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RECUEIL DE TEXTES D’ÉLÈVES ANNÉE SCOLAIRE 2010-2011 ÉPREUVE UNIQUE D’ÉCRITURE DE FIN D’ÉTUDES SECONDAIRES LA LANGUE, OUTIL DE PENSÉE, D’IDENTITÉ ET DE LIBERTÉ VERSION PROVISOIRE DIRECTION DE L’ÉVALUATION Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport

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RECUEIL DE TEXTES D’ÉLÈVESANNÉE SCOLAIRE 2010-2011

ÉPREUVE UNIQUE D’ÉCRITURE DEFIN D’ÉTUDES SECONDAIRES

LA LANGUE, OUTIL DE PENSÉE, D’IDENTITÉ ET DE LIBERTÉ

VERSION PROVISOIRE

DIRECTION DE L’ÉVALUATION Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport

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TABLE DES MATIÈRES

La langue, outil de pensée, d’identité et de liberté ..................................................................................... 3 Consignes pour la rédaction des lettres ouvertes (politique éditoriale) ........................................... 3 Critères de sélection ................................................................................................................................................. 3 Liens ............................................................................................................................................................................... 4

Textes d’élèves ......................................................................................................................................................... 5 Une idée utopique ...................................................................................................................................................... 5 Une route trop ardue ............................................................................................................................................... 7 Abondance ou déchéance ? ................................................................................................................................... 8 La surconsommation : une irrésistible tentation ..................................................................................... 10 Le cercle vicieux d’une fausse utopie ............................................................................................................ 12 Une prise de conscience collective ................................................................................................................. 14 Surconsommation rime avec prison .............................................................................................................. 16 Consommer : où est la limite? ........................................................................................................................... 18 La surconsommation : une déferlante incontrôlable .............................................................................. 19 L’envolée des valeurs ........................................................................................................................................... 21 Le « Luikkerland » québécois ou La recherche des biens de consommation .............................. 22 Quand tout ne suffit plus .................................................................................................................................... 24 Un défi de taille ........................................................................................................................................................ 25 La surconsommation : irrésistible? ................................................................................................................. 27 Consommez mieux, consommez moins! ...................................................................................................... 29 Rationalité volontaire .......................................................................................................................................... 31 Luxueuses tentations ........................................................................................................................................... 33 La surconsommation ancrée en nous ........................................................................................................... 35

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La langue, outil de pensée, d’identité et de liberté

La langue française occupe une place importante dans la formation des jeunes du Québec. Afin que ces derniers puissent prendre conscience de la dimension sociale de cette langue et du pouvoir qu’elle exerce sur tous, le Ministère souhaite leur offrir une tribune où seront publiées des lettres ouvertes rédigées à l’occasion de l’épreuve unique de français, langue d’enseignement, de fin d’études secondaires.

En mai 2011, dans le cadre de l’épreuve unique d’écriture de fin d’études secondaires, plus de 60 000 élèves du Québec ont rédigé une lettre ouverte d’environ 500 mots portant sur le thème de la surconsommation.

Voici, dans ce recueil, quelques-uns des meilleurs textes sélectionnés par les membres d’un jury soucieux de faire connaître les idées, les valeurs et les croyances des jeunes du Québec, et de promouvoir la langue française en tant qu’outil de pensée, d’identité et de liberté.

Consignes pour la rédaction des lettres ouvertes (politique éditoriale)

Pour qu’une lettre paraisse dans cette section, elle doit respecter la politique éditoriale de Pouvoir des mots. Cette politique demande à l’élève :

• de susciter l’intérêt ou la réflexion du public cible par le choix des idées, la façon de les exprimer, l’angle adopté pour les présenter ou les liens établis;

• d’utiliser une langue standard; • d’utiliser des informations fiables; • d’éviter les propos de nature trop personnelle (anecdotes, confidences, aveux,

etc.); • de respecter la propriété intellectuelle en ne s’attribuant pas les propos d’autrui; • d’éviter les propos qui pourraient mettre en cause l’intégrité ou la réputation de

certaines personnes.

Critères de sélection

Les membres du jury ont sélectionné les lettres ouvertes selon les critères suivants :

• l’originalité des propos; • la profondeur de la réflexion menée; • la qualité du vocabulaire utilisé; • la maîtrise des règles liées à la syntaxe, à la ponctuation et à l’orthographe.

Une représentation de filles et de garçons qui étudient dans des établissements publics et privés situés en région et dans les grands centres a été privilégiée.

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Liens Programme de formation de l’école québécoise Domaines généraux de formation

Visées de formation (Un programme de formation pour le XXIe siècle, chapitre 1, p.7.) Programme de français, deuxième cycle du secondaire

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Une idée utopique Alice Bergeron École secondaire De Rochebelle Commission scolaire des Découvreurs Au fil de l’histoire, les différents peuples ont su survivre avec le minimum, tentant de tirer profit de ce que la nature avait à leur offrir. Cependant, depuis quelques décennies, l’humain utilise infiniment plus que le strict nécessaire. Avec l’avènement de la technologie, les concepts de luxe et de plaisir ont fait leur apparition, nous transformant en avides consommateurs. Notre société est maintenant caractérisée par la surconsommation, mais est-il possible de l’éviter? Selon moi, il est totalement impensable d’y échapper, car elle est ancrée en nous très profondément, et ne présente aucune solution de rechange alléchante. Tout d’abord, pour comprendre que la surconsommation est pratiquement inévitable, il est important de constater quelle énorme emprise elle a sur la vie quotidienne du citoyen moyen. En effet, la consommation est partout. Selon une étude réalisée aux États-Unis il y a quelques années, les enfants américains sont exposés annuellement à plus de 40 000 messages publicitaires, chacun vantant les mérites d’un produit ou d’un service. Il serait donc presque surhumain de résister à l’appel du centre commercial dans un contexte où on nous bombarde constamment d’incitations à l’achat. Également, le magasinage n’implique pas seulement l’économie; c’est aussi un acte social. En effet, une étude réalisée par Jean-Charles Chebat, de l’Université de Montréal, démontre que les lieux de consommation sont, surtout pour les jeunes, un lieu d’échange et de rassemblement, remplissant le même rôle que les parvis d’église d’autrefois. Comme la consommation fait partie intégrante de la vie sociale, il serait difficile de la supprimer, voire de la réduire, puisque le genre humain est foncièrement grégaire. J’estime donc que, malgré le fait que la surconsommation m’emballe peu, elle est trop présente et ancrée dans notre vie quotidienne pour qu’on puisse chercher à s’en défaire. Également, il est vain de chercher à résister à la consommation de masse, car celle-ci ne présente aucune solution de rechange particulièrement attirante. L’écoresponsabilité, présentée comme la solution miracle à notre vilaine société capitaliste et polluante, comporte en réalité plusieurs inconvénients de taille. En effet, pour acheter des produits locaux, il peut parfois être nécessaire de changer de supermarché et de débourser davantage, ce qui ne plaît pas à tout le monde. Être écoresponsable équivaut donc à se serrer la ceinture, ce que beaucoup ne sont pas prêts à faire. L’autre solution à la surconsommation est plus radicale, et prône carrément une baisse draconienne de la consommation. Cette idéologie a plusieurs côtés négatifs, surtout en matière d’économie. Vous n’êtes pas sans savoir que nous traversons actuellement une crise économique mondiale. Or, plusieurs économistes soutiennent que la relance passe par une augmentation de la consommation, ce qui ferait tourner les usines et réduirait les

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pertes d’emplois 1 . Si nous tentions de freiner la surconsommation, nous expérimenterions des impacts désagréables, que ce soit sur le plan personnel ou national. Je crois donc que nous retournerions bien vite à nos vieilles habitudes, si déplorables soient-elles. Somme toute, malgré le fait qu’il soit admirable de chercher à éviter la surconsommation, j’estime que c’est plutôt utopique. Elle est trop ancrée dans nos habitudes de vie, et la diminuer est un pari risqué sur le plan financier. Je crois cependant que, bientôt, nous n’aurons pas le choix de consommer mieux, et ce, pour le bien de l’espèce humaine. Avec les changements climatiques, qui sait ce qui pourrait arriver si nous continuons ainsi...

1 Pierre-Alexandre DELHOMMAIS et Claire GATINOIS, « Faut-il relancer massivement la consommation? », Le Monde, Économie, samedi 15 février 2009, p. 13.

