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    JUIN - AOÛT 2013 •   V OL X XI X NO2

    REVUE BIBLIQUE POPULAIRE • PUBLICATION   SOCABI

    ░░

    dossierL’expérience de la foi,en contexte de société sécularisée

    foi, religion et société

    rencontre / Raymond GravelLa foi à travers un ministèreaux multiples facettes

    la foi,

    parlons-en

    pour une fois

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    rochain numéro !

    Le numéro de septembreLa Terre, don de Dieu)))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))

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     AVANT-PROPOS03 La foi, parlons-en pour une fois

     Yves GUILLEMETTE

    DOSSIERL’expérience de la foi,en contexte de société sécularisée

    04 La foi et la société séculariséeactuelleSolange LEFEBVRE

    07 Ne tuons pas les révélationsdu monde...Robert DAVID

    10 La foi est une rencontre Yves GUILLEMETTE

    14  Jésus et son rapport avecles institutions religieusesde son tempsPatrice BERGERON

    ENTREVUE19 La foi vécue à travers un

    ministère aux multiples facettesRaymond GRAVELThérèse MIRON

    SOMMAIREJ U I N

    V OL X XI X N O22013

    la foi,

    parlons-en

    pour une fois

    Société catholique de la Bibl2000 rue Sherbrooke Ouest, Montréa(Québec) H3H 1G4

    [email protected]

    (514) 925-4300poste 297

    CONSEIL D’ADMINISTRATION

    Président : Marcel DUMAIS o.m.i.Vice-présidente : Béatrice PEDNEAULTSecrétaire : Yves GUILLEMETTE ptreTrésorier : Jean DUHAIMEÉvêque de liaison : Mgr Luc BOUCHARD Administrateurs/trices :

    Christiane CLOUTIER, Patrice BERGERON ptClément VIGNEAULT

    COMITÉ DE RÉDACTION

    Rédacteur en chef : Yves GUILLEMETTE ptPatrice BERGERON ptre, Geneviève BOUCHSébastien DOANE, Raymond GRAVEL ptreThérèse MIRON, Francine VINCENT

    COLLABORATION À CE NUMÉRO

    Patrice BERGERON, Robert DAVID, Yves GUILLE METTE, Solange LEFEBVRE,Thérèse MIRON, Francine VINCENT

    CONCEPTION GRAPHIQUE

    Fabiola ROY

    ISSN 2291-2428 (En ligne)

    PUBLICITÉ ET ABONNEMENTS

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    Merci!

    Membre de l’Association canaddes périodiques catholiques (A

    http://localhost/var/www/apps/conversion/tmp/scratch_5/[email protected]://localhost/var/www/apps/conversion/tmp/scratch_5/[email protected]://localhost/var/www/apps/conversion/tmp/scratch_5/[email protected]://localhost/var/www/apps/conversion/tmp/scratch_5/[email protected]://localhost/var/www/apps/conversion/tmp/scratch_5/[email protected]://localhost/var/www/apps/conversion/tmp/scratch_5/[email protected]://localhost/var/www/apps/conversion/tmp/scratch_5/[email protected]://localhost/var/www/apps/conversion/tmp/scratch_5/[email protected]://localhost/var/www/apps/conversion/tmp/scratch_5/[email protected]://localhost/var/www/apps/conversion/tmp/scratch_5/[email protected]

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    Il ne devrait pas y avoir de religion sans foi,

    comme il n’y a pasde corps sans esprit.

    Directeur de la rédaction : Yves GUILLEMETTE  ptre

    AVANT-PROPOS ░

    PARABOLE REVUE BIBLIQUE POPULAIRE • J U I N-AOÛT   2013 _ V OL XXIX NO2

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    A vec ce numéro de Parabole sur l’expérience de la foi, nous poursuivons notre intentide fournir des pistes de réflexion biblique en rapport avec les grands enjeux de vie en Église et de la vie en société. Après un numéro sur le thème de la nouve

    évangélisation qui a fait l’objet d’un synode des évêques à Rome et d’un Forum à Montrévoici un numéro sur le thème de la foi dans le cadre de l’Année de la foi qui nous a été propospar le pape émérite Benoît XVI comme chemin de conversion et de rencontre du ChrisMais n’ayez crainte! cette livraison ne sera pas aussi costaude que la précédente, comml’ont gentiment fait remarquer certaines personnes. J’en conviens, nos articles sur les modèlde nouvelle évangélisation se sont distingués par le sérieux de leur contenu et de leapproche parfois académique. Ce numéro sur la foi sera sérieux, car le sujet l’est, manous l’avons voulu fort accessible.

    D’entrée de jeu, il faut reconnaître que les croyantes et les croyants ne vivent pas et n’exprimepas leur foi dans un monde virtuel. Même si l’expérience de la foi est unique, intérieure personnelle, elle s’incarne et se pense dans une culture, une société, une histoire biedéterminées. La foi s’exprime aussi à travers des traditions religieuses. On en arrive mêmà confondre la foi et la religion au lieu de les considérer comme des associées. Il ne devrapas y avoir de religion sans foi, comme il n’y a pas de corps sans esprit. Mais à observcertaines dérives de la religion et son instrumentalisation politique notamment, on pese demander où est passée la foi.

    Certaines questions habitent la réflexion biblique de ce numéro. Comment vit-on l’expériende la foi aujourd’hui, dans une société post moderne, marquée par la sécularisation voire pun sécularisme anti chrétien? Solange Lefebvre y répond en dessinant quelques traits de notpaysage local. Une entrevue avec l’abbé Raymond Gravel apportera aussi un témoignage surmanière de vivre sa foi dans le monde actuel. Les questions et les critiques que nous pola société actuelle ne pourraient-elles pas purifier notre foi? Robert David relève quelquévénements qui ont joué ce rôle dans l’histoire ancienne d’Israël. On ne peut parler de foi sa

    se référer aux récits évangéliques où Jésus admire la foi des personnes qui viennent le rencontreIl me fait plaisir de partager avec vous les étapes assez constantes de ces rencontres. EnfiPatrice Bergeron abordera la question sensible du rapport entre la foi et la religion à la lumiède l’événement Jésus. À partir de ce numéro, Francine Vincent vous propose, pour prolonger lecture des articles, des pistes de réflexions à travailler seul ou en groupe.

     Je vous souhaite donc de faire de ce dossier sur la foi une lecture d’été inspirante. D’ailleutoute l’équipe de Parabole vous souhaite un été des plus agréables.

    Chers lecteurs et lectrices,

    la foi,

    parlons-en pour une fois

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    ░ DOSSIER

    PARABOLE REVUE BIBLIQUE POPULAIRE • J U I N-AOÛT   2013 _ V OL XXIX N

    Solange LEFEBVRE

    la foi et la société sécularisée actuelle

    Professeure titulaire,Titulaire de la Chaire Religion,culture et sociétéFaculté de théologie et de sciencesdes religions, Université de Montréal

    Préliminairesk

    Sécularisation, laïcité, neutralité, sécularisme : voilà des mots qui fol’actual ité et qui dessinent le paysage de la société québécoise modernSes caractéristiques culturelles, sociologiques, politiques et religieuseexercent une influence indéniable sur l’expression religieuse de notre fotout comme elles posent des questions à l’expérience du croire pour aujourd’hu

    Depuis près de 25 ans, on a produit une tonne d’articles et de réflexions sur l’avenir de la foi, la fin du christianismeou de la religion, la déchristianisation, le déclin des

    religions, surtout en Occident. Mais aussi, on a produit tout autant de textes sur le retour de la religion. N’est-ce pas contradictoire? Quoi en penser? 

    Des concepts

    Nous devons ici examiner surtout la situation québécoise,réputée être très particulière sur ces questions, maisrappelons d’abord le sens de quelques mots.

    La sécularisation comporte trois grandes significations :

    • le transfert de biens religieux à l’usage séculier (la vented’une église, le passage d’un prêtre à la vie civile laïque, etc.),• la séparation entre les sphères de la vie sociale (politique,religion, culture, etc.),

    • le déclin de la ferveur religieuse et de l’influence desinstitutions religieuses.

    Le Concile Vatican II a reconnu aux diverses sphères dela vie sociale et politique une « légitime autonomie »,ce qui représente le sens positif de la sécularisation.Quant au terme sécularisme, il désignera souvent uneidéologie antireligieuse.

