Paul Bert… · conseil de quartier villette-paul bert un quartier a decouvrir!! parcours jep 2016...

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Conseil de quartier Villette-Paul Bert | Un quartier à découvrir !! https://conseildequartiervillettepaulbert.wordpress.com https://www.facebook.com/cqvillettepaulbert Rien à voir ? Venez voir ! Histoires urbaines du quartier Villette-Paul Bert…

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Conseil de quartier Villette-Paul Bert | Un quartier à découvrir !!

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Rien à voir ? Venez voir ! Histoires urbaines du quartier Villette-Paul Bert…

SOMMAIRE

INTRODUCTION ......................................................................................................................2

LE BUSTE D’ETIENNE RICHERAND (PLACE SAINTE-ANNE) ......................................................3

L'ÉGLISE SAINTE-ANNE (PLACE SAINTE-ANNE) .......................................................................5

LA CHARADE (117-125, RUE BARABAN) .................................................................................7

L’ÉGLISE DU SACRE-CŒUR (89, RUE ANTOINE CHARIAL) .....................................................10

EUGENE DARGAUD (RUE SAINT EUSEBE) .............................................................................14

P.L.V.P.B. (14, RUE SAINT EUSEBE).......................................................................................16

UNE CORDERIE (40, RUE SAINTE ANNE DE BARABAN) .........................................................17

L’ENTREPRISE FOURNIER (35, RUE SAINTE ANNE DE BARABAN) .........................................18

LE DOMAINE DE LA FERRANDIERE (PLACE DE LA FERRANDIERE) .........................................19

ETS FOURNIER ET PIONCHON - UNE CITE OUVRIERE (RUE CLAUDIUS PIONCHON) ..............22

UN HOPITAL PSYCHIATRIQUE ? (RUE SAINT VICTORIEN) .....................................................25

LA PATINOIRE BARABAN (53, RUE BARABAN) .....................................................................26

LES CHAUSSURES DESRAYAUD-MIRAILLET (17, RUE ETIENNE RICHERAND).........................27

LES PETITES SŒURS DES PAUVRES (10, RUE GANDOLIERE) .................................................28

LE PARC JEANNE JUGAN (17, AVENUE GEORGES POMPIDOU) .............................................30

L’ENTREPRISE MARMONIER (RUE MAURICE FLANDIN PROLONGEE) ...................................31

LES BAINS-DOUCHES (215, RUE PAUL BERT) ........................................................................33

L’ÉCOLE ANTOINE CHARIAL (25, RUE ANTOINE CHARIAL) ....................................................35

Nous remercions tous les bénévoles qui ont donné de leur temps pour réaliser cette balade urbaine et ce livret. Excusez-nous par avance si des coquilles ou des erreurs se sont glissées dans ce livret, nous ne sommes pas des historiens mais juste des passionnés de notre quartier.

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PARCOURS JEP 2016

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INTRODUCTION Conteur : Stéphane Bonhour

Villette, notre quartier était encore une banlieue verte il y a une grosse centaine d'années : c'était un lieu-dit rattaché au faubourg de la Guillotière, plus près du cours Lafayette que du chemin du Sacré-Cœur (qui n'est autre que la rue Paul Bert actuellement). De nos jours, le quartier Villette-Paul Bert délimité à l’Ouest par la rue de la Villette, à l’Est par Villeurbanne, au nord par le cours Lafayette et au sud par l’avenue Félix Faure, compte près de 20 000 habitants. Anciennement quartier d’artisans et de manufacturiers, il se partage entre activités tertiaires et habitat. En bordure du quartier d’affaires de la Part-Dieu, il est encore appelé à connaître dans les années à venir d’importantes transformations. Mais remontons un peu le temps. Le 24 mars 1852, la Guillotière fut rattachée à Lyon et la Villette devint donc une partie du 3ème arrondissement. Dès lors, le quartier va s'urbaniser et se transformer peu à peu. La Villette agricole devient peu à peu artisanale et des rues furent même tracées entre 1856 et 1886. Le quartier est resté longtemps très verdoyant grâce à la Rize, petite rivière venant de la région de Jonage en traversant Villeurbanne. La Rize : les anciens du quartier s'en souviennent très bien. Elle traversait le quartier et c'était un vrai lieu de vie. En effet, cette petite rivière aujourd'hui disparue a fait et fait encore beaucoup parler d'elle dans notre quartier. Nous allons peut-être casser un mythe mais malheureusement le lit de la Rize, même si celle-ci a été enfouie à une époque, est bien tari. Pourtant à chaque fondation qui est faite, lors de la construction de nouveaux immeubles, bon nombre d'habitants pensent que les forages qui doivent être effectués sont causés par la Rize. Et bien non il s'agit tout simplement de la nappe phréatique du Rhône. En fait, la Rize pour franchir le Rhône au niveau du pont de Cusset devait franchir un siphon et malheureusement celui-ci a été détruit lors de travaux.

Mais nous en reparlerons tout au long de notre périple car vous allez voir que cette petite rivière a contribué au développement et à la transformation de notre quartier. La Rize (Source : Le Progrès 25/07/2011)

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LE BUSTE D’ETIENNE RICHERAND (PLACE SAINTE-ANNE) Conteur : Guillaume Magnier

ETIENNE RICHERAND (1864 – 1931)

Une statue est située sur la place Sainte-Anne. Celle-ci s’avère cependant cachée derrière des jeux pour enfants. Elle n’est pas en position centrale. Un patrimoine à l’image de ce qui fait l’histoire de Villette Paul Bert : un patrimoine caché, qu’il faut trouver en fouillant, en recherchant. Nous sommes dans un lieu au cœur du quartier du XIXe siècle. La place de l’ancienne église est comme un cœur de village entre commerce et lieu de réunion, de rencontre de la population. Ce buste positionné ici peut en effet surprendre. Qui représente-t-il ? Pourquoi ce personnage, que beaucoup ont oublié est-il ici ? Lors de son inauguration en 1936 l’individu était pourtant connu de tous. La place était noire de monde, de nombreux officiels à l’image d’Edouard Herriot étaient présents. L’année 1936 : nous donne une première clé de compréhension : l’ère du Front populaire. C’est une époque où la question sociale est repositionnée au centre des débats. Une année pour honorer un homme qui a fait de cette question le combat de sa vie. Un homme issu de la tradition ouvrière Etienne Richerand est le fils d’un cordonnier, Jean Richerand, originaire de Soucieu-en-Jarrest. Arrivé à Lyon à une dizaine d’années, il s’installe sur la rive gauche dès son mariage, d’abord dans le 6ème arrondissement puis le 3ème qu’il ne quittera plus. Il exerce le même métier que son père : l’artisanat s’inscrit alors dans l’histoire familiale. Il effectuera d’ailleurs un passage avec son fils, également cordonnier, à l’usine Desrayaud située au cœur du quartier. On y reviendra plus loin. Il s’inscrit donc bien dans l’histoire du quartier en y habitant, en y travaillant. Un homme engagé à gauche Engagé politiquement, il intègre le Conseil municipal en 1904. Il est membre de la SFIO. On peut comprendre cet engagement comme un héritage politique familial. Son histoire personnelle et familiale entre artisanat populaire et monde paysan forge alors l’homme. Il intègre au Conseil municipal de Lyon la commission dite « des vieillards et secours aux invalides du travail ». Etienne Richerand s’inscrit dans un parcours qui montre l’essor des politiques sociales dans les communes.

