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Département: Biologie et Physiologie Animale Faculté: Sciences de la Nature et de la Vie
Immunologie-Hématologie Parasitaire (Chapitre: II) Dr. H. BENABDALLAH -1-
PARTIE A: HEMATOLOGIE GENERALE
CHAPITRE II: ERYTHROPOIESE ET ERYTHROCYTES
I. Erythropoïèse
1. 1. Définition
C’est l’ensemble des mécanismes cellulaires qui aboutissent à la formation des
érythrocytes (globules rouges) dans la moelle osseuse et sous la dépendance de l’érythropoïétine.
C’est un phénomène adaptatif qui peut, en cas de besoin accru, être multiplié par 7 ou 8. La
durée moyenne de ce processus est de 7 jours, mais elle peut être raccourcie par stimulation de
l’érythropoïétine.
1. 2. Cellules souches
L’érythropoïèse prend naissance à partir d’une putative cellule souche hématopoïétique.
Celle-ci va s’engager dans une voie de différenciation myéloïde, vers un pro-géniteur
multipotent. Ce progéniteur appelé CFU-GEMM (Colony Forming Unit
Granulocyte/Erythrocyte/ Megacaryocyte/Macrophage) va ensuite se différencier vers un
progéniteur restreint dans la voie érythroïde appelé BFU-E (Burst Forming Unit Erythroid). Le
BFU-E va proliférer et se différencier par étapes successives pour aboutir à la formation de
précurseurs érythroblastiques morphologiquement reconnaissables au niveau médullaire
(érythroblastes) et de globules rouges matures dans le sang périphérique en environ trois
semaines chez l’homme.
Cellule souche CFU-GEMM BFU-E CFU-E
Hématie Proérythroblaste
Figure 1. La cellule souche totipotente évolue en CFU-GEMM qui est un progéniteur multipotent et qui elle
même s’engage dans la voie érythroblastique de différenciation par la BFU-E puis par la CFU-E (Cell
Forming Unit -Erythroblastic) qui est à l’origine des proérythroblastes.
1. 3. Cinétique de l’érythropoïèse
Grâce à l’étude du métabolisme du radio-fer 59 et la synthèse d’ADN par l’incorporation
de thymidine tritiée couplée avec la technique auto-radiographique que l’on a pu préciser que le
proérythroblaste se divise une fois tandis que l’érythroblaste basophile se divise deux fois avant
de donner naissance à l’érythroblaste polychromatophile dernière cellule de la lignée à se diviser.
Au total, un proérythroblaste peut donner théoriquement naissance à 16 globules rouges. En fait,
il en donne généralement un peu moins chez l’homme.
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Le temps total de l’érythropoïèse est d’environ 7 jours, soit en moyenne environ 20
heures de vie pour chacune des quatre premières générations cellulaires, puis une maturation
d’érythroblaste acidophile durant un jour à un jour et demi, un séjour médullaire des
réticulocytes de deux jours environ avant leur passage dans le sang.
1. 4. Régulation de l’érythropoïèse
L’érythropoïétine (glycoprotéine de structure globulaire) est le facteur régulateur
principal de l’érythropoïèse (Fig. 2). Celle-ci est produite par le rein et va agir au niveau de la
moelle osseuse pour stimuler la production des globules rouges. Cette production de globules
rouges va apporter de l’oxygène dans les cellules rénales qui vont alors diminuer leur synthèse
d’érythropoïétine, ce qui aura pour conséquence la diminution en retour de la production de
globules rouges. Il existe donc à ce niveau une véritable régulation endocrine, le rein étant la
«glande» productrice et la moelle osseuse l’organe cible. Physiologiquement, il ya une parfaite
corrélation entre le taux d’hémoglobine et le taux d’érythropoïétine. Pour une hémoglobine
normale aux alentours de 12 g/dl, le taux d’érythropoïétine circulante est d’environ 20 unités/l.
Ce taux va augmenter en fonction de la baisse du taux d’hémoglobine pour atteindre environ 200
unités/l, lorsque l’hémoglobine atteint 7 g/dl.
C’est l’oxygénation tissulaire qui règle la synthèse de l’érythropoïétine. Celle-ci est
stimulée par l’hypoxie tissulaire, déprimée par l’hyper-oxygénation ou l’augmentation de la
masse globulaire circulante (par exemple par transfusion). Le rôle de l’érythropoïétine est de
déclencher la différenciation des cellules souches en proérythroblastes en permettant en
particulier l’induction de la synthèse d’hémoglobine. De plus, l’érythropoïétine augmente la
vitesse de synthèse d’hémoglobine dans les érythroblastes et accélère la sortie des réticulocytes.
