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Paris 2024 doit être un projet utile, porteur d’une dynamique nationale et laisser un héritage à tous Concepteur du long terme Septembre 2017 / N° 44 Grand Angle « Paris change d’ère » : le défi de la neutralité carbone en 2050 P. 8 Focus La LGV Tanger-Kénitra, un modèle marocain de la grande vitesse P. 11 Grand Angle Des sites d’exception pour les Jeux olympiques et paralympiques de Paris en 2024 ! P. 3 © J.-C. CZAJKOWSKI - EGIS © DIANE BERG - EGIS © PARIS 2024 – GIP P. 4 : TONY ESTANGUET Co-Président du Comité Paris 2024 et membre du Comité international olympique

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Paris 2024 doit être un projet utile, porteur

d’une dynamique nationale et laisser un héritage à tous

Concepteur du long terme Septembre 2017 / N° 44

Grand Angle

« Paris change d’ère » :

le défi de la neutralité

carbone en 2050P. 8

Focus

La LGV Tanger-Kénitra,

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P. 4 : TONY ESTANGUET

Co-Président du Comité Paris 2024 et membre du Comité international olympique

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SOMMAIRE

ÉDITO

Le 13 septembre, le Comité international olympique (CIO) a officiellement désigné Paris comme ville organisatrice des Jeux olympiques et paralympiques d’été en 2024. Cette annonce est assurément une grande nouvelle pour notre pays qui appelait ardemment de ses vœux le retour de la flamme olympique dans la Ville Lumière, cent ans après que la France eut accueilli ses derniers Jeux d’été.

Egis se réjouit pleinement de cette victoire française. Elle est source de fierté et d’enthousiasme pour nos équipes qui, pendant plus d’un an, ont accompagné le Comité de candidature Paris 2024 dans l’élaboration des plans d’aménagement des 38 sites de compétition. Elles ont pu démontrer, par leur expertise et leur engagement, que notre Groupe est bien un acteur majeur de la conception des grands équipements sportifs et culturels à travers le monde.

Au-delà de l’événement sportif exceptionnel que sont les Jeux olympiques, notre pays trouve ici une opportunité unique de laisser un héritage durable à sa population dans le domaine sportif, mais aussi socioculturel, environnemental, économique et urbain. L’exemple de la Seine-Saint-Denis, où seront implantés plusieurs sites de compétition, ainsi que les villages des athlètes et médias, est caractéristique de ce que les Jeux apporteront à un territoire comme héritage pour les populations.

Les Jeux favoriseront non seulement l’attractivité du territoire francilien, et plus largement français, mais aussi la création de logements et d’équipements utiles aux populations. Ils permettront enfin d’accélérer certains grands projets d’infrastructures déjà engagés, comme le Grand Paris Express. Autant de sujets pour lesquels Egis s’investit pleinement.

Nicolas JachietPrésident-directeur général

une publication

www.egis.frRÉDACTRICE EN CHEF : ISABELLE BOURGUETRÉDACTRICE EN CHEF ADJOINT : SABINE MENDYRÉDACTION : SYLVAIN RESPAUD SECRÉTARIAT DE RÉDACTION : SYLVAIN RESPAUD CONCEPTION, RÉALISATION ET FABRICATION :

www.grouperougevif.fr - ROUGE VIF - 24938CE DOCUMENT EST IMPRIMÉ À 14 000 EXEMPLAIRES SUR DU PAPIER COCOON 100 % RECYCLÉ DANS UNE ENTREPRISE CERTIFIÉE IMPRIM’VERTPHOTO DE COUVERTURE : © KMSP - PARIS 2024 EGIS - S.A. RCS VERSAILLES 70 2027376 - ISSN : 2256-8786

EgisDirection de la communication15, avenue du Centre - CS 20538 Guyancourt78286 Saint-Quentin-en-Yvelines Cedex France

ou par [email protected]

Si vous souhaitez recevoir Egis Contactmerci de nous adresser votre carte de visite :

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Un Trophée de la construction pour le musée Stella Matutina !Mercredi 6 septembre a eu lieu la remise des Trophées de la construction, organisée par Batiactu et le Groupe SMA (acteur majeur de l’assurance). Ces trophées récompensent les réalisations les plus innovantes du secteur de la construction.Le 1er prix technique « Rénovation-ERP » a été remis au musée Stella Matutina, à Saint-Leu (La Réunion), pour lequel Egis a réalisé une mission d’ingénierie générale, aux côtés des équipes de l’Atelier Architectes.

Depuis 1991, ce musée de 37 300 m2 fait découvrir au grand public les techniques de fabrication du sucre de canne et l’histoire de La Réunion. « La Région a entrepris en 2011 une réhabilitation totale du musée et du site, fondée sur un nouveau projet scientifique et culturel. Il s’agit du 1er musée labellisé “Musée de France” sans système de climatisation. Une simulation thermique dynamique, réalisée via l’outil IES, a permis de valider le principe de

ventilation naturelle sur les halles de musée », indique Gaëlle Le Nozer, responsable d’agence Bâtiments Océan Indien à Egis.

Le musée comprend des espaces pédagogiques, un auditorium dernière génération de 400 places, un centre de documentation et même un cinéma 4D pour donner vie et relief à cette scénographie de la mémoire, avec le renfort des outils multimédias les plus récents.

3 GRAND ANGLE Des sites d’exception pour les Jeux olympiques et paralympiques de Paris en 2024 !

4/5 L’ENTRETIENavec Tony Estanguet, co-président du Comité Paris 2024 et membre du Comité international olympique « Paris 2024 doit être un projet utile, porteur d’une dynamique nationale et laisser un héritage à tous »

6/10 GRAND ANGLEVers une meilleure gestion du stationnement dans les rues de Paris

Ruiru II, un barrage majeur au cœur du Kenya

EuroAirport Bâle-Mulhouse, un projet d’aménagement urbain à dimension BIM

« Paris change d’ère » : le défi de la neutralité carbone en 2050

Pour un partage intelligent des couloirs de bus

11/13 FOCUS SUR LA LGV MAROCLa LGV Tanger-Kénitra, un modèle marocain de la grande vitesse

14/15 EXPERTISE Le bois, source d’innovations techniques pour la construction

16 RENCONTRE Les « marathoniens » de l’innovation

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L’ÉVÉNEMENT

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EgisDirection de la communication15, avenue du Centre - CS 20538 Guyancourt78286 Saint-Quentin-en-Yvelines Cedex France

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CONSEIL

C’est en 2016, au terme de la consultation lancée par le Comité de candidature Paris 2024, que l’offre d’Egis et de son partenaire Populous (cabinet

de design international), en association avec la société de conseil ISC, a été retenue pour les prestations d’assistance technique à l’élaboration des plans d’aménagement de l’ensemble des sites de compétition. La mission porte à la fois sur le dimensionnement, la conception et la conformité des installations, mais aussi sur leur coût et l’utilisation des sites post-Jeux. Egis, qui a réalisé par ailleurs une vaste étude prospective sur la neutralité carbone en 2050 pour le compte de la Mairie de Paris, mettra un point d’honneur à ce que ces Jeux soient les plus vertueux en termes d’empreinte écologique.« Nous avons commencé les études en avril 2016 pour 38 sites de comptétition. Notre longue expérience des équipements sportifs nous confère une capacité d’anticipation sur toutes les questions techniques et organisationnelles que peut susciter un tel projet, précise Rudolph Etienne, directeur délégué d’Egis Conseil Bâtiments. Les deux enjeux principaux de notre mission résidaient dans l’élaboration d’études techniques solides, ainsi que dans le discours et les visuels choisis pour séduire la commission d’évaluation et le Comité international olympique (CIO). »

La force des équipements parisiens

Comme le disait Pasqual Maragall, maire de Barcelone il y a vingt-cinq ans, « il ne s’agit pas de se demander ce qu’une ville peut faire pour les Jeux, mais bien ce que les Jeux peuvent faire pour une ville ! » Un seul mot d’ordre, donc, pour cette mission : ne rien construire qui ne serait utilisé par la suite, toujours penser à l’héritage post-Jeux. « Il s’agissait de trouver pour chaque sport la meilleure option entre l’adaptation de sites existants, la construction d’un nouvel édifice durable et l’élaboration de constructions éphémères,

explique Diogo Taddei, directeur du projet à Egis. Un des plus grands défis de cette mission a été de convertir les grands monuments parisiens en terrains de sport, en les adaptant aux besoins d’un événement aussi important que les Jeux olympiques et paralympiques. »Du Stade de France à Roland-Garros, en passant par le stade Jean-Bouin et le Parc des Princes, la ville possède déjà 95 % des infrastructures nécessaires à l’organisation des Jeux. La plus prestigieuse de ces infrastructures est très certainement le Grand Palais, monument historique édifié pour l’exposition universelle de 1900, qui servira d’écrin aux épreuves d’escrime et de taekwondo.

