Parachat Noa'h 5782 ב״פשת חנ תשרפ

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Dans le chapitre 11, la torah dit : ים׃ִ דָ חֲ ים, אִ רָ בְ ת, ודָ חֶ ה אָ פָ ץ, שֶ רָ ה- לָ י כִ הְ יַ א/ ו1/ Toute la terre était d'un seul langage et des paroles uniques. ר,ָ עְ נִ ץ שֶ רֶ אְ ה בָ עְ קִ או בְ צְ מִ יַ ם; וֶ דֶ קִ ם מָ עְ סָ נְ י, בִ הְ יַ ב/ ו ם׃ָ בו שְ שֵ יַ ו2/ Ce fut lorsqu'ils voyagèrent depuis l'est, et ils trouvèrent une vallée dans la terre de Chinar et ils s'installèrent là-bas. ה,ָ פְ רְ שִ נְ ים, וִ נֵ בְ ה לָ נְ בְ לִ ה נָ בָ הו, הֵ עֵ ר- לֶ יש אִ רו אְ אמֹ יַ ג/ ו םֶ הָ ה לָ יָ ר, הָ מֵ חַ הְ ן, וֶ בְ ה, לָ נֵ בְ לַ ם הֶ הָ י לִ הְ תַ ה; וָ פֵ רְ שִ ל ר׃ֶ מֹ חַ ל3/ Ils dirent l'un à l'autre : « Venez, fabriquons des briques et faisons-les cuire dans un four. » Et la brique fut pour eux de la pierre et le bitume était pour eux du mortier. ם,ִ יַ מָ ׁ שַ אשו בֹ רְ ל וָ דְ גִ יר, ומִ נו עָ ל-הֶ נְ בִ ה נָ בָ רו הְ אמֹ יַ ד/ ו ץ׃ֶ רָ ה- לָ י כֵ נְ פ- לַ פוץ, עָ נ- ןֶ ם: פֵ נו, שָ ל- הֶ שֲ עַ נְ ו4/ Ils dirent : « Venez, construisons pour nous une ville et une tour et son sommet sera dans le ciel et faisons pour nous un nom, de peur que nous soyons dispersés sur la sur surface de toute la terre. La paracha de Noa'h raconte comment, 1656 ans après la création du monde, l'homme s'est perverti et s'est adonné à la faute, au point d'amener sur lui la destruction complète par le maboul (déluge). Ainsi, Noa'h, seul juste de sa génération, ne méritant pas de subir un tel sort, se voit chargé par Hachem de construire une arche destinée à l'abriter lui et sa famille, ainsi qu'un couple de chaque espèce animale peuplant la Terre. Après le déferlement des eaux aboutissant à la destruction de toute vie sur Terre, Hachem ordonne à Noa'h de sortir de l'arche et de repeupler la Terre. Cependant, par la suite, les hommes se rebellent de nouveau contre le maître du monde en se réunissant afin d'ériger la fameuse tour de Babel. Au terme de cet épisode, Hakadosh Baroukh Hou confond tous les langages et éparpille les hommes. Résumé de la Paracha בס״דPour la Réfoua Chéléma de David ben Messaouda, Rav Moshé ben Raziel, Chimone ben Messaouda V e r s e t s D e l a P a r a c h a V e r s e t s D e l a P a r a c h a Pour l'élévaton de l'âme de Yitshak Ben Chimone, Yéhouda Ben David, Chimone Ben Yitshak, Aaron Ben Chimone, 'Haïm ben David, David Ben yaakov, Yéhia ben Yaakov, Messaouda bat Guemra, et 'Hanna Bat Ester 1 Parachat Noa'h 5782 פרשת נח תשפ״בy יPour le zivoug de Sarah bat Avraham , Azriel ben Sarah et David ben Julie, Jenny Bat Étile

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Dans le chapitre 11, la torah dit :

א/ ויהי כל-הרץ, שפה אחת, ודברים, אחדים׃1/ Toute la terre était d'un seul langage et des paroles uniques.