Buste : Etienne Richerand Place Sainte-Anne

- 2017 -

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Il obtient un nouveau mandat en 1908 : Edouard Herriot le nomme à la tête du Bureau de bienfaisance (cela correspond au CCAS d’aujourd’hui) pour le 3e arrondissement. En parallèle, l’homme est un des instigateurs du PLVPB (Patronage Laïc Villette Paul Bert). Ce patronage est une figure de l’action sociale du quartier. Nous en parlerons plus loin. En 1914, il est élu conseiller général du Rhône. C’est aussi bien sûr le début de la guerre. Il s’investit auprès des jeunes blessés et s’engage auprès de l’Ecole des Mutilés. L’objectif est d’offrir de nouveaux métiers pour les jeunes. C’est un projet d’Edouard Herriot. Cet engagement est à lier en lien avec la perte d’un de ses trois fils. Il meurt en effet aux Dardanelles en 1915. Cette perte marquera sa vie. Il s’engagera par la suite auprès des pupilles de la nation via son office départemental. En 1916 : le conseil général le nomme à la tête du nouvel office départemental de placement. On peut le traduire comme nos « maisons de l’emploi » d’aujourd’hui. Ce bureau a pour objectif de centraliser la demande en travailleurs pour mieux la répartir sur le territoire. Etienne Richerand souhaite d’ailleurs mutualiser les outils et travaille en lien avec l’office de Lyon. Il souhaite réellement proposer des solutions aux demandeurs d’emplois. Ce combat nous parle encore aujourd’hui. Il est membre également de la Commission d’hygiène. Il s’inscrit donc au cœur des politiques de son temps afin de lutter contre l’habitat insalubre et pour la santé publique. C’est une nouvelle fois révélateur de son engagement social. En 1925, il devient adjoint et Vice-président du conseil général. Il s’est toujours voulu le représentant de la classe ouvrière et il est un invétéré pacifiste sur toutes les opérations militaires. En 1928, il devient député. Il travaille sur les sujets des retraites paysannes, des allocations diverses aux familles nécessiteuses. Mort et postérité Il meurt subitement en 1931. La même année, la rue Sébastopol est débaptisée. En la nommant Etienne Richerand, la municipalité rend hommage à l’homme. Tout un quartier le pleure alors. Le Progrès retrace sa nécrologie et le choc au sein de l’équipe municipale dans son édition. Une souscription pour son buste voit le jour. Son inauguration rassemble 1000 personnes.

Ce fut alors un hommage émouvant à un homme ancré dans son quartier et qui a œuvré

pour l’ensemble des nécessiteux, des personnes dont la voix pouvait manquer au cœur des

institutions.

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RUE ETIENNE RICHERAND La rue Etienne Richerand débute cours Lafayette pour se terminer ici place Saint Anne. Elle a été tracée vers le milieu du XIXème siècle, mais à part le secteur de la place Sainte-Anne, il a fallu attendre la fin de ce siècle pour voir l’urbanisation se modifier. Cette rue a été nommée « rue Sébastopol » jusqu’en 1931 pour commémorer le

siège de cette ville durant la guerre de Crimée entre 1854 et 1855. Vous trouverez au 52 rue Etienne Richerand, un peu plus en amont de cette rue, la maison familiale de l’ancien député Etienne Richerand. Il est à noter que l’on a débaptisé une rue rappelant une guerre par le nom d’un pacifiste : un beau symbole en somme.

L'ÉGLISE SAINTE-ANNE (PLACE SAINTE-ANNE) Conteur : Stéphane Bonhour

La place Sainte Anne a conservé un air de place de village. Elle tient son nom de l'église qui avait été construite entre 1863 et 1865 par la Paroisse du Sacré-Cœur (elle-même créée à la demande du Cardinal de Bonald en 1859). Le terrain fut acheté à Mr Turbil et les plans établis par l'architecte Pierre Bossan (architecte de la basilique de Fourvière). Elle a été démolie en 1939 à la suite de la construction d'un autre édifice religieux, l'église du Sacré-Cœur, en 1934, rue de l'Ordre (rue Antoine Charial depuis 1966). L'ancien presbytère situé à l'arrière, construit en 1869, a été démoli en 1993 pour une opération immobilière. La cure fut ensuite installée au 2 de la place, où se trouve aujourd'hui l'I.M.E. SEGUIN (Institut Médico Educatif).

Place Sainte-Anne, 2016 (vue sud)

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* Source : « Histoire du quartier de la Villette de 1850 à 1950 » de Suzanne CARREL - Editions BELLER

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LA CHARADE (117-125, RUE BARABAN) Conteur : Jean-Yves Langanay

Quelques mots sur la rue Baraban. Appelée le « chemin de Baraban » elle appartenait jadis au domaine dit de la « Corne de cerf » dont nous parlerons plus tard lors de notre balade. Cette rue est devenue une rue populeuse avec l’industrialisation du quartier.

Elle ne porte pas le nom d’un homme/femme célèbre ou illustre, en fait, en patois lyonnais, les « barabans » sont tous simplement « des pissenlits ». Elle traverse notre quartier Villette Paul Bert du nord au sud. Ici, nous sommes face au bâtiment dit de « l’ancienne Charade ». Je vais différer l’explication du nom pour entretenir un peu le mystère…

La Charade – Source bibliothèque municipale de Lyon - 2011

Un bâtiment témoin de l’urbanisme du XIXe siècle Ce bâtiment aujourd’hui gravement délabré sera réhabilité : les arcades du rez-de-chaussée seront conservées. Il témoigne de l’urbanisation de Lyon à la fin du XIXe siècle. Regardons d’abord les arcades du rez-de-chaussée : certaines sont authentiques, d’autres pas mais il est remarquable de constater que cette forme architecturale se reproduit de l’autre côté de la rue Paul Bert avec le bâtiment du pâtissier-glacier-boulanger Hiriart. Caractéristique du quartier, les pierres de réemploi proviennent probablement de la restructuration de la Presqu’île sous l’égide du préfet Claude-Marius Vaïsse : percement des actuelles rue Herriot, de la République, de Brest, etc. (toute comparaison avec Haussmann à Paris ne doit rien au hasard).

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Notez aussi la présence au coin de la rue et du bâtiment d’une statue de la vierge Marie, comme à de nombreux coins de rue lyonnais, statue qui témoigne de l’attachement particulier de Lyon au culte marial comme en témoignent les fêtes du 8 décembre ou l’édification de Notre Dame de Fourvière (cette statue endommagée sera déposée, remise à l’association des madones lyonnaises et remplacée par un fac-simile). Un bâtiment témoin du passé manufacturier du quartier Nous avons la chance, de déchiffrer l’inscription en façade qui indique clairement la vocation (peut être initiale) du bâtiment, une manufacture de confection de vêtements : les établissements Musy-Blanc.

C’est à partir de 1900 que la maison Musy-Blanc spécialisée dans les fournitures de tissus et tous les articles de modes, de linge, de toilette, de confection de bonneterie qui comprend également une partie fabrique de chapeaux de paille et feutre, s'installe rue Baraban. Imaginez les dizaines de cousettes qui ont pendant des décennies contribués à l’ani-mation du quartier…

UN BATIMENT TEMOIN DE LA VOCATION HOSPITALIERE DU QUARTIER J’en viens à l’explication du mot « charade », dénomination plus récente qu’on aurait pu l’imaginer. Ce nom a été attribué en 1974 par ses animateurs (il serait plus juste de dire animatrices) à un hôtel social familial accueillant des femmes seules en recherche de toit et de réinsertion sociale et économique et géré par l’association de l’hôtel social (aujourd’hui LAHSO) fondée en 1968 conjointement par la mairie de Lyon et le CLORE (Comité de Liaison des Œuvres Religieuses d’Entraide). Le conseil d’administration actuel représente toujours cette originale parité.

Bibliothèque municipale

de Lyon - 2011

Source bibliothèque municipale de Lyon - 2011

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Pourquoi la Charade ? Pour évoquer un ensemble, un tout mais aussi une grande complexité… et peut-être une part de mystère destinée à mieux abriter… Dans un premier temps, à partir de 1981, la Charade accueille une entreprise d’insertion, « la patte mouille » (ménage, repassage, services). Progressivement l’accueil va s’ouvrir aux enfants de ces femmes jusqu’à l’ouverture d’une crèche et le recrutement d’un éducateur spécialisé. Le bâtiment continuant de se dégrader, lui succède en 2006 au 259 rue Paul Bert un bâtiment neuf et fonctionnel qui accueille le siège de LAHSO, la crèche Jacques Prévert (15 places : mixte quartier/foyer) et le CHRS (centre d’hébergement et de réinsertion sociale) pour femmes avec enfants d’une capacité de 85 personnes. Pour conclure sur LHASO, ses autres activités dans le quartier :

Les services « accueil et logement » et « habiter » au 34, avenue Lacassagne

Le CHRS pour hommes isolés au 24, rue Riboud (capacité 72 places)

Le « point accueil de jour » au 66, rue Richerand (plus de 33 000 passages en 2015, petits déjeuners, services, domiciliation, aides aux démarches).

