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lesgensdumois La Gazette n° 279 - Du 29 novembre 2012 au 2 janvier 2013 6 es tabous peuvent aller se rhabiller. Pascal et Josy, eux, se déshabillent pour les ridiculiser. Le 8 décembre à Sète, le couple rassemble plus de cent plasticiens et performeurs pour une Fête de la verge — vous avez bien lu —, fonciè- rement transgressive et conviviale. Et, dans la foulée, fêtent la fin de sept années de résidences d’art de la rue au Lieu noir, leur ancien appar- tement avec patio du quai Rhin-et-Danube, avec leur 100 e compagnie accueillie. Devenue un “passage obligé”, la résidence crou- lait sous les demandes. Il fallait sélectionner, gérer, se structurer, au risque de devenir une institution culturelle. Subvention ou subver- sion ? Sur un coup de tête, Pascal Larderet plaque 80 000 de financement annuels. Le festival des Effervescentes rassemblait les com- pagnies en septembre à Balaruc-les-Bains : le prochain sera le dernier. À poil les carcans D’autant plus qu’au sein de la Compagnie Cacahuète, le couple reprend des risques dans un projet coup de poing. L’art de la rue dans les festivals ? Désormais trop pépère pour cette compagnie trop attendue, plus assez embarquée par les flics. Elle tourne depuis 25 ans, avec son “spectacle” phare, L’enterrement de maman, où une famille déjantée déambule avec un cercueil. Avec ses provocs : une vente de femmes, un buf- fet cannibale, des douches ou des toilettes en pleine rue. Jamais lassés de hérisser les com- munautés de tout poil, Pascal, Josy et leur équipe n’hésitent pas à se mettre à poil. “Être nue dans la rue, c’est un acte de liberté. Il n’y a rien de sexuel, mais, oui, c’est jouissif !” Entre l’Inde et la rue de Tunis Aujourd’hui, ils font sauter les carcans le temps d’une séance photo et vidéo, sans autre public que les passants. Mot d’ordre : “aucune limite”. Voilés en haut, nus en bas dans une charcuterie. Derrière un bouclier transparent de CRS, de- vant… la préfecture. Objectif : une compil’ dé- calée de la connerie humaine, sur cinq ans, bap- tisée Flash flesh*. Premier test à Aurillac, première œuvre sur le Web l’été prochain, et, on l’espère, une série poilante à Sète. Josy suit avec bonheur les intuitions agitatrices de Pascal, le metteur en scène autodidacte. En retour, avec sa compagnie Les Bons Enfants, Josy Corrieri, la chorégraphe, emmène aussi Pascal dans son propre univers. Plus doux, plus subtil, mais toujours pas bienséant. Une danse improvisée, où des femmes paraissent ivres, dans Les filles rouges. Où les voilages tourbillon- nent. Dans les jardins, sur la plage, à Casablanca ou en Inde. Car c’est au Rajasthan qu’elle jette son dévolu quasi-extatique. Là, elle organise des stages avec des musiciens locaux. Au prin- temps prochain, elle y emmène des artistes lan- guedociens pour un festival itinérant “auto- géré”. À travers ses voyages, le couple se passionne pour les rituels. Et, à Sète, pour les objets de ré- cup’. Avec générosité, il s’implique aussi pour faire vivre la rue de Tunis, devant le “Petit Lieu”, où Josy propose stages et spectacles intimistes. En pleine rue, avec le collectif “Pâté maison”, ils installent des plantes, des tréteaux pour un apéro de quartier, peignent avec les gamins. À 55 et 60 ans, pas question de s’assagir. Le couple d’artistes de rue fait péter les barricades sociales, où qu’elles se trouvent. * “Chair instantanée” PASCAL LARDERET ET JOSY CORRIERI Transgressifs L

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es tabous peuvent aller se rhabiller. Pascal etJosy, eux, se déshabillent pour les ridiculiser.Le 8 décembre à Sète, le couple rassemble plusde cent plasticiens et performeurs pour uneFête de la verge — vous avez bien lu —, fonciè-rement transgressive et conviviale. Et, dans lafoulée, fêtent la fin de sept années de résidencesd’art de la rue au Lieu noir, leur ancien appar-tement avec patio du quai Rhin-et-Danube, avecleur 100e compagnie accueillie.Devenue un “passage obligé”, la résidence crou-lait sous les demandes. Il fallait sélectionner,gérer, se structurer, au risque de devenir uneinstitution culturelle. Subvention ou subver-sion? Sur un coup de tête, Pascal Larderetplaque 80000! de financement annuels. Lefestival des Effervescentes rassemblait les com-pagnies en septembre à Balaruc-les-Bains: leprochain sera le dernier.

