Ostéopathie et handicap moteur - Chloé ALEA · 1 1 Introduction Je me suis intéressée au lien...

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ALEA Chloé Ostéopathie et handicap moteur Directeur de mémoire : MATHIEU Laurent ISOGM, année 2015-2016

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  • ALEA Chloé

    Ostéopathie et handicap moteur

    Directeur de mémoire :

    MATHIEU Laurent

    ISOGM, année 2015-2016

  • Remerciements

    J’adresse mes remerciements aux personnes qui m’ont aidée dans la réalisation de ce mémoire.

    En premier lieu, je remercie Monsieur Jean-Pierre HORTOLAND, directeur de l’Institut Supérieur d’Ostéopathie du Grand Montpellier, pour sa qualité de formation ainsi que tous les professeurs qui ont été à notre écoute et qui nous ont transmis leurs connaissances et leur expérience.

    Je tiens à remercier particulièrement Laurent MATHIEU, professeur à l’ISOGM. En tant que directeur de mémoire et coordinateur pédagogique, il m’a dirigée dans la réalisation de ce travail et m’a aidée à avancer.

    Je remercie aussi Christophe LOZANO, fondateur et directeur de l’association SPORTS PASSIONS APA SANTE, qui m’a aidée par son expérience, ses contacts professionnels et sa disponibilité.

    Un grand merci à toutes les personnes ayant gentiment répondu à mon questionnaire ainsi que mes 2 patients pour le temps qu’ils m’ont accordé.

    Je remercie Bernard RENAUD, Benoit ESCANDE, Frédéric INGRASSIA et Adrien LAFONT pour m’avoir accueillie dans leurs cabinets.

    Enfin, je tiens à remercier ma famille de m’avoir permis de suivre cette formation et de tout le soutien qu’ils m’ont apporté.

    A vous tous, un grand merci.

  • Table des matières

    1 Introduction .................................................................................................................................... 1

    1.1 Ostéopathie .............................................................................................................................. 1

    1.1.1 Un peu d’histoire … ......................................................................................................... 1

    1.1.2 Les grands principes de l’ostéopathie .............................................................................. 3

    1.2 Handicaps moteurs .................................................................................................................. 4

    1.2.1 Les amputations ............................................................................................................... 4

    1.2.2 Affections neurologiques centrales : les blessures médullaires ....................................... 6

    1.2.3 Affections neurologiques centrales : l’hémiplégie ......................................................... 14

    1.2.4 Affections neurologiques centrales : l’infirmité motrice cérébrale ............................... 15

    1.2.5 Affections neurologiques périphériques : la poliomyélite ............................................. 16

    1.2.6 Affections neurologiques périphériques : les paralysies radiculaires et tronculaires .... 17

    2 Constat et problématique ............................................................................................................. 18

    3 Hypothèse de recherche ............................................................................................................... 18

    4 Méthode de recherche .................................................................................................................. 18

    5 Présentation et analyse des résultats ............................................................................................ 19

    5.1 Le questionnaire .................................................................................................................... 19

    5.1.1 Généralités ..................................................................................................................... 21

    5.1.2 Vie quotidienne .............................................................................................................. 23

    5.1.3 Ostéopathie ..................................................................................................................... 25

    5.2 Les cas cliniques ................................................................................................................... 27

    5.2.1 Cas clinique n°1 ............................................................................................................. 27

    5.2.2 Cas clinique n°2 ............................................................................................................. 28

    6 Conclusion et perspectives ........................................................................................................... 30

    7 Bibliographie ................................................................................................................................ 32

  • 1

    1 Introduction Je me suis intéressée au lien entre ostéopathie et handicap moteur car je me suis trouvée

    personnellement en contact avec des personnes handicapées qui m’ont fait part de leurs gênes

    et de leurs douleurs fonctionnelles en plus des troubles liés à leur handicap. J’ai constaté que

    peu de ces personnes ont une prise en charge ostéopathique associée aux soins dont elles

    bénéficient alors que cela pourrait les soulager et leur apporter un meilleur confort de vie.

    De plus ce sujet ne semble pas avoir été beaucoup étudié, et les recherches dans ce domaine

    ne sont pas très abondantes. Persuadée que l’ostéopathie peut grandement améliorer la vie de

    ces personnes et que cela peut être professionnellement et humainement très enrichissant, j’ai

    décidé d’en faire le sujet de mon mémoire de fin d’études.

    1.1 Ostéopathie Le terme « ostéopathie » est constitué de 2 racines grecques : osteon signifiant « os » et

    pathos se traduisant par « affection », « maladie ».

    1.1.1 Un peu d’histoire … Le fondateur de l’ostéopathie, Andrew Taylor STILL (1828-1917) fut le premier médecin à

    étudier les interrelations entre les différents systèmes du corps humain qu’il appelle

    l’ « Infini »1. Ayant appris la médecine avec son père, il continue d’étudier dans sa ferme du

    Missouri en disséquant les animaux sauvages et les cadavres d’indiens ; et approfondit ses

    connaissances en anatomie, physiologie et biomécanique. Il s’inscrit à l’armée en tant que

    médecin pendant la Guerre de Sécession mais ne parvient pas à sauver les soldats de la

    maladie et de l’infection. En 1850, il perd 4 membres de sa famille (son père et 3 de ses

    enfants) de méningites. Il abandonne alors la médecine traditionnelle pour se consacrer à une

    autre philosophie se basant sur l’homéostasie. Il est persuadé que Dieu « avait conçu jambes,

    nez, langue et toutes les qualités nécessaires pour les buts de la vie, aussi bien pour les

    remèdes que pour le confort »2. L’ostéopathie est née le 22 Juin 1874 à 10h. En 1892 il crée la

    première école d’ostéopathie à Kirksville, Missouri avec 4 grands principes :

    1 (STILL, Autobiographie, 2013, p.77) 2 (STILL, Autobiographie, 2013, p.95)

  • 2

    • La structure gouverne la fonction

    • La règle de l’artère est absolue

    • La fonction précède la lésion

    • « Find it, Fix it, and leave it alone ;

    Nature will do the rest. »3 (Trouvez

    la lésion, traitez la et laissez la ; la nature

    fera le reste.)

