Numéro 28 Novembre 2015 Pray for

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Numéro 28 Novembre 2015

Pray for...

132 morts et 320 blessés. C'est avec le cœur gros que le Pipin Déchaîné sort encore fois un numérospécial pour déplorer un attentat qui a de nouveau frappé dans le cœur de notre Paris. Six fois. Lourd bilan,très lourd bilan à constater. Cependant, malgré ce malheur, nous aimerions remercier l'ensemble de l'équipedu journal qui a su oeuvrer pour produire ce dossier dans des délais extrêmement courts, et vous sortir uncompte-rendu des événements ainsi que les sentiment et impressions des élèves. Ce qui s'est passé ne peutlaisser qui que ce soit de marbre, et tout comme pour Charlie, le Pipin sera libre de s'exprimer. Parce qu'il ya de quoi hurler. Il y a de quoi pleurer. Il y a de quoi être choqué. Il y a de quoi être confus. Et rien de tout celane devrait rester sous silence. 132 morts et 320 blessés dont 40 n'ont toujours pas quitté la salle de réanima-tion, et une petite centaine qui restent en état d'urgence absolue. Ce vendredi 13 novembre aura été un jourde malheur, un jour funeste pour la ville-lumières. Un jour qui marquera l'Histoire. Un de ceux qu'on préféreraitne jamais avoir vécu. Un jour où des hommes se sont arrogés le droit d'enlever la vie d'autrui, en plus de laleur. Ils espéraient nous faire taire. Nous rendre fous. Nous ne nous tairons pas. Nous allons parler. Nous al-lons tenter de comprendre, d'expliquer, de pardonner. Toutes nos pensées vont avec les familles et les prochesdes victimes de ces « fous de Dieu ».

Emma ZIANI & Camille AUCHERE, co-rédac’ chefs

Équipe rédactionnelle

Rédactrices en chef : ZIANI Emma TS2& AUCHERE Camille TS1

Rédacteurs : Camille AUCHERE TS1,Emma ZIANI TS2, Océane GIRET TL, An-gélique GUERY TS1, Antoine JOSSE-RAND SURRET TES, Margot BERGE1ére L, Lylloo LAHRECHE 1ére ES,

Maquettistes : Camille AUCHERE TS1,Emma ZIANI TS2

Dessinateur : Clément ZOUBIRI TES

Directeurs de publication : ThomasBLANCHET et TOQUET Serge

Remerciements : Colonel CHABANE

Imprimé par nos soins200 exemplaires

Aux origines de l’ «Etat» terroristeAu coeur de l’ «Etat» terroristeQue se passe-t-il ?Le rôle des réseaux sociauxSolidarité internationale Qui est le prochain ?Des Hommes et des guerresUn événement inattenduTémoignages, impressions...Prière pour le Kenya

p.3p.4p.6p.7p.7p.9p.10p.12p.13p.15

Sommaire

Ecole des Pupilles de l’AirBP3338332SAINT-ISMIER CEDEX

Edito

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DAECH

Aux origines de l’ « Etat » terroriste

Camille Auchère, TS1

Un chef autoproclamé, unearmée multinationale et une indépen-dance financière totale permettant defaire fonctionner un territoire dont lasurface est égale à la moitié de laFrance, Daech a réussi à s’imposercomme le maître d’une partie de l’Iraket de la Syrie en faisant régner uneterreur barbare au sein des popula-tions civiles. Retour sur la naissanceet la croissance d’une coalition quiœuvre pour former une « civilisation »gouvernée par la charia.

Le 11 septembre 2001, l’Amé-rique découvre le visage d’OussamaBen Laden, chef du groupe djihadisteAl-Qaïda, qui revendique les attentatsayant fait presque 3 000 victimes.Aucun lien, cependant, entre cegroupe terroriste et Saddam Hussein,le dictateur irakien anti-chiite, répond-on au président Bush lorsque celui-cipose la question. Qu’importe, la ru-meur est lancée, et naît l’ « Axe du mal», qui désigne Ben Laden commel’exécutant des ordres de SaddamHussein. Le vice-président américainDick Cheney va alors jusqu’à affirmerlors d’une tournée diplomatique en2002 que l’état irakien « développedes armes de destruction massive ».Il est rapidement rejoint par le premierministre britannique, Tony Blair.

Le but, dès lors, et ce malgréles réserves de l’ONU (faute depreuves), va être de convaincre les dif-férentes puissances mondiales de la

légitimité d’une intervention militaireen Irak. Le 20 mars 2003, les Etats-Unis lancent une attaque contre l’Iraksans l’aval du Conseil de Sécurité etfont tomber en quelques jours le ré-gime dictatorial de Saddam Hussein.Ils font cependant, en parallèle, égale-ment plonger l’état irakien dans lechaos. La CIA avouera plus tard avoirmenti quant aux prétendues armeschimiques et bactériologiques déte-nues par le gouvernement irakien.

Suite à l’invasion de l’Irak en2003, plusieurs groupes extrémistesanti-américains (composés entre au-tres d’anciens officiers de l’armée deSaddam Hussein) se forment. Lesplus radicaux d’entre eux se réunis-sent sous la coupe du djihadiste jorda-nien Abou Moussab Al-Zarqaoui. C’estun ancien soldat de confession sun-nite (comme environ 90% des musul-mans). Il a participé à la guerred’Afghanistan et s’est radicalisé suiteà un séjour dans un camp islamiquedans lequel il est envoyé par sa mèreaprès avoir eu des démêlés avec lapolice. Il réussit à rallier ces groupesà des fondamentalistes irakiens et desdjihadistes venus d’Afghanistan, fon-dant ainsi l’ « Etat Islamique ». Ilmourra peu de temps après, en 2006,tué lors d’une attaque aérienne amé-ricaine.

L’« Etat Islamique » prôneune idéologie extrémiste anti-chiite(branche de l’Islam qui regroupe envi-

ron 10 à 15% des musulmans autotal). Il prête allégeance et se rallie àAl-Qaïda mais la diffusion, en 2004,de vidéos montrant des exécutions etdes décapitations d’otages occiden-taux et de « traîtres » irakiens l’écar-tent bientôt d’Al-Qaïda. Seule labranche mésopotamienne de cegroupe djihadiste se joint à lui, et l’EtatIslamique est expulsé de la cité d’Al-Anbar en Irak par les tribus sunnites(vivement encouragées par les améri-cains). En 2007-2008, il ne s’agit plusque d’une minorité isolée dans les dé-serts irakiens. Pourtant, deux facteursdécisifs vont expliquer le retour aupouvoir du groupe terroriste :

- La demande de retour de la part destribus sunnites qui souffrent du « net-toyage » ethnique opéré par les mi-lices chiites. Celles-ci appartiennentau gouvernement irakien mais sontcommandées par l’Iran et vident unegrande partie de Bagdad de ses habi-tants sunnites.- La guerre en Syrie qui débute en2011 : Le clan Assad, effrayé par lamontée en puissance des groupes fa-vorables à la démocratie, délivre descentaines de prisonniers salafistes (is-lamistes qui préconisent un retour auxsources du Coran et de la Sunna) desprisons. Ceux-ci viennent grossir lesrangs d’Al-Qaïda et de l’Etat Isla-mique, officiellement baptisé Daechdepuis 2006 (acronyme arabe pourEtat Islamique en Irak et au Levant).