    La laïcité renvoie elle aussi à la séparation entre les sphères,mais surtout sociopolitiques et religieuses. La France, leMexique et la Turquie présentent des politiques officielles

    de laïcité. Le Québec adopte depuis peu le concept, podéfinir des cadres de réflexion, sans toutefois offrir pour moment de politique officielle. Dans la langue anglaise, concept pour décrire une telle séparation est celui d« sec ular », « séculier » en langue française. On ne peici y insister, mais ces termes ne sont pas équivalents. laïcité d’origine française paraît davantage marquée pune vision de la citoyenneté cherchant à évacuer les identitethniques et religieuses. La sécularité de type anglo-sax

    ne craint pas les expressions particulières, culturelles oreligieuses. Personnellement, je préfère ce dernier typ

    Par ailleurs, j’observe que les débats juridiques canadiepréfèrent le concept de neutralité. Le dernier exemple edate est ce jugement de la Cour d’appel du Québec qévoque une neutralité  bienveillante de l’État, lorsqudonne raison au Maire de Saguenay, sur la question de récitation d’une courte prière en début d’assemblé(27 mai 2013). La neutralité ne peut être absolue, et doêtre pondérée en fonction de plusieurs facteurs.

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    Des faits

    Mais par-delà les concepts, il importe de se pencher sur lesfaits caractérisant les relations entre les États et les religions.Comme la majeure partie des citoyens sont affiliés à unereligion, l’État doit forcément en tenir compte. Mais quelest le lien de ces enjeux avec la foi chrétienne catholique?Plusieurs points sont dignes de mention à ce sujet. Ce quisuit parle uniquement du christianisme, même si d’autresreligions sont concernées par les mêmes aspects.

    1. Depuis les années 1970, on parle du christianisme culturel.

    On entend par là que les personnes adhérant au christianismele font pour des motivations davantage culturelles quecroyantes. Ceci vaudrait par exemple pour l’éducationchrétienne des enfants et les rites de passage, pourlesquels les gens opteraient, surtout par attachement à latradition.

    2. Ce phénomène s’accompagne de ce qu’on appelle unepluralisation des options spirituelles et religieuses. Nonseulement le nombre de religions présentes sur le territoirea-t-il augmenté, mais de plus on trouve diverses spiritualitéssans institutions, et un contingent de personnes se disant

    athées, agnostiques ou sans religion. 3. Le progrès des droits de la personne et une interprétationsurtout individuelle de ces droits par les tribunaux canadiensa invalidé ou, du moins, rendu moins légitimes, plusieurspratiques et protections étatiques du christianisme.

    Des conséquences

    L’effet combiné de ces trois tendances a conduit à une plusgrande séparation entre l’État et le christianisme au Québec.Depuis le début des années 2000, les conséquences sont trèsconcrètes et se font sentir à plusieurs égards :

    1. L’école publique a été laïcisée, n’offrant plus d’enseignementconfessionnel optionnel pour les élèves du primaire et dusecondaire;

    2. Il est plus difficile voire impossible pour des organismesde nature confessionnelle d’obtenir des subventions del’État pour leur fonctionnement;

     3. Les services pastoraux sont devenus « spirituels », n’étantplus aussi étroitement liés aux institutions religieusesmajoritaires au Québec (Catholicisme, protestantisme, etc.).

    La sphère pastorale expérimente très concrètement quellsont les conséquences de la perte de ces supports étatiqueOn constate par exemple une baisse du nombre des enfancatéchisés de même que du recours aux rites célébrés pl’Église.

    Comment faut-il comprendre ces changements? D’upart, il est vrai qu’ils ont été rapides et assez brutapour le monde pastoral. On ne peut sortir indemne d

    telles transformations, qui nous privent en l’espace dquelques années de ressources importantes. Il fadans ce cas traverser un processus d’acceptation de perte, quasiment une expérience de deuil.

    Pourtant et surtout, il faut reconnaître que la situatiodes communautés chrétiennes se trouve maintenant plsemblable à la foi des origines. On assume et on choisvolontairement sa foi de nos jours. C’est nettemepréférable, c’est plus authentique. On peut certes déplorce qu’on appelle l’ « individualisme », mais l’aspect positif sle plan religieux est que la personne est appelée à prend

    charge plus personnellement sa foi religieuse. On naît dmoins en moins chrétien, on le devient…

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    Tertullien, un chrétien du troisième siècle, un de ceux que l'on a appelé les Pères de l'Église, a déclaré : « On ne nait pchrétien, on le devient » On peut avoir dans sa famille des prêtres, des religieuses ou des pasteurs, avoir une religionavoir été baptisé, sans être un véritable chrétien !

    C’est à Antioche que, pour la première fois, les disciples reçurent le nom de chrétiens (Actes des Apôtres, 11, 19-30 Ils reçurent ce nom vers l’an 40.

    Le mot chrétien désigne les disciples du Christ. Cette appellation se répand parmi les chrétiens eux-mêmes, surtout lodes premières persécutions. Etre chrétien c'est donc appartenir à une communauté, une Eglise ( Ecclesia) se réclamadu Christ. Celui qui veut devenir chrétien doit recevoir le baptême. Par ce sacrement, il devient lui-même un Christ (c’ece qu’indique le mot chrétien).

    C’est ainsi que l’Évangile se répand partout malgré ceux qui auraient voulu l’étouffer. À Antioche, en Syrie, une nouvelle Église est fondée, multiraciale, multiethnique, multiculturelle. Cette communaun’est pas repliée sur elle-même, elle est ouverte à tous. En bref, ce sont des croyants qui donnent envie de croire

    La situation actuelle des communautés chrétiennes est de plus en plus semblable à la foi des origines, nous dit SolanLefebvre.

    Je prends conscience de ce que signifie « être chrétien » dans la société actuelle.Quels sont les pas que j’ai à faire pour prendre en charge de manière plus personnelle ma foi religieuse?Est-ce que je suis un chrétien, une chrétienne qui donne envie de croire?

    Solange LEFEBVRE, Cultures et spiritualités des jeunes, MontréBellarmin, 2008.Solange LEFEBVRE (dir.), Raisons d 'être. Le sens à l'épreuve de science et de la religion, Montréal, Presses de l'Université de Montré2008, 179 p.

    ; Pour en savoir plus

    http://www.diocesemontreal.org/publications/videos/conferences.htm

    Site à visiter :

    Il peut être intéressant de visionner la conférence qul’auteure a prononcée au Forum sur la nouvelévangélisation, tenu en septembre 2012, intitulée :

    Le projet de nouvelle évangélisationau défi d’une culture en transformation.

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    Pour aller plus loin...

    http://www.diocesemontreal.org/publications/videos/conferences.htmlhttp://www.diocesemontreal.org/publications/videos/conferences.htmlhttp://www.diocesemontreal.org/publications/videos/conferences.htmlhttp://www.diocesemontreal.org/publications/videos/conferences.htmlhttp://www.diocesemontreal.org/publications/videos/conferences.htmlhttp://www.diocesemontreal.org/publications/videos/conferences.htmlhttp://www.diocesemontreal.org/publications/videos/conferences.htmlhttp://www.diocesemontreal.org/publications/videos/conferences.html

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    Préliminairesk

    Il est d’usage, dans les documentsecclésiaux, de parler de l’apportde l’Église au monde, de sa mission

    évangélisatrice, du salut qu’elle apporteen Jésus Christ. Beaucoup moins fréquentessont les références qui s’intéressent àl’apport du monde à l’Église. Il se trouvebien l’un ou l’autre paragraphe deGaudium et Spes ( GS  ) qui aborde cetterelation, pensons en particulier au #44

    « Aide que l’Église reçoit du monded’aujourd’hui ». En voici un e xtrait :« Il revient à tout le Peuple de Dieu,notamment aux pasteurs et aux théologiens, avec l’aide de l’Esprit Saint,de scruter, de discerner et d’interpréterles multiples langages de notre temps etde les juger à la lumière de la parolediv ine, pour que la vérité révélée puisseêtre sans cesse mieux perçue, mieux comprise et présentée sous une formeplus adaptée ». Dans les trois petitsparagraphes de GS #44, on ne dit pasvraiment que le monde apporte quelquechose à l’Église. Tout au plus, dans cestextes, dit-on qu’elle reçoit du monde desfaçons d’organiser son message pourqu’il parvienne aux quatre coins de laterre. Comprenons que le monde luifournit les moyens d’adapter ce qu’ellepossède déjà. Elle n’a plus rien à recevoird’autre que ce qui pourrait lui permettrede diffuser un absolu dont elle disposedéjà, dans sa totalité. Doit-on s’enétonner quand on lit cet autre extrait tiré

    de Lumen Gentium (LG) : « Tant qu’ellechemine sur cette terre, loin du Seigneur(cf. 2 Co 5, 6), l’Église se considère commeexilée, en sorte qu’elle est en quête deschoses d’en haut et en garde le goût,tournée là où le Christ se trouve, assisà la droite de Dieu, là où la vie de

    l’Église est cachée avec le Christ enDieu, attendant l’heure où, avec sonépoux, elle apparaîtra dans la gloire(cf. Col 3, 1- 4) » ( LG 6). Qu’attendre dumonde, que l’on considère comme uneterre d’exil, quand on espère le voirdisparaître au profit des choses célestes ?

