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9S213 Ann Dermatol Venereol 2005;132:9S71-9S279 JDP 2005 – Posters Posters cidives et 15 % de lésions persistantes. Le délai maximal de récidive était de 72 mois. 20 % des biopsies par punch et 12,5 % des biopsies longitudinales ont donné un résultat histologique négatif. 36 % des punch et 67 % des biopsies longitudinales ont entraîné une cicatrice. Discussion : Parmi les patients inclus, 3 cas nous ont interpellé, dont un cas avec histologie partielle initiale négative, persistance de la lé- sion et diagnostic de mélanome 5 ans après. Le second cas est un mé- lanome survenu 6 ans après une exérèse de mélanonychie par excision complète de l’appareil unguéal avec diagnostic de pigmen- tation bénigne. Un cas d’histologie trompeusement négative avec forte suspicion clinique de mélanome (signe de Hutchinson très ex- tensif) pose également problème. Concernant les techniques chirur- gicales, le punch fournit un peu plus de négatifs histologiques que la biopsie longitudinale, et deux fois moins de cicatrices. Seulement 5 séries de mélanonychies biopsiées ont été publiées, dont 2 pédiatriques. Deux ont étudié l’évolution [1, 2]. Dans la première (22 patients), les auteurs ont observé 4,5 % de biopsies négatives et 13,6 % de récidives, avec un recul d’1 an. Dans la 2 e étude incluant 8 enfants, on note 1 lésion récidivante à 2 reprises sur 5 biopsiées. Histologiquement, il s’agissait d’un lentigo. Le recul était de 5 ans et demi. Conclusion : Récidive à long terme et persistance après chirurgie ne sont pas rares, avec parfois une évolution défavorable. Il nous semble donc impératif de surveiller les mélanonychies après exérèse, de fa- çon prolongée, même si l’histologie initiale est rassurante. Références 1. Bali D. Bandes mélaniques longitudinales unguéales : conduite à tenir à propos de 22 cas. Chir Main 2002;21:225-34. 2. Leauté-Labrèze C. Longitudinal melanonychia in children. A study of ei- ght cases. Arch Dermatol 1996;132:167-9. Mélanomes fins : la régression tumorale n’est pas un facteur prédictif d’atteinte du ganglion sentinelle MAUBEC E (1), BOITIER F (2), PEYRET S (2), CAVALCANTI A (3), BELDI M (3), MAMELLE G (3), KOLB F (3), SPATZ A (4), AVRIL MF (2) (1) Dermatologie, Hôpital Bichat, Paris. (2) Dermatologie. (3) Chirurgie. (4) Pathologie, Institut Gustave Roussy, Villejuif, France. Introduction : La prévalence des mélanomes (MM) fins qui sont con- sidérés comme de bon pronostic (Breslow inférieur ou égal à 1,0 mm) est en augmentation. Il a été récemment rapporté que la ré- gression constituait un facteur prédictif de positivité du ganglion sentinelle (GS) suggérant que la recherche du GS devrait être propo- sée aux patients présentant un mélanome fin régressif [1]. Objectif : Étude de cette hypothèse par une analyse rétrospective des données concernant les patients avec un mélanome fin pour lesquels la recherche du ganglion sentinelle a été effectuée dans notre établis- sement. Matériel et méthodes : Entre avril 1998 et janvier 2005, la recherche du ganglion sentinelle était proposée dans notre institution à tous les patients atteints d’un mélanome primitif si le bilan d’extension était négatif et si un des critères suivants était présent : (1) mesure de Breslow estimée (examen clinique, échographie, examen histologi- que) supérieur ou égal à 1,5 mm, (2) régression tumorale histologi- que ou clinique ou (3) présence d’une ulcération histologique. Pendant cette période, la recherche du ganglion sentinelle a été effec- tuée chez 297 patients et 25 % d’entre eux avaient une micro-métas- tase du GS. Dans cette série, les données des 34 patients qui avaient des mélanomes fins ont été analysées. Les données histologiques des tumeurs primitives ont été revues pour 32/34 patients. Résultats : L’âge moyen de ces 14 femmes et 20 hommes était de 56 ans. Les mélanomes siégeaient sur le cou (n = 3), les paumes et les plantes (n = 4), le tronc (n = 13) et les membres (n = 14). L’examen histologique montrait 25 SSM, 4 M acro-lentigineux, 3 M in situ, 1 M nodulaire et 1 M inclassable. L’épaisseur moyenne était de 0,57 mm. Une régression tumorale histologique était observée dans 26/34 cas et une ulcération dans 1/34 cas. Les niveaux de Clark étaient : I (n = 3), II (n = 20), III (n = 9), IV (n = 2). La phase de croissance était disponible dans 15 cas (7 phases horizontales et 8 phases verticales). L’index mitotique était estimé à 0 (n = 9), 1 (n = 11), 2 (n = 2), 3 (n = 1), 6 (n = 1), mais n’était pas disponible dans 10 cas. Seulement un patient (2,9 % de l’ensemble des cas et 3,8 % des cas avec régres- sion histologique) avait un GS micro-métastatique. Il s’agissait d’un homme âgé de 47 ans qui présentait un SSM de 0,7 mm et de niveau II avec une régression histologique. Il n’y a pas eu de rechute chez ce patient ensuite. Un seul patient qui avait un ganglion sentinelle in- demne a eu une rechute pulmonaire du mélanome et est décédé. Le suivi moyen pour ces 34 patients était de 26,2 mois. Discussion : Cette étude illustre le fait que les MM fins ont un faible potentiel métastatique. Le pourcentage observé de 2,9 % correspond à celui observé par Morton dans une série de 272 malades présentant des MM fins (pourcentage de MM régressifs non précisé) [2]. Dans cette série, la forte proportion de MM régressifs (76 %) s’explique par les critères de sélection utilisés. D’après nos résultats, la régression histologique ne semble pas constituer un facteur prédictif d’atteinte ganglionnaire dans les mélanomes fins. Conclusion : En conséquence, la recherche du ganglion sentinelle ne nous semble pas indiquée dans les mélanomes fins, même en cas de régression histologique. Références 1. Olah J, Gyulai R, Korom I, Varga E, Dobozy A. Tumour regression pre- dicts higher risk of sentinel node involvement in thin cutaneous melano- mas. Br J Dermatol 2003;149:662-3. 2. Bleicher RJ, Essner R, Foshag LJ, Wanek LA, Morton DL. Role of senti- nel lymphadenectomy in thin invasive cutaneous melanomas. J Clin On- col 2003;21:1326-31. Mot-clé : Mélanonychie. P232 Mot-clé : Mélanome.

