Paroles d'ici n°2

6
EDITO Paroles d’ici a été lancé par douze personnes dans le cadre d’une action d’insertion. La formation qu’elles ont reçue à cet effet prend fin mi-septembre, et c’est pourquoi il est normal de les présenter dans ces colonnes. C’est aussi parce qu’elles ont profité de cette occasion pour trouver comment aborder le monde du travail que, dans ces pages, trois articles parlent d’emploi : pages 1 & 3, des difficultés que rencontrent certaines personnes pour en obtenir ; page 5, de solutions innovantes, imaginées pour leur en donner. Les petits personnages qui se tiennent par la main tout au long du journal ont été dessinés en juin par les enfants venus visiter le stand du journal à la fête communale de Chevilly-Larue. C’est un symbole de solidarité, autre objectif de ce journal, qui fait parler les gens de leur quartier pour leur donner plus de chances de se connaître, de se rencontrer... et, pourquoi pas, de construire ce dont ils ont besoin pour mieux vivre ensemble, aspiration aujourd’hui fort légitime. C’est aussi ce dont témoignent les articles des pages 4 & 6. Pour y contribuer encore, Paroles d’ici sera bientôt présent sur internet (www.parolesdici.net). Vous pourrez y retrouver les deux premiers numéros et commenter en ligne les articles publiés. À LA RENCONTRE DE NOS VOISINS Le journal de la rue Paul Hochart et ses alentours : Barbanson, Dahlias, Écluse, Sainte Colombe, Sorbiers, Saussaie... septembre2005 nécessaire, on adapte le poste à la personne, par exemple pour le standard téléphonique que tient notre collègue Patrick Chiaudano, non-voyant : il a un matériel particulier pour prendre des notes en braille ». Choix restreint Pour être recrutées, les person- nes handicapées doivent bien sûr avoir les compétences que requièrent les postes auxquels elles peuvent avoir accès. Mon- teur chez Infra + depuis 7 ans, Christian Munier, personne sourde et muette, a appris son métier auprès de son chef d’atelier, Gérard Boulé. « Cela n’a pas posé de problème particulier, vu la nature de ce travail pour lequel on suit un plan de montage », constate celui-ci. À l’origine pompier à la caserne de Rungis, Patrick est devenu aveugle à l’âge de 30 ans, suite à une maladie. « Lorsque j’ai voulu retravailler, les seules possi- L es e ntreprises privées de plus de 20 personnes sont soumises à une taxe si elles comptent moins de 6% de personnes handicapées dans leurs effectifs. Or le pourcentage constaté est en moyenne d’à peine 4%. L’embauche d’une personne handicapée procède donc d’un réel volontarisme. C’est le cas pour la société l’haÿssienne Infra +, spécialisée dans le précâblage informatique : « Nous avons toujours eu la volonté de faire travailler des personnes handicapées » déclare la responsable Ressources Humai- nes, Cendrine Grimon. Même conviction à la Mairie de Chevilly : « Quand les gens qui postulent sont des travailleurs handicapés et que l’on peut les prendre, ils ont les mêmes droits et la même chance que n’importe quel autre candidat », affirme Dominique Mendes, chef du service Action Sociale. « Si bilités ouvertes aux aveugles étaient la kinésithérapie, qui ne m’attirait pas du tout, et le métier de standardiste, pour lequel il m’a fallu passer un CAP demandant deux années de préparation. Et aujourd’hui, tous les standards des grandes entreprises étant automa- tisés, vous n’avez plus aucun opérateur ; cette formation a donc totalement disparu pour les aveugles. Il ne reste plus que l’informatique, avec des appareils adaptés et du matériel pour le braille, et toujours la kinésithérapie ». Mais du fait des limites liées au handicap, il n’est pas toujours possible de faire un travail qui plaise : « On ne peut pas dire que subir des reproches tous les jours soit plaisant, quand je n’arrive pas à obtenir rapidement la personne ou le service demandés », déplore Patrick. Manque de tact On constate encore trop souvent un manque de tact ou d’attention de la part des gens À LA RENCONTRE DE NOS VOISINS sommaire C’est quoi la différence ? Faire passer la pilule Parcours de combattantes Tous profs, tous élèves Laboratoire d’innovation sociale Qu’as-tu fait cet été ? Le journal de la rue Paul Hochart et ses alentours : Barbanson, Dahlias, Écluse, Sainte Colombe, Sorbiers, Saussaie... p 1 2 3 4 numéro 2 qui se trouvent en contact avec une personne handicapée. Le cas de Patrick est révélateur, dont la cécité est signalée par un panneau placé à proximité de son poste de travail : « On m’a déjà demandé si mon nom était " aveugle " ! Une autre fois, une personne à laquelle je demandais de me dire à qui était destiné le pli qu’elle me remettait, s'est indignée que la mairie embauche des personnes ne sachant pas lire... et comme je lui indiquais alors le panneau placé à côté de moi, elle m’a agressé verbalement... Avec le temps, je prends plus sur moi qu’au départ ; il faut avoir la force de garder le sourire, ça passe mieux ». Autre exemple tout aussi édifiant : « Il n’y a pas si longtemps, un couple demande à voir une personne de la Mairie ; alors que je prends ma canne pour les conduire à son bureau, le couple se tourne vers Aurélie et lui dit : tu ne peux pas te lever toi, pour nous accompagner C est q uoi la différence ? Malgré les mesures incitant à l’emploi des personnes handicapées, leur intégration dans le monde du travail progresse lentement : là où le pas a été franchi, employeurs et collègues font tout pour que la différence pèse le moins possible. On ne peut hélas en dire autant de beaucoup d’autres gens que les personnes handicapées sont régulièrement amenées à côtoyer dans l’exercice de leur métier. 5 6 Au moment où nous achevons ce numéro, nos voisins et amis l'haÿssiens du 2, allée du Stade sont touchés par un dramatique incendie. Toute l'équipe du journal se joint à la douleur des proches et rend hommage aux victimes qui ont péri. Nous dédions ce numéro à tous ceux qui, de près ou de loin, subissent les violences d'une existence que l'on voudrait meilleure.

description

septembre2005 Le journal de la rue Paul Hochart et ses alentours : Barbanson, Dahlias, Écluse, Sainte Colombe, Sorbiers, Saussaie... Le journal de la rue Paul Hochart et ses alentours : Barbanson, Dahlias, Écluse, Sainte Colombe, Sorbiers, Saussaie... Manque de tact On constate encore trop souvent un manque de tact ou d’attention de la part des gens Parcours de combattantes Faire passer la pilule C’est quoi la différence ? Laboratoire d’innovation sociale Tous profs, tous élèves

Transcript of Paroles d'ici n°2

Page 1: Paroles d'ici n°2

EDITOParoles d’ici a été lancé par douze personnes dans lecadre d’une action d’insertion. La formation qu’ellesont reçue à cet effet prend fin mi-septembre, et c’estpourquoi il est normal de les présenter dans cescolonnes.C’est aussi parce qu’elles ont profité de cette occasionpour trouver comment aborder le monde du travailque, dans ces pages, trois articles parlent d’emploi :pages 1 & 3, des difficultés que rencontrent certainespersonnes pour en obtenir ; page 5, de solutionsinnovantes, imaginées pour leur en donner.Les petits personnages qui se tiennent par la main toutau long du journal ont été dessinés en juin par les

enfants venus visiter le stand du journal à la fêtecommunale de Chevilly-Larue. C’est un symbole desolidarité, autre objectif de ce journal, qui fait parlerles gens de leur quartier pour leur donner plus dechances de se connaître, de se rencontrer... et,pourquoi pas, de construire ce dont ils ont besoin pourmieux vivre ensemble, aspiration aujourd’hui fortlégitime. C’est aussi ce dont témoignent les articles despages 4 & 6.Pour y contribuer encore, Paroles d’ici sera bientôtprésent sur internet (wwwwwwwwwwww....ppppaaaarrrroooolllleeeessssddddiiiicccciiii....nnnneeeetttt). Vouspourrez y retrouver les deux premiers numéros etcommenter en ligne les articles publiés.

À L A R E N C O N T R E D E N O S V O I S I N Snnnn°°°°1111

Le journal de la rue Paul Hochart et ses alentours : Barbanson, Dahlias, Écluse, Sainte Colombe, Sorbiers, Saussaie...

p

1111

2222

3333

4444

s e p t e m b r e 2 0 0 5

nécessaire, on adapte le poste à lapersonne, par exemple pour lestandard téléphonique que tientnotre collègue Patrick Chiaudano,non-voyant : il a un matérielparticulier pour prendre des notesen braille ».

