On vous demande, sachez répondre
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Actualités pharmaceutiques
• n° 528 • septembre 2013 •10
questions de comptoir
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http://dx.doi.org/10.1016/j.actpha.2013.06.007
On vous demande, sachez répondre
Peut-on prendre de l’aspirine ou du paracétamol en cas de coup de chaleur ?
F La réponse du pharmacien
Le coup de chaleur est une urgence médi-
cale se traduisant par une forte fièvre et des
pertes de conscience. La victime est sujette
à des nausées, des vomissements, des maux
de tête, voire des délires et des convulsions. Sa peau est
chaude, rouge, sèche et sans transpiration.
Un coup de chaleur survient lorsque le corps n’arrive plus
à contrôler sa température qui augmente alors rapide-
ment. Il peut survenir très vite chez les nourrissons et les
personnes âgées en période de grosse chaleur, mais
aussi chez les sportifs qui ne compenseraient pas les
pertes d’eau dues à leur transpiration. Au cours d’une
vague de chaleur, il convient d’être vigilant chez les
sujets âgés atteints de maladies neurologiques ou
cardio vasculaires ou prenant certains médicaments
(diurétiques, neuroleptiques, sels de lithium, anti-
épileptiques, antimigraineux, certains antibiotiques,
aspirine à une dose supérieure à 500 mg/
jour, anti-inflammatoires, antidépresseurs,
anti parkinsoniens…) pour lesquels le
mécanisme de régulation de la température
corporelle est plus difficile. L’aspirine est décon-
seillée car elle peut gêner le fonctionnement du rein en
cas de déshydratation et le paracétamol est inefficace
pour traiter le coup de chaleur. Il est bon de rappeler au
patient que des apports hydriques et sodés doivent être
régulièrement effectués, surtout chez les personnes
sous diurétiques. D’autres conseils simples doivent être
rappelés en cas de forte chaleur : prendre régulièrement
des douches, augmenter le temps passé dans des
structures disposant de l’air conditionné ou porter des
vêtements amples, souples et clairs. Il faut éviter tout
type d’activité physique et proscrire la prise de boissons
alcoolisées qui aggrave la déshydratation.
J’ai les aisselles irritées depuis que j’utilise mon nouveau déodorant antitranspirant. Pourquoi ?
F La réponse du pharmacien
Il est tout d’abord important de ne pas confondre les
déodorants et les antitranspirants car ces produits font
appel à des actifs et des modes d’action différents.
Les antitranspirants ont pour but de réduire la quantité
de sueur émise et sont donc obligatoirement déo-
dorants. Ils exercent une action astringente, ce qui
bloque de manière transitoire la transpiration. Ils agis-
sent en provoquant un rétrécissement du canal sudori-
pare par l’action acide et astringente des sels utilisés.
Ces derniers sont principalement des sels l’aluminium,
parfois associés aux sels de zirconium, dont les concen-
trations respectives ne peuvent dépasser 20 % et
5,4 %. Les sels d’aluminium inhibent l’hyperhidrose de
façon efficace en 3 semaines. De plus, ils exercent un
effet bactéricide, éliminant les micro-organismes res-
ponsables de la décomposition de la sueur et des
odeurs désagréables.
Les antitranspirants peuvent néanmoins être à l’origine
de réactions d’irritation ou inflammatoires, voire
d’eczémas. Ceci s’explique par l’hydrolyse des chlor-
hydrates d’aluminium qui entraîne la libération de petites
quantités d’acide chlorhydrique, provoquant une acidi-
fication locale. Leur mode d’utilisation doit donc être
connu et respecté. Ils s’appliquent de préférence le soir
sur une peau propre, sèche et non lésée pour une
efficacité majorée et parce que certains d’entre eux
contiennent des actifs pouvant décolorer les tissus.
Un simple rinçage est suffisant au lever, ce qui n’atténue
pas l’efficacité du produit. Ils doivent être appliqués tous
les soirs jusqu’à l’obtention du niveau de
confort souhaité (pendant 2 à 3 jours),
puis seulement 1 à 3 fois par
semaine par la suite. Enfin,
il est conseillé d’attendre
48 heures après une épilation car
la plupart des antitranspirants
contiennent de l’alcool.
Prise en charge d’un coup de chaleur
Mode d’utilisation d’un antitranspirant
C ette rubrique, “questions de comptoir”, est conçue pour vous apporter des éléments de réponse éclairée face aux multiples questions que vous posent quotidiennement vos patients au comptoir de l’officine, dans le vaste domaine de la santé.
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Jérémy VONO
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J’ai été mordu par une tique lors d’une randonnée. J’ai peur d’avoir contracté la maladie de Lyme. Que dois-je faire ?