D’autres hormones jouent un rôle dans l’érythropoïèse. Ce sont les androgènes dont certains
métabolites augmentent la synthèse de l’érythropoïétine, d’autres stimulent directement les
cellules souches. L’hormone de croissance hypophysaire agit essentiellement de façon indirecte
en augmentant la synthèse d’érythropoïétine. On conçoit que toute diminution de l’activité de ces
hormones puisse être responsable d’une anémie.
Figure 2. Régulation de la sécrétion de l’érythropoïétine.
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II. Etude morphologique de la lignée érythroblastiques
La lignée érythroblastique est l’ensemble des cellules qui se différencient vers la synthèse
de l’hémoglobine aboutissant aux globules rouges. Chez l’homme, elle est localisée dans la
moelle osseuse et représente 10 à 30% des cellules médullaires.
L’érythropoïèse se poursuit par quatre mitoses successives accompagnées d’une
maturation nucléaire (synthèse de l’ADN) et cytoplasmique (synthèse de l’hémoglobine). C’est
une concentration suffisante en hémoglobine qui stoppe les mitoses. On distingue par ordre de
maturité de croissance: Le proérythroblaste, l’érythroblaste basophile, l’érythroblaste
polychromatophile, l’érythroblaste acidophile, le réticulocyte, l’hématie ou globule rouge ou
érythrocyte. Les différentes catégories d’érythroblastes sont reconnues sur les caractères du
noyau et du cytoplasme. Plus les cellules sont avancées dans la lignée plus leur taille diminue,
plus le cytoplasme basophile est riche en ARN devient acidophile et riche en hémoglobine plus
le noyau se condense jusqu’à l’expulsion qui transforme l’érythroblaste acidophile en
réticulocyte (Fig. 3; 4).
Figure 3. La lignée érythroblastique.
Figure 4. Etapes de l’érythropoïèse.
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Proérythroblaste
Erythroblaste basophile
Erythroblaste
polychromatophile
Erythroblaste acidophile
Réticulocyte
Hématie
Figure 5. Les différentes cellules de la lignée érythroblastique.
III. Erythrocyte
L’érythrocyte ou hématie est une cellule mature formée dans la moelle osseuse lors de
l’érythropoïèse. Le nombre de globules rouges est extrêmement constant (4 à 5.1012
/l chez
l’adulte). La fonction essentielle des hématies est de véhiculer l’oxygène dans l’organisme. Pour
ce faire, l’hématie doit maintenir son élasticité membranaire et doit conserver son hémoglobine à
l’état fonctionnel.
3. 1. Morphologie
Le GR normal a la forme d’un disque biconcave: déposé sur une lame, il a une forme
circulaire régulière. C’est une sphère aplatie, d’observation facile en microscopie électronique à
balayage. Après coloration de May Grunwald Giemsa, il est orangé (acidophile). Sa membrane
cytoplasmique est régulière. Son cytoplasme est pâle, rosé, homogène, sans noyau, sans organite
d’aucune sorte (Fig. 6).
A l’état normal, tous les globules rouges ont sensiblement même forme, même diamètre,
même coloration et toute modification de ces critères traduit un phénomène pathologique.
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Figure 6. Morphologie des globules rouges.
3. 2. Physiologie
Physiologiquement, les globules rouges d’un frottis sanguin réalisé avec du sang natif
sont de même taille, de même forme et de même couleur. Leur diamètre moyen est de 7,5 µm,
leur épaisseur en périphérie de 2,4 µm et leur épaisseur au centre de 1,4 µm (Fig. 7).
Figure 7. Physiologie des globules rouges.
Le globule rouge n’a qu’une fonction. Il assure le transport et le maintient à l’état
fonctionnel de l’hémoglobine, pigment respiratoire chargé lui-même du transport de l’oxygène et
d’une partie du gaz carbonique. La surface considérable des GR (plusieurs milliers de mètres
carrés au total) permet une diffusion rapide de l’oxygène, que la forme de cette cellule favorise
également.
