NUMÉRO SPÉCIAL L Ê C 1 N É M A - UNESDOC...

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NUMÉRO SPÉCIAL : L Ê C 1 N É M A Elena Varzi tend une main amicale dans le film italien"le Chemin de l'Espoir", un des "Prix du laurier d'Argent"de 1951 destinés à récompenser les meilleures productions européennes contribuant à la compréhension entre les peuples. (voir pages 3 et 7) B'iu'iS !) tN' ('j ! t' (9T't'p< ! ttrt !] ! tfiStB ! M ['] tt LIRE LES ARTICLES DE = Sir Michael Balcon, Charles Spaak, Luigi Chiarini, Bos/ey Crowther, Dilys Powell et Stephen Watts. s i-·-

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NUMÉRO SPÉCIAL : L Ê C 1 N É M A

Elena Varzi tend une main amicale dans le

film italien"le Chemin de l'Espoir", un des

"Prix du laurier d'Argent"de 1951 destinés

à récompenser les meilleures productions

européennes contribuant à la compréhension

entre les peuples. (voir pages 3 et 7)

B'iu'iS !) tN' ('j ! t' (9T't'p< ! ttrt !] ! tfiStB ! M ['] tt

LIRE LES ARTICLES DE =

Sir Michael Balcon, Charles Spaak,

Luigi Chiarini, Bos/ey Crowther,

Dilys Powell et Stephen Watts.s

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LE COURRIER DE L'UNESCO-Page 2

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Cambodge et Etats Associés d'Indo-chine : K. Chanfarith C. C. R., 3. 8, rue

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versity of Toronto Press, Toronto j(de langue française) : Benoit Baril,4234, rue de la Roche, Montréal 34.

Ceylan : Lake House Bookshop, The As-sociated Newspapers 01 Ceylùn Ltd,Colombo 1.

Chili : Libreria Lope de Vega, Moneda924, Santiago-du-Chiti.

Colombie : Emilio Royo Martin, Car-rera 9 a, 1791, Bogota.

Cuba : La Casa Belga, René de Smedt,O'Reilly, 455, La Havane.

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Egypte : Librairie James Cattan, Four-nisseur de la Cour, 118, rue Emad-el-Dine, Le Caire.

Equateur : Casa de la Cultura Equa-toriana, Av. Mariano Aguilera. 332,casilla 67, Quito.

Espagne : Aquilar, S. A. de Ediciones,Juan Bravo 38, Madrid.

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Grèce : Eleuthéroudakis, Librairie In-ternationale, Athènes.

Hongrie : <&lt; Kultura a, Akadémia-u, 10,Budapest V.

Inde : Oxford Book and StationeryCo, Scindia House, New-Delhi.Vidya Bhavan Granthagar, Bhara-tiya Vidya Bhavan Buildings, Chow-patty Road, Bombay 7.

Indonésie : G. C. T. van Dorp et Co N. V.,Djalan Nusantara 22, Djakarta.

Israël : Leo Blumstein, Book and ArtSbop. 35, Al1enby Road, Tel Aviv.

Italie : Messaggerie ïtaliane, Via Lo-mazzo, 52, Milan.

Liban et Syrie : Librairie Universelle,Avenue des Français, Beyrouth, Li-ban.

Mexique : Libreria Universita'ria ; JustoSierra, 16, Mexico D. F.

Nigeria : C. M. S. Bookshop, P. O. Box174, Lagos.

Norvège : AIS Bokhjörnet, Stortings-plass, 7, Oslo.

Nouvelle-Zélande : Whitcombe andTombs, Ltd, G. P. O., Box 1526.'Wel-lington, C. I.

Pakistan : Thomas and Thomas, FortMansions, Frere Road, Karachi, 3.

Pays-Bas : N. V. Mariinus Nijhoff,Lange Voorhout, 9, La Haye.

Pérou : Libreria Internacional de ! Pe-ru, S. A., Giron de la Union, Lima.

Philippines. : Philippine Education Co.,1104 Castillejos. QuiapJ. Manille.

Portugal. : Publicaçoes Europa-America,Ltda., 4, Rua da Barroca, Lisbonne.

Royaume-Uni : H. M. Stationery Office,P. O. Box 569, Londres, S. E. l.

Suède : A. B. C. E. Fritzes Kungl. Hov-Mokhandel, Fredsgatan, 2, Stockholm.

Suisse : SuÏftle alémanique : EuropaVerlag, 5, Rämistrasse, Zurich.-Suisse romande : Librairie de l'Uni-versité, 22-24, rue de Romont, Fri-bourg.

Tchécoslovaquie : Orbis, Narodni, 37,Prague I.

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Turquie : Librairie Hachette, 469, Istik-lai Caddesi, Beyoglu, Istanbul.

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Uruguay : Centro de Cooperacion Cien-tifica para la América Latina, Unes-ao, Bulevar Artigas, 1320, Montevideo.

Les articles paraissant dans.. Le Courrier"expriment l'opi-nion de leurs auteurs et nonpas nécessairement celles deL'UNESCO ou de la réaction.