    Le monde, terreau de la foiLa foi en Dieu a pourtant empruntédes chemins tout autres au cours del’histoire. Elle s’est construite à même le

    terreau du monde, par des hommes des femmes qui ont vécu les événemendu monde au cœur de leur existencles ont interprétés et ont cherchéleur donner sens. Ceux et celles qnous ont précédés dans la foi ont eu courage de construire leur foi à par

    et avec ce que leur offrait le mondambiant, l’histoire dans laquelle ils elles avaient les deux pieds bien ancréNe nous leurrons pas; l’attrait dl’immobilisme était également présences époques qui ont vu émerger ltextes du Premier Testament. Mal’obligation de construire du neuf à mêmla nouveauté historique a eu le desssur les forces d’inertie des institutiopolitiques, sociales et religieuseQuelques exemples, parmi des centain

     Les prophètes sociaux

    (Isaïe, Osée, Amos, Michée)

    ont tracé la voie

    à la foi en un Dieu

    à l’écoute des démunis.

    ne tuons pas les révélations du monde..un regard sur l’histoire

    Bibliste,Professeur titulaireFaculté de théologieet de sciences des religionsUniversité de Montréal

    Robert DAVID

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    Au cours de leur histoire, les Israélites ont connu plusieurs crises et mutationpolitiques, culturelles, sociales et religieuses. On pense notammentla sédentarisation, aux contacts avec les peuples de Canaan, à l’avènemede la monarchie, à l’exil et la perte des institutions, à la conquête hellénistiquet la crise maccabéenne, voire même l’événement de Jésus et la naissance d

    l’Église. Il est intéressant de parcourir les livres bibliques en cherchant comment cemutations et ces crises ont pu jouer un rôle purificateur dans l’expérience de la fo

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    que l’on pourrait citer, illustrerontcette incarnation réelle de la foi, etson évolution constante.

    Un regard de foisur le système légal

    Le peuple a dû affronter la dure réalitédes difficiles relations humaines, ce quilui a donné la matière à partir de laquelleil a pu construire un système légal quidevait lui permettre d’organiser la viesociale de l’ensemble des citoyens et

    citoyennes. Parce qu’il a dû gérer lesproblèmes de possession des terresarables, de relations entre voisins, derelations familiales tendues entre parentset enfants, entre époux et épouses,entre adorateurs de dieux différents,il a pu formuler les dix paroles qui sontà la base de tout son système légal( Ex 20, 1-17; Dt 5,6-21).

     Le peuple a dû affronter

    la dure réalité des difficilesrelations humaines

    Les prophètes et la foi en un Dieu sensible aux plus délaisséLa prospérité économique et une relative stabilité politique ont permis l’émergence, VIIIe siècle avant notre ère, de disparités importantes au niveau social et économiquPar leurs pratiques iniques et déloyales, les classes de possédants, d’aristocrates, prêtres et de riches propriétaires, ont fait surgir, bien malgré elles, une nouvelle entisociale jamais vue encore en Israël : les prophètes. Ceux que l’on a surnommés lprophètes sociaux (Isaïe, Osée, Amos, Michée) ont tracé la voie à la foi en un Dià l’écoute des démunis, des sans-voix, des pauvres, des veuves et des orphelins. Ni rni juge, ni prêtre, ni propriétaire terrien, ne pouvaient se soustraire aux interpellatiode ce Dieu sensible aux plus délaissés de la société. Ce fut un tournant majeur dala conception théologique, qui allait tracer la voie à l’espérance messianique.

    Un seul Dieu, un seul temple, une seule loi, une seule terret un seul roi

    Les cinq piliers de la réforme deutéronomisteLa chute du royaume de Samarie en 721 et la montée de la puissance assyrienne vendétruire une portion importante de la Judée et assiéger Jérusalem, ont donné le tonune réflexion théologique majeure qui allait s’imposer comme fer de lance de la granréforme deutéronomiste (2 R 22-23). Il fallait maintenant rallier le peuple autour de cipiliers centraux, que l’on pourrait résumer sous le qualificatif des cinq UN : Un seul Dieun seul temple, une seule loi, une seule terre et un seul roi. Ce tout nouveau credoconstitué le fer de lance de la vie politique et religieuse durant les dernières années droyaume de Juda, et a servi de mesure étalon pour établir la loyauté ou non envers DieL’interprétation des faits et gestes de l’histoire d’Israël, depuis le livre de Josué jusqu

    2 Rois, s’est faite sous la lentille de cette théologie originale. L’impératif de la survie la nation s’est donc trouvé au cœur de cette nouvelle construction théologique, qui audes répercussions jusqu’à l’époque néotestamentaire (mouvement pharisien et Jésuset même, dans une certaine mesure, jusqu’à nous (rabbinisme).

    L’Exil et l’affirmation du monothéisme

    La grande catastrophe de l’Exil (587-537) a certainement été l’événement historiqle plus marquant au chapitre des nouveautés théologiques. Alors que les autoritreligieuses et politiques se croyaient à l’abri de tout malheur en se fiant au temple et proclamant que le Dieu qui y habite les protégerait de tout danger, il s’est trouvé u

     Jérémie sur leur chemin, pour les contredire et leur révéler qu’il n’était plus question se fier à leur temple en s’imaginant qu’ils pouvaient faire toutes sortes d’abominatio

    et venir ensuite se protéger du malheur dans la demeure de YHWH (  Jr 7,9-14). Pour lrapines, vols, viols, abus de toutes sortes, plus question de tenter d’obtenir l’absolutioen s’avançant à l’autel et en offrant de beaux sacrifices. C’est aussi à cause de l’exil de la destruction du temple, qu’un Ezéchiel a pu faire comprendre à ses compatriotexilés sur des terres étrangères, que le Dieu auquel ils croyaient n’était pas confinél’enceinte du temple de Jérusalem, mais qu’il pouvait rejoindre la communauté ( Ez 10-là où elle se trouvait désormais. Le temple aurait-il été épargné que sans doute jamacette notion ne serait apparue dans l’esprit de l’époque. Ainsi en est-il de l’affirmatiodu monothéisme total apparu aussi durant l’exil à Babylone. Confronté aux granddivinités babyloniennes et à leur grandeur, le prophète responsable de la rédactiod’Is 40-55 a construit une nouvelle perspective théologique extrêmement révolutionnaicelle qui affirmait qu’en dehors de YHWH, il n’y a pas d’autre dieu (Is 44,6-20; 46,1-9

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    La foi et les défis actuels

    La foi qui nous a forgés et dont nousavons hérité n’est pas tombée du ciel;elle s’est construite au cœur du mondeet de son histoire; elle a émergé desnouveaux défis qui s’offraient aux hommes et aux femmes; elle s’estdévoilée dans les méandres difficiles duquotidien, souvent dans les controverses,

    plus souvent encore dans les momentsde profondes remises en question, voirede catastrophes. Parce qu’ils ont fait lepari de sortir des sentiers battussécurisants, de quitter le confort descroyances bien établies et apaisantes, ilset elles nous ont légué un héritage,certes, mais peut-être encore plus,une manière de faire dont il nous estdemandé de nous inspirer. Nous sommes

    peut-être à la croisée des chemins en cequi a trait à l’avenir de la chrétienté. Nouspouvons tenter de nous reposer sur noscertitudes et continuer à proclamer, lesmains jointes, qu’en Jésus Christ tout estaccompli, rendons-nous compte que, cefaisant, nous tuons les révélationsdu monde qui pourraient nous mener

    vers des ailleurs théologiques encoreinso upço nnés . Nos ancêtres ont eu lecourage d’oser proposer, d’accepterd’être déstabilisés, parce que le mondeles forçait à cet exercice de survie et de vie.