IV. Biochimie des constituants érythrocytaires
4. 1. La membrane érythrocytaire
Le globule rouge comprend une membrane de structure probablement voisine de celle des
autres membranes cellulaires avec une double couche de phospholipides, stabilisée par du
cholestérol, dans laquelle s’intercalent des protéines.
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La membrane érythrocytaire assure au hématie sa forme, sa plasticité, sa déformabilité.
Elle permet l’intégrité du milieu intérieur, elle contient les principales enzymes des
métabolismes. Elle comporte des protéines et des lipides entremêlés dans une structure
complexe. Les lipides (65% de phospholipides, 25% de cholestérol non estérifié, 10% de
glycolipides) sont répartis en double couche de 40 A° d’épaisseur avec des groupements non
polaires hydrophobes se faisant face tandis que les groupements polaires hydrophiles sont rejetés
vers l’extérieur. Dans cette bicouche phospholipidique baignent de volumineuses molécules
protéiques enchâssées plus ou moins profondément dans les deux feuillets lipidiques. Du côté
interne, le réseau protéique constitue le cytosquelette qui confère la forme discocytaire au
globule rouge, assure sa grande déformabilité. Du côté externe, se situent les récepteurs et les
motifs antigéniques du globule rouge (Fig. 8).
Figure 8. La membrane érythrocytaire.
Les protéines transmembranaires jouent un rôle essentiel dans les échanges du globule
rouge avec le milieu extérieur. Les plus importantes sont les ATPases Na+ et K
+ dépendantes qui
permettent le transport actif des cations Na+ et K
+, l’ATPase Ca
2+ et les protéines permettant le
transport des anions et du glucose. Trois protéines transmembranaires permettent la stabilité de
forme du globule rouge en se fixant sur les protéines intrinsèques du cytosquelette: Ce sont: la
protéine 3 qui se fixe à la β spectrine grâce à l’Ankyrine, la Glycophorine A et la Glycophorine
C se fixent à la protéine 4.1.
Le squelette protéique comporte 3 protéines principales: la spectrine, l’Actine ou protéine
5, la protéine 4.1. La spectrine est en réalité formée de deux chaînes polypeptidiques différentes
nommées α et β, (α synthétisée par un gène du chromosome 1, β par un gène du chromosome
14). Les chaînes α et β sont polymérisées sous formes de tétramères qui soutiennent la couche
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phospholipoprotéique membranaire grâce à des liaisons avec les protéines 3 (via l’Ankyrine)
avec les glycophorines (via la protéine 4/1 et l’Actine). Toutes ces protéines peuvent être
phosphorylées.
Le microscope électronique ne permet de distinguer aucun organite cellulaire dans le
globule rouge. L’analyse révèle que ce dernier contient de l’eau, de l’hémoglobine, des ions (K+
essentiellement), des enzymes et du glucose. L’hématie qui vient de perdre le noyau de
l’érythroblaste est appelé réticulocyte. Il contient des organites cytoplasmiques résiduels
notamment des mitochondries et des polyribosomes qui disparaissent dans le globule rouge
adulte.
4. 2. L’hémoglobine
C’est le principal constituant du globule rouge (300 millions de molécules par cellule)
représente environ le tiers du poids de la cellule. C’est une chromoprotéine assurant
l’oxygénation tissulaire. Elle est maintenue à l’état fonctionnel grâce aux enzymes
érythrocytaires. L’hémoglobine (PM 64500) comprend: 4 chaînes de globine et 4 molécules
d’hème.
4. 2. 1. Structure
L’hème: est une porphyrine contenant un atome de fer. La porphyrine ou protoporphyne III
comprend elle-même: 4 noyaux pyrrol à sommet azoté réunis par des ponts méthènes (-
CH=); 8 chaînes latérales; méthyl, vinyl ou acide propionique. Le fer est au centre, fixé sur 4
azotes des noyaux pyrrol et garde 2 valences libres (Fig. 9).
Figure 9. Schéma d’une molécule d’hème.
