Origine du patronyme Parron (1)

• 1-origines des patronymesLes historiens s’accordent pour dater les premiers patronymes aux 10e et 11e siècles; ils permettent de mieuxdistinguer les individus entre eux, ce qui était très insuffisant auparavant avec un seul nom de baptême; la vraie raisonétait sans doute d’ordre administratif, notamment pour faciliter le recouvrement des impôts. On va attribuer aux gensun patronyme en fonction de leur ancien nom de baptême (comme par exemple Nicolas), de leur profession (Meunierpar exemple), de leur apparence physique (Roux, Boiteux…), de leur rang social (Chevalier…), et surtout du lieu oùils habitent ( Dupont, Rivière, Dubois…).

• 2-origine probable du patronyme ParronC’est probablement le dernier cas cité plus haut qui correspondrait à l’origine de Parron. Il existe beaucoup de termeslatins, français, occitans qui auraient pu donner ce patronyme par dérivation mais c’est le nom de montagnes (ouoronyme) dans le Valais en Suisse romande, donc en franco-provençal ou arpitan, qui nous donne une terminologieexacte: on peut avancer l’hypothèse qu’une communauté familiale agro-pastorale s’installa donc vers le 8e-9e siècle àl’extrémité sud du Val Ferret au pied d’accidents topographiques nommés « Parron », d’où elle tira son nom au 10-11e

siècle!

Origine du patronyme Parron (2)

• Linguistique et histoireDe -58 à -51 avant Jésus Christ, César conquiert toute la Gaule (toute?) après la défaite de Vercingétorix à Alésia en -52. Pour les archéologues français, c’est la date qui marque la fin de l’âge des métaux et le début de l’Antiquité gallo-romaine. Le latin va devenir la langue officielle en Gaule pour la classe dirigeante, alors que le peuple va l’intégrerdans son langage pour aboutir à un idiome roman, substrat lexical commun à toutes les langues romanes postérieures.Plus tard, les Francs qui vont envahir le Nord de la Gaule, parlaient le francique, langue qui, à son tour, va influencerle roman pour évoluer en langue d’oïl puis en français.

Origine du patronyme Parron (3)

On dit que le francique est un superstrat de la langue d’oïl. Dans le tiers sud de la Gaule, c’est l’évolution de l’idiomeroman qui va donner la langue d’oc encore parlée de nos jours; il existe une troisième langue issue du gallo-romaindont l’origine est plus controversée; il s’agit du franco-provençal ou arpitan. Il suffit de comparer l’aire géographiquedu royaume des Burgondes au 5e siècle (sans ses extensions maximales au Nord et au Sud) et l’aire de répartition dufranco-provençal pour affirmer sans trop se tromper que le burgonde doit être un superstrat de l’arpitan qui sedéveloppe au 8e siècle! Rappelons que les Burgondes étaient un peuple germanique qui a participé aux invasions« barbares » responsables de la disparition de l’Empire romain occidental.

• Répartition du patronyme ParronLes principaux « foyers » où l’on rencontre des Parron se situent à Grenoble dans l’Isère, à Lus la Croix Haute dansla Drôme, dans les Hautes Alpes à Ceillac, autour de Lyon, dans la Loire, dans l’Ain et le long de la vallée de l’Allier;d’autres foyers « secondaires » concernent le sud de la vallée du Rhône et les Bouches du Rhône, le pays catalan, laLorraine, la Haute Loire, la Haute Saône, la Somme.