Le centre aquatique olympique, un exemple d’héritage post-Jeux

« Le futur centre aquatique olympique est l’exemple parfait de notre campagne pour l’héritage, poursuit Diogo. Saint-Denis s’est révélé l’endroit idéal pour l’accueillir et les effets bénéfiques pour la ville ont été étudiés sous toutes les coutures : combien de lignes d’eau pour les écoles, les clubs, les fédérations après les Jeux ? Que conserve-t-on des trois bassins destinés aux épreuves ? Des considérations qui nous ont permis de définir un avant et un après Jeux. » C’est ainsi que le centre aquatique

Des sites d’exception pour les Jeux olympiques et paralympiques de Paris en 2024 !Cette fois, c’est officiel : Paris organisera les Jeux olympiques et paralympiques d’été en 2024 ! Une excellente nouvelle pour la France, et un aboutissement pour Egis qui, depuis un an et demi, participe activement à l’élaboration des plans techniques d’aménagement des 38 sites de compétition.

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Ce grand succès renforce Egis dans sa capacité à accompagner les « Host Cities » (villes hôtes)

et à intervenir dans la réalisation et l’exploitation d’équipements sportifs.

RUDOLPH ETIENNE, directeur délégué d’Egis Conseil Bâtiments

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Les Jeux sont une chance unique de développer les territoires et de construire un héritage

durable pour la société. Fort de ses multiples expertises, Egis accompagnera Paris pour les futurs projets liés à cet événement exceptionnel.

DIOGO TADDEI, directeur du projet

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Des solutions smart pour le Village olympiqueAutre héritage fort de ces Jeux : le Village olympique, à Saint-Denis, où seront logés les athlètes (17 000 lits). En tant qu’opérateur de smart cities, Egis développe deux solutions pour ce village : • Reverse, un outil d’aide à la décision

programmatique, qui met en relation les surfaces à construire ou construites et les besoins programmatiques, de façon dynamique. L’objet est de minimiser coûts, délais et impact environnemental et de maximiser la qualité d’usage des espaces.

• Cycle Up, une plate-forme en ligne favorisant le réemploi des matériaux de déconstruction afin de restreindre la production de déchets et permettre des constructions bas carbone.

olympique, qui accueillera de nombreuses épreuves des Jeux en 2024, deviendra par la suite un centre aquatique pérenne et adapté aux besoins de sa ville et de ses habitants.

Un site de compétition éphémère

Impossible d’évoquer Paris sans passer par son plus grand symbole, la Tour Eiffel. C’est en effet à ses pieds que battra le cœur des Jeux… Pour l’occasion, le célèbre Champ de Mars se transformera en terrain de beach volley, où des milliers de spectateurs pourront soutenir leur équipe. « Une aréna temporaire de 12 000 places sera montée en quelques semaines pour le beach volley, avant de couvrir le sable d’un plancher en bois pour les épreuves de foot à cinq des Jeux paralympiques, indique Diogo Taddei. Ce site est un parfait exemple de construction temporaire et modulable, adaptée aux besoins évolutifs des Jeux. » n

Les sites de compétition au pied de la Tour Eiffel - Concept de nuit.

GRAND ANGLE

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Nous avons la volonté de faire des Jeux un réel laboratoire d’innovations durables.

Paris 2024 doit être un projet utile, porteur d’une dynamique nationale et laisser un héritage à tous

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Quels ont été les atouts de notre candidature ?

Tony Estanguet : Nous portons un projet en accord avec les attentes du Comité international olympique (CIO), exprimées dans l’Agenda 2020, la feuille de route stratégique du Comité. Ce texte fixe des objectifs de réduction des coûts et de responsabilité environnementale, tout en conservant la célébration du sport et de ses valeurs pour les sportifs et les spectateurs. C’est ce que nous avons fait depuis plus de deux ans et ce que nous voulons conduire pendant sept ans.

La force de notre projet, c’est qu’il a été pensé pour s’intégrer dans les projets nationaux, particulièrement celui du Grand Paris. Nous n’avons pas fait de compromis : Paris 2024 doit être un projet utile, porteur d’une dynamique nationale, et laisser un héritage à tous. C’était notre mandat de départ. Nous l’avons gardé. Cela a été possible grâce à l’esprit d’équipe qui régnait entre tous les acteurs du projet, qu’ils soient publics ou privés.

Vous avez participé à quatre éditions des Jeux, en quoi cette expérience a-t-elle pu être bénéfique à notre dossier de candidature ?

T. E. : Avoir vécu les Jeux de l’intérieur m’a été très utile pour bien comprendre les attentes des athlètes et de la famille olympique. Cela nous a aidés à construire un projet qui offre les meilleures conditions possible à tous les acteurs des Jeux : athlètes, Comités olympiques/paralympiques, médias, spectateurs, sponsors, etc.Au-delà de l’aspect technique, participer aux Jeux, c’est expérimenter le pouvoir du sport. Le sport incite au partage, au respect et à l’entraide, parce que, même dans un sport individuel, la victoire est toujours celle d’une équipe et les émotions bien plus fortes lorsqu’elles sont partagées. Il pousse au dépassement de soi et à la persévérance, imposant l’échec mais donnant aussi la force de se relever et d’essayer encore et encore, jusqu’au succès. En un mot, le sport fait du bien ! Et avec Paris 2024, on veut partager ses vertus avec le plus grand nombre.

Nous avons beaucoup misé sur la dimension environnementale dans notre candidature. De quelle action êtes-vous le plus fier ?

T. E. : Nos objectifs sont clairs et chiffrés : organiser les premiers Jeux alignés sur l’Accord de Paris et réduire de 55 % les émissions de carbone par rapport aux précédentes éditions des Jeux. Ces objectifs sont ambitieux, mais réalistes. Ils témoignent de notre volonté de faire des Jeux un réel laboratoire d’innovations durables.

TONY ESTANGUETCo-Président du Comité Paris 2024 et membre du Comité international olympique

Dès la phase de candidature, nous avons travaillé avec les parties prenantes et les partenaires comme le groupe Caisse des Dépôts pour trouver des solutions techniques, mais aussi pour faire de nos Jeux un vecteur de changement des comportements. C’est ce dont je suis fier : fixer des objectifs clairs et se donner les moyens de les atteindre dès le départ. On applique dans ce domaine une vérité que tout athlète connaît bien : sans ambition, on ne progresse pas !

La candidature Paris 2024 peut-elle aider à développer la pratique du sport ? Dans quelles mesures la nécessité de créer des équipements pour les Jeux a-t-elle été valorisée comme une opportunité de redynamiser des quartiers et laisser un héritage favorable au développement du sport ?

T. E. : Les études le montrent : les pays hôtes des Jeux constatent toujours une augmentation de la pratique sportive pour tous. Ils font naître des vocations et mettent au premier plan les vertus du sport en termes d’inclusion sociale, d’éducation et de bénéfices pour la santé. Avec les Jeux et tous les projets que nous allons développer, nous allons mettre le sport au cœur de la société, le rendre plus paritaire, accessible à tous, etc.

C’est pour ces raisons que notre projet met à l’honneur la Seine-Saint-Denis, département le plus jeune et le plus cosmopolite de France. Les Jeux y laisseront un héritage

extraordinaire. Ce sera un exemple de la force du sport. Grâce aux Jeux, le visage de la Seine-Saint-Denis sera changé en termes d’équipements sportifs et d’habitats, mais aussi en termes de vie de quartier, d’inclusion.

En tant que président du Comité d’organisation des Jeux, quels sont les nouveaux défis qui vous attendent pendant les sept prochaines années de préparation des Jeux ?

T. E. : Livrer les Jeux que nous avons promis ! Ça veut dire organiser des Jeux magnifiques bien sûr, mais aussi construire dès à présent leur héritage en travaillant avec toutes les parties prenantes pour rendre le sport plus accessible, partout et pour tous. J’ai confiance en notre projet et en l’équipe qui se mobilisera. Nous n’avons pas pris de faux engagements, ni fait de fausses promesses. Et nous avons une équipe incroyable ! À mes côtés, il y a Bernard Lapasset, ancien président de la Fédération internationale de rugby avec qui j’ai l’honneur de coprésider le Comité Paris 2024, et Guy Drut, membre du CIO. Tous deux connaissent parfaitement l’environnement international. Il y a aussi le Comité olympique et le Comité paralympique français, la Mairie de Paris, l’État, la Région Ile-de-France, les collectivités, les partenaires privés… Grâce

Avoir vécu les Jeux de l’intérieur m’a été très utile pour bien comprendre les attentes des athlètes et de la famille olympique.

L’ENTRETIEN

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à eux et à leur expertise, j’ai toute confiance dans le fait que les Jeux à Paris en 2024 seront un succès pour la France et le mouvement olympique.

Quel aura été votre plus beau souvenir lors de la phase de candidature ?

T. E. : Notre candidature aura duré deux ans, j’ai beaucoup de souvenirs ! Ce qui est sûr, c’est que ces deux années m’auront permis de refaire un constat précieux : la force du collectif. Notre projet est soutenu et porté par une équipe extraordinaire, convaincue, motivée et professionnelle. Cela nous aura permis de vivre des moments inoubliables.