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Une route trop ardue Lise Turner École Dorval-Jean XXIII Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys D’immenses maisons unifamiliales chauffées à des températures extrêmes; des restaurants qui se vantent de vous servir plus que vous ne pouvez manger, le tout enveloppé de trois couches de carton et de plastique : nous vivons dans une culture de surconsommation. Certes, cette surabondance est plaisante, mais elle a un prix que nos frères des pays pauvres paient de leur sang. Nous sommes de plus en plus conscients de ces problèmes et rares sont ceux qui ne souhaitent pas les enrayer. Pourtant, la surconsommation continue ses ravages. Peut-on encore arrêter la machine? Je crois qu’il est trop tard pour cela. La surconsommation est au cœur de notre économie. Tout nous y pousse et nous avons perdu les moyens de réduire notre consommation. Tout d’abord, la surconsommation est plus qu’un phénomène économique : elle est devenue notre mode de vie et de pensée. Nous voulons tous sauver l’environnement et éradiquer la pauvreté, mais combien parmi nous sont prêts pour cela à accepter de partager leur maison avec une autre famille ou de se passer de fruits exotiques? Comme le résume si bien M. Bruckner dans son livre La tentation de l’innocence : « Mais qui, même parmi les prophètes de la nouvelle frugalité, voudrait échanger notre prospérité actuelle contre la relative rareté qui formait jadis l’ordinaire? » La surconsommation est comme la cigarette : elle crée une dépendance. Ajoutons à cela la publicité ainsi que les politiciens avec leurs discours de relance économique, et éviter la surconsommation devient comme jeûner devant un buffet à volonté. Malgré toutes ces difficultés, quelques personnes réussiront à se dominer et à réellement tenter de réduire leur consommation. Malheureusement, ces grands cœurs ne sont pas au bout de leurs peines. En plus de résister à la tentation, ils devront se battre constamment pour trouver les moyens d’atteindre leurs objectifs. Tout d’abord, il est presque impossible d’éviter l’emballage. Connaissez-vous beaucoup d’endroits où l’on peut acheter du lait en vrac? Où peut-on trouver du pain, des fruits, de la viande ou même des légumineuses qui ne soient pas emballés? Même l’emballage se vend emballé! Ensuite, il est très difficile de trouver des produits vraiment durables. Ils sont plus chers, moins populaires et donc moins disponibles. De plus, tout objet finit par se casser. Que fait-on alors? Faut-il réparer? Eh bien, plusieurs remarqueront comme Mme Roulot-Ganzmann dans son article « C’est quoi être écoresponsable? » que le métier de réparateur est une chose du passé. Tous vous disent plutôt de remplacer. L’impossibilité physique vient s’ajouter aux difficultés psychologiques. En conclusion, la surconsommation est devenue trop importante dans notre culture pour que nous puissions facilement nous en affranchir. Non seulement la tentation est trop forte, mais les moyens de vivre sans surconsommer n’existent plus. Cependant, nous devons toujours essayer. Nous ne pouvons pas enrayer la surconsommation et ses effets, mais nous pouvons les ralentir et les réduire. Chaque pas sur cette route ardue sauve peut-être une vie.

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Abondance ou déchéance? Kimberley Lefebvre-Reid École la Poudrière Commission scolaire des Chênes Depuis longtemps, la santé, l’éducation, la sécurité, le confort et le bien-être sont des préoccupations au cœur de notre société. On veut ce qu’il y a de mieux pour nous et pour ceux que l’on aime, mais bien que nous pensions parfois à autrui, notre consommation est bien loin de se qualifier de « geste altruiste ». Il suffit d’ailleurs de regarder les grandes multinationales pour s’en rendre compte! Si l’on observe bien notre société matérialiste, il est facile de se demander s’il est possible de résister à la surconsommation. Dans ce texte, je vous prouverai que même si la tâche est ardue, elle n’est pas moins réalisable... Premièrement, je crois que si nous voulons cerner pourquoi il est si difficile de résister à la tentation de la surconsommation, nous devons nous tourner vers la publicité. Les messages publicitaires sont partout autour de nous, ils créent un besoin là ou il n’y en avait pas, nous montrent un produit qui peut combler ce besoin et l’idée est implantée : il nous faut cet objet. Ce « lavage de cerveau » est intensif, une étude états-unienne le démontre. En effet, dans le texte « Les insatiables », on nous apprend que les enfants sont exposés à 40 000 messages publicitaires chaque année, et ce, à la télévision seulement. Selon moi, l’article d’Isabelle Masingue est donc très à propos. Lorsqu’elle interroge Max Valiquette sur les méthodes publicitaires, celui-ci répond simplement : « Pour atteindre un public sur la Toile, il faut l’obliger à interagir, par exemple à cliquer et à envoyer ce message à un ami [...]. Ce sont les jeunes eux-mêmes qui relient l’information. » Je vois là une sorte d’épidémie publicitaire contrôlée. Sérieusement, sommes-nous tous aveuglés au point de nous laisser si sournoisement manipuler? Deuxièmement, il serait bien de cesser de faire les autruches. Certes, nous sommes envahis par la publicité, qu’elle soit sur Internet, sur les réseaux sociaux, sur nos cellulaires, à la télé, dans le métro ou même sur les bus de ville. Cependant, l’être humain est facilement influençable, et s’il faut surconsommer pour être socialement accepté, alors pourquoi pas? Il est vrai qu’il n’y a rien de mal là-dedans... À part les travailleurs surexploités qui font nos souliers de marque, la planète qui ressemble de plus en plus à une poubelle géante et le fait de s’endetter à crédit. Des inconvénients mineurs? Un mal nécessaire? Gandhi a dit, un jour, qu’il valait mieux vivre simplement pour que d’autres puissent simplement vivre. Je ne parle pas forcément de simplicité volontaire, mais de saines habitudes de vie. De plus, votre portefeuille s’en portera beaucoup mieux ainsi. Et est-ce vraiment si difficile d’acheter des produits locaux? En conclusion, je suis profondément convaincue qu’il est possible de consommer de façon responsable, même si cela peut s’avérer être une tâche difficile. Oui, des parents riches éprouveront peut-être un sentiment de culpabilité à ne pas acheter tout ce que leurs enfants veulent, quand ils le veulent, mais cela leur donnera un meilleur sens des responsabilités. Personne n’insinue qu’il est facile de consommer sainement, mais c’est

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faisable, et c’est déjà un bon début, non? Nous épuisons nos ressources naturelles pour vivre dans l’abondance, la planète n’en peut plus et des catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes surviennent. Quand l’homme comprendra-t-il enfin que la nature est mille fois plus forte que lui?

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La surconsommation : une irrésistible tentation Audrey Langevin Collège de Lévis Les sociétés occidentales vivent dans un monde aux visages multiples : un monde de désirs, un monde de tentations, un monde où l’argent est omniprésent, une société où la consommation est chose inévitablement courante. Dans de telles conditions, peut-on réellement résister à la surconsommation? Absolument pas, on succombe à la tentation de la consommation jour après jour, et ce, sans aucun remords. On cède fatalement devant la surconsommation de biens superflus, on bave devant les soldes et on arbore le titre de surconsommateur sans que cela n’affecte notre conscience morale. Comment pourrait-il en être autrement lorsque nous sommes bombardés de centaines de messages publicitaires quotidiennement et lorsque la consommation est perçue comme un acte consolateur et bienfaisant? Premièrement, nous sommes bombardés de messages publicitaires en tous genres chaque jour de notre vie. À la télévision comme à la radio, sur les routes comme dans les centres commerciaux, la publicité envahit nos vies et nous prend d’assaut. Dans de telles conditions, difficile de résister à la consommation et, par le fait même, parce que l’être humain a toujours tendance à exagérer, à la surconsommation. Comme l’a mentionné la thérapeute Joe-Ann Benoît : « On vit dans une société de consommation où l’argent est omniprésent1. » Voilà le problème : notre société possède une tendance malsaine à la consommation. C’est elle qui en redemande et qui surconsomme, donnant raison aux compagnies de nous bombarder de messages publicitaires. Pour couronner le tout, les enfants ajoutent de la pression sur les frêles épaules de leurs parents, mais surtout sur leurs soldes bancaires! Cette pression est alimentée par les messages publicitaires qui transforment nos bouts de chou en consommateurs féroces. En fait, ces jeunes candides et inoffensifs ne sont pas si naïfs que ça. Même s’ils ne représentent que 10 % de la population, « les ados dépenseraient de un à deux milliards de dollars par an au Québec2 », selon Marie Lachance, professeure au Département d’économie agroalimentaire et des sciences de la consommation, à l’Université Laval. Loin d’être surprenant lorsqu’on sait que « les enfants sont exposés à 40 000 messages publicitaires par an, seulement en regardant la télévision 3 . » Les publicités, plus abondantes que jamais, alimentent donc les inévitables tentatives de consommation, que ce soit chez les jeunes ou les moins jeunes, rendant la surconsommation davantage attrayante de jour en jour. Deuxièmement, la consommation est, de nos jours, perçue comme un acte consolateur, ce qui rend la surconsommation encore plus séduisante. Dans un monde où la compétition est bestiale, où le stress est un sentiment quotidien et où le travail domine 1 Isabelle DUCAS, « Les insatiables », Affaires Plus, Finances familiales, vol. 28, no 1, janvier 2005, p. 11-15. 2 Isabelle MASINGUE, « Tendance : Marketing viral », Protégez-Vous, mars 2006, p. 40-41. 3 Isabelle DUCAS, « Les insatiables », Affaires Plus, Finances familiales, vol. 28, no 1, janvier 2005, p. 11-15.