ב/ ויהי, בנסעם מקדם; וימצאו בקעה בארץ שנער,וישבו שם׃

2/ Ce fut lorsqu'ils voyagèrent depuis l'est, etils trouvèrent une vallée dans la terre de Chinar et ils s'installèrent là-bas.

ג/ ויאמרו איש אל-רעהו, הבה נלבנה לבנים, ונשרפה, לשרפה; ותהי להם הלבנה, לבן, והחמר, היה להם

לחמר׃3/ Ils dirent l'un à l'autre : « Venez, fabriquons des briques et faisons-les cuire dans un four. » Et la brique fut pour eux de la pierre et le bitume était pour eux du mortier.

מים, ד/ ויאמרו הבה נבנה-לנו עיר, ומגדל וראשו בשונעשה-לנו, שם: פן-נפוץ, על-פני כל-הרץ׃

4/ Ils dirent : « Venez, construisons pournous une ville et une tour et son sommet seradans le ciel et faisons pour nous un nom, depeur que nous soyons dispersés sur la sursurface de toute la terre.

La paracha de Noa'h racontecomment, 1656 ans après lacréation du monde, l'homme s'est

perverti et s'est adonné à la faute, aupoint d'amener sur lui la destructioncomplète par le maboul (déluge). Ainsi,Noa'h, seul juste de sa génération, neméritant pas de subir un tel sort, se voitchargé par Hachem de construire unearche destinée à l'abriter lui et sa famille,ainsi qu'un couple de chaque espèceanimale peuplant la Terre. Après ledéferlement des eaux aboutissant à ladestruction de toute vie sur Terre,Hachem ordonne à Noa'h de sortir del'arche et de repeupler la Terre.Cependant, par la suite, les hommes serebellent de nouveau contre le maître dumonde en se réunissant afin d'ériger lafameuse tour de Babel. Au terme de cetépisode, Hakadosh Baroukh Houconfond tous les langages et éparpille leshommes.

Résumé de la Paracha

בס״ד

Pour la Réfoua Chéléma deDavid ben Messaouda, RavMoshé ben Raziel, Chimone

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Pour l'élévaton de l'âme deYitshak Ben Chimone,Yéhouda Ben David,

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Parachat Noa'h 5782 ⎮ פרשת נח תשפ״ב

Pour le zivoug de Sarah batAvraham , Azriel ben Sarah et

David ben Julie, Jenny BatÉtile

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Sur le premier verset, Rachi apporte les troiscommentaires suivants : « Et des parolesidentiques : Ils sont tous venus avec un mêmedessein et ils ont dit : '' Dieu n’avait pas ledroit de s’attribuer de manière exclusive lemonde supérieur ! Montons au ciel et faisons-lui la guerre ! '' Autre explication del’expression '' des paroles identiques '' : desparoles s’adressant à l’Unique (è’had). Autreexplication de l’expression '' des parolesidentiques '' : Ils ont dit : '' Le monde subit uncataclysme, comme cela a été le cas lors dudéluge, une fois (è’had) tous les mille six centcinquante-six ans. Nous allons donc nousconstruire des remparts pour soutenir lefirmament ! '' »

La passage de la construction de la tour deBabel est résumé, dans l'imaginaire collectif,comme une rébellion organisée par dessimplets, se pensants capables de se tournercontre le Maître du monde. Seulement, ils'agirait là d'oublier un détail important : ceshommes sont des contemporains de Noa'h, ilsconnaissent le sort appliqué à la générationprécédente. En d'autres termes, ils n'agissent

pas par bêtise ni par naïveté et sont parfaitementconsc ien t s de ce qu ' i l s en t reprennent .L'interrogation est alors de mise quant à savoir lesmotivations de ces hommes. Que visent-ils ?