Si je devais en citer quelques-uns, je parlerais du voyage en Haïti en mars, qui nous a permis de partager avec des enfants défavorisés la Playdagogie, outil d’éducation par le sport développé avec l’ONG Play International et le Comité national olympique et sportif français (CNOSF). Cette rencontre avec les enfants haïtiens était très forte et m’a donné une motivation supplémentaire pour la dernière ligne droite. Après cela, Lausanne, la première fois que nous présentions notre projet devant tous les membres du CIO réunis. J’étais fier de me tenir devant eux et de présenter ce projet, fruit d’un travail collectif de plusieurs années. n

Tony Estanguet est né le 6 mai 1978 à Pau. Il a trois enfants. Tony Estanguet est triple champion olympique de canoë-kayak – slalom C1 (2000, 2004 et 2012). Il est le seul sportif français à avoir remporté trois médailles d’or sur trois olympiades.

Il est aujourd’hui co-président du Comité Paris 2024, aux côtés de Bernard Lapasset. Tony Estanguet est, avec Guy Drut, l’un des deux membres actifs du CIO en France. Membre du CIO depuis juillet 2013, il siège aux commissions « Athlètes », « Solidarité olympique » et « Durabilité et héritage ». Il a été élu en août 2016 vice-président de la commission des athlètes du CIO.

En 2014, Tony Estanguet a été désigné par le CIO pour représenter le mouvement olympique au sein du comité exécutif de l’Agence mondiale antidopage (AMA).

Porte-drapeau de la délégation française aux Jeux de Pékin en 2008, il a aussi été désigné athlète modèle aux Jeux olympiques de la Jeunesse de Singapour en 2010 et chef de mission de la délégation française aux Jeux de la Jeunesse de Nankin en août 2014. La même année, il a également été élu vice-président de la Fédération internationale de canoë (FIC).

Au niveau national, Tony Estanguet est membre du conseil d’administration du CNOSF. Il est par ailleurs président du directoire des championnats du monde de canoë-kayak de Pau 2017.

PARCOURS

Perspective du Stade de France et du futur centre aquatique.

La Tour Eiffel illuminée aux couleurs des Jeux olympiques et paralympiques !

Au-delà de l’aspect technique, participer aux Jeux, c’est expérimenter le pouvoir du sport.

Grâce aux Jeux, le visage de la Seine-Saint-Denis sera changé en termes d’équipements sportifs et d’habitats, mais aussi en termes de vie de quartier, d’inclusion.

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Notre offre s’inscrit résolument dans les objectifs ambitieux

de la ville de Paris pour améliorer les services aux Parisiens.

LUC MANCHON, directeur du projet

SERVICES À LA MOBILITÉ

Àla suite de la réforme sur la dépé-nalisation du stationnement qui entrera en vigueur le 1er janvier 2018, Paris a fait le choix de privatiser le contrôle de

stationnement en voirie, à l’instar de plusieurs grandes villes européennes. « À ce jour, seuls 10 % des automobilistes parisiens acquittent leurs droits de stationnement, contre 85 % dans d'autres grandes capitales comme Amsterdam, où Egis gère les services de stationnement en voirie avec succès depuis plus d’un an et demi. Le but n’est pas de sanctionner, mais au contraire d’emporter l’adhésion des usagers aux nouvelles conditions du stationnement pour amener à un changement progressif de comportement et à un paiement spontané du stationnement », explique Christophe Laumet, responsable de la mise en œuvre opérationnelle du projet pour Egis.Egis sera chargé de la mise en place de la plate-forme informatique et des services de gestion des réclamations. Il est aussi partenaire à hauteur de 30 % de la société CSV1, en cours de création avec Transdev-Urbis Park.« Nous avons conçu une offre sur mesure pour remplir des objectifs ambitieux de flexibilité et de mobilité, de proximité et de respect de

Vers une meilleure gestion du stationnement dans les rues de Paris Le consortium Urbis Park Services, Transdev et Egis va gérer le système de contrôle du stationnement payant dans 6 des 20 arrondissements parisiens, représentant plus de 43 000 places de parking. Une première en France !

Avec ce projet, Egis devient un des premiers opérateurs maîtrisant le contrôle du stationnement payant en voirie dans le contexte français.©

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Les délais de mise en œuvre seront très courts. Une bonne préparation

sera déterminante pour réussir ce projet.

CHRISTOPHE LAUMET, responsable de la mise en œuvre opérationnelle

l’environnement. Forts de notre expérience à Amsterdam, nous avons fait le choix pour Paris des meilleures technologies disponibles pour cibler au mieux nos prestations de contrôle qui ont déjà démontré leur efficacité », ajoute Luc Manchon, directeur de projet en charge de l’offre pour Egis.

Un marché en devenir

« Le projet de Paris sera une première référence en France et s’inscrit dans une stratégie de développement ambitieuse du marché de stationnement intelligent pour la France », indique Elena Umanets, responsable commerciale de l’activité « stationnement intelligent France » à Egis. « Nos efforts sont tournés vers le développement d’une plate-forme de gestion informatique mutualisée pour permettre aux villes d'accéder aux prestations de gestion de stationnement à moindre coût : gestion des abonnés et des réclamations, pré-contrôle avec caméras LAPI2, observatoire dynamique de stationnement, etc. » n

1 Contrôle du Stationnement en Voirie 2 LAPI : lecture automatique de plaque d’immatriculation

Le système de contrôle du stationnement d’Amsterdam est considéré comme l’un des plus avancés au monde : les Scanning Cars balayent de leur scanner plus de 1 250 voitures stationnées par heure !

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ELENA UMANETS, responsable commerciale

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Lancé en 2012 par l’Athi Water Services Board, la structure chargée de gérer l’eau dans le pays, le projet Ruiru II est une opération majeure qui va améliorer durablement

l’approvisionnement en eau de Nairobi et de ses environs. Il faut dire qu’à l’époque où le projet a été initié, la demande en eau de la capitale n’était satisfaite qu’à 77 %… Des ouvrages de grande ampleurC’est à Egis que revient la charge de réaliser les études complètes de tous les ouvrages du projet, des études préliminaires jusqu’aux plans d’exécution, au sein d’un consortium d’entreprises de réalisation du Groupe Vinci1. Cela comprend la conception du barrage et de ses structures annexes (tour de prise d’eau, évacuateur de crues, route d’accès…), mais aussi du système de transfert de 17 km, d’une station de traitement d’eau d’une capacité de 40 000 m3/j, de deux réservoirs de stockage et des réseaux associés. En phase construction, Egis appuiera la supervision intégrée de

l’ensemble des travaux, incluant la gestion du laboratoire de chantier, la mise en place de l’instrumentation du barrage, ainsi que le suivi des volets sociaux et environnementaux du projet. « Ce projet au Kenya est une nouvelle

opportunité pour notre Groupe de faire valoir l’ensemble de ses spécialités en géotechnique, génie civil, hydraulique, traitement des eaux, environnement… Nous comptons faire jouer pleinement les synergies de nos équipes françaises et locales », affirme Serge Laborde, directeur Hydraulique et Barrages à Egis.

Le BIM au cœur du projet

La taille et le nombre des ouvrages à réaliser, la complexité des enjeux techniques et la très forte coopération attendue entre les différentes spécialités implantées dans plusieurs pays ont conduit Egis à prendre la décision de concevoir tout le projet en mode BIM2 collaboratif et multisite. « Cette méthode de travail implique un haut degré de connaissance des logiciels allant de la maquette numérique 3D à la gestion électronique de documents, tous liés par un environnement commun de données », précise Stéphane Giraud, directeur du projet à Egis. Le travail s’effectuera ainsi au travers de deux

plateformes collaboratives (Vault et SGTi4) ; nous sommes assistés pour ce projet par nos meilleurs spécialistes “BIM by Egis®”. C’est une belle aventure qui commence… » n

1 Sogea-Satom et Vinci Construction Terrassement 2 Building Information Modelling

EAU

Ruiru II, un barrage majeur au cœur du Kenya De l’eau potable « H24 » pour les populations de Nairobi ? C’est l’ambition portée par le projet Ruiru II au Kenya, visant à construire un barrage de 55 m de haut, un transfert d’eau brute et une station de potabilisation pour sécuriser l’alimentation en eau de plus de 300 000 habitants…

VILLE

L’aéroport international de Bâle-Mulhouse-Fribourg pourra bientôt proposer à ses passagers, grâce au concours des équipes d’Egis, de nouveaux services urbains, dont un véritable quartier d’affaires.