À poil les carcansD’autant plus qu’au sein de la CompagnieCacahuète, le couple reprend des risques dansun projet coup de poing. L’art de la rue dansles festivals? Désormais trop pépère pour cette

compagnie trop attendue, plus assez embarquéepar les flics. Elle tourne depuis 25 ans, avec son“spectacle” phare, L’enterrement de maman, oùune famille déjantée déambule avec un cercueil.Avec ses provocs: une vente de femmes, un buf-fet cannibale, des douches ou des toilettes enpleine rue. Jamais lassés de hérisser les com-munautés de tout poil, Pascal, Josy et leur équipen’hésitent pas à se mettre à poil. “Être nue dansla rue, c’est un acte de liberté. Il n’y a rien desexuel, mais, oui, c’est jouissif !”

Entre l’Inde et la rue de TunisAujourd’hui, ils font sauter les carcans le tempsd’une séance photo et vidéo, sans autre publicque les passants. Mot d’ordre: “aucune limite”.Voilés en haut, nus en bas dans une charcuterie.Derrière un bouclier transparent de CRS, de-vant… la préfecture. Objectif : une compil’ dé-calée de la connerie humaine, sur cinq ans, bap-tisée Flash flesh*. Premier test à Aurillac,première œuvre sur le Web l’été prochain, et,on l’espère, une série poilante à Sète.Josy suit avec bonheur les intuitions agitatricesde Pascal, le metteur en scène autodidacte. En

retour, avec sa compagnie Les Bons Enfants,Josy Corrieri, la chorégraphe, emmène aussiPascal dans son propre univers. Plus doux, plussubtil, mais toujours pas bienséant. Une danseimprovisée, où des femmes paraissent ivres,dans Les filles rouges. Où les voilages tourbillon-nent. Dans les jardins, sur la plage, à Casablancaou en Inde. Car c’est au Rajasthan qu’elle jetteson dévolu quasi-extatique. Là, elle organisedes stages avec des musiciens locaux. Au prin-temps prochain, elle y emmène des artistes lan-guedociens pour un festival itinérant “auto-géré”.À travers ses voyages, le couple se passionnepour les rituels. Et, à Sète, pour les objets de ré-cup’. Avec générosité, il s’implique aussi pourfaire vivre la rue de Tunis, devant le “Petit Lieu”,où Josy propose stages et spectacles intimistes.En pleine rue, avec le collectif “Pâté maison”,ils installent des plantes, des tréteaux pour unapéro de quartier, peignent avec les gamins. À55 et 60 ans, pas question de s’assagir. Le coupled’artistes de rue fait péter les barricades sociales,où qu’elles se trouvent.* “Chair instantanée”

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Deux femmes plaquent leur boulot de cadre sup’ pour changer de vie,au bord de l’étang de Thau. Pendant quatre ans, la réalisatrice mézoiseLaurence Kirsch a filmé les métamorphoses d’Isabelle et Nelly. Leursangoisses, leurs bonheurs, leur famille, leur vision du travail. Que Laurencen’a pas hésité à rythmer avec des météos marines décalées sur l’ambianceéconomique du monde. Le résultat : Gagner sa vie, un documentairesensible et bourré d’humour, comme antidote au “travailler plus pourgagner plus”. À voir sur France 3 le 30 nov. à 8h45, le 14 janvier à 15h15,ou sur http://pluzz.francetv.fr. En savoir plus: http://laurencekirsch.fr

ils et elles font l’actualité autour de l’étang de thau / pages réalisées par Raquel Hadida /

photos Stephan Van fletteren, Raquel Hadida, Guillaume Bonnefont, Céline Escolano /

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À partir de deux vins locaux “de filles”, Emmanuel Servant crée quatre chocolatsfourrés. Aneth-romarin ou citron vert-gingembre: ce sont les infusions que lechocolatier marseillanais mêle aux ganaches. L’idée: compenser la douceur duvin blanc de Villeveyrac par de l’acidité. Et avec des goûts “costauds”, faire armeségales avec les tanins du vin rouge. Une façon de faire découvrir les dégustationsde vins et chocolats organisées le 1er décembre par le Festival de Thau. Mais, à40 ans, Emmanuel n’en est pas à ses premiers chocolats “apéritifs”: outre saspécialité au Noilly-Prat, il a déjà inventé des chocolats aux noix-comté, aux huîtres,pétillants… Douceurs d’oc, 11 bis rue des Artisans à Marseillan, 0467260641.