EXAMINER dans quelle mesure le cinéma contri-

bue à la compréhension internationale n'estpas seulement un exercice intellectuel. C'estaussi une partie de l'effort continu que nous

fournissons en vue d'apporter un peu d'harmoniedans ce monde bouleversé. Que les films aient le pou-voir de divertir et de distraire, d'éveiller les énergies,de provoquer la haine et la suspicion, la pitié et lerespect, tout le monde est d'accord là-dessus. Et c'estprobablement pourquoi on parle plus du cinéma quele cinéma ne parle lui-même, c'est pourquoi le film,plus qu'aucune autre forme d'art, est continuellementpassé au crible.

Affirmer que le cinéma est un instrument capabled'interpréter la vie et qu'il contribue à créer unmonde harmonieux, n'implique pas qu'il doive se dé-partir de sa tâche principale : celle de divertir. Maisdans la recherche de leurs thèmes, un plus grandnombre d'auteurs, de producteurs, de metteurs enscène et d'facteurs devraient jeter leurs regards au-delà des frontières qui divisent l'humanité afin decontribuer, dans les domaines qui leur sont propres, àla création d'une raison de vivre et non de passionsde mort et de destruction. Que les thèmes soient gaisou sombres, légers ou sérieux, peu importe : seulscomptent l'esprit qui les inspire, l'étincelle qui lesanime.

La responsabilité du cinéma n'est pas plus grandeque celle de la presse ou de la radio. Mais le filmpartage avec la télévision un pouvoir de dramatisersupérieur à celui des autres moyens d'information, etla faculté de jouer un rôle important dans la créationd'un monde plus humain.

Les frontières qui divisent l'humanité ne sont passeulement, et même ne sont pas surtout, des fron-

tières nationales ou politiques. Ce sont des frontièresde la pensée et de l'esprit qui ont pour origine uneexpérience insuffisante, des différences de formation,de tradition, de croyances, de goûts et l'exploitationdélibérée ou accidentelle, à des fins sinistres, de ceslacunes et de ces différences. C'est pourquoi tant despécialidtes se préoccupent aujourd'hui de l'influencedes films sur les adultes comme sur les enfants. Notregénération est peut-être sans espoir, mais nul d'entrenous ne voudra admettre que celle de nos enfantsl'est également. C'est pour eux surtout que nous cher-chons un avenir où seront à jamais bannies les hor-reura de la dernière décade. Que des films soient pro-duits au Mexique ou en Argentine, aux Etats-Unisou dans le Royaume-Uni, en France ou en Italie,en Pologne ou au Danemark, en Egypte ou dans l'Inde,en Indonésie ou au Japon, tous ont un devoir communenvers les enfants du monde et la situation actuelleleur offre une occasion particulièrement propice des'en acquitter.

II ne s'ensuit pas que cette tâche soit facile àaccomplir. Des tabous de toutes sortes limitent notrechamp d'action. II est des forces qui, profitant dudésarroi de notre monde divisé, tentent à chaque mo-ment d'enchaîner l'esprit créateur. Il est des problè-mes de financement, de facilités, de marchés. Avantque nous puissions nous acquitter de notre dette, ilnous faut entreprendre une oeuvre immense de prépa-ration et de recherches. Mais nous conservons notreespoir en l'aveni ? et c'est comme un témoignage denotre foi en une collaboration constructive et créa-trice qu'a été conçu ce numéro du <&lt; COURRIER Þ.

ROSS McLEAN,Chef de la Division du Film

et de l'Information Visuelle de l'Unesco.

42 MilliONS

DE FAUTEUilS

Ce graphique montre d'une part que, pour les 100. 000 salles de cinéma réparties sur le monde entier, lesspectateurs disposent au total d'un pe. u plus de 42 millions de places. En outre, il indique les neuf paysayant produit le plus de films de fiction au cours des deux dernières années et leur chiffre de. productionpour un an. Depuis 1949, la production de l'Italie est passée de 54 à 120 films, prenant la quatrième place aulieu de la huitième. (Chiffres tirés df. <&lt;World Communications >&gt;, 2-édition. Publication Unesco.)

LA COMPREHENSIO

INTERNA ALE

E T L E

CI N ÉMABEEB

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Page 3-LE COURRIER DE L'UNESCO

LE CINÉMA ITALIEN...

exprime en images humaines

un tangage universe !

par Luigi ChiariniDirecteur de Bianca e Nero, revue mensuelle d'études cinématographiques.

TROIS facteurs principaux expli-quent, selon moi, l'importance ducinéma du point de vue de lacompréhension internationale :

son immense popularité ; son caractèrevisuel et concret qui en fait un merveil-leux intrument de connaissance ; soncachet artistique qui, en l'obligeant àrechercher l'individuel, lui permet enmême temps de saisir l'universel dansle particulier. C'est ce qui expliquequ'on propose au cinéma d'une part desfins éducatives, culturelles et scientifi-ques, et d'autre part, en tant que spec-tacle artistique, des fins récréatives ;qu'on veuille le purifier, afin qu'il nesoit ni un vulgaire passe-temps faisantappel aux plus bas instincts, ni unemonstrueuse machine à <&lt; bombarder les cerveaux, au service de dogmes idéo-logiques et politiques fonctionnant sanssouci de la dignité humaine et du senscritique du spectateur.