Le territoire des « 3 frontières » (Suisse, Allemagne, France), au sud de l’Alsace, est un territoire dynamique et porteur de développement. En son centre, l’EuroAirport de Bâle-

Mulhouse-Fribourg, seule plate-forme au monde à posséder un statut binational franco-suisse, porte une ambition forte de croissance du trafic passagers et de contribution au développement et à l’attractivité du territoire. Pour y répondre, il prévoit une vaste opération d’aménagement sur plus de 80 hectares, comprenant, outre une

nouvelle liaison ferroviaire en alternative à la route, tout un nouveau quartier. À terme, 10 000 emplois supplémentaires pourraient ainsi être créés, avec l’implantation sur site d’activités économiques diversifiées.Dans le cadre de ce projet majeur, Egis a proposé une offre innovante autour des aménagements urbains, reposant sur une maquette numérique dédiée. « La phase actuelle d’études avant-projet permet de faire le lien entre l’offre ferroviaire souhaitée et les infrastructures nécessaires à sa mise en œuvre. L’EuroAirport a fait appel à Egis pour

optimiser l’aménagement des infrastructures, explique Jean-Marie Veith, chef de projets urbains à Egis. Avec le BIM, nous avons réalisé une maquette numérique du site et de ses infrastructures existantes. Nous avons ainsi pu détecter à l’avance les conflits entre le ferroviaire, les réseaux existants et les infrastructures urbaines. S’appuyant sur un modèle numérique de terrain (MNT), l’objet virtuel modélise aussi l’ensemble des réseaux d’assainissement et d’eau potable en trois dimensions. À terme, tous les réseaux seront intégrés à la maquette numérique 3D. »

Le projet d’aménagement urbain devra tenir compte, dans sa conception, des capacités d’évolution de l’aéroport à plus long terme. Le modèle créé servira ainsi de socle pour les phases suivantes de modélisation BIM du projet. Pour les différents acteurs concernés, la maquette numérique apporte une réelle plus-value car elle permet de gérer très en amont les interfaces lors de la conception. Elle servira aussi de support de présentation du projet lors de la phase de concertation publique, prévue en 2018. n

EuroAirport Bâle-Mulhouse, un projet d’aménagement urbain à dimension BIM

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SERGE LABORDE, directeur Hydraulique et Barrages

Egis possède une longue expérience des projets de grandes infrastructures hydrauliques à l’international.

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La rivière Tana, au Kenya, sur laquelle sera édifié le barrage de Ruiru II.

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STÉPHANE GIRAUD, directeur du projet

Ce projet de haute technicité confirme le savoir-faire d’Egis dans le domaine des barrages.

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La maquette numérique fera l’interface entre les infrastructures du projet urbain et le projet ferroviaire, avec pour objectif, une optimisation des coûts.

JEAN-MARIE VEITH, chef de projets urbains

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ENTRETIEN AVEC RAPHAËL MÉNARD, directeur de la prospective à Egis et président d’Elioth (entité d’Egis)

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« Paris change d’ère » :le défi de la neutralité carbone en 2050 Des panneaux solaires sur les toits, des bâtiments à énergie positive, des véhicules propres dans les rues… Voilà à quoi pourrait ressembler Paris d’ici 2050 ! Ce scénario d’une cité « neutre en carbone » s’appuie sur une vaste étude prospective réalisée par les équipes d’Egis pour le compte de la Mairie de Paris.

La neutralité carbone en 2050 est-elle possible ?

Raphaël Ménard : Oui, c’est un changement d’ère qui requiert des efforts tous azimuts et soutenus dans le temps. D’après son dernier bilan carbone de l’été 2016, Paris a réduit d’environ 9 % ses rejets carbonés en dix ans

(2004-2014), en les ramenant à 25,6 millions de tonnes équivalent CO2 (dioxyde de carbone). C’est un bon début, mais notre étude propose d’aller plus loin, en les faisant chuter de 50 % d’ici à 2030, puis de 80 % d’ici à 2050 (hors déplacements aériens).

Les transports représentent plus de la moitié des rejets de CO2. Quelles seraient vos recommandations en la matière ?

R. M. : Les Parisiens doivent adopter de nouveaux usages de mobilité, tels que le covoiturage ou l’autopartage, privilégier le plus possible les transports en commun, le vélo, la marche mais aussi le télétravail, pour à terme diviser par deux le parc automobile actuel. Ensuite, pour être réellement efficace, il faudrait reconvertir les véhicules thermiques et généraliser les véhicules « propres » (électriques et hybrides). Toutes ces mesures, plus celles prises à la marge pour le fret, permettraient d’atteindre 85 % de réduction d’émissions liées aux transports, avec en bonus, des effets très positifs sur la qualité de l’air et le confort urbain.

Parlons transition énergétique. Le solaire est-il la solution miracle pour la « ville Lumière » ?

R. M. : Disons qu’elle sera l’une des solutions à privilégier. En 2050, on peut imaginer que 20 à 30 % des toitures parisiennes soient couvertes de panneaux photovoltaïques, avec parfois des systèmes de stockage de l’électricité et des réseaux « intelligents » pour en optimiser l’usage. Le mix énergétique prévoira aussi des réseaux de chaleur et de froid en sous-sol pour mieux valoriser la géothermie,

le solaire ou encore l’eau de la Seine. Quant aux émissions résiduelles dues aux énergies fossiles, elles devront être compensées par de grands parcs solaires (50 km2 en cumul) et éoliens (3 000 turbines environ) déployés hors de ses murs : Paris, comme d’autres métropoles, catalysera l’évolution du mix électrique vers la disparition des énergies fossiles. C’est inévitable : la haute densité humaine nécessite de grandes étendues de captation des flux renouvelables, un « bassin versant énergétique ».

Dans trente ans, Paris devrait compter 200 000 habitants de plus… Que prévoyez-vous pour réduire la facture énergétique de son parc bâti ?

R. M. : Les bâtiments résidentiels et tertiaires, responsables de 28 % des émissions carbonées, doivent impérativement être rénovés. Nous recommandons aussi d’intensifier le rythme des travaux pour les logements sociaux (5 500/an contre 4 500 actuellement) et les copropriétés privées (24 000/an, soit deux fois plus qu’aujourd’hui). À côté de cela, il faudra développer davantage l’habitat partagé et les espaces de travail collaboratifs. Enfin, nous croyons beaucoup aux matériaux de construction biosourcés, comme le bois, qui sont en mesure de piéger le carbone et aussi de limiter les émissions afférentes à l’acte de construire ou de rénover, tout en privilégiant des circuits courts d’approvisionnement, ainsi que les filières de réemploi.

Des efforts seront-ils demandés aux Parisiens eux-mêmes ?

R. M. : Oui, tout un pan de notre étude est consacré à la transformation des modes

de vie et de consommation des citadins, à commencer par l’alimentation qui est responsable d’un cinquième des rejets carbonés. Pour fournir 100 g de viande au consommateur, il faut en effet émettre environ 2,5 kgCO2eq (contre seulement 0,4 kgCO2eq pour 100 g de légumes). L’alimentation sera donc moins carnée, avec des « journées sans viande » dans la restauration collective. L’agriculture urbaine privilégiera les circuits courts de distribution, au sein même des quartiers, et le volume de déchets ménagers sera divisé par deux (de 500 à 220 kg par habitant et par an), avec une promotion de l’économie circulaire, pour bannir le gaspillage…

Toutes ces mesures de réduction suffiront-elles ?

R. M. : Non, car il existe un reliquat incompressible, estimé à 20 % des émissions actuelles de CO2. Pour les compenser et atteindre la neutralité, Paris devra séquestrer une partie du carbone hors de son territoire, en plantant des forêts et des espaces boisés sur plus de 9 000 km², soit presque la superficie de l’Ile-de-France. Nous voyons que cet enjeu de neutralité carbone pose des questions fondamentales en termes d’équilibre entre territoires. Nous avons maintenant pour ambition de participer avec passion à la construction de la feuille de route nationale de la neutralité carbone pour la France ! n

Pour en savoir plus : paris2050.elioth.com

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Paris, comme d’autres métropoles, catalysera l’évolution du mix électrique vers la disparition des énergies fossiles.

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ENTRETIEN AVEC CÉLIA BLAUEL, adjointe à la Maire de Paris en charge de l’Environnement, du Développement durable, de l’Eau et du Plan climat-énergie.

La Ville de Paris est engagée dans la lutte contre le changement climatique depuis 2007, notamment au travers de son Plan climat. Quel bilan faites-vous après dix ans de mise en œuvre ?

Célia Blauel : Depuis plus de dix ans, Paris agit pour la transition énergétique et écologique. Avec l’adoption du Plan climat-énergie en 2007, la ville poursuit des objectifs forts : réduire de 25 % les émissions de gaz à effet de serre entre 2004 et 2020, et porter à 25 % la part des énergies renouvelables (EnR) et de récupération. Ce Plan climat a été actualisé en 2012 et complété par une stratégie d’adaptation au changement climatique en 2015. La capitale a d’ores et déjà réduit de 10 % ses émissions de gaz à effet de serre entre 2004 et 2014. C’est le résultat d’une politique volontariste : réduction de la place de la voiture en ville, rénovation énergétique des bâtiments, développement des énergies renouvelables ou encore mise en œuvre d’une politique d’alimentation durable. Autant d’actions qui réduisent l’empreinte écologique de notre territoire tout en améliorant la santé et la qualité de vie des habitants. Néanmoins, il reste encore

beaucoup à faire pour atteindre la neutralité carbone en 2050.