    John Martin LITTLEJOHN (1865-1947), médecin et élève d’A.T. STILL, est surnommé « le

    continuateur ». Il forme à Londres la première école d’ostéopathie européenne en 1917. Pour

    lui, le mouvement est le lien entre la physiologie et l’anatomie : « c’est l’immunité qui

    préserve la santé, se fondant sur :

    • les nerfs et le système nerveux

    • la circulation sanguine incluant tous les fluides du corps

    • la nécessité d’un approvisionnement en matériaux appropriés par une alimentation de

    base reconstituant le corps, de manière à maintenir l’intégrité biochimique »4.

    Un autre successeur d’A.T. STILL, William Garner SUTHERLAND (1872-1954) est appelé

    « le novateur ». Il découvre le mouvement respiratoire primaire (MRP), un mouvement

    involontaire des os du crâne, permettant une parfaite circulation du liquide céphalo-rachidien

    (LCR). Ce mouvement serait rythmé par :

    • la motilité inhérente du cerveau

    • la fluctuation du LCR

    • la tension réciproque des méninges

    • la mobilité des os du crâne entre eux

    • la mobilité du sacrum entre les os iliaques. 3 (STILL, Autobiographie, 2013) 4 (LITTLEJOHN, Discours du 12 Octobre 1934)

    Figure 1 : A.T. STILL

  • 3

    L’ostéopathie apparaît en France en 1960 grâce à des thérapeutes formés aux Etats Unis ou en

    Angleterre. Les premières écoles d’ostéopathie françaises sont alors créées. Ce n’est que le 4

    Mars 2002 que l’ostéopathie est légalisée en France. Le 25 Mars 2007 les décrets

    d’application de la loi sont publiés et les établissements sont régis par des agréments. Le 7

    Juillet 2015 paraît une liste de 23 établissements agréés.

    1.1.2 Les grands principes de l’ostéopathie Selon le Référentiel Métier Ostéopathe : "L’ostéopathie consiste, dans une compréhension

    globale du patient, à prévenir, diagnostiquer et traiter manuellement les dysfonctions de la

    mobilité des tissus du corps humain susceptibles d’en altérer l’état de santé"5. STILL la

    définit comme « la loi de l’esprit, de la matière et du mouvement »6 .

    L’ostéopathie est donc à la fois une science, un art et une philosophie visant à traiter,

    soulager, guérir le corps humain. L’ostéopathie a pour principes :

    • Le corps humain est une unité fonctionnelle • La structure et la fonction sont en interrelation constante. • Le principe d’auto-guérison repose sur celui d’homéostasie de l’individu. • Les circulations artérielles et capillaires sont déterminantes dans la santé des tissus

    organisés. • Les os du crâne sont dotés d’une relative malléabilité. • Les organes sont le siège de mouvements rythmiques nécessaires à leur bon

    fonctionnement : c’est la motilité. • Les nerfs jouent un rôle capital dans le contrôle des fluides de l’organisme et pour

    l’échange d’informations.

    5 http://www.osteopathe-syndicat.fr/patient-visiteur-osteopathe/presentation-de-losteopathie.html 6 (STILL, Autobiographie, 2013, p.208)

  • 4

    1.2 Handicaps moteurs Selon l’article 114 de la Loi n°2005-102 pour l’Egalité des droits et des chances : « Constitue

    un handicap, au sens de la présente loi, toute limitation d’activité ou restriction de

    participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison

    d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques,

    sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un handicap ou d’un trouble de santé

    invalidant. »7

    850 000 personnes en France (soit 1,5% de la population) présentent un handicap moteur8, ou

    déficience motrice, que le Comité national Coordination Action Handicap (CCAH) définit

    comme « l’ensemble des troubles (troubles de la dextérité, paralysie…) pouvant entrainer une

    atteinte partielle ou totale de la motricité, notamment des membres supérieurs et/ou inférieurs

    (difficultés pour se déplacer, conserver ou changer une position, prendre et manipuler,

    effectuer certains gestes). »9

    1.2.1 Les amputations En 2007, on comptait 100 à 150 000 personnes amputées10 en France. 85% sont amputées du

    membre inférieur.

    Les amputations se font en toute dernière intention. On observe de moins en moins

    d’amputations dues à des traumatismes. La cause la plus fréquente est pathologique, elle

    représente 80% des amputations dont 65% chez des personnes de plus de 65 ans11, on y

    retrouve les artérites, les cancers et l’artériosclérose, le risque est 15 fois plus élevé chez les

    diabétiques. Certaines amputations sont congénitales, dues à une agénésie.

    Les amputations peuvent se faire à différents niveaux.

    7 http://www.osteopathe-syndicat.fr/patient-visiteur-osteopathe/presentation-de-losteopathie.html 8 http://www.audit-accessibilite.com 9 http://www.ccah.fr/former/formations/les-differents-types-de-handicap 10 http://www.adepa.fr/reeducation/les-causes-damputation/ 11 http://www.adepa.fr/reeducation/les-causes-damputation/

  • 5

    Figure 2 : Les différents niveaux d'amputation

    3 semaines après l’intervention, l’amputé reçoit une prothèse provisoire pour reprendre

    progressivement la marche. Une fois le moignon bien cicatrisé il reçoit une prothèse définitive

    en carbone.

  • 6

    1.2.2 Affections neurologiques centrales : les blessures médullaires Une blessure médullaire coupe la communication entre le cerveau et le corps, les organes ne

    reçoivent plus d’ordre du cerveau et celui-ci ne reçoit plus d’information des organes. Ceci

    entraine une réduction voire une disparition de la motricité, affecte le fonctionnement des

    organes et prive de la sensibilité. L’étendue de ces symptômes dépend de la localisation et de

    la gravité de la blessure sur la moelle épinière. On distingue 2 catégories :

    - la paraplégie : la lésion se situe en-dessous de C7, la paralysie touche les membres

    inférieurs et parfois une partie du tronc ;

    - la tétraplégie : la lésion se situe au niveau cervical, les 4 membres sont touchés. Les

    tétraplégies représentent environ 1/3 des blessures médullaires.

