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numéro : 4 - été 2013 - pour la modique somme de : 2,50 Le journal pratique pour écraser les mouches Le Trou des Combrailles - n° 4 / été 2013 p.1 DOSSIER : BOIS ET FORÊTS Ô touriste, toi qui te promènes dans les Combrailles, tu te dis « que c'est beau tous ces arbres ». Ah ! ça change de la ville pardi, on respire l'air de la forêt. Bon, quand même y'en a qui tombent. Et pas mal en ce moment. Mais, approchant des Hautes-Combrailles, plutôt que de parler de forêt, tu ferais mieux d'employer le vocabulai- re de « plantations » car les champs de sapins se voudraient de plus en plus nombreux. Ça pousse plus vite, c'est plus facile à exploiter : bingo pour les entreprises. Les bois paysans cèdent le pas à une forêt à pognon. On coupe tout (d'un coup) quand le marché le demande et si le marché demande du « sapin » on mettra du « sapin », il y en a bien un au gouvernement (demandé par le marché lui aussi). Là, le marché veut du Douglas : il faudrait en planter tous azimuts. Là, le marché a besoin de bois de feuillus : il faudrait en couper massivement. Ô touriste, toi qui te ballade en forêt, sache faire la différence car tu rapportes un peu de pognon aussi à la région en te baladant et, qui sait, on pourrait bien t'écouter. Concurrence oblige, il serait regrettable que tu ailles voir ailleurs. Voir notre Dossier page 9 à 13. Herment Saint-Avit Crocq Mainsat Saint-Maixant Budelière Charbonnières-les-Vieilles Saint-Sylvain-Bellegarde Le Chauchet Gelles Tourisme Ô touriste, ô pourvoyeur économique de nos régions dépeuplées, nous ne pouvons faire autrement que de te consacrer quelque rubrique. Voici donc des curiosités de nos régions, qui pourront servir aussi à tout les brayauds, touristes en leur propre région. Lire page 17 et 18. Lutte pour la représentation du fromage auvergnat Recopiez, photocopiez, signez, arrangez notre lettre et envoyez-la aux députés, aux maires, aux associations, bombardez-les non d'un chien. Le fromage auvergnat doit être repré- senté à son rang ! Voir en dernière page. Une page d'histoire D'un livre épuisé : Vivre dans la Creuse. Une description de l'organisation sociale à Saint-Sylvain-Bellgarde. Des gens qui se plaignent, qui râlent, qui veulent que tout soit plus moderne, plus vite, ou qui crachent sur la modernité : il y en a eu à toutes les époques ! Voir page 7. Les loups-Garous de Giat Il a vraisemblablement été signalé dans plu- sieurs rapports apocryphes des cures de villa- ges (en particulier autour de Giat : Giat, Fernoël, La Celle d'Auvergne, Basville) en fin de moyen-âge (ce qui, pour la région, nous amène à une époque tout à fait proche) des témoignages certifiant l'écoute nocturne de hurlement de loups-garous, reconnaissables par l'éraillement de la voix (enfin du cri) et à l'espèce de toussotement rauque qui accompa- gne la première plainte. On ne les voit étran- gement que les soirs de pleine lune (sans nuage). Selon les rapports, la majorité de ces cris auraient été lancés depuis l'orée de petits bois (ce qui nous ramène au dossier). Le com- bat des Loups de Giat serait historique. Nous nous étonnons de n'avoir reçu aucune pétition pour la reconnaissance de leur langue : la méfiance envers la différence se niche donc jusque dans les plus nobles coeurs (ceux des lecteurs du Trou, n'en doutons pourtant pas). Comme par hasard, un conte d'Auvergne parle de Loup-Garou dans ce coin… cherchez bien dans le journal. AU SOMMAIRE : p. 3 - Se nourrir : un enjeu vital en 1900 Projet de loi : Monsanto pour tous ! Extrait du Lemouzi n°7 de Juillet 1963 p. 4 - La Crise ! Quelle Crise ? PS : La droite dure Camarades Moutons ! Notre cher système p. 5 - Interview : Elyas Saens p. 6 - OBGO Paysages et pastoralisme Gaz de schistes p. 7 - De l'organisation sociale... p. 8 - Abeilles Chronique Extrait de « La Billebaude » p. 9 - DOSSIER : «Bois et forêts» p. 14 - Activité des députés : L.G.V. Organisation d'une économie alternative p. 15 - Rubrique sauvage : reine des prés p. 16 - Le Loup-Garou (conte) p. 17 - La tombe de Pierre Loth p. 18 - Le gour de Tazenat et tourisme Le viaduc de la Tardes Organisation d’une écono- mie alternative et solidaire Compte rendu d’une réunion consacrée à la réflexion sur l’organisation d’une économie alternative et solidaire en Combrailles en pré- vision d’une prochaine crise économique et sociale. Lire page 14. OGM obligatoire Dernière lubie européenne pour nous retirer la liberté de cultiver son potager. Rien de moins que cela ! En effet, cette "Loi sur les matériaux de reproduction des plantes" ren- drait illégal le fait de vendre, cultiver ou repro- duire toute semence n'ayant pas été testée et approuvée par l'agence pour l'UE sur la diver- sité des plantes À lire page 3 GAZ de Schiste à tous les étages Le Crédit Agricole, via certains comptes épar- gnes des particuliers, aurait mis quelques billes dans le gaz de schiste ? Hollande parti de la Corrèze, on peut étudier les permis, tout déguelasser : le président n'a plus besoin des corréziens. Voir page 6.

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numéro : 4 - été 2013 - pour la modique somme de : 2,50 �Le journal pratique pour écraser les mouches

Le Trou des Combrailles - n° 4 / été 2013 p.1

DOSSIER : BOIS ET FORÊTSÔtouriste, toi qui te promènes dans les Combrailles, tu te dis «que c'est beau tous ces arbres». Ah ! ça change de

la ville pardi, on respire l'air de la forêt. Bon, quand même y'en a qui tombent. Et pas mal en ce moment.Mais, approchant des Hautes-Combrailles, plutôt que de parler de forêt, tu ferais mieux d'employer le vocabulai-

re de «plantations» car les champs de sapins se voudraient de plus en plus nombreux. Ça pousse plus vite, c'est plusfacile à exploiter : bingo pour les entreprises. Les bois paysans cèdent le pas à une forêt à pognon. On coupe tout (d'uncoup) quand le marché le demande et si le marché demande du «sapin» on mettra du «sapin», il y en a bien un augouvernement (demandé par le marché lui aussi). Là, le marché veut du Douglas : il faudrait en planter tous azimuts.Là, le marché a besoin de bois de feuillus : il faudrait en couper massivement.

Ô touriste, toi qui te ballade en forêt, sache faire la différence car tu rapportes un peu de pognon aussi à la région en tebaladant et, qui sait, on pourrait bien t'écouter. Concurrence oblige, il serait regrettable que tu ailles voir ailleurs.Voir notre Dossier page 9 à 13.

HermentSaint-AvitCrocqMainsatSaint-MaixantBudelièreCharbonnières-les-VieillesSaint-Sylvain-BellegardeLe ChauchetGelles

TourismeÔ touriste, ô pourvoyeur économique de nosrégions dépeuplées, nous ne pouvons faireautrement que de te consacrer quelquerubrique. Voici donc des curiosités de nosrégions, qui pourront servir aussi à tout lesbrayauds, touristes en leur propre région.Lire page 17 et 18.

Lutte pour la représentationdu fromage auvergnatRecopiez, photocopiez, signez, arrangez notrelettre et envoyez-la aux députés, aux maires,aux associations, bombardez-les non d'unchien. Le fromage auvergnat doit être repré-senté à son rang !Voir en dernière page.

Une page d'histoireD'un livre épuisé : Vivre dans la Creuse.Une description de l'organisation sociale àSaint-Sylvain-Bellgarde. Des gens qui seplaignent, qui râlent, qui veulent que toutsoit plus moderne, plus vite, ou qui crachentsur la modernité : il y en a eu à toutes lesépoques !Voir page 7.

Les loups-Garous de GiatIl a vraisemblablement été signalé dans plu-sieurs rapports apocryphes des cures de villa-ges (en particulier autour de Giat : Giat,Fernoël, La Celle d'Auvergne, Basville) en finde moyen-âge (ce qui, pour la région, nousamène à une époque tout à fait proche) destémoignages certifiant l'écoute nocturne dehurlement de loups-garous, reconnaissablespar l'éraillement de la voix (enfin du cri) et àl'espèce de toussotement rauque qui accompa-gne la première plainte. On ne les voit étran-gement que les soirs de pleine lune (sansnuage). Selon les rapports, la majorité de cescris auraient été lancés depuis l'orée de petitsbois (ce qui nous ramène au dossier). Le com-bat des Loups de Giat serait historique. Nousnous étonnons de n'avoir reçu aucune pétitionpour la reconnaissance de leur langue : laméfiance envers la différence se niche doncjusque dans les plus nobles cœurs (ceux deslecteurs du Trou, n'en doutons pourtant pas). Comme par hasard, un conte d'Auvergne parlede Loup-Garou dans ce coin… cherchez biendans le journal.

AU SOMMAIRE :p. 3 - Se nourrir : un enjeu vital en 1900

Projet de loi : Monsanto pour tous !

Extrait du Lemouzi n°7 de Juillet 1963

p. 4 - La Crise ! Quelle Crise ?

PS : La droite dure

Camarades Moutons !

Notre cher système

p. 5 - Interview : Elyas Saens

p. 6 - OBGO

Paysages et pastoralisme

Gaz de schistes

p. 7 - De l'organisation sociale...

p. 8 - Abeilles Chronique

Extrait de « La Billebaude »

p. 9 - DOSSIER : «Bois et forêts»

p. 14 - Activité des députés : L.G.V.

Organisation d'une économie alternative

p. 15 - Rubrique sauvage : reine des prés

p. 16 - Le Loup-Garou (conte)

p. 17 - La tombe de Pierre Loth

p. 18 - Le gour de Tazenat et tourisme

Le viaduc de la Tardes

Organisation d’une écono-mie alternative et solidaireCompte rendu d’une réunion consacrée à laréflexion sur l’organisation d’une économiealternative et solidaire en Combrailles en pré-vision d’une prochaine crise économique etsociale.Lire page 14.

OGM obligatoireDernière lubie européenne pour nous retirerla liberté de cultiver son potager. Rien demoins que cela ! En effet, cette "Loi sur lesmatériaux de reproduction des plantes" ren-drait illégal le fait de vendre, cultiver ou repro-duire toute semence n'ayant pas été testée etapprouvée par l'agence pour l'UE sur la diver-sité des plantesÀ lire page 3

GAZ de Schiste à tous lesétagesLe Crédit Agricole, via certains comptes épar-gnes des particuliers, aurait mis quelquesbilles dans le gaz de schiste ? Hollande parti dela Corrèze, on peut étudier les permis, toutdéguelasser : le président n'a plus besoin descorréziens. Voir page 6.

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p. 2 Le Trou des Combrailles - n°4 - été 2013

Saint-Gervais d'AuvergneUn haut représentant de la firme laitièreFlamby, le plus haut, viendrait incognito aumois d'août (est-ce à l'occasion du bal ?) afinde voler le secret de fabrication du gaperon debrebis. Il ne pourrait déléguer cette opérationdélicate à aucun membre de son équipe vu lepeu de confiance qu'il leur accorde désormais(après une trébuchante affaire concernant despetits suisses). La firme Président et le réseauGouda (récemment francisé) semblent définiti-vement battus. Mais il est de notre devoir d'en-tretenir le suspense : à l'impossible, nul n'estdétenu.

YouxUn trou d'une ampleur météoritique aurait étéaperçu furtivement sur la commune.

GlouxUn trou d'une ampleur météoritique aurait été

aperçu furtivement sur la commune.

GouttièresMême trou. Ça suffit maintenant, on veut lesclichés.

Saint-LoupAouhAouhAouhouu

Sainte-VacheAh non, cette commune n'existe pas !

BrèvesDordogne barréeDans la lignée deNotre-Dame des Landes: lebarrage de Redenat en Corrèze.En Xaintrie, dans le Sud-Est de la Corrèze, unprojet de barrage gargantuesque est en train derevoir le jour sur la commune d’Auriac.Abandonné en 1982, le projet STEP(station deTransfert d’Energie par Pompage) de Redenatnoierait au minimum de 250 hectares de prairies,de zones humides dont des tourbières (habitatrare et menacé), de petits ruisseaux… Le procé-dé STEPpasse pour écolo sous l’étiquette éner-gie renouvelable… Mais l’eau est pompée dansla Dordogne pour être remontée sur un plateau à650 mètres d’altitude (grâce au surplus d’énergienucléaire en zone creuse). Et l’énergie consom-mée pour faire monter l’eau est supérieure àcelle produite à la descente… sauf que cette der-nière l’est aux heures pleines donc plus chère etrentable (pour l’instant car la différence heurescreuses et heures pleines tend à s’amenuiser).Bref un projet spéculatif juste pour remplir lespoches d’EDF et celles du département de laCorrèze qui percevrait une belle redevance. Dequoi rappeler Notre-Dame des Landes. Avec 20mètres de marnage horizontalement et 9 vertica-lement, tout ça en une semaine, pas questiond’en faire ni un lac touristique ni un lac favora-ble à la biodiversité comme le prétend EDF!Af faire à suivre. Consultez le sitehttp://risr.pagesperso-orange.fr pour en savoirplus.

LGV LimogesOn pouvait s’y attendre: La Montagne est pas-sée à l’offensive et fait publicité tout crin pour laLigne à Grande Vitesse. Le 15 mai, étant de sortià Ussel, je tombe sur l’exemplaire corrézien.C’était un grand concerto de trompettes poursoutenir le projet de LGVPoitiers-Limoges.Mais alors, des pages et de pages! Le CréditAgricole (actionnaire du journal) y est allé fort.Et Michelin, à Clermont, a dû souffler à son col-lègue limousin de faire la pub pour sa LGV, pourmieux asseoir la sienne, assez pénible à tracersemble-t-il, la Paris-Clermontbis.

Erratum : LandogneLes maisons pavillonnaires ont pris place d’unbon champ et non d’un bois! Alors là, franche-ment, je n’ai plus les yeux en face des trous pourregarder une image satellite. Voilà ce que c’estde se fier à la technologie. Enfin, cela ne changeguère le propos sur le mitage, ni mon point devue personnel…JD

Bromont-LamotheNous répondons ici à un lecteur qui nous disaitque « quelques personnes du secteur dePontgibaud ont évoqué un mouvement sismiquefin mars 2013 et la disparition d’une grande par-tie d’eau de la retenue EDF d’Anschald suite àune faille (en moins de 24 heures)». La retenue est utilisée par EDF qui effectue deslâchers. Suite à un lâcher, le niveau d’eau baissedonc rapidement.L’Observatoire de physique du Globe deClermont-Ferrand n’a relevé aucun pic sismiquefin mars, la valeur la plus élevée qu’ils nous ontmentionné était pour mi-avril à Pontaumur (etencore pas bien haut).Cependant, il reste vrai que des infrastructuresmassives, des barrages, des retenues d’eauimportantes (par le poids de l’eau) peuvent pro-voquer des failles et des glissements de terrain,peuvent augmenter la magnitude et la fréquencedes tremblements de terre. Le pont autoroutier,ou tout simplement l’autoroute pourraient êtredes infrastructures suffisamment massives pourprovoquer des bouleversements. Leur impactsera certainement à surveiller.Il ne faudrait pas toutefois confondre une perted’eau avec un lâcher EDF.Mais il faudrait peut-être davantage de préci-sions sur cette-dite faille…

LépaudAssociation d’éducation populaire, LesSerruriers Magiques accueillent depuis quelquesmois, dans la Creuse, à Lépaud (secteurChambon sur Voueize), des enfants et des jeunesde quartiers parisiens qui ne bénéficient pas de

vacances familiales. Une dizaine d’enfants estaccueillie sur le lieu durant chaque période devacances scolaires, pour des séjours rythmésentre ateliers (chantiers, bricolage, jardin, cuisi-ne, soins aux animaux) et activités de loisirs.L’équipe est petite et bénévole (+ un salarié), laCreuse est grande… Si vous avez un peu detemps libre et l’envie de faire découvrir votrerégion (une idée de balade, un coin où voir desanimaux…) ou votre passion (une visite de votreferme, de votre jardin, votre élevage, une lunetteastronomique…) à des enfants assoiffés dedécouvertes et de rencontres… Si vous avezdes compétences particulières, un savoir-faire(peinture, menuiserie, menuiserie, menuiserie,que sais-je encore…) que vous aimeriez partagerpour aider des enfants souvent en échec à «réus-sir quelque chose», n’hésitez pas à nous contac-ter ! Enfin, plus matériellement, si vous avez dumatériel qui traîne ou qui ne sert pas, nous récu-pérons outils, matériaux, bois, etc. N’hésitez pas à contacter Fabien: Les Serruriers Magiques, 23170 Lépaud; [email protected]; 09 88 66 28 44;06 76 98 89 74; et pour en savoir plus:www.serruriersmagiques.com... Merci d'avance!

Retenue D’Anschald :ChénéraillesInterrogations quant au contournement routierprévu. Il s’agirait d’aller à Gouzon (enfin à lanationale) depuis Aubusson sans passer par lacase Chénérailles. Ça évite aux poids lourds detraverser le bourg ?... Et ça évite peut-être ausside s’arrêter, d’aller au bistrot, au resto, à la bou-langerie, au point presse… et peut-être pasqu’aux poids-lourds. Habitants de Chénérailleset alentours, n’hésitez pas à nous envoyez uncourrier sur cette question.

Mort des sectionnaux ?La loi adoptée le 15 mai 2013 vise quasiment àmettre fin aux biens sectionnaux, ces biens quiappartenaient à l’ensemble des personnes d’unhameau et qui étaient gérés par eux-mêmes. Laloi veut tout simplement les transformer en com-munaux. Là où il fallait 10 personnes propriétai-res sur le village pour constituer un syndicat desection, il faudra désormais 20 habitants… Voici l’article 4-I de la loi :I. - L'article L. 2411-5 du même code est ainsimodifié :1° Le premier alinéa est remplacé par quatre ali-néas ainsi rédigés:« La commission syndicale n'est pas constituéeet ses prérogatives sont exercées par le conseilmunicipal, sous réserve de l'article L.2411-16,lorsque :« 1° Le nombre des électeurs appelés à dési-gner ses membres est inférieur à vingt;« 2° La moitié au moins des électeurs n'a pasrépondu à deux convocations successives dureprésentant de l'État dans le département faitesà un intervalle de deux mois;« 3° Les revenus ou produits annuels des biensde la section sont inférieurs à2 000 � de reve-nu cadastral, à l'exclusion de tout revenu réel. Cemontant peut être révisé par décret.» ;2° Après la référence: « L. 2113-23, », la findu second alinéa est ainsi rédigée: « dans leurrédaction antérieure à la loi n°2010-1563 du 16décembre 2010 de réforme des collectivités ter-ritoriales, ou le conseil de la commune déléguéeprévu à l'article L.2113-12 constituent, avec lemaire de la commune, la commission syndicale.»A voir sur le sujet: le reportage de Télé-Millevaches de mai 2013

PontaumurSuite aux odeurs nauséabondes et suspectesdégagées par l'usine agro-alimentaire Innov'ia àla sortie est de Pontaumur, une association s'estmontée. Les semaines qui suivent nous dirontcomment le dossier a avancé. Toujours est-il quebeaucoup d'acteurs s'y sont penchés.

La NauteC'est cet été qu'on va tester le bruit, l'ampleurinsupportable du brouhaha dans nos cambrous-ses. Le bétail aux alentours va-t-il pouvoir dor-mir et ruminer tranquillement ?

EditoParce que c'est ça aussi...

Voilà, nous sommes mi-mai, il fait un temps de merde : froid, pluie, humidité quasi-

permanente, vent, grisaille et le directeur de publication a passé sa commande : l'é-

dito du Trou des Combrailles n°4, le numéro de l'été, doit arriver au plus tôt... En gros,

je suis en retard, l'édito devrait déjà être terminé...

Parce que c'est ça aussi le Trou, essayer de coller à l'actualité avec quelques mois

d'avance... Difficile pourtant d'imaginer le beau temps, voire impossible. J'aurais

sûrement mieux fait d'écrire quelque chose de plus aguicheur du style : « Salut lec-

teur, le ciel est bleu, les lézards sortent... bla, bla, bla, bla », mais non ! Pas de chan-

ce, je n'ai pas envie ce soir, je rentre du boulot, je suis claqué, j'en ai plein le dos, je

ne ferai pas semblant en plus de voir la vie en rose et un soleil fictif ! Je m'y colle donc

en me disant : « Voilà je vais encore devoir me farcir l'édito... »

Parce que c'est ça aussi le Trou, une bande de bénévoles qui écrivent en sortant du

boulot, qui écrivent entre un entretien d'embauche et un rendez-vous Pôle Emploi, qui

écrivent entre une semaine de stage et une semaine en cours...

D'ici quelques jours/semaines, il faudra relire et corriger les articles et passer à la

mise en page, réalisée par des bénévoles du Trou... Il faudra encore s'y coller à nou-

veau... Et pourtant, on le fera avec le sourire, en ronchonnant un peu au début certes,

mais toujours avec motivation...

Parce que c'est ça aussi le Trou, une aventure incertaine où chacun met du sien pour

que le numéro suivant puisse encore voir le jour...

Ensuite arrivera l'étape de l'impression... Avec parfois des coquilles dans les

1 000 exemplaires, coquilles qu'on corrigera à la main en s'armant de courage,

patience et abnégation et en faisant des paquets de 10, pour pouvoir assurer la dis-

tribution !

Parce que c'est ça aussi le Trou, un journal artisanal, fait à la main...

Il faudra ensuite appeler les copains, les copines, les proches, la famille et aller le dis-

tribuer : 5 ou 10 exemplaires par-ci, par-là, dans les commerces et les librairies qui

acceptent de le prendre en dépôt-vente...

Parce que c'est ça aussi le Trou, un travail de fourmis qui se fait dans la débrouille et

dans l'urgence, les ventes du numéro précédent permettant juste de financer le sui-

vant...

Voilà pourquoi ce soir, bien qu'étant harassé, épuisé et las, j'ai écrit cet édito : parce

que c'est tout ça le Trou des Combrailles !

GM

Brèves douteuses

« Le pinard, ça devrait être obligatoire. »Coluche

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Le Trou des Combrailles - n°4 - été 2013 p. 3

Manifestation contre Monsanto partout

dans le monde, ce 25 Mai dernier. A Paris,

quelques centaines de personnes. Le len-

demain, en ce même lieu, "Manif pour

tous" : 1 million de participants...

Pendant que des intolérants se battent pour unecause qui ne concerne même pas la plupartd'entre eux, on s'empresse en haut lieu d'avan-cer sur la voie du "tout breveté". Dernière lubieeuropéenne qui, si elle devient réalité et estappliquée, va nous retirer l'une des dernièreslibertés qu'il nous reste : celle de cultiver sonpotager. Rien de moins que cela ! En effet,cette "Loi sur les matériaux de reproductiondes plantes" rendrait illégal le fait de vendre,cultiver ou reproduire toute semence n'ayantpas été testée et approuvée par l'agence pourl'UE sur la diversité des plantes. Exit donc,variétés anciennes non hybrides et autoprodui-tes, et place aux F1, OGM et consorts !Du coup, le jardinier amateur (ne parlonsmême pas du paysan) cultivant ses propressemences (ou même des légumes à base de

graines non certifiées) se retrouvera dans l'illé-galité !Bien entendu, on ne va pas envoyer unbataillon de gendarmes chez chaque particulierpossédant un lopin de terre cultivée, mais enéliminant ses fournisseurs (grainetiers bio,petits maraîchers...) on le réduira bientôt à n'a-cheter que des graines "calibrées EU" qu'il serabien forcé de renouveler chaque année, auprèsde quelques grands groupes fournisseurs...C'est déjà plus ou moins le cas avec les pay-sans, et si on l'étend à tout le monde, on seretrouve avec Monsanto (pour ne citer quecelui-ci) faisant la pluie et le beau temps sur lesrécoltes : on peut par exemple les imaginerrendre sciemment stérile une partie du grainvendu et, accessoirement créer des famines iciet là dans le seul but de faire monter les coursen bourse... La réussite de cette odieuse métho-de serait assurée si plus personne n'était enmesure de produire par et pour lui même.On entr'aperçoit encore le spectre du "contrôletotal" cher à nos dirigeants (pas les politiques,ces pantins, mais les autres, ceux qu'on ne voitjamais, et qui tirent les ficelles) et qui, dans un

idéal absolu, verraient la quasi totalitéde la population cloitrée dans desmégapoles tentaculaires, dépendantintégralement de produits manufac-turés, tandis que la classe supérieurese réserverait des hectares de campa-gne non souillés et avidement proté-gés, et où les quelques dissidentsayant refusé de rentrer dans le rangse verraient retourner plus ou moinsà l'état sauvage... Mauvais scénario de science-fiction ? C'est pourtant ça, le "mondeselon Monsanto"...Continuez donc à manifester pourdes causes qui n'en sont pas, pendantce temps, les lobbyistes des grandesmultinationales œuvrent pour vousrendre plus dépendant encore de leurssales activités ; prochaine étape du proces-sus d'asservissement : fin du CDI, et place à laflexibilité au travail ! Mais c'est une autre his-toire dont on reparlera plus tard ; c'est qu'ilreste encore moult combats bien plus impor-tants aux yeux de la masse que ceux menés parquelques irréductibles adeptes de l'autogestion: insécurité, immigration, terrorisme... Et quifont couler bien plus d'encre !Lentement mais surement, nous devenons lesartisans de notre propre servitude et bientôt ilsera trop tard pour faire machine arrière.