Quels enseignements tirez-vous de l’étude prospective « Paris change d’ère » ?C. B. : Cette étude prospective est l’une des premières pierres de l’élaboration du nouveau Plan climat de Paris. Elle a proposé un scénario et une trajectoire de réduction des émissions vers la neutralité carbone, ainsi qu’un ensemble de mesures à la fois novatrices et poussant notre réflexion au-delà de notre zone de confort. Je n’oublie pas, dans cette étude, le récit sociologique fictionnel, suivant l’évolution du quotidien de neuf familles vivant à Paris jusqu’en 2050. Ce récit nous a plongés dans le futur et aidés à imaginer les nouveaux modes de vie dans une ville neutre en carbone.

Quelle évolution à terme du mix énergétique de Paris pour aller vers le 0 % d’énergies fossiles ?C. B. : Le nouveau Plan climat-air-énergie territorial (PCAET) de Paris, présenté au Conseil de Paris fin 2017, traduira l’objectif

de neutralité carbone qui découle de l’Accord de Paris adopté lors de la COP21. Cela suppose de diviser par deux nos consommations d’énergie, pour permettre de nous approvisionner à 100 % par des énergies renouvelables. Il s’agira de valoriser toutes les ressources locales en ville (solaire, « déchets », récupération de la chaleur perdue) mais aussi de trouver de nouveaux outils de solidarité territoriale pour favoriser le développement gagnant-gagnant de filières EnR dans d’autres territoires, métropolitains et même plus lointains.

À l’ère du Grand Paris, quelles sont vos pistes pour améliorer le bilan carbone des transports et du bâtiment en Ile-de-France ? À l’échelle régionale, quelles sont les hypothèses concernant l’énergie et l’alimentation ?C. B. : Le transport et le bâtiment font partie des chantiers les plus importants des Plans climat, d’autant plus que les nouveaux Plans climat-air-énergie territoriaux (PCAET) comprennent une partie sur l’amélioration de la qualité de l’air. D’ici 2050, la révolution des transports devra passer par un développement fort des mobilités propres, partagées et actives. Cela doit bien sûr être fait à l’échelle métropolitaine et du bassin de vie. Sur le secteur du bâtiment, nous avons également des défis communs, tels que la rénovation énergétique des copropriétés. Concernant l’alimentation, nous visons une réduction de moitié de l’apport carné des repas et souhaitons que d’ici 2050 le régime flexitarien (semi-végétarisme) ou demitarien (divisant par deux l’apport carné) soit la norme. Enfin sur l’énergie, pour atteindre le 100 % EnR, il faudra développer la production d’énergies renouvelables et de récupération sur le territoire parisien mais également les autres ressources, là où elles sont en Île-de-France et au-delà (biomasse, éolien, etc.).

Comment les Parisiens seront-ils mis à contribution ?C. B. : En amont de l’écriture du nouveau Plan climat de Paris, nous avons mené une large concertation avec l’ensemble de la communauté parisienne (entreprises, chercheurs, associations…) en y associant également les Parisiens. Plus de 700 personnes ont participé à cette concertation et plus de 500 propositions sont venues enrichir notre réflexion. Dans le prochain PCAET, il est prévu de nouveaux outils de participation à la mise en œuvre du Plan climat, afin de partager, faire vivre et enrichir cette transition.

Quelles sont vos idées et projets concernant le financement de cette transition écologique ?C. B. : La lutte contre le dérèglement climatique ne coûte pas plus cher et sera même une opportunité en termes économiques. Elle nécessitera forcément une réorientation importante des investissements vers la transition écologique et énergétique. C’est pourquoi nous avons prévu de créer et soutenir de nouveaux outils de finance verte. À titre d’exemple, le « Fonds vert » lancé récemment par la Ville et qui permet à des entreprises privées d’investir dans des projets favorables à la transition écologique.

Le point de vue de la Mairie de Paris

Paris agit pour la transition énergétique et écologique depuis plus de dix ans. Grâce à une politique volontariste, nous avons déjà réduit de 10 % les émissions de gaz à effet de serre dans la capitale entre 2004 et 2014.

Cette étude prospective est l’une des premières pierres de l’élaboration du nouveau Plan climat de Paris. Elle a proposé un scénario et une trajectoire de réduction des émissions vers la neutralité carbone, ainsi qu’un ensemble de mesures à la fois novatrices et poussant notre réflexion au-delà de notre zone de confort.

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Ce dispositif est une véritable alternative au site propre permanent.

ANNE MARSOT, chef de projet Mobilité

Pour un partage intelligent des couloirs de bus

Et si les voies de circulation n’étaient réservées aux bus qu’à leur passage ? C’est tout l’objet de l’expérimentation menée à Lyon, avenue Lacassagne. Une approche innovante du partage de la voirie !

Lyon, 3e arrondissement, avenue Lacassagne. Pendant trois mois au début de cette année 2017, un couloir d’autobus éphémère a fait l’objet d’une expérimentation

par la Métropole de Lyon et les équipes d’Egis, sur environ 600 mètres. Le principe est simple : lorsqu’un bus s’engage dans la voie, il déclenche un système lumineux (panneaux en amont et leds rouges au sol) qui indique à l’automobiliste quand la voie de droite est dédiée au bus et quand elle peut être empruntée par les autres véhicules en circulation. Dans ce contexte expérimental, l’ensemble des usagers ont bien sûr été informés du projet et de la démarche à suivre sur la zone d’expérimentation.« Egis a accompagné la Métropole de Lyon pendant toute la durée de l’expérimentation, depuis le choix du site jusqu’à son évaluation, en passant par la vérification du bon fonctionnement des systèmes, explique Anne Marsot, chef de projet Mobilité à Egis. L’intermittence du couloir de bus permet de limiter dans le temps l’emprise de la voie pour les transports en commun et ainsi de ne pas réduire définitivement la capacité de la voie pour les autres usagers. Le trafic peut donc continuer à s’écouler, l’image et l’efficacité du transport en commun est valorisée et les automobilistes l’acceptent plus facilement. »

MOBILITÉS

3 questions à…YVES COHEN directeur Business Innovation du domaine Mobilités

Le domaine Mobilités avait déjà eu des projets emblématiques de gestion de la route avec la voie réversible du pont de Saint-Nazaire ou l’utilisation de la bande d’arrêt d’urgence lors de fortes congestions à Grenoble ou à Paris. Pourquoi cette approche de gestion dynamique de la voirie en milieu urbain ? Y. C. : Les infrastructures en ville ne sont pas extensibles et doivent donc être optimisées. En effet, les besoins s’intensifient et se diversifient et les congestions urbaines deviennent de plus en plus fréquentes et importantes.

Quelles réponses ont été apportées jusqu’à présent ? Y. C. : L’approche de l’espace public a essentiellement été basée sur l’ajout ou la modification d’espaces dédiés au fur et à mesure de l’émergence d’usages. Cela a toujours été une logique d’aménagement « en lanière » dédiée : un site pour chacun. Mais cette approche exclut certains usages et fige cet espace non extensible pour de longues années, sans tenir compte des usages futurs. C’est ce que l’on observe dans certaines grandes villes où il y a une restriction de plus en plus forte des voies pour la voiture. Nous souhaitons seulement optimiser l’usage des voiries urbaines.

Quelle est la vision d’Egis sur ce sujet ? Y. C. : Nous proposons d’habiller les surfaces urbaines, libérées des « brides » physiques usuelles, d’équipements dynamiques qui cadreront les usages de l’espace dans le temps. L’usager peut alors se projeter et s’approprier ce nouvel espace et l’exploitant gère son territoire au gré des besoins. Le partage de l’espace en fonction du temps et des priorités devient en fait une véritable approche systémique de la voirie.

Le dispositif se décompose en plusieurs temps ➜➜ Phase 1 : Lorsqu’aucun bus n’est détecté, l’automobiliste est libre de circuler et d’utiliser les deux voies.

➜➜ Phase 2 : En amont du dispositif, lorsqu’un bus est à l’approche, il est détecté grâce au modem radio dont il est équipé. Le premier panneau lumineux indique aux usagers de se rabattre sur la voie de gauche. Simultanément, les plots lumineux au sol (leds) clignotent pour renforcer la signalisation verticale.

➜➜ Phase 3 : Lorsque la voie a été libérée par les automobilistes, le second panneau dynamique s’allume et indique aux usagers le caractère réservé de la voie. Celle-ci se transforme en site propre et n’est accessible qu’aux bus. Comme pour la phase précédente, la signalisation horizontale (leds) se couple au panneau dynamique.

➜➜ Phase 4 : Lorsque le bus franchit le carrefour, le système lumineux de la première section s’éteint. Les deux voies sont à nouveau ouvertes à la circulation générale.

En optimisant ainsi l’espace, ce couloir bus dynamique pourrait révolutionner l’approche urbaine des sites propres, qui est fréquemment une source de conflit entre automobilistes et transport en commun. Par ailleurs, son caractère de réplicabilité favoriserait une optimisation des infrastructures de transport pour limiter la congestion en milieu urbain sur d’autres sites. Et si cette approche innovante était mise en œuvre dans la capitale à l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques en 2024 ? n

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L’appropriation des solutions et des techniques les plus élaborées en matière de transport

ferroviaire est un enjeu clé du projet de ligne à grande vitesse au Maroc.