La globine: Est un ensemble de 4 chaînes polypeptidiques avec pour chaque molécule
d’hémoglobine, 4 chaînes semblables deux à deux et appelées α et β pour l’hémoglobine A
(Fig. 10). Chaque chaîne est un polypeptide (146 acides aminés pour la chaîne β et 141 pour
la chaîne α) réunis par des liaisons peptidiques (structure primaire). La chaîne ainsi formée
s’enroule sur elle-même en spirale pour réaliser une structure secondaire en hélice (structure
secondaire). En fait, l’hélice est discontinue, l’ensemble de la chaîne formant huit segments
hélicoïdaux séparés par de courts segments non hélicoïdaux au niveau desquels se font des
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coudures pour donner à chaque chaîne sa forme définitive. Des liaisons de natures diverses
entre acides aminés mis en contact par les courbures de la molécule la stabilisent (structure
tertiaire). Enfin, la réunion de deux chaînes α et de deux chaînes β forme une molécule
symétrique globulaire: c’est la structure quaternaire. Les sous unités constituées chacune
d’une chaîne de globine portant sa molécule d’hème sont réunies entre elles par de
nombreuses liaisons. Les liaisons α1β2 et α2β1 sont relativement peu nombreuses (contacts
entre 19 acides aminés), alors que les liaisons α1β1 et α2β2 sont plus fortes (par 35 acides
aminés).
Figure 10. Schéma de la molécule de l’hémoglobine (2-3 DPG: 2,3 diphosphoglycérate:
effecteur allostérique).
4. 2. 2. Biosynthèse
La biosynthèse d’hémoglobine s’effectue dans la moelle osseuse hématopoïétique, par les
cellules érythroblastiques. Elle débute dès le stade de proérythroblaste et s’achève à celui de
réticulocyte.
La synthèse des chaînes de globine suit le schéma de la synthèse protéique. Chez
l’homme normal, le gène alpha est dupliqué, les deux gènes alpha étant présents sur le même
chromosome (n° 16) à proximité l’un de l’autre. Les gènes gamma, delta et béta sont situés dans
cet ordre sur un autre chromosome (n°11). Il n’ya qu’un seul gène béta et un seul gène delta. En
revanche, il ya deux gènes gamma qui donnent naissance à deux chaînes qui ne diffèrent que par
un seul acide aminé (alanine ou glycocolle en 136ème
position) et qui ont la même migration
électrophorétique. Il existe une certaine coordination dans la synthèse des gènes non alpha, et en
cas de diminution de l’activité de l’un d’eux, on observe généralement une augmentation de l’un
ou des deux autres.
A. Synthèse de l’hème
Elle se fait dans les mitochondries des érythroblastes où tous les enzymes nécessaires
sont réunis. A partir de la glycine et de l’acide succinique, une série de précurseurs
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intermédiaires sont synthétisés: les porphyrines. L’importation du fer dans la protoporphyrine III
réalise l’hème (Fig. 11). La pyridoxine (vitamine B6) est le coenzyme de l’ALA-synthétase
(acide delta amino-lévulinique) et de l’hème synthétase aux deux extrémités de la chaîne de
réaction qui mène à l’hème. Le défaut de synthèse de l’hème n’est qu’une conséquence très
tardive et exceptionnelle de la carence en vitamine B6.
La régulation de la synthèse de l’hème se fait essentiellement au niveau de l’Ala-
synthétase, enzyme clef dont l’activité est inhibée par son produit direct l’Ala et par le produit
final, l’hème.
Glycine Succinyl CoA
AAL synthétase
Acide delta aminolévulinique (AAL)
AAL déshydratase
Porphobilinogène
Porphobilinogène désaminase
Uroporphyrinogène I
Uroporphyrinogène III cosynthétase
Uroporphyrinogène III
Uroporphyrinogène décarboxylase
Coproporphyrinogène
Coproporphyrinogène oxydase
Protoporphyrinogène
Protoporphyrinogène oxydase
Protoporphyrine III + Fe2+
Hème synthétase
Hème
Figure 11. Schéma de la synthèse de l’hème.
B. Synthèse de la globine
Elle se fait selon le schéma général de la synthèse des protéines. Il existe une
synchronisation normale de la synthèse des chaînes alpha et non alpha: une chaîne alpha et une
chaîne non alpha s’associent pour former un dimère, deux dimères associés à 4 molécules
d’hème constituant une molécule d’hémoglobine. La synchronisation entre la synthèse de l’hème
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et celle de la globine se fait par l’intermédiaire de l’hème qui stimule la synthèse des chaînes de
globines. L’hème joue un rôle clef dans la régulation de la synthèse de l’hémoglobine.