C'est en partant de ces idées qu'il fautapprécier les services rendus par le ci-néma italien à la cause de la compré-hension internationale dans cet après-guerre si troublé et la vigueur qu'il metà affirmer et à défendre les valeurshumaines essentielles, sans lesquellesaucun véritable progrès n'est possible.Pour être brefs, nous ne parlerons quedes grands films c néo-réalistes quiont eu le plus de succès à l'étranger ;d'ailleurs nous n'avons pas fait grandchose dans le domaine du film docu-mentaire, culturel, scientifique et éduca-tif. Des difficultés commerciales et desobstacles de toute sorte, qu'il faut espé-rer voir disparaître rapidement, empê-chent encore les pays de diffuser etd'échanger ces précieux véhicules de laconnaissance sur le même rythme queles grands films.

De même qu'il n'existe pas d'art mo-ral ou immoral, il n'existe pas non plusd'art éducatif. Ce n'est pas que l'oeuvred'art soit une forme vide, mais toutesles valeurs humaines n'y acquièrentleur pleine efficacité que dans la mesureoù elles sont de l'art. Cette oeuvre est eneffet, par essence, la libre et pleine affir-mation de la personnalité, l'expressionsincère et totale de l'esprit humain à tra-vers l'individu. En soi, l'art est donc tou-jours moral, toujours éducatif et toujoursconsolateur : il nous élève au-dessus despassions humaines et nous parle un lan-gage universel tout en restant scrupu-leusement fidèle à l'esprit national.

Le succès universel des récents filmsitaliens est dû précisément au fait qu'ilsrépondent à une exigence purement ar-tistique : le besoin d'exprimer les senti-ments tumultueux nés de la cruelleexpérience de la guerre, de retrouverdans la fiction les valeurs humainesbafouées et oubliées, de combattre la vio-lence, l'injustice et la misère, de remet-tre en honneur le respect de la personnehumaine. C'est pourquoi tous ces films,quelle que soit la nuance politique deleurs auteurs, sont pénétrés d'un authen-tique esprit chrétien. Il peut sembler, àpremière vue, que pour les producteursl'art ne soit pas la préoccupation essen-tielle : ils cherchent un mode d'expres-sion immédiat et clair, sans aucune com-plication, sans aucun raffinement techni-que ; ils veulent dire ce qu'ils ont à dire.

« ROME, ville ouverte », par exemple,episode de la vie dans la capi-tale italienne sous l'occupation

allemande, met en scène des personna-ges individualisés jusque dans leur lan-gage. malgré tout, ce film a pu être uni-versellement compris car, sous l'Italien,sous le Romain, chaque spectateur, quelleque soit sa nationalité, découvre l'hommeavec ses passions, ses sentiments, sessouffrances, l'homme victime de la bru-talité aveugle de la guerre, mais qui loinde s'avouer vaincu et de se résigner estprêt à lutter jusqu'au sacrifice pourl'avènement d'un monde meilleur où

l'homme ne sera pas un loup pourl'homme.

De même, <&lt; Païsa >&gt;, de Rossellini éga-lement, montre les Italiens dans touteleur diversité, de la Sicile aux marécagesde Comacchio, avec leurs faiblesses,leur misère, leur héroïsme, leur foi reli-gieuse, pendant les bouleversements quiont accompagné l'avance des troupesalliées du sud vers le nord. Ce film re-trace, certes, l'effort douloureux d'unpeuple mais, en même temps, celui detous les peuples qui ont connu et sup-porté la guerre.

D'autres films, notamment ceux deVisconti (<&lt; La terre tremble :)), de DeSantis (< Riz amen') et de Germi (< Lechemin de l'espérance :)), dépeignentdans toute leur réalité cruelle et émou-vante certains aspects de la vie italienne ;mais du spectacle qui se déroule surl'écran se dégage, spontanément et sansrhétorique, l'aspiration à plus de jus-tice sociale. Ce problème est évoqué dansle cadre concret de l'Italie actuelle, oùles inégalités économiques sont peut-être plus apparentes que partout ailleurs,mais il n'est en aucune façon un pro-blème exclusivement italien.

DANS les films de De Sica et Zavat-tini : <&lt; Sciuscia , <&lt; Le voleur debicyclette Þ, <&lt; Miracle à Milan Þ,la polémique sociale s'individua-

lise ; mais, à travers le héros et les per-sonnages de l'histoire, la revendicationdes droits de l'individu intéresse aussila masse. Le néo-réalisme de ces deuxauteurs est moins idéologique et em-preint d'une plus chaude compréhensionhumaine. Je dirai qu'il est plus con-cret car, derrière ces schémas que sontle peuple et les catégories sociales, ilretrouve le réel : l'homme dans son hu-manité intégrale, c'est-à-dire non seule-ment travailleur, mais aussi fils et père,époux et compagnon, citoyen d'un payset fidèle d'une religion ; l'homme quisent, qui croit, qui pense, qui agit, notresemblable en un mot, selon la parole del'Evangile.