4Dès lors, Daech devient l’une

des branches les plus influentes dumouvement djihadiste. Elle s’installeen Syrie et en Irak entre 2013 et 2014,avec la volonté d’asseoir un pouvoirterritorial générateur de revenus im-portants, et celle d’endoctriner les po-pulations à grande échelle.

Aujourd’hui, elle continue àsemer la terreur à l’échelle internatio-nale. Son but : abolir les frontières éta-blies au Moyen-Orient lors de laSeconde Guerre Mondiale, témoi-gnages de la colonisation occidentale; gagner des territoires et consoliderceux déjà conquis ; imposer la charia

à l’ensemble des territoires qu’elle aen ligne de mire ; combattre « l’ennemioccidental », comme en a été témoinParis, visée en son sein par plusieursattentats simultanés le vendredi 13 no-vembre 2015, une première dans leXXIème siècle français.

Au cœur de l’ « Etat » terroriste

Une force de frappe terrifianteet des moyens de communicationdignes d’Hollywood, un ancrage terri-torial et même sa propre monnaie…Daech est riche. Extrêmement riche.N’est-ce pas l’organisation qui em-poche plus de 2,5 millions de dollarspar jour ? Financée par des dons pri-vés, ses activités de contrebande etde pillages, mais également le pétroleet les impôts, le premier « Etat sala-fiste » au monde est assis, les fessesconfortablement installées, sur uneénorme montagne d’or qui lui assurela bagatelle de 2 milliards de dollarsde budget annuel en 2015 (ce sont entous cas les chiffres annoncés en2015). Cependant, cet argent ne sertpas uniquement à financer les opéra-tions terroristes menées sur le terri-toire occupé et à l’échelleinternationale… Rétrospective sur lagestion financière de Daech.

Il y a, comme précisé précé-demment, plusieurs sources de finan-cement de l’organisation. Au départdépendante principalement des donsprivés, elle a cependant réussi à segarantir une totale autonomie en s’en-racinant à la fois sur l’Irak et la Syrie.Cette conquête lui a ouvert les portesdes banques, des puits de pétrole

mais également des bénéfices de laproduction de blé et d’orge des deuxpays. Elle contrôle, de manière plusgénérale, environ 15 et 60% des PIB(produit intérieur brut) irakien et syrien.

Globalement, Daech reçoitenviron 150 000 dollars de dons privéspar jour, provenant de riches sympa-thisants déterminés à soutenir lesSunnites dans leur guerre contre Ba-char el-Assad. Un certain nombre debillets est ainsi officieusement sortides caisses de l’Arabie Saoudite, duQatar ou encore du Koweït (pays sun-nites), désireux de faire taire les popu-lations chiites qui composent l’ « arcchiite » (Iran, Irak, Hezbollah libanais).Celui-ci s’est formé au Moyen-Orientà la mort de Saddam Hussein et me-nace la suprématie des puissancespétrolières du Golfe.

La plus grosse part de finan-cement provient cependant des res-sources naturelles de la Syrie et del’Irak. Daech récupère ainsi l’argentprovenant de l’exploitation des gaz na-turels et du pétrole, et contrôlerait, pa-raît-il, une vingtaine de puits depétrole. L’ « or noir » est transférédans de petites raffineries pour êtreexploité. Il est ensuite transporté via

des chemins de contrebande pour êtrebradé en Turquie sous le nez des au-torités qui ferment sagement les yeux,ou au régime syrien, mais en plus petitquantité.

Les pillages, kidnappings ettrafics d’êtres humains, enfin, rappor-tent peu si on compare au reste dubudget total mais restent tout demême les activités principales deDaech.

Cet argent est utilisé afin defaire fonctionner le califat qui régit l’en-semble du territoire conquis. Lesbanques continuent à marcher, destaxes foncières sont imposées auxchrétiens vivant sous l’autorité del’Etat Islamique, les écoles sont tou-jours ouvertes. Il y a de la part de l’or-ganisation terroriste la volonté deprouver à la population et au mondequ’elle est capable de gérer la zonequ’elle occupe, même si c’est en fai-sant régner la terreur. Les volontairesrecrutés par l’armée de Daech reçoi-vent également une solde, et les fa-milles, des primes lorsqu’un proche «tombe ».

L’Etat Islamique est donc en-gagé dans une conquête territoriale

DAECH

Camille

Auchè

re, TS

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https://twitter.com/joannsfar

afin de s’imposer face aux puissancesdu Moyen-Orient, et de retourner à unIslam où l’on tranche les mains desvoleurs, on exécute publiquement lestraîtres, on lapide les femmes coupa-bles d’adultère et on vend celles kid-nappées aux factions ennemies entant qu’objets sexuels.

La principale différence avecAl-Qaïda se situe bien, vous l’aurezcompris, dans une différence demoyens et d’objectifs. Al-Qaïda étaitdans une guerre idéologique contrel’Occident et les « infidèles », Daech

s’impose comme une puissance finan-cière et territoriale ayant la main mise,rappelons-le, sur plus de dix millionsde personnes, et prône un retour à l’Is-lam tout puissant du Moyen-Âge.

Cet objectif réussit à séduiredes occidentaux fragiles, facilementmanipulables, peu cultivés et qui neconnaissent absolument rien à l’Islam.

On estime actuellementqu’environ 1 683 français radicaliséssont partis en Syrie pour se former au-près de l’armée djihadiste, et que plus

de 200 en sont revenus, diplôme deterroriste en poche.

Heureusement, l’Etat françaisréagit et prend des décisions qui se ré-vèlent jusqu’à présent efficaces. Onpeut cependant se demander si les dji-hadistes qui s’apprêtent à revenir enFrance vont bien respecter lesconsignes de l’Etat, et se dénonceraux autorités à leur arrivée afin d’en-courir des poursuites pénales, commecela leur est expressément de-mandé…

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L'état d'urgence !Le Président de la République

a décidé, suite aux attentats meur-triers de Paris (132 morts, 352 blessésdont 99 en « urgence absolue »), dedécréter l'état d'urgence.

