Panorama des fonds de réserves pour les retraites à l ... · observatoire des débats...
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Pays-Bas 4
Irlande 7
Finlande 11
Nouvelle Zélande 14
Norvège 18
Suède 22
Japon 27
Canada (hors Québec) 32
Espagne 35
États-Unis 37
Portugal 41
Conclusion 4412.
11.
10.
9.
8.
7.
6.
5.
4.
3.
2.
1.
no 2002 • 53 — Octobre 2002
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Questions Retraite
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1
Panorama des fonds de réserves
pour les retraites à l’étranger.
par Laurent Vernière
Publication du Service des Études de la Branche Retraites de la Caisse des dépôts - 67, rue de Lille 75007 PARISDirecteur de la publication : Georges Constantin — Réalisation : direction de la CommunicationContact : Laurent Vernière, tél. 01 40 49 89 55 — E-mail : [email protected]
Les vues exprimées dans cette publication ne reflètent pas nécessairement celles de la Caisse des dépôts et consignations.
n° 2002 • 52 - Septembre 2002
2
Au cours des dernières années, de nom-
breux pays de la zone O.C.D.E. ont en-
trepris de créer ou de réformer des fonds de
réserves pour les retraites, destinés à préfi-
nancer une fraction des engagements des ré-
gimes publics de retraite par répartition :
• L’Irlande, la Nouvelle Zélande, les Pays-Bas,
l’Espagne, le Portugal et la Norvège ont,
comme la France, choisi de créer un fonds
de réserves, en adoptant des règles variées
d’organisation administrative, d’abonde-
ment et de gestion financière, compte tenu
de leur situation budgétaire et de la struc-
ture de leur système de retraite,
• La Suède, la Finlande, le Japon et Canada
avaient depuis longtemps déjà accumulé
des réserves au sein de leurs régimes de re-
traite par répartition. À l’occasion des ré-
formes de leur système de retraite, ces pays
ont principalement modifié les règles de
gestion financière des réserves existantes,
dans le but d’améliorer l’allocation des in-
vestissements et d’accroître ainsi le rende-
ment financier. Seuls les États-Unis sont
restés jusqu’à présent à l’écart de ce mou-
vement et ont conservé inchangé le fonc-
tionnement de leur fonds de réserves.
L’accumulation de réserves dans les régimes
par répartition et l’optimisation de leur ges-
tion financière sont donc à présent devenues
des éléments prépondérants dans le proces-
sus de réforme des systèmes de retraite.
C’est pourquoi il est apparu utile de réaliser
un recensement de ces expériences étrangè-
res pour en examiner les principales carac-
téristiques. Pour autant, on ne peut pas en
déduire qu’un nouveau « modèle » d’organi-
sation et de financement des retraites soit
apparu, permettant de contourner les diffi-
cultés liés au financement des coûts du
vieillissement. Ce qui ressort de ce panorama
est au contraire la grande diversité des pra-
tiques nationales quand aux objectifs assi-
gnés aux fonds de réserves, au montant et à
la nature des ressources financières affec-
tées aux fonds, aux modalités de la gestion
financière et aux règles d’utilisation des ré-
serves.
Deux points sont toutefois communs aux dif-
férents pays : le choix de constituer des ré-
serves est étroitement lié, d’une part à
l’amélioration des finances publiques et des
indicateurs budgétaires au cours des cinq
dernières années et, d’autre part, à la condui-
te de la politique budgétaire à long terme en
phase de vieillissement de la population, de
sorte à rendre « soutenables » les finances pu-
bliques à un horizon de deux ou trois décen-
nies. Tous les pays devraient connaître de
fortes tensions sur les finances publiques
entre 2015 et 2030 : l’accumulation de réser-
ves pour les retraites est un moyen « d’épar-
gner » les marges budgétaires actuelles, tout
en confortant la discipline budgétaire, pour
pouvoir les utiliser à partir de 2020 au moment
où les besoins de financement seront im-
portants.
Ce canevas de politique économique revient
en fait à chercher à rendre plus explicite l’al-
location intertemporelle des ressources bud-
gétaires sur longue période et ce choix est
d’autant plus prioritaire que les dépenses de
retraites sont un chapitre du budget de l’État.
L’optimisation d’une gestion financière active
et diversifiée est une mesure d’accompa-
gnement, susceptible de renforcer ce pro-
cessus en accroissant les marges via des
rendements financiers plus élevés que ceux
procurés par les placements sans risques.
no 2002 • 53 - Octobre 2002
3
C’est également conforme à la volonté affi-
chée de réduire significativement l’endette-
ment public qui rend moins nécessaire d’af-
fecter les réserves au financement de la dette
publique.
Quels que soient les choix adoptés par les
différents pays, accumuler des réserves a
pour but d’obtenir un « lissage » des prélè-
vements obligatoires, situation qui est en
outre susceptible d’améliorer l’équité entre les
générations face au coût du financement des
retraites. Il y a néanmoins de fortes variantes
qui distinguent les expériences nationales.
Les pays ayant provisionné depuis long-
temps une partie de leurs engagements
disposent en fait, dès maintenant, d’un pa-
trimoine de rapport (Suède, Japon, Finlan-
de, Canada) qui produit des recettes finan-
cières substantielles permettant de financer
une fraction importante des dépenses cou-
rantes. Ces pays ne prévoient pas a priori
l’épuisement de leurs réserves et la fonction
de lissage est dès à présent à l’œuvre. Les
pays ayant créé récemment leurs fonds de
réserves font par contre un pari sur l’avenir,
lié à leur capacité à dégager au cours des
deux prochaines décennies des excédents
budgétaires : l’articulation avec la politique
budgétaire est donc beaucoup plus étroite et
les fonds de réserves sont utilisés comme in-
strument de discipline budgétaire (Pays-Bas,
Espagne, Portugal, Irlande, Nouvelle Zélande).
La France pourrait être rangée dans cette der-
nière catégorie.
Il y a donc plusieurs grilles de lecture possi-
bles du rôle attendu des fonds de réserves :
leur efficacité va fortement dépendre de la
capacité des pouvoirs publics à accumuler
rapidement (en deux décennies) un montant
significatif, de l’ordre de 20 points de PIB
avant le début de la phase de déccumulation,
pour pouvoir réduire sensiblement la char-
ge qui pèsera sur les cotisants et les contri-
buables après 2020.
Ce panorama n’a pas la vocation à être ex-
haustif (la Belgique a par exemple récem-
ment décidé la création d’un « fonds de
vieillissement »). Il s’attache à montrer la di-
versité des expériences nationales et à don-
ner les ordres de grandeur les plus significa-
tifs. Le système de retraite de chaque pays est
rapidement décrit ainsi que les réformes des
retraites les plus récentes. Les indicateurs
budgétaires de la dernière décennie sont pré-
sentés ainsi que les perspectives d’évolution
à long terme des indicateurs démogra-
phiques et du poids des pensions dans le PIB.
L’organisation et les montants accumulés des
fonds de réserves sont enfin analysés. Les
modalités détaillées de la gestion financière
ne sont pas abordées ni les résultats financiers
récents. Cette partie devrait être traitée ulté-
rieurement car pour de nombreux fonds de ré-
serves, les séries historiques sont très cour-
tes et encore peu informatives.
Les pays étudiés n’ont pas été classés selon
un critère déterminé. L’ordre d’apparition est
donc : Pays-Bas, Irlande, Finlande, Nouvelle
Zélande, Norvège, Suède, Japon, Canada,
Espagne, États-Unis, Portugal.
no 2002 • 53 - Octobre 2002
4
Pays Bas 1
Le système de retraite des Pays Bas comprend
deux étages : le régime public de base par
répartition AOW (“Algemene Ouderdoms-
wet”) et les régimes complémentaires pro-
fessionnels fonctionnant en capitalisation
(fonds de pension). Créé en 1956, le régime
public AOW couvre la population résidente
des Pays Bas âgée de 15 à 65 ans. Il verse des
pensions forfaitaires sans conditions de res-
sources après 65 ans, que les individus soient
retraités ou non, dont le montant dépend de
la composition du ménage, de l’âge de ses
membres et de la durée de résidence.
Le régime AOW est un régime par répartition
financé par une cotisation à la charge des as-
surés de moins de 65 ans, dont le taux est
actuellement de 17,9 %. Il n’y a aucune contri-
bution des employeurs. L’assiette des coti-
sations est constituée par la première tranche
de revenu du barème de l’impôt sur le reve-
nu plafonnée à 26.983 euros en 2001. Tous
les revenus, y compris les revenus du capital
et du patrimoine, contribuent au financement
du régime AOW. Les contribuables de plus
de 65 ans ne sont pas assujettis à ce prélè-
vement et bénéficient en conséquence d’un
taux marginal d’imposition beaucoup plus
faible.
Sous l’effet principalement des mécanismes
d’indexation des pensions, le poids des pres-
tations versées par le régime AOW par rap-
port au PIB a légèrement diminué au cours de
la dernière décennie et représente actuelle-
ment 4,8 points de PIB. Dans le futur, l’évo-
lution des charges de retraite sera étroite-
ment liée à l’augmentation de la population
de 65 ans et plus. Entre 2000 et 2040, le taux
de dépendance démographique, qui rappor-
te la population de 65 ans et plus à la popu-
lation de 20-64 ans, devrait quasiment dou-
bler. Sur la même période, les pensions de
vieillesse versées par le régime AOW, expri-
mées en points de PIB, devraient connaître
une progression similaire.
Pour répartir et étaler le coût du financement
du régime AOW sur plusieurs générations dans
le cadre de la programmation à long terme de
la politique des finances publiques, les Pays-
Bas ont adopté en 1997 trois mesures :
• Le taux de cotisation AOW a été plafonné à
18,25 % (17,9 % actuellement) ;
• Les besoins de financement du régime AOW,
qui devraient apparaître à la suite de ce
plafonnement seront comblés par une
subvention du budget de l’État,
1 Cf. Questions Retraite n°2001-39 « Évolution et perspecti-ves du système de retraite des Pays-Bas ». LaurentVERNIÈRE, Mai 2001.
2 Report by the Economic Policy Committee on BudgetaryChallenges posed by Ageing Populations. Novembre 2001.European Commision, Economic and Financial Affairs.
1.
1980-2050. Taux de dépendance démographique (%) et pensions en % du PIB.
Taux de dépendance démographique : population de 65 ans et plus / population de 20-64 ans.Source : Statistics Netherlands et EPC Working Group on Ageing 2.
2000 2010 2020 2030 2040 2050
• Taux de dépendance démographique 21,9 % 24,2 % 31,2 % 38,5 % 43,0 % 39,8 %
• Prestations AOW en % du PIB 4,8 % 5,4 % 7,0 % 9,0 % 10,2 % 9,7 %
• un fonds de réserves (“AOW-spaarfonds”
ou “AOW Savings Fund”) a été créé dans
le but de préfinancer une fraction des en-
gagements du régime AOW. Ce fonds de ré-
serves n’a pas d’autonomie juridique. C’est
un compte spécial ouvert auprès du Trésor
public dont l’abondement est déterminé par
les Lois de Finances successives. Il est investi
exclusivement en obligations publiques. La
loi précise qu’il ne pourra pas être utilisé
avant 2020 pour financer une partie des dé-
penses du régime AOW.
La logique de ce fonds de réserves est étroi-
tement liée à la conduite de la politique bud-
gétaire dont l’objectif est de dégager des ex-
cédents afin de diminuer rapidement la dette
publique, de sorte à disposer de marges bud-
gétaires au moment où le vieillissement de la
population alourdira fortement les charges.
De fait, le fonds de réserves est alimenté par
le produit de la réduction du service de la
dette publique. C’est également un facteur
de discipline budgétaire puisque les sommes
mises en réserve ne sont pas immédiatement
utilisées pour accroître la dépense publique.
Après avoir enregistré des déficits publics
supérieurs à trois points de PIB entre 1990 et
1995, les Pays-Bas dégagent depuis 1998 des
excédents budgétaires. Entre 1990 et 2002,
la dette publique, exprimée en pourcentage
du PIB, a ainsi été ramenée de 79,2 % à
47,8 %.
Le fonds de réserves AOW a commencé à
être alimenté en 1997 avec un versement de
335 millions d’euros. A partir de 1998, il était
prévu que l’abondement du fonds serait
constitué d’un montant fixe de 1,3 milliards
d’euros et d’un montant minimal variable
croissant chaque année de 113 millions d’eu-
ros. En raison de l’amélioration des finances
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1990-2002. Indicateurs de finances publiques.
(1) Prévision de la Loi de Finances. Source : Ministère des Finances. Le solde UEM est calculé avant transfert au fonds
de réserves. La dette UEM est consolidée.
Solde UEM Dette publique UEM Prestations AOW
en % du PIB en % du PIB en % du PIB
• 1990 - 5,1 % 79,2 % 5,73 %
• 1991 - 2,9 % 79,0 % 5,68 %
• 1992 - 3,9 % 80,0 % 5,69 %
• 1993 - 3,2 % 81,2 % 5,69 %
• 1994 - 3,8 % 77,9 % 5,36 %
• 1995 - 4,2 % 77,2 % 5,02 %
• 1996 - 1,8 % 75,2 % 5,03 %
• 1997 - 1,1 % 69,9 % 4,98 %
• 1998 - 0,8 % 66,8 % 4,96 %
• 1999 0,4 % 63,1 % 4,92 %
• 2000 1,5 % 56,1 % 4,76 %
• 2001 1,1 % 51,8 % 4,70 %
• 2002 (1) 0,9 % 47,8 % 4,72 %
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publiques, les versements effectifs ont été
plus importants et ont représenté annuelle-
ment l’équivalent de 0,6 point de PIB. A la fin
2002, le fonds de réserves aura accumulé
12,7 milliards d’euros, soit 2,8 points de PIB
et 7 mois de prestations.
Compte tenu de la règle d’abondement du
fonds AOW qui comporte un montant crois-
sant d’année en année, les versements au
fonds devraient être équivalents à 0,8 point
de PIB en 2005, 1 point de PIB en 2010, 1,2
points de PIB en 2015. En 2020, date à partir
de laquelle le fonds pourra être utilisé, les
réserves devraient atteindre 16 points de PIB,
soit 2,3 années de prestations.
Entre 2020 et 2040, le financement des pen-
sions AOW devrait augmenter de 3,2 points
de PIB. Il est projeté que le fonds de réserves
soit utilisé pour financer la moitié du surcroît
de charges, l’autre moitié l’étant directement
par le budget de l’État, grâce à la marge in-
duite par la diminution du service de la dette
publique.
Évolution du fonds de réserves AOW depuis sa création.
Prévision en 2002 et projection pour les années 2003 à 2006. Source : Ministère des Finances.