Ces films, sans artifice, sans apprêts,sans recherche spectaculaire, réduitsparfois à une simplicité dépouillée, ontcontribué d'une part à mieux faire con-naître notre peuple tel qu'il est aujour-d'hui, et d'autre part à exprimer humai-nement, en la situant sur le plan artis-tique, c'est-à-dire en dehors de toutepropagande politique, l'aspiration uni-verselle à une justice sociale qui tiennecompte des droits de la personne hu-maine. Ces films sont l'expression d'unnouvel humanisme : ils demandent etproposent aux hommes une véritablecompréhension.

TEL est, à mon avis, le grand serviceque le cinéma italien a rendu denos jours à la cause de la compré-hension internationale. Avec lui,

l'écran est devenu un miroir où les hom-mes voient se refléter immédiatementtous leurs actes, se rendant compte dumême coup de leurs responsabilités dansla vie. On le voit, c'est un genre qui sesitue exactement à l'opposé du spectacleconsidéré comme une évasion.

Si le cinéma italien peut persévérerdans cette voie, il contribuera pour beau-coup à cette connaissance mutuelle dontdoit naître la conscience commune quiest indispensable aux peuples pour secomprendre par delà les différences na-tionales et les idéologies politiques oureligieuses. La leçon de l'art est toujoursune leçon d'humanité.

Après la vogue des grands films, ilfaut s'attendre à l'avenir à un essor desfilms documentaires de caractère artis-tique, scientifique et culturel. Ces filmspeuvent fournir un excellent moyen defaire connaître à l'étranger nos tradi-tions, notre génie, nos caractéristiquesnationales, notre âme en un mot.

ROME, VILLE OUVERTE (producteur : RobertoRossellini).

SCIUSCIA (producteur : Vittorio de Sica).

PAISA (producteur : Roberto Rossellini).

LES ANNEES DIFFICILES (producteur : Luigi Zampa)

LE SOLEIL SE LEVE TOUJOURS (producteur :Aldo Vergano).

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LE COURRIER DE l'UNESCO-Page-4

LE CINÉMA

BR) TANN) QU E.

montre

l'sanglais

tel qu'il est

sans le

dénigrer,

sans le

flatter

par Dilys PO WELLCritique cinématographique

du « Sunday Times)) de Londres PASSEPORT POUR PIMLICO. Un étrange problème de « relations internationales. »

PARADOXE : c'est entre 1940 et1945 que les films anglais com-mencèrent vraiment à apporterà la cause de la compréhension

internationale une contribution effi-cace. Et quelles que soient les criti-ques s'appliquant au cinéma britan-nique du temps de guerre, on ne peutcertainement pas le traiter de bel-liqueux.

A première vue un observateurpourrait affirmer qu'il n'y a rien departiculièrement international dansle cinéma anglais. Nous avons rare-ment traité des sujets internationauxcomme l'ont fait les Suisses, parexemple, dans <&lt; La dernière chance : Þet « Quatre dans une jeep ». Noussommes passés à côté de problèmesraciaux courants tels que l'antisémi-tisme et la question de la <&lt; cou-leur » (quoiqu'une version de <&lt; Cry,the beloved country » - « Pleure,pays bien aimé : Þ-soit attendue),Quand nous avons choisi un thème àtendances raciales ou traitant desrelations entre nations, nous n'avonspas réussi à exciter l'intérêt du pu-blic. Tout de suite après la guerre,nous avons créé un film ambitieuxsur un sujet important : <&lt; Men ofTwo Worlds » (« Hommes de deuxmondes »), histoire de la lutte contrela mouche tsé-tsé et de la situationde l'Africain, tiraillé d'un côté parson éducation européenne et de l'au-tre par les superstitions tradition-nelles. Malheureusement ce film n'apas eu beaucoup de succès et bienque son sujet valût la peine d'êtretraité, je doute fort qu'il ait faitgrosse impression sur le public.

Malgré tout, je crois que le ciné-ma britannique a joué un rôle impor-tant dans la création d'une bonne

volonté internationale. Il serait évi-demment facile de citer en exemplela longue liste de nos documentairesà thèmes hautement démocratiques.Et en fait, il est exact que, dans unelarge mesure, les documentaires sontcapables d'expliquer et de faireaccepter des opinions et des pointsde vue et, ce qui est presque aussiimportant, de prouver à un grouped'individus que ses idées sont accep-tées par d'autres groupes. En tour-nant c The World is Rich :. {<&lt; LeMonde est riche ;)), Paul Rothadémontrait que le peuple britanniquen'ignorait rien de la famine quisévissait en Inde, ni de la misèred'une Asie déchirée par la guerre.Mais les documentaires n'atteignentgénéralement qu'un public assez res-treint. Il y eut évidemment desexceptions, comme le charmantc Daybreak in Udi : Þ (c Le jour selève à Udi t) qui relate la recons-truction d'une maternité dans leNigéria malgré l'opposition des sor-ciers locaux. Cette production, dontla diffusion fut relativement impor-tante, remporta la partie non pas enparlant de progrès et d'hygiène, maisen montrant comment vivent réelle-ment les sympathiques et charmantshabitants d'Udi.