Les hémoglobines normales sont constamment exposées à l’oxydation, notamment au
niveau de l’hème. La transformation du fer ferreux (Fe2+
) de l’hème en fer ferrique (Fe3+
) réalise
une forme de dénaturation de l’hémoglobine, inapte au transport d’oxygène, la
méthémoglobine. A l’état normal 1% environ de l’hémoglobine est sous cette forme dénaturée
mais plusieurs enzymes assurent sa re-transformation permanente en hémoglobine fonctionnelle,
ce sont les méthémoglobines-réductases ou diaphorases dont la forme principale a pour
coenzyme le NADH réduit, alors que la diaphorase à NADPH semble accessoire à l’état normal.
4. 2. 3. Fonctions
Pigment respiratoire des globules rouges, l’hémoglobine assure plusieurs fonctions:
La fonction principale est le transport de l’oxygène des poumons aux tissus. Chaque
molécule d’hémoglobine fixe 4 molécules d’O2 sur le fer et constitue l’oxyhémoglobine.
Une autre fonction est le transport du gaz carbonique (CO2) des tissus aux poumons. Une
partie seulement du CO2 (environ 40%) est transportée sous cette forme. L’hémoglobine fixe
le gaz carbonique non sur le fer comme l’O2, mais sur des groupements aminés latéraux de
la globine, pour constituer la carbhémoglobine ou carbamino-hémoglobine.
4. 2. 4. Hémoglobines anormales
L’hémoglobinopathie la plus fréquente et la plus grave est la drépanocytose. Elle résulte,
le plus souvent d’une mutation ponctuelle à l’état homozygote sur la chaîne béta globine, à
l’origine de l’hémoglobine S (pour Sickle-cell disease ou drépanocytose). Cette
hémoglobinopathie touche les populations noires d’Afrique, des Antilles et des Etats Unis; la
drépanocytose est aussi la première maladie génétique en France. La modification structurale de
l’hémoglobine S favorise la polymérisation de sa forme désoxygénée; les polymères fibreux
induisent la déformation du globule rouge en faucille: la falciformation, déclenchée par la
désoxygénation, la déshydratation, la fièvre et l’acidose, est responsable de l’anémie
normochrome, normocytaire, souvent bien tolérée et des crises vaso-occlusives douloureuses.
Les patients drépanocytaires présentent aussi une susceptibilité particulière aux infections.
V. Le métabolisme du fer
Le fer est un élément constitutif essentiel de l’hémoglobine de la myoglobine et de
diverses enzymes tels que: cytochrome oxydase, catalase, ribonucléotides réductases, xanthine
oxydases qui interviennent au niveau de l’ADN. Dans toutes ces protéines, le fer est lié à la
molécule de porphyrine. Une molécule de porphyrine = 1 Fer; Une molécule d’hémoglobine = 4
Fer.
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L’hémoglobine contient 80% du fer de l’organisme. La carence en fer induit une anémie.
Le fer se retrouve chez l’humain à l’état ferreux ou ferrique, libre ou inclus dans des complexes
hétéro-protéiniques. Chez l’adulte il y a environ 3 g de fer chez l’homme et 2,5 g chez la femme.
Après avoir été ingéré, le fer pénètre d’abord les parois de l’intestin, où il est capté dans
le milieu extracellulaire, par une protéine que l’on appelle la transferrine. De là, il est dirigé vers
d’autres parties de l’organisme, en fonction des besoins: soit vers la moelle osseuse pour former
l’hémoglobine; soit vers le foie, où il est stocké sous forme de ferritine. Mais il arrive parfois que
la mécanique se dérègle, et que l’organisme se retrouve en carence du fer ou, en surcharge.
Les érythroblastes sont capables d’incorporer le fer jusqu’au stade de réticulocyte. Seul le
fer lié à la transferrine peut être fixé par les érythroblastes et incorporé à l’hème par
l’intermédiaire de récepteurs à la transferrine (TfR). La liaison de la transferrine à son récepteur
est suivie d’internalisation du complexe. Après libération du fer de la transferrine, le TfR est
recyclé à la surface cellulaire.