    De nouveaux défis s’offrent à la foiaujourd’hui, défis que les croyants etcroyantes n’avaient encore jamaisrenco ntrés . Comment penserons-nous

    théologiquement les questions écologiquet celle de la surpopulation ? Commeallons-nous entrer, théologiquemendans la nouvelle dynamique que faémerger la mise debout des femmes surplanète ? Comment allons-nous accueithéologiquement les défis que poseles citoyens d’autres religions de pl

    en plus parties prenantes de nos sociétésCe n’est certes pas en brandissal’argument de la Vérité, ou en noemmitou flant dans le drap de la SeuVraie foi. Il y a là des défis que le mondnous lance et qui nous obligent à ddéplacements théologiques. Ne tuopas les révélations émergeant du mondaccueillons-les plutôt et inventons. Csemble la voie privilégiée du Dieu bibliqu

    « Nous sommes peut-êtreà la croisée des chemins

    en ce qui a traità l’avenir de la chrétienté

    ...

     Il y a là des défisque le monde nous lance

    et qui nous obligentà des déplacements

    théologiques »

    DOSSIER ░09

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    « Nos ancêtres ont eu le courage d’oser proposer, d’accepter d’être déstabilisés, parce que le monde les forçait à cet exercide survie et de vie. »

     Avec ce que nous vivons comme société humaine mais aussi comme Église de Jésus Christ, nous pouvons assez facilemefaire des parallèles entre les chemins que nos ancêtres ont parcourus et les routes que la vie nous invite à prendre.

    Est-ce que nous faisons aussi le pari de sortir de nos ornières, des sentiers battus sécurisants, de quitter le confort dcroyances bien établies et apaisantes?

    Le Souffle de vie du Christ ressuscité continue de souffler là où il veut, à sa manière.Quelle est la créativité que je peux proposer face aux principaux défis de notre temps?

    Pour aller plus loin...

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    la foi est une rencontre

     Yves GUILLEMETTE  ptre

    Prêtre du diocèse de Montréal,bibliste, directeur du Centre bibliqueet curé de Saint-Léon de Westmount,directeur de la revue Parabole .

    L’expérience de la rencontre duChrist comme fondement de lafoi et de l’identité chrétienne

    est une conviction personnellefondamentale que le pape émériteBenoît XVI a maintes fois partagée avecles fidèles baptisés de l’Église. Ill’exprime notamment dès le débutde la Lettre apostolique Porta fidei (La porte de la foi) qui promulgue l’Annéede la foi : « Depuis le commencementde mon ministère comme Successeurde Pierre, j’ai rappelé l’exigence deredécouvrir le chemin de la foi pourmettre en lumière de façon toujoursplus évidente la joie et l’enthousiasmerenouvelé de la rencontre avec leChrist. Dans l’homélie de la messe pourl’inauguration de mon pontificat jedisais : ‘L’Église dans son ensemble, etles pasteurs en son sein, doivent,comme le Christ, se mettre en route,pour conduire les hommes hors du

    désert, vers le lieu de la vie, versl’amitié avec le Fils de Dieu, verscelui qui nous donne la vie, la vie enplénitude’ » (Porta fidei, no 2).

    Les évangiles ne manquent pas deréci ts de rencontre avec Jésus. Onpense notamment à Nicodème quivient en pleine nuit discuter dethéologie avec Jésus, à la Samaritainequi noue le dialogue au bord du puits,

    à Zachée qui accueille Jésus dans sa maison, à l’aveugle de Jéricho qui deviedisciple, et combien d’autres. Il y a aussi d’autres récits qui montrent la difficulsinon l’incapacité de croire en Jésus. En cette Année de la foi, je me suis donncomme travail de revisiter ces récits qui nous sont devenus familiers, car j’étacurieux de voir comment se déroulent ces rencontres. Il me fai t pla isi r de par tagavec vous quelques résultats de ces relectures.

    Préliminairesk

    La foi chrétienne se vit dans l’ordre d’une relation vivante et personnelavec Jésus Christ. Les récits évangéliques rapportent plusieurs récits où dfemmes et des hommes ont fait l’expérience de rencontrer Jésus et ont vleur vie transformée profondément. On verra ici comment se déroulent cerencontres.

    Ils ont rencontré Jésus • Ces rencontres suivent un modèle assez consta

    1

    2

    3

    ‘L’Église et les pasteurs doivent,comme le Christ, se mettre en route,

     pour conduire les hommeshors du désert, vers le lieu de la vie,vers l’amitié avec le Fils de Dieu,vers celui qui nous donne la vie,

    la vie en plénitude’ (Porta fidei, no 2).

    La recherche d’un contact avec Jésus.

    Le dialogue où Jésus se met d’abord à l’écoute de cettepersonne en lui faisant verbaliser sa demande ou approfondiles motifs de sa démarche.

    Les effets de la rencontre : la réalisation de la demande,la transformation de la personne et la reconnaissance dela foi par Jésus.

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    La recherche parfois obstinée d’un contact avec Jésus estportée par l’espoir d’un salut, d’une guérison, d’une libération.Cette recherche s’exprime par une question, une demandeformelle, un cri, un toucher. Les motifs qui poussent une

    personne vers Jésus sont propres à chacune d’elle. On peutles regrouper en trois catégories sans être toutefoisétanches : le besoin de libération d’une souffrance physiqueou morale, l’altruisme, la quête spirituelle ou intellectuelle.

    La maladie et les handicaps physiques affectent l’intégritéde la personne et réduisent sa qualité de vie. L’aveugle de

     Jéricho est réduit à la mendicité et l’indigence. Le paralytiquene peut travailler de ses mains et vit donc dans une situationde dépendance. La femme souffrant de pertes de sang vitdans un état perpétuel d’impureté rituelle et d’isolement. Cespersonnes sont blessées dans leur chair et dans leur dignitéhumaine. À la souffrance physique s’ajoute la souffrancemorale. Mais il y a d’autres blessures qui font souffrir, tellel’exclusion sociale du fonctionnaire Zachée ou le châtimentdu criminel repentant crucifié aux côtés de Jésus. L’espoird’une guérison et d’une restauration sociale, l’espéranceen la miséricorde divine sont des motifs sérieux qui amènentdes personnes à se lever pour aller à la rencontre de Jésus.

    Une deuxième catégorie de motifs relève de l’altruisme. Ils’agit de la compassion ressentie par une personne pour uneautre atteinte par la maladie. On ne demande rien à Jésuspour soi-même, on intercède plutôt en faveur d’une personneavec laquelle on est lié par une forme ou l’autre d’amour.

    C’est l’amour maternel qui pousse la Cananéenne à supplier Jésus d e g uérir sa petite fi lle, ou l’amitié qui d onne aux copains du paralytique l’énergie nécessaire pour le porter àtravers un toit, ou l’amour inconditionnel du centurionqui sollicite humblement un geste de salut de la part de Jésusen faveur de son serviteur malade qu’il aime comme son fils.La charité est un chemin qui conduit à Jésus et se fait parle fait même médiatrice de la faveur divine.

    Enfin, la quête spirituelle ou intellectuelle constitue unautre motif d’entrer en relation avec Jésus. L’homme riche,qui pratique sa vie religieuse à l’enseigne de l’observance des

    préceptes de la Loi, se questionne encore sur ce qu’il doit faipour avoir la vie éternelle. Un scribe, un rare qui ne cherchpas à tendre un piège à Jésus, lui demande quel est le premicommandement qui doit régir l’ensemble du comportemehumain. Nicodème est préoccupé par l’identité de Jésus cl’autorité avec laquelle il agit ne ment pas : il a l’intuition quDieu est avec lui. Il vient donc vérifier ses intuitions commle ferait un théologien partageant ses idées avec un collègu

    Sur ces chemins d’accès à Jésus, les personnes sont trsouvent confrontées à des obstacles, à des embûches qmettent leur espoir à l’épreuve tout en décuplant dmême coup leur détermination. La foule est l’un de c

    obstacles : elle somme l’aveugle de se taire, bloque auamis du paralytique la porte de la maison où se trouve Jésubarre la route à la femme souffrant d’hémorragie ou à Zachqui doit se dissimuler pour voir Jésus. La nature de la maladpeut s’avérer une embûche et même menacer Jésud’impureté rituelle, comme dans le cas du lépreux et de femme hémorroïsse. Les conventions sociales, ethniques oreligieuses sont aussi des obstacles plus ou moins difficileà franchir, par exemple pour la Cananéenne, la Samaritainet le centurion romain, tous des étrangers et des non juifDans le cas de Nicodème, c’est la peur des Juifs qui le pousà venir de nuit pour éviter leur jugement. Dans certains ca

    il arrive que Jésus lève l’obstacle à franchir afin que la relatiopuisse être établie en toute liberté. Par exemple, dans le cade l’aveugle de Jéricho, il oblige la foule à changer de rôled’obstacle elle devient médiatrice.