L'état d'urgence est une me-sure rare en France. C'est ladeuxième fois (pour l'ensemble du ter-ritoire) qu'il est décrété. Sa premièreutilisation remonte à la guerre d'Algé-rie et la dernière (sur quelques dépar-tements) en 2005, lors des révoltesdes banlieues parisiennes.

L'état d'urgence est valablependant douze jours mais il peut êtreprolongé par une loi (mesure envisa-gée par le 1er Ministre Manuel Valls).Il octroie plus de libertés aux forces del'ordre. En effet celles-ci peuvent parexemples :- Etablir un couvre-feu.- Prononcer des interdictions de séjouret des assignations à résidence.

- Autoriser les perquisitions à domicilede jours et de nuits.- Décider du contrôle de la presse, despublications, des émissions de radioet des projections de cinéma.- Interdire la circulation des personneset des véhicules…

C'est donc une mesure impor-tante et symbolique qui été prise.

L'appel aux renforts militairesPlusieurs milliers de soldats

(entre 1500 et 3000) sont appelés enrenforts de Vigipirate et de l'opérationSentinelle, notamment à Paris et sesalentours. En effet, ceux-ci vont pa-trouiller dans les rues de la capitaleaidés par la mobilisation massive despoliciers et gendarmes. De plus, leGouvernement a annoncé que laFrance était « en guerre » et que l'en-nemi djihadiste sera détruit. Ainsi lePremier Ministre a employé un tonguerrier : "Nous devons anéantir lesennemis de la République, expulsertous ses imams radicaux, déchoir de

la nationalité ceux qui bafouent l'âmede la France".

Par conséquent le Gouverne-ment et l'ensemble des partis poli-tiques appellent à l'unité de la Nationet demandent « aux Français d'êtreforts et de faire face avec leurs valeurs» et assurent qu'ils continueront lalutte contre Daech.

Les contrôles aux frontièressont également rétablis jusqu'à nouvelordre. De plus, Laurent Wauquiez (dé-puté-maire LR) demande la créationde « camps d'internements spéci-fiques » pour les 4000 personnes fi-chées pour terrorisme afin d’éviterque de telles situations se reprodui-sent (le terroriste identifié faisait l'objetd'une fiche « S »). « Le système dedéfense doit aussi être à la hauteur dela menace » a-t-il déclaré.

Aux grands maux, les grands remèdesdonc.

Etat d’urgence

Situation exceptionnelle, mesures exceptionnellesAntoine Josserand-

Surret, TES

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Solidarité internationale

Le rôle des réseaux sociauxOn est tous d’accord, Face-

book est génial ! Mais si on réfléchitcinq minutes, il est totalement inutileet nous rend narcissique à propos denotre vie qui, en passant, est privée.De plus, « grâce » à cet outil, nouspouvons espionner la vie des autressans gêne, ce qui fait ressortir notrecôté voyeur et pervers… Alors, jepourrais déblatérer sur ce sujet pen-dant des heures mais pour le coup, jevoudrais lui rendre un certain hom-mage.

Vendredi 13, des attentats àParis ont eu lieu. C’est à ce moment-là que les réseaux sociaux (Facebooket Twitter en priorité) sont intervenus.Les personnes qui se sont retrouvéescoincées dans le Bataclan ou dans lazone autour des restaurants bombar-dés ont pu indiquer leur présence. Etc’est là que Facebook a fait vraimentfort. Il a remis en place le SafetyCheck (qui avait été utilisé pour descatastrophes naturelles comme leséisme au Népal). Grâce à cela,

toutes les personnes disposant d’uncompte Facebook pouvaient envoyerune notification à leurs proches poursignaler qu’ils allaient bien ou qu’ilsétaient dans une zone dangereuse. Siles réseaux sociaux ont été utiles surle moment, ils ont surtout été LEmoyen d’expression de la colère, del’incompréhension, de la tristesse etparticulièrement de la solidarité deshabitants du monde entier. L’inventiondu hashtag #PrayForParis a permis deregrouper toutes ces interventions aumême « endroit ». Samedi après-midi,ce hashtag avait été mentionné plusde 7 millions de fois (contre 4 millionspour #JeSuisCharlie).

Malheureusement, même si lemonde est en deuil, des personnes ar-rivent toujours à profiter de la situation.Tous ces messages Facebook qui di-saient : « Ce soir, on va dire quechaque j’aime représente un hom-mage alors partagez le plus possible»,personnellement, j’en ai honte.

Déjà qu’en temps normal, jen’arrive pas à comprendre le butd’avoir des j’aime, des j’aime et en-core des j’aime, alors là je suis déses-pérée…C’est comme de mettre lescouleurs de la France sur sa photo deprofil. A première vue, j’ai trouvé quec’était un beau geste, mais j’ai ensuitevu un dessin qui m’a fait relativiser. Onvoyait une personne qui jetait la photoJe Suis Charlie dans une poubellemarquée par « Modes Dépassées »pour la remplacer par le drapeau trico-lore. C’est une réalité assez triste…

Malgré ces derniers points né-gatifs, je trouve que les réseaux so-ciaux sont des outils formidables pourla liberté d’expression tant qu’ils sontutilisés correctement. Merci d’avoirpris le temps de lire cet article et j’es-père sincèrement que vous n’avezperdu personne lors de ces attentatscontre nature.

Peace and Love…

Océane

Giret

, TL

Emma Ziani, TS2

Les événements fu-nestes de ce vendredi 13 (qui corres-pond bien à sa réputation de malheur)ont jeté un voile sur la France. Onpourrait se demander quelle dose detragédie peut encaisser un pays avantde devenir fou. Folle, la France l'estdéjà sous plusieurs aspects. C'est unefolie liée à la peur, qui donne une sa-veur amère à tout et qui colore le cielde mornes et gris nuages.

De plus en plus, la questionrevient. Je l'ai entendue une fois et jedois avouer qu'elle est extrêmementbouleversante. Sommes-nous en sé-curité chez nous ? De plus en plus, degens commencent à considérer quetout cela est la faute de la démocratie.Parce que, disent-ils, la démocratieest le système de la liberté relative (à

ne pas confondre avec l'anarchie quiest un système de liberté totale et dechaos), mais ce système offre cette li-berté qui est jugée trop grande main-tenant. Alors, est-ce légitime de sedemander si avoir un régime compa-rable à celui nord-coréen nous proté-gerait plus ? Est-ce que, maintenant,démocratie et sécurité sont-elles vrai-ment devenues des notions incompa-tibles ?