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sur les autres sphères un peu plus joviales de la vie, il est peu surprenant de constater que notre rythme de vie alimente le sentiment de désir. Nous vivons dans une société où le désir est un sentiment courant. Dans un monde où, après une bonne journée de travail, un bon repas au restaurant ne se refuse pas, où, pour se féliciter d’un bon coup, un détour au centre commercial est gratifiant. Nous vivons dans le désir et nous ne pouvons pas échapper à ces actes de surconsommation. Comme l’explique le philosophe et sociologue Gilles Lipovetsky : « Si nous sommes si vulnérables face à ces gratifications secondaires, c’est que consommer est un acte intrinsèquement consolateur ou, du moins, vécu comme tel4. » En effet, le plaisir et le désir prennent une place de plus en plus importante dans nos vies, car ils permettent de s’évader du quotidien, de sourire un instant, de se sentir bien et de décompresser de ce rythme de vie étourdissant. C’est justement ce dernier qui pousse à la surconsommation et qui nous incite à vivre dans une société de désirs. Et dans ce nuage douillet de désirs et de gratifications matérielles, on n’y voit plus clair. On s’y enfonce, on s’y sent bien confortables et des répercussions s’en font ressentir. « Les ménages ont une dette qui équivaut à 144 % de leurs revenus5. » Ce taux astronomique d’endettement démontre que la surconsommation est omniprésente dans nos vies. Que le désir soit bienfaisant ou malsain importe peu. Ce qui est évident, c’est qu’il nous empêche de résister à la surconsommation. Pour conclure, non, il est impossible de résister à la surconsommation. Jeunes et moins jeunes sont continuellement la cible de publicités séduisantes et alléchantes. De plus, le seul moyen que nous trouvons pour nous faire plaisir est la consommation. Dans de telles circonstances, il m’apparaît évident qu’une telle tentation est irrésistible. Est-ce une bonne chose? Là serait le sujet à débattre. Mais nous préférons rester bien installés dans notre nuage aveuglant de consommation plutôt que de vraiment y réfléchir.

4 Flavia MAZELIN SALVI, « Pourquoi la décroissance nous angoisse », Psychologies Magazine, mars 2010, p. 136-139. 5 Éric DESROSIERS, « Les Canadiens abusent du crédit », Le Devoir, Économie, 12 mai 2010, p. B1.

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Le cercle vicieux d’une fausse utopie Pascal Émond-Laroque École polyvalente le Carrefour Commission scolaire des Draveurs Gatineau, le jeudi 5 mai 2011 Estimés lecteurs de « Pouvoir des mots », vous n’êtes pas sans savoir qu’en quelques décennies, nous en sommes venus à évoluer dans un semblant de publicité pour détergent des années 1950. Une sublime façade d’une perfection impossible et attrayante, derrière laquelle restent bien cachés gaspillage et angoisses. La fable utopique de tous les publicitaires. Un cercle vicieux dont les gens comme vous et moi se sont faits prisonniers au quotidien. Car peut-on vraiment résister à la surconsommation? Je crois qu’il ne serait pas trop prétentieux de prétendre que non. Pourquoi? Simplement, comme je l’expliquerai dans cette lettre, nous nous sommes tous lancés en même temps et avec une telle vitesse dans la poursuite d’un bonheur illusoire qu’il serait trop risqué de tenter d’arrêter de courir et que nous ne pouvons échapper à la publicité. Pour commencer, il faut comprendre que l’univers dans lequel nous vivons se fonde sur son économie. Or, ce qui la stimule, c’est surtout nous, les consommateurs. Chaque jour, nous dépensons l’argent que nous n’avons pas pour étouffer notre solitude moderne à un point tel qu’à nous tous, nous avons accumulé une dette d’environ 1410 milliards de dollars, selon un rapport de CGA-Canada1. Alors, nous ne payons que les intérêts sans jamais vraiment rembourser nos achats à « payer plus tard ». Pourtant, la majorité d’entre nous ne compte pas modifier ses habitudes2 et les marchés s’en portent bien. Mais si un grand nombre de personnes décidaient soudainement de moins consommer, les conséquences pourraient être désastreuses. En 2009, pendant la crise économique mondiale, de nombreux ménages, inquiets face à un avenir incertain, ont coupé dans les dépenses et l’économie s’est mise à glisser vers un gouffre profond. Certains États étaient même prêts à subventionner les ménages pour relancer leur consommation3. Ainsi sommes-nous presque forcés de consommer. Ensuite, il est clair que notre vie est rythmée comme une sorte de campagne publicitaire planétaire. Chaque semaine, nous sommes exposés à des dizaines de milliers de publicités qui sollicitent nos dépenses et tentent d’influencer notre raisonnement en jouant avec notre sensibilité. Il peut s’avérer difficile d’y résister, surtout quand elles nous visent personnellement, dans notre groupe d’âge et notre milieu social, comme c’est le cas avec les adolescents. Environ deux milliards de dollars sont investis dans la 1 Éric DESROSIERS, « Les Canadiens abusent du crédit », Le Devoir, 12 mai 2010. 2 Ibid. 3 Pierre-Antoine DELHOMMAIS et Claire GATINOIS, « Faut-il relancer massivement la consommation ? », Le Monde, 14 février 2009.

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publicité au Québec chaque année . Et elle se fait insinueuse. Elle nous rejoint par téléphone, nous suit sur Internet, se glisse dans l’article que nous lisons ou entre deux parties de l’émission télévisée que nous regardons, ou deux chansons à la radio, etc. En résumé, si vous n’allez pas à la surconsommation, elle viendra à vous, peu importe quand et où. Finalement, puisqu’on ne peut échapper à son image et qu’il serait dangereux d’arrêter sa pratique, on ne peut pas dire qu’il soit réellement possible de résister à cette surconsommation qui nous angoisse et nous rend malades. Elle est à la fois le mal de notre société et ce qui la fait vivre. Nous devons agir.

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Une prise de conscience collective Guillaume Albert Mullie Collège Jean-de-Brébeuf La deuxième moitié du XXe siècle a été marquée par une montée fulgurante de la consommation à travers les sociétés occidentales. On ne saurait en douter, la naissance de la société de consommation a été l’une des principales causes de la forte croissance économique ayant un lieu durant cette période. Or, la situation présente nous démontre que l’enthousiasme des consommateurs a éventuellement dégénéré, de sorte que la société actuelle fait désormais face à de réels problèmes de surconsommation. Heureusement, je crois qu’il nous est possible de mettre un frein à la surconsommation en appliquant diverses solutions envisageables. D’une part, les conséquences désastreuses de la surconsommation doivent inciter les citoyens à réévaluer leurs habitudes et leurs comportements. D’autre part, la sensibilisation des jeunes à la valeur de l’argent peut être un moyen efficace d’assurer la responsabilité des adultes de demain. Les conséquences de la surconsommation ne sont pas négligeables. D’un point de vue environnemental, il est clair que la quantité de déchets générés par nos tendances excessives constitue un obstacle à la sauvegarde de l’environnement et au développement durable. Ainsi, comme l’affirme Hélène Roulot-Ganzmann dans un article paru dans le journal Le Devoir, « pour être véritablement écologique, il ne faut plus seulement consommer mieux, mais consommer moins ». D’autre part, contrairement à la croyance populaire, la surconsommation n’a pas que des effets bénéfiques sur l’économie : l’endettement croissant des ménages en constitue la preuve la plus éloquente. Il ne fait pas de doute, donc, que l’un des moyens les plus efficaces de freiner la surconsommation est d’informer et de sensibiliser la population à une réalité des plus pressantes : l’avenir de la société repose en grande partie sur la capacité des gens à améliorer et à réduire leurs habitudes de consommation. Par ailleurs, il me semble beaucoup plus logique de prévenir les habitudes de surconsommation que de les éliminer une fois établies. Plutôt que d’atténuer les symptômes de la maladie, n’est-il pas plus sensé et plus efficace de s’attaquer aux causes afin d’éviter la nécessité du traitement? En ce sens, je pense que les parents jouent un rôle essentiel dans l’éducation de leurs enfants à l’importance de modérer leurs habitudes de consommation. Ainsi que nous le rappelle Isabelle Ducas dans un article du magazine Affaires Plus, « un enfant à qui on ne dit jamais non risque, à la longue, de devenir insatiable ». Il est donc du devoir des parents d’apprendre à leur progéniture la valeur de l’argent afin de permettre aux générations futures d’adopter un comportement responsable et raisonnable en tant que consommateurs. Pour conclure, l’ère de la surconsommation semble avoir entraîné les sociétés occidentales du XXIe siècle sur une pente dangereuse où il est difficile de s’arrêter. Cependant, je persiste à croire qu’il nous est possible d’améliorer progressivement nos tendances pour éventuellement mettre un terme au problème de la surconsommation.

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Pour remonter la pente, amenons la population à revoir ses habitudes afin de mener les citoyens à une prise de conscience collective et de s’assurer qu’ils tiennent compte des conséquences graves que peuvent avoir leurs comportements sur l’avenir de la société. Quant aux jeunes, aidons-les à adopter dès leur plus jeune âge une attitude responsable et réfléchie face à leurs habitudes de consommation. Bref, réévaluons nos priorités et assurons-nous de contribuer au progrès de la société, non pas à sa régression.