Choix restreintPour être recrutées, les person-nes handicapées doivent biensûr avoir les compétences querequièrent les postes auxquelselles peuvent avoir accès. Mon-teur chez Infra + depuis 7 ans,Christian Munier, personnesourde et muette, a appris sonmétier auprès de son chefd’atelier, Gérard Boulé. « Celan’a pas posé de problèmeparticulier, vu la nature de cetravail pour lequel on suit un plande montage », constate celui-ci.À l’origine pompier à la casernede Rungis, Patrick est devenuaveugle à l’âge de 30 ans, suiteà une maladie. « Lorsque j’aivoulu retravailler, les seules possi-

L es entreprises privées deplus de 20 personnessont soumises à une

taxe si elles comptent moins de6% de personnes handicapéesdans leurs effectifs. Or lepourcentage constaté est enmoyenne d’à peine 4%.L’embauche d’une personnehandicapée procède donc d’unréel volontarisme. C’est le caspour la société l’haÿssienneInfra +, spécialisée dans leprécâblage informatique :« Nous avons toujours eu lavolonté de faire travailler despersonnes handicapées » déclare laresponsable Ressources Humai-nes, Cendrine Grimon. Mêmeconviction à la Mairie deChevilly : « Quand les gens quipostulent sont des travailleurshandicapés et que l’on peut lesprendre, ils ont les mêmes droits etla même chance que n’importequel autre candidat », affirmeDominique Mendes, chef duservice Action Sociale. « Si

bilités ouvertes aux aveugles étaientla kinésithérapie, qui ne m’attiraitpas du tout, et le métier destandardiste, pour lequel il m’afallu passer un CAP demandantdeux années de préparation. Etaujourd’hui, tous les standards desgrandes entreprises étant automa-tisés, vous n’avez plus aucunopérateur ; cette formation a donctotalement disparu pour les aveugles.Il ne reste plus que l’informatique,avec des appareils adaptés et dumatériel pour le braille, et toujoursla kinésithérapie ».Mais du fait des limites liées auhandicap, il n’est pas toujourspossible de faire un travail quiplaise : « On ne peut pas dire quesubir des reproches tous les jours soitplaisant, quand je n’arrive pas àobtenir rapidement la personne ou leservice demandés », déplore Patrick.

Manque de tactOn constate encore tropsouvent un manque de tact oud’attention de la part des gens

À L A R E N C O N T R E D E N O S V O I S I N S

s o m m a i r e

C’est quoi la différence ?

Faire passer la pilule

Parcours de combattantes

Tous profs, tous élèves

Laboratoire d’innovation sociale

Qu’as-tu fait cet été ?

Le journal de la rue Paul Hochart et ses alentours : Barbanson, Dahlias, Écluse, Sainte Colombe, Sorbiers, Saussaie...

p

1111

2222

3333

4444

num

éro

2

qui se trouvent en contact avecune personne handicapée. Lecas de Patrick est révélateur,dont la cécité est signalée parun panneau placé à proximitéde son poste de travail : « Onm’a déjà demandé si mon nométait " aveugle " ! Une autre fois,une personne à laquelle jedemandais de me dire à qui étaitdestiné le pli qu’elle me remettait,s'est indignée que la mairieembauche des personnes nesachant pas lire... et comme je luiindiquais alors le panneau placé àcôté de moi, elle m’a agresséverbalement... Avec le temps, jeprends plus sur moi qu’au départ ;il faut avoir la force de garder lesourire, ça passe mieux ». Autreexemple tout aussi édifiant : « Iln’y a pas si longtemps, un coupledemande à voir une personne de laMairie ; alors que je prends macanne pour les conduire à sonbureau, le couple se tourne versAurélie et lui dit : tu ne peux paste lever toi, pour nous accompagner

C’est quoi la différence ?MMMMaaaallllggggrrrréééé lllleeeessss mmmmeeeessssuuuurrrreeeessss iiiinnnncccciiiittttaaaannnntttt àààà llll’’’’eeeemmmmppppllllooooiiii ddddeeeessss ppppeeeerrrrssssoooonnnnnnnneeeessss hhhhaaaannnnddddiiiiccccaaaappppééééeeeessss,,,,lllleeeeuuuurrrr iiiinnnnttttééééggggrrrraaaattttiiiioooonnnn ddddaaaannnnssss lllleeee mmmmoooonnnnddddeeee dddduuuu ttttrrrraaaavvvvaaaaiiiillll pppprrrrooooggggrrrreeeesssssssseeee lllleeeennnntttteeeemmmmeeeennnntttt :::: llllàààà ooooùùùù lllleeee ppppaaaassss aaaa ééééttttéééé ffffrrrraaaannnncccchhhhiiii,,,, eeeemmmmppppllllooooyyyyeeeeuuuurrrrssss eeeetttt ccccoooollllllllèèèègggguuuueeeessss ffffoooonnnntttt ttttoooouuuutttt ppppoooouuuurrrr qqqquuuueeee llllaaaa ddddiiiifffffffféééérrrreeeennnncccceeee ppppèèèèsssseeee lllleeee mmmmooooiiiinnnnssss ppppoooossssssssiiiibbbblllleeee.... OOOOnnnn nnnneeee ppppeeeeuuuutttt hhhhééééllllaaaassss eeeennnn ddddiiiirrrreeee aaaauuuuttttaaaannnntttt ddddeeee bbbbeeeeaaaauuuuccccoooouuuupppp dddd’’’’aaaauuuuttttrrrreeeessss ggggeeeennnnssss qqqquuuueeee lllleeeessss ppppeeeerrrrssssoooonnnnnnnneeeessss hhhhaaaannnnddddiiiiccccaaaappppééééeeeessss ssssoooonnnntttt rrrréééégggguuuulllliiiièèèèrrrreeeemmmmeeeennnntttt aaaammmmeeeennnnééééeeeessss àààà ccccôôôôttttooooyyyyeeeerrrr ddddaaaannnnssss llll’’’’eeeexxxxeeeerrrrcccciiiicccceeee ddddeeee lllleeeeuuuurrrr mmmmééééttttiiiieeeerrrr....

5555

6666

Au moment où nousachevons ce numéro, nos voisins et amis l'haÿssiens du 2, allée du Stade sont touchés par undramatique incendie.Toute l'équipe du journal se joint à la douleur desproches et rend hommageaux victimes qui ont péri.Nous dédions ce numéro à tous ceux qui, de près ou de loin, subissent les violences d'une existenceque l'on voudrait meilleure.

Page 2: Paroles d'ici n°2

Faire passer la piluletous les 6 mois. Par contre, lesfemmes viennent plutôt pourun suivi de grossesse ou pour ledépistage des cancers du col del’utérus et du sein, que l’on faitune fois par an.

Quelles sont les questions qu’elles vousposent le plus souvent ?Les adolescentes posent desquestions sur la puberté et surles contraceptifs qui existent :Suis-je protégée tout de suitequand je prends la pilule ? Fait-elle grossir ? Provoque-t-elle lecancer ? Rend-elle stérile ?

Quel moyen de contraception est le plusutilisé ?La pilule, et on remarque unelégère augmentation du choixde l’implant*. Mais norma-lement, on préconise d’utiliserle préservatif avant de commen-cer la pilule.

Est-elle le plus efficace ?Oui, si elle est bien prise. Maisle problème, c’est l’oubli.

