Papa, maman, l’équipe et moi - communauté infirmière · rester trop dans le passé et je me...

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HURÉ Cassandra Promotion 2012-2015 Mémoire Papa, maman, l’équipe et moi Le rôle des soignants dans la dyade parents/ enfants lors de l’hospitalisation prolongée en service néonatale IFSI Flandre Intérieure Référente : E.Dankaert

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HURÉ Cassandra Promotion 2012-2015

Mémoire

Papa, maman, l’équipe et moi

Le rôle des soignants dans la dyade parents/ enfants lors de l’hospitalisation

prolongée en service néonatale

IFSI Flandre Intérieure Référente : E.Dankaert

Table des matières

Introduction : ....................................................................................................................... 1

Cadre opératoire de recherche :......................................................................................... 8

1. Cadre contextuel : .................................................................................................... 9

1.1. Cadre législatif : ................................................................................................... 9 1.1.1. Les compétences de l’infirmière : ................................................................. 9

1.1.2 Savoir-être, rôle propre de l’infirmière : ....................................................... 9

1.1.3 Les compétences de l’infirmière puéricultrice : .......................................... 11

1.2. La néonatalogie : ................................................................................................ 12 1.2.1. La prématurité : ........................................................................................... 12

1.2.2. Le service de néonatologie: ......................................................................... 13

1.2.3. L’organisation des services : ....................................................................... 14

2. Cadre conceptuel : ................................................................................................. 15

2.1. Relation soignant soigné .................................................................................... 15 2.1.1. Définition ..................................................................................................... 15

2.1.2. Lien parents/enfants ..................................................................................... 16

2.1.3. Distance professionnelle .............................................................................. 21

2.1.4. Accompagnement ........................................................................................ 25

2.2. L’équipe : ........................................................................................................... 27 2.2.1. Définition : ................................................................................................... 27

2.2.2. L’interdisciplinarité ..................................................................................... 28

2.2.3. Importance des formations .......................................................................... 29

2.2.4. Importance des transmissions ...................................................................... 31

Hypothèse : ......................................................................................................................... 32

Investigation : ..................................................................................................................... 33

1. Méthodologie d’enquête .................................................................................... 33 1.1. Choix et élaboration de l’outil d’enquête .................................................... 33

1.2. Choix des populations interrogées et des lieux ........................................... 34

1.3. Modes de réalisation de l’enquête ............................................................... 34

1.4. Limites de l’enquête .................................................................................... 34

1.5. Objectifs de l’enquête .................................................................................. 35

2. Analyse de l’enquête .......................................................................................... 35 2.1. Analyse brute ............................................................................................... 35

2.2. Analyse détaillée.......................................................................................... 39

2.3. Validation de l’hypothèse : .......................................................................... 46

Conclusion : ........................................................................................................................ 47

Bibliographie ..........................................................................................................................

Annexes : ................................................................................................................................

Cassandra HURÉ 1

Introduction :

Voilà, ça y est, nous sommes parvenus au mémoire. Cela constitue pour tout

étudiant infirmier, comme le reflet de l’aboutissement de ses trois années d’études. Aussi

mon thème a été choisi avec attention et minutie. Comme chacun d’entre nous, à chaque

stage, je guettais une situation interpellante, qui pourrait faire l’objet d’un mémoire de fin

d’études. Un sujet qui susciterait encore plus ma curiosité et dont l’intérêt me ferait

ressentir le besoin d’en apprendre plus.

D’après l’arrêté du 31 juillet 2009 relatif au Diplôme d’Etat d’infirmier, l’unité

d’enseignement 5.6 du semestre 6 «analyse de la qualité et traitement des données

scientifiques et professionnelles» consiste en un travail écrit de fin d’études et

argumentation orale sur un sujet d’intérêt professionnel. Il valide également l’unité

d’enseignement 3.4 du semestre. A travers ce mémoire la professionnalisation de

l’étudiant est valorisée.

Avant de commencer la formation infirmière, j’ai vécu 5 ans au Mali. Pour moi, ce

fut une expérience très riche, car on apprend beaucoup de «l’autre, sa culture, un véritable

partage». C’est en réalisant un stage à l’hôpital et en intervenant bénévolement dans des

orphelinats que m’est venue l’envie de devenir infirmière et peut être même puéricultrice.

C’est avec ces idées en tête, ces bonnes résolutions que j’ai démarré ma formation. Du fait

du cours laps de temps entre mes études en Afrique et ma formation infirmière (5 mois car

j’ai quitté le Mali en avril 2012) je ne pouvais m’empêcher de faire le parallèle entre les

deux pays, les deux cultures, les différences d’éducations, etc. J’ai vécu ces 3 années

d’études avec une telle richesse que mes représentations culturelles entre ces deux

continents (Europe et Afrique) m’ont amenée à percevoir différemment, avec une « bi-

vision» qui dans certaines situations a pu être un frein. En effet on m’a souvent reproché de

rester trop dans le passé et je me suis même entendue dire «Arrête avec le Mali maintenant

tu es en France, fais avec !». Mais j’avais besoin de me raccrocher à cela, c’est une part de

ma vie, de ma personnalité et il me fallait faire avec mais je savais que je naviguerais entre

les deux cultures.

Au début de ma formation j’ai appris que les stages à l’étranger étaient possibles et

j’ai ressenti l’envie de suivre un stage en Afrique, comme pour boucler la boucle. J’ai

monté un dossier pour suivre un stage de 5 semaines au Togo au Semestre 5 en réa-

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néonatale et dans un dispensaire. Après étude le directeur l’a accepté. J’ai rencontré des

situations interpellantes et l’une d’entre elles m’a particulièrement marquée. J’en ai fait ma

situation d’appel. Pouvoir associer mon expérience de vie avec mon projet professionnel

en fin de formation m’est apparu comme une évidence.

Situation d’appel :

Ma situation se déroule lors de mon stage de semestre 5 en réa néonatale à Lomé au

Togo.

Il est essentiel de décrire la réa-néonatale que j’ai retrouvée là-bas. C’était mon tout

premier contact avec ce service et j’avais bien conscience que les moyens n’étaient pas les

mêmes qu’en France. L’hôpital disposait de couveuses mais celles-ci fonctionnaient très

mal, il y avait régulièrement des coupures d’électricité, et de nombreux problèmes

matériels. Le service était équipé d’une table chauffante, de masques, d’un BAVU et d’une

bouteille d’oxygène. Il y avait deux pèse-bébés mais pas de tensiomètre, de saturomètre ou

de scope. Lorsqu’un enfant nécessitait un traitement, une prescription avec la liste du

matériel était donnée à la famille qui s’occupait de les acheter en pharmacie. En effet la

sécurité sociale n’existe pas et le service n’a pas les moyens de fournir le matériel.

Cette expérience m’a obligée à faire preuve d’une certaine capacité d’adaptation.

C’est en quittant le service que je me suis mise à faire des recherches sur internet pour

répondre au mieux aux besoins de soins des petits patients et de leur famille en tenant

compte des moyens disponibles dans ce pays.

Parmi toutes les situations que j’ai pu rencontrer, j’ai été interpellée par un infirmier

anesthésiste de formation « reconverti» dans l’éducation de la méthode kangourou aux

mamans. En effet, afin de palier leur manque de matériel, le service utilisait une méthode

dite du SMK : Soins Maternels Kangourous .Lorsque les prématurés le permettaient, ils

étaient 24h/24h en peau à peau avec leur mère ce qui permettait de créer un incubateur «

naturel ».

Je me suis assez vite rendue compte de l’importance que représentait cette méthode

pour le service. Dès leur arrivée, les patients/visiteurs sont accueillis par une très grande

affiche représentant les étapes de l’allaitement et du portage du nourrisson, les éléments

clefs de la méthode kangourou. Dans chaque salle de soins, chaque chambre où les

Cassandra HURÉ 3

mamans et leurs nourrissons dorment se trouve une ou plusieurs affiches à visée

«éducative».

Tous les matins un infirmier couramment appelé «papa kangourou » va voir

chaque maman et son nourrisson, regarde la courbe de poids dans le but de voir si la

maman respecte la méthode appliquée dans le service. Il réexplique toutes les étapes, les

bienfaits et réprimande les mamans qui ne réalisent pas les gestes comme il se doit.

Malheureusement, j’ai bien employé le terme « réprimande », car il ne corrige pas, ne

guide pas, n’accompagne pas mais impose. Lorsqu’il intervenait, j’observais les mamans

et voyais que beaucoup d’entre-elles se désintéressaient de l’infirmier et faisaient le

contraire de ce qu’il disait et ce, volontairement, dans un certain affront ou par «

provocation». Il y avait aussi certaines mamans qui suite au passage de l’infirmier

délaissaient leur bébé à la moindre occasion, un lien semblait être rompu, une perte de

confiance entre l’infirmier et les mamans.

J’ai souhaité en discuter avec l’infirmier et lui ai demandé ce qu’il pensait de sa «

matinée éducative ». Il m’a alors expliqué être déçu du comportement des mamans et que

selon lui, il faut toujours être derrière elles sinon elles ne font rien et se moquent de tout.

Questionnement initial et réajustement :

Suite à cette situation qui s’est répétée à plusieurs reprises lorsque j’assistais cet

infirmier se sont dégagées plusieurs questions :

- A quel point les parents se sentent-ils dépossédés de leur rôle de parents lorsque

leur enfant est hospitalisé ?

- Quelle est la place de l’infirmière dans l’éducation des parents aux soins de leur

enfant ?

- En quoi la méthode de soin kangourou favorise-t-elle la relation parent-enfant ?

- Quelle valeur scientifique est-il possible d’accorder à cette méthode?

- Quelle est la place de l’infirmière dans l’éducation des parents à la méthode soin

kangourou ?

- Faut-il favoriser cette méthode au détriment du médical ?

Cassandra HURÉ 4

Lors de mon entretien de validation du sujet de mémoire, j’avais posé comme

question de départ : « Comment l’infirmière de néonatologie peut-elle accompagner les

parents dans un service qui applique la méthode kangourou» ?

C’est là que mes formatrices m’ont demandé si cela ne ressemblerait pas trop à un

exposé. Pour m’aider dans mon cheminement elles m’ont questionnée sur le point qui m’a

le plus interrogée. En échangeant avec elles et en y réfléchissant bien, c’est l’attitude de

l’infirmier qui me posait question. En passant outre le fait que la SMK que je découvrais

m’intéressait énormément, je m’apercevais que je m’étais égarée dans mon

questionnement. Et pourtant en relisant et me replongeant dans ma situation les questions

étaient déjà là. J’ai donc formulé les questions qui ciblaient vraiment les éléments me

posant vraiment question à savoir :

- Quelle place est-il possible de laisser aux parents en réanimation-néonatale ?

- Comment laisser les parents acteurs des soins sans être directif ?

Motivations personnelles :

Comme je l’ai expliqué précédemment dans l’introduction, j’ai comme projet

professionnel de devenir puéricultrice. La première fois que j’ai eu l’envie de travailler

dans le milieu médical, j’avais 8 ans et je venais de rencontrer toute l’équipe qui prenait en

charge ma tante et ma cousine née prématurée à 1kg700. Le fait de travailler sur ce sujet

fait donc écho à mon histoire familiale.

Bien que je n’ai jamais réalisé de stage dans un secteur pédiatrique, j’ai eu

l’occasion, dans le cadre de l’unité optionnelle de réaliser une immersion de 3 jours dans

un service d’urgence pédiatrique et j’ai vraiment apprécié ce contact avec les parents.

Dans un cadre différent mais également très riche, j’ai, lors de mon stage en

psychiatrie, été en contact avec la maternité grâce à l’équipe mobile. J’ai pu rencontrer une

maman ayant très mal vécu son accouchement prématuré ainsi que sa césarienne et voir le

travail réalisé par l’équipe. Toutes ces raisons ont fait que ce sujet me passionne et que

j’étais pressée d’entamer ma recherche.

J’ai conscience que ce sujet peut être perçu comme un sujet de mémoire de

puéricultrice mais j’ai considéré que ma situation d’appel a commencé avec un infirmier et

Cassandra HURÉ 5

que cette relation peut être retrouvée pour tous membres d’une équipe en néonatologie

comme dans tout autre service d’ailleurs.

Question de départ : Comment l’infirmière peut-elle accompagner les parents dans

un service de néonatologie ?

Enquête exploratoire :

Afin de répondre au mieux à cette question j’ai profité de ma deuxième partie de

stage en service hospitalier pour aller discuter avec l’équipe de maternité. Je leur ai posé

ma question de départ et les ai laissés réagir à ce sujet. Certes, cela n’était pas un service

de néonatologie mais l’une des infirmières était puéricultrice et avait réalisé un stage dans

le service qui m’intéressait. Ce fut un entretien informel, relativement court mais qui m’a

permis de voir dans quelle direction je devais me diriger.

Lors de cette rencontre, l’équipe a mis en avant l’importance de la prise en charge

pluridisciplinaire. En effet, elle expliquait que ce qui était difficile avec les prématurés

était la charge émotionnelle.

Dans un second temps j’ai effectué des recherches bibliographiques ou d’articles de

presse sur le thème. Je me suis rendue compte que beaucoup d’écrits, qui avaient pour

thème le secteur de la néonatalité, se concentraient principalement sur la relation parents-

enfants.

Cela peut se comprendre car les parents conçoivent l’enfant et quand celui-ci est en

parfaite santé ou né à terme il n’y a pas d’autre relation à avoir qu’avec sa famille. Le but

est donc de recréer ce lien parfois entrecoupé ou long à acquérir par le fait d’une naissance

prématurée et d’un enfant hospitalisé. « La prématurité est en effet souvent associée au fait

d’être hospitalisé »

Mais quand la prématurité est là, le personnel médical est présent lui aussi, afin

d’accompagner les parents. J’ai donc cherché des articles sur ce personnel faisant office de

charnière dans cette relation.

Nous trouvons dans la littérature plusieurs articles mettant en avant les progrès des

services pour ne plus séparer ce qu’ils appellent « le couple parents-enfant ». Mise à part

cette proximité physique évoquée, j’ai constaté que le soignant a un rôle clef dans l’image

Cassandra HURÉ 6

qu’il renvoie aux parents de même que sa façon de les accompagner. En effet si nous

reprenons le comportement de l’infirmier au Togo, celui semblerait inadapté en France par

son manque de distance et son comportement trop directif.

L’article de Fabienne Pillet ayant pour titre Favoriser le lien parents-enfant en

maternité et en néonatologie1, explique les différents plans mis récemment en place pour la

néonatologie à savoir : l’accueil spécifique des parents, la participation parentale aux soins,

l’intérêt des soins de développement, la préparation au retour à domicile et la prévention de

la douleur et de l’inconfort.

Elle explique que la néo-natalité a évolué grâce au plan périnatalité2 qu’elle résume

en quatre axes : proximité, qualité, humanité et sécurité. Cependant je n’ai pas trouvé de

réelles réponses à ma question. Il y a tout de même un item dans le plan périnatalité qui

m’a interpelée. Il porte sur les professionnels et vise une revalorisation de la spécialité

(puéricultrice, sage-femme, pédiatre). Il est vrai qu’il y a une majorité de puéricultrices en

France dans les services de réanimation-néonatale.3 Mais leur formation à elle seule peut-

elle constituer une réponse à ma question de départ ? Faut-il être formé à la petite enfance

pour savoir accompagner, comme il faut, les parents ? Si oui, est-ce la seule ressource du

personnel de santé ?

Comme le dit l’auteure, les ordonnances de mai 2005 et septembre 2005 apportent

les modifications suivantes : Une seule équipe exécutive, un seul projet de pôle, une

meilleure communication, une meilleure adéquation des possibilités à la demande des

usagers et la définition d’une mission commune.

Grace à cette ordonnance, nous retrouvons des points abordés précédemment qui

sont l’intérêt de l’équipe pluridisciplinaire et l’importance de la communication.

La conclusion de l’article4 d’Isabelle Buchs-Renner et Silvia Iacobelli cible

exactement ce que je cherche à approfondir. « En raison de sa haute technicité, le service

de réanimation néonatale peut empêcher l’humanisation du patient, le bébé né

prématurément. Pour les soignants, le risque est de prendre en charge un corps malade,

1 PILLET, Fabienne, Favoriser le lien parents-enfant en maternité et en néonatologie, Soins pédiatrie/puériculture, août

2007, n°237, pp. 30-31 2 Le Plan périnatalité 2005-2007 Disponible sur <http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/Plan_perinatalite_2005-2007.pdf> 3 Une expertise globale de santé publique en vue de l'intérêt supérieur de l'enfant de l’ordre national infirmier 2011 4 BUCHS – RENNER, Isabelle, IACOBELLI, Silvia, Regards, paroles, espaces de pensée autour du bébé prématuré, de ses parents et de l'équipe en réanimation néonatale, Spirale, 2009, n° 51, p. 25-33

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pour les parents, de n’être confrontés devant la couveuse qu’à un ensemble d’organes

séparés. (…) il est nécessaire d’aménager des espaces de pensée pour remettre le patient à

sa place de sujet pris dans la parole, au cœur de son histoire, de bébé en devenir

accompagné par ses parents et l’équipe. »

Dans l’article5 de Druon Catherine « De l’attitude médicale et paramédicale dans

les premières heures dépend largement le devenir de ce temps en commun des parents, de

leur bébé et de l’équipe soignante. La confiance en l’équipe, qui s’installera ou non, est

fondamentale.» Apparait ici une notion évoquée lors de la situation d’appel : la confiance

entre l’équipe et les parents.

En confrontant mes nombreuses lectures et mes rencontres j’ai pu dégager plusieurs

pistes de recherche :

Tout d’abord, suite à ma situation d’appel, j’ai pu mettre en avant l’importance de

la relation infirmières-parents avec une notion de confiance mutuelle. Puis grâce aux

nombreux articles, la relation parents/enfant qui est l’objectif visé par la plupart des actions

mises en place tant par l’équipe que par les parents eux mêmes. Enfin avec les remarques

des infirmières de maternité j’ai constaté la présence d’une relation IDE6-enfants

représentant une charge émotionnelle importante et de ce fait un risque de contre-transfert.