La vraie force du cinéma est deconvaincre le spectateur sans quecelui-ci s'en rende compte. C'est làque réside le principal atout du ciné-ma américain : tout en distrayant lepublic, il suscite sa sympathie pourles Etats-Unis. Et je crois que c'estdans ce sens que doit agir le cinémabritannique. En d'autres termes, c'esten réalisant des films sur l'Angle-terre et les Anglais que nous contri-buerons le mieux à la compréhension

internationale. Ces films, nous nepouvons évidemment pas les pro-duire à la manière de Hollywood :l'Amérique est une nation jeune eten pleine ébulition où le panachevient tout naturellement. Nous som-mes au contraire un vieux peuplediscipliné qui, sous une apparenceréservée, cache une profonde senti-mentalité. Le cinéma britannique doitfaire vibrer cette corde sensible etnationale. Le bien-fondé de cettethèse a d'ailleurs été prouvé par lesuccès que les films anglais ont rem-porté depuis la guerre auprès desspectateurs du continent et, dans unemoindre mesure, auprès du publicaméricain. Car c'est un tout autreproblème que de retenir l'intérêt desmasses américaines et, il faut bienl'avouer, nous n'avons pas encoreréussi à le faire. Notons simplementque parmi les films anglais qui onteu le plus de succès aux Etats-Unisfigurent quelques-unes des produc-tions les plus typiquement britanni-ques : « Henry V », « Hamlet » et« Quartet » qui ne font aucuneconcession au goût américain.

La théorie selon laquelle le film àcaractère national aigu attire unpublic international a été pleinementconfirmée par les réactions des spec-tateurs français aux films britanni-ques. Je ne suis pas, je l'avoue, unegrande admiratrice de « Brève ren-contre * et l'enthousiasme que cefilm a provoqué chez mes amis fran-çais m'a intriguée. Or, chaque foisque je leur demande de m'expliquerle succès de ce film en France, ilsrépondent invariablement : c Mais,c'est tellement anglais !.. Nous pour-rions déduire de cette réponse quele public français manifestait moins

son admiration pour « Brève ren-contre a en tant que film, que pour« Brève rencontre » en tant que pein-ture des chastes moeurs anglaises, sinous ne connaissions le succès dedeux autres films britanniques d'untype très différent : « Passeport pourPimlico : Þ, blague typiquement an-glaise dans un cadre typiquementanglais, et « Whisky à gogo », bla-gue écossaise dans un cadre écossais.

Les films qui plaisent le plus àl'étranger sont souvent les plus inat-tendus. Qui aurait pensé, en effet,que c Chaussons rouges Þ serait pri-mé au Japon ? Mais que leur succèssoit prévu ou non, nos films jouentaujourd'hui dans le monde le rôled'interprêtes. Ce mouvement, je l'aidit, a débuté pendant la guerre lors-que nous avons commencé à dépein-dre objectivement notre pays et seshabitants sans nous flatter, sans nousdénigrer. Il se poursuit aujourd'huidans des études de caractère tellesque « Morning Departure (« Départà l'aube »), « The Browning ver-sion » (« La version Browning ») ouc White Corridor Þ, (Le Corridorblanc »), films qui s'efforcent dedépeindre avec compréhension etsympathie le comportement des per-sonnages.

Il me semble qu'en dernière ana-lyse tous les peuples ont des goûtsanalogues et qu'il importe avant toutd'offrir une interprétation authenti-que de la nature humaine tellequ'elle se présente dans les diverspays. L'époque est depuis longtempsrévolue où nous pouvions nouscontenter d'être présentés à l'étran-ger comme une nation de soubrettescomiques et de ducs à monocle.

DE LA COUPE AUX LÈVRES. Une comédie londonienne groupant deux mineurs du pays de Galles et quelques Anglais moyens.

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Page 5-LE COURRIER DE L'UNESCO

LE DOCUMENTAIRE ET LE

FILM DE FICTION ONT

CONCLU UN FÉCOND

/1 GENTLEMEN'S AGREEMENT/1

par Sir Michael Balcon

Considéré comme l'un des plus grands producteurs de Grande-Bretagne,Sir Michael Balcon a remporté un succès considérable avec des films tels que« Passeport pour Pimlico » « Whisky à gogo », « Noblesse oblige », « Aucoeur de la nuit », « la route est ouverte », « Nicholas Nickleby », « CoeursCaptifs», « Il pleut toujours le dimanche » et «Johnny Frenchman ».

SI l'on peut parler de la réussite ducinéma britannique, il ne s'agit pasde celle d'un individu mais d'une con-ception, d'un point de vue. Avec les

réserves qu'exige toute généralisation, onpeut dire que cette réussite a commencévers l'année 1930, avec la tendance docu-mentaire.

documentaire »est un terme notoire-ment difficile à définiret quoique nous sa-chions tous ce que si-gnifie ce mot, une défi-nition satisfaisantereste encore à trouver.Pour ma part, je nem'y aventurerai pas,me bornant à indiquerici les buts que s'estfixés ce mouvement. Etpuisque les c documen-taristes)), si l'on peutdire, sont aussi desthéoriciens, rien nes'oppose à ce qu'on lescite. c Le rôle du docu-mentaire, a dit PaulRotha, est particuliè-rement important : ilconsiste à faire vivresur la pellicule desobjets et des person-nages qui nous sontfamiliers afin que nouspuissions juger honnê-tement de la place quileur revient dans cetordre de choses quenous appelons la so-ciété. : 0 Et John Grier-son précise que ledocumentaire c nousoffre la possibilitéd'écrire un drame avecnos petits événementsquotidiens et de tra-duire poétiquementnos soucis".

