de modèles d’entrepreneur dans l’entourage immédiat-échantillons" ........................................... 335

Tableau 81 - Tri croisé "lien de parenté ou d’amitié avec les modèles d’entrepreneur de l’entourage immédiat-échantillons"............................................................................ 336

Tableau 82 - Tri croisé "connaissance de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat-échantillons" ............................................................................................... 337

Tableau 83 - Tris croisé "connaissance de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat-moyenne de l’intention entrepreneuriale" .................................................. 337

Tableau 84 - Tri croisé "nombre de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat-échantillons" ............................................................................................... 338

Tableau 85 - Tri croisé "indicateurs de position et de dispersion du nombre de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat-échantillons" .............................. 338

Tableau 86 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais de la formation (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 341

Tableau 87 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")......................................................... 342

Tableau 88 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles (échantillon "DESS CAAE") ...................................................................................... 343

Tableau 89 - Tri croisé "nombre d’entreprises - échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise"" .............................................................................................................. 344

Tableau 90 - Tri croisé "nature du contrat de travail - échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise"" .............................................................................................................. 345

Tableau 91 - Tri croisé "type d’organisation - échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise"" .............................................................................................................. 346

Tableau 92 - Tri croisé "secteur d’activité - échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise"".................................................................................................................................... 347

Tableau 93 - Tri croisé "lieu de travail - échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise""... 348

Tableau 94 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport aux aptitudes entrepreneuriales acquises avec les responsabilités associatives (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")............................................................................................ 349

Page 455: Intention Entrepreneuriale

452

Tableau 95 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport aux aptitudes entrepreneuriales acquises avec les responsabilités associatives (échantillon "DESS CAAE")....................................................................................................................... 350

Tableau 96 - Tri croisé "statut associatif - échantillons .................................................... 351 Tableau 97 - Tri croisé "type de structure associative - échantillons ............................... 352 Tableau 98 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux perceptions

de disponibilité des ressources financières (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") .............................................................................................................. 354

Tableau 99 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux perceptions de disponibilité des informations et conseils (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") .............................................................................................................. 355

Tableau 100 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux perceptions de disponibilité des ressources financières (échantillon "DESS CAAE").................................................................................................................................... 356

Tableau 101 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux perceptions de disponibilité des informations et conseils (échantillon "DESS CAAE").................................................................................................................................... 357

Tableau 102 - Régression multiple de l’intention entrepreneuriale par rapport à toutes les variables quantitatives (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") ................... 360

Tableau 103 - Régression multiple de l’intention entrepreneuriale par rapport à toutes les variables quantitatives (échantillon "DESS CAAE") ................................................. 363

Page 456: Intention Entrepreneuriale

453

Tables des annexes Annexe 1 - La théorie VIE de V.H. VROOM (1995) ....................................................... 413 Annexe 2 - Questionnaire Ecoles de management et gestion et DESS entrepreneuriat et

création d’entreprise.................................................................................................... 415 Annexe 3 - Questionnaire DESS CAAE ........................................................................... 422 Annexe 4 - Répartition des deux échantillons selon l’âge................................................. 429 Annexe 5 - Analyse factorielle de la variable "besoin d’accomplissement" (échantillon

"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 430

Annexe 6 - Analyse factorielle après rotation oblimin directe de la variable "besoin d’accomplissement" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") ................... 431

Annexe 7 - Analyse factorielle de la variable "besoin d’accomplissement" (échantillon "DESS CAAE") .......................................................................................................... 433

Annexe 8 - Analyse factorielle de la variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") .............................................................................................................. 434

Annexe 9 - Analyse factorielle de la variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles" (échantillon "DESS CAAE").................................................................................................................................... 435

Annexe 10 - Analyse factorielle après rotation oblimin directe de la variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles" (échantillon "DESS CAAE") ...................................................................................... 436

Annexe 11 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") .............................................................................................................. 438

Annexe 12 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles" (échantillon "DESS CAAE").................................................................................................................................... 439

Annexe 13 - Diagrammes croisant la moyenne de l’intention entrepreneuriale et le moment de naissance de l’idée ou du projet ............................................................................. 440

Annexe 14 - Diagrammes croisant la moyenne de l’intention entrepreneuriale et la connaissance de modèles d’entrepreneur dans l’entourage immédiat ........................ 441