Ceci constitue une relation de triade IDE/Parents/bébé sans oublier l’importance de

l’équipe interdisciplinaire

Mes pistes de recherche sont d’ailleurs bien résumées ici dans la conclusion et

ouverture d’un article7 de Sophie Méro8 « On pourrait se situer dans la perspective d’un

espace commun unique, co construit par les trois partenaires (le bébé, sa mère et sa

soignante – et pourquoi ne pas l’élargir au bébé, à ses deux parents, et à l’ensemble de

l’équipe pluridisciplinaire ?), espace modelé par chacun d’eux en fonction de sa

singularité de sujet humain, espace à redécouvrir sans fin. »

5 Druon Catherine, « Quel lien entre le bébé prématuré et ses parents en médecine néonatale ? » Revue française de psychosomatique, 2012/1 n° 41, p. 138 6 IDE : Infirmière Diplômée d’Etat 7 Méro Sophie, « La prématurité... D'une rive à l'autre... « La mère, son bébé et une soignante pour deux..., Enfances &

Psy, 2014/3 N° 64, p. 33. 8 Sophie Mero, psychologue clinicienne, unité de néonatologie, service du docteur Claude Danan, Hôpital intercommunal

de Créteil (CHIC)

Cassandra HURÉ 8

A la fin de cette phase exploratoire, mon travail m’apparaît comme ambitieux.

Deux conclusions d’articles représentent le début de mes réflexions. J’ai peur d’en arriver

aux mêmes conclusions. J’aimerais approfondir et détailler cette conclusion de Sophie

Mero. Quelle est la place de chacun dans cette triangulation, quels sont les risques et les

limites ? Comment chacun peut-il interagir avec l’autre ? Quelles sont ses ressources ?

Cette enquête exploratoire et toutes les questions qui en ont découlé m’ont permis

de formuler la question de recherche suivante :

Question de recherche: Quelles sont les ressources dont l’infirmière dispose au sein de

l’équipe de santé face au couple parents/prématuré dans un service de néonatologie ?

Cadre opératoire de recherche :

Dans le but de répondre à ma question de recherche, je vais aborder le cadre

opératoire de recherche avec dans un premier temps le cadre contextuel car cela va

permettre de définir les termes importants et propres à ma situation. J’ai choisi de définir

le rôle d’une infirmière diplômée d’état et d’une infirmière puéricultrice en me référant aux

lois qui régissent leurs champs de compétences. Ensuite je vais définir et approfondir les

services spécifiques qui constituent la néonatologie, en explicitant tout d’abord ce qu’est la

prématurité puis ce qu’est le service néonatologie ainsi que son organisation.

Dans un second temps je vais définir et expliciter mes concepts. J’ai choisi comme

concept la relation soignant/soigné toujours présente dans cette thématique et s’élargissant

avec la famille du soigné, je vais donc parler de distances professionnelles en m’appuyant

sur « Distance professionnelle et qualité des soins »9 sous la direction de Pascal Prayez. Je

m’intéresserai aussi à la notion d’accompagnement et à la relation parents/enfants. En

deuxième concept je vais développer l’importance de l’équipe avec la notion de formation

et l’importance des transmissions.

9 PRAYER, Pascal. Distance professionnelle et qualité de soin « Attention l’abus de distance est dangereux pour la santé

» : Lamarre, 2009, 287 p.

Cassandra HURÉ 9

1. Cadre contextuel :

Poser le cadre législatif est une première étape importante. Quelles sont les compétences de

l’infirmière ?

1.1. Cadre législatif :

1.1.1. Les compétences de l’infirmière :

La profession du professionnel de santé est régie par des lois retranscrites dans le

code de la santé publique. L’article R. 4311-1 du code de la santé publique définit la

fonction de l’infirmier en général comme tel : « L'exercice de la profession d'infirmier ou

d'infirmière comporte l'analyse, l'organisation, la réalisation de soins infirmiers et leur

évaluation, la contribution au recueil de données cliniques et épidémiologiques et la

participation à des actions de prévention, de dépistage, de formation et d'éducation à la

santé. Dans l'ensemble de ces activités, les infirmiers et infirmières sont soumis au respect

des règles professionnelles et notamment du secret professionnel. Ils exercent leur activité

en relation avec les autres professionnels du secteur de la santé, du secteur social et

médico-social et du secteur éducatif.»

L’infirmière possède ce qui est appelé un rôle « propre» comme le stipulent les

articles R. 4311-5 et R. 4311-6 du code de la santé publique « L’infirmière a compétence

pour prendre les initiatives et accomplir les soins qu'elle juge nécessaires elle identifie les

besoins de la personne, pose un diagnostic infirmier, formule des objectifs de soins, met en

œuvre les actions appropriées et les évalue» L’infirmière dans son rôle propre développe

son savoir être. Il y a le savoir, le savoir-faire et le savoir-être. Les compétences ou qualités

comportementales impactent les savoir-faire en cela qu’elles influencent la façon de

communiquer, de travailler. Il me parait donc pertinent de faire un aparté sur ce que

constitue le savoir-être.

1.1.2 Savoir-être, rôle propre de l’infirmière :

Comme expliqué précédemment, le savoir-être constitue une qualité dite nécessaire

pour le métier d’infirmière. Je me suis appuyée sur un article du magazine Objectifs Soins

Cassandra HURÉ 10

(Schindelholz, 2009)10. L’auteur explique que le savoir être a tendance à représenter ce

qu’on attend de l’infirmier en matière de relationnel en plus de ses connaissances

théoriques et pratiques. En effet il doit être capable de répondre d’une façon dite

«soignante» qui se veut rassurante et adaptée en fonction de la situation. De ce point de

vue on se rapproche beaucoup de la compétence 6 de notre référentiel. Dans un second

paragraphe le savoir être apparaît comme quelque chose d’inné que tout soignant aurait en

lui, ce qui revient à dire, comme à l’époque, que ce serait une vocation.

Le savoir-être s’apprend-il ? Si cela est le cas même implicitement cela reviendrait

à délimiter l’éthique de l’étudiant, à le changer dans sa façon la plus intime d’interagir avec

l’autre. D’après l’auteur, accepter ce savoir être c’est « admettre un glissement de l’éthique

individuelle vers une morale collective ». C’est un peu comme si, en revêtant la blouse

l’infirmière devait aussi endosser le rôle de la charité, l’empathie et toutes les normes qui

sont assimilées à sa profession, enlevant ainsi toute authenticité, toute spontanéité et toute

singularité.

Comment apprendre à « savoir-être » ? L’auteur part du principe que chaque sujet

apprend de lui-même. C’est en effet à partir de toutes ses expériences, échecs, réussites

qu’un sujet se construit, qu’il crée sa personnalité, sa façon d’ « être ». Avec ses erreurs il

apprendra. L’auteur nous fait par la suite comprendre que le savoir-être n’est pas inné mais

fait partie d’un processus constant d’évolution, de remise en question et de réajustement.

A la fin de l’article l’auteur débat sur le besoin d’adéquation entre ce que nous

sommes et l’idéal professionnel que nous visons. La notion de congruence et d’empathie,

base de ce savoir-être soignant n’est en fait qu’un rôle, ce que tout en chacun doit avoir

comme objectif. Schindelholz conclut par une citation de Sylvie Delon11 «à travers le rôle

propre, l’infirmière prend des initiatives, structure un savoir, un savoir-être et un savoir-

faire lui permettant d’être reconnue comme professionnelle à part entière »

La notion de savoir-être constitue donc bien une part du rôle propre de l’infirmier,

notion difficile par ses dimensions éthiques qui entrent en jeu. Le savoir-être retentit sur la

prise en charge de tout patient. Est-ce le cas pour la prise en charge en service néonatal ?

J’y reviendrai par la suite dans mon concept sur la relation soignant/soigné.

10 Schindelholz, P. (2009, mars). « savoir être» : décliner le concept. Objectifs soins(n°174), p. 22-24. 11 Sylvie Delon, Concept du rôle propre infirmier Gestion hospitalière n°323 p123-124 extraits du mémoire Ecole des Cadres 1997 CH Mazamet

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1.1.3 Les compétences de l’infirmière puéricultrice :

Il me semble important au vu de ma situation en service spécifique de définir

également brièvement les compétences de l’infirmière puéricultrice.

La signification du mot puéricultrice est révélatrice de ses compétences. Elle est issue

des termes latin « puer», qui signifie enfant, et de «cultrice», «cultivare» signifiant

cultiver, faire grandir, soigner. Elle dispense des soins infirmiers adaptés à l’enfant, en

tenant compte de la dimension biomédicale, socioprofessionnelle, cognitive, psychique,

culturelle…

L’infirmière puéricultrice travaille en équipe pluri-professionnelle et elle a pour missions

de :

• Prendre soin de l’enfant et de ses aidants naturels (parents, fratrie, tierces

personnes) dans une approche holistique.

• Collaborer à la gestion administrative et financière des institutions

• Prévenir, maintenir et restaurer la santé de l’enfant par une continuité des soins

• Favoriser l’autonomie, la socialisation et l’éveil de tout enfant.

• Assurer la protection de l’enfant

• Participer à la recherche, former ses pairs et les professionnels de la petite enfance

L’infirmière puéricultrice, à la suite de sa formation initiale d’infirmière, a réussi un

concours spécifique. Après cela elle a effectué une année de formation en soins du

nourrisson et de l’enfant. Les valeurs portées par les infirmières puéricultrices, les

pratiques des infirmiers et infirmières spécialisés en puériculture se fondent sur des valeurs

fortes :

• Une vision holistique de l’enfant et de sa famille dans leur environnement

• Une attitude positive inconditionnelle, c'est-à-dire quelque soit la situation familiale

et l’histoire de la mère ou du père, sans jugement de valeur dans la prise en charge

de la situation

• Une action menée dans l’intérêt supérieur de l’enfant, sa protection et la défense de

ses droits;

Cassandra HURÉ 12

• Une approche intégrative, coordonnée et renouvelée de sa pratique et de ses

connaissances.

1.2. La néonatalogie :

La néonatalogie est la spécialité médicale qui s'intéresse au développement de

l'embryon et du fœtus ainsi qu'aux nouveau-nés. Cette discipline étudie également les

enfants prématurés (nés trop tôt ou étant trop petits) et elle se consacre aux soins de tous

les nouveau-nés. Il s'agit d'une spécialité pédiatrique pratiquée dans les établissements

hospitaliers disposant d'un service de maternité. Généralement le service de néonatologie

se compose d'un service de réanimation, de soins intensifs et d'un secteur de pré-sortie

juste avant le retour à domicile.12

Afin de ne pas m’éparpiller et me concentrer sur mon sujet je fais le choix de ne

parler que de prématurité dans la suite de mon travail.

1.2.1. La prématurité :

Naissent en France chaque année, en moyenne, 60 000 bébés prématurés13. Grâce aux

progrès de la néonatologie, les chances de survie ont considérablement augmenté mais

certaines séquelles restent encore inévitables et/ou imprévisibles.

D’après l’OMS (l’organisation mondiale de la santé), on considère comme

prématuré un bébé né vivant avant 37 semaines de gestation. Cette notion recouvre trois

sous-catégories:

- la prématurité extrême (<28 semaines)

- la grande prématurité (entre la 28e et la 32e semaine)

- la prématurité moyenne, voire tardive (entre la 32e et la 37e semaine).

La durée d’une grossesse à terme est de 41 semaines d’aménorrhées, soit 39 semaines de

grossesse.

12 Définition http://sante-medecine.commentcamarche.net/faq/50309-neonatologie-definition 13 SABOUHI, Afsané, le danger de la prématurité, L’infirmière magazine, février 2015 n°357, pp.48-51

Cassandra HURÉ 13

De nombreuses raisons peuvent être à l’origine d’une prématurité tel que l’hypertension

artérielle, les hémorragies, la rupture prématurée des membranes, le travail prématuré

spontané ou encore le retard de croissance intra-utérin.

1.2.2. Le service de néonatologie:

Ma situation de départ s’étant déroulée, certes en réanimation néonatale, mais en

Afrique, je me suis rendue compte que les technologies et les moyens à disposition

n’étaient pas les mêmes. J’ai donc choisi pour mon sujet de m’intéresser aux services

pouvant hospitaliser les prématurés que ce soit la réanimation, où certains enfants font un

séjour, mais également le service de néonatologie.

La définition de la réanimation l'article R. 712-90: «Les unités de réanimation

doivent être aptes à prendre en charge des patients présentant ou susceptibles de présenter

plusieurs défaillances (…), mettant en jeu leur pronostic vital. Ces patients nécessitent la

mise en œuvre prolongée de méthodes de suppléance telles que la ventilation artificielle, le

support hémodynamique, l'assistance rénale.» 14

Mais cette définition se concentre sur la réanimation en général c’est pourquoi il est

nécessaire de la compléter avec un article de loi plus adapté à la néonatologie.

Selon l’article Art. R. 712-85 et l’Art. R. 712-86 :« II. - La néonatologie a pour

objet la surveillance et les soins spécialisés des nouveau-nés à risques et de ceux dont

l'état s'est dégradé après la naissance. III. - La réanimation néonatale a pour objet la

surveillance et les soins spécialisés des nouveau-nés présentant des détresses graves ou

des risques vitaux. L'unité de réanimation néonatale assure tous les jours de l'année, 24

heures sur 24, la surveillance et les soins spécialisés mentionnés au III de l'article R. 712-

85, que les nouveau-nés soient nés ou non dans l'unité d'obstétrique de l'établissement.

Cette unité doit être associée à un secteur de soins intensifs de néonatologie sur le même

site. »

14 Circulaire DHOS/SDO n° 2003-413 du 27 août 2003 relative aux établissements de santé publics et privés pratiquant la réanimation, les soins intensifs et la surveillance continue

Cassandra HURÉ 14

De nombreuses raisons médicales ou chirurgicales peuvent donner lieu au transfert

du nouveau-né de la maternité vers un service de réanimation néonatale (la grande

prématurité ou l’hypotrophie sont des raisons du transfert post-natal)15

1.2.3. L’organisation des services :

Depuis les décrets du 9 octobre 1998, les maternités sont classées en trois

catégories et ce en fonction du niveau de soins aux nouveau-nés. Les maternités de type I

disposent d'une unité d'obstétrique et peuvent prendre en charge des grossesses normales.

La présence pédiatrique permettant l'examen du nouveau-né et la prise en charge auprès de

la mère d'un certain nombre de situations fréquentes et sans gravité. Les maternités de type

II disposent d'une unité d'obstétrique et d'une unité de néonatalogie en capacité de prise en

charge des grossesses à risque modéré et des nouveau-nés nécessitant une surveillance

particulière. Pour finir les maternités de type III disposent d'une unité d'obstétrique, d'une

unité de néonatalogie et d'une unité de réanimation néonatale, capable de prendre en charge

des grossesses à haut-risque et des nouveau-nés présentant des détresses graves.

L’organisation des soins est élaborée, elle est centrée sur le prématuré et sa famille.

Elle repose sur une observation, du comportement de l’enfant sur le plan moteur (posture,

tonus, mouvement ...), de son autonomie (respiration, rythme cardiaque..) et de son rythme

(phase d’éveil, qualité de sommeil). Tous ces éléments permettent de préciser le degré de

maturité, la réponse au stress et la capacité d’autorégulation de l’enfant. A partir de cette

observation régulièrement actualisée, un programme de soins est établi en collaboration

avec les parents.16

Comme indiqué précédemment je vais me baser sur les maternités de type II et III

possédant toutes deux un service d’hospitalisation néonatale.

15 Sources : http://www.perinat-france.org/portail-grand-public/reanimations-neonatales-et-pediatriques/les-services-

de-reanimation-neonatale-et-pediatrique-744.html 16 Sources : http://www.cnrd.fr/L-organisation-des-soins-en.html?page=article-imprim&id_article=306

Cassandra HURÉ 15

2. Cadre conceptuel :

2.1. Relation soignant soigné

2.1.1. Définition

Selon Manoukian dans son livre « la relation soignant soigné»17 pour entrer en

relation il faut être au moins deux. Ici lorsque j’évoque la relation soignant/soigné

j’englobe également les aidants naturels qui se trouvent être les parents. Cette relation n’est

pas voulue, mais est imposée du fait de l’hospitalisation.

Il y a différentes manières d’entrer en relation; par la parole, les gestes, les

mimiques, les positions du corps et les attitudes. Toute la complexité d’une relation

provient de ces multitudes d’éléments pouvant être impliqués ainsi que l’interprétation qui

peut leur être attribuée.

D’autres facteurs peuvent également intervenir comme les facteurs physiques,

psychiques (éducation, préjugés) et sociaux (catégorie-socioprofessionnelle)

Dans le terme «relation soignant/soigné» il y a le terme relation qui vient d’être mentionné

et aussi le terme soigné.

Soigner et prendre soin sont deux notions complémentaires et interdépendantes de la

profession médicale et paramédicale.

- soigner consiste à traiter la maladie, compenser un déficit dans une démarche

technique pertinente et validée

- prendre soin vise à soulager les symptômes, diminuer la souffrance et donc

favoriser l’autonomie et le confort de la personne.

Il y a beaucoup d’approches possibles et j’ai choisi tout d’abord d’aborder la

relation parents/enfants pour essayer de comprendre ensuite où se situent les professionnels

face à cette relation déjà existante. Je m’intéresserai tout d’abord à la notion d’attachement

avec un historique théorique du lien mère enfant en passant par Freud, spitz, Bowlby,

Winnicott. J’ai par la suite voulu développer la notion de distance professionnelle m’étant

17 Manoukian, A. (2008). La relation soignant-soigné. Lamarre.

Cassandra HURÉ 16

rendu compte que lorsqu’il est question d’enfants, que le vécu du soignant entre en jeu

avec une importance du savoir-être développé précédemment dans la phase contextuelle

ainsi qu’un risque de contre-transfert. J’ai pour finir voulu comprendre comment, dans

cette relation soignant-soigné, l’équipe était en mesure d’accompagner les parents. J’ai

donc commencé par définir la notion d’accompagnement puis je me suis questionnée sur la

relation de confiance qui pouvait être créée car c’est une notion que j’avais rencontrée lors

de mon enquête exploratoire.

