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16 Livret Henri MEILHAC et Ludovic HALÉVY Création Opéra Comique, Paris, le 3 mars 1875 Production Opéra de Rouen Haute-Normandie, Opéra de Limoges Direction musicale : Luciano ACOCELLA Mise en scène : Frédéric ROELS Décors : Bruno DE LAVENÈRE Costumes : Lionel LESIRE Lumières : Laurent CASTAINGT Chorégraphie : Sergio SIMÒN Chanteurs Carmen : Vivica GENAUX Don José : Florian LACONI Micaëla : Pauline COURTIN Escamillo : Christian HELMER Mercedes : Tatyana ILYIN Frasquita : Jenny DAVIET Moralès : Pietro DI BIANCO Le Dancaïre : Lionel PEINTRE Remendado : Xin WANG Zuniga : Julien VÉRONÈSE Lilas Pastia, le Guide : Yann DACOSTA Orchestre de l’Opéra de Rouen Haute-Normandie Choeur Accentus Opéra de Rouen Haute-Normandie Maîtrise du Conservatoire de Rouen A voir... A Rouen, Théâtre des Arts : 25, 27 et 29 septembre 1 er , 3, 5 et 7 octobre De 10 à 65 - Réservations : 0810 811 116 A Versailles, Opéra Royal : 14, 16 et 18 octobre De 55 à 165 - Réservations : 01 30 83 78 89 Georges Bizet 1875 Opéra en quatre actes d’après la nouvelle de Prosper Mérimée C Qui pourrait aujourd’hui penser que Carmen , l’opéra français le plus joué sur les scènes du monde fut boudé par la critique à sa création ? En adaptant la nouvelle de Prosper Mérimée, inspirée d’un fait-divers, et en introduisant le meurtre sur la scène de l’Opéra-Comique, Georges Bizet choqua ses contemporains. Mort trois mois plus tard, le compositeur n’eut pas le temps de savourer sa gloire et de mesurer la fascina- tion du public pour son œuvre. Car Carmen fait bel et bien partie du patrimoine col- lectif mondial. « L’amour est un oiseau rebelle » , « Toréador, prends garde » , « La fleur que tu m’avais jetée » sont autant de tubes qui trottent dans la tête de tout un chacun et alimentent cette passion que nous avons pour le mythe de la femme rebelle. Voir article pages suivantes : Entretiens avec le metteur en scène et le rôle-titre Images : Page 18 : Frédéris Roels - Photo : David Morganti ; page 24 : Vivica Genaux (D. R.) Carmen à l'opéra de Rouen - Sept 2012 - Toutes photos sauf mention contraire : Frédéric Carnuccini / agence Albatros Page 21 : Photo : Jean Pouget Page 23 : Maquettes de décors : Bruno de Lavenère Carmen à l’Opéra de Rouen - Don José (Florian Laconi) - Carmen (Vivica Genaux) armen

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L i v r e t Henri MEILHAC et Ludovic HALÉVY

C r é a t i o n Opéra Comique, Paris, le 3 mars 1875

P r o d u c t i o n Opéra de Rouen Haute-Normandie, Opéra de Limoges

Direction musicale : Luciano ACOCELLAMise en scène : Frédéric ROELSDécors : Bruno DE LAVENÈRECostumes : Lionel LESIRELumières : Laurent CASTAINGTChorégraphie : Sergio SIMÒN

C h a n t e u r s Carmen : Vivica GENAUXDon José : Florian LACONIMicaëla : Pauline COURTINEscamillo : Christian HELMERMercedes : Tatyana ILYINFrasquita : Jenny DAVIETMoralès : Pietro DI BIANCOLe Dancaïre : Lionel PEINTRERemendado : Xin WANGZuniga : Julien VÉRONÈSELilas Pastia, le Guide : Yann DACOSTA

Orchestre de l’Opéra de Rouen Haute-NormandieChoeur Accentus Opéra de Rouen Haute-NormandieMaîtrise du Conservatoire de Rouen