Versements au Fonds AOW Montant du Fonds AOW en fin d’année
M€ En % du PIB M€ En % du PIBEn années
de prestations
• 1997 335,0 0,10 % 335,0 0,10 % 0,02
• 1998 1 966,2 0,56 % 2 301,2 0,65 % 0,13
• 1999 2 285,0 0,61 % 4 586,2 1,23 % 0,25
• 2000 2 449,1 0,61 % 7 035,3 1,75 % 0,37
• 2001 2 695,1 0,63 % 9 730,4 2,26 % 0,48
• 2002 2 943,3 0,65 % 12 673,7 2,79 % 0,59
• 2003 3 203,9
• 2004 3 477,5
• 2005 3 764,9
• 2006 4 066,5
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Irlande3
Le régime de base du système public de re-
traite verse deux types de prestations de
vieillesse :
• les pensions “contributives”, qui dépendent
de la durée de cotisation, recouvrent deux
types de prestations : les pensions de
vieillesse (« Old-age Pension ») liquidées à
partir de 66 ans et les pensions de retraite
(« Retirement Pension ») liquidées à partir de
65 ans, sous réserve de satisfaire des condi-
tions de durée d’assurance validée. Elles
sont financées par des cotisations sociales
à la charge des employeurs et des salariés,
• les pensions de vieillesse non contributives
de “solidarité nationale”, versées sous
conditions de ressources, en fonction de cri-
tères d’âge et de résidence et financées par
le Budget de l’État.
Quelle que soit sa nature, le montant de
la pension individuelle est forfaitaire et
complété par des suppléments familiaux et
des avantages annexes. En 2000, les dépen-
ses des programmes de protection sociale
(“Social Welfare”) équivalaient à 6.6 points
de PIB et 25,9 % des dépenses du Budget de
l’État 4. La couverture obligatoire du risque
vieillesse représentait 35,7 % des dépenses de
protection sociale et 2,3 % du PIB. Le finan-
cement des dépenses sociales incombait
pour 52,7 % au Budget de l’État et 46,7 % aux
cotisations sociales.
Aux dépenses du régime de base du système
public de retraite, il convient de rajouter le ver-
sement de pensions aux fonctionnaires au
titre du régime complémentaire obligatoire du
deuxième étage.
2.
3 Cf. Questions Retraite n°2001-36 « Fonds de réserves pourles retraites en Europe : les exemples de l’Irlande et de laFinlande ». Laurent VERNIERE, Février 2001.
4 Le budget social est intégré dans le budget de l’État.
Année 2000. Prestations du régime public de retraite.
Source : Ministère des Affaires Sociales.
M€ Structure en %
1. Pensions de vieillesse contributives 577,4 24,1 %
2. Pensions de retraite contributives 594,2 24,8 %
3. Pensions de vieillesse non contributives 456,2 19,0 %
4. Préretraites 79,3 3,3 %
5. Pensions de réversion contributives 597,4 24,9 %
6. Pensions de réversion non contributives 94,9 3,9 %
Total 2 399,4 100,0 %
Dont - Assurances sociales (1 + 2 + 5) 1 769,0 73,7 %
- Solidarité nationale (3 + 4 + 6) 630,4 26,3 %
Total en % des dépenses de protection sociale 35,7 %
Total en % du PIB 2,3 %
no 2002 • 53 - Octobre 2002
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Comme dans les autres pays européens, la
population irlandaise devrait vieillir mais
beaucoup plus tardivement en raison de taux
de fécondité plus élevés. Le taux de dépen-
dance démographique devrait doubler entre
2015 et 2050, la masse des pensions exprimée
en points de PIB doublant également entre
2000 et 2050.
Au cours de la dernière décennie, la crois-
sance économique a été particulièrement ra-
pide et s’est accélérée pour atteindre un ryth-
me annuel moyen de 9,5 % depuis 1995. Cette
vigueur s’est traduite par une sensible amé-
lioration des indicateurs budgétaires : le
solde UEM des Administrations publiques
est positif depuis 1997 et la dette publique
en points de PIB a été divisée par trois entre
1990 et 2002.
Les exercices de projection à long terme ta-
blent sur un ralentissement progressif du
rythme de croissance économique au fur à
mesure que l’économie irlandaise achève
son rattrapage par rapport aux autres éco-
nomies européennes : 4,5 % en moyenne par
an de 2001 à 2010, 2,5 % entre 2010 et 2020
et un taux moyen de 2% après 2020. Les auto-
2000-2050. Taux de dépendance démographique et pensions en % du PIB.
Taux de dépendance démographique : population de 65 ans et plus / population de 20-64 ans. L’agrégat « Pensions » comprend les
dépenses du système public de retraite, les pensions complémentaires des fonctionnaires et les dépenses d’invalidité.
Source : EPC Working Group on Ageing.
2000 2010 2020 2030 2040 2050
• Taux de dépendance démographique 18,2 % 18,3 % 23,5 % 29,0 % 34,6 % 42,5 %
• Pensions en % du PIB 4,6 % 5,0 % 6,7 % 7,6 % 8,3 % 9,0 %
1990-2002. Indicateurs de finances publiques et de PIB.
Source : Ministère des Finances. Prévision pour 2002.
Solde UEM Dette publique UEM Taux de croissance
en % du PIB en % du PIB du PIB
• 1990 - 2,21 % 93,7 % 7,1 %
• 1991 - 2,31 % 95,1 % 1,9 %
• 1992 - 2,39 % 92,1 % 3,3 %
• 1993 - 2,26 % 96,1 % 2,7 %
• 1994 - 1,66 % 90,5 % 5,7 %
• 1995 - 2,17 % 82,9 % 10,0 %
• 1996 - 0,26 % 74,2 % 7,8 %
• 1997 1,17 % 65,1 % 10,8 %
• 1998 2,31 % 54,8 % 8,6 %
• 1999 2,33 % 49,3 % 10,9 %
• 2000 4,55 % 38,6 % 11,5 %
• 2001 1,41 % 35,8 % 6,8 %
• 2002 0,67 % 33,7 %
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rités irlandaises considèrent que les excé-
dents budgétaires devraient être plus en plus
faibles au cours des 20 prochaines années
mais suffisants pour effacer la dette publique
à cet horizon. Après 2025, les déficits publics
et l’endettement devraient réapparaître, prin-
cipalement sous l’effet de l’augmentation des
charges induites par le vieillissement de la
population. En raison de sa démographie et
ses performances économiques, l’Irlande de-
vrait donc disposer des deux prochaines dé-
cennies pour se préparer à faire face aux
coûts du vieillissement
C’est dans ce contexte que le gouvernement
irlandais a adopté en 1999 une législation
temporaire créant un fonds de réserves pour
les retraites (« National Pensions Reserve
Fund ») qui a été officiellement mis en place
le 6 avril 2001. Doté initialement du produit
de la privatisation de Irish Telecom et de la
vente des licences UMTS, il est abondé an-
nuellement de l’équivalent d’un point de PIB
(soit environ 1 Md€ par an). La gestion de ce
fonds a été confiée, pour une période de 10
ans, à l’Agence du Trésor chargée de la ges-
tion de la dette publique.
Les règles de financement, de gestion et d’in-
vestissement des réserves ont été organisées
avec les caractéristiques suivantes :
• le fonds de réserves préfinance une partie
du coût des retraites du régime général et
du régime complémentaire des fonction-
naires. Il ne pourra être utilisé qu’après 2025
pour contribuer au financement des retrai-
tes,
• le fonds est alimenté jusqu’en 2055 par une
contribution annuelle du Budget de l’État
égale à un point de PIB. Le Parlement peut
décider des versements additionnels occa-
sionnels. Les versements au fonds pourront
se poursuivre après 2055 sur décision mi-
nistérielle,
• une Commission indépendante (“National
Pensions Reserve Fund Commission”) est
chargée de deux missions : le contrôle et la
gestion administrative du fonds, le choix et
la mise en œuvre de la stratégie d’investis-
sement fondée sur des principes stricte-
ment commerciaux. La Commission déter-
mine l’allocation d’actifs et établit les
benchmarks appropriés pour apprécier la
performance globale du fonds et la perfor-
mance des différentes classes d’actifs. Le
fonds ne peut être investi en obligations
émises par l’État irlandais. Les autres fonctions
de la Commission concernent l’autorisation
de versements par le fonds, l’établissement
d’un budget administratif annuel, la possi-
bilité de diligenter des évaluations indé-
pendantes des actifs du fonds et des ex-
pertises des projections financières des
régimes de retraite.
Au bout de trois ans, le fonds de réserves a déjà
accumulé 7,7 Md€, soit 6,7 points de PIB : la
dotation initiale , le versement annuel de
l’équivalent d’un point de PIB et les produits
financiers ont rapidement fait croître la taille
du fonds.
no 2002 • 53 - Octobre 2002
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Les autorités irlandaises ont retenu les
meilleurs standards pour organiser la ges-
tion, le pilotage et le contrôle du fonds de
réserves, le but étant évidemment de sécuri-
ser les réserves tout en obtenant le rendement
financier le plus élevé sous la contrainte de
risques. À partir de 2025, l’utilisation du
fonds de réserves devrait permettre de sta-
biliser le coût des pensions entre 5 et 6 points
de PIB alors que, en l’absence de réserves, les
prélèvements nécessaires au financement
des retraites auraient continué de croître
pour atteindre 7,5 points de PIB vers 2050.
Évolution du fonds de réserves depuis sa création.
Source : Ministère des Finances. L’année 2002 est une prévision et les années 2003 et 2004 une projection.
Versements au fonds Total
Montant des réserves
de réserve en M€ en fin d’année
Dotation AbondementIntérêt M€
En %M€
En %
spéciale annuel du PIB du PIB
• 1997 3828,0 3828,0 4,3 % 3828,0 4,3 %
• 2000 1486,0 863,0 235,0 2584,0 2,5 % 6412,0 6,2 %
• 2001 972,0 365,8 1337,8 1,2 % 7749,8 6,7 %
• 2002 1034,5
• 2003 1113,5
• 2004 1192,3
no 2002 • 53 - Octobre 2002
11
Finlande5
Le système public de retraite finlandais est
composé de deux étages :
• Le régime public de base (“National pen-
sion Scheme” ou “Kela Pensions”) est un ré-
gime universel par répartition versant des
prestations forfaitaires sous condition de
ressources à tous les résidents à partir de 65
ans,
• Le deuxième étage comprend 9 régimes
professionnels contributifs obligatoires
(“Earnings-related Pension Schemes”), ré-
gimes par répartition en annuités versant
des pensions dont le montant dépend de la
carrière salariale. Chaque régime applique
une législation spécifique qui dépend des
particularités de la population couverte. Six
régimes professionnels 6 concernent les ac-
tifs, salariés et non salariés, du secteur
privé, deux régimes les salariés du secteur
public7 et un régime pour les employés des
Eglises8. Tous ces régimes couvrent les
risques vieillesse et survie, invalidité et chô-
mage de longue durée après 60 ans.
La gestion administrative et financière des
régimes contributifs du deuxième étage est
attribuée à des organismes de droit privé
opérant selon des principes communs : 6
compagnies d’assurance, 35 « Pension Foun-
dations », 8 fonds de pension sectoriels et
des institutions spécialisées pour les autres
catégories de population.
Les pensions versées par les régimes obli-
gatoires représentaient 11,2 points de PIB en
2001. Le deuxième étage verse les trois
quarts des pensions.
5 Cf. Questions Retraite n°2001-36 « Fonds de réserves pourles retraites en Europe : les exemples de l’Irlande et de laFinlande ». Laurent VERNIERE, Février 2001.
6 Les régimes TEL pour les salariés du secteur privé, LELpour les salariés occupant un emploi temporaire, TaELpour les professions artistiques et intermittentes, MEL pourles professions maritimes, MYEL pour les agriculteurs etYEL pour les autres professions indépendantes non sala-riées.
7 Les régimes VEL pour les fonctionnaires de l’État etKVTEL pour les salariés des collectivités locales.
8 Le régime KiEL.
3.
Les pensions versées en 2001.
Source : Ministère des Affaires Sociales.
En niveau (M€) En structure % En % du PIB
• Pensions du premier étage 2 740 18,1 % 2,0 %
• Pensions du deuxième étage 11 461 75,5 % 8,5 %
- secteur privé 7 045 46,4 % 5,2 %
- secteur public 4 416 29,1 % 3,3 %
• Autres 974 6,4 % 0,7 %
• Total 15 175 100,0 % 11,2 %
• En % des dépenses de protection sociale 44,2 %
no 2002 • 53 - Octobre 2002
12
Par rapport aux autres pays, le vieillissement
de la population finlandaise, mesuré par le
taux de dépendance socio-démographique,
devrait être un peu moins accentué mais très
rapide entre 2010 et 2030.La part des pen-
sions dans le PIB devrait augmenter de près
de 50 % entre 2000 et 2040.
Les indicateurs budgétaires montrent que,
après la grave crise économique des années
1992 à 1995, la Finlande a consenti de gros ef-
forts qui lui permettent d’afficher des excé-
dents du compte des Administrations pu-
bliques depuis 1998 et de stabiliser la dette
publique. Une partie de ces résultats s’ex-
plique par la contribution positive qu’induit
le provisionnement partiel des régimes du
deuxième étage.
En effet, une caractéristique du système de re-
traite finlandais est que les régimes du
deuxième étage sont partiellement provi-
sionnés pour les risques vieillesse, invalidi-
té et chômage de longue durée après 60 ans.
Le préfinancement est déterminé à partir des
modalités d’acquisition des droits individuels
mais il est collectif en ce sens que le rende-
ment financier des réserves n’a pas d’effet
sur le montant de la pension.
2000-2050. Taux de dépendance démographique et pensions en % du PIB.
Taux de dépendance socio-démographique : effectif des retraités / population occupée. Source : EPC Working Group on Ageing.
2000 2010 2020 2030 2040 2050
• Taux de dépendance démographique 51,5 % 59,2 % 72,5 % 80,0 % 80,6 % 81,3 %
• Pensions en % du PIB 11,3 % 11,6 % 14,0 % 15,7 % 16,0 % 16,0 %
1990-2002. Indicateurs de finances publiques.
Source : Ministère des Finances. Prévision pour l’année 2002.
Solde UEM Dette publique UEM
en % du PIB en % du PIB
• 1990 5,3 % 14,3 %
• 1991 - 1,1 % 22,6 %
• 1992 - 5,6 % 40,6 %
• 1993 - 7,3 % 56,0 %
• 1994 - 5,7 % 58,0 %
• 1995 - 3,7 % 57,2 %
• 1996 - 3,2 % 57,1 %
• 1997 - 1,5 % 54,1 %
• 1998 1,3 % 48,6 %
• 1999 1,9 % 46,8 %
• 2000 7,0 % 44,0 %
• 2001 4,9 % 43,6 %
• 2002 3,6 % 44,0 %
no 2002 • 53 - Octobre 2002
13
Pour les pensions d’invalidité et de chômage
de longue durée après 60 ans, les engage-
ments courants jusqu’à 65 ans sont provi-
sionnés à hauteur de 80 %. Les taux de coti-
sation reposent sur le principe de la tarification
en fonction du risque et sont en conséquen-
ce fixés par catégorie d’âge et de sexe des
salariés et selon la taille des entreprises. Ils
croissent fortement avec l’âge puisque les
risques d’invalidité ou de chômage de lon-
gue durée sont étroitement liés à l’âge.
Pour les pensions de vieillesse, le provision-
nement des engagements porte, depuis 1997,
sur un tiers des droits à pension acquis entre
23 et 54 ans et liquidés à partir de 65 ans.
