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La Pensée du moment par Sifu Lelaquais Automne 2004 TAOM Université Libre Pensée 29 La vie Il est aussi stupide de vouloir comprendre la vie que de pré- tendre se nourrir de la formule chimique d’une pomme. Entrer dans l’âge adulte est une naissance. C’est un passage diffi- cile. Beaucoup le refusent parce qu’ils ne veulent affronter ni la souf- france d’être seul, ni la liberté d’inventer leur propre vie. Jusqu’à notre mort et même au-delà nous devrons grandir, grandir encore, devenir tou- jours plus adulte. Ne jamais prendre racine dans une communauté, dans une foi collective, dans un quelconque confort, voilà la loi du sorcier, la voie du guerrier pacifique, le chemin qui mène à l’éveil du soi. Je connais des gens qui prennent la vie en horreur sous l’étrange prétexte que le monde leur déplaît. Comme si le monde et la vie étaient sortis jumeaux du même ventre! Le monde n’est que le lieu où la vie s’aventure. Il est rarement accueillant. Il est même, parfois, abominable. Mais la vie! L’enfant qui apprend à marcher, c’est elle qui le tient debout. La femme qui apprend les gestes de l’amour, c’est elle qui l’inspire. Et le vieillard qui flaire devant lui les brumes de l’inconnaissable, affamé d’ap- prendre encore, c’est elle qui tient ses yeux ouvert. Elle est la force dans nos muscles, dans nos élans du coeur, nos poussées de sève, notre désir d’être et de créer, sans souci de l’impossible. « Impossible est impossible !» Voilà ce que dit la vie. T.U.L 37 route du Thovey, 74210 GIEZ, France tel: 0 977 913 222 e-mail : [email protected] Page 1

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La Pensée du moment

par Sifu Lelaquais

Automne 2004 TAOM Université Libre Pensée 29

    Lavie

Il est aussi stupide de vouloir comprendre la vie que de pré-tendre se nourrir de la formule chimique d’une pomme.

Entrer dans l’âge adulte est une naissance. C’est un passage diffi-cile. Beaucoup le refusent parce qu’ils ne veulent affronter ni la souf-france d’être seul, ni la liberté d’inventer leur propre vie. Jusqu’à notre mort et même au-delà nous devrons grandir, grandir encore, devenir tou-jours plus adulte. Ne jamais prendre racine dans une communauté, dans une foi collective, dans un quelconque confort, voilà la loi du sorcier, la voie du guerrier pacifique, le chemin qui mène à l’éveil du soi.

Je connais des gens qui prennent la vie en horreur sous l’étrange prétexte que le monde leur déplaît. Comme si le monde et la vie étaient sortis jumeaux du même ventre! Le monde n’est que le lieu où la vie s’aventure. Il est rarement accueillant. Il est même, parfois, abominable. Mais la vie! L’enfant qui apprend à marcher, c’est elle qui le tient debout. La femme qui apprend les gestes de l’amour, c’est elle qui l’inspire. Et le vieillard qui flaire devant lui les brumes de l’inconnaissable, affamé d’ap-prendre encore, c’est elle qui tient ses yeux ouvert. Elle est la force dans nos muscles, dans nos élans du coeur, nos poussées de sève, notre désir d’être et de créer, sans souci de l’impossible. « Impossible est impossible !» Voilà ce que dit la vie.

T.U.L 37 route du Thovey, 74210 GIEZ, France tel: 0 977 913 222 e-mail : [email protected] Page !1

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Chacun a en lui sa propre boussole qui l’attire à ce qu’il lui faut. Tous les ânes vont aux chardons, tous les chiots à la mamelle. Les hommes, eux, vont au savoir, puis à la connaissance. Leur destin est de découvrir, d’éclore toujours plus amplement, de déployer sans fin leur esprit, leur conscience. Leur chemin est obscur, étrange, tortueux. Ils peuvent certes s’égarer, s’embourber dans l’absurde et maudire leur vie. Mais heureusement, même au plus noir des marécages je n’ai jamais désespéré jusqu’à nier l’existence des routes.

La vrai connaissance ne peut pousser qu’en pleine terre, enraciné dans la chair même de notre vie, sinon elle n’est rien qu’une croyance pé-rissable. Sans relâche, nous devons tendre vers le «  sentir sans pensées ». Restons vigilant contre le vagabondage incessant des idées et les exaltations d’ivrogne qui finissent toujours en désenchantement.

Inspirez à petit coups, à soufflez à l’intérieur de soi, comme pour attiser un feu, pour allumer le « savoir sensitif ». Le tao (ou les dieux), ont besoin de nous pour vivre. Ils ont besoin de notre conscience, de notre état de veille. Les dieux sont nos pères, mais peut-être aussi nos fils. Il faut les nourrir. Ils sont fragiles. Si on ne les aime pas, ils meurent. Si on les aime, ils se réveillent. Si on ne les aimes pas ils restent seuls, dans le néant. Le néant, c’est le lieu de celui qui ne sent pas. Le néant, c’est l’oubli.

Henri GOUGAUD

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