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Histoire des idées et des formes LES ARTS POETIQUES Qu’est-ce qu’un art poétique ? ART Il faut penser « art » comme « métier » ou encore « ouvrage ». C’est un ouvrage théorique, une méthode, une technique pour écrire. Son résultat doit être une réussite, un mode d’emploi de la littérature. Ceci remonte à loin dans l’Antiquité. Depuis que la littérature existe on a besoin de faire le point. POETIQUE (et non poésie). 1er sens : poésis (grec) vient de faire, agir et donc produire, créer, agir sur un matériau du langage, de l’expression pour créer. La poésie est donc ce qui se fait, se refait avec les mots (la fiction, la fable). C’est donc approximativement un synonyme de littérature, car il y a une recréation de la réalité par le moyen des mots, la technique de l’écriture. La poésie comme la prose, le théâtre comme l’épopée entrent dans les arts poétiques. Les grands moments 16ème et 17ème siècles. Ce sont les siècles du classicisme. L’art poétique est nécessaire pour définir une esthétique, une orientation créative. Il y a eu plusieurs arts poétiques à une époque, ils deviennent alors un genre théorique. C’est une conception qui oppose un art et une méthode pour produire un art littéraire. Ceci va aboutir sur une émergence de la critique littéraire. Attention la critique est à prendre en tant que « fonction critique », elle n’est pas fondamentalement négative, c’est la capacité à comprendre les œuvres, la faculté d’interpréter, d’avoir une certaine vision des œuvres. Les arts poétiques sont souvent normatifs. On a cru qu’on pouvait mettre en ordre la littérature jusqu’à une certaine époque. Mais la méthode ne suffit pas. Un écrivain n’est pas seulement bon qu’avec des règles. Ceci est vrai surtout au 17ème siècle où on a foi dans la réalité (c’est le deuxième grand moment). 19ème siècle Il y a un combat contre le classicisme. 20ème siècle La critique entre en crise. La manière dont les théoriciens rendent compte de la théorie littéraire Certains au fil de l’écriture sans ouvrage théorique de base. Par exemple La Fontaine dans ses Fables développe une théorie de la fable. En effet chaque livre est ouvert par un poème qui parle de l’art de la fable. A cette époque la fable n’est pas un genre littéraire –on l’utilise pour son caractère didactique dans les versions, Phèdre est totalement oublié. La Fontaine a donc une volonté de donner un statut élevé à la fable par sa théorisation. Un auteur peut aussi écrire une préface pour se justifier. La Fontaine

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Histoire des idées et des formes LES ARTS POETIQUES

Qu’est-ce qu’un art poétique ?ART Il faut penser « art » comme « métier » ou encore « ouvrage ». C’est un ouvrage théorique, uneméthode, une technique pour écrire. Son résultat doit être une réussite, un mode d’emploi de lalittérature.Ceci remonte à loin dans l’Antiquité. Depuis que la littérature existe on a besoin de faire le point.POETIQUE (et non poésie). 1er sens : poésis (grec) vient de faire, agir et donc produire, créer, agir surun matériau du langage, de l’expression pour créer.La poésie est donc ce qui se fait, se refait avec les mots (la fiction, la fable).C’est donc approximativement un synonyme de littérature, car il y a une recréation de la réalité parle moyen des mots, la technique de l’écriture.La poésie comme la prose, le théâtre comme l’épopée entrent dans les arts poétiques.

Les grands moments16ème et 17ème siècles. Ce sont les siècles du classicisme.L’art poétique est nécessaire pour définir une esthétique, une orientation créative.Il y a eu plusieurs arts poétiques à une époque, ils deviennent alors un genre théorique.C’est une conception qui oppose un art et une méthode pour produire un art littéraire. Ceci vaaboutir sur une émergence de la critique littéraire. Attention la critique est à prendre en tant que« fonction critique », elle n’est pas fondamentalement négative, c’est la capacité à comprendre lesœuvres, la faculté d’interpréter, d’avoir une certaine vision des œuvres.Les arts poétiques sont souvent normatifs. On a cru qu’on pouvait mettre en ordre la littératurejusqu’à une certaine époque. Mais la méthode ne suffit pas. Un écrivain n’est pas seulement bonqu’avec des règles.Ceci est vrai surtout au 17ème siècle où on a foi dans la réalité (c’est le deuxième grand moment).19ème siècleIl y a un combat contre le classicisme.20ème siècleLa critique entre en crise.

La manière dont les théoriciens rendent compte de la théorie littéraireCertains au fil de l’écriture sans ouvrage théorique de base.Par exemple La Fontaine dans ses Fables développe une théorie de la fable. En effet chaque livre estouvert par un poème qui parle de l’art de la fable. A cette époque la fable n’est pas un genrelittéraire –on l’utilise pour son caractère didactique dans les versions, Phèdre est totalement oublié.La Fontaine a donc une volonté de donner un statut élevé à la fable par sa théorisation.Un auteur peut aussi écrire une préface pour se justifier. La Fontaine justifie ainsi l’utilisation de lafiction pour illustrer des choses qui existent (on doit percevoir le réel à travers ces anodines histoiresd’animaux). Pour lui, le caractère facile des fables fait mieux passer leur fond. C’est une façon decritiquer de manière détournée.Ceux qui écrivent un art poétique tournent autour de l’œuvre : ils utilisent des ressources à la foishistoriques et théoriques. C’est donc une poétique appliquée au fil de la plume et de la création. Sonbut est un soutien à la création d’une œuvre originale.On peut créer un art poétique en passant son temps à critiquer les autres auteurs.Par exemple Malherbes (Fin du 16ème siècle –est mort en 1628) est un des prometteurs del’esthétique classique et a engagé une REFORME (de la poésie et du langage français) sans pourtantécrire aucun ouvrage poétique. On possède seulement un ouvrage d’un de ses prédécesseurs queMalherbes a rigoureusement annoté.

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Pour lui l’héritage de la Pléiade n’est pas à prendre dans sa totalité. Il a donc une démarche critiqueet fonde une école de jeunes poètes à qui il donne des leçons.L’art poétique de Malherbes se définit donc comme une critique négative, une critique critiquant : ildonne des leçons et les met en pratique sur une œuvre.Cet art poétique donne lieu à une polémique.En effet Malherbes donne naissance à une des fonctions critiques : SEPARER LE BON & LE

MAUVAIS.On s’oriente alors vers une vision polémique de l’écriture.Pour lieu il faut critiquer les mauvais auteurs, éliminer ce que sont les autres pour faire quelquechose de nouveau.Cette démarche était aussi celle d’Horace, Aristote, Du Bellay et même de Sartre dans Qu’est -ce quela littérature ?Une toute autre manière de faire : examiner après coup ses propres ouvragesC’est la démarche adoptée par Corneille, un auteur de tragédies (Médée en 1635) qui sont destranscriptions du genre antique.La tragédie devient alors le Grand Genre Théâtral, celui sur lequel on va théoriser.Cependant Corneille a du mal à se maintenir dans le carcan des règles classiques, il va tout d’abordles dépasser pour y rentrer en 1640, après la Querelle du Cid, et éprouve le besoin de clarifier ladémarche de son écriture.Il entre alors dans le détail de sa démarche. Elle est pour lui l’expression d’une tragédie riche mais ildépasse cependant la vision d’Aristote. Celui-ci soutenait en effet que la tragédie doit remuer lespassions : la crainte et la pitié/compassion. Corneille reste d’accord sur ce point mais ajoute unepassion, celle de l’admiration (admiration des héros, une vision presque stoïque de l’homme). C’estainsi, en incluant ces trois passions fondamentales, que l’on peut écrire une tragédie.Corneille fait un examen critique de ses œuvres : il compose ainsi un art poétique.La dernière méthode examinée : écrire un texte spécifique sur l’art littéraire.Il existe beaucoup de textes théoriques appelés arts poétiques et qui vont marquer.

Résumons les grandes étapes de la théorie littéraire… Dans l’Antiquité : les deux auteurs qui ont influencé Du Bellay, et les écrivains du

17ème et19ème siècle, sont Aristote et Horace.Aristote a écrit La Poétique et Horace L’épître aux Pisons.Au 16ème siècle on s’appuie sur ces arts théoriques.Ce n’est pas seulement une recherche de la poétique mais une recherche savante des moyenstechniques : c’est une théorie normative.Défense et illustration de la langue française 1549 est le premier art poétique moderne. 16ème siècle naissance de la critique littéraire française autour d’un art poétique

des plusconnus : La défense et l’illustration de la langue française de Du BellayIl fait la critique de tous ses prédécesseurs et y ajoute des méthodes, des normes pour écrire. Il y adonc un renouveau littéraire en France, c’est le début des poètes de la Pléiade.Il fait la différence entre ce qu’il appelle les Anciens et les Modernes.Il veut fonder, en particulier avec Ronsard, une littérature nationale (française et non en latin) car àcette époque résidait la question prépondérante de savoir s’il fallait ou non écrire en latin pour êtreun bon écrivain.On assiste alors à un phénomène de basculement, on se met à avoir confiance en la langue françaisepour une littérature ne pouvant plus soutenir la langue latine.Ce principe avait déjà été développé par Horace, il fallait trouver les secrets de l’écriture et lestransposer. On le reprend, il faut imiter les anciens, s’imprégner de la démarche antique et latransposer de manière créative.Cependant beaucoup de genres brillent par leur absence.Il faut donc un enrichissement puis une transposition. Du Bellay veut un bouleversement complet dela littérature française et de la démarche poétique. Il veut restaurer l’élan poétique par la théorie de

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l’inspiration (comme le préconisait Platon) : le poète a une vocation, c’est un homme spécial capablede sentir les messages inaudibles de forces supérieures, il est inspiré des Dieux.Ceci est appelé au 16ème siècle la Théorie de l’enthousiasme.Il prône un art soit élaboré soit simple. La poésie est senti dans le cadre de la possession (elle estreprise par Hugo le « poète-mage »). Cette théorie se réintroduit donc et s’oppose à une autre visiondes choses (le 17ème siècle est le siècle de la régularité, on se méfie de l’inspiration).Les auteurs de la Pléiade reviennent tout de même un peu aux éléments du réel. Mais ils ont intégréà l’art poétique français cette dimension d’être au-dessus de la réalité. Il y a donc à cette époque unessor considérable de la poésie et de l’écriture.En effet au Moyen-Age les écrivains sont des hommes de métier avec un patron, et avaient besoind’un entretien pour vivre (secrétaires…), tandis qu’avec la Pléiade la littérature devient une vocation,un métier, une nouvelle voix (la plupart des écrivains sont de la noblesse d’où résultait deux voix : lesarmes et la religion. Ils en créent donc une nouvelle voix : l’écriture).Le texte de Du Bellay est un point focal, un appui pour l’évolution de la littérature. 17ème siècleOn a enrichit la langue et la littérature.Une aspiration différente se fait sentir : celle de la raison, de l’ordre, de la clarté, de la netteté, de ladouceur.Le contexte de l’époque est la fin des guerres civiques, un retour à la paix, la monarchie dirigée parHenri IV, une volonté de promouvoir un retour à la prospérité.C’est aussi l’époque de la Réforme de Malherbes à l’encontre de la Pléiade. Il faut faire parler laraison plutôt que des épanchements de l’inspiration.On arrive donc à une poésie différente.Malherbes est accusé de réduire la poésie, la comprimer. C’est une autre période de la théorielittéraire.Il arrive en 1674 la synthèse de Boileau dans son ouvrage Art Poétique : différence entre ce qu’il fautgarder et jeter. Malherbes fait donc un panorama de la littérature.Il fait la synthèse de son époque (il a une démarche différente de Du Bellay qui veut une révolution).Il y a donc une vision de la régularité au 17ème siècle, qui vient directement d’une inspiration destextes d’Aristote.Puis Boileau fait la synthèse de l’art classique. 18ème siècleOn assiste à la fin 17ème siècle à la Querelle des Anciens et des Modernes qui traduit une oppositionentre les auteurs très anciens et les contemporains.L’enjeu de cette querelle est de constater la capacité ou non de la littérature française à atteindre lemême sommet que les littératures grecque ou latine.Boileau et La Fontaine qui sont partisans des Anciens ne le pensent pas.Les Modernes défendent le statut littéraire moderne comme ayant atteint les littératures anciennes,comme par exemple Charles Perrault.Il y a une sorte de confiance dans la capacité de la langue et de la littérature française à avoir sapropre autonomie.Au centre du 18ème siècle apparaît la Novation. Il faut s’arrêter pour l’apport de Diderot (qui orientela littérature sur un principe qui serait pour lui fondamental : l’émotion), et du rationalisme.Les années 1750 sont donc les années de la sensibilité. 19ème siècleIl y a un travail sur la question de l’opposition Classicisme/Romantisme.En particulier Victor Hugo (qui a écrit de nombreux ouvrages théoriques mais dont on retiendra laPréface de Cromwell).Selon lui il ne faut pas différencier la tragédie et la comédie, on peut les mêler en une seule pièce ; ilprône donc le mélange des genres et s’oppose ainsi au Classicisme.Lors de la deuxième partie du 19ème siècle se développe une nouvelle vision critique.

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Les théoriciens théorisent et utilisent de nouvelles méthodes scientifiques pour examiner lalittérature. La littérature est alors comparée à l’histoire naturelle (on transpose l’évolution deDarwin que la théorie littéraire).Il y a un renouveau de l’histoire littéraire. 20ème siècleUne nouvelle approche avec le surréalisme et l’introduction de l’inconscient dans l’inspiration.On fait parler les profondeurs de l’être (Racine l’avait déjà ébauché) avec les outils de lapsychanalyse.

