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Olympe de Gouges et Benoîte Groult7-11 mars 2016 Exposition
Semaine de l’égalité
Extrait de « Olympe de Gouges », Ed. Casterman Ecritures Extrait de « Ainsi soit Benoîte Groult », Ed. Grasset
CATEL & BOCQUET
OLYMPEDE GOUGES
Deux femmes dans la vie littéraire et politique française sous la Révolution et au XXe siècle
Marie Gouze, dite Olympe de Gouges, née à Montauban le 7 mai 1748, est une femme de lettres française, devenue femme politique.
Elle est l’auteure de 17 pièces de théâtre, près de 60 écrits politiques à travers des lettres, affiches, articles et discours. Son indépendance d’esprit et ses écrits en font une des figures de la fin du XVIIIe siècle. Elle est considérée comme une des pionnières du féminisme français.
Auteure de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, elle a laissé de nombreux écrits en faveur des droits civils et politiques des femmes et de l’abolition de l’esclavage des hommes noirs.
Olympe de Gouges est morte guillotinée à Paris le 3 novembre 1793 suite à ses critiques de la politique et des actions de répression menées pendant la « Terreur ».
Benoîte Groult, née le 31 janvier 1920 à Paris, est une journaliste, écrivaine et militante féministe française.
Témoin des bouleversements sociaux dans les rapports entre hommes et femmes qui ont marqué le XXe siècle à travers son œuvre et ses choix de carrière, elle est la première à dénoncer publiquement les mutilations génitales féminines avec la publication d’Ainsi soit-elle en 1975.
Journaliste au Journal de la Radiodiffusion à la Libération à ses débuts, elle collabore ensuite à diverses publications comme ELLE, Parents, Marie Claire, etc. En 1978, elle fonde un mensuel féministe avec Claude Servan-Schreiber F Magazine dont elle rédige les éditoriaux. De 1984 à 1986, elle assure la présidence de la Commission de terminologie pour la féminisation des noms de métiers, de grades et de fonctions, fondée par la Ministre des Droits de la femme.
Elle publie en 1986, pour la première fois, l’intégralité de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne de 1791, rédigée par Olympe de Gouges. En 2013 paraît chez Grasset une bande dessinée intitulée Ainsi soit Benoîte Groult par Catel.
Olympe de Gouges et Benoîte Groult7-11 mars 2016 Exposition
Semaine de l’égalité
Extrait de « Olympe de Gouges », Ed. Casterman Ecritures Extrait de « Ainsi soit Benoîte Groult », Ed. Grasset
MonsieurCassaigneau,je vous pré-sente ma fille
cadette,Marie.
Mademoiselle.
Fais la révérence àMonsieur
Cassaigneau,Marie…
… Comme la petite fille bien
élevée que tu es…
Marie ! Effrontée !Insolente ! Tu me fais
honte !
Laissez, madame Gouze.
Elle est pardonnable.
Je comprends bien que cettejeune sauvage n’a pas suffisam-ment connu le fouet paternel.
Je vois que vous avez debons principes d’éducation,
monsieur Cassaigneau.
1753
« Cette jeune sauvage n’a pas suffisamment connu le fouet paternel »
Années 1920
« Tâche au moins d’être jolie »
L’éducation à la féminité... et la soumission ?
Olympe de Gouges et Benoîte Groult7-11 mars 2016 Exposition
Semaine de l’égalité
Extrait de « Olympe de Gouges », Ed. Casterman Ecritures Extrait de « Ainsi soit Benoîte Groult », Ed. Grasset
J’ai un grand dessein pour l’avenir : m’installer à mon propre compte.
Je vous le dis en toute confidence, Marie,Monsieur le Comte de Gourgues m’a déjà
assuré sa clientèle !
Vous êtes un homme ambi-tieux, monsieur Aubry !
Certes ! Mais pour mener à bien un tel projet, un homme doit être soutenu.
J’ai besoin à mes côtés d’une femme à
ma hauteur.
… Une femme qui ne rechigne pas à la tâche… Qui
sache tenirle ménage comme le
livre des comptes.
N’est-ce pas tropdemander à une seule
personne ?
Au début, bien sûr, il faudra travailler 12 ou 14 heures
par jour…
1764
« J’ai besoin à mes côtés d’une femme à ma hauteur »
1940
« Les hommes se choisissent un avenir et mettent ensuite une femme dedans »
Le mariage, institution garante de l’insertion professionnelle
Olympe de Gouges et Benoîte Groult7-11 mars 2016 Exposition
Semaine de l’égalité
Extrait de « Olympe de Gouges », Ed. Casterman Ecritures Extrait de « Ainsi soit Benoîte Groult », Ed. Grasset
Moi, j’ai toujours respecté les convenances.
Nous y voilà.
Tu t’affi-ches authéâtre,dans cessalons où
l’on joue ettu répudieston nom,celui que je t’ai
donné !
Ne te plains pas, ainsi je ne te salis pas.
Mais te faire appeler
OLYMPE, quelle idée, ma pauvre
Marie.
Je ne veux plus être Marie Gouzeveuve Aubry.Aucun de ces patronymes n’est à moi.
Dis-moi, tu ne trouves pas que Julie tousse beaucoup ?