Il est à la limite de l'impossiblede trouver des points positifs à toutceci. Certains disent que ce gâchis im-mense fera que la sécurité sera doré-navant plus prise au sérieux. Amère,très amère consolation. Ce serait in-sultant, même par rapport aux famillesendeuillées, de chercher quoi que cesoit de positif ici. Mais les familles ne

sont pas les seules à subir ce deuil.C'est quelque chose qui touche au-jourd'hui tout notre beau pays. Com-ment ne pas être choqué ?

NouveautésLa France n'a jamais rien

connu de comparable. Pas même lesévénements qui l'ont secouée le 11janvier. La grosse différence que l'onpeut observer ici par rapport à CharlieHebdo concerne tout d'abord l'échelle.On n'est plus du tout dans la même di-mension. Si les gens aujourd'hui ontpeur alors qu'en janvier ils étaient encolère, c'est aussi dû au caractère pro-fondément irrationnel de cette attaque.Autant les rédacteurs du journal sati-rique avaient conscience d’être endanger et continuaient néanmoinsd'exercer leur profession par choix.

8Mais ici ? Ici aucune des victimes nefaisait quoi que ce soit à part vivre unvendredi soir. C'est ce caractère in-compréhensible dont se servent lesterroristes en cherchant à semer lechaos.

SolidaritéMais assez parlé de chaos.

C'est un sujet assez délicat à traiter, etn'étant pas personnellement touchéepar cette tragédie, rien de ce que jedirai ne pourra apaiser les familles desvictimes si certains sont touchés dansnotre école. Et je préfère ne mêmepas essayer. Je ne voudrais surtoutpas dire quoi que ce soit qui pourraientles offenser.

Dans cet article, je ne parleraipas non plus de tout ce qui est crainted'une troisième guerre mondiale ouétat d'alerte maximal. Je ne suis paspoliticienne, ce n'est donc pas à moide jouer avec des concepts au risquede minimiser l'horreur de la situationou de raconter n'importe quoi.

Et je ne ferai pas non plus unbilan de ce que nous a causé la foliede l’État Islamique. Ce ne sont quedes nombres et des nombres ne ren-dent pas justice à l'horreur.

Alors, dans cet article, je mecontenterai de parler de quelquechose de beau. La solidarité interna-tionale. Il est triste que ce soient lesévénements les plus tragiques quisoient cause de tant de beauté. Maisune fois encore le monde n'est jamaisplus uni que quand il doit affronter uneparcelle d'humanité dénuée d'huma-nité.

En ce vendredi 13, jour defolie, le monde entier s'est illuminé debleu, blanc et rouge, pour rendre unhommage poignant à la France. Alorsque notre tour Eiffel s'éteint, tout brillepour elle comme jamais auparavant.C'est ainsi que se sont parés des cou-leurs françaises le World Trade Cen-ter, l’hôtel de ville de San Francisco,l’hôtel Omni à Dallas, la tour CN de To-ronto, le ABT Financial d'Alberta, lastatue du Christ rédempteur à Rio,l'ange de l'indépendance mexicaine, lebâtiment du Sénat mexicain, le stadede Wembley à Londres et le Conven-tion Centre de Dublin. A Las Vegas, latour Eiffel s'est aussi éteinte, de mêmeque l'Empire State Building.

Il est désormais impossible dese connecter à un quelconque réseausocial sans voir le hashtag #PrayFor-

Paris. Aussi beau que soit le geste, jene l'approuve pas. Si vous voulez ab-solument prier, ne priez pas seule-ment pour Paris. Ce jour-ci, Paris n'aeu aucun autre rôle que d’être unthéâtre funeste de tragédie. Ces ré-percussions quant à elles se font ob-server partout où les familles desvictimes se trouvent, quel que soit cetendroit du monde. Ce serait réducteurquant à leur peine que de cantonnerceci à seulement une ville.

De plus en plus de rassem-blements spontanés sont observés.Ainsi plus de 500 personnes se sontréunies sous la pluie à Montréal pourchanter la Marseillaise tandis queDenis Coderre, le maire de la ville aannoncé que jamais ils ne céderaientau chantage. Et ce n'est que le début.Cette nuit le monde a brillé à la lueurdes bougies. Des mémoriaux artisa-naux ont été érigés, des fleurs dépo-sées...

Au sein même du territoirefrançais une forme de solidarité déve-loppée est à observer. Par exemple,les taxis font circuler les gens gratui-tement. Mais le plus représentatif, jepense, reste le fait que l'établissementfrançais du sang est littéralement dé-bordé par la générosité des gens, aupoint qu'il ne peut plus rien accepter.

Et les anonymes de ce mondene sont pas les seuls à déplorer cetacte. Les grands ont eux aussi leurmot à dire sur ce qui offre une symé-trie sinistre avec Charlie Hebdo. L'an-née commence dans la mort et se finitavec une catastrophe encore plusmeurtrière. C'est ce que dit le NewYork Times.Tout le monde a son opi-nion sur la « nuit de terreur dans laVille-lumière » (USA Today).

Déclarations politiquesParis est triste. La ville la plus

triste d'Europe pendant la nuit la plussombre. Ce n'est pas une attaquecontre Paris. Comme je l'ai dit, Paris,cette ville si triste n'est qu'un théâtre.Ce n'est même pas Paris le plus im-portant ici. Ces attentats « ne sont passeulement une attaque contre Parismais une attaque contre toute l'huma-nité et nos valeurs universelles » aainsi déclaré Barack Obama. « Desactes odieux et abominables qui sontun assaut contre notre humanité com-mune » a condamné John Kerry le se-crétaire d’État. De même que laRussie a dénoncé des « attentats

odieux » et « des assassinats inhu-mains ». C'est étrange n'est-ce pas ?Des attentats odieux. Comme si un at-tentat pouvait être quoi que ce soitd'autre. Idem pour Ban Kimoon le se-crétaire général de l'ONU. Une fois deplus, par nature, quand on est l'entitéen étant victime, un attentat terroristeest forcément méprisable. De l'autrecôté j'imagine que pour l'Etat Isla-mique, ça s'apparente plutôt à un actehéroïque. Mais en l'occurrence noussommes l'entité qui souffre. Donc bref.David Cameron tout comme AngelaMerkel sont choqués. Un peu commetout le monde en fait. Et si on écoutechaque pays, le monde entier soutientla France et reste à son coté. Bref.Voyons plutôt quelque chose de vrai-ment intéressant.