L’APPLICATION DE L’ANTIQUE DANS LA THEORISATION FRANCAISE DE L’ARTPOETIQUEL’Antique décrit, explique la littérature mais permet aussi de juger.Il faut donc que nous regardions les ouvrages d’Aristote et d’Horace dont ce sont inspirés lesthéoriciens français.Aristote (384-322 avant J-C) est un philosophe considérable, qui travaille dans tous lesdomaines de la vie et de l’existence.Il y a un intérêt pour la littérature et l’art d’écrire : il écrit à ce sujet La Rhétorique et La Poétique quiont des impacts considérables sur la littérature française et l’art de penser (éloquence).Cet art poétique est complété par Cicéron chez les latins.Il y a eu un impact sur la pensée occidentale qui sera inspirée de la pensée grecque.La Rhétorique :1er aspect :Ouvrage sur l’art de persuader, qui s’adresse à l’art de l’éloquence orale. Explique comment unorateur peut persuader son auditoire.Au 17ème siècle la rhétorique classique ressuscite cet art de l’éloquence.2ème aspect :La rhétorique est devenue une seconde nature chez l’écrivain. On ne créé en effet pas à partir derien. La marque de la rhétorique se fixe alors dans l’écriture.L’art oratoire, l’éloquence, la rhétorique inspirent encore nos comportements.Il y a plusieurs éléments importants : le premier est dans la nature du discours employéIl existe trois types de discours :_le discours judiciaire (discours d’un avocat)_le discours délibératif (discours d’un homme politique)_le discours épidictique (blâmer ou louer… une oraison funèbre…)CPDT on peut mêler les différents discours mais il y a toujours une orientation dominante. On fait unusage particulier du discours pour une efficacité. Un élément fondamental : les différentes parties de la rhétorique.Elles sont définies par des rhétoriciens antiques.Aristote définit l’ordre des phénomènes et des évènements à énoncer quand on se met à créer. Ceciest inscrit à présent dans la vision occidentale.1. Invention : connaître, trouver les choses avant de les exprimer!!! Les surréalistes sont contraires à cette vision, on doit cibler les choses de l’inconscient.2. Organiser : la disposition.Ou « faire un plan ».La disposition doit être très normée pour par exemple le discours d’avocat : l’exergue –accrocher lepublic, avoir sa bienveillance, faire la proposition –avancer le sujet, disposition –ordre, narration –recherche des faits, argumentation (il y a encore sur l’argumentation une théorie : soit les faits sontnets et le résultat est facile ; soit on travaille par réduction et déduction THEORIE DU SYLLOGISME –c’est une fonction en trois temps pour obtenir un résultat) et développer des arguments affectifs :différence entre PATHOS –faire intervenir le public, et ETHOS –l’orateur se met en scène lui-même, ildoit être perçu comme un personnage fiable VIR BONUS DICENDI PERIUS), la réfutation –prendre en

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compte des objections et avancer des arguments contraires pour faire avancer la pensée, et enfin larécapitulation – qui est la fin du discours, où il faut entraîner à l’adhésion finale.3. L’élocutionC’est dire ou écrire son discours.Il doit être inscrit dans un ordre, ceci est développé dans tous les Arts Poétiques.4. La mémoriaApprendre par cœur son discours. Le discours ne doit pas être sur un papier. Il y a une méthode pourapprendre à mémoriser, Aristote donne des exemples.5. L’actionEst la manière d’exprimer son discours (position, gestes, paroles…).La Rhétorique cadre en plus le fonctionnement de la parole par le texte persuasif et l’orateur devantson public.Beaucoup d’auteurs se sont inspirés de cet ouvrage.

La Poétique examine la création littéraire qui l’a précédé.Il y a deux grands genres :_l’épopée d’Homère_la tragédie d’EuripidePourquoi le développement de cette littérature a-t-il marché ?Car au 16ème siècle on incite les auteurs français à une imitation.Pourquoi ne parle-t-on pas de la comédie ?La partie de cet ouvrage en aurait peut-être traité. Un auteur moderne, Umberto Eco avec Le nomde la rose , qui traite du rire et de ses dangers.Le principe essentiel de La Poétique est celui de la mimésis, le principe d’imitation. L’œuvre littéraireest alors une transposition de la réalité dans la vie. Il faut se baser sur la réalité de la vie (ceci estrepris par Horace, Stendhal « un miroir promené le long d’une route permet d’écrire un roman »). Lamimésis est la représentation de la nature humaine, des passions telles que l’homme les voit.Mais sur un plan technique, on peut se passer d’un art de l’imitation de la réalité elle-même maiscelle qui crée du plaisir par la reconnaissance de phénomènes.Il pose en plus le principe de la CARTHASIS (purgation) pour la tragédie qui créé de la pitié et de lacrainte.

La théorie littéraire naît souvent de la lecture de la critique littéraire.La théorisation littéraire et la critique littéraire sont des éléments féconds de la création.Sur 2000 ans d’histoire de la littérature naît une théorisation : il y a des jugements, des critiques, desécoles sont créées.C’est donc un phénomène actif de la théorie littéraire.Il y a un travail sur la littérature, une envie de faire vivre un patrimoine.

TRAVAIL SUR L’ART POETIQUE D’HORACE (65 avant J-C, 08 après J-C) : l’Epître auxPisons

Cet art poétique a inspiré beaucoup d’écrivains, les commentateurs, les théoriciens…Il écrit à l’époque classique latine ou autrement dit le Grand Siècle. Il y a également Virgile (qui écritde la très haute poésie dans des épopées comme l’Eneide qui est une reproduction des épopéesgrecques).Horace est lui placé au niveau des poètes modérés.En effet il illustre des genres comme l’Ode (pour les grecs ce genre est soit splendide, élevé commeavec Pindare soit plus simple comme avec Anacréon qui écrit des poèmes libres destinés à célébrerdes évènements). Horace, lui, les écrit sous forme de chants lyriques, élégiaques, idylliques. Il faitaussi des épîtres, des satires.Ces modèles seront par ailleurs repris aux 16ème et 17ème siècles.

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Mais il thématise et théorise énormément aussi.Son art poétique est contenu dans la dernière de ses épîtres, écrite en fin de parcours.Il faut savoir que la littérature latine, avant qu’elle ne se renforce, était dans un état d’attente avecune certaine pauvreté créative. Horace veut un mouvement d’enrichissement et pusse alors àl’imitation des grecs.Les romains ont en effet une puissance militaire mais doivent se forger une culture. Il faut donc selonHorace une greffe du monde grec sur le monde romain mais il faut que cette création soit originale. Ilfaut imiter avec originalité et créativité.Les romains auront cependant bien du mal à transposer la tragédie (seul Sénèque ose en 60 après J-Cavec la tragédie noire).Il faut savoir qu’Horace dans son art poétique insiste lourdement sur le théâtre.Horace examine dedans les œuvres de son époque et ses propres œuvres et pose des principes.Le texte est écrit sur le ton de la conversation, l’aspect en est un peu décousu. Mais des principesimportants sont déployés. Cette lettre est rapidement considérée comme l’Art Poétique d’Horace.C’est un auteur de satyre, il a donc une critique assez satyrique dans sa lettre des autres auteurs.Sa lettre est la base des autres Arts Poétiques : par la description, les critiques (séparer les œuvres,promouvoir le bon), sa fonction normative (fixer des règles fondamentales) et sa fonction incitative(pour que les jeunes auteurs fassent de même).Il prône une certaine régularité par rapport à la réalité. Principe de cohérence=ne pas associer douceur et brutalité, ne pas brusquer les spectateurs.Il faut rechercher ce qui est approprié, juste. On recherche donc le juste-milieu, appelé la MédiocritéDorée.Par exemple dans l’éloquence on peut avoir envie d’être concis mais attention il ne faut pasd’obscurité, de raffinement où l’on peut manquer de force, du sublime où on peut aller dansl’enflure. On doit être proportionné à ses propres forces.Horace adapte le principe de cohérence à soi-même.Si on choisit un sujet qui nous convient Horace part du principe qu’il y a aura abondance et non unelimite, peu convaincant…Puis Horace reprend des éléments de la rhétorique… Il faut être convaincu, pris par ce que l’on dit : c’est le besoin de sincéritéDoit-on vraiment parler de soi pour créer ? Horace part de cette affirmation.ATTENTION il n’est pas question d’autobiographie, seulement de présence de l’auteur dans l’œuvre(se référer au débat entre Proust et Sainte-Beuve. Sainte-Beuve part du fait que l’auteur s’inscritdans son livre et Proust rétorque que « je est un autre ». Ce débat provient certainement d’Horace.Il y a ensuite la théorie structuraliste : l’auteur n’existe plus dans le texte depuis les années 80 où ilfaut rétablir les contextes pour comprendre une œuvre.On se pose donc la question de la place de l’auteur par rapport à son œuvre. Or pour Horace on nepeut créer si on n’est pas à la source de l’œuvre. Une grande importance donnée au savoir et au travailil faut selon lui connaître les choses de la vie, de la cité « tu observes la vie et les hommes comme unmiroir. Tu reproduis ce que tu auras vu et l’œuvre d’art sera l’image même de la vie ».C’est une certaine conception de l’imitation. Horace souligne l’importance entre le lien littéraire et lavie elle-même, ce qui est différent d’Aristote (il faut pour lui imiter et exagérer). En effet Horace estplus modéré (il faut selon lui observer et ainsi le public pourra à son tour lire la vie dans l’œuvred’art).De plus, il faut savoir que son thème du miroir sera repris par de nombreux auteurs : Stendhal,Flaubert, les réalistes, les naturalistes…

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Victor Hugo le reprend mais le modifie légèrement. Pour lui, le miroir censé représenter la réalitédevient dans les mains d’un artiste un vitrail (dont les rayons déviés permettent de donner vie à uneœuvre d’art).Cette conception est contraire à cette d’Horace qui prône l’exact « UT PICTURA POESIS » (la poésiecomme une peinture).Horace énonce ainsi un principe de base : il faut que l’auteur ait une connaissance de ce qui existe. Le Manifeste du Surréalisme est donc anti-horacien. Cependant Desnos a beau prônerl’hypnose, il écrit des sonnets en alexandrins. Il y donc la marque d’un certain travail. Undébat peut être lancé : cette œuvre d’art sortirait-elle ou non du travail ? quelle est la partdu travail dans l’art ?On peut y répondre par les deux aspects :_que du travail : ce n’est pas de l’art. Dans le cas de la poésie, ce sont seulement desrimeurs mais certainement pas des poètes.Horace réfléchit sur cette complémentarité entre le travail et ce qui surgit de l’être et prôneune alliance NATURE (ce qui vient spontanément) / CULTURE (ce qui vient du travail et del’effort). Il faut selon Horace les deux « …ni le génie sans culture », une association au sein del’homme.Il fait alors une promotion du travail « repolir vingt fois votre ouvrage », cette phrase sera entre autrereprise par Boileau « reposez cent fois sur le métier votre ouvrage ».On peut citer en exemple Flaubert qui mettait environ cinq ans pour écrire un roman.Au 17ème siècle on instaure le genre poétique de l’impromptu : sur un poème donné il fallait écrirerapidement un poème, on prône l’ordre de la virtuosité (peut-on parler de génie ou a-t-on tellementtravaillé avant que l’on peut improviser ?).Horace déclare « pensez votre sujet, après les mots pour le dire arriveront d’eux-mêmes » (cettemaxime est également reprise par Boileau) : il faut donc un équilibre, une cohérence, un juste milieu.Cette conception est différente de celle du « génie » prônée par Platon. Le théâtreHorace instaure, ébauche la réforme qui sera suivie au 17ème siècle par les Classiques.Le théâtre romain n’étant pas assez riche, Horace préconise d’imiter les grecs.Il donne donc des méthodes, dont une particulièrement intéressante : il faut mettre en scène descaractères selon le principe de la convenance. Il y a tout d’abord convenance avec la réalité. C’est-à-dire que le personnage doit être en accord avec ce qu’il représente dans la vie, il faut bien marquerses traits de caractère. Mais aussi convenance dans le cours même de l’œuvre, le personnage doitêtre semblable à lui-même du début à la fin de l’œuvre.Nous pouvons remarquer que nous retrouvons le même débat en France dans les années 1630-1640.Le vraisemblable (=il faut que les choses ressemblent le plus possible au vrai) est également unprincipe de base de la création. Cette théorie a duré plus de 20 siècles, il est au 18 ème le principefondateur de l’art et de la poésie ; il fallait une « illusion de réalité ».Il ne faut pas de mélange des genres. Il faut toujours les séparer, chaque sujet doit garder le ton qu’illui convient.Les genres littéraires doivent être utilisés pour tel ou tel niveau._la tragédie pour les sujets élevés, de l’ordre ontologique ainsi que les grands sujetspolitiques (représentation de personnages qui exercent le pouvoir comme des rois, des princes…, derelations conflictuelles). Il n’est pas question d’y mêler du comique ou du burlesque._la comédie est le genre représentatif des questions quotidiennes, familiales, domestiques(les personnages sont des bourgeois, des commerçants…). Elles ont souvent un caractère satirisable(les personnages ont des traits de caractère accentués : l’avarice des vieillards…).Le problème du mélange des genres est un problème fondamental de la théorie littéraire française,cette question sera reprise à la période classique et devient fondamentale. Cette théorie aura deux conséquences. :_les genres sont alors définis avec une normativité très netteIl y a de grandes différences des séparations donc une grande facilité pour le lecteur qui les observe.

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Avant la Réforme la Tragi-comédie par exemple existait et été très appréciée mais attention ce genrethéâtral n’est pas comme on pourrait le penser un mélange de tragique et de comique. C’est plutôtune transposition du genre romanesque au théâtre. Le théâtre tragi-comique est débridé etpopulaire, on le jugera par la suite moralement suspect. La Réforme (1630-1640) remet au théâtreses lettres de noblesse et re-codifie les genres.Par ailleurs les genres qui définissent les pièces chargent eux-mêmes selon les périodes : quandCorneille fait jouer Le Cid pour la première fois, il le désigne comme une tragi-comédie (à cause lamort mais d’une fin plutôt heureuse) mais lors de sa republication en 1660 le Cid est devenu unetragédie.La démarche classique classifiante vient donc d’Horace.Il y a donc une grande théorie derrière la classification des genres et une réflexion qui oriente versune perméabilité. On peut pervertir ce système pour obtenir des effets tel que le burlesque.Scarron, un poète en 1650, utilise le mauvais genre pour en illustrer un autre. Ceci créé des effets dedistorsions qui produisent du plaisir chez le lecteur/spectateur. Le burlesque s’appuie donc sur laséparation des genres pour la contrer et produire du plaisir. Il faut souligner le fait qu’il n’auraitjamais existé sans les normes. La question de l’ordreElle concerne l’organisation de l’œuvre.Horace reprend alors la vision rhétorique d’Aristote.Il annonce qu’il faut aller directement vers ce que l’on veut dire principalement, rentrerrapidement au vif du sujet. Ceci est nommé le principe de pertinence. Il ne faut pas de grandesexpositions.Un autre principe est à la source de l’art d’écrire : celui de la raison. La création doit être selon luiorientée vers la maîtrise. Il renvoie alors aux discours de Socrate narrés dans les livres de Platon.Selon ce philosophe, il faut d’abord posséder la philosophie pour que les raisonnements justesviennent. Il faut donc être logique, raisonnable, et raisonné.Il énonce aussi le principe de la beauté, ce principe est très marqué dans son Art Poétique.Comment créer une belle œuvre ? Comment concilier la raison et la beauté ?Au 17ème siècle pour arriver au beau, il faut respecter les règles.Un des éléments forts de la création du beau : l’œuvre d’art doit être émouvante. Une œuvre d’artdoit créer chez son récepteur l’émotion « si tu dois me tirer des pleurs alors verse-le toi-même ».Il y a ainsi ici un principe de l’expression sincère d’un poète pour qu’il puisse créer une émotion.Il faut donc associer raison et sensibilité.Attention il faut tout de même se retenir, garder une certaine réserve.La beauté vient également des mots grecs qu’Horace propose de dériver pour enrichir le vocabulaireromain (ce principe sera repris par Du Bellay pour enrichir le vocabulaire français).Horace énonce ainsi le principe de l’imitation qui résulte d’une volonté d’enrichissement dela langue et des sens. Ce principe se nomme en outre MIMESIS en grec. Horace reprend le principefondateur d’Aristote : pour créer une œuvre d’art il faut imiter la réalité.Il faut également chez Horace imiter les auteurs grecs « si tu ne te jettes pas dans une étroiteimitation » mais d’une certaine manière, en évitant le plagiat.Il faut prendre les anciennes productions et les transposer (c’est une transposition d’une culture àune autre).Il prévient de la traduction qui pour lui n’est pas suffisante.Il met donc en place le principe d’appropriation. Il faut s’approprier les textes des anciens et en faireune création originale (base de toute la poétique de l’imitation).