2.1.2. Lien parents/enfants

Il y a des lois qui permettent la présence des parents dans les unités de

néonatologie. L’accueil et l’accompagnement de l’entourage constituent un droit du patient

et il est demandé aux établissements de «définir les modalités d’accueil et

d’accompagnement de l’entourage». De plus «une organisation permet l’accueil et la

présence en continu des parents des enfants hospitalisés». 18

Dans le lien parent/enfant il y a deux notions que j’ai choisies d’aborder ; celle de

l’attachement plus particulièrement par rapport au bébé et celle de la parentalité abordant

le coté des parents.

2.1.2.1. Notion d’Attachement

L’attachement parents-enfant est une notion relativement récente tout autant que la

notion d’enfance. Avant le XIXème siècle il n’était pas rare qu’un nouveau-né décède

emporté par l’épidémie ou mal nourri. A moins qu’il n’ait été abandonné, vendu ou tué à

l’occasion d’un « malheureux » accident. Puis la famille est devenue « lieu d’affection

nécessaire entre les époux et entre parents et enfant 19».

18 Manuel de certification V2010- critère 19a, p.60 disponible sur le site de la haute autorité de santé 19 Philippe Ariès, journaliste, essayiste et historien français, connu pour son étude sur L'Enfant et la vie familiale sous l'Ancien Régime.

Cassandra HURÉ 17

En 1850 la psychanalyse a démontré que certains liens précoces mère-bébé sont

indispensables au développement de l’enfant et de sa construction psychique.20 Différents

auteurs se sont penchés sur le lien mère enfant.

Pour Sigmund Freud l’enfant enregistre les traumatismes subis dès les tous

premiers jours de sa vie. En 1920 il publie la théorie du Ca, Surmoi et Moi. Pour lui les

évènements de vie auraient des influences positives ou négatives. Il établit le constat que

pendant de nombreux mois la mère n’est pour l’enfant qu’un ensemble de comportements

répondant à tous ses besoins. Une séparation précoce engendrera un sentiment de

frustration encore visible dans sa future vie d’adulte.

Mélanie Klein, psychanalyste (1960-1982), introduit la notion de « bonne » ou «

mauvaise » mère. Elle remarque que la mère est le premier objet d’attachement dans la vie

du nouveau-né. Elle a pu observer que le nourrisson n’a pas de perception « à distance » de

sa mère. Il ne ressent que des sensations corporelles. Il commence à effectuer des liens

entre ses sensations et cet objet qui est, pour lui, une continuité de lui-même c’est à dire

une extension.

René Spitz, psychanalyste du 20ième siècle, décrit les conséquences des carences

affectives liées à la séparation mère/enfant précoce, à partir d’enfants élevés en

pouponnière. Il définit les notions telles que l’hospitalisme, état dépressif qui se manifeste

chez certains enfants séparés précocement de leur mère. Il définit que la relation objectale,

relation du sujet avec son monde qui résulte de l’organisation de la personnalité, n’existe

pas dès la naissance mais se construit. Il met en évidence également la dépression

anaclitique, état d'apathie massive avec refus du contact ou indifférence à l'entourage chez

un nourrisson de six à huit mois privé brutalement de sa mère. Il mentionne les désordres

psychotoxiques du bébé qui a des états émotionnels eux-mêmes ressentis par sa mère.

Les troubles proviennent donc de l’absence physique de la mère : le bébé est privé

des soins maternels, des émotions affectives qui sont vitales pendant les échanges avec la

mère.

20 Binel, G. (2000). Prématurité et rupture du lien mère-enfant. La naissance inachevée . p.18 Morin.

Cassandra HURÉ 18

La dépression anaclitique et l’hospitalisme démontrent qu’une déficience grossière

dans les relations objectales conduit à l’arrêt du développement dans tous les secteurs de la

personnalité. Cela montre bien le rôle capital des relations chez le bébé.

Tous ces auteurs nous montrent que tout nouveau-né a un lien précoce avec sa mère

et plus généralement ses parents. Les bébés peuvent souffrir de carences affectives dès leur

naissance. Nous avons pour l’instant évoqué le point de vue du côté du bébé mais dans le

cadre de mon sujet il me semble également important d’évoquer le point de vue des parents

dans cette relation. Au cours de mes lectures j’ai à plusieurs reprises été interpellée par le

terme de parentalité que j’ai décidé d’expliciter dans la partie suivante.

2.1.2.2. Notion de parentalité

La théorie de l’attachement est intimement associée à la question de la parentalité.

Elle a été abordée tout d’abord par Bowlby psychiatre anglais en 1988 par le système du «

caregiving». Il décrit la capacité des parents à apporter une protection à leurs enfants.

L’individu doit être présent régulièrement et apporter différents soins à l’enfant au niveau

émotionnel et physique. Le caregiving dépend des croyances culturelles, de la parentalité,

de la qualité de l’environnement et de l’état émotionnel dans lequel se trouve le

«caregiver». Il dépend aussi du comportement de l’enfant, de la relation conjugale, des

conditions de vie, des ressources matérielles et financières mais aussi d’histoire parentale

et d’expérience du parent en tant qu’enfant.

Comme le disait Winnicott, le regard parental est un miroir pour l’enfant21, les

expériences relationnelles des parents sont d’après le psychanalyste ressenties par le

nourrisson.

Que signifie le fait d’être « parent» ? Toute personne devient-elle parent lorsqu’elle

tient son enfant ou apprend-t-elle à le devenir ? La parenté désigne toutes les personnes

unies par des liens familiaux, que ce soit par filiation ou par alliance. Le parent, c’est celui

qui est de la même famille. Dans le langage commun, le terme « parent » fait référence aux

parents biologiques ou adoptifs d’un individu. Le terme parenté induit donc une filiation.

D’un point de vue juridique, les parents sont ceux qui détiennent l’autorité

parentale. Le terme de parentalité est de plus en plus employé dans toute sa globalité avec

21 Winnicott DW. Jeu et réalité, Paris : Gallimard ; 1971

Cassandra HURÉ 19

ses aspects juridiques, socio-économiques, culturels et affectifs. La notion de parentalité

s’est fortement répandue dans les années 1990, à la suite de la conférence de la famille. En

1998 s’est créé le réseau d’écoute d’appui et d’accompagnement des parents REAAP .

Psychanalyste français, Didier Houzel, s’est penché sur cette notion en établissant

le fait qu’on ne nait pas parents mais qu’on le devient.22

En fait la parentalité pourrait être définie comme un processus qui commencera

avant même la grossesse, dès le désir d’enfant, puis se poursuivra à la naissance et

continuera tout au long de sa vie.

D’après Galinsky23 le développement du rôle parental évolue en même temps que

l’enfant grandit et ce pour palier à ses différents besoins évolutifs :

- Le stade des représentations, expérience subjective de la parentalité durant la

grossesse, construction d’un enfant imaginaire avec les qualités physiques et

comportementales espérées.

- Le stade de l’attachement, de 0 à 2 ans stade du « nursing ». L’enfant est totalement

dépendant des parents qui construisent le lien psychique à leur enfant. La

construction du lien est facilitée lorsque l’enfant est proche de celui imaginé et plus

complexe lors d’évènements vécus comme insécurisants.

- Le stade de l’autorité, de 2 à 5 ans période éducative avec la définition des limites

- Le stade de l’ouverture au monde entre 6 à 12 ans

- Le stade de l’interdépendance, à partir de 12 ans. C’est une période de

l’adolescence durant laquelle les parents introduisent la négociation et les

compromis

- Enfin le stade du détachement, départ de l’enfant du domicile, relation avec leur

enfant-adulte.

Le processus de parentalité reste-il le même pour des enfants prématurés ?

Les émotions de la naissance se mêlent à un sentiment intense dû à l’incertitude sur

l’état de santé du bébé ainsi que son devenir. Cet environnement anxiogène et la difficulté

à entrer en contact avec l’enfant durant l’hospitalisation et ce en raison de l’hyper

22 Houzel D, L’enfant, ses parents et le psychanalyste, Paris : Bayard, 2000, p293 23 Galinsky E. between generations: the six stages of parenthood. New-York : Berkeley ; 1981

Cassandra HURÉ 20

médicalisation, peuvent rendre difficile la construction des premiers liens entre l’enfant et

ses parents et affecter ainsi le processus dit de « parentalité ».

Si nous nous référons à ce que dit Galinsky24, il se pourrait que les parents de

prématurés soient restés au stade des représentations et ils ne sont pas forcément prêts à

passer à l’attachement. L’enfant ne devant pas naître de suite, l’attachement peut être

difficile car dit « insécurisant».

Cette notion de parentalité permet de mettre en avant la fragilité du lien

parents/enfants. Je pense que dans ce contexte particulier d’hospitalisation, les parents

peuvent avoir des difficultés à trouver leur place et leur rôle. Lors d’une naissance à terme

et sans complication, un retour au domicile rapide permet aux parents de trouver leur

organisation, de constituer leur famille comme ils le souhaitent et de « devenir »parents

avec tout ce qu’implique cette notion. En service hospitalier, il y a un rythme imposé par

les soins techniques que les parents ont des difficultés à appréhender. A ce moment-là, ils

se retrouvent dépendants du personnel médical et des machines pour prendre soin de leur

progéniture et sont en recherche de leur place légitime de parent. Ils expérimentent leur

rôle de parents comme s’il y avait un modèle type, car sous l’œil ou en présence parfois du

personnel.

Peut-on apprendre à être parents ? Puisqu’il y a des personnes tierces dans leur

constitution de famille, les personnes qui constituent le personnel soignant semblent devoir

palier la rupture de processus en confortant les parents dans leur besoin d’être

accompagnés dans leur parentalité.

Nous venons de traiter la relation du point de vue de la personne soignée qui se

trouve être ici le prématuré ainsi que les aidants naturels représentés par les parents. Nous

avons vu le lien qui les unit que ce soit du côté du prématuré ou du côté des parents. Dans

un deuxième temps nous allons évoquer la relation du point de vue du soignant. J’ai choisi

de traiter la posture professionnelle et la distance que le soignant (infirmier ou

puéricultrice) établit dans sa relation à l’autre.

24 Galinsky, op. cit., p.19.

Cassandra HURÉ 21

2.1.3. Distance professionnelle

La distance professionnelle est parfois aussi appelée juste distance. J’ai choisi de

traiter cette notion pour comprendre comment se positionne le soignant de façon générale

avant de pouvoir comprendre comment il se positionne face au couple parents-prématuré.

J’ai d’abord commencé par définir ce que signifie la distance professionnelle, puis j’ai

étudié l’influence personnelle et du savoir-être dans la relation avec le patient, pour finir

par aborder la notion de contre-transfert.

2.1.3.1. Définition

Dans son livre « La dimension cachée », Edward T. Hall25, anthropologue

américain du 20ième siècle explique la dimension subjective qui entoure un individu ainsi

que la distance physique à laquelle les individus se tiennent les uns des autres. C'est un

espace personnel qui est propre à chaque individu selon la relation établie, les habitudes

culturelles et certains facteurs personnels. Nous pouvons tout de même définir certaines

grandes lignes relatives aux différentes distances.

La distance publique : elle est de plus de 7 mètres et s’établit lorsque d’autres

individus sont présents, exemple lors d’une conférence.

La distance sociale : c’est la distance propre à une relation professionnelle ou

commerciale, elle se situe entre 1,20 à 3,60 mètres environ, elle implique un certain

détachement. A cette distance se situe la « ligne » de sécurité qui permet de communiquer

sereinement, les émotions sont bien maîtrisées.

La distance personnelle : elle est synonyme d’une bonne entente entre les

interlocuteurs et correspond à une distance évoluant entre environ 0,45 à 1,20 mètres. C’est

une distance favorisant un échange bénéfique, nous nous sentons proche et compris, le

dialogue est fluide.

La distance intime : laisser entrer quelqu’un en dessous de la distance personnelle

signifie qu’il existe une relation privilégiée entre ces personnes. Elles pénètrent alors dans

25 Edward, T. Hall. (1978). « La dimension cachée »

Cassandra HURÉ 22

leur bulle de protection. Il s’agit d’un espace qu’il convient de respecter afin que la

personne ne se sente pas agressée dans son intimité.

D’après Pascal Prayer26 cette distance pousse les soignants vers une prise de

distance excessive. Il faut apprendre à faire la différence entre distance excessive et juste

distance. Il explique notamment que développer les qualités relationnelles qui sont partie

intégrante de la profession paramédicale, est un apprentissage complexe qui ne peut

s’acquérir qu’au fil du temps et avec de l’expérience. Dans une relation soignant-soigné il

faut se donner du temps pour trouver son rythme, sa façon d’être et de s’impliquer. Il serait

illusoire de penser qu’il est possible de trouver immédiatement une posture professionnelle

juste. Pour comprendre et chercher la distance adéquate, il faut en permanence garder à

l’esprit qu’une relation de soin met en contact deux personnes uniques qui perçoivent des

sensations et ressentent des émotions qui leurs sont propres. Il me semble que la façon

d’interpréter est propre à la personnalité, à l’expérience et au vécu de chacun. Comme le

dit précisément Pascal Prayer : « Trouver la distance, ce n’est pas aseptiser la relation ni

s’éloigner du patient. Lorsqu’on repousse autrui loin de soi, c’est peut être une rencontre

avec une partie de soi même que l’on refuse ».27

Au vu de cela, il me semble que le soignant doit trouver sa juste place en tant que

professionnel dans une relation de travail. Le soignant est aussi doté d’émotions et de

sentiments et cela n’est pas toujours chose facile. Si l’on en croît Pascal Prayer, il se

pourrait qu’il faille d’abord se connaitre. En effet, nos émotions, notre vécu, notre façon

d’être devraient être connue et si l’on peut dire « maitrisés » avant de pouvoir entrer en

toute sérénité au contact d’autrui. C’est pourquoi, je me pose la question de l’influence

personnelle et du savoir-être. Est-elle la base d’une communication réussie ? Peut-elle

influencer la prise en soin ? C’est pour répondre au mieux à ces questions que j’ai choisi

d’approfondir cette notion d’influence personnelle et de savoir-être.

26 Pascal Prayer op cit p8 27 Pascal Prayer op.cit. p8

Cassandra HURÉ 23

2.1.3.2. Influence personnelle et savoir être

D’après Walter Hesbeen, les soignants constituent des êtres de ressources qu’ils

vont mettre au service de l’autre. Les ressources peuvent être diverses et pas

nécessairement acquises définitivement. Elles peuvent également être extérieures au

contexte professionnel. Il part du principe que l’expérience en tant que telle ne crée pas de

connaissances.

Walter Hesbeen met en avant le fait que pour soigner il est nécessaire de

manifester du respect au patient et c’est pour cela qu’il est important de connaitre son

propre système de valeurs.

D’après l’article28 de Florence Michon29 dans le magazine intitulé « soin » dans la

relation à l’autre les manifestions de la personnalité émergent à travers des émotions et

des sentiments que chaque personne possède depuis l’enfance. »

Ces émotions ont tendance à être masquées, modifiées par les clichés sociaux et

culturels. En effet la tristesse sera perçue comme un manque de courage, la colère comme

un caprice, la peur assimilée à de la lâcheté et la joie intense à une désinvolture ou un

manque de sérieux.

Il apparait pourtant d’après Goleman30qu’il est important de faire preuve

d’intelligence émotionnelle et qu’il est aussi nécessaire que le soignant accepte que ses

émotions fassent partie intégrante de sa personnalité. Tout au long de ses nombreux

ouvrages, Goleman essaye de comprendre l’impact de certaines capacités sur la vie

familiale, professionnelle et sociale. Il définit plusieurs axes de travail de l’intelligence

émotionnelle qui sont : la conscience de soi, la prise de décisions et responsabilité

personnelle, la maîtrise des émotions, l’apaisement des tensions, l’empathie, la

communication, l’ouverture à autrui, l’acceptation de soi et l’assurance.

Florence Michon31 explique que grâce à ses émotions, le soignant est plus apte à

comprendre, recevoir et agir sur celles du patient, cela peut même le convaincre de les

28 Florence Michon « Les relations interpersonnelle avec la personne notion et la notion de juste distance » Soin n 773, mars 2013 29 Florence Michon cadre de santé, centre de soin et de rééducation 30 GOLEMAN D. L’Intelligence Émotionnelle 31 Florence Michon op.cit. p 22.

Cassandra HURÉ 24

reconnaitre et les exprimer. «Connais-toi toi-même» est une maxime qui prend sens auprès

des soignants. En effet le professionnel en s’interrogeant lui-même peut interroger l’autre

et réfléchir à ses actes, cela nécessite une expérience et des aptitudes personnelles.

En plus des émotions, le soignant doit aussi faire face à ses expériences de vie. Ces

dernières, combinées aux savoirs infirmiers, donnent place au savoir-faire personnel.

Le soignant doit faire preuve d’intelligence émotionnelle. Le fait, que dans ma

situation, travailler en réanimation néonatale est d’autant plus particulier. En effet le

contact avec des nouveaux nés n’est pas le même qu’avec un adulte, ce qui semble évident.

Comment réussir à ne pas trop s’impliquer émotionnellement ? Comment se

positionner face aux parents ? Comment ne pas faire de parallèle et de transposition

personnelle ? C’est ici que peut se produire la notion de contre-transfert, notion que je vais

aborder à présent.

2.1.3.3. Contre-transfert

Le contre-transfert est un mouvement transférentiel affectif de l’analyste en relation

avec son vécu. C’est le transfert du côté du soignant. Il regroupe l’ensemble des réactions

affectives des soignants envers les soignés. Il peut avoir une action défavorable sur l’action

thérapeutique car cela modifie la relation.

Plusieurs éléments

La réaction affective à la personnalité du malade

La réaction affective à l’image que donne le malade

Les facteurs personnels

Ses propres représentations

L’article «transfert/contre-transfert» 32 de la revue de l’infirmière explique que l’on

parle plus souvent du contre-transfert avec une connotation négative, en effet le contre-

transfert est fortement lié à la distance vise à vis du patient et de sa famille.