TI est à peine besoinde rappeler que lesproducteurs britanni-ques de documentairesont magnifiquementréalisé ces buts. Nonseulement ils ont suexprimer des chosesqu'il était urgent dedire-comme le sa-vent tous ceux qui pos-sèdent la moindre par-celle de consciencesociale-mais, aumilieu de difficultés detous ordres et souventsans appuis, ils ontréussi à développer destechniques nouvelles età former un personnelqualifié. Entre les deuxguerres, tandis que lesproducteurs de longsmétrages devaient sur-tout lutter pour leurexistence meme, c'estla qualité de nos docu-mentaires qui a main-tenu, à l'étranger, laréputation de l'indus-trie cinématographi-que britannique. Entant que producteurde films de fiction,c'est là, je crois, le plusgrand compliment queje puisse adresser auxréalisateurs de docu-mentaires. La valeurdu travail qu'ils ontaccompli est hors detoute proportion avec le métrage réduitde leurs films : ils ont fait de la propa-gande sans recourir à la politique et réa-lisé des oeuvres d'art sans perdre de vueleur obiectif social.

Vint la guerre. Les différentes branchesde l'industrie cinématographique-fic-tion et documentaires-mirent leurs res-sources en commun pour forger ce quiallait devenir pour la Grande-Bretagneune importante arme de guerre. De cettecollaboration devait naitre ce qu'on aappelé le « (documentaire de long mé-trage >&gt; et la qualité technique a bénéficiéde cette alliance, la production britan-nique du temps de guerre se révélant infi-niment supérieure à tout ce qui avait étéfait auparavant. Il n'y a pas lieu de s'enétonner, car les dangers que coursent unenation ont toujours pour effet de stimulerles activités de ses citoyens, et le cinémane fait pas exception à cette règle. Parcontre, il est plus étonnant que, la guerreterminée, l'industrie cinématographiqueanglaise ne soit pas retournée au statuquo ante beUum, comme c'est générale-ment le cas en pareille circonstance. Maisle cinéma de fiction avait pris consciencede ses responsabilités : il avait compris àla fois l'étendue de l'influence qu'il exerce

sur le public et ses possibilités en tantqu'informateur et éducateur. Ses objec-tifs étaient maintenant les mêmes queceux du cinéma documentaire d'avant-guerre.

Si je dis que le film de long métrage a,dans une large mesure, pris la successiondu cinéma documentaire, il n'est nulle-

ment dans mes inten-tions de déprécier lavaleur de ce dernier.Je pense au contraireque les producteurs dedocumentaires ont at-teint les objectifs qu'ilss'étaient fixés, c'est-à-dire que les idées d'unpetit groupe de pion-niers du cinémad'avant guerre ont étéadoptées par l'ensem-ble des cinéastes an-glais, que leurs butssont aujourd'hui gé-néralement acceptéscomme valables, leurstechniques et leursconceptions cinémato-graphiques commepleinement justifiées.Déjà un certain nom-bre de producteurs dedocumentaires bienconnus se consacrent àla réalisation de filmsde fiction et de longmétrage : Jolm Eld-rige et Terry Bishop(détachés par les stu-dios d'Ealing) travail-lent sous les ordres deJohn Grierson, actuel-lement chargé de laproduction de l'un desnouveaux groupes or-ganisés par la Natio-nal Film Finance Cor-poration ; Pat Jacksonet Paul Rotha vien-nent tous deux de réa-liser leur premier filmde fiction et il estsignificatif que desextraits de c Sevendays to Noon : 0 aientfiguré au programmedes projections orga-nisées par l'Institutbritannique du Filmpour illustrer les ten-dances nouvelles dudocumentaire anglais.

Examinons d'un peuplus près comment lecinéma de fiction per-pétue aujourd'hui latradition des docu-mentaires Il a deplus en plus tendanceà placer l'action desfilms de long métragedans des cadres qui,jadis, ont été pris poursujet par les documen-taires : ferme, usine,taudis. Il est de plusen plus porté à choisirses thèmes et ses per-sonnages dans les pro-b'èmes contemporainsqui ont inspiré les pro-ducteurs de documen-taires : problèmes dutravail, de lutte desclasses, de psycholo-gie, etc. Il tend deplus en plus à se libé-rer du studio avec toutce que celui-ci com-porte d'artificiel pourutiliser des sites et des

personnages authentiques. Ces techniqueset tendances nouvelles ont évidemmentleurs désavantages : ainsi, le problèmeservant de toile de fond à un film defiction ne peut faire l'objet d'une étudeaussi approfondie que dans le documen-taire qui, lui, ne traite que cet uniquesujet. Par contre, l'influente intrinsèquedu long métrage est infiniment supérieurenotamment parce que ce genre de filmatteint un public beaucoup plus vaste.