Les appuis pour les auteurs sont chez Horace :_représenter la réalité_imiter les œuvres déjà faites pour enrichir sa culture.

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L’imitation est donc le point focal de sa théorie de la création « Toute création repose sur leplagiat » dira plus tard Malraux (exemple de Corneille écrivant Médée sa première tragédied’après Sénèque et ensuite créant ses propres textes). Mais cette imitation doit être créative(exemple de La Fontaine dont le premier titre de ses Fables était « Fables d’Esope mises en françaispar Monsieur de La Fontaine » mais qui pourtant témoigne d’un travail personnel à partir d’uneinspiration).Les conséquences en sont :_un enrichissement de la culture par le biais de l’imitation_l’imitation considérée comme le principe déclencheur de la création. Et pose des questions : doit-on reproduire avant de devenir soi-même ? (Horace et les Classiques sont de cet avis).

ART POETIQUE AU 16ème SIECLE LORS DE LA DEMARCHE HUMANISTE, L’EFFORTDE RESTITUTION DES DEMARCHES DE L’ANTIQUITE.DU BELLAY 1549 DEFENSE ET ILLUSTRATION DE LA LANGUE FRANCAISEART POETISUE AVEC UNE ALLURE DE MANIFESTE

C’est le manifeste poétique le plus important du 16ème siècle.Tout d’abord Sébillet pose des principes qui seront repris par Du Bellay. Ces principes sont : un travailtrès besogneux pour la composition de l’écriture, un inventaire des formes, un travail grammaticalimportant, un besoin de rompre avec le passé et de créer une nouvelle poésie.Les poètes de La Pléiade sont du même avis, il faut reprendre la main. C’est donc dans cette optiqueque Du Bellay écrit son Art Poétique qui est le manifeste d’une équipe, d’une école, le point dedépart de lancement de la nouvelle poésie.La poésie devient alors l’expression de la parole divine, le poète travaille sur des niveaux élevés.Ils s’en prennent donc à la poésie antérieure qui est jugée peu élevée : ainsi Maraud, Sèvres sontdépréciés…Ils dénigrent également la poésie médiévale, mais il faut ici replacer les choses dans leur contexte : àl’époque on connaissait très peu de la littérature médiévale. Le seul roman connu est Le nom de larose. Il faut ensuite attendre la période du romantisme pour redonner au Moyen Age toute sa valeur.Du Bellay publie en même temps un recueil de poème intitulé l’Olive et présente une nouvelle formede poésie. L’Art Poétique devait à l’origine être la préface de ce recueil.Son recueil incite à l’imitation de Pétrarque qui est une poésie relevée utilisant le sonnet. Cettenouvelle forme est alors peu connue et est considérée comme difficile car courte et dans laquelle ondoit parler en figures, en métaphores. Ce style de poésie est donc étonnant pour les lecteurs del’époque.Puis vient Ronsard avec Les amours de Cassandre, où se joignent mystique de l’amour et poésie dehaut vol.Plus tard Du Bellay se lassera de l’art de Pétrarque.Il illustre dans son Art Poétique la théorie de l’imitation.Il faut savoir que le 16ème siècle est un siècle de renouvellement. Ainsi quand Du Bellay publie en1549 sa Défense et illustration de la langue française, il fait preuve d’une volonté d’élever lavocation poétique qui va se placer en parallèle avec la vocation religieuse et la vocation militaire(qui sont les deux voies offertes aux jeunes nobles).Son art poétique est un manifeste pour un renouvellement de l’écriture et de la création poétique.Du Bellay utilise alors un grand moyen d’expression : L’éloquenceIl faut poser un acte mais ce n’est pas tout. Il faut aussi faire des propositions et envisager lesconséquences qui peuvent suivre… car à cette époque on vit encore avec ce qui a été précédemmentproposé et posé.

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Il y a un second élément à prendre en compte : en 1548 un autre théoricien, SEBILLET publie un autreart poétique beaucoup plus classique. Du Bellay propose alors en réaction un manifeste de lamodernité.De plus Du Bellay publie en même temps que son art poétique un recueil de poésie à l’imitation dePétrarque L’Olive qui met en pratique sa théorie de l’imitation (qui n’est pas une traduction mais lavolonté de produire une œuvre originale dans la langue française).De plus Pétrarque installe des formes poétiques non utilisées auparavant dans la langue française(par exemple le sonnet qui sera préconisé par Du Bellay et les autres poètes de la Pléiade).Cependant un problème se pose à Du Bellay : comment faire admettre ces nouvelles formes auxlecteurs de l’époque ? Du Bellay rédige alors une préface pour L’Olive et ce texte devient un livre àpart entière, son art poétique.Pour son recueil de poèmes, Du Bellay n’imite pas que la forme, il imite aussi le fond : la conceptionde l’amour come mystique, l’utilisation des métaphores, des oxymores et des paradoxes…La continuité à suivre dans ces recueils est celle d’un cheminement personnel.Pour soutenir cette œuvre nouvelle pour l’époque l’art poétique se divise en deux parties de 12chapitres chacune. La démarche de DU Bellay s’inscrit dans une politique de prestigeCette politique est liée à une volonté de promotion de la France, lui faire accéder à une premièreplace dans le monde.Le roi qui soutient cette politique est François Ier qui a usé de son pouvoir pour considérablementdéveloppé les arts (architectes, peintres, a fait venir beaucoup d’artistes italiens).Puis Dubert Coterey fait valoir une ordonnance dans laquelle il est dit que l’on doit écrire en françaiset non plus en latin les textes officiels et les lois.Henri II, qui débute son règne en 1547, continue cette politique en développant une Cour brillante(pour en avoir une vision, lire le début de la Princesse de Clèves).A cette époque les grands modèles sont les italiens. L’italien est en effet la langue culturelle la plusdéveloppée. Pour Du Bellay il faut donc lutter contre l’importance de cette langue. Le français est eneffet à l’apoque considérée comme une langue barbare, pauvre et misérable.De là vient donc sa volonté de développer la langue française. Cette volonté aura un impact, lalangue française devenant la langue diplomatique au 18ème siècle.Du Bellay décide d’utiliser les armes de l’italien pour défendre sa propre langue. SPERONI (italien) apublié en effet en 1542 un ouvrage intitulé Défense et illustration de la langue italienne qui montreselon lui la supériorité de l’italien sur le latin.Du Bellay veut que le français atteigne le statut de l’italien. Mais comment le dépasser ? Faut-ilsimplement traduire en français (et instaurer un règne des traductions) ?Du Bellay considère alors que le français peut être une langue de transposition.

Son ouvrage se divise en deux parties : la première traite de l’aspect linguistique de la languefrançaise, la seconde de son aspect littéraire.

La première partie : le phénomène de la langue.Il faut se battre pour que le français puisse occuper une place majeure.Du Bellay consacre un chapitre sur l’origine des langues. Cette origine est selon lui arbitraire car leslangues naissent d’elles-mêmes.Mais où veut-il en venir ?Au fait que selon lui on ne peut considérer une langue comme supérieure à une autre. Elles ont donctoutes les mêmes capacités mais certaines sont plus avancées car plus travaillées et plusdéveloppées que d’autres.Du Bellay pose donc que le français peut se développer et devenir comme les langues anciennes,atteindre le même stade.Du Bellay s’insurge contre la critique de la langue française, considérée comme barbare.

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Du Bellay parle ensuite de littérature médiévale mais il est aujourd’hui reconnu qu’il n’ajamais lu les ouvrages médiévaux. Un pan de la littérature française avait été évincé en effet à cetteépoque.Du Bellay veut que l’on remette au goût du jour des mots anciens qu’on avait oubliés, mais il nepréconise pas de puiser dans le vocabulaire médiéval mais dans celui de l’antiquité.Du Bellay prend exemple sur les romains qui on enrichit leur langue par imitation des grecques. A cepassage, le livre comporte une grande métaphore agricole « ils l’ont transportée dans un lieudomestique ».De plus Du Bellay déclare que la langue française n’est pas aussi pauvre que ce qu’on en dit. Ilne veut pas dépasser les grecs et les latins dans leur langue (il reconnait même l’impossibilité deprocéder ainsi car ce n’est pas la langue natale des auteurs français, il leur est donc impossible defaire des productions parfaites).Cette position de Du Bellay n’allait pas de soi à un siècle où les érudits pensaient qu’il fallait écrire enlatin.Du Bellay a une intense réflexion sur la traduction. Il utilise pour cela le résonnement de larhétorique (INVENTIO N-ELOCUTION-DISPOSITION).La traduction n’est pas suffisante pour permettre à une langue de s’élever.Comment peut-on alors traduire quelque chose qui est intrinsèquement lié à la langue ? En effet lalangue en elle-même permet de créer des effets. Le travail du traducteur est donc considérable.L’écriture néo-latine et la traduction ne suffisent donc pas à Du Bellay pour développer la languefrançaise. La traduction suffit uniquement pur l’invention mais en rien pour l’élocution.Mais que faire alors ?Du Bellay veut suivre le modèle des romains. Il développe alors sa théorie de l’imitation, qui seraensuite appelée théorie de l’innutrition.« si les romains…par quels moyens donc ont-ils ou enrichir leur langue ? Imitant les meilleurs grecs, setransformant en eux, les dévorant et après les avoir bien digérer les convertissant en sang etnourriture »L’œuvre antique sert alors de nourriture et se convertit après en autre chose. Cette théorie vient del’observation de ce que les romains ont pu faire avec les grecs.Avant imiter était dans les conceptions un acte servile, dissocié de la création. Du Bellay en fait unedémarche féconde.Son plaidoyer est de type linguistique.Dans l’imitation on peut imiter les tournures et les genres. Les poètes médiévaux sont alorsconsidérés comme mineurs pour Du Bellay.Sa théorie de l’imitation des grecs et des latins va être retenue jusqu’à devenir prépondérante(période classique).Du Bellay traite également de la relation entre l’inspiration (le « génie ») et le travail. LaPléiade préconise une poésie élevée (génie, talent, inspiration, valeur du premier jet, talent) mais passans travail. Le génie est pur eux non suffisant car il faut du travail : le poète doit « longuementdemeurer dans sa chambre », un vrai poète doit travailler, souffrir…L’alliance de l’inspiration et du travail donne naissance au sublime.De là naît un débat sur la part du travail et de l’inspiration. Cette réflexion sera même suivie par lessurréalistes (comment Desnos peut-il écrire ces alexandrins sans travail ?).

La seconde partie : les genres poétiques à greffer dans la littérature françaiseIl faut rejeter la poésie médiévale (par exemple celle de Mauraux). Du Bellay incite à insérer d’autresgenres poétiques tels que : L’épigrammeA l’imitation d’Horace et Martial, poètes romains. C’est un genre poétique bref et pointu. Il s’agit deproduire une description d’un autre art. Il a une valeur satirique, c’est une arme poétique trèspointue.Elle se condense entre 2 et 12 vers, c’est une critique ou une description émoustillée, amusante.

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Ce genre n’existait pas auparavant dans la langue française. L’élégieC’est un genre n’existant pas suffisamment dans la littérature française. C’est un poème plus long, endistique, sans strophe, dont les vers se répondent deux à deux. Il exprime la souffrance dans lelyrisme.Les exemples pris chez les romains sont Ovide (Les tristes lorsqu’il fut exilé de Rome), Tibulle ouencore Properce. L’OdeC’est un genre tout nouveau. Il est équivalent au chant en Grèce. Il en existe plusieurs niveaux :_à l’imitation de Pindare. Ce poète romain produisait des chants officiels, c’est l’ode la plusélevée. Elle comprend de nombreuses thématiques et accompagne la vie des hommes. Ronsardutilise énormément cette voie._à l’imitation d’Horace. C’est le niveau tempéré. Les odes célèbrent alors le bonheur et la vie._à l’imitation d’Anacréon. C’est un registre familier de l’ode.Ronsard va utiliser ces trois niveaux. L’EpîtreC’est la lettre en vers, la poésie du réel. On remarque un effet de réel car il y a une fiction dans le faitd’écrire une lettre et d’en imaginer une destination. Elle permet d’engager une réflexion, de fairepartager ses idées, d’analyser des évènements, d’en faire une satire.Le poème a la forme d’une élégie, il est non strophique et suivi. Il est plus ou moins long selon cequ’on a à dire. La satireC’est une forme classique, très réputée chez les romains.Elle peut avoir deux tonalités :_modérée comme chez Horace. C’est ainsi que Du Bellay la préfère. Elle reprend les vices etpardonne au nom des personnes vicieuses.Le débat porte surtout sur nommer ou non les personnes critiquées ? (ce débat est importantparticulièrement au temps de Boileau). Horace ne nomme pas, il juge ceci pénible._au contraire la satire de Juvénal est féroce, il nomme les gens critiqués (mais avec tout demême des précautions). C’est le modèle du genre de la dénonciation de la morale des mœursinversés d’une époque.Il n’y aura grand auteur de satyre au 16ème siècle. On verra apparaître Maturin au 17ème siècle. Ilsseront par la suite considérés comme immoraux à l’époque de Richelieu. Il y a une renaissance desauteurs de satyre avec Boileau (qui nomme par ailleurs les gens). Le sonnet« Sonne-moi ces beaux sonnets ». Il faut le faire à l’imitation de Pétrarque. On observe unrayonnement de cette forme à la fois docte et plaisante.Il se compose de 14 vers : 2 quatrains et 2 tercés.Le sonnet est considéré comme un microcosme.Il est la preuve d’une discipline considérable et d’une volonté d’harmonie. L’églogueC’est une poésie rustique ou marine. Elle crée une atmosphère à partir de la nature (forêts, rivières,animaux). C’est une poésie d’évasion qui souvent est l’expression de l’amour. Elle est faite pour lecharme et le bonheur. C’est une poésie suivie en distiques. Le théâtreDu Bellay déplore qu’il n’y ait ni tragédie ni comédie et incite à la transposition de ces deux genresétudiés par Aristote.Pourquoi ne se sont-ils pas développés ? Parce qu’il y a à cette époque une méfiance du théâtre.Il faut pour Du Bellay restaurer leur dignité, les promouvoir.Comment faire ceci ?