Comme entre les deux bornes d’âges citées,
les cotisants acquièrent une annuité égale à
1,5 % du salaire de référence, le provision-
nement est calculé pour des droits à pension
équivalant à une annuité de 0.5% des gains
cotisables annuels, le calcul de la provision
technique se faisant par sexe et par classe
d’âge, en utilisant les tables de mortalité du
moment et en considérant que le placement
des réserves aura un rendement nominal de
3 %. Les droits acquis entre 55 et 65 ans ne
sont pas préfinancés de même que l’impact
des règles de revalorisation des pensions. Le
montant du provisionnement effectif est en
fait plus élevé puisque le taux de rendement
requis pour l’investissement des réserves
(“TEL-calculated interest rate”) est fixé à 5,25 %
par le Ministère des Affaires Sociales. Il en ré-
sulte que l’écart entre ce taux de rendement
requis et le taux d’actualisation de 3 % utili-
sé pour calculer la provision technique per-
met d’améliorer la marge de solvabilité des
institutions de retraite. L’augmentation de la
marge de solvabilité a pour but d’inciter à di-
versifier les investissements dans des actifs
plus risqués mais plus rémunérateurs.
Fin 2001, le montant du portefeuille repré-
sentatif des réserves accumulées, évalué aux
prix de marché, s’élevait à 69,2 Md€, soit
51,2 % du PIB et 7 années de prestations.
Les réserves sont gérées par chacune des ins-
titutions intervenant dans le domaine de la
retraite. Les règles gouvernant la gestion fi-
nancière des réserves ont été modifiées à
Abondement et montant des réserves depuis 1995.
(1) Depuis 1999, l’évaluation du portefeuille est faite aux prix de marché. Source : Federation of Employment Pension
Institutions (Tela). Le montant des réserves ne comprend pas les provisions du régime des fonctionnaires.
Montant des réserves en fin d’année
(valeur du portefeuille)(1)
M€ En % du PIB
• 1995 3,4 % 35,2 37,1 %
• 1996 3,4 % 38,5 39,1 %
• 1997 3,3 % 42,5 39,8 %
• 1998 3,2 % 49,3 42,5 %
• 1999 2,8 % 60,2 50,0 %
• 2000 3,2 % 65,9 50,2 %
• 2001 3,2 % 69,2 51,2 %
Excédent des régimes
de retraite en %
du PIB
no 2002 • 53 - Octobre 2002
14
partir de 1997 afin de les adapter, d’une part,
à l’environnement financier mondial qui rend
possible une diversification des risques par
une gestion active du portefeuille et, d’autre
part, aux conséquences de l’adhésion de la
Finlande à l’UEM. De plus, la marge de sol-
vabilité des organismes gérant les réserves
a été augmentée afin d’accorder plus d’au-
tonomie aux gestionnaires en matière finan-
cière et leur permettre d’investir dans des
classes d’actifs plus risqués.
9 Cf. Questions Retraite n°2002-50 « Nouvelle Zélande :création d’un fonds de reserves pour les retraites en 2001 ».Laurent VERNIÈRE, Juin 2002.
Nouvelle Zélande9
Le système de retraite de la Nouvelle Zélan-
de est composé d’un seul dispositif géré par
l’État (« New Zealand Superannuation » ou
NZS) couvrant l’ensemble des catégories
professionnelles. Les pensions versées sont
forfaitaires et financées par le budget de
l’État. Il n’y a donc pas de prélèvements sous
la forme de cotisations retraite et pas de rela-
tion entre le montant de la pension et les
contributions versées. Jusqu’en 2001, ce dis-
positif n’avait pas d’autonomie juridique,
c’est-à-dire qu’il n’était pas organisé selon le
modèle d’un régime de la Sécurité Sociale.
Comme les autres prestations sociales, les
pensions de retraite font partie des dépenses
courantes du budget de l’État. Les perspecti-
ves de la politique budgétaire à moyen et long
terme sont en conséquence directement
concernées par l’évolution des charges de
pensions de retraite.
Depuis 2001, les pensions du NZS sont ver-
sées à partir de 65 ans avec une condition de
durée de résidence de 10 ans depuis l’âge de
20 ans et 5 ans depuis l’âge de 50 ans. Les ba-
rèmes sont établis en termes bruts et nets
d’impôts sur le revenu mais l’affichage est
exprimé en termes nets. Le montant net de la
pension est déterminé par rapport au salaire
moyen net hebdomadaire constaté l’année
précédente : le taux de remplacement net in-
stantané pour les couples mariés de plus de
65 ans est compris entre 65 % et 72,5 % du sa-
laire net moyen, un célibataire vivant seul
perçoit 65 % du barème d’un couple et un cé-
libataire cohabitant 60 %.
Le système de retraite ne versant que des
prestations forfaitaires, l’évolution des dé-
penses de pensions est étroitement corrélée
au nombre de personnes de plus de 65 ans.
Comme le vieillissement de la population de-
vrait être rapide au cours des 40 prochaines
années, il est projeté que les pensions nettes
versées par le budget de l’État passent de 3,9
points de PIB en 2000 à 8,7 points de PIB en
2040. Financées par l’impôt, les dépenses de
pension auront en conséquence un impact
direct sur les finances publiques des pro-
chaines décennies.
4.
no 2002 • 53 - Octobre 2002
15
La politique budgétaire est encadrée par un
ensemble de principes énoncés dans le « Fis-
cal Responsability Act », concrétisés par la
fixation de trois principaux objectifs à long
terme, déterminés en moyenne sur le cycle
économique :
• la dette publique brute doit être inférieure
à 30 % du PIB et la dette nette, hors préfi-
nancement des coûts liés au vieillissement
de la population, inférieure à 20 % du PIB,
• les dépenses du budget de l’État ne doivent
pas dépasser 35 % du PIB,
• le budget de l’État doit dégager un surplus,
de sorte à respecter le taux d’endettement
et à fournir les moyens de financer les coûts
liés au vieillissement de la population.
Depuis 1999, les trois objectifs de la politique
budgétaire sont respectés. Pour éviter qu’a-
près 2010, l’augmentation des ressources
budgétaires nécessaires au financement des
retraites provoque des tensions sur les fi-
nances publiques et conduise à abandonner
ces objectifs, le gouvernement néo-zélandais
a décidé de créer en 2001 un fonds de réser-
ves pour les retraites. Le rôle assigné à ce
fonds de réserves est de lisser la charge du
financement des retraites en l’étalant sur plu-
sieurs dizaines d’années. Selon la loi, le fonds
de réserves ne peut être utilisé avant 2020 :
• jusqu’en 2020, le fonds de réserves est
abondé par le budget de l’État, en plus du
paiement des pensions courantes. Les pro-
duits financiers issus du placement des ré-
serves augmentent l’actif du fonds,
• après 2020, le fonds de réserves sera utili-
sé pour financer une fraction des dépenses
de pension, ce qui permettra de réduire la
2000-2050. Taux de dépendance démographique et pensions en % du PIB.
Source : Statistics New Zealand et Treasury. Taux de dépendance démographique : population de 65 ans et plus / population de
20-64 ans.
2000 2010 2020 2030 2040 2050
• Taux de dépendance démographique 18,0 % 20,1 % 26,9 % 36,8 % 43,1 % 43,5 %
• Pensions nettes en % du PIB 3,9 % 4,15 % 5,52 % 7,5 % 8,67 % 8,81 %
1990-2001. Indicateurs de finances publiques.
Source : Treasury New Zeland. L’année budgétaire s’achève le 30 juin.
Solde du Budget Dette publique nette Dépenses du budget
en % du PIB en % du PIB en % du PIB
• 1994 / 1995 3,1 % 37,0 % 34,5 %
• 1995 / 1996 3,6 % 31,0 % 34,4 %
• 1996 / 1997 2,0 % 26,4 % 34,4 %
• 1997 / 1998 2,6 % 24,5 % 34,9 %
• 1998 / 1999 1,8 % 21,7 % 35,8 %
• 1999 / 2000 1,4 % 20,2 % 34,1 %
• 2000 / 2001 1,3 % 18,1 % 34,5 %
no 2002 • 53 - Octobre 2002
16
part des ressources budgétaires courantes
consacrées au financement des retraites.
• compte tenu de la façon dont sont détermi-
nés l’abondement et l’utilisation du fonds
NZSF, il n’y a pas de date prévue pour son
épuisement.
La nouvelle législation a créé un organisme
indépendant (« New Zealand Superannua-
tion Fund » (NZSF)) dont les ressources sont
constituées de la contribution annuelle du
budget de l’État utilisée pour, d’une part,
payer les pensions des retraités et, d’autre
part, accumuler des réserves. La gestion fi-
nancière des réserves est déléguée à une en-
tité publique, indépendante du gouverne-
ment, appelée « Guardians of New Zeland
Superannuation ».
Chaque année, à l’occasion de la préparation
de la loi de Finances, le Ministère des Finan-
ces calcule la contribution du budget de
l’État au NZSF selon les principes suivants :
• la contribution est exprimée en pourcen-
tage du PIB,
• ce taux de contribution, maintenu constant
et appliqué aux PIB projetés, doit permettre
de couvrir le coût du financement des pen-
sions nettes des 40 années à venir, en te-
nant compte du niveau fonds de réserves
en début de période et du rendement fi-
nancier espéré.
À chaque nouvelle Loi de Finances, le calcul est
actualisé, ce qui permet de rajouter une année
de projection. Avec cette méthode d’horizon
glissant de 40 ans, le taux de contribution ef-
fectif varie d’une année à l’autre en fonction de
la valeur des trois variables projetées sur 40
ans entrant dans la formule de calcul, le PIB,
le montant des pensions nettes et le rende-
ment financier du fonds de réserves
Les années 2002 à 2004 ont été considérées
comme une période transitoire durant la-
quelle les contributions au NZSF ont été
fixées forfaitairement, afin de ne pas pertur-
ber trop fortement le processus budgétaire.
Dans les simulations réalisées en 2001, avec
pour hypothèses un taux annuel de rende-
ment nominal des investissements financiers
de 7 % et un taux de prélèvement sur les pro-
duits financiers de 33 %, la contribution bud-
gétaire au NZSF serait positive jusqu’en 2027
et, de 2028 à 2100 l’horizon de la projection,
le NZSF serait utilisé pour financer une par-
tie des dépenses de pensions.
Dans les deux prochaines décennies, l’accu-
mulation des réserves représentera toutefois
un effort budgétaire important puisque, de
2005 à 2011, l’abondement annuel sera su-
périeur à 2 points de PIB et, de 2012 à 2021,
il diminuera mais ne sera pas inférieur à un
point de PIB. La contrepartie de cet effort est
que de 2035 à 2080, les transferts du NZSF
pour financer les retraites seront compris
entre 1 et 1,4 point de PIB.
no 2002 • 53 - Octobre 2002
17
En raison de ces dotations importantes, la
taille du NZSF devrait croître rapidement
pour atteindre 25 % du PIB en 2014 et près de
50 % en 2034. Malgré les transferts qui de-
vraient intervenir à partir de 2028, le fonds ne
serait pas épuisé à la fin du siècle (20 % du
PIB). Exprimé en années de prestations, le
fonds présenterait un profil similaire. En
2028, il serait équivalent à 6,8 années de pres-
tations et, en 2040, à 5,4 années.
À l’horizon d’un siècle, le NZSF apparaît
comme un fonds que l’on pourrait qualifier de
perpétuel puisqu’il n’est pas épuisé. Ce ré-
sultat s’explique par la méthode de lissage
glissant sur 40 années qui ne met pas de
contrainte sur le niveau du fonds en fin de
période de projection. Il en résulte, compte
tenu de l’augmentation rapide des dépenses
de pensions dans les trois prochaines dé-
cennies, que l’accumulation des réserves doit
atteindre rapidement une taille importante.
C’est pourquoi les dotations au NZSF sont
élevées dès son démarrage. La dynamique
du fonds est également alimentée par les
produits financiers nets d’impôts qui s’ajou-
tent aux dotations.
2002-2040. Prévisions d’abondement et de transferts du NZSF.
Source : Treasury New Zealand. De 2005 à 2040, il s’agit d’une projection.
Versements au NZSF Montant du NZSF en fin d’année
MdNZ$ En % du PIB En % du PIBEn années
de prestation
• 2002 0,60 0,51 % 0,52 % 0,14
• 2003 1,20 0,98 % 1,52 % 0,40
• 2004 1,80 1,40 % 2,96 % 0,78
• 2005 2,91 2,17 % 5,18 % 1,35
• 2010 3,37 2,09 % 16,38 % 4,00
• 2020 2,91 1,17 % 36,40 % 6,60
• 2030 2,91 0,35 % 47,80 % 6,40
• 2040 2,91 1,13 % 46,90 % 5,40
Norvège10
Toutes les personnes résidentes en Norvège
et exerçant une activité professionnelle sont
obligatoirement assurées auprès du “Natio-
nal Insurance Scheme” (“Folketrygden” ou
NIS), organisme d’assurances sociales créé en
1967 pour les risques vieillesse, invalidité,
survie, accidents du travail, chômage et ma-
ladie. Il verse également des prestations d’as-
sistance à certaines catégories de la popula-
tion. En matière de retraite, le NIS couvre
l’ensemble des salariés des secteurs privé et
public et les non salariés, à l’exception de
quelques catégories professionnelles (ma-
rins, pêcheurs, forestiers). Les fonctionnaires
de l’État reçoivent un complément de retrai-
te leur garantissant un taux de remplacement
déterminé en fonction de leur dernier salaire
d’activité. Enfin, depuis 1990, les partenaires
sociaux ont créé un dispositif de départ anti-
cipé à la retraite (“Avtalefestet pensjon” ou
AFP) permettant de liquider une pension par-
tielle ou totale entre 62 et 67 ans.
Trois paramètres caractérisent l’organisa-
tion et la structure du système public de re-
traite :
• L’âge légal de départ à la retraite (hommes
et femmes) est fixé à 67 ans. Il peut être re-
poussé jusqu’à 70 ans et anticipé par cer-
taines catégories professionnelles,
• La durée d’assurance validée nécessaire
pour liquider une pension à taux plein est
fixée à 40 annuités,
• Le barème des pensions (liquidation et re-
valorisation) est exprimé à partir d’une
unité appelée “montant de base” (“Grunn-
beløp”, noté G), indexée sur l’évolution du
salaire moyen.
Pour les salariés et les non salariés assurés
auprès du NIS, deux étages composent le
système de retraite :
• Le premier étage (“Grunnpensjon”) est un
régime universel versant une pension for-
faitaire aux résidents norvégiens, ayant co-
tisé au moins trois ans entre 16 et 66 ans. Le
montant de cette pension forfaitaire dépend
de la situation matrimoniale et de la durée
d’assurance. Il est indépendant du niveau
antérieur de revenu et du montant des co-
tisations versées.
• Le deuxième étage est un régime complé-
mentaire (“Tilleggspensjon”) à prestations
définies qui procure une pension calculée
sur la part du salaire supérieure à un mon-
tant de base G. Créé en 1967, il achève sa
montée en charge puisque ce n’est qu’à par-
tir de 2007 que les assurés pourront avoir va-
lidé une durée complète d’assurance de 40
annuités. Le montant de la pension est cal-
culé en retenant la moyenne des points des
20 meilleures années à laquelle est appli-
quée un taux de liquidation de 42 %.