Annexe 15 - Diagrammes croisant la moyenne de l’intention entrepreneuriale et la connaissance de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat ........... 442

Annexe 16 – Exemples de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat.. 443 Annexe 17 – Corrélation multiple de l’ensemble des variables quantitatives................... 444

Page 457: Intention Entrepreneuriale

454

TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS................................................................................................................. 1 SOMMAIRE .......................................................................................................................... 3

INTRODUCTION GENERALE........................................................................................ 4

PARTIE I - COMPREHENSION DU PROCESSUS ENTREPRENEURIAL ET PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE........................................................................ 22

INTRODUCTION............................................................................................................ 23 CHAPITRE 1 - POSITIONNEMENT DE LA RECHERCHE DANS LE CHAMP DE L’ENTREPRENEURIAT ET PROBLEMATIQUE ........................................................................ 25

1.1. Un concept multiforme et controversé................................................................... 26 1.1.1. Des approches et des définitions ..................................................................... 26 1.1.2. Le positionnement de la recherche : une perspective processuelle ................. 29

1.2. La "trilogie" de la recherche dans le champ de l'entrepreneuriat ........................ 30 1.2.1. L'approche descriptive : les limites "économistes" dans l'élaboration du champ de l'entrepreneuriat .................................................................................................... 31 1.2.2. L'approche comportementale : l'amorce de l'entrepreneuriat comme véritable champ de recherche ................................................................................................... 33 1.2.3. L'approche processuelle : un affranchissement "rationnel" et irréversible du champ de l’entrepreneuriat ........................................................................................ 35

1.3. Des modèles processuels d'entrepreneuriat........................................................... 37 1.3.1. La forme générique du processus de création d’entreprise de C. BRUYAT (1993) ........................................................................................................................ 38 1.3.2. Le modèle du processus de création d'entreprise de W.D. BYGRAVE (1989a, 1989b)........................................................................................................................ 40 1.3.3. Le modèle stratégique d'entrepreneuriat de E.-M. HERNANDEZ (1999) ..... 42 1.3.4. Le modèle systémique du processus individuel d'émergence des entrepreneurs de J.-P. SABOURIN et Y. GASSE (1989 )............................................................... 45

1.4. L’intention entrepreneuriale : une phase en amont du processus entrepreneurial47 1.4.1. La problématique............................................................................................. 50 1.4.2. Le questionnement principal de la recherche : l'intention entrepreneuriale .... 53

1.4.2.1. Une volonté personnelle............................................................................ 55 1.4.2.2. Un processus cognitif ................................................................................ 57 1.4.2.3. Le décalage entre les logiques d'intention et d'action dans le processus de création d'entreprise ............................................................................................... 59 1.4.2.4. L'hypothèse de base : la stabilité à moyenne échéance de l'intention ....... 61

Conclusion du chapitre 1 .............................................................................................. 62 CHAPITRE 2 - L’ENTREPRENEUR : DES THEORIES ECONOMIQUES AUX APPROCHES INTERDISCIPLINAIRES ........................................................................................................ 65

2.1. Les pérégrinations socio-économiques de l’entrepreneur..................................... 67 2.1.1. Du personnage mythique …............................................................................ 68

2.1.1.1. L’organisateur de J.-B. SAY..................................................................... 70 2.1.1.2. Le preneur de risque.................................................................................. 72

2.1.2. ... qui s’estompe au détriment de l’organisation …......................................... 74 2.1.3. … et qui renaît avec J. SCHUMPETER.......................................................... 77

2.2. En synthèse de cette odyssée.................................................................................. 80 2.2.1. Une position confortée par une légitimité socio-économique ......................... 81

Page 458: Intention Entrepreneuriale

455

2.2.2. Vers deux nouvelles figures d'entrepreneur .................................................... 83 2.2.3. Les principales figures d’entrepreneur selon les évolutions socio-économiques................................................................................................................................... 85 2.2.4. Une acception de l’entrepreneur en adéquation avec le positionnement de la recherche.................................................................................................................... 86

2.3. L’intégration des approches interdisciplinaires : de l’analyse statique et disjointe à l’analyse dynamique et contingente........................................................................... 87

2.3.1. D'une conjonction de caractéristiques… ......................................................... 88 2.3.2. … au dynamisme des typologies ..................................................................... 89