Une notion intéressante ressort des propos duZohar (Béréchit, page 31b) concernant lapremière lumière de la création nommée OrHaganouz, la lumière cachée (voir dvar torahBéréchit 5780 pour plus de détails sur le sujet).Cette dernière est connue pour sa saintetéparticulière correspondant exclusivement àl'application du bien. Son retrait du monde estainsi justifié par l'existence du mal comme le notele Zohar : « '' Dieu dit : que la lumière soit! Et lalumière fut '' (Béréchit, chapitre 1, verset 3) Ils'agit de la lumière qu'Hakadoch Baroukh Hou acréé au début, celle de l'oeil. Celle-là même qu'Ila montré à Adam Harichone lui permettant devoir d'un bout à l'autre du monde. Elle aégalement était présentée à David qui l'a louée(Téhilim, chapitre 31, verset 20) : '' Ah! qu’elle estgrande ta bonté, que tu caches pour ceux qui tecraignent ''. Cette lumière a également étéprésentée à Moshé et lui a permis de contemplerdepuis le Gil'ad jusqu'à Dan. Lorsqu'Hachem a vu

(à la création) que se lèveraient trois générationsde mécréants - à savoir celle d'Énoch, du délugeet de la tour de Babel – Il a décidé de la cacherafin qu'ils ne puissent s'en servir. Il l'a alorsofferte à Moshé durant les trois mois qui luirestaient de la grossesse de sa mère, comme il estdit (Chémot, chapitre 2, verset 2) : '' Elle le cachatrois mois ''. Après trois mois, il est entré devantPharaon et alors Hachem la lui a retirée jusqu'àse qu'il se tienne sur le Mont Sinaï pour y recevoirla Torah... »

En effet, Rachi (Chémot, chapitre 2, verset 3)souligne : « Les Egyptiens comptaient les joursdepuis son remariage (de la mère à Moshé). Or,elle a accouché à six mois et un jour » etprécisément, au moment de sa naissance, le maîtreindique (Chémot, chapitre 2, verset 2) : « Lamaison tout entière, à sa naissance, s’est empliede lumière » . L e Maharal s'appuie sur unenseignement de la guémara (Niddah, page 30b)pour justifier cette lumière au moment de lanaissance du plus grand homme de l'histoire :« Une bougie brûle au dessus de la tête du fœtus(durant la gestation) et lui permet de voir d'unbout à l'autre du monde ». En mettant cela enrapport avec les propos du Zohar sus-mentionnés,le maître explique qu'en compensation des troismois où il n'a pas pu en bénéficier carprématuré, Moshé reçoit le complémentaprès sa naissance.

Une question ressort de cette réflexion :pourquoi cela est-il vrai pour Moshé et paspour les autres naissances prématurées ? Ilsemble évident que Moshé bénéficie de cettelueur de sainteté dans un but précis. Lequel ?Un autre point attire notre attention.Pourquoi est-ce don sur ces trois générationsqu'Hachem porte son regard et non surd'autres qui par la suite vont fauter ? S'ils'agissait d'expliquer que les fauteurs étaientresponsables du retrait de la lumière divine,alors il n'aurait pas été nécessaire de préciserles trois époques mentionnées. Leurprésence ne peut donc pas être anodine.

À l'évidence, un lien existe entre Moshé etces trois générations. Il nous faut revenir surles évènements en question pour mieuxsaisir. La Torah est très discrète concernantla génération d'Énoch, le petit-fils d'Adam

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Harichone : un seul verset traite de son histoire(Béréchit, chapitre 4, verset 26) :

ולשת גם-הוא ילד-בן, ויקרא את-שמו אנוש; ז הוחל,לקרא בשם יהוה

A Chet, lui aussi, il naquit un fils; il lui donnapour nom Énoch. Alors on commençad'invoquer le nom d'Hachem.