32 NARFIN, Roland, Transfert et contre-transfert, La revue de l’infirmière, Décembre 2011, n° 176, pp. 49

Cassandra HURÉ 25

La relation est une source d’émotions et de représentations qui peuvent entrainer

des comportements, lesquels peuvent à leur tour déclencher, chez l’autre, d’autres

représentations et d’autres réactions émotionnelles.

Comme lu dans la revue de l’infirmière33, les infirmières qui travaillent en service

néonatal font face tous les jours à la souffrance des familles qui présentent des troubles de

la parentalité. Elles se retrouvent face à des parents inquiets et doivent faire preuve

d’empathie en s’exposant à la réaction parfois impulsive de ces derniers. Le contre-

transfert négatif à l’égard de ces parents peut être particulièrement fort. Dans certain cas

l’identification des soignants vis-à-vis du bébé est importante. Il en ressort une complexité

émotionnelle et relationnelle qui met certains soignants dans une position d’impuissance.

Je pense que la notion de contre-transfert est une notion dont il faut se souvenir

pour savoir la contrôler et rester ainsi dans une relation thérapeutique. Il se pourrait que

dans certains cas le contre-transfert ait des effets positifs. Faisant écho à notre propre vécu

il peut implicitement aider à connaitre la marche à suivre pour pallier ou réagir à certaines

situations de la manière la plus juste et la plus adéquate.

Dans le concept de la relation soignant/soigné après avoir évoqué la relation parent/

enfant nous venons de voir celui des professionnels avec la notion de distance

professionnelle. Nous avons compris que cette dernière fait appel une expérience et une

connaissance de soi. Je vais maintenant aborder la notion d’accompagnement afin de voir

comment ces deux parties se confrontent, comment le soignant peut-il accompagner les

parents ?

2.1.4. Accompagnement

« Accompagner quelqu'un, c'est se placer ni devant, ni derrière, ni à la place. C'est être à

côté. » Joseph Templier.

33 Feldman Marion et al. « Le contre-transfert dans le soin du lien parent/bébé « Une expérience en unité mère-bébé et en crèche familiale préventive La psychiatrie de l'enfant, 2012/2 Vol. 55, p.

Cassandra HURÉ 26

2.1.4.1. Définition

D’après Walter Hesbeen pour être dans une posture d’accompagnement le soignant

doit réussir à ne pas imposer ni reprocher et doit savoir faire preuve de subtilité. Le

soignant doit faire fonction d’expert et de conseiller car son rôle est d’éclairer sur les

opportunités, les choix et chemins possibles. Il doit distinguer les avantages et les

inconvénients pour faire un état des lieux de la situation dans laquelle se trouve le patient

afin de lui offrir ainsi les ressources dont il dispose.

L'accompagnement psychologique et professionnel peut être également désigné par

la relation d’aide. La relation d'aide serait favorisée par quatre qualités ou attitudes « non

directives » de l'accompagnant. Selon Carl Rogers, il s’agit de : l'empathie, l'écoute active,

la congruence et le non jugement.

Dans tous les cas comme le dit Walter Hesbeen, le soignant ne doit surtout pas chercher à

maîtriser la vie des personnes. Il n’est pas un guide sauf dans une situation précise et son

but n’est pas de créer un lien de dépendance mais un lien de confiance.

2.1.4.2. Relation de confiance

Au sens strict du terme, la confiance renvoie à l’idée qu’on peut se fier à quelqu’un ou à

quelque chose. Le verbe confier (du latin confidere : cum, « avec » et fidere « fier « )

signifie, en effet, qu’on remet quelque chose de précieux à quelqu’un, en se fiant à lui et en

s’abandonnant ainsi à sa bienveillance et à sa bonne foi.

La confiance est un sentiment d'espérance que l’on ressent lorsque l’on se fie à

quelqu'un. L'espoir se fonde sur cette relation qui est censée produire des résultats. La

confiance se construit, s'infirme ou se confirme dans l'action et la relation. Elle renvoie à

des sentiments et des émotions.34

34 PHANUEL, Dominique. Confiance dans les soins et soin de la confiance : la réponse relationnelle. Politiques et management public, 2002, vol. 20, n° 4, Numéro spécial : « L'évaluation de l'action publique : pour quand ? ». pp. 115-132

Cassandra HURÉ 27

D’après l’article35 « La relation pour instaurer la confiance dans les soins » de la

revue Soins, la confiance est fortement liée à l’incertitude. La confiance est la « volonté

délibérée d’être vulnérable aux actions d’une autre partie fondée sur l’espérance que

celle-ci accomplira une action importante pour la partie qui accorde sa confiance,

indépendamment de la capacité de cette dernière à surveiller ou contrôler l’autre

partie ».36Dans cette définition, on remarque le sentiment d’impuissance et de dépendance

dans lequel se trouve le patient (les parents dans le cadre de mon étude).

L’article établit le fait que le doute et les inquiétudes des patients conduisent

indéniablement à la recherche de bienveillance, d’écoute, de réconfort et d’information de

la part des soignants. La relation de confiance par sa proximité physique et émotionnelle

permet de créer un environnement sécurisé pour la personne soignée.

Cette relation de confiance dans les soins dépend de l’information délivrée, de

l’attitude du soignant mais aussi de l’idée que se font les parents d’un comportement

acceptable des soignants.

J’en conclus que pour créer une relation de confiance, il faut d’abord créer les

conditions favorables puis, pour entretenir cette relation, le soignant doit être au plus près

des attentes des parents, leur transmettre les informations adaptées, avoir des

comportements empathiques mais surtout savoir s’adapter car chaque parent est différent.

2.2. L’équipe :

2.2.1. Définition :

L'équipe peut être définie comme un ensemble de personnes réunies autour d’un

projet commun qui a pour but la mise en œuvre, au sein d’un service, d’un ensemble de

tâches et actions. Le travail d’équipe est un concept essentiel au sein des structures

médicales. L’intervention de multiples professionnels de santé permet une approche plus

globale du patient. Le travail d’équipe pluridisciplinaire est également un élément essentiel

35 PHANUEL, Dominique, HAMON-MEKKI, Françoise, La relation pour instaurer la confiance dans les soins, Soins, Octobre 2013, n°779 36 Mayer et al.(1995,p. 712) « … the willingness to be vulnerable to the actions of another party based on the expectation that the other will perform a particular action important to the trustor, irrespective of the ability to monitor or control that other party »

Cassandra HURÉ 28

face à la complexité des situations rencontrées. Il apporte un soutien mutuel et permet

également de passer le relais.

2.2.2. L’interdisciplinarité

2.2.2.1. Définition

D’après Walter Hesbeen, la composition d’une équipe d’un service comprend deux

types de professionnels, ceux qui prodiguent les soins en direct tel que les pédiatres

puéricultrices, infirmières, psychologues et psychomotriciennes et ceux qui exercent une

activité de support comme les secrétaires, agents d’entretien etc. L’organisation du travail

du fait de sa complexité nécessite une répartition des tâches, ce qui implique la mise en

œuvre d’une interdisciplinarité. On ne parle donc pas de tâche spécifique mais de multitude

de spécialistes intervenant auprès du patient

Le terme interdisciplinarité vient du mot « discipline ». C’est un mot qui est apparu

dans les sciences du 20ème siècle. Il désignait à l’origine un petit fouet d’auto flagellation

lequel avait comme capacité de permettre de se punir afin de corriger ses erreurs. Par la

suite il désigne une capacité d’organisation qui, au fur et à mesure, a permis l’évolution des

connaissances par la catégorisation des différents domaines du savoir.

Le terme interdisciplinarité désigne un travail commun, réalisé par des membres de

diverses disciplines, ce qui permet de jeter un autre regard sur les problèmes rencontrés.

Cette définition qui m’est apparue comme la plus claire est complète, est extraite de la loi

90 au Québec. 37 Il y est précisé que « l’efficience et l’efficacité (des soins) se trouvent

accrues par la mise en place d’un encadrement professionnel favorisant le travail en

interdisciplinarité.» Ce mode d’organisation des équipes implique une grande

collaboration et une intercommunication particulièrement active. « C’est une association

de compétences en vue d'une réalisation commune. C'est travailler ensemble pour

construire une réalité morcelée artificiellement par le cloisonnement des disciplines».

R. Mucchielli explique quant à lui que « l’hétérogénéité des compétences est

facteur de richesse des échanges (…) et d’une division efficace des rôles. Elle dynamise et

37 INTERDISCIPLINARITÉ ET UTILISATION OPTIMALE DES COMPÉTENCES, ... MISE EN CONTEXTE DE. LA LOI 90. ▫ Entrée en vigueur le 30 janvier 2003;.

Cassandra HURÉ 29

enrichit l’équipe. La complémentarité peut donc devenir un facteur important d’efficacité

et de progrès mutuel ». 38

La place qu’occupe chaque soignant dans son rapport au patient et ses proches est

donc unique puisque chaque soignant est unique. Nous verrons ainsi par la suite

l’importance que revêt la qualité de la communication entre les membres de l’équipe et ce

notamment par le biais des transmissions.

2.2.2.2. Soutien mutuel

D’après Karine Sanson psychologue, il est très intéressant de pouvoir se soutenir

mutuellement et pouvoir considérer ses collègues comme des ressources grâce à leurs

différentes compétences. De plus, apprendre à jouer avec les différentes places et rôles des

uns et des autres permet de proposer aux personnes accueillies, que ce soit la famille ou les

enfants, des expériences diversifiées de contact, de feedbacks (renvois différents) de

confrontation aux limites et d’investissement ce qui constitue une richesse précieuse dans

le travail d’accompagnement.39

Le relationnel est très important dans une équipe. En effet, de nombreuses situations

de forte tension peuvent se présenter que ce soit en raison de l’état du malade, des

exigences techniques, du rythme des postes, de la pression provenant d’autres

professionnels ou de la hiérarchie ou encore des remarques ou critiques provenant des

familles. C’est la raison pour laquelle l’équipe, dans l’idéal, doit être un lieu de

collaboration, d’entraide, d’harmonie et de développement professionnel. Les soignants, du

fait de leur proximité avec le patient, sont parfois les « boucs émissaires » des familles

angoissées qui déversent sur eux la tension accumulée lors de l’hospitalisation.

2.2.3. Importance des formations

Comme nous l’avons vu précédemment chaque professionnel intervient à son

niveau suivant sa formation. Je vais donc m’intéresser ici plus particulièrement à la

formation de puéricultrice.

38 MUCCHIELLI R., La dynamique des groupes, ESF Editions, Paris, 1995, p 47. 39 SANSON, Karine, Pluridisciplinarité : intérêt et conditions d'un travail de partenariat, Le Journal des psychologues, 2006, n° 242, pp. 24-27

Cassandra HURÉ 30

Comme le dit le Pr Tsatsaris40 «la formation des infirmières est parcellaire et

datée». D’après lui la formation du personnel paramédical sur la périnatalité est lacunaire

et rarement actualisée depuis la formation initiale et les formations continues sont rarement

portées sur les problématiques de prématurité. Dans le service d’unité de médecine fœtale

est donc proposée une formation interne ouverte aux soignants extérieurs. Ceci montre

qu’il existe une volonté de former les professionnels.

2.2.3.1. Formation de base puéricultrice

Nous avons vu dans le contexte les compétences de l’infirmière puéricultrice,

pourtant tous les postes en néonatologie ne sont pas attribués uniquement à des

puéricultrices. Nous pouvons nous demander pourquoi ?

Pour l’ANDPE (Association Nationale des Puéricultrices diplômées et des

étudiantes) il est important de promouvoir la spécialité, la rendre plus attractive et valoriser

les compétences des professionnels qui disposent d’un savoir, d’un savoir-faire et d’un

savoir être spécifique pour la prise en soin holistique de l’enfant et de sa famille.

En 2014, d’après Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des

Statistiques DREES, 3 % des infirmiers en activité sont diplômés d’État en puériculture.

Ce n’est pas suffisant pour représenter tous les professionnels travaillant en néonatalité.

D’après l’article Article R4311-13 « Les actes concernant les enfants de la

naissance à l'adolescence, et en particulier ceux ci-dessous énumérés, sont dispensés en

priorité par une infirmière titulaire du Diplôme d'Etat de puéricultrice et l'infirmier » Cela

signifie qu’il n’est pas nécessaire d’être formé puéricultrice pour réaliser les actes. La non-

reconnaissance de la fonction a pour conséquence que peu d’infirmières se décident à

franchir le pas de la formation.

Selon le rapport « La politique de Périnatalité : «bien que la présence de

puéricultrices soit justifiée dans les unités de néonatologie, notamment pour (…) les soins

du nouveau- né en réanimation, il n’en existe pas toujours en raison de l’insuffisance de

candidats : nombre des infirmières devenues puéricultrices après formation optent en effet

40 TSATSARIS, Vassilis, La formation des infirmières est parcellaire et datée », L’infirmière magazine, février 2015, n°357, p.49

Cassandra HURÉ 31

pour des emplois non hospitaliers (crèches, PMI). Leur fonction est alors assurée par des

infirmières non spécialisées. »

2.2.3.2. Formation continue

La formation continue est obligatoire et régie par le décret n° 2008-824 du 21 août

2008 relatif à la formation professionnelle tout au long de la vie des agents de la fonction

publique hospitalière. De plus, depuis 2013, l’obligation de participation à un programme

de développement professionnel continu41 impose aux professionnels paramédicaux de

maintenir et développer leur compétence spécifique. L’intérêt de ces programmes est la

participation en interdisciplinarité ou pluridisciplinarité autour de l’analyse des pratiques

professionnelles.

Il en existe plusieurs très utiles pour la relation avec les parents en service néonatal tel

que :

- Formation Eutonie en Préparation à la Naissance et Parentalité

- Formation Le Père dans la triade Père Mère Enfant(DPC)

- Formation Réanimation Néonatale(DPC)

Malheureusement les 3 formations citées ici ne sont ouvertes qu’aux sages-femmes.

Il est difficile de trouver des formations spécifiques à la néo-natalité, c’est la raison pour

laquelle certains services proposent des formations internes à tous professionnels du

service.

2.2.4. Importance des transmissions

Comme nous l’avons vu dans l’interdisciplinarité, le patient peut décider de révéler

des informations différentes selon les membres de l’équipe en fonction des rapports qu’ils

entretiennent. D’où l’importance que l’équipe aille dans la même direction en ce qui

concerne les propos que ses membres tiennent aux patients.

Dans le dictionnaire, transmission signifie faire passer à quelqu'un une qualité, un

caractère, ou des connaissances.

41 Crée par l’article 59 de la loi Hôpital Patient Santé Territoire de 2009

Cassandra HURÉ 32

«Les transmissions écrites et/ou oral permettent à chaque membre de l’équipe soignante,

de connaître les éléments nécessaires pour dispenser des soins infirmiers adaptés à

l’évolution de l’état de santé de la personne soignée. Elles sont indispensables à la

continuité des soins».42

D’un point de vue législatif, la transmission écrite qui figure dans le dossier de

soins fait partie intégrante du rôle propre de l’infirmière. Selon le décret de compétence

infirmier du 19 juillet 2004, dans son chapitre II, section 1, article R.4311-2 les soins

infirmiers ont pour objet les règles professionnelles et les devoirs envers les patients : «

L’infirmier ou l’infirmière peut établir pour chaque patient un dossier de soins infirmiers

contenant tous les éléments relatifs à son rôle propre et permettant le suivi du patient ».

Les transmissions au reste de l’équipe que ce soit pédiatre, infirmière ou auxiliaire

de puériculture participent à une prise en charge de qualité du patient et de sa famille.

Nous avons vu que l’équipe interdisciplinaire fait partie intégrante de la profession,

il paraît alors important d’être à l’aise avec ses collègues toute hiérarchie confondue. Cette

notion d’équipe possède de nombreux avantages mais aussi des inconvénients qu’il

convient de maitriser. Elle permet, incontestablement, une prise en charge globale du

patient et des parents.

Hypothèse :

Tous les concepts et notions abordés m’ont permis d’émettre une hypothèse. Lors

de mon travail de recherche j’ai tout d’abord mis en avant la relation qui se crée dans un

contexte familial que ce soit au niveau des prématurés ou de leurs parents. Il est apparu que

la séparation liée à une naissance prématurée est perturbatrice et qu’il est nécessaire de

mettre en place des moyens pour palier à cela. J’ai plusieurs fois remarqué l’importance de

la relation entre le soignant et les parents car malgré la nécessité des soins réalisés par le

soignant c’est prioritairement le duo parents/prématuré qui est mis en avant. J’ai donc

cherché à comprendre le rôle du soignant vise à vis des parents. J’ai pu voir que la relation

de confiance et l’accompagnement étaient des notions importantes dans ce contexte. Je me

suis basée sur la notion de parentalité pour montrer le travail des parents J’ai soumis l’idée

42 PASCAL, Annie, FRECON VALENTIN, Eliane. Diagnostics infirmiers, interventions et résultats : Edition Masson, Paris, 2003, p. 33

Cassandra HURÉ 33

que le savoir-être et savoir-faire (conférés par la formation) mais aussi les expériences

étaient intimement liés à la prise en charge en néonatologie. A partir de mes lectures et de

mon expérience personnelle, j’ai constaté que les soignants jouent un rôle important dans

la relation que les parents entretiennent avec leur enfant prématuré .C’est en quelque sorte

comme si le soignant jouait le rôle de la grossesse, le ventre de la mère, cette barrière

protectrice qui met en confiance les parents sur le bien-être de leur enfant. En plus des

soins techniques et des équipements c’est aussi l’image de la grossesse et le degré de

confiance qu’il peut y avoir avec un soignant qui conditionnent le vécu des parents.

Toutes ces notions, concepts, lectures et avis personnels m’ont amenée à cette

hypothèse :

Hypothèse : Le savoir être des soignants et leur capacité à établir une relation de

confiance, dans le but d’accompagner les parents dans leur processus de parentalité

influe sur la relation parents-prématuré.

Investigation :

1. Méthodologie d’enquête

1.1. Choix et élaboration de l’outil d’enquête

Afin de valider partiellement ou pas du tout mon hypothèse j’ai décidé de réaliser des

entretiens semi-directifs.