Comme le régime complémentaire n’a été
créé qu’en 1967, de nombreux assurés
n’avaient, dans le passé, pas ou peu validé de
droits à pension. C’est pourquoi durant cette
période transitoire qui s’achève progressi-
vement, la pension forfaitaire du premier
étage a été complétée par des suppléments
spéciaux (“Saertillegg”), ce qui a conduit à
créer le principe d’une pension minimum,
supérieure à un montant de base G. La pen-
sion minimum ne fait cependant pas partie
no 2002 • 53 - Octobre 2002
18
10 Cf. Questions Retraite n°2002-48 « Norvège, richessepétrolière et financement des retraites. Le rôle du fonds deréserves “Pétrole”». Laurent VERNIÈRE, Avril 2002.
5.
no 2002 • 53 - Octobre 2002
19
d’un dispositif de minima sociaux puisqu’
elle a vocation à disparaître quand le régime
complémentaire sera à maturité.
Les fonctionnaires de l’État bénéficient de
dispositions particulières en matière de re-
traite. Il leur est garanti un taux de rempla-
cement de 66 % de leur dernier salaire d’ac-
tivité lorsqu’ils valident une carrière com-
plète de 30 annuités. Ils relèvent du “Nor-
wegian Public Service Pension Fund”
(“Statens Pensionskasse”) qui leur verse un
complément de pension pour atteindre ce
taux de remplacement. Ces dépenses, 0,6
point de PIB en 2000, sont financées par le
budget de l’État et une contribution des as-
surés. Les fonctionnaires des collectivités
locales bénéficient d’un avantage similaire
financé par l’intermédiaire de fonds de
pension municipaux, c’est-à-dire en capita-
lisation.
Les opérations du NIS sont incluses dans le
budget de l’État. Elles sont financées en “ré-
partition” par des cotisations sociales (em-
ployeurs et assurés) et par une dotation du
budget de l’État qui complète les besoins de
financement. En outre, les taux de cotisations
sociales ne sont pas ventilés par risque mais
fixés globalement.
Les prestations vieillesse, invalidité et survie
occupaient en 2000 la première place dans
les dépenses du NIS et 7 % du PIB. Elles ne
représentent toutefois que 87,7 % des dé-
penses totales relatives à ces trois risques
puisqu’il faut rajouter les compléments de
pension pour les fonctionnaires, les pensions
versées aux marins et forestiers et le coût du
dispositif de retraite anticipé AFP.
La vieillissement de la population norvé-
gienne devrait être modéré mais, en raison de
l’arrivée à maturité du régime du deuxième
étage, le poids des pensions dans le PIB de-
vrait être multiplié par 2,6 entre 2000 et 2040.
La Norvège a démarré sa production de pé-
trole et de gaz au début des années 1970. Ses
performances économiques et financières
ont été radicalement modifiées lorsqu’elle
est devenue l’un des principaux pays expor-
tateurs de ces produits dans les années 1980.
Les recettes financières abondantes procu-
rées par l’exploitation de ses ressources na-
turelles non renouvelables lui ont permis
dans un premier temps d’accroître fortement
ses possibilités de consommation, que ce
soit en mettant en œuvre des programmes
de redistribution d’une partie de ces revenus
ou en développant les infrastructures du
pays. Sur les 1100 milliards de couronnes de
revenus du pétrole encaissés entre 1971 et
2000, près de 800 milliards de couronnes ont
été dépensés et consommés. Mais, dans le
futur, les ressources pétrolières s’épuiseront
et produiront de moins de moins de revenus,
2000-2050. Taux de dépendance démographique et pensions en % du PIB.
Taux de dépendance démographique : population de 67 ans et plus / population de 16-66 ans.
Source : Statistics Norway et Ministère des Finances.
2000 2010 2020 2030 2040 2050
• Taux de dépendance démographique 21,2 % 19,4 % 24,3 % 29,4 % 34,0 % 33,5 %
• Pensions en % du PIB 7,0 % 9,2 % 12,5 % 15,8 % 17,9 % 17,8 %
no 2002 • 53 - Octobre 2002
20
au moment où le poids des dépenses de pen-
sions (vieillesse + invalidité) dans le PIB de-
vrait plus que doubler.
Ce “conflit” entre des besoins de finance-
ment qui vont être fortement croissants et
des revenus du pétrole en diminution relati-
ve, a conduit les autorités norvégiennes à
créer en 1990 le fonds « Pétrole » (« Norwe-
gian Government Petroleum Fund » ou
NGPF) afin d’accumuler des réserves finan-
cières au profit des générations futures, de
sorte à préserver une équité intergénéra-
tionnelle dans l’affectation des revenus des
ressources pétrolières. L’objectif est d’éviter
de dépenser immédiatement toute la riches-
se pétrolière, avec d’éventuelles implications
indésirables sur les équilibres macro-écono-
miques, en “lissant” l’utilisation de ces re-
cettes sur une longue période pour préser-
ver le “bien-être” des générations futures et
les faire bénéficier des revenus procurés par
l’exploitation de ressources non renouvela-
bles.
La création du NGPF a été votée par le Par-
lement en 1990. Ses ressources sont consti-
tuées par le transfert de recettes fiscales net-
tes tirées des activités pétrolières dont le
montant est fixé annuellement lors de l’éta-
blissement du budget de l’État, auxquelles
s’ajoutent les revenus des placements finan-
ciers. Les dépenses du NGPF consistent en un
transfert annuel au budget de l’État destiné
à couvrir le déficit des opérations hors pé-
trole. Sa gestion est du ressort du Ministère
des Finances qui a délégué la responsabilité
de la gestion opérationnelle à la Banque cen-
trale de Norvège.
1990-2001. Indicateurs de finances publiques.
Sources : Ministère des Finances et Economic Outlook 2002, OCDE.
Transferts au NGPF
à partir de 1995
En % des
En % du PIBrecettes du
Budget
• 1990 - 5,0 % 0,4 % 2,6 % 29,5 %
• 1991 - 8,9 % - 2,6 % 0,1 % 27,8 %
• 1992 - 9,4 % - 4,4 % - 1,7 % 32,4 %
• 1993 - 9,8 % - 5,3 % - 1,4 % 40,8 %
• 1994 - 7,1 % - 3,3 % 0,4 % 37,2 %
• 1995 - 4,3 % 0,4 % 3,5 % 34,7 % 0,4 % 0,2 %
• 1996 - 2,7 % 4,6 % 6,6 % 31,0 % 10,2 % 4,3 %
• 1997 - 2,3 % 6,4 % 7,9 % 27,9 % 13,4 % 5,8 %
• 1998 - 1,9 % 3,0 % 3,5 % 26,6 % 5,9 % 2,5 %
• 1999 - 1,2 % 3,3 % 5,9 % 27,6 % 5,2 % 2,2 %
• 2000 - 0,8 % 11,5 % 14,8 % 30,9 % 23,6 % 10,7 %
• 2001 - 0,4 % 17,6 % 15,2 % 26,8 % 32,0 % 16,5 %
Solde du
Budget
hors pétrole
En % du PIB
Solde du
Budget
y.c pétrole
En % du PIB
Solde UEM
En % du PIB
Dette
publique
UEM
En % du PIB
no 2002 • 53 - Octobre 2002
21
Le NGPF est conçu comme un instrument de
la politique budgétaire destiné à rendre to-
talement transparente l’utilisation des reve-
nus du pétrole. En effet, la loi a prévu qu’il est
abondé à condition que le budget global de
l’État dégage un surplus. C’est pourquoi les
premiers transferts au NGPF n’ont eu lieu
qu’à partir de 1995, le déficit des opérations
du budget de l’État hors pétrole ayant été su-
périeur aux recettes nettes pétrolières durant
la période 1990-1994.
Le NGPF a ainsi une double fonction :
• à court terme, au niveau du budget de l’État,
il joue un rôle de stabilisateur des fluctua-
tions des recettes fiscales pétrolières induites
en grande partie par les variations du prix du
pétrole, ce qui permet de conduire la poli-
tique budgétaire (dépenses et prélèvements)
à l’abri des incertitudes liées aux évolutions
des marchés pétroliers. En outre, les trans-
ferts nets annuels au NGPF représentent la
partie des revenus du pétrole qui n’est pas
dépensée immédiatement. La politique bud-
gétaire peut ainsi être déterminée en fonc-
tion de la situation économique hors pétrole
et non pas en fonction de la plus ou moins
grande abondance des revenus pétroliers,
• à long terme, il permet d’accumuler des ré-
serves afin de faire face aux conséquences
du vieillissement de la population et à la di-
minution progressive des recettes pétroliè-
res. Comme fonds de réserves, il prend en
compte les besoins des générations futures
(financement des pensions) et répartit l’uti-
lisation des recettes pétrolières actuelles
sur un grand nombre de générations. C’est
donc un principe de développement durable
et d’équité intergénérationnelle qui guide
l’utilisation de ressources non renouvela-
bles appelées à s’épuiser.
Il en résulte que la gestion financière du
NGPF doit tenir compte de ces deux horizons.
En effet, une fraction du portefeuille doit pou-
voir être rapidement mobilisable pour combler
des déficits budgétaires élevés. Par contre, la
perspective du long terme autorise une allo-
cation du portefeuille dans des actifs plus
risqués mais à plus fort rendement.
Une autre caractéristique importante de la
gestion financière du NGPF concerne l’allo-
cation géographique des investissements. Le
principe a été retenu d’investir les réserves ex-
clusivement à l’étranger. Ce choix s’explique
en partie par l’étroitesse du marché financier
norvégien qui aurait empêché une bonne di-
versification des risques. C’est surtout la vo-
lonté de ne pas allouer des ressources dans
des activités économiques insuffisamment
rentables qui aurait conduit, d’une part, à les
“gaspiller“ et, d’autre part, à devoir consacrer
ultérieurement une partie des recettes pé-
trolières au soutien de ces activités. Autre-
ment dit, le développement des secteurs éco-
nomiques hors pétrole ne doit pas reposer
sur l’utilisation de la manne pétrolière mais
résulter de leur capacité productive et de leur
rentabilité économique.
Au total, la création du NGPF a répondu à
deux objectifs :
• un objectif de stabilisation à court terme qui
évite de répercuter à l’ensemble de l’éco-
nomie les fluctuations des recettes pétro-
lières,
• un objectif de gestion à long terme de res-
sources naturelles non renouvelables qui
évite la consommation immédiate de recet-
tes temporaires et qui permet de transférer
aux générations futures le produit financier
de l’exploitation actuelle de ces ressources.
no 2002 • 53 - Octobre 2002
22
A la fin 2001, le NGPF avait accumulé 613.7
milliards de couronnes (portefeuille évalué
aux prix de marché), soit l’équivalent de près
de 42 points de PIB. Il est projeté qu’en 2010,
le fonds atteigne 118% du PIB. La forte crois-
sance du NGPF est due aux transferts nets
importants réalisés en 2000 et 2001, à la suite
de la remontée des cours du pétrole.
En 2001, le montant des engagements en ma-
tière de pension de retraite et d’invalidité
était évalué 2998 milliards de couronnes (soit
2 fois le PIB), dont 642 milliards au titre des
pensions de retraite du régime complémen-
taire du deuxième étage (43,6 % du PIB). Au-
trement dit, depuis la fin 2001, le portefeuille
du NGPF permet déjà de provisionner la
quasi totalité des engagements du régime
complémentaire.
Évolution du portefeuille du NGPF (aux prix de marché).
(1) Chiffre prévisionnel.
(2) Projection. Sources : Norges Bank et Ministère des Finances, Budget 2002.
1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2005 2010
• NGPF au 31/12
(milliards de
couronnes)
47,6 113,4 171,8 222,4 386,4 613,7 861,0(1)
• NGPF en % du PIB 4,7 % 10,3 % 15,4 % 18,6 % 27,1 % 41,7 % 57,1 %(1) 87,5 %(2) 118,3 %(2)
Suède11
La réforme du système de retraite en Suède
a été introduite en 1999 et les premiers paie-
ments selon la nouvelle législation ont eu
lieu en 2001. La Suède a choisi de remplacer
son ancien système par répartition reposant
sur deux étages (une pension universelle et
un régime par répartition à prestations défi-
nies (régime ATP)) par deux régimes totale-
ment contributifs, un régime par répartition
à cotisations définies fonctionnant selon le
principe des “comptes notionnels” indivi-
duels, complété par un dispositif de comp-
tes individuels d’épargne retraite par capita-
lisation dont le mandat de gestion adminis-
trative et financière a été confié à une agen-
ce gouvernementale (“Premium Pension
Authority” ou PPM). Avec la technique des
comptes “notionnels”, le montant de la pen-
sion est calculé actuariellement en fonction
de l’effort contributif total et de la durée de
service de la pension.
Le nouveau système de retraite est financé par
des cotisations retraite prélevées au taux de
17,21 % sur le salaire brut:
• Le régime à cotisations définies par répar-
tition, fonctionnant selon la technique des
comptes “notionnels”, couvre le seul risque
vieillesse. Il est financé au taux de 14,88 %.
Les anciens fonds de réserves du régime
ATP (“AP-Funds”) sont rattachés à cette
structure. Ce régime verse la pension liée au
revenu (“Income pension”),
6.
11 Cf. Questions Retraite n° 99-21 “La réforme du systèmede retraite suédois : l’apparition d’un nouveau modèle deréforme ?”, Septembre 1999, Laurent VERNIÈRE.
Questions Retraite n° 2001-43 “Suède : les récents déve-loppements de la réforme du système de retraite”, Octobre2001, Laurent VERNIÈRE.
no 2002 • 53 - Octobre 2002
23
• Le régime à cotisations définies par capita-
lisation est alimenté au taux de 2,33 %. Ce
régime est administré et géré par l’agence
gouvernementale créée à cet effet (PPM).
Ce régime verse une pension appelée “Pre-
mium pension”.
L’ancien système de retraite était composé
de deux étages : le système national de sé-
curité sociale versait une pension universel-
le forfaitaire à tous les résidents suédois et le
régime complémentaire obligatoire ATP ver-
sait une pension contributive dont le mon-
tant était lié aux revenus d’activité. Ces deux
régimes couvraient les risques vieillesse, sur-
vie et invalidité. Le nouveau système, entré
en vigueur en 1999, ne couvre que le risque
vieillesse et l’acquisition des droits à la re-
traite est exclusivement assise sur les reve-
nus d’activité et les revenus de remplace-
ment. La pension universelle forfaitaire est
progressivement supprimée durant la pério-
de de transition, les dépenses de survie sont
financées par des cotisations affectées et les
dépenses d’invalidité sont intégrées dans le
risque maladie en attendant une réforme de
leur financement.
Dans le périmètre du nouveau régime vieilles-
se, les prestations de retraite versées en 2000
ont été de 138 840 millions de couronnes
(6,6 % du PIB), soit 92,8 % des dépenses de
vieillesse et 66,2 % des dépenses des deux
étages de l’ancien système.
Le vieillissement de la population suédoise est
plus tardif et plus modéré que dans les autres
pays européens. La réforme des retraites
devant produire son plein effet à partir de 2014,
le poids des pensions dans le PIB ne devrait
augmenter, dans les trois prochaines décen-
nies, que de 2,4 points.