2.3.2.1. Les typologies statiques ............................................................................ 91 2.3.2.2. Les typologies dynamiques ....................................................................... 93

Conclusion du chapitre 2 .............................................................................................. 97 CHAPITRE 3 - LE PROCESSUS ENTREPRENEURIAL AMONT : MOBILES ET FACTEURS CONTINGENTS.................................................................................................................. 100

3.1. L'imbrication des mobiles du processus entrepreneurial .................................... 101 3.1.1. Les mobiles économiques.............................................................................. 101 3.1.2. Les mobiles psychologiques.......................................................................... 102 3.1.3. Les mobiles socioculturels ............................................................................ 105

3.2. Des facteurs contingents ...................................................................................... 108 3.2.1. L'expérience professionnelle ......................................................................... 108 3.2.2. L'ancrage territorial ....................................................................................... 109 3.2.3. Les systèmes d'appui et de soutien à la création d'entreprise ........................ 111

3.2.3.1. Un appui financier dépendant de la nature de l'activité et de la taille de l'entreprise ............................................................................................................ 112

A. Le financement de proximité ....................................................................... 113 B. Le capital-risque........................................................................................... 115 C. Une singulière entrée dans le système éducatif............................................ 117

3.2.3.2. Les conseils et les formations : une intégration graduelle dans l’enseignement supérieur ..................................................................................... 118 3.2.3.3. Le soutien logistique : un requis organisationnel.................................... 119 3.2.3.4. Les perspectives d’évolution................................................................... 121

Conclusion du chapitre 3 ............................................................................................ 123

PARTIE II - UN MODELE DE L'INTENTION ENTREPRENEURIALE A TRAVERS UN PROCESSUS MARQUE PAR DES PROGRAMMES OU DES FORMATIONS EN ENTREPRENEURIAT................................................................ 125

INTRODUCTION.......................................................................................................... 126 CHAPITRE 4 - UN CADRE GENERAL D'ANALYSE DE L’ENSEIGNEMENT DE L’ENTREPRENEURIAT EN FRANCE.................................................................................... 128

4.1. Dualité du système d’enseignement supérieur français : diversité des valeurs sociales et "marchandes" des diplômes ...................................................................... 130

4.1.1. Le diplôme des grandes écoles : un système de différence sociale ............... 131 4.1.2. L’accès aux fonctions dirigeantes et à responsabilité des diplômés en gestion................................................................................................................................. 133

4.2. Une adaptation croissante du système éducatif supérieur à l’enseignement de l’entrepreneuriat ......................................................................................................... 134 4.3. Un historique de l’enseignement de l’entrepreneuriat dans les établissements supérieurs français ..................................................................................................... 135 4.4. Des objectifs et des pédagogies à un triple niveau d'intervention....................... 138

Page 459: Intention Entrepreneuriale

456

4.4.1. Les enseignements d’éveil et de sensibilisation ............................................ 139 4.4.2. Les programmes et les formations de spécialisation ..................................... 140 4.4.3. Accompagnement et appui des porteurs de projets ....................................... 142

4.5. Vers des approches transversales déployant des pédagogies par projet ............ 143 4.5.1. Les approches d’enseignement : transversalité versus fonctionnalité ........... 144 4.5.2. Les pédagogies par projet axées sur les attitudes et les perceptions ............. 146

4.6. Pour un corps enseignant universitaire spécialisé .............................................. 147 4.7. Analyse de l’enseignement de l’entrepreneuriat dans les établissements de gestion de l’enseignement supérieur en France...................................................................... 149

4.7.1. Le cadre d’analyse de J.-P. BECHARD (2000) ............................................ 149 4.7.2. Elaboration d’un cadre général d'analyse de l’enseignement de l’entrepreneuriat combinant les phases d’enseignement, les objectifs et les pédagogies ............................................................................................................... 151

Conclusion du chapitre 4 ............................................................................................ 154 CHAPITRE 5 - LE CADRE THEORIQUE DE REFERENCE ....................................................... 157

5.1. Le cadre théorique de la recherche ..................................................................... 159 5.1.1. Le cadre général de la recherche : le modèle de la formation de l'événement entrepreneurial de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982).......................................... 162

5.1.1.1. Les perceptions de désirabilité ................................................................ 164 5.1.1.2. Les perceptions de faisabilité .................................................................. 164