MUSTAPHA KHAJIJ, directeur du projet

FOCUS SUR LA LGV MAROC

À l’été 2018, le premier TGV du continent africain roulera au Maroc. Chantier de tous les superlatifs, mêlant de nombreuses spécialités, depuis le montage financier et les études de conception jusqu’aux premiers essais dynamiques, la ligne Tanger-Kénitra est le premier maillon du projet de ligne à grande vitesse (LGV) visant à métamorphoser totalement le paysage ferroviaire marocain d’ici 2030…

Dans un an, les voyageurs pourront relier Tanger (au nord du pays) à Kénitra (quelque 200 km plus au sud) en seulement 45 minutes, au lieu de 2 heures actuellement.

Cette « contraction de la carte » ne sera pas un mirage, mais bien l’aboutissement de dix années de travail collaboratif entre l’Office national des chemins de fer (ONCF) marocain, qui en assume la maîtrise d’ouvrage et Egis, le maître d’œuvre, associé au bureau d’études marocain Novec.

Lancés en septembre 2011 par Sa Majesté Lle Roi Mohammed VI, les travaux de la LGV marocaine auront duré plusieurs années, suffisamment longtemps pour donner vie à une nouvelle génération d’infrastructures sur le territoire. « L’innovation technique a été le dénominateur commun à toutes les phases d’avancement des travaux de la LGV au Maroc, affirme Mustapha Khajij, directeur du projet à Egis. Les valeurs ajoutées combinées des ingénieries française et marocaine, engagées dans ce chantier hors normes, sont considérables. Egis assure la maîtrise d’œuvre génie civil (études et supervision de travaux) de cette LGV sur le lot nord de la portion Tanger-Kénitra. »

La LGV, facteur de développement économique

Inédite sur tout le continent africain, cette première ligne « atlantique » à grande vitesse est dédiée au trafic voyageurs et se raccordera au réseau classique existant à Kénitra pour desservir Rabat et Casablanca. Ce programme de LGV ne se définit pas uni-quement par son infrastructure, mais aussi par le développement stratégique auquel il contribue. « La LGV doit être perçue comme un outil au service du projet de développement

de toute la région. Elle va avoir un impact sur la croissance économique, mais aussi sur la démographie, l’urbanisme, l’aménagement et l’image du terri toire qui l’accueille », indique Mohamed Rabie Khlie, directeur général de l’ONCF.Avec des trafics attendus de 6 millions de voyageurs, la ligne sera exploitée à 320 km/h et mettra respectivement Rabat et Casablanca à 1 h 20 et 2 h 10 de Tanger (contre 3 h 45 et 4 h 45 actuellement).

Une collaboration franco-marocaine

Le projet de la grande vitesse au Maroc met en œuvre des solutions et techniques très élaborées en matière de transport ferroviaire. Avec la grande vitesse, le Maroc et l’ONCF ont ainsi une formidable opportunité de faire un bond en avant dans le ferroviaire et dans la maîtrise des grands projets, en bénéficiant notamment de toute l’expérience française en ce domaine. Les ingénieurs et techniciens marocains mobilisés sur ce chantier ont ainsi pu acquérir de nouvelles compétences et s’aviser des exigences et normes techniques très élevées de la grande vitesse.Cette expérience marocaine, qui favorise pleinement le développement d’une expertise nationale, pourrait à terme être partagée et

redéployée à l’international, notamment en Afrique dans le cadre de la nouvelle politique de coopération Sud-Sud.

De nombreux défis à relever

À l’important programme d’infrastructures du projet s’ajoute la complexité d’un tracé qui sillonne une zone aux caractéristiques naturelles extrêmement contraignantes (nature des sols, risques sismiques et climatiques, zones inondables et venteuses, cours d’eau à franchir, zones protégées à contourner…).« L’ingénierie a dû composer avec l’ensemble de ces contraintes, tout en tenant compte des exigences techniques inhérentes au concept de ligne à grande vitesse, qui ne laissent aucune place aux approximations, poursuit Mustapha Khajij. Pour mener à bien ce chantier, les travaux ont été segmentés en lots distincts de terrassement, pour préparer la plateforme de la LGV. Une série de grands ouvrages a été construite pour franchir les obstacles, parmi lesquels des viaducs, ponts-routes et ponts-rails. En plus des travaux de génie civil, le chantier englobe les opérations de pose de la voie (ballast, rails, caténaire…), également confiées à Egis, ainsi que la mise en place des systèmes de télécommunications et signalisation. » n

La LGV Tanger-Kénitra un modèle marocain de la grande vitesse

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LE PROJET EN CHIFFRES

4➜186 km : c’est la longueur

de la nouvelle ligne à grande

vitesse entre Tanger et Kénitra

4➜320 km/h : c’est la vitesse

d’exploitation commerciale

4➜20 milliards de dirhams

(1,8 milliard d’euros) :

c’est le coût global du projet

4➜2 300 emplois créés

pendant la phase d’exploitation

de la LGV Maroc

4➜72 % de Marocains

sur les 360 ingénieurs et experts

mobilisés

4➜67 millions de mètres cubes

de remblais et de déblais

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Les plus longs viaducs ferroviaires pour défier la natureÀ l’épreuve des séismes et des vents violents, quatre ouvrages d’exception, parmi les plus longs du continent africain, jalonnent la LGV marocaine. Comme une ode à l’ingéniosité de leurs concepteurs, ces « titans » de béton et d’acier franchissent fleuves, marais, voies ferrées, routes… parfois sur des kilomètres, avec toute la majesté des ouvrages aériens.

Dans le Nord-Ouest marocain, l’Office national des chemins de fer marocain (ONCF) a confié au groupement Egis/Novec* le tronçon nord (80 km) de la LGV

Tanger - Kénitra sur près de 200 km. Comme tout projet d’infrastructure, la LGV marocaine doit composer avec les contraintes naturelles. Elles sont ici multiples et lourdes : des zones marécageuses, très fréquentes dans la région, des vents violents (supérieurs à 100 km/h), des sols de nature très instable, et de nombreux oueds (cours d’eau) à franchir.« Les très mauvaises caractéristiques de sols de certaines vallées ne permettaient pas la mise en place de remblais classiques, qui se seraient affaissés sous leur propre poids, explique Rémi Deluzarche, chef de projet Géotechnique à Egis. Il a donc fallu créer des viaducs grande longueur, s’appuyant sur des fondations très profondes à travers les couches d’argiles, de vases et de sables liquéfiables. »

C’est ainsi qu’Egis, maître d’œuvre, a assuré la conception du tracé de la ligne mais aussi des grands ouvrages et infrastructures ferroviaires entre Tanger et Larrache, dont il a aussi supervisé les travaux. Trois paramètres essentiels ont présidé à la conception : la sécurité, le respect des sites naturels, la qualité technique et architecturale des ouvrages.

De nombreuses contraintes à intégrer

Au-delà des problématiques de stabilité et de franchissement, les ouvrages d’art doivent pouvoir répondre à des critères ferroviaires très restrictifs en matière de déplacement et de vibration, lors du passage des trains. Ces derniers sont en effet dimensionnés pour circuler à 350 km/h.

Le risque sismique est également une problématique majeure. Les viaducs doivent résister à des séismes de références semblables au séisme de Lisbonne de 1755, qui avait dévasté le Nord marocain.« Le défi majeur lors de la conception des viaducs a été de trouver le compromis optimal entre souplesse et rigidité, précise Mohamed Chaabouni, responsable du bureau d’étude Ouvrages d’art d’Egis. En effet, les viaducs doivent être suffisamment rigides aux passages des TGV pour assurer le confort des usagers mais aussi suffisamment souples pour dissiper l’énergie causée par un éventuel séisme, sans endommager la structure ni interrompre le fonctionnement de la ligne. »Ces spécificités ont conduit les équipes spécialisées d’Egis à doter les viaducs de fondations profondes importantes et solidement ancrées dans le sol (20 à 70 m de profondeur). De plus, des dispositifs parasismiques spéciaux tels que des ressorts amortisseurs précontraints et des appareils

d’appui spéciaux antisoulèvement ont été prévus sur les ouvrages les plus sollicités. « Ces dispositifs, dissipateurs d’énergie, fixés entre le tablier et les piles, améliorent le comportement de l’ouvrage lors des tremblements de terre et évitent son basculement. La mise en œuvre de ces dispositifs spécifiques sur un linéaire de si

grande ampleur est une première pour une ligne à grande vitesse ! » concluent Jimmy Jacquot et Jean-Charles Czajkowski, ingénieurs ouvrages d’art à Egis. n

* Novec : société d’ingénierie du Groupe Caisse de Dépôt et de Gestion du Maroc (CDG)

Des enjeux géotechniques de taille !