L’entreprise d’insertion, « le Grenier de LAHSO » avec aujourd’hui deux domaines d’activité : la restauration de meubles (atelier de la Croix Rousse) et depuis peu la création de vêtements : boutique ouverte à Riboud les mardi et jeudi de 12h à 14h30.

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L’ÉGLISE DU SACRE-CŒUR (89, RUE ANTOINE CHARIAL) Conteuse : Marie-Madeleine Bret

UNE ETRANGE EGLISE :

des murs qui dépassent dans un jardin public.

d’étranges clochetons plus hauts que le toit central à quatre pentes.

une abside et un transept monumentaux et un mur plat, crépi, percé de fenêtres sans grâce.

un environnement architectural non maîtrisé sans rapport avec les ambitions affichées pour l’église.

Alors d’où vient-on ? 1852 : le faubourg de La Guillotière, environ 44 000 habitants, est annexée à Lyon et devient le 3ème arrondissement. Notre quartier, encore très rural, compte moins de 3 000 habitants. Notre premier fantôme est le cardinal de Bonald (1787-1870) qui confie à l’abbé Claraz la création d’une paroisse en 1859. Il est le fils de Louis de Bonald qui, avec Joseph de Maistre, est un des théoriciens de la droite française catholique et contre révolutionnaire. Une thèse : « Le cardinal de Bonald et la question du travail (1840-1870) » par Gabriel Mas nous éclaire sur cet homme qui s’est soucié des habitants modestes de ce quartier. En 1915, les veuves de la guerre de 14-18 font le vœu de construire une église si la France est victorieuse. Qui sont ces femmes qui négocient avec Dieu ? Peggy Bette nous raconte ces « veuves et veuvages de la Première Guerre Mondiale Lyon (1914-1924) ». Le cardinal Sevin fait acheter un terrain de 15 000 m2 pour la construction d’une nouvelle église. L’architecte Paulet imagine un édifice très ambitieux en 1919. La première pierre est posée en 1922. D’économies en ventes de lots de terrains, l’église ne sera jamais terminée. Elle est cependant consacrée en 1934. Mais les fantômes sont là sur le mur incongru qui efface la nef, par centaines, par familles entières : les morts de la guerre de 14-18.

Eglise du Sacré Cœur - 2015

Esquisse du projet de l’église du Sacré-Cœur

* Source : « Histoire du quartier de la Villette de 1850 à

1950 » de Suzanne CARREL - Editions BELLER

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LE CARDINAL DE BONALD A L’ORIGINE DE LA PAROISSE DU QUARTIER VILLETTE PAUL BERT. Les années de formation Maurice de Bonald est né en 1787 à Millau. Il est le fils de Louis de Bonald, l’un des théoriciens de la droite légitimiste et monarchiste en France. Son père émigre en 1791. En 1793, le château familial est confisqué. Jusqu’en 1797, sa mère et les jeunes enfants vivent plus ou moins cachés. Il est alors mis en pension à l’institution Gore sur la Croix-Rousse. Il a 10 ans et est séparé de sa famille. Les troubles étaient encore importants en 1798. La Croix-Rousse est encore largement rurale, mais la vente des biens nationaux appartenant aux congrégations facilite l’installation de nombreux canuts. Il en gardera une appréhension face aux troubles populaires. Il poursuit ses études à Amiens puis à Saint Sulpice à Paris et est ordonné prêtre en 1811. Il est alors recruté dans l’aumônerie du cardinal Fesch, primat des Gaules, oncle de Napoléon. Il accompagne ce dernier à Lyon, diocèse du cardinal Fesch, et à Rome pour la signature du Concordat. Il est à Lyon lors de la première abdication de Napoléon en 1814. De cette période il garde une bonne connaissance de Lyon et sa région et un intérêt pour les œuvres d’art. Dès 1815, Louis XVIII envoie à Rome une délégation pour renégocier le Concordat. L’abbé de Bonald en fait partie. Il affiche alors des positions ultramontaines (primauté de Rome sur l’Eglise de France). Louis XVIII fait ajouter au texte proposé une phrase sur « les libertés de l’Eglise gallicane ». Dans ces conditions le pape fait savoir qu’il maintient le Concordat de 1801. Jusqu’en 1821 l’abbé de Bonald n’a pas de situation officielle. De 1821 à 1823 il est à Chartres auprès de l’évêque. Il se fait connaître par de brillantes conférences. En 1823 il est nommé évêque du Puy (1823-1839).

Wikipédia

- Louis-Jacques-Maurice de Bonald -

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Il est alors légitimiste, c’est à dire attaché aux Bourbons et prend des positions politiques en leur faveur. La révolution de 1830 met de la distance entre l’évêque du Puy et le pouvoir politique de Louis-Philippe représenté par le préfet de Haute-Loire. Toutefois, il adopte une attitude conciliante et conseille la neutralité politique aux prêtres de son diocèse. Il rencontre le pape Grégoire XVI en 1839 à Rome : c’est l’occasion de réaffirmer ses positions ultramontaines. C’est dans ces années au Puy que Monseigneur de Bonald manifeste ses préoccupations sociales dans deux directions : l’enseignement et la lutte contre la misère. En 1828, une ordonnance confie aux recteurs le contrôle des écoles primaires autrefois confié au clergé. L’évêque proteste. En 1830 les collèges obtiennent un personnel à majorité laïque : nouvelles protestation. La loi Guizot de 1833 commande d’avoir des écoles primaires dans toutes les communes et en confie le contrôle au maire assisté d’un conseil où siègent les curés. L’évêque encourage la création d’écoles chrétiennes, y compris pour les filles, et contribue ainsi au développement de l’enseignement primaire en général confié aux congrégations. Au Puy, il observe aussi le développement de la misère ouvrière liée au progrès de l’industrie en milieu rural avec son corollaire : l’alcoolisme. Il prône la charité traditionnelle, mais aussi la concertation avec les laïcs. Il tient compte de la dignité des aidés en préconisant de fournir quelque travail en échange des aides. A la fin des années 1830, il est en contact avec des femmes de la bourgeoisie lyonnaise qui orientent leur action vers le monde ouvrier lyonnais, en particulier Pauline-Marie Jaricot, fille d’un négociant en soieries. Cette collaboration se développa quand il devint archevêque de Lyon. Les années lyonnaises : Monseigneur de Bonald est à Rome le jour du décès du Cardinal Fesch en 1839. Lyon n’avait plus d’archevêque résident depuis la fuite de ce dernier en 1814 : la question de sa succession se pose alors ! Monseigneur de Bonald fut finalement nommé malgré des réticences de sa part. En 1840 il est à la tête d’un archevêché prestigieux qu’il connait assez bien. Il est fait cardinal en 1841. En 1851, il obtient de pouvoir utiliser le titre de Primat des Gaules sans restauration des droits qui y étaient attachés. Quelle situation trouve-t-il à Lyon ? La ville s’industrialise rapidement : l’industrie de la soie occupe environ 40 000 personnes, plus 11 000 aux activités multiples. Il s’agit souvent d’un complément d’activité pour des paysans qui ont de petites exploitations au bord des rivières (blanchisserie, teintureries… En parallèle se développe l’industrie chimique (vitrioleries, teintures, soude, céramiques, savonneries…) et l’industrie métallurgique (fonderies, matériel ferroviaire…). Ces industries ont en commun d’être polluantes et nauséabondes. Elles sont donc rejetées hors les murs : Vaise, Croix-Rousse, Guillotière (Communes annexées en 1852). Le monde ouvrier souffre, mal nourri, mal logé, en proie à l’alcoolisme et la tuberculose, l’espérance de vie est de 37 ans. Les femmes sont touchées par la prostitution et les maladies qui lui sont liées. Par la loi Le Chapelier, la Révolution a aggravé son mal être.