Origine du patronyme Parron (4)

Répartition du patronyme Parron (en rouge, émigration primaire, en bleu, secondaire)

Origine du patronyme Parron (5)

• Sur cette carte, on voit quand même se dessiner une répartition dite primaire, centrée sur les Alpes, le Dauphiné,Lyon, la Drôme, ce qui n’est pas sans rappeler l’aire franco-provençale qui occupe en France, la région Auvergne-Rhône-Alpes soit la Savoie sensu lato (Savoie sensu stricto, la Maurienne, la Tarentaise, le Genevois, le Chablais, etFaucigny), le Forez (département de la Loire), la Bresse, la Dombes, le Revermont, le pays de Gex, le Bugey, Lyon etsa région, le Dauphiné du nord, une partie de la Franche-Comté, de la Saône et Loire et de la Montagne bourbonnaisedans L’Allier, la Suisse romande et en Italie, la vallée d’Aoste et certaines vallées piémontaises.

• Il est fort probable, comme on l’a vu, que les Parron soient originaires d’une vallée des Alpes suisses et qu’ils s’ysoient installés au temps de Charlemagne ou même antérieurement! L’acquisition du nom daterait du 10 ou 11e siècle.En 972, les pilleurs Sarrasins ont été vaincus au Fraissinet (Var) et s’en suit une période de redistribution des terresentre les seigneurs laïcs qui avaient défendu les communautés contre l’envahisseur et les évêques qui tentaient derécupérer les biens de leur église. Ce faisant, ils tentaient les uns et les autres de faire travailler à leur profit lespaysans déracinés et de faire reconnaitre leur vassalité à des seigneurs moins puissants qu’eux, et devenaient ainsi lesacteurs de la féodalisation de ce 11e siècle. Cette « privatisation » du pouvoir royal par des seigneurs locauxs’accompagne de prérogatives sur la justice et la défense du territoire; ainsi, ils vont pouvoir lever tout un arsenal detaxes et d’impôts sur les paysans et leurs vassaux, ban et arrière ban, cens, taille, champart, dîme, péages, manse,mainmorte, fours, pressoirs et moulins banaux… Mais ce n’est qu’au début du 12e siècle que la féodalisation ne s’intéressera qu’aux hautes vallées alpines.

• Pendant les 12e et 13e siècles, correspondant aux règnes de Philippe Auguste et de Saint Louis, la populationeuropéenne va connaitre une importante augmentation, grâce à une surproduction agricole résultant d’une« révolution » technique de la métallurgie. Le maximum démographique médiéval est situé en 1335. Les paysansvont pouvoir se réinstaller soit sur de nouvelles terres nouvellement défrichées, soit dans des villes qui bénéficient defranchises sur les taxes et où la vie doit leur sembler plus facile. Cette émigration « primaire » à partir des valléesalpines s’est peut être faite en deux temps, d’abord par une émigration saisonnière, puis par une émigration devenuepérenne; en effet, pour gagner un peu d’argent pour acheter le blé que l’on ne parvient pas à produire en quantitésuffisante en altitude, les communautés paysannes étaient souvent contraintes à émigrer pendant l’hiver, la saisonmorte, pour vendre de produits agricoles sur les marchés urbains, comme le fromage, la laine, les peaux, etc.

L’émigration primaire: Dauphiné, Savoie (1)

• Le « moniteur viennois » du 28 Juin 1620, cite un Balthezard Parron, praticien (clerc de notaire) de Vienne (Isère),qui vient montrer son adresse en tirant à l’arbalète ou à l’arquebuse sur un oiseau en bois appelé « papegay »(perroquet); le vainqueur était nommé roi de l’arquebuse et pouvait prétendre à des primes en argent et même àl’exemption de l’impôt (la taille) pendant un certain temps.

• Acte de mariage du 12 Février 1697 entre Joseph Cartioz et Jeanne Parron à Détrier en Savoie.

L’émigration primaire: Hautes-Alpes (2)

• D’après la monographie de Ceillac de J.Tivolier, plusieurs Parron ont été consuls de Ceillac dans les Hautes Alpesentre 1482 et 1617. Bien que Ceillac ne fasse pas partie de l’aire franco-provençale sensu stricto, nous admettrons quecelle-ci intègre également les zones frontières qu’il ne faut pas voir comme des limites strictes mais comme des zonesoù se succèdent tous les intermédiaires entre occitan et arpitan sans qu’on puisse tracer une limite entre les deuxpatois. De toute façon, ces premiers Parron à émigrer sans trop descendre en altitude, n’ont pas eu à se déplacer bienloin pour s’installer à Ceillac.