    En 2011, on recensait 50 000 cas en France12, les ¾ étant des hommes. On compte environ

    1200 nouveaux cas par an. La cause de la blessure médullaire est souvent traumatique, dans

    76% des cas13, avec en majorité les accidents de la route : 60% des paraplégiques et

    tétraplégiques ont moins de 25 ans14 ; suivent les accidents de sport ou de plongée, les

    accidents de travail, puis les tentatives de suicide ou autre. L’étiologie peut être aussi

    médicale : infection, cause vasculaire, cause tumorale, toxique ; ou bien due à une

    malformation, la spina bifida par exemple.

    Les symptômes causés par l’atteinte médullaire sont donc liés à la physiologie de la moelle

    épinière :

    v Les troubles moteurs :

    Ils intéressent la motricité volontaire mais aussi la motricité réflexe. La motricité volontaire,

    aussi appelée système pyramidal, est transmise aux muscles par les nerfs efférents partant de

    la corne antérieure de la moelle épinière. Chaque nerf innerve une zone du corps.

    12 http://conseil.gdle.net/assets/files/GDLE_zoom_sur_la_paraplegie.pdf 13 http://cirrie.buffalo.edu/encyclopedia/fr/article/359/ 14 http://conseil.gdle.net/assets/files/GDLE_zoom_sur_la_paraplegie.pdf

  • 7

    Figure 3 : Le système volontaire

    L’atteinte de ce système se traduit soit par une parésie, dans ce cas la lésion est incomplète :

    les mouvements sont possibles mais manquent de puissance ; soit par une paralysie, lors de

    lésion complète : les mouvements sont impossibles. Cette motricité volontaire est testée par

    des myotomes, c’est à dire l’ensemble composé par un muscle et la racine nerveuse qui

    l’innerve.

    Racine Mobilité articulaire Racine Mobilité articulaire

    C1-C2 Flexion du coude D1 à L1 Pas de test musculaire

    C3 Inclinaison du cou L2 Flexion de hanche

    C4 Elévation du moignon de l’épaule L3 Extension du genou

    C5 Abduction de l’épaule L4 Flexion dorsale de la cheville

    C6 Flexion du coude L5 Extension de l’hallux

    C7 Extension du coude S1 Eversion et flexion plantaire de la

    cheville, flexion de genou, extension de

    la hanche

    C8 Extension du pouce S2 Flexion du genou

    D1 Abduction-adduction des doigts S4-S5 Contraction anale

    Figure 4 : Tableau récapitulatif des myotomes

  • 8

    Un réflexe est une réponse motrice involontaire déclenchée par l’apparition d’un stimulus.

    Figure 6 : La motricité réflexe

    Le dérèglement de la motricité réflexe peut se traduire de 2 manières :

    - un réflexe exagéré, hyperréflexie, peut indiquer une lésion neuronale sus-jacente,

    c’est à dire une déconnexion entre la moelle épinière et le cerveau. Il peut se

    caractériser par un réflexe de trop grande amplitude, un clonus (plusieurs réponses

    pour une seule stimulation) ou un réflexe diffus (zone réflexe élargie). On note alors

    une raideur qui s’oppose à l’étirement des muscles, cette hypertonie est aussi appelée

    spasticité.

    Stimulus

    Réponse

    Récepteur

    Moelle épinière

    Effecteur

    Voie afférente

    Voie efférente

    Influx nerveux

    Figure 5 : Réponse motrice

  • 9

    - un réflexe atténué, hyporéflexie, ou un réflexe aboli, aréflexie, résulte d’une atteinte

    neuronale sous-jacente, c’est à dire que l’arc réflexe est interrompu. Dans ce cas on

    parle d’hypotonie ou de flaccidité.

    v Les troubles sensitifs :

    Ils intéressent les sensibilités superficielle et profonde, véhiculées par les cornes postérieures

    de la moelle épinière.

    La sensibilité superficielle permet la perception du tact, de la douleur, de la chaleur. On

    définit son absence comme une anesthésie et sa diminution comme une hypoesthésie. Une

    seule racine médullaire innerve un territoire cutané précis appelé dermatome.

    Figure 7 : Les dermatomes

    La sensibilité profonde permet de situer le corps dans l’espace avec précision. C’est pourquoi

    les blessés médullaires doivent constamment regarder leurs pieds et leurs jambes pour savoir

    où ils se trouvent et les protéger. Ils peuvent aussi souffrir de déséquilibres et de vertiges.

  • 10

    v Les troubles neuro-végétatifs :

    Le système nerveux végétatif, ou autonome, est un système involontaire qui régule les

    fonctions organiques internes, c’est à dire qu’il participe à la nutrition et au maintien de

    l’homéostasie. Ce système est composé de 2 sous systèmes : les systèmes orthosympathique

    et parasympathique.

    Les centres du système parasympathique sont situés aux 2 extrémités du névraxe :

    - les nerfs crâniens : oculomoteur (III), facial (VII), glosso-pharyngien (IX), vague (X)

    - le plexus sacré : racines antérieures de la moelle de S2 à S4.

    Le neuromédiateur est l’acétylcholine.

    Les centres du système sympathique sont situés le long de la moelle thoraco-lombaire. Le

    neuromédiateur est la noradrénaline, il permet de libérer l’adrénaline.

    Figure 8 : Le système parasympathique Figure 9 : Le système sympathique

    v Les troubles respiratoires :

    Ils sont généralement dus à l’atteinte des muscles respiratoires. Les tétraplégiques sont les

    plus touchés car l’innervation du diaphragme se situe entre C3 et C5. La respiration peut

    aussi être difficile chez les paraplégiques en cas de déficit des muscles intercostaux et

    abdominaux.

  • 11

    v Les troubles vésico-sphinctériens :

    Ces troubles sont fréquents chez les blessés médullaires. Ils sont le résultat d’une atteinte

    motrice, sensitive et réflexe. Ces troubles commencent généralement par une rétention suivie

    de fuites urinaires et fécales. Si la stase continue, il y a possibilité d’infection pouvant évoluer

    vers une insuffisance rénale. Cette complication est la première cause de mortalité.

    v Les troubles génito-sexuels :

    Chez l’homme ces troubles se manifestent par des difficultés d’érection, en particulier si la

    charnière dorsolombaire est touchée. Elle est même impossible en cas d’atteinte des

    métamères sacrés.

    Chez la femme c’est la sensibilité périnéale qui est touchée mais l’orgasme reste possible à

    condition que les réflexes lombosacrés soient intacts. Pour l’accouchement, il se fait

    généralement par voie naturelle sous péridurale avec l’aide de forceps si besoin, en particulier

    en cas de paralysie des muscles abdominaux.

