Numéro 94 Hiver / Printemps 2015 - Denise-Pelletier · abandonné la scène à la demande de son...
Transcript of Numéro 94 Hiver / Printemps 2015 - Denise-Pelletier · abandonné la scène à la demande de son...
Du 11 mars au 1er avril 2015
le
Barbier
sévillede
maDemOiselle mOliÈre
Du 14 au 30 JaNvier 2015
Texte et mise en scène d’Hubert FieldenUne production de la Dérive en codiffusion avec le Théâtre Denise-Pelletier
viCTOr HuGO, mON amOur
Du 11 au 28 FÉvrier 2015
Texte d’anthéa sognoMise en scène de léo mungerUne production du Théâtre de la Tartigou et des Productions mistral en codiffusion avec le Théâtre Denise-Pelletier
CHaTrOOm
Du 4 au 21 mars 2015
Texte d’enda WalshTraduction d’Étienne lepageMise en scène de sylvain BélangerUne production du Théâtre la Combine en codiffusion avec le Théâtre Denise-Pelletier
JavOTTe
Du 25 mars au 11 avril 2015
Texte de simon Boulerice Adaptation et mise en scène de Jean-Guy legault Une production du Collectif les Casseroles en codiffusion avec le Théâtre Denise-Pelletier
les ZurBaiNs
Du 5 au 15 mai 2015
Mise en scène de monique GosselinUne production du Théâtre le Clou en collaboration avec le Théâtre jeunesse les Gros Becs (Québec), le Théâtre du Préau (Vire, France) et le Théâtre Denise-Pelletier
Cantatrice
la
CHauve
Du 6 au 28 FÉvrier 2015
suivie de
la leçon
D’euGÈNe iONesCO
MISE EN SCÈNE DE FrÉDÉriC DuBOis
UNE PRODUCTION DU THÉÂTre Des FONDs De TirOirs
PRÉSENTÉE PAR LE THÉÂTre DeNise-PelleTier
DE Pierre-auGusTiN CarON De BeaumarCHais
MISE EN SCÈNE DE DaNiel PaQueTTe
UNE PRODUCTION DU THÉÂTre DeNise-PelleTier
Les CahiersNuméro 94
Hiver / Printemps 2015
SALLE fRED-bARRy / pAgE 47
salle fred-barry
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MadeMoiselle
Molière
Zurbains 2015
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viCtor hugoMon aMour
VICTOR HUgO, MON AMOUR / pAgE 51
DistributionCatherine Bütikofer ..........................Juliette DrouetOlivier Lécuyer .......................................Victor Hugo
Concepteurs et collaborateurs artistiquesScénographie .............................Sylvianne BinetteÉclairages .................. Cynthia Bouchard-GosselinCostumes ...................................Magalie DufresneDirection musicale .............................. Benoit Groulx
l’équipe eT la compaGnie
VICTOR HUGO, MON AMOURTexte : Anthéa SognoMise en scène : Léo MungerUne production du Théâtre de la Tartigou et des Productions Mistral en codiffusion avec le Théâtre Denise-Pelletier
Salle Fred-BarryDu 11 au 28 février 2015
LES COMPAGNIESProductions Mistral et Théâtre de la TartigouLes Productions Mistral ont pour mandat de créer, produire et diffuser diverses activités culturelles, allant du théâtre à la chanson, dans de grandes comme de petites salles, partout au Québec. Cette compagnie a produit L’Éducation de Rita de Willy Russell avec France Fortin (membre-fondatrice) et Dominic Lavallée. La pièce a été présentée pendant 32 représentations à l’été 2001. À l’été 2002 et 2003, Les Productions Mistral ont produit Cri du Cœur, en hommage à Piaf avec Léo Munger, et en 2005, en collaboration avec le Théâtre de la Tartigou, Regards d’outre-mer était créé au Lac St-Jean. Enfin, en 2009, le film The Cat in the Pan, mettant en vedette Catherine Bütikofer, était produit par la compagnie; il a été présenté en sélection officielle au FFM 2009 et au Rendez-vous du cinéma québécois.
pAgE 52 / VICTOR HUgO, MON AMOUR
LA PIèCE
Victor Hugo, mon amour
PLUS QUE DES MESSAGES TEXTES !
« Écris-moi tout ce qui te trottera par la tête, tout ce qui te fera battre le cœur. » Cette requête de Victor Hugo à Juliette Drouet, une actrice qui a abandonné la scène à la demande de son célèbre amant, est à l’origine des 23 650 lettres qu’ils ont échangées. Tous les dialogues de la pièce d’Anthéa Sogno, Victor Hugo, mon amour, proviennent de cette impressionnante correspondance, mais aussi des journaux intimes des amants, des pièces de théâtre, poèmes, et discours de Victor Hugo. En quelques courtes scènes, la dramaturge a recréé les grands moments de leur vie amoureuse, littéraire et politique, depuis leur rencontre au moment des répétitions de Lucrèce Borgia, en 1833, jusqu’au décès de Juliette, 50 ans plus tard.
ENTRETIEN AVEC CATHERINE BÜTIKOFER, INTERPRèTE, ET LÉO MUNGER, METTEURE EN SCèNE
Catherine Bütikofer Diplômée de l’École Nationale de Ballet du Canada (Toronto), elle a suivi en autodidacte plusieurs cours avec des maîtres à Montréal, en parallèle avec des études en langues allemande et russe à l’Université McGill. Elle se perfectionne à New York. Elle est codirectrice du Théâtre de la Tartigou et des Productions Mistral depuis 2007.