La transferrine est une glycoprotéine sérique importante qui transporte le fer à toutes les
cellules des tissus. Ce fer provient du foie qui en est le principal site de stockage dans
l’organisme, ainsi que de l’intestin où il est absorbé. L’apotransferrine (protéine sans fer) se lie
très fermement à deux ions Fe3+
et forme la ferrotransferrine. Toutes les cellules en croissance
contiennent à leur surface des récepteurs de la transferrine; ceux-ci se lient facilement à la
ferrotransferrine à pH neutre, après quoi le complexe récepteur-ferrotransferrine est soumis à
l’endocytose (endocytose par l’intermédiaire d’un récepteur). Cependant, là s’arrête la similitude
avec d’autres ligands soumis à l’endocytose: les deux atomes de fer liés demeurent dans la
cellule alors que l’apotransferrine est rapidement libérée après quelques minutes et transportée
par le sang vers le foie ou l’intestin, où elle se lie à de nouveaux atomes de fer. L’apotransferrine
demeure liée au récepteur de la transferrine au faible pH des vésicules (pH 5) (Fig. 12).
Figure 12. Cycle de la transferrine.
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A pH égal ou inférieur à 6, les 2 atomes de fer liés se dissocient de la ferrotransferrine. Le
fer demeure dans la vésicule ou dans le compartiment de découplage du récepteur et du ligand
(CURL); de là il est transporté dans le cytoplasme. Au pH de ces vésicules, l’apotransferrine
formée par la dissociation des atomes de fer demeure liée au récepteur de la transferrine. Le
récepteur de la transferrine retourne à la surface.
L’hémolyse physiologique libère la même quantité de fer que celle incorporée dans
l’hémoglobine (30mg/j). Le fer libéré de macrophages rejoint le compartiment circulant, où il est
lié à la transferrine. Le fer du compartiment circulant est la forme essentielle d’échange avec les
autres compartiments.
Le foie est un lieu important de réserve. Il existe en fonction des besoins (surcharge ou
déplétion), un échange journalier de quelques milligrammes entre le compartiment circulant et la
ferritine.
Un système régulateur cellulaire contrôle l’expression des TfR, l’utilisation du fer et la
synthèse de la ferritine. L’élément le plus important dans cette régulation est l’IREP (Iron
Regulatory Protein): protéine sensible au fer qui se fixe à certains ARNm qui contiennent des
séquences régulatrices. En cas de carence en fer, l’IREP interagit avec l’ARNm entraînant:
Un blocage de la traduction de l’ARNm ferritine (inhibition de la synthèse de la ferritine).
Une protection de l’ARNm TfR, ferroportine (Iron Regulated Transporter), DMT1 (Divalent
Metal Transporter 1 (augmentation de la synthèse).
VI. L’hémolyse
Le globule normal vit en moyenne 120 jours et meurt par vieillissement. On peut montrer
ce fait en injectant à un sujet de la glycine marquée par l’azote 15
N ou de carbone 14
C, elle
s’incorpore dans les érythroblastes et une population de globules rouges radioactifs passe en
circulation. Après quelques jours, la radioactivité atteint un plateau qui reste constant jusqu’à 80
à 90 jours environ, puis décroit lentement et disparait vers 140 jours (Fig. 13).
Figure 13. Radioactivité des globules rouges.
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Le vieillissement du globule rouge est dû au fait que la cellule anucléée ne peut
renouveler son stock d’enzymes qui s’épuise lentement. Le mécanisme exact de la mort naturelle
du globule rouge reste mal connu. Le résultat final est une altération de la membrane et le
globule rouge est retenu dans les capillaires par les cellules macrophages qui le phagocytent et le
détruisent dans leur cytoplasme.
A l’état normal, l’hémolyse a lieu essentiellement dans les cellules macrophages de la
moelle osseuse et du foie. La splénectomie n’augmente pas la durée de vie des globules rouges
normaux puisque la rate n’est pas un organe normal de leur destruction.
Le destin des constituants du globule rouge est:
Les stromas sont décomposés dans le cytoplasme des cellules macrophages.
Le fer est réutilisé par l’hématopoïèse.
La globine est dégradée en acides aminés sans destin particulier.
Le noyau tétrapyrrolique de l’hème est transformé sous l’action d’enzymes spécifiques dans
la cellule macrophage en une série de pigments avec libération d’oxyde de carbone (CO) et
finalement libéré dans le plasma sous forme de bilirubine libre (ou non conjuguée) qui est
fixée sur l’albumine et transportée vers les cellules hépatiques. Dans ces cellules, une
glycuronyl-transférase transforme la bilirubine non conjuguée en bilirubine glycuro-
conjuguée hydrosoluble qui passe dans la bile et s’élimine dans les selles sous forme d’une
série de dérivés dont le plus important est le stercobilinogène. A partir de l’intestin, il existe
un certain degré de réabsorption de ces pigments biliaires avec élimination finale par les
urines sous forme d’urobiline (Fig. 14). Le taux de bilirubine non conjuguée, normalement
inférieur à 11 mg/l, est proportionnel à la masse d’hémoglobine libérée par l’hémolyse; il
augmentera en cas d’hyper-hémolyse.