(suite page 3)

2

PPPPrrrreeeemmmmiiiièèèèrrrreeeessss aaaammmmoooouuuurrrrssss,,,, pppprrrreeeemmmmiiiièèèèrrrreeeessss iiiinnnntttteeeerrrrrrrrooooggggaaaattttiiiioooonnnnssss.... CCCCoooommmmmmmmeeee ttttoooouuuutttteeeessss lllleeeessss ffffiiiilllllllleeeessss ddddeeee lllleeeeuuuurrrrggggéééénnnnéééérrrraaaattttiiiioooonnnn,,,, lllleeeessss jjjjeeeeuuuunnnneeeessss cccchhhheeeevvvviiiillllllllaaaaiiiisssseeeessss eeeetttt llll’’’’hhhhaaaaÿÿÿÿssssssssiiiieeeennnnnnnneeeessss sssseeee ttttrrrroooouuuuvvvveeeennnntttt ccccoooonnnnffffrrrroooonnnnttttééééeeeessss àààà ddddeeeessss

qqqquuuueeeessssttttiiiioooonnnnssss ppppaaaarrrrffffooooiiiissss ddddiiiiffffffffiiiicccciiiilllleeeessss àààà aaaabbbboooorrrrddddeeeerrrr.... RRRReeeennnnccccoooonnnnttttrrrreeee aaaavvvveeeecccc MMMMiiiicccchhhheeeelllllllleeee LLLLaaaavvvvaaaallll,,,, iiiinnnnffffiiiirrrrmmmmiiiièèèèrrrreeee aaaauuuucccceeeennnnttttrrrreeee ddddeeee ppppllllaaaannnnnnnniiiinnnngggg ffffaaaammmmiiiilllliiiiaaaallll ddddeeee CCCChhhheeeevvvviiiillllllllyyyy,,,, qqqquuuuiiii lllleeeessss aaaaiiiiddddeeee àààà ttttrrrroooouuuuvvvveeeerrrr ddddeeeessss rrrrééééppppoooonnnnsssseeeessss....

collèges de Chevilly, en 4ème eten 3ème, ce qui nous permet denous faire connaître.

La question de la sexualité les gêne-t-elle ?Non, mais il faut prendre letemps d’écouter leurs attenteset de discuter avec elles. Uneconseillère conjugale est làpour rencontrer les couples quiont des problèmes, mais aussipour une première demandede pilule, ainsi que pour lesjeunes filles qui, à l’adoles-cence, rencontrent certainesdifficultés. Souvent après lesinterventions en collège, lesjeunes viennent seules, à deuxou trois, pour nous revoir, nousposer des questions, ce qu’ellesn’osaient pas faire devant leurscamarades de classe.

Comment se passent les relations avecvos patientes ?Je ne suis là que depuis 3 ans etil a fallu que les patientess’habituent à moi, qu’ellesapprennent à me connaître,mais il n’y a sans doute pas deproblème puisqu’elles revien-nent. La gynécologue est làdepuis plus de 13 ans, donctout le monde la connaît etrevient, parce que c’est unefemme très accueillante etdouce. Les jeunes préfèrent lesfemmes, surtout pour unpremier examen gynécologique.

Viennent-elles régulièrement ?Tout dépend des ordonnances :lorsque c’est un commen-cement de prise de pilule, ellesviennent tous les 3 mois ;ensuite elles ne reviennent que

au lieu que ce soit l’aveugle quis’en charge » !En fait, Aurélie, qui travailleégalement à l’accueil, a unhandicap qui rend ses déplace-ments plus difficiles. « On aaussi tendance à me dire de ne pasbouger ; mais cela fait partie demon travail. Je ne peux bien sûrpas passer ma journée dans lesescaliers ; si ma collègue estprésente, c’est elle qui accompagneles gens dans les étages ; autrement,je les oriente mais je n’y vais pas ;ils se débrouillent ». Et d’ajouter :« J’ai dû être confrontée deux outrois fois à des visiteurs qui m’ontdemandé ce que j’avais commehandicap ; or ça ne les regarde pasdu tout. Nous sommes des êtreshumains, nous ne sommes pasdéfinis par le handicap ».Le même manque d’attentionse retrouve dans d’autressituations courantes, commel’évoque Gérard Boulé : « J’aieu l’occasion d’aider Christiandans les démarches administrativesqu’il faut faire par téléphone, parexemple pour la Sécurité Sociale ;et là, on m’a demandé si on pouvaitlui parler directement... alors qu’ilest clairement indiqué dans sondossier qu’il est sourd et muet ».

Attention, compréhension,respectHeureusement, les relationsavec les collègues de travailsont plus réconfortantes :Aurélie, Patrick et Christiansont considérés comme lesautres, même s’ils bénéficientsans doute d’un surcroîtd’attention, de compréhensionet, en définitive, de respect.« On ne peut ignorer leurhandicap, mais nous faisons ensorte de ne pas le mettre en avant,d’agir comme avec n’importe qui.Nous faisons principalementattention à ne pas leur demanderde faire des choses qui vont les

mettre en difficulté », disent lescollègues de Patrick et Aurélie àla Mairie.Même ton chez Infra + : « Pourmoi il n’y a pas de souci » affirmeSylviane Lodi, qui travaille avecChristian. « Bien sûr, il y a desjours où il a des ennuis et c’est plusdifficile à vivre pour lui qui estisolé, que pour nous autres quiarrivons à gérer nos problèmes endialoguant. Mais au niveau dutravail, Christian est comme lesautres ; la seule difficulté, c’estquand il est à l’autre bout del’atelier : j’ai tendance à l’appelerpour qu’il vienne ».De fait, l’intégration de

Christian dans l’entreprise apleinement réussi, malgré lesdifficultés qu’elle présentait :« Quand il est arrivé, Christianavait peur, parce que ses collèguesétaient des entendants. Au fur et àmesure, il s’est habitué à eux etmaintenant il se sent à l’aise, alorsqu’avant il ne croyait pas que celaallait se passer aussi bien »,traduit Marie-Josée, stagiaire dePPPPaaaarrrroooolllleeeessss dddd’’’’iiiicccciiii, venue participer àl’interview car elle pratique lalangue des signes.Pour cela, il a cependant fallufranchir les obstacles à unecommunication spontanée avecChristian, même si lessolutions adoptées sontcontraignantes : « Comme ilparvient à lire sur les lèvres, j’essayed’articuler exprès ; mais quand ilest énervé, je n’y arrive pas et luinon plus ; mieux vaut alors unpapier pour s’écrire », dit SylvianeLodi. Ce que confirmeCendrine Grimon : « Pourcommuniquer avec lui j’écris parceque, même en parlant lentement,je veux être sûre qu’il comprendbien tout ce que je lui dis ».

CHANTAL DAVOULT avec laparticipation de KARIM SINNAS

*Implant : bâtonnet introduit sous la peau,qui agit comme la pilule et dure 3 ans. Ilprévient ainsi tout risque d’oubli.

À partir de quel âge les jeunesviennent-elles vous consulter ?Vers 13 ou 14 ans, pour desrègles douleureuses et tout cequi concerne les problèmes etles changements liés àl’adolescence, à la puberté. Puis vers 16-17 ans, pour ce quiconcerne le premier rapportsexuel et la prise de pilule.

Hésitent-elles à venir vous voir ?Non, pas une fois que le centreest connu. Heureusement, il ya des personnes qui savent cequ’est un centre de planningfamilial, qui pratique lagratuité et respecte l’anonymat,essentiels pour les jeunes. Enplus, sur Chevilly, à part nous,il n’y a pas de gynécologue. Lepersonnel médical fait desinterventions sur les deux

Page 3: Paroles d'ici n°2

travail où elle est restée deuxans. Or elle travaillait sixheures par jour, mais sonpatron ne la payait que quatre !Elle n’a pas porté plainte, maisa quitté ce poste. Aujourd’huiinscrite à l’ANPE, Sivagamyattend une réponse depuis sixmois pour faire un stage defrançais en centre deformation.Fatima, elle, s’en est mieuxtirée : « Je suis tombée maladehuit jours, donc j’ai dû me faireremplacer, et lorsque je suis revenuepour travailler, le patron m’a dit : " T’es rentrée, tu signes "... En faitc’était pour me faire mettre à laporte. Avec une assistante sociale,j’ai porté plainte. Évidemment, lepatron cherchait la petite bête : il adit que je travaillais mal…. Audébut il voulait me donner 9000 Fd’indemnité ; j’ai refusé. Ça n’apas été facile pendant deux ans,quelquefois même je ne mangeaispas. Quand le jugement est arrivé,j’ai dit à la juge que je ne savais nilire, ni écrire et que je ne connais-sais pas mes droits. J’avais travaillé7 ans dans cette entreprise ; le patrona dû m’indemniser 55.000 F ».