Année 2000. Ventilation des dépenses de vieillesse, survie et invalidité
dans l’ancien système de retraite (millions de couronnes suédoises).
Source : National Social Insurance Board.
Régime universel Régime ATP Total Total en % du PIB
1. Vieillesse 53 201 96 481 149 682 7,1 %
2. Survie 432 12 443 12 875 0,6 %
3. Sous total (1 + 2) 53 633 108 924 162 557 7,7 %
4. Invalidité 14 236 24 770 39 006 1,9 %
5. Pensions d’orphelin 288 653 941
6. Sous total (4 + 5) 14 524 25 423 39 947 1,9 %
7. Total (3 + 6) 68 157 134 347 202 504 9,7 %
8. Autres dépenses 7 344 0,3 %
9. Total (7 + 8) 209 848 10,0 %
no 2002 • 53 - Octobre 2002
24
La Suède a été confrontée à une grave crise
économique et budgétaire au début des an-
nées 1990 qui l’a conduite à entreprendre des
réformes d’envergure de son système de pro-
tection sociale. Depuis 1998, elle dégage à
nouveau des excédents budgétaires.
Depuis sa création en 1960, le deuxième
étage de l’ancien système de retraite (le ré-
gime ATP) a accumulé des réserves. Le pro-
visionnement partiel des engagements du ré-
gime répondait à l’origine à deux objectifs :
compenser la diminution attendue des taux
d’épargne individuels à la suite de l’intro-
duction du régime ATP, disposer d’un fonds
destiné à lisser l’impact de la conjoncture sur
les soldes financiers du régime, afin d’éviter
une modification trop fréquente des para-
mètres du régime pour assurer son équilibre
financier. Ce n’était donc pas une logique de
préfinancement qui prévalait. Dans un pre-
mier temps, la formation d’une épargne forcée,
principalement dirigée vers le financement
du secteur public et du secteur immobilier, a
été privilégiée et, dans un second temps, la
constitution d’une épargne de précaution
permettait de garantir le financement des
pensions d’un régime arrivant progressive-
ment à maturité. À la fin 2000, les réserves
2000-2050. Taux de dépendance démographique et pensions en % du PIB.
Taux de dépendance démographique : population de 65 ans et plus / population de 16-64 ans. Pensions : agrégat vieillesse et survie.
Source : Source : EPC Working Group on Ageing.
2000 2010 2020 2030 2040 2050
• Taux de dépendance démographique 27,3 % 29,4 % 35,6 % 40,4 % 43,0 % 43,0 %
• Pensions en % du PIB 9,0 % 9,6 % 10,7 % 11,4 % 11,4 % 10,7 %
1990-2002. Indicateurs de finances publiques.
Source : Ministère des Finances. Prévision pour l’année 2002.
Solde du Budget Dette publique UEM
en % du PIB en % du PIB
• 1990 - 1,4 % 42,0 %
• 1991 - 5,4 % 51,2 %
• 1992 - 10,8 % 65,1 %
• 1993 - 16,7 % 75,1 %
• 1994 - 11,6 % 77,7 %
• 1995 - 8,1 % 76,6 %
• 1996 - 1,2 % 76,0 %
• 1997 - 0,3 % 73,1 %
• 1998 0,5 % 70,5 %
• 1999 4,1 % 64,9 %
• 2000 4,9 % 55,3 %
• 2001 1,8 % 55,9 %
• 2002 – 53,0 %
no 2002 • 53 - Octobre 2002
25
s’élevaient à 734 milliards de couronnes (35
points de PIB), le portefeuille étant évalué
aux prix de marché.
La constitution d’une réserve de trésorerie
pour lisser les fluctuations conjoncturelles
ne justifiait pas l’accumulation d’un tel mon-
tant. Toutefois, au cours des années 1990,
l’existence de ce capital a permis, grâce aux
produits financiers encaissés, de financer en
partie les pensions versées.
La gestion financière des réserves avait été
confiée à six fonds (“AP-fonden”) repérés par
leur numéro :
• Les fonds 1 à 3, mis en place dès 1960, ont
investi principalement en obligations pu-
bliques et en instruments de taux, confor-
mément à leur mandat de gestion,
• Les fonds 4, 5 et 6 ont été créés respective-
ment en 1974, 1988, et 1996. Les fonds 4 et
5 avaient pour fonction d’investir essen-
tiellement en actions suédoises alors que
le fonds 6 avait pour rôle d’investir sur le
marché du capital risque (“private equity”)
et dans les petites et moyennes entreprises
suédoises non cotées.
À l’occasion de la réforme du système de re-
traite entrée en vigueur en 1999, il était prévu
que l’organisation et les modalités de la ges-
tion financière des fonds de réserves soient
modifiées pour les adapter aux objectifs du
nouveau système de retraite. Après avoir été
approuvée par le Parlement, cette réorgani-
sation a été mise en place à partir du 1er mai
2000 et a son plein effet depuis le début de
l’année 2001. Elle comporte trois volets prin-
cipaux :
• La disparition des fonds 1 à 5 et leur rem-
placement par 4 nouveaux fonds indépen-
dants dotés, à leur démarrage, d’un capital
identique. Jusqu’en 1999, le mandat confié
aux fonds 1-3 était identique et la distinction
entre les trois gestions était formelle
puisque l’équipe de gestionnaires était
commune. Par la réforme, le législateur a
voulu créer quatre entités distinctes qui
sont mises en concurrence en matière de
gestion financière :
Évolution du montant des réserves depuis 1980.
Source : Ministère des Finances. Le portefeuille est évalué aux prix de marché. MdK = milliards de couronnes.
Réserves en fin Réserves en %Réserves en
Transfert de
d’année (MdK) du PIBannées
réserves au
de prestationsbudget de l’État
(MdK)
• 1980 146,7 26,9 % 7,7
• 1990 407,6 28,9 % 5,3
• 1995 618,4 36,1 % 5,5
• 1996 685,4 39,0 % 5,8
• 1997 711,9 39,0 % 5,9
• 1998 744,9 39,1 % 6,0
• 1999 746,9 37,3 % 5,5 45
• 2000 733,9 35,0 % 5,3 45
• 2001 565,2 26,1 % 3,9 155
no 2002 • 53 - Octobre 2002
26
– le fonds 6 est provisoirement exclu de la
réforme et conserve son mandat d’inves-
tissement dans le capital risque,
– les fonds 1 et 3 sont fusionnés, l’ancien
fonds 5 est à présent le nouveau fonds 3
et les fonds 2 et 4 conservent la même dé-
nomination,
Chaque fonds est doté d’un conseil d’admi-
nistration de 9 membres, nommés par le gou-
vernement pour une période de trois ans,
dont 2 sont proposés par les organisations
syndicales et 2 par les employeurs. Bien
qu’ayant le statut d’agence gouvernementa-
le, chaque fonds est indépendant et a la to-
tale responsabilité de ses activités. Il définit
chaque année sa politique d’investissement,
sa politique de “corporate governance” ainsi
que son plan de gestion des risques.
• Le transfert d’une fraction des réserves au
budget de l’État : l’un des principes de la ré-
forme du système de retraite entrée en vi-
gueur en 1999 a été de créer un nouveau ré-
gime de retraite dont le champ d’interven-
tion est la couverture du seul risque vieilles-
se. Cette logique a conduit à transférer le
financement de certaines prestations non
contributives sur le budget de l’État, princi-
palement la pension de garantie qui est le
“filet de sécurité” du nouveau système de
retraite et la pension universelle de ceux
qui ne reçoivent que cette prestation. Pour
compenser ce coût budgétaire, des trans-
ferts de réserves vers le budget de l’État et
l’Office de gestion de la Dette ont été orga-
nisés selon le calendrier suivant : 45
milliards de couronnes ont été transférés
en 1999 et en 2000 et 155 milliards au début
de 2001. Ce n’est qu’en 2004 qu’il sera dé-
cidé si de nouveaux transferts de réserves
devront être organisés.
• L’introduction de nouvelles règles d’inves-
tissement financier dans le but de maximi-
ser le rendement sous la contrainte d’une
bonne diversification des risques.
Au terme de cette réorganisation, les quatre
nouveaux fonds ont reçu chacun, au 1er jan-
vier 2001, un portefeuille de 134 milliards de
couronnes (6,5 points de PIB). Comme les
nouvelles règles d’investissement n’autori-
sent pas la détention de titres non cotés et les
investissements directs dans les entreprises,
la gestion et la liquidation progressive de
cette catégorie d’instruments, détenue pré-
cédemment par les anciens fonds pour un
montant de 24.6 milliards de couronnes, a
été confiée aux nouveaux fonds 1 et 4. Par
ailleurs, le fonds 1 a reçu la gestion de la to-
talité du portefeuille d’obligations étrangè-
res en raison des contrats de couverture qui
leur sont attachés.
Au démarrage de la nouvelle organisation,
les 4 nouveaux fonds de gestion des réserves
disposent donc d’un portefeuille d’un montant
équivalent ayant quasiment la même struc-
ture. Ils sont mis en concurrence pour gérer
au mieux les réserves du nouveau régime de
retraite dans une perspective de maximisation
du rendement à long terme, associée à une
diversification des risques.
no 2002 • 53 - Octobre 2002
27
Japon12
En matière de Sécurité sociale, le Japon dis-
tingue trois catégories d’assurés : la catégo-
rie 1 regroupe les “non salariés”, la catégo-
rie 2 comprend l’ensemble des salariés du
secteur privé et ceux relevant des régimes
spéciaux (fonctions publiques centrale et lo-
cale, personnel de l’enseignement privé et
celui de la mutualité agricole), la catégorie 3
désigne les conjoints non actifs des salariés
de la catégorie 2 bénéficiant des pensions de
réversion.
Avant la réforme de 2000, le système de re-
traite japonais comprenait trois étages :
• Le régime universel de base (“National Pen-
sion Insurance” (NPI)) occupe le premier
étage et verse une pension de base à tous
les résidents. Il couvre les trois catégories
d’assurés âgés de 20 à 59 ans et les risques
vieillesse, survie et invalidité. L’âge de dé-
part à la retraite est fixé à 65 ans mais des
départs anticipés ou retardés (entre 60 et
69 ans) sont possibles en contrepartie d’un
ajustement actuariel de la pension. La coti-
sation par assuré est forfaitaire. Bien qu’étant
universel, ce régime fonctionne selon le
principe de la répartition provisionnée. Des
réserves de 11 000 milliards de Yen (2,2
points de PIB) ont été accumulées en 2001,
au titre des engagements de la catégorie 1,
• Le deuxième étage réunit les régimes qua-
lifiés de complémentaires par rapport au
premier étage : le régime obligatoire par ré-
partition d’assurance vieillesse des salariés
du secteur privé, quatre régimes spéciaux
obligatoires par répartition pour les sala-
riés du secteur public et des fonds de pen-
sion nationaux (régimes facultatifs par ca-
pitalisation pour les non salariés). Par
ailleurs, les pensions de réversion perçues
par la catégorie 3 des conjoints de salariés
relèvent également de cet étage.
L’assurance vieillesse des salariés du secteur
privé (« Employees’ Pension Insurance »
(EPI)) affilie les salariés âgés de moins de 65
ans des entreprises de plus de 4 salariés. Il
couvre les risques vieillesse, survie et inva-
lidité. C’est un régime en annuités qui verse
des pensions contributives dont le montant
dépend de la durée de cotisation et du salai-
re moyen d’activité. Jusqu’en 2000, l’âge nor-
mal de départ à la retraite était fixé à 60 ans
mais comme les nouveaux retraités ne peu-
vent bénéficier, depuis 1994, de la pension
universelle du premier étage qu’à partir de 65
ans, une allocation spéciale est versée entre
60 et 64 ans pour compléter la pension contri-
butive. Le régime fonctionne en répartition
provisionnée, financé par un taux de cotisa-
tion de 17,35 %13, partagé également entre
l’employeur et le salarié, appliqué au salaire
d’activité hors bonus versé en fin d’année.
Le taux de cotisation sur le bonus est de 1 %.
Depuis l’origine, le régime est partiellement
provisionné et, en 2000, les réserves accu-
mulées atteignaient un montant de 131 500
milliards de Yen (25,6 points de PIB).
Les régimes spéciaux (“Mutual Aid Associa-
tion’s Pension Plans”) couvrent respective-
ment les salariés de la fonction publique
centrale, de la fonction publique locale, de
la mutualité agricole, et le personnel de l’en-
seignement privé. Ils fonctionnent en réparti-
tion provisionnée selon des principes iden-
7.
12 Cf. Questions Retraite n° 2001-37 “Japon : les récentesréformes du système de retraite”, Mars 2001, LaurentVERNIÈRE.
13 Le taux de cotisation inclut également le financement dela pension universelle du premier étage.
no 2002 • 53 - Octobre 2002
28
tiques au régime des salariés du secteur
privé. En 1997, les réserves s’élevaient à 36 400
milliards de Yen (7 points de PIB).
À cheval entre les deuxième et troisième
étages se trouvent les fonds de pension na-
tionaux (« National Pension Funds » (NPF))
créés en 1989 afin que la catégorie 1 des non
salariés dispose d’un régime complémentai-
re. Ils sont organisés sur une base territoria-
le ou professionnelle, à adhésion facultative
et fonctionnent en capitalisation. La presta-
tion est une annuité versée à partir de 65 ans
sur une partie ou sur la totalité de la période
de retraite.
• le troisième étage regroupe tous les dispo-
sitifs dont la responsabilité incombe aux en-
treprises. Il s’agit pour l’essentiel des fonds
de pension facultatifs en capitalisation pour
les salariés du secteur privé auxquels s’a-
joutent des régimes d’épargne, ainsi que
les dispositifs spécifiques mis en place pour
couvrir les salariés des petites et moyennes
entreprises.
Les fonds de pension en capitalisation (“Em-
ployees’Pension Fund” (EPF)), crées en 1966,
sont organisés à l’initiative des entreprises.
La création de ces fonds de pension faculta-
tifs a été favorisée par la possibilité laissée aux
entreprises de “sortir” partiellement du
deuxième étage obligatoire, d’une part, en
prenant en charge le paiement et le finance-
ment d’une fraction des droits à pension nor-
malement acquis au titre du deuxième étage
et, d’autre part, en fournissant des presta-
tions additionnelles au titre du troisième
étage supplémentaire. En contrepartie de la
sortie partielle, de 3,2 à 3,8 points de cotisa-
tion sur les 17,35 points au titre du deuxième
étage sont attribués au fonds de pension. Les
assurés ont la possibilité de percevoir les
prestations supplémentaires soit sous forme
d’annuités soit sous la forme d’un capital
versé lors du départ en retraite. En 1997, les
actifs accumulés par ces fonds de pension
s’élevaient à 50 100 milliards de Yen (9,7
points de PIB).
Les dispositifs d’épargne retraite (“Tax Qua-
lified Pension Plan” (TQP)) sont destinés aux
entreprises qui ne peuvent mettre en place
des fonds de pension. Les employeurs bé-
néficient d’avantages fiscaux lorsqu’ils créent
des plans d’épargne retraite au bénéfice de
leurs salariés à la condition que la gestion
des actifs financiers, dans lesquels est in-
vestie cette épargne retraite, soit réalisée par
des institutions financières extérieures. En
1998, ces dispositifs couvraient près de 11
millions de salariés et avaient accumulé près
de 20 000 milliards de Yen, soit près de 4
points de PIB.