L’émigration primaire: Franche-Comté (3)

• La Franche-Comté se situe à la limite nord du domaine arpitan; on trouve à Vesoul (Haute Saône) des Parron de vieillesouche: Ludovica Parron née le 9 Avril 1635, fille de Hugonis Parron et de Claudine Ribillot; l’acte de baptême esten latin malgré l’ordonnance de Villers-Cotterêts édictée par François Ier en 1539, soit un siècle plus tôt.

• Un deuxième acte de baptême du 28 Mars 1657, toujours en latin, concerne Balthazar Parron fils de Stéphane Parronet de Stéphanie du Marchet; sont-ils parents avec les précédents?

L’émigration primaire: Franche-Comté (suite) (4)

• Toujours à Vesoul, l’acte de décès de son fils en 1788 nous indique qu’un certain Charles Parron était receveur desdroits et émoluments du sceau en la chancellerie du présidial de Vesoul (tribunal pour les affaires civiles de moindreimportance).

• Plus au sud, les archives de l’église collégiale de Dôle dans le Jura nous rappelle qu’une certaine Bénigne Parron s’estacquittée de son loyer (ou cens) en 1620, 1627 et 1633 pour un bien qu’elle loue à cette église à Parcey, au sud de Dôlesur la Loue.

• Nous avons même retrouvé un lien de parenté avec l’industriel Armand Peugeot, célèbre fabricant de voitures àSochaux (Doubs): jean Parron (de Dasles, Doubs) est l’époux d’une aïeule d’Armand à la 7e génération.

L’émigration primaire: Bresse et Saône et Loire (5)

• A Mouthier en Bresse (71), deux actes indiquent la présence de Jacqueline et de Jeanne Parron au début du 17e siècle.

(Le parrain, François Guitre est procureur d’office à Bellevesvre; celui-ci veille à la sauvegarde des intérêts de lasociété publique devant un tribunal.).Vers Montceau les Mines, au sud de la région Bourgogne-Franche-Comté, on trouve un Léonard Parron au début du17e siècle, installé à Saint Eusèbe et Théophile, fils d’Antoine Parron, laboureur à Pouilloux, et de Anne Droin, sonépouse. A proximité,on trouve une communauté Parron assez importante à Marizy (71).

L’émigration primaire: Ain, la Dombes (6)• Il y a plusieurs Parron figurant dans les actes de villages situés de part et d’autre de la limite ente la Haute Savoie et

l’Ain: mariage à Seyssel (01) entre François Marcet et Françoise Fournier le 4 Février 1755; la mère de l’épouse estJeanne Parron; décès à Lornay (74) d’Antonia Parron, mariage à Seyssel le 22 Janvier de Ballet Charles dont lamère est Marie Parron; décès le 29 Décembre 1749 à Seyssel d’Andrea Parron, épouse de François Violet et mère deFrançois, Etiennette et Claudine.

• De l’autre côté du département de l’Ain, dans la région des Dombes, Claude Parron père, cultivateur, et son épouseClaudine Chanteins ont eu un fils Claude, décédé en 1883 à Villeneuve (Ain); celui-ci a eu deux fils Claude (dont onne connait pas le nom de sa mère) qui nait le 3 Décembre 1854 à Villeneuve (Ain), et Pierre, né le 14 Janvier 1862 ;Claude épousa Catherine Moyne dont il a eu cinq enfants:

– Claudine Catherine, née en 1890 à Villeneuve qui épousera ClaudeChevrolat

– Claude né le 27 Octobre 1894 à Villeneuve , qui sera incorporé le1er Aout 1914 au 44e RI, puis au 26e. Il écrira des carnets de guerrequi peuvent être lus sur ce site dans « liens utiles »! Il est réforméle 31/07/1919 pour avoir contracté une pleurésiemais il mourra de tuberculose le 31 Août 1919 à Villeneuve

– Jean-François-Alexandre est né le 3 Octobre 1899 à Villeneuve,sera cultivateur comme toute la famille, mais décédera,comme son frère, de tuberculose à l’âge de 21 ans!