1770
« Aucun de ces patronymes n’est à moi »
Tentatives d’indépendance
Années 1950
« Il est difficile de faire la guerre à celui qu’on aime »
Olympe de Gouges et Benoîte Groult7-11 mars 2016 Exposition
Semaine de l’égalité
Extrait de « Olympe de Gouges », Ed. Casterman Ecritures Extrait de « Ainsi soit Benoîte Groult », Ed. Grasset
Et ainsi, ce Mercier veut t’introduire chez Madame de Montesson ?
Quoi d’étonnant,Jacques ?
Il est auteur à la mode, pensionné par la Reine, etMadame de Montesson
aime le théâtre.
Elle est tout de même l’épouse du cousin du Roi !
Oui, enfin… Un mariagemorganatique ?
En quelle qualité la Duchesse te reçoit-elle en sa demeure ?
Ha! Ha! La belle
enseigne !
… Comme passionnée de théâtre ! Sache que l’on
écoute mon avis et que l’on ne
dédaigne pas macompagnie pour
en discuter !
Et sache que je ne veux pasêtre de ces femmes dont leseul mérite est d’être aimée
et entretenue.
1775
« Je ne veux pas être de ces femmes dont le seul mérite est d’être aimée et entretenue »
1971
« Pour le moment, tu n’es qu’une petite bourgeoise comme les autres »
Entrées dans le monde littéraire
Olympe de Gouges et Benoîte Groult7-11 mars 2016 Exposition
Semaine de l’égalité
Extrait de « Olympe de Gouges », Ed. Casterman Ecritures Extrait de « Ainsi soit Benoîte Groult », Ed. Grasset
«Le Roi, pour réparer la détresse de ses finances,
demande des impôts. Le parlement, qui sent lepeuple obéré, s’y refuse.”
«Quel est donc cemoyen que je trouveraisconvenable à libérer les
dettes de l’État ? ”
«Ce serait unimpôt volontairedont la nations’applaudirait.”
Qu’en penses-tu, Louis-Sébastien ?
Patriotique etplein de
bon sens !
Proposer que les coquettess’achètent deux chapeaux aulieu de dix et qu’elles offrent
la différence aux caisses de l’État… Pff !
Une femme parle de ce quitouche les autres femmes !
Il s’agit d’un tout petit exemple.
Elles ne savent pas lire.
Et n’oublie pas que ce sont les hommes qui
jugent tes écrits.
À votrebon cœur,ma reine.
Merci,impératrice !
Mais pour illustrer l’impôtvolontaire, ton histoire de
chapeau va faire rire !
Pourquoi ?
1788
« N’oublie pas que ce sont les hommes qui jugent tes écrits »
Des lecteurs (censeurs ?) et des lectrices
Années 1970
« Pourquoi un livre féministe ? »
Olympe de Gouges et Benoîte Groult7-11 mars 2016 Exposition
Semaine de l’égalité
Extrait de « Olympe de Gouges », Ed. Casterman Ecritures Extrait de « Ainsi soit Benoîte Groult », Ed. Grasset
Changer la société et les mentalités
1790« Donner le pouvoir aux femmes, c’est demander de changer la société de manière encore plus brutale que de guillotiner le Roi ! »
2008
« Vous avez été la première à réhabiliter Olympe de Gouges »
Vos idées rejoignentles nôtres !
Souvenez-vous de l’article que Nicolas et moi-même avions rédigé : «L’admission
des femmes au droit de Cité”.
Oui, il est passétotalement
inaperçu ! Nousy avancions que
celui qui votecontre le droit
d’un autre, quels que
soient sa religion, sa couleur ou son SEXE, a dès lors
abjuré les siens.
Mais vous, Nicolas, comme député de l’Assemblée législative, avez-vous quand même un espoir de bouger les mentalités ?
À force… Au moins surun point : jesuis persuadé
que nous arri-verons à pro-mulguer une loisur le divorce.
En fait, Condorcet,personne ne peut être contre ! Cette loi arrangera aussi les hommes !
Alors notre combat est loin d’êtrefini : on a exclu les femmes de tout
pouvoir, de tout savoir.Heureusement, on ne s’est pas encore
avisé de nous ôter celui d’écrire !
Oui ! Gardons nos plumes trempées dans une encre teintée d’espérance !
Voyons, mes amis ! Donner le pouvoir aux femmes, c’est demander de changer
la société de manière encore plus brutale que de guillotiner le Roi !
Ha! Ha !
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Mourir pour ses idées
1792
« Cela signifiera que mes mots ont fait oublier mon sexe »
La Gouges, avocate de Capet ? De quoi se mêle-t-elle ?!
Elle ferait mieux de
tricoter des pantalons pour nos sans-culottes !
« Cette femme attaquée de la manie de la célébrité
a cru que c’était là l’occasion de paraître sur la scène. ”
Voilà ce qu’écrivent les montagnards de ma proposition de défendre le Roi ! N’est-ce pas
injuste, Louis-Sébastien ?
Depuis trois ans, j’ai écrit 40brochures ou affiches et cinq pièces. Toutes baignaient de
patriotisme !
La preuve : les succès sur
scène du«Tombeau deMirabeau” etde «L’Arrivéede Dumouriezà Bruxelles”.
Mais depuis, Mirabeau et
Dumouriez se sont révélés traîtres
à la Nation.
À l’époque, j’étais comme tout le monde :
je ne le savais pas !
Tu devrais faireattention, Olympe.
Ton statut de femme ne te protégera pas advitam aeternam.
Alors cela signifiera que l’on m’entend enfin et que
mes mots ont fait oublier mon sexe !
2008
« Le sexisme ! C’est ce qui l’a finalement menée à l’échafaud »