    Quel que soit le motif de ces démarches, l’attitude de Jésest d’accueillir et d’écouter les personnes qui viennent à luIl engage le dialogue avec elles, leur permettant d’exprimle poids de souffrance qu’impose leur situation. « Quveux-tu que je fasse pour toi », demande-t-il à l’aveugl« Descends vite, lance-t-il à Zachée, aujourd’hui il faut qu j’aille demeurez chez toi »; « Qui a touché mes vêtements?demande-t-il au milieu de la foule; « Tu connais lcommandements », dit-il à l’homme riche. Mais il y a pl

    LA RECHERCHED’UN CONTACT1

    LE DIALOGUE2

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    important encore : Jésus donne à chaque personne lapossibilité d’être elle-même. Par exemple, l’aveugle auraitbien pu demander autre chose que sa guérison. Mise àl’épreuve, la Cananéenne a révélé toute l’audace dont elle étaitcapable en discutant serré avec Jésus sur l’accès des païens ausalut, le faisant ainsi changer d’idée et guérir sa fille. Ledialogue avec le centurion romain par personnes interposéespermet à celui-ci de montrer son humilité et sa grandeur d’âme.Le dialogue est important pour Jésus car il constitue la premièreétape du redressement de ces personnes dans leur dignitéet la maîtrise de leur vie. Jésus commence par avoir confianceen ces hommes et ces femmes, avant même qu’ils expriment

    leur foi et que Jésus la reconnaisse. Ces mots d’AlbertRouet, archevêque émérite de Poitiers, disent bien ce quise passe dans l’attitude d’ouverture de Jésus : « Il leurmanifeste donc sa confiance. Confiance en leur redressement,confiance en leur liberté. Il vise plus loin que ce qui lesenfe rme, leur réalité personnelle emprisonnée, écrasée,mais inaliénable. Il fait donc appel à ce qu’ils ont de plus profonden eux. De cette manière, Jésus leur donne l’espérance par laconfiance qu’il leur manifeste. En les rendant à eux-mêmes,il troue la couche imperméable et les touche au cœur. Sapitié les relève. La grandeur de la confiance qu’il donne n’ad’égal que l’espace de liberté qu’il ouvre devant eux, que

    l’horizon illimité qu’il leur indique »1

    .

    route comme un authentique disciple et en exultant de joZachée décide de partager avec les pauvres une part dl’argent gagné injustement. Le paralytique ne retrouve pseulement l’usage de ses jambes mais fait aussi l’expériendu pardon des péchés qui le restaure dans son être créél’image de Dieu. La Cananéenne peut se réjouir d’avoir suscil’élargissement de la conception missionnaire de Jésus. Samaritaine deviendra l’évangélisatrice de ses compatriotaprès avoir reconnu en Jésus l’envoyé de Dieu. Si ceperso nne s ont été transformées, c’est à cause de la foi qles a rendues tenaces et persévérantes dans leur démarch

     Jésus reconnaît et se réjouit de la foi de ces femmes et de c

    hommes de toutes conditions. Il déclare que cette foi est cause de leur salut tant physique que spirituel, car cette fopermis la rencontre de Jésus le sauveur du monde. Au sujde Zachée, Jésus déclare que le salut est arrivé pour lui, caest venu chercher et sauver ce qui était perdu. Du centurioromain, Jésus déclare qu’il n’a pas vu une foi pareille en Israë« Grande est ta foi », dit-il à la Cananéenne. À la femmsouffrant de perte de sang, il déclare solennellement : « M fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal

    Les personnes qui viennent rencontrer Jésus à causd’une quête spirituelle ou intellectuelle représentent ucas particulier. Contrairement à une guérison qui rétab

    définitivement une personne dans son intégrité physiqula quête de la vérité dure toute la vie. Jésus les remetleur liberté et les invite à poursuivre leur démarche à lumière de sa parole. La discussion avec Nicodème sembse terminer en queue de poisson, mais on découvrira à fin de l’évangile qu’il est devenu un disciple. L’hommriche a beau s’en retourner tout triste de ne pouvoir confisa vie à Jésus afin de recevoir en héritage la plénitude dla vie, l’invitation à le suivre est sans doute restée bieprésente dans son esprit, un peu comme ses airs de chansoque l’on qualifie de ver d’oreille.

    1 Albert ROUET,  L’étonnement de croire , Montréal, Novalis, 201pages 107-108.France, Salvator, p. 162.

    ; Pour en savoir plus

    « Jésus donne à chaque personnela possibilité d’être elle-même. »

    LES EFFETS DELA RENCONTRE3

    Les personnes qui supplient Jésus d’opérer une guérison enleur faveur ou pour un proche voient leur demande exaucée :l’aveugle voit, le paralytique marche, la fille de la Cananéenneet le serviteur du centurion récupèrent leurs forces vitales, lelépreux est purifié. Le malfaiteur crucifié repentant reçoit lapromesse d’entrer dans la pleine communion de Dieu.

    Mais il y a plus important encore. Il n’y a pas de rencontrede Jésus qui ne produise une transformation profonde dela personne. L’aveugle de Jéricho se met à suivre Jésus sur la

     Jésus les remet à leur libertéet les invite à poursuivre leur démarche

    à la lumière de sa parole.

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    Et nous, où sommes-nous ? À qui nous identifions-nous ? À Nicodème qui comprend difficilement ce dont Jésus parle, être appelé à une vie nouvelle, lui qui affirme pourtant croià Jésus?

     À la Samaritaine, étonnée que Dieu s’intéresse à elle, puisse l ’aimer, lui confier une mission ? À Zachée, qui découvre par sa rencontre avec Jésus, une nouvelle manière de vivre ? À l’aveugle qu’on empêchait de parler, mais que le passage de Jésus provoque le désir de voir et dont la rencontre esource de joie?

    Jésus n’hésite pas à prendre du temps pour chacun, à les rejoindre là où ils sont.Dans notre vie, dans nos épreuves bien réelles, dans nos multiples rencontres, reconnaissons-nous dans la foi la présendu Christ vivant ?

    La vie chrétienne est une rencontre

    Cette relecture de quelques récits d’évangile relatant desrencontres avec Jésus a fait voir la diversité des cheminsqui conduisent auprès de lui : maladie, handicap, altruisme,quête spirituelle. Dans tous les cas, il y a une insatisfaction,un manque, une pauvreté, une détresse qui suscitent le désird’une restauration, stimulent l’espoir de libération et debonheur, creusent la soif de vérité. La rencontre de Jésus,vécue dans la foi et l’espérance, transformera ces personnesqui ont été atteintes par lui jusque dans les profondeursde leur être. Il ne saurait en être autrement pour nous.

    En conclusion, je vous laisse sur un extrait de l’Exhortation

    apostolique post synodale Verbum Domini sur la Parolede Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église (2010)qui affirme avec force que la vie chrétienne « est caractériséeessentiellement par la rencontre avec Jésus-Christ quinous appelle à le suivre » :

    Les chemins d’accès à JésusLe besoin de libération d’une souffranceL’aveugle mendiant de Jéricho (Bartimée) : Lc 18, 35-43Le malfaiteur en croix :  Lc 23, 33-43La femme souffrant d’hémorragie :  Mc 5, 25-34Le lépreux :  Mc 1, 40-45Zachée :  Lc 19, 1-10Les amis du paralytique :  Mc 2, 1-12

    L’altruismeCenturion romain :  Lc 7, 1-10La Cananéenne :  Mt  15, 21-28Les amis du paralytique :  Mc 2, 1-12

    La quête spirituelle et la recherche intellectuelleL’Homme riche :  Lc 18, 18-27Le scribe bienveillant :  Mc 12, 28-34Nicodème : Jn 3, 1-10La Samaritaine :  Jn 4

     La vie chrétienne« est caractérisée essentiellement

     par la rencontre avec Jésus-Christqui nous appelle à le suivre »

    Pour aller plus loin...

    La Parole éternelle qui s’exprime dans la création et qui se communique dans l’histoire du salut est devenue dans le Christ un homm« né d’une femme » ( Ga 4, 4). La Parole ne s’exprime plus ici d’abord à travers un discours, fait de concepts ou de règles. Ici, nousommes mis face à la Personne même de Jésus. Son histoire unique et singulière est la Parole définitive que Dieu dit à l’humanité. Ocomprend alors pourquoi « à l’origine du fait d’être chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontavec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive » ( Verbum Domini 1

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    dieu de la religion

    ou Dieu de la foi ?