– Louise est née en 1901 à Villeneuve ; elle épousera François Ansoudle 12 Avril 1916 dont elle aura 3 enfants; elle décède à Belleville(Rhône) le 10 Août 1981.

– Pierre , né?, va épouser Maria Porte dont il aura un enfant Maurice.

L’émigration primaire: Lausanne (7)• Je n’ai pas encore exploré l’état-civil en Suisse romande car le système est différent et demandera de faire des

recherches spécifiques. Pour l’instant, je me suis contenté du moteur de recherche Google pour obtenir un premierrésultat concernant le patronyme Parron actuel. Il s’agit d’Elisa Parron, une jeune et jolie photographe lausannoisespécialisée dans le monde sportif et musical. Son père était dans footballeur au Lausanne sport quand il avait 18 ans.

• Le problème de la recherche généalogique récente est la non-communication de l’état civil des ascendants directsd’une personne après 1900-1910, ce qui se conçoit fort bien pour des raisons de confidentialité. Il faudra donc prendrecontact avec les Parron de Lausanne pour en apprendre plus sur leurs ascendants.

L’émigration primaire: Lyon (8)• Le plus ancien acte portant le patronyme Parron date du 7 Octobre 1623 est celui du baptême de Claude Parron à

Condrieu dans le Rhône où il est écrit qu’il est le fils de Mathieu Parron et Claudine Garde, ce qui montre unenracinement ancien dans cette région lyonnaise, au moins au 16e siècle. Au moins deux de leurs enfants vont naitre àla Mourlarie près de La Chapelle-Villard dans la Loire, très près du Rhône: Estiennette et Jean. Jean va s’y marieravec Marie Tranchant.

Ils auront 5 enfants qui vont se distribuer selon les mariages dans les environs: Jean qui épousera Denise Thollier en1691 à Condrieu, Paul, qui se marie et décède à Echalas dans le Rhône, Laurense née à Givors (69), se marie àCondrieu, Pierre se marie à Longes (69), ainsi qu’Etienne. Leur descendance restera dans cette région et poussera unepointe à Chanas dans l’Isère.( voir l’arbre d’Yvette Pailhes publié sur Généanet qui a servi de référence).

• Chez le notaire Deleullion à Courzieu (69), on a retrouvé le testament d’Anthoine Parron, maitre boulanger àBessenay, et de son épouse Etiennette Seyty, rédigé en faveur de leurs enfants Antoine, Claudine, Antoinette et Mariedatant de 1707. De même, à Lentilly (69), un généalogiste a mis en ligne l’acte de décès du 14 Avril 1829 de Marie-Sophie Parron, épouse de Valentin Barrillet. Pour ces deux cas isolés, je n’ai pas pu établir de lien avec d’autresParron, ce qui fait penser à une implantation très ancienne de ce patronyme qui daterait sans doute de l’émigrationprimaire.

L’émigration primaire: Lyon (8) (suite)

• D’après les actes de mariage de la ville de Lyon entre 1800 et 1849, il y avait deux branches Parron: celle des« mariniers » et celle du galocher Jean Parron.