ÉLISE GASCOIN avec la participation de

YANNICK CAILLARD

PPPPoooouuuurrrr lllleeeessss ffffeeeemmmmmmmmeeeessss iiiimmmmmmmmiiiiggggrrrrééééeeeessss,,,, oooobbbbtttteeeennnniiiirrrr uuuunnnn eeeemmmmppppllllooooiiii eeeesssstttt ddddiiiiffffffffiiiicccciiiilllleeee.... EEEEnnnnttttrrrreeee ccccoooonnnnttttrrrraaaaiiiinnnntttteeeessssffffaaaammmmiiiilllliiiiaaaalllleeeessss eeeetttt pppprrrroooobbbbllllèèèèmmmmeeeessss aaaavvvveeeecccc llllaaaa llllaaaannnngggguuuueeee ffffrrrraaaannnnççççaaaaiiiisssseeee,,,, eeeelllllllleeeessss rrrreeeesssstttteeeennnntttt ssssoooouuuuvvvveeeennnntttt ccccaaaannnnttttoooonnnnnnnnééééeeeessss aaaauuuummmméééénnnnaaaaggggeeee oooouuuu aaaauuuuxxxx ggggaaaarrrrddddeeeessss dddd’’’’eeeennnnffffaaaannnnttttssss.... EEEEtttt cccceeee mmmmêêêêmmmmeeee ssssiiii,,,, ddddaaaannnnssss lllleeeeuuuurrrr ppppaaaayyyyssss dddd’’’’oooorrrriiiiggggiiiinnnneeee,,,, eeeelllllllleeeessss oooonnnnttttoooobbbbtttteeeennnnuuuu uuuunnnn ddddiiiippppllllôôôômmmmeeee oooouuuu aaaaccccqqqquuuuiiiissss ddddeeeessss ccccoooommmmppppéééétttteeeennnncccceeeessss lllleeeeuuuurrrr oooouuuuvvvvrrrraaaannnntttt dddd’’’’aaaauuuuttttrrrreeeessss ddddéééébbbboooouuuucccchhhhééééssss....

Parcours de combattantesVos patientes vous parlent-elles plussouvent d’IST* ou de contraception ?Les adolescentes parlentd’avantage d’IST et plusprécisément du sida, qui restemal connu. En revanche, ellessavent qu’il faut se protéger desIST. Tandis que les femmesseraient plus sur l’arrêt de lapilule et le désir d’avoir unenfant.

À l’approche de l’été, avec le risqued’augmentation d’IVG*, quelles mesuresles plannings familiaux prennent-ils ?En avril, mai et juin, on fait del’information en milieuscolaire pour prévenir ce " pic "de grossesse. Ainsi, certainesadolescentes viennent prendrela pilule avant les vacances... etd’autres prennent des risques.C’est en septembre - octobreque ces dernières s’aperçoiventdes conséquences... et arriventen catastrophe pour une IVG.

Rencontrez-vous des patientes qui sontarrivées au-delà du délai légal ? Si oui,que leur proposez-vous ? En général lorsqu’elles arriventau-delà du délai légal de 14semaines, elles poursuiventleur grossesse : c’est rarequ’elles décident de l’inter-rompre à ce stade. Mais si ellesveulent vraiment faire uneIVG, on les dirige vers uncentre de planning familialdans Paris, qui, lui, s’occupe degérer l’aspect financier et ledépart pour l’étranger,puisqu’il y a des pays où l’onautorise l’avortement jusqu’à22 semaines. Nous nousoccupons donc juste de lesorienter, aussi bien lesmineures que les adultes.

Rencontrez-vous les parents des jeunesqui viennent vous voir ? Ça nous arrive de rencontrerles mamans qui viennent avecleurs filles, parce qu’elless’aperçoivent que leur enfant aeu des rapports non protégésavec leur petit copain etqu’elles veulent leur faireprendre la pilule du lende-main. Mais en principe, pourune demande d’IVG, lesparents ne sont pas au courant ;les jeunes font leurs démarchesseules et on les encourage à enparler à leur parents.

GWENAËL MOUFLETavec la participation de

FARÈS BENSALEM

Le mariage et les enfantsd’abord« En Afrique la femme n’a destatut que dans le mariage et lamaternité » rapporte Hawa Keïta,ethnosociologue, chargée demission sur l’interculturalité auConseil Général du Val-de-Marne. Et de préciser : « Habi-tuellement, elle assume la respon-sabilité de l’éducation des enfantset, en plus, elle doit s’occuper dumari. Ce n’est que progressivementqu’elle va arriver à se soustraire àtout ce poids et à formuler son désirde travailler, de découvrir le mondeextérieur et d’accéder au systèmeprofessionnnel français ». « Je nesuis pas un oiseau dans une cage,j’ai besoin d’argent, de connaîtreles gens ; rester devant la télévision,ça ne m’intéresse pas », confirmeFatima. De même Khady : « Jesuis restée deux ans à la maisonsans rien faire. Là, je suis contente;même si je gagne peu, je suis libre ;la liberté c’est important ».Et Hawa Keïta de poursuivre :« Ces femmes ont aussi une dettemorale envers leur famille restée aupays, à qui elles doivent réguliè-rement envoyer des vêtements, del’argent... C’est une autre raisonpour laquelle, après avoir eu desenfants, elles vont chercher dutravail, essayer d’être autonomes ».

Rassurer le mari, faire garderles enfantsLe plus souvent, ces femmesont recours aux travailleurssociaux pour les aider à trouverun emploi. Or, lorsque dessolutions concrètes leur sontproposées, on constate régu-lièrement des réticences àfranchir le pas : « Souvent ellesn’adhèrent pas, un frein vientperturber leurs initiatives », relateHawa Keïta, qui explique : « Engénéral c’est le mari qui n’est pasd’accord, qui craint qu’elless’éloignent trop de la coutume ; et,dans ce cas, il est indispensable quenous intervenions pour qu’il puisseadhérer au projet ».Quant aux enfants, ils necomprennent pas toujours que

leur maman ne les garde plus ;alors, pour les convaincre, elledoit leur expliquer que si ellene travaille pas, ils ne pourrontpas manger, ni être habillés.« De telles situations sont évi-demment tout à fait différentes decelles que ces femmes connaissenten Afrique Noire ou au Maghreboù, pour surmonter de telsobstacles, elles peuvent s’appuyersur la cohésion sociale, la convi-vialité et la solidarité juvénile »conclue Hawa Keïta.

Ménage et garde d’enfantsMalgré la bonne volonté et laforte motivation qu’ellespeuvent avoir, il estactuellement difficile pour lesfemmes immigrées de trouverun travail dans notre société.Pour Hawa Keïta, deux raisons:« Soit elles n’ont pas le niveaurequis car, venant souvent d’unmilieu rural, elles n’ont jamais étéscolarisées et n’ont pas les codes, lesclefs pour comprendre la sociétéfrançaise ; soit elles ont fait desétudes mais, du fait d’avoir étéconfinées pendant longtemps chezelles, elles sont en décalage avec lesexigences du monde du travail ».Et de constater : « Les femmesoriginaires d’Afrique Noire et duMaghreb sont vraiment coupéesdes réalités ». Du coup, on lesretrouve dans le ménage ou lagarde d’enfants, où « ellespeuvent se sentir valorisées car ellessavent bien le faire et restent ainsidans leur rôle traditionnel ».Nelly Bitar, de l’associationl’hayssienne Aspir, déploremanifestement cette situation :« De nombreuses femmes issues del’immigration ont obtenu desdiplômes dans leur pays d’origine,mais ne trouvant pas d’équivalenceici, elles ne peuvent pas exercer leurmétier en France, et doncs’orientent vers le ménage ou lesgardes d’enfants. C’est dramatiquede les voir en arriver là ». Ainsi Vino, 23 ans : « Je suisprof d’anglais en Inde. Je suis alléeà l’école pendant 14 ans et j’ail’équivalent du bac. En France

depuis 2002, je cherche dutravail ». Inscrite à l’ANPE, ellea commencé les cours d’alpha-bétisation en février 2005.« J’aimerais trouver un travail dansl’informatique ou donner des coursd’anglais ».Arrivée en France en 2003,Omra, 28 ans, était couturièreen Algérie. Elle s’est inscrite àl’ANPE : « On m’a dit il n’y apas de travail dans la couture.Maintenant j’ai demandé l’agré-ment pour la garde d’enfants ». « Ily a beaucoup de femmes sachantcoudre et la couture est quelquechose qui reste toujours utile ; toutle monde en a besoin », s’indigneNelly Bitar.