    Patrice BERGERON  ptre

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    Préliminairesk

     Jésus s’est souvent trouvé en confrontation avec les autorités religieuses de so

    temps, tant sur le plan de l’observance de certains préceptes (en particulier sabbat) que sur celui de son enseignement. Dans tous les cas, son identité cauproblème, car il prétend agir et parler au nom de Dieu, au risque d’ébranler lecertitudes religieuses de son peuple. Ces confrontations touchent au rappoentre la foi et la religion.

    Prêtre du diocèse de Montréal,Curé de l’Unité pastorale du nouveauRosemont, (Saint-Jean-Marie-Vianney,Saint-Bonaventure et Notre-Dame-du-Foyer)

    Membre du comité de rédaction deParabole .

    La vie est difficile ! Si belle soit-elle par bout, il reste que nos fragiles bonheurs peuvent à tout moment basculeMaladies, accidents, deuils, revers de fortune, catastrophes naturelles, conflits, méchanceté dirigée contre nouL’arsenal de maux affligeant l’être humain est aussi garni que varié. D’où une angoisse existentielle inhérente

    la condition humaine. Réussirons-nous notre vie ? Qui tire les ficelles au-dessus de nous pour décider de notre bonheuou de notre malheur, de notre réussite ou de notre échec ? Aussi, l’homme s’est mis très tôt à s’imaginer que touse décidait au-dessus de lui, projetant dieux et déesses aux allures humaines qui, selon leurs humeurs, peuvenenvoyer bénédictions ou malédictions ! Comment les amadouer, attirer leur attention, les forcer à nous bénir Inventons des rites, des sacrifices qui, bien exécutés, leur plairont et forceront la main des dieux à notre avantagC’est l’apparition de la religion i . Dans le registre de la religion, la divinité est redoutable, aussi, c’est la peur d’êtraffligé qui me fait m’en approcher, la respecter, lui rendre un culte - et non l’amour. La base de la relation étant méfiance, le culte ou le sacrifice apparaît ainsi comme un marchandage intéressé avec le divin.

    La religion, fille de l’angoisse existentielle

    Qui tire les ficellesau-dessus de nous pour

    décider de notre bonheurou de notre malheur,de notre réussite

    ou de notre échec ? 

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    La Bible ou le dévoilementprogressif du visage de Dieu

    Par chance, Dieu est venu au secoursde notre ignorance, prenant l’initiativede dévoiler lui-même, progressivement,son vrai visage à travers la révélationbiblique. Progressivement, car laparfaite image de Dieu n’apparaît pas

    pleinement aux plus anciennes pagesde nos bibles. Si nous avions àprendre une comparaison pour saisirla progressive révélation de Dieu àtravers les siècles de productiondes livres bibliques, j’emprunteraisà une technique de photographiedésormais désuète - pardon pour lesplus jeunes ! Vous vous souvenez desappareils photographiques Polaroid ?La photo prise sortait totalementnoire de l’appareil, puis, peu à peu, lecliché apparaissait, de sombre àde plus en plus clair, nous donnantfinalement une image nette au boutde quelques minutes. Tel est ledévoilement du visage d e Dieu àtravers la Bible : de l’obscur auplus clair. Et le portrait net deDieu n’apparaîtra qu’avec Jésus,parfaite image du Père.

    Un judaïsme encore prisonnier

    de la religion

    Avant le Christ, il y eut bien révélationqui permit à Israël de découvrir levisage de Dieu, mais encore en clair-obscur. Par rapport aux nationspaïennes polythéistes de l’Antiquité,Israël franchit un pas de géant dansson entendement de la divinité. Ainsile peuple juif en arrivera-t-il à saisirque Dieu est Un et qu’il n’y en a pas

    d’autres ( Dt  6,4), que les idoles desnations païennes ne sont qu’ouvragesde mains humaines ( Ps 113b) et que ceDieu unique aime son peuple ( Is 49,15).Cependant est-on pour autant sorti

    de la religion avec le judaïsme destemps bibliques ? Pas exactement.Si Israël découvre l’amour de Dieuà son endroit, plusieurs textes del’Ancien Testament semblent attesterque cet amour est conditionnel,que les bénédictions (terre,richesse, santé, descendance) oumalédictions (pauvreté, maladie,infirmité, malheur) de Dieu sontdistribuées selon le mérite individuelou collectif ii . Tout comme dans

    les religions païennes, la faveurde Dieu n’est pas d’emblée acquiseà l’homme, qui doit attirer safaveur en observant bien sa Loi,en accomplissant bien les sacrifices,en ne péchant pas. Le culte que lejudaïsme rend à Dieu n’est pasencore totalement gratuit et motivépar l’amour, puisqu’accompli envue d’un avantage attendu de Luiou de l’évitement d’une punition.

    « Le Règne de Dieu s’estapproché, convertissez- vous et croyez à la BonneNouvelle » (Mc 1,15)

    À quelle conversion Jésus appelle-t-iÀ cette radicale conversion de notregard sur Dieu ! À la place du dieu dla religion, Jésus vient nous présent- comme une Bonne NouvelleCelui qu’il connaît intimement, Dieu de la foi ! Jésus vient libérDieu de ce carcan de la religion ! libérant Dieu, il libère l’homme dmême coup ! En effet, la religiofait de l’homme un esclave esursis contre un Dieu toujoupotentiellement menaçant. La frévèle que l’homme est pour Dieun fils aimé et libre. Saut qualitaet définitif nous faisant découvrun Dieu pour l’homme et non contlui. Un Dieu libérateur, non punitUn Dieu aimant sans conditioproposant à chacun une vie d’alliancsans tenir compte du mérite ode l’ethnie.

     Le dévoilement du visage

    de Dieu à travers la Bible :

    de l’obscur au plus clair.

     Et le portrait net de Dieu

    n’apparaîtra qu’avec Jésus,

     parfaite image du Père.

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    Si tel est Dieu pour nous, nul besoindésormais d’attirer son attention pourobtenir sa faveur ou éviter sa punition.Nulle nécessité de marchander avecce Dieu de la foi dont la providences’épanche sans cesse sur nous quivalons plus que les oiseaux du ciel etles lis des champs ( Mt 6,25-34). Combiencette nouvelle conception de Dieuchange notre façon d’entrer en relationavec lui ! D’une relation maître-esclaveméfiante et avilissante, on passe àla dignité d’une relation filiale etconfiante . Dans ce nouveau régime dela foi, le culte devient ma façon gratuitede rendre grâce à Dieu; ma prière, larecherche de sa présence en toutecirconstance de ma vie; ma vie moraleajustée à sa volonté, une façon de fairede ma vie une réponse d’amour à sonamour; mes relations avec le prochain,un prolongement vers les autres del’amour libérateur de Dieu dont je mesais l’objet ! Et mon péché ? Loin d’être

    l’appât de la punition divine qu’en faitla religion, il devient, au contraire,la blessure de mon être n’attirant queplus urgemment le miséricordieux médecin ! Puis le fils du Dieu de lafoi sait bien que les malheurs quilui arrivent ne lui sont pas envoyésd’en-haut, mais bien d’ici-bas, c’est-à-dire qu’ils ont – la plupart du temps –une origine toute humaine, fruit decette joute incessante des libertéshumaines qui s’affrontent sur l’échiquier

    de la vie, affligeant maux et souffrances,à force d’être motivées par des soifségoïstes, orgueilleuses ou cupides.

    Jésus, le briseur de la religion

    Mystérieusement, cette Bonne Nouvelledu Dieu libérateur est difficile àacc uei lli r. Sa fidélité à nous présenterle Dieu de la foi, Jésus la paiera de savie. Pour être venu ébranler tous les

    remparts de la forteresse érigée par lareligion au long des siècles, Jésus seconfrontera aux autorités religieusesde son temps. Il déboulonnera entreautres la croyance associant le malheurà la punition divine à cause du péché

    ( Lc  13,1-5 ;  Jn 9,1-3). Sa liberté face àl’observance du sabbat - fait pourl’homme et non l’homme pour le sabbat -apparaîtra comme une séditiondang ereuse au système religieux deson époque ( Mc  2,27-28). Sa chassedes vendeurs du Temple n’est-ellepas critique implicite du marchandageavec Dieu par le biais du sacrifice(  Jn 2,13-22) ? Sa proximité avec despécheurs notoires, à qui Jésus ouvrele salut de Dieu, ne vient-elle pas

    anéantir cette idée que Dieu ne peuttolérer, ni s’approcher du pécheur( Mt 9,10-13 ; Lc 7,36-50 ; Lc 19,1-10) ?