• D’après l’acte du mariage entre Philippe Parron et Louise Richard le 30 Prairial an 8 soit le 19 Juin 1800, le marié estle fils de Laurent, voiturier par eau sur la Saône et habitait le quai Serin à la Croix Rousse; sa sœur Marie Parron, vaépouser le 6 Juin 1801, Claude Brun, lui aussi voiturier par eau, et a comme témoin son frère Jacques Parron, aussivoiturier sur la Saône! Jacques, né en 1775 à Givors (69), va épouser sa belle-sœur Louise Richard (devenue veuve?).Ils auront un fils François Parron, né le 18/12/1805 qui sera marinier également! Il sera l’auteur d’un acte de couragecomme le relate le Bulletin Officiel du Ministère de l’Intérieur:

• L’acte du mariage du 18/09/1802 entre Claude-Thomas Parron et Madeleine Corgnio signale que le marié a 27 ans ,qu’il habite Grande Côte à Lyon et qu’il est le fils majeur de Jean Parron, galocher, et de Marie Berger son épouse.La sœur de Claude-Thomas, Marie-Anne Parron, est fabricante d’étoffe de soie (comme il se doit à Lyon!).

L’émigration primaire: la Vallée d’Aoste (9)• C’est un acte de mariage qui a eu lieu à Guillestre (05) en1829 qui nous indique que Chaffrey Parro, journalier, est né

il y a 31 ans dans l’arrondissement de Saint Pierre en Vallée d’Aoste et qu’il était le fils de Chaffrey Parro décédé àGuillestre en 1819.

• Il a donc émigré avec ses parents jusqu’à Guillestre en passant sans doute par le col du Mont Genèvre, et donc par la via Domitia créée par les Romains en 120 avant JC, pour relier l’Italie à l’Espagne et desservir la Narbonnaise, la nouvelle province transalpine. Puis ce col sera emprunté par toutes sortes d’envahisseurs: Ostrogoths, Lombards, Sarrasins, Huns…

• Il est peu douteux que Parro est l’équivalent du patronyme Parron « italianisé » et donc que ce patronyme existait bien en valdôtain.

L’émigration secondaire: La Haute Loire (1)• La Haute Loire a pu être fière d’accueillir 2 familles, l’une aristocratique, celle de Simon de Parron après une

nomination administrative de prestige, l’autre, plus modeste, mais qui lui donna un soldat héroïque:- Le Vicomte Simon Dominique de Parron, a exercé pendant 38 ans les fonctions de Receveur Général des

finances; d’après la biographie de H. de Lestrées, il le fit à la satisfaction générale du gouvernement et descontribuables surtout sous l’occupation des troupes autrichiennes en 1814, pendant laquelle il mit à disposition de laville du Puy, alors exsangue, son propre argent. Le remboursement s’effectua plusieurs mois après sans intérêt. Malgrédes offres d’avancement, il poursuivit sa longue carrière administrative dans cette ville qu’il aimait.

- Pierre André Victor Parron, né le 2 Février 1823 au Puy était issu d’une famille modeste, son grand-pèreJean-Pierre était commerçant charcutier, son père Jean-Antoine était employé à la préfecture et habitait avec sonépouse Catherine Decolin rue Courrerie. Faute d’actes généalogiques, on ne sait pas si son implantation était anciennemais on peut douter de son origine « primaire » car Le Puy est en zone franchement occitane. Victor fit de brillantesétudes secondaires et sortit de Saint Cyr en 1844. Il a eu la Croix d’officier de la Légion d’Honneur à l’occasiond’expéditions militaires en Afrique, en Crimée et en Italie. Chef de bataillon au 15e de ligne de l’armée du Rhin quifaisait partie du corps Ladmirault, il mourut « glorieusement » à Gravelotte le 18 Août 1870, contre les Prussiens!Les 2 hommes ont été des donateurs généreux du musée Crozatier du Puy en Velay à quelques 50 ans d’intervalle!