Refusons maintenant la pensée unique et ne leslaissons pas breveter jusqu'à nos existences, nenous trompons pas de cible : l'ennemi n'est pasl'étranger, l'autre. Le premier ennemi à com-battre est déjà le fatalisme qu'on porte en nous,cette idée qu'on ne pourrait rien faire. Or, ànotre échelle, une multitude de petites victoiressur le monde capitaliste est possible : conti-nuons à manger local, à construire local, etboycottons ceux qui veulent faire de nous desbouffeurs de merde écervelés.

Projet de loi au parlement européen : Monsanto pour tous !

W.

Les motivationsL'idée d'évoquer la manière de se nourrir deshabitants de Lupersat en 1900 est venue toutnaturellement aux membres de l'AssociationPour le Patrimoine du village comme une suitelogique de leurs travaux. Fondée par AntoninSeigneuric en 2000, l'APPLa en effet pourobjectif de dresser l'inventaire du petit patri-moine local, de le conserver et de le faireconnaître. Or on peut considérer que lesmœurs alimentaires des anciens font aussi par-tie du patrimoine de la commune. Patrimoineimmatériel, comme l'est le repas traditionnelfrançais classé aujourd'hui au patrimoine del'humanité. Patrimoine historique, également,car en explorant le domaine alimentaire desannées 1900, on découvre une époque char-nière. Une histoire de paysage et d'hommesqui raconte un mode de vie ancestral avant quesurviennent les grands bouleversements de lamodernité et la révolution alimentaire. Pourl'association, le travail minutieux de recherchedans les archives et les vieux livres de l'é-poque a commencé en 2009. Avec l'aide denombreuses bonnes volontés du village, c'estle fruit de ces années de recherches qui seraillustré à Lupersat cet été à travers de nom-breuses manifestations regroupant des exposi-tions, les travaux des enfants, les marchésdominicaux des producteurs du circuit-courtlocal, les entretiens de 18h30 à 19h30 dénom-més " Brèves Rencontres ". Les visiteurs pour-ront découvrir aussi une vingtaine de planta-tions emblématiques de l'époque (céréales etlégumes divers), visiter un moulin à grain, un

pressoir à huile et même une laiterie modernepour faire le lien avec le présent. L'événementdevrait attirer beaucoup de monde car l'histoi-re de Lupersat n'est pas unique, c'est aussicelle de tous les villages de la région, sonpassé alimentaire appartient donc à l'histoirede toute la Creuse.

Lupersat dans les années1900Au recensement de 1870, Lupersat est unebourgade de Haute-Marche Combraillesregroupant 1800 habitants. 300 vivent aubourg qui compte de nombreux commerces, lamajorité des habitants de la commune serépartissant sur de petites fermes disperséessur près de 90 km². Le paysage diffère grande-ment de celui d'aujourd'hui. Les forêts et lesbois sont rares, seul le bois mort sert de boisde chauffage, le reste est réservé à la construc-tion. Les champs sont nombreux, petits, sépa-rés par des murs en pierre sèche que l'on aarraché à la force des bras à la terre siliceuseet pauvre. On vit en autarcie, grâce à l'entrai-de et à la production locale. Mais DameNature va se trouver bientôt insuffisante ànourrir toutes les bouches car dès le début duXXème siècle, l'immigration vers les grandesvilles commence. En 1901, le village necompte plus que 1590 habitants, un chiffre quin'a cessé de baisser depuis.

Pour illustr er les coutumes alimen-tair es de l'époque, sept thèmes ontété choisis :

Le manger quotidienIl concerne 350 jours par an et l'on ne mangeque des légumes : topinambour, panais, navet,carotte, chou, fromage de vache. La soupe àtous les repas est accompagnée d'un pain deseigle noir et dur.

Le manger des grands joursA la fête de la batteuse par exemple, on tue lecochon, on pêche les étangs, on sert du gibier,on mange trop, mais ce n'est que 5 jours par an.

Le boireOn produit sur les coteaux un raisin maigri-chon qui donne une piquette un peu acide donton se sert pour couper l'eau du puits - àLupersat chaque maison à son puits.

Le grasLe beurre est souvent vendu au marché maison utilise le saindoux pour conserver les ali-ments. On produit aussi beaucoup d'huile pourla cuisine et l'éclairage : huile de noix, de chan-vre, de lin, d'œillette (graine de pavot)… Lemoulin tourne à plein.

Le goûtQuand on a vendu quelques œufs et volaillesau marché, on achète à l'épicerie du village leprécieux sel, le poivre et le pain de sucre decanne si l'on n'a pas de ruche.

Les dangers de l'alimentationet les bienfaits des plantesAujourd'hui nous nous méfions des produitschimiques dans la nourriture. Nos anciens,eux, devaient se garder des microbes quePasteur venait tout juste de découvrir. Onmeurt en buvant l'eau polluée d'un puits, parintoxication alimentaire ou en consommant parmégarde champignons toxiques ou ciguë quipoussent partout dans les champs. Mais onconnaît aussi les vertus médicinales des plantesnotamment l'angélique et la consoude.

La nourriture qui évolueTout doucement, sans qu'on s'en aperçoive, lesmœurs alimentaires changent. Les migrants deretour rapportent dans leur besace de nouveauxproduits, de nouveaux plants. On introduitainsi par exemple les pommiers de Bretagnequi produisent un très bon cidre. La chaux,transportée par chemin de fer, apporte l'amen-dement qui va enrichir les sols et permettre decultiver du blé. On bouge plus d'un départe-ment à l'autre et on découvre ainsi que le vinest meilleur en Auvergne, ce qui précipitera l'a-bandon des vignes creusoises.

Bien d'autres découvertes attendent le visiteurcet été à Lupersat. Conçu à la fois dans unesprit ludique et didactique, l'événementdevrait toucher un large public qui découvriraune époque rude mais où régnaient l'entraide etune vie saine, au plus près de la nature, loin detoutes les dérives de notre société de consom-mation.

Lupersat 201325 juillet - 4 août 2013

Se nourrir : un enjeu vital pour une communauté rurale en 1900

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p. 4 Le Trou des Combrailles - n°4 - été 2013

Si l'on en croit les dictionnaires, une crise estl'aggravation passagère d'un état. Or voilà que,selon la gauche comme la droite, nous sommesinstallés dans une crise qui ne semble pas prèsde finir, bien au contraire…C'est un abus de langage qui nous entraîne versde fausses conclusions, sur un terrain idéolo-gique où nous ne devrions pas nous laissermener.Nous ne sommes pas confrontés à une crise,mais à une grave et même mortelle maladiechronique, un cancer que la gauche elle-mêmen'a pas cherché à soigner et qui métastase lasociété tout entière.Non, ce n'est pas une crise mais l'effondrementgénéralisé, qui semble s'accélérer, d'un systè-me dominé par le capitalisme financier et spé-culatif et par la course imbécile, perdue d'a-vance, à une croissance qui nous tue car nepouvant être infinie dans un monde fini.Effondrement social, effondrement politique etsurtout effondrement environnemental, dontnous sommes loin d'avoir pris toute la mesure.Effondrement global qui n'affecte plus tellecatégorie ni tel pays mais qui gangrène la pla-nète entière et menace de la rendre de plus en

plus invivable.Si l'on nous parle de crise, si de tous bords etde tous médias l'on nous serine ce mot pourqu'il pénètre bien en nos cervelles amollies,c'est pour nous faire croire insidieusement quenous vivons un moment, certes difficile à pas-ser mais qui ne saurait durer puisque, commechacun le sait depuis au moins cinquante ans,le bout du tunnel est en vue… sauf que ledittunnel paraît s'allonger à mesure que nous yavançons à l'aveuglette.Ce "serrons-nous la ceinture" (où il fautentendre en vérité: serrez-VOUS la ceinture)est le plus gros et le plus pernicieux mensongede nos temps qui n'en sont pas avares.Partout, les acquis sociaux sont réduits à peaude chagrin, les services publics sont liquidésouvertement ou en douce, les travailleurs detoutes catégories voient, quasiment sans lutte*,leurs droits et leurs moyens de vie régresser,tandis que les firmes internationales engran-gent des bénéfices exorbitants et que les "vedettes " (du spectacle, du sport, du blablapublicitaire…) se gobergent de millions d'eu-ros ou de dollars, tandis que BMW, Mercedeset autres marques de prestige distribuent des

dividendes à leurs employés, prouvant par làque le LUXE se porte à merveille et que l'ar-gent qui n'est plus dans nos poches en a trouvéd'autres, moins nombreuses mais bien mieuxgarnies, où se réfugier. Merci les pauvres!La prochaine fois qu'on vous parle de crise,levez donc le poing et demandez: " Tu veuxun bourre-pif ou quoi? "Par parenthèse, l'autre mot diabolisé qu'il fau-drait éviter de prendre pour argent… man-quant, c'est DETTE, publique notamment. Eneffet, on nous parle toujours des endettés, maisjamais de leurs créanciers, toujours de ceux quidoivent du pognon, mais jamais de ceux quiveulent se le goinfrer et, à cette fin, organisentlittéralement la pauvreté, voire la misère. Vous avez déjà entendu parler de cette Banquecentrale européenne qui consent des prêts à fai-ble intérêt, non aux États mais aux banques,lesquelles s'engraissent en prêtant auxdits Étatsà fort taux de bénef', sans aucun risquepuisque, en cas de malheur, c'est le contribua-ble qui viendra à la rescousse! Mais avez-vous déjà entendu les politiciens enplace s'élever contre cette pratique qui nousmet dans le rouge? Moi pas!Gyb, Blot

(*) Selon une boutade, lorsque l'esclavage serarétabli, certains syndicats, applaudis aujourd'-hui par le Medef pour leur docilité, négocie-ront… le poids des chaînes !

Sur l'agriculture en Corrèze : le point de vued'un agriculteur

Origine du malaise agricoleMais je suis ici pour vous parler de la

crise agricole. Elle existe depuis trois ans exac-tement. C'est, en effet, vers les mois de décem-bre 1959 et janvier 1960, que les journaux degrande information ont commencé à faireparaître quelques articles ayant trait aux pro-blèmes agricoles et aux revendications aux-quelles ils donnaient lieu. Et c'est seulement,j'en ai fait l'expérience, depuis ce moment-làque vous pensez que quelque chose ne va pasen agriculture.

C'est alors qu'on a parlé de la criseagricole.

Pour moi, la crise agricole, c'est à peuprès ceci ; vous excuserez ce qui peut ressem-bler à une parabole et n'est qu'une approxima-

tion.Un homme est malade depuis très

longtemps. Comme ses voisins et ses parentss'intéressent peu à lui, et comme il est lui-même un peu niais, il l'ignore. Ayant eu l'occa-sion, par la force des choses, d'approcher lesautres, il se rend compte un jour qu'il ne vit pascomme tout le monde, il s'inquiète, prend satempérature et dit : " j'ai de la fièvre, je suismalade ". Il fait quelques excentricités quigênent les voisins, qui pensent : il a une crise,une crise de mauvaise humeur ou une crise defolie…

Voilà, pour moi, à peu près, ce qu'estla crise. La maladie existe depuis longtemps,elle s'aggrave fortement ces dernières années,par l'éveil à la connaissance de l'économiegénérale et par la détérioration régulière de l'é-conomie agricole.

Il ne faut donc pas parler de crise,

mais de maladie, de malaise agricole ou, plussimplement, des problèmes agricoles.

Le malaise agricole existe donc cheznous. Je n'en veux qu'une preuve.

Depuis plusieurs générations, ceuxqui avaient, par définition, une responsabilitésur la bonne marche de l'agriculture et sur sonavenir, sont partis ou ont laissé partir leursenfants chercher une situation plus rémunéra-trice ailleurs. Comme il n'y avait pas de villeimportante pour les retenir, ils sont partis loinet ont perdu le contact.

La non-acceptation des difficultés parceux qui ont pu les éviter a, au moins, l'avan-tage de nous montrer leur existence. Le résul-tat de cet abandon est lamentable : c'est leregard technique et le manque d'esprit d'évolu-tion des agriculteurs. Mais, comment condam-ner ceux qui sont devenus d'excellents fonc-tionnaires, de brillants et braves officiers ?

Louis Brugère

Passez par la case pôle-emploi. Suivez les indi-cations. Demandez le RSApour être éligibleaux contrats aidés. Faites-vous enculer unepremière fois bien en profondeur. N'obtenezpas de travail grâce aux campagnes présiden-tielles. Faites-vous «esclave des temps moder-nes». Ne demandez pas les restes de la carot-te. Levez-vous à 6h pour faire des toilettes carvous êtes motivé. Ne rentrez pas chez vousavant 20h30. Pointez 10 fois par jour enmoyenne pendant que vous regardez le sand-wich que vous n'avez pas eu le temps de man-ger. Ne comptez pas les kilomètres qui ne voussont pas remboursés. Prévoyez d'être devin.Dirigez-vous à la bonne adresse sans en êtreinformé. Ne tombez ni malade ni en panne devoiture. Prévoyez une tenue d'enterrement auquel cas la personne que vous devez accompa-gner serait dans son cercueil. Incarnez la ponc-tualité même en cas de neige. Ne finissez pasdans le fossé ou l'horloge interne du répondeurvous proposera deux choix : Faire payer desheures supplémentaires aux personnes dans lamerde chez qui vous travaillez ou ne pas vousfaire payer toutes vos heures de travail.Estimez-vous content d'être fatigué et tra-

vailleur précaire. Laissez-les faire, ils s'assu-rent que votre salaire ne dépasse pas 850 euros.Ne réclamez pas vos contrats de travail. Nerecevez pas vos attestations employeur.Passez par la case Caf. Recevez des courriersque vous ne comprenez pas. Essayez de joind-re leur service grâce à un appel surtaxé.Attendez. Réessayez. Dites bonjour sans avoirl'air contrarié. Posez une question seulementpar appel, eux aussi sont visés par la pointeuse.Donnez-leur toutes les informations qui vousconcernent. Commencez par votre identifiantet nationalité puis votre numéro de compte enbanque ensuite votre situation professionnelleet enfin votre vie sexuelle. Demandez- leurpourquoi ils vous réclament de l'argent. Suivezles nouvelles indications. Allez directement auguichet. Garder patience: les deux prochainespermanences tombent des jours fériés.Economisez-vous, attendez la réponse avant devous inquiéter. Respirez: la réponse est à cou-per le souffle. Ne percevez aucun revenu surun trimestre et notifiez le nombre de respira-tions que vous avez effectuées en un mois. Netouchez pas vos droits Assedic avant de faireune demande de RSA. Faites fondre vos éco-

nomies pour payer votre loyer ainsi que voscharges. Offrez à la Caf l'équivalent de voscongés payés et indemnisations de fin decontrat. Profiter de cette sodomie gratuitementune seconde fois. Installez-vous en couple.Gobez l'enrobé des systèmes d'exploitationsinformatiques qui traite votre dossier.Asseyez-vous bien confortablement pendantque la machine s'occupe de compter les inté-rêts et bénéfices que lui prodigue votre assujet-tissement coopératif. Apprenez que «loi offi -cielle» et «dépendance du système» sontsynonymes. Souriez, la déclaration d'impôtsest sur votre bureau. Remplissez les nouvellescases. Le tirage de la loterie des financespubliques est pour bientôt. N'attendez pas.Comptez si oui ou non vous serez exonéré oubien si une prime vous sera attribuée. Payezvos dettes aux collaborateurs de votre ban-quier. Restez fair-play, si vous avez desenfants, les primes de rentrée scolaire sontpour bientôt. Et n'oubliez pas de penser aupère-noël puisque qu'un nouveau chèque vien-dra engraisser votre humanité.

Camarades Moutons !Pénétrez les joyaux désinvoltes de la nature de notre cher système.

Le vocabulaire n'est pas innocent

LA CRISE ! QUELLE CRISE ?

Extrait du Lemouzi n°7 de Juillet 1963 PS : la droite durePreuve par les retraitesNotre président n'a guère le souci d'être «àgauche» et nos concitoyens des Combrailles,à la retraite, ou en passe de l'être, ont tout lieude s'inquiéter de leur sort. Il paraît qu'Hollanderefuserait de faire porter le fardeau des retrai-tes à la nouvelle génération. La réalité est toutautre : Hollande refuse de faire porter le «far-deau» des retraites aux banquiers et aux ren-tiers puisque la raison première du besoin d'ar-gent est le remboursement de la dette (premierbudget de l'Etat), de verser les intérêts desintérêts à des gens qui croulent sous lesmillions. C'est la justice sociale selon le PS ; ladroite (UMPou FN) se cache moins : elle misesur l'injustice.Pour les socialistes, les idées de gauche nesont qu'un hochet, ce qui compte c'est de mon-ter les marches. Les socialistes qui représen-tent nos régions des Combrailles, (et surtoutceux qui ont été élus dans des fiefs de gauche:la basse et moyenne Combraille auvergnate enparticulier) feraient mieux d'alerter les diri-geants de leur cher parti : le hochet ne fonc-tionnera pas toujours.JD

" Frédéric Lordon : Il y aurait un travail àfaire de recensement systématique de toutesces inversions de langage. Dans l'ordre de cesparadoxes lexicaux, je mettrais en bonne placecet argument qui consiste à dire que " réduirela dette et le déficit, c'est le moyen d'être indé-pendant ". ce qui signifie : pour gagner l'indé-pendance, il faut se jeter aux tréfonds de ladépendance des marchés financiers et toutleur céder ! c'en est une belle, celle-là, n'st-cepas ? Mais finalement la meilleure, je medemande si ce n'est pas celle qui consiste àpersister, contre toute logique, contre touteévidence, à appeler " la gauche " le PartiSocialiste, alors qu'il est manifestement unecomposante de la droite.Je crois que nous vivons dans une époqueintellectuellement déréglée et que le travail derectification à opérer est immense. "

Extrait de Vive la Banqueroute, dir. parT. Morel et F. Ruffin, Fakir éditions.

Lettre au Trou

Cher correspondant, J'ai apprécié la lecture du second

numéro de votre journal. J'ai habité 2 ans àBiollet, originaire de Vichy où l'argent est Roi,je me suis passionné par toutes les régions oùj'ai vécu : le Gard, la région Rhône-Alpes, laBelgique et retour en me trouvant en invalidi-té, mais " mobile " suite à une opération ducœur.

Aujourd'hui, je pratique le parcoursdu combattant ne pouvant plus subsister avecune pension d'invalidité. J'ai trouvé un loge-ment contre gardiennage dans ma recherched'aide à la personne pour briser ma solitudeavec des bovins à surveiller malgré que ce nesoit pas ma formation (photographe), adorantla nature et les animaux.

Seulement trouver une activité sansefforts physiques importants relève du miraclesurtout à 59 ans !... J'espère à travers cettelecture trouver du soutien, une parution decette lettre, j'aimerais beaucoup, et de la cha-leur humaine nécessaire à notre société endéconfiture.Cordialement à vous, continuez ainsi...

Jean-Paul Jeantonlieu-dit La Valette, commune de La Celle

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Le Trou des Combrailles - n°4 - été 2013 p. 5

Interview : ElyasSaensRencontre avec un artiste implanté sur la

commune de Gelles, compositeur, photo-

graphe et aussi écrivain.

- D'abord, Elyas Saens, c'est ton nom d'ar-tiste... c'est en référence à Saint-Saëns?

Oui, entre autres, en fait Elyas vient du nomd'un personnage de roman de Jules Verne et duprénom du musicien hindou new-yorkais ElyasKhan. Saens est une référence à Camille Saint-Saëns que j'adore et pour finir, les initialesd'Elyas Saens sont les mêmes qu'Erik Satie, unautre compositeur que j'aime vraiment beau-coup.

- Tu as fais le choix d'habitersur la commu-ne de Gelles, est-ce parattachement à larégion ? Est-ce que tu trouves que c'est unhandicap pour un artiste, de composerenzone rurale?

Je suis très attaché à l'Auvergne et surtout à sesvolcans. J'habite au pied de deux d'entre eux etc'est vraiment stimulant pour moi. La natureauvergnate est une source intarissable d'inspi-ration. Avoir choisi d'implanter mon studiod'enregistrement en zone rurale est forcémentplus difficile que si je travaillais à Paris, sur-tout pour mon métier, mais la passion abolit lesobstacles et cela ne m'a pas empêché de tra-vailler sur la bande originale d'un dessin animédiffusé à l'international. Coproduction améri-caine, italienne et française, ce dessin animé aété réalisé à Los Angeles, les scénarii ont étéécrits en Italie, les animations ont été faites enAsie et la musique en France dont une partie àGelles. Si ce n'est pas une preuve quel'Auvergne est connectée au monde...

- Est-ce que tu travailles à te créerce qu'onappelle un "univers", peut-être onirique ousurréaliste?

C'est assez naturel, je ne cherche pas à le créermais ma façon de vivre, la nature, mes lectu-res, mes passions pour l'histoire antique etl'ethnomusicologie me procurent cette visionparticulière que je peux exprimer dans mamusique, mes livres ou mes photographies.Pour moi, une mélodie, une image ou des motspeuvent être autant inspirés par une plante, une

montagne, un film de Méliès, une œuvre deMohlitz, une légende mythologique, des versd'Apollinaire ou une réflexion de Thoreau....

- Peux-tu présenter ton album, Herbata ?Quand et comment tu as décidé de le faire ?Et quels sont les nombreux instrumentsdont tu uses pourla composition?

L'album ''herbata'' est mon premier véritablealbum et il est le résultat de plusieurs mois detravail. Après avoir composé pour le dessinanimé, j'avais besoin de faire ma propremusique. Mon studio d'enregistrement pouvaittechniquement me permettre une bonne pro-duction donc je me suis complètement isolépendant 6 mois pour composer, enregistrer,mixer et masteriser les 11 titres de l'album. Jepossède plus d'une cinquantaine d'instrumentsethniques du monde entier, d'Inde, de Turquie,d'Asie... en particulier des cordes et des per-cussions. Cela fait des années que je les glaneparce que j'aime leur son, leurs vibrations, leurhistoire mais aussi surtout parce que j'aimetous les jouer.

- Tu as d'autres acti-vités que la composi-tion : la photogra-phie, un romanaussi... ce sont desactivités plus mineu-res pour toi ?Auxquelles tu tiensmoins?

Je fais ces trois activi-tés car elles me pas-sionnent, je n'instaurepas d'échelle de valeurentre elles, l'écritureest très sacrée pourmoi, je ne pourrais pasm'en passer. La photo-graphie me permet demontrer mon regardsur ma région, sur lanature, c'est égalementune autre manière dem'exprimer. Ces troisactivités sont complé-mentaires car ellesremplissent messemaines en se croi-sant, sans jamais inter-férer ni s'imposer lesunes par rapport auxautres.

- Alors, avec toutes ces activités, est-ce quetu aspires à la richesse, à une forme de gloi-re ? Est-ce que tu crois que tes créationssont une petite forme d'immortalité...

Carpe diem... je ne me pose pas plus de ques-tions. J'essaie bien humblement de vivre lemoment présent en faisant ce qui me passion-ne et en payant mes factures grâce à cela. Lavéritable richesse c'est lorsque des personnesme disent qu'ils voyagent avec ma musique,que certaines ont repris goût à la lecture aprèsavoir lu mon livre ou que d'autres ont envied'accrocher une de mes photos dans leursalon... Cela peut paraître simple mais c'est cequi me fait vraiment plaisir. Partager la scèneavec des artistes qui m'inspirent est aussi unerichesse, comme par exemple Leïla Bounous,chanteuse d'Orange Blossom, dont j'ai eu leplaisir de partager l'affiche dans un festival enmai. Et puis savoir que mes compositions sontdiffusées grâce au dessin animé jusqu'au finfond de la Russie ou de l'Amérique du sud estgratifiant pour moi.

- Je sais pas pourterminer... tu peux peut-être nous raconterun rêve....