L’obstacle de la langue« De nombreuses femmes immi-grées parlent mal le français, voirepas du tout, et c’est un frein à leurinsertion », constate Nelly Bitar,« d’une part, pour trouver dutravail et, d’autre part, parce quecertaines d’entre elles se fontexploiter en raison de leur faibleniveau de français. Apprendre lefrançais est une chose primor-dialepour pouvoir travailler ici ».Ainsi Sivagamy, venue d’Inde,qui a voulu faire du ménage, cepour quoi elle pensait qu’iln’était pas nécessaire de parlerfrançais : « Je travaille touteseule » explique-t-elle. « Maisils m’ont embauchée pourune heure par jour, alorsqu’il y avait deux heures detrajet. Mon mari m’a dit :" ce n'est pas possible ".Nous sommes allés voirle patron et nous avonsarrêté le contrat ».Par la suite elle aobtenu un autre

*IST : Infection Sexuellement Transmissible.*IVG : Interruption Volontaire de Grossesse.

3

Page 4: Paroles d'ici n°2

échanger vêtements, objets, livres »...« Il y a quelque chose de vraimentagréable dans le fait d’échanger enétant relaxé, détendu », apprécieAnne.Pendant ces bons moments,adhérents et responsables seretrouvent avec leur petitefamille, car il n’est pas interditd’amener ses enfants ou mêmeson chien.C’est ainsi que, lors d’un CaféTroc et à l’occasion desinterviews pour cet article, sesont rencontrés Marie-JoséeBule et Damien Bruschi : ellesouhaite apprendre l’anglaispour se perfectionner profes-sionnellement, et connaît lelangage des signes, queDamien, qui parlecouramment anglais veutdécouvrir. Une sympathiquerencontre qui permet au RERSde s’agrandir encore un peu.

LÆTITIA BASSEVILLE avec la participation de

MARIE-JOSÉE BULE-KIMBUYI

4Tous profs, tous élèves

ÉÉÉÉcccchhhhaaaannnnggggeeeerrrr uuuunnnn ccccoooouuuurrrrssss ddddeeee ccccuuuuiiiissssiiiinnnneeee aaaassssiiiiaaaattttiiiiqqqquuuueeee ccccoooonnnnttttrrrreeee uuuunnnn aaaauuuuttttrrrreeee ddddeeee kkkkaaaarrrraaaattttéééé ;;;;eeeennnnsssseeeeiiiiggggnnnneeeerrrr llllaaaa pppphhhhoooottttooooggggrrrraaaapppphhhhiiiieeee eeeetttt,,,, eeeennnn rrrreeeettttoooouuuurrrr,,,, aaaapppppppprrrreeeennnnddddrrrreeee lllleeee jjjjaaaarrrrddddiiiinnnnaaaaggggeeee ;;;; ddddoooonnnnnnnneeeerrrr

ddddeeeessss lllleeeeççççoooonnnnssss dddd’’’’ééééqqqquuuuiiiittttaaaattttiiiioooonnnn eeeetttt eeeennnn rrrreeeecccceeeevvvvooooiiiirrrr dddd’’’’aaaannnnggggllllaaaaiiiissss............ CCCC’’’’eeeesssstttt llllaaaa rrrraaaaiiiissssoooonnnn dddd’’’’êêêêttttrrrreeee ddddeeeessssRRRRéééésssseeeeaaaauuuuxxxx dddd’’’’ÉÉÉÉcccchhhhaaaannnnggggeeeessss RRRRéééécccciiiipppprrrrooooqqqquuuueeeessss ddddeeee SSSSaaaavvvvooooiiiirrrrssss ((((RRRREEEERRRRSSSS)))),,,, qqqquuuuiiii mmmmeeeetttttttteeeennnntttt eeeennnnrrrreeeellllaaaattttiiiioooonnnn ddddeeeessss ppppeeeerrrrssssoooonnnnnnnneeeessss vvvvoooouuuullllaaaannnntttt aaaaccccqqqquuuuéééérrrriiiirrrr eeeetttt ttttrrrraaaannnnssssmmmmeeeettttttttrrrreeee ddddeeeessss ssssaaaavvvvooooiiiirrrrssss....

RRRReeeennnnccccoooonnnnttttrrrreeee aaaavvvveeeecccc lllleeeessss aaaaddddhhhhéééérrrreeeennnnttttssss dddduuuu RRRREEEERRRRSSSS CCCChhhheeeevvvviiiillllllllaaaaiiiissss....

Créé en 2000, àl’initiative d’AgnèsHenocq, qui s’occupe

également du Pôle d’ÉconomieSolidaire Chevillais, le RERSde Chevilly compte actuelle-ment 70 inscrits, parmi lesquelson trouve aussi des habitants deFresnes, Thiais… Un autreréseau doit voir le jour ce mois-ci à L’Haÿ-les-Roses.

Compléter une formation ouconcrétiser sa passion ?Pour les uns, la participationau RERS est l’occasion decompléter une formation.Ainsi Corinne Moothery,conseillère en image etadhérente depuis 2001, a-t-ellepu bénéficier de cours d’infor-matique, bien utiles pourpouvoir créer son entreprise. Pour les autres, le Réseaudonne la possibilité de concré-tiser leur passion, telle AnneSéverin, inscrite depuis 2000,qui avait travaillé dans larestauration pendant 10 ans, eta trouvé dans le Réseaul’occasion d’apprendre à faireles crêpes bretonnes de façontraditionnelle, ou encore deréussir des recettes africainesou indiennes que lui onttransmises d’autres membreshéritières de ces traditionsculinaires. Elle a aussi pris descours de « danse du monde »avec Camille, de conseil enimage avec Corinne. Enéchange, elle a fait profiterd’autres personnes de sesconnaissances sur la cuisinecréole, la danse orientale,l’accompagnement scolaire, etde quelques astuces de mamansur l’éducation des enfants.

À deux, à trois ou à plusieursMais que se passe-t-il lorsque,par exemple, une personne quipropose des cours d’anglaisn’est pas intéressée par ceux deping-pong qu’offre en retourun candidat potentiel ?En fait, l’échange de savoirss’effectue sur le mode de laréciprocité ouverte : celui quienseigne l’anglais n’est pas

tenu de suivre les cours de son« élève » : il peut en effet enrecevoir de quelqu’un d’autre,selon les savoirs qui l’inté-ressent. Ainsi, c’est à uninformaticien chevronné qu’aeu affaire Corinne pour sesbesoins professionnels ; maisen retour, c’est surtout à desfemmes issues de l’immigrationqu’elle a prodigué ses conseilsen image, afin de les aider àpréparer un entretien d’embau-che dans le cadre de leurrecherche d’emploi. Elle leur aen effet appris à adopter unegestuelle appropriée ou encoreune coiffure qui les mette envaleur ; elle leur a

aussi donné des conseils sur lechoix des couleurs de leursvêtements.Il peut ainsi y avoir deséchanges entre deux ouplusieurs personnes ; d’ailleurs,pour d’évidentes raisonspratiques, la souplesse est derigueur car il n’y a pas toujoursde demande pour un savoiroffert, et réciproquement. Laseule contrainte est celle dutemps : chacun apprend etenseigne à son rythme.

D’abord adhérer, ensuiteorganiserÀ l’occasion de leurs échanges,les adhérents sont heureux dese retrouver. « D’autres liens secréent ; on est content de serencontrer ou de se revoir », nousindique Corinne. Et d’ajouter :« Ce que je trouve riche, c’estsurtout le mélange de cultures ».Car le RERS concerne tout lemonde, femmes, hommes,enfants, sans distinction d’âge,de classe sociale, de religion oude couleur de peau. Les

échanges sont interculturels etintergénérationnels. « Lesvaleurs que propose le RERScorrespondent aux miennes »,constate Anne.Aussi ne se contente-t-elle pasde participer en tant qu’adhé-rente : elle s’occupe aussi derepérer les savoirs offerts etdemandés, d’organiser leséchanges et d’animer les ren-contres. Pour cela, Anne a suiviune formation spécifique desti-née à ceux qui assurent l’enca-drement au sein des Réseauxd’Échanges Réciproques deSavoirs. Il en existe à l’échelle

régionale, voire nationale.Qu’ils y travaillent ou qu’ils yparticipent, les adhérentsretiennent un autre aspectpositif : " la revalorisation desoi ". Car il n’est pas toujoursévident d’apprendre et, à sontour, d’enseigner. « Cela se faitpetit à petit, en étant impliqué »nous dit Gérald Parizel, qui faitsurtout acte de présence etapporte son soutien au RERS.Président du restaurant asso-ciatif Chevillais, il n’a pour lemoment ni transmis ni reçu desavoir.