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Par l’imitation des anciens. Les premières pièces sont en effet presque des traductions, de Sénèqueen particulier : il se développe donc à cette époque le nouveau Théâtre de la cruauté.Les autres pièces sont des essais non aboutis. On citera Les Juives 1583 de Robert Garnier, qui n’estpas une totale transposition des grecs car il y a un renforcement du pathétique. L’épopée ou le « Long poème »Tout le chapitre 5 de la deuxième partie y est consacré.On remarque ici que Du Bellay n’a aucune connaissance de la Chanson de geste du Moyen-Age.Pour lui, l’épopée est le grand genre. Il faut en effet pour écrire une épopée de nombreuses qualités :un souffle, une capacité d’invention…Il espère qu’un poète soit capable d’écrire un poème à la gloire de la France.En effet à l’origine l’épopée est une poésie qui est le réceptacle de la gloire d’un peuple. Par exemplel’Iliade est un chant à la victoire des grecs, et qui même fonde la nation grecque.C’est une poésie épique qui créé un phénomène cristallisant pour la nation.Georges Lucas écrit à ce propos dans sa Théorie du roman que l’épopée est la mise en forme d’unconsensus dans un peuple qui partage les mêmes valeurs et le héros est en fait un héros collectif, unêtre qui prend la charge de représenter les valeurs du peuple.Virgile, poète romain, a écrit l’Enéide qui devient l’épopée majeure des romains. C’est lareconnaissance d’un peuple de l’unité de ses valeurs.Pendant la période médiévale on note tout de même la Chanson de Roland qui représente beaucoupde valeur mais pas toutes.Ronsard tentera d’en écrire une mais malheureusement sans succès.D’autres auteurs s’y essayent…On parle alors d’une période épique dans les années 1630. Cependantcette période correspond à la Guerre de trente ans ainsi lorsqu’ils terminent leurs épopées dans lesannées 1650, les conceptions et les valeurs ont énormément changées à cause entre autre de cetteguerre. Leurs épopées n’ont donc pas beaucoup de succès.Au 18ème siècle Voltaire tentera à son tour d’en écrire une mais en vain.Ceci est peut-être dû au fait que la France est de plus en plus divisée au niveau des valeurs, mêmereligieuses (il n’y a plus qu’une seule religion).Victor Hugo sera le seul à réussir une épopée avec La légende des siècles . Cependant il ne suit pas lesanciens car il ne prend pas l’homme comme exemple.Son œuvre s’étale en effet sur plusieurs époques et comprend plusieurs héros. Ce n’est donc pasl’histoire d’un homme mais de l’humanité toute entière.Il y a donc un changement de méthode : peut-être fallait-il plutôt parler de ce qui unie tous leshommes.

En conclusion, ce qui va réussir avec la démarche de Du Bellay c’est le développement de la languefrançaise.Il donne des conseils pour écrire et enrichir le vocabulaire. Il faut transposer les noms propres,remettre au goût du jour des anciens mots et même inventer des mots nouveaux (comment cela ?Pour la science, la rhétorique et la philosophie, Du Bellay préconise de reprendre les mots latins ougrecs sans les traduire).

La théorisation au 17ème siècle

Introduction : au 17ème siècle sont mises en place les constantes de l’esthétisme classique. Quellessont les règles de cette esthétique ?On parle de la Période du Classicisme.Quels en sont les arts poétiques ? Boileau est le plus connuIl l’écrit en 1674, à la fin de la période classique : on peut donc parler d’une synthèse.Que s’est-il alors passé avant ? On parera de deux grands moments de travail sur ce qui fonderal’esthétisme classique.

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Malherbe en 1605 (on rattachera se poète né au 16ème siècle au 17ème siècle car il en fixera de

nombreuses règles).Il impose sa marque par ce qu’on appellera plus tard la Réforme Malherbienne. Cette réforme est àla fois poétique et linguistique.Il reprend entre autre les objectifs de Du Bellay (enrichissement de la langue française, ne plus écrireles textes savants en latin ou grec, ne plus traduire mais IMITER les anciens pour produire del’original et du nouveau. Ce qui aura pour conséquence entre autre un enrichissement lexical).En continuant dans cette voix, l’imitation devient un des grands principes de la période Classique.Que se passe-t-il avec Malherbe ? en 1605-1628 il va préconiser une reprise en main, unresserrement de cette démarche d’enrichissement de la langue. Puis dans les années 1630-1640 se déroule un évènement autour de la codification

duthéâtre.La codification du théâtre c’est par exemple la règle des 3 unités, la bienséance… (Au 19ème siècle il ya aura une lutte des romantismes contre ces règles). Cette codification est une spécificité françaisequi perdura pendant environ deux siècles. Elle constituera toujours une REFERENCE : référence àcombattre, éliminer ou suivre. C’est un repoussoir ou un promontoire. Elle existe plusparticulièrement autour de la tragédie qui va devenir un genre majeur à partir du 17ème siècle.La polémique de 1637 se fait autour de la Querelle du Cid, querelle très célèbre après la premièrereprésentation de la tragédie en 1636. Cette querelle aura des incidences politiques et esthétiques.Les incidences politiques : on va remarquer une tentative de prise en main de la littératurepar le pouvoir.A cette époque Richelieu est au pouvoir et forme un tandem avec Louis XIII ; on parle même demonarchie bicéphale et apparaît ainsi en France une nouvelle sorte de régime. Richelieu créé doncune forme de gouvernement moderne, il n’y a plus de dispersion, ou de cristallisation d’un pouvoiren un seul homme (cela sera remis en place avec Louis XIV).Or Richelieu veut également mettre en place une politique culturelle. Il présente ceci sous unevolonté de vouloir promouvoir les arts mais veut surtout pouvoir les contrôler. Il fonde ainsil’Académie Française en 1635 : c’est pour lui un outil puissant pour gouverner les arts. Richelieu atrès peu aimé le Cid (Attention : cette pièce plaisait au contraire énormément au public, au peuple etmême à de nombreux savants) et demande alors à l’Académie Française de la condamner.Pourquoi n’a-t-il pas aimé cette pièce qui a eu un succès phénoménal ? la raison est en effetpolitique : la pièce met en scène un duel. Or Richelieu a fait passer une loi interdisant les duels pourstopper les massacres et la mort de nombreux nobles.La pièce de Corneille montre le cœur du problème : on ne peut pas diriger les lettres et même lesarts en général.Scrudéry fait la critique du Cid et souligne les problèmes de la bienséance. Puis on confie la pièce àChapelain pour qu’il en fasse une synthèse critique. Mais cette homme trouve la pièce excellente etne peut pas non plus déplaire à Richelieu. Sa réponse est mitigée. Et ce sera la première et ladernière fois que l’on demandera à l’Académie Française de porter un jugement sur une œuvre. C’estla première et la dernière fois que le pouvoir tente de diriger les arts. Il y aura donc une forteincidence politique.Les incidences poétiques : la pièce n’est pas écrite selon les principes de la tragédied’Aristote. On fait donc ces reproches à Corneille qui tout d’abord se révolte (Jean-Louis Grez deBalzac « Il vaut mieux plaire sans art qu’avoir l’art de plaire ») puis entrera ensuite dans le moule.

Le cours se présentera donc sous forme d’un plan en trois parties :1. La réforme malherbienne2. Le théâtre classique3. L’art poétique de Boileau

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LA REFORME MALHERBIENNE

Malherbe a créé une petite école poétique et avec ces jeunes poètes il décide de faire la critique deleurs prédécesseurs, notamment Philippe Desportes (auteur à la mode dans les années 1450 et avecqui Ronsard rivalisera à la fin de sa vie. Ronsard écrira entre autre les Sonnets à Hélène pour montrersa supériorité).Malherbe prend donc les œuvres de Desportes et les annote, il fait énormément de critiques, en listetous les défauts.Il veut ainsi montrer une vision cohérente de la manière d’écrire et de faire de la poésie ainsi qued’enseigner une nouvelle manière d’écrire.Il ne fait pas de théorisation synthétique mais un enseignement. Une réforme linguistiqueOn sort d’une période d’enrichissement de la langue française (Du Bellay) mais Malherbe estimequ’au contraire il faut l’épurer, la rendre plus simple : il prône un retour à la simplicité, à la puretémais aussi à la netteté de sens, il ne faut pas faire selon lui trop de flou. La poésie ne doit pas venir de l’inspirationIl préconise en effet le travail et non le génie pour obtenir une poésie fluide, musicale, rythmée etapporter un certain plaisir à la lecture. Ceci se double d’une écoute de la façon dont les gens parlent :la notion d’usage se répand. Il faut selon Malherbe écouter les gens qui parlent bien. Cette réformeva impliquer un travail sur la langue pour en faire un outil efficace. Bien avant Descartes (1637)Malherbe va prôner la clarté de sens et la raison (principe qu’il reprendra à Horace : fonder l’écrituresur la raison en vue de plaire à son public).

Les conséquences de cette réforme : La réforme linguistiqueElle est acceptée à peu près par tout le monde (il y a quelques rares résistances qui ne durent pas) eton va aboutir à la langue classique française qui va s’adapter aux normes que Malherbe a fixées.Guez de Balzac va publier en 1624 des lettres en prose qui présentent un nouveau style. Cettenouvelle manière d’écrire présente une grande régularité.La clarté et la netteté sont des ébauches des grandes règles de l’esthétisme classique. La réforme poétiqueIl faut écrire clairement quand on est poète.Citons quelques poètes du 17ème siècle : La Fontaine (mais surtout connu pour ses Fables), Racine(grand poète au sein de ses pièces), Malherbe, Tristan (un poète élégiaque de 1620), ou encoreBoileau (Les caractères , textes satyriques mais il est essentiellement connu pour son art poétique),

…Les poètes du 17ème siècle sont aujourd’hui peu connus, oubliés…comme si on avait considéré qu’àcette époque la poésie avait disparu.Sur cette réforme Malherbe doit faire face à des résistances très fortes, à de nombreusescontroverses :_pendant la première partie du 17ème siècle, il a un résistant féroce Maturin Régnier. Cepoète est très connu pour ses satyres mais mourra jeune. Ainsi il n’aura pas le temps de développerun courant opposé à celui de Malherbe._Théophile de Viaux (entre 1619 et 1625). Il mourra jeune lui aussi sans avoir vraiment pufonder un courant contre Malherbe et sa réforme.

17ème siècle L’ART POETIQUE DE BOILEAU

C’est une théorisation de la forme poétique qui passe par une mise en forme de l’histoire littéraire,une analyse générique des genres littéraires, des témoignages (Boileau dénigre ou met en valeur desauteurs)…

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Tout cela est sous forme d’une grande poésie en quatre chants ce qui rappelle le Grand Poème(l’épopée). Boileau écrit donc une épopée de la littérature en vers.Les différents chants correspondent aux différents chapitres de sa démarche.On remarque que Boileau a parfaitement saisi le but d’une épopée : ce grand chant est une élévationdu discours pour CELEBRER quelque chose.Certains groupes de vers de l’Art Poétique de Boileau resteront dans les mémoires. Il faut savoir à ceniveau que de nombreux arts poétiques seront écrits à cette époque (par exemple Hymen de LaFontaine où il fait une présentation de l’art d’écrire) et que seul celui de Boileau restera célèbre.L’art poétique de Boileau s’inscrit également dans la Querelle des Anciens et des Modernes quiprésente un débat sur l’art d’écrire. L’art poétique de Boileau, et on a trop tendance à l’oublier, estdonc également une démarche polémique de combat pour défendre sa théorisation. Il n’y a donc pasqu’une codification générale de l’art d’écrire, un éclairage qui s’inscrit dans une vision d’ensemble duclassicisme (qui est ce qu’on en a retenu) mais c’est aussi un texte engagé dans un combat.

1. Nicolas Boileau 1636-1711Il publie son Art Poétique en 1674, pendant la seconde partie du règne de Louis XIV.Il est auparavant une forte personnalité de son temps car c’est un personnage très engagé.1er VERSANT une entrée forte dans la littérature. En effet il y rentre par la satire. C’est donc uneentrée tonitruante. Il reprend les thèmes horatiens mais les transforment pour qu’ils deviennent desthèmes d’actualité. Il s’en prend un peu à tout le monde ce qui lui vaudra des poursuites, desmenaces. Ses satires sont au début lues dans des réunions mais des gens vont les retranscrire et enfaire une publication pirate. Boileau se voit alors contraint de les publier lui-même. Il y a entre autreLes Caractères.2ème VERSANT Boileau s’assagit. Il évolue fortement et se consacre au genre de l’Epitre. Il vareproduire des genres anciens avec une volonté d’en faire un genre élevé (de 1630 à 1650 les épitressont utilisées pour décrire la vie quotidienne, c’est donc un genre bas). Boileau parlera de la guerre,de la vie, de l’actualité tout en gardant parfois sa tendance à polémiquer (satyre des jésuites parexemple).Entre ces deux versants se situe l’écriture de son Art Poétique. C’est également la période qui suitcelle où Boileau se retire de l’écriture littéraire. Il est en effet appelé avec Racine à devenirl’historiographe du Roi. Cette période d’éclipse durera environ 10 ans pour ces deux écrivains. Cetravail ne sera pas conservé car détruit par un incendie, une petite partie en sera sauvée.

2. L’art poétique de Boileau : lecture et explicationBoileau parle surtout de la littérature des années 1640-1650 qui sera la période médiane du siècle etcelle de la mise en place de ses codifications.Deux caractéristiques sont à retenir de son ouvrage :

Une synthèse de la démarche d’écriture avec un tri entre le bon et le moins bonUne valeur de combat qui transparaît : cette œuvre défend des valeurs

littérairesNous avons une vision quelque peu erronée à notre époque de ce que fut Boileau : nous avonstendance à le voir comme le Régent du Parnasse de son époque, c’est-à-dire un maître, un professeurpour tous les poètes.Mais Boileau a dû mener un énorme combat pour faire accepter sa théorie.Par exemple un débat sur la valeur du merveilleux chrétien et du merveilleux païen en poésie. Doit-onfaire entrer ces motifs en poésie ? Boileau considère que la religion doit être écartée de la poésie carn’a aucun lien, aucun rapport et est un fervent partisan du merveilleux chrétien (le réservoir de rêveserait à puiser dans la mythologie gréco-romaine). Cependant certains contestent car la Bible faitpartie de la civilisation occidentale : pourquoi ne pourrait-elle pas citer ?On retrouve la trace de ces débats dans l’Art Poétique.