Rachi commente la faute en question : « Alorson commença d’invoquer le nom deHachem : Le mot '' הוחל - hou‘hal '' (« oncommença ») est à rapprocher de ‘houlin(« profanation »). On donnait aux hommes etaux plantes des noms du Saint béni soit-Il, enleur rendant un culte idolâtre et en lesdésignant comme des dieux. »

L e Rambam enseigne qu'à cette époque tousles hommes avaient la connaissance de Dieu.Seulement, voulant s’assurer de voir toutesleurs requêtes exaucées, ils ont commencé às'intéresser aux émissaires qu'Hachem a créépour gérer le monde, à savoir les anges. Le roiétant inaccessible, il valait la peine de

s'adresser à ses représentants. C'est ainsi que leshommes ont commencé à accorder de l'importanceaux anges et à les vénérer au point de finir paroublier le seul vrai Dieu. Nos sages décrivent leurpunition :(Sifri, Dévarim, chapitre 43, paragraphe19) « A cet instant, l'océan est monté et a inondéle tiers du monde. Hakadoch Baroukh Hou leur adit : '' Vous avez fait une nouvelle œuvre et l'avezappelé par mon nom, Moi aussi je fais un nouvelacte que j’appellerai par mon nom, comme il estdit (Amos, chapitre 5, verset 8) : qui appelle leseaux de la mer et les répand sur la surface du solHachem est son nom. '' ».

Pour aller plus loin, le Roch (sur le verset sus-mentionné) localise le début de leur erreur : « Lesgens de la génération sont venus questionnerÉnoch : '' comment se nomme ton père ? '' Il leura répond : '' Chet ''. '' Et ton grand-père ? '' Ilrépond alors : '' Adam ''. '' Et le père d'Adam ? '' Ilexplique alors : '' Il n'avait pas de père seulementHachem qui a créé un Golem, (corps sans âme) etlui a insufflé une âme de vie. '' Ils ajoutèrent :'' Comment a-t-il fait? '' Énoch alors alors saisi dela terre pour former un Golem, et un esprit négatifest entré en lui pour l'incarner. Immédiatement,ils ont dit : '' C'est notre Dieu '' »

D'après le Roch, c'est là le sens de la conclusiondu Sifri concernant l'oeuvre faite par l'homme et àlaquelle il a attribué le nom d'Hachem. Une idéeimportante ressort de cette folle démarche de lagénération d'Énoch : ils souhaitaient voir tous lesdésirs de leur corps comblés, sans avoir à passerpar la contrainte de servir Dieu. Il leur étaitpréférable de trouver des émissaires voués àassouvir tous leurs désirs pour bannir le Créateurde leur esprit.

Concernant la génération du déluge dont l'histoireest plus connue, les maîtres s'accordent pour direque le vol et la débauche sont les fautes les ayantconduit à la ruine. Là encore, le constat estidentique, les membres de cette générationn'étaient motivés que par leur profit personnel.Cela les conduit à ignorer Dieu comme le révèle lemidrach (Béréchit Rabba, chapitre 38, paragraphe6) : « Qu'est-ce que le Tout-Puissant, pour quenous le servions? Quel profit aurons-nous à luiadresser des prières?" (Iyov, chapitre 21, verset15) »

Venons en maintenant à la situation de lagénération de la tour de Babel. Le Rachi parlequel nous avons initié cette étude se conclu parl'idée de se prémunir contre de nouvellesreprésailles. Les hommes de cette époques'estiment capables de créer un rempart sisolide et élevé, que même les eaux du délugene pourraient l'atteindre. Une constructiondont l'ampleur vise en fait à remettre Dieu encause comme le maître le souligne « Montonset faisons la guerre ». À nouveau, leurdémarche vise à refouler la divinité entrouvant le moyen de poursuivre leur manièrede vivre en toute impunité. Là encore, lesmaîtres révèlent la façon dont les choses sesont déroulées . Le Yalkout Réouvéniexplique le verset « ונעשה-לנו, שם faisons-nous un nom » comme une référence à l'idéed'établir une divinité créée sur la base denoms secrets capables de lui conférer laparole. Cette entité les orienterait sur l'avenirafin de leur indiquer quoi faire. L’idole devaitêtre munie d'ailes afin de surplomber l'édificede la tour et les protéger de toutes attaques duciel.

Quelle a été la punition de cette génération.