Le rendez-vous du dimancheLe RERS n’est pas un simplelieu ou l’on échange ce quel’on sait ; il y a également desréunions appelées " Café Troc ".La plupart du temps cela sepasse un dimanche. « Chacunvient avec quelque chose à boire ouà manger, on met tout en communet chacun peut goûter ce qu’a faitl’autre », explique DamienBruschi, un autre adhérent,ajoutant : « On peut aussi

Ont assuré la réalisation de ce journal : Anna Abelli,

Lætitia Basseville, Farès Bensalem, Marie-Josée Bule-Kimbuyi,

Yannick Caillard, Angela Coësy,Lassana Dabo, Chantal Davoult,Sekou Diaby, Élise Gascoin,

Gwenaël Mouflet, Karim Sinnas, qui ont occupé les fonctions dejournalistes, maquettistes et

photographes.Rédaction en chef, directionartistique et encadrement

pédagogique : Ghislaine Bassez,Véronique Gestin, Caroline Cozon

et Eric Seyden, de l’association Parlez Cités.

[email protected]

RRRREEEERRRRSSSS eeeennnn bbbb rrrr eeee ffffC’est dans les années 70 quel’institutrice française Claire Heber-Suffrin, en poste à Orly, a eu l’idéeoriginale des RERS : confrontée auproblème de démotivation de sesélèves et réalisant que ces derniersdétiennent des savoirs non reconnuspar l’école, elle leur propose de leséchanger en classe. Ainsi le faitd’enseigner redonne-t-il aux élèvesl’envie d’apprendre.D’abord appliquée à l’école, l’idée faitson chemin et s’étend à toute lacommune d’Orly. Bientôt, elle estreconnue comme un outil d’insertionsociale sans précédent : les RERSpermettent de faire se rencontrer lesgens, de créer du lien social.Aujourd’hui la France compte environ600 RERS et d’autres ont vu le jourdans le monde entier, l’idée s’étantpropagée hors de l’hexagone.On peut envisager les RERS commeune forme d’enseignement. Mais aucundiplôme n’est requis ; il faut justeavoir la volonté d’apprendre etd’enseigner, avec la solidarité et lacréativité comme philosophie. Pas deprofesseur, pas d’obligation de résultat,chacun travaille à son rythme. Pasnon plus de distinction hiérarchique,tout le monde est au même niveau, etvient pour passer un bon moment. Ettout cela à titre gracieux. re

tro

uve

z P

aro

les

d’ic

i en

ver

sio

n in

tera

ctiv

e su

r w

ww

.par

ole

sdic

i.net

Page 5: Paroles d'ici n°2

5

CCCCoooonnnnffffiiiieeeerrrr lllleeeessss ttttrrrraaaavvvvaaaauuuuxxxx dddd’’’’eeeennnnttttrrrreeeettttiiiieeeennnn,,,, ddddeeee mmmméééénnnnaaaaggggeeee............ dddd’’’’uuuunnnneeee cccciiiittttéééé oooouuuu dddd’’’’uuuunnnn qqqquuuuaaaarrrrttttiiiieeeerrrr àààà ddddeeeessss hhhhaaaabbbbiiiittttaaaannnnttttsssseeeennnn ssssiiiittttuuuuaaaattttiiiioooonnnn dddd’’’’eeeexxxxcccclllluuuussssiiiioooonnnn,,,, aaaaffffiiiinnnn ddddeeee ffffaaaavvvvoooorrrriiiisssseeeerrrr lllleeeeuuuurrrr iiiinnnnsssseeeerrrrttttiiiioooonnnn :::: tttteeeelllllllleeee eeeesssstttt llllaaaa vvvvooooccccaaaattttiiiioooonnnn ddddeeeessss rrrrééééggggiiiieeeessss ddddeeee

qqqquuuuaaaarrrrttttiiiieeeerrrr,,,, uuuunnnn ccccoooonnnncccceeeepppptttt qqqquuuuiiii aaaa 22220000 aaaannnnssss.... RRRReeeeppppoooorrrrttttaaaaggggeeee àààà LLLLiiiimmmmeeeeiiiillll----BBBBrrrréééévvvvaaaannnnnnnneeeessss....

Laboratoire d’innovation sociale

L es régies de quartierassurent essentiellementdes prestations de

nettoyage, d’entretien etd’embellissement de la ville(espaces verts, rénovation debâtiments, ménage...). Mais, àla différence d’entreprisesclassiques, ces associations loide 1901 emploient principa-lement des personnes endifficulté, qui habitent lequartier, afin de favoriser leurinsertion sociale etprofessionnelle.Parmi leurs principaux clients :les mairies des villes où ellessont implantées, les bailleurssociaux (HLM), certaines asso-ciations et entreprises locales...Ces structures visent égalementà renforcer les liens entre leshabitants et à développer unecitoyenneté plus active dans lequartier : « Comme les différentstravaux sont effectués par desrésidents du quartier, les autreshabitants respectent beaucoup plusleur travail. Nous n’avons plus dedégradations volontaires, depoubelles jetées par les fenêtres... »,apprécie Élodie Coutelier,directrice de la régie de Limeil-Brévannes.

Attention à l’ensemble de lapersonneEmployer des chômeurs delongue durée est une missiondifficile, qui oblige à mettre enplace des méthodes pouraccompagner ces personnes, lesaider à saisir le sens de leurtâche, à respecter les procé-dures de travail et surtout àcollaborer avec les collègues.« J’ai une femme qui travaille dansle ménage. Comme elle ne sait paslire, je lui ai mis un code couleur :à chaque produit correspond unecouleur spécifique ». expliqueMicheline da Silva, responsablede chantier à la régie.« Cette mission s’accompagnesouvent de formation, d’encadrementet d’attention à l’ensemble de lapersonne. Il faut aller plus loin, et

traiter la problématique périphé-rique à l’emploi », remarqueÉlodie, qui détaille :« régularisation de papiers,demande de carte de résidence,droits à la santé, accès aux soinsgratuits »... Il faut aussi soignerla santé psychologique, aiderquelqu’un qui est aux prises

avec l’alcool ou d’autresdrogues à s’en débarrasser afinde pouvoir rester au travail. Oualors inciter celui qui n’arrivepas à se responsabiliser vis à visde son travail, à se lever tôt lematin, à être à l’heure...

Concurrence avec lesentreprises classiquesLa régie doit faire preuve deprofessionnalisme, ce qui luipermet de mieux aborder laconcurrence sur le plantechnique. Il ne faut pasoublier que les régies sontsituées dans le champ del’économie solidaire, c’est-à-direqu’elles sont à la foisconsidérées comme structuresd’insertion et lieux deproduction.Structure d’insertion, du faitqu’elles perçoivent des sub-ventions : « Nous bénéficionsd’une subvention de fonctionnementde la communauté d’agglomération,d’une autre du Conseil Généralpour l’emploi de bénéficiaires duRMI, et d’aides au poste accordées

par la DDTEFP* », détailleÉlodie Coutelier.Et lieu de production, parcequ’elles doivent être capablesde se placer sur le marché localet, progressivement, de s’au-tonomiser sur le planéconomique, en devenantmoins dépendantes des

subventions. Ce que réussitassez bien la régie de Limeil-Brévannes, puisque son budgetprévisionnel pour 2005comprend 80% de recettes surles services rendus et 20% defonds publics. Les prestationsassurées sont de même qualitéque celles d’entreprises" normales " et donc venduesau même prix, « car il n’y apas de raison que le travailassuré soit dévalorisé », défendÉlodie Coutelier.