Découpage de L’art poétique

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Chants I et IV : ils sont consacrés à l’expérience de l’écrivain. Boileau donne des conseils, des« secrets », et dit ce qu’il faut éviter.Chants II et III : ils sont consacrés à la nomenclature des genres. Mais Boileau ne traite pas de tousles genres; il ne parle pas de la fable par exemple ce qui lui sera plus tard reproché. Cependant mêmeLa Fontaine dans Hymen ne parle pas de la fable ; en effet c’est un genre naissant donc difficile àthéoriser. Le Chant II parle plutôt des petits genres poétiques tandis que le Chant III traite du théâtreet de l’épopée.Il recodifie ou codifie les genres à grands traits : il fait une hiérarchie des genres, des tons, desregistres…On remarquera que Boileau est souvent étroit, injuste, incomplet… cependant son œuvre contient lamarque d’une grande lucidité.Son œuvre montre aussi un parallèle entre traitement de précepte et ses illustrations.L’œuvre de Boileau est un point de départ pour une vision plus large. Son texte entre au cœur dudébat de cette époque et de plus il est ancré dans le paysage poétique des 18ème et 19ème siècles.Cette œuvre est donc importante autant sur le plan politique que sur le plan littéraire (sa théorisationen vers est la grande réussite, l’apogée du classicisme).Il faut tenir compte qu’à cette époque le public est le plus important pour l’écrivain, qui écrit pour luiet pour lui plaire.Cet Art Poétique sera une BASE. Autant pour en respecter les règles que pour le contester ou ledépasser.

Chant IExpérience de l’écrivain

Vers 1 à 24 le génie, source de la poésie.Il faut mesurer ses forces avant d’écrire et surtout bien choisir le genre dans lequel on travaille. Leterme de génie vient de la théorie de l’inspiration, de l’idée que la fécondité poétique est dans lacapacité interne en l’homme qui est poète.Il faut de l’inspiration pour avoir la capacité de créer.L’ancienne conception du génie était que le poète avait « un petit dieu » à l’intérieur de lui, il y avaitalors une vision composite de la personne humaine. Cette inspiration était-elle dans une autre âmeou en nous-même ? Mais où est alors la personnalité du poète ?Vers 12 il faut donc mesurer ses forces sinon on peut facilement tomber dans la vanité. Ce versrappelle le « Connais-toi toi-même » inscrit sur le temple de Delphes.Boileau s’en prend ensuite à Saint Amand, il l’assassine. Saint Amand était un poète à tempéramentdans les années 1630-1640 qui a écrit une épopée Moïse sauvé . Boileau pense que cette épopéeétait une entreprise non à la hauteur de ce poète qu’il considère bien plus comme rabelaisien,comique.Vers 26 à 38 l’éloge de la raison (comme Horace) et du bon sens à partir de la RIMEPourquoi faire un parallèle raison / rime ?Car on remarque à cette époque un grand nombre de rimeurs parmi les poètes. Ce sont despersonnes qui s’amusent à faire des rimes sans cohérence. Ils ne travaillent que sur la forme en dépitdu sens.Il y a donc selon, Boileau une véritable incohérence.Pour lui le plus important est le fond du poème.Vers 39 à 49 une réflexion sur le sensBoileau s’en prend ici à un certain type de poésie : les Faux-brillants. Ces poèmes sont pour lui àlaisser en Italie. Ils présentent en effet un art de la pointe qui se marque par une grande subtilitédans l’écriture, des double sens, des jeux de mots. Le poète le plus célèbre de ce genre de poèmesest Marino Adone.

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La France sera intéressée par ce genre de poésie mais résistera à cette inspiration. Boileau veutsurtout maintenir une création liée à la raison.Vers 49 à 69 contre l’abondance en poésieIl se plaint alors de l’abondance su style (que l’on appellera style asiatique) de la poésie descriptive.Il y a ici une vision intrinsèque de l’esthétisme classique : un de ces préceptes fondateur, lasimplicité.André Gide dira plus tard « le classicisme est l’art de la litote » (=art de la suggestion)On retrouvera en outre cette opposition bien plus tard : par exemple au 19ème siècle Flaubertreprésente l’abondance tandis que Maupassant préfère décrire le fait spécifique.Boileau préconise une écriture plus sélective qu’exhaustive.Vers 64 il faut éviter de tomber dans les excès (c’est un conseil repris à Horace) car les excès mènentà l’obscurité. Il faut une esthétique du sens, du juste-milieu.Vers 70 à 78 un des gages du succès est la diversité

Vers 79 à 80 les trois niveaux de stylesLe style élevé (SUBLIME), le style moyen (MEDIOCRE), le style bas (FAMILIER). Le conseil de

Boileauest de varier son style tout en respectant les caractères des différents genres.Vers 81 à 97 la critique du genre burlesqueLe poète Scarron avait lancé la mode du burlesque entre 1640 et 1650. Il y eut un engouement pource genre et tout texte se transforma en burlesque. Scarron lui-même voudra stopper cet effet.Boileau valorise alors Marot (qui était discrédité par Du Bellay) comme un exemple à suivre vers 96.Vers 101 à 102 l’excèsBoileau préconise de ne pas courir à l’excès. Il faut un juste-milieu pour conserver la raison et ne pastomber dans l’orgueil.Vers 103 à 111 le delectare = savoir plaire à son publicC’est un trait de l’écriture très cher aux auteurs du 17ème siècle. Le classicisme se définit en effet parINSTRUIRE et SAVOIR PLAIRE.Boileau soutient alors l’esthétique du plaisir, il faut faire plaisir au lecteur.Pour illustrer ce propos Boileau parle de la versification.1ère préconisation : la cadence (aujourd’hui on parle de rythme) doit être en séquencePar exemple l’alexandrin si on respecte les groupes syllabiques et si on les coupe en fonction du senson produit un rythme juste.Boileau préconise la régularité, la coupe à l’hémistiche.Pour lui, créer du rythme permet de créer du sens et apporte chez le lecteur une véritabledélectation.2ème préconisation le refus du hiatusA éviter pour ne pas heurter les voyelles et les oreilles du lecteur.3ème préconisation chercher l’euphonieVers 112 à 142 une petite histoire de la poésieFaire de la rime est un phénomène poétique mais ne doit pas en être le seul but.Eloge de Marot, qui modifie la vision trop obscure de la poésie et de la littérature le précédent. Il aen outre aidé à réguler le sens (Boileau liste tous les poètes qui ont aidé à une plus granderégularité).Ronsard assassiné (pourtant il était un auteur célèbre au 16ème siècle). Ce discrédit explique le faitque Ronsard soit tombé dans l’oubli pendant près de deux siècles. Il sera redécouvert au 19ème sièclepar les romantismes. Boileau lui reproche sa créativité dans le désordre, qui est une conséquence dela théorie de l’inspiration. Boileau lui reproche aussi d’avoir transposé la littérature grecque et latineen français.Il critique aussi les successeurs de Ronsard (Desportes et Bertaut).

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Puis s’en suit un éloge de Malherbe et de la clarté, la netteté et sa correspondance en poésieinstituée par Malherbe. Car sa poésie est une poésie fluide et musicale. Grande révolution dansl’écriture poétique selon Boileau. Ceci restera un grand principe à respecter.Vers 142 à 154 la rhétorique et l’éloge de la clartéEloge de la clarté, du sens qui se donne et n’est pas caché.On remarque une différence ici avec Mallarmé au 19ème siècle qui plongeait le lecteur dans une quêteincroyable du sens, qui écrivait alors des poèmes que pour des élites.PRIMAUTE A L’INVENTION Bien réfléchir, penser avant d’écrire un poème.Vers 155 à 162 Couplet sur la propriété des mots et de la langueBoileau insiste sur le sens des mots et fait ainsi encore une attaque contre l’art de la pointe.Aujourd’hui encore réside cette question de l’alliance forme et fond.Vers 163 à 174 Le travailBoileau fait l’éloge du travail et donne des méthodes que doit suivre l’écrivain pour bien écrire. Celui-ci ne doit pas trop se presser « Hâtez-vous lentement ; et, sans perdre courage / Vingt fois sur lemétier remettez votre ouvrage ».Il y a selon lui une correspondance entre la méthode de travail et le résultat du travail.Pour arriver à quelque chose de fluide, de musical il faut mener son travail jusqu’au bout avecacharnement mais prendre le temps.Le travail a une importance considérable et doit mener à un achèvement qui est l’affirmation del’œuvre « Chaque vers qu’il entend le fait extasier » par le lecteur (le souci du public et de son accueilest prépondérant à cette époque).Ceci sera repris plus tard par Saint Exupéry lorsqu’il écrira « la perfection est atteinte […] quand on n’aplus rien à retrancher ».Cette conception est en opposition face à d’autres façons de faire. Par exemple le style asianique.Cette tendance est tout d’abord née dans la Grèce Antique, c’est un style où règne l’abondance.Le style Classique est bien à l’opposé : on cherche ce qui peut être le meilleur et ce résultat n’arrivecertainement pas spontanément.Boileau est pour la recherche de la phrase qui marque, qui touche et juge la phrase abondanteennuyeuse.

Les vers suivants…Il fait une sorte de panorama de la littérature de son temps autour du principe suivant : quand onentre en littérature il faut accepter le jugement des autres (vers 185) puis Boileau apporte unetouche comique, satirique à son chant et brossant des portraits : le flatteur (vers 193), le sage ami(vers 199) et l’auteur vaniteux (vers 208 à 232).

Chant IILes genres littéraires : la poésie

Boileau ne parle pas de la Fable car elle n’est pas considérée comme un genre littéraire à l’époque.Elle ne deviendra moins didactique qu’après La Fontaine.Le roman non plus n’a pas sa place. En effet, ce n’est encore qu’un genre naissant, peu admis etsurtout non codifié.Le Chant II est un parcours autour des genres poétiques.

Vers 1 à 37 l’idylle et l’églogueLes anciens à imiter selon Boileau sont Virgile et Tibulle, deux auteurs latins.Ce sont des genres bucoliques, pastoraux, avec la nature comme cadre d’écriture.L’églogue avec le mythe des bergers est un genre très porteur au 17ème siècle.

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Boileau donne des conseils pour ces poèmes : il faut adopter un style simple, naïf et surtout éviter lepompeux.Il fait alors une critique de Ronsard. Boileau n’aime pas que dans sa poésie la nature soittransformée en paysage gothique (ce qui veut dire « barbare » à l’époque). Boileau estime queRonsard en fait une transformation basse et populaire. On comprend alors pourquoi Ronsard serapar la suite ignoré jusqu’à la période romantique.Vers 38 à 57 l’élégieC’est un poème de tristesse (qui parle soit de la mort soit d’un amour malheureux). Ceci donneaujourd’hui l’adjectif « élégiaque » que l’on utilise souvent pour qualifier une poésie de ce genre.Boileau en donne les contours en personnifiant le genre dans son écriture (par exemple il utilise« cheveux épars » pour parler de la tristesse et expliquer qu’il faut laisser aller la souffrance dans cegenre de poème).Les vers 43 et 44 sont particulièrement importants : ils traitent de la question de SINCERITE. Lepoète doit en effet éprouver lui-même les sentiments qu’il transpose, ainsi il peut les communiquerà son lecteur.Ceci sera repris plus tard par les romantiques : la spécificité de la poésie est l’IMPLICATION de sonauteur dans ce qu’il écrit.Boileau se prend ici comme exemple lors de l’écriture de ses satires. Il est le poète engagé de sonépoque.OR on attribue souvent au Classicisme une vision distante par rapport à la vie.Cependant Boileau ne préconise pas de parler de soi (qui est la vision par contre des romantiques)mais d’avoir vécu ou senti les choses dont on parle.Pour l’art classique le cas particulier doit servir d’un exemple adaptable à tous.« Le moi est haïssable » dira Pascal.Des vers 46 à 57 Boileau fait une critique de la poésie érotique. Qui est le genre de Pétrarque. Auvers 45 les poètes pétrarquistes sont condamnés.Pétrarque au 14ème siècle fait naître un nouveau style de poésie : la poésie érotique. Son recueil est lacheminement amoureux d’un poète avec une mystique de l’amour (une élévation platonique de lafemme aimée par exemple).Pétrarque prône alors une certaine discipline de l’amour avec beaucoup de respect est uneprogression dans le sentiment.La poésie amoureuse s’écrit en sonnets, dans un livre en deux parties, célébrants la beauté etl’amour pour une femme mystifiée (foisonnement de figures de styles…).Cette démarche aura un énorme succès et sera reprise par de nombreux poètes italiens. Du Bellay etles poètes de la Pléiade (et surtout Ronsard) imitent Pétrarque et incitent même à cette imitation.Elle aura un grand succès en France en 1550.Avec Ronsard elle dérive peu à peu vers une poésie beaucoup plus érotique. Ce poète est en effetnettement plus sensuel que Du Bellay et son rapport éthéré à l’amour. On peut citer à titred’exemple les Sonnets pour Hélène .Le pétrarquisme a toujours du succès en France au 17ème siècle.Boileau le condamne car pour lui l’amour doit être décrit sans ornement et il faut parler du véritablesentiment.Pour lui, les exemples à suivre sont Tibulle et Ovide (vers 56 et 57).Vers 58 à 81 l’odeBoileau présente tout d’abord les deux niveaux de l’ode : Celle du grand lyrisme, de la grande poésie, à l’imitation de Pindare.Elle est utilisée pour décrire de grands évènements. C’est le genre majeur de la poésie d’éloge desévénements, un bon moyen de communication pour décrire l’actualité. Elle a pour fonction unsoutien politique. Le poète doit alors être convaincu de ce qu’il va dire. Elle sera très utilisée au 17 èmesiècle. Par exemple la Fontaine écrira un poème pour le Mariage du Roi. L’ode anacréontique, de genre plus bas.

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C’est un poème libre chanté pour célébrer la vie, l’amour, la vie quotidienne. Elle reflète la vie réellequi est tout de même toujours idéalisée.Boileau fait pour l’Ode un éloge du désordre. Ceci montre qu’il laisse tout de même une part àl’inspiration. L’ode est donc pour lui le genre des effets de l’inspiration.