C'est là. je crois, la politique qu'il con-vient de poursuivre, mais elle exige de lapart de nombreux réalisateurs et produc-teurs un changement radical d'attitude.Scénaristes et metteurs en scène doiventavant tout apprendre à étudier de plusprès le monde contemporain : ils doiventconnaître à fond leur pays et ses habi-tants, les joies et les peines qui consti-tuent la trame de la vie quotidienne, afind'être à même de les recréer à l'écran. Siles industries cinématographiques desdivers pays, dans un souci commun delogique et de probité, s'efforçaient de por-ter à l'écran l'image fidèle de leurs pro-pres peuples, nous yourrions véritable-ment dire que le documentaire n'a plusde raison d'être.

« I KNOW WHERE I'M GOING. »

NOBLESSE OBLIGE,

« THE CHtLTERN HUNDREDS. M

WHISKY A GOGO.

L'OMBRE D'UN HOMME

Le Directeur du Lycée anglais

Le Professeur de classiques

Le Potaçhe

Le Professeur de sciences

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LE COURRIER DE L'UNESCO-Pa : e 6

LE CINÉMA AMÉRICAIN

Contre l'intolérance et

l'injustice, malgré Cen-

drillon et les gangsters

LES FOUS DU ROI. La carrière néfaste d'un dictateur américain en herbe.

par Bos/ey CrowtherCritique cinématographique du"New-York Times"

IL était de règle, à une certaineépoque, tout au moins chez lesobservateurs les plus pointil-leux, de tenir en piètre estime

l'apport social et intellectuel ducinéma américain et notammentl'image qu'il donnait de la vie enAmérique. Les critiques impartiauxet conscients de leurs responsabili-tés, tant dans ce pays qu'à l'étran-ger, ne voyaient guère dans lesfilms de Hollywood que la glorifi-cation de l'instinct sexuel et de l'or,de Cendrillon et des gangsters, duluxe et du romanesque, comme sitoutes les préoccupations cultu-relles de notre pays se résumaientà cela.

Ces objections n'étaient pas tou-tes sans fondement ; il fut un tempsoù les films américains donnaienteffectivement de <&lt; l'american wayof life » (manière de vivre améri-caine) une image douteuse, et de lanature profonde de l'homme unreflet peu flatteur. L'abus du sen-sationnel et notamment du gangs-térisme était flagrant. Le compor-tement humain apparaissait aussipeu naturel qu'illogique. L'étrangeimpression ainsi créée dans lemonde et en Amérique même, chezdes gens qui évoluent dans un cer-cle restreint, a donné naissance àune conception outrageusementfausse de la civilisation américaine,conception qui persiste encore danscertains milieux et qu'il s'agit defaire disparaître.

Non certes, que les films améri-cains soient aujourd'hui exemptsde tout défaut et constituent uninstrument idéal pour répandre leslumières et inspirer les consciencesdans le monde entier. Hollywoodproduit encore quantité de filmssans valeur, fabriqués selon desformules usées, ainsi que de coû-teuses « épopées » où la naturehumaine s'auréole d'un clinquantromanesque. Il est regrettable pourle commerce du cinéma que prati-quement tous les films américains,les mauvais comme les bons, soientexpédiés dans le monde entier :inévitablement les films les moinsbons sont les plus nombreux.

Pourtant, une étude approfondiede la production américaine dessix dernières années (c'est-à-diredes films de long métrage mis enexploitation depuis la fin de ladeuxième guerre mondiale) permetune constatation encourageante :les producteurs américains sem-blent avoir plus nettement cons-cience de la fonction du cinéma entant que force culturelle au servicede la société. cette constatationest confirmée par les paroles et lesactes de personnalités aussi émi-nentes que Darryl F. Zanuck etDore Schary, directeurs de la pro-duction chez Twentieth CenturyFox et chez Metro-Goldwyn Meyer,Samuel Goldwyn et Stanley Kra-mer, producteurs indépendants, etde pratiquement tous les auteurs etdirecteurs.

LES PLUS BELLES ANNÉES DE NOTRE VIE. Après la guerre trois soldatsretournent chez eux.

UN rapide examen des meilleurs!) films de cette période mon-tre que le cinéma américain

est porté de plus en plus vers leréalisme et la sincérité. La produc-tion postérieure à la guerre estcaractérisée par la franchise aveclaquelle elle met à nu l'intoléranceet l'injustice qui corrompt la sociétémoderne.

Dans le drame pénétrant intitulé« Crossfire » l'existence de l'anti-sémitisme américain était pour lapremière fois ouvertement admise,Ce sujet déplaisant était considéréjusque là comme tabou, un autrefilm « Gentlemen's Agreement ndévoilait plus nettement encore lefuneste préjugé antisémite.

La question particulièrementcomplexe du préjugé de couleur enAmérique a également fourni après

la guerre le sujet d'une remarqua-ble série de films. Le premier« Home of the Brave » montrait,dans un drame saisissant, les dis-criminations raciales en usagedans les forces armées du Pacifiquependant la guerre, le sujet fut re-pris, avec un ardent sentimentdémocratique, dans des films telsque c Pinky.., c Lost boundaries...<&lt; No way out et c Intrudei"in thedust». Ce dernier marque l'un dessommets de l'art cinématographi-que.

