Octobre 2016 De Vermeer à Picasso ENQUETE 12 histoires de ... · «Il suffit de re-garder l'état...

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Date : OCT 16 Pays : France Périodicité : Mensuel OJD : 229410 Page de l'article : p.1,70,71 Page 1/3 JACOB2 4170719400524 Tous droits réservés à l'éditeur Octobre 2016 N°428 3,90 € . ENQUETE De Vermeer à Picasso... 12 histoires de faussaires et de voleurs de tableaux CONFIANCE, LIMITES, COMPLICITE. ÊTRE PARENT, ÇA S'APPREND RISMA MEDIA M 01237 - 428-F'3,90 €- ssse.fr €-RD ,„ I

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Octobre 2016N°4283,90 € . ENQUETEDe Vermeer à Picasso...

12 histoiresde faussaireset de voleursde tableaux

CONFIANCE, LIMITES, COMPLICITE.ÊTRE PARENT, ÇA S'APPREND

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M 01237 - 428-F'3,90 €-

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EN COUVERTURE

Être parent n'est pasinné, cela s'apprend !Nos modes de vie ont boule-versé la parentalité. Et obli-gent les nouveaux parents àse remettre en question.

E l si les parents retournaient à l'école ?Pas pour réviser leurs tables de mul-tiplication maîs pour y apprendre ..leur job dc parent ' Depuis dix ans,

Caroline Sost, spécialiste des sciences del'éducation,propose des ateheis à la parenta-lilé à la Living School, une école qu'elle afondée dans le XIXe arrondissement de ParisAu programme : comment s'affirmer de façonjuste et bienveillante, mettre un cadre et deslimites qui structurent et épanouissent l'en-fant, gérer les tensions, les moments de criseou les conflits en restant calme, commentaccompagner ses enfants vers des relationsfrères-sœurs harmonieuses ? «La plupart dcsparents arrivent ici avec une mauvaise imaged'eux-mêmes, note Caroline Sost. Le premierchantiei consiste à leur redonner confiancePuis à leur faire prendre conscience de l'im-pact de leur façon d'être avec leurs enfants.»

Les enseignants sentent unesouffrance accrue des enfants liée àl'accélération globale de la société

Ces dernières années, l'offre de coachingpour parents a explosé Conseils en lactation,en portage, en massages pour bébe, en som-meil, stages en communication non violente,ateliers de parentalité bienveillante .. Apriori, les entants n'ont pas changé . ils lient,

ENFANTS D'AILLEURS

pleuient. s'agitent, s'énervent, jouent et ai-ment être calmés par leurs parents. Alors,pourquoi les parents semblent-ils parfoisdépassés par leur fonction ? «Il suffit de re-garder l'état de non-épanouissement de notresociété, répond Caroline Sost. Stress, pres-sions, vision à couit terme..., voilà le quoti-dien de la majorité des parents qui sontrincés par ce rythme frénétique et qui n'estpas sans impact sur leur progéniture Je tra-vaille au quotidien avec dcs enseignants quisentent une souffrance accrue des enfantsliée à l'accélération globale de la société.»

Phobie scolaire, problèmes de harcèlement,de violence.. .,les enfants souffrent des mêmesmaux que les adultes Unicef France a publiéen 2014 un rapport alarmant sur le mal-êtreet les conduites à risques des enfants et ado-lescents de 6 à 18 ans : plus du tieis des lépon-danls sont en situation de souffrance psycho-logique. Dans son livre, Pour une enfanceheureuse (cd Pocket), la pédiatre CatherineGueguen pointe aussi du doigt le peu de tempsd'échanges entre l'enfant et ses parents. Ainsi,les femmes consacrent en moyenne I h 37 parjour aux enfants, dont 13 mm seulement auxloisirs avec eux (le reste se répartissant entreles soins, les déplacements et le travail sco-laire) - Insee 2010-2011. Les hommespassent en moyenne 44 min avec leurs en-fants, dont ll min de sociabilité. «Élevei unenfant que l'on ne connaît pas bien, que l'onne comprend pas, rend la tâche évidemmentardue», souligne la pédiatre.