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Surconsommation rime avec prison Perle Castonguay-Chenard École secondaire de Donnacona Commission scolaire de Portneuf Télévision, ordinateur, tondeuse, marteau, etc. La liste de biens potentiels que nous pouvons acquérir s’étend presque jusqu’à l’infini... Si nous avons, bien sûr, les moyens financiers de nous les procurer. La seule limite que nous ayons, c’est celle de notre portefeuille, et même là encore le crédit nous permet de l’outrepasser. Y a-t-il une fin à cette spirale de consommation? Peut-on résister à ses attraits et n’acheter que le strict nécessaire? Je suis d’avis que non, nous ne pouvons pas nous empêcher de surconsommer. Tout d’abord, vous et moi, simples petits êtres humains, ne savons pas comment agir à l’égard de la situation écologique actuelle, en raison de sa trop grande complexité. Comment voulez-vous que nous trouvions des solutions à un problème dont les multiples ramifications nous dépassent? Comme le dit Jean-Pierre Le Danff, écopsychologue à la Fondation Nicolas-Hulot pour la nature et l’homme, il est difficile pour nous de nous imaginer, par exemple, que le nombre d’hectares de forêts tropicales détruits à cause des activités humaines équivaut à la surface de la Californie. Par conséquent, nous nous contentons de fermer les yeux sur la situation, puisque nous ne la comprenons pas. Nous n’avons donc aucun moyen de résister à la tentation de consommer, car nous n’y voyons pas là la source du problème. Si chacun était au fait de ce qui se passe et que quelqu’un orchestrait un plan dans lequel tous auraient leur place, nous aurions la capacité de repousser les mains perfides de la surconsommation qui veulent nous attraper et nous pourrions rétablir la qualité de l’environnement. Malheureusement, nous sommes seuls et donc faibles, ce qui m’amène à mon second argument. Selon le philosophe et sociologue Gilles Lipovetsky, « Consommer est un acte intrinsèquement consolateur ou, du moins, vécu comme tel. À une époque où s’accentuent l’isolement et le mal-être, nos “minifêtes de l’achat” viennent compenser notre incomplétude. » Eh oui! La nouvelle tendance de toujours devoir acheter le dernier article à la mode, de devoir porter des vêtements griffés, est une sorte de prison immatérielle. Nous ne pouvons la voir ni la toucher, mais elle est bien présente et nous enferme dans des cellules dont nous ne pouvons sortir. La surconsommation nous fait jouir d’un bonheur éphémère qui nous emprisonne dans un cercle vicieux. Nous nous rendons dans un magasin, nous achetons plusieurs produits, puis aussitôt de retour à la maison, nous nous cloîtrons dans notre chambre afin de profiter au maximum de nos nouveaux achats. Nous ne pouvons pas sortir de cette spirale infernale qui nous entraîne toujours plus loin des autres, nous privant de contacts amicaux avec de vraies personnes. Vous sentez-vous interpellés par cela? Si oui, vous êtes très perspicaces, si non, vous êtes simplement entrés trop profondément dans le système pour avoir conscience de ce qui se passe. Mais ne vous inquiétez pas, vous êtes dans la norme, bien peu de gens se rendent compte qu’ils sont pris au piège et encore moins

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réussissent à se sortir des griffes de la consommation irresponsable. En résumé, je pense que nous sommes des êtres faibles qui nous réfugions dans les achats inconsidérés dans le but de fuir notre existence morne et vide. Donc, notre résistance à la surconsommation est proportionnelle à notre niveau de vrai bonheur, c’est-à-dire quasiment nulle. Pour conclure, je crois que personne n’est en mesure de se protéger des attraits de la surconsommation. Nous voyons seulement ses bons côtés, par exemple la joie qu’elle nous procure. Mais ses mauvais côtés nous dépassent et nous tentons donc de les ignorer, comme le problème environnemental. Sur ce, afin que mon texte ne vous laisse pas un goût amer, je terminerai en émettant le souhait qu’assez de personnes se réveillent et créent une organisation à l’échelle planétaire dans le but de délivrer tous les humains de leur servitude à l’égard de la consommation, avant qu’il ne soit trop tard.

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Consommer : où est la limite? Roxanne St-Louis Institut secondaire Keranna (1992) inc. Depuis nombre d’années, les pays occidentaux sont entrés dans un monde où les pensées de tout un chacun sont orientées vers un seul et même concept : la consommation. Toutefois, il demeure primordial de résister à la surconsommation, mais est-ce réellement possible? Personnellement, je crois que l’environnement dans lequel vous et moi vivons actuellement nous influence trop à ce sujet. Ce n’est pas un secret, vous êtes sans cesse en présence de messages publicitaires! Tant au travail qu’à la maison, vous voyez et vous entendez continuellement des annonces vous vantant les mérites de tel ou tel produit. Bien que vous ayez tous été sensibilisés à l’influence de la publicité, rares sont ceux qui ne la laissent pas entrer en ligne de compte au magasin. À mon avis, il demeure inconcevable que plusieurs jettent leur ancien iPod parce que la nouvelle génération vient d’être lancée dans nos magasins. En ont-ils vraiment besoin? Je ne le crois pas! Ne considérez-vous pas qu’ils peuvent attendre qu’il ne fonctionne plus avant de le changer? Cependant, les jeunes ne sont pas les seuls à pouvoir porter le chapeau. Leurs parents sont évidemment aussi influençables qu’eux. Comment pourrait-il en être autrement? Ce sont eux qui leur ont transmis de telles valeurs et de telles habitudes de consommation. Non seulement les adultes n’osent guère s’opposer aux requêtes de leurs enfants, mais ils agissent de la même façon! Il n’est pas rare de les voir changer de véhicule ou de remplacer leurs électroménagers afin d’acquérir les plus récents modèles. Est-ce un exemple à suivre? De l’autre côté de la médaille, la société devient de plus en plus matérialiste. Déjà en 1955, il s’agissait d’un phénomène qui influençait des poètes tels que Boris Vian. Son poème, « Complainte du progrès », illustre parfaitement le matérialisme actuel. En effet, ce visionnaire énumère de nombreux cadeaux qu’il offrirait à celle qui viendrait l’embrasser afin qu’ils soient heureux. Croyez-vous que la clé du bonheur réside bel et bien dans de simples biens matériels? Bien sûr que non! Je suis convaincue que plusieurs d’entre vous sont de mon avis : ces objets ne représentent aucunement un profond bonheur. Ne croyez-vous pas que profiter de moments en famille ou entre amis vaut plus qu’un nouvel achat? J’en suis persuadée! Pour moi, il est effectivement indéniable que des moments passés avec les personnes qui me sont chères peuvent rendre encore plus heureux que d’acheter un nouveau vêtement qui vaut une fortune. La société dans laquelle nous vivons est-elle devenue si dépendante des biens matériels? En fait, bien que nous soyons influencés par plusieurs moyens, je crois ardemment que, pour résister à la surconsommation, il faut se rappeler nos valeurs. Tout comme moi, vous avez la chance de vivre dans une région où l’on ne manque de rien. Néanmoins, plusieurs sont privés de cette chance. Ayez une pensée pour eux lors de votre prochaine séance de magasinage.

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La surconsommation : une déferlante incontrôlable Arielle Jarry École Jacques-Rousseau Commission scolaire Marie-Victorin Ce n’est un secret pour personne : en ce moment même, environ sept milliards de cœurs humains battent à l’unisson; quatorze milliards de pieds foulent le sol crevassé et gangrené de notre planète; quatorze milliards d’yeux, pourtant pour la plupart en santé, jouent les aveugles et font semblant d’ignorer cette infection purulente qu’est la surconsommation. Mépris de l’humain, mépris de la Terre et de ses ressources qui s’amenuisent. Notre navire tangue, menace d’être submergé, agrippé par la déferlante et plongé dans un tumulte de ténèbres inextricables. Pouvons-nous seulement y résister? La lutte est-elle encore possible? Je peux affirmer sans l’ombre d’un doute que, malheureusement, il est trop tard pour nous déjà, la noirceur de l’horizon voile la lande et les eaux sans pitié nous engloutirons avant même que nos cris de détresse puissent franchir nos lèvres. L’agonie sera certes longue, mais peut-être prendrons-nous le temps de nous interroger, de nous remettre en question. C’est un fait, la surconsommation hante chaque aspect de notre vie. Elle se propage aussi rapidement que le reste et corrompt les idées et les esprits. Observez ce qui vous entoure. Jetez un coup d’œil circulaire aux alentours et osez dire que rien n’empeste la surconsommation. Ces vêtements aux couleurs glauques, aux motifs criards et aux formes excentriques, ne seront-ils pas surannés dans quelques mois à peine? Quant à tous ces gadgets électroniques qui font fureur auprès des jeunes, est-il réellement nécessaire de préciser qu’ils seront remplacés bien avant d’être devenus hors d’usage? Et que dire de ces achats superflus, de cette nourriture gaspillée, de ces déchets qui s’accumulent, de ces artifices superficiels qui régulent notre désir et nos envies de la même façon qu’un marionnettiste tirant les ficelles de notre existence futile? La surconsommation touche chacun d’entre nous; elle est le moteur de notre société, le carburant de nos besoins. Elle s’infiltre en rus nauséabonds dans chaque être humain, dans chaque sphère de notre vie. Acheter pour vivre – ou bien ne serait-ce pas l’inverse? –, acheter pour se gâter, acheter pour se récompenser, acheter pour se consoler, acheter parce que tout le monde le fait, parce que ça fait du bien. Bien sûr, oui. Dans quelques années, ce bonheur se transformera en horreur lorsque les premières moisissures fleuriront sur les parois de notre âme, lorsque nous verrons les familles dépérir, les amours se flétrir et, surtout, lorsque nous constateront l’incroyable vacuité de notre existence. Ma foi, il y a autre chose à voir au-delà de ce cauchemar voluptueux, de cette vaste comédie qu’est notre société. Qu’adviendra-t-il de la scène, du plateau de tournage où nous avons évolué durant tous ces siècles? Lorsque les dernières répliques auront été déclarées et que le rideau de la fin tombera, qu’arrivera-t-il à notre chère Terre? On nous rabâche depuis des années que la planète est en danger, que nous allons la transformer en enfer si nous ne ralentissons pas notre rythme de consommation. On le sait très bien, on l’a tellement entendu que cela n’est plus qu’une agaçante ritournelle,