A v o i r. . . A Rouen, Théâtre des Arts : 25, 27 et 29 septembre1er, 3, 5 et 7 octobreDe 10 à 65 € - Réservations : 0810 811 116

A Versailles, Opéra Royal : 14, 16 et 18 octobreDe 55 à 165 € - Réservations : 01 30 83 78 89

Georges Bizet

1875

O p é r ae n q u a t r e a c t e s

d ’ a p r è s l a n o u v e l l e d e P r o s p e r M é r i m é e

C

Qui pourrait aujourd’ hui penser que C armen , l ’opéra français le plus joué sur lesscènes du monde fut boudé par la cr it ique à sa création ? En adaptant la nouvel le deProsper Mérimée, inspirée d ’un fait-divers , et en introduisant le meurtre sur la scènede l ’Opéra-Comique, Georges Bizet choqua ses contemporains. Mort trois mois plustard , le compositeur n’eut pas le temps de savourer sa g loire et de mesurer la fascina-tion du public pour son œuvre. Car C armen fait bel et bien partie du patrimoine col-lecti f mondial . « L’amour est un oiseau rebel le » , « Toréador, prends garde » , « Laf leur que tu m’avais jetée » sont autant de tubes qui trottent dans la tête de tout unchacun et al imentent cette passion que nous avons pour le mythe de la femme rebel le .

Voir article pages suivantes :Entretiens avec le metteur en scène et le rôle-titre

Images : Page 18 : Frédéris Roels - Photo : David Morganti ; page 24 : Vivica Genaux (D. R .)Carmen à l 'opéra de Rouen - Sept 2012 - Toutes photos sauf mention contraire : Frédéric Carnuccini /

agence AlbatrosPage 21 : Photo : Jean PougetPage 23 : Maquettes de décors : Bruno de Lavenère

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Composite et génialC’est assez amusant, à l’analyse, de per-cevoir qu’au fond, le projet de Bizet estraté. Au point de départ, le compositeuravait un désir, et puis les contraintes exté-rieures l’ont contraint à modifier son pro-jet initial en cours de composition. A monsens il reste dans la partition des stigmatesde cette aventure : on sent une trame géné-rale, sur laquelle viennent s’agripper deséléments inattendus.Prenons par exemple le chœur des enfantsde la garde montante : voici typiquementune scène de genre, sans lien direct avecl’histoire. Idem pour le quintette dudeuxième acte « Il est toujours bon, surma foi, d’avoir des femmes avec soi ».Celui-là aussi est un morceau de genre !La scène du douanier de l’acte III, elle aus-si, procède du même ordre d’idée. L’opé-ra recèle quelques moments qui, commeceux-là, sont des moments de divertisse-ment musical, des conventions d’époquedont il est clair que le compositeur ne vou-lait pas particulièrement au départ. Onsent bien que sa ligne générale est plutôt

d’ordre tragique et théâtral…Mais le tour de force de Bizet est là : il glis-se dans ces scènes imposées des informa-tions indispensables à l’histoire.Reprenons notre garde montante. C’est unchœur qui affirme de manière très forte laprésence de l’armée, et le faire chanter pardes enfants pose une sacrée question surle devenir des générations futures dans unmonde qui vit la guerre. À travers un mor-ceau très léger et amusant, on puise desinformations clés sur le contexte danslequel se passe l’opéra.Quant au quintette, c’est tout de même lemoment choisi par Bizet pour faire dire àCarmen qu’elle refuse de partir avec sesacolytes parce qu’elle est amoureusecomme elle ne l’a jamais été. Au cœur dece morceau très léger nous est révélée unedonnée fondamentale sur le personnage :Carmen est en train de vivre quelque cho-se d’unique dans sa vie. On peut trouvernombre d’exemples comme ceux-là.Cet opéra est très composite, génial danssa construction hétérogène. Difficile, voi-re impossible à cerner complètement,c’est ce qui procure toute sa force.