F La réponse du pharmacien
Une tique fixée à la peau doit être retirée le
plus rapidement possible avec une pince
fine ou un “tire-tique” en effectuant un mouve-
ment de traction perpendiculaire à la peau et de
rotation dans le sens antihoraire, tout en évitant d’arra-
cher sa tête. L’utilisation de substances “chimiques”
comme l’alcool ou l’éther doit être proscrite en raison
du risque de régurgitation de la tique, qui augmente celui
de transmission de Borrelia burgdorferi, responsable de
la maladie de Lyme. Pour cette même raison, la désin-
fection ne s’effectue qu’après le retrait de la tique.
La vaccina tion antitétanique doit alors être contrôlée.
Le risque infectieux apparaît faible si la tique est restée
en contact avec la peau moins de 72 heures. Aucun
bilan biologique ni traitement antibiotique n’est en géné-
ral nécessaire. Une antibioprophylaxie peut néanmoins
être discutée dans des situations à haut risque de conta-
mination (piqûres multiples, long délai d’attachement,
fort taux d’infestation connu…). La zone de la piqûre
devra être surveillée pendant au moins un mois pour
dépister l’éventuelle apparition d’un
érythème migrant, symptôme le plus cou-
rant et le plus évocateur survenant dans
un délai de quelques jours à plusieurs
semaines. Si tel est le cas, une antibiothérapie
précoce est recommandée (amoxicilline ou doxy-
cycline) par voie orale pendant 14 à 21 jours. En outre, il
faut savoir que la sérologie n’est pas systématique.
Elle n’est, par exemple, pas indiquée en cas d’érythème
migrant typique, de piqûre de tique sans manifestation
clinique, chez les sujets asymptomatiques ou présentant
des signes mineurs, en dépistage systématique des sujets
exposés ou en contrôle systématique des patients
traités.
La prévention primaire des piqûres de tique en zone
d’endémie comporte la protection mécanique par des
vêtements adaptés et éventuellement l’usage de répul-
sifs cutanés ou vestimentaires. L’inspection systéma-
tique de la peau et du cuir chevelu après exposition à
un risque de piqûre est nécessaire en insistant sur les
zones à “peau fine”: aisselles, nombril, plis du genou,
cuir chevelu et parties génitales.
Prévention de la maladie de Lyme
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J’ai entendu parler de la cigarette électronique pour le sevrage tabagique. Qu’en est-il ?
F La réponse du pharmacien
En France, il est dénombré un demi-million d’adeptes
de la cigarette électronique1. Celle-ci se présente sous
la forme d’une cigarette classique avec, à son extrémité,
une diode simulant visuellement la combustion. Elle est
constituée d’une cartouche rechargeable avec du pro-
pylène glycol ou de glycérol pouvant contenir différents
arômes, et éventuellement de la nicotine. L’Agence
nationale de sécurité du médicament et des produits de
santé (ANSM) précise que « les cigarettes électroniques
et leurs recharges répondent à la réglementation du
médicament si elles revendiquent l’aide au sevrage taba-
gique ou que la quantité de nicotine contenue dans la
cartouche est supérieure ou égale à 10 mg ou que la
solution de recharge “e-liquide” a une concentration de
nicotine supérieure ou égale à 20 mg/mL. »2. Pour être
considérées comme dispositifs médicaux, elles doivent
suivre la réglementation du médicament et donc
disposer d’un marquage CE. Or aucune ne détient à ce
jour une autorisation de mise sur le marché et elles ne
sont pas non plus inscrites sur liste des marchandises
dont les pharmaciens peuvent faire le commerce.
La nicotine étant classée comme substance « très
dangereuse » par l’Organisation mondiale de la santé,
son utilisation dans les produits de substitution nicoti-
nique doit être limitée et contrôlée. Les e-liquides
peuvent contenir des quantités de nicotine susceptibles
d’entraîner des effets indésirables graves, même s’ils
sont limités à 2 %. Une dépendance est possible quelle
que soit la quantité de nicotine présente dans la
cartouche. La plupart des analyses notent que
l’e-cigarette serait moins nocive du fait de
l’absence d’un grand nombre des produits
toxiques présents dans la fumée de
tabac, comme le monoxyde
de carbone et les goudrons.
Bien qu’aucun effet indésirable
ou cas d’intoxication en lien avec le
propylène glycol dans les cigarettes élec-
troniques n’ait été rapporté, il est difficile de se pronon-
cer sur leur toxicité en raison de l’absence de données
suffisantes. L’ANSM recommande donc de ne pas
consommer ce type de produit.
1 La cigarette électronique gagne des adeptes dans l’Hexagone. lesechos.fr.2 ANSM. L’Afssaps recommande de ne pas consommer de cigarette électro-nique. Communiqué du 30/05/2011.
Usage de la cigarette électronique
umée d
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Déclaration d’intérêts :
l’auteur déclare ne pas avoir
de confl its d’intérêts en relation
avec cet article.
L’auteurJérémy VONOPharmacien,
3 rue Jean-Giraudoux,
19290 Sornac, France