Pour la psychothérapeute Isabelle Filliozat.qui vient de lancer un réseau national decoaches (Les Atelieis Filliozat). « on se rend

I Recette câline pour bébés africains précoces

Dans l'ouest du Kenya, chez les Kipsigi,les bébés se tiennent assis puis debout,

et font leurs premiers pas en général unmois plus tôt que la moyenne des nôtres.Dès les années 1960, des travaux ont établique le développement psychomoteur desbébés africains est plus précoce que chezles Américains ou les Européens. Depuis,

des études ont mis en évidence que cetteprécocité viendrait des pratiques tellesque des massages lors du bain quotidien,le portage en direct sur le dos de la mère,même quand celle-ci travaille, ou les jeux(par exemple sauter sur les genoux), aux-quels se prêtent autant les personnesde l'entourage de l'enfant que les visiteurs.

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[Un métier jI à part entière.

let de moins en moins defnps pour l'exercer. Ppur

les nouveaux parents, Wcodes ont change, lls-sou^haitent éduquer un enfant1

épanoui, ce qui nécessited'interroger sa propre ""toire et sa manière de

enfin compte qu'éduquer un enfant, c'est unvrai métier. Un couple, seul, dans un appar-tement, serait censé avoir toutes les réponsespour s'occuper dc son enfant. C'est impos-sible • nous avons une culture "hors-sol" Lesparents ont besoin de modèles et de guides ».

Nous serions ainsi dans une période detransition. «Aujourd'hui, on ne sait plus cequ'est un bon parent», juge Marie Gervais(Libérons la créativité de nos enfants, éd LaMartinière, la Famille buissonmere, éd Dela-chaux et Niestlé). « C'est la notion même qu'ilfaut repenser . qu'est-ce que l'on veut poureux? pour nous9 L'objectif n'est-il pas d'enfaire des êtres autonomes, avec tous les"risques" que cela comporte se tromper,tomber, se faire mal ? » Pour cette spécialistede l'éducation, un enfant épanoui, c'est « unenfant qui se connaît lui-même, qui n'a paspeur d'avancer ni de faire des erreurs, qui asuffisamment confiance en lui pour ne pas selaisser influencer par les discours exterieurs,qui est libre de vivre et d'exprimer toute lapalette des émotions, sans qu'on lui intimed'airêter de pleurer ou de se calmer». Dansson cabinet, Catherine Gueguen est attentiveà la sociabilité de l'enfant : «Est-il heureuxdc rencontrer les autres'' A-t-il dcs copains0

Est-il capable de les nommer? C'est pour moiun bon indicateur de son bien-être Le rôledu parent n'est pas de projeter ses propresdésirs ou frustrations, mais de l'aider à trouverprogressivement son identité, à se connecterà lui-même, à exprimer ses emotions Pour

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pouvoir trouver un sens à sa vie une foisadulte.» La recette magique ? «L'amour et laloi, repond Caroline Sost II faut les deuxl'épanouissement ct la structure » Pour repen-ser son mode d'éducation, difficile donc defaure l'économie d'un diagnostic de l'éduca-tion que l'on a soi-même reçue, et du sensde sa propre vie « On n'est pas non plus tousobligés de faire une thérapie ' rassure-t-elleEn se questionnant sur l'éducation de sonenfant, les prises de conscience sur notrehistoire, nos peurs, nos limites et nos Dactionsautomatiques arrivent assez naturellement »

On ignore sauvent ce qu'estun enfant, comment il se construit,ce qu'il peut faire ou comprendre