Quoi que l’on fasse avec cette œuvre, onn’arrivera pas à en faire le tour. Il y sub-siste toujours des zones d’ombre et d’in-satisfaction, et c’est aussi ce qui permetd’en proposer des visions sans cesserenouvelées.

La version originelleC’est une forme au modèle d’« opéra-comique », une alternance de textes par-lés et de chant. On assiste donc à des dia-logues interstitiels entre personnages quise parlent en face à face, et qui finalementdébouchent sur un chant. Outre la légè-reté qu’apporte cette version dans sa for-me, les textes parlés livrent beaucoupd’informations qui ne figu-rent pas dans

l e srécitatifs chantés

écrits ensuite par Guiraud. Il esttout à fait étonnant que cette version avecles récitatifs chantés que Guiraud avaitécrite à l’origine en Allemand pour l’opé-

Composite et génialC’est assez amusant, à l’analyse, de per-cevoir qu’au fond, le projet de Bizet estraté. Au point de départ, le compositeuravait un désir, et puis les contraintes exté-rieures l’ont contraint à modifier son pro-jet initial en cours de composition. A monsens il reste dans la partition des stigmatesde cette aventure : on sent une trame géné-rale, sur laquelle viennent s’agripper deséléments inattendus.Prenons par exemple le chœur des enfantsde la garde montante : voici typiquementune scène de genre, sans lien direct avecl’histoire. Idem pour le quintette dudeuxième acte « Il est toujours bon, surma foi, d’avoir des femmes avec soi ».Celui-là aussi est un morceau de genre !La scène du douanier de l’acte III, elle aus-si, procède du même ordre d’idée. L’opé-ra recèle quelques moments qui, commeceux-là, sont des moments de divertisse-ment musical, des conventions d’époquedont il est clair que le compositeur ne vou-lait pas particulièrement au départ. Onsent bien que sa ligne générale est plutôt

d’ordre tragique et théâtral…Mais le tour de force de Bizet est là : il glis-se dans ces scènes imposées des informa-tions indispensables à l’histoire.Reprenons notre garde montante. C’est unchœur qui affirme de manière très forte laprésence de l’armée, et le faire chanter pardes enfants pose une sacrée question surle devenir des générations futures dans unmonde qui vit la guerre. À travers un mor-ceau très léger et amusant, on puise desinformations clés sur le contexte danslequel se passe l’opéra.Quant au quintette, c’est tout de même lemoment choisi par Bizet pour faire dire àCarmen qu’elle refuse de partir avec sesacolytes parce qu’elle est amoureusecomme elle ne l’a jamais été. Au cœur dece morceau très léger nous est révélée unedonnée fondamentale sur le personnage :Carmen est en train de vivre quelque cho-se d’unique dans sa vie. On peut trouvernombre d’exemples comme ceux-là.Cet opéra est très composite, génial danssa construction hétérogène. Difficile, voi-re impossible à cerner complètement,c’est ce qui procure toute sa force.

Quoi que l’on fasse avec cette œuvre, onn’arrivera pas à en faire le tour. Il y sub-siste toujours des zones d’ombre et d’in-satisfaction, et c’est aussi ce qui permetd’en proposer des visions sans cesserenouvelées.

La version originelleC’est une forme au modèle d’« opéra-comique », une alternance de textes par-lés et de chant. On assiste donc à des dia-logues interstitiels entre personnages quise parlent en face à face, et qui finalementdébouchent sur un chant. Outre la légè-reté qu’apporte cette version dans sa for-me, les textes parlés livrent beaucoupd’informations qui nef i g u r e n t

pas dansles récitatifs chantés

écrits ensuite par Guiraud. Il est toutà fait étonnant que cette version avec lesrécitatifs chantés que Guiraud avait écri-te à l’origine en Allemand pour l’opéra de