➜ La présence de grandes zones compressibles (16 km) avec des sols très mous sur près de 40 m de profondeur

➜ Une topographie très vallonnée, occasionnant des volumes de terrassements hors norme (23 millions de mètres cubes de déblai, 15 millions de mètres cubes de remblai), et des ouvrages en terre titanesques (déblai de 70 m, remblai de 35 m)

➜ La prépondérance d’une formation géologique (pélites) nécessitant d’adopter des pentes de talus très douces

➜ Le contexte fortement sismique

Les équipes Géotechnique d’Egis ont apporté leur expertise tout au long du projet. Elles ont d’abord assuré le pilotage d’une campagne de reconnaissance comportant plus de 1 500 sondages. Puis elles ont conçu les fondations d’environ 150 ouvrages d’art de tous types, optimisé le mouvement des terres, défini la stratégie de transport et de réutilisation des matériaux, validé les études géotechniques d’exécution.

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MOHAMED CHAABOUNI, responsable du bureau d’étude Ouvrages d’art

La technique de protection sismique par organes extérieurs a été au cœur de la conception des grands ouvrages.

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RÉMI DELUZARCHE, chef de projet Géotechnique

Le tronçon nord de la ligne a été un véritable challenge pour un géotechnicien !

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JIMMY JACQUOT ET JEAN-CHARLES CZAJKOWSKI ingénieurs ouvrages d’art

La conception des 181 amortisseurs du viaduc El Hachef a présenté un défi technique majeur face aux contraintes sismiques et ferroviaires.©

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FOCUS SUR LA LGV MAROC

Le viaduc de Loukkos

Situé au nord du pays, aux environs de Larache, le viaduc de Loukkos est le deuxième plus grand ouvrage de la ligne atlantique marocaine. Comme sur le viaduc d’El Hachef, des dispositifs techniques très sophistiqués ont été mis en œuvre sur cet ouvrage pour pallier les risques sismiques et lui assurer à la fois rigidité et souplesse. Il se compose d’une ossature mixte acier-béton et ses fondations atteignent 67 m de profondeur.

Le viaduc de Mharhar

Le viaduc de Mharhar est le troisième pont mixte acier-béton de la ligne Tanger-Kénitra, présentant une travée principale de 56,5 m et portant deux voies ferroviaires. Situé dans une zone sismiquement plus favorable, cet ouvrage de franchissement n’est pas muni de dispositifs amortisseurs mais de butées sismiques plus classiques.

Le viaduc de Lahlou

Ce viaduc est composé d’un seul tablier en béton précontraint, qui a été posé par tronçons successifs, poussé par de puissants vérins. Cette technique a permis le franchissement d’une voie ferrée existante et de l’oued Lahlou. Là encore, le poids du tablier (12 000 tonnes !), la hauteur des appuis, le contexte géotechnique et la prise en compte des séismes ont imposé la mise en place de ressorts amortisseurs précontraints.

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Le viaduc d’El Hachef, le plus long d’Afrique !

Situé à 30 km de Tanger, vers Assilah, ce pont est composé d’une charpente métallique qui a été lancée depuis les deux rives du fleuve pour se poser sur ses 64 appuis (piles et culées) en béton armé.« D’un point de vue conceptuel, l’ouvrage a été subdivisé en 11 ouvrages d’art particuliers, car pour ce type d’ouvrage, il est nécessaire de mettre en place, à intervalles réguliers, des appareils de dilatation entre les travées, qui se trouvent directement sur des appuis, et les tronçons de tablier », explique Jean-Marc Tanis, expert international en ouvrages d’art à Egis.

Projets phare

3,5 km

2,3 km

650 m

400 m

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Pour les ingénieurs d’Egis, le sujet du bois est une occasion inédite de questionner et de repenser fonda-mentalement l’acte de construire. La disponibilité de la ressource,

globalement et pour les différentes essences, est variable selon la région. Le bois questionne l’ingénieur sur la mesure naturelle de sa conception, le respect de l’environnement et l’économie locale. « La construction bois béné-ficie aujourd’hui de deux appuis majeurs qui contribuent à relancer ce secteur, touché par une activité réduite au début des années 2010 : la mise en œuvre du Plan bois, intégré dans le Plan Nouvelle France Industrielle, et la prise de conscience grandissante des enjeux clima-tiques aux niveaux mondial et national. En effet, le bois, en tant que ressource renouvelable et piège à carbone, permet de répondre au défi de la transition énergétique et bas carbone avec un matériau largement disponible en France », souligne Eleonore Anheim, ingénieure Structure à Egis (région Grand-Est).

Un matériau aux multiples atouts

De façon avant-gardiste, Egis via son entité Elioth* lançait dès 2008 un programme interne de recherche visant à comparer les analyses de cycle de vie à même la fonction structurelle. En tension, en compression ou en flexion, qui de l’acier, du béton ou du bois est le plus performant écologiquement ? Évidemment, les conclusions ne sont pas univoques. Dans certaines situations, tel matériau peut être plus avantageux qu’un autre. « Chez Egis, nous croyons plus que jamais à un mix matériautique contextuel et adapté, mais nous nous accordons aussi à dire que le bois est, en lui-même, un formidable matériau de construction. Au-delà des thématiques actuelles de lutte contre le réchauffement climatique, dans lesquelles le bois excelle en agissant comme un puits de carbone, le bois est un matériau biosourcé qui présente un fort pouvoir thermique et des propriétés mécaniques intéressantes. Structure, façade, isolation, systèmes énergétiques, il peut être utilisé sous de nombreuses formes, tout en s’inscrivant pleinement dans la continuité des exigences contemporaines de sécurité, de confort et de durabilité. Le bois permet aussi de réduire les temps de chantier

(et donc les coûts !), grâce à une préfabrication en usine, mais aussi les moyens à mettre en œuvre sur site compte tenu de la légèreté du matériau. Construire en bois permet donc de réduire de façon drastique l’énergie grise des bâtiments », explique Gaëtan Hairault, ingénieur Structure bois à Egis.

Des projets bois récemment gagnés

Dans le cadre du concours « Réinventer la Seine », destiné à réhabiliter les berges du fleuve et de ses canaux, Egis est actuellement lauréat de deux projets mettant le bois à l’honneur : pour le premier, sur le site de la place Mazas à Paris, Egis a conçu avec ses partenaires un bâtiment en bois dont la programmation mixte propose des fonctions résidentielles, culturelles et productives. Quant au second projet, situé au pied du pont de Grenelle et à l’ombre de la Maison de la Radio, il prévoit des superstructures pour un pôle d’enseignement supérieur privé entièrement en bois. « La structure du pôle d’enseignement sera 100 % en structure bois et constituée de portiques en bois lamellé-collé perpendiculaires au plan de la façade, précise Benjamin Touraine, responsable du service structure d’Egis Concept. Les portiques se prolongent au-delà de la façade pour supporter les balcons. Intrinsèquement isolant, le bois permet de réaliser cette performance tout en respectant les normes thermiques. »

Vers une structuration de la filière bois

Les équipes d’Egis sont aussi largement investies dans la prospective, notamment

à travers la commission technique de l’AdivBois dont François Consigny, directeur général d’Egis Concept, est président. Cette association est chargée de mettre en œuvre le Plan bois à travers une série de concours lancés en février 2017, auxquels Egis a largement participé à travers la France, mais aussi de lever les obstacles réglementaires en travaillant notamment en lien avec le CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment).« L’Adivbois a démontré la faisabilité structurelle des immeubles bois jusqu’à 35 étages, soit environ 120 m de hauteur, par des études de cas auxquelles plusieurs filiales d’Egis ont participé, indique François Consigny. Les obstacles sont liés aux coûts élevés de la matière et à la sécurité incendie pour les immeubles de grande hauteur (plus de 50 m en habitation, plus de 28 m en bureaux). La réduction des coûts est possible à travers la structuration de la filière, qui engage tous les acteurs de la construction. » n

* Elioth : entité du Groupe Egis intervenant en maîtrise d'œuvre bas carbone et en R&D

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Le bois, source d’innovations techniques pour la construction Longtemps délaissé au profit de matériaux industriels issus de la pétrochimie, le bois fait aujourd’hui un retour en force sur les marchés de la construction et de la rénovation. Abondant et peu coûteux, performant thermiquement et structurellement, le bois fait figure de matériau d’avenir. Egis l’a depuis longtemps adopté dans ses projets d’ouvrages complexes.

Le bois, matériau biosourcé et renouvelable, ouvre la voie du progrès pour des bâtiments responsables.

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GAËTAN HAIRAULT, ingénieur Structure bois

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BENJAMIN TOURAINE, responsable du service structure d’Egis Concept

Le bois offre des potentialités formelles exceptionnelles et des délais de mise en œuvre très courts.

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ELEONORE ANHEIM, ingénieure Structure

Nous utilisons les modélisations paramétriques les plus avancées pour faire reculer les frontières de la performance structurelle.

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FRANÇOIS CONSIGNY, directeur général d’Egis Concept

Teamber, notre pôle technique bois, fédère les compétences métier autour du bois afin de proposer une approche globale de ce matériau de construction.