Vers 82 à 102 le sonnetLe sonnet est pour Boileau un art difficile. Beaucoup d’auteurs en ont écrit amis avec une certaineréticence.En effet l’art du sonnet est compliqué : il faut un dialogue quatrains-tercés, une clôture avec unbouquet poétique et une forte cadence (rythme). Pour Boileau il n’existe aucun grand auteur desonnet en son temps.Il fait donc une satire des écrivains de sonnets de son temps (vers 99 & 100).Les vers 101 à 102 définissent la complexité du sonnet : c’est un espace défini, une concentration en14 vers.Vers 103 à 139 l’épigrammeUne liberté dans le choix du sujet, dans le sens, l’organisation mais est aussi un poème très court.Boileau fait alors une focalisation sur la Pointe.Au départ l’épigramme est une poésie subtile et descriptive. Elle consiste à écrire quelques vers surune autre œuvre d’art.Il se concentre en 10-12 vers, 15 au maximum mais est toujours moins contraignant que le sonnet.Ce type de poésie doit marquer le public (il faut qu’elle soit forte en sens et dense).La Pointe : poésie avec des jeux de mots, un surgissement de l’esprit, syllepse de sens (uneexpression qui a au moins deux sens) qui a un énorme succès.L’histoire de la pointe : la pointe envahit peu à peu, après sa naissance chez les italiens, toute lalittérature. Il faut la réserver à l’épigramme selon Boileau.Hugo au 19ème siècle écrira, reprenant quelque peu le propos de Boileau : « Le calembour c’est lafiente de l’esprit qui vole » pour montrer son mépris face aux jeux de mots.Gracian, théoricien espagnol de l’Art de la Pointe, dit que pour lui cet art est synonyme d’uneprojection en avant, en écrire relève presque de l’héroïsme.Boileau condamne son usage trop fréquent et préconise de la réserver à l’épigramme.Vers 140 à 144 le rondeau et autres poésies découlant de la chanson…Un vers sur le rondeau qui est une poésie mondaine moyenâgeuse.Deux vers sur la balade.Deux vers sur le madrigal. C’est un genre nouveau apparaissant dans les années 1630 et qui provientd’Italie. Au début c’est une poésie basée sur des phrases musicales.Son évolution est considérable, le madrigal prend bientôt une apparence bien plus complexe. On sedemande même s’il ne fut pas à l’origine de l’opéra…Sous Louis XIV il était indispensable pour un honnête homme de savoir tourner un madrigal. Celafaisait partie de son bagage.Vers 145 la satireBoileau commence par une histoire de la satire : elle a une origine latine, son inventeur est peuconnu (Lucile) puis elle sera reprise par Horace (satire modérée jouant sur la moquerie sans citer denom. Satire apaisée sans nommer les gens). Puis Perse avec une satire plus dense (ce fut un poètestoïcien et philosophe). Et enfin Juvénal, dont Boileau s’inspirera largement, qui écrit une satire plusvéhémente, avec des noms cités.Puis Boileau traite de la satire française avec Régnier (début du 17ème siècle).

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Et enfin de la critique faite au genre satirique à cette époque : elle est associée à la débauche, taxéede pornographie (vers 173 &174).« Et si, du son hardi de ses rimes cyniques,Il n’alarmait souvent les oreilles publiques ! »Boileau déplore cette mauvaise réputation et met en valeur ce genre (qui est son genre deprédilection).

L’art poétique de Boileau est le résumé de l’esthétique classique.Nous avons fait un panorama d’où émergeront trois grandes œuvres : Horace, Du Bellay, Boileau etVictor Hugo 1827 (en plein de la période romantique : la Préface de Cromwell).Cette œuvre est importante car il y a eu un Grand débat entre l’époque classique et l’époqueromantique (d’où Hugo et Boileau).Chant IIITravail de codification des trois genres en valeur : la tragédie, l’épopée et la comédie(2 genres théâtraux fondamentaux et l’épopée très importante).

Vers 1 à 4 précisions sur les pouvoirs de l’artL’art c’est ce qui créé du plaisir, c’est un pouvoir de transformation de ce qui existe.Boileau reprend Aristote dans le fait qu’il énonce que ce qui est convenablement représenté devientagréable au lecteur. C’est une des caractéristiques fondamentales du genre classique.La vraisemblance que l’art instaure par rapport au modèle permet d’atteindre la perfection.« L’agrément devient l’imitation artistique » disait Aristote. Il préconise de favoriser l’imitation de lanature. Selon lui, l’effet de ressemblance va créer du plaisir. Ceci est un des pouvoirs fondamentauxde l’art.Sa théorie s’étend à l’art entier. Il devient un effort créatif qui consiste à imiter la nature(ressemblance qui créé du plaisir même si le sujet n’est pas agréable).C’est une façon de théoriser l’art (il y aura des contestations : Hugo est contre l’imitation exacte de lanature, l’art ne doit pas être une reproduction exacte de la nature).On remarque que Boileau fait une reprise de la théorie de la mimésis (imitation).Vers 5 au vers 169 : la tragédiePartant de cette théorie de l’art, Boileau introduit la tragédie.Ce n’est pas pour rire mais pour se divertir que l’on va voir une tragédie.Vers 15 à 26: comment divertir le public avec la tragédie ?Eléments théoriques repris et affirmés par Boileau : la théorie suppose que l’orateur a trois principesà mettre en valeur : plaire, instruire et émouvoir (PLACERE, DOCERE, MOVERE).La rhétorique classique avant l’art poétique de Boileau se fondait uniquement là-dessus. MaisBoileau introduira une visée différente. Pour Boileau il faut seulement plaire et émouvoir (instruireest mis de côté). De plus émouvoir est plus important même que de plaire.Vers 15 et 16 deux vers sur le MOVERE, sur le principe d’émouvoir (le plus important en tragédie)Les émotions (passions= ce que le public éprouve) principales sont la terreur et la pitié tout d’abord(citées auparavant par Aristote). Elles sont les deux émotions fondamentales à faire surgir chez lelecteur.Vers 27 traitements de l’organisation de la tragédie, de la pièce elle-mêmeLe problème de l’exposition. Le problème du théâtre classique est qu’il faut tout faire tenir en 24H.On représente donc toutes les actions concentrées le jour de la crise. Alors dans le premier acte ondit ce qui s’est passé avant, sous forme de récit.Un des enjeux du théâtre classique : comment entrer en scène ?Une des expositions les plus réussies est dans une comédie et non une tragédie : Tartuffe de Molière.Vers 38 à 46 la Questions des trois unitésIl y a déjà eu un débat sur ces 3 unités dans les années 1640 et il a été fixé par un commun consensusà l’époque de l’écriture de Boileau. Vers 45 célèbre: les trois unités sont fixées en un vers.

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On se moque de l’extension du temps (la pièce doit durer deux heures). Mais alors comment fairepour représenter toute une vie en 2h (5 actes de 20 min) ?Principe de base : si on considère une représentation théâtrale pure on n’a alors plus de mal àimaginer que le temps de l’histoire ne peut coïncider sur le temps réel.Les trois unités sont justifiées par la raison selon Boileau.Vers 48 à 52 (célèbre) la vraisemblanceElle est importante pour arriver à toucher le public. Il faut éviter de relater des faits qui peuventparaître incroyables.Hugo le reprendra en renversant l’idée : la vraisemblance elle-même annule cette rigueur de l’unitéde temps selon lui.Vers 51 à 54 La question des bienséancesUne théorie du réalisme : que doit-on ou ne doit-on pas montrer ?Quand on est trop réaliste : on saisit mieux les choses (vers 52) mais il reste du contact, un effet, unémoi réaliste mais cet émoi risque de troubler.Par exemple représenter un crime sur la scène (ce qui se faisait à l’époque romaine. Sénèque :véritable exécution) : il va provoquer une forte émotion qui peut détourner le public de l’objetprincipal de la pièce.Ou encore la représentation du sexe sur scène provoque une émotion et cette perturbationtroublera le sens véritable de la pièce.Il faut donc les représenter d’une autre manière : c’est le rôle du récit.L’art théâtral classique est donc très verbal. Il est très représenté par la parole. Le langage devient unmoyen important de représentation.Choisir ce qu’on représente et ce qu’on raconte « judicieux ».Boileau écrit seulement 4 vers car ceci a déjà été acquis par la théorie (il réalise donc une sorte desynthèse).Vers 55 à 60 l’intrigue, la construction de la pièce, l’action.Seulement 4 vers mais éléments importants :La progression de l’action (et le nœud d’une pièce : le passage obligée). Boileau prendposition pour la montée de la tension de l’action et la brusquerie du dénouement.Le point culminant est souvent dans les tragédies classiques dans l’acte III : c’est le nœud. L’acte IVest alors souvent lieu des péripéties (retournement d’action).Il y a deux principes pour la construction d’une bonne pièce : progression dans la tension et undénouement brutal. Ceci doit créer l’émotion.Vers 61 à 145 Petite histoire de la tragédie depuis son origineL’art classique n’aime pas le mélange des genres.Eschyle : Boileau en retient le début de la dignité du théâtre. A apporté la mise en place du chœur, lavalorisation des acteurs avec la masque (première structure de la représentation théâtrale : lesacteurs dialoguent avec un chœur représentant l’émotivité du spectateur).Grand éloge de Sophocle.Elimination de toute la tragédie grecque (Sénèque est considéré comme de bas-étage). Puis tragédiedu MA (à partir du vers 81).Représentation des cathédrales. Débat puis exclusion.Puis la Renaissance de la Tragédie (à partir du vers 90).Commence au milieu du 16ème siècle. On voit disparaître le chœur (évolution, disparition de la formeprimitive, on laisse le public réagir, on le met en dialogue direct avec les acteurs).Cette disparition passe pour un progrès. Les héros sont en relation directe.La question de l’amour dans la tragédie. Faut-il le représenter dans ce genre ?Différentes tendances : années 1620 le héros est très fortement marqué par la passion amoureusemais en même temps se bat (héroïsme galant) « Mais ne m’en formez pas des héros doucereux ».Ceci est différent de Corneille : héros avec une passion amoureuse mais qui la mette en dessous duprofil de l’état.

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Boileau essaie ensuite de ressembler les phénomènes permettant de parvenir au succès : commentcréer une tragédie réussie ?Le plus important pour l’auteur est de faire sentir au spectateur qu’il est impliqué (vers 142).Vers 160 à 332 l’épopéeUne grande place accordée à ce genre. Aujourd’hui du mal à être dans la poésie moderne.A l’époque de Boileau beaucoup d’essais mais peu réussis.Boileau en fait le genre majeur, le plus élevé, le genre fondamental de la littérature. C’est le genre dela fiction, de l’invention. Il se nourrit de la fable (pas le genre de la fable de La Fontaine mais plutôt legenre fabuleux, l’équivalent de la mythologie gréco-latine). C’était donc la religion grecque et latinede l’Antiquité.17ème siècle : on est à l’ère chrétienne, cette mythologie gréco-latine n’est donc plus une religionmais une chose fabuleuse. On use aussi du mythe (Narcisse).La fable est le domaine principal pour l’épopée.Le but de ce genre est d’enchanter, de surprendre, de frapper…C’est le règne de l’allégorie (les réalités doivent être représentées par des personnes). Tout est utiledans l’embellissement de l’épopée. Vers 176 à 188. Il faut une personnalisation des phénomènesdans le poème épique parce que ceci est un réservoir de rêves. Univers fabuleux qui créé des effetschez le public.Boileau réintroduit (vers 193 à 204) le débat entre le merveilleux païen et le merveilleux chrétien. Lapossibilité ou non d’utiliser la Bible et l’univers chrétien. Grand débat à ce siècle. Certains auteursparlent de l’univers chrétien dans leur épopée (Desmarets). Boileau s’en prendra à eux.Epopée avec un thème religieux on utilise quelque chose non considérée dans la vie courante commefabuleux, comme fiction. Voilà pourquoi Boileau pense que le réservoir religieux est incompatibleavec l’épopée. La morale ne peut être mélangée à cette recherche du merveilleux et du rêve.Puis une réflexion et une analyse de La Jérusalem de Tasse (vers 209). Epopée parlant des croisadeset dont l’action principale est la prise de Jérusalem. Boileau dit que le succès vient surtout del’émerveillement du public autour des histoires amoureuses écrites.Boileau récuse que l’on essaie d’éliminer la mythologie gréco-latine.Eloge de la mythologie.Foi dans son caractère actif.Vers 245 à 252 le héros épiqueIl faut des héros avant tout héroïques et qui ne sont pas dans des situations trop basses. Boileau s’enprend au Moïse sauvé de Saint Amand. Vers 261.Il ne faut pas la rabaisser à des choses trop ordinaires.2 vers sur la narration (vivacité dans la façon dont on conte les éléments). Puis Boileau traite de ladescription (mettre de la pompe, de la grandeur, de la richesse, de la magnificence). Pas de pouvoiranticipateur sur l’action, elle doit être un ornement, un décor.Quelques éléments sur la manière de commencer une épopée qui doit être le lieu de lareprésentation figurée. Suppose une théorie rhétorique sur laquelle les figures ont les ornements.Vers 290 « Et je hais un sublime ennuyeux et pesant »Puis un éloge d’Homère contre Desmarets.Epopées du 17ème siècle, aucune n’est restée dans la littérature.La Pucelle de Chapelain (Jeanne d’Arc) par exemple.Vers 335 jusqu’à la fin : la comédieUne histoire de la comédie chez les grecs avec des raccourcis. Parle surtout d’Aristophane et deMénandre. Remarque un passage du comique satirique très moqueur avec beaucoup de farce à uncomique plus élaboré (la différence entre ces deux auteurs). Ménandre régularisera le comique (vers349). Mise ne valeur du phénomène (recherché dans la comédie classique) : il faut instruire par ledétour du rire. Il faut observer les mœurs.Jusqu’où peut-on descendre dans la bassesse lorsqu’on fait du comique ?Débat important. Pour Boileau des limites à ne pas dépasser.

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Comment reprendre les mœurs ? Faut-il désigner les personnes, les nommer ? Ou faut-il représenterun titre, en donnant un portrait ressemblant (ce sera toujours l’autre et jamais soi de représenté).C’est ainsi que La Fontaine procèdera avec ses Fables : représenter une leçon sans obliger les gens àla comprendre.Eloge de ce qui représente la nature à partir du vers 359. L’auteur de comédie doit faire apparaîtreles traits de nature des caractères humains. On doit être proche de la réalité. Reprend l’Art Poétiqued’Horace : il faut représenter tout le temps (représenter un jeune comme un jeune, un vieillardcomme un vieillard… pour ne pas parler contre nature !).Vers 391 La Cour (appauvrissement) est différente de la Ville (les salons et la culture). Elles donnentdes impulsions considérables mais ne sont pas le même public.La cour prendra peu à peu avec Mazarin une place prépondérante. Elle deviendra une cautionconsidérable pour les œuvres.Passage critique sur Molière (un de ses amis) et Boileau reprécise les limites du comique. Vers 393 à400. La limite du comique : il ne faut pas qu’elle s’apparente à la farce.Aujourd’hui nous y remarquons (dans la comédie sérieuse il mêle la farce) une originalité et unehabilité propre à Molière.Boileau lui reproche cette association de la farce dans la comédie.Puis pas de tragédie dans comédie : PAS DE MELANGE DES GENRES (ceci sera différent de laconception de Hugo).Le Classicisme prône la séparation des genres.Mais aussi pas de burlesque, pas de mots bas une comédie relevée qui va quelque peu àl’encontre de la comédie de Molière (l’auteur du 17ème siècle de comédie le plus connu). Le théâtrebascule et devient tout à fait différent avec Molière (un théâtre très composite et très riche).Pour Boileau la comédie doit être un genre respectueux, éloge de la comédie rangée. Il ne comprenddonc pas totalement l’art de Molière.Les vers suivants concernent l’organisation de la pièce (l’action, le nœud).

Le Chant IV reprend des phénomènes généraux sur l’art d’écrire.