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Wikipédia – Portrait de

l'abbé de Bonald par

Ingres.

Les grèves sont nombreuses : presque tous les ans. Quelle réponse des catholiques ? Il faut encadrer ces ouvriers du point de vue religieux, d’où la création de paroisses sur la rive gauche du Rhône dont celle de Sainte-Anne du Sacré-Cœur en 1859. C’est d’autant plus possible que le recrutement des prêtres est en progression. En général, fils de paysans et rarement enfants d’ouvriers, mais dévoués aux pauvres. Dans ces nouvelles paroisses, les prêtres se font animateurs d’œuvres diverses : écoles de garçons et de filles, patronages, asiles… Leurs origines modestes facilitent leur intégration dans les quartiers ouvriers. Dès 1840, de Bonald manifeste son intérêt pour les ouvriers de son diocèse. Il recommande le paternalisme aux « fabricants » et insiste sur la situation des enfants. Des patrons proposent logements, soins médicaux, caisse de secours à leurs ouvriers. Les « Providences » recevaient en internat des enfants pauvres, notamment des filles. Elles assuraient un minimum d’instruction, une éducation religieuse et un travail pour les enfants. Elles étaient censées les protéger des délinquances de toutes sortes. Les filles ne les quittaient en général que pour se marier. En 1848 les Providences sont contestées et accusées de prendre le travail des parents, pourtant elles étaient moins dures que les usines-internats crées par les fabricants où les ouvriers (des femmes le plus souvent) devaient fournir leur nourriture et faisaient plus d’heures de travail : 10h dans les Providences, 14 à 15h dans les usines-internats. A côté de ce paternalisme, sous l’influence des catholiques sociaux, se développe un mouvement plus respectueux de l’autonomie des ouvriers. En 1844, le cardinal De Bonald propose des secours à des grévistes de Rive de Giers. Il soutient la candidature d’Ozanam à l’Assemblée Constituante en 1848. Un journal catholique défend le suffrage universel masculin. Il recommande aux curés de commander des ornements pour soutenir les ouvriers du textile. Il encourage les associations et les coopératives ouvrières. Il en est ainsi de la société de Saint François-Xavier qui devient en 1846 une société de secours mutuel originale et regroupe rapidement 5 000 ouvriers. Ils y trouvent des secours et un bureau de placement. L’archevêque fait des dons fréquents, en est le président. Le souci moral est présent mais tous y sont accueillis sans distinction religieuse. En 1848 on note la présence de militants républicains. Elle joue un rôle important dans les grèves de 1856. * Source : Gabriel MAS « Le cardinal De Bonald et la question du travail (1840 –1870) ». Thèse de Doctorat. Université Lyon 2

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EUGENE DARGAUD (RUE SAINT EUSEBE) Conteuse : Josyane Locatelli

Eusèbe de Césarée a vécu de 265 à 339. Il a été évêque de Césarée en Palestine. La rue Saint Eusèbe a été ouverte par tronçons à partir du début du XXème siècle.

Eugène Dargaud a vécu au 15 bis de l’ancienne impasse St Eusèbe, devenue rue saint Eusèbe en 2016.

Cette plaque se trouvait à l'origine (avant 2005) sur le pignon d'une petite maison destinée à être démolie pour la construction de l'immeuble de logements que l'on voit aujourd'hui. C'est à l'initiative de Michel Salager, historien, membre du CIL Villette Paul Bert (Comité d’Intérêt Local) et du conseil de quartier, que cette plaque a été récupérée et apposée sur ce mur (+ gravure de l'ancienne maison) en août 2007.

QUI ETAIT EUGENE DARGAUD ? Né en 1898 dans le 3ème arrondissement. Lors de la première guerre mondiale, il a 19 ans et est employé magasinier ; il est affecté au 97ème régiment d'infanterie comme fantassin (combattant à pieds) le 14 avril 1917 et combat vaillamment sur le front. Il a été décoré de la Croix de Guerre avec étoile de bronze et la Médaille interalliée de la Victoire. Revenu à la vie Civile, il reprend son activité commerciale. De 1928 à 1937-38 il exploite une entreprise de bijouterie fantaisie puis une fabrique de jouets au 122bis rue Chaponnay avec un atelier rue Clos Suiphon. En 1939 (41 ans) il s'installe au 15bis impasse Saint Eusèbe où il habite et exploite une fabrique de jouets et ours en peluche haut-de gamme. Il est militant au parti socialiste SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière) parti politique socialiste français, qui a existé sous ce nom de 1905 à 1969) et vice président du Patronage Laïc P.L.V.P.B. où il s'occupe du basket-ball.

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En août 1939 E. Dargaud est mobilisé avec le grade d'adjudant – après la défaite de 1940, il combat dans la clandestinité. Membre du réseau « Combat » (Henri Frenay), il participe à la rédaction des journaux « Les Petites Ailes », « Vérités et Combat ». Il était également membre du réseau « Brutus ». Dès le mois de juillet 1941, Brutus devient une sorte de bras armé du Comité d'action socialiste (1941-42), puis SFIO clandestine 1943. Le Comité d'Action Socialiste (CAS) est un mouvement de la Résistance française, créé à l'été 1940 par Daniel Mayer et Suzanne Buisson, sur les consignes de Léon Blum, pour reconstituer la SFIO et organiser une résistance socialiste. Il disparaît en mars 1943 lorsque se crée la SFIO clandestine Il a été arrêté chez lui le 10 mai 1944 par la Gestapo, interné à la prison de Montluc, transféré le 19 juin à Compiègne, puis embarqué dans un train pour Dachau (2400 personnes – 45 wagons) dans lequel il est mort asphyxié (train de la mort) le 2 juillet 1944 (46 ans).

Ancienne maison où se trouvait la plaque

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P.L.V.P.B. (14, RUE SAINT EUSEBE) Conteuse : Marie-Madeleine Bret

PATRONAGE LAÏC VILLETTE PAUL BERT

Association fondée en 1911, relancée en 1964. Affiliée à la « Ligue de l’enseignement et de l’éducation permanente ». Etienne Richerand (1862- 1931). Avant d’être connu comme député socialiste en 1928, il fut adjoint au maire responsable du Bureau de Bienfaisance. Son action pour créer en 1911, un « patronage laïc » dans le quartier Villette Paul Bert fut déterminante.

La politique du maire Edouard Herriot était de compléter chaque école par un patronage laïc. Le PLVPB fut créé en lien avec l’école Meynis. A l’origine les patronages ont pour but d’occuper les enfants pauvres afin qu’ils échappent à la délinquance. Les premiers furent créés au début du XIXème siècle par des catholiques qui leur donnèrent une dimension éducative et morale. Ils furent favorisés par le développement du catholicisme social au XIXème siècle. La loi de 1905 de séparation des Eglises et de l’Etat les conduit le plus souvent à prendre le statut d’association loi 1901. C’est dans ce contexte qu’est créé le patronage laïc Villette Paul Bert en 1911. Il s’agit dans ce cas d’une action militante et non d’une évolution de patronages existants. Cette création correspond au progrès de la notion de laïcité. Jean Macé (1815-1894) fut le fondateur de la Ligue de l’Enseignement en 1866 qui œuvra à la création de l’école publique, laïque et obligatoire. Après les lois de Jules Ferry, la Ligue milite en faveur des activités sportives et culturelles destinées à tous. C’est le contexte de la naissance du PLVPB. La Ligue, dissoute par le gouvernement de Vichy, reprend difficilement des activités à la Libération. Ses fonctions traditionnelles sont assurées par la création en 1946 de la « commune libre de Villette Paul Bert » aux activités à la fois festives et solidaires. La loi Debré de 1959 permettant des subventions d’Etat aux établissements privés provoque une forte opposition des laïcs. En 1960, des militants laïcs font le serment dit de Vincennes de « restaurer les principes républicains ». Le CNAL (Comité National d’Action Laïque) lance en 1960 une pétition contre la loi Debré qui obtient plus de 10 millions de signatures. C’est alors que le PLVPB commence un nouveau développement à partir de 1964 non sans difficultés car jusqu’en 1975 environ les locaux sont souvent vétustes. Aujourd’hui le PLVPB compte près de 3000 adhérents essentiellement pour la pratique sportive, les activités culturelles n’occupant qu’environ 500 personnes. Les jeunes de moins de 16 ans ne sont plus qu’à peu près le tiers des adhérents. Les garçons sont plus nombreux que les filles pour les moins de 16 ans et les femmes sont plus nombreuses que les hommes pour les adultes. Le principe de mixité est observé pour la très grande majorité des activités. Les salariés forment le quart de l’effectif des encadrants, les autres étant des bénévoles.