    La classification ASIA :

    L’évaluation des déficiences se base sur un examen clinique général neurologique et

    orthopédique. L’une des échelles les plus connues est la classification ASIA établie par

    l’American Spinal Injury Association.

    - Asia A : lésion complète : aucune motricité ou sensibilité dans le territoire S4-S5.

    - Asia B : lésion incomplète : la sensibilité, mais pas la motricité, est préservée en-

    dessous du niveau lésionnel, en particulier dans le territoire S4-S5.

    - Asia C : lésion incomplète : la motricité est préservée au-dessous du niveau lésionnel

    et plus de la moitié des muscles testés au-dessous de ce niveau à un score < 3 (cf

    échelle de l’évaluation motrice, voir tableau ci-dessous).

    - Asia D : lésion incomplète : la motricité est préservée au-dessous du niveau lésionnel

    et au moins la moitié des muscles testés au-dessous de ce niveau a un score > 3.

    - Asia E : normale : la sensibilité et la motricité sont normales.

  • 12

    Figure 10 : La classification ASIA

  • 13

    Récapitulatif des atteintes selon les niveaux lésionnels :

    Niveau vertébral

    lésé

    Fonctions préservées Anatomie

    C1-C3 Mouvements limités de la tête et du cou

    Peut contrôler un fauteuil roulant électrique, répondant aux mouvements de la tête ou actionné par un bâton tenu en bouche

    C3-C4 Contrôle du cou et de la tête et haussement des épaules

    Peut actionner les commandes d’un lit électrique Communication vertébrale normale

    C5 Contrôle du cou et de la tête et haussement des épaules Peut plier les coudes et retourner les mains

    Peut manger, boire et faire sa toilette avec le soutien d’équipements adaptés Force suffisante pour propulser manuellement un fauteuil roulant Conduite automobile possible avec équipements adaptés

    C6 Habiletés similaires à C5 avec mouvements des poignets

    Peut manger, boire et faire sa toilette avec plus d’aisance en plus de faire certaines tâches domestiques Peut effectuer des transferts avec l’aide d’équipements

    C7 Habiletés similaires à C5 avec agilité accrue des coudes

    Capable d’effectuer les tâches domestiques avec un minimum d’assistance Relâchement des points de pression en pratiquant quelques exercices dans le fauteuil roulant Transfert du corps sans équipement

    C8 Force et dextérité fine des doigts presque normales

    Peut vivre à la maison de façon autonome

    T1-T6 Habiletés normales de la tête, du cou, des épaules, des bras, des mains et des doigts Mouvements limités de l’abdomen

    Peut faire quelques activités sans fauteuil roulant Marche possible avec l’aide de prothèses orthopédiques

    T7-L1 Plus grand contrôle de l’abdomen Effectue plusieurs activités hors du fauteuil roulant Réflexe de la toux normale

    L2-L5 Meilleurs mouvements des genoux et des hanches

    Marche possible avec attelles spécialisées

    S1-S5 Miction et défécation volontaires Fonctions sexuelles normales

    Marche sans équipement d’appoint

    Figure 11 : Tableau récapitulatif des niveaux lésionnels

  • 14

    1.2.3 Affections neurologiques centrales : l’hémiplégie L’hémiplégie est une paralysie totale ou partielle de tout un hémicorps. Elle résulte d’une

    lésion unilatérale de la voie motrice principale. Cette lésion hémisphérique entraine

    généralement une hémiplégie controlatérale ; mais exceptionnellement elle peut être

    homolatérale si le niveau atteint se situe en dessous de la décussation pyramidale.

    Ce handicap est souvent dû à un défaut de circulation au niveau du cerveau (AVC,

    artériopathie, hémorragie …), il peut aussi être la conséquence d’un traumatisme cérébral,

    d’une tumeur du système nerveux central ou bien d’une inflammation.

    Figure 12 : La voie motrice

    On distingue 2 types d’hémiplégie :

    - Hémiplégie corticale : la paralysie est partielle et peu intense. Elle ne touche pas tous

    les segments de l’hémicorps mais est plutôt brachiofaciale. Elle est dite « non

    proportionnelle » c’est à dire qu’on distingue une atteinte sévère de la main et une

    atteinte moins nette du bras.

    Décussation pyramidale

  • 15

    - Hémiplégie capsulaire : la paralysie est complète et intense. Elle touche tous les

    secteurs de l’hémicorps. Elle est « proportionnelle » : tous les segments du membre

    sont atteints de la même façon.

    Les symptômes diffèrent selon le niveau touché mais aussi selon le côté car le cerveau est

    composé en aires ayant chacune une fonction spécifique.

    La récupération se fait majoritairement dans les premiers mois par de la rééducation visant à

    assurer une certaine autonomie dans les gestes de la vie quotidienne. Il existe des traitements

    médicamenteux locaux pour traiter notamment la spasticité et les autres symptômes associés ;

    la chirurgie est utilisée pour des indications fonctionnelles, esthétiques et hygiéniques.

    1.2.4 Affections neurologiques centrales : l’infirmité motrice cérébrale Maintenant appelée paralysie cérébrale, l’infirmité motrice cérébrale (IMC) est la séquelle

    d’une atteinte cérébrale avant, pendant ou peu après la naissance. Elle touche 6 à 8% des

    enfants, la fréquence est élevée chez les enfants prématurés et chez les enfants pesant un petit

    poids. Cette paralysie peut intervenir durant la conception ou la gestation, mais aussi durant

    l’accouchement ou les 2 premières années de vie en cas de traumatisme crânien, méningite.

    L’IMC se manifeste principalement par des troubles moteurs et des troubles cognitifs.

    Hémiplégie droite Hémiplégie gauche

    Aphasie

    Apraxie

    Acalculie

    Hémi-négligence

    Agnosie

    Apraxie

    - Amnésie

    - Troubles

    affectifs

    - Troubles de

    l’intégration

    Figure 13 : Fonctions touchées en cas d’hémiplégie

  • 16

    v Les troubles moteurs :

    Il peut s’agir de :

    - Paralysies : complètes ou partielles (parésies). Elles peuvent toucher les 4 membres,

    un hémicorps ou bien les 2 membres inférieurs, rarement un seul membre. Elles sont

    généralement associées à une spasticité, une raideur et une faiblesse des muscles

    atteints.