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celle de l’enfant qui criait au loup. Ma foi, la Terre est immense, plus que nous pouvons le concevoir. Dans notre égoïsme, nous pensons à tort que nous sommes le ciment qui maintient la planète en un seul morceau, que cette dernière va périr avec nous. Ironie aigre-douce, si vous voulez mon avis. Dame nature n’est pas paraplégique, elle sait se tenir toute seule, merci beaucoup. Lorsque nous ne serons que des corps disloqués ici et là, la nature reprendra son dû; nos cadavres serviront d’engrais pour les futures forêts et les villes en ruines feront des nids de première qualité pour la faune. Oui, la Terre s’en sortira. Elle apposera quelques cataplasmes à ses plaies à vif, prendra quelques siècles de convalescence, mais s’en remettra. Et nous? La déferlante arrive à toute vitesse et nous sortons gaiement nos cannes à pêche. Amer aveu que de dire que nous allons mourir parce que nous n’avons pas su nous contrôler. De dire qu’il n’y a plus d’espoir. Néanmoins, il y aura toujours de braves gens pour encourager « l’écoconsommation », mais combien de personnes prendront le risque de suivre ces lueurs vacillantes et incertaines? Lorsque la vague plongera sur nous, ces flammes délicates seront les premières à s’évanouir, ivres de désespoir. Alors en attendant la chute finale, le déluge, la noirceur implacable, mettons tous en chœur nos œillères, parce que tout le monde sait que les aveugles ont la chance de ne pas voir le chemin sanglant dans lequel ils s’engagent.

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L’envolée des valeurs Myriam Charbonneau-Ménard École polyvalente des Monts Commission scolaire des Laurentides Nous sommes bombardés de publicités; elles fusent de toutes parts et nous incitent à remplacer nos biens qui fonctionnent encore par de nouveaux, plus esthétiques ou évolués. Qui, de nos jours, se contente du strict nécessaire? Très peu de gens le font et c’est ce qui nous pousse à nous demander s’il est possible de résister au phénomène de surconsommation. Selon moi, se contenter de l’essentiel est possible et idéal. Le luxe est, pour certains, synonyme de plaisir. En effet, nous apprécions le plaisir que nous procure un nouvel article, mais cette sensation est de courte durée, car, peu de temps après, il sera dépassé et un autre produit éveillera notre désir. On oublie trop souvent de se demander si nos achats sont essentiels ou superflus. L’essentiel, c’est de dormir, de manger, de se loger, de se vêtir convenablement et d’être bien entouré. En trouvant leur satisfaction dans l’abondance, les gens ne savent plus apprécier ce qu’ils ont déjà et ce qui manque à d’autres. C’est terriblement triste de remplacer notre affection par des cadeaux. Résister à la surconsommation, c’est se permettre un bonheur gratuit et durable. La surconsommation implique beaucoup de dépenses. Avec le crédit, beaucoup de gens en viennent à s’endetter et à avoir de la difficulté à subvenir à leurs besoins de base. Comme l’indique le rapport de l’Association des comptables généraux accrédités du Canada paru l’an dernier, le montant total des dettes par ménage correspondrait à 41 740 dollars par personne. C’est un montant énorme! Les dépenses des Canadiens devraient être consacrées aux produits utiles et bénéfiques au maintien d’un bon mode de vie. L’argent est un argument de taille pour éviter les dépenses inutiles. Nos envies luxueuses amènent un autre problème de taille : celui de la pollution. Nous avons tous déjà entendu parler des tonnes de déchets provenant de l’emballage de nos produits et nous connaissons tous l’impact du transport et de la fabrication de ces derniers sur l’environnement. Quand nous remplaçons un produit par un nouveau, la plupart du temps, nous jetons l’ancien et l’oublions alors que nous pourrions le faire réparer ou le donner afin de lui donner une deuxième vie. Nous gaspillons le potentiel de beaucoup d’objets et il devient urgent de réduire notre consommation. Les impacts de la pollution retombent sur nous et sur les autres espèces vivantes. Résister à la surconsommation est tout à notre avantage. En agissant en tant qu’individu pour le bien de notre société, nous arriverons peut-être un jour à vivre en harmonie avec la nature et avec nos proches sans avoir peur de manquer de l’essentiel. Il me semble que c’est une bonne raison de résister à l’envie de se procurer des biens inutiles.

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Le « Luikkerland » québécois ou La recherche des biens de consommation Sergui Vlad École d’éducation internationale de Laval Commission scolaire de Laval À l’ère de la mondialisation de l’économie, tout est devenu accessible pour le Québécois moyen : du dernier modèle de voiture à l’eau « si pure » embouteillée aux îles Samoa aux caméras japonaises dernier cri. Cet accès si facile aux tablettes du monde, de prime abord essentiel à l’ouverture sur le génie humain, se cristallise plutôt par une tentation de gaspillage problématique. Cela donne matière à réflexion : pouvons-nous résister à la surconsommation? Je soutiens la thèse – pessimiste, me direz-vous, lecteurs passionnés de « Pouvoir des mots » – qu’en tant que société de consommation, nous ne pouvons pas réprimer nos pulsions d’acheteurs. Cela est dû, en grande partie, à la publicité de plus en plus influente et au confort que nous nous sommes créé au fil du temps et que nous ne sommes pas près de vouloir quitter. Tout d’abord, sachant qu’il existe des entreprises dont le seul objectif est de séduire la population en faisant miroiter les délices de la consommation – et qu’elles disposent des meilleurs moyens pour le faire, il devient extrêmement ardu, même pour le partisan le plus fidèle de la simplicité volontaire, de ne pas dépenser l’argent qu’on lui met entre les mains. La publicité évolue de concert avec les modes de communication pour s’imposer à tous les niveaux qui interagissent directement avec les adolescents, car ce sont eux qui « constituent le noyau dur de la future société de consommation1 ». En effet, les jeunes Québécois, avec leur moyenne de 14 heures de télévision par semaine, sont exposés à plus de 20 000 annonces publicitaires par année2 et dépensent parallèlement de 1,5 à 2 milliards de dollars annuellement3. De plus, la publicité joue sur nos désirs pour nous inciter à acheter, non plus pour garantir notre sécurité, mais pour assouvir notre quête éternelle du plaisir. Et « si nous sommes si vulnérables face à la publicité et ses tentations, c’est que consommer est un acte intrinsèquement consolateur4 ». Bref, personne ne peut résister à une publicité ciblée et sans cesse en adaptation. Par ailleurs, depuis les années 1990, nous avons participé à la construction de notre propre « Luikkerland » en nous entourant de produits, de nourriture, d’abondance. Les marges de crédit personnelles qui ont littéralement explosé de 7,3 % à 60,4 % depuis 19895 n’ont fait que favoriser cette construction quasi chimérique. Qui donc est prêt à abandonner ce mode de vie où tous nos besoins, et même davantage, sont comblés par la magie de la carte de crédit? En tout cas, ce n’est ni vous ni moi, ni les personnes qui, 1 Isabelle MASINGUE, « Tendance : Marketing viral », Protégez-Vous, mars 2006, p. 40-41. 2 Ibid. 3 Ibid. 4 Gilles LIPOVETSKY, cité par Flavia MAZELIN SALVI, « Pourquoi la décroissance nous angoisse », Psychologies

Magazine, mars 2010, p. 133-139. 5 Éric DESROSIERS, « Les Canadiens abusent du crédit », Le Devoir, Économie, 12 mai 2010, p. B1.

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après de dures semaines de travail laborieux, estiment être en droit de se gâter un peu au « jour de paye »! On vit dans un pays riche où quantité de biens de consommation sont accessibles sur le marché, où on a la primeur des innovations technologiques et, surtout, où on détient un grand pouvoir d’achat. Rien ne peut nous empêcher de consommer, pas même une récession! En effet, si la crise économique de 2008 « semble avoir réussi à ralentir pendant un temps la disposition des Canadiens à contracter des hypothèques, elle ne semble avoir eu aucun impact sur leur tendance à ne pas attendre d’avoir en main l’argent nécessaire avant de passer au magasin6 ». Après tout, qui est prêt à escalader la montagne de pudding qui nous sépare d’un monde raisonné où on ne peut plus profiter du confort du « Luikkerland7 »? En conclusion, si nos tendances à la surconsommation sont si difficiles à surmonter, c’est parce que les habitudes ne changent que si on en ressent tangiblement les conséquences. Par contre, nous vivons dans un paradis artificiel si confortable qu’il est impossible pour l’homme de le quitter. D’autre part, la publicité omniprésente est beaucoup plus influente que les crises économiques et écologiques qu’endure notre société. Néanmoins, attendons de voir quand les guerres nous empêcheront d’avoir du pétrole, quand la pénurie coupera notre approvisionnement d’eau de source et quand la pollution des usines de plus en plus productives nous fera tomber des nues. Alors, peut-être, chers lecteurs, peut-être le monde trouvera-t-il la force de résister au matérialisme « mondialisateur »???

