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INSTRIJCTION RELIGIEUSE DES NOlIIS. GuaJ,/oupt'. 516 PATRONAGE DES ESCLAVES. dances il se former en famille ne sont pas prononcées. La concession de quelques immunités me paraît de nature il développer l'esprit de famille. « L'église, qui est assez bien tenue, est tl'ès-fréquentée par la population esclave. « Ils suivent avec zèle les exercices religieux; des instructions ont lieu, il l'église et sur les habitations, il des époques périodiques mais peut-être trop éloignées. J'ai & sisté il une prédication du curé: il a recours, non sans quelque bon effet sur l'esprit grossier des noirs, il l'intimidation: il inspire le bien par la crainte des châtimt"nts dans l'autre monde. . « Toutefois, un seul ecclésiastique ne saurait, malgré son zèle, suffire il l'oeuvre de moralisation par la religion dans la commune: 1) (Rapport du. procureur du Roi à la Btu.. Terre, du. 20 décembre 18111.) . « A l'île Saint-Martin, l'instruction religieuse est dans un état de nullité complète; la distance du chef·lieu de la commune et même du village de la Grande·Case, où le service divin se fait tous les quinze jours, permet il peine il quelques esclaves de se rendre il Ja sainte maison pour y recueillir la morale de l'Évangile. u L'usage salutaire qui existe à la Guadeloupe d'adresser sa prière il Dieu Je malin et le soir, n'est point établi dans cette dépendance, et le paragraphe 13 de l'article 479 du Code pénal colonial n'y est même pas connu. Il serait opportun qu'un vicaire rési· dât sur ce point écarté, où tout est il faire en matière de religion; car l'inditrérence n'est pas le seul mal qu'il y ait il vaincre; il Y a beaucoup de dissidents il rappeler il l'unité de notre foi religieuse.» (Rapport da juge de paix de Saint-Martin, da 5 janvier 1862.) « L'instruction religieuse n'a fait encore, parmi la masse des esclaves, que des progrès bien peu sensibles. Je dois cependant signaler l'empressement de la plupart des habitants de Bouillante il mettre leurs ateliers il la disposition du ministre du culte. Le service de. l'enseignement religieux dans cette commune, qui est vaste et comprend un grand nombre d'habitations disséminées sur des hauteurs peu accessibles, me paraît nécessiter l'adjonction d'un second prêtre. Pour que les instructions de· viennent réellement fructueuses, il importe qu'elles soient régulières, fréquentes, et, surtout, qu'elles aient lieu de manièl'e à ne jamais empiéter sur le temps de l'esclave, qui, comme on l'a dit avec vérité, ne voit le plus souvent, dans les réunions auxquelles il est assujetti, qu'une contrainte de plus envers le maître. Sur toutes les habitations,la prière se fait exactement chaque soir. Sur quelques-unes, l'enseignement du caté- chisme est fait plusieurs fois dans la semaine par le maître. Il (Rapport du. substitut da procureur du Roi à la Basse.Terre, da 10janvier 18112.) Ile Saint-Martin. - Quant il la religion, les esclaves, ici, en ont fort peu, même pas du tout, dans les quartiers éloignés du chef-lieu surtout i cependant, les atelien Digitized byGoogle

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Education religieuse des esclaves dans l'ile de Saint Martin.

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INSTRIJCTION

RELIGIEUSE

DES NOlIIS.

GuaJ,/oupt'.

516 PATRONAGE DES ESCLAVES.

dances il se former en famille ne sont pas prononcées. La concession de quelques immunités me paraît de nature il développer l'esprit de famille.

« L'église, qui est assez bien tenue, est tl'ès-fréquentée par la population esclave. « Ils suivent avec zèle les exercices religieux; des instructions ont lieu, il l'église et

sur les habitations, il des époques périodiques mais peut-être trop éloignées. J'ai &

sisté il une prédication du curé: il a recours, non sans quelque bon effet sur l'esprit grossier des noirs, il l'intimidation: il inspire le bien par la crainte des châtimt"nts dans l'autre monde. .

« Toutefois, un seul ecclésiastique ne saurait, malgré son zèle, suffire il l'œuvre de moralisation par la religion dans la commune: 1) (Rapport du. procureur du Roi à la Btu.. Terre, du. 20 décembre 18111.) .

« A l'île Saint-Martin, l'instruction religieuse est dans un état de nullité complète; la distance du chef·lieu de la commune et même du village de la Grande·Case, où le service divin se fait tous les quinze jours, permet il peine il quelques esclaves de se rendre il Ja sainte maison pour y recueillir la morale de l'Évangile.

u L'usage salutaire qui existe à la Guadeloupe d'adresser sa prière il Dieu Je malin et le soir, n'est point établi dans cette dépendance, et le paragraphe 13 de l'article 479 du Code pénal colonial n'y est même pas connu. Il serait opportun qu'un vicaire rési· dât sur ce point écarté, où tout est il faire en matière de religion; car l'inditrérence n'est pas le seul mal qu'il y ait il vaincre; il Y a beaucoup de dissidents il rappeler il l'unité de notre foi religieuse.» (Rapport da juge de paix de Saint-Martin, da 5 janvier 1862.)