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UNE CORDERIE (40, RUE SAINTE ANNE DE BARABAN) Conteur : Stéphane Bonhour

Sainte-Anne est la patronne des tourneurs et des menuisiers. Le nom de cette rue a déteint sur sa rue voisine. La rue a été tracée dans la seconde partie du XIXème siècle

Ici vous pouvez voir une maison très ancienne avec un vitrage particulier. C'est la maison d'un industriel qui possédait un nombre important d'ateliers dans cette rue. Son activité principale était la corderie (fabrique de cordes et de cordages). C'était une rue idéale pour cette activité car ils pouvaient dérouler les cordes et les tendre sans problème et la Rize pouvait fournir de l’eau à volonté… Les différentes étapes de la fabrication des cordages :

Le rouissage consiste à immerger le chanvre* dans l’eau pour séparer les fils.

Le séchage se fait soit à l’air libre soit dans des fours appelés hâloirs.

Le broyage qui consiste à écraser la tige pour en extraire la filasse.

La filasse ainsi obtenue est envoyée dans les corderies pour y être transformée en cordage dont la confection sollicite l’intervention de plusieurs corps de métiers.

* Chanvre : variété de plante cultivée de la famille des Cannabaceae. Plante annuelle sélectionnée pour la taille de sa tige. Il est parfois appelé localement « chènevis », comme le nom de la graine de chanvre Les métiers :

Les peigneurs démêlent la filasse brute avec un peigne appelé séran.

Les fileurs réalisent le fil de base, d’une longueur de 300 mètres.

Les cordiers, installent les fils sur un métier pour obtenir les torons, donc la torsion des torons donne un cordage.

Le goudronnage, permet d’enduire de goudron les cordes pour les rendre plus résistantes.

A partir des années 1920 cette maison et ces terrains ont été rachetés et fut celle de Johannes Montabert, fabricant spécialisé dans la conception, la production et la distribution d'équipements de démolition et de forages hydrauliques pour les travaux de génie civil entre autres. Depuis, la société existe toujours, elle a juste déménagé sur Saint Priest. Désormais la maison abrite une communauté religieuse (les sœurs de Saint André, congrégation apostolique et ignatienne).

Wikipédia – Représentation

historique d’un cordelier

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L’ENTREPRISE FOURNIER (35, RUE SAINTE ANNE DE BARABAN) Conteur : Stéphane Bonhour

Derrière ce porche situé au 35, rue Sainte Anne de Baraban, se trouve les derniers restes d'une maison de maître avec une tour revêtue d'ardoises. Elle appartenait à la famille Fournier qui était des guimpiers. La guimpe était un morceau de tissus brodé que portaient les femmes autour du cou et qui couvrait les épaules. Les Fournier confectionnaient donc des guimpes selon un procédé inventé par Claude Danjon (ouvrier de la soie vers 1600 précurseur de Jacquard), ils tissaient une étoffe tramée de laine et de fils mélangés d'or et d'argent. C'était une industrie du luxe.

Lorsque l'activité a commencé à décliner, la famille Fournier s'est reconvertie en dégraisseurs de vêtements (blanchisserie). A l'époque de la blanchisserie, ils utilisaient bien entendu l'eau de la Rize. Ils ont vécu là jusque dans les années 70-80 et ce depuis presque deux siècles. Pour vous situer précisément, l'usine était sur la rue de la Cité et un immense jardin se trouvait du coté de la rue Claudius Pionchon.

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LE DOMAINE DE LA FERRANDIERE (PLACE DE LA FERRANDIERE) Conteuse : Marie-Madeleine Bret

PLACE DE LA FERRANDIERE : GRANDS DOMAINES ET PETITES PROPRIETES.

Le parcellaire cadastral actuel témoigne du passé de notre quartier. Le long des anciens chemins comme la rue Paul Bert ex-chemin de la Guillotière à Bron au début du XIXème siècle, d’étroites parcelles « lanièrées » perpendiculaires à la rue correspondent à l’occupation par une population modeste :

ouvriers et petits artisans complétant leurs revenus par une agriculture de jardinage et maraichage. Ces classes laborieuses sont déjà considérées comme dangereuses. Sur la carte de Cassini de 1740 un lieu-dit sur ce chemin s’appelle « Coupe Gorge » ! Espace fragile sensible aux inondations comme celle de 1856. Fin XIXème siècle, les artisans et ouvriers sont de plus en plus nombreux. Au tournant du siècle, des industries polluantes (teinturiers, fondeurs etc…) se sont installées. Les cafés y sont nombreux. Jusqu’en 1940 c’est un espace réputé mal famé. L’intérieur de ce maillage est occupé par d’assez grands domaines réunissant des espaces complémentaires : les Balmes hors inondations et les fonds de vallée comme celle de la Rize. Trois concernent notre quartier et sont assez emblématiques de son histoire :

le Domaine de la Ferrandière

les Terres de Baraban

le Domaine de la Fleur de Lys ou de Corne de cerf (plante). Les domaines Terres de Baraban et Corne de cerf furent morcelés dans la première moitié du XIXème siècle. Les acheteurs furent des congrégations qui y installèrent des établis-sements d’enseignement ou de bienfaisance. Ce morcellement se fait aussi au profit de l’industrialisation. On voit s’installer à la fin du XIXème siècle des industries textiles polluantes (moulinage, teintureries …), des abattoirs, des forges et fonderies, des ateliers chimiques… Le domaine de Corne de cerf a été donné en partie aux Hospices civils. Le domaine de la Ferrandière est un exemple de cette évolution. A l’origine, c’est une motte médiévale. Du XVIème au XVIIème siècle il appartient à la noblesse de robe ou à la bourgeoisie marchande de Lyon. La Révolution entraine une première division du domaine : il est vendu en lots.

Château de la Ferrandière

(Source : archives municipales)

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Une fabrique d’indiennes s’y crée sur un lot, mais aussi en 1818, la congrégation des Dames du Sacré-Cœur installe un couvent et un établissement d’enseignement pour jeunes filles sur un domaine de 27 habitants. Expulsées en 1907 à la suite de la loi de 1905, le domaine est à l’abandon jusqu’en 1913 où il est vendu à la société immobilière de la Ferrandière. Les bâtiments sont démolis entre 1913 et 1920 et on y construit des habitations et des ateliers. Jusqu’aux années 1960 les industries coexistent avec le début de l’occupation de grandes parcelles par des immeubles. Aujourd’hui les derniers ateliers disparaissent au profit des immeubles. Certains demeurent transformés en loft. La Ferrandière désignait non loin d’ici les terres marécageuses où l’on pratiquait le rouissage du chanvre. Pour aider à sa décomposition, on « ferrait » avant son immersion la tige de la plante. C’était la tâche du « ferrandier » qui brisait cette tige sur un fer mouillé. De là viendrait le nom de la Ferrandière pour désigner ces lieux sans doute marqués par l’exercice de cet ancien métier si utile autrefois à la corderie lyonnaise (Cf. Corderie 40, rue Sainte Anne de Baraban citée précédemment).