J’ai réalisé un guide d’entretien (annexe I) composé de 8 questions ciblant chacune des

idées reprises dans mon hypothèse.

J’ai choisi de réaliser des entretiens plutôt que des questionnaires. En effet, j’ai pensé

que mon sujet traitant du relationnel, il était plus naturel d’en parler de vive voix pour

garder cette idée de relation. Il était ainsi plus facile de recueillir les émotions, ressentis et

autres expériences. De plus, les entretiens semi directifs permettent de réajuster les

questions en fonction du soignant rencontré et des réponses qu’il a pu précédemment

apporter. Ils permettent d’éviter les réponses inadaptées causées par une mauvaise

compréhension de la question. Ils donnent la possibilité de suivre une piste d’idée que nous

n’avions pas prévue. Cela évite aussi d’être trop enfermé dans une hypothèse.

Cassandra HURÉ 34

1.2. Choix des populations interrogées et des lieux

J’ai ciblé mes entretiens sur des infirmières et des puéricultrices d’âges, d’années de

diplôme, d’expérience et de structures différents dans le but de comparer les divergences et

similitudes. J’ai fait des demandes dans plusieurs services de néonatologie de la région.

(Annexe II)

Ayant défini que les ressources de l’infirmière (/puéricultrice) influent sur les parents

j’aurais pu en complément interroger des parents de prématuré mais j’ai choisi, pour une

raison de simplicité, de me concentrer sur les professionnels.

J’ai obtenu des réponses favorables de 3 services de niveau II. Je les ai recontactés pour

prendre rendez-vous, l’un d’entre eux devait me contacter par mail et ne l’a jamais fait, un

autre n’a jamais pu être disponible lors de mes multiples appels et le dernier m’a fixé un

rendez-vous. J’ai ainsi interrogé 3 infirmières puéricultrices d’un service de néo-natalité.

1.3. Modes de réalisation de l’enquête

Les entretiens se sont déroulés dans le bureau de la cadre, nous n’avons jamais été

dérangées, les conditions était optimales.

Pour chaque puéricultrice j’ai suivi mon guide d’entretien, en relançant uniquement si

nécessaire. Les entretiens ont été enregistrés puis retranscrits. (annexe III, IV et V)

Les entretiens ont duré entre 10 et 15 minutes.

1.4. Limites de l’enquête

La première limite réside dans le fait que je n’ai interrogé que des puéricultrices et non

des infirmières. J’aurais implicitement souhaité savoir si le fait d’être spécialisé

puéricultrice donnait des avantages en matière de relation par rapport aux infirmières non

spécialisées. En revanche contrairement à ce que j’ai pu mettre en exergue dans mon cadre

conceptuel cela prouve que les puéricultrices tendent à être plus nombreuses que les

infirmières dans ce type de service.

La seconde limite repose sur le fait que toutes les professionnelles interrogées viennent

du même service, cela ne me permet pas de comparer les différences d’habitude de service.

Cassandra HURÉ 35

1.5. Objectifs de l’enquête

- Pouvoir comparer les réponses selon l’expérience et le parcours professionnel de

chaque personne interrogée

- Comprendre les ressources du professionnel pour favoriser la relation

parents/enfant

- Identifier les moyens mis en œuvre par le professionnel pour faciliter la relation

avec les parents

- Vérifier si le savoir-être du soignant influence la relation qu’il entretient avec les

parents

- Vérifier si les soignants mettent en avant la relation de confiance avec les parents

- Vérifier si les soignants se caractérisent spontanément en tant qu’accompagnant

vis-à-vis des parents

- Déterminer si la notion de parentalité est connue des soignants et comment elle est

utilisée ou abordée auprès des parents.

- Repérer l’avis des soignants sur le fait de travailler au sein d’une équipe

interdisciplinaire

2. Analyse de l’enquête

Pour analyser mes entretiens j’ai procédé en deux étapes ; tout d’abord une analyse

brute, afin de souligner les réponses des puéricultrices interrogées puis une analyse plus

détaillée avec une mise en lien des réponses analysées avec les concepts étudiés.

2.1. Analyse brute

J’ai commencé par faire un tableau (annexe VI) regroupant les réponses de chaque

puéricultrice que j’ai appelé IDEP 1, IDEP 2 et IDEP 3.

Pour réaliser cette analyse, j’ai choisi de suivre l’ordre dans lequel les questions ont été

posées lors de l’entretien.

Chaque question sera analysée succinctement et un bilan des réponses sera réalisé avec les

éléments les plus importants. Dans la partie suivante ces éléments phares feront l’objet

d’une analyse croisée réalisée à partir des concepts.

Cassandra HURÉ 36

• Question 1 : Depuis quand êtes-vous diplômée, quel est votre parcours

professionnel et depuis quand travaillez-vous en service de néonatalogie ?

On retrouve plusieurs similitudes en ce qui concerne le parcours professionnel, en

particulier pour IDEP n°2 et 3.

En effet les 3 soignantes interrogées sont des femmes, infirmières puéricultrices.

IDEP 1 est diplômée infirmière depuis 1983 soit plus de 30 ans alors que IDEP 2 et IDEP 3

sont respectivement diplômées infirmières depuis 2004 et 2000 soit 11 ans et 15 ans.

On peut voir que IDEP 1 a travaillé 10 ans en service de gériatrie avant de devenir

puéricultrice alors que IDEP 2 et 3 se sont spécialisées directement après leur DE

(Diplôme D’Etat). Toutes les 3 ont travaillé exclusivement dans ce service de néo-natalité

après avoir obtenu leur diplôme de puéricultrice.

J’aurais aimé me renseigner sur un aspect plus personnel notamment sur le fait de

savoir si elles ont des enfants, mais j’ai choisi de ne pas poser la question de peur de les

mettre mal à l’aise et de compromettre le reste de mes réponses. C’est un élément qui

aurait été intéressant à mettre en relation avec le savoir-être et l’expérience personnelle,

notion que j’ai défini dans mon cadre opératoire de recherche.

Question 2 : Selon vous comment-est-il possible de favoriser la relation entre les

parents et les prématurés ?

Les professionnelles ont eu des réactions différentes à l’énoncé de la question, IDEP 1 et 2

ont réfléchi quelques instants alors que l’IDEP 3 a répondu immédiatement, comme si cela

relevait d’une évidence, telle une leçon qu’elle connaitrait par cœur.

IDEP 1 et IDEP 3 ont mis en avant l’importance du rapprochement rapide des parents et de

leur enfant. L ‘IDEP 1 et IDEP 2 pensent toutes les deux qu’il faut impliquer les parents

dans les soins tandis que l’IDEP 3 privilegie l’importance d’un service ouvert 24h/24.

L’IDEP 1 et IDEP 3 pensent chacune à inclure le papa et pas seulement la maman ainsi

qu’à favoriser le peau à peau.

J’ai remarqué dans cette question une énumération de nombreuses actions que je pourrais

qualifier de concrètes : ne pas séparer ce couple parents/enfant, favoriser les soins, laisser

le service ouvert etc. Mais certains mots soulignent l’importance du rôle du soignant,

même si les puéricultrices interrogées sont très humbles sur leur travail. IDEP 1 parle

Cassandra HURÉ 37

d’accompagnement, un terme que j’aurais souhaité retrouver dans la question 6 mais qui

est apparu moins spontanément. En effet lors de sa réponse elle explique les soins qu’elle

confie aux parents « […] changements de couches, des prises de température puis on

approfondit un petit peu à la fois toujours en les accompagnant ».

IDEP 2 va, dans sa réponse énumérer une succession de termes qu’il me paraît intéressant

de retranscrire, « les impliquer » (en parlant des parents dans les soins), «leur approprier

leur bébé », « leur laisser notre place », « qu’ils soient le plus autonome possible ». Je me

rends compte que ce qui m’intéresse particulièrement dans ces réponses est le fait que

IDEP 2 ne décrive pas une suite d’actions mais des comportements représentés par des

verbes : impliquer, approprier, laisser la place, autonomiser.

Question 3 : D’après vous quels sont les éléments nécessaires à mettre en œuvre

dans la communication avec les parents ?

Cette question est apparue compliquée pour les professionnelles qui ne l’ont d’abord pas

comprise. IDEP 1 « je ne comprends pas bien la question » mais elle n’a pas eu besoin de

reformulation, car a répondu de suite après, IDEP 2 « ça veut dire quoi cette question »

après reformulation « qu’est-ce que vous pouvez mettre en œuvre dans votre

communication, que ce soit la façon de parler ou d’agir ? » a pu répondre. Et IDEP 3 a

mis quelques secondes pour réfléchir avant de répondre.

Toutes les 3 sont d’accord pour dire qu’il est important d’expliquer ce qui se passe aux

parents même si IDEP 2 ne l’a pas dit de cette façon mais a précisé qu’il fallait s’adapter

au langage des parents et ne pas utiliser de termes compliqués. Ce que IDEP 1 va d’ailleurs

également ajouter dans sa réponse. IDEP 1 et 2 s’entendent également sur le fait qu’il est

important de créer un lien de confiance.

Elles ont ensuite toutes les 3 complété par des réponses différentes. IDEP 1 pense que le

fait d’être référente d’un enfant est un élément facilitateur, IDEP 2 met en exergue la

nécessité de se rendre abordable auprès des parents tandis que IDEP 3 pense qu’autoriser la

présence des parents pendant les soins favorise la communication avec ces derniers.

Question 4 : Pensez-vous que le comportement du soignant puisse avoir un impact

sur sa relation avec les parents ?

Cette question a obtenu des réponses plutôt diverses. IDEP 1 a expliqué le fait que le

parent ressent les émotions transmises par un soignant ; quant à l IDEP 2, le comportement

Cassandra HURÉ 38

/ personnalité d’un soignant peut ne pas plaire aux parents, elle a donné l’exemple d’une

personne sérieuse et réservée en confrontation avec une personne énergique et très franche.

Même si elles sont toutes les 3 d’accord pour établir le fait que chaque couple de parents

est différent, IDEP 1 et 2 pensent qu’il faut s’adapter à chacun, IDEP 1 en ayant une

pensée pour chacun et demandant des nouvelles et IDEP 2 en faisant attention à l’attitude

que l’on a face aux parents. IDEP 2 et 3 pensent qu’il existe des parents avec qui le contact

est plus facile, IDEP 3 emploie le terme « atome crochu » tandis que IDEP 3 pense que

c’est une question de « feeling » ce qui peut être traduit par une émotion, un ressenti, une

sensibilité. 43 Toutes les deux mettent l’accent sur le fait que certaines choses ne peuvent

être contrôlées et sont donc très aléatoires. IDEP 3 a insisté sur l’importance d’entretenir

une relation de confiance ; ce qui peut être l’objectif de toute relation constructive.

Question 5 : Comment définiriez-vous la relation que vous entretenez avec les

parents ?

Toutes les 3 ont défini leur relation comme une relation de confiance. L’IDEP 2 pense que

cela nécessite de montrer sa façon de travailler aux parents afin de les rassurer. Pour elle la

confiance se gagne ainsi. Pour IDEP 3 il est nécessaire de faire attention à sa distance

professionnelle.

Quant à l’IDEP 1 en raison de son âge et de son expérience elle se qualifie de

« maternante » et pense que son âge influe sur sa relation. La relation de confiance se crée

d’après elle plus facilement car elle n’est pas débutante, ce qui se perçoit rapidement.

Question 6 : Quel(s) mot(s) pourrai(en)t définir votre posture vis-à-vis des parents ?

Même si les mots sont multiples et divers, ils demeurent tous dans le même registre.

IDEP 1 et 3 ont cité l’écoute, IDEP 1 a également cité l’accueil et IDEP 3 l’empathie.

Quant à IDEP 2 elle a parlé d’accompagnement et de soutien.

Question 7 : Que pensez-vous de la notion de parentalité ? Et l’abordez-vous avec

les parents ?

43 Définition extraite du dictionnaire Larousse

Cassandra HURÉ 39

Toutes les 3 ont de suite expliqués que la parentalité n’était pas abordée en tant que telle,

du moins avec ce terme-là.

Pour IDEP 3 cette notion vise à « les faire se sentir justement parents » et non simples

spectateurs.

Pour IDEP 1 et 2 leur rôle et d’accompagner les parents dans leur devenir de parents. IDEP

1 rajoute que cette notion représente tout leur travail avec les parents, ce qui vise au final à

améliorer les relations parents/enfant. Elle ajoute que cet accompagnement à la parentalité

ne peut se faire sans une relation de confiance.

Pour IDEP 2 leur rôle est complexe car il faut aider les parents dans leur devenir mais sans

leur donner les « clefs » et les aider à trouver la propre définition de ce qu’est « être

parents ». C’est aussi combler le fait que l’enfant soit à l’hôpital en raison de sa naissance

prématurée.

Question 8 : Selon vous qu’est-ce qu’une équipe interdisciplinaire, quels en sont les

avantages et inconvénients ?

IDEP 1 et 2 sont d’accord sur le fait que cela permet d’avoir plusieurs compétences. IDEP

3 met en avant la richesse des multiples observations et ce à tous les niveaux. IDEP 1

perçoit comme inconvénient les problèmes de communication qui pourraient se poser,

pendant qu’IDEP 3 le voit comme un avantage, car une équipe permet de communiquer.

IDEP 2 voit en l’équipe l’avantage de pouvoir se référer à une autre personne lors de

doute, car « personne n’est infaillible ». De plus elle sait que chacun a sa propre formation

ce qui permet de se compléter. IDEP 1 insiste sur l’importance de la confiance en ses

collègues et le l’intérêt de se retrouver tous autour d’un projet commun.

IDEP 2 et 3 ne discernent aucun inconvénient au sein d’une équipe interdisciplinaire.

2.2. Analyse détaillée

J’ai choisi désormais de mettre en lien les éléments extraits des 3 entretiens avec le

cadre conceptuel. Je reprendrai donc dans cette partie le même déroulement que dans le

cadre conceptuel en rappelant à chaque fois le sous-concept auquel je fais référence ainsi

que les objectifs et questions qui correspondent.

Cherchant toujours dans cette partie à valider mon hypothèse il me semble facilitateur

de la rappeler ici pour la garder en mémoire tout au long de cette discussion.

Cassandra HURÉ 40

Hypothèse : Le savoir-être des soignants et leur capacité à établir une relation de

confiance, dans le but d’accompagner les parents dans leur processus de parentalité

influent sur la relation parents-prématuré.

Sous-concepts : Liens parents/ enfants (2.1.2.)

Comprendre les ressources du professionnel pour favoriser la relation

parents/enfants (Question 2)

Déterminer si la notion de parentalité est connue des soignants et comment elle est

utilisée. (Question 7)

Un de mes buts était de comprendre quelles ressources le professionnel identifie dans

l’objectif de favoriser la relation parents/enfant. Dans mon cadre conceptuel la partie sur

l’attachement de l’enfant à ses parents soulignait l’importance de ne pas les séparer. C’est

ce qui a de suite été mis en exergue lors des entretiens. IDEP 1 et 3 ont aussi mis l’accent

sur l’importance de ne pas séparer ou de rassembler au plus vite. « Les rapprochant le plus

vite possible quand ils sont séparés », et IDEP 3 « le rapprochement mère-enfant le plus

tôt possible avec les chambre mère enfant ».

Dans la partie du lien parents/enfants j’avais défini avec Bowlby que la notion

d’attachement est intimement liée à la parentalité qui définit la capacité des parents à

apporter une protection à leur enfant. L’individu doit être présent régulièrement et

apporter différents soins à l’enfant au niveau émotionnel et physique. IDEP 1 et 2 ont

insisté sur la réalisation des soins par les parents. IDEP 3 dans la question 7 souligne

l’importance des parents « […] bien insister sur l’importance de leur présence et que c’est

bénéfique pour leur enfant » quant à l’IDEP 2 à la question 2, elle émet une réserve sur le

retrait de certains parents : « On essaie qu’ils le fassent de plus en plus seuls s’ils le

souhaitent. Il y en a pour qui les fils, l’oxygène ça les panique un petit peu mais dans la

mesure du possible on essaie qu’ils soient le plus autonomes possible. » La réalisation des

soins leur apparait donc comme un moyen de favoriser la relation parents-enfant.

Que signifie le fait d’être « parent» ? Toute personne devient-elle parent lorsqu’elle

tient son enfant ou apprend-elle à le devenir ? Je m’étais posée cette question au début de

ma partie sur le concept de parentalité. Didiez Houzel y avait répondu en indiquant qu’une

personne ne naît pas parent mais le devient. Dans mon enquête sur le terrain je me suis

posée la question de savoir ce que signifiait pour les professionnels le terme « parentalité ».

Cassandra HURÉ 41

Ne souhaitant pas transformer mon entretien en interrogation écrite, j’ai décidé de

présenter la question de manière à demander ce que les puéricultrices pensaient de cette

notion. Comme je m’y attendais, elles ont toutes naturellement précisé, ce qu’elles

entendaient par ce terme, étant toutes d’accord sur le fait qu’elles ne l’employaient pour

ainsi dire jamais. IDEP 1 « euh je ne parle pas de parentalité », IDEP 2 « pas en tant que

telle on utilise peut être pas ce mot là » et IDEP 3 « on ne parle pas de parentalité en tant

que telle, nous c’est dans notre quotidien ». Sur la théorie du « devenir parents » toutes les

3 sont d’accord : IDEP 1 « il faut aussi que les parents se découvrent parents et qu’ils

prennent connaissance de leur enfant », L’IDEP 2 « on va s’assurer quand ils sortent d’ici

[…] dans leur rôle de parents en tant que tels, qu’il y a bien un lien qui se crée entre eux et

leur enfant ». Elle a ajouté également « […] et devenir parents […] se sentir parents » et

pour l’IDEP 3 « c’est important de… malgré la séparation de … de les faire se sentir

justement parents. »

J’avais émis l’idée que dans ce contexte particulier d’hospitalisation les parents

peuvent avoir des difficultés à trouver leur place, et le rôle qui est le leur. IDEP 2 avait

conforté cette idée en expliquant qu’il faut « leur approprier leur bébé » en parlant bien

entendu des parents.