    - Dyskinésies : ce sont des mouvements anormaux : tremblements, mouvements mal

    contrôlés, contractions involontaires …

    - Ataxies : troubles de l’équilibre.

    Ces troubles peuvent toucher les membres, le tronc, la face, la sphère oro-pharyngée et les

    muscles de l’œil …

    v Les troubles cognitifs :

    On y retrouve des troubles fonctionnels intellectuels et des troubles de l’apprentissage.

    Le traitement de l’IMC consiste :

    - Kinésithérapie : pour réduire ou stabiliser l’hypertonie

    - Orthopédie : appareillage de marche, de posture pour prévenir ou corriger les

    déformations

    - Chirurgie : notamment des allongements de tendons ou ostéotomie

    - Ergothérapie, orthophonie, éducation psychomotrice …

    1.2.5 Affections neurologiques périphériques : la poliomyélite La poliomyélite est une maladie contagieuse provoquée par un virus qui envahit le système

    nerveux. Il existe un vaccin préventif à cette maladie. Les symptômes sont d’abord de type

    grippal associés à des vomissements, des douleurs dans les membres. Parfois survient une

    paralysie irréversible notamment des membres inférieurs, cette paralysie peut toucher les

    muscles respiratoires entrainant donc la mort de la personne dans 5 à 10% des cas.

  • 17

    1.2.6 Affections neurologiques périphériques : les paralysies radiculaires et tronculaires

    Ce sont des paralysies dues à des lésions du système nerveux périphérique : racine, tronc,

    plexus, nerf. Ces lésions sont généralement dues à des compressions. Il existe plusieurs

    formes de lésions :

    - Syndrome mono-radiculaire : une seule racine est touchée. La douleur intéresse un

    trajet précis et est déclenchée par une augmentation de pression ou un étirement. Le

    réflexe tendineux correspondant à la racine lésée est diminué ou aboli. Le déficit

    moteur est souvent modéré, ou absent, et accompagné d’un déficit sensitif.

    - Syndrome pluri-radiculaire : plusieurs racines sont touchées, il y a paralysie flasque

    des membres inférieurs. Les réflexes achilléen, rotulien et parfois bulbo-anal sont

    abolis. Des troubles sphinctériens sont souvent associés.

    - Syndrome tronculaire : atteinte isolée d’un tronc nerveux. Le signe principal est un

    déficit moteur touchant les muscles innervés par le nerf lésé entrainant une

    amyotrophie. On retrouve aussi des troubles sensitifs intéressant les territoires

    correspondant au nerf en lésion.

    Figure 14 : Les territoires des nerfs

  • 18

    2 Constat et problématique Nous savons que les personnes atteintes d’un handicap moteur ont non seulement des

    difficultés motrices liées à leurs lésions mais aussi des douleurs, gênes et troubles

    fonctionnels divers. En effet un handicap entraine souvent une diminution de mobilité,

    mobilité qui est essentielle pour permettre les échanges entre les différentes structures

    internes. Le corps crée alors des compensations pour assurer ces échanges. De plus, les

    personnes rencontrent des difficultés notamment pour se déplacer et réaliser les gestes de la

    vie quotidienne. Ces contraintes peuvent donc créer des dysfonctions.

    L’ostéopathie agit par diverses manipulations ou mobilisations afin d’améliorer la mobilité du

    corps. C’est en rendant cette mobilité que le corps va pouvoir s’auto-corriger. L’ostéopathie

    permet de soulager mais aussi d’anticiper les troubles fonctionnels et donc les douleurs.

    Nous pouvons donc nous demander si l’ostéopathie peut apporter un bien être physique et

    moral à ces personnes handicapées moteur. Dans quelle mesure elle peut améliorer leur

    mobilité et réduire leurs douleurs. De quelle manière elle peut agir durablement sur leur

    qualité de vie.

    3 Hypothèse de recherche Dans ce mémoire nous chercherons à démontrer l’intérêt de l’ostéopathie dans la prise en

    charge des personnes handicapées moteur quant à leur qualité de vie au quotidien.

    4 Méthode de recherche Pour permettre cette recherche nous avons réalisé un questionnaire adressé aux personnes

    présentant un handicap moteur dans le but de s’informer sur les dysfonctions et les douleurs

    qu’ils peuvent présenter suite à certains gestes demandant beaucoup d’efforts et sollicitant

    fortement les articulations.

  • 19

    Pour communiquer notre questionnaire nous avons utilisé le site Handicap.fr, les réseaux

    sociaux (Facebook®), les forums d’infirmières (infirmier.com) et d’ergothérapeutes (le

    social.fr ; ergothérapie.fr), ainsi que des centres de rééducation comme l’APF de Montblanc,

    des associations notamment Sport Passion APA Santé et Planète Handisport, association des

    paralysés de France, Vagdespoir et Handicap Languedoc Roussillon. Les informations ont été

    traitées grâce à Google Forms®.

    De plus, nous avons rencontré 2 personnes paraplégiques souffrant pour l’une d’une épaule et

    pour l’autre du dos depuis des années. Nous leur avons donc proposé un traitement approprié

    sur une séance organisé de la même manière : interrogatoire, observation, palpation, tests

    passifs et actifs, globaux et spécifiques, traitement ostéopathique et conseils.

    5 Présentation et analyse des résultats 5.1 Le questionnaire

    Le questionnaire a été diffusé du 16 février 2016 au 15 avril 2016, le délai de récupération a

    donc été de 2 mois. Nous avons reçu 22 réponses.

    Nous avons divisé le questionnaire en 3 parties :

    - généralités

    - vie quotidienne

    - ostéopathie

    Questionnaire adressé aux personnes handicapées moteur

    Dans le cadre du mémoire de ma 5ème année d’étude en école d’ostéopathie, j’ai choisi d’aborder l’action de l’ostéopathie chez les personnes atteintes d’un handicap moteur. En effet, l'ostéopathie peut faciliter leur quotidien en soulageant en particulier les douleurs et les troubles fonctionnels.

    Je vous remercie donc de prendre quelques minutes pour m’aider dans ce projet en répondant à ce questionnaire anonyme. N’hésitez pas à joindre votre adresse mail afin que je vous tienne informés des résultats obtenus.

