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Trente faits et demi qu’il est utile de connaître au sujet des Métis des Grands Lacs Par Micheline Marchand

Le Rendez-vous Métis, plus qu’une fête

Fait no 28 Les Métis font la fête lors des Rendez-vous et non à des pow-wow

La plupart des gens ont entendu parler des pow-wow, mais ignorent ce que c’est un Rendez-vous Métis.

Tout comme le pow-wow, le Rendez-vous est une fête où on retrouve entre autres de la musique, des danses, de la nourriture traditionnelle et aussi de l’artisanat autochtones.

C’est l’occasion pour les autochtones de promouvoir leur fierté culturelle ainsi que leurs modes de vie traditionnels et actuels.

Le Rendez-vous, une célébration particulière aux Métis, se veut la version contemporaine du Grand Rendez-vous, un rassemblement important des travailleurs de la traite des fourrures aux XVIIIe et XIXe siècles.

Cette rencontre annuelle se déroulait aux postes de traite des fourrures établis par la Compagnie du Nord-Ouest (CNO) au bord du lac Supérieur, d’abord à Grand Portage, et ensuite au fort Kaministiquia. En 1807, ce dernier poste sera renommé le fort William et demeurera le centre opérationnel de la Compagnie jusqu’en 1821. Plus qu’un simple comptoir, le fort William comporte de nombreux édifices et services, tels qu’un atelier pour réparer les canots. Il accueille les partenaires de la CNO qui y tiennent leur réunion annuelle et il sert de lieu d’échange à mi-chemin entre les 5 000 km qui séparent Montréal du lac Athabasca, soit entre les canots venus du nord-ouest, et ceux venus de Montréal. Pendant quelques semaines, la population du fort William passe

d’à peine une vingtaine de personnes pour atteindre jusqu’à 2 000 âmes. Les hivernants, des commerçants qui vivent dans les communautés autochtones,

arrivent au Rendez-vous avec des canots chargés de fourrures du Nord-Ouest. Ils échangent leurs pelleteries avec les voyageurs venus de l’Est, ceux qu’ils surnomment les « mangeurs de lard », parce que lors de leur long voyage, ils se nourrissent surtout de porc salé.

Ces « mangeurs de lard » ont pagayé 14 à 16 heures par jour et transporté en moyenne deux ballots de 40 kilos chacun sur leur dos, dans les portages. Ils gagnent entre 30 à 60 livres par an. À la même époque, un travailleur manuel de Montréal gagne environ 30 livres par an. Pour ces pagayeurs, le Grand Rendez-vous en juillet signifie un moment de répit avant d’embarquer à nouveau dans leurs grands canots de onze mètres de long pour reprendre le chemin du retour. Contrairement aux hivernants, installés du côté ouest du fort William, ils montent leur camp du côté est. Les voyageurs mangent et couchent à l'extérieur de la palissade. Ils s'abritent avec des couvertures sous un canot à la renverse, parfois dans une tente en cuir de bison. Les hommes effectuent des corvées. Ils ne sont tout de même pas en vacances ! Par contre, les soirées sont bien arrosées et ils participent aux nombreux jeux d’habileté et de force.

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Au fil des ans, de nombreux Canadiens français ont participé aux Rendez-vous. Certains reviendront dans leur patelin, mais pas tous. Un grand nombre des ancêtres paternels des Métis figurent parmi ces voyageurs qui décideront de rester dans ce vaste pays loin de la vie contraignante et routinière du travail de la ferme et de la rigidité de leur communauté d’origine. Ils se laissent tenter par l’aventure, la liberté et l’amour, à la fois celui du pays, et celui des femmes Premières Nations avec qui ils fondent leurs familles. On les appelle les « Canadiens libres », mais leurs descendants seront des Métis.

Les Rendez-vous du XXIe siècle n’ont pas le même visage que ceux d’antan, mais on y retrouve toujours le même esprit. Ces fêtes sont l’occasion de retrouvailles, et une façon de tisser des liens avec d’autres Métis. Elles offrent le bonheur d’échanger des histoires et des nouvelles et un moment pour s’amuser, discuter et déguster du poisson et d’autres victuailles. Ainsi, l’idée du régal, un repas spécial offert aux voyageurs, soit une miche de pain, du beurre et d’une tasse de rhum, à leur arrivée au fort William, fait toujours partie du Rendez-vous.

La vocation principale du Grand Rendez-vous au fort William était sans doute économique : l’échange de biens contre des fourrures. Cet aspect existe encore avec les Rendez-vous aujourd’hui. Bien sûr, des gens y vendent des produits. Or, de plus, cette rencontre de la communauté métisse sert à montrer aux gouvernements que les Métis occupent toujours leurs territoires traditionnels et donc ont droit à la reconnaissance officielle et à des fonds pour réaliser certains de leurs projets. Donc, le politique rejoint l’économique au Rendez-vous.

De nos jours, pour les Métis, participer aux Rendez-vous c’est une occasion de célébrer ce qu’ils étaient et ce qu’ils sont devenus. Une occasion de perpétuer leur histoire, leur culture et de la faire connaître aux autres.