Année 1999-2000. Pensions de vieillesse, survie et invalidité en % du PIB
Source : Institut national de la Sécurité Sociale, Comptes de la protection sociale de l’année fiscale
1999-2000.
• National Pension Insurance (NPI) 1,9 %
• Employees Pension Insurance (EPI) 3,6 %
• Mutual Aid Associations 1,2 %
• National Pension Funds 0,4 %
• Autres dispositifs 0,6 %
• Total 7,7 %
no 2002 • 53 - Octobre 2002
29
Le système public de retraite recouvre l’en-
semble des régimes des étages 1 et 2 à l’ex-
clusion des fonds de pension nationaux fa-
cultatifs des non salariés. Le régime univer-
sel verse un quart des pensions du système
public et les régimes complémentaires de sa-
lariés près des trois quarts. Pour l’année fis-
cale 1999-2000, les pensions versées repré-
sentaient 7,7 points de PIB dont 7,3 points
par le système public.
La réforme du système public de retraite in-
troduite en 2000 a conservé le principe des
deux étages et a visé un objectif de taux
maximum de cotisation retraite de 25,2 % à
l’horizon 2030 (17,35 % actuellement). Les
mesures mises en œuvre ont agit simultané-
ment sur les taux de cotisation, le taux de re-
valorisation des pensions, le taux d’annuité,
le montant des transferts publics et l’âge de
départ à la retraite. Comme les régimes dé-
tiennent d’importantes réserves, les modali-
tés de leur gestion financière ont été assou-
plies afin de maximiser le rendement finan-
cier. Les principales mesures adoptées ont
été les suivantes :
• les pensions du régime de base et du régi-
me complémentaire des salariés sont reva-
lorisées selon l’indice des prix à la consom-
mation à partir du 1er avril 2000,
• dans le régime complémentaire des sala-
riés, l’âge de départ à la retraite est porté
progressivement de 60 à 65 ans, entre 2013
et 2025 pour les hommes et entre 2018 et
2030 pour les femmes,
• la subvention du budget de l’État au régime
universel de base passe d’un tiers à la moi-
tié des dépenses du régime à partir de 2004,
• le taux d’annuité mensuel du régime com-
plémentaire est diminué de 5 % : il décroît
de 0,075 % à 0,07125 %,
• les salariés âgés de 65 à 70 ans seront consi-
dérés comme des assurés et devront ver-
ser des cotisations retraite. En outre, le
cumul d’une pension et d’un salaire d’acti-
vité sera plafonné,
• la contribution au régime de base et le taux
de cotisation au régime complémentaire
resteront inchangés jusqu’en 2004, date
du prochain exercice d’évaluation. À partir
d’avril 2003, l’assiette des cotisations sera
constituée de la totalité de la rémunération,
c’est-à-dire du salaire brut et des boni.
À l’issue de la réforme, les pensions versées
par le système public ne devraient que dou-
bler à l’horizon d’un demi-siècle, alors que
le taux de dépendance démographique dou-
blera dans les trente prochaines années. Ce
résultat est obtenu par une diminution de
près de 25 % de la masse des pensions ver-
sées et par une augmentation de 45% du taux
de cotisation retraite.
2000-2050. Taux de dépendance démographique et pensions.
Taux de dépendance démographique : population de 65 ans et plus / population de 15-64 ans. Source : Ministère des Finances.
2000 2010 2020 2030 2040 2050
• Taux de dépendance démographique 25,5 % 35,2 % 46,4 % 50,0 % 59,6 % 66,5 %
• Pensions du système public,
base 100 en 2000100 144,6 170,6 178,5 199,7 206,0
no 2002 • 53 - Octobre 2002
30
Le Japon est un pays qui vieillit rapidement
et plus précocement que les autres pays de
la zone OCDE. Cette situation l’amène à exa-
miner avec beaucoup d’attention la répartition
entre les générations successives de la char-
ge du financement des retraites. Le Japon
est confronté depuis 1993 à une rapide dété-
rioration de ses indicateurs de finances pu-
bliques qui se traduit par un creusement des
déficits budgétaires et un doublement de la
dette publique brute entre 1990 et 2001.
Le déséquilibre des finances publiques est
toutefois en partie compensé par le fait les ré-
gimes publics de retraite sont partiellement
provisionnés, c’est-à-dire qu’ils ont depuis
leur création accumulé des réserves dont une
partie servira dans le futur pour financer une
fraction des engagements. Ce provisionne-
ment partiel n’obéit pas à une logique préci-
sément définie telle que, par exemple, le lis-
sage des prélèvements ou le préfinancement
des engagements de retraite des générations
du baby boom. Résultat de l’histoire des ré-
gimes, il a joué néanmoins un rôle impor-
tant, avec l’épargne postale, comme source
de financement des investissements publics
via le dispositif appelé « Fiscal Investment
and Loan Program » (FILP). Cette épargne
était gérée jusqu’en 2001 par le « Trust Fund
Bureau » et prêtée à divers organismes char-
gés de réaliser des investissements publics
dont les orientations sont définies par les lois
de finances annuelles.
1990-2001. Indicateurs de finances publiques en % du PIB.
Source : Ministère des Finances et Economic Outlook, Juin 2002, OCDE. Données établies sur la base des comptes
nationaux.
Solde de la Solde APU, Dette Dette
Sécurité y.c Sécurité publique publique
Sociale Sociale brute nette
• 1990 3,4 % 1,9 % 64,6 % 12,4 %
• 1991 2,5 % 1,8 % 61,1 % 6,4 %
• 1992 2,4 % 0,8 % 63,5 % 7,3 %
• 1993 2,1 % - 2,4 % 69,0 % 10,1 %
• 1994 1,9 % - 2,8 % 73,9 % 12,1 %
• 1995 1,8 % - 4,2 % 80,4 % 16,9 %
• 1996 1,6 % - 4,9 % 86,5 % 21,6 %
• 1997 1,6 % - 3,7 % 92,0 % 27,9 %
• 1998 1,2 % - 5,5 % 103,0 % 38,0 %
• 1999 1,0 % - 7,1 % 115,8 % 45,2 %
• 2000 0,5 % - 7,4 % 123,5 % 50,5 %
• 2001 0,5 % - 7,1 % 132,8 % 58,5 %
no 2002 • 53 - Octobre 2002
31
Les réserves accumulées par les régimes en
répartition provisionnée du système public
de retraite sont importantes puisqu’elles re-
présentaient, hors régimes spéciaux, 27,8
points de PIB en 2000/2001. Par ailleurs, les
régimes spéciaux par répartition des fonc-
tions publiques locale et centrale sont respec-
tivement classés aux troisième et huitième
rang dans le palmarès mondial des actifs
gérés par les plus grands fonds de pension.
Leurs réserves sont comprises entre 7 et 8
points de PIB.
En 2001, dans le cadre de la réorganisation
des activités du FILP, le pilotage de la gestion
des réserves du système public de retraite a
été détaché du “Trust Fund Bureau” pour être
confiée au Ministère des Affaires sociales qui
a créé un organisme dédié à la gestion fi-
nancière, le “Government Pension Invest-
ment Fund” (GPIF). Cet organisme est char-
gé de diversifier le portefeuille et de condui-
re une gestion financière active en confiant
des mandats de gestion aux institutions fi-
nancières spécialisées dans ce type d’activi-
té. Dans un premier temps, le GPIF a reçu le
portefeuille auparavant géré par le « Pension
Welfare Service public Corporation » (Nem-
puku), entité qui, au sein du « Trust Fund bu-
reau », était chargée de la gestion financière
de la partie des réserves qui n’était pas utili-
sée pour financer les projets du FILP. Il est
prévu que la totalité des réserves sera pro-
gressivement transférée au GPIF dans un
délai de sept années.
Réserves des régimes publics de retraite en % du PIB.
Source : Ministère des Finances. L’année fiscale commence le 1er avril de l’année n et s’achève le 31 mars de l’année n + 1.
Années fiscalesRéserves déposées au Trust Fund Bureau
Régimes spéciauxcommençant National Pension Employee Pension « Mutual Aid
le 1er avril (1er étage) Insurance (2ème étage) Associations »
• 1965 0,6 % 4,2 %
• 1975 1,2 % 7,9 % 4,1 %
• 1985 0,8 % 15,2 % 6,4 %
• 1995 1,7 % 21,4 %
• 1996 1,9 % 22,7 %
• 1997 1,9 % 23,8 % 7,0 %
• 1998 2,0 % 25,2 %
• 1999 2,1 % 25,9 %
• 2000 2,2 % 25,6 %
no 2002 • 53 - Octobre 2002
32
Canada (hors Québec)14
Le système de retraite du Canada est com-
posé de trois étages :
• une pension universelle (« Pension de sé-
curité de la vieillesse ») versée à tous les
résidents à partir de 65 ans justifiant d’au
moins 10 ans de présence sur le territoire,
prestation en partie sous conditions de res-
sources pour les très hauts revenus. Ce
dispositif est complété par le versement
d’un supplément garanti et d’une allocation
au survivant, sous conditions de ressour-
ces, aux retraités n’ayant que de faibles
droits à la retraite. Ces prestations sont fi-
nancées par le budget de l’État,
• le deuxième étage est composé du régime
des pensions du Canada (RPC) et de son
équivalent pour la province du Québec, la
régie des rentes du Québec (RRQ). Ces deux
régimes versent une pension contributive
dont le montant dépend de la carrière sala-
riale,
• le troisième étage comprend les régimes
d’épargne retraite, individuels ou collectifs,
bénéficiant d’incitations fiscales, mis en
place par les entreprises ou les branches
professionnelles.
Le régime des pensions du Canada (RPC hors
province du Québec), créé en 1966, couvre
la population active âgée de 18 à 70 ans (sa-
lariés et non salariés, secteurs privé et pu-
blic) et les risques vieillesse, survie, décès et
invalidité. Les gains cotisables ouvrant des
droits à la retraite sont compris entre un plan-
cher et un plafond fixés annuellement. L’âge
normal de départ à la retraite est 65 ans, avec
un mécanisme de décote et de surcote pour
ceux qui avancent ou retardent leur départ à
la retraite. La pension annuelle est égale à
25 % du salaire moyen de carrière exprimé en
pourcentage du plafond de cotisation. Les
pensions de retraite sont revalorisées selon
l’indice des prix à la consommation.
Le RPC est un régime fonctionnant en répar-
tition avec la particularité d’avoir accumulé
des réserves depuis sa création. Avant la ré-
forme de 1997, ces réserves étaient investies
en titres de taux non négociables, d’une
durée maximale de 20 ans, émis par les pro-
vinces canadiennes, titres portant un intérêt
fondé sur le rendement moyen des obliga-
tions du gouvernement du Canada à échéan-
ce d’au moins 20 ans. À l’origine, le fonds de
réserves avait été conçu pour lisser les re-
cettes du régime sur le cycle économique et
8.
14 Cf. Questions Retraite n° 99-15 “Le fonds de réserves durégime des pensions du Canada après la réforme”, Jan-vier 1999, Laurent VERNIÈRE.
Prestations nettes versées en 2000.
Source : Ministère du développement des ressources humaines.
Milliards de dollars canadiens En % du PIB
Pension de sécurité de la vieillesse 24,1 2,3 %
Régime des pensions du Canada 19,5 1,8 %
Régie des rentes du Québec 5,7 0,5 %
no 2002 • 53 - Octobre 2002
33
non pas pour provisionner une fraction de
ses engagements.
À partir de 1982, le poids de plus en plus
élevé des revenus financiers du fonds de
réserves a permis de financer une part im-
portante des dépenses et de fixer le taux de
cotisation effectif en dessous du taux de la ré-
partition pure sans provoquer de déficit du
régime. Toutefois, au fur à mesure de l’arrivée
à maturité du régime qui augmente les dé-
penses, les réserves ont diminué et tendu à
s’épuiser. Cette situation allait rapidement
conduire à de fortes augmentations des taux
de cotisation, d’autant plus, qu’à long terme,
le vieillissement de la population accentuait
les tensions sur le financement du régime.
En 1996, le gouvernement fédéral et les pro-
vinces ont alors engagé un processus de
concertation en vue d’apporter des modifi-
cations substantielles aux règles d’acquisi-
tion et de liquidation des droits à la retraite
et d’établir un nouveau calendrier des taux de
cotisation pour les 25 ans à venir. Du côté des
dépenses, les conditions d’octroi et la géné-
rosité de certaines prestations ont été res-
serrées en modifiant les barèmes de calcul.
Du côté des recettes, un calendrier d’aug-
mentation des taux de cotisation pendant
une période relativement courte a été adop-
té afin de reconstituer le montant des réser-
ves, de telle sorte que le taux de cotisation soit
ultérieurement stable sur longue période, en
régime permanent :
• au cours de la période 1997-2003, le taux de
cotisation est augmenté annuellement de 0,4
point puis de 0.8 point pour passer de 5,6 %
en 1996 à 9.9% en 2003. Après 2003, le taux
de cotisation est maintenu constant à 9,9 %,
• l’accélération de la hausse des taux de co-
tisation a pour but d’augmenter la taille du
fonds de réserves, l’objectif étant un fonds
de réserves représentant de 4 à 5 années de
prestations,
• la gestion financière des réserves a été ré-
organisée afin d’augmenter le rendement
moyen en diversifiant les placements sur les
marchés financiers. Pour contrôler et réguler
les investissements du fonds, la loi a créé un
Office d’investissement du RPC (« OIRPC »).
La combinaison de ces trois éléments, aux-
quels s’ajoutent les mesures sur les dépenses,
devrait donc conduire à un taux de cotisation
stable après 2003, grâce aux recettes finan-
cières tirées du fonds de réserves. À l’issue
de la réforme, le taux de cotisation effectif
ne sera inférieur au taux de la répartition pure
qu’après 2018. L’augmentation des réserves
résulte donc d’un effort de surcotisation se
prolongeant sur près de 20 ans.
Selon le dernier rapport actuariel publié en
2001, le doublement du taux de dépendance
démographique et le triplement des dépen-
ses du RPC dans les 50 prochaines années
ne devraient pas empêcher la stabilité du
taux de prélèvement.
2001-2050.Taux de dépendance démographique et masse des pensions, base 100 en 2001.
Taux de dépendance démographique : population de 65 ans et plus / population de 20-64 ans. Pensions : agrégat vieillesse et survie,
invalidité, enfant et décès. Source : Régime des pensions au 31/12/2000 : 18 ème Rapport actuariel.
2001 2010 2020 2030 2040 2050
• Taux de dépendance démographique 20,3 % 21,6 % 28,5 % 38,3 % – 42,4 %
• Dépenses en volume du RCP,
base 100 en 2001100 127,1 175,4 231,5 278,4 318,9
no 2002 • 53 - Octobre 2002
34
Les réserves devraient dépasser, dès 2010,
quatre années de prestations et se situer
entre 5 et 6 années après 2020. Bien qu’entre
2000 et 2050, les dépenses du RPC devraient
augmenter de 1,2 points de PIB, le taux de
cotisation restera inchangé, le supplément
de dépenses étant financé par les produits
financiers, les revenus financiers des inves-
tissements fournissant entre 25 % et 30 %
des recettes du régime. Alors que, dans le
passé, les réserves avaient atteint un maxi-
mum de 6 points de PIB, leur poids devrait ra-
pidement augmenter et représenter plus de
17 points en 2050.