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La Torah semble en faire un récit modéré :Dieu a confondu leur langage et les aéparpillés. Là encore, les sages détaillentd'avantages. D'après la lecture du texte, aucunmembre de cette entreprise n'a connu desentence concrète. Seulement, le midrach(Béréchit Rabba, chapitre 38, paragraphe 6)révèle : « Ceux de la génération du Mabouln'ont pas eu de rescapé, alors que ceux de lagénération de la tour de Babel en ont eu.Concernant l'époque du déluge, versée dans levol comme il est dit (Iyov, chapitre 24, verset2) : '' Il en est qui reculent les bornes, quiravissent des troupeaux et les conduisent aupâturage. '' Par contre, ceux-là (de la tour deBabel) s'aimaient les uns les autres comme ilest dit (Béréchit, chapitre 11, verset 1) :'' Toute la terre avait une même langue et desparoles semblables '' c'est pourquoi il est restédes survivants. »

Les mots sont clairs, le midrach parle desurvivants et signifie bien qu'il y a eu desmorts. Il n'y a alors rien de surprenant àconstater que la démarche de cette génération

ayant été identique à celle d'Énoch, Dieu lespunisse de la même façon, ainsi que l'enseigne leTalmud (Traité Chékalim, page 17a) : « Il est écrit(Yé'hézkiel, chapitre 47, verset 8) :

ויאמר אלי, המים האלה יוצאים אל-הגלילה הקדמונה, וירדו,על-הערבה; ובאו הימה, אל-הימה המוצאים ונרפאו המים

Et il me dit: "Ces eaux se dirigent vers le districtoriental, et, après être descendues dans la plaine,elles se jettent dans la mer, dans la mer aux eauxinfectes, qui seront ainsi assainies.

(La guémara analyse chaque groupe de mots)L'expression '' Et il me dit: "Ces eaux se dirigentvers le district oriental '' fait référence à la mer deSamkho ; '' après être descendues dans laplaine '' renvoi à la Mer de Tibériade ; '' elles sejettent dans la mer '' correspond à la mer morte ;'' dans la mer aux eaux infectes '' indique lagrande Mer (l'océan sus-mentionné pour lapunition d'Énoch). Pourquoi cet océan est-ilappelé '' המוצאים - hamoutsaïm '' dont la racinesignifie '' sorties '' ? Car à deux reprises il a eu àsortir : une fois pour la génération d'Énoch et uneautre pour celle de la tour de Babel. »

Il ressort que les trois générations en question ont

connu un sort en rapport avec l'eau. De même, cestrois époques se rejoignent dans leur désird'occulter Dieu au profit d'une vie basée sur leurintérêt personnel. Et enfin, comme nous allons levoir, ces trois instants de l'histoire disposaient dumoyen de recevoir la torah.

S'agissant d'Énoch, il est le fils de Chet. Nos sagesenseignent que toutes les réincarnations de Moshésont insinuées dans les lettres de son nom. Ainsi :le ''מ mem'' insinue « Moshé משה » ; le ''ש chine''concerne « Chet שת » et le '' hé ה '' fait référence à« Hével הבל », car l'ame de Moshé s'est incarnéedans ces trois personnages. Il apparaît alors clairque l'ame destinée à offrir la torah au monde étaitprésente. En réponse à son existence, les hommessembles fuir la réalité pour se réfugier vers lafacilité. L'ame de Moshé est également présente àl'époque du déluge comme le souligne le Zohar(section pin'has, page 216b) : Moshé aurait dûvenir recevoir la torah en lieu et place du déluge,si ce n'est que la génération ne le méritait pas.D'ailleurs, la Torah fait allusion à Moshé danscette génération (chapitre 6) :

, הוא בשר;בשגםג/ ויאמר יהוה, לא-ידון רוחי בדם לעלם, והיו ימיו, מה ועשרים שנה׃

3/ Et Hachem dit : « Mon esprit ne plaideraplus pour l'homme éternellement, de plus, iln'est que chair et ses jours seront de centvingt ans ».

L'allusion à Moshé Rabbénou est nette dansce passage. Non seulement Moshé a vécu120 ans, il était celui qui plaidait sans cessepour nous, mais surtout, nous révèle leZohar, la valeur numérique du mot « בשגםBéchagam » renvoie directement à Moshé. Ils'avère donc que l'essence de celui qui devaitdonner la torah était présente.