Voici un rêve à propos d'une Atlantide volca-nique, inspiré d'une photographie que j'ai prisesur les pentes sauvages d'un volcan auvergnat:Lorsque les pentes volcaniques se meuvent enun littoral impénétrable où les embruns salés sesubstituent aux fragrances florales, le lichenaux allures de corail et la facétieuse lumière sefardant de bleu avec élégance nous dévoilentalors quelques rêveries océaniques ou l'orgoneréminiscente de souvenirs préhistoriques....

L'agenda auvergnat de l'artiste : - du 02 au 27 juillet 2013 - expo photos - Officede tourisme de PONTGIBAUD (63)- 04 juillet 2013 - vernissage - Office de tourismede PONTGIBAUD (63)- 21 juillet 2013 - salon du livre à MERLINES(19)- 24 juillet 2013 - salon du livre à EGLISENEU-VE-D'ENTRAIGUES (63)- du 27 juillet au 04 août 2013 - expo photos àEYGURANDE (19)- du 05 au 31 août 2013 - expo photos - Officede tourisme de BOURG-LASTIC (63)- 12 octobre 2013 - salon du livre de MAZAYES(63)- 6 novembre 2013 - vernissage - médiathèque deTAUVES (63)- du 6 au 29 novembre 2013 - expo photos -médiathèque de TAUVES (63)- du 01 septembre au 31 octobre 2014 - expophotos - médiathèque de LABOURBOULE (63)

L'arbre

L'arbre, dont on fera des planches,Est vivant; il lève ses branchesComme de grands bras vers les cieux;Avec un murmure joyeuxIl agite son beau feuillageOù l'oiseau plus joyeux que sageEn chantant viendra se poser;Il donne à la terre un baiserDe fraîcheur, dans la forêt sombre;On n'oserait compter le nombreDe ses feuilles et de ses fleurs;C'est une fête de couleursQuand sa verdure monotoneS'enrichit aux feux de l'automneDe pourpre et d'or; dans ses ramures,La nuit, comme en des cheveluresOn voit briller les diamantsAux yeux éblouis des amants,Les constellations scintillent;Des peuples d'insectes fourmillentSur lui, vivent de son sang clair,Pur et limpide comme l'airQui baigne sa cime orgueilleuse;L'enfant, la fillette rieuse,Malgré son âge et son aspectAuguste, viennent sans respectCueillir avec des cris de joieSes fruits savoureux, douce proie!Il est la force et la beauté;Il est la vie et la gaieté;À l'hamadryade pareilleDans ses flancs se cache l'abeille...

La longue racine, sans bruit,Trace son chemin dans la nuit.Elle est l'obscure nourricière;Tandis qu'inondé de lumièreL'arbre balance dans l'azurSon front verdoyant, d'un pas sûrElle s'enfonce dans la fange;L'arbre chante et rit, elle mange;La feuille respire, au soleilLa fleur ouvre son sein vermeil;Mais la racine vit sans joie:Pour que l'arbre à nos yeux déploieTant de charmes et de splendeurs,Il faut qu'au monde des laideurs,De la pourriture fétide,Elle plonge, dans l'ombre humide.La froide limace, le ver,Toute une faune de l'enferRampe sur son écorce grise;Elle s'insinue, elle briseLa pierre sous son lent effort;Dans l'oeil de la tête de mortElle enfonce ses radicellesSans hésiter; elle est de cellesQui ne s'arrêtent devant rien;Pour elle il n'est ni mal ni bien.

Oh! Dans les rayons, les étoilesEt l'azur, à travers les voilesDes légers brouillards du matin,Admirez l'arbre, le satinDes feuilles, le velours des mousses,Le vert tendre des jeunes pousses;D'un oeil charmé voyez encorL'éclat des fleurs et des fruits d'or:Mais ne cherchez pas le mystèreDe la racine sous la terre!

Camille Saint-Saëns

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p. 6 Le Trou des Combrailles - n°4 - été 2013

Il est des fois où, par les froides journées de cetinterminable hiver (ha ? on arrive en été là ?Alors expliquez-moi pourquoi le poêle est tou-jours allumé chez moi...) on se prend à rêver detout laisser en plan pour tracer la route, s'éva-der de ce quotidien grisâtre et humide vers deslieux où, par exemple, l'hiver n'existe pas et oùl'on vit dévêtu toute l'année...A défaut de pouvoir concrétiser ce rêve, àmoins de n'avoir ni travail ni maison à cons-truire, ni enfants ni chiens chats poules lapinsetc. à nourrir, on peut toujours s'offrir une peti-te ballade au cœur de la faune et de la floresauvage d'Afrique, et en compagnie de sonplus imposant représentant , l'éléphant, avec cemagnifique film autoproduit et à prix libre,tourné dans la réserve de Nazinga au BurkinaFaso. Magiques instants où l'on se pose et obs-erve toute la beauté de la vie sauvage et sesbruissements, parfois accompagnés dequelques notes d'une musique planante... Et aucommentaire épuré à l'extrême qui fait la partbelle aux images, non sans rappeler au specta-

teur la situation actuelle en évitant bien enten-du de se poser en donneur de leçon moralisa-teur, ce que Carmen et Vincent, les réalisa-teurs, ne sont pas ; ils font les choses avec lecœur de celui qui aime la nature et la vie engénéral, et cela se ressent à la vue des imagesqu'ils ont ramené de là-bas...Une première fois volontaires pour une mis-sion organisée par A Pas de Loup en 2010, ilsdécident, de retour en France, la création d'uneassociation (Carduelis : protection de la natureen France et à l'étranger, et sensibilisation pardivers biais, dont la réalisation de films,photos...) avant de retourner au Burkina un anplus tard afin d'y réaliser leur premier film,dans le but d'apporter un futur support auxstructures africaines œuvrant pour la préserva-tion de l'éléphant, toujours menacé. La démar-che est bien entendu non lucrative et s'inscritdans un processus d'échange entre êtreshumains partageant le même dessein : la con-servation du monde animal sauvage et la sau-vegarde des espèces en danger d'extinction. Pour plus de renseignements, et pour vous pro-curer Wobgo à prix libre, vous pouvez contac-ter Carmen et Vincent par mail([email protected]).

W.

WOBGO : Voyage au "Pays de l'homme intègre"Film d'un couple de jeunes gens, basés au Chauchet dans la Creuse.

Voici un petit compte-rendu de la conférencequi s'est tenue le 15 mai à Saint-Ours lesRoches par l'une des organisatrices. Thème :« le mouton peut-il sauver nos paysages ?».

La conférence qui s'est tenue à Saint Ours lesRoches dans le cadre d'Estives en Fêtes étaitconstruite en trois temps :- Les critères du projet d'inscription aupatrimoine mondial de l'UNESCO- Les évolutions des paysages en lienavec les pratiques pastorales- Les mesures d'accompagnement enfaveur du pastoralisme-Les critères du projet d'inscriptionSite fondateur dans l'histoire des sciences, laChaîne des Puys a joué un rôle de premier ordredans l'émergence de la volcanologie auXVIIIème siècle. Plus qu'un simple alignement de volcans, le siteconstitue une formidable maquette de géologiequi permet de voir et de comprendre quelque350 millions d'années d'histoire de la Terre, àtravers des attributs géologiques tels que :- des montagnes vieilles de 350 millions d'an-nées, et totalement aplanies par l'érosion : leplateau des Dômes ;- un rift continental qui aurait pu aboutir à lacréation d'un océan il y a 40 millions d'années :la faille de Limagne ;- un relief de 3 millions d'années, que l'érosiona fini par inverser : la Montagne de la Serre ;- une chaîne de quelque 80 volcans monogé-niques parfaitement alignés, formée entre - 95000 ans et - 8 400 ans : la Chaîne des Puys.

Cet ensemble a la particularité d'être accessibleet compréhensible par tous. Pour que cela per-

dure, il importe que les édifices géologiquesrestent visibles et lisibles.

Les évolutions des paysages en lien avec lespratiques pastoralesL'activité humaine, à travers le pastoralisme, lasylviculture et l'agriculture, se traduit dans lespaysages. Depuis près de 6 000 ans, l'homme acultivé et façonné les paysages de la Chaîne desPuys participant ainsi au maintien des milieuxouverts et à la visibilité des formes volca-niques. Cependant, les crises successives de la filièreovine ont conduit à une diminution des cheptelsentraînant la progression des friches, voire del'enrésinement fermant ainsi les paysages etappauvrissant les milieux. Après une diminution constante des cheptels, latendance tend à s'inverser et il est constaté unaccroissement qui génère des besoins de nou-velles estives, permettant ainsi d'envisager lareconquête d'anciens espaces dévolus au pasto-ralisme.

Quels accompagnements pour maintenir etdévelopper la pratique pastorale ?Le maintien du pastoralisme pose en soi laquestion du devenir agricole du territoireconcerné. Sur le seul volet pastoralisme, desmesures d'accompagnement sont en cours telque les aides départementales au gardiennagedes troupeaux. Par ailleurs, le Parc des Volcansd'Auvergne accompagne les coopératives d'es-tive dans l'élaboration de plan de gestion pasto-rale, le maintien et/ou l'ouverture de nouvellesestives.Plusieurs opérations sont en cours : aménage-ment des cabanes de berger, ouverture du puyde Combegrasse…

PAYSAGES ET PASTORALISME ENCHAINE DES PUYS

Pas si loin… gaz de schistesEt oui, La Montagne ne faisait pas la publi-

cité pour rien il y a quelques mois (voir

brève du n°3) ! Le Crédit Agricole, via cer-

tains comptes épargnes des particuliers,

aurait mis quelques billes dans le gaz de

schiste ? Hollande parti de la Corrèze, on

peut étudier les permis, tout déguelasser :

le président n'a plus besoin des corré-

ziens.

Ci-joint, le communiqué des collectifs anti-

gaz de schistes concernés par le permis de

Brive.

Nous, collectifs citoyens du Lot, de la Corrèzeet de la Dordogne, demandons le rejet du "per-mis de Brive" sollicité par la société HexagonGaz. Les populations de ces territoires s'inquiètentvivement des nuisances immenses et des pol-lutions de l'eau inévitablement liées à l'extrac-tion des hydrocarbures non-conventionnels.Nous affirmons que la priorité doit résiderdans l'efficacité et la sobriété énergétique : nosbesoins du présent ne doivent pas compromet-tre la capacité des générations futures à satis-faire les leurs. Le permis exclusif de recherches d'hydrocar-bures liquides et gazeux dit de Brive a étédemandé en septembre 2010 par la sociétéHexagon Gaz domiciliée à Singapour. Il couv-re une surface de 1777 km² environ, à chevalsur le nord du Lot, le sud de la Corrèze et lenord-est de la Dordogne.Cette société dit rechercher du gaz de houillequi est, comme le gaz de schiste, un hydrocar-bure non-conventionnel, c'est à dire contenudans la roche-mère. Pour ne pas tomber sous le coup de la loi du 14juillet 2011 interdisant la fracturation hydrau-lique, Hexagon Gaz dit qu'il " existe desméthodes alternatives " mais sans les déve-lopper.

La fracturation hydraulique est un procédé per-mettant d'augmenter la productivité des puitsen y injectant des quantités colossales d'eau(environ 10 millions de litres) contenant denombreux additifs chimiques. Interdite enFrance, mais pour combien de temps encore ?La loi interdisant la technique est actuellementattaquée en justice par le lobby pétrolier pourque l'interdiction soit déclarée comme non-constitutionnelle. " Par ailleurs l'exploitation des gaz de roche-mère entraîne inévitablement, avec ou sansfracturation hydraulique, la pollution des nap-pes phréatiques alentours par les produitsenfermés depuis des millénaires dans la roche-mère (méthane, arsenic, soufre, métaux lourds,éléments radioactifs). Après différentes étapes, le permis pourraitêtre soumis au ministère pour validation d'ici àl'été 2013. Des collectifs citoyens se sont formés danschaque département et réagissent face à cepéril écologique, social et économique.

Nos contacts : pour le Lot, collectif de Martel : [email protected] la Corrèze, collectif de Brive : [email protected] la Dordogne, Vigilance Périgord : [email protected] appelons tous les citoyens du Quercy, duPérigord et de partout ailleurs à se mobiliser, àsigner et à faire circuler cette pétition. D'autres actions sont menées. Contactez-nous.

« Plus on se cache, plus il est

désagréable d'être

surpris. »

Kierkegaard

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Le Trou des Combrailles - n°4 - été 2013 p. 7

Extrait du livre (épuisé) « Vivre dans la

Creuse », 1985, de Jacques Maho aux édi-

tions du CNRS, copyright.

Je ne prétends pas ici donner une explicationtotale du système social de la commune. Cetteconclusion essaye simplement de rendre comp-te des principaux traits caractéristiques deSaint-Sylvain.

Une commune comme celle-ci peut être expli-quée à partir de trois systèmes principaux : lesystème économique, par lequel une collectivi-té produit des biens et les répartit ; le systèmedémo-familial, qui règle sa propre reproduc-tion et le système écologique ou morpholo-gique, qui sous-tend son organisation dansl'espace.

S'il nous fallait caractériser d'un seul mot la viesociale à Saint-Sylvain, dans ces trois domai-nes, nous dirions qu'elle est peu évolutive. Parbien des côtés, cette mise à l'écart est unarchaïsme : des mécanismes se sont mis enplace au siècle dernier et subsistent, peu chan-gés : ils fonctionnent en vase clos et la sociétélocale n'a pas, en elle-même, assez d'énergiepour les remettre en cause. Le pourrait-elle,d'ailleurs, qu'elle ne le voudrait sans doutepas: de nouvelles façons devoir menaceraient trop sonéquilibre et la conduiraientà la négation d'elle-même.En ce sens, la clôture est uneréaction de sécurité. Mieuxvaut vivre comme autrefoisque se laisser détruire par lemonde moderne. Ce type de réaction est assezcaractéristique d'une société semi-développée,ou qui s'est laissé dépasser par un mouvementdont elle n'a plus le contrôle.

L'organisation spatialeAu seul aspect de la carte, déjà, la fermetureapparaît. Saint-Sylvain n'est sur aucun grandaxe routier. On ne peut en effet tenir pour tellela nationale 688 d'Aubusson à Auzances.Saint-Sylvain, et plus généralement le cantonde Bellegarde, sont exclus des grands axes decommunication. Les responsables en sont bienconscients : les candidats et les députés ne par-lent tous et n'agissent tous que de et pour ledésenclavement. La montagne, la dispersion del'habitat, contribuent à l'isolement de la com-mune. Regardons encore l'isolement de cer-tains hameaux, auxquels on n'accède que parun ou deux kilomètres de mauvais chemins,difficilement praticables par temps de gel.Chaque hameau constitue une unité relative-ment indépendante : la vie sociale du voisina-ge est explicable dans bien des cas par la seuledispersion de l'habitat. L'isolement se marqueencore par la présence de patois limousin, danslequel se font encore beaucoup de conversa-tions.

Enfin, la maison, tout à la fois cadre de vie,cadre d'exploitation, référence principale de lafamille, résume assez bien le monde spatiale-ment clos de Saint-Sylvain. À la limite, dans lamaison, plus éminemment encore c'est la« cuisine» telle que nous l'avons décrite,autour de laquelle la vie s'organise. De ce pointde vue, peu de choses ont changé depuis letemps où les anciens démographes se bornaientà compter, par personnes, les« feux ». Làencore, c'est la notion de clôture qui rend lemieux compte de la vie sociale qui résulte de lanécessité d'assurer la subsistance de la collecti-vité. Elle se manifeste dans la production :petites exploitations à faible niveau de vie,autoconsommation importante, polyculture defaible qualité, peu d'investissements, un cadrede vie qui, depuis les facteurs de productionjusqu'à la vente, évolue dans un rayon de qua-

rante kilomètres en intéressant, outre le pro-ducteur, une ou deux personnes à l'aval etautant à l'amont, en des circuits qui n'ont paschangé depuis le siècle dernier. Cette clôtureest donc permanence : stabilité de la propriétédont un quart des terres appartient aux émi-grés, refus, méconnaissance ou impossibilitéde fait, des nouvelles formes de consomma-tion, vestimentaire, alimentaire ou culturelle.Si elle se fait, dans ce dernier domaine, elle sepratique sous une forme abâtardie, diminuée,copiée. On a l'impression, à voir vivre les pay-sans de ce canton, que le temps s'écoule sansêtre fractionné autrement que par les grandsrythmes naturels qui ont leur répondant dansquelques faibles manifestations de vie collecti-ve : l'équinoxe, la Toussaint, les foires locales ;mais dans bien des cas, les formes de la viecollective traditionnelle, telles les manifesta-tions de vie religieuse, sont mortes et n'ont pasété remplacées. On continue de les pratiquerfaiblement mais elles sont désormais vidées desens. Les quelques innovateurs sont des fer-miers aisés, centrés sur leur exploitation et peucapables d'être suivis. Tout cela se traduit parun désintéressement, à tout le moins un scepti-cisme de la politique qui concerne« l'ailleurs», l'autre monde, et les opinions

dans ce domaine se bor-nent à suivre, commepar le passé, des éti-quettes dont on necherche plus la signi-fication contemporai-ne, à l'aide d'une

image du représentantnational telle qu'elle s'était constituée dans laTroisième République.

Vision de l'avenirLes agriculteurs de Saint-Sylvain ne semblentguère voir l'avenir selon les plans pour les plusimaginatifs d'entre eux. L'état actuel de leursdisponibilités leur donne l'impression d'êtrecondamnés à terme.

Ils ne peuvent, disent-ils, ni rester, ni partir. Ilsignorent ce qu'ils vont devenir. « Après nous,le déluge». Les enfants feront ce qu'ils vou-dront. De toute façon, fuir l'agriculture, pourceux qui le peuvent encore, est le leitmotiv dela plupart des agriculteurs. Ceux qui envisa-gent de rester ne le conçoivent qu'avec undomaine agrandi, dont ils seraient les proprié-taires ou les régisseurs.

Un entretien avec l'un d'entre eux illustre parti-culièrement l'impasse dans laquelle ils se sen-tent enfermés, leur incapacité de sortir de l'é-conomie de subsistance, quelles que soient lesdéclarations de principe sur la nécessité duprogrès, dont ils aiment à s'entourer au débutd'entretien : celui-ci était favorable au remem-brement, aux méthodes autoritaires, hostile auxintermédiaire, aux bouchers accapareurs deterre, aux coopératives. Cependant, il n'étaitpas favorable à l'entraide vicinale. Une vacheest comme une femme, elle ne connaît que sonmaître ; demander l'eau au voisin avec qui onest brouillé ? Plutôt faire six cents mètres avecles seaux. Faire du fromage et le vendre ? Ilfaudrait avoir le temps. Il est plus simple devendre le lait. Et qui s'occuperait du jardin ?L'idée d'acheter des légumes à l'épicier estrepoussée : «Il n'a que de la laitue ; et si jeveux de la scarole ?». Et où trouver l'argentpour l'épicier ? Quant au remembrement, c'estcher, les droits coûtent beaucoup et on ignorela contenance des parcelles. Et on prendraitnos prairies pour faire des chemins. Il vaudraitmieux empierrer ces anciens chemins avec lespierres de murs.

« Mais si les ancien chemins sont trop sinueuxet étroits ?»

« Alors, le remembrement est impossi-ble.»

Quant à s'orienter vers un élevage dequalité, c'est aussi impossible ; il y fau-drait une monoculture de prairies et on atoujours besoin de blé. On faisait autre-fois son pain à la ferme ; celui du bou-langer n'est pas bon… d'autre part, l'as-solement du blé est la pomme de terre ;la terre est bonne pour les pommes deterre. Ce qui est malheureux est qu'on nepuisse pas les vendre. Les faire cuire etles donner aux bêtes ? Cela prendrait dutemps, et alors, quand faire son jardin ?

Leur attitude à l'égard de l'instruction,également révélatrice de leur vision del'avenir, quelque contradictoire qu'elleparaisse, est en fait cohérente. Certainssont en effet hostiles à l'instruction : iln'est pas nécessaire d'aller à l'écolequand on a une belle ferme ; autrefois, iln'y avait pas d'école et c'était aussi bien ;la scolarité jusqu'à seize ans est inutile.On sait toujours assez pour faire un agri-culteur, etc. Il faut plus comprendre ce traditio-nalisme comme une résignation et comme undésintérêt de l'avenir que comme une hostilitédéclarée. Les partisans de l'instruction, eneffet, ne se déclarent tels que parce qu'elleoffre aux jeunes des possibilités autres que cel-les de l'agriculture. Cependant, les idées restentvagues et limitées, faute d'information. Onsouhaite faire faire à ses enfants des études, engénéral ;» on leur fera faire des écoles» ; etencore si les enfants le veulent et s'ils en sontcapables, car l'instruction pervertit les espritsfaibles. Dans un cas, on aimerait pousser safille jusqu'au baccalauréat, dans un autre onvoit pour elle l'école ménagère ; l'école desmétiers du bâtiment à Felletin est encore uneéventualité évoquée mollement par un agricul-teur pour son fils.

L'imagination des métiers est très limitée :« ouvrier» pour les garçons, car les ouvriersont toujours du travail. Pour les filles, bonnes àtout faire, couturières (pour ne plus aller à l'é-cole),« dans les Postes», car on a la sécuritédes loisirs,« dans le commerce», quoiquel'apprentissage soit long. Mais pourquoi leurfaire faire des études puisqu'elles abandonnentaprès le mariage ? Se marier, en effet, est pourles parents, le meilleur moyen pour que lesfilles quittent la terre ; ne pas épouser un agri-culteur est le second leitmotiv des filles céliba-taires. Encore faut-il qu'elles le puissent :« Ici,elles ne voient que ça».

Les commerçants et artisans qui habitentBellegarde, interrogés sur l'avenir, sont aussipessimistes. Mais ils proposent tous une solu-tion : l'industrialisation locale qui retiendrait lamain-d'œuvre et, plus particulièrement les jeu-nes, sur place. On a vu ce qu'il en est. Le retourdu même thème, des mêmes détails et explica-tions chez tous les interviewés, est frappant. Ilfaudrait, selon eux, une petite entreprise, voiredeux, par canton, de vingt à cent ouvriers,vouée à l'industrie légère. Les ouvriers reste-raient paysans, ce qui leur permettrait, en casde crise, d'avoir une activité de subsistance. Onadmet moins aisément que l'entreprise ayant lemonopole de l'embauche locale, décideraitsans partage du niveau des salaires, pour les-quels les ouvriers-paysans déploient tradition-nellement peu de combativité.

Si on voulait résumer, en schématisant brutale-ment, le fonctionnement social de Saint-Sylvain, on l'articulerait autour de trois circuitsou mécanismes fermés, tangents deux par deux: le circuit de l'exode, celui de la parenté, celuide la subsistance (voir croquis).

Le système de la subsistance se déroule ainsi :les« exilés» continuent de posséder les terres(un quart de la surface communale). Ils leslouent aux paysans locaux, leurs parents. Lapetite exploitation, composée de fermage et depropriété, vu les conditions naturelles diffici -

les, ne produit qu'une polyculture sans grandintérêt ou un élevage peu compétitif. Le pro-duit de la ferme est donc largement autocon-sommé. Le travail est cependant facilité grâceà l'entraide familiale, mais comme celle-cifonctionne assez bien, on ne ressent pas lebesoin de faire des investissements en machi-nes, fort lourds, qui feraient sortir le pays de sastagnation. On en reste donc à la pauvreté.

Le système de parenté s'organise de la façonsuivante : les familles, du moins celles qui« comptent» dans la commune, sont toutesalliées. On choisit son conjoint dans une airelimitée. Ainsi est possible une vie sociale quicombine - en éliminant les inégalités de reve-nus ou de propriétés- les deux aspects du voi-sinage et de vie de famille. Ainsi est égalementpossible une vie politique locale (la politiquenationale étant« hors circuit» dans ces condi-tions), fondée sur l'idée de démocratie villa-geoise. Le système d'alliance permet en outrel'entraide dans le travail, ce qui renforce lacohésion des familles.

Ce que nous voulons ici mettre en lumière estl'aspect fermé de ces trois circuits, qui s'entre-tiennent les uns aux autres, mais qui portent eneux-mêmes leur propre mort, de par leur fer-meture même. L'exode vide en fait le pays et lesystème d'autosubsistance ne peut guère durerlongtemps.

Quel avenir est donc celui de Saint-Sylvain ?On semble bien se diriger dans un premiertemps vers une accentuation de la dépopula-tion, un déphasage culturel accru, un type d'a-griculture fondé sur l'élevage extensif et leslandes. Dans un second temps, peut-être, versune remise en valeur par une population allo-gène, soit française, soit étrangère, aidée d'untourisme populaire organisé. La césure avec lemonde des émigrés s'accentuant, l'archaïsmedes productions, l'effondrement des valeurstraditionnelles laissent en tout cas à penser quecet équilibre fragile qui subsiste encore a peude temps devant lui.

Jaques Maho, Vivre dans la Creuse, pp. 185-191

Voilà un texte, remis au goût du jour, qui peutencore offrir des débats, sur la position dupaysan, du scientifique... N'hésitez pas àenvoyer des réactions.