Wikipédia - Récolte et travail du chanvre en 1695

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CADASTRE LYON 03 – 1975 (SOURCE ARCHIVES MUNICIPALES)

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ETS FOURNIER ET PIONCHON - UNE CITE OUVRIERE (RUE CLAUDIUS PIONCHON) Conteur : Stéphane Bonhour

La rue Claudius Pionchon a été ouverte à la fin du XIXème siècle, elle s'appelait à l'origine la rue Sainte Pauline. La rue Claudius Pionchon commence à la limite de Villeurbanne, en prolongement de la rue du 24 février, au croisement de la rue du 14 juillet et de la rue Saint Sidoine, elle va vers le sud jusqu’à la place

de la Ferrandière qu’elle traverse pour se finir rue Sainte Anne de Baraban, face au 30 Claudius Pionchon est né à Lyon en 1875 et y est mort en 1954. Son établissement était situé à l'angle de la rue Saint Victorien et sa propriété s'étendait au moins jusqu'au 19 de la rue où nous sommes. Il n’en reste aujourd'hui que la maison du gardien de l'époque. Au début du XXème siècle, le quartier était surtout voué à la métallurgie et l'entreprise de Claudius Pionchon concevait des engrenages et des réducteurs pour des entreprises automobiles telles que Citroën, Panhard et Levassor. Cette usine de construction mécanique est installée dans l'ancienne rue Sainte Pauline, en 1916 une extension est effectuée par l'architecte Laurent en vue de l'installation d'un marteau pilon de 250 kg. Les archives concernant cette extension spécifient que cette installation est destinée aux travaux pour la Défense nationale. De ce quartier ouvrier il ne reste que quelques maisons, celles-ci sont situées juste en face du numéro 19. (Ancienne cité ouvrière).

* Cité ouvrière : c’est un ensemble d’habitats ouvriers. Elle est exclusivement destinée aux ouvriers d’une même usine et à leur famille. Elle peut être accompagnée d’équipements collectifs. Dans la plupart des cas, elle est mise à disposition par le patron de l’usine.

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UN HOPITAL PSYCHIATRIQUE ? (RUE SAINT VICTORIEN) Conteur : Guillaume Magnier

La rue Saint Victorien a été ouverte dans la seconde partie du XIXème siècle. Les bâtiments Téléperformance et Ronfard sont des rescapés de cette première époque, tout le reste a été reconstruit à la fin du XXème siècle.

Victorien était gouverneur de Carthage, il est devenu saint car le roi lui demanda de convertir les chrétiens par force. Il refusa ce qui lui valut de mourir en martyr en 484.

SOCIETE RONFARD (21, RUE SAINT VICTORIEN) L'activité principale de la société RONFARD était la fabrication de différents modèles de robinetterie et leurs accessoires ainsi que de vannes industrielles. Elle a été créée le 21 juin 1994. Elle a cessé ses activités et est devenue propriété de la mairie du 3ème arrondissement depuis 2013.

BATIMENT TELEPERFORMANCE (7, RUE SAINT VICTORIEN) Ce bâtiment situé rue Saint Victorien était une ancienne manufacture de velours et peluches. C’est un bel héritage du patrimoine industriel du quartier qui est encore debout. Le travail du textile nécessitait de grandes ouvertures de lumière. Les fenêtres nombreuses sur la façade en sont l’illustration. Cette entreprise est inscrite à l’indicateur Henry de 1924 à 1970. Cet indicateur est un annuaire commercial, judiciaire et administratif spécifique à Lyon et au département du Rhône. C’est une source importante pour les historiens travaillant sur l’histoire économique de la région. Aujourd’hui, le site a gardé sa vocation de lieu économique. La société Téléperformance a emménagé dans ce bâtiment en 2012. Son activité principale est un centre d'appels. Une légende du quartier dit que ce bâtiment fut aussi un asile pour femmes. Mais aucune source n’atteste cette tradition orale.

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LA PATINOIRE BARABAN (53, RUE BARABAN) Conteuse : Josyane Locatelli Avec plus de deux millions d'habitants, Lyon est aujourd'hui la deuxième métropole de France. Elle attire les touristes par la grande variété de ses styles architecturaux et abrite des vestiges de nombreuses cultures, celle de Russie ne faisant pas exception. En 1928, se trouvait à la place de la patinoire, une baraque en bois au milieu d'un terrain vague qui fut le lieu de culte de la paroisse russe orthodoxe saint Nicolas. En 1937 l'église est détruite par un incendie (hasard ou volontaire ? au moment du Front Populaire) L'église orthodoxe saint Nicolas fut ensuite construite rue Sainte Geneviève dans le 6ème arrondissement à partir de 1938, inaugurée en 1946. C’est grâce à l’archiprêtre Victor Pouchkine, un personnage du quartier, qui aidait les pauvres, que sa construction a eu lieu. Il est décédé en 1960 et a été enterré au cimetière de Cusset à Villeurbanne, comme sont enterrés également de nombreux émigrés russes et leurs descendants lyonnais.

LA PATINOIRE BARABAN FUT INAUGUREE EN 1969 AVEC 200 PLACES DE GRADINS. Cette patinoire est la 2ème patinoire de Lyon, la première étant la patinoire Charlemagne. L'eau de la patinoire est récupérée lors de l'entretien et sert au nettoyage des rues des 3ème et 6ème arrondissements.

Patinoire Baraban – 2017 -

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LES CHAUSSURES DESRAYAUD-MIRAILLET (17, RUE ETIENNE RICHERAND) Conteuse : Josyane Locatelli A l'angle des rues Saint-Antoine et Sébastopol* (aujourd'hui appelée rue Etienne Richerand) se trouvait une grande usine de chaussures qui a fonctionné de 1897 à 1934 : la Manufacture de Chaussures Desrayaud et Miraillet. La société Desrayaud exploitait aussi une succursale à La Verpillière dans l'Isère. Les chaussures étaient de grande qualité, car "cousues et rivées". La manufacture avait obtenu des médailles d'or lors de salons professionnels. La société Desrayaud fut dissoute en 1934. Des salariés purent retrouver du travail à l'usine de Chaussures Bally qui fonctionna à Villeurbanne de1910 à 1997. Après la fermeture de l'usine, la Veuve Desrayaud garda la maison qui existe encore aujourd'hui, le reste fut légué aux Hospices Civils de Lyon.

* Sébastopol : ville de Crimée – Russie - victoire de Napoléon III siège 1854-1855

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LES PETITES SŒURS DES PAUVRES (10, RUE GANDOLIERE) Conteur : Bernard Conus

La rue Gandolière débute face au 29, rue d'Aubigny, à coté de le bâtiment de la CARSAT Rhône-Alpes (Caisse d’Assurance Retraite et de la Santé au Travail), elle va vers le sud, dessert la rue des Petites Sœurs et se termine avenue Pompidou, face au 32.

Marc Gandolière a donné sa fortune aux hospices civils de Lyon. On peut voir son nom gravé dans le cloître de l'Hôtel Dieu et le montant de son leg : 173 000 pour l'année 1877

Comme nous l’avons vu, de nombreux domaines occupaient naguère le quartier ! Parmi ceux-ci le Domaine de Corne de cerf qui se morcelle. Ainsi en 1842, mademoiselle de la Bermondière cède une partie des terrains aux jésuites qui firent construire différents bâtiments. Les pères jésuites cédèrent ensuite une partie des terrains aux capucins. Le couvent fut construit entre 1842 et 1846. Ces bâtiments furent destinés à devenir un collège de missionnaires. Les capucins l’occupèrent de 1846 à 1848. En 1848 éclate la révolution qui instaure la seconde République. Les moines sont alors frappés d’un arrêt de mort, non exécuté. Le 9 mars 1848 ils furent expulsés par M. Marioni, maire de la Guillotière. Les capucins furent dispersés et revinrent en 1849. Ils s’installèrent aux Brotteaux et le couvent fut loué comme caserne. Le 13 septembre 1852 il devint propriété des Petites Sœurs des Pauvres et fut occupé dès cette époque par une centaine de personnes âgées, puis bientôt 200 et, bien évidemment, plusieurs Petites Sœurs. Le bâtiment était susceptible de recevoir 400 lits. La chapelle fut construite en 1863-1864. Le jardin d’origine est grand de plus de 4 hectares, s’étendant entre le « chemin de Corne de cerf » (actuellement appelée rue Maurice Flandin), rue d’Aubigny, rue Gandolière et le ruisseau de la Rize. On y trouve des vergers, vignes, légumes et fleurs.