« L'instruction religieuse n'a fait encore, parmi la masse des esclaves, que des progrès bien peu sensibles. Je dois cependant signaler l'empressement de la plupart des habitants de Bouillante il mettre leurs ateliers il la disposition du ministre du culte. Le service de. l'enseignement religieux dans cette commune, qui est vaste et comprend un grand nombre d'habitations disséminées sur des hauteurs peu accessibles, me paraît nécessiter l'adjonction d'un second prêtre. Pour que les instructions de· viennent réellement fructueuses, il importe qu'elles soient régulières, fréquentes, et, surtout, qu'elles aient lieu de manièl'e à ne jamais empiéter sur le temps de l'esclave, qui, comme on l'a dit avec vérité, ne voit le plus souvent, dans les réunions auxquelles il est assujetti, qu'une contrainte de plus envers le maître. Sur toutes les habitations,la prière se fait exactement chaque soir. Sur quelques-unes, l'enseignement du caté­chisme est fait plusieurs fois dans la semaine par le maître. Il (Rapport du. substitut da procureur du Roi à la Basse.Terre, da 10janvier 18112.)

Ile Saint-Martin. - Quant il la religion, les esclaves, ici, en ont fort peu, même pas du tout, dans les quartiers éloignés du chef-lieu surtout i cependant, les atelien

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CHAPITRE XI. M7

du quartier d'Ol'léans principalement se rendent, en grand nombre, à la chapeUe méthodiste de la grande baie, parue hollandaise. Il me semble qu'une cbapelle, eona­truite en bois, recouverte même en chaume dans les premiers temps, serait bien utile dans le quartier d'Orléans. Celui de la Grande-Case en possède une. du moins une petite maison louée à cet effet, dans laquelle, une fois par semaine, le curé de Saint-Martin va célébrer la messe et faire des instructions religieuses aux esclaves. M. O'Reilly, l'un de nos plus notables habitants, a fait faire une chapelle chez lui pour l'instruction de ses esclaves. A l'issue de la messe, à la Grande-Case, M. l'abbé Wall, le curé, se rend chez M. O'Reilly, et recommence de nouvelles instructions. Mais son zèle ardent, infatigable j11llqu'à présent, ne peut suffire à tout; il ne peut être partout à la fois, à Saint-Barthélemy, à la Grande-Case, au Marigot. II aUflut donc besoin d'un vicail'e pour le suppléer. Toutes les cures des Antilles françaises sont pourvues d'un vicaire, de deux quelquefois, selon leur importance, et il ('n faut au moins un à Saint-Martin, plus que dans toutes les autres communes .

.. L'ile de Saint-Martin toute entière, partie française et hollandaise, est plutôt pro­testante que catholique. Du moins, le plus grand nombre, libres et esclaves, appar· tiennent à ce premier rite. Je ne dis pas qu'avec le temps ce petit coin de terre ne devienne à peu près catholique. Mais que d'efforts, de patience, de peines, sur­tout, pour y déraciner complétement cet esprit anglais qui y domine I!.. Mœurs, usages, langage, tout y est pour ainsi dire anglais. Et à Saint· Barthélemy , Ile sué­doise depuis 1784, on parle, on est (le dirai-je?) plus français, peut-être, qu'à Saint· ~artin. La chose principale à faire, à Saint·Martin, c'est de détruire, s'il est possible. ce langage anglais, d'y substituer le nôtre, afin qu'un étranger trouve des français dans un pay s français •

• C'est donc au maire (l'homme qui doit être le plus inOuent du pays, s'il comprend bien la haute mission de confiance qu'il doit remplir), aux prêtres, aux frères de la mission catholique, aux respectables sœun chargées d'instruire la génération qui .'éJ~vc (et les frères et les sœurs qui nous sont promis ne sauraient arriver trop tôt ... ) . c'est donc à eux, principalement, de donner tous leurs soins à faire fructifier notre civilisation, à faire entretenir et comprendre notre langage national,. (Rapport Il" jlllJ~ Je poiz ,appUant M Saint·Martin, da 27 janvier 1862).

ta Le dogme ct la morale religieuse sont enseignés à de trop rares intervaUes, pour que leI' enfants de Deshayes mettent à profit ces leçons si souvent interrompues. C'est, en eWet, à un seul prêtre, celui de la Pointe-Noire, qu'est imposée la double charge de propager l'instruttion religieuse dans lt's deux communes .

.. Deshaye. est trop éloigné de la Pointe·Noire (on compte 3 lieues par mer) pour que le même ecclésiastique puisse convenablement desservir ces deux communes .

.. On ~rige en ce moment une église à Deshayes; le travail s'en rait ncc de grandes

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