StigmatisationM. Adel al-Jubeir le ministre

saoudien des affaires étrangèrestrouve lui aussi que cet acte estodieux. Mais ça n'a que peu d'intérêt.Ce qui en a, en revanche, c'est quandil estime que ces attaques sont une «violation de toute éthique, toute mo-rale et toute religion ». On sait désor-mais que ces attentats sont perpétréspar l’État islamique. Et cette citation ad'autant plus importante que de nom-breuses personnes en France ont no-tamment peur d'un amalgame, peurqui est sous-jacente depuis ce 11 jan-vier et qui n'est en rien apaisée parcertaines personnalités politiques ju-geant que cet enchaînement d’événe-ments est dû à une « mosquéisation »de la France. Déjà, commençons parmarquer l'évidence. Peu importe com-ment vous l'écrivez, ce mot n'existepas dans la langue française. Voilà.Maintenant que c'est fait, on va pou-voir passer aux critiques construc-tives. En plus de ne pas exister, cemot ne peut pas avoir la moindre si-gnification.

J'imagine que, dans lecontexte où il a été prononcé il renvoieau caractère prosélyte de la religionmusulmane. J'imagine encore une foisque le mot « mosquée » se rapporte àl'Islam. Mais même dire ça est com-plètement stupide. Le christianismeaussi est une religion prosélyte. Et ja-mais je n'ai entendu dire que quoi quece soit arrivant où que ce soit était dûà une « églisification » de ce lieu.

Tout le monde peut inventerdes mots sans aucune substance der-

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Près de 11 mois après les tra-giques attentats de Charlie Hebdo, lebilan reste le même.

La funeste nuit du vendredi 13aura laissé éveillé une bonne partiedes Français. C'est d'abord l'angoissequi a primé, pour être finalement rem-placée par la tristesse et la peur. Lebilan est très lourd, 132 morts et 320blessés. C'est insupportable, surtoutquand on réalise qu'il s'agissait de per-sonnes non ciblées.

Depuis la Seconde guerremodiale, jamais la France n'avaitconnu un massacre d'une telle am-pleur. La peur nous unit à nouveau, maisest-ce pour la bonne raison?

Et pourtant.

A nouveau le drapeau fran-

çais est hissé à travers le monde. Uneseconde fois les français en ressortentunis, la tête haute mais en deuil.

Il est cependant bien beaud'afficher un profil tricolore alors qu'aufond rien n'a vraiment avancé. Il sem-ble qu'aucun pas n'ait été fait depuisle 7 janvier et pourtant une lueur d'es-poir avait persisté ; mais seulement 3mois. Ce soutien ne ressemble alorsplus qu'à un sinistre refrain qui se ré-pète. Le soutien est à nouveau pré-sent. Va-t-il durer une nouvelle fois letemps que l'on se donne bonneconscience ? Sera-t-il dans 3 mois, unsimple souvenir, une simple date oubien de simples chiffres ? Espéronsque l’effet « pray for Paris » ne suivrapas l'exemple de celui « je suis Char-lie».

Nous étions Charlie... noussommes Paris, que serons-nous laprochaine fois ?

La population française sem-ble être restée sur la même case. Lesfrançais n'ont toujours pas affronté laréalité en face. « Nous sommes enguerre ! » Voici les mots du chef del’État français. Et ce depuis plus de 13ans, dès que l’État français s'est en-gagé dans la lutte contre le terrorismeislamiste. Il ne faut pas oublier que,dès qu'un pays s'engage dans unconflit, qu'il soit à l'autre bout dumonde ou sur la métropole, le pays esten guerre. Malheureusement il fautcroire que cela nécessite une piqûrede rappel.

Douloureuse, non ?

Pourtant il ne fallait pas fairetant d'efforts pour s'en rendre compte,juste regarder autre chose que sa pro-pre vie. Les hommes politiques n'ontcessé de répéter l'état d'urgence dans

Qui est le prochain ?Marg

ot Ber

gé, 1L

http://www.w12.fr/dessin-tour-eiffel-design.html

rière.C'est en cela que la citation deM. Adel al-Jubeir est importante et in-téressante. Elle permet de remettreles choses en perspective. Cet atten-tat, comme celui de janvier, ont étéperpétrés par un groupuscule extré-miste et fou se qualifiant d’État alorsqu'il n'en est nullement un et se don-nant pour nom une religion qu'il nerespecte en rien. Je tiens à le repréci-ser une fois de plus, mais le Corancomme la Bible indiquent en termeson ne peut plus clairs que le meurtred'une personne innocente enlève àcette personne toute valeur. Qu'enaucun cas ceci est demandé.

Une fois de plus, ces terro-ristes ne sont rien de plus que des fa-natiques proposant une vision maladeet déformée d'un texte religieux. Cecien aucun cas ne peut être représen-tatif de la religion musulmane, pasplus que Anders Breivik n'a été re-connu comme représentatif de la reli-gion chrétienne. De base, ce n'étaitpas le sujet principal de cet article,mais tout est tellement lié dans cetteaffaire qu'un aspect ne peut pas être

correctement traité sans l'appui d'au-tres. De plus, cette brève interruptionne nécessitait en aucun cas d'avoirfait des études ou d'avoir des qualifi-cations particulières en sociologie outhéologie ou ne sais-je quoi. Et celan'avait pas pour but d'offenser qui quece soit, au contraire. Une fois de plus,on en revient à la question de démo-cratie ou sécurité. Sauf qu'on n’auraitaucune certitude d’être en sécurité sion enrayait ce processus de « mos-quéisation » tel qu'on a qualifié lacause de ce massacre.

C'est aberrant au XXIèmesiècle de tenir de tels propos, de pro-férer de telles inepties. Si on enlevaità la France l'immigration, pour com-mencer elle ne tiendrait pas long-temps, et si on enlevait la liberté deculte, on enlèverait aussi tout principequi fait d'elle une démocratie. Et ceserait bien mal remercier cette solida-rité internationale aux couleurs de «Liberté, Égalité, Fraternité » que derenier ces principes fondateurs et fon-damentaux.

10laquelle la France se trouvait, tout au-tant que les médias qui ont même sur-enchéri et en ont profité.

Fondamentalement, la Francesemble être dans le déni. Le 13 no-vembre permettra-t-il enfin d'éveiller laconscience générale ? Faut-il encored'autres corps et d'autres larmes pourque la patrie des droits de l'Hommecomprenne ?

Il est vrai que vivre dans lapeur ne servira à rien. Il faut continuerde vivre, d'avoir du loisir. D'ailleurs ils'agit de la meilleure réponse que l'onpourra fournir aux terroristes que deprouver que nous ne tomberons pasdans la terreur. Mais il ne faut tout sim-plement pas oublier et prendreconscience de ce qui nous entoure, eten l'occurrence que la sécurité natio-nale n'est pas acquise.