(En fait don effectué par Prosper de Parron en 1826 mais avec l’intermédiaire de son frère Simon) (extrait d’une séance au Musée du Puy en 1874)

L’émigration secondaire: principauté d’Orange (2)

• Dans l’histoire de la principauté d’Orange de W. Leemans, les guerres de religion ont laissé de nombreuses traces; en1568, les Catholiques réinvestissent la ville et établissent la liste de la « Visite générale »; c’est une sorte derecensement, surtout fait pour distinguer les catholiques des huguenots; on trouve dans cette liste un certain ClaudeParron, « huguenot étranger, absent et fugitif ». Après quoi, les Protestants reprirent la ville d’Orange, qui redevientun refuge pour tous les Huguenots du Midi de la France et sans doute des Alpes car appartenant au Royaume des PaysBas, ouvert aux idées de la Réforme. On ne sait pas ce qu’est devenu Claude, peut-être s’est-il réfugié aux Pays Basaprès la révocation de l’édit de Nantes en 1685?

L’émigration secondaire: la Vallée de l’Allier (3)• L’Allier a gardé la trace de Jacques Dominique Louis de Parron soit par son épouse Joséphine Cohade d’Augerolles qui

possédait un domaine à Saint Agne, soit par sa grand-mère Marie Françoise Deschaux épouse de Dominique de Parronalias Nicolas Parron, car celle-ci reçut en héritage le château de Verzun (voir la vignette consacrée aux de Parron). Cethéritage vient de Louise Parron, morte vers 1774; elle était veuve de Gilbert Chambon, sieur de Verzun puis remariéeen secondes noces à Pierre de Vauchaussade, sieur du Chez, lieutenant de dragons au régiment de la Suze, Chevalier deSaint Louis (comme Nicolas) et gouverneur de Chantelle. J’ignore quel pouvait être le lien de parenté entre Louise etNicolas, peut être sa sœur? D’après l’acte de son second mariage du 11 Juillet 1740, Annet Parron, le père de Louise,était un bourgeois de Monton (actuellement Veyre-Monton dans le Puy de Dôme près de Clermont Ferrand).

• Mais c’est surtout l’émigration « secondaire » ancienne qui a marqué cette vallée de L’Allier; au nord, à Moulins, étaitétabli au début du 17e siècle un certain Edme Parron, marié, qui eu au moins deux fils, Pierre et Jean. Ce dernier semaria le 1er Février 1699 avec Antoinette Delieu? Mais c’est surtout à Pont de Château que l’on va trouver la plus fortedensité de Parron de toute l’histoire de ce patronyme, quelques 255 Parron différents sont répertoriés dans les actesd’état civil de la ville: on doit ce travail remarquable à Patricia Pertus (patricia13 dans Généanet) que je remercie ici.On peut se poser la question de la raison qui a poussé les premiers émigrants à faire souche à cet endroit qui déborde unpeu de la limite ouest de l’aire de l’arpitan (monts du Bourbonnais dans l’Allier) mais je pense avoir une idée: en effet,le vignoble de la vallée était déjà très réputé, mais avec l’optimum climatique médiéval (POM) du 13e siècle, il aconnu une expansion considérable: on estime à 10000 ha la surface plantée en vignes, divisée en parcelles de 0.2 à 0.8ha chacune, appartenant à un grand nombre de viticulteurs qui ont eu besoin d’une main d’œuvre innombrable. Aucours du temps, nombre de Parron sont devenus vignerons à leur tour comme l’indique les actes d’état civil! D’autresont été impliqué dans le commerce du vin et sont devenus mariniers.

L’émigration secondaire: les cloutiers du Forez (4)

• Jean-Baptiste Parron va s’établir à Saint Julien en Jarez, un quartier de Saint Chamond dans la Loire, sans doute attirépar le salaire que l’on peut espérer dans un bassin houiller en pleine expansion (le bassin de Saint-Etienne-Rive de Giera fourni 40% de la production nationale de charbon en 1820-1830). Vient-il de la région lyonnaise très proche où ildevait être paysan ou peut-être était-il issu d’une famille Parron venue s’installer pendant l’émigration « primaire »pour travailler la terre dans le Forez et qui faisait partie de l’aire franco-provençale?