19ème siècle : Période romantiqueVictor HUGO La Préface de Cromwell1827

Ceci nous amènera à dialoguer avec Boileau. En effet Hugo repensera la théorie théâtrale etexplicitera ce qu’il appelle le Drame. Il écrit pendant la période romantique et fait la défense d’un artnouveau. Il se révolte contre la théorie dominante (classique) qui est devenue académique : un simplerespect des normes permettrait-il une œuvre d’art ?On veut lutter contre l’esthétisme du 17ème siècle.Dans cette Préface Hugo monte une théorie complète du Drame.1ère partie : une histoire de l’humanité : primitive, antique, moderne (arrivée du christianisme) et troisgenres dominants correspondants à ces époques : l’hymne, l’ode puis l’épopée (Homère) et dansl’époque moderne c’est l’émergence du Drame (genre majeur qui va dominer). Le Drame est un genreglobal qui concentrerait les phénomènes de l’époque moderne (la littérature est le reflet de la sociétéet est influencée par l’Histoire).

Le 10.04.12Nous allons traiter de ce que la Préface de Cromwell a de plus caractéristique bien que Victor Hugose défende de faire un art poétique. Il montre une grande contradiction des règles énoncéesprécédemment.La préface de 1827 est un manifeste. Elle concentre ce qui a été en germe, en expansion première.Au début du 19ème siècle après le 18ème où on a exploité les règles classiques.

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Comment cet héritage est contré, critiqué ? A l’époque d’Hugo il existe encore un mouvement néo-classique.Hugo fait preuve d’une grande admiration face aux classiques (Molière) mais pour lui cette périodeest dépassée (surtout la théorie de l’imitation). Ainsi il y a pour Hugo la naissance d’une époquenouvelle.Il existe aussi des défenseurs d’un art plus modéré, qui chercherait à associer des éléments éparsqu’il faudrait concentrer un art sans heurt… opposé au caractère bouillonnant des romantiquesqui veulent révolutionner l’art.Mais aussi des romantiques excessifs contre lesquels Hugo s’insurge.

Entre ces opposés (néoclassicisme, la modération, l’excès) Hugo veut créer un pôle d’attraction trèsfort : La préface de Cromwell qui rassemble tout ce que l’art classique avait interdit (mélange desgenres…). Nouveau type de théâtre, très long, on l’avait jugé injouable mais il est un symbole de lacréation en œuvre que l’art romantique proposait.Avec sa postface Hugo fait un rebond entre la pièce et la représentation. Le terme même de préfaceest excessif, le texte très long car Hugo fait une théorie du Drame, genre nouveau qu’il veutpromouvoir.

1. MISE EN PERSPECTIVE HISTORIQUE3 grandes époques : primitive, antiquité, moderneChacune est caractérisée par des genres dominants (la littérature est en effet pensée comme refletde l’histoire, de la société. Hugo est le premier à l’exprimer de manière si forte).Hugo retient des grands phénomènes :_époque primitive : les débuts de l’humanité, la poésie naît avec l’homme. L’homme estphilosophe et artiste dès les débuts de l’humanité.Cette époque est proche de la nature.Les premières familles humaines (et non peuples) ne sont pas gênés par les contraintes et les lois, eton mène une vie à contempler, réfléchir. Le premier homme est lyrique et poète.Le genre dominant est donc l’Ode. Le livre principal à retenir de cette période est la Genèse .Peu à peu cette adolescence du monde s’en va. Naissance des royaumes. Nations qui se gênentempires, guerres et voyages.Le motif principal est la nature._l’antiquité.La poésie chante ces bouleversements du monde, la vision chante : elle devient épique, elle célébred’évènements.Homère domine cette société antique.L’épopée prend plusieurs formes mais jamais ne perd son caractère.Lucas dira que l’épopée est le chant des périodes de consensus. Pour Hugo l’épopée est partout(l’épopée est même pour lui dans la tragédie antique : personnages sont des héros, des dieux…elleest l’épopée mise au théâtre)L’épopée chante les hérosPoésie épique s’use ainsi que la société qui lui est associée. L’imitation (romaine par exemple) la tue._l’époque moderne. Elle est en phase avec l’arrivée du christianisme (qui tue la sociétéantique) : une religion « complète » car enseigne à l’homme sa dualité (deux vies : sur terre etl’immortalité dans le ciel. Elle enseigne à l’homme qu’il a un animal (son corps et ses passions) et uneintelligence (esprit), qu’il a une âme et un corps. Ceci est fondamental pour Hugo (qui est un grandcroyant). Ainsi pour représenter la réalité de l’homme il faut une poésie qui mette ensemble cesparties humaines très contrastées. Il fait de cette vision nouvelle une expression de la conception dela nature humaine.Cette époque créée des conditions nouvelles.Christianisme a introduit un sentiment nouveau, la mélancolie : « …l’homme commença à prendre enpitié l’humanité… le christianisme fit la mélancolie ». Cette perception fait uniquement partie de

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l’époque moderne MAIS il y aura AUSSI l’arrivée de l’esprit d’examen et de curiosité : « c’est à quiexaminera, commentera… » (Arrivée des savants et des controversistes).Ceci permet la naissance d’une nouvelle poésie : genre capable de rassembler ce qui a précédé en yajoutant du neuf : le Drame. Il faut avoir une vision plus large, qui rassemble plus, montrer autant lebeau que le laid.Poésie doit mêler « l’ombre à la lumière, le grotesque au sublime » : elle est un rassemblement descontraires.Cette époque est un aboutissement de l’évolution.Qu’est-ce que le Drame ? La représentation du contraste de tous les jours, de la contradictionapparente en l’homme de par sa dualité. Le drame représente la dualité humine et de ce fait laréalité. On parle à partir de là de l’homme dans sa réalité « le réel résulte de la combinaison toutenaturelle de deux types, le sublime et le grotesque ».Le drame parle des hommes

Mais attention, pour lui, les genres peuvent se croiser (La Genèse : lyrisme et épopée en germe…).Met les phénomènes donc en relation avec la réalité historique. On assiste donc à une superpositiondes genres. On aboutit à l’époque moderne donc à un genre complet. Période où on a pensé quel’histoire s’était totalement réalisée d’où cette impression de poésie TOTALE.Le drame repose particulièrement sur la combinaison du grotesque et du sublime. La figure de ceDrame pour Hugo est Shakespeare.

2. HISTOIRE ET THEORIE DU GROTESQUEPourquoi ne pas avoir fait une partie sur le sublime (élevé) ? Car il est déjà très fortement théorisé(par l’esthétique classique par exemple). Hugo considèrera comme pratiquement synonymes le beauet le sublime.Il fait de même entre le grotesque et le laid (la laideur).Mais il faut justifier son utilisation dans le Sublime, dans le tragique élevé.N’est pas tout à fait le premier à proposer cela.Il faut donc défendre le grotesque.En fait une histoire : Il est présent à toutes les époques. A l’antiquité par exemple (trop de nature, decréativité dans la tragédie grecque pour qu’il n’y ait pas de comique Euripide) mais ne se développerapas en tant que motif à part entière. Même la comédie passera presque inaperçue.Dans la pensée moderne, le grotesque a au contraire une place immense, il est partout dans sesreprésentations (attache autour de la religion « mille suppositions originales » « fait ramperSganarelle autour de Don Juan », ce dernier exemple est une preuve de l’association SUBLIME (DonJuan) et GROTESQUE (Sganarelle).Il fait un parcours poétique autour de l’histoire du grotesque. Hugo cite un grand nombre d’exemplesartistiques ou populaires : importance dans la vie t dans l’art.

Un phénomène explicatif fort d’où une théorie du grotesque. Il en relève son effet principal : « la plusriche source que la nature puisse offrir à l’art ». Le sublime ne peut qu’aboutir au monotone. Legrotesque produit un effet contrasté qui se permettra de revaloriser le sublime « la salamandre faitressentir l’ondine ».Hugo dit que la beauté parfaite ne peut être accessible dans la durée que si on lui associe un effet decontraste.« Le contact du difforme a donné au sublime moderne quelque chose de plus fort, de plus fin… plusbeau que le Beau antique ».Cette théorie n’est pas pour la prédominance d’un nouveau type mais associe des phénomènes queles hommes considéraient alors comme contraires.N’ira pas aussi loin que les psychanalystes beaucoup plus tard. Freud : le comique nous amène à lamême source que le tragique : l’angoisse. Mais nous nous délivrons de cette angoisse par unedépense physique qui est le rire.

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Le phénomène originel de la comédie et de la tragédie est donc le même. Hugo lui parle d’une sourceanthropologique commune.

3. S’OPPOSE AU CLASSICISME DE MANIERE TRES FORTE & S’EN PREND AUX REGLESIl appelle à une nouvelle orientation (s’en prend aux 3 unités, à l’imitation)Polémique entre le classicisme et le romantisme. Hugo s’oppose à des phénomènes théoriques del’esthétisme classique.En effet Hugo prône le mélange des genres interdit dans l’esthétisme classique.Au 18ème siècle il commence déjà à y avoir une certaine association. Avec le Drame il est absolumentNECESSAIRE de mélanger les genres pour se rapprocher le plus de la réalité humaine.

Hugo se bat contre les règles. Une des plus importantes de la période classique est la vraisemblance(tout doit paraître vrai dans la représentation classique. Cette théorie découle de la mimésis). Hugoretourne l’argument de la vraisemblance contre les règles des unités : les unités de temps et de lieuxn’ont pas lieu d’être car sont totalement invraisemblables.Il s’en prend aussi aux récits qui remplacent le spectacle, l’action.La question de l’unité de lieu : Pour Hugo les choses que l’on représente doivent êtrereprésentées dans le lieu exact : ceci pour un souci de réel.il faut la présence du lieu pour donner uneforce à la représentation. Il donne de nombreux exemples…L’unité de temps n’est pour lui pas plus solide que celle de lieu. « …aussi ridicule que l’actionencadrée dans le vestibule ». C’est une règle qui mutile la créativité. Elle permet en effet de passersous silence les interrogations des théoriciens classiques : comment représenter le temps en dehorsdu temps de la représentation (Saut dans le temps pendant les entractes)?Mais alors Hugo pose la question du pourquoi : pourquoi 24H ? (de plus on consacrait les piècesclassiques au dernier jour, le premier acte était alors consacré au récit).Hugo revient sur ses objections : pas trop de changement de décor, trop de temps différents lespectateur face au vide.La réponse selon Hugo est que le génie du poète permettra à éluder ce problème. Il y a pour lui unefausse réponse des classiques qui ont rejeté ce problème, n’ont pas voulu le prendre enconsidération en posant la règle des 24H. Pour Hugo il faut résoudre cela dans la création même.La seule unité à conserver par Hugo est celle de l’unité d’action (une seule direction). Elle estnécessaire car marque le point du drame. Mais il ne faut pas confondre unité d’action et simplicitéd’action. Les actions secondaires doivent être nombreuses et simplement graviter autour de laprincipale « l’unité d’ensemble est la perspective du théâtre ». Ceci est l’aboutissement d’unethéorisation de l’unité d’action (Marmontel) : il y a unité d’action lorsque la principale est larésultante des actions secondaires « ces parties sont subordonnées au tout et gravitent sans cessevers l’action principale ». L’unité d’action est la composition de ces différentes actions.

Il conteste l’imitation. Hugo est CONTRE l’imitation (différent d’Horace, Du Bellay, les Classiques).C’est une contestation du principe créatif principal de la littérature. Car pour lui il y a ainsi unelimitation du génie. Une contradiction est alors soulignée par Hugo : il faut imiter les modèles maisceux-ci ne sont pas imitables.Hugo fait l’impasse sur la théorie de l’innutrition de Du Bellay.Hugo s’en prend plus à l’académisme et le caractère imitateur obligé de l’art.Distorsion dans cette théorie de l’imitation : un complexe de l’élève. La contrainte aboutit alors à ladéformation (le maniérisme : réaction désespérée). Hugo trouve stérilisant d’imiter les modèles.

Hugo développe une théorie de la liberté comme principe de création « il n’y a ni règle ni modèle ».Ceci va entraîner de grandes polémiques. Mais néanmoins toujours des lois (celles de la nature « quiplanent sur l’art tout entier », s’il doit y avoir imitation, ce sera celle de la nature & cellesparticulières à chaque sujet—devront être trouvées par le créateur lui-même).

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Le modèle ppal est la nature. Précise la notion de nature (certain ont dit que c’était un revirement) :la nature et l’art ne sont pas exactement la même chose

4. LE DRAME ROMANTIQUE, SA THEORIELe Drame est l’union du sublime et du grotesque.

5. THEORIE DE L’ARTHugo se bat contre les faux-romantiques (nature représentées dans son exactitude la plus précise)alors que pour Hugo l’art est un miroir qui réfléchit la nature « miroir de concentration ». Il faut pourlui utiliser la versification dans le théâtre, car il est la forme optique de la pensée (prisme). La poésieest comparée à un vitrail.La nature est le ferment de la création mais va être transformée par l’art, modifiée par le travailartistique.Revirement ou précision de ce qu’est pour lui la création ?

Ces cinq parties ne sont pas organisées ainsi dans le texte de la préface, ceci est un ordre globalretenu.

Premier courant: le courant français:- le courant sémiotique / structuraliste: franco-italien- le courant de la déconstruction

Deuxième courant: herméneutique:Ecole de Constance: - Wolfgang Iser- Hans Robert SaussThéorie de la lecture de la bible

Contexte textuelle est sociale défini la lecture.-qui commence le dialogue qui le fini- comment est situé le dialogue?- pt de vue interne, externe?- manière dont est narré l’œuvre?

A partir des années 1960 Roland Barthes, on ne s’intéresse plus a la mort de l’auteur. La forme du texte est plus forte que les idées de l’auteur, et son intention, les règles de forme le contraignent à faire des choix. Les règles d’écriture son donné dans le texte. Le texte est le produit d’une bataille entre l’intention de l’auteur et les règles de construction. Privilège l’analyse du texte, pragmatique de la nature, en quoi est elle une action? Au sens de la différence et de la similitude, sert à donner une interprétation. En quoi le langage agit sur l’autre.

Dernier paragraphe p1: le texte va m’orienter moi lecteur, vers des actions interprétatives. On ne peut jamais arrêter l’interprétation, aucune certitude, donc on s’intéresse à la fonction de la réalisation du texte.

Le rôle joué pat le destinataire est important. Trouvé l’instruction donné par le texte dans son interprétation.

P23 premier paragraphe: parle de l’auteur matériel, imagination personnel de l’auteur et du narrateur, mais une distinction se fait selon les points de vue.(interne externe) => surtout pour les personnages du texte.

P24 deuxième paragraphe: proposition d’Iser

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Présentation de la théorie d’Iser :1976, L’acte de lectureComment les textes sont accueilli? Il n’y a pas d’œuvre en soi, c’est un programme d’instruction.Se demande comment apparaissent les structures qui gouvernent chez le lecteur l’élaboration du texte.