Pourrait-on espérer, une prisede conscience d'une même ampleurque celle des américains suite au 11septembre 2001 ?

Des Hommes et des guerresC'est triste de voir que les

choses ont autant changé. Maintenantnous ne pouvons plus sortir dans larue sans avoir peur de se faire violer,de se faire tuer.

On n'ose plus se balader enville sans mettre une main sur son sacpar peur de se le faire prendre. Onn'ose plus prendre les transports encommun de peur qu'une bombe n'ex-plose. Sortir seul nous effraie, toutcomme voyager. Nous vivons dans unmonde devenu paranoïaque.

En fait, l'évolution de l'arme-ment, de la défense, de l'industrie, dela mentalité des populations, des am-bitions, cette évolution a été tellementrapide que nous n'avons même paspris la peine de penser aux consé-

quences néfastes qu'elle apporterait.Il n'y a jamais que du positif, c'est im-possible. Nous n'étions pas prêts àévoluer, nous n'avions pris aucunemesure pour le « et si ça tournait mal? ».

On peut juste prendre pourexemple la bombe nucléaire. C'estbien beau tout ça. Nous avons créé unengin capable d'anéantir des civilisa-tions entières, capable de décimer desmilliers d'existences en un simple «clic ». En plus d'avoir créé une armede destruction massive, nous l'avonsmise entre les mains de personnes quine souhaitaient qu'imposer leur supré-matie…

Combien de morts faut-il ?Combien d'attentats, de bombes, de

victimes innocentes ? Combien detemps encore avant de prendreconscience de l'état actuel de la situa-tion ?

On m'a toujours dit que c'étaiten touchant la flamme d'une bougieque je comprendrais que celle-ci brûle.Donc : combien de personnes doiventencore exploser avant que l'on necomprenne qu'une guerre est décla-rée ?

On se plaint du nombre demigrants, mais ce que l'on ne com-prend pas, c'est que ce n'est qu'un re-tour ; la balle a été mise en jeux il y ade nombreuses années. C'est l'effetsemence/récolte. On a plantéde mauvaises graines en ne faisantrien pour aider les syriens, les turcs,

Lylloo

Larech

e, 1ES

11les irakiens... Nous n'avons rien faitpour leur venir en aide. Je ne dis pasque rien n'a été fait. Il y a certes despopulations qui se battent continuelle-ment contre l’avancée des extré-mistes, comme les kurdes parexemple, mais nous aurions pu fairebeaucoup plus.

Mais pourquoi n'avons-nousrien fait ? Tout simplement parce quece n'était pas chez nous, parce quenous sommes des hommes et qu'entant que tels nous sommes égoïstes etincapables de lever les yeux de notrenombril. Oui, nous ne sommes passeuls sur terre. Oui, il existe d'autrespersonnes dans d'autre pays, des per-sonnes en train de mourir tuées pardes bombes, par des attentats, des at-taques, les mêmes attaques qui ontsévi ce vendredi à Paris.C'est surpre-nant n'est-ce pas ?

Lorsque ça ne se passe plusà la télé mais dans nos rues, à coté denous, on se sent tout de suite plusconcerné car ce sont nos vies qui sonten danger.

Attention : six attaques enFrance, 132 morts et le monde entiernous pleure. Tout le monde poste desstatuts de soutien, histoire de faire lemouton. Les fils d'actualité inondéspar les photos de Paris dans un peaceand love, les couleurs du drapeau surles bâtiments étrangers… Youpi, enfinune occasion de changer sa photo deprofil. Oui, on va pouvoir débattre surun sujet dont on ne connaît pas les pa-ramètres.

Bien sûr, il y a aussi des per-sonnes sincères qui soutiennent vrai-ment les familles. Des personnes quimontrent leur dégoût de façon francheface à ces atrocités. Oui, il y a ausside nombreuses personnes qui sont làet qui portent haut leurs paroles, maispourquoi maintenant ? Pourquoi pasavant ? Il a fallu que 132 personnesperdent la vie pour que nous commen-cions tous à réagir… c'est ce qui estdéplorable.

Combien d'attaques au totaldans ces pays d'Arabie ? Des cen-taines en un mois, et qui les pleure ?Ah mais suis-je bête ! C'est nous quipleurons, non pas parce qu'ils vivent

des atrocités à longueur de journée,non ce serait trop simple. Nous pleu-rons parce qu'ils viennent « envahirnos pays d'Europe ». J'imagine quec'est une façon de les soutenir que defermer les frontières.

Et puis, de toute façon, ce ne sont pas nos affaires, non ? Ce n'estpas parce que nous appartenons à undes pays les plus riches au monde etque nous avons les moyens militairesde les aider que nous devons le faire.

Pourquoi assumer notre placeà l'ONU ? Attention, laissons-les sedébrouiller. Pourquoi devrions-nousnous salir les mains pour eux ? Et enplus, il faut qu'on les accueille ?

Hors de question !Qu'ils gardent leur troisième

guerre mondiale chez eux, nous n'envoulons pas, nous ! Et oui les amisc'est comme ça qu'une grande partiede la population pense. C'est beaunon, les valeurs de la patrie ?

Mais il faut savoir que noussommes aussi concernés. Nousavons la responsabilité de les aider,parce que la guerre ne se déroule pasà cinq mille kilomètres d'ici. Non, laguerre a commencé il y a déjàquelques années, et comme son noml'indique, elle est mondiale. Nous yavons pris part le premier jour en lais-sant Bush attaquer l'Irak. En laissantun pays sans gouvernement, sanschef. En laissant grandir l'EI, notre ab-sence de réaction était égale à un actepuni par la loi, la « non aide à per-sonne en danger », sauf que là il étaitquestion de centaines de milliers depersonnes…Les conséquences sontsimples, des personnes auxcroyances destructrices marchent letorse bombé et la tête haute vers lescapitales « ennemies ».

Le déclin du monde est enroute, le point de non-retour est passé,les vies se sont éteintes, la tristesse aatteint le monde, la colère s'est accen-tuée. Nous prenons les armes chacunà notre façon, et nous formons un blocface à ces attaques… mais est-ce làune solution ?

Combien de fois nous a-t-ondit que l'on ne pouvait rien résoudrepar la force… et pourtant une pluie debombes est tombée sur Rakka, la

France a riposté dimanche. Un paysqui sera « impitoyable » d'après notreprésident, un pays en deuil, un paysqui saigne, un pays où la haine gran-dit.