Pour information historique, dans le chapitreprécédent, l'auteur précise que« Saint-Sylvaina été peuplé depuis très longtemps», que jus-qu'en 1902,« Saint-Sylvain était plus peupléque Bellegarde» et que l'on y parlait« un pat-ois de la langue auvergnate, la plus anciennelangue d'Oc».

De l'organisation sociale à Saint-Sylvain-Bellegarde

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p. 8 Le Trou des Combrailles - n°4 - été 2013

AbeillesChroniqueQue vous soyez amateurs ou profession-

nels, simples contemplateurs du génie

hyménoptère ou curieux avertis, bref à tous

ceux que les abeilles intéressent, à ceux qui

s'en moquent et même à ceux qui en ont

peur, je dédie cette chronique naissante.

Le but de ces quelques lignes n'est pas de fairede vous des experts de l'apiculture mais plutôtd'acquérir des notions concernant ces prodi-gieux insectes qui sûrement vous étonneront etvous donneront envie d'installer une ruche. Pasforcément pour votre bénéfice personnel maispour celui de la nature et pour la joie de voirévoluer sous vos yeux ébahis le théâtre minia-ture de la vie de la colonie. Vous trouverezdonc ici les différents travaux à faire au rucheren fonction des mois et saisons. Vous pourrezégalement avoir le plaisir d'y lire desréflexions et autres informations utiles. Je

commencerais par quelques rappels élémentai-res. La saison étant largement entamée, nousaborderons donc de manière vulgarisée l'a-beille dans toute sa largeur, dans toute sa gran-deur. L'abeille domestique (Apis Mellifera) est uninsecte parmi près d'un million d'espècesrecensées mondialement. Présente bien avantl'homme, l'apiculture que l'on connait aujourd'-hui a mis des millénaires pour passer d'uneactivité de cueillette à une forme élémentaired'élevage.L'abeille vit en communauté et sa particularitécomme les fourmis, les termites et certaine-ment d'autres insectes que je ne connais pas,est qu'elle passe l'hiver en colonie. A savoirque même si le nombre des individus compo-sant le rucher durant l'hiver est restreint parrapport à celui de la période estivale, celui-cise maintient tout de même à une dizaine demilliers d'individus. C'est une particularité

essentielle si l'on essaye de comprendre pour-quoi les abeilles produisent, si les conditions lepermettent, plus de miel qu'elles n'en consom-ment. En effet, pour survivre à la mauvaise sai-son sans possibilité de s'approvisionner, ellesont besoin de constituer d'importantes réservesde nourriture pour le plus grand bonheur desamateurs de miel. (les autres insectes y fontquoi l'hiver alors ?)

Trois sortes d'individus composent le rucher :- Les femelles ouvrières qui assurentles fonctions vitales au sein de la colonie évo-luent selon leur ancienneté, passant successi-vement à partir de leur naissance par les rôlesde nettoyeuse, nourrice, magasinière, venti-leuse, nettoyeuse, calfeutreuse, cirière, gar-dienne, rappeleuse, puis enfin butineuse.- Les mâles appelés aussi " faux bour-dons " du fait leur ressemblance avec les vraisbourdons. Ils sont plus massifs et possèdent degros yeux. Ils sont dépourvus de dards. Ilsassurent la fécondation de la reine et ne sontdonc présents au sein de la ruche que du prin-temps à l'automne.- La reine dont le rôle principal, unefois fécondée, se borne à la reproduction de

l'espèce et ce jusqu'à sa mort ou au jour d'unessaimage.

La vue est le sens le plus important chez l'a-beille. L'odorat ne vient qu'en second. Ellepossède deux yeux surdimensionnés composésd'unités distinctes des autres : les ommatidies,au nombre d'environ 9000, et qui sont autantd'yeux miniatures. L'image globale est recons-tituée à partir de la mosaïque de ces milliers defacettes. L'abeille voit sur une plage de lon-gueur d'ondes différente de celle de l'homme.Elle perçoit l'ultraviolet mais pas le rouge,confond le bleu, le violet et le pourpre, ne dis-tingue pas le jaune de l'orange ni du vert.D'autre part l'abeille perçoit la polarisation dela lumière, c'est-à-dire la direction d'où vien-nent les rayons lumineux ce dont elle se sertpour s'orienter dans l'espace et ce même partemps nuageux.En plus de ces yeux composés elle possède

trois ocelles sur le front. Ces yeux " simples" lui permettent d'évaluer l'intensité de lalumière et ainsi de prévoir l'assombrissement àvenir. Très utile lorsqu'elles s'éloignent loin dela colonie.Les abeilles communiquent à travers un panelcomplexe de phéromones qui régulent vérita-blement la vie au sein de la ruche. Deux anten-nes placées de chaque côté du front leur per-mettent de les détecter. Elles sont criblées depores reliés à de nombreuses terminaisons sen-sitives. C'est l'organe du toucher et de l'odorat.Le rôle des odeurs est donc d'une très grandeimportance. Les abeilles dansent ! En effet pour indiquerà leurs partenaires une source de nectar, elleréalise une danse durant laquelle elles se met-tent à frétiller, faisant vibrer leurs ailes etdécrivant successivement des cercles et deshuit. Elles indiquent par cette technique laposition et la distance dans l'espace de cettesource de nourriture par rapport à la ruche. En règle générale l'abeille ne s'éloigne guère àplus de plus de trois kilomètres de la ruche. Eneffet, le vol demandant tout de même de l'é-nergie, si elle devait s'éloigner plus, ellesconsommeraient plus de sucre qu'elles n'enrapporteraient. Elle possède une langue qui lui permet delécher et de sucer le nectar des fleurs visitées.La taille de cette langue (variable selon lessous espèces d'abeilles domestiques), et la pro-fondeur du calice des fleurs elle a la capacitéde butiner ce précieux nectar.Elles volent grâce à deux paires d'ailes chiti-neuses (à base de chitine qui forme égalementl'exosquelette de la bête) qu'elles peuvent soli-dariser entre elles et qui vibrent à plus de 200battements par seconde.L'abeille sécrète naturellement de la cire à par-tir de glandes cirières selon les besoins de lacolonie, sous forme de petites plaques dans lesplis des anneaux de son abdomen. Elles les sai-sissent avec leurs pattes et les mastiquent avecleurs mandibules et leur salive. Elles créent desrayons composés d'alvéoles où elles stockerontmiel, pollen et où la reine y pondra le couvain.Pourquoi cette forme me demanderez-vous ?Hé bien bonne question, des millénaires d'a-daptation ont aboutit à cette géométrie hexago-nale si régulière permettant une optimisationde la place et une économie de la cire néces-saire.Qu'on s'entende bien, les abeilles sont végéta-riennes. Elles ne se nourrissent que de nectarde fleurs (sécrétion naturelle de liquide sucré àenviron 5 grammes de sucre par litre) ou demiellat (sécrétion produites par d'autres insec-tes tels que les pucerons). En aucun cas elles nes'attaquent à d'autres animaux pour se nourrir.Si elles piquent, c'est uniquement une attitudede défense qu'elles utilisent lorsqu'elles sententla colonie menacée. Vous l'aurez tous remarqué, ce début de saisonn'a pas été idéal pour l'apiculture. Les abeillesredoutent avant tout l'humidité. Elles suppor-tent en revanche plutôt bien le froid s'il est sec.Au moment où vous achetez ce numéro, il estsûrement déjà trop tard pour acquérir une colo-nie. Si vous avez la chance d'en capturer unevous serez chanceux mais un dicton apicolepopulaire nous enseigne que : " essaim demai vaut du blé, essaim de juin vaut un char defoin, essaim de juillet ne vaut pas une miette." on trouve aussi parfois une variante : "essaim de mai vaut vache à lait, essaim de juinune botte de foin ".Voilà, j'arrête ici ma première chronique sur lesujet, mais rassurez vous, si vous êtes un fidè-le lecteur du trou vous en saurez assez d'ici lasaison prochaine (printemps) pour vous lancer,en autodidacte ou avec l'aide et les conseilsd'un voisin ou d'un ami, dans la folle expérien-ce de posséder une ruche chez vous si, bien sûr,vos conditions de vie vous le permettent.Norbert

Extrait de « La Billebaude »de Henri Vincenot

(France Loisirs, 1979)

L’auteur, dont « Le Pape des escargots »

connut un grand succès, s’en prend sou-

vent dans ce livre roboratif (qu’on peut,

entre autres aux chasseurs) à ce qu’il

appelle « la Grande Nasse de l’expansion

industrielle ».

Une réponse à l’article de la pageprécédente proposée parGyb.« Ce qui m’a la plus frappé dans ces singulari-tés [celles de son terroir bourguignon – ndlr],c’était celle qui consistait à ne se plaindrejamais, à aborder l’adversité et le malheur, carnous les connaissions aussi, sans avoir l’air tel-lement d’y croire. Je sais que lorsqu’on veutdépeindre les temps "sous-développés", commeon dit maintenant, il est de bon ton de sortir ungros tas de couleur noire sur sa palette et d’a-voir le mouchoir à portée de la main, surtout sion se propose de représenter la vie à la campa-gne. […] Peut-être comptiez-vous que, pourque mon témoignage soit pris au sérieux, j’al-lais moi aussi vous montrer les croquants de majeunesse ployant sous le faix de la ramée, enserrant les poings et reniflant tristement leurmorve au fond de leur cheminée enfumée. Ehbien, camarades, vous en serez frustrés car je nel’ai jamais vu moi-même. Aucun de mes ancêt-res, et Dieu sait si j’en avais autour de moi vousle savez, ne m’a jamais parlé de cela. Certes,tous ces gens grattaient la terre, le bois, le feravec des outils qui semblent bien lourds et bienrudes aux mains des informaticiens et despsychosociologues d’aujourd’hui. Ils man-geaient du lard salé, veillaient à la lueur d’unmisérable feu de bûches, chaussaient de vulgai-res sabots de bois bourrés de paille, le plus sou-vent sans chaussettes, mais puis-je gentimentvous affirmer que manier l’outil est une joie,que le sabot est la meilleure, la plus saine et laplus pratique des chaussures, que le pied nu yest plus à l’aise que dans une chaussure fermée,que la sieste du médio1 dans la paille de lagrange vaut largement la sirène de la reprise duservice de l’usine modèle et que la veillée aufond de la cheminée fut un des grands momentsde ma vie. Et que tout ça réuni, que j’ai connu,constitue un mode de vie que l’ilote2 desgrands ateliers, des usines et des bureauxmodernes a bien raison de nous envier mainte-nant.Alors, trêve de plaisanteries! Soyonssérieux ! J’aurais certainement une page trèsémouvante et très appréciée si je pleurnichaisen vous racontant comment l’écolier que je fusfit tous ses devoirs à la lueur d’une bougie ou,au mieux, d’une lampe Pigeon, ce qui est vrai;qu’il dut, l’hiver, casser la glace pour faire satoilette dans trois litres d’eau; que le pot dechambre, lui-même, était gelé dans la table denuit ; qu’après avoir appris les leçons, il devaitécaler les noix, dégermer les pommes de terre,fendre du bois, brouetter le fumier. Mais, fran-chement, j’aurais belle mine! Car sont-ce làdes misères, je vous le demande? UnBourguignon salé a-t-il jamais considéré celacomme des vicissitudes3 de la vie? Il est pos-sible qu’ailleurs, chez des tribus moins clair-voyantes et à coup sûr un peu dégénérées, toutcela soit dommage et cause d’amertume et degriefs, mais pas chez nous, que je sache!Surtout pas pour les vieilles générations quiavaient bien trop belle envie de vivre heureu-ses et satisfaites, quoi qu’il puisse arriver. »

(1) Note de l’auteur (lexique): "Médio :midi ; repas de midi et sieste de midi. Fairemédio (dialectal)."(2) Ilote: esclave à Sparte,du temps de l’antiquité grecque.(3) HenriVincenot donne à ce mot le sens négatif demécomptes, déceptions, malheurs… qu’il n’apas forcément. «Choses bonnes et mauvaises,événements heureux et malheureux qui se suc-cèdent dans une vie» (dictionnaire Le PetitRobert).

« Avec la fin de mon souffle, qui est le com-mencement du vôtre. »

André Breton, Nadja

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Le Trou des Combrailles - n°4 - été 2013 p. 9

D O S S I E R B O I S E T F O R Ê T S

Fini le temps où le paysan, propriétaire

d'un petit bois ou d'une parcelle en forêt,

s'y rend lors de quelques belles journées

d'hiver pour voir quels arbres il va pouvoir

prélever pour se chauffer. « Celui-ci, oui, il

est tordu et ne fera rien ! La trouée permet-

tra aux autres petits de se développer.

Celui-là, non : c'est une belle grume de

chêne qui a de l'avenir, mes enfants en

feront peut-être de belles planches dans

quelques dizaines d'années. Ils feront faire

leur meuble au menuisier du village. »

Aujourd'hui, c'est plutôt : « La parcelle

B275 de 6 hectares ? Oui, on coupe tout et

on verra ce que ça rapporte. On fera appel

à une société pour y replanter du Douglas,

c'est subventionné et avec un peu de chan-

ce on pourra recouper avant de mourir… »

La Combraille, région majoritairement agrico-le, n'en est pas moins bien pourvue en bois etforêts. Qu'il s'agisse de bouleaux, de chênes oude fayards (hêtres), les feuillus sont les arbresoccupant naturellement notre territoire. Outrela faune et la flore qui y vivent, une forêt defeuillus à de multiples avantages pour l'hom-me. Elle lui procure des ressources naturellescomme les baies et les champignons, de l'éner-gie pour se chauffer, des lieux de détente pourles promenades. Elle filtre et assainit l'eau,absorbe le dioxyde de carbone, maintient lessols, notamment dans les zones de pentes desmultiples vallées de Combraille… Les lisièresforestières, tout comme les haies, peuventaussi abriter les troupeaux du vent et desintempéries.

Une forêt, cela met du temps à pousser. On doitles arbres que l'on utilise aux générations pré-cédentes. De la façon dont notre générationgère la forêt aujourd'hui dépendent donc lespotentiels pour les générations futures. Or, lagestion actuelle de la forêt fait parfois froiddans le dos. Nous allons faire ici le procès dela coupe rase (ou coupe à blanc), qui consiste àcouper tous les arbres d'un peuplement fores-tier. En effet, j'ai eu la triste occasion de cons-tater plusieurs coupes rases de forêts defeuillus sur notre territoire. En découvrant ceschamps de bataille, c'est toujours un sentimentde désolation et d'incompréhension qui monte.Tout le monde s'horrifie des dégâts des grandestempêtes dans les forêts, quand les arbres tom-bent par milliers (notamment sur le plateau deMillevaches en 1999, et dans les Landes en2009), mais les hommes le font très bien eux-mêmes, sans se sentir choqués…

Des forêts de feuillus liqui-dées : les chênes tombentpar hectares dans la valléedu Cher…

Cela fait maintenant deux ans je crois que j'aidécouvert la coupe rase d'une chênaie entre lesMazeires et les Signolles, à Fontanières, par-celle n° 68. Il s'agissait d'une forêt semi-natu-relle installée sur une forte pente de la valléedu Cher, celui-ci coulant en contrebas (uneparcelle de fond de vallon sépare la rivière del'ancienne chênaie). Bien qu'ayant recherché lepropriétaire au cadastre de la mairie, je n'ai pasréussi à trouver de coordonnées téléphoniques.

Il n'y a pas besoin de parcourir la parcelle enlong et en large pour évaluer le triste spectacle.Seule une poignée de maigres chênes a été lais-sée, on se demande pourquoi. Une régénéra-tion naturelle est-elle envisagée ? Si tel est lecas, alors pourquoi les exploitants forestiersn'ont-ils pas conservé de grands et beauxsemenciers (c'est ainsi que l'on désigne les arb-res qui, par leurs graines, vont servir à régéné-rer le peuplement). La parcelle va-t-elle subirla fâcheuse tendance actuelle, c'est-à-dire unereplantation monospécifique de résineux ?Adieu définitif alors aux Cèpes, Girolles etTrompettes des morts* qui s'y trouvaient peut-être… Adieu à toute la biodiversité (faune etflore) de forêts feuillues, laissant place à unsombre désert sous une culture intensive deDouglas… Le secteur est notamment fréquen-té par des espèces d'oiseaux remarquablescomme le Pouillot siffleur ou le Bouvreuilpivoine.

Toutefois, il semblerait que la parcelle n'ait pasété beaucoup dessouchée (opération préalableaux replantations), ce qui laisserait penserqu'une replantation n'est pas envisagée. Cetteabsence de dessouchage est un moindre mal :dans une parcelle en forte pente comme celle-ci, vous imaginez l'érosion du sol après unecoupe rase, associée en plus à un retrait dessouches. De nombreux éléments minéraux,lors des fortes pluies, ont probablement étéentraînés en bas de la parcelle, pour finir unjour ou l'autre dans le Cher. Le risque direct estla mise en suspension des matières dans l'eau,avec pour conséquences une moins bonne oxy-génation de l'eau et un colmatage des frayèresà poissons. La gestion d'une parcelle forestièreprivée a des impacts sur le bien public, commel'eau. Si toutes les pentes boisées de la valléedu Cher faisaient l'objet de coupes rases enquelques années, la qualité de l'eau de la riviè-re serait fortement altérée.

Au sein de la parcelle, on observe même unpetit écoulement d'eau, qui doit être temporai-re, où des rémanents de coupes (branchages)ont été entassés sans précaution. On a l'impres-sion d'une forêt coupée sans soin, comme s'ils'agissait uniquement d'une source d'argent oùl'on est venu tirer le maximum de profit. C'estce que l'on appelle l'exploitation forestièreintensive, bien loin d'une sylviculture réfléchieet organisée, où chaque arbre est marqué selonson devenir, où les arbres coupés sont choisisavec précision selon leur potentiel et celui desarbres d'avenir environnants. Bref, loin d'unegestion forestière respectueuse de l'environne-ment, où l'on ne pense pas qu'à soi mais auxgénérations futures, en leur laissant une forêt etnon un champ de ruines. À quelques centainesde mètres, nous sommes dans la zone Natura2000 des gorges du Cher et de la Tardes,connue pour sa richesse en chiroptères(Chauves-souris) et dont les chênaies de pentesont un des maillons principaux. À quelquescentaines de mètres près donc, grâce auxdémarches de sensibilisation et de conventionsde gestion avec les propriétaires forestiers, lacoupe à blanc aurait peut-être été évitée… Ànoter aussi une autre coupe rase de bois deChênes en forte pente au dessus deChambonchard, en remontant sur Le Theix. Làencore, vive l'érosion du sol, notamment avecles pluies abondantes de ce printemps.

Aux alentours de Mainsat

Sur la route entre Auzances et Mainsat (com-mune d'Arfeuille-Châtain), on observe deuxcoupes rases de bois de chênes, au niveau de laroute de Chamassergue et en face de l'étang dela Pradelle. Pas un arbre laissé sur pied pour unrenouvellement naturel.Ensuite, sur la route de Bellegarde, c'est le boisde Billoux (commune de Mainsat) qui a étécomplètement abattu. Il s'agissait d'un bois defeuillus (Chênes, Hêtres) de plus de 10 hecta-res qui a subi dessouchage et mise en andain.L'enrésinement a été réalisé sur l'ensemble du

site, en Douglas et Mélèzes apparemment.Dans les données du cadastre municipal, cebois appartient au groupement forestier del'Outre, dont le gérant est Monsieur Dubot, lamême famille que celle de la scierie de Saint-Avit… Et cette scierie affiche le label PEFCqui est censé certifier la gestion durable de sonapprovisionnement… Une coupe rase de 10hectares de Chênes avec dessouchage et enré-sinement, si on appelle ça de la gestion dura-ble ! Il n'y a pas pire en termes écologiques : ondétruit un écosystème complet qui a mis plu-sieurs dizaines d'années, voire centaines d'an-nées à se mettre en place, avec toutes les com-munautés végétales et animales qui y sontliées. Avec la coupe rase, on brise à chaque foiscet écosystème. La lutte contre la déforestationen Afrique ou en Amérique du Sud nous paraîtune évidence, une nécessité : alors pourquoi laméthode de la coupe rase perdure-t-elle tou-jours en France ? La gestion forestière soulèveégalement de nombreux enjeux sociétaux, quenous ne détaillerons pas ici. Vous pouvezconsulter pour cela le n° 42 du journal IPNS(mars 2013) qui aborde cette question.Rappelons ici la supercherie du label de ges-tion durable PEFC (voir un article de MarcLajara sur IPNS). Ce label, créé par et pour lesforestiers, n'interdit absolument pas la couperase et il n'y a aucun contrôle : Marc Lajaraavait réussi à faire labelliser PEFC le parkingd'un supermarché à Eymoutiers (87) !Contrairement à ce qu'on veut nous faire croi-re (les administrations, les grands propriétaireset les sociétés d'exploitation), le morcellementde la forêt limousine en de multiples petitesparcelles est une chance : elle rend plus diffici -le l'avancement du rouleau compresseur desgrosses coopératives forestières et des grospropriétaires forestiers qui voudraient voirnotre région couverte de sapins. Ce morcelle-ment est aussi une chance pour la diversité bio-logique qui s'y exprime (pas de standardisationde gestion). Allez vous promener dans un boisde Douglas de 30 ans d'âge, vous verrez qu'iln'y a pas grand-chose qui bouge dessous.

Une gestion désastreuse des forêts : la coupe rase

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D O S S I E R B O I S E T F O R Ê T S

Pourquoi de telles pratiques ?

Étant propriétaire forestier, pourquoi vouloirréaliser une coupe rase de sa forêt ? Je vois plu-sieurs possibilités que je vais essayer d'énumé-rer ici :

1. Insensibilité à l'environnement, au lienavec la nature en général, ou mécon-naissance totale de sa forêt (par exemplepour des propriétaires qui n'habitent pasdans la région), conduisant à une indif-férence sur la méthode d'exploitation.La forêt est alors perçue comme unminerai (mot utilisé pour la viande dansl'affaire sur la viande de cheval), unesource d'argent immédiate. L'égoïsmecaractérise la position numéro 1.

2. Démarchage actif des sociétés forestiè-res pour «aller couper du bois » chez lesgens, et «se faire du fric », le proprié-taire acceptant alors la gestion proposée,par facilité ou indifférence, ou encoreméconnaissance des impacts négatifsdes coupes rases.

3. Difficulté de trouver des sociétés ouentrepreneurs forestiers pour une ges-tion durable de la forêt, et nécessitéfinancière de l'exploiter pour le proprié-taire.

Dans le cas n°1, on ne peut pas tenter grand-chose pour faire changer d'avis le propriétai-re… Dans le cas n°2, une vigilance des pro-priétaires doit s'imposer face à la gestion pro-posée. La somme finale pour le propriétaire,annoncée par la société d'exploitation, est biensouvent dérisoire par rapport au gain de celle-ci. Une gestion par coupes sélectives (par oppo-sé à la coupe rase), qui laisse un couvert fores-tier permanent, permet notamment une rentréeplus régulière d'argent (la coupe rase estunique) et occasionne beaucoup moins de fraisannexes (coût de la replantation notamment).De plus, le propriétaire peut toujours jouir desressources procurées par la forêt énoncées enintroduction, et laissera à ses descendants unboisement riche et diversifié et un sol en bonétat.Le cas n°3 mérite un minimum de recherche dupropriétaire s'il veut trouver un gestionnaireforestier capable de faire autre chose que de lacoupe rase. La société Prosylva est un bonexemple de ce qui peut être proposé en termes

de gestion durable de la forêt (appelée futaieirrégulière ou futaie jardinée), et démontre bienque la coupe rase n'est pas, économiquement, lameilleure solution. La gestion en futaie irrégu-lière permettrait de développer nombre d'em-plois qualifiés de sylviculteurs, c'est-à-dire despersonnes réellement compétentes dans lechoix des arbres à couper, à conserver, à laissergrandir. L'exploitation, plus technique qu'encoupe rase (il ne suffit pas de tout abattre et detout dessoucher, mais d'abattre soigneusementles arbres en veillant à ne pas blesser des arbresd'avenir), permettrait aussi de développer desemplois qualifiés. On pourrait même imaginerdes conseillers sylvicoles pour une gestion enfutaie irrégulière, bien répartis sur le territoire,disponibles et à l'écoute des propriétaires fores-tiers. Subventionner ce type d'emplois plutôtque des plantations résineuses ou des grosengins (voir dernier paragraphe de cet article)ne relève-t-il pas du bon sens ? Dans tous lescas, c'est une autre façon de concevoir l'activitéforestière et le développement économique etsocial qu'elle peut engendrer.