Léo MungerDiplômée du Conservatoire d’art dramatique de Québec et détentrice d’un baccalauréat en musique de l’Université de Montréal, elle a participé à de nombreux spectacles théâtraux avant d’être connue comme chanteuse. Léo Munger a conçu plusieurs spectacles de chansons dont Cri du Cœur en hommage à Édith Piaf et elle a obtenu le prix Paul Hébert et le prix des abonnés du Trident pour son interprétation de la célèbre chanteuse dans Piaf de Pam Gems. Elle vient de créer Lâche pas, un spectacle hommage, de Corbeau à Marjo.
Catherine Bütikofer, vous êtes à l’origine de ce projet. Comment êtes-vous entrée en contact avec ce texte écrit et joué par Anthéa Sogno ?
J’ai vu Victor Hugo, mon amour en octobre 2010, alors que je séjournais quelques semaines à Paris. La pièce m’a transportée ; je découvrais Victor Hugo sous un jour nouveau et Juliette Drouet, son amante trop souvent occultée. J’ai immédiatement acheté le texte en me disant qu’il fallait que tout le monde voit cette magnifique histoire d’amour.
Léo Munger, comment êtes-vous venue à la mise en scène de cette pièce ?
Catherine m’avait envoyé le texte parce qu’elle souhaitait que ça s’inscrive dans les Productions Mistral dont nous sommes les codirectrices.
La pièce écrite à partir d’extraits de lettres et de textes n’est-elle pas trop éloignée du dialogue théâtral ?
~ Léo Munger
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~ Catherine Bütikofer
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BÉL
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VICTOR HUgO, MON AMOUR / pAgE 53
C.B. Non, car elle se découpe en scènes très courtes, en dix-sept tableaux qui sont chacun comme un clip saisissant une époque de l’histoire d’amour entre Juliette et Victor. Et cela crée un rythme très cinématographique. En filigrane de ces 50 ans d’amour passionné apparait l’histoire de la France du XIXe siècle, une période pleine de rebondissements. Cela aussi donne son mouvement au texte.
L.M. La pièce suggère plusieurs niveaux de jeu. Les dialogues entre les deux personnages appellent un jeu naturaliste, psychologique. Dans les scènes où on voit les personnages écrire et lire leurs lettres, le jeu doit rester intimiste. Par contre, quand il est question de l’engagement politique de Victor Hugo, le ton devient plus projeté, distancié, mais très différent de celui des répétitions de théâtre entre Hugo et Juliette. Je vois chaque tableau comme une chanson, chacune ayant sa couleur.
Comment comptez-vous transposer scéniquement tous ces niveaux de jeu ?
L.M. Il y aura deux aires distinctes de chaque côté de la scène, l’une étant celle de Juliette et l’autre, celle de Victor Hugo. Ces deux espaces seront séparés par un plateau surélevé qui sera le lieu public, celui des discours, des répétitions de scènes de théâtre. Au fond, un récamier sera celui des scènes d’amour. À l’arrière de tout ce dispositif, un immense éventail symbolisera le temps qui passe, et aussi l’intérêt développé par le couple, particulièrement au moment de l’exil à Guernesey, pour tout ce qui est « chinoiserie ».
C.B. Les costumes seront d’époque, mais à mesure que la pièce progressera, ils deviendront de plus en plus dépouillés, évoquant ainsi une sorte d’intemporalité : l’histoire d’amour de Juliette Drouet et Victor Hugo traverse le temps.
Cela dit, Juliette Drouet n’est pas vraiment une figure d’émancipation féminine, plutôt la femme sacrifiée, dans l’ombre du grand homme.
L.M. C’est vrai. Jaloux, Hugo l’a confinée dans une chambre, alors que lui avait une liaison avec une autre. Elle a interrompu sa carrière d’actrice, corrigé les épreuves, copié les manuscrits. Mais c’est l’époque. On sait aujourd’hui que l’indépendance économique est une condition essentielle de l’autonomie.
C.B. Juliette Drouet n’est pas sotte. Elle s’est engagée dans une voie et décide de la suivre, de rester avec Hugo, d’être sa muse, sa complice, son amante et ça on le voit dans le texte de Sogno. Elle connait la difficulté de gagner sa vie pour une femme de cette époque, où les actrices sont souvent vues comme des courtisanes. C’est une femme éduquée, une véritable femme de lettres, ses écrits le prouvent.
L.M. Tout l’intérêt du travail d’Anthéa Sogno est d’avoir mis en lumière la force de Juliette Drouet, son intelligence, sa plume. Et de présenter des personnages ni tout blancs ni tout noirs.
Est-ce qu’une héroïne de cette époque peut apprendre quelque chose aux jeunes d’aujourd’hui ?
C.B. Victor Hugo, mon amour est une leçon d’histoire. La pièce peut donner le goût de connaître mieux Victor Hugo. Et je pense que les jeunes se reconnaitront dans cette quête d’absolu, ce désir d’aller au-delà de soi, qui anime les personnages.
Propos recueillis et mis en forme par Anne-Marie Cousineau