J’avais décidé de construire toute mon hypothèse sur ce concept de parentalité. J’ai été

réconfortée en entendant IDEP 1 à l’énoncé de ma question 7 sur la parentalité dire « Oui

car c’est exactement ce que l’on fait ». J’avais conclu ma notion de parentalité en

supposant que les personnes, qui constituent le personnel soignant, devaient palier la

rupture de processus. Les professionnelles ont confirmé ma pensée : IDEP 1 « Ils n’ont

pas eu le temps de toute la grossesse pour faire évoluer le côté psychologique alors nous

sommes là. ». Comme Houzel, qui avait défini le processus de parentalité comme

commençant dès le désir d’avoir un enfant, IDEP 1 insiste sur ce contexte de prématurité

pour indiquer sa présence comme facilitatrice.

Au vu des réponses apportées par les puéricultrices interrogées, les objectifs posés

semblent être atteints. Les professionnelles incluent énormément les parents, notamment

dans les soins, afin de favoriser la relation parents-prématuré. Elles connaissent et utilisent

le concept de parentalité au quotidien dans leur travail avec les parents, ce qui me permet

de valider une première partie de l’hypothèse concernant le processus de parentalité qui

semblerait influencer la relation parents-prématuré.

Cassandra HURÉ 42

Sous Concepts : Distance professionnel (2.1.3.)

Vérifier si le savoir-être du soignant influence la relation qu’il entretient avec les

parents (Question 4)

J’avais choisi de traiter cette notion pour comprendre comment se positionne le

soignant face au couple parents-prématuré.

Sur cette question lors de la retranscription, j’ai été étonnée des réponses. Les

soignants (IDEP 1 et 3) n’ont pas réellement compris la question comme je l’entendais, la

personnalité de chacun se traduisant par un comportement qui lui est propre, mais plus

dans un comportement ponctuel qui peut être réajusté.

IDEP 1 a interprété la question comme vis-à-vis d’un comportement, « si tu arrives

que tu es énervée le papa va être énervé ». L’attitude que l’on renvoie aux parents peut

d’après elle jouer de manière importante. Suivant Goleman il est important de maitriser ses

émotions et apaiser ses tensions. IDEP 2 parle de suite d’une relation plus ou moins forte

selon les familles une question de « feeling », de ressenti tout comme IDEP 3 qui emploie

l’expression « atome crochus ». D’après IDEP 2 la façon d’être joue sur la relation avec les

parents dans le sens où si le soignant est d’une nature sérieuse, calme, ou « rentre dedans »,

il s’entendra mieux avec des parents qui lui ressemblent. Dans le but de palier à cela, elle

met en avant une capacité d’adaptation « […] Il faut vraiment s’adapter à la famille […] ».

L IDEP 3 a abordé la notion de distance professionnelle dans la question 5, ce que j’ai

trouvé très intéressant car préalablement étudiée dans le cadre conceptuel en même temps

que le savoir-être « […] tout en gardant quand même une certaine distance […] on n’est

pas là pour être des amis mais bien des professionnels ». Il m’avait semblé que le soignant

devait trouver sa juste place en tant que professionnel dans une relation de travail. Lorsque

je lui ai demandé s’il cela été difficile à « doser » elle m’a répondu qu’« il faut faire

attention de pas franchir quand même une barrière parce que les parents qui sont là

longtemps commencent vraiment à se sentir chez eux et à avoir une familiarité ». IDEP 2 y

avait fait une allusion également « on ne fait pas du copinage ».

Au vu de ces éléments le résultat est concluant. En effet le fait que la relation passe

plus ou moins bien avec certaines personnes peut être dû au savoir-être car cela a été décrit

comme se passant involontairement et je pense que cela peut résulter d’une éducation, ou

une expérience, ou d’une personnalité. Cette notion de savoir-être peut également, grâce à

Cassandra HURÉ 43

cela, être validée dans l’hypothèse, le savoir-être est bien une part, certes très aléatoire de

la relation, mais pour autant bien présente, chaque être étant singulier.

Sous concept : accompagnement/ relation de confiance (2.1.4.)

Vérifier si les soignants se considèrent spontanément comme accompagnant

(Question 6)

Identifier les moyens mis en œuvre pour faciliter la relation avec les parents

(Question 3)

Vérifier si les soignants mettent en avant la relation de confiance

(Question 5)

Lorsque j’ai demandé aux puéricultrices de me citer un mot pouvant caractériser leur

posture vis-à-vis des parents, je m’attendais à ce qu’elles mentionnent

«l’accompagnement». Etonnamment, dans tous mes entretiens je n’ai retrouvé ce mot que

2 fois dont 1 fois en dehors de la question qui était visée, et après avoir soumis le mot aux

puéricultrices qui ne l’avaient pas employé d’elles-mêmes mais avaient utilisé une

succession de termes le symbolisant. Si on reprend Carl Rogers et sa vision de

l’accompagnement nous retrouvons plusieurs notions : L'empathie, l'écoute active, la

congruence et le non jugement. Et si nous regardons les réponses premières des IDEPs à

cette question on retrouve pour IDEP 1 écoute, pour IDEP 2 aider sans substituer

(reformulé par la suite par, accompagner) et pour IDEP 3 empathie et écoute. On

remarque donc ici que même sans formuler le mot les professionnelles s’en sont

approchées. Pour en revenir aux professionnelles ayant prononcé le terme «accompagner»

on retrouve l’IDEP 1 qui en parlant de la parentalité, a dit il leur faut découvrir tout ce

qu’ils peuvent faire» puis, lorsque je lui ai suggéré le verbe «accompagner» l’IDEP 1 a

acquiescé en ajoutant «Oui enfin il découvre le fait d’être parent on les accompagne, leur

explique des choses». L’IDEP 2 quant à elle a donné sa propre définition d’accompagner

en réponse à ma question. «On est là pour les aider mais pas se substituer à eux on est là

en soutient» ce qui m’a semblé être en harmonie avec les dires de Walter Hesbeen qui

explique que le soignant ne doit pas chercher à maîtriser la vie des personnes, son but

n’étant pas de créer un lien de dépendance mais un lien de confiance.

Cette dernière notion de « confiance » nous renvoie à l’un des objectifs posés. Les

soignants mettent-ils en avant ce lien de confiance ? La réponse est affirmative car tout au

Cassandra HURÉ 44

long des entretiens c’est le terme qui est le plus souvent apparu. Afin de montrer toute

l’ampleur et l’importance de cette notion pour les soignants j’ai réalisé un tableau (annexe

VII) regroupant de façon brève toutes les phrases dans lesquelles le terme confiance

apparaît. IDEP 1 le cite neuf fois, IDEP 2 le cite cinq fois et IDEP 3 le cite quatre fois.

Avant d’avoir posé la question sur la relation de confiance, j’avais souhaité savoir

comment les soignants favorisaient leur communication avec les parents. IDEP 1 avait

alors de suite devancé mes questions suivantes en disant « C’est beaucoup basé sur la

confiance, il faut installer la confiance », IDEP 2 avait quant à elle expliqué « […]

essayer de mettre en place un lien avec les parents ou les parents seront en confiance avec

nous […] ». Pour l’IDEP 3 c’est à la question suivante concernant le comportement du

soignant qu’elle avait abordé pour la 1ère fois la notion de confiance « […] ça leur

permettent d’être en confiance […] ».

Il est intéressant de reprendre la définition, confiance vient du verbe confier et signifie

qu’on remet quelque chose de précieux à quelqu’un, en se fiant à lui et en s’abandonnant

ainsi à sa bienveillance et à sa bonne foi. C’est une notion que j’ai retrouvée notamment

dans l’entretien avec IDEP 2, à la question : Comment caractérisez-vous votre relation

avec les parents ? IDEP 2 m’a confié ceci « Vous savez, je pense que pour qu’il y ait un

lien de confiance qui se crée il faut les rassurer, il faut […] que par ça ils soient rassurés

de partir le soir en nous laissant leur enfant car c’est jamais facile pour eux de partir […]

je pense qu’en les impliquant et en leur montrant notre façon de travailler c’est un moyen

pour eux d’être rassuré. » dans cette définition on ressent cette notion du « confier » car

les parents laissent leur enfant, ils ne le confient que s’ils sont « rassurés », en

« confiance ». A cette même question, tous les soignants m’ont répondu que la relation

qu’ils entretiennent avec les parents est une relation de confiance. IDEP 1 « c’est une

relation de confiance » et IDEP 3 « Pareil, la relation de confiance ».

Dans mon cadre conceptuel, à la fin de ma partie sur la relation de confiance j’avais

conclu en émettant l’idée que pour créer une relation de confiance il faut d’abord créer les

conditions favorables. Par la suite afin d’entretenir cette relation, le soignant doit être au

plus près des attentes des parents, leur transmettre les informations adaptées, avoir des

comportements empathiques mais surtout savoir s’adapter car chaque parent est différent.

Toutes ces suppositions ont été abordées par les soignantes. En accord avec la

transmission d’informations adaptées IDEP 1 dit qu’il faut « pouvoir expliquer aux parents

Cassandra HURÉ 45

comment ça se passe » IDEP 3 « […] bien expliquer tout ce qu’il y a autour du bébé, tous

les appareillages, bien leur expliquer leur état de santé, ce que l’on fait par rapport à leur

prématuré […] ».En accord avec les comportements empathiques IDEP 1« […] il faut y

avoir un minimum… demander comment ça va […] ». Pour ce qui est de l’adaptation aux

différents parents, IDEP 1 « […] il faut prendre un vocabulaire adapté », IDEP 2 « […] il

faut qu’on s’adapte aussi, ne pas avoir un langage trop compliqué il faut essayer d’être

abordable pour les parents » et d’ajouter « Il faut vraiment s’adapter à la famille ».

A partir de cette analyse il m’est maintenant possible de valider une autre partie de

mon hypothèse : les soignants semblent bien avoir un rôle d’accompagnant auprès des

parents et ce rôle est basé sur une relation de confiance.

Sous concept : L’interdisciplinarité (2.2.2.)

Repérer l’avis des soignants sur le travail au sein d’une équipe interdisciplinaire

(Question 8)

La définition donnée dans le cadre conceptuel était que le terme interdisciplinarité

désigne un travail commun, réalisé par des membres de diverses disciplines, permettant un

autre regard sur les problèmes. IDEP 1 l’a, lors de l’entretien défini comme le fait que «

[…] chacun a ses compétences alors si tout le monde a de bonnes relations et travaille

ensemble c’est super ! » IDEP 2 a dit « […] on peut aller se référer à d’autres » et IDEP 3

« […] c’est vraiment un travail tous ensemble […] l’état de santé du bébé ça passe un petit

peu par tout le monde par toutes les observations[…] » faisant écho à la définition

abordée précédemment « permettant un autre regard » .Si on revient sur ce qu’a dit IDEP

1, on remarque bien que lorsqu’elle parle de « bonnes relations de travail » elle émet un

frein à l’interdisciplinarité. En effet elle va insister sur l’intérêt de communiquer au sein de

l’équipe «C’est bien d’avoir plusieurs compétences mais il faut qu’on puisse vraiment

communiquer ensemble et avancer tous autour d’un même projet. ». Comme nous l’avions

vu dans la phase conceptuelle à travers les transmissions, les transmissions au reste de

l’équipe, pédiatre, infirmière ou auxiliaire de puériculture, participent à une prise en charge

de qualité du patient et de sa famille, notamment quand, comme le précise IDEP 1 « […]

on a des équipes de psychomotriciennes et ergothérapeutes qui viennent ponctuellement

dans la semaine […] ».

Cassandra HURÉ 46

Nous avions dans la partie « soutien mutuel » vu que le relationnel est très important

dans une équipe et que l’équipe, idéalement, doit être un lieu de collaboration, d’entraide,

d’harmonie. IDEP 1 nous l’a montré dans « […] on a toujours travaillé en symbiose. On a

énormément confiance l’un en l’autre même avec les médecins », IDEP 2 « […] on a

l’habitude de travailler tous ensemble et c’est vrai qu’on appelle facilement l’un et l’autre

[…] ».

IDEP 2 a conclu sa réponse en disant « […] on a chacun ses ressources chacun sa

formation et on se complète. » point de vue similaire à Mucchielli lorsqu’il dit « La

complémentarité peut donc devenir un facteur important d’efficacité et de progrès

mutuel ».

Dans cette partie nous avons pu voir que les IDEPs ne voient pas vraiment

d’inconvénient à l’interdisciplinarité et la voient même comme la base de leur travail

IDEP 3 « […] c’est important ici on travaille énormément en équipe, moi je ne trouve pas

qu’il y ait d’inconvénients… ».

Cette dernière partie achève la validation de l’hypothèse, j’avais en effet mentionné

des soignants au pluriel, sous entendant le rôle de l’équipe. Ce paragraphe m’a permis de

confirmer son importance dans cette prise en charge spécifique de la néonatalité.

2.3. Validation de l’hypothèse :

Le savoir-être, cette petite part de nous qui nous rend si unique, ce savoir-être qui ne

peut s’apprendre mais se dompter, reste aujourd’hui encore le mystère qui influe sur la

qualité d’une relation entretenue avec autrui et les puéricultrices interrogées ont bien su le

mettre en exergue. La confiance, ce mot si maintes fois répété, paraît être la base de tout,

sans confiance pas de bonnes relations et les soignants ont bien expliqué qu’ils tâchent de

la gagner. Grâce à cela ils peuvent accompagner convenablement les parents dans leur

parentalité, en vue du bien-être de l’enfant. C’est un peu comme un effet papillon, pour

prendre soin de bébé il faut que les parents soient parents. Pour cela, il faut qu’ils soient

accompagnés dans leur processus de parentalité et pour l’accepter, ils doivent avoir

confiance. C’est à ce titre que le savoir-être du soignant apparaît déterminant. Mon

hypothèse me semble être juste.

Cassandra HURÉ 47

Une question apparaît maintenant. Cette relation de confiance et ce savoir-être, qui

s’avèrent déterminants pour accompagner les parents, ne sont-ils pas également la base de

toute communication réussie ? Est-ce, non seulement en néonatalité, mais aussi dans tous

les autres services ?

Conclusion :

Cassandra HURÉ 48

Le point de départ de mon mémoire est une interpellation. Nous savons en effet que

l’étudiant infirmier ne doit pas rester sur ses acquis et qu’il doit en permanence s’interroger

sur sa pratique. C’est ce que j’ai choisi de faire et ce à partir d’une situation vécue en stage.

C’est à partir de là qu’est né mon tout premier questionnement portant sur le rôle de

l’infirmier en service néonatal. Le but n’était pas de critiquer l’infirmier rencontré dans le

contexte de ce stage mais seulement de comprendre comment ce dernier pouvait trouver sa

place au sein d’un couple déjà formé, à savoir le couple parents-prématuré. C’est ainsi, et

après avoir effectué des recherches documentaires et de terrain, que j'ai souhaité

approfondir mon questionnement sur les ressources dont l’infirmier dispose au sein de

l’équipe de santé d’un service de néonatalogie face au couple parents/prématuré.

Tout au long de ce mémoire l’accent a été mis sur des points essentiels tel que le

fait que le nouveau-né crée un lien précoce avec ses parents et notamment avec sa mère

mais qu’inversement l’attachement des parents relève d’un processus complexe intitulé

parentalité. Celui-ci commence dès le désir d’enfant et évolue tout au long de sa vie. Dans

un contexte de prématurité, comme cela a été abordé, il existe une fragilité du lien

parents/enfant. En effet, dépendant du médical les parents ont parfois du mal à appréhender

leur enfant.

La 1ère ressource de l’infirmier est constituée par son savoir-être. Il a été vu que ce

terme comprend son expérience de vie et sa personnalité. Même si l’on tend à lui intégrer

des notions et valeurs soignantes le savoir-être reste jusqu’à présent aléatoire et propre à

chacun. Pour autant il influence la relation que chacun entretient avec autrui.

La 2ème ressource de l’infirmier est sa capacité à accompagner les parents. Comme

le dit Hesbeen son but est de créer un lien de confiance. Il faut pour cela mettre en place et

entretenir des conditions favorables telles que : transmettre les informations adaptées, avoir

des comportements empathiques et s’adapter à chaque famille.

La 3ème ressource abordée est l’équipe interdisciplinaire, laquelle favorise un

rassemblement des connaissances et offre une multi vision de chaque situation permettant

ainsi une prise en charge globale. Pour autant, elle sous-entend une bonne entente de tous

les membres ainsi qu’une qualité de transmissions. C’est toutes ces ressources qui

permettent à l’infirmier d’accompagner les parents en service de néonatalité. L’hypothèse

formulée, selon laquelle le savoir-être des soignants et leur capacité à établir une relation

Cassandra HURÉ 49

de confiance, dans le but d’accompagner les parents dans leur processus de parentalité

influe sur la relation parents-prématuré, a donc été validée.

La réalisation de ce mémoire m’a donné l’occasion de me questionner sur ma pratique,

quelle professionnelle suis-je, quelle professionnelle je souhaite devenir ? Au départ d’un

mémoire il est parfois difficile de se projeter mais à travers ce processus de recherche, en

tant qu’apprenti chercheur on se sent satisfait du travail accompli. Peu importe le résultat

c’est avant tout un apprentissage du questionnement et de sa méthode. Je me suis rendue

compte du chemin parcouru, après ces trois années d’étude et cette initiation à la recherche.

A l’heure actuelle j’ai le sentiment d’être en possession de nombreuses clefs qui devraient

favoriser la prise en soins des futurs patients et ce, quel que soit le service dans lequel je

serai affectée. En dépit de ce qu’on pense parfois lorsqu’on débute cette formation, les

soins techniques ne doivent pas se dispenser au dépend du relationnel. Au contraire j’ai

l’impression grandissante que plus le service dans lequel on exerce est technique, plus les

prises en soins sont lourdes et plus le relationnel est important.

Aujourd’hui, une question se pose à moi, le savoir-être et la relation de confiance sont-

ils nécessaire dans tous les services ? Ce questionnement qui s’inscrit dans la continuité de

ce travail mériterait à lui seul, une recherche plus approfondie.

Cassandra HURÉ

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Quebec, Loi 90 concernant l’interdisciplinarité et utilisation optimale des

compétences, 30 janvier 2003.