  • 20

    * Obligatoire

    1. Vous êtes : * o Un homme o Une femme

    2. Vous avez : * o < 18 ans o 18 à 30 ans o 31 à 45 o > 45 ans

    3. Pouvez-vous définir votre handicap : * (choix multiple) o Paraplégie o Tétraplégie o Hémiplégie o Amputation o Infirmité motrice cérébrale o Autre :

    4. En cas d’amputation, pouvez-vous préciser de quelle partie du corps : o

    5. Pouvez-vous préciser la cause de votre handicap ? * (choix multiple) o Traumatisme o Maladie o Infection o Malformation o Autre :

    6. Quel est votre mode de déplacement habituel ? * o Marche non appareillée o Marche avec prothèse o Marche assistée (déambulateur, canne, béquilles …) o Fauteuil roulant manuel o Fauteuil roulant manuel avec assistance électrique o Fauteuil roulant électrique

    7. Ressentez-vous des douleurs physiques en lien avec vos déplacements et vos gestes quotidiens ? Si oui, où sont-elles situées ?

    o

    8. Pratiquez-vous une activité physique régulière ? * o Oui o Non

    9. Si oui, quelle activité ? o

  • 21

    10. A quelle fréquence ? o < 2h par semaine o 2 à 6h par semaine o > 6h par semaine

    11. Avez-vous déjà consulté un ostéopathe ? * o Oui o Non

    12. Si non, pour quelles raisons ? (choix multiple) o Je ne connais pas l’ostéopathie o Je n’en vois pas l’intérêt o Trop cher, non remboursé o Manque d’accessibilité o Autre :

    13. Si vous avez déjà consulté un ostéopathe, quels résultats avez-vous constaté ? o Totalement soulagé o Fortement soulagé o Amélioré o Pas de changement

    14. Si vous avez déjà consulté un ostéopathe, recommanderiez-vous l’ostéopathie ? o Oui o Non

    Merci d’avoir participer à ce projet.

    5.1.1 Généralités Sur les 22 réponses, 10 sont des femmes et 12 des hommes. La moitié des personnes ayant

    répondu a entre 31 et 45 ans, 27,3% ont plus de 45 ans, 22,7% entre 18 et 30 ans, aucun

    mineur n’a répondu.

    Figure 15 : Questionnaire

  • 22

    Figure 16 : Graphique handicap physique

    Nous pouvons constater que certaines personnes sont atteintes de plusieurs handicaps. Dans

    notre panel de réponses, plus de la moitié des personnes (52%) sont paraplégiques ou

    tétraplégiques. Une seule personne est hémiparésique. 5 ont subi une amputation, dont 40%

    au niveau de la cuisse et 60% au niveau de la jambe. 8% des personnes ont une Infirmité

    Motrice Cérébrale (IMC), 8% également ont une Sclérose en Plaque (SEP) à évolution rapide

    et 8% ont une agénésie lombo-sacrée.

    Figure 17 : Graphique cause du handicap

    7

    61

    5

    2

    22

    Handicapphysique

    Paraplégie

    Tétraplégie

    Hémiplégie/Hémiparésie

    Amputa8on

    IMC

    SEP

    Agénésielombo-sacrée

    54%17%

    21%

    0%

    8%

    CauseduhandicapTrauma8sme Maladie

    Malforma8oncongénitale Infec8on

    Hémorragie

  • 23

    Les handicaps sont principalement dus à des traumatismes (54%), notamment à des accidents

    de voiture. 17% souffrent d’une maladie, 21% d’une malformation congénitale. 8% des

    personnes ont subi une hémorragie lors d’une opération, aucune n’a eu de conséquences suite

    à une infection.

    5.1.2 Vie quotidienne Cette partie s’intéresse aux habitudes des personnes ayant répondu et aux douleurs qu’elles

    peuvent présenter de manière chronique.

    Figure 18 : Graphique mode de déplacement

    Le mode de déplacement est important chez les personnes handicapées car il peut demander

    beaucoup d’efforts et le corps qui est construit pour une marche normale, doit s’adapter aux

    modifications. Sur les personnes ayant répondues, 59% se déplacent en fauteuil roulant

    manuel et 14% en fauteuil roulant électrique. Ces personnes doivent donc procéder à des

    transferts, demandant un effort musculaire intense, et doivent parfois porter leur fauteuil pour

    le déplacer. De plus, le fait d’être assis en permanence peut perturber la digestion. 9%

    marchent sans appareil, 9% marchent avec une prothèse et 9% marchent avec l’aide de

    9%

    9%

    9%

    59%

    14%Marchenonappareillée

    Marcheavecprothèse

    Marcheassistée

    Fauteuilroulantmanuel

    Fauteuilroulantélectrique

    Modededéplacementhabituel

  • 24

    béquilles, déambulateur ou canne. L’équilibre de la marche peut être perturbé, le corps doit

    s’adapter ce qui peut entrainer des douleurs.

    Figure 19 : Graphique douleurs physiques chroniques

    On peut constater que les douleurs intéressent surtout l’hémicorps supérieur, étant donné que

    la majorité des personnes ayant répondu à ce questionnaire se déplacent en fauteuil roulant

    manuel. On peut en déduire que ce mode de déplacement peut être l’une des causes. De plus

    les personnes marchant avec des béquilles ou une canne prennent appui sur les membres

    supérieurs, ce qui peut être une autre cause de ces douleurs. On remarque que le dos, les

    épaules et la nuque sont les régions les plus touchées.

    Pour connaître le quotidien de notre panel, nous avons posé des questions sur l’activité

    sportive. 17 personnes sur 22 pratiquent une activité physique régulière.

    0

    2

    4

    6

    8

    10

    12

    14

    16

    Cheville(s)Genou(x)Hanche(s) Bassin Dos Nuque Epaule(s) Coude(s)Poignet(s)

    Douleursphysiqueschroniques

  • 25

    Figure 20 : Graphique activité sportive

    Parmi les personnes pratiquant une activité physique, 6 exercent une activité adaptée aux

    personnes handicapées moteur.

    Concernant la fréquence, 52,9% pratiquent leur activité moins de 2 heures par semaine, 35,3%

    entre 2 et 6 heures par semaines et 11,8% plus de 6 heures par semaine.