Les pouvoirs publics ne mon-trent pas l'exemple avec lePPRDF

Le Plan Pluriannuel Régional deDéveloppement Forestier (PPRDF) duLimousin, coordonné et rédigé par la DirectionRégionale de l'Agriculture et de la Forêt(DRAAF), ne montre pas l'exemple, bien aucontraire. Ce plan a déjà fait l'objet de vives cri-tiques de la part des associations de protectionde la nature (pétition lancée par Nature Sur UnPlateau recueillant plus de 3 000 signatures enquelques jours), mais à l'heure actuelle on nesait pas s'il va être modifié en conséquence.

En effet, le PPRDF du Limousin encourage uneexploitation accrue des forêts de feuillus, sefondant sur le fait de son accroissement naturel.On omet de préciser que les feuillus n'ont repré-senté que 13 % des plantations de 1989 et 1999et 14 % de 2000 à 2012, laissant la part belleaux résineux et en première ligne le Douglas(source : Agreste, 2013). Et tout ça subvention-né par des aides publiques ! Il faut donc relati-viser l'accroissement des forêts de feuillus. Sil'on veut relancer les bois de feuillus, il fautaussi changer la politique de subventionnement

des replantations.

Surtout, ce qui n'est pas indiqué dans lePPRDF, c'est le mode de gestion préconisé.Étant donné les volumes de bois prévus, le typedes engins que les pouvoirs publics souhaitentsoutenir (acquisition de 10 abatteuses parexemple) et les personnes participant à larédaction du PPRDF (beaucoup de grands pro-priétaires forestiers, absence de représentantdes associations et de la population), il est àcraindre que la coupe rase va être privilégiée.Les forêts de Chênes et de Hêtres ont encore dela bile à se faire… Concernant la Combraille,l'objectif de récolte pour 2016 est de 12000 m3 par an sur le territoired'Auzances- Bellegarde-Chénérailles. Pour laBasse Combraille (Gouzon, Évaux-les-Bains,Boussac), au taux de boisement inférieur à20%, aucun objectif n'est affiché. Espéronsaussi que toutes les forêts de feuillus visées parce plan ne feront pas l'objet d'un enrésinement.

Dans le PPRDF, on peut lire : «La gestiondurable véritablement organisée ne concerneque 20% des surfaces de production, mais esten progression constante depuis une dizained'années, phénomène qui devrait se poursuivreet même s'accentuer à moyen terme avec ledéveloppement des documents de gestion dura-ble (plan simple de gestion, code des bonnespratiques sylvicoles, règlement type de gestion)et de la certification forestière (PEFC, FSC …).Cette gestion reste concentrée sur les résineux,dont l'essentiel de la production est mobilisée.Par contre, les feuillus sont très majoritairementconstitués de taillis et accrus naturels de quali-té moyenne à médiocre avec un accompagne-ment sylvicole nettement insuffisant ». Voilàcomment, insidieusement, les lobbies du boisarrivent à faire passer le message que les plan-tations monospécifiques de résineux sont plus« durables » que des boisements de feuilluspoussant naturellement, peu ou pas gérés !Nous ne reviendrons pas en détail sur ce pointcar nous avons déjà évoqué la supercherie dulabel PEFC. La forêt de feuillus du Limousinest très jeune, laissons-lui aussi le temps devieillir un peu. Nous sommes tous admiratifsdevant les superbes Chênes de la forêt deTronçais, car Colbert pensait sur le long terme.On laissait des arbres grossir pour les généra-tions futures. Si nous avons besoin de boisaujourd'hui, alors prélevons-le intelligemment

en pensant que demain, ceux qui viendrontaprès nous auront aussi le droit d'avoir du boisd'œuvre et des sols en bon état.

ED(*) Ou : des Mores, à cause de leur forme.

LANGAGE ET TRAVAIL FORESTIER. On entend souvent parler de «coupes somb-res » opérées dans le budget, dès lors qu'ils'agit de restrictions substantielles. En réali-té, c'est «coupes claires » qu'il faudrait dire.Ces deux expressions proviennent du langa-ge des forestiers : une «coupe sombre » abatpeu d'arbres et n'éclaircit pas la forêt, aurebours de la «coupe claire » abat un grandnombre d'arbres et crée… des clairières.

La forêt magiqueLa forêt songe, bleue et pâle, Dans un féerique demi-jour. Tout s'y voit spectral, d'aspect sourd, Par cette nuit d'ambre et d'opale.

Là, c'est un cerf blessé qui râle... Ici, d'autres, pâmés d'amour... La forêt songe, bleue et pâle, Dans un féerique demi-jour.

Ailleurs, une laie et son mâle Et leurs marcassins tout autour !... Et, tandis qu'un frais zéphyr court, Venant la reposer du hâle, La forêt songe, bleue et pâle.

Maurice Rollinat, Paysages et paysans

« Il y a deux sortes d'arbres : les hêtres etles non-hêtres. »

Raymond Queneau

« Le capital n'a pas inventé le surtravail.Partout où une partie de la société possèdele monopole des moyens de productions, letravailleur, libre ou non, est forcé d'ajouterau temps de travail nécessaire à son propreentretien un surplus destiné à produire lasubsistance du possesseur des moyens de

production. »Karl Marx, Le Capital, livre 1, X, II.

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Le Trou des Combrailles - n°4 - été 2013 p. 11

Le colonialismepar le Sapin

La tendance serait-elle toujours aux rési-

neux ? Ou devrait-on dire plutôt au bois

rentable à court terme, à la demande des

marchés ? Certes, et heureusement, les

Sapins (j'emploierai aussi ce non vulgaire

bien que peu scientifique) sont loin d'être

majoritaires sur les Combrailles. Mais du

côté des industriels et des groupements

forestiers, on ne serait nullement gêné que

tout le Massif Central à faible densité

humaine soit changé en une réserve de

résineux. Ce que le blé est à la Beauce,

pour certaines mains cupides, le résineux

(et en ce moment le Douglas) devrait l'être

au Massif Central.

La présence des résineuxL'activité agricole qui se maintient, malgrél'exode rural, n'offre pas tout à fait prise à l'en-résinement dans les Combrailles et on comptede nombreuses et très belles forêts de feuillus.Ce sont les forêts " naturelles ". En effet, sansaucune intervention humaine, les Sapinsseraient réduits à peau de chagrin dans nosrégions. Et chaque fois que l'on voit une par-

celle de résineux, on peut être certain qu'il nes'agit pas d'une régénération spontanée maisd'une plantation. Car même après une coupe derésineux, ou les graines seraient encore dans lesol, on voit les bouleaux, espèce pionnière,s'immiscer parmi les Sapins.Plus on se dirige vers le sud des Combrailles(et plus on s'élève en altitude aussi), plus onvoit apparaître des plantations résineuses.Alors que la part des résineux dans l'espaceboisé peut être inférieure à la moyenne natio-nale dans une grande partie des Combrailles,cette dernière peut dépasser 60 % (et la moyen-ne nationale) en tirant sur le plateau deMillevaches. (Chiffres d'après Le Limousincôté nature, Espaces naturels du Limousin,2000.) Tout ça sous prétexte que le feuillu nedonne rien avec l'altitude… On voit pourtantde très beaux feuillus même en HautesCombrailles. La futaie résineuse avoisine les 60 % en HauteCombraille Auvergnate, alors que la Moyenneet la Basse Combraille sont dominées par leChêne, respectivement à 47 % et 60 %.(Chiffres fournis par la Charte forestière duSMADC.). La forêt, y compris résineuse, estessentiellement privée ; c'est dans les HautesCombrailles que la part du privé est la moinsimportante. À croire que les communes aimentle Sapin.

On trouvera la charte forestière (et de trèsjolies cartes) sur le site du SMADC : http://www.combrailles.com/informations_ciblees/vous_habitez_le_territoire/ces_actions_vous_c

oncernent/la_charte_forestiere_de_territoire

Les résineux sont majoritaires dans le sud desCombrailles, c'est entendu. En dépassantCrocq, on roule parfois sous les Sapins. Ce quiest beaucoup moins agréable l'hiver, car lesSapins font bien davantage d'ombre à la routeque les feuillus et laissent gelées et glissantesles portions qu'ils cachent. Après Crocq, àl'embranchement de la route de Giat, on trouvedes mono-plantations de Douglas (le rêve desgroupements forestiers, photo). Du côté auver-gnat, vers Lastic (non loin du champ de tir), j'aivu de l'Épicéa et au nord d'Herment, en allantsur Condat, surtout de l'Épicéa aussi : desmono-plantations la plupart du temps. Mais on commencerait bien à voir les Sapinsremonter les Combrailles et en allant surAuzances, on trouve aussi des parcelles ou despentes enrésinées.

Non à l'enrésinementOn a beau dire que les résineux sont adaptés ànos Combrailles, que nenni. Les Combraillespossèdent un sol acide, et les résineux acidi-fient davantage le sol que les feuillus et doncl'appauvrissent [Augusto, 1999]. La transmit-tance lumineuse est également moindre sousles résineux, ce qui a certainement un impactsur les sous-bois. Les vers de terre ne semblentpas y trouver leur compte (cf. tableau tiré de lathèse d'Augusto). Et que c'est moche, ces lignées de Sapins !Quand on n'arrive plus à sortir des Sapins,quelle impression de froid, surtout à pied. Les

arbres sont la plupart du temps plantés en rangd'oignons et, de plus, ce sont tous les mêmes !Les résineux sont là pour faire du pognon, onne va pas en plus s'amuser à les planter demanière harmonieuse ou écologique. Pourquoi il y en a tant ? Ils n'ont pas poussétout seuls, c'est ce qui est certain. Après guer-re, au nom de l'indépendance nationale (elle abon dos, celle-là), on a enrésiné pour produiredu papier, en particulier avec de l'Épicéa. On asuivi le marché comme on le suit aujourd'huiavec le Douglas, sans tenir compte de l'écolo-gie au niveau régional. Les HautesCombrailles étant une région qui se dépeuplait,on pouvait bien foutre du Sapin partout, cen'est pas le râle des trois péquenots qui res-taient qui allait émouvoir. Ils vivraient dans lesSapins et ne s'en porteraient pas plus mal,comme d'autres vivent dans les champs de blé.Le problème va être sévère quand il faudramettre du Sapin derrière du Sapin puisque lesrésineux appauvrissent les sols… doncengrais-pesticides, youpi !Surtout pourquoi enrésiner des sols où la natu-re elle-même sélectionne… les feuillus. Là, onne s'est pas trop posé la question des équilibresnaturels.

Le (beau) bois de PionsatOn cite parfois le bois de Pionsat comme unbel exemple. C'est grand et je n'ai pu en arpen-ter qu'une partie (sans compter qu'il y a unnombre incroyable de sentiers privés, maispour l'heure ce n'est pas le sujet). J'ai d'abordvu une forêt qui me paraissait plutôt agréable,

Échange avec LaurentAugusto,chercheur à l'INRA deBordeaux au départe-ment Forêt et Milieuxnaturels

Sa thèse : - AUGUSTO L., 1999, Étude de l'impact de quelques essencesforestières sur le fonctionnement biogéochimique et la végéta-tion de sols acides, Thèse, Nancy-I (sous la dir. de J. Ranger),276 p.

Bonjour,Je fais partie d'un journal local sur les Combrailles (MassifCentral, région granitique et acide) et je vous sollicite suite à lalecture de votre thèse pour avoir votre opinion.On va faire un petit dossier «bois » et je m'intéresse aux plan-tations de résineux. Les zones les plus boisées de telles essen-ces se situent autour de 800-900 m. Je voudrais avoir votre avis sur la plantation de résineux (quisont souvent des mono-plantations) sur sol acide, lorsque lefeuillu pousse si mal aux altitudes élevées. Car la plantation derésineux, quoiqu'on en dise, est «forcée » et on en verrait peuà l'état «sauvage».Les scieries et industriels du bois, pour des raisons écono-miques, poussent à la plantation de l'essence «Douglas ».Quels risques la prépondérance de cette essence représente-t-elle pour la biodiversité et la détérioration des sols ?Enfin, d'après les observations que vous avez pu faire un peupartout, quel type de boisement vous semble le moins néfastepour les sols, la biodiversité, une forêt saine sur le long terme?Bien sûr, je ne pense peut-être pas à poser les bonnes questions.N'hésitez pas à compléter… Si vous le voulez, envoyez-nousun petit article ou un mot de complément pour notre journal.Il y a les pdf des journaux sur le site : «Le Trou desCombrailles».Julien Dupoux

Bonjour,La question a l'air simple, mais ce n'est pas le cas.En fait, il y a plusieurs interrogations dans votre message !À propos des «plantations de résineux» qui sont «forcées» etabsentes à l'état sauvage. Là, c'est la plantation qui n'est pasnaturelle. Le résineux, lui, l'est. Les essences résineuses sont

des espèces naturelles au même titre que les feuillus. Les rési-neux sont mal perçus en France car ils ont été largement utili-sés depuis plus d'un demi-siècle pour boiser les zones en dépri-se agricole. Ils ont ainsi été introduits au point de dominer cer-tains paysages, créant des peurs et des interrogations de la partdes habitants (réactions, elles aussi, naturelles).À noter qu'au Portugal, il y a le même mouvement de crainteet de rejet… vis-à-vis des " plantations de feuillus ". Là-bas, cesont des introductions d'espèces du genre Eucalyptus qui ontsuscité des questions, alors que les résineux (comme le Pinmaritime) étaient défendus par des associations écologistescomme étant de nature " naturelle et locale ". Tout est donc unequestion de perception et de point de vue.Pour résumer, il ne faut pas forcément jeter l'anathème sur l'es-sence alors que c'est peut-être plus la sylviculture qui lui estappliquée (ici plantation mono-spécifique équienne) qui pour-rait être sujet d'une discussion.

Pour ce qui est du choix de l'essence à proprement parler, ilfaut déjà se mettre d'accord sur les conditions environnemen-tales du site. Si l'altitude est relativement élevée, il est logiqueque les essences résineuses soient privilégiées car c'est parmice type d'espèces que l'on peut trouver le plus grand nombred'entre elles adaptées au climat alpin et aux sols alpins (souventpauvres).À altitude moyenne ou basse, on a plus de choix. Mais, là enco-re, cela dépend du type de sol et de ce que veut le propriétaire.Si ce dernier veut privilégier la fonction de production de bois,la solution de facilité est clairement la plantation mono-spéci-fique et équienne de résineux. À ce titre, le sapin Douglas esteffectivement réputé pour sa croissance rapide.Vous m'interrogez sur le caractère nocif des résineux et duDouglas en particulier. J'aimerais pouvoir vous donner une réponse simple et lapidai-re. Mon devoir de chercheur m'incite plutôt à répondre avecnuance car cela dépend énormément du contexte. Par exemple,les résineux acidifient plus que les feuillus (à noter au passageque toutes les plantes acidifient le milieu : c'est un processusnaturel). Cela peut poser un problème lorsque 1) il y a beau-coup de pollution atmosphérique et/ou 2) le sol est très pauvreet sensible à l'acidification. Il y a peu de pollution dans leMassif Central et ses alentours. Le premier point ne devraitdonc pas être un réel problème. Pour ce qui est de la pauvretédes sols, je ne suis pas un spécialiste des sols de cette région,mais il me semble que ce cas de figure pourrait exister. Unedifficulté réside dans l'identification de ces sites ! À noter quele Douglas acidifie moins que d'autres résineux comme l'Épi-céa commun ou le Pin sylvestre. Je ne pense donc pas qu'il yait des risques à court terme.Le Douglas est plus connu pour modifier le recyclage de l'azo-te dans les sols. Mais «modifier » ne veut pas dire «détério-rer». Je n'ai pas connaissance de travaux scientifiques indi-quant que le Douglas soit à proscrire de nos régions. Mais nousn'avons pas forcément le recul nécessaire pour trancher de

manière définitive toute discussion. À noter que JacquesRanger, un collègue de l'INRAde Nancy, travaille activementsur le Douglas. Je pense qu'il pourrait compléter mes propos.Pour ce qui est de la biodiversité, toutes les études qui ont com-paré des forêts résineuses à des forêts feuillues montrent que labiodiversité a la même richesse mais qu'elle est différente.Autrement dit, il y a autant d'espèces dans les deux types deforêts mais ce ne sont pas les mêmes. Là encore, la confusionvient du fait que certaines études ont comparé des plantationsindustrielles de résineux à des forêts de feuillus gérées extensi-vement et ont conclu que la biodiversité était réduite sous lesrésineux. En effet, si vous plantez densément des Épicéas (oudes Douglas ou des Sapins, etc.), ils vont croître et il va arriverun moment où la lumière du soleil ne passera quasiment plus(en général vers 10-15 ans, soit un peu avant la première éclair-cie). Du coup, il n'y aura presque pas de végétation de sous-bois et vous aurez l'impression que votre terre nue a été " sté-rilisée ". Mais, dès que vous éclaircissez cette plantation, vousvoyez le sous-bois revenir. Il est vrai que des espèces peuventne pas revenir et c'est un souci avec ce type de sylviculture.Donc, ce n'est pas juste une question d'essence mais aussi unequestion de gestion (ici plantation mono-spécifique équienne)et de milieu.Un autre exemple : si vous boisez un ancien champ, on peutimaginer qu'il n'y a pas de biodiversité particulière à préserversur cette zone anciennement agricole et une plantation nedevrait pas être un problème. À l'inverse, si vous savez quevotre zone est riche d'espèces rares ou importantes dans lefonctionnement du paysage, il faut plutôt éviter de faire uneplantation mono-spécifique.Encore un autre élément de nuance : la notion d'échelle du pay-sage. Si vous avez peu de plantations de Douglas dans le pay-sage, le fait d'en planter une de plus peut ne pas être un souci,car ce qui compte c'est qu'il y ait une diversité de milieu. À l'in-verse, si un paysage est dominé par des plantations, on peutimaginer que certaines espèces ne trouvent plus les conditionsnécessaires pour se maintenir.Un dernier exemple démontrant qu'il n'existe pas une réponseunique à votre question. Il est bien établi que les résineux inter-ceptent plus la pluie que les feuillus. Dans une région où il y ades problèmes d'alimentation des cours d'eau et des nappesphréatiques, il est donc préférable de privilégier des feuillus.Mais dans les régions soumises à des excès récurrents d'eau,les résineux pourraient permettre de les atténuer.Il y aurait encore énormément à dire sur le sujet du choix del'essence. Mais je vais m'arrêter ici.S'il y a une seule chose à retenir de mon laïus, c'est qu'il n'y apas de bonnes ou de mauvaises essences. À l'inverse, il fautplutôt considérer la situation au cas par cas, en prenant encompte les conditions du milieu, la situation sociologique, l'é-tat du paysage et les options de gestion.J'espère que tout cela ne vous aura pas embrouillé l'esprit.Cordialement :

Laurent Augusto

D O S S I E R B O I S E T F O R Ê T S

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assez mixte, avec des sous-bois, mais au fur età mesure que j'avançais, je trouvais quandmême de plus en plus de résineux : desDouglas (beaucoup) mais j'ai aussi relevé despommes d'Épicéas et de Pins. Une vue à partirde l'orée offre en effet une composition essen-tiellement résineuse. De même qu'une vuesatellite : et on voit même les rangs. Qu'il y aitde beaux spécimens au bois de Pionsat, peut-être mais il y a bien aussi des parcelles mono-spécifiques (photo). Le bois de Pionsat se situe- malgré son nom - sur les communes de LaCellette, Gouttières, Saint-Julien, Saint-Maigner et Espinasse. Et c'est surtout un boisde résineux : l'antichambre du Douglas. Laréputation vient peut-être du prix atteint quiatteindrait pour certaines parcelles 600euros/m² sur pied.

Les résineux et les eauxLes résineux sont réputés pour pomper beau-coup d'eau et c'est effectivement le cas[Augusto, 1999]. Fut un temps, fin 19e, on lesplantait (ou on voulait les planter, car la pres-sion des paysans, encore assez nombreux, pourmaintenir des terres agricoles limitait l'enrési-nement) pour limiter les inondations. Mais enpériode de réchauffement climatique, alors queles interrogations sur les nappes phréatiquesreviennent régulièrement (bon pas cette année,apparemment, vu le printemps pourri), les rési-neux semblent encore moins adaptés. Aussi, leur pouvoir acidifiant sur les rivièresest reconnu, même l'ONF le souligne (voirencadré). Il faudrait donc éviter d'enrésiner au

bord des ruisseaux. C'est ce qui se passe pourla Sioule (touristique) : les pentes font la partbelle aux taillis et aux feuillus. On tient à ceque les truites ne soient pas perturbées. Tantmieux. La Sioule est une rivière classéeZNIEFF et une attention particulière est portéeà la qualité des eaux. Le président du comité depêche d'Herment n'a, quant à lui, pas remarquéd'incidence particulière de la présence des rési-neux sur les cours d'eau… peut-être aussi parceque leurs berges ne sont pas enrésinées.Espérons qu'ils n'iront pas les coloniser. Pourle pognon, tout est possible, et il vaut mieuxprévenir que guérir. La gêne dont il m'a parléconcernait le Petit Sioulet qui prend sourcedans les bois et les traverse : des branches peu-vent tomber et barrer le petit ruisseau, risquantalors d'empêcher les truites de remonter.

Propriétés de résineux - timbres-posteJ'en viens progressivement là où le bât blesse,c'est-à-dire aux aspects économiques et à lafonction de production de bois qu'on assigne àla forêt, spécialement à la futaie résineuse. Les paysans ou autres propriétaires pouvaientplanter leur carré de résineux comme capital-retraite, comme caisse d'épargne, c'était unepetite parcelle, souvent carrée, malheureuse-ment souvent mono-spécifique, un timbre-poste comme on dit. Les institutions se mobilisent souvent contreces petites propriétés, gérées au cas par cas quesont les timbres-poste : elles visent au regrou-pement des parcelles pour unifier la gestion,gestion qui serait alors effectuée (comme lamajorité des forêts sont privées) par… desgroupements forestiers. Bingo pour les gros !Les petites parcelles de bois font pourtantmoins de mal que les grosses. Car, de toutefaçon, en manière de résineux, mal géré pourmal géré, autant que les aires soient petites.Les unités réunifiées ne font pas des parcellesmixtes pour autant, bien au contraire, on enprofite pour planter davantage de rangs d'oi-gnons, pour éviter la régénération naturelle(que le petit propriétaire, question de coût,pourra tout à fait privilégier) et pour faire de laplantation commerciale à grande échelle, où degrosses machines pourront passer, type Beaucepour le blé. Les timbres-poste ne sont alors cer-tainement pas à condamner et mieux vaudraitse méfier des flatteries venant des groupementsou des milieux institutionnalisés.De plus, la diversité des habitats est aussi trèsutile à la biodiversité et à certaines espèces quiont besoin de nourriture diverses, tandis qu'uncontinuum de Douglas sur des hectares ne peutprivilégier que des espèces mono-spécifiquesaux forêts de résineux et elles sont loin d'êtreles plus nombreuses, surtout sous nos latitudes.Nous ne sommes pas en Scandinavie, n'endéplaise à France Douglas.En outre, le paysan qui possède un petit boisaura sûrement tendance à privilégier le feuillupour se servir du bois de chauffe (le résineuxcrame mal ou vite) ou pour que ses bêtes puis-sent s'abriter de la pluie. S'il s'adonne à la plan-tation résineuse, elle ne concernera qu'une trèspetite surface. Au contraire, le simple proprié-taire, possédant, n'habitant pas sur place, sefout de l'harmonie du paysage et de la qualitédes sols, se fout de toute utilisation autre querentable, il peut enrésiner beaucoup et vendrebeaucoup, et donner beaucoup d'argent auxexploitants forestiers qui le font douiller pourplanter, éclaircir, couper les arbres… bref quiprennent leur commission partout.Dans les Hautes Combrailles, les communesoù la part des propriétaires de plus de 10 ha parrapport aux surfaces forestières privées sont lesplus importantes sont : La Celle-d'Auvergne,Condat-en-Combrailles, Herment, Bourg-Lastic, Giat, Fernoël. Quant aux belles raies deDouglas du bois de Pionsat, elles font l'objetd'un Plan de Gestion Forestière. Elles n'en res-tent pas moins des raies.

Résineux et rivièresIl n’y a pas que les braillards écolo qui remettent en cause les résineux...Même ceux qui veulent faire des sous peuvent émettre certaines critiques. Voici un

extrait d’un rapport de l’ONF.

Quels sont les impacts des peuplements résineux en bord de cours d’eau ?

Les plantations monospécifiques de résineux en bord de cours d’eau provoquent des modifications physiques du cours d’eau, impactant les communautés

végétales et animales inféodées au cours d’eau et à ses berges.

Les résineux, gérés en peuplement monospécifique, dense et régulier (cas le plus courant), provoquent une absence de lumière au sol et empêchent ainsi la

pousse de plantes herbacées, qui contribuent à la stabilité du sol dans le lit majeur.