5.1.2. La théorie du comportement planifié de I. AJZEN (1991)............................ 165 5.1.2.1. Les attitudes associées au comportement................................................ 167 5.1.2.2. Les normes subjectives ........................................................................... 168 5.1.2.3. Les perceptions du contrôle comportemental ......................................... 168

5.2. Deux modèles intégratifs de l'intention entrepreneuriale fondés sur la théorie du comportement planifié ................................................................................................ 171

5.2.1. Le modèle de N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993).......................... 172 5.2.2. Le modèle de E. AUTIO et alii (1997).......................................................... 173

Conclusion du chapitre 5 ............................................................................................ 175 CHAPITRE 6 - PROPOSITION D'UN MODELE DE L'INTENTION ENTREPRENEURIALE............. 177

6.1. Définitions et acceptions des variables explicatives de l'intention entrepreneuriale et hypothèses de recherche ......................................................................................... 178

6.1.1. Les attitudes associées au comportement ...................................................... 181 6.1.1.1. L'idée ou le projet d’affaire ..................................................................... 183 6.1.1.2. La recherche d’informations ................................................................... 185

6.1.2. Les normes subjectives.................................................................................. 186 6.1.2.1. Les motivations de l'intention entrepreneuriale ...................................... 188 6.1.2.2. La propension à la prise de risque : les perceptions des conséquences de la disparition de l’entreprise..................................................................................... 192 6.1.2.3. La connaissance de modèles d'entrepreneur ........................................... 194

6.1.3. Les perceptions du contrôle comportemental................................................ 196 6.1.3.1. Les perceptions des aptitudes entrepreneuriales ..................................... 197

A. Les formations et programmes spécifiques en entrepreneuriat ou en création d’entreprise ....................................................................................................... 198 B. Les expériences professionnelles et associatives ......................................... 199

6.1.3.2. Les perceptions de l’accessibilité aux ressources .................................. 201 6.2. Un modèle explicatif de l'intention entrepreneuriale .......................................... 201 Conclusion du chapitre 6 ............................................................................................ 203

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PARTIE III - METHODOLOGIE EMPIRIQUE, RESULTATS ET ANALYSES.. 205 INTRODUCTION.......................................................................................................... 206 CHAPITRE 7 - LA METHODOLOGIE EMPIRIQUE : UNE DEMARCHE HYPOTHETICO-DEDUCTIVE INSCRITE AU SEIN DE LA METHODE DE G.A. CHURCHILL (1979) ................................. 207

7.1. Pourquoi avoir choisi une démarche hypothético-déductive appuyée sur une approche qualitative ? ................................................................................................ 210 7.2. Une adaptation de la méthode de G.A. CHURCHILL (1979) ............................. 212

7.2.1. La phase exploratoire .................................................................................... 214 7.2.1.1. Spécification du domaine du construit .................................................... 214 7.2.1.2. Génération d'un échantillon d'items ........................................................ 215 7.2.1.3. Collecte des données ............................................................................... 215 7.2.1.4. Purification de l'instrument de mesure .................................................... 216

7.2.2. La phase de validation ................................................................................... 216 7.2.2.1. Collecte des données ............................................................................... 216 7.2.2.2. Estimation de la fiabilité et de la validité................................................ 217 7.2.2.3. Développement de normes ...................................................................... 217

7.3. L’enquête qualitative : les consultations d’experts ............................................. 218 7.4. Le double test du projet de questionnaire............................................................ 219 7.5. Elaboration du questionnaire .............................................................................. 221

7.5.1. Présentation de l’objet de l’enquête............................................................... 222 7.5.2. Les instruments de mesure : des emprunts et des constructions personnelles................................................................................................................................. 223

7.5.2.1. Les expériences de travail ....................................................................... 224 7.5.2.2. Les centres d’intérêt associatifs .............................................................. 226 7.5.2.3. Les modèles d’entrepreneur .................................................................... 227 7.5.2.4. Le cursus entrepreneurial ........................................................................ 228 7.5.2.5. Les attitudes entrepreneuriales ................................................................ 230 7.5.2.6. Les motivations de concrétisation........................................................... 232 7.5.2.7. La disponibilité des ressources................................................................ 235 7.5.2.8. Le choix de carrière................................................................................. 236

7.5.3. La fiche signalétique...................................................................................... 239 7.6. Méthode d’échantillonnage et composition des populations observées .............. 240