• En tout cas, il s’y marie avec Catherine Olognier et devient cloutier; en effet, à côté de l’extraction du charbon sedéveloppe la métallurgie, grande consommatrice d’énergie: armes, machines-outils, cycles, quincaillerie; les ouvrierstravaillant dans cette dernière spécialité seront appelés des « cloutiers » bien qu’ils fabriquent de tout. Leursdescendants mâles seront tous ouvriers cloutiers sauf Jean-Claude Parron, leur fils né le 25/1/1780, marié àMarguerite Grangier en 1800 qui travaille le charbon à ciel ouvert mais qui mourra enseveli suite à un éboulementdu front de taille le 8/8/1822. Un des enfants, Jean Baptiste (2 prénoms séparés), né en 1807, va épouser Marie Gallotet aura un fils qu’il nommera Jean-Baptiste (1 seul prénom), ce qui dénote un esprit « tordu » (d’ailleurs, sur la fin desa vie, en 1879, il aura affaire à la justice pour attentat à la pudeur!). A son tour, Jean-Baptiste va épouser AntoinettePérier dont il aura 3 enfants dont l’un, Louis Parron, né en 1849, va rejoindre le bassin houiller du nord à Dunkerquecar celui de la Loire commence à décliner! On retrouve sa trace lors du recensement de 1906, où il est écrit qu’il habite24, Quai de l’Estran à Dunkerque et qu’il est passé chef-forgeron.

L’émigration secondaire: les Lorrains (5)

• Vers 1650, Jean Parron arrive à Xanrey en Moselle, comme Régent des écoles; on ne sait pas d’où il vient mais sansdoute d’une région catholique car pour être embauché par la communauté paroissiale, il faut l’accord de l’Evêque quin’accorde ses lettres de régence qu’après enquête de moralité. Le contexte religieux de cette époque est tendu car laRéforme protestante gagne du terrain, notamment en Lorraine qui subit l’influence de l’Alsace toute proche, acquise àle Réforme. La contre-réforme catholique va donc pousser à augmenter le nombre des écoles en Lorraine pourrenforcer l’enseignement de la Foi en espérant créer un « rempart » contre la Réforme. L’école en France d’alors estassurée par l’Eglise mais ce sont les familles qui paient au régent un droit « d’écolage ».

• Jean va épouser Elisabeth Barret, qui , elle, est bien du pays car née à Marsal en Moselle pas loin de Xanrey. Ils auront11 enfants.

• Pour l’anecdote, à l’époque les barbiers officiaient également comme chirurgiens, ce qui est le cas de Claude ( 1672-1700), un des fils de Jean, qui exercera comme chirurgien –barbier à Xanrey.

L’émigration secondaire: les Picards (6)

• Comme on l’a déjà vu, les 12e et 13e siècles vont connaître une expansion économique grâce, d’une part, au progrès dela métallurgie qui va permettre d’obtenir un outillage plus solide fabriqué par une nouvelle classe d’artisans, lesforgerons (qui sont à l’origine du patronyme Fèvre qui les désigne en langue d’oil!) et, d’autre part, à l’améliorationdes pratiques agricoles, comme l’assolement triennal qui est la division du finage (ensemble des terres cultivablesnécessaires à la vie d’une communauté rurale) en 3 soles: une pour les céréales d’hiver (blé en majorité), une pour lescéréales de printemps (orge, avoine ou légumineuse) et une laissée en jachère. Ainsi, les terres en jachère vontpermettre l’élevage des ovins et donc tout ce qui en découle, comme la production de laine et la fabrique de draps aprèstissage. De plus, en Picardie, s’ajoute la culture de la waide (ou guède ou or bleu de Picardie) qui est une plantecrucifère tinctoriale (Isatis tinctoria) qui pousse à l’état naturel sur les plateaux calcaires picards et qui donne unecouleur pastel bleu. On va donc s’en servir, grâce également à la qualité des eaux de la Somme et du Thérain, à teinterles draps de laine: les draps « bleus d’Amiens » vont jouir d’une grande réputation à tel point qu’Amiens fera partie dela Hanse des 17 villes qui était avant 1230 une ghilde (ou guilde) de marchands drapiers du Nord de la France et desFlandres dont le commerce était organisé autour des foires réputées (Troyes en Champagne, Lendit entre Paris et laSeine Saint Denis,…)