La réforme du RPC a ainsi changé l’objectif as-
signé aux réserves dans le RPC : de fonds de
trésorerie destiné à lisser l’impact de la
conjoncture sur les recettes, les réserves
vont, dans le futur, constituer un patrimoine
financier, c’est-à-dire jouer le rôle de « troi-
sième financeur », à côté des cotisants et des
employeurs. C’est ce qui explique également
pourquoi un volet important de la réforme a
consisté à modifier complètement les moda-
lités de la gestion financière des réserves, en
créant un organisme indépendant dédié à
cette activité, dont la principale fonction est
de maximiser le rendement financier sous
une contrainte de risques.
1970-2050. Pensions et réserves du RPC.
Source : Régime des pensions au 31/12/2000 : 18 ème Rapport actuariel. Le calcul du ratio réserves/PIB des années 2010-
2050 a été réalisé par l’auteur.
Dépenses du RCP Réserves en % des Réserves
en % du PIB dépenses (années) en % du PIB
• 1970 0,1 % 24,1 4,0 %
• 1980 0,6 % 7,6 5,8 %
• 1990 1,5 % 3,5 6,0 %
• 1995 2,0 % 2,4 4,9 %
• 2000 1,8 % 2,0 3,9 %
• 2010 2,1 % 4,2 9,1 %
• 2020 2,4 % 5,2 13,3 %
• 2030 2,8 % 5,3 15,4 %
• 2040 2,9 % 5,4 16,3 %
• 2050 3,0 % 5,6 17,3 %
no 2002 • 53 - Octobre 2002
35
Le taux de dépendance démographique de-
vrait doubler dans les 40 prochaines années
et continuer de croître après cette date.
L’Espagne est parmi les pays européens celui
qui devrait connaître le vieillissement le plus
rapide de sa population. Ces perspectives de-
vraient conduire à augmenter le poids des
pensions dans le PIB de plus de 7 points, si-
tuation qui laisse penser que la rationalisation
du financement de la protection sociale n’est
qu’une étape préalable avant une réforme de
plus grande envergure du système de retrai-
te dans les années à venir.
Espagne
En 1997, l’Espagne a réformé son système
de protection sociale, avec un volet impor-
tant consacré au système public de retraite,
à la suite de l’accord signé en 1995 par le Par-
lement, connu sous le nom de « Pacto de To-
ledo ». La nouvelle législation s’applique à
la totalité des assurés, hormis les fonction-
naires civils et militaires, et couvre tous les
risques à l’exception de l’assurance chôma-
ge. Le principe essentiel de la nouvelle or-
ganisation a consisté à distinguer deux types
de prestations : les prestations contributives,
dont le montant dépend de la rémunération,
sont financées par des cotisations sociales
et les prestations non contributives de natu-
re universelle sont financées par le budget
de l’État. Ces dernières recouvrent le champ
de la solidarité nationale et sont attribuées en
fonction d’un critère de résidence.
Dans le domaine des retraites, les pensions
contributives sont versées par le régime gé-
néral des salariés et des non salariés du sec-
teur privé et par divers régimes spéciaux pro-
fessionnels et couvrent les risques vieillesse,
survie et invalidité non permanente. L’âge
légal de départ à la retraite est fixé à 65 ans
et la durée d’assurance requise pour liquider
une pension à taux plein est de 35 annuités.
Les pensions sont revalorisées en fonction
des prix à la consommation. Le taux de coti-
sation est actuellement de 28,3 % dans le ré-
gime général et s’applique à un salaire pla-
fonné. Les pensions non contributives sont les
pensions minimales ou les compléments de
retraite attribués aux personnes sans droits
à la retraite ou à faibles ressources.
9.
Pensions versées en 2001.
Source : Ministère des Affaires Sociales.
M€ En % du PIB
Pensions contributives 53 047 8,2 %
Pensions non contributives 1 659 0,3 %
Total 54 706 8,5 %
no 2002 • 53 - Octobre 2002
36
Bien que la croissance économique a été
forte depuis 1997, l’Espagne n’a amélioré que
lentement ses indicateurs de finances pu-
bliques. Ce n’est que depuis 2001 que la dette
publique se situe en dessous du plafond de
60 % du PIB.
La réforme de 1997 a prévu de créer un fonds
de réserves de la Sécurité sociale (« Fondo de
Reserva de la Seguridad Social ») alimenté par
les excédents des régimes qui versent des
prestations contributives. La loi précise que
ce fonds est destiné « à satisfaire les besoins
futurs de la Sécurité sociale », c’est-à-dire
qu’il est conçu comme une réserve de tréso-
rerie utilisée pour lisser l’impact du cycle éco-
nomique sur les ressources de la Sécurité so-
ciale. Il ne s’agit donc pas a priori d’un dispo-
sitif organisé pour préfinancer les engage-
ments des régimes de retraite, bien qu’il soit
présenté par le gouvernement espagnol
comme un mécanisme garantissant le paie-
ment des retraites futures.
Le fonds de réserves est logé auprès de la
Trésorerie générale de la Sécurité Sociale qui
a en charge la gestion financière. Les réser-
ves sont déposées sur un compte ouvert au-
près de la Banque centrale d’Espagne. Les
dotations sont fixées annuellement par les
ministres des Finances et des Affaires So-
ciales à la suite de l’examen des perspectives
financières de la Sécurité Sociale.
2000-2050. Taux de dépendance démographique et pensions en % du PIB.
Taux de dépendance démographique : population de 65 ans et plus / population de 20-64 ans. L’agrégat Pensions comprend les pres-
tations versées aux fonctionnaires. Source : EPC Working Group on Ageing.
2000 2010 2020 2030 2040 2050
• Taux de dépendance démographique 27,1 % 28,9 % 33,1 % 41,7 % 55,7 % 65,7 %
• Pensions en % du PIB 9,4 % 9,3 % 10,2 % 12,9 % 16,3 % 17,7 %
1990-2002. Indicateurs de finances publiques.
Solde UEM Dette publique UEM Taux de croissance
en % du PIB en % du PIB du PIB
• 1990 - 4,2 % 44,0 %
• 1991 - 4,3 % 44,7 %
• 1992 - 4,0 % 46,8 %
• 1993 - 6,7 % 58,4 %
• 1994 - 6,1 % 61,1 % 2,4 %
• 1995 - 6,6 % 63,9 % 2,8 %
• 1996 - 4,9 % 68,1 % 2,4 %
• 1997 - 3,2 % 66,7 % 4,0 %
• 1998 - 2,6 % 64,6 % 4,3 %
• 1999 - 1,1 % 63,1 % 4,1 %
• 2000 - 0,3 % 60,4 % 4,1 %
• 2001 0,0 % 57,2 % 2,8 %
• 2002 - 0,2 % 55,5 %
Source : Eurostat et Ministère des Finances. Prévision pour l’année 2002.
no 2002 • 53 - Octobre 2002
37
Le fonds de réserves n’est abondé que de-
puis 2000. Les administrations de Sécurité
Sociale ont en effet été excédentaires respec-
tivement de 0,5 et 0,8 point de PIB en 2000 et
2001, ce qui a permis d’augmenter réguliè-
rement les dotations au fonds de réserves,
au fur à mesure que la situation financière
des régimes s’améliorait en raison de la forte
croissance économique. À la fin 2002, 0,9
point de PIB a été accumulé, ce qui cor-
respond à 1,2 mois de dépenses de pensions
contributives. Les réserves sont investies en
totalité en titres publics, bons du Trésor à 3
et 5 ans, obligations à 10 ans et lettres du Tré-
sor à 12 mois.
Évolution du fonds de réserves depuis 2000.
Source : Ministère des Finances et Ministère des Affaires sociales.
Abondement et produits Fonds de réserves en fin d’année
M€ En % du PIB M€ En % du PIB
• 2000 601 0,1 % 601 0,1 %
• 2001 1 803 0,3 % 2 404 0,4 %
• 2002 3 916 0,5 % 6 020 0,9 %
États-Unis15
La « Social Security » (OASDI) a été créée en
1935 et a versé ses premières prestations en
1938. Premier étage du système de retraite
américain, elle couvre la quasi totalité de la
population active et les risques vieillesse,
survie (OASI) et invalidité (DI). Le taux de co-
tisation est actuellement de 10,8 % pour les
risques vieillesse et survie et 1,8 % pour l’in-
validité. Le calcul de la pension est redistri-
butif et « familial » en ce sens que les barè-
mes procurent un taux de remplacement plus
élevé pour les titulaires de bas salaires et
tiennent compte de la composition du mé-
nage. En 2001, le régime a versé des presta-
tions d’un montant de 4,2 points de PIB.
Dès l’origine, la Social Security a dégagé des
excédents alimentant un fonds de réserves
(«Trust Fund ») qui a représenté de 3 à 5 points
de PIB entre 1945 à 1975. Bien que ses initia-
teurs aient eu l’ambition de préfinancer en
totalité les engagements, les circonstances
les ont rapidement conduit à adopter la tech-
10.
15 Cf. Questions Retraite n° 99-19 “Le rôle du fonds deréserves aux États-Unis et les propositions de réforme dela Social Security”, Juin 1999, Laurent VERNIÈRE.
Prestations versées par la Social Sécurity en 2001.
Source : Social Security Administration.
Md$ En % du PIB
• Prestations de vieillesse et survie 372,4 3,6 %
• Pensions non contributives 59,6 0,6 %
• Total 432,0 4,2 %
no 2002 • 53 - Octobre 2002
38
nique de la répartition afin d’améliorer rapi-
dement la situation des retraités au sortir de
la seconde guerre mondiale. Les réserves,
quoiqu’importantes, avaient une fonction
d’épargne de sécurité. À partir de 1976, à la
suite d’améliorations successives de la lé-
gislation, la situation financière du régime
s’est dégradée avec 7 années consécutives
de déficit au point qu’en 1982, les réserves
étaient quasiment épuisées. En 1983, une ré-
forme a été mise en œuvre pour rétablir la
situation financière avec, également, la dé-
cision de constituer un fonds de réserves,
dans le but de préfinancer une fraction des en-
gagements des générations du baby boom.
Le taux de cotisation a été fixé à un niveau
plus élevé que celui nécessaire pour un fi-
nancement en répartition pure. Cette surco-
tisation a permis d’accumuler des réserves
d’un montant de 11,9 points de PIB à la fin
2001, soit 2,4 années de prestations.
Le vieillissement de la population fera sentir
ses effets après 2010 avec une forte aug-
mentation du taux de dépendance démogra-
phique entre 2010 et 2030. Le poids des pen-
sions dans le PIB devrait augmenter de 2,5
points dans les quatre prochaines décennies.
Les opérations d’encaissement de cotisations
sociales et des autres recettes de l’OASDI
sont retracées dans un compte séparé auprès
du Trésor américain, appelé Trust Fund, sur
lequel sont tirées les sommes nécessaires au
paiement des pensions. La trésorerie dispo-
nible est investie en obligations. De par la
loi, le Secrétaire au Trésor est le seul respon-
sable de la politique d’investissement du
Trust Fund. Il est tenu d’investir les disponi-
bilités qui ne sont pas nécessaires au paie-
ment immédiat des dépenses courantes. De-
puis 1960, des “obligations spéciales”, émi-
ses par le Trésor et achetées exclusivement
par les Trust Funds, sont l’instrument finan-
cier privilégié utilisé pour investir la trésore-
rie et les réserves. Ce sont soit des “certificats
de dette” à court terme, soit des obligations
à plus long terme.
Le Trust Fund étant intégré dans le budget
fédéral, les caractéristiques financières des ré-
serves accumulées sont étroitement dépen-
dantes de la politique budgétaire et finan-
cière suivie par le gouvernement fédéral. En
effet, les obligations spéciales détenues par
le Trust Fund alimentent et gonflent la part de
la dette fédérale qui n’est pas détenue par
les agents privés dès lors que l’État fédéral uti-
2000-2050. Taux de dépendance démographique et pensions en % du PIB.
Taux de dépendance démographique : population de 65 ans et plus / population de 20-64 ans. Source : OASDI Trustees Report 2002.
2000 2010 2020 2030 2040 2050
• Taux de dépendance démographique 21,1 % 21,2 % 27,5 % 35,5 % 36,8 % 37,1 %
• Pensions en % du PIB 4,2 % 4,4 % 5,6 % 6,6 % 6,7 % 6,7 %
no 2002 • 53 - Octobre 2002
39
lise ces excédents pour financer les dépenses
fédérales courantes. Elles devront être rem-
boursées par le budget fédéral lorsque les
besoins de financement de l’OASDI l’exige-
ront. En conséquence, les réserves accumu-
lées par le Trust Fund sont équivalentes à une
dette que le budget fédéral se doit à lui-même.
Cette situation explique pourquoi la notion
d’excédent ou de déficit budgétaire doit être
soigneusement précisée quand il s’agit d’in-
terpréter la politique budgétaire américaine.
Les soldes budgétaires du budget “unifié”
sont la somme de deux composantes, les
opérations “On-Budget” d’une part et les
opérations “Off-Budget” d’autre part :
• la composante “Off-Budget” reflète les opé-
rations d’entités gouvernementales que la
loi a expressément exclues des opérations
“On-Budget”. Il s’agit des opérations de la
Social Security (OASDI Trust Fund) et du
fond du service postal,
• la composante “On-Budget” comprend tou-
tes les autres opérations budgétaires.
Cette distinction est importante depuis que la
Social Security dégage des excédents crois-
sants, excédents automatiquement investis en
obligations spéciales émises par le Trésor
qui, toutes choses égales par ailleurs, gonflent
la dette fédérale. Cette double composante
des soldes conduit à distinguer deux types
de dette fédérale, celle détenue par les agents
privés et celle qui résulte des opérations
internes entre les différents programmes fé-
déraux.
Au cours de la dernière décennie, le solde
« On-budget » n’a été positif qu’en 1999 et 2000
et la diminution de la dette publique totale n’a
pas été aussi rapide que celle de la dette pu-
blique détenue par les agents privés. La dif-
férence s’explique par le gonflement des ré-
1990-2002. Indicateurs de finances publiques.
Source : Office of Management and Budget.
Solde du Budget fédéral en % du PIB Dette publique en % du PIB
« Solde « Social Dette publiqueDette publique
On-Budget » Security »Solde total
totale détenue par les
agents privés
• 1990 - 4,8 % 1,0 % - 3,9 % 55,9 % 42,0 %
• 1991 - 5,4 % 0,9 % - 4,5 % 60,7 % 45,4 %
• 1992 - 5,5 % 0,8 % - 4,7 % 64,4 % 48,2 %
• 1993 - 4,6 % 0,7 % - 3,9 % 66,3 % 49,5 %
• 1994 - 3,7 % 0,8 % - 2,9 % 66,9 % 49,4 %
• 1995 - 3,1 % 0,9 % - 2,2 % 67,2 % 49,2 %
• 1996 - 2,3 % 0,9 % - 1,4 % 67,3 % 48,5 %
• 1997 - 1,3 % 1,0 % - 0,3 % 65,6 % 46,0 %
• 1998 - 0,3 % 1,1 % 0,8 % 63,2 % 43,0 %
• 1999 0,0 % 1,4 % 1,4 % 61,4 % 39,8 %
• 2000 0,9 % 1,5 % 2,4 % 57,8 % 35,0 %
• 2001 - 0,3 % 1,6 % 1,3 % 56,8 % 32,7 %
no 2002 • 53 - Octobre 2002
40
serves accumulées par l’OASDI.