7.6.1. La population de référence : un échantillon de convenance.......................... 242 7.6.2. L’échantillon témoin : la quête d’une homogénéité comparative ................. 244 7.6.3. L’optimalité de la taille des échantillons....................................................... 245

7.7. Procédure de recueil des données : une auto-administration assistée................ 246 Conclusion du chapitre 7 ............................................................................................ 247

CHAPITRE 8 - CARACTERISTIQUES DESCRIPTIVES ET ANALYSES D’HOMOGENEITE .......... 249 8.1. Les données socio-démographiques .................................................................... 249

8.1.1. Le sexe........................................................................................................... 250 8.1.2. L’âge.............................................................................................................. 250 8.1.3. Le pays ou la région d’origine....................................................................... 251 8.1.4. Le cursus antérieur......................................................................................... 252 8.1.5. Le type de formation...................................................................................... 254 8.1.6. Les raisons de l’intégration des formations................................................... 254

8.2. L’homogénéité des échelles ................................................................................. 257 8.2.1. La dimensionnalité ........................................................................................ 257 8.2.2. La fiabilité .................................................................................................... 259

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8.3. Les tests et les analyses de condensation des échelles ........................................ 260 8.3.1. La variable "recherche d’informations" ........................................................ 262 8.3.2. La variable "aspects de l’idée ou du projet d’entreprise" .............................. 266 8.3.3. La variable "besoin d’accomplissement" ...................................................... 269 8.3.4. La variable "recherche de l’autonomie" ........................................................ 272 8.3.5. La variable "propension à la prise de risque" ................................................ 275 8.3.6. La variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais de la formation" ....................................................................................................... 282 8.3.7. La variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles" ........................................................................... 285 8.3.8. La variable "perceptions de disponibilité des ressources"............................ 289 8.3.9. La variable "intention entrepreneuriale"........................................................ 297

Conclusion du chapitre 8 ............................................................................................ 300 CHAPITRE 9 - UN MODELE DE L’INTENTION ENTREPRENEURIALE VALIDE DANS UN CONTEXTE DE L’ENSEIGNEMENT DE L’ENTREPRENEURIAT............................................... 302

9.1. Les méthodes explicatives et prédictives utilisées ............................................... 303 9.1.1. L’analyse de régression simple...................................................................... 303 9.1.2. L’analyse de la variance à 1 facteur .............................................................. 304 9.1.3. La corrélation................................................................................................. 305

9.2. Les tests et les analyses de validation des hypothèses......................................... 306 9.2.1. Les effets des attitudes associées au comportement sur l’intention entrepreneuriale ....................................................................................................... 306

9.2.1.1. L’influence de l’existence d’une idée ou d’un projet.............................. 306 9.2.1.2. L’influence de la recherche d’informations ............................................ 313

9.2.2. Les effets des normes subjectives sur l’intention entrepreneuriale ............... 320 9.2.2.1. L’influence des motivations psychologiques .......................................... 321 9.2.2.2. L’influence de la propension à la prise de risque.................................... 325 9.2.2.3. L’influence de la connaissance de modèles d’entrepreneur.................... 329

9.2.3. Les effets des perceptions du contrôle comportemental sur l’intention entrepreneuriale ....................................................................................................... 339

9.2.3.1. L’influence des perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais de la formation............................................................................................. 340 9.2.3.2. L’influence des perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles ................................................................. 341 9.2.3.3. Influence des aptitudes entrepreneuriales acquises avec les responsabilités associatives........................................................................................................... 348

9.2.4. Influence des perceptions de disponibilité des ressources sur l’intention entrepreneuriale ....................................................................................................... 352 9.2.5. Les effets concomitants des variables quantitatives sur l’intention entrepreneuriale ....................................................................................................... 358

9.3. Un modèle explicatif et prédictif de l’intention entrepreneuriale testé dans le cadre de l’enseignement de l’entrepreneuriat ............................................................ 364 Conclusion du chapitre 9 ............................................................................................ 366

CONCLUSION GENERALE......................................................................................... 368 BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................... 382 ANNEXES ........................................................................................................................ 412 TABLES DES FIGURES....................................................................................................... 446 TABLES DES TABLEAUX................................................................................................... 447

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TABLES DES ANNEXES ..................................................................................................... 453