Le manque de lumière combiné à une forte densité des peuplements, et à la cuticule épaisse des aiguilles d’épicéas, ralentissement fortement la dégradation

de la litière qui s’accumule. Associée à une activité racinaire de l’épicéa particulièrement source d’ions acides (plus que toute autre essence), l’effet est une

tendance à l’acidification d’un milieu déjà pauvre, entraînant un appauvrissement du sol et sa déstructuration.

L’enracinement superficiel de l’épicéa et l’absence des plantes herbacées induisent une fragilité de la berge face à l’énergie des eaux en périodes de crues. Les

berges enrésinées sont ainsi le siège d’érosions importantes. Les berges s’effondrent, pouvant entraîner la déstabilisation du peuplement rivulaire et occa-

sionnant ainsi des embâcles nettement supérieurs au phénomène naturel. Le cours

d’eau s’élargit et s’incise, le courant ralenti et les sédiments fins excessifs, issus de l’érosion des sols non végétalisés s’accumulent et colmatent le lit. La bana-

lisation des substrats, le colmatage des gravières et la disparition des zones d’abri induisent une diminution des supports de pontes et des biotopes de vie.

Cela provoque une baisse de l’abondance et de la diversité au sein des différentes communautés végétales et animales inféodées aux cours d’eau et à leurs

berges.

Les peuplements plantés sur des sols à hydromophie permanente ou temporaire développent un enracinement très superficiel. Les arbres en situation de stress

sont plus sensibles aux maladies et attaques parasitaires. Leur croissance est limitée. Ils ont une forme tronconique « en carotte » peu appréciée des transfor-

mateurs.

Extrait du rapport (2009) : « Préconisations techniques pour lexploitation et la conversion des peuplements forestiers allochtones en bordure des ruis-seaux » par l’ Office National des Forêts.

D O S S I E R B O I S E T F O R Ê T S

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Le Trou des Combrailles - n°4 - été 2013 p. 13

Les résineux pourle fricNon, franchement, on ne plante pas du rési-neux pour que les forêts soient gérées durable-ment, sinon on laisserait venir des feuillus. Onles plante à peine pour les besoins individuelsou industriels (comme si on ne pouvait pasfaire de charpente en feuillus) mais parce queça pousse vite et que ça peut rapporter auxorganismes exploitants. Ces organismes, pourembaucher le moins de monde possible, veu-lent que ce soit planté tout droit, en rangs d'oi-gnons, avec des arbres qui ont tous le mêmeâge, comme ça on pourra tout couper d'uncoup et empocher le pactole. La belle forêtpour touristes : rien de franchement admirable! Alors nos résineux, à quoi ils servent ? Pas auxbelles pièces en tout cas : pas aux buffets.Chez le menuisier de Saint-Avit, on a dit qu'onn'utilisait pas (ou très peu) les résineux mais

les bons feuillus ou les boisexotiques. Donc pas lesbois de nos forêts qui sontsouvent de piètre qualitépour la menuiserie. Des charpentiers desCombrailles, quitte à fairedans le résineux, préfèrentles bois de l'Est qu'ils trou-vent nettement de meilleu-re qualité. Mais à la scierieDubot à Saint-Avit on m'adit qu'on utilisait les bois d'ici(même si on ne m'a pas dit sic'était beaucoup ou juste un peu).Quelqu'un qui travaille dans le boism'a précisé que les troncs étaientainsi utilisés : la base pour la charpen-te, la partie moyenne pour la palette et lapartie haute pour le papier. Et que l'Épicéapouvait fournir du bois de charpente comme leDouglas tant vanté (voir plus loin).

Une affair e de gros sousLes groupements essaient d'avoir la mainmisesur les forêts limousines et auvergnates. Et ilsfont du propre ! C'est le cas de la coopérativeforestière Unisylva (Uni comme une seulesorte de résineux, non ?) qui se veut " l'avenirde nos forêts " et qui a un siège à Bourganeuf,en plein dans le secteur où les plantations derésineux sont foison. Sur la route entre Saint-Bard et Le Compas, peu avant l'embranche-ment de Lioux-les-Monges, on trouve une par-celle récemment exploitée par Unisylva(photo) : une coupe rase. Ils ont coupé desfeuillus et que vont-ils remettre à la place ?Comme par hasard, des résineux. Et il y a deschances pour que se soit du Douglas. Bravopour la gestion ! Ça, c'est vraiment du propre.Le questionnaire que propose Unisylva s'in-quiète d'ailleurs de savoir si l'on souhaite s'af-franchir de certaines demandes d'autorisations

de coupes. Il demande aussi si on est assujettià l'ISF. Unisylva, c'est une affaire de grossous. Le site possède une rubrique " fiscalité "avec un suivi de l'ISF. On y apprend par exem-ple que " La loi de Finances 2013 ne touchepas au seuil d'imposition qui reste à 1,3million d'euros. Attention la taxation commen-ce maintenant à 800 000 euros.Le nouveau barème est le suivant :

"inférieur à 800 000 euros : 0 % ;"entre 800 000 euros et 1,31 million d'eu-ros : 0,5 % ;"entre 1,31 million d'euros et 2,570millions d'euros : 0,7 % ;"entre 2,570 millions d'euros et 5 millionsd'euros : 1% ;"entre 5 millions d'euros et 10 millionsd'euros : 1,25 %"supérieur à 10 millions d'euros : 1,5%."

Ça me semble rester tout à fait supportablespour des riches, tout ça. On n'a pas les mêmesfacilités pour acheter sa baguette de pain.Ensuite, qu'ils pourrissent les sols ou les riviè-res, c'est le cadet de leurs soucis tant que cen'est pas chez eux et qu'ils ne se font pas épin-gler. Et il faudrait leur faire confiance !

Opération DouglasActuellement, on nous explique qu'il fautplanter du Douglas, parce que le Douglas, c'estbien, c'est un bon bois de charpente, et çapousse surtout tout droit. Mais ça partage lesinconvénients d'autres résineux : ça acidifieaussi le sol et c'est très exigeant en eau. Alorsest-ce que c'est aussi bien adapté qu'on veutnous le faire accroire ? Les scieries, commeDubot à Saint-Avit ou la Scierie desCombrailles au Montel-de-Gelat sont à fondsur le Douglas. Cette dernière est pourtantcapable de proposer des charpentes en chêne,des lambris et parquets en châtaignier. Il n'y apas que le Douglas dans la vie… même si,question sous évidemment, c'est plébiscité parles marchés. Mais jusqu'à quand ? Quand toutle monde fera du Douglas, ça ne vaudra plusgrand-chose (et au bout de quarante ans, quisait si on en aura autant besoin ?) et les pro-prios qui auront cru faire une bonne affaire yseront peut-être même de leur poche.D'ailleurs, actuellement, les cours sont à labaisse (dixit le CRPF Auvergne). On voudrait transformer les petites zones demoyenne montagne (comme les HautesCombrailles) en pourvoyeuses de douglas. Lesboursicoteurs veulent affubler chaque régiond'une fonction de production, n'en déplaiseaux populations locales qui, elles, auraienttendance à avoir un peu de tout pour vivre,pour pouvoir consommer localement. Mais lepétrole est si bon marché, allons donc, on peuttout faire venir de loin. Tant pis s'il n'y a plusde terres agricoles, ni de bois de feuillus pourse chauffer, du moment qu'Unisylva et d'autresgroupes de la même trempe gagnent leurpognon avec leur mono-plantations deDouglas, on pourra bien aller chercher nosbûches de chêne ailleurs. Le Douglas n'est pourtant pas parfait. Certains

spécimens senécrosent, leur faisant perdre leur valeur éco-nomique. Une enquête en Bourgogne (dixitCRPF) a révélé que 5 % des tiges sont attein-tes par le phénomène de nécrose. On ne saitpas encore d'où ça vient.

Stopper le colonialismeLa conquête du résineux, actuellement duDouglas, s'apparente réellement à du colonia-lisme. Le territoire n'est considéré que pour sacapacité à fournir une matière première et onpourrait donc y faire tout et n'importe quoi. Etles bénéfices vont à certaines gestionnaires ougroupements forestiers qui parfois demeurentloin des lieux d'exploitation. La campagnedoit être un terrain de production ; le terrain devie est ailleurs… à Paris ou dans le parc d'unhôtel particulier. Derrière certaines orientations, comme leregroupement des parcelles forestières ou l'in-vitation à planter le territoire en Douglas, onsent, davantage qu'un raisonnement pour lesbesoins de la population, la mainmise desmarchés. Les Combrailles affichent encore unpaysage diversifié, des bosquets, des champs,des bois plus grands, il serait bien triste devoir les Sapins arriver partout, s'octroyant dessurfaces entières où les habitants ne pourraientplus même se promener. La forêt ne se pensepas avec le porte-monnaie. Ce n'est pas lemarché qu'on a besoin d'alimenter mais nous-mêmes. Et nos besoins en bois ne sont pasceux du marché, en particulier parce que nosbesoins sont loin d'être tous de nature écono-mique.Il n'y a plus de démocratie vivante là où il y ades ogres et c'est ce qui arrive dans le domai-ne du bois où les scieries les plus grosses sontles plus favorisées et où les groupementsforestiers ont carte blanche pour gérer lesforêts.Mais ces têtes-là sont peut-être aussi fragilesque celles de leur résineux : coupez-les et ellesperdent toute leur valeur parce que leur exis-tence est essentiellement économique et mar-chande. Décidément, depuis les rois et leursdomaines de chasse, les forêts n'en finissentpas d'être le siège de privilèges.

Julien Dupoux

" L'automne a ses quartiers permanents sous lafutaie de résineux. Nulle vie ne subsiste sousces voûtes rousses qu'on croirait hypogées. Lesbêtes fuient la litière stérile d'aiguilles. " Pierre Bergounioux, Miette.

" Quelque chose d'intemporel plane sur lescoupes jonchées d'andains, de grumes bala-frées, saignantes, de sifflets de Douglas pareilsà des tranches de pastèques, sur le sol défoncé.Trois ou quatre types sont assis, adossés auxpneus ballons géants, crantés, des engins dedébardage. Ils portent à leur bouche des mor-ceaux qu'ils piquent dans des gamelles en fer-blanc, à la pointe du couteau. "Pierre Bergounioux, Un peu de bleu dans lepaysage.

Le questionnaire Unisylva La gestion de votre forêt...

La gestion d'un massif forestier est un élément primordial pour sa pérénnité et nécessite d'être

réalisée par des professionnels. C'est pourquoi UNISYLVA est au contact de ses propriétaires, en

étant toujours soucieux de bien remplir leurs objectifs et de répondre à toutes leurs attentes.

Et pour être sûr d'être en accord avec leurs engagements et leurs devoirs légaux, la coopérative

conseille la rédaction d'un document de gestion (Plan Simple de Gestion, Règlement Type de

Gestion). Pour savoir lequel de ces deux documents vous avez besoin, répondez dès maintenant à ce

questionnaire :

1) Avez-vous ou souhaitez-vous bénéficier d'une exonération sur les ¾ de la valeur de vos bois lors

d'une succession ou donation (amendement MONICHON) ?

2) Etes-vous assujetti à l'Impôt Solidarité sur la Fortune (I.S.F.) ?

3) Etes-vous propriétaire d'au moins 10 ha (d'un seul tenant ou pas) et adhérent à PEFC ?

4) Etes-vous propriétaire d'au moins 10 ha d'un seul tenant et souhaitez-vous bénéficier des aides

du Défi Travaux (exonération liée à l'impôt sur le revenu) ?

5) Avez-vous ou souhaitez-vous bénéficier de subventions ?

6) Souhaitez-vous mettre en place un plan d'action au niveau de la gestion de votre forêt avec

comme objectifs la maîtrise des coûts et la valorisation de vos produits forestiers ?

7) Souhaitez-vous garantir une continuité de gestion avec vos successeurs ?

8) Souhaitez-vous vous affranchir de certaines demandes d'autorisation de coupes ?

D O S S I E R B O I S E T F O R Ê T S

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p. 14 Le Trou des Combrailles - n°4 - été 2013

Activité desdéputés : L.G.V.Christine Pires-Beaune a obtenu réponse à saquestion écrite.Question soumise le 5 mars 2013Mme Christine Pires Beaune attire l'attentionde M. le ministre délégué auprès de la minist-re de l'écologie, du développement durable etde l'énergie, chargé des transports, de la mer etde la pêche, sur le projet de ligne à grandevitesse Paris-Orléans-Clermont-Ferrand-Lyon(LGV POCL). Ce projet, inscrit à l'article 12de la loi du 3 août 2009 de programmationrelative à la mise en œuvre du Grenelle de l'en-vironnement, à travers une ligne ferroviaireunique répond à de nombreux enjeux fonda-mentaux pour l'intérêt national et l'aménage-ment équilibré du territoire. Il s'agit là d'unenjeu crucial pour l'aménagement des territoi-res du centre de la France qui, du sud du bas-sin parisien jusqu'au Massif central, à traverscinq régions et pas moins de quinze départe-ments, constitue le dernier territoire françaisnon-desservi par la grande vitesse. Mettre unterme à cette anomalie historique permettra lacorrection d'un réel handicap pesant sur ledéveloppement économique de ce territoire.Au moment où le redressement productif dupays passe assurément par la production demoyen-haut de gamme, de nombreuses entre-prises, implantées en Auvergne et leaders mon-diaux dans leurs secteurs, ne peuvent envisagerleur développement sans des infrastructures detransport performantes. Par exemple, le groupeMichelin, seule entreprise du CAC 40 à avoirson siège en province, exprime une très forteattente envers le projet qui représente un enjeumajeur pour l'efficacité opérationnelle et l'at-tractivité de cette entreprise internationale. Deplus, la fonction radiale du POCLpermettra,en offrant un itinéraire alternatif pertinent, dedésaturer la ligne à grande vitesse LN1 entreParis et Lyon, ligne la plus fréquentée d'Europequi structure une grande partie du réseau ferrénational et européen, et dont l'exploitation

deviendra critique à l'horizon 2025. La com-mission " Mobilité 21 ", mise en place par leMinistre le 17 octobre 2012 et chargée de révi-ser le schéma national des infrastructures detransport (SNIT) et d'en hiérarchiser les grandsprojets, ne rendra ses recommandations quedans les prochains mois. Pourtant les déclara-tions récentes de son président, notre collèguePhilippe Duron, quant à la méthode de travailretenue par ces membres, ont suscité une viveinquiétude chez les usagers, les élus et les déci-deurs économiques en Auvergne. En effet, laméthode présentée ne semble pas prendre encompte la recommandation du SNITet de laloi Grenelle d'apprécier les projets au regard deleurs impacts en termes d'accessibilité, de pro-grès social, de développement économique oude structuration de l'espace. Autant de critèresqui démontrent pourtant le caractère indispen-sable du projet. Elle l'interroge donc sur lesintentions du Gouvernement concernant l'ave-nir du projet LGVPOCL.Réponse émise le 30 avril 2013Le débat public relatif au projet de ligne nou-velle à grande vitesse Paris - Orléans -Clermont-Ferrand - Lyon a laissé une grandeplace aux enjeux d'aménagement du territoire,comme l'a notamment prouvé la participationde l'ensemble des acteurs aux diverses réuni-ons publiques. Il a aussi permis de confirmerles principaux intérêts du projet ainsi que sesgrands objectifs et fonctionnalités, à savoir,d'une part, la desserte ferroviaire par la grandevitesse du grand Centre de la France et, d'autrepart, la recherche d'une alternative économi-quement pertinente dans la perspective de lasaturation de la LGVParis - Lyon. Le conseild'administration de réseau ferré de France(RFF) a décidé le 7 juin 2012, au vu du bilanque la Commission nationale du débat public adressé de ce débat, de poursuivre le projet parune étape préliminaire aux études préalables àl'enquête d'utilité publique, destinée à apporterles éclairages nécessaires au choix d'un scéna-rio. Ces études doivent permettre d'examinerles conditions de poursuite du projet sur la basedes scénarios ouest et médian, dans leurvariante Roanne. Parmi les objectifs assignés àcette étape d'études figure, notamment, celui

d'approfondir l'évaluation de l'économie duprojet, de ses avantages et de ses bénéficiaires.Selon les enseignements du débat public,notamment en matière d'aménagement du ter-ritoire, ces études prendront aussi en compteles objectifs complémentaires qui ont été rete-nus, comme celui d'améliorer la desserte entrel'Auvergne et la région Rhône-Alpes. Cetteopération sera par ailleurs examinée par lacommission Mobilité 21 mise en place le 17octobre 2012, dans le cadre de la révision duschéma national des infrastructures detransport, (SNIT). Composée de parlementai-res et de personnes qualifiées, ses recomman-dations seront remises au deuxième trimestre2013. En effet, le projet de SNITprésenté àl'automne 2011 par le précédentGouvernement comporte un montant évalué à245 milliards d'euros d'opérations et projetsdivers - dont 88 milliards à la charge de l'État -à réaliser sur 25 ans. Or, ce projet de schéma nedit rien ni sur les priorités, ni sur les solutionsde financement nécessaires à sa réalisation.C'est pourquoi il est nécessaire d'établir un dia-gnostic global sur la pertinence et la faisabilitédu projet de SNIT, au vu de la situation actuel-le et des perspectives rappelées par l'audit de laCour des comptes sur les finances publiques,en tenant également compte de la priorité quele Gouvernement entend donner aux transportsdu quotidien et à la rénovation des réseauxexistants. C'est dans ce cadre que sera examinéle projet de la LGVPOCL, comme tous lesautres projets, au travers de la méthode d'éva-luation qu'a présentée à mi-parcours la com-mission Mobilité 21. Cette évaluation eststructurée autour de quatre grands thèmes -premièrement, la contribution aux grandsobjectifs de la politique des transports, c'est-à-dire servir la compétitivité économique natio-nale, réduire les inégalités territoriales et amé-liorer la mobilité de proximité - deuxième-ment, la performance écologique - troisième-ment, la performance socio-économique - qua-trièmement, la performance sociétale, enten-due notamment comme la contribution desprojets à l'aménagement du territoire.

Comment reconnaître les résineux ?

Entre ceux qui sont des vrais sapins, ceux quin'en sont pas, etc, etc, comment parvenir à dis-tinguer un résineux d'un autre ? Du sapin, c'estdu sapin, après tout et c'est pas sûr qu'il y en aitun pour rattraper l'autre. Mais quitte à en par-ler, autant les distinguer.Dans les Combrailles, on trouve essentielle-ment les essences suivantes : Pseudotsuga menziesii (Douglas)Pinus sylvestris (Pin Sylvestre)Larix decidua (Mélèze d'Europe)Picea abies (épicéa commun)

L'hiver, le mélèze perd ses aiguilles, il est plusfacile à reconnaître. Le pin a de longuesaiguilles. Le Douglas a des aiguilles mollesqui ne piquent pas. Mais le plus facile, c'estencore, quand on en trouve, de les identifierpar les pommes (ou cônes).

Compte rendu d’une réunion de réflexion sur l’organi-

sation d’une économie alternative et solidaire en

Combrailles en prévision d’une prochaine crise écono-

mique et sociale.

Constat de criseUn rapide coup d’oeil sur la situation mondialesuffit pour comprendre que nous sommes à laveille d’une crise majeure. Tous les indicateurssont au rouge, que ce soit sur le plan économique,social, politique, géopolitique, écologique,moral, sanitaire… On voit les pays d’Europe s’effondrer les unsaprès les autres et notre tour ne tardera pas. Lechômage ne cesse de gonfler avec les conséquen-ces sociales qui en découlent, les prix des denréesde base ne cesse d’augmenter également, la ten-sion monte et les risques d’une montée de la vio-lence se sont considérablement accrus, la des-truction de l’environnement et les cataclysmes nefont qu’accélérer le processus, les situations poli-tiques internationales très tendues (Iran, Corée,Syrie, Palestine) compromettent la paix mondia-le… et on pourrait continuer d’énumérer encorelongtemps.Pour résumer, nous pouvons nous attendre dansun proche avenir à des augmentations des prix(aliments et énergies), à des mesures sociales derestriction très contraignantes pour la population,à des éclatements de violence et à une politiquesécuritaire de plus en plus agressive et liberticide,à une destruction des valeurs sociales, à la dégra-dation de l'enseignement et de la santé, et autresfléaux... le tout sur fond de gestion aberranted’une oligarchie politique totalement incompé-tente et désintéressée.Mais le propos n’est pas, ici, de se lamenter surune situation potentiellement catastrophique,

mais d’envisager la catastrophe. Vu la tournuredes événements, il est évident qu'aucune solutionne viendra de l’état et ne pourrons plus compterque sur nous-même.Quoiqu’il advienne, nous avons l’avantage depouvoir prévoir et de disposer actuellement demoyens que nous n’aurons peut-être plus d’iciquelques temps pour organiser une économie pal-liative ou disons plutôt alternative.

Pallier à la défaillance de l'économieeuro par une économie alternative (ousolidaire) ?Les termes d'économie alternative ou d'écono-mie solidaire peuvent avoir beaucoup de signi-fications différentes pour les uns et les autres etce peut être le sujet de très intéressantes discus-sions à venir. Les aspects en sont multiples etvariées et impliquent des façons très diversi-fiées d'aborder les échanges. Dans tous les casil s’agit d’une économie autre que l’économiemondialiste, nécessairement basée sur d’autresfondements que le profit et la croissance etdavantage axée sur des notions de respect del’humain et de l’environnement.Toutefois, en gros on pourrait la considérer surdeux plans principaux: euro et no-euro. Le premier consiste à rassembler et combinertous les moyens possibles pour économiserdes euros, en gagner ou éviter d'en dépenser(achats groupés, brocantes, organisation decovoiturages, monnaies locales, caisses soli-daires, mini-banques locales, petites annoncesou partage d'infos pour du travail, vente-achatde biens divers…) le second consiste à échan-ger sans utiliser l'euro, voire sans utiliser demonnaie du tout (réseau d'entraide, brocantesgratuites ou dépôt libre, SEL, monnaie indé-

pendante, système de jetons,…).

La malédiction des Combrailles : un passériche en essais… mais aussi en échecDepuis plusieurs années bien des tentatives sesont mis en place (par exemple: CEDD, réseauen Combrailles, SEL…), et continuent d’éclo-rent çà et là. Mais ces initiatives pour dévelop-per des alternatives à la société actuelleconnaissent souvent des échecs, voire desdemi-succès (comme le SELdes Combraillesqui vivote encore) et les nouveaux projets encours rencontrent aussi beaucoup de difficultésde mise en place, ou, s'ils sont partis sur de bon-nes bases, ont eu de la peine à développer et àse maintenir. Jusqu’à présent aucune de ces ten-tatives n’a vraiment fonctionné de manièredurable.C’est par croire que la région n’est pas porteu-se, comme imprégnée d’une lourdeur plombanttout élan vers le nouveau! Alors que des pro-jets similaires dans d’autres régions fonction-nent plutôt bien et de manière durable...Ce peut être instructif de s’interroger aujourd’-hui sur les causes de ces insuccès autant quenécessaire pour pouvoir construire quelquechose de durable à l’avenir.Et pour comprendre ces échecs de ces projets, ilest utile d’examiner les motivations qui les ontengendré. C'est-à-dire se demander: Qui som-mes-nous? Pourquoi sommes-nous ici dans lesCombrailles ? Que voulons-nous faire ? Quelsles idéaux que partageons-nous (ou pas!)?avant de se demander: « Pourquoi et commentles précédents projets ont fini par échouer? »Quoiqu’il puisse ressortir de ces analyses, unechose est sûre: il y a une volonté incontestableet forte de construire dans les Combrailles

Vers l’organisation d'une économie parallèle alternative et solidaire dans les Combrailles.

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Le Trou des Combrailles - n°4 - été 2013 p. 15

Il y a plein de fleurs à cueillir l'été :

Millepertuis, Mauve, Bleuet, Coquelicot,

Bourrache... Mais, comme il fallait faire un

choix, j'ai choisi la Reine des prés : votre

carte atout santé de l'été, et de l'hiver pro-

chain.

Cette jolie fleur au port altier, d'où son nom deReine, pousse, devinez où ?... dans les prés !Précisons : dans les prés très humides, souventlà où coule un filet d'eau.Armez-vous donc… de bottes !Elle est très grande et peut mesurer jusqu'à1,50 m.Elle a une tige rougeâtre, anguleuse, commebeaucoup de plantes aromatiques et médici-nales.Elle est très odorante. Il faut cueillir les som-mités fleuries sans mettre en danger le reste dela plante : en coupant la tige trop bas, celle-ciétant creuse, vous risqueriez de la faire pourrir.Ce qui est caractéristique de la Reine des prés,c'est que les bourgeons floraux sont à diffé-rents stades de maturité. La floraison est éche-lonnée. Les petites fleurs d'un blanc jaunâtresont étagées et disposées en fausses ombelles.On peut s'en servir fraîches, pour parfumer descrèmes, par exemple. Il suffit de laisser infuserdeux ou trois poignées de fleurs dans du lait aupréalable tiédi pendant toute une nuit. Le len-demain, vous filtrez et vous vous servez devotre lait comme dans votre recette habituelle.