    5.1.3 Ostéopathie 15 personnes de notre panel ont déjà consulté un ostéopathe. Les personnes n’ayant pas eu

    recours à l’ostéopathie ignorent cette thérapie ou n’en voient pas l’intérêt. Certaines sont

    rebutées par le prix et le non remboursement ou même par le manque d’accessibilité.

    Nous avons demandé aux 15 personnes d’évaluer l’action des séances sur leurs douleurs.

    0 1 2 3 4 5

    Tennis

    Kayak

    Handfauteuil

    Handibasket

    Handbike

    Vélo

    Nata8on

    Culturephysique

    Ac:vitéspor:ve

  • 26

    Figure 21 : Graphique résultats obtenus

    Nous constatons que les résultats sont positifs, plus des ¾ ont été totalement ou fortement

    soulagés.

    Figure 22 : Graphique recommandation de l'ostéopathie

    La totalité des personnes ayant déjà consulté un ostéopathe recommandent l’ostéopathie.

    27%

    53%

    20%

    0%

    Résultatsobtenus

    Totalementsoulagé

    Fortementsoulagé

    Amélioré

    Pasdechangement

    100%

    Recomanderiez-vousl'ostéopathie?Oui Non

  • 27

    5.2 Les cas cliniques Nous avons offert nos soins à 2 personnes paraplégiques souffrant régulièrement pour l’une

    d’une épaule et pour l’autre du dos.

    5.2.1 Cas clinique n°1 La première personne est un homme d’une quarantaine d’années souffrant d’une maladie

    dégénérative. Il se déplace en fauteuil roulant manuel. Il pratique le sport régulièrement

    (kinésithérapie, handbike). Il y a un an il s’est fait opéré de la coiffe des rotateurs de l’épaule

    gauche. Les mois qui ont suivi ont été éprouvants étant donné qu’il ne pouvait plus se

    déplacer. 1 mois avant notre séance en montant son fauteuil dans sa voiture les douleurs sont

    réapparues, accentuées depuis par les transferts et ses déplacements.

    Après avoir exclu une dysfonction du bassin et une dysfonction viscérale, nous nous sommes

    concentrés sur la ceinture scapulaire, le membre supérieur, le niveau dorsal moyen et

    supérieur et le niveau cervical. Le traitement s’est axé principalement sur le plan articulaire,

    puis nous l’avons complété par des étirements musculaires et des manœuvres

    complémentaires concernant les tendons, le plexus brachial et les émergences des nerfs. Nous

    avons fini la séance par des conseils notamment sur les gestes quotidiens : transferts du

    fauteuil au lit, plier et transférer le fauteuil, ramasser un objet, porter des charges lourdes… ;

    et des étirements, le kinésithérapeute se concentrant principalement sur les membres

    inférieurs du patient.

    Date : 18/02/2016

    Compte rendu patient 1

    Patient H/F : 42 ans.

    Motif de la consultation :

    Douleur épaule gauche, suite à un faut mouvement au moment d’un transfert de fauteuil il y a un mois.

    Interrogatoire :

    Sclérose en plaque.

    Paraplégique, se déplace en fauteuil roulant manuel.

    Antécédent :

    Il y a un an, opération de la coiffe des rotateurs épaule gauche.

  • 28

    Diagnostic et traitement :

    D4 en FLRg : technique Sutherland

    C7 D1 en FLRg : technique Sutherland

    K1 en expiration à gauche : technique Sutherland

    Manœuvre de mobilisation passive globale sur les 2 épaules

    Articulation sterno-costo-claviculaire : OK

    Articulation acromio- claviculaire supérieure : technique directe

    Tête humérale :

    - en antériorité : Kocher technic

    - en supériorité : technique directe assis

    - en rotation interne : technique Sutherland

    Triggers point : deltoïde, supra-épineux, biceps brachial

    Repositionnement par crochetage des tendons du biceps brachial et coraco-brachial

    Etirement du plexus brachial

    Technique neuro-ostéopathique sur le nerf axillaire

    Manœuvres préparatoires de la région cervicale

    CO C1 en FLRd : technique Sutherland

    Conseils :

    Se concentrer sur la position lors des changements de positions, transferts et port de charges lourdes.

    Bilan de la prise en charge : le soir et le lendemain le patient s’est senti soulagé et ce bien-être

    a duré quelques semaines. Mais après un peu plus d’1 mois les douleurs sont réapparues.

    5.2.2 Cas clinique n°2 La seconde personne que nous avons rencontrée est une femme âgée de soixante ans. Elle a

    subi un accident de voiture il y a 18 ans et est depuis restée paraplégique, l’étage atteint se

    situe au niveau de la charnière dorsolombaire. Cette patiente souffre du dos de manière

    chronique.

    A l’inspection nous avons pu observer que cette femme était très cyphosée, les épaules

    enroulées vers l’avant, comme « refermée sur elle-même ». Après avoir traité le côté

    fonctionnel, nous nous sommes dirigés sur le thorax dans le but de « libérer » cette personne,

    de lui redonner plus d’amplitude et de volume au niveau thoracique. Nous avons donc

    travaillé le diaphragme, le ligament suspenseur du dôme pleural, la plèvre pariétale, le

    médiastin … Nous lui avons ensuite conseillé de travailler sur sa respiration (la cohérence

    cardiaque par exemple) et de s’étirer régulièrement.

    Figure 23 : Compte rendu cas clinique n°1

  • 29

    Date : 18/02/2016

    Compte rendu patient 2

    Patient H/F : 61 ans.

    Motif de la consultation :

    Douleur chronique du dos.

    Interrogatoire :

    Accident de voiture il y a 18 ans.

    Paraplégique, atteinte de la charnière dorsolombaire.

    Se déplace en fauteuil roulant manuel.

    Diagnostic et traitement :

    D4 D5 D6 en FLRd : technique Sutherland

    D7 en flexion bilatérale : technique indirecte

    K6 en expiration à droite : technique Sutherland

    C7 D1 en FLRg : technique Sutherland

    Traits tirés sur les dentelés

    Normalisation globale passive des articulations sterno-costo-claviculaires et acromio-claviculaires

    Diaphragme lift

    Travail du ligament suspenseur du dôme pleural

    Travail de la plèvre pariétale

    Travail du médiastin

    Manœuvres préparatoires de la région cervicale

    Libération de la base du crâne

    Conseils :

    Travail de la respiration, étirement régulier.