Maintenant que le sang acoulé ici, maintenant que la populationfrançaise et que le reste du monde ontouvert les yeux face à cette guerre de-puis longtemps enclenchée, mainte-nant que tout le monde est auxaguets, le retour sera douloureux pourvous [les extrémistes]. De nombreuxinnocents mourront, vous payerez,peu importe le prix, les hommes sontrancuniers de nature. Alors imaginezde quoi ils sont capables avec desarmes évoluées entre les mains.

J'aimerais prendre la terreentre mes mains, et la secouer detoutes mes forces, juste histoire decalmer tout le monde, histoire de leurdire que ça ne vaut pas le coup. La vieest un magnifique cadeau. Il y a untemps pour tout, et ce n'est à per-sonne de décider de l'heure de la mortde quiconque.

On naît libre, on devrait pou-voir vivre librement, sans avoir l'obli-gation de croire en un dieu, sans avoirl'obligation de suivre le système, sansdevoir obéir aux normes de la société.Mais c'est une utopie, je le sais, je n'aipas le pouvoir de secouer la planète.

Donc je vais me contenter dem'asseoir sur un banc. Je vais toutsimplement regarder les feuilles tom-ber au même rythme que les vies hu-maines. Je vais écouter les ruisseauxqui chantent la même mélodie quecelle du sang qui coule le long desmorts. Je vais sentir le parfum froidd'une fin d’automne accompagnéed'une odeur de poudre. Je vais écou-ter le chant des oiseaux qui suit le bruitsourd d'une détonation en espérant auplus profond de mon être que c'est ladernière vie qui s'éteint, que c'est ladernière goutte de sang que recevrala Terre, que la poudre ne s’enflam-mera plus et que le son du désespoirne résonnera plus à travers les larmesdu monde.

12

Un événement inattendu�Un événement inattendu ! Après une victoire 2-0 de la France contre l’Allemagne, c’est la panique à la sortie du

stade. Le commentateur est affolé, et je ne comprends pas pourquoi ! Puis je me lève et j’apprends que les terroristesnous ont une fois de plus attaqués ! Après un moment d’incompréhension vendredi, la colère est maintenant présenteen moi ! On ne peut pas laisser passer une chose pareille ! Les actes terroristes sont trop présents en ce moment ! Desmoyens doivent être mis en place pour stopper ça. Ce n’est pas humain de s’attaquer à des personnes innocentes. Plusde cent-trente morts, plus de trois-cent blessés… On ne peut pas fermer les yeux. Je ne réclame pas vengeance, je ré-clame justice. Nous devons nous unir en l’honneur des victimes de notre pays, et pour que cela n’arrive plus nulle part.

Angélique Guéry TS1

13

L'union fait la force. Cette tragédie nous rend plus forts.

Continuons le combat.Anonyme

Daech est notre ennemi, les arabes ne le sont pas. Il ne faut pas faire d'amalgame et

surtout ne pas avoir peur de ces enculés. Ils peuvent bien nous faire peur mais ils ne

pourront pas vaincre notre liberté.

Anonyme

On s'en cogne de mon témoignage, c'est le même que tout le monde.Anonyme

-Peur. Tristesse. Colère. Incompréhension. Rage. Frustration. Choc. Inhumain. C'était lajournée de la gentillesse. D'autant plus dégueulasse. Désespoir de voir le monde dans le-quel on vit. On ne doit pas avoir peur, c'est ce qu'ils veulent. On doit se rassembler.Anonyme

Pas cool. Ça fait chier. Désolant. Décevant. Il ne faut pasfaire d'amalgames. On sait qu'il faut être en deuil et soli-

daire. Et le FN va monter. C'est dégueulasse.

Anonyme

Tout d'abord

de l'incompr

éhension. Q

ue s'était-il p

assé lorsque

nous dormion

s tranquillem

ent dans

nos lits ? Ens

uite de l'ang

oisse. Comm

ent vont les

personnes qu

i me sont chè

res ? En résu

mé un trop

plein d'émoti

ons. De la co

lère, de la pe

ur et tant d'

autres chose

s.Anonym

e

Les attentats du vendredi 13 me choquent car des innocents se sont fait tuer alors

qu'ils ne voulaient que passer du bon temps entre amis, avec leur famille. Peu im-

porte ce que l'on fait, maintenant on peut se faire abattre si l'on se trouve au

mauvais endroit au mauvais moment. On n’est en sécurité nulle part. Pour la plupart,

nous vivons dans la crainte. Mais ce n'est pas pour autant que nous devons nous ar-

rêter de vivre et se priver de quoi que ce soit par crainte.Océane TS1

Témoignages, impressions...�Angélique Guéry TS1

14

Beaucoup de dégoût. C'est de la lâcheté de leur part.Hugo TS2

Ils veulent nous faire peur mais on gagnera, voilà comment je le vois.Anonyme

Je pense que cet acte est un acte issu de barbares sans revendications fondées, c'est pourquoi j'aimerais

qu'on apporte notre plus grand soutien aux familles des victimes et que le peuple français soit uni et

fort face à la faiblesse d'esprit de ces individus minables. Et enfin j'aimerais que la France prenne enfin

de bonnes décisions pour anéantir cette façon de penser de l'Etat Islamique non reconnu par l'ONU. Je

veux qu'ils crèvent.

P-A. TS1

C'était un acte irresponsable, barbare et irréfléchi qui mène à une troisième Guerre Mondiale.

Romain TS2

Un peu d'angoisse parce que ça peut nous arriver à tous, àtout moment et aussi beaucoup de compassion pour lesfamilles. On a le sentiment que la guerre est belle et biendéclarée. Parce que ce n'était pas la France qui était tou-chée mais la liberté de manière générale.

Certains ne se sentent plus en sécurité parce qu'ils se disent qu'à présent ça peut tomber

à tout moment, donc aussi de la peur. D'autres sont très tristes à cause des victimes et

compatissent pour les familles en deuil. Les gens sont indignés parce que ces bourreaux

sont des barbares et revendiquent de la merde. On se pose aussi beaucoup de questions

sur l'avenir, est-on à l'aube d'une nouvelle guerre mondiale? Risque-t-on d'être bombar-

dés? Et enfin, on a envie de réagir et de faire quelque chose pour avancer car on a un

sentiment de patriotisme. Voilà.Séverine TS2

15

Prière pour le KenyaBien entendu, il ne serait tout

simplement pas correct, déontologi-quement parlant, de clore ce numérosans mentionner d'autres atrocités àl'échelle du monde. Parce que, oui laFrance saigne, oui la France a mal.Mais la France n'est pas seule danscette douleur. Et il y a un caractèreprofondément injuste au fait que lemonde s'illumine de bleu, blanc,rouge, mais que rien ne soit fait pourreconnaître le deuil que subit actuelle-ment le Kenya, et le Liban après undouble attentat à Beyrouth le 12 no-vembre.