Cassandra HURÉ

Annexes :

Table des matières

Annexe I : Guide entretien .............................................................................................. 1

Annexe II : Demande autorisation entretien ................................................................ 3 Annexe III : Entretien n°1 .............................................................................................. 4 Annexe IV : Entretien n°2 .............................................................................................. 8 Annexe V : Entretien n°3 .............................................................................................. 11

Annexe VI : Analyse des entretiens.............................................................................. 13 Annexe VII : L’utilisation du mot « confiance »......................................................... 16

Cassandra HURÉ Annexes 1

Annexe I :

Guide d’entretien semi-directif

ENTRETIENT N ° …. /…..

Thème : la relation Ide(ps)/ parents en néonatologie

IDE IDEP

Questions :

1) Depuis combien de temps êtes-vous diplômé(e) et depuis combien de temps

exercez-vous en service de néonatalité ?

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

2) Selon vous comment favoriser la relation parents/ prématuré ?

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

3) D’après vous quels sont les éléments nécessaires à mettre en œuvre dans la

communication avec les parents ?

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

…………………………….

4) Pensez-vous que le comportement du soignant puisse avoir un impact sur sa

relation avec les parents ?

Oui ☐ Non ☐

Cassandra HURÉ Annexes 2

Pourquoi ?

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

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5) Comment définiriez-vous la relation que vous entretenez avec les parents ?

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6) Quel mot pourrait définir votre posture vis-à-vis des parents ?

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7) Abordez-vous la notion de parentalité avec les parents ?

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8) Selon vous qu’est-ce qu’une équipe interdisciplinaire ? Quels en sont les

avantages et les inconvénients ?

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Cassandra HURÉ Annexes 3

Annexe II :

Demande autorisation entretien

HURÉ Cassandra

12 rue de la filature des Flandres

Apt 107

59270 Bailleul

06.95.32.69.20

[email protected]

Objet : Demande d’autorisation d’entretiens

P.j. : Grille d’entretien

Madame, Monsieur,

Je suis actuellement en 3ème année à l’institut de formation en soins infirmiers

d’Armentières. A l’issue de nos années de formation il nous est demandé de réaliser un

mémoire.

Mon mémoire s’intitule « Papa, maman, l’équipe et moi. Le rôle des soignants dans

la dyade parents/ enfants dans l’hospitalisation prolongé en service néonatale» le sujet

porte sur la place de l’infirmière dans la relation parents/prématuré en service de

néonatalité. J’aimerais réaliser une enquête auprès de plusieurs infirmières d’un service de

néonatologie.

La réalisation de mon entretien se fera en fonction de la disponibilité des

infirmières et/ou puéricultrices et avec votre consentement dans le respect de l’anonymat et

des lieux.

J’ai choisi de mener des entretiens semi-directif composés de 6 questions (validées

par ma formatrice) L’entretien durera une vingtaine de minutes afin de ne pas déranger

l’organisation du service. Ma question de recherche est la suivante : Quelles sont les

ressources dont l’infirmière dispose au sein de l’équipe de santé face au couple parents-

prématuré dans un service de néonatologie ?

Et mon hypothèse actuelle : Le savoir-être du soignant et sa capacité à établir une

relation de confiance, dans le but d’accompagner les parents dans leur processus de

parentalité influe sur la relation parents-prématuré

Afin d’éviter de biaiser mon enquête et d’obtenir les réponses les plus objectives il

semble intéressant que les professionnels interrogés n’aient pas connaissance de mon

hypothèse ni de ma question de recherche mais uniquement de mon thème.

J’aimerais réaliser mes enquêtes ce mois d’avril le plus tôt possible.

Dans l’attente d’une réponse de votre part je me tiens à votre disposition pour vous

offrir de plus amples explications, je vous prie d’agréer mes salutations distinguées.

Cassandra HURÉ

Mr ou Mme XXXX

Direction des soins

XXXXXXXXXXX

XXXXXXXXXXX

Cassandra HURÉ Annexes 4

Annexe III : Entretien n°1

Moi : 1) Depuis quand êtes-vous diplômée et quel est votre parcours professionnel ?

IDEP1 : Je suis diplômée infirmière depuis juin 1983 et puer depuis janvier 93 j’ai fais dix

ans de gériatrie une année de pupu et après je suis arrivée ici.

Moi : D’accord, donc cela fait un moment que vous êtes dans ce service

IDEP1 : Un certain nombre de temps, depuis 93

Moi : D’accord, question suivante 2) Selon vous comment-est-il possible de favoriser la

relation entre les parents et les prématurés ?

IDEP1 : Alors euh… [Réfléchit], en les rapprochant le plus vite possible quand ils sont

séparés, en faisant le lien entre la maman et le bébé. Ya plein de choses …. Inclure le papa

dans nos soins à nous quand le bébé ne va pas trop mal et qu’il fasse le lien avec la maman.

On demande aussi à la maman de mettre un lange pour qu’elle puisse avoir son odeur. On

essaye dans c’est des cliniques avoisinantes de rapprocher au plus vite la maman et le bébé.

Moi : D’accord

IDEP1 : On se met quelques heures pour savoir si c’est le bébé ou la maman qui doit se

déplacer. On sépare le moins possible les parents alors après bon ça c’est au début puis

après on les fait participer aux soins, au début c’est les changements de couches, des prises

de température puis on approfondit un petit peu à la fois toujours en les accompagnant de

façon à faire des soins regroupés des soins à quatre mains.

Moi : D’accord

IDEP1 : Pour ne pas déstabiliser l’enfant, on fait plein de choses…..

Moi : Donc c’est vrai le lien

IDEP1 : Oui on favorise… enfin on fait vraiment pour que les parents soient le plus proche

de leur enfant

Moi : D’accord

IDEP1 : euh … même après on a des groupes avec les frères et sœurs pour qu’ils

investissent aussi le petit dernier….

Moi : Très bien d’accord

IDEP1 : Oui au départ il faut les séparer le moins possible.

Moi : D’accord, pour cette question c’est bon, nous pouvons passer à la suivante. 3)

D’après vous quels sont les éléments nécessaires à mettre en œuvre dans la

communication avec les parents.

IDEP1 : Alors… dans la communication avec les parents… [Soupir] j’en sais rien je ne

comprends pas bien la question [Réfléchit]

Moi : c’est plus vous dans votre communication ….

Cassandra HURÉ Annexes 5

IDEP1 : Je pense qu’il faut déjà être présent quand le bébé et là, on essaye d’être référente

de l’enfant quand il rentre, au moins dans les premiers jours, moi quand j’en emmène un

j’essaye d’être euh…proche du bébé mais aussi pour pouvoir expliquer aux parents

comment ça se passe.

Moi : D’accord

IDEP1 : C’est beaucoup basé sur la confiance, il faut installer la confiance et puis euh…

après faut pas non plus enfin il faut prendre un vocabulaire adapté car les populations sont

différentes

Moi : D’accord

IDEP1 : Il faut surtout bien expliquer ce que l’on fait et les faire euh… participer aux

soins…

Moi : Oui on en revient à ce que l’on a dit précédemment [elle acquiesce], d’accord. Une

autre question 4) Pensez-vous que le comportement du soignant puisse avoir un impact

sur sa relation avec les parents ?

IDEP1 : Bah oui, car si on voit le papa ou la maman et qu’on fait « pffff » je ne crois pas

qu’on va pouvoir aller fort loin mais bon …

Moi : Avez-vous des exemples d’impact

IDEP1 : Bah je crois que si tu arrives que tu es énervée le papa va être énervé si tu lui

parles pas si tu ne communique pas les résultats ça va pas aller non plus. Euh… Je crois

qu’il faut y avoir un minimum… demander comment ça va, comment c’est passée la

soirée, si ça a été, s’il a bien dormi. Et on peut après si la maman allaite, demander

comment ça va au niveau des seins… ya tellement de choses à mettre en route avec eux.

C’est sûr que t’as des gens avec qui tu as plus d’affinité que d’autres mais bon ces gens-là

il ne faut pas non plus les laisser de côté mais je crois qu’après bon … (sourire gêné)

Moi : C’est sûr, c’est tout à fait compréhensible… Et maintenant 5) Comment définiriez-

vous la relation que vous entretenez avec les parents ?

IDEP1 : Oh moi c’est une relation de confiance, je ne peux pas avancer si les parents n’ont

pas confiance. Si j’ai le sentiment que cela ne fonctionne pas j’irai jusqu’au bout pour

comprendre pourquoi cela ne marche pas.

Moi : D’accord

IDEP1 : J’aime bien que les parents me fassent confiance et que voilà-je …. Enfin avec les

parents plus jeunes je pourrais dire que j’ai un rôle de « mamy » mais dernièrement j’ai eu

affaire à un couple un peu en difficulté face à leur enfant qui pleurait tous le temps c’était

des jeunes donc forcément je n’ai pas une tête de jeune donc bah ils ont plus une relation

de parents en vers moi.

Moi : Est-ce que de ce fait là vous pensez que votre expérience joue sur la relation,

IDEP1 : Je crois que oui parce que ils se disent « celle-là ne doit pas être née de la dernière

pluie » (sourire) je crois que oui on voit que cela fait un certain temps que je suis là. (Rire)

Moi : 6) Quel mot pourrait définir votre posture vis-à-vis des parents ?

Cassandra HURÉ Annexes 6

IDEP1 (réflexion) aah et bien je dirai écoute.

Moi : D’accord

IDEP1 : Je ne peux pas rajouter accueil aussi ?

Moi : Bien sûr je le rajoute 7) Que pensez-vous de la notion de parentalité ? Et

l’abordez-vous avec les parents ?

IDEP1 : euh je ne parle pas de parentalité je crois que j’essaye de … d’améliorer les

relations que peuvent avoir les parents avec leur enfant et c’est tout ce qu’enveloppe nos

soins de développement donc je ne leur dit pas parentalité mais il est vrai que les relations

sont basées là-dessus. C’est les faire devenir parent car ils ne sont pas allés jusqu’au bout

de la grossesse et c’est leur faire découvrir leur bébé, avancer avec lui …

Moi : Donc vous pensez que c’est un terme qui définit bien

IDEP1 : Oui car c’est exactement ce que l’on fait, on essaye de leur faire vraiment

découvrir cette notion de parentalité. Ils n’ont pas eu le temps de toute la grossesse pour

faire évoluer le côté psychologique alors nous sommes là.

Moi : Donc c’est un terme que vous gardez toujours en tête

IDEP1 : Oui car c’est exactement ça, cela résume ce que l’on essaye de faire, faire des

soins techniques mais à côté de ça il faut aussi que les parents se découvrent parents et

qu’ils prennent connaissance de leur enfant parce que là généralement du fait qu’ils ont été

séparés il leur faut découvrir tous ce qu’ils peuvent faire. Souvent ils nous disent « il ne

voit pas » alors on leur dit si il vous sent. Il y a des choses qui sont difficiles à comprendre

au début pour les parents.

Moi : C’est un peu les « accompagner » ?

IDEP1 : Oui enfin ils découvrent le fait d’être parents, on les accompagne, leur explique

des choses tel que quand le bébé est occupé à dormir et bien on le laisse dormir même s’il

faut lui changer la couche son besoin de repos avant tout

Moi : D’accord

IDEP1 : Je crois que si on n’a pas une notion de confiance au départ avec les parents c’est

beaucoup plus difficile à avancer dans tous ce qu’on peut faire. Souvent on a des difficultés

quand un enfant est resté longtemps dans un autre service, il est difficile que les parents

nous fassent confiance. Déjà on passe d’un niveau de néo natalité plus bas. Donc c’est

vraiment difficile pour certains parents de refaire confiance. Et dans les premiers jours

c’est difficile déjà de communiquer et d’avancer avec eux, c’est complexe mais bon après

on y arrive avec le temps mais c’est vrai que c’est difficile au départ. C’est difficile de

refaire confiance.

Moi : 8) Selon vous qu’est-ce qu’une équipe interdisciplinaire, quels en sont les

avantages et inconvénients ?

IDEP1 : Alors euh … (souffle) c’est bien d’avoir plusieurs compétences mais il faut qu’on

puisse vraiment communiquer ensemble et avancer tous autour d’un même projet. Nous ce

qu’on a ici comme problème c’est qu’on a des équipes de psychomotriciennes et

Cassandra HURÉ Annexes 7

ergothérapeutes qui viennent ponctuellement dans la semaine et la difficulté c’est de

pouvoir communiquer et voir ce que l’on peut faire, le suivi est parfois difficile mais sinon

c’est bien, à condition d’être ensemble et pouvoir poursuivre ce qu’elles ont mis en route.

Mais chacun a ses compétences alors si tout le monde a de bonnes relations et travaille

ensemble c’est super !

Moi : Et sinon en ce qui concerne la relation plus entre infirmière ou puéricultrice ?

IDEP1 : Chez nous il n’y a pas d’infirmière, seulement des puéricultrices et auxiliaires

puéricultrices et là on a toujours travaillé en symbiose. On a énormément confiance l’un en

l’autre même avec les médecins. On se parle librement même si on a toujours la notion de

hiérarchie. Dans une petite structure comme la nôtre si on ne s’entendait pas cela serait

compliqué mais heureusement cela va. Même avec la cadre. On est toujours ensemble on

travaille dans le même projet.

Moi : Cela vous est-il déjà arrivé de n’avoir pu créer comme vous le disiez une relation de

confiance avec une famille et avoir du coup passé le relai à un collègue

IDEP1 : oui lorsque l’on a vraiment de grosses difficultés on passe à un collègue même si

on ne fait pas cela du premier coup, je préfère toujours essayer d’abord de trouver ce qui ne

fonctionne pas et d’arranger les choses.

Moi : Voilà l’entretien est terminé je n’ai plus d’autre questions à vous poser, je vous

remercie.

Cassandra HURÉ Annexes 8

Annexe IV : Entretien n°2

Moi : Alors première question, 1) Depuis quand êtes-vous diplômée, quel est votre

parcours professionnel et depuis combien de temps exercez-vous en service de néo

natalité ?

IDEP2 : Alors je suis diplômée depuis 2005 puéricultrice, j’ai commencé en février 2006

ici en néonat et je n’ai pas bougé depuis

Moi : a d’accord, vous aviez déjà votre diplôme d’infirmière depuis combien de temps ?

IDEP2 : Depuis 2004, j’ai tout enchaîné

Moi : 2) Selons vous comment est-il possible de favoriser la relation entre les parents

et les prématurés ?

IDEP2 : (réfléchit) bah il faut les impliquer dans les soins, leur approprier leur bébé, plus

on va leur laisser faire et plus ils vont être à l’aise, plus on va leur laisser notre place entre

guillemets même s’il y a certains gestes qui doivent être réalisés par un professionnel mais

pour des gestes de nursing ou ne serait-ce que pour porter ou prendre en peau à peau. On

essaye qu’ils le fassent de plus en plus seuls s’ils le souhaitent. Il y en a pour qui les fils,

l’oxygène ça les paniques un petit peu mais dans la mesure du possible on essaye qu’ils

soient le plus autonomes possible.

Moi : D’accord, 3) D’après vous quels sont les éléments nécessaires à mettre en œuvre

dans la communication avec les parents ?

IDEP2 : Les éléments nécessaires ça veut dire quoi cette question ….

Moi : Vous, que pouvez vous mettre en œuvre dans votre communication donc que ce soit

une façon de parler, d’agir et ainsi de suite.

IDEP2 : Baaaaah après faut essayer … Ici on voit un peu de toutes sortes de familles alors

il faut essayer de se mettre un peu à leur niveau dans le langage (autant dans la langue), car

certains ne parlent pas correctement français il faut qu’on s’adapte aussi, ne pas avoir un

langage trop compliqué il faut essayer d’être abordable pour les parents et puis euh… après

faut comment dire faire au « feeling », on va mettre en place des choses essayer de mettre

en place un lien avec les parents où les parents seront en confiance avec nous et voilà leur

montrer qu’on va s’occuper de leur enfant comme si c’était le nôtre, il faut qu’il y ait cette

confiance qui se crée entre nous trois, car l’enfant est quand même concerné là dedans

même s’il n’a pas son mot à dire entre guillemet (rire) même s’il ne peut pas s’exprimer

même s’il s’exprime par sa gestuelle, voilà on essaye de créer un lien de confiance

Moi : Ça fait partie des éléments que vous mettez en œuvre dans la prise en charge. (Elle

acquiesce) Pour continuer 4) Pensez-vous que le comportement du soignant puisse

avoir un impact sur la relation avec les parents ?

IDEP2 : Je pense oui, parce que … cela reste encore dans le « feeling », c’est vrai qu’il y a

des enfants qu’on va prendre plus facilement en charge parce qu’il y a un lien qui se crée

avec les parents, c’est vrai qu’on a tous un petit peu nos « chouchous » il y en a qu’on va

préférer prendre en charge parce qu’on a une relation particulière, soit avec l’enfant, parce

Cassandra HURÉ Annexes 9

qu’il est déjà un peu plus grand et qu’il y a déjà une relation qui se crée, soit avec les

parents car yen a avec qui ça passe plus ou moins. On a peut-être une façon de parler qui

est différente. Je vois bien certains collègues qui parlent peut être un peu plus crûment et

que ça rebute un petit peu les parents alors qu’il y en a, c’est leur façon de parler, on

revient à ce que je disais avant, on s’adapte vraiment. Je voyais tout à l’heure on a une

maman elle est très « rentre dedans » et elle dit bien ce qu’elle pense bah voilà on ne fait

pas du copinage mais si on parle de la même façon qu’elle cela accroche tout de suite.

Alors que si on reste sur la retenue qu’on est trop sérieux je pense que cela ne va pas passer

avec cette maman là et inversement si on est trop rentre dedans avec une maman qui est

d’un milieu peut être plus aisé que le nôtre elle ne va peut-être pas apprécier non plus.

Moi : D’accord elle ne va peut-être pas accrocher

IDEP2 : Oui il faut vraiment s’adapter à la famille

Moi : D’accord 5) Comment définiriez-vous la relation que vous entretenez avec les

parents ? Je sais que cela fait un peu écho à ce que vous avez pu apporter comme réponse

précédemment mais là vraiment plus sur votre relation et non plus en général.