    Un passage difficile

    Ce passage de la religion à la foiest difficile à faire. Plus ! Il est sans cesseà refaire, même chez les chrétiens,toujours tentés de revenir au dieu de lareligion ! Ce passage ne peut s’opérer

    que par l’expérience de la rencontavec Jésus: ce qui est magnifiquemeillustré dans le beau récit johanniqde la Samaritaine (Jn 4,1-30), femme qdevient le prototype du croyant dtoute époque, appelé à suivre

    même itinéraire vers sa pleine libert

    Témoigner du Dieu de la fonécessité du temps présen

    Quelle est la pertinence de présentcette distinction entre le dieu de religion et le Dieu de la foi en cnuméro traitant du défi de croire daun monde sécularisé ? Ça a peut-êtl’à-propos de dire que notre façon dprésenter Dieu au monde n’est pa

    étrangère au fait qu’il soit reçu orejeté par nos contemporains. L’athou l’agnostique rejette, avec raisol’ineptie du dieu de la religion. Si tel ele Dieu présenté, maître esclavagiscomme le pressent la religion, on pese passer de lui ! Pourtant, ce mêmathée ou agnostique à qui on auraprésenté - par le témoignage d’une fintelligente et d’une vie cohérente - Dieu de la foi, tel qu’il se révèle p

     Le passage de la religion à la foi ne peut s’opérerque par l’expérience de la rencontre avec Jésus.

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     André BEAUCHAMP, Entre silence et parole, la foi , Montréal, Paulines, 2002, 156 pages.

     Assemblée des évêques du Québec,  Jésus Christ, chemin d’humanisation. Orientations pour la formation à la vie chrétienne , Montréal,Médiaspaul, 2004, 109 pages.

    Fernand DUMONT, Une foi partagée, Montréal, Bellarmin, 1996, 305 pages.

    i Le présent article est inspiré de la thèse de François Varone défendue dans son ouvrage Ce Dieu absent qui fait problème. Aussi, le mreligion (en italique dans le texte) est à comprendre, non pas en son sens objectif d’un « ensemble organisé de croyances, de rites et de codmoraux définissant le rapport de l’homme avec le sacré », mais bien dans un sens plus subjectif qui définit un type de relation concrète ql’homme entretient avec son Dieu, une façon de voir Dieu et de traiter avec lui.

    ii Les limites du présent article ne permettent pas de rendre pleinement justice à l’ensemble de l’Ancien Testament, de ses avancées et sreculs par rapport à la religion. Nous nous contentons de constater quelques « blocages » du judaïsme de l’époque de Jésus à partdes confrontations que ce dernier a disputées avec les autorités juives de son temps.

     Jésus à travers l’Évangile, aurait-ilchoisi d’abandonner l’idée d’une vie

    d’alliance avec Lui, alliance qui faitvivre et libère ?

    Le problème avec la religion est qu’elleest tellement ancrée naturellementen nous, qu’elle revient constammentcontaminer l’œuvre de la Bonne Nouvellede l’Évangile dans le cœur des chrétiens.Sans qu’on s’en rende compte l’ivraiepousse au milieu du bon grain, soitdans l’individualité croyante, soit dansla prédication ou dans certains

    courants de spiritualité de l’Église, hier,aujourd’hui et probablement demain !« Qu’ai-je fait au Bon Dieu pour méritertelle épreuve ? », « Tu fais de la peineau p’tit Jésus ! », « Après tout ce qu’ellea souffert sur la terre, elle a gagné son

    ciel ! » Combien de phrases semblablessont entendues au quotidien de la part

    de croyants, par ailleurs sans doutebien intentionnés, mais qui témoignentd’une vision qui réduit encore notreDieu à la laideur de la religion !

    Comment donc vivre sa foi au milieud’un monde sécularisé ? Il me sembleque la réponse résonne à travers lespremiers mots entendus de la bouchede Jésus dans l’évangile de Marc, citésprécédemment : se convertir (person-nellement et ecclésialement) au Dieu

    de la foi, croire à la Bonne Nouvelle(plutôt qu’aux faux dieux que forgenaturellement notre imagination), ettémoigner de sa beauté, simplement,au cœur du monde ! « C’est vous qui en êtes les témoins. » ( Lc 24,48)

     Se convertir au Dieu de la foi, croire à la Bonne Nouvelleet témoigner de sa beauté, simplement,

    au cœur du monde !« C’est vous qui en êtes les témoins. » (Lc 24,48)

    ; Pour en savoir plus

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    Comment vivre sa foi dans un monde sécularisé?Patrice s’inspire de l’Évangile de Marc pour proposer cette réponse :

    • Se convertir personnellement et ecclésialement au Dieu de la foi• Croire à la Bonne Nouvelle• Témoigner de la beauté de la Bonne Nouvelle, simplement, au cœur du monde.

    Se convertir…Jésus, dans la conversion, nous invite à nous retourner pour regarder la source de la joie qui est déjà là. Nous voyontrop souvent notre existence comme un long sillon grisâtre que nous suivons fidèlement mais en peinant et avec ennuPour oublier ce sillon, nous trouvons des moyens de nous divertir –la télé, Internet, les bavardages, la musique, et mêmle travail. Le Christ ne nous propose pas de nous divertir, il nous propose de nous convertir.

    Jésus nous appelle à nous retourner vers le chemin de la vie, à ne pas nous éparpiller mais à retrouver l’essentiel qui fa vivre. Aujourd’hui, dans ma vie personnelle et ecclésiale, est-ce que je me laisse réorienter, est-ce que nous nous laissoconvertir ?

    Croire à la Bonne Nouvelle…

    Croire en la Bonne Nouvelle c’est incarner la réalité de la Résurrection du Christ chaque jour, c’est être levain dans pâte de ce monde, leviers pour d’autres d’un nouveau jour qui se lève.Est-ce que je crois à la Bonne Nouvelle ?

    Témoigner de la beauté de la Bonne Nouvelle…Témoigner c’est aimer : c’est s’engager, se risquer, se livrer, se faire proche de l’autre,…Est-ce que je suis un témoin de la Bonne Nouvelle ?

    Pour aller plus loin...

    PARABOLE REVUE BIBLIQUE POPULAIRE • J U I N-AOÛT   2013 _ V OL XXIX N

    ░ DOSSIER

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    « Pour moi, la foi,c’est de croire que tout

    devient possible »

    D’entrée de jeu, je lui demande qu’est-ce

    que la foi représente pour lui . La foipour moi, lance Raymond Gravel, c’estd’abord de croire qu’on n’est pas seuldans l’univers et c’est de croire aussiqu’il y a un but et que nous n’allons pasn’importe où même s’il y a des accidentsde parcours. Je crois aussi que la natureet l’évolution de la création ont un rôleà jouer. Je crois qu’il y a une intelligencesuprême qui nous guide et qui fait partiede nous. Dieu s’est fait homme et ilnous dit d’arrêter de le chercher dansles nuages puisqu’il est avec et en

    nous. Nous sommes de Dieu et c’estdans le monde qu’on peut le reconnaître.

    Raymond Gravel rappelle que JackyStinckens, prêtre de l’Institut VoluntasDei, croit que la sécularisation est unegrâce parce qu’enfin on va cesser deregarder dans les airs et chercherseulement le sacré des choses. Il fautêtre terre-à-terre parce que c’est là queDieu se manifeste et c’est là aussi quese manifeste le Salut par notre actionet notre agir.

    Lorsque je vois certains dirigeantsd’Église, poursuit M. Gravel, qui excluentet condamnent des personnes et laissentles femmes de côté, je me demande sion est vraiment des témoins du Christ

    ressuscité. Selon certaines autorités,le monde est mauvais et il faut sortirde ce monde-là. Ceux qui se croientparfaits et qui pensent posséder lavérité ne reconnaissent pas que lacréation vient de Dieu et qu’elle estbonne en soi. C’est à nous del’améliorer, de l’embellir et de faire ensorte qu’elle résiste aux intempériesde la vie.

    « Pour ma part, je n’ai aucune certitude »

    Raymond Gravel précise qu’il n’a aucunecertitude mais sa foi est une espérance quile fait croire à l’impossible. L’espérancenous tient debout et nous fait regarder enavant, poursuit-il. Si j’étais certain dansma foi, je l’imposerais aux autres du hautde ma chaire. Mais puisque je ne suis pascertain, je partage mon espérance avecles autres. Ceux qui ont des certitudessont dangereux. Moi je crois que noussommes tous à la recherche de la Vérité.Saint Augustin disait : « Toute notre

    vie on cherche Dieu et quand on trouvé, il faut chercher encore ». Dine nous appartient pas. Aussitôt qu’onl’impression de le voir, il disparaît. Ldisciples d’Emmaüs marchent sur

    route et ils se sentent réchauffés pcet étranger qui leur interprète lÉcritures et les rassure. Ils l’invitechez eux et ils reconnaissent le Chrmais aussitôt celui-ci est disparu.