CET idéal de justice sociale ett de compréhension humaine aété présenté avec le réalisme

particulier qui caractérise les filmsde guerre réalisés à Hollywooddans <&lt; Go for brote : Þ, qui retrace laconduite héroïque au feu du régi-ment Niseï, formé d'Américains nésau Japon. Des films d'extérieur, parailleurs conventionnels, tels que« Fort Apache » et « BrokenArrow z vont même jusqu'à recon-naître avec franchise l'injustice dusort fait aux Indiens d'Amériquependant la période d'expansion versl'Ouest, violant ainsi toutes les tra-ditions du « Western ».

« Les meilleures années de notrevie z est peut-être le film améri-cain, postérieur à la guerre, qui aproduit l'impression la plus pro-fonde tant dans notre pays qu'àl'étranger. Non seulement, il tra-duisait dans un langage universelles émotions du soldat rentrantdans ses foyers, la guerre terminée,mais encore il exprimait sans dé-tour le désir des combattants devoir les principes de la démocratieet de l'égalité des chances triom-pher dans le monde après la guerre.On considère généralement que cefilm donne une excellente idée dela vie en Amérique et de l'idéal dece pays.

D'AUTRES films excellents etpleins de saveur donnent uneimage fidèle de l'Amérique avec

ses bons et ses mauvais côtés. Citonsparmi ce nombre « Sitting Pretty »« Father of the Bride », « Father's »Little Dividend », « The Jackpot »,« Miracle on Thirty-Fourth Street »,« Born Yesterday » et « All AboutEve Þ, qui ne sont que quelques-unes des innombrables comédiesaméricaines postérieures à la guerreet aussi de sombres drames, telsque « The Asphalt Jungle », « TheSnake Pit », « The quiet One »,« Sunset Boulevard », « Ace in theHole * etc Treasure of Sierra Ma-dre Þ. Nous ferons une place à partà « All the King's men » car iln'hésitait pas à mettre en lumièrel'attrait qu'exerce sur la fouie ladémagogie d'un aspirant dictateursi haïssable soit-il. Ce film retra-cait la vie et la mort violente del'Américain Huey Long.

Le cinéma américain a, bien en-tendu, produit bon nombre de filmsfaciles et légers, tels que « TheJolson Story Þ et les comédies deDanny Kaye qui n'ont aucune por-tée sociale particulière, si ce n'estqu'ils débordent de gentillesse et debonne humeur. Il n'est pas impos-sible que des films de ce genreaident aussi les hommes à se mieuxcomprendre.

Certes, il ne faut pas prêter àl'industrie américaine du film unsouci excessif de se faire la mes-sagère de la culture et des lumièresdans le monde. Son but est de pro-duire des films qui attirent et satis-fassent pleinement le spectateur.Mais en accommodant au goût dupublic des drames véritablementactuels, les producteurs américainsservent la cause de l'humanité defaçon plus constructive que jamais.

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Page 7-LE COURRIER DE L'UNESCO

MIEUX QUE LES OSCARS, COUPES, MÉDAILLES, DIPLOMES ET STATUETTES DIVERSES

LE PRIX DU LAURIER D'OR

récompense vraiment la valeur humaine du cinéma

par Stephen WATTS

C'EST un fait reconnu depuislongtemps : le cinéma possède lepouvoir-du moins latent-de transmettre des concepts, des

impressions, des faits. Et s'il faut unexemple, probant entre tous, songezque la quasi-totalité des idées (exac-tes ou erronées) que l'on se faitaujourd'hui dans la plupart des payscivilisés, sur le mode de vie américain,sont basées dans une large mesure surles films produits par Hollywood.

Et pourtant il est exact qu'endehors des documentaires, films édu-catifs et, en temps de guerre, desbandes d'actualités, le cinéma n'a faitjusqu'à présent qu'un usage restreintde cet atout très efficace de com-préhension internationale. Peut-êtreparce qu'en Occident, un film sus-pecté de mêler la propagande à l'agré-ment est, en général, voué à l'échec.Il n'en est pas forcément de mêmedans l'autre moitié du monde. Ainsi,le « Times » de Londres publiaitrécemment une dépêche de Singapourtraitant de la campagne menée dansle sud-est asiatique en vue de la diffu-sion massive de bandes russes et chi-noises où l'inspiration idéologiqupprime tout autre souci.

Lorsque l'occasion nous en estexceptionnellement offerte, nous pou-vons cependant apprécier la valeurconstructive de films de fiction soli-dement documentés, surtout après lesavoir comparés aux bandes à thèmesentimental, dont le but, en dernièreanalyse, est de faire croire qu'unbonheur parfait, constant, est à laportée de tous. De ces films, relative-ment rares, on peut dire que leurvaleur humaine tient essentiellementdans un phénomène inconscient, ou dumoins dans le désir de leurs réalisa-

Auteur d'une chronique cinématographique publiée simultanément auCanada, en Amérique latine, en