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9S213

Ann Dermatol Venereol2005;132:9S71-9S279

JDP 2005 – Posters

Pos

ters

cidives et 15 % de lésions persistantes. Le délai maximal de récidiveétait de 72 mois. 20 % des biopsies par punch et 12,5 % des biopsieslongitudinales ont donné un résultat histologique négatif. 36 % despunch et 67 % des biopsies longitudinales ont entraîné une cicatrice.

Discussion : Parmi les patients inclus, 3 cas nous ont interpellé, dontun cas avec histologie partielle initiale négative, persistance de la lé-sion et diagnostic de mélanome 5 ans après. Le second cas est un mé-lanome survenu 6 ans après une exérèse de mélanonychie parexcision complète de l’appareil unguéal avec diagnostic de pigmen-tation bénigne. Un cas d’histologie trompeusement négative avecforte suspicion clinique de mélanome (signe de Hutchinson très ex-tensif) pose également problème. Concernant les techniques chirur-gicales, le punch fournit un peu plus de négatifs histologiques que labiopsie longitudinale, et deux fois moins de cicatrices. Seulement5 séries de mélanonychies biopsiées ont été publiées, dont2 pédiatriques. Deux ont étudié l’évolution [1, 2]. Dans la première(22 patients), les auteurs ont observé 4,5 % de biopsies négatives et

13,6 % de récidives, avec un recul d’1 an. Dans la 2e étude incluant8 enfants, on note 1 lésion récidivante à 2 reprises sur 5 biopsiées.Histologiquement, il s’agissait d’un lentigo. Le recul était de 5 ans etdemi.

Conclusion : Récidive à long terme et persistance après chirurgie nesont pas rares, avec parfois une évolution défavorable. Il nous sembledonc impératif de surveiller les mélanonychies après exérèse, de fa-çon prolongée, même si l’histologie initiale est rassurante.