C’est-à-dire voir toutes les perspectives du texte en les confrontant au point du vue du texte. Voir toutes les perspectives ouvertes par le texte, puis en trouver un point de vue unique. Structure du texte, horizons de plusieurs sens et ce sens doit être teinté par les expériences de chaque lecteurs, avec ses propres références. Est-ce que l’interprétation est purement personnelle, ou est-ce que la structure du texte gouverne mon interprétation? L’intention de l’auteur + l’intention du lecteur sont importantes = détermine l’interprétation

Pour Iser c’est par le contraste de l’inconscient du lecteur et ce qu’il y a dans le texte que le lecteur se libère. C’est-à-dire qu’on ne se retrouve pas dans le texte parce que je m’y représente mais parce qu’il s’oppose à mon inconscient, non parce qu’il me plait.

Distance entre réalité et fiction, permet un esprit plus critique. Sélectionner les points e la réalité, Iser appelle cela le répertoire il les présente d’une certaine manière mais elle ne corresponde pas à la réalité car c’est une sélection braquée autrement. C’est grâce à cela que nait l’intérêt du lecteur eet son esprit critique.

Stratégie du texte est un système lattant caché, il doit donc être décrypté par le lecteur. Le lecteur synthétise plusieurs points de vue. Fait plusieurs interprétation certaines sont fausses donc il les corrige pour rester cohérent avec le texte.

Deuxième lecture, interprétation rétrospective, question que l’on a ouverte mais qui ne sont pas opératoire. On relie pour sélectionner une série de cohérence, opéré un choix pour faire apparaitre une série de question cohérente qui vont servir.

Ex Baudelaire

Les interprétations postérieures sont très importantes. Quand on li on doit respecter les horizons de l’époque où il a été écrite mais aussi introduire l’époque dans laquelle on li. Ce poème est une allégorie de la dépréciation du monde de la marchandise

auto aliénation de l’argent et de l’objet.

Quand on lit un texteLecture qui unifie les perceptives du texteCe sens doit respecter l’horizon latente de l’époque d’écriturePose de nouvelles questions en rapport avec notre époque

Il faut que les interprétations puisse faire communication avec les gens de notre époque=> discussion commune et actuelle

Jusqu’où peut on interpréter?

A partir du moment ou un texte a été écrit très longtemps avant la situation de lecture (ex: texte racontant l’origine de l’humanité) Qu’Est-ce qui ce passe quand il y a un décalage de contexte?

- variabilité de l’utilisation du texte par le lecteur

Le texte reste mais le contexte change

Jusqu’où avons nous la liberté d’ouvrir l’interprétation du texte? Est-ce que je suis libre de l’interpréter à ma manière? (interprétation infinie) Est-ce que le texte me conditionne dans ma lecture? (programme d’actions, d’hypothèse, de contraintes, de limites qui ferait peser sur moi)

Texte de Uberto Eco

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Les théories de la lecture sont nées avec une sorte d’impulsion crée par la réaction contre l’époque structuratiste (époque où l’on penser pouvoir tout comprendre à partir de la structure du texte sans avoir besoin de se reporter au contexte de l’écriture et aux intentions de l’auteur).

Roland Barthes a parler de la mort de l’auteur, mais aussi Michel Foucault (Histoire de la folie, Les mots et les choses) pour qui l’auteur est mort. Tout cela débouche sur la sémantique(1930). Outre ce premier courant il y a le courant herméneutique = interpréter (dans les pays protestants 1960-80)

Lorsqu’on lit un texte il y a trois temps:- le comprendre au fur et à mesure qu’on le lit

- l’interpréter, c’est-à-dire trouver une cohérence

- l’appliquer, c’est-à-dire se demander quels sont les usages que le lecteur peut faire avec son horizon d’attente de son époque de lecture à condition de respecter l’horizon de l’époque d’écriture.

Pour Yaos

Il faut séparer les bonnes et les mauvaise interprétations d’un texte:- les bonnes: celles qui sont compatibles avec l’horizon d’attente de l’époque d’écriture et qui font l’objet

d’un consensus d’un certain nombre de personnes au moment de l’époque de lecture.- les mauvaises: celles qui ne sont pas vraies historiquement, c’est-à-dire celles qui sont en contradictions

avec les interprétation textuellement correctes.

Courant de la sémiotique:Etude des signes (sémantique: étude des sens et de la signification). En 1962 foisonnement d’œuvre dans

lesquelles était intégrer l’idée d’une variabilité des sens des textes. Le rôle de l’interprète est d’achevé l’œuvre dans l’ordre des éléments où dans la structure des éléments. Il y a seuil au delà duquel il risquait d’y avoir une surcharge d’informations qui produirai une impossibilité au lecteur de donner un sens, risque de bruit qui empêche de créer une œuvre. Le lecteur ne peut pas trouver de cohérence dans le texte. Pour R.E cette liberté trop grande au lecteur lui permettaient des phantasmes et que cela devenait un prétexte. => remise en cause du lecteur pour protéger la possibilité d’une communication entre plusieurs interprètes d’un même texte et pour que le texte soit respecter avec sa propre forme. A un certain moment il faut que le lecteur coopère, pour construire le texte, il faut qu’il soit attentif à ce que donne le texte.

Il considère que le texte est une machine inférenciel qui m’oblige à faire des inférences. Le texte de fiction créé un monde virtuel possible avec ses propres lois, ses personnages et avec sa logique et moi lecteur je suis libre de l’interpréter à condition que je fasse des hypothèses(inférences)e de lecture telles qu’elles ont été prédéfinies par le texte.

Il commence par noter tout ce que le lecteur et le texte doivent avoir en commun- éléments partagés par le lecteur et le texte (la langue(dictionnaire),

Texte bourré de propriété que nous supposons.

Chapitre 1:Deux personnages: Raoul et MargueritePremière relation nécessaire: ils sont mariésDeuxième relation nécessaire: ils sont jaloux

Chapitre 2:Raoul est un défenseur de Marguerite en même temps d’être un agresseur dans le monde réel=> Marguerite nomme une propriété qui va la sauver

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Chapitre 3:On ne nous dit pas ce qui se passe=> chapitre fantômeRéconciliation, nous déduisons car le chapitre est blanc; nous montre ce que fait le lecteur (intérprète, fait

des hypothèses)

Chapitre 4:=> hypothèse que Marguerite à un amantPour Marguerite, Raoul va aller au bal déguisé en templierLes deux mondes ne sont pas accessiblesChacun des deux va mentir à l’autre, mais chacun se débrouille pour ne pas être là le soir

Chapitre 5:Templier du 19° siècle => c’est impossible, le texte se moque de nousImaginons que Raoul a une amante, et qu’il soit déguisée en templier, il rencontre une personne déguisée.Il y a très peu de chance qu’il rencontre une femme déguisée en PirogueIl reçoit un message lui disant que Marguerite va au bal.Il n’y a aucune chance qu’il soit déguisé en templier sinon il serai démasqué.Seul le lecteur connait les déguisements.=> rien ne tient debout.

Chapitre 6Il est totalement invraisemblable que le templier et la pirogue se rencontreLe monde de la fiction va donner raison au monde du lecteur; ils se rejoignent.Le monde de la nouvelle a donc rejoint le notre.

Chapitre 7:Le dénouement est un hyper codage qui nous renvoit au conte de fée( ils vécurent heureux et eurent

beaucoup d’enfants) propriétés nommées mais pas construites.

Umberto Eco; Intentio Lectoris

Dans l’art, la littérature, la musique: l’improvisateur doit être libreL’initiative ne revient plus au lecteur, il y a une série d’instruction à suivre dans la fable (avec un

« dictionnaire » adapté permettant de comprendre le monde de la fable.*le texte est une machinerie permettant d’explorer des hypothèses (vraies ou fausses) pour le lecteur.

=> il faut de la cohérence avec l’univers de base.

Y’a-t-il oui ou non de fausses interprétations à propos des textes.=> Pour Socrate et Platon l’écriture serait la dépravation, la vois est immédiate / véritéL’écriture copie la voix en la dégradant=> loin de la personne, du contexte, des émotions

DERRIDA: il remet en cause l’idée de Platon et Socrate puis insiste sur la science des traces écrites=> la grammatologieSAUSSURE Cours de linguistique générale (début XX° siècle)=> selon les cultures, la réalité est désignée de différentes façons (ex: différents mots pour définir la

neige)Concept du rouge qui ne renvoie pas à un référent possible mais qui se comprend de manière différentiel

du orange et du violetsignifiant (sa) => prononciation / écrituresignifié (sé) => sensLe mot est abstrait il ne renvoie pas a une réalité « concrète »

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=> ex: tous les arbres ne sont pas les mêmesIl y a différents rouges

A l’oral par exemple le son « a » se comprend par opposition aux autres sons émis par la personne.- un nom ne peut pas être compris comme la réalité possible.- dans la méthode d’Aristote le signifié est défini par des genres proches (ex: hommes = animal,

bipède…) et les différences spécifiques.- pour Saussure on ne peut pas fonctionner par genres proches seulement, il faut aussi tenir compte des

oppositions.=> par opposition aux autres mots du même contexte que le mot utilisé.

Platon et Aristote ont une utilisation monosémique du discours.Le mot: - sens du dictionnaire- contexte d’utilisation- co-texte- contexte symbolique

DERRIDA part des remarques de SAUSSURE. L’écriture est ouverte à diverses options, les mots se disséminent et « semant » une série de sens à explorer. DERRIDA valorise le polysémique.

Le sens de l’écriture fonctionne par différence du fait qu’il s’oppose aux autres mots du réseau dans lequel celui-ci est prit.

=> mais quelle différence y a-t-il entre sans propre et figuré?(article: La mythologie blanche)(livre: Marges de la philosophie)

Opposition: - muthos (mythe / histoire)- logos (langage / pensée)dans la tradition philosophique=> pour DERRIDA c’est une sorte de dépréciation du muthos; « déguisement de l’histoire. Il faut

comprendre le but de celle-ciL’image les métaphores ne sont pas des idées dégradées et il n’existe pas de sens premier: ils sont tpus

premiers et allégoriques. (ex: une pensée claire ne peut pas être défini sans métaphore, ex: le soleil)DESCARTES dit que lorsqu’on lui enlève toutes interprétations, impressions, il lui reste toujours la

pensée . « Je pense donc je suis »Les métaphores sont toujours une partie du sens du mot.=> le mot est à la fois un sens propre et un sens figuré.

DERRIDA réfute que le corps, la matière serait plus bas que l’esprit. Il n’existe donc pas de sens premier a un texte car chaque élément renvoie à une infinité de sens. DERRIDA comprend la multitude d’interprétation qui peut être donnés à un texte. (ex: la bible)

=> Umberto Eco lui répond qu’il est faux de dire qu’on peut tout dire à propos d’un texte, un texte ne peut pas signifier tout et n’importe quoi. Il es faux de dire qu’un texte n’a pas de mésinterprétation

=> Eco a changé d’avis

p.27: explication de l’œuvre ouverte=> il faut parler de l’œuvre en question et non de son vécu, ou son impression, il faut respecter le thème

du texte

1976: Iser, l’œuvre ne désigne pas un objet, elle est un ensemble d’instructions à réaliser, qui nous induisent à faire des hypothèses parfois libres, parfois obligés.

3 types d’intention:- intentio autoris: intention de l’auteur- intentio operis: intention de l’œuvre- intentio lectoris: intention du lecteur

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L’intention de l’œuvre dépasse souvent celle de l’auteur (ex: un poème doit rimer)Voir p.28, sorte de technique (structure de lecture)Respecter l’horizon d’attente de l’époque d’écriture, distinction d’Eco entre interpréter un texteet utiliser

un texte.

Lire Edgar Poe La lettre volée

p.30: « ce débat… » débat sur les 3 intentions, mais il y a un autre débat: on peut décrire objectivement un texte.

p.28-29: « venons-en… »On peut être objectiviste penser que cela renvoie à chacune des intentions (ou une)On peut être subjectiviste et penser que cela peut aussi renvoyer à une ou chacune des 3 intentions.

1- il y a 3 intentions dans le texte2- objectivement on privilégie les structures ou en interprétant on privilégie les effets.3- l’esthétique: - monosémique: sens précis- polysémique: sens divers=> c’est donc un arbre des possibilités.

p.30: selon les époques, les interprétations peuvent changer.

p.31: il existe une esthétique de l’interprétabilité, je peux aussi remarquer qu’il n’y a qu’un sens (univoque) au texte si on ne s’en tient pas à l’intention de l’auteur.

=> il y a différentes possibilités suivant le lecteur, l’époque…

p.32; 3° paragraphe: résumé de tout les typesLes romains vont avoir du mal à transposer le théâtre grec. Il faudra attendre l’arrivée de Sénèque en 60ap. J-C. Horace prône donc le théâtre dans sa lettre Epitre aux Pison. Ils examinent alors les lettres deses prédécesseurs et son propre travail pour en tirer des principes.Considéré comme art poétique d’Horace. On voit alors intervenir une critique satirique et des lettresd’autres auteurs.=> fonction poétique=> fonction critique (promouvoir un certain style)=> fonction normative (fixer des règles)=> fonction incitative (pousser les auteurs à écrire)

Les principes:

- la cohérence: manière de concevoir l’art, certaine régularité par rapport à la réalité. Recherche de cequ’il y a d’approprié et de juste dans le style.

- choix du sujet: idées en abondance, jauger ses propres forces pour arriver à convaincre. Reprend deséléments de la rhétorique.- il faut être convaincu par ce qu’on dit.=> démarche de sincéritéCapacité de parler, et ensuite le discours arrive de lui-même.- importance du travail, il faut connaître les choses de la vie et de la cité. Il faut doncreproduire ce que l’on voit.=> transposition du réel. (effet miroir)- prône une alliance entre la nature et la culture. Promotion du travail et vision apaisée de lacréation.

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Le théâtre:

- Puisque le théâtre comme œuvre d’art représente la réalité, il faut que les personnages soient enaccord avec eux-mêmes.=> règle de convenance

- Il y a aussi une convenance dans le cours de l’œuvre. Le personnage doit être le même du début à lafin de la pièce.- la vraisemblance: il faut faire en sorte que le spectateur oublie qu’il est au théâtre.- il faut aussi une cohérence dans les genres. La comédie est réservée aux questions domestiques, de lavie quotidienne.Le mélange des genres et problématiques pour deux raisons:- car les genres se définissent avec une certaine normativité.- peut pervertir pour créer des effets. (burlesque: utilisation d’un style inadapté)- source de la beauté est l’émotion=> enrichissement de la langue- appropriation de l’œuvre, emprunter tout en créant de manière originale.

La Défense et illustration de la langue française (1549)Du Bellay

- humanisme- 1548 Sébillet- sous forme de manuscrit- écrit un recueil de poésie Olive- démarche pétrarquéenne, règle de métaphore pour parler d’amour