Enfin, concernant la construction de la tourde Babel, nos sages dévoilent (TraitéSanhédrin, page 24a) : « Pourquoi cetendroit s'appel Babel (signifiant unmélange) ? Rabbi Yo'hanan dit ; car là sontmélangés l'écriture (la torah écrite), lamichna, et le Talmud. (D'autres sagesexpliquent cela en rapport avec le versetsuivant de Ékha, chapitre 3, verset 6:) '' Ilm'a relégué dans des régions ténébreuses

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comme les morts, endormis pour toujours. '' Ceverset est une référence au Talmud de Babel. »

Le 'Hida (Péta'h Énaïm) explique qu'il s'agit làde la raison justifiant la présence d'une grandepartie du peuple en ce lieu, car y étaientenfermées les étincelles de la torah orale. Lessages du Talmud ont alors eu a s'y rendre poury effectuer les plus grands efforts d'études et enfaire émerger le Talmud. Le choix de cetteterre pour y ériger une tour par la générationdont nous parlons apparaît donc s'inscrire dansla même démarche que leurs prédécesseurs,celle de repousser l'émergence de la torah.

Cela explique alors pourquoi l'eau est de misepour les sanctionner, en rapport avec l'adageusité par nos maîtres : « l'emploi du mot'' eau '' est une référence à la torah ». En cesens, lors du conflit des hommes contrel'expression de la torah, l'eau se manifeste etvient sévir une démarche de rébellion.

C'est peut-être le sens à donner à l'assertion duZohar que nous avons cité : en présence de ces

générations, la lumière divine s'est retirée, elles'est cachée. La Torah ne pouvant pas apparaître,elle laisse place à l'eau pour punir.

Il nous faut alors comprendre pourquoi elle seréfugie chez Moshé ? En effet, elle ne semble pass'être manifestée particulièrement chez Chet, nimême aux époques du déluge ou de la tour deBabel. Pourquoi ce changement d'attitude ?

L e Agra Dékalla (Biourim sur le Midrach,Targoumim et pirouch Rachi sur les parachyotNoa'h et Lékh Lékha, Biouré Mégalé 'Amoukot32) explique qu'Avraham, en refusant de suivre ladémarche de ses ancêtres, a obtenu le mérite deces trois générations. Cela est d'ailleurs insinuédans nom. « אברהם - Avraham » peut se reformuler- בר מאה » le fils de méah » et à juste titre, « מאה -méah » dispose des initiales des générations enquestion : « בולמ - déluge », « נושא - Énoch » etפלגהה » - Babel ». Avraham en choisissant demanifester le bien et de repousser le mal, opère unchangement drastique dans le monde. Jusqu'alors,lors de la confrontation c'est toujours la torah, lalumière qui se voyait refouler : la présence du malempêchait l'expression du bien. Dorénavant lechose change, le bien peut prendre le dessus et

endiguer le mal, comme nous allons le voir defaçon explicite.

Revenons à la lumière présente durant les troispremiers mois de Moshé. Elle semble disparaîtreen présence de Pharaon, seulement là n'était sansdoute pas son enjeu. En évaluant précisément lemoment de sa disparition nous comprenonséventuellement son rôle précis. Lorsqu'après avoirété déposé dans le Nil, Moshé est trouvé par Bityala fille de Pharaon, la torah raconte (Chémot,chapitre 2, verset 6) :

ותפתח ותראהו את-הילד, והנה-נער בכה; ותחמל עליו--ותאמר, מילדי העברים זה

Elle l'ouvrit, elle y vit l'enfant: c'était un garçonvagissant. Elle eut pitié de lui et dit: "C'estquelque enfant des Hébreux."

Rachi apporte alors un midrach sur ce qu'a vuBitya en ouvrant le panier : il s'agissait ni plus nimoins de la présence divine. En somme, la lumièrejaillissait toujours de Moshé, ce n'est qu'aprèsqu'elle disparaît. Son rôle prend donc fin enquittant l'eau.