Tour bois Bordeaux Euratlantique : une tour dans le top 5 mondial des immeubles en bois de grande hauteur !

Ce concours avec Kaufman & Broad, Art & Build Architectes et Studio Bellecour, a été remporté par Egis en mars 2016. Pour mener à bien cette mission et garantir la faisabilité, les études de prédimensionnement ont été poussées au plus loin : une étude dynamique de la tour a été menée afin de contrôler les accélérations dans la tour sous charge de vent et assurer le confort des usagers.

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Essence de bois :4➜Mixte épicéa et pin

des Landes

Type d’assemblage :

4➜Assemblages par

broches et chapes

métalliques

Technologie :4➜Bois lamellé-collé,

lamellé-croisé (CLT)

et Panobloc®

Utilisation :4➜Ossature porteuse,

planchers, façade (avec

parement métallique)

Volume bois :4➜3 100 m3

Quantité de CO2 stockée :

4➜3 100 tonnes

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Nice

Rennes

Bordeaux

Paris / Nanterre

Porte Marguerite de Navarre, Paris

Pépite de bois et de verre au centre de Paris, cette porte abrite les voyageurs sortant du RER par le nouvel accès place Marguerite de Navarre, à Châtelet.

Wood Up, ZAC Paris Rive Gauche

Wood Up sera un des plus grands immeubles en structure bois de France (14 étages) qui affirme sa singularité et sa modernité à travers l’affichage du bois en façade et une pérennité dans le temps grâce à une technique d’encapsulage inédite.

Lycée Pierre Mendès France, Rennes

Ce bâtiment de 8 000 m² à énergie positive BEPOS (panneaux photovoltaïques) possède une ossature, une structure et un plancher entièrement en bois.

La Tour commune, ZAC Paris Rive Gauche

Cette résidence universitaire de 15 étages sur 6100 m2 s’impose comme une typologie architecturale de la ville, réinventée grâce au bois.

Palazzo Nice Méridia, Nice

Le défi de ce bâtiment ? Trouver l’harmonie dans l’utilisation des trois matériaux en structure : le métal pour l’exosquelette, le béton pour les noyaux et le bois pour la structure porteuse des bureaux.

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Campus Origine, Nanterre

Ce vaste campus de bureaux de 70 000 m² dispose d’une structure 50 % bois. Ce projet, qui permettra de stocker 10 000 tonnes de CO2, verra le jour au début des années 2020.

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Essence de bois :4➜Bois français

Type d’assemblage :

4➜Assemblages par broches

et chapes métalliques

Technologie :4➜Bois lamellé-collé,

lamellé-croisé (CLT)®

Utilisation :4➜Structure, planchers

Volume bois :4➜2 300 m3

Quantité de CO2 stockée :

4➜2 300 tonnes

Essence de bois :4➜Mélèze naturel

Technologie :4➜Structure mixte bois

et acier avec peinture

intumescente. Vitrage

sérigraphié en couverture

Surface de la toiture :

4➜320 m²

Portée maximale en bois :

4➜15 m

Volume de bois :4➜Environ 30 m3

Technologie :4➜Panneaux CLT (cages

d’escaliers et d’ascenseurs,

planchers, toiture-terrasse)

Technologie :4➜Bois lamellé-collé

(poteaux et poutres),

lamellé-croisé CLT

(planchers et murs

de contreventement)

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Pouvez-vous nous présenter, en quelques mots, Tàn, la solution que vous avez développée ?

Camille-Elsa : Tàn (« carbone », en chinois) est une application mobile qui permet à tous de réa-liser un bilan carbone ultrarapide et qui, grâce à des conseils, nous invite à changer de compor-tement pour diminuer nos émissions carbone.Félix : Cet outil calcule et compare l’empreinte carbone des citoyens. Grâce à lui, les entre-prises et les acteurs publics trouvent des relais opérationnels de leurs stratégies de neutralité carbone, et les fournisseurs de services « bas carbone » trouvent des débouchés.

Pourquoi avoir choisi ce thème de la neutralité carbone ?

Lysiane : La question du respect de la nature, du non-gaspillage et de l’autonomie alimentaire ont fait partie de mon éducation. Avec ma formation complémentaire en architecture post-carbone, j’ai d’autant plus pris conscience de l’impact de nos modes d’habiter, de construire, de consommer, de se déplacer… sur l’environnement, par l’analyse et la quantification des ressources nécessaires. Beaucoup pensent que les actions en réponse à la vaste problématique du changement climatique ne concernent pas leur échelle et leur façon de vivre, c’est faux !

Céline : Tout à fait d’accord. Nous avons tous individuellement un rôle à jouer dans cette transformation, à travers les décisions que nous prenons au quotidien. Cette plate-forme est une façon de faire passer ce message…Félix : C’est d’autant plus nécessaire que chaque année passée démontre notre incapacité à adapter notre civilisation aux exigences phy-siques imposées par les équilibres environne-mentaux de notre planète. Nous devons mettre le pied au plancher et actionner tous les leviers disponibles dès aujourd’hui, qu’ils soient éco-nomiques, technologiques ou sociaux. Il faut inventer de nouveaux moyens d’inciter à l’ac-tion, et Tàn est une proposition en ce sens.

Qu’est-ce qui vous a motivés dans ce « marathon des idées » ?

Félix : L’Idéathon m’a forcé à sortir du confort des réflexions personnelles autour d’une vague idée afin de la mettre en forme, de la proposer à une équipe puis de la questionner encore et encore pour essayer de trouver les réponses qui convaincraient un jury. L’exercice, même s’il est assez difficile, s’avère passionnant de bout en bout ! Céline : L’idée de départ de Félix, autour d’un outil d’aide à la neutralité carbone, nous inté-ressait beaucoup. Ensemble, nous avons imaginé un projet qui a du sens et qui nous parle. Nous avions donc envie de participer à son élaboration et de nous confronter à de nouveaux challenges.

Quels défis particuliers avez-vous dû relever ?

Camille-Elsa : Monter un business model, lorsqu’on vous a appris à dimensionner du béton armé et à faire des descentes de charges, voilà ce que j’appelle un vrai défi personnel !

Lysiane : Se confronter aux contraintes du réel est autrement plus difficile que de coucher une idée sur le papier : qui va financer ? Comment toucher un maximum d’utilisateurs ? Notre équipe n’était pas très à l’aise avec ces considé-rations commerciales et marketing, nous avons donc essayé d’apprendre et de nous concentrer en priorité sur le positionnement de Tàn.

Qu’avez-vous ressenti en remportant le concours ?

Camille-Elsa : De l’étonnement ! Même si nous nous sommes battus pour aboutir à la meil-leure proposition possible à la fin de l’Idéathon, en voyant la grande qualité des idées concur-rentes, nous avons été très surpris à l’annonce des résultats… Céline : …mais nous sommes aussi très fiers de voir nos efforts récompensés. C’est un bel encouragement pour l’avenir !Félix : Je crois que l’on peut dire que nous sommes tous très heureux de pouvoir conti-nuer à faire grandir ce projet et peut-être par-venir à le transformer en un produit, avec des utilisateurs bien réels.

Vous y travaillez déjà ?

Lysiane : Oui, nous disposons d’un budget et de trois mois de travail à partir de septembre pour construire le modèle d’affaires de Tàn, développer un prototype, commencer à trou-ver des partenaires et des financements. Les choses sérieuses ont commencé !

Que signifie, pour vous, être innovant ?

Camille-Elsa : « Thinking outside the box », explorer, exploiter et combiner une palette large de solutions, quitte à les trouver en dehors de nos champs d’expertise : psychologie, politique, technologie…Lysiane : Proposer des solutions à des pro-blèmes complexes qui structurent réellement le fonctionnement de notre société, loin d’une certaine tendance actuelle à l’innovation « cosmétique », consacrée à des sujets plus ou moins futiles.Félix : Être innovant signifie être capable de se poser les bonnes questions face à un problème, de les reformuler et de les croiser pour mieux y répondre, en acceptant la remise en cause de nos a priori.

Céline : L’innovation ne doit pas devenir un objectif en soi mais plutôt une posture d’esprit, qui pousse notre curiosité et notre imagination vers des solutions efficaces à des problèmes bien réels.

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RENCONTRE

CAMILLE-ELSA BERBINEAU, stagiaire pour le comité technique structure©

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Les « marathoniens » de l’innovation

Ils sont quatre : Lysiane, Camille-Elsa, Céline et Félix. Ensemble, ils ont remporté le premier prix de l’Idéathon, un concours interne organisé par Egis au début de l’été pour stimuler la créativité de ses collaborateurs. Rencontre avec ces « créateurs du futur », réunis autour d’un même projet : développer une plate-forme d’accompagnement à la neutralité carbone.

FÉLIX POUCHAIN, ingénieur modélisation énergie-carbone ©

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LYSIANE KAISER, architecte spécialisée en architecture post-carbone©

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CÉLINE CANDELOT, conseillère formation ©

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