    Bilan de la prise en charge : juste après la séance, la patiente nous a déclaré qu’elle se sentait

    « libérée », « apaisée », comme si on lui avait « enlevé un poids sur le dos ». Ces sensations

    « d’allègement », « d’apaisement » et de « libération » ont duré quelques semaines. Puis au

    bout de 2-3 mois elle a commencé à ressentir de nouveau des douleurs.

    Figure 24 : Compte rendu cas clinique n°2

  • 30

    6 Conclusion et perspectives Nous pouvons constater que toutes les personnes ayant participé à notre étude expriment des

    douleurs chroniques liées à leur mode de vie ; et parmi elles, toutes celles qui ont eu recours à

    l’ostéopathie ont été soulagées.

    Nous avons pu observer qu’en fonction de leur mode de vie, moyens de mobilité, sport, vie

    quotidienne, etc… les personnes atteintes d’un handicap moteur souffrent de maux et de

    troubles différents. Un seul protocole de traitement ne serait donc pas envisageable car

    l’anamnèse et l’attente du patient sont différentes dans chaque cas.

    Grâce aux cas cliniques, nous avons pu constater qu’une seule séance occasionnelle, même si

    elle est efficace sur le moment, n’est pas suffisante dans la durée. Au bout de plusieurs

    semaines, du fait des difficultés que les personnes handicapées moteur rencontrent

    constamment dans leur vie quotidienne, les dysfonctions et les douleurs qui les accompagnent

    reviennent. Il est donc important d’avoir un suivi ostéopathique régulier pour améliorer la

    qualité de vie des patients et faire durer les résultats acquis dans le temps.

    Selon les réponses obtenues à notre questionnaire, un peu plus d’1/3 des personnes n’ont

    jamais eu recours à l’ostéopathie. Pour améliorer ce résultat, nous pouvons continuer de

    promouvoir l’ostéopathie tout comme le font certaines associations, telle que Enfant

    Handicapé Espoir Ostéopathique15 (EHEO) et continuer d’informer les patients et le corps

    médical/paramédical sur les bienfaits que l’ostéopathie peut apporter en complément. De plus,

    il est important d’améliorer l’accessibilité, que ce soit du point de vue de l’accès au cabinet

    (ascenseur, rampe) mais aussi faciliter la prise en charge à domicile ou en centres spécialisés.

    Enfin, les personnes handicapées moteur ne bénéficient pas de remboursement de la sécurité

    sociale pour l’ostéopathie, même si les mutuelles remboursent de mieux en mieux, les

    traitements ostéopathiques constituent une charge financière importante.

    Pour cette étude, nous avons rencontré certaines limites. Nous avons eu seulement 22

    réponses au questionnaire. Cette faible quantité de réponses s’explique par les contraintes de

    temps, le questionnaire a été diffusé 2 mois, durée relativement courte pour informer les

    personnes concernées et récolter suffisamment de données.

    15 http://www.osteopathie-france.net/associations-pro/asso-humanitaire/276-eheo

  • 31

    Concernant les cas cliniques, nous n’avons rencontré que 2 personnes, cependant ces 2 cas

    nous ont paru très représentatifs des profils cités dans notre questionnaire.

    Au vu de ces résultats, notre objectif de démontrer l’intérêt de l’ostéopathie dans la prise en

    charge des personnes handicapées moteur quant à leur qualité de vie au quotidien semble être

    atteint, à condition de s’adapter à chaque personne et d’avoir un suivi régulier.

    Les personnes atteintes d’un handicap moteur doivent faire face à de nombreux problèmes au

    quotidien, ce qui a des conséquences sur leur état psychique. Leurs difficultés de

    déplacement, leur adaptation au monde professionnel, à leur environnement, leur sentiment de

    dépendance, ont des répercussions psychologiques. C’est une épreuve permanente, leur

    confiance en eux et leur estime de soi peuvent être fragilisées, instables, ce qui n’est pas sans

    conséquences sur leur vie personnelle et/ou professionnelle. Dans ce mémoire, nous nous

    sommes attachés à améliorer les problèmes physiques, à gagner plus de mobilité, à traiter les

    troubles fonctionnels. Nous savons qu’un état de bien être physique améliore le bien être

    moral. Les 2 aspects sont liés comme l’a confirmé notre patiente n°2 en utilisant les termes

    « de libération », « d’apaisement » à l’issue de notre traitement. Dans une continuité à notre

    étude, nous pourrions donc intégrer l’amélioration psychologique et mesurer non seulement

    les effets physiques mais aussi les répercussions d’une prise en charge ostéopathique sur la

    vie sociale et professionnelle des personnes handicapées moteur.

  • 32

    7 Bibliographie (s.d.). Consulté le 2 7, 2016, sur adepa.fr: http://www.adepa.fr/reeducation/les-causes-

    damputation/

    (s.d.). Consulté le 02 9, 2016, sur conseil.gdle.net:

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    CCAH. (s.d.). Les différents types de handicap. Consulté le 12 9, 2015, sur ccah.fr (le Comité

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    EHEO.org. (s.d.). Récupéré sur http://www.osteopathie-france.net/associations-pro/asso-

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    MDPH. (2011, 05 12). Définition du handicap. Consulté le 12 9, 2015, sur MDPH.fr (Le

    portail Dédié aux Maisons Départementales des Personnes Handicapées):

    http://www.osteopathe-syndicat.fr/patient-visiteur-osteopathe/presentation-de-

    losteopathie.html

    SFDO. (2014, 12 9). Présentation de l'ostéopathie . Consulté le 12 9, 2015, sur SFDO

    (Syndicat Français Des Ostéopathes): http://www.osteopathe-syndicat.fr/patient-visiteur-

    osteopathe/presentation-de-losteopathie.html

    STILL, A. T. (2013). Autobiographie (éd. 4e édition). Vannes: Sully.

    STILL, A. T. (2003). Philosophie de l'ostéopathie. Vannes: Sully.

    wikipedia. (2015, 12 2). ostéopathie. Consulté le 12 9, 2015, sur fr.wikipedia.org:

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Ostéopathie