La guémara rapporte la réaction des anges lorsqueMoshé se trouvait dans le Nil et que sa vie était endanger (Traité Sotah, page 12b) : « Rabbi A'habar 'Hanina dit : ce jour était le 6 Sivane (jouroù la Torah allait être donnée) et les angespréposés au service se sont adressés devantHakadoch Baroukh Hou : Maître du monde !Celui qui est destiné à donner la torah sur lemont Sinaï en ce jour serait frappé (par lanoyade) ce même jour ? » La prière des angessurprend. Dans les faits, les hébreux ne sont pasparticulièrement méritants en cette époque, ilssont même idolatres comme l'étaient lesgénérations précédentes où l'ame de Moshéétait en ce monde. Et pourtant, nous netrouvons pas d'intervention des anges en faveurde l'ame de Moshé destinée à offrir la Torah aumonde, lorsqu'il s'agissait des générations quenous avons évoqués.

La différence se trouve en ce que nous avonsévoqué : Avraham a changé le rapport de force.La lumière est dorénavant celle qui repousse lemal et ne perd plus à son contact. Les angesexpriment alors une idée importante : comment,au jour du don de la torah, l'eau pourrait le

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noyer ? Cette dernière s'est jusqu'ici manifestéepour punir l'éloignement de la torah et depuisAvraham, elle ne peut plus s'éloigner face au mal.C'est au mal de fuir devant elle. En ce sens,Hachem fait briller Moshé pour que la saintetérepousse le mal. La guémara que nous avons citéprécise de fait que le peuple devrait êtrereconnaissant du passage de Moshé dans le Nil,car il a permis d'annuler le décret de mise à mortdes nouveaux-nés. L'accusation céleste, l'impuretéémanant du fleuve et s'en prenant à la vie desnourrissons hébreux, est littéralement refoulée,elle s'annule devant Moshé et sa lumière. Lorsquela Torah prend le dessus, ce n'est plus à la lumièrede se cacher, mais au mal d'être annihilé.

Nous comprenons ainsi pourquoi cette lumière estprésente les premiers mois de l'existence deMoshé. Elle vient prendre le pas sur l'eau, annulerla mise à mort des hébreux et surtout exprimer unmessage aux forces du mal : maintenant que celuichargé de faire descendre la torah est apparu, l'eaune se manifestera plus pour détruire, seule la torahdoit dominer.

À la suite, lorsqu'à nouveau Moshé obtiendra cettelumière lors du don de la torah, le mêmephénomène va se produire. Le peuple vacommettre l'erreur du veau d'or. Les détails du

texte ressemblent d'ailleurs étrangement à ceuxdécrits pour les idolatries d'Énoch et de la tour deBabel : une idole qui parle. Seulement unedifférence de poids est présente dans le récit quefait le Sifté Cohen de la confrontation entreMoshé plein de lumière et le veau d'or remplied'impureté. À son arrivée sur terre, lorsque Moshéa vu le veau d'or, il a alors dit à l'or qui lecompose : « Est-ce donc pour cela qu'HakadochBaroukh Hou t'as créé et élevé au dessus de tousles matériaux ? Afin de faire de l’idolâtrie ? »Immédiatement, l'or s'est transformée en bois et lefeu a pu prendre sur lui. À cet instant la lueurdivine brille sur le visage de Moshé, et commenous l'évoquons, ce n'est pas elle qui s'estompe enprésence de la faute de l'idolatrie, c'est le contrairequi se produit.

Nous voyons alors se tracer un schéma important.Depuis l'avènement du père du judaïsme en lapersonne d'Avraham, le monde s'est ouvert à lavérité et devient capable de l'accepter. En d'autrestermes Avraham a rendu la voix de la Torahaccessible. À nous de la rechercher et de ne passombrer dans l'erreur du mensonge.

Chabbat Chalom.

Y.M. Charbit

Ce feuillet nécessite la guénizah. Ne pas porter durant chabbat !

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