6 Éric DESROSIERS, « Les Canadiens abusent du crédit », Le Devoir, Économie, 12 mai 2010, p. B1. 7 Référence à l’estampe nommée Luikkerland, symbole de la société de surconsommation.

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Quand tout ne suffit plus Maxime Ouimet École secondaire Marcellin-Champagnat Chers lecteurs, Comme plusieurs personnes, aussi normales soient-elles, vous vous êtes sans doute levés ce matin, sirotant votre café ou votre thé, tout en regardant votre grande télévision (en haute définition S.V.P.) pour ensuite partir pour le boulot, en voiture. C’est bien de tout avoir à portée de la main, mais nous limitons-nous vraiment à l’essentiel? Pouvons-nous résister à la surconsommation? Soyons honnêtes, c’est de plus en plus difficile. Premièrement, les médias ont une trop grande influence quant à l’incitation à la consommation. En effet, « les jeunes québécois regardent leur écran en moyenne 14 heures par semaine, de quoi voir plus de 20 000 annonces par année 1 ». Conséquemment, ils sont soumis à l’envie d’avoir, de posséder. Ils voudront être parmi les premiers à recevoir ce tout nouveau cellulaire ou ce jeu vidéo dont tout le monde parle. Mais c’est à vous, les parents de ces jeunes, de légiférer et d’imposer certaines limites. C’est à vous de leur apprendre la réelle valeur de l’argent, non pas le montant indiqué sur le bout de papier vert, mais plutôt la valeur en temps et en efforts qui émerge de ce bien acquis. Bref, je ne dis pas qu’il est impossible de résister à tout ce superflu, mais avec toutes ces sources d’incitation et l’incapacité des parents à refuser, vous admettrez qu’il est compliqué de se limiter. En second lieu, je ne crois pas vous surprendre en affirmant qu’ici, au Canada, l’utilisation du crédit a atteint des proportions alarmantes. En fait, « La dette des ménages a atteint un nouveau sommet étourdissant de 1410 milliards à la fin de l’année dernière au Canada2. » Ceci étant dit, vous en viendrez inévitablement à la même conclusion que moi : il est beaucoup trop facile de dépenser de la monnaie scripturale puisque vous n’y toucherez jamais et c’est une des causes qui incite les Canadiens à consommer délibérément. Il vous sera donc ardu de dire non à ce si beau chandail quand il ne suffit que d’un glissement de carte pour qu’il soit vôtre! En somme, certains consomment modérément, mais le problème persiste puisque plusieurs dépensent en remettant leurs dettes au lendemain, puis à l’autre... Enfin, j’ose prétendre que vous comprenez l’ampleur de la problématique. Seulement, pensez-y deux fois avant de sortir votre carte de crédit lorsque vous vous trouverez en face d’un caissier, prêts à acheter ce produit qui vous semblait si nécessaire à la télévision. Aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement de mieux consommer, mais de moins consommer.

1 Isabelle Masingue, « Tendance Marketing viral », Protégez-Vous, mars 2006. 2 Éric Desrosiers, « Les Canadiens abusent du crédit », Le Devoir, 12 mai 2010.

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Un défi de taille Maria Lilian Alcaraz École secondaire du Harfang Commission scolaire de la Seigneurie-des-Mille-Îles Chers internautes, Nous vivons dans une société qui prône la consommation massive de biens et de services, les rendant essentiels et inévitables à l’ensemble de la population. Il est d’ailleurs fort simple et même conseillé d’assouvir nos moindres désirs dès qu’ils surgissent dans notre esprit. Sommes-nous donc capables, en 2011, de résister à la surconsommation? Je suis convaincue que oui, et ce, par deux moyens : l’écoresponsabilité et l’éducation des générations futures. Être écoresponsable, c’est user de jugement et de bon sens lorsque vient le temps d’acheter. Il faut l’avouer, cela n’est pas aisé lorsqu’on est continuellement bombardés de produits aussi superflus qu’alléchants. Après tout, au Québec, 2 milliards de dollars1 sont déboursés chaque année pour la publicité, et peu de gens prennent un temps d’arrêt avant de succomber à leurs tentations. Être écoresponsable, c’est faire fi des concepts les plus profondément ancrés dans notre société, dont l’incontournable « quand c’est cassé, on rachète ». Il est toujours plus facile de jeter les électroménagers lorsqu’ils ne servent plus que de les réparer. Rien de plus tentant, d’ailleurs, que de remplacer nos appareils électroniques par le nouveau modèle à peine sorti sur le marché, et ce, même s’ils fonctionnent encore. Combien sommes-nous à traquer des produits qui ne sont pas suremballés, à acheter des produits québécois? Hélène Roulot-Ganzmann l’a bien dit : « Être écoresponsable, ça nécessite du temps et de l’argent. » Or, le temps et l’argent sont ce qu’il y a de plus prisé de nos jours. Toutefois, des sacrifices sont nécessaires si l’on désire être un bon acheteur. Être écoresponsable, finalement, c’est avoir une vision plus ample du monde dans lequel on vit, s’en préoccuper et poser des gestes en conséquence. Notre capacité à mieux acheter passe inévitablement par nos valeurs. Or, on assiste à une crise de valeurs partout au Québec. Si les jeunes d’aujourd’hui sont les principaux consommateurs de demain, n’a-t-on pas intérêt à les éduquer en conséquence? « Beaucoup de parents ne savent pas où mettre les limites », rapporte Isabelle Ducas dans son article « Les insatiables ». Il arrive en effet que les jeunes Québécois bénéficient trop souvent de billets perpétuels en provenance du portefeuille de leurs parents. N’ayant jamais eu un « non » comme réponse dans leur enfance, ces jeunes deviennent plus souvent qu’autrement des acheteurs compulsifs. Ils ne tarderont pas à connaître le surendettement, le découragement et la frustration une fois confrontés à la vraie vie, et plusieurs d’entre eux ne réussiront pas à se sortir du cercle vicieux de la consommation. Les parents doivent prendre le temps d’expliquer à leur progéniture les

1 Hélène ROULOT-GANZMANN, « C’est quoi, être écoresponsable? »

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notions de base du crédit, de l’endettement et des enjeux écologiques pour faire de leurs jeunes des citoyens soucieux de l’avenir de la société. Pour conclure, il est clair que nous avons tous les outils nécessaires pour résister à la surconsommation. En tant que citoyens, il est de notre devoir de poser des gestes bénéfiques pour la société. La solution se trouve dans une attitude écoresponsable et dans l’enseignement de valeurs viables à nos enfants. Et vous, êtes-vous prêts à relever le défi?

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La surconsommation : irrésistible? Alexandre Cormier École secondaire les Etchemins Commission scolaire des Navigateurs Une nouvelle voiture, un nouveau lecteur MP3, de nouveaux vêtements... Nous en voulons tous. La consommation occupe une place importante dans notre société, mais peut-on résister à la surconsommation? Vous croyez que si, chers internautes? Eh bien, moi, j’ai des doutes, vous verrez. Bel entourage! La première raison pour laquelle je doute est notre environnement. En effet, nous vivons dans un monde ou règne un régime capitaliste, où chaque entreprise veut toujours plus d’argent. Nous sommes donc constamment incités à consommer. Par exemple, une étude américaine a démontré que chaque enfant voit, en moyenne, 40 000 publicités par année à la télévision seulement. Internet aussi regorge de publicités, toutes plus attirantes les unes que les autres. Certaines sont même interactives. Vous devez les avoir vues, comme moi. Certaines entreprises utilisent même la promotion par téléphone cellulaire. Personne n’est à l’abri de la publicité. De plus, les produits eux-mêmes sont en excès. Ainsi, chaque Américain jouirait d’une moyenne d’un million de produits disponibles. Le meilleur exemple réside sans doute en restauration : les buffets à volonté. Basés sur l’excès, ils prônent la surconsommation et le gaspillage. Comment pouvons-nous donc résister à la tentation en étant sans cesse sollicités? Il est presque impossible de ne pas surconsommer, d’autant plus que le subconscient a son rôle à jouer en publicité. Notre entourage est donc loin d’être favorable à une réduction de la consommation. Quelle attitude! Vous me direz, maintenant, que nous avons pris conscience de la situation et que la consommation diminue. Ce n’est pas tout à fait vrai : certes, il y a une légère amélioration, mais il ne s’agit pas de décroissance. On parle plutôt de croissance sélective. Il y a donc bel et bien un changement d’attitude, si modeste soit-il, mais le résultat n’empire que plus lentement. Et comment peut-on espérer mieux? L’amélioration de notre attitude n’est pas si radicale qu’on voudrait le croire. Selon Max Valiquette, de l’entreprise Youthography, « pour un ado, acheter demeure un acte important et un plaisir ». Certains parents vont même jusqu’à donner cent dollars d’argent de poche par semaine à leur enfant pour lui procurer ce plaisir, pour acheter la paix. Avec tout cela, comment pouvez-vous croire, chers internautes, à une décroissance de la consommation? Et ce n’est pas tout! Les jeunes ne sont pas seuls à surconsommer : selon un rapport de l’Association des comptables généraux accrédités du Canada, chaque ménage canadien a une dette totalisant 144 % de son revenu, en moyenne, contre 74 % il y a vingt ans. Toujours selon le même rapport, plus de 78 % des Canadiens ne prévoient pas changer leurs habitudes de consommation. Bref, le

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changement devra être plus radical pour pouvoir se dire capable de résister à la surconsommation. En résumé, la surconsommation est irrésistible et le problème est dû non seulement à l’attitude du consommateur, mais aussi à son entourage. Cependant, peut-être existe-t-il une solution. Espérons-le, car, comme l’a si bien dit Gandhi, il vaudrait mieux « vivre simplement pour que d’autres puissent simplement vivre ».