La politique d’investissement du Trust Fund
est en conséquence éloignée d’une gestion fi-
nancière active d’un portefeuille destiné à
couvrir une partie des engagements d’un ré-
gime de retraite. Elle se traduit cependant
par une absence totale de risques financiers,
sauf si la politique budgétaire fédérale n’est
pas soutenable à long terme.
Chaque année, une projection à 75 ans des
comptes de la « Social Security » permet
d’apprécier les conditions de l’équilibre fi-
nancier du régime et l’évolution des réser-
ves. Selon le dernier rapport établi en 2002,
l’OASDI dégagerait un solde courant positif
jusqu’en 2016. À partir de 2017, les réserves
devraient être utilisées pour financer les dé-
penses du régime et il est prévu, dans le scé-
nario central, que le Trust Fund serait épuisé
en 2040. Ainsi, après avoir atteint près de 25
points de PIB et 4,4 années de prestations
entre 2015 et 2020, le fonds de réserves, en
l’absence de mesures correctrices, ne cou-
vrirait les besoins de financement que des 25
années suivantes. C’est la traduction du fonc-
tionnement d’un fonds de réserves temporai-
re destiné à lisser les taux de prélèvements :
de 2017 à 2040, les cotisants « bénéficieront »
des réserves accumulées dans le passé et
paieront un taux de cotisation inférieur à
celui de la répartition pure.
Ces résultats font chaque année l’objet de
nombreux commentaires et de débats viru-
lents, tant sur la viabilité financière à long
terme du régime, à taux de cotisation cons-
tants, qu’en matière de politique budgétaire
puisque le Trust Fund étant investi en obli-
gations publiques, le budget fédéral devra
dégager des excédents pour financer les dé-
penses de la Social Security, sauf si la poli-
tique budgétaire est soutenable avec une
dette publique détenue par les agents privés
fortement croissante.
Projections du Trust Fund.
Source : OASDI Trustees Report 2002.
Solde OASDI Trust Fund Trust Fund en années
en % du PIB en % du PIB de prestations
• 1980 - 0,14 % 0,9 % 0,25
• 1985 0,26 % 1,0 % 0,24
• 1990 1,07 % 3,9 % 0,75
• 1995 0,81 % 6,7 % 1,28
• 2000 1,55 % 10,6 % 2,16
• 2010 0,68 % 21,0 % 4,34
• 2020 - 0,49 % 25,4 % 4,37
• 2030 - 1,56 % 17,3 % 2,60
• 2040 - 1,71 % 0,5 % 0,79
no 2002 • 53 - Octobre 2002
41
Portugal
Le Portugal a adopté successivement, en
2000 et en 2002, trois types de mesures de ré-
organisation de son système de protection
sociale :
• la distinction et la séparation des fonctions
d’assurance sociale et de solidarité natio-
nale, avec l’affectation de ressources de fi-
nancement, le budget de l’État prenant en to-
talité en charge le financement des dépen-
ses de solidarité,
• la réforme des modalités d’acquisition et de
liquidation des droits à la retraite dans le
régime général de Sécurité sociale,
• La création d’un fonds de réserves pour les
retraites [« Fondo de Estabilização Finan-
ceira da Segurança Social » (FEFSS)]. Les
réserves constituées des excédents de la
Sécurité sociale et accumulées depuis 1989
sont affectées au FEFSS qui devient à pré-
sent un organisme disposant de l’autonomie
juridique chargé de la gestion financière de
l’actif du fonds. Le produit de deux points de
cotisation est affecté au FEFSS.
Le système public de retraite comprend deux
régimes contributifs par répartition et des
dispositifs de solidarité nationale. Le régime
général contributif en annuités (RGC) couvre
les salariés du secteur privé et les non salariés
pour les risques de vieillesse, survie et inva-
lidité. Il est financé par des cotisations so-
ciales prélevées au taux de 34,75 %. L’âge de
départ à la retraite est fixé à 65 ans pour les
hommes et les femmes et la durée d’assu-
rance pour une pension à taux plein est de 40
années. Jusqu’en 2000, le taux d’annuité était
de 2 % par année validée, s’appliquant à un
salaire de référence égal à la moyenne des dix
meilleurs salaires des 15 dernières années
d’activité (soit un taux de liquidation brut de
80 % pour une carrière complète). Depuis
2001, la pension est calculée selon un barè-
me de taux d’annuité décroissant en fonction
du niveau de salaire. De plus, le salaire de
référence est déterminé sur la totalité de la
carrière. Ces modalités ne s’appliqueront
qu’aux assurés ayant validé au moins 20 an-
nuités. Cette réforme a prévu une phase de
transition allant jusqu’en 2017 durant la-
quelle la pension liquidée ne peut être infé-
rieure à celle résultant de l’application de
l’ancienne législation. Les excédents du RGC
sont versés au FEFSS.
Le régime contributif des fonctionnaires
(CGA) a pendant longtemps été un régime
extrêmement favorable puisque le taux de
remplacement était supérieur à 100 % pour
une carrière complète fixée à 36 annuités. Il
a été réformé en 1993, date à partir de la-
quelle les nouveaux titulaires de la fonction
publique sont soumis aux mêmes règles que
celles du régime général.
Les dispositifs de solidarité nationale sont
totalement financés par le budget de l’État à
l’issue de la réforme de 2000. Ils se compo-
sent d’un régime non contributif (RNCE) ver-
sant une pension minimum aux retraités
n’ayant pas validé de droits à la retraite et du
régime des agriculteurs (RESSAA) fermé en
1986. Il existe également des compléments de
pension versés à ceux dont les droits contri-
butifs sont inférieurs à la pension minimum.
11.
no 2002 • 53 - Octobre 2002
42
En 2000, les pensions versées totalisaient 9,8
points de PIB, avec une part relativement éle-
vée du régime des fonctionnaires dont la ré-
forme en 1993 ne fera sentir ses effets qu’à
partir de 2030.
Le Portugal n’a pas connu dans le passé un
phénomène de baby boom de grande am-
pleur mais sa population devrait néanmoins
vieillir à l’horizon 2050 avec un doublement
du taux de dépendance démographique. Le
poids des pensions devrait s’accroître de 6
points de PIB d’ici 2040, dont 3 points pour le
régime des fonctionnaires.
Le Portugal n’a pas amélioré ses indicateurs
de finances publiques au cours des dernières
années. Le solde UEM est resté négatif et la
dette publique demeure proche du plafond
de 60 %.
Prestations versées en 2000 en % du PIB.
Source : Ministère des Finances.
• Sécurité Sociale 6,10 %
- RGC 4,80 %
- RNCE 0,54 %
- RESSAA 0,73 %
• Régimes des fonctionnaires 3,70 %
• Total 9,80 %
2000-2050. Taux de dépendance démographique et pensions en % du PIB.
Taux de dépendance démographique : population de 65 ans et plus / population de 15-64 ans.
Source : EPC Working Group on Ageing.
2000 2010 2020 2030 2040 2050
• Taux de dépendance démographique 22,5 % 24,3 % 27,3 % 31,8 % 39,2 % 44,0 %
• Pensions en % du PIB 9,8 % 12,0 % 14,4 % 16,0 % 15,8 % 14,2 %
16 Cf. « The Portuguese Pension Reform ». Nuno Santos,Carla Ferreira. Mimeo, 2002.
no 2002 • 53 - Octobre 2002
43
Malgré l’absence de marges budgétaires, le
Portugal a introduit, dans la réforme des re-
traites votée en 2000, un chapitre consacré au
développement d’un fonds de réserves des-
tiné à préfinancer les pensions du régime gé-
néral. Ce nouveau fonds FEFSS reprend les ré-
serves accumulées depuis 1989 provenant
des excédents de la Sécurité sociale. Dans le
futur, il est prévu que les excédents conti-
nuent de l’alimenter, complétés par le trans-
fert du produit de deux à quatre points de
cotisation, tant que le régime général n’est pas
en déficit. L’objectif est d’atteindre un mon-
tant de réserves équivalant à deux années de
prestations. Cette nouvelle ressource devrait
contribuer à fortement augmenter les réser-
ves accumulées.
1990-2002. Indicateurs de finances publiques.
Sources : Eurostat et Ministère des Finances.
Solde UEM Dette publique UEM
en % du PIB en % du PIB
• 1990 – 55,6 %
• 1991 – 57,1 %
• 1992 - 6,0 % 54,4 %
• 1993 - 8,9 % 59,1 %
• 1994 - 6,6 % 62,1 %
• 1995 - 4,5 % 64,3 %
• 1996 - 4,0 % 62,7 %
• 1997 - 2,7 % 58,9 %
• 1998 - 2,3 % 54,8 %
• 1999 - 2,2 % 54,2 %
• 2000 - 1,5 % 53,4 %
• 2001 - 2,2 % 55,5 %
Fonds de réserves FEFSS. Projection jusqu’en 2030.
Source : IGFCSS et N. Santos16.
En projection, hypothèse de rendement
réel du FEFSS de 3 % par an.
M€ En % du PIB
• 1999 2.314,5 2,1 %
• 2000 3.075,1 2,7 %
• 2001 3.798,6 3,1 %
• 2005 5,8 %
• 2010 9,2 %
• 2015 10,3 %
• 2020 9,2 %
• 2030 2,7 %
no 2002 • 53 - Octobre 2002
44
Les projections récemment réalisées à légis-
lation inchangée montrent que le régime gé-
néral devrait enregistrer des excédents jus-
qu’en 2017. Le FEFSS devrait atteindre 10,5
points de PIB à cette date. Après 2017, le
FEFSS contribuerait au financement du régi-
me général et il devrait être épuisé en 2033.
Avec des hypothèses de croissance écono-
mique plus rapide ou avec des réformes sup-
plémentaires concernant l’âge de départ à la
retraite ou la suppression de la phase de
transition de la réforme 2000, le FEFSS pour-
rait ne pas être épuisé avant 2045.
Conçu comme un fonds de lissage alimenté
par une surcotisation temporaire, le FEFSS
devrait permettre de stabiliser les taux de co-
tisation retraite au moins dans les trente pro-
chaines années.
Conclusion
Une assez grande diversité des expériences
nationales caractérise la politique de fonds de
réserves pour les retraites à l’étranger. Le
tableau suivant tente de résumer cette di-
versité selon plusieurs critères, les masses
financières en cause, le statut des fonds de ré-
serves, les modalités d’accumulation et d’u-
tilisation des réserves.
On n’observe pas nécessairement de lien
étroit entre la taille du fonds de réserves et son
caractère permanent. Le Canada par exemple
dispose d’un fonds permanent jouant le rôle
de « troisième financeur » des pensions mais
le montant des réserves accumulées est fai-
ble quand il est exprimé en points de PIB. A
l’inverse, aux États-Unis, le fonds de réserves
est considéré comme un fonds de lissage et,
bien que les réserves dépassent actuellement
10 points de PIB, elles devraient être épui-
sées en 2040 à législation inchangée. Quel
que soit le type de fonds de réserves, la fonc-
tion de lissage existe toujours, soit parce que
la législation a prévu la date à partir de la-
quelle les réserves sont utilisées pour finan-
cer les pensions (Pays-Bas, Irlande, Nouvelle
Zélande), soit parce que les revenus finan-
ciers du fonds de réserves sont une compo-
sante des recettes courantes des régimes
provisionnés (États-Unis, Suède, Canada). À
ces types de fonds, il convient d’ajouter ceux
qui sont utilisés pour « mettre en réserve »
une partie des excédents du budget et/ou des
régimes de retraite (Pays-Bas, Espagne, Por-
tugal).
Le plus souvent, le mode d’abondement des
fonds de réserves est indépendant de leur
statut : le fonds peut être autonome ou inté-
gré au budget de l’État, qu’il soit alimenté
par surcotisation ou transferts budgétaires. La
volonté de donner un statut autonome aux
fonds de réserves résulte beaucoup plus du
choix de recourir à une gestion financière ac-
tive pour diversifier les placements financiers
afin d’optimiser les rendements. Les fonds
de réserves autonomes disposent en général
d’un mandat de gestion financière précisé-
ment défini par la loi. C’est une tendance ré-
cente qui tend à se généraliser : les réserves
provisionnent d’abord les régimes de retrai-
te et ne sont plus des instruments pour col-
lecter une épargne contractuelle forcée.
12.
no 2002 • 53 - Octobre 2002
45
Le provisionnement partiel des engagements
concerne tous les types de régimes par ré-
partition : des régimes universels versant une
prestation forfaitaire, des régimes à presta-
tions définies en annuités ou des régimes à
cotisations définies. Ces régimes appartien-
nent au premier ou au deuxième étage du
système public de retraite.
Une caractéristique des fonds de réserves les
plus récents est qu’ils sont étroitement liés à
la politique de finances publiques à long
terme et, donc, à la conduite de la politique
budgétaire. De ce point de vue, ils jouent un
rôle supplémentaire, celui de renforcer la dis-
cipline budgétaire. À ce sujet, les cinq der-
nières années ont été favorables sur le plan
économique et budgétaire et la question est
de savoir si les retournements conjoncturels
ne vont pas remettre en cause les priorités et
affaiblir le rôle dévolu à ces fonds de réser-
ves.
no 2002 • 53 - Octobre 2002
46
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2002
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no 2002 • 53 - Octobre 2002
47
1. Japon. Government Pension Investment Fund.
http://www.gpif.go.jp/e-index.html
2. Suède. Swedish National Pension Funds.
a) Första AP-Fonden.
http://www.ap1.se
b) Andra AP-Fonden.
http://www.ap2.se
c) Tredje AP-Fonden.
http://www.ap3.se
d) Fjärde AP-Fonden.
http://www.ap4.se
e) Sjätte AP-Fonden.
http://www.apfond6.se
3. Nouvelle Zélande. New Zealand Superannuation Fund.
http://www.superfund.govt.nz
4. Irlande. The National Pensions Reserve Fund
http://www.ntma.ie/SectionIntros/PensionsFundintro.htm
http://www.national-pensions-reserve-fund.ie
5. Canada. Office d’investissement du régime des pensions du Canada.
http://www.cppib.ca
6. États-Unis. Social Security Trust Fund.
http://www.ssa.gov/OACT/
7. Norvège. The Norwegian Government Petroleum Fund.
http://odin.dep.no/fin/engelsk/p10001617/index-b-n-a.html
http://www.norges-bank.no/english
8. Portugal. Instituto de Gestão de fundos de Capitalização da Segurança Social (IGFCSS)
http://www.seg-social.pt/instituicoes (cliquer sur IGFCSS)
Annexe
Sites des fonds de réserve pour les retraites