Ou bien fabriquez votre limonade : laissezinfuser vos fleurs dans une bouteille d'eaucitronnée et sucrée quelques jours en pleinsoleil. Filtrez. Bouchez. Mettez au frais, etdégustez.Vous pouvez également la faire sécher dansune pièce bien aérée, les fleurs étalées dans unecagette ou un panier. Cueillez-les à peine éclo-ses, car elles continuent à s'ouvrir en séchant.Vous retrouverez ainsi avec bonheur vos fleursl'hiver, et pourrez soigner un tas de bobos enbuvant une délicieuse tisane, car cette plante atoutes les vertus.De son vrai nom : Spirée ulmaire, celle qui adonné son nom à l'aspirine. Comme le Saule,elle contient des dérivés salicyliques. Elle soi-gne les douleurs et la fièvre. Elle est égalementanti-inflammatoire et digestive. Elle est aussidiurétique, antalgique et antirhumatismale.En cataplasme, elle est cicatrisante. Elle estconnue pour combattre la cellulite.Malheureusement, sans être encore en danger,cette plante très belle et très utile est en régres-sion. D'une part, à cause des drainages et del'assèchement de nombreuses zones humides.D'autre part, du fauchage très bas qui a détruitde nombreuses stations.Lorsque vous l'aurez vue une fois, vous nepourrez plus la confondre avec aucune autre.Il y a plusieurs producteurs et cueilleurs deplantes sauvages dans les Combrailles :Thierry Thévenin, à Mérinchal (23420), bienconnu maintenant, qui a écrit un livre dont jeme sers toujours : " Les plantes sauvages " aux

éditions Lucien Souny, mais aussi une autreproductrice, Hélène Michel, qui a besoin d'êtreencouragée car installée depuis quelquesannées seulement et qui habite sur la communeEspinasse (63390) qui nous a donné la photooù elle est en train de cueillir la reine des prés.N'hésitez pas à aller sur son site : Tisanes enfleurs.Et si vous n'osez pas ou ne pouvez pas cueillirvous-même votre Reine des prés, elle encueille et vous propose dans ses sachets unerecette pour la cuisiner (j'en ai vu à la petite

boutique bio de Pontaumur).La sorcière du trou, Marieno.

Coordonnées : Hélène et Michel, Murat, 63390 EspinasseTél. : 04 73 52 03 28

On nous a aussi signalé des producteurs àCharbonnières-les-Vieilles :Vincent et Catherine Segrétain, Altaïr, Péry,63410 Charbonnières-les-Vieilles, (plantespour tisanes et condiments) 04 73 86 92 80.

Rubrique sauvage : reine des prés

quelque chose «d’autre », basé sur une cons-cience progressiste. Un tel potentiel, qui se voitdans l’acharnement persévérant avec lequel, àtravers les années, les tentatives renaissent deleurs cendres, est une mine d’espoir. Une prise de conscience collective en tant quetissu socio-économique serait un base primordiale.

Les différents thèmes concernés par une EASPour envisager une économie alternative et soli-daire viable dans les Combrailles il est nécessai-re d’en avoir une vision holistique. L’économieconnecte les individus à un éventail trèslarge de domaines diversifiés. Par exemple:- L'alimentation (production et échange de

denrées)- La santé (médecines douces ou alternatives,

soins, confection de remèdes, thérapies diver-ses, bien-être, développement personnel, etc)

- L'habillage, l'ameublement (échange, récupé-ration, recyclage, réparation, confection)

- Les énergies (production, économies d'énergie,énergies alternatives, autonomie)

- Le transport, les déplacements, la circulation(covoiturage, navette, véhicules collectifs, aut-res modes de déplacement, chemins cyclables(ou équestres, ou asiniens!), transport local demarchandises)

- La communication et l'information (systèmede courrier, transport de colis, réseau socialinternet, blog, journaux, réseau internet paral-lèle, chaîne téléphonique…)

- L'outillage et l'équipement (achat d’outillageou de matériel en commun, prêts et échanged'outils, réparation et entretien)

- La récupération et le recyclage (récupérationdes matières et matériaux des uns à l'usage desautres, transformation en énergies, en maté-riaux divers et matières premières)

- L'apprentissage et la transmission des connais-sances (techniques diverses anciennes ourécentes, connaissances diverses)

- Les loisirs et la culture (lecture, spectacles,création, etc)

- Le logement, l’hébergement (accueil d’urgen-ce ou hébergement temporaire)

- La sécurité (vigilance, système d’alerte)

La structuration des rapports sur l'ensemble deces domaines peut être un point de départ.

Poser des bases rationnelles et psychologiquesMême s'il nous détruit, le système euro, c'est àdire le système économique mondialiste, est l'économie la plus fiable et la plus sûre qu’il soit.Si l'on se rend à Carrefour ou à Auchan, on est sûr

d'y trouver sa marque de lessive, de biscotte ou debière préférée à toute heure chaque jour de l'année(malgré des ruptures de stock anecdotiques). Jeveux une ampoule de phare pour ma voiture, jen'ai qu'à aller au magasin d'ampoule de phare devoiture et je suis sûr d'en trouver. Avec des eurosnous savons que nous pouvons toujours acheterquelque chose partout ou nous allons (en Europeprincipalement) et que cette valeur est universel-lement échangeable. C'est une chose moins évi-dente avec des unités de SELou les billets demonopoly d'une monnaie locale, les systèmes d'é-changes de biens et de services, les réseaux d'en-traide et autres, ne fonctionnent que dans un cer-tain contexte précis. L'économie euro est psycho-logiquement plus rassurante qu'une économiealternative car elle est normalisée et garantie.Il y a un aspect psychologique (voire émotionnel)dans la pratique d'une économie qu'il est primor-dial de prendre en compte et qui influencera pro-bablement beaucoup plus les processus d’échan-ge que des notions rationnelles. L’observation denos processus émotionnels et affectifs au contactde l’économie euro peut être riche d’enseigne-ment et nous livrer de nombreuses clés pour pou-voir structurer une alternative convenable.L’objectif est donc d’en arriver, via un immensetravail d’organisation, à créer le même sentimentdevant l'option EAS qu'on aurait devant un super-marché, ou en centre ville à Clermont-Ferrand,avec un billet de 20 ou 50euros dans la poche etde faire en sorte que nous puissions recourir à cemode économique avec la même aisance quenous avons à recourir à l'économie-euro.

Fiabiliser le système alternatifPour rendre un système alternatif fiable et effica-ce, la régularité et la permanence sont nécessai-res: dates et lieux d'échange fixes et régulierstout au long de l'année. Il est primordial de défi-nir quels produits où denrées peut-on produire demanière régulière en quantité régulière? quelproducteur peut alimenter quel secteur et qui peutle remplacer en cas de défaillance? sur quellesbases de valeur échange-t-on et comment?... D’autre part, un moyen de garantir le système(normalisation et sécurisation des échanges) estnécessaire. Un pôle centralisateur (lieux de réfé-rence), ou des événements à date constante (mar-chés, foire, rendez-vous hebdomadaire), desconventions et nomenclatures, un comité de ges-tion (démocratique), pourraient-il aider à générerce sentiment de fiabilité?

Une économie auto-pédagogique : ne pasretomber dans les travers de la consommationUn risque serait de re-créer un système deconsommation parallèle pour remplacer celui de

l'économie mondialiste. L'économie de consom-mation est basée sur nos émotions et nos traversauxquels elle s'évertue à enlever tous les freins.Gageant sur notre manque de sagesse elle sedéveloppe sans limite puisque nos désirs sontaussi sans limite jusqu'à la pathologie sociale. Sinous voulons être cohérents avec nos idéaux, neperdons pas de vue que le développement d'uneéconomie alternative doit s'accompagner d'unprocessus auto-pédagogique (notamment dedéconditionnement à la consommation) permet-tant d'aborder les échanges avec une nouvellementalité plus saine.

Étendre le réseauPlus le réseau est riche en participants plus il estalimenté et plus les échanges sont fructueux etavantageux, moins les denrées et marchandisesviennent à manquer. Si l’on arive à mettre enplace un système économique alternatif, il serarapidement nécessaire (mais dans un deuxièmetemps) de se connecter avec d'autres réseaux desalentours pour développer les échanges sur unplus grand secteur. Restera alors à trouver desbases d’échange car tout le monde n'utilise pasles mêmes systèmes et pas la même façon. Dans

cette optique il est important d'envisager d'ores etdéjà la plus grande universalité possible dans lessystèmes d'échange internes et externes (auxCombrailles). Plus nous seront universels plusnous seront compatibles avec les voisins.D'autre part, n'oublions pas que nous avons l'im-mense avantage de nous situer au centre de laFrance, position privilégiée et opportunité dedevenir un carrefour important, ce qui favorise-rait notre développement et celui de l'ensemblede la « communauté» des EAS.

Une arme économique pour résister aucapitalismeMais que les idéalistes se rassurent: ils ne sontpas laissé pour compte! Certes, l'arme écono-mique de l'euro met à bas les peuples et lesnations pour les soumettre à la domination dusystème politico-bancaire globaliste qui s'accapa-re nos besoins vitaux (via le marché et les états).Ainsi nous sommes obligés de nourrir notre pro-pre bourreau. Aussi voilà pourquoi une économieindépendante et autonome est un précieux moyende résistance et de libération mais aussi de cons-truction d'une autre humanité.

JMH

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p. 16 Le Trou des Combrailles - n°4 - été 2013

Le Loup-Garou(conte traditionneld'Auvergne)

Ceci n'est qu'un conte ; faites attention pour-tant, si vous passez la nuit dans le bois de Font-Sainte, près du village de Laquérie, communede Saint-Amandin, non loin de Condat... - N'y va pas, dit la femme du sabotier. - Faut pourtant, lui répondit son mari, Michel.La Catou, elle n'est pas bien du tout. On diraitqu'elle n'a plus sa tête à elle. Il s'enveloppa de son manteau, vérifia si soncouteau était dans sa poche, puis ouvrit laporte. Dehors, la nuit couvrait la campagned'une chape noire ; on distinguait mal la haie,ou les arbres, seulement des masses sombres. - Ne t'inquiète pas. Michel attrapa le chemin et s'en fut, en direc-tion de Condat, en quête du médecin pour lavoisine malade. Au début, il ne s'en fit pas trop.C'est seulement en arrivant dans le bois qu'ilsentit un certain malaise s'infiltrer en lui... Eneffet, le bois de Font-Sainte était réputécomme étant le domaine de monsieur Ropotou,le diable. Il vivait là, en compagnie de diables-ses, de sorcières, de fantômes, de loups-garous, etd'autres suppôts de l'enfer. Bien des légendescouraient à ce sujet. Ainsi, on disait que tousles premiers vendredis du mois, se tenait dansle bois le marché aux âmes. Il fallait s'y rendreavec une poule noire, et le diable apparaissait,déguisé en gentilhomme. - Combien voulez-vous pour cette poule ?demandait-il. On discutait, on marchandait, et on finissait parse mettre d'accord. Le lendemain, on revenaitau bois, un carrosse vous attendait pour vousmener au château diabolique, signer le pacteofficiel... Toujours d'après les ouï-dire, cespactes-là pouvaient comporter des clauses bienparticulières... Le sabotier marchait toujours en se rappelanttoutes ces choses. Et c'est en arrivant au carre-four des Quatre-Chemins que le loup-garou luiapparut sous la lune, noir, difforme, effrayantavec ses yeux brillants et ses longues dentspointues. Michel s'arrêta net. Une voix caverneuse se fitentendre : - Je veux ton âme pour mon maître... - Pas question répliqua le sabotier. - Prends garde ! La main du sabotier se crispa sur son couteau.Il savait que les loups-garous sont insensiblesaux balles de fusil, comme à la morsure deschiens, mais, en revanche, si une lame d'armeblanche arrivait à trouer leur peau, ils redeve-naient aussitôt un homme et une femme. Leloup-garou gronda sauvagement, et bondit verslui pour le prendre à la gorge. Michel fut leplus rapide : son bras se détendit, son couteaufrappa la bête. Le grondement se termina enplainte. Le loup-garou tomba à terre, prenanten même temps forme humaine. Avec un grandétonnement, le sabotier reconnut un voisin,maître Garaud, le meunier, allongé, pitoyable,l'épaule ensanglantée... - Tu as fait de la mauvaise ouvrage, gémit lemeunier en grimaçant, me voilà dans de beauxdraps maintenant. Le sabotier haussa les épaules. L'autre racontason histoire : neuf années auparavant, soncommerce marchant mal, il avait signé unpacte avec monsieur Ropotou. En échanged'une belle somme, il était chargé de trouverdes âmes pour le diable. L'affaire marchaitbien, les pratiques ne manquaient pas : - Tiens, hier encore j'ai réussi à convaincre la

Catou... - Ça alors ! Voilà pourquoi la pauvrette esttoute retournée. - On s'habitue, ne t'inquiète pas pour elle... Jete disais donc, Michel, qu'il ne me restait qu'unan pour arriver au bout de mon contrat, maisvoilà que tu as tout gâché, et demain je seraiobligé de livrer ma propre fille au diable encompensation de mon échec de cette nuit, c'estécrit, j'ai signé... - Toinette ? - Eh oui, je l'ai pourtant promise à José, le for-geron, un brave garçon. - Attends, attends, meunier, on va essayer d'ar-ranger tout ce gâchis. - Ça ne sera point facile. Le sabotier aida maître Garaud à se remettresur pied, le soutint, et ils reprirent tous les deuxle chemin du village, sans plus s'occuper dumédecin pour la Catou, que Michel comptaitbien guérir d'une autre façon. Le lendemain, il y eut une grande discussion àl'église, entre le curé, son sacristain, José leforgeron, et, bien entendu, Michel et le meu-nier. Toutes les dispositions furent prises, ettoutes les prières dites au préalable. La nuitvenue, le meunier partit en direction du bois,pâle et mal à l'aise, une lanterne à la main,suivi de sa fille Toinette. Derrière eux, mar-chaient les autres, c'est-à-dire, le sabotier, leforgeron et le sacristain ; tous les trois se dissi-mulaient derrière les taillis et les arbres... Legroupe arriva ainsi aux Quatre-Chemins.Maître Garaud leva sa lampe, et maîtreRopotou lui apparut planté sur ses pieds four-chus au beau milieu du carrefour, vêtu de sonhabit de gentilhomme, un rictus sardonique àla bouche. - Hé, hé, fit le diable. C'est bien, tu m'amènesta fille pour réparer ta maladresse, je ne perdspas au change, mais c'était convenu. Viens,Toinette.

Le diable avança, tendant le bras, prêt à saisirla jeune fille et à l'attirer vers un gouffre pro-fond, tout proche. Mais à ce moment, Michelet le forgeron, un rude gaillard, musclé, larged'épaules, bondirent sur le démon, lui passè-rent en un instant autour du cou une corde soli-de, tandis que le sacristain commençait àl'asperger d'eau bénite, dont il avait emportéune ample provision. Ropotou hurla, se tortilla,essaya en vain de se dépêtrer de sa cravate dechanvre. Les compères n'en serraient quedavantage, et Ropotou se tut bientôt, la languependante jusqu'au ventre. - Démon, gronda le sabotier, il faut que tuannules ton pacte avec maître Garaud. - Ja... jamais... de la vie... Ce qui... est écrit...est écrit... - Serre encore, forgeron. L'autre obéit, le diable eut un long gémisse-ment, ou plutôt un râle. - Alors, tu annules, oui ou non - J'a... j'annule. Ropotou ne pouvait faire autrement ; le curéavait préparé un acte en bonne et due forme,que le meunier tira de sa blouse. En vertu deses clauses, non seulement le meunier étaitdégagé de ses obligations envers le démon,mais encore, ce dernier rendait leurs âmes àtoutes les malheureuses victimes du loup-garou Garaud, la Catou comprise, bien enten-du. Le diable signa, les autres lâchèrent la corde.Comme le sacristain continuait à l'aspergerd'eau bénite, le démon s'enfuit, ivre de colère.Au village de Laquérie, on célébra bientôt lemariage de Toinette et de José, avec forcecoups de fusil tirés en l'air lorsque les mariéssortirent de l'église, et on dansa joyeusement la bourrée auson des vielles et des cabrettes.

source : http://www.logoslibrary.eu

Heureusementqu’il y a les chèvresLe citadin en a assez du bitume, des buildingsqui lui cachent le ciel, des bruits, de la foulequi s'agite comme un flot inapaisé. Il y a du béton partout à la place des arbres,immenses éponges, ce qui explique les nom-breuses inondations.

Il rêve d'une autre vie : élever des animaux àla campagne, des chèvres par exemple.

L'habitant des villes ne possède plus sontemps, sa vie. Il est happé par son métier, ses loisirs, safamille, ses transports.

Heureusement qu'il y a les chèvres.

La ville a parfois un avant-goût de l'enfer. L'appartement est étroit, malodorant, cher. Les voisins sont bruyants et désagréables et les cafards viennent toujours de chez eux.

Heureusement qu'il y a les chèvres.

Le citadin rêve de calme, d'herbe fleurie, de rivières claires et reposantes, d'arbres àl'ombre accueillante, d'une jolie fermetteentourée d'un verger et d'animaux, plein d'animaux, mais pas forcément de chèv-res.

Car selon un agriculteur du coin mesdamesles chèvres ressemblent fort aux humains par leurs caractères et leurs humeurs.

Il y a les câlines, les bougonnes, les dépressi-ves, les affectueuses, les fofolles et bien d'aut-res encore, plus originales les unes que les autres.

Heureusement qu'il y a les chèvres.

Claude-Paule Mutel

Le PromenoirAuprès de cette grotte sombreOù l'on respire un air si douxL'onde lutte avec les caillouxEt la lumière avecque l'ombre

L'ombre de cette fleur vermeilleEt celle des joncs pendantsParaissent être là-dedansLes songes de l'eau qui sommeille…

Jamais les vents ni le tonerreN'ont troublé la paix de ces lieux, Et la complaisance des cieuxY sortit toujours de la terre

Crois mon conseil, chère Climène, Pour laisser arriver le soir, Je te prie, allons nous asseoirSur le bord de cette fontaine…

Penche ta tête sur cette ondeDont le cristal paraît si noir ;Je t'y veux faire apercevoirL'objet le plus charmant du monde…

Tristan L'Hermite (1601 à Souliers (23) - 1655à l'hotêl de Guise (Paris))Extrait de Florilège, les amis de TristanL'Hermite, 1993.

« Tout en mangeant cette boule de farine demaïs, pétrie à l'eau, cuite avec des feuillesde chou, sans un brin de lard dedans, et bienfroide, je pensais à toutes ces bonnes chosesvues dans la cuisine du château et, je ne lecache pas, ça me faisait trouver la miquemauvaise, comme elle l'était de vrai ; mais,ordinairement, je n'y faisais pas attention.»

Eugène Le Roy, Jacquou le Croquant

« La propriété n'existe pas par elle-même;pour se produire, pour agir, elle a besoind'une cause étrangère, qui est la force ou lafraude; en d'autres termes, la propriétén'est point égale à la propriété, c'est unenégation, un mensonge, RIEN.»

Proudhon,Qu'est-ce que la propriété?

« A mesure que diminue la liberté écono-mique et politique, la liberté sexuelle a ten-dance à s'accroître en compensation»

Aldous Huxley, le meilleur des mondes

« C'était pour rire, George. J'en veux pasde coulis de tomates. J'mangerais pasd'coulis de tomates même si j'en avais ici, àcôté de moi.»

Steinbeck,Des souris et des hommes.

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Le Trou des Combrailles - n°4 - été 2013 p. 17

Un de nos lecteurs nous a signalé un singuliermonument sur la commune de Saint-Maixant.Il s'agit de la tombe du tailleur de pierres etlibre penseur : Pierre Loth (en photo, prise parnotre lecteur). Il faut s'écarter du bourg et del'ombre noire du haut château médiéval (à lasombre et triste histoire) pour trouver le cime-tière et, derrière la grille, être surpris par la der-nière demeure de Pierre Loth. Le caveau (clas-sé «monument historique») a été édifié en1900 par le propre personnage qu'il contient. Ilavait prévu large. Une façon de vouloir rester

dans l'histoire ? Pierre Loth est né en 1842 àSaint-Maixant et mort en 1932. Son carnet debord de maçon se trouve à la mairie de Saint-Maixant et c'est Madame le Maire, nous signa-le notre lecteur, qui habite sa maison. Quant ànotre lecteur, Nantais, il a aussi acheté la mai-son habitée anciennement par une «libre pen-seuse». Il nous signale aussi que Pierre Lotha, dans le cimetière de Saint Maixant, réaliséplusieurs tombes qui ne portent pas de croix,certaines étant gravées de la mention Librepenseur.

Le bourg de Saint-Maixant compte aussi dejolies petites constructions en pierre, croix oupuits, petite tour…Si le lecteur du Trou nous a signalé l'existencedu monument, c'est pour dire qu'il aurait bienbesoin d'être rafraîchi au moment où des tra-vaux plus coûteux sont envisagés pour la sau-vegarde et la valorisation de l'église, travauxqu'il critiquait et à propos desquels il a envoyéune lettre à Madame le Maire (sans lui en avoirencore parlé directement).

Lettr e envoyée :

Madame le Maire,

Vous nous avez fait parvenir un appel au« mécénat populaire» pour la restauration del'église Saint-Maxime.

J'ai eu l'occasion de parler de ces travaux avecquelques agriculteurs. Bien que situés de façon souvent opposée surle plan des idées politiques, aucun ne semblaitcomprendre le pourquoi de travaux aussidispendieux! Leur bon sens indiquait plutôtles causes probables des désordres et les solu-tions relativement simples d'y remédier. Je neme prononcerai pas sur cela. Les experts quevous avez dû consulter ont sans doute bien desraisons de prescrire des travaux aussi onéreux.

Il est vrai que Vinci, le sponsor (qualifié de« citoyen») de cette campagne de promotion,est bien connu dans notre région nantaise,pour sa participation à des travaux coûteux etinutiles ! Je note aussi une subvention du ministère del'Iintérieur à hauteur de 8 %. Peut-être pour-riez-vous suggérer à votre groupe politique dedemander à messieurs Ayrault et Valls dereconsidérer l'emploi de la force publique àNotre-Dame-des-Landes. Cela dégagerait suf-fisamment de fonds pour rénover bien des élé-ments du patrimoine rural !

Par ailleurs, il me semble qu'il existe sur lacommune un monument classé dont la signifi-cation me paraî bien plus importante que cellede la modeste église : le monument funérairedu maçon libre penseur Pierre Loth. Il n'estcertes pas en péril mais mériterait probable-ment quelques soins.

Je ne peux m'empêcher d'être toujours surprisde voir combien les monuments religieux ontmajoritairement la priorité en matière de réno-vation sur d'autres édifices bien plus singu-liers.

Vous le comprendrez, Madame le Maire, je nedonnerai pas suite à votre invitation.

Croyez cependant à mes meilleurs sentiments.

« Vinci est le sponsor de la campagne menéepar la Fondation du patrimoine pour envoyerles brochures aux habitants. La campagne decommunication a été financée par l'entrepriseEurovia. Je ne pense pas que pour l'instant[Vinci] soit l'entreprise sélectionnée pour lestravaux mais qui sait! » précise notre cor-respondant à la question de savoir si Vincifinancerait les travaux de l'église. Cette ques-tion sur Vinci car notre lecteur en parlait danssa lettre. Voici ce que signale la Fondation dupatrimoine sur son site : «Devant l'ampleurdes travaux, la municipalité a décidé de faireplusieurs tranches de travaux. Les travaux pro-grammés pour la première tranche sont les sui-vants : ravalement de façades intérieures etextérieures, une réfection du plancher du clo-cher, des travaux d'évacuation des eaux pluvia-les, un démoussage des maçonneries ainsi quel'installation d'une protection contre la foud-re». Et, quant à la vocation du site : «Ce pro-jet de restauration et de mise en valeur de l'é-difice s'inscrit dans le cadre de la dernièrephase d'aménagement du centre-bourg.L'objectif est donc d'améliorer l'esthétique dubourg de ce charmant petit village et de mettrefin aux dégradations de l'édifice».Il est vrai que le bourg de Saint-Maixant estagréable et bien conservé, préservé du mitage.