Bilan mitigé ?Si l’idée de régie de quartier abeaucoup pour séduire, lebilan des quelques 140associations de ce type crééesen France depuis 20 ans estpourtant mitigé. Certainesrégies ont totalement remplileur contrat, mais d’autres sonten difficulté et certaines ontéchoué et donc disparu.Luc Bastien, directeur dessecteurs socio-éducatif etpolitique de la ville à la Mairiede Chevilly-Larue, a son idée

sur la question : « Je pense quepour les entreprises classiques, lesrégies de quartier restent au niveaude l’expérimentation : ellesmanquent de légitimité, dereconnaissance de la part dumonde du travail français, trèsfrileux sur ce concept ».De fait, la vie ou la survied’une régie dépendent descommandes que lui passent lacollectivité locale, les bailleurssociaux... Elle est constammentmenacée par la concurrencedes services techniques desmairies ou d’autres entreprisesd’espaces verts, etc... commepar la pression qu’exercent lesartisans locaux, qui estimentque la régie, fiscalementavantagée, leur vole leur travail.De plus, la création, puis lerecours aux services d’une régiesont souvent un choixpolitique et donc la pérennitéde telles structures est à lamerci des changements demunicipalité.Enfin, « pour démarrer une régie,il faut avoir un potentiel humainqui ait envie de s’impliquer dans ceprojet, trouver des professionnelsqui puissent diriger l’équipe »,s’accordent à dire ÉlodieCourtelier et Luc Bastien. Ilfaut donc nécessairement qu’ily ait une mobilisation socialedurable. C’est encore à ceniveau que l’on mesure la forceet la durée de la régie.Une chose demeure cependantsûre : au niveau social, les régiespeuvent être considéréescomme les plus performantesquand il s’agit de solidarité,d’insertion sociale, de remiseau travail de personnes... « Onne peut tout résoudre et on n’a pascette prétention, parce qu’on n’en apas la capacité. Mais on essaie defaire du mieux que l’on peut, avecles moyens que l’on a. Et c’est vrai,les gens qui travaillent dans lesrégies ont acquis des savoir-faire,des savoir être... Ils ont résolu uncertain nombre de problèmes »,affirme Élodie Coutelier quiconclue : « Les régies sont vrai-ment des laboratoires d’innovationsur nombre d’activités ; elles ontremis beaucoup de gens en selle ».

ANNA ABELLI

*DDTEFP : Direction Départementale duTravail, de l’Emploi et de la FormationProfessionnelle.

Paroles dddd’iiiicccciiii :le casting

Elle a 26 ans et vient de laGuadeloupe. C’est une fillesympathique. Elle a voulufaire cette formation pouraccéder aux études dejournalisme, qu’elle tientvraiment à réussir. Elle afait deux expériencesprofessionnelles dans le

domaine : l’un à la mairie de Cachan et l’autre auConseil Général du Val-de-Marne où elle a rédigé troisarticles parus dans le numéro de septembre deConnaissance du Val-de-Marne, signés AA (Anna Abelli).Notre future journaliste a un charisme et un sourirequi charmeront tous ses interlocuteurs.

Originaire de Martinique,Lætitia Basseville, du hautde ses 22 ans, estpassionnée de volley-ball,badminton, musique, cuisineet, plus suprenant, demécanique. Alors imaginez letempérament de feu !Lætitia sait quand même semontrer trés aimable, généreuse, sérieuse dans sontravail, ainsi que protéger l’environnement. Mais surtoutc’est une grande bavarde ! Lætitia souhaite travaillercomme chargée de communication. Messieurs, ne soyezpas tristes : cette fille est déjà fiancée. Son proverbepréféré : "Ce qui ne me tue pas, me rend plus forte".

Au début, elle se sentait malà l’aise au milieu de tous cesjeunes. Mais elle a fini partrouver sa place et a été unpeu notre maman à tous,durant ces 5½ mois. Marie-Joest arrivée du Congo il y a21 ans. Depuis, cette " mwasimakasi " (femme forte) n’a

jamais cessé de se battre pour ses 4 enfants, qu’elle élèveseule depuis qu’ils sont tout petits. Elle n’a jamais baisséles bras, Marie-Jo ! Battante, elle en veut ! Son souhait :retrouver du travail auprès de malentendants et y exercerses talents : communiquer par la langue des signes.

Farès est un jeune hommede 20 ans, plein de courage,sportif, dynamique etsérieux. Il a différentesexpériences dans denombreux domaines et seprépare à travailler commeagent de la RATP. Boute-en-train de l’équipe, ilaime rigoler, mais aussi voyager et changer d’air Ilapprécie les belles voitures. Gentil, bon vivant, c’est unmec vrai, il est là pour profiter des bons moments dela vie. "Tranquille" !

C’est notre benjamin,l'homme masqué depuis cinqmois et demi. Aujourd’hui ildécide de se démasquerpour le plus beau jour desa vie. Notre Yannick a 20ans et à décidé de devenirfacteur à La Poste ! Bientôt,vous le verrez tous près dechez vous pour la distribution du courrier. Faitesattention les filles, quand vous allez le rencontrerdevant votre boîte aux lettres ! Vous risquez d’avoirdes problémes avec votre mari, car il est carrémentbeau gosse ! Cet indien dans la ville, pour l’éviter, ilva vous falloir aller consulter les marabouts d'Afrique.

Cette femme, toute suite onl’apprécie. Elle est grande,belle, généreuse, chaleureuse...toujours un peu fatiguée,mais on ne la changera pas,notre Angéla ! 26 ans etmère de deux beaux petitsgarçons, c’est une Chevillaisequi essaie de trouver un

emploi. Faire ce journal était une réelle opportunité,car elle a pu rencontrer de nouvelles personnes,acquérir de nouvelles compétences et se faire aiderpar des formateurs exceptionnels. Angéla a toujoursune anecdote, une attention pour ses collègues. Elleaime rire, faire la fête, être en compagnie de sesamis... vraiment elle croque la vie à pleines dents !Bientôt Angéla partira à Angoulème rejoindre soncompagnon pour construire sa nouvelle vie. Loin denous, elle nous manquera notre Angéla.

Page 6: Paroles d'ici n°2

6Comment vous êtes-vous mis en contactavec les différents groupes ?Par des connaissances, desréseaux d’amis, parce qu’ontravaille dans le milieu depuislongtemps. Et aussi par rapportà la sensibilité musicale. Il n’y apas eu de casting.

Quelle difficultés avez-vous rencontréeset comment vous en êtes-vous sortis ?Les douaniers nous ontsouvent fait perdre du temps,en demandant de toujourspayer plus que prévu et doncon a dû négocier à chaque fois,mais on a fini par passer, c’estle principal. Il y a eu descoupures d’électricité trèssouvent, mais heureusementles groupes électrogènes desmairies nous ont dépannés.

Pourquoi le Kosovo ?Parce que ce pays a une imagetrès négative en Occident : laguerre, les bombes, ça fait peur ;alors que là-bas les gens veulentpasser à autre chose, ilsessayent de vivre et d’avoir desactivités normales.

Vos attentes et votre but ?Aujourd’hui, on fait le bilan eton prépare déjà le projet retourpour le mois d’avril 2006 :partir du Kosovo en car,prendre des groupes musicauxétrangers tout le long duchemin, pour finir par unconcert à Paris durant le festival" Déjà minuit ". Il faut rendreles dossiers avant le premiernovembre, préparer les expo-sitions à Palaiseau, à Sèvres etpeut-être à L’Haÿ... S’il y a desgens qui veulent se joindre auprojet, ils sont les bienvenus.

Que prévoyez-vous pour la suite ?Le projet retour d’abord etpeut-être une compil avec lesgroupes d’Europe de l’Est et lesgroupes français.

Merci à Coline Henry de nous avoiraccordé cette interview.

Propos recueillis par SEKOU DIABY

RRRRéééévvvveeeeiiiillll ttttaaaarrrrddddiiiiffff,,,, ppppiiiisssscccciiiinnnneeee llll’’’’aaaapppprrrrèèèèssss----mmmmiiiiddddiiii,,,, ssssiiii lllleeee tttteeeemmmmppppssss eeeesssstttt cccclllléééémmmmeeeennnntttt,,,, aaaalllllllleeeerrrr----rrrreeeettttoooouuuurrrrssss eeeennnnttttrrrreeee ddddiiiifffffffféééérrrreeeennnnttttssssqqqquuuuaaaarrrrttttiiiieeeerrrrssss............ PPPPoooouuuurrrr lllleeeessss pppplllluuuussss jjjjeeeeuuuunnnneeeessss,,,, lllleeeessss jjjjoooouuuurrrrnnnnééééeeeessss dddd’’’’ééééttttéééé ssssoooonnnntttt ssssoooouuuuvvvveeeennnntttt mmmmoooonnnnoooottttoooonnnneeeessss....

DDDD’’’’aaaauuuuttttrrrreeeessss pppprrrrooooffffiiiitttteeeennnntttt ddddeeeessss sssseeeerrrrvvvviiiicccceeeessss ooooffffffffeeeerrrrttttssss ppppaaaarrrr llllaaaa vvvviiiilllllllleeee ppppoooouuuurrrr ssss’’’’ooooccccccccuuuuppppeeeerrrr....QQQQuuuuaaaannnntttt aaaauuuuxxxx pppplllluuuussss ââââggggééééssss,,,, cccceeeerrrrttttaaaaiiiinnnnssss pppprrrreeeennnnnnnneeeennnntttt ddddeeeessss iiiinnnniiiittttiiiiaaaattttiiiivvvveeeessss,,,, ccccoooommmmmmmmeeee cccceeee ccccoooolllllllleeeeccccttttiiiiffff

qqqquuuuiiii aaaa oooorrrrggggaaaannnniiiisssséééé uuuunnnneeee ttttoooouuuurrrrnnnnééééeeee ddddeeee FFFFrrrraaaannnncccceeee jjjjuuuussssqqqquuuu’’’’aaaauuuu KKKKoooossssoooovvvvoooo....