FRÉDÉRICROELS :Priorité à

la sensibilité

Car

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Cette Carmen m’est importante, à la fois comme metteur en scène et comme directeur de la maison rouen-naise. Je reste persuadé de l’importance de programmer chaque saison un spectacle d’opéra très populaire,

notamment pour une question de diversité des publics : une Carmen à l’affiche va tenter davantage de spectateursqu’une œuvre moins connue, et par conséquent toucher une catégorie de personnes beaucoup moins habituées àl’opéra, dont certaines vont peut-être découvrir cet art, et pourquoi pas y prendre goût. Dans une perspective d’ac-tion culturelle, une programmation telle que celle-là est majeure. Et même si Carmen est vraiment un opéra trèsconnu, c’est tout de même un chef d’œuvre ! Que l’on se place du point de vue du metteur en scène ou de celui duprogrammateur, c’est une œuvre qui donne envie. Qui donne envie personnellement, qui donne envie aux équipesautour, qui donne envie aux artistes… c’est un opéra vraiment fédérateur.

Carmen : un projet contrarié

Carmen

«

Article complet :

Rendez-Vous Opéra N°16

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VIVICAGENAUX :

Prise de rôled’une Zingara

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J’ai toujours eu envie d’incarner Carmen, c’est un peu une évidence pour une mezzo… J’ai cependant atten-du longtemps : il me fallait y être prête, tant psychologiquement que vocalement, et me voir proposer une mise

en scène qui résonne en moi. De plus ce n’est que la deuxième fois que je chante en Français, et la première fois queje chante en Français en France. Frédéric Rouillon, notre pianiste, que je remercie chaleureusement pour son aidesur beaucoup de points, m’a prodigué de nombreux conseils, il a été mon coach de prononciation française !

Une opportunité unique

Carmen

«

Mise en scène sensible…Dans notre travail, Frédéric Roels a étémagnifique : il m’a laissé une belle latitu-de, tout en insufflant vraiment l’esprit desa vision du personnage.Cette mise en scène ne parle pas seule-ment de la force et de la violence maisaussi de la fragilité de tous ces person-nages, tout a été pensé « à la source », toutpart vraiment de l’origine des choses, uneorigine où règne une fragilité sur beau-coup de plans. Je suis ravie que FrédéricRoels m’ait offert cette possibilité, cette

approche de Carmen. Je la joue avec unesincérité absolue, du début à la fin.

… et version riche de nuancesCette version de Carmen est particulière-ment intéressante : la présence du dia-logue parlé aide à retrouver un niveau plushumain dans le spectacle. Par là j’en-tends que chanter sans cesse avecl’orchestre engendre une progressionde l’intensité dramatique à des niveauxtoujours plus élevés, et la présence dudialogue parlé fait décroître cette pres-

sion. L’intensité redescend, que l’on peutensuite remonter, et cela créée sur tous lesplans une sorte de sinusoïde… c’est fas-cinant. Cette version était vraiment l’idéalde ce que je pouvais espé-rer.

L’impactde l’immobilité

La technique scénique a beaucoup d’im-

Mise en scène sensible…Dans notre travail, Frédéric Roels a étémagnifique : il m’a laissé une belle latitu-de, tout en insufflant vraiment l’esprit desa vision du personnage.Cette mise en scène ne parle pas seule-ment de la force et de la violence maisaussi de la fragilité de tous ces person-nages, tout a été pensé « à la source », toutpart vraiment de l’origine des choses, uneorigine où règne une fragilité sur beau-coup de plans. Je suis ravie que FrédéricRoels m’ait offert cette possibilité, cette

approche de Carmen. Je la joue avec unesincérité absolue, du début à la fin.

… et version riche de nuancesCette version de Carmen est particulière-ment intéressante : la présence du dia-logue parlé aide à retrouver un niveauplus humain dans le spectacle. Parlà j’entends que chanter sans cesseavec l’orchestre engendre une pro-gression de l’intensité dramatique àdes niveaux toujours plus élevés, etla présence du dialogue parlé fait décroître

cette pression. L’intensité redescend, quel’on peut ensuite remonter, et cela crééesur tous les plans une sorte de sinusoïde…c’est fascinant. Cette version était vrai-ment l’idéal de ce que jep o u v a i s

espérer.