Selon Catherine Gucgucn,«êtrc conscientde son histoire, comprendre pourquoi nosparents ont agi de telle ou telle manière estimportant, maîs il faut, dans la mesuie dupossible, s'apaiser vis-à-vis de ce que l'on avécu Jc croîs profondément à l'approcheproposée par la communication non violente[la CNV du psychologue Marshall Rosenbergest une appioche bien\ cillante de la commu-nication ndlr] comme outil de transformationde soi et de sa relation avec son enfant » Lesprogrès considérables de la recherche enneurosciences de ces dix dernières annéesbénéficient aussi aux parents Signe que lestemps changent, les livres grand public quimêlent conseils d'éducation et neurosciencessur le développement du cerveau se multi-

plient. «Les parents ignorent le plus souventce qu'est un enfant, comment il se construit,ce qu'il est capable de faire, de comprendre »,diagnostique la pédiatre Les ncuroscicnccsaffectives apportent de plus en plus de réponses à ces questions, notamment sur lesémotions, l'affectivité, les relations aux autres,la vie sociale « Si les adultes, dès le plus jeuneâge de l'enfant, comprennent ce qui l'aide àgrandir harmonieusement, le 'bon ph'' serapris Ils sauront alors, même à l'adolescence,poursuivre ces relations satisfaisantes »

Être attentif à ce bien-être a un doubleavantage : en tirant le fil de l'éducation et del'épanouissement de chacun, petits et grands,c'est la société dans son ensemble qui se remeten question Outre-Atlantique, le professeurBarry Chcckoway dc l'Université du Michi-gan qualifie d'« adultisme » « tous les comportements et les attitudes qui partent du postu-lat que les adultes sont meilleurs que lesjeunes et qu'ils sont autorisés à se comporteravec eux dc n'importe quelle maniere, sansleur demander leur avis.» C'est mon enfant,j'en fais ce que je veux, pensent souvent lespaients «Sauf que ce modèle veitical se le-percute partout dans le milieu du travail,dans nos comportements avec la nature, etc,analyse Marie Gervais. Dans un rapportd'égalité, c'est-à-dire horizontal, l'enfant n'estni soumis ni passif, il évolue en interactionavec I adulte Chacun apprend et continue degrandir grâce à l'autre » Parents et enfantspeuvent alors s'épanouir . ensemble '

"De l'amour etun cadre structurant"

Jacques Lecomte,docteur en psycho-logie, auteur deGuerir de son enfance,ed Odile Jacob

|yj Peut-on sereconstruireaprès une enfancedifficile?Jacques Lecomte :ll y a quèlquesannees, on pensaitque non. Aujour-d'hui, plusieursétudes permettentd'affirmer que deuxfacteurs participentà la résilience. Ilssont de types inter-nes et externes : lacapacité à tisser unlien bienveillant etde donner du sens.La capacité de s'ensortir vient notam-ment de la recon-naissance de safragilité, donc dubesoin des autresAu fil de la vie, il y aforcement sur sonchemin une mainsecourable Ceuxqui savent la recon-naître, la saisir etaccepter son sou-tien s'en sortentplus facilement.JT1] Comment don-ner du sens permet-il de s'en sortir?J.L. : Le besoin desens se développedès la préadoles-cence, parfois plustôt (7 ans) chez lesenfants en souffran-ce. Une fois qu'ils

sont adultes, cettequête de sens estmajoritairementtournée vers soi oules autres. Ça peutêtre la quête desagesse, de spiri-tualité. La psycho-thérapie permetaussi de poser desquestions sur quion est Un autre élé-ment est la créati-vité: la peinture, lapoesie permettentd'évacuer une partde la souffrance.Certains vont pu-blier pour donnerde la beauté aumonde. Témoignerde son parcours estaussi un facteur derésilience. Enfin, l'al-truisme : en se tour-nant vers les autres,certains apprennentsur eux-mêmes etguérissent.F7] Quels seraientles fondementsd'une éducation«idéale»?J. L. : Un parentparfait, ça n'existepas! Aimer les en-fants est devenu unenjeu majeur dansles familles. Maîs lacontrepartie, c'estl'excès d'exigenceenvers soi-même :il faut savoir êtreindulgent dans safonction de parent.La responsabilitéd'un adulte face à unenfant est de mani-fester de l'affection,de l'amour, et demettre en place uncadre structurant,des règles clairespour grandir. Alorsl'enfant va pouvoirconstruire du sens.