* Source : Revue Rive Gauche Décembre 1967 (BML)

Ancien couvent des Capucins avant démolition

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Les Petites Sœurs des Pauvres sont toujours dans le quartier mais l’ancien bâtiment n’existe

plus. Des terrains ont été vendus afin de permettre la construction d’un asile neuf, rue

Gandolière. Avant l’élargissement de la rue, de grands murs cachaient la maison. Puis le mur

tomba et on put apercevoir le parc et le couvent, devenu « Ma maison ».

Un jour vint où tout ce passé fut rasé au nom de l’urbanisme nouveau. Demeurèrent seuls le

parc et ses vieux arbres ainsi que les peupliers le long de l’avenue Pompidou qui rappelèrent

le cours de la Rize. Les religieuses ont vendu un premier terrain vers 1980 pour édifier la

CPAM (Caisse Primaire d’Assurance Maladie) et la CARSAT puis un second vers 1995 pour

édifier l’immeuble Le Danica.

A l’origine, l’accès à la congrégation se faisait par l’entrée du parc rue Maurice Flandin. Leur cimetière se situait au devant de l’actuel immeuble « Le Forum ». Lorsque les Petites Sœurs se sont séparées de cette partie de leurs terres, elles ont obtenu des acquéreurs que par respect pour les anciennes sépultures le sol soit préservé. C’est pourquoi l’immeuble « Le Forum » est construit en retrait de la route.

Les religieuses, avisées, ont su néanmoins garder un emplacement protégé pour édifier leur nouvelle résidence, « Ma Maison », qui donne à leurs pensionnaires âgés confort et fonctionnalité. Là aussi, vers l’entrée située rue Gandolière, on a érigé symboliquement un portique, vestige de l’ancien cloître, rappelant que ces lieux abritaient autrefois un couvent. De même, pour signifier le lien avec l’ancienne demeure, l’autel de la Chapelle et le tabernacle sont taillés dans des pierres provenant du même édifice. Malgré la nécessité dans laquelle elles se sont trouvées de démanteler leur domaine pour réunir des fonds, les religieuses n’ont pas oublié le quartier qui les a accueillies et aidées.

Elles ont tenu à ce qu’une partie soit aménagée en jardin public qui deviendra le jardin « Jeanne Jugan », du nom de la fondatrice de leur congrégation.

Eglise des Petites Sœurs des Pauvres - 2017

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LE PARC JEANNE JUGAN (17, AVENUE GEORGES POMPIDOU) Conteur : Bernard Conus

Georges Pompidou est né le 5 juillet 1911 à Montboudif, et est mort à Paris le 2 avril 1974. Il a fait une carrière politique comme conseiller du général de Gaulle, Premier ministre puis président de la République jusqu’à sa mort.

L’avenue suit en partie l'ancien lit de la Rize. Il s’agit d’une percée réalisée vers 1985, visant à ouvrir le quartier et Villeurbanne sur le nouveau centre de la Part-Dieu. Elle a absorbé le passage de la Rize.

JEANNE JUGAN (1792-1879) Jeanne Jugan a fondé les Petites sœurs des pauvres dont le jardin est à l’origine de ce parc. On parle parfois de jardin des Petites sœurs des pauvres à son propos. Jeanne Jugan est née le 25 octobre 1792 à Cancale et est décédée le 19 Août 1879 à Saint Pern à la tour Saint Joseph, maison de formation des Petites Sœurs. Le 11 octobre 2009 elle a été déclarée sainte et a été canonisée. En 1839 elle a recueilli une personne infirme chez elle puis s’est regroupée en association pour en accueillir une douzaine, puis a fini par s’organiser en congrégation qui organisait 170 maisons dont celle de Lyon, hébergeant 20 000 pensionnaires au décès de sa fondatrice. Les Petites Sœurs ont continué à grandir, elles rassemblent 6 000 religieuses dans 300 maisons, dont deux à Lyon qui logent 50 000 personnes âgées.

Très vite, ce lieu trouve place dans la vie du quartier en offrant un espace de jeux et de détente aux habitants. On prend plaisir à le traverser pour se rendre à la Part-Dieu et sous le soleil de l’été, on goûte à l’ombrage de ses vieux arbres ou de ses jeunes tilleuls, nouveaux venus. Il y a eu de nombreux travaux ces dernières années dont la création de la toile d’araignée géante pour les enfants et le remplacement des anciennes grilles l’année dernière. Actuellement des travaux de rénovation sont en cours, pour un coût de 80 000 euros.

A l’entrée rue Maurice Flandin se dresse l’hélice solaire. Rompant avec le cadran, c’est une spirale pointée vers le ciel, due à l’imagination de Piet Hein (artiste danois du XXème siècle). Cette spirale a été offerte par le Danica.

L’immeuble le Danica est planté d’une colonnade qui permet aussi de cheminer le long d’une allée bordée d’une rangée de bambous et anciennement de peupliers d’Italie rappelant le parcours de la Rize. Ce jardin a été réorganisé en 1992 par l’agence « In Situ ».

Portrait Jeanne Jugan

Wikipédia

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L’ENTREPRISE MARMONIER (RUE MAURICE FLANDIN PROLONGEE) Conteur : Jérôme Cornic

La rue Maurice Flandin est l'héritière du chemin de Corne de Cerf, le premier tracé dans le quartier sur l'ancien Domaine de ce nom. Le chemin a été redressé pour devenir la rue. Maurice Flandin est né en 1900 et est mort le 20 février 1944, assassiné

par la milice à Aix-les-bains. Une plaque le rappelle, à l'angle de la rue Paul Bert, mais elle ne précise pas s’il a été tué ici. Il est honoré comme héros de la Résistance. Rochet et Schneider y ont construit une première usine d'automobiles en 1896 à l'angle de la rue Paul Bert et les établissements Marmonier et Fils s’y sont installés en 1855 avec leur « Usine corne de cerf ».

LA SOCIETE MARMONIER :

Bourgoin-Jallieu (Isère) 1835 : 1ère fabrication de pressoirs à vin par Félix Marmonier. Déménagement de la société à Lyon en 1855. Elle fabriquait également de petits tracteurs agricoles et un tricycle à vapeur (1885) révolutionnaire. Devenu les Etablissements Industriels Lyonnais en 1935. En 1956, la société a été acquise par PMH, qui a continué la tradition Marmonier, la production d'une large gamme

d'équipements de vinification utilisés dans le monde entier. Les établissements Marmonier et Fils ont inventé le pressoir dit « à l'américaine ». Le couvercle est lentement abaissé par le vissage d'un écrou sur un axe central vertical qui abaisse lentement un couvercle et écrase les grappes. La pression fait éclater les grains et libère le jus qui s’écoule entre les interstices d'une cage à claire voies. Le site ? Le site industriel Marmonier s'étendait de l'actuelle avenue Félix Faure au sud, longeait la voie ferrée de l'est jusqu'à la rue Paul Bert au nord et s'arrêtait aux bâtiments d'Orange. Il faut imaginer une usine de 800 employés exerçant des métiers très différents et se déplaçant à vélo d'un point à l'autre du site : une production complètement intégrée. Le bois et les métaux arrivaient par la voie ferrée de la gare de l'est, directement à l'intérieur de l'enceinte. L'usine avait sa propre scierie et sa propre fonderie. Une fois les pressoirs assemblés, ils partaient toujours par la voie ferrée vers diverses destinations (Beaujolais, Bourgogne, Italie et Californie).