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Consommez mieux, consommez moins! Maria Augusta Lopez-Laporte École internationale de Montréal Commission scolaire de Montréal Des vitrines illuminées et flamboyantes, la musique de la dernière heure qui résonne dans les centres commerciaux... Des arômes délectables et des images attrayantes nous séduisent subtilement... On dirait bien que l’univers entier conspire pour nous faire consommer toujours plus! Avec tous ces ornements et ces camouflages, est-il possible de résister à la surconsommation? Certainement! Il faut d’abord comprendre que plusieurs facteurs nous influencent et sont à l’origine de notre surconsommation. Toutefois, les conséquences regrettables de la consommation excessive sont de plus en plus apparentes, et nous en sommes responsables. Nous avons le pouvoir de changer nos habitudes! De nos jours, les réseaux de communication sont extrêmement développés et accessibles. Il suffit de penser à Internet, à la télévision, à la radio, entre autres, pour comprendre l’ampleur de ces réseaux de partage et de circulation d’information. Les entreprises publicitaires et de marketing sont bien au parfum de cette réalité et s’en servent autant que possible. Elles tentent de nous séduire! Selon le magazine Affaires Plus, nous sommes exposés à plus de quarante mille publicités par année. À cette tentation continue et inlassable s’ajoute l’accessibilité grandissante, sur le plan économique, à ces produits prometteurs. En effet, l’achat à crédit est de plus en plus populaire. Comme l’explique Éric Desrosiers dans son article paru dans Le Devoir en mai 2010, souvent, nous pouvons ne payer que les intérêts et remettre sans cesse à plus tard le remboursement du montant du prêt. Pour tout dire, la publicité envoûtante et les prêts nous poussent à surconsommer presque aveuglément. Mais laissez-moi vous dire qu’il n’y a pas de roses sans épines... Bien que nous soyons fortement incités à consommer toujours plus, toujours plus souvent, les effets négatifs de la surconsommation sont considérables. Ils se font sentir autant dans nos portefeuilles que sur notre planète. D’une part, l’endettement est une réalité regrettable, due à nos habitudes de consommation démesurées. Effectivement, la dette des ménages canadiens équivaut à 144 % de leurs revenus, selon Le Devoir. D’autre part, notre Terre paye le prix, elle aussi, de notre consommation excessive. Dans l’article « C’est quoi, être écoresponsable? », d’Hélène Roulot-Ganzmann, paru dans Le Devoir, en 2009, elle mentionne que hyperconsommer, c’est hypergaspiller, qui revient à hyperrejeter dans la nature! Nous détruisons la planète : son air, ses eaux, ses écosystèmes. Ainsi, notre surconsommation porte atteinte à l’équilibre de la Terre et nous vide les poches. Résister à la surconsommation n’est donc pas seulement un choix à faire, mais une nécessité imminente; et c’est possible! Comme nous avons pu le constater, la surconsommation engendre des conséquences graves et indésirables. La situation ne peut continuer ainsi, au risque de devoir affronter des problèmes financiers importants et la destruction irréversible de notre seul habitat...

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Il est donc temps d’agir! « Il ne faut pas seulement consommer mieux, mais consommer moins. » Voilà l’avis de Benoît Duguay, professeur à l’École des sciences de la gestion à l’Université du Québec à Montréal. Par exemple, au lieu d’acheter un objet flambant neuf, comme nous le suggèrent bien des publicités, plusieurs possibilités s’offrent à nous. Réparer l’objet si nous l’avons déjà, l’emprunter à un ami, l’acheter usagé, entre autres. De plus, il est essentiel de garder en tête nos besoins réels et nos priorités. Ainsi, nous ne succomberons pas aussi facilement à la tentation! Aussi, un élément clé pour résister à la surconsommation serait d’éviter tout achat à crédit. De cette façon, nous évitons l’endettement et nous consommons moins. Enfin, il y a bel et bien de nombreuses manières de résister à la surconsommation. Il suffit d’être aux aguets pour contourner les pièges et faire des choix judicieux. Tout bien considéré, nous sommes tous en mesure de résister à la surconsommation. Les publicités manipulatrices et les prêts continueront à nous entourer, certes. Mais nous avons le pouvoir de dire « Non! ». Nous devons garder en tête les choix qui s’offrent à nous et agir de manière réfléchie et éclairée. Petit à petit, nous améliorerons nos habitudes de consommation. Consommer mieux et moins deviendra donc un réflexe naturel! Ainsi, nous protégerons notre argent pour lequel nous travaillons fort et nous cesserons de maltraiter notre précieuse planète Terre. Résister à la surconsommation, c’est gagnant!

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Rationalité volontaire Jonathan Lauzon École de programme intégré Commission scolaire des Affluents Chers internautes, J’ai lu récemment que la propriété renforce la sécurité de l’individu. Je ne réfuterai pas ces dires qui, selon moi, représentent particulièrement bien la nature de l’être humain. Dès la préhistoire, nous nous battions pour du feu et, maintenant, pour du pétrole et des myriades d’articles en liquidation. Nous sommes désormais dans une pente effrénée et voilà qu’une question existentielle jamais encore évoquée dans les siècles passés fait son apparition : peut-on résister à la surconsommation? Chers lecteurs, j’aurais tendance à affirmer que oui, dans un élan de vanité... Mais la véritable question que nous devrions nous poser est : allons-nous arrêter à temps? Tout d’abord, commençons par examiner la définition du verbe « pouvoir ». Dans le Robert de poche 2006, il est écrit : « [...] disposer de moyens qui permettent une action ». Pour revenir au sujet de ce texte, demandons-nous : disposons-nous de moyens qui nous permettraient de résister à la surconsommation? Si chacun d’entre nous possède la faculté de penser, la réponse est oui! Certes, je comprends que faire la part entre le désir et le besoin ne soit pas chose aisée dans notre société où les médias nous écrasent sous la pression des publicités, où les gens nous respectent davantage quand nous portons certains vêtements et où nos proches eux-mêmes tentent de nous inciter à consommer! Marie Lachance, professeure à l’Université Laval, a déclaré : « L’influence première en matière de consommation provient des pairs, avant les parents. Rien n’égale l’avis, ou la critique d’un ami 1 . » Cependant, si nous demeurons fermes dans nos valeurs de consommation, toutes ces tentations deviendront rapidement superflues dans notre cœur. Sans volonté, nous ne pouvons rien. Ensuite, nous sommes amenés à nous poser la véritable question, celle qui correspond réellement à un intérêt pour notre avenir : allons-nous résister à la surconsommation? Pour que nous changions nettement nos modes de vie, nous devons réaliser certaines choses : premièrement, qu’avec nos idéaux de consumérisme actuels, nous précipitons notre environnement dans une pente fatale dont il ne pourra jamais revenir! Une étude menée par l’organisation écologiste américaine Redefining Progress démontre que la Terre aurait besoin de plus de quatorze mois pour reconstituer ce que les humains consomment en douze mois! L’écopsychologue Jean-Pierre Le Danff décrit notre réaction à cette réalité de cette manière : « C’est la première fois dans l’histoire que nous détruisons la planète, et pas seulement des écosystèmes. Notre cerveau a du mal

1 Isabelle MASINGUE, « Tendance : Marketing viral », Protégez-Vous, mars 2006, p. 40-41.

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à capter cette magnitude-là2. » Deuxièmement, nous devons nous rendre à l’évidence : l’avis positif d’un ami sur le vêtement polluant que nous portons n’a rien de comparable avec la reconnaissance d’une humanité entière qui, en accumulant ses efforts, aura su consommer avec suffisamment de discernement pour se prévenir d’une extinction presque certaine! Quand on veut, on peut, pardi! En terminant, je voudrais vous rassurer : je n’ai aucunement l’intention de vous enfoncer dans le crâne de futiles principes de consommation rationnelle. J’ai seulement l’espoir qu’un jour les paroles en l’air cesseront d’être proclamées et que nous agirons collectivement pour un avenir meilleur, ou pour que nous ayons simplement un avenir...

2 Hélène ROULOT-GANZMANN, « C’est quoi, être écoresponsable? », Le Devoir, cahier spécial, samedi 17 octobre 2009, p. H1.