L’impact de l’immo-bilité

Les entrelas de la partition et du jeu

Une Carmen sur mesureJ’ai des offres pour Carmen depuis vingtans ! Le public, les producteurs, les met-teurs en scène, tous ont à l’esprit d’unemanière ou d’une autre la Carmen dontils ont l’habitude, tous connaissent cettemusique, tous ont finalement une attenteassez précise, c’est une œuvre lourded’inconscient collectif.Les Carmen « usuelles » que l’on m’a sou-vent offertes ne représentaient certes pasl’idée que je pouvais avoir de « ma Car-men »… mais j’avais aussi besoin d’unniveau plus humain de mise en scène.Les productions habituelles sont trop

grandes pour ma voix, et je n’ai jamaisimaginé risquer me mettre sérieusementen péril pour chanter un rôle qui de plusn’aurait pas correspondu exactement àma vision, et j’ai toujours pris la fuite.Tout à fait différente, pour ne pas direopposée de l’approche habituelle quel’on peut avoir de Carmen, celle qui voitle jour ici est la matérialisation de lachance que j’attendais, silencieusement.Avoir une opportunité de la qualité decelle que m’offre aujourd’hui le théâtrede Rouen, et de surcroît au bon momentpour moi est incroyablement rare. Cetteproduction fait partie, indiscutablement,

de celles qui auront marqué ma carrièreartistique, et cette Carmen remplit unepart de mon âme.

L’atout de la salleJ’ai sur cette production encore une chan-ce supplémentaire : la salle de Rouen. Ony trouve une acoustique de très bonnequalité, parfaite pour une Carmen don-née dans cette mise en scène. J’aimebeaucoup ma voix, qui recèle des possi-bilités très étendues, mais dont il faut bienreconnaître qu’elle n’est pas parmi lesplus puissantes, et ici « ça passe bien ».

Une Carmen sur mesureJ’ai des offres pour Carmen depuis vingtans ! Le public, les producteurs, les met-teurs en scène, tous ont à l’esprit d’unemanière ou d’une autre la Carmen dontils ont l’habitude, tous connaissent cettemusique, tous ont finalement une attenteassez précise, c’est une œuvre lourded’inconscient collectif.Les Carmen « usuelles » que l’on m’a sou-vent offertes ne représentaient certes pasl’idée que je pouvais avoir de « ma Car-men »… mais j’avais aussi besoin d’unniveau plus humain de mise en scène.Les productions habituelles sont trop

grandes pour ma voix, et je n’ai jamaisimaginé risquer me mettre sérieusementen péril pour chanter un rôle qui de plusn’aurait pas correspondu exactement àma vision, et j’ai toujours pris la fuite.Tout à fait différente, pour ne pas direopposée de l’approche habituelle quel’on peut avoir de Carmen, celle qui voitle jour ici est la matérialisation de lachance que j’attendais, silencieusement.Avoir une opportunité de la qualité decelle que m’offre aujourd’hui le théâtrede Rouen, et de surcroît au bon momentpour moi est incroyablement rare. Cetteproduction fait partie, indiscutablement,

de celles qui auront marqué ma carrièreartistique, et cette Carmen remplit unepart de mon âme.

L’atout de la salleJ’ai sur cette production encore une chan-ce supplémentaire : la salle de Rouen. Ony trouve une acoustique de très bonnequalité, parfaite pour une Carmen don-née dans cette mise en scène. J’aimebeaucoup ma voix, qui recèle des possi-bilités très étendues, mais dont il faut bienreconnaître qu’elle n’est pas parmi lesplus puissantes, et ici « ça passe bien ».

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Rendez-Vous Opéra N°16