Comment peut-on parler desattaques terroristes essuyées parParis le vendredi 13 sans même men-tionner celles menées sur le Kenya?La réponse est simple, on ne le peutpas. Je ne rentrerai pas dans les dé-tails. Encore une fois, si c'est des chif-fres que vous voulez, ils ne sont pascompliqués à trouver. Toujours est-ilque ce dimanche 15 novembre, leKenya a payé un plus lourd tribut àl'humanité que nous. 147 de ses en-fants ont payé le prix fort et ont perdula vie. Quand je dis enfants, c'est litté-ralement, non pas figurativement. 147étudiants de l'université de Garissaont été tués par des fous se réclamantde l'Etat islamique. Le nombre de dji-hadistes somaliens qui ont ouvert lefeu durant la journée du 15, causantune nouvelle boucherie, reste encoreinconnu.

Une fois de plus, je pense qu'ilserait injuste de ne pas le mentionner,presque insultant même. Ce seraitune insulte à la mémoire de per-sonnes mortes, parce qu'elles es-sayaient simplement de faire ce quenous faisons tous les jours. Étudier. Laquestion que l'on serait en droit de seposer est, pourquoi ne reçoivent-ilspas autant de considération que Paris? Pourquoi l’agression de la ville-lu-mière brillerait-elle plus ardemmentque d'autres? Je ne suis pas là pour

blâmer qui que ce soit. Les manifesta-tions de solidarité sont émouvantes etpoignantes. Mais n'est-ce pas un peuhypocrite quand on y pense cinq mi-nutes ?

Que se passe-t-il quand leslumières s’éteignent dans la ville-lu-mière? Rien de bon, ça c'est sûr. Leslumières s'éteignent en beaucoupd'endroits, tous les jours. Mais lemonde ne brille pas pour eux. Lemonde ne s'illumine pas en signe derespect. Le monde s'en fiche. Mais lemonde n'est pas indifférent quant à laville-lumière, surtout si elle est à courtde lumière. Le monde n'a pas énormé-ment de sens. C'est assez confus. Etsurtout étrangement focalisé.

Mais je ne pousserai pas uncoup de gueule. Il y en a déjà beau-coup trop.

Maintenant, je sais que vousavez tous vos opinions quant à laréaction à adopter face à ce type desituation. Mais j'aimerai qu'on se posedeux minutes et qu'on en parle. Avotre avis, qu'est-ce qui peut pousserun homme à agir comme ces gensagissent? J'ai une théorie. Je ne dispas qu'elle est forcément vraie. Pasqu'elle est plus juste que toutes les vô-tres. Seulement voilà, c'est une théo-rie comme une autre.

Je pense que ces gens sesont toujours sentis invisibles. Qu'ilsn'ont jamais brillé mais qu'ils n'ont ja-mais échoué non plus. Juste qu'ils sesont sentis invisibles. Vides même. Etil n'y a rien de pire pour ce type de per-sonnes que de voir évoluer dans lemonde des gens qui n'ont pas ce sen-timent de vide. En tout cas qui ne lerenvoient pas. Et on est bombardés dece type de gens à la télé, partout. Desgens qui ont l'air d'aller bien. Ces gensexistent. Ceux qui traversent la viesans énormément de problèmes.Voilà. Vous prenez ce type de per-

sonnes. Et vous prenez d'autres per-sonnes vides. Et d'une manière assezlogique, ces gens vont commencer àéprouver de la frustration. Pourquoieux auraient-ils le droit de ne pas êtrevides ? Et à côté on voit tous ces ex-trémistes kamikazes à la télé, dans lesjournaux. Ils sont morts certes. Maispas vides. Pas vides dans le sensqu'ils sont remarqués. Bref. Et il n'estpas donné à tout le monde d'expéri-menter des grands succès. Et généra-lement ces gens se sentent videsparce qu'ils sont incapables de se dis-tinguer. Et comme ça ils peuvent sedistinguer. Et la religion ici n'est en faitqu'un prétexte.

Mais je ne vais pas vous en-nuyer plus longtemps avec mes théo-ries. Ça n'a pas grand intérêt pourceux ne le partageant pas.

Si vous voulez absolumentprier pour Paris, soyez juste et priezaussi pour le Kenya. Priez pour cemonde qui devient fou. Cette huma-nité qui devient vide. Les gens ontpeur. Ils disent que la troisième guerremondiale est là. Peut-être qu'elle l'est.Mais surtout, ne basculez pas dans laparanoïa et gardez à l'esprit que noussommes la génération à venir quipourra faire avancer les choses. Alorsn'ayez pas peur. Gardez l'esprit clairet froid et la tête sur les épaules. Il vay avoir beaucoup à faire prochaine-ment. On n'a pas le temps de paniqueren plus de cela. Ce serait contre-pro-ductif. Et on a besoin d'être productif.Maintenant plus que jamais.

Alors respirez profondément.Fermez les yeux. Et dites-vous que lemonde reste un bel endroit. Endom-magé. Victime d'un virus. Mais lesvirus peuvent être éradiqués.

Et ayez une pensée pour leKenya. Même si le monde ne brillepas en signe de respect.

Emma Ziani, TS2

16Pour conclure ce numéro spécial «attentats de Paris», quelques

dessins d’enfants publiés sur les réseaux sociaux...

...et les références des dessins publiés au fil des articles (par ordre d’apparition) :

https://twitter.com/rabiirammal/status/665322670079143936/photo/1?ref_src=twsrc^tfwhttps://twitter.com/jean_jullien/status/665305363500011521/photo/1?ref_src=twsrc^tfwhttp://images.google.fr/imgres?imgurl=http://www.bullesociale.frhttp://images.google.fr/imgres?imgurl=http://infos.niooz.frhttp://images.google.fr/imgres?imgurl=http://i.f1g.fr/media/figaro/805x453/2015/11/16/XVMc85d83fe-8c70-11e5-b3ea-85458003f3c5-805x453.jpg&imgrefurl=http://www.lefigaro.frhttp://images.google.fr/imgres?imgurl=http://2.bp.blogspot.comhttp://images.google.fr/imgres?imgurl=http://www.whitespacebyeskimo.comhttp://images.google.fr/imgres?imgurl=http://dotcave.comhttp://images.google.fr/imgres?imgurl=http://www.polyvore.com