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Voies biliaires Réabsorption
Pigments biliaires Rein
Intestin
Figure 14. Cycle des produits de dégradation de l’hème.
VII. Les anémies
Les globules rouges sont mesurés sur trois valeurs de l’hémogramme: leur nombre, le
taux d’hémoglobine et l’hématocrite. En pathologie si ces trois valeurs se modifiaient toujours
parallèlement, la mesure d’une des trois serait suffisante. Or, en pratique, les trois valeurs
peuvent évoluer de façon dissociée. Ainsi lorsque le volume de chaque globule rouge diminue
leur nombre peut rester stable alors que l’hématocrite et l’hémoglobine diminue. A l’inverse, le
nombre des globules rouges peut diminuer et leur volume augmenter sans qu’il y ait diminution
du taux d’hémoglobine ou de l’hématocrite et il y a alors macrocytose.
Ce qui est important pour l’organisme, ce n’est pas le nombre de globule rouge, mais la
quantité d’oxygène qu’ils transportent et par conséquent le taux d’hémoglobine par unité de
volume. On ne définit donc pas l’anémie par la diminution du nombre de globule rouge mais par
la diminution du taux de l’hémoglobine par unité de volume de sang au-dessous des valeurs
physiologiques.
On parle d’anémie au-dessous de:
13 g d’hémoglobine pour 100 ml de sang chez l’homme adulte.
Cellule hépatique
Bilirubine non conjuguée
Glycuronyl
transférase
Bilirubine conjuguée
Macrophage
Hémoglobine Globine
CO Hème Fer
Biliverdine
Bilirubine
Circulation
Bilirubine non conjuguée < 11 mg/l
(sur l’albumine)
Urobiline
Stercobilinogène
Département: Biologie et Physiologie Animale Faculté: Sciences de la Nature et de la Vie
Immunologie-Hématologie Parasitaire (Chapitre: II) Dr. H. BENABDALLAH -15-
12 g d’hémoglobine pour 100 ml de sang chez la femme et l’enfant.
14 g d’hémoglobine pour 100 ml de sang chez le nouveau-né.
Il faut connaitre trois circonstances où la diminution du taux d’hémoglobine peut
témoigner d’une hémodilution et non d’une anémie véritable. Ce sont:
La grossesse à partir du 2ème
trimestre où le volume globulaire et le volume plasmatique
augmentent, mais le volume plasmatique augmente plus vite que le volume globulaire , d’où
«anémie» à l’hémogramme. Cette fausse anémie est physiologique tant que le volume
globulaire moyen et la concentration corpusculaire en hémoglobine restent normaux, et que
le taux d’hémoglobine est supérieur à 10.5 mg pour 100 ml.
Les splénomégalies volumineuses (L’hypertrophie de la rate) où le volume plasmatique
augmente de façon parfois considérable sans doute par augmentation de la sécrétion
d’aldostérone. La masse sanguine est alors nécessaire pour savoir s’il y a baisse du taux
d’hémoglobine, témoin d’une anémie vraie, ou hémodilution.
Certaines immunoglobulines monoclonales en particulier les IgM de la maladie de
Waldenström peuvent entrainer une augmentation du volume plasmatique et une baisse du
taux d’hémoglobine sans anémie vraie.
La baisse du taux d’hémoglobine peut résulter de deux mécanismes fondamentaux, une
augmentation des pertes à laquelle une augmentation compensatrice de la production médullaire
ne parvient pas à faire face, ou une diminution de la production médullaire. Dans le premier cas,
les réticulocytes augmentent, témoignant de l’effort de la moelle pour chercher à compenser
l’excès de perte, et cette augmentation est légèrement retardée par rapport au début de l’anémie.
Dans le deuxième cas, la baisse du taux des réticulocytes et le primum movens de l’anémie et
elle est suivie de la baisse du taux d’hémoglobine. On qualifie souvent les anémies du premier
groupe d’anémies «régénératives» et celles du deuxième groupe «arégénératives».