Le Grand Diable : la sombre histoire du châteauLe marquis de Saint-Maixant, un la Roche-Aymon, au XVIIème siècle fut surnommé legrand Diable. Et pour cause, c'était carrémentun criminel qui se croyait tout permis, y com-pris du droit de vie et de mort. Pour essayer laportée de son arquebuse il a tiré sur un men-diant dans la cour du château. Pour la mêmeraison, il a proposé à un couvreur qui raccom-modait le toit du castel de l'aider à descendredès sa tâche terminée : ce fut tout simplementen lui tirant dessus. Ces tristes exactions nes'arrêtent pas là : il a fait étouffer sa femmependant son sommeil par des domestiques(réduits eux aussi à un triste sort par la suite). Bien sûr la justice ne pouvait rien sur lui dèslors qu'il demeurait en ses terres. On l'arrêtadonc à l'extérieur pour le conduire à Moulins.Et la justice étant si bien faite envers les riches,le marquis a été relaxé et a pu retourner en sesterres. On ne sait pas comment a fini ce triste indivi-du, peut-être en prison ! Sa trace a disparu deSaint-Maixant.On parle régulièrement des détraqués sur l'an-tenne de TF1, pour nous montrer combiennotre société est dangereuse (et surtout les jeu-nes de banlieue), on ferait mieux, comme à l'é-poque, de regarder aussi à l'intérieur de certai-nes tours d'ivoire.

Un monument singulier à Saint-Maixant : la tombe de Pierre Loth

Un marché totalement biodans les Combrailles

Depuis le 28 mars 2012, un marché de pro-ducteurs en Agriculture Biologique, géré parune association loi 1901 regroupant produc-teurs et bénévoles, offre aux consomma-teurs, tous les mercredis de 16h30 à 19 h àla salle des fêtes de Loubeyrat de nombreuxproduits:

Toutes les semaines : légumes, fromages,

œufs, vin de Saint Pourçain, bières, farines ethuiles, fruits de saison et sorbets… avec pos-sibilité de commander par caissettes de 5 ou10 kg veau, bœuf et porc.

Tous les deuxièmes mercredis de chaquemois a lieu un marché festif où tous les pro-ducteurs sont présents, notamment vous pou-vez commander pour ce mercredi : truites,saumons et volailles ; les producteurs venantde Puy Guillaume ne se déplacent qu'unefois par mois..

Pourquoi un marché Bio ?D'abord pour offrir aux consommateurs desproduits frais, locaux et sains à des prix rai-sonnables et accessibles à tous,

Ensuite pour favoriser l'installation de jeunesdans les terres de Combraille et les aider dansleur projet par un circuit court où ils connais-sent leurs consommateurs et où ils peuventéchanger avec eux,

Enfin aussi pour offrir un lieu de rencontreoù chacun se passe des informations : ren-

contres culturelles, recettes….dans uneambiance conviviale et chaleureuse

Toute cette organisation a été possible grâce àla municipalité de Loubeyrat qui nous laisse lasalle gratuitement et qui participe aussi à ladynamique du marché.

M.-H. Rousseaux

Si vous voulezen savoirplus…

Voici nos contacts :

Marie-HélèneRousseaux : 04 73 33 69 38 [email protected]

Yolande Civade : 06 87 26 34 59

Patrick Mulnet : 04 73 33 61 17

Marché deLoubeyrat :

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p. 18 Le Trou des Combrailles - n°4 - été 2013

Je ne vais pas vous parler ducaractère volcanique dugour de Tazenat, de sasuperficie, de safaune et de saflore, vous trou-verez aisémentdes articles à cesujet. Mon intérêt pource maar, ce patrimoine« naturel» singulier qui plus est le seul desCombrailles, porte en ce début d'été sur l'interfaceentre l'homme et la nature.

Selon les résultats des analyses bactériologiquespubliés par l'Agence régionale de santé d'Auvergnepour l'année 2011, le gour de Tazenat à une qualitéd'eau plutôt bonne. Ce résultat est donc une bonnenouvelle en apparence. L'intervention exogène (pollu-tion de l'air, de l'eau) ou endogène liée à l'afflux tou-ristique, ne perturberait donc pas cet environnement.Le gour de Tazenat se voit visité de manière accrue,des randonneurs profitent d'un sentier pédestre, desbaigneurs profitent d'un moment de baignade entreamis ou en famille. La publicité a accentué cetteattractivité avec des photos retouchées attirantes.Mais force est de constater que l'afflux touristique dugour pose problème et ça depuis une dizaine d'années! ( d'après des locaux) Cette nature est devenue un argument marketing quiconfère donc à cet espace une forte attractivité. Cetespace attirant est très largement convoité par des cita-dins pour qui la nature est réduite à un cadre de vieagréable qui rompt avec le béton. Du gour de Tazenat,les visiteurs ne retiennent que la dimension positive,son coté sauvage et atypique, pourtant celui-ci ne peutretenir que la dimension négative de l'interventionhumaine.Beaucoup pensent pourtant que notre rapport à lanature a évolué grâce au discours écologiste!

En se promenant sur la rive nord-est du gour deTazenat où se situe une étendue de roche qui fait faceà la plage, j'ai pu admirer le manque d'éducation, derespect de l'homme face à cette nature.Des immondices jonchent le sol basaltique. Des ordu-res de tout type mais surtout alimentaire. Un repas face à ce lac, n'est-t-il pas une manière derentrer en symbiose avec lui ! Pourtant la nature ne mange pas ces déchets, ces cap-sules de bouteille, ces mégots de cigarette en nombreincalculable, ces bouteilles en verre, ces contenantsplastique et singulièrement ces slips, ces tongs …ouencore les foyers et les tags qui font sûrement rugir cetancien volcan.

La pollution de l'eau du gour n'est peut-être pas per-ceptible dans les rapports bactériologiques mais laprésence de ces déchets a forcement un impact surl'environnement.Certains locaux font preuve de courage et d'esprit éco-logique en faisant une démarche de ramassage, toutcomme l'association du club des Arvernes qui fait des

explorations sous-marinesen partenariat avec l'as-

sociation Vague.Il est clair que celane suffit pas. Denombreux déchetstombent dans ce lac,poussés par les for-ces naturelles et

mettent des dizainesd'années à se désintégrer et de

là se pose le problème de la faune qui ingère certainesparticules de plastique, de verre… ; de la flore et del'eau qui se voient doucement polluées. Il est quandmême admis qu'un mégot est susceptible à lui seul depolluer 500 litres d'eau.

Cette dérive vient tout d'abord des touristes qui s'a-massent tels des pingouins sur le rocher où commedes phoques sur la plage sans prendre le soin d'être ensymbiose avec le site qui l'entoure et où le rapportnature-homme perd tout son sens à la vue de ces ordu-res. De plus une intervention des politiques locauxseraient un plus. Une bonne maîtrise du lieu, l'instal-lation de poubelles supplémentaires, de panneauxsignalétiques, un garde estival, sont par exemples desidées légères qui pourraient faire évoluer ce constatnégatif qui s'intensifie. La communauté de communeet la commune de Charbonnières-les-vieilles diront "On n'a pas les moyens, le temps " mais le site de lamairie affiche pourtant fièrement ce patrimoine quileur appartient en partie. Ce constat est analogue dans d'autres sites, mais il estclair qu'il faut du temps pour changer les mentalitésd'une société.

Aurélien Dupoux

Le gour de Tazenat face aux comportements humains

C'est un ouvrage remarquable de GustaveEiffel (1880-1885) complètement abandonnépar la SNCF depuis la " suspension " de laligne Ussel-Montluçon.Si vous voulez le voir " d'en bas ", prenez laroute qui va d'Évaux-les-Bains à Chambon-sur-Voueize, et au bas des virages, juste avantle pont, empruntez la petite route à droite etgarez-vous dès que possible (direction :Doulaud ; il y a un panneau : Auberge desChanceliers). C'est un cul-de-sac terminé parune propriété privée. C'est de là qu'on le voit lemieux. Malheureusement, même à pied, on nepeut pas continuer plus loin. Un autre accès est possible : prenez cette foisla direction de Montluçon et après être passésous la voie de chemin de fer, prenez la pre-mière petite route à gauche, en directiond'Ayat. Garez-vous au hameau et descendez lechemin jusqu'en bas, puis longez la Tardes surla gauche. En contournant quelques rochers, sila Tardes n'est pas trop haute, vous arrivezjusque sous le viaduc. J'y ai même ramassé unénorme boulon !Si vous voulez le voir " de loin ", vous pouvezprendre le chemin " des rochers de Bord " bali-sé à partir d'Évaux (renseignements à l'officede tourisme).Mais moi, ce que je vous propose, c'est de tra-verser le viaduc en passant dessus.Vous vous rendrez compte ainsi de la façondont le Réseau Ferré de France entretient sonréseau secondaire !En effet, la ligne Ussel-Montluçon est dite "suspendue ", et non arrêtée définitivement, etdonc, elle devrait être entretenue… Mais biensûr, notre Société Nationale des Chemins deFer a d'autres priorités: entre autres, la cons-

truction d'un TGV qui s'arrêtera au milieu denulle part entre Vichy et Clermont. EnCombraille, c'est bien connu : il n'y a que descons qui braillent, pas de quoi fouetter unchat!Venons-en à la balade.Vous pouvez vous garer au cimetière d'Évaux-les-Bains (à la sortie d'Évaux, direction :Chambon-Guéret-Montluçon). Je conseille desbonnes chaussures (pas de nu-pieds) voire unpetit canif ou sécateur ! Vous remontez jus-qu'au passage à niveau, et vous empruntez àpied la voie ferrée sur votre gauche en venantdu cimetière, sur votre droite en venant du cen-tre d'Évaux. Et là, vous n'avez plus qu'à suivrela voie ferrée…jusqu'au viaduc (environ unedemi-heure de marche). Au début, c'est encorepas mal (tant qu'on reste dans Évaux). Mais,dès qu'on ne voit plus les maisons, attention aucroche-patte que pourraient vous faire les ron-ces rampantes, ainsi qu'aux petits arbustes épi-neux qui reprennent le pouvoir sur ce petit ter-ritoire laissé à l'abandon. Inutile d'aller trèsloin pour se croire isolé du monde !Une fois arrivé sur le viaduc, vous surplombe-rez de 91,30 m le fond de la vallée et vousaurez un très beau point de vue sur les petitesgorges de la Tardes. De chaque côté : à gauche,Doulaud ; à droite, le Châtelet, où il y avait desmines d'or, exploitées jusqu'en 1955. Si vous letraversez en entier (250 m), attention auxenfants : il manque une grande plaque métal-lique et un gros trou béant s'ouvre au milieu dela voie, vers la fin du viaduc. Vous constaterezl'état dans lequel se trouve cet ouvrage qui acoûté pas mal de vies humaines à la fin du 19esiècle, et qui a été inscrit à l'inventaire desMonuments Historiques par arrêté de 1975. Là, vous pouvez faire demi-tour, cueillir desmûres, s'il y en a, et revenir tranquillement à.votre véhicule en méditant mélancoliquementsur ces temps bénis où " service public " nerimait pas avec " rentabilité et rapidité pourhommes d'affaires pressés ".Vous pouvez également accéder à ce viaducpar la commune de Budelière, en vous garantvers le passage à niveau du Châtelet. De cecôté-là, il ne vous faudra qu'un quart d'heurepour parvenir au viaduc.

Petit rappel historique :C'est en 1880 que les ingénieurs de laCompagnie des Chemins de Fer d'Orléans éla-borèrent le projet du viaduc de la Tardes, dontles performances techniques constituaient uneprouesse.Les travaux sont confiés à Gustave Eiffel. Ilconstruit le viaduc en " lançant " le tablier.Mais en janvier 1884, un ouragan de 160 km/hsoulève le tablier et le précipite dans le vide.Gustave Eiffel repense alors tous ses calculsconcernant la résistance au vent. On dit que cesont eux qui lui auraient permis de construiresa fameuse " tour " à Paris !Le nouveau tablier remis en place, le viaducentrera en fonction en 1885.Une randonneuse

Remarques de gybIl n'est pas impossible qu'il ne soit pas légal depasser sur le viaduc. (Aux Fades, ça ne l'estpas.)Signalons aussi que le viaduc des Fades estdans un aussi piteux état et qu'il court à saruine.

NB : Le site de la mairie de Budelière suggère l'ac-cès au viaduc de la Tardes par le passage àniveau du Châtelet.

Balade non balisée : Le viaduc de la Tardes

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Le Trou des Combrailles - n°4 - été 2013 p. 19

AGENDAEté des épouvantails à Vitrac : des épouvantails vous attendent dans le

bourg.

(Photos de l'édition précédente)

Le Fabuleux Destin, à Aubusson :concerts, lecture, théâtre, jeux, contes....

à voir sur place les jeudis, vendredis,

samedis. Et profitez-en pour demander le

programme.

13 juillet : à Pontgibaud, de 10h00 à

23h30 : théâtre de rue et animations

20 juillet : Vergheas, 19h, 30ème

anniversaire de la bourrée de Vergheas,

bal

2 au 9 août : Grand Bal de l'Europe à

Saint-Gervais d'Auvergne (avec des jolies

estrangères, des beaux estrangers, et

d'autres moins)

9 août : danses et musiques du monde

à Evaux-les-Bains

Calendrier de La Spouze (La Spouze, La Celle-sous-Gouzon)

05 55 62 20 61

11 Juillet :

17h – vernissage des expositions

21h – récital « les grandes dames de la

chanson française »

18 Juillet : 21h – Récital Brel

25 Juillet : 21h – La crise de Cathy

Cardie

1er aout : 21h – Blaise Cendrars

8 août : 21h – récital Aragon

15 août : 21h – Shakespeare : les son-

nets

22 août : 21h – Henri barbusse : lectu-

re « ceux qu'on n'a pas dompté »

29 août : 21h – cantate pour 2 orgues

de barbarie

5 septembre : 21h – récital « les gran-

des dames de la chanson française » et...

11 août : à Bord Saint-Georges (église)

– 16h00 – cantate pour 2 orgues

Expositions ouvertes les Jeudisà La Spouze : Lolita Bourdet : René et Jean (photogra-

phies) au pavillon de musique

L'affaire Sacco et Vanzetti à l'atelier

Gavarni

Les tuiles qui parlent (un brique ou rien) en

plein air

Le 27 juillet 1944, 23 maquisards sont

tombés à Roussines, commune de Chard.

Commémoration le dernier dimanche de

juillet

Wazoo en concert dans lesCombrailles :10 août à Condat-en-Combrailles

17 août à Saint-Gervais d'Auvergne

24 août à Néris-les-Bains

La Naute (Champagnat/St Domet)Nombreux concerts & spectacles à 21h,

accés libre :

12 juillet : Jim Murple Memorial

14 juillet : The popes (rock irlandais)

16 juillet : Le mariage forcé (Théâtre)

18 juillet : Bebey Prince Bissongo (afro)

21 juillet : Trainstone (Jamaïque)

24 juillet : Les jokers (Cirque)

26 juillet : Gasandji (afro)

28 juillet : Sean Carney Trio (blues)

31 juillet : Madrugada (Brésil)

4 août : Alma Dili (tzigane)

7 août : Un jour sur Terre (Ciné plein air)

9 août : Viking Project (jazz manouche)

11 août : No named Family (reggae)

15 août : El Communero (chants révolu-

tionnaires)

17 août : Call esperanza (Cuba)

22 août : Mystic Soul Train (funk)

25 août : Ezza (groove touareg)

30 août : Vlad + Eyo'Nle

31 août : Bal trad (avec Eva & Les Trolls)

Mentions légales

Journal trimestriel édité par l'association

« le Trou des Combrailles »

Mairie - 63330 Vergheas

Tiré à 1200 exemplaires.

ISSN : 2264-5853

Directeur de publication : Julien Dupoux

Mise en Page : Jean-Michel Héraut

Imprimeur : Imprimerie Vadot - Combronde (63)

Site : troudescombrailles.revolublog.com

Mél. : [email protected]

Abonnements au Trou desCombrailles

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Bien sûr, vous pouvez aussi soutenir finan-cièrement le trou au même ordre !

Ordre : le Trou des CombraillesAdresse : Le Trou des Combrailles, Mairie de Vergheas - 63330 Vergheas.

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Hirondelles creusoisesCette année, la Société d'Etude et deProtection des Oiseaux en Limousin (SEPOL)lance une campagne de recensement des nidsd'hirondelles, dont les populations sont endiminution pour les deux espèces les pluscommunes à savoir l'hirondelle de cheminée etl'hirondelle de fenêtre. Chacun peut donc par-ticiper simplement en transmettant ses obser-vations de nids ou même faire l'inventaired'une commune complète pour les plus moti-vés. Plus d'infos sur http://sepol.jimdo.com/,où vous pouvez rentrer directement vos obser-vations.

Page 20: numéro : - été 2013 pour la modique somme de: 2,50 DOSSIER ...ekladata.com/lVA94xOwxU2U3aXo9MEYv5T7yxo/MaquetteTDC4.pdf · numéro : 4 - été 2013 - pour la modique somme de:

Le Trou des Combrailles - n° 3 / printemps 2013 p. 20

Sortez de votre trou, écrivez dedans !Le Trou des Combrailles se lance presque toutjuste. Aussi, toute personne qui voudrait écrirerégulièrement ou ponctuellement dans le jour-nal, intégrer le comité de rédaction est toujoursla bienvenue. De même pour tenir un rôle dereporter ou correspondant.N’hésitez pas non plus, à envoyer un petit mot(courrier des lecteurs) au journal.Si vous avez des propositions de sujets, desthèmes ou des domaines que vous aimerieznous voir aborder, prenez votre plume ou votrecombiné et faites-en nous part.

Pour nous contacter: Le Trou des Combrailles, Mairie de Vergheas,63330 Vergheas. [email protected]

Les fromages auvergnats, malgré leur nom-

bre et leur qualité souffrent d'un fort défi-

cit de représentation dans l'iconographie

mondiale. Une véritable insulte à nos fro-

mages. Prenons par exemple cette fable du

corbeau et du renard. Que voit-on toujours

dans le bec du corbeau : un fromage tout

rond, tout blanc qui a souvent tout l'air

d'un camembert. Nous exprimons ici notre fort mécontentementet demandons, par soucis d'égalité des territoi-res, que le corbeau puisse être représenté avecun morceau de cantal, de bleu d'auvergne ou dechambérat dans le bec. Il est d'ailleurs de nos jours bien inconcevableque le corbeau se soit saisi d'un camembertcomplet, comme on le voit souvent, puisqueceux-ci sont toujours empaquetés dans des boî-tes en cartons. Les dessinateurs sont victimesd'un lavage de cerveau médiatique qui consis-te à représenter tout fromage sous la formed'un camembert. C'est une atteinte grave à unerégion comme la nôtre, l'une des principalespourvoyeuses de fromages.Et franchement, le renard aurait-il fait tout unfoin pour un simple camembert ? Les espritstordus pourront toujours rétorquer qu'on trouvebien peu de corbeaux dans nos régions (maisplutôt des corneilles) et qu'il est donc logiqueque le fromage vienne d'une contrée plus nor-dique mais il reste à prouver que les corbeauxsont foule en Normandie. Et quand bien même,rien ne l'empêche d'aller chercher son fromage

de Gouzon.Notons aussi que le renard est «par l'o-deur alléché», or un quelconquecamembert bien fait -donc odorant-devrait être coulant, ce qui n'apparaîtguère sur les images. L'odeur allé-chante pourrait très bien provenird'un gaperon ou d'une part desaint-nectaire. Par la présente missive, nous som-mons donc nos élus, les éditeurs -parisiens ourégionaux- de s'inquiéter du sort fait à ladiversité fromagère de la France en général eten particulier du Massif Central et de faire ensorte que les bleus, cantal, murol ou autretome de pays soient représentés dans l'icono-graphie mondiale.En cas de surdité, les instituteurs de la contréese verraient forcés à une mesure extrême :changer carrément le premier vers de la célèb-re fable en« Maître Corbeau tenait en son bec un gape-ron».La fable ne s'en trouverait d'ailleurs qu'embel-lie et un mot de vocabulaire supplémentairepourrait être appris par des jeunes oreilles quien manquent crucialement.

Je soussigné …………………. demande unerévision des illustrations à caractère fromagerdans les contes, les histoires ou les fables etexige une représentation des divers fromagesdu Massif Central.

Mails et adresses des députés desCombrailles:

[email protected] ; Christine Pires-Beaune, Permanence parle-mentaire, 6 Avenue de Virlogeux, 63200 Riom

[email protected] ;Michel Vergnier, Permanence parlementaire,64 Avenue Louis Laroche, 23000 Guéret

[email protected] ;Bernard Lesterlin, Permanence parlementaire,6 Place Piquand, 03100 Montluçon

Lutte pour la représentation du fromage auvergnat Dans les fables, contes, histoires….

L'empire d'essence :

Total investitdans la réformescolaireVoici un partenariat alléchant à venir entre

nos écoles et la très désintéressée indus-

trie pétrolière (qui admettons-le est la

mieux placée pour aider l'école à renouer

avec l'essence même de l'éducation et du

savoir).

Il y est indiqué de façon très explicite queTotal sera un partenaire de l'éducation nationa-le dans la réforme des rythmes scolaires ver-sion Peillon et participera à l'élaboration desactivités périscolaires (de qualité) !Amar

Paris, le 7 juin 2013 - Valérie Fourneyron,ministre des sports, de la jeunesse, de l'éduca-tion populaire et de la vie associative etChristophe de Margerie, Président-directeurgénéral de Total, ont signé aujourd'hui uneconvention d'une durée de trois ans, fixant lecadre d'un engagement commun en faveur dela jeunesse.Ce partenariat entre Total et l'Etat, initié en2009, prend aujourd'hui un nouveau tournantau service d'une ambition partagée : améliorersignificativement et durablement l'insertionsocioprofessionnelle des jeunes en France.Entre 2009 et 2013, Total a financé plus de 200expérimentations pour l'éducation et l'inser-tion des jeunes. Aujourd'hui, en ligne avec la" Priorité Jeunesse " du gouvernement et lesmesures annoncées à l'issue du premier comi-té interministériel de la jeunesse de févrierdernier, 16,7 millions d'euros financeront desprojets portés essentiellement par des structu-res associatives.Ces moyens financiers sont dédiés à des prio-rités partagées : l'accès à l'emploi, les parcoursd'insertion et l'accès à la culture :- 7 millions d'euros appuieront le développe-ment du recrutement, de l'encadrement et de laqualification de jeunes en emploi d'avenir ;- 5,7 millions d'euros soutiendront l'accès à lamobilité et l'accompagnement des jeunes pardes structures associatives ;- 4 millions d'euros assureront le développe-ment d'activités éducatives et culturelles endehors du temps scolaire, notamment enaccompagnant la réforme des rythmes éduca-tifs dans le premier degré.Cet accord renouvelé marque un engagementferme du gouvernement et de Total en faveurdes jeunes. Il traduit en actes une priorité par-tagée : l'accès des jeunes à l'autonomie et àl'emploi.Source : Total : http://www.total.com/fr/groupe/actualites/actualites-820005.html&idActu=2997&xtor=RSS-1

Démarches différentes selon les inspectionsacadémiques. En Creuse, on vous présente laliste des quelques communes ayant opté pourla semaine scolaire à 4,5 jours dès septembre2013; dans le Puy-de-Dôme et dans l'Allier,plus lâchement, on préfère étaler la longue listedes communes remettant ça à 2014.Nous vous donnons ici ces listes pour lesCombrailles.

Est Creusois : 4,5 jours dès 2013 : AubussonEvaux-les-BainsLavaveix-les-MinesEt c'est tout.

Autr e démarche A vous de compter celles qui restent…

Puy-de-dôme(Combrailles et proximité) : ont demandé une dérogation pour 2014AigueperseArlancArtonneAubiatBeauregard-VendonBiolletBlot-l'ÉgliseBromont-LamotheChampsCharensatChâtel-GuyonCisternes-la-ForêtCondat-en-Combraille

Crevant-LaveineDorangesDoratEspinasseGellesLa GoutelleJozerandMontel-de-GelatPionsatPontaumurPontgibaudQueuilleRochefort-MontagneSaint-AgoulinSaint-AvitSaint-Julien-Puy-LavèzeSaint-MauriceSaint-PardouxVillosangesVolvic

Allier (Combrailles et proximité) : ont demandé une dérogation pour 2014 : CommentryDurdat-LarquilleEbreuilEchassièresEbreuilHydsLa petite-MarcheLignerollesMarcillat-en-CombrailleMaziratNéri-les-BainsRonnetSaint-GenestTeillet-ArgentyTerjatVillebret

Rentrée 2013 : 4 jours sans ou avec le demi ?

Mots croisés

Horizontalement :1 - Support de confidences. 2 - Peuple deGaule. Guide ligne. 3 - Cale feutre. 4 - Bièreanglaise. Invité. 5 - Embouteillage parisien.6 - Exclus. Annonce la matière. 7 - Peut êtreoublié. Peut être cru. 8 - Racée. Héritage.

Verticalement :1 - Générateur de larron. 2 - Peu fantasque. 3 - Exil bonarpartiste. Bête de jeu. 4- Hommepolitique japonais. Pronom. 5 -Soignée. 6- Etque ça saute ! Point de chute. 7 - N’auront plusbesoin de se coiffer. 8 - Dans l’air. Anneauxmarins.

Solutions dans le prochain numéro.

Prévisions météo de l’été :