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Le mythe Marmonier !

La notoriété des pressoirs Marmonier dépassait largement la France puisque ils équipaient beaucoup de vignerons en voie d'installation dans la Napa Valley en Californie. A noter aussi que Marmonier est dans certaines régions du Beaujolais devenu quasiment un nom commun lorsqu'il s'agit de désigner un pressoir à vin. La société était présente aussi bien dans les différentes expositions agricoles que d'inventions.

Le site actuel… Marmonier était synonyme d'innovation et d'ingénierie au XIXème siècle. Dans un futur très proche, le site va à nouveau abriter une entreprise novatrice puisque Orange va installer en 2018 un campus de recherche et de formation de 22 000 m2 pour 2 000 personnes.

* Source : Documents fournis par la famille Marmonier

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LES BAINS-DOUCHES (215, RUE PAUL BERT) Conteur : Jérôme Cornic

La rue Paul Bert doit son nom à Paul Bert (1833-1886), scientifique et homme politique français du XIXème siècle. Il était ministre de l'Instruction Publique, instigateur de l'enseignement public obligatoire. Il est intervenu dans la création des universités

lyonnaises. La rue Paul Bert traverse tout le 3ème arrondissement d'ouest en est.

LES BAINS-DOUCHES Les douches municipales ou bains-douches constituent un service public d’hygiène des municipalités françaises, destiné aux personnes qui n'étaient pas équipées de l'eau courante. Venant s'ajouter aux fontaines publiques et aux vespasiennes, elles naissent à la fin du XIXème siècle, dans le mouvement hygiéniste et de réorganisation des villes, en particulier dans les villes ouvrières. Payantes, elles se généralisent dans les années 1920-1930, sont modernisées dans les années 1950, et ont tendance à fermer dans les années 1980. Un bâtiment intégré à son époque : Au 215 rue Paul Bert se trouvaient les Bains-douches et lavoirs du quartier. Ils furent ouverts en 1930 en remplacement des lavoirs que l'on trouvait le long de la Rize. Le bâtiment est extérieurement identique à l'époque. Ils se trouvaient entre une fabrique de chapeaux (au 219) et un cordonnier (au 209).

En face au 212 se trouvait la fabrique de limes Merieux. Au 210, M. Berlaud était maréchal ferrant. Voilà pour l'ambiance de la rue. * Source : Photos des bains douches issues de « Histoire du quartier de la Villette de 1850 à 1950 » de

Suzanne Carrel - Editions Beller

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Il y avait au rez-de-chaussée de ce bâtiment un grand bassin tout en longueur où se croisaient tantôt les blanchisseuses, tantôt les habitants du quartier venus laver, frotter et blanchir le linge. Il faut imaginer la chaleur, la buée et les odeurs de savon et de lessive qui se dégageaient de ce lieu. L'entrée coûtait 4,50 francs, l'essoreuse 3 francs et l'étendage 1,50 francs. Le 1er étage quant à lui proposait les douches, les baignoires, les vestiaires et une salle d'attente. 22 douches et 5 baignoires pour les hommes, 18 douches et 7 baignoires pour les femmes. La gardienne fournissait le savon et accompagnait chaque personne à son vestiaire. Les instituteurs distribuaient des tickets gratuits et les élèves des écoles y allaient le jeudi après-midi. Les élèves étaient conduits en rang et décrassés collectivement par des agents municipaux. La température du bâtiment était agréable puisque maintenue à 20°C à l'étage des douches. L'eau était chaude. La vapeur sortait par une cheminée de 25 mètres de haut qui a dû être démolie en 1989 car elle menaçait de s'écrouler. Architecture ?

Architecture ART DECO – formes géométriques- rigueur classique – beaucoup de symétries – rappel à l'Antiquité avec les mosaïques et le visage (Poséidon ou Neptune) tout à fait conforme à l'architecture en vigueur. Actuellement… Depuis 1984, devenu gymnase et salle d'escrime

de Lyon et plus récemment salle de différents

sports de combats. Porte le nom de Patrick Lamy

(ancien international de judo, décédé en 2008)

qui fut président du PLVPB.

Ces bains-douches répondaient également à une volonté politique de suivre le courant de pensée hygiéniste.

L'hygiénisme est un courant de pensée né au milieu du XIXème siècle : siècle de la tuberculose. C'est un ensemble de théories politiques et sociales dont le principe est de concevoir l'architecture et l'urbanisme pour les collectivités, les pratiques médicales et diététiques pour les individus en appliquant les règles de préservation de l'hygiène et de prévention de la santé publique. C'est à cette époque que l'on prend conscience des dangers du manque d'hygiène et que de très gros progrès sont faits en ce sens.

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L’ÉCOLE ANTOINE CHARIAL (25, RUE ANTOINE CHARIAL) Conteuse : Martine Langanay Depuis le 28 juin 1833 (loi Guizot), chaque commune doit entretenir une école primaire publique ou privée. Le maire Antoine Gailleton (maire de Lyon de 1881 à 1900) demande alors à Abraham HIRCH qui était architecte de la ville de Lyon de 1871 à 1913 de construire la 2ème école du 3ème arrondissement. Elle a été achevée en 1885 et non en 1884 comme on peut le voir sur le fronton. Les premiers arrondissements de Lyon existent depuis 1852 et le 3ème était l'ancienne commune de la Guillotière. Cette école est la seconde construite dans notre arrondissement, la 1ère datant elle de 1884 c'est l'école de la rue Mazenod. Son aspect extérieur est caractéristique des écoles françaises de la IIIème République avec une entrée pour les garçons et une autre pour les filles. Elle s'est d'abord appelée école de la rue de l'Ordre du nom de l'ancien nom de la rue qui renvoie à un monastère qui se trouvait dans le quartier. Aujourd'hui c'est l'école primaire de la rue Antoine Charial. Antoine Charial (1885-1965) était le fondateur de la coopérative de construction "l'Avenir" et a été administrateur des Hospices Civils de Lyon pendant 40 ans. Actuellement cette école compte 395 élèves, 18 enseignants et 1 directrice : 3 Cp (82 élèves), 3CE1 (69 élèves), 3CE2 (78 élèves), 3 CM1 (72 élèves), 3CM2 (82 élèves) et 1 ULIS (unité localisée pour l'inclusion scolaire) à 12 élèves.

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Nous arrivons à la fin de notre balade urbaine. Nous espérons vous avoir fait découvrir notre quartier sous un autre jour et que vous reviendrez bientôt pour une nouvelle aventure !!

Ecole Charial - 2017

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Mes Notes

* Sources : Le Livre « Histoire du quartier de la Villette de 1850 à 1950 » de Suzanne Carrel - Editions

Beller nous a inspiré et est une mine d’informations sur l’histoire de notre quartier.

La Revue Rive Gauche Décembre 1967 (BML)

La bibliothèque municipale de Lyon et ses archives municipales

Gabriel Mas : « Le cardinal de Bonald et la question du travail (1840 –1870) ».Thèse de Doctorat.

Université Lyon 2

Les documents d’archive de la famille Marmonier

Les sites internet https://www.ruesdelyon.net, http://lesruesdelyon.hautetfort.com

et https://fr.wikipedia.org

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Nous adressons tous nos remerciements à ceux et à celles qui ont

participé à l’élaboration de cette balade et à son livret !

La Mairie du 3ème arrondissement de Lyon

Maud et Brigitte Roy

La Famille Marmonier

Les Petites Sœurs des Pauvres et plus particulièrement Sœur Michelle

Michel Salager

Jean-François Bel

Elisabeth Chabanon

Gilles Vitalis

Sylvie Dubois

Et tous les conteurs…

Stéphane Bonhour

Marie-Madeleine Bret

Bernard Conus

Jérôme Cornic

Jean-Yves et Martine Langanay

Josyane Locatelli

Guillaume Magnier

Copyright © Mai 2017 conseil de quartier Villette Paul Bert

Sylvie Dubois - Toute reproduction est interdite