Qu’as-tu fait cet été ?

L es plus jeunes profitent ducentre de loisirs, tel

Mehdi, content d’être « pris encharge toute la journée ; ça nouspermet de découvrir certainsquartiers de la ville, les parcs etjardins, de pique-niquer dans lesbois... On profite ainsi de tous lesespaces verts et culturels avec noscamarades de classe ou de quartier ».Les adolescents vont plutôts’orienter vers les activitésproposées par le ServiceMunicipal de la Jeunesse(SMJ), destinées aux 13-17 ans,qui les responsabilisentdavantage. Ils apprécient qu’il yait un choix plus important,que le coût soit très abordable,mais aussi d’être familiers desanimateurs qui, le plussouvent, vivent dans leurs cités.La plupart des adolescents nepartent pas en vacances endehors du SMJ, telle Binta,originaire du Mali : « Je ne vaispas au pays parce que mes frères etmon père y vont déjà, et comme leprix du billet est très cher, c’estchacun son tour ; je n’irai donc quel’année prochaine ». Sonia, âgéede 15 ans et originaired’Algérie, reste pour de toutesautres raisons : « Moi je ne vaispas en vacances cette année parceque ça me saoûle d’aller en Algérietous les ans... ». Tous préfèrent leSMJ au centre de loisirs du faitdes activités adaptées à leurâge, à leur milieu social et aveclesquelles ils se sentent pluslibres. Durant l’été, des séjoursen camping sont aussi proposés,l’occasion pour tous des’éloigner réellement pendantplusieurs jours.

S.D.

Comment vous sont venues l’envie etl’idée de monter le projet d’échange auKosovo ?En fait, Yann Bieuzent,l’organisateur, et moi-mêmesommes acteurs de la vieculturelle locale depuis 1998;donc on organise réguliè-rement des concerts et desforums associatifs dans larégion parisienne. Yann estparti au Kosovo l’annéedernière en vacances chez desamis ; il a adoré et a eu enviede faire quelque chose là-bas.La première idée, c’était departiciper au festival du Kosovoet après, on s’est dit que si onallait de Paris au Kosovo, onallait bien faire des concerts surla route et donc la tournée s’estmise en place comme ça.

Qu’a donné le repérage au mois de mai ?Depuis le mois d’octobre, ontravaille sur les dates, enrelation via internet avec desgens qui gèrent des salles surplace. Pendant le mois de mai,on a fait la route pour baliser leterrain : rencontrer les gensavec qui on allait travailler etpromouvoir le concert auprèsde la population. Ce qui faitqu’au mois d’août, on savait oùon allait, qui on allaitrencontrer, on connaissait déjàles lieux ; on est donc arrivé enterrain connu !

Combien de personnes dans le groupe ?48, dont 40 garçons et 8 filles.

Pourquoi si peu de filles ?Parce que dans la musiqueactuelle, les garçons sontvraiment majoritaires : si tu vasen concert, tu constateras que

ce sont les mecs qui sont surscène la plupart du temps. Enplus, on avait 2 mécaniciens,un chauffeur de bus, 2 orga-nisateurs, 2 ingénieurs du son,qui sont plutôt des métiersd’homme, et le reste c’était desmusiciens.

De quelles aides avez-vous bénéficiépour mener à bien votre projet ?La mairie de L’Hay-les-Roses100 € et celle de Sèvres 700, leConseil Général du 91 1500 €,celui du 92 4500 €, celui du 942000 €, le Défi Jeunes 1000 €,la Direction Départementalede la Jeunesse et des Sports du91 800 €. On a aussi été aidépar l’entreprise ConsultantsE.S.E.

Votre mission durant ce séjour ?Faire partager la musique enpartant du principe qu’elle estun langage pour lequel il n’y apas de barrière. Quasimenttous les textes étaient enfrançais, et comme on avaitchoisi de la musique trèsdansante, on partait de l’idéeque ça allait permettre aux gensde se renconter.

C’est aussi une rencontre entre lesgroupes d’ici et de là-bas ?Oui, on a rencontré desgroupes au Kosovo, mais passur les autres dates. En Italie iln’y a pas eu trop de monde,mais sur le reste des concertson a fait salle comble. Lesconcerts étaient gratuits ; lesseules fois où on a fait payer,c’était pour rembourser lesfrais des salles qui nousaccueillaient. On n’a fait aucunbénéfice, ce n’était pas le but.

Paroles dddd’iiiicccciiii :le casting

Quinze avril de l’an 2005,elle commençait saformation. Originaire deNormandie, plus précisementde Bolbec, en Seine-Maritime, elle a trente-cinqans et habite Fresnes. AuRMI depuis dix ans, elle aélevé ses jumelles. Ce stagelui donne l’opportunité de réfléchir sur son projetprofessionnel et d’avoir un soutien pour sa recherched’emploi. Elle confirme : " Cela m’a permis dem’évader du quotidien familial parfois éprouvant ".Elle cherche un emploi dans les espaces verts. C’estune femme qui a toujours une histoire à raconter ;chaque lundi, ce sont les aventures de Chantal Davoult !

Il s’appelle Lassana Dabo, ila 29 ans et il est né àDakar, au Sénégal. Après sixmois de formation, il a sudévelopper ses talents dephotographe... pour devenirun as du détourage photo.Il cherche un poste d’agentde prévention et sécurité

incendie. On le surnomme " Las des as " ! Pourcelles qui sont célibataires et qui ont besoin de sesentir rassurées, il a une moustache et unebarbichette qui vous feront frémir, mesdemoiselles !Il n’y a pas photo, c’est celui qu’il vous faut !

Sekou Diaby, âgé de 23 ans,est originaire du Mali ethabite L’Haÿ-les-Roses.Sociable, travailleur, généreuxet ouvert, il aime tout demême avoir raison.Célibataire, il affectionneparticulièrement le foot et lehip-hop. Sekou envisage dedevenir agent de gare à la RATP. Ayant travaillécomme animateur pour enfants dans les centres deloisirs de L'Haÿ, puis téléopérateur chez M6 boutique, ila le contact facile et sait être à l’écoute. Il aime rireet se montre joyeux. Son proverbe préféré : " Pourquoiremettre au lendemain ce que l’on peut faire lesurlendemain ".

Agée de 22 ans, Élise estoriginaire de Normandie. Elleest drôle, jolie, et tête-en-l’air. Elle sait tout de mêmerester sérieuse lorsqu’il lefaut, la preuve en est : ellesouhaite travailler dans ledomaine social, être àl’écoute des gens et leur

tendre la main. À l’issue de la formation, elle entreraen stage dans l’association Unis Cité pour une duréede 9 mois, en qualité de volontaire. Elle devra réaliser8 projets, avec une équipe de volontaires ; nousn’avons pas fini d’en entendre parler ! Avec son coeurd’or et son joli minois, elle n’arrête pas de noussurprendre ! C’est notre Fée Clochette.

Gwenaël, c’est le rayon desoleil du stage ! Âgée de23 ans, elle est toujoursspeed et profite bien de sajeunesse : sorties entreamis, week-ends en tousgenres... Chevillaise, d’ori-gine martiniquaise, elle n’apas sa langue dans sa

poche et dit toujours ce qu’elle pense. En octobre,elle doit partir pour quatre mois en Irlande faire unstage de langue anglaise. Elle souhaite par la suitedevenir agent d’escale... " Si Dieu le veut ".

C'est un homme qui senomme Karim. Un vraibonhomme, et pas en neige !Toujours de bonne humeuret l’humour fait partie de samauvaise humeur. Sérieusement !Il demeure à L’Haÿ-les-Roses,et, à 31 ans, il se pose. Sonprojet : devenir taxi-man. Aussi rapide que l’éclair et,c’est clair, quand il parle, c’est pas très clair...L’articulation ne fait pas partie de sa sphère et c’est çaqui fait que c’est le seul sur terre !