IDEP2 : pfff (réfléchit) Vous savez, je pense que pour qu’il y ait un lien de confiance qui

se crée il faut les rassurer, il faut justement les impliquer dans les soins pour qu’ils voient

comment on travaille et que par ça ils soient rassurés de partir le soir en nous laissant leur

enfant car c’est jamais facile pour eux de partir et dans la logique des choses de laisser son

enfant ici et partir chez soi donc il faut vraiment qu’il y ait une relation de confiance avec

les parents et je pense qu’en les impliquant et en leur montrant notre façon de travailler

c’est un moyen pour eux d’être rassurés.

Moi : D’accord 6) Pourriez-vous me donner un mot qui pourrait définir votre posture

vis-à-vis des parents ?

IDEP2 : Ma posture… (Réfléchis) euh … c’est dur à dire en un mot ….ma posture vis-à-

vis des parents, comment on qualifie notre place en fait vis-à-vis d’eux quoi, alors c’est

vrai que c’est dur, comment on pourrait dire ça… Ouais on est là pour les aider mais pas se

substituer à eux, on est là en soutien, enfin on essaye du moins de plus en plus que ce soit

eux qui fassent et nous soyons là justement en soutien à côté d’eux. Même si comme je

disais tout à l’heure il y a des choses où on est obligé de le faire nous-mêmes mais dans ce

cas-là c’est eux qui sont là pour soutenir leur bébé quand nous on fait peut être des choses

qui sont plus agressives. Mais on n’est pas là pour prendre leur place

Moi : Est-ce que le terme accompagner pourrait convenir à ce que vous me décrivez ?

IDEP2 : Oui en fait c’est ça on les accompagne, on est là avec eux mais on ne prend pas

leur place

Moi Très bien, alors la question suivante 7) Que pensez-vous de la notion de parentalité

et l’abordez-vous avec les parents ?

IDEP2 : Ça dépend ce que l’on met derrière la notion de parentalité, en fait c’est comment

être parents ?

Moi : A vous de voir ce que vous mettez derrière ce terme il n’y a pas de mauvaise

réponse

Cassandra HURÉ Annexes 10

IDEP2 : Oui ? Alors je pense que c’est ça, après l’aborder avec les parents, pas en tant que

telle on utilise peut être pas ce mot là mais forcément qu’on va s’assurer quand ils sortent

d’ici qu’ils savent faire tous ce qu’il faut tant dans les soins d’hygiène et autres, après dans

leur rôle de parents propre qu’il y a bien un lien qui se crée entre eux et leur enfant. On est

là entre guillemet pour leur apprendre à être parents tout en … mais on est pas là pour

apporter les clefs enfin on les aide à se sentir parents et à devenir parents car c’est jamais

évident d’être parents d’un prématuré parce que comme on le disait avant, il n’est pas à la

maison il est ici donc ils ne sont déjà pas chez eux … c’est pour ça qu’on essaye aussi de

leur dire de personnaliser un peu plus la chambre tout ça pour qu’ils se sentent un peu plus

chez eux même s’il reste toujours des machines qui rappellent que ce n’est pas la maison

mais voilà on va leur donner des clefs pour qu’ils trouvent leur réponse et leur définition de

comment être parents.

Moi : D’accord

IDEP2 : On n’a pas de discours classique même si on va avoir un discours du genre une

toilette ça se fait comme ça et une hyperthermie c’est à partir de tel chiffre mais voilà, le

lien des parents avec son enfant, on va leur laisser le créer mais on va leur donner des clefs

pour essayer de créer ce lien et devenir parents. Sans avoir un bébé à la maison, se sentir

parents sans être parents à plein temps on va dire.

Moi : D’accord, et la dernière question 8) Selon-vous qu’est-ce qu’une équipe

interdisciplinaire, quels en sont les avantages et inconvénients ?

IDEP2 : Le fait qu’on soit plusieurs professionnels car quand on a un souci on peut aller se

référer à d’autres, on est pas infaillible, on a pas la science infuse, c’est bien pour ça qu’il y

a des grades différents je pense on va chercher les ressources à qui peut répondre à notre

question que ce soit le cadre, le médecin, l’assistante sociale ou une psychologue, mais on

a l’habitude de travailler tous ensemble et c’est vrai qu’on appelle facilement l’un et

l’autre, on ne se substitue pas (rire) à tel ou tel soignant parce que voilà ce n’est pas notre

formation

Moi : Après tous ces avantages, y a-t-il des inconvénients qui vous viennent à l’esprit ?

S’il n’y en a pas c’est tout, c’est qu’il n’y en a pas.

IDEP2 : Les inconvénients d’une équipe interdisciplinaire ? Bah moi je trouve qu’il n’y en

a pas

Moi : Et bah c’est très bien

IDEP2 : Oui je vous dis on a chacun ses ressources chacun sa formation et on se complète

Moi : Très bien et bien c’est terminé, merci d’avoir répondu à mes questions.

Cassandra HURÉ Annexes 11

Annexe V : Entretien n°3

Moi : Alors, 1) Depuis quand êtes-vous diplômée, quel est votre parcours

professionnel et depuis combien de temps exercez-vous en service de néo natalité.

IDEP3 : Donc je suis diplômée depuis décembre 2000 et de puéricultrice en décembre

2001 et j’ai fait que de la néonat. ici en soins intensifs

Moi : 2) Selon vous comment est-il possible de favoriser la relation entre les parents et

les prématurés ?

IDEP3 : Euh déjà en laissant le service ouvert 24h/24 aux parents en permettant au papa

de venir avec son bébé dès la naissance, favoriser le peau à peau, le rapprochement mère

enfant le plus tôt possible avec les chambre mère enfant qu’on a, quand la maman ne peut

pas se déplacer si le bébé le permet on emmène le bébé en maternité mais ça c’est vraiment

en fonction d’eux mais si maman ne peut pas et que bébé est stable on y va.

Moi : Donc pour le rapprochement…

IDEP3 : Oui pour le rapprochement

Moi : D’accord, 3) D’après vous quels sont les éléments nécessaires à mettre en œuvre

dans la communication avec les parents ?

IDEP3 : Déjà de bien expliquer tout ce qu’il y a autour du bébé, tous les appareillages,

bien leur expliquer leur état de santé, ce que l’on fait par rapport à leur prématurité par leur

besoin en oxygène soit l’aide alimentaire soit pour des infections enfin tout ce qui est …

bien, leur expliquer ce qui se passe euh … et … leur permettre d’être là pendant les soins.

Moi : Très bien d’accord, 4) Pensez-vous que le comportement du soignant peut avoir

un impact sur la relation avec les parents ?

IDEP3 : Oui

Moi : Avez-vous des exemples ?

IDEP3 : Bah déjà il faut être à leur écoute (réfléchit) toujours bien impliquer les parents

dans les soins et je pense que oui ,si on leur explique bien si on leur permet de faire les

soins avec nous de… de… ça leur permet d’être en confiance

Moi : Donc pour vous c’est un savoir-être qui est propre à chacun ?

IDEP3 : Oui je pense, c’est propre à chacun après il y a aussi des parents avec lesquels on

a plus d’atomes crochus en fait, il y a aussi le fait de prendre en charge régulièrement les

mêmes enfants ça permet d’instaurer une relation de confiance, de se connaitre. Donc c’est

important pour les parents de nous connaître d’avoir confiance en nous

Moi : D’accord, et bien justement 5) Comment définiriez-vous la relation que vous

entretenez avec les parents ?

Cassandra HURÉ Annexes 12

IDEP3 : je réfléchis hein … Pareil, la relation de confiance c’est important tout en gardant

quand même une certaine distance hein on n’est pas là pour être des amis mais bien des

professionnels tout en pouvant parler de tout et de rien.

Moi : Oui, donc c’est quelque chose qui paraît difficile à doser

IDEP3 : Oh oui ! surtout pour les enfants qui restent longtemps parfois il faut faire

attention de pas franchir quand même une barrière parce que les parents qui sont là

longtemps commencent vraiment à se sentir chez eux et à avoir une familiarité.

Moi : Oui d’accord

IDEP3 : On est quand même là en tant que professionnel.

Moi : D’accord, alors maintenant, 6) Quel mot pourrait définir votre posture vis-à-vis

des parents ?

IDEP3 : Alors empathie s’il ne faut qu’un mot !

Moi : J’ai dit un mot mais vous pouvez en donner quelques uns si vous en avez besoin

pour mieux la définir.

IDEP3 : Oui nan je trouve que ces mots la définissent parfaitement, empathie, écoute

Moi : Et bien d’accord, 7) Que pensez-vous de la notion de parentalité ? Et l’abordez-

vous avec les parents ?

IDEP3 : euh… on ne parle pas de parentalité en tant que telle, nous c’est dans notre

quotidien c’est important de… malgré la séparation de … de les faire se sentir justement

parents. Et non qu’ils se sentent à coté de nous. Ce n’est pas nous qui agissons pour leur

enfant, leur présence est très très importante, ça fait une grande part dans les progrès du

bébé donc bien bien insister sur l’importance de leur présence et que c’est bénéfique pour

leur enfant.

Moi : D’accord, 8) Selon vous qu’est-ce qu’une équipe interdisciplinaire, quels en sont

les avantages et inconvénients ?

IDEP3 : Une équipe interdisciplinaire bah pour nous c’est une équipe qui travaille euh que

ce soit de l’A.S.H. qui nettoie les chambres des enfant au médecin au kiné c’est vraiment

un travail tous ensemble qu’on puisse euh bien discuter, bien échanger parce que bah l’état

de santé du bébé ça passe un petit peu par tout le monde par toutes les observations qu’on

peut avoir auprès de lui c’est important ici on travaille énormément en équipe, moi je ne

trouve pas qu’il y ai d’inconvénients …

Moi : Et bien d’accord merci beaucoup pour toutes vos réponses, l’entretien est maintenant

terminé

Annexe VI : Analyse des entretiens

Présentation général du

professionnel

Comment favoriser la relation

parents/enfant

Eléments nécessaires à la

communication avec les parents

Objectifs Pouvoir comparer les réponses

selon l’expérience et le parcours

professionnel

Comprendre les ressources du professionnel pour

favoriser la relation parents/enfants

Identifier les moyens mis en œuvre pour

faciliter la relation avec les parents

Entretien

N°1

IDEP1

- Infirmière : 1983

- 10 ans de gériatrie

- Puéricultrice : 1993

- Puis néonat

- Rapprochement rapide parents/

enfant

- Inclusion du papa

- Accompagnement des parents dans

la réalisation des soins

- Essayer d’être référente

d’un enfant

- Expliquer aux parents

- Avoir un vocabulaire adapté

- Relation de confiance

Entretien

N°2

IDEP2

- Infirmière : 2004

- Puéricultrice : 2005

- Puis néonat

- Impliquer les parents dans les soins

- Autonomiser les parents

- S’adapter aux familles

(vocabulaire,

compréhension)

- Créer un lien de confiance

- Se rendre abordable

Entretien

N°3

IDEP3

- Infirmière : 2000

- Puéricultrice : 2001

- Puis néonat

- Service ouvert 24h/24 aux parents

- Rapprochement rapide mère/enfant

- Favoriser le peau à peau

- Expliquer aux parents

- Leur permettre d’être là

pendant les soins

Cassan

dra H

UR

É

A

nnex

es

13

Comportement du soignant qui impact sur

sa relation avec les parents

Définir votre relation

avec les parents

Quelques mots pour définir la

posture des soignants vis-à-vis

des parents

Objectifs Vérifier si le savoir-être du soignant influence la relation

qu’il entretient avec les parents Vérifier si les soignants mettent

en avant la relation de confiance

Vérifier si les soignants se caractérisent

spontanément d’accompagnant

Entretien

N°1

IDEP1

- Les parents ressentent les émotions du

soignant (ex : énervement)

- Nécessite un minimum d’attention

avec les parents (Demander comment

va le sommeil etc.)

- Relation de

confiance

- « Maternelle » de

l’expérience et de

l’âge

- Ecoute

- Accueil

Entretien

N°2

IDEP2

- Attitude du soignant (façon de parler,

d’agir) peut ne pas convenir aux

parents

- Nécessite de s’adapter aux parents

- Même si lien + ou – facile avec

certains parents ou enfants

- Créer un lien de

confiance

- Etre là pour les

rassurer

- Accompagnement

- Soutien

Entretien

N°3

IDEP3

- Parents avec qui le contact est plus

facile « atome » crochus

- Toujours créer une relation de

confiance

- La relation de

confiance

- Faire attention à

la distance

professionnelle

- Empathie

- Ecoute

Cassan

dra H

UR

É

Annex

es 14

14

La notion de parentalité, abordée ou non avec les

parents Equipe interdisciplinaire, avantages et inconvénients

Objectifs

Déterminer si la notion de parentalité est connue

des soignants et comment elle est utilisée auprès

des parents.

Repérer l’avis des soignants sur le travail au sein

d’une équipe interdisciplinaire

Entretien

N°1

IDEP1

- Pas abordé tel quel avec les parents

- Vise à améliorer les relations parents/enfants

- Vise à les accompagner pour devenir parents

- Se base sur une relation de confiance

- Permet d’avoir plusieurs compétences

- Requiert une communication entre les membres

- Nécessite un projet commun à tous et une

confiance mutuelle

Entretien

N°2

IDEP2 - Pas abordé tel quel avec les parents

- Vise à les accompagner pour se sentir et

devenir parents

- Permet de se référer à quelqu’un d’autre lorsque

l’on a un doute

- Permet de chercher les ressources nécessaires

auprès de chaque fonction

Entretien

N°3

IDEP3

- Pas abordé tel quel avec les parents

- Vise à les faire se sentir parents et non

spectateurs

- Permet une meilleure prise en charge grâce à

l’observation à tous les niveaux

- Permet l’échange entre tous les membres

Cassan

dra H

UR

É

Annex

es 15

15

Cassandra HURÉ 16

Annexe VII : L’utilisation du mot « confiance »

Tableau répertoriant les phrases comprenant le mot « confiance » et la question à laquelle

elles se réfèrent

IDEP 1

C’est beaucoup basé sur la confiance. Question

n°3

9 fois

Il faut installer la confiance.

Oh moi c’est une relation de confiance. Question

n°5 Je ne peux pas avancer si les parents n’ont pas confiance.

J’aime bien que les parents me fassent confiance.

Je crois que si on n’a pas une notion de confiance au départ avec les parents c’est

beaucoup plus difficile à avancer.

Question

n°7 Il est difficile que les parents nous fassent confiance (X3).

IDEP 2

Essayer de mettre en place un lien avec les parents ou les parents seront en

confiance avec nous.

Question

n°3

5 fois Il faut qu’il y ait cette confiance qui se crée entre nous trois.

Voilà on essaye de créer un lien de confiance.

Je pense que pour qu’il y ait un lien de confiance. Question n°

5 Faut vraiment qu’il y ait voilà une relation de confiance avec les parents.

IDEP 3

ça leur permet d’être en confiance.

Question

n°4

4 fois ça permet d’instaurer une relation de confiance.

c’est important pour les parents de nous connaitre d’avoir confiance en nous.

La relation de confiance. Question

n°5

Papa, Maman, l’équipe et moi

Daddy, Mummy, the staff and I

Auteur : Cassandra HURÉ

Année : 2012-2015

Pages : 49

RÉSUME ABSTRACT

Enjeux : La prématurité concerne 60 000

bébés chaque année, ce qui représente

120 000 parents frustrés par cette grossesse

incomplète. Ces derniers doivent réussir à

devenir parents malgré tout. Problématique : Comment l’infirmier est-il

en mesure d’accompagner les parents de ces

bébés nés trop tôt ? Quels moyens ont-ils à

leur disposition pour favoriser la relation avec

les parents ?

Objectifs : Démontrer que la relation parents-

prématuré dépend de l’accompagnement des

soignants dans le processus de parentalité.

Et prouver que le savoir-être et la capacité

des infirmiers à créer une relation de

confiance est un facteur clef de cet

accompagnement. Méthode : Trois entretiens semi-directifs de

15 minutes auprès d’infirmières puéricultrices

d’âges et d’années de diplôme différentes. Résultats & conclusion : Le service de

néonatalité est un lieu où se rencontre

différents acteurs, l’infirmier ne peut se

concentrer uniquement sur la santé du

prématuré sans inclure ses parents, son bien-

être en est ainsi dépendant de la relation qui

se crée avec ses parents. A partir des données

de littérature et du résultat de l’investigation

nous allons voir au fur et à mesure pourquoi

l’infirmier doit concentrer tout son travail sur

la relation parents-prématuré.

Pour cela il doit accompagner les parents

dans leur processus de parentalité. Au sein

d’une équipe interdisciplinaire.la mission de

l’infirmier réside dans sa capacité à créer une

relation de confiance, influencé par son

savoir-être.

Mots clefs : Relation de confiance, savoir-

être, accompagnement, parentalité, équipe

interdisciplinaires, parents, prématuré,

néonatalité.

Challenges : Prematurity concerns 60,000

babies each year, which represents 120 000

parents frustrated by this incomplete

pregnancy. The latter must succeed in

becoming parents despite everything. Problems : How are the nurses able to support

the parents of these babies born too early ?

What means do they have at their disposal to

support the relation with the parents ?

Goals : To show that the relation parent-

premature depends on the assistance provided

by the nurses in the process of parenting.

And to prove that the demeanour and the

capacity of the nurses to create a relationship

of trust are a key factor of this assistance. Method : Three 15 minutes semi-directing

meetings with nursery nurses of different ages

and years of diploma. Results & conclusion : The service of

neonatality is a place where various actors

meet, the nurses cannot concentrate only on the

health of premature, they must include his

parents, his wellness being a function of the

relation which is created with his parents. The

information found in the literature and in the

result of the investigation will make it possible

to see progressively why the nurses must focus

all their work on the relation parent-premature.

For that they must support the parents in their

process of parenting.

Within an interdisciplinary team, the mission

of the nurses lies in their capacity to create a

relationship of trust, influenced by their

demeanour.

Keywords : Relationship of trust, demeanour,

assistance, parenting, team, interdisciplinary,

parents, premature, natality.