ALAIN BONNAFOUXÀ la reconquête de la nature

EMMANUEL SERVANTCréateur de chocolats

LAURENCE KIRSCHfilme les choix de vie

CÉDRIC GERBEHAYEPhotographe de rencontres“Si la chute des remboursements continue, les laboratoires

biologiques de village risquent de fermer.” AlexandreBoulier, codirecteur de Biomed 34 (140 salariés) s’insurgecontre la politique de la Sécu: tous les après-midi du 5 au9 novembre, il ferme les 18 laboratoires d’analyse de cetteplate-forme héraultaise. À 34 ans, le créateur du labo deFrontignan rejoint ainsi une protestation nationale: “Depuis7 ans, nous perdons 10% par an! La CNAM fait des économiesselon une analyse comptable et non selon l’intérêt pour lespatients. Marseillan ou Mireval risquent de devenir des désertsmédicaux. Et dans la région, 490 emplois sont menacés.”

ALEXANDRE BOULIERMilitant des labos de proximité

CHARLOTTE MAZELCCette Poussanaise de 21 ans signe pour le premier contrat d’avenirde la région avec Benoît Hamon, ministre délégué à l’Économie so-ciale et solidaire. Suivie par l’antenne frontignanaise de la Missonlocale de l’insertion (MLI) de Thau, et titulaire d’un CAP Petite en-fance, elle bénéficie désormais d’un CDD de 3 ans à temps pleinavec l’association Familles rurales 34.

FRANÇOIS LIBERTICL’ancien maire et député de Sète reçoit la médaille de Chevalierde l’Ordre du Mérite maritime. Aujourd’hui conseiller général deSète délégué à la protection de la famille, François Liberti a toujourssu rester proche de sa famille de cœur, les pêcheurs - son ancienmétier. À 65 ans, le communiste chaleureux prend de la distanceavec la politique, et se consacre à ses petits-enfants.

ILS SE DISTINGUENTCLa Sétoise Justine Weyders bat le record du monde du 100 m“bouée-tube” au championnat du monde de sauvetage sportif enAustralie. Ex-commissaire de Sète, Luc Tarayre revient comme di-recteur de la Police aux frontières de l’Hérault. Le conseiller muni-cipal Loïc Linares est élu secrétaire de la section PS de Frontignan.

ET AUSSI...

Il coordonne les achats de terrains pour favoriser les zoneshumides. Alain Bonnafoux, le président du Syndicat mixtedes étangs littoraux (SIEL), reçoit le grand prix Natura 2000du ministère de l’Écologie pour la “mise en cohérence despolitiques publiques”. Grâce à sa veille foncière innovante,les communes partenaires peuvent racheter des parcelleset y favoriser la faune et la flore. Au bord de l’étang d’Ingril,Frontignan a racheté une maison en 2010, et l’a déconstruite.Au bord de l’étang de Vic, le Conservatoire du littoral a puadopter un plan de pâturage avec les éleveurs de chevaux.Une reconquête de 210 ha de zones naturelles.

Un café, une attitude, un portrait photo. En résidence à laMaison de l’image documentaire, Cédric Gerbehaye se baladeà la recherche de ces rencontres qui font l’identité sétoise.Habitué des zones de conflits, au Congo ou au Soudan, lephotographe bruxellois offre à Sète la légèreté de l’imprévu.Sa force, aussi. En trois fois deux semaines, il va capter lacité, face hivernale. À travers ses gens, en noir et blanc. Pourvoir Sète avec son regard, il faudra attendre le festivalImageSingulières, en mai. Mais pour ouvrir la porte auxrencontres avec Cédric, c’est tout de suite. Tél. 0787133377.

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