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Luxueuses tentations Jean-Nicolas Roy Séminaire de Sherbrooke Depuis l’aube des âges, l’être humain lutte incessamment afin d’améliorer sa qualité de vie. Son génie et sa persévérance l’ont poussé, au fil des siècles, à faire de fabuleuses découvertes, à maîtriser bien des techniques, à parfaire ses connaissances et à créer plusieurs inventions révolutionnaires. Toutefois, depuis quelques décennies, les choses ont changé. La qualité de vie des hommes a été trop vivement optimisée et ces derniers, au lieu de profiter entièrement de leur toute récente plénitude, ont cherché à s’immerger encore plus profondément dans leur utopie. Cette recherche insensée de richesse et d’absolu a donné naissance à un phénomène inquiétant qui nous affecte tous : la surconsommation. Devenue l’emblème de notre société, cette pratique symbolique ne fait que nous embourber. Elle arbore un masque recouvert d’étoiles qui dissimule un sourire malicieux et, de ses charmes langoureux, elle nous mène tout droit vers l’agonie, le cataclysme et l’explosion des consciences. Maintenant que nous sommes entourés de ses tentacules visqueux, pouvons-nous nous en défaire? À mon avis, il est trop tard, et nous ne pouvons qu’assister avec impuissance à la destruction de notre monde. Trois raisons justifient ce raisonnement. Tout d’abord, parce que la consommation s’attaque à la famille, le berceau de l’intelligentsia; ensuite, parce que la publicité nous aveugle cruellement; finalement, parce que la majorité des individus seraient incapables de quitter leur univers paradisiaque pour assurer un avenir à leurs descendants. Notre société est une société de tristesse qui vit des moments difficiles. Le quotidien est gris, et le matin, sans éclat. Les parents voyagent inlassablement entre le travail et la maison, où ne les attendent que le sommeil et un enfant en manque flagrant de sensations. Victimes de leur fatigue et désireuses de trouver la paix, ces pauvres âmes ne savent que faire. De leur côté, les enfants avides de réjouissances profitent de la faiblesse de leurs parents pour devenir de véritables empereurs miniatures, criards et exigeants. Ils apprennent aisément à obtenir satisfaction à défaut d’attention. Sans le savoir, leurs gestes irréfléchis ainsi que la mollesse d’esprit de leurs parents font d’eux les pires consommateurs et leur enlève toute notion de raison. Plus tard, ces enfants n’auront pas envie d’épargner, n’auront aucune conscience de la valeur de l’argent et le dépenseront sans limites. La dépendance à la consommation est engendrée dans l’immaculée jeunesse. Aussi, on aurait tort de croire qu’avec l’âge vient la sagesse. Lorraine Gagnon, coordonnatrice d’Entraide-Parents, un organisme de soutien de la région de Québec, affirme avoir déjà été en contact avec des parents désabusés dont l’enfant dans la trentaine vivait encore à leurs crochets. Comment pourrait-on décrire cette situation sans employer le terme « catastrophe »? Poursuivons. L’adolescence est une période ardue dans laquelle chaque individu est inévitablement confronté à l’influence de ses pairs, aux critiques parfois malsaines et aux jugements dissonants. C’est aussi un moment où chaque personne ressent un besoin puissant et légitime d’être admiré de tous. Pourtant, nous le savons bien, ces

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coquilles prétendant l’invulnérabilité sont pour la plupart d’une saisissante fragilité. Mais, cela, le marché s’en lave les mains. Vorace, il entreprend la séduction systématique de tous les jeunes par la publicité. Il leur promet la gloire et l’allégresse et leur chuchote à l’oreille, de son souffle fétide, de cesser de réfléchir. Le marché sait tout, et il est sans pitié. Ses publicités sont dévastatrices pour les masses d’adolescents à qui elles sont adressées, car elles les influencent, négligemment, et leur inculquent à tous la fausse vérité selon laquelle la nouveauté et la tendance sont de mise pour être à la mode. Les jeunes deviennent donc des adeptes de la consommation et s’y perdent, aveuglés par les tourbillons colorés et scintillants de la publicité; ils finissent par perdre toute envie de résister à la surconsommation à cause de l’incitation trop sordide et trop soutenue à laquelle ils ont été soumis. Comme nous avons pu le remarquer, la consommation a toujours été non pas une solution alléchante ou une perspective, mais bien un besoin vivant pour l’individu moderne, et ce, à tous les moments de sa vie. Sa soif a toujours été universelle, inavouée et insatiable, tandis que son désir d’acheter est devenu son oxygène. L’être humain occidental respire la surconsommation et s’en sert à présent pour s’étouffer lui-même. Mais l’homme peut-il vivre sans oxygène? Non, au même titre qu’il ne saurait désormais exister sans la douceur, la dentelle, la facilité et la technologie. Nous avons franchi l’ultime limite, le point de non-retour. Combien resteraient enfermés chez eux leur vie entière s’il n’y avait pas de moyens de transport? Combien se laisseraient périr plutôt que de vivre dans la réalité? Car l’homme moderne vit dans l’illusion et le mensonge. De plus, il a perdu les vertus exceptionnelles de la débrouillardise et de la patience au profit de sa jouissance personnelle. Il préfère sacrifier l’environnement plutôt que son plaisir présent. En réalité, son slogan compte trois phrases merveilleuses : « Que les sociétés prochaines s’arrangent avec nos problèmes! », « Que la planète se désagrège avec les consciences! » et « Que l’univers tout entier périsse, plus personne n’en a rien à faire. » Pour conclure, j’amalgamerais le contenu de mes justifications précédentes et je simplifierais largement le conflit en disant que si notre monde sombre, c’est bien parce que personne n’ose se lever. Les parents gâtent toujours leurs enfants afin de combler leur manque d’amour. Les publicités mensongères continuent d’affluer en nombre incalculable. Les gens refusent encore de voir le problème. Tout le monde dort encore. Seulement, lorsqu’il sera trop tard, lorsque la surconsommation nous aura engloutis de ses torrents dorés et impétueux, lorsque nous aurons été avalés et digérés, dormirons-nous encore? L’histoire nous le dira.

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La surconsommation ancrée en nous Mathieu Béland École secondaire du Rocher Commission scolaire de l’Énergie Le XXIe siècle, c’est l’ère de la grande vitesse. Le rythme de vie de la majorité des citoyens occidentaux a atteint une rapidité jamais vue précédemment. Si, au XXe siècle, nous consommions beaucoup, aujourd’hui, nous surconsommons énormément. Croyez-vous possible, chers internautes, de résister à ce fléau qu’est la surconsommation? Pour ma part, je crois que le monde est entré dans un cercle vicieux d’où il est quasi impossible de sortir. Pourquoi? Parce que nous sommes incapables de nous imposer des limites, mais aussi parce que nous sommes grandement encouragés à consommer toujours plus. D’une part, je crois que l’impossibilité d’enrayer ce problème est due au manque de volonté, voire à l’incapacité de l’être humain à s’imposer des limites. Parce que c’est dans sa nature. Longtemps, les gens ont vécu dans l’instabilité de temps plus difficiles, où les besoins primaires (se loger, se nourrir) étaient plus difficiles à combler. De nos jours, la plupart des gens tiennent pour acquis que ces besoins seront toujours sustentés. C’est alors que nous tombons dans le secondaire, le superflu. Parfois, le désir devient même une priorité, alors qu’autrefois la même chose aurait été presque comme le plus inaccessible des luxes. Tout cela est dû au tout premier idéal de l’homme : l’abondance. Quand celle-ci est atteinte, il se crée alors un vide existentiel que nous tentons de remplir en consommant toujours plus. Voilà une notion qui me porte à croire, chers internautes, qu’il est impossible de stopper la surconsommation. Du moins, pas sans une compréhension massive par la population des causes de cet immense problème. D’autre part, je crois que le problème de la surconsommation est alimenté par les encouragements de ceux qui en bénéficient. Ces derniers prennent la forme de riches propriétaires et actionnaires de grandes compagnies. Puisque les vitesses de production augmentent, il est logique de vouloir faire augmenter la vitesse de consommation. Il est aisé d’appuyer ce que j’affirme; les centaines de publicités auxquelles nous sommes exposés quotidiennement font office de preuve irréfutable. Cependant, il ne s’agit pas de leur seul moyen pour vous pousser à consommer plus. Certes, les campagnes publicitaires, sous toutes leurs formes (placement de produits, publicités à la télévision, marketing viral, etc.), ont leur rôle à jouer auprès du consommateur mais, désormais, le moyen de leur tactique se situe sur le plan financier. Il est de plus en plus populaire et encouragé de payer à crédit, c’est-à-dire de s’endetter. En solo, la dette moyenne des ménages canadiens serait de 144 % de leurs revenus. Il est difficile de nous imaginer qu’en consommant aujourd’hui et en payant plus tard, nous mettons en péril notre avenir. C’est pourquoi, je pense, chers internautes, que cet hymne à la consommation que nous chantent les grands de ce monde nous hypnotise dans une frénésie d’achats démesurés.

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En conclusion, je vous rappelle, chers lecteurs, que nous sommes bien mal partis pour résister à la tentation et à la facilité de la surconsommation. Je crois cependant que c’est en prenant conscience des causes de cette dernière que nous ferons un pas vers l’avant pour atténuer ce phénomène désastreux.

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