Références

1. Bali D. Bandes mélaniques longitudinales unguéales : conduite à tenirà propos de 22 cas. Chir Main 2002;21:225-34.

2. Leauté-Labrèze C. Longitudinal melanonychia in children. A study of ei-ght cases. Arch Dermatol 1996;132:167-9.

Mélanomes fins : la régression tumorale n’est pas un facteur prédictif d’atteinte du ganglion sentinelle

MAUBEC E (1), BOITIER F (2), PEYRET S (2), CAVALCANTI A (3), BELDI M (3), MAMELLE G (3), KOLB F (3), SPATZ A (4), AVRIL MF (2)

(1) Dermatologie, Hôpital Bichat, Paris. (2) Dermatologie. (3) Chirurgie. (4) Pathologie, Institut Gustave Roussy, Villejuif, France.

Introduction : La prévalence des mélanomes (MM) fins qui sont con-sidérés comme de bon pronostic (Breslow inférieur ou égal à1,0 mm) est en augmentation. Il a été récemment rapporté que la ré-gression constituait un facteur prédictif de positivité du ganglionsentinelle (GS) suggérant que la recherche du GS devrait être propo-sée aux patients présentant un mélanome fin régressif [1].

Objectif : Étude de cette hypothèse par une analyse rétrospective desdonnées concernant les patients avec un mélanome fin pour lesquelsla recherche du ganglion sentinelle a été effectuée dans notre établis-sement.

Matériel et méthodes : Entre avril 1998 et janvier 2005, la recherchedu ganglion sentinelle était proposée dans notre institution à tous lespatients atteints d’un mélanome primitif si le bilan d’extension étaitnégatif et si un des critères suivants était présent : (1) mesure deBreslow estimée (examen clinique, échographie, examen histologi-que) supérieur ou égal à 1,5 mm, (2) régression tumorale histologi-que ou clinique ou (3) présence d’une ulcération histologique.Pendant cette période, la recherche du ganglion sentinelle a été effec-tuée chez 297 patients et 25 % d’entre eux avaient une micro-métas-tase du GS. Dans cette série, les données des 34 patients qui avaientdes mélanomes fins ont été analysées. Les données histologiques destumeurs primitives ont été revues pour 32/34 patients.

Résultats : L’âge moyen de ces 14 femmes et 20 hommes était de56 ans. Les mélanomes siégeaient sur le cou (n = 3), les paumes etles plantes (n = 4), le tronc (n = 13) et les membres (n = 14). L’examenhistologique montrait 25 SSM, 4 M acro-lentigineux, 3 M in situ, 1 Mnodulaire et 1 M inclassable. L’épaisseur moyenne était de 0,57 mm.Une régression tumorale histologique était observée dans 26/34 caset une ulcération dans 1/34 cas. Les niveaux de Clark étaient : I(n = 3), II (n = 20), III (n = 9), IV (n = 2). La phase de croissance étaitdisponible dans 15 cas (7 phases horizontales et 8 phases verticales).

L’index mitotique était estimé à 0 (n = 9), 1 (n = 11), 2 (n = 2), 3(n = 1), 6 (n = 1), mais n’était pas disponible dans 10 cas. Seulementun patient (2,9 % de l’ensemble des cas et 3,8 % des cas avec régres-sion histologique) avait un GS micro-métastatique. Il s’agissait d’unhomme âgé de 47 ans qui présentait un SSM de 0,7 mm et de niveauII avec une régression histologique. Il n’y a pas eu de rechute chez cepatient ensuite. Un seul patient qui avait un ganglion sentinelle in-demne a eu une rechute pulmonaire du mélanome et est décédé. Lesuivi moyen pour ces 34 patients était de 26,2 mois.

Discussion : Cette étude illustre le fait que les MM fins ont un faiblepotentiel métastatique. Le pourcentage observé de 2,9 % correspondà celui observé par Morton dans une série de 272 malades présentantdes MM fins (pourcentage de MM régressifs non précisé) [2]. Danscette série, la forte proportion de MM régressifs (76 %) s’explique parles critères de sélection utilisés. D’après nos résultats, la régressionhistologique ne semble pas constituer un facteur prédictif d’atteinteganglionnaire dans les mélanomes fins.

Conclusion : En conséquence, la recherche du ganglion sentinellene nous semble pas indiquée dans les mélanomes fins, même en casde régression histologique.

Références

1. Olah J, Gyulai R, Korom I, Varga E, Dobozy A. Tumour regression pre-dicts higher risk of sentinel node involvement in thin cutaneous melano-mas. Br J Dermatol 2003;149:662-3.

2. Bleicher RJ, Essner R, Foshag LJ, Wanek LA, Morton DL. Role of senti-nel lymphadenectomy in thin invasive cutaneous melanomas. J Clin On-col 2003;21:1326-31.

Mot-clé : Mélanonychie.

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