• Tout naturellement, les Parron, probablement d’origine alpestre comme nous l’avons vu, devaient compter dans leursrangs des éléveurs d’ovins prêts à saisir cette opportunité d’emploi qualifié pour émigrer vers la Picardie, d’autant plusque celle-ci n’est pas trop éloignée des massifs montagneux du nord-ouest de l’Arpitanie (Jura français et suisse, Alpesde la Suisse romande) et bien imprégnés de culture d’oïl! Dans un deuxième temps, cette émigration secondaire vaplutôt concerner des métiers liés à l’ « industrie » lainière sensu stricto notamment la bonneterie très implantée dans larégion du plateau de Santerre comme à Lihons, village rural où l’on trouve la majorité de la branche picarde desParron; en fait les manufactures lainières, aux mains de marchands, étaient concentrées dans le centre urbaind’Amiens mais leurs activités débordaient dans les campagnes environnantes car la croissance de l’industrialisationtextile était plus rapide que celle de la population urbaine. D’après les actes d’Etat Civil encore disponibles malgré lesravages de la Grande Guerre, les femmes étaient couseuses de bas et/ou fabriquaient des bas grâce à des métiers à basmis à leur disposition dans leur habitation; les hommes étaient faiseurs d’aiguilles, ce qui nécessitait un équipementsomme toute assez léger.

L’émigration secondaire: les Picards (7)

• Le déclin de l’activité textile dans le nord de la France s’est produit à la fin du XVIIIe siècle, ce qui a amené une partiedes Parron picards à émigrer vers la région parisienne, à la Chapelle dans l’ancien département de la Seine au nord deParis, où ils se sont établis comme nourrisseurs; ce sont des éleveurs spécialisés dans l’engraissement du bétail destinéà la boucherie, ce qui n’est pas sans rappeler leurs origines d’éleveurs d’ovins en Picardie ou, plus anciennement, demontagne.

• Remarque: c’est la première fois que le patronyme Parron est mal orthographié, après des débuts normaux, et devientsystématiquement Paron, alors que dans le centre et le sud de la France on observe que très peu de modifications. Jel’interprète en constatant que la Somme est le seul pays de langue d’oïl où va se développer une branche Parron, avecla Moselle, et qu’en conséquence, la prononciation est différente de celles du franco-provençal et de l’occitan: parexemple, dans le sud, on prononce toutes les lettres et on aura donc tendance à rouler les 2 R dans le nom Parron, alorsque dans le nord, on a tendance à contracter les mots et donc à prononcer Paron avec 1 seul R. Pour la famille Parronde Xanrey en Moselle, on peut penser que Jean Parron, recteur d’école, était à même de rectifier l’orthographe de sonnom de famille.

• Si cette émigration secondaire est ancienne et sans doute assez longue car dans la « continuité » avec les originesalpestres des Parron, il ne suffira que peu de temps pour que le fils de Georges Armand et de Marguerite Maclet,déclenche une émigration « tertiaire » très rapide: en effet Jean Baptiste Etienne va quitter Lihons et s’installercomme nourrisseur à Paris et y fonder une famille; ses filles vont même épouser des éléveurs de province: Augustine-Zoe Guillaume Mabit du Cantal, Marguerite-Antoinette Antoine Mabit, le frère de Guillaume et Sophie JosephCapoulade de l’Aveyron!

L’émigration secondaire: les Picards (8)