    Parfois, précise Raymond Gravel, noaussi, nous vivons des événementson se dit : « Dieu est là, on le sent Mais aussitôt, il part. J’ai véquelques expériences de cet orddans ma vie et je constate que cellesnous donnent plus d’espérance.

    « La Bibleest une histoire de foi »

    Pour l’abbé Gravel, la Bible est uhistoire de foi. En faisant l’exégèdes textes, on constate que la Bible n’epas un livre historique ou scientifique. sont des expériences de foi qui nous soracontées. Cela nous dit que notre part du monde juif puis des premiechrétiens. Luc avait un souci de pouvtransmettre ses récits à ceux et celles q

    vivre sa foi dans un monde sécularisé

    Rencontre de Thérèse MIRON,Collaboratrice aux communications

    de l’Archevêché de Montréal

    avec le père Raymond GRAVEL,Prêtre du diocèse de Joliette

    J ai eu la chance de rencontrer le père Gravel dans le cadre d’un bel après-midi ensoleillé du mois d’avril. C’edans un café de la rue Laurier à Montréal, que Raymond Gravel m’a accordé une entrevue remplie de dynamismet d’une très grande espérance. Le propos de cette entrevue visait à comprendre comment l’abbé Gravel v

    sa foi dans le monde actuel à travers son ministère aux multiples facettes.

    « Nous sommes de Dieuet c’est dans le monde

    qu’on peutle reconnaître. »

    Photo : Sabrina Di Matteo

    ░ ENTREVUE

    PARABOLE REVUE BIBLIQUE POPULAIRE • M A R S-MAI   2013 _ V OL XXIX NO1

    « La foi pour moi, c’est d’abordde croire qu’on n’est pas seul 

    dans l’univers... »Illustration : Ercan Baysa

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    viendraient après lui. C’est pourquoi leschrétiens se reconnaissent dans ce récit.

    Raymond Gravel précise que ses étudesbibliques lui ont permis d’approfondir lacompréhension des sacrements. Il acompris la libération que le Christ nous aapportée. Il a compris aussi que le péchéest pardonné puisque nous sommes toussauvés. Lorsqu’on veut se sauver soi-même, c’est comme si on refusait le Salutqui est venu par le Christ.

    « Je vois le Christà travers le pape François »L’abbé Gravel est profondément touchépar l’élection du pape François. Il préciseque lorsque qu’il l’a vu sur le balcon dela Place Saint-Pierre, il a reconnu sasimplicité dans son discours. Le papeinvite les gens au pardon, à la miséricorde,à la réconciliation et l’amour gratuit. Aulieu de rappeler la doctrine, il nous inviteà se faire proches des gens blessés de lavie. N’ayez pas peur de vous en approcher.Cela m’inspire, dit-il, et je vois le Christ àtravers lui. Le pape a une beauté intérieure

    que je trouve extraordinaire. Après mes28 années de prêtrise, le pape Françoisme donne de l’espoir. J’ai le goût de

    continuer à m’engager, j’ai le goût decontinuer à défendre mon Église.

     Je pense, me dit-i l, que ce pape vatransformer l’Église assez rapidement.De plus, il donne le goût à des gens quiont laissé l’Église d’y revenir. Pour moi, lepape rassemble les gens dans leur diversité.

    « Au Québec,nous avons un problème

    d’indifférence religieuse »

    Au Québec, précise le père Gravel,nous avons un problème d’indifférencereligieuse. À son avis, cela est pire que lapersécution parce que lorsqu’on estindifférent à quelqu’un, on ne l’entendmême plus parler. Mais il croit qu’onpeut changer le cœur des indifférents.

    L’abbé Gravel reconnaît qu’il aime l’Églisepuisqu’il en fait partie. Mais, estime-t-il,ce sont des humains qui l’ont maintenuependant 2,000 ans. Il pense qu’il faut êtreassez lucide pour corriger ce qui est

    possible mais c’est de l’intérieur qu’peut le faire. Ce n’est pas en me retiraque je peux le faire.

    Raymond Gravel aime beaucoup Québec même si on a l’impression qutout est corrompu. Ici nous avons dbelles valeurs qui nous viennent de la fchrétienne. Même si on se dissocie l’Église, ces valeurs-là demeurent.

    « L’Église est encoretrop riche »

     Je crois, poursuit-il, que l’Églicatholique a sa place dans la sociétmais une Église qui doit être pauvrL’Église est encore trop riche. Tant aussi longtemps qu’on possède, nous pourrons pas assurer un avenir à l’Églis

    Pour l’abbé Gravel, le monde actuel eun défi. Il comprend que des québécoveulent se libérer de l’Église du pasparce qu’ils se sont sentis étouffés pedant longtemps. Par ailleurs, les jeunn’ont pas cette animosité envers l’Églis

    L’Église ne mourra pas, elle va renaître ses cendres. Le nouveau pape ouvre dportes et Raymond Gravel croit que c’eune belle occasion de faire du ménage

    En terminant cette entrevue, RaymonGravel rappelle son espérance : l’Églidoit s’adresser à tout le monde d’unfaçon égale. Elle doit s’appauvrir poêtre plus signifiante et dire la présendu Ressuscité.

    ░ ENTREVUE

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    Site à visiter :

     Accéder aux réflexions de Raymond Grahttp://www.lesreflexionsderaymondgravel.o

    « Ma foiest une espérancequi me fait croireà l’impossible »

     Avez-vous déjà pris le temps d’écrire votre credo ?Pas celui qu’on a appris de la tradition, mais le credo qui bouillonne au plus profond de votre être ?

    Sommes-nous de vrais témoins du Christ ressuscité ?Est-ce que dans nos comportements, nos attitudes, nos paroles et nos gestes, le Christ se reconnaîtrait en nous?

    L’abbé Raymond Gravel insiste sur le fait que l’Église doit être pauvre. D’ailleurs, la première encyclique du pape Françoportera sur les pauvres, « Beati pauperes » « Heureux les pauvres », d’après une des béatitudes prononcées par le Christ.Le pape François a mis l’accent sur cette vertu évangélique, qui, selon l’enseignement chrétien, ouvre le coeur des personneà Dieu et aux autres. Le pape fustige souvent la richesse et la mondanité, y compris dans l’Église.La pauvreté est une vertu à distinguer de l’extrême pauvreté et de la misère, que combat le pape François.Qu’est-ce que je comprends de la pauvreté ?

    Pour aller plus loin...

    http://www.lesreflexionsderaymondgravel.org/http://www.lesreflexionsderaymondgravel.org/http://www.lesreflexionsderaymondgravel.org/http://www.lesreflexionsderaymondgravel.org/

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    Société catholique de la BibleSh b k O t M t é l

    seigneur,les mots me manquent pour te dire la joie

    que j’ai éprouvéelorsque tu es venu dans ma maison.

    J’ai compris que l’étroitesse de mon cœurétait pire que ma petite taille.Je ne sais quel confus désirm’a poussé à vouloir te voir.

    Mais c’est toi qui m’as vu le premieret qui, de mon perchoir, m’as fait tomber de stupéfaction,

    en me déclarant vouloir venir chez moi.J’en suis encore renversé.

    Tu me cherchais avec l’intention de me rencontreralors que je te cherchais avec une curiosité de badaud.

    En me considérant comme un fils d’Abraham,tu as reconnu ma foi,

    et moi j’ai eu l’impression d’avoir été l’hôte de Dieu,comme Abraham, au chêne de Mambré,

    accueillit sous sa tente trois mystérieux visiteurs.

    J’ai découvert que la foi est la manière pour l’hommede donner, dans sa vie, l’hospitalité à Dieu,

    qu’elle est une rencontre vivante et personnelle,

    qu’elle suscite la conversion,qu’elle rend l’homme grand aux yeux de Dieu.

    Je voudrais, Seigneur,que tous les Zachée du monde,

    qui se pensent trop petitsou trop éloignés de toi,

    puissent un jour te rencontreren entendant quelqu’un leur dire, en ton nom :

    Le Seigneur veut loger chez toi.

     Yves GUILLEMETTE ptre

    Lendemain de visite

    Source : Pierre Alarie et Yves Guillemette,Venez et voyez. Partages bibliques pour adultes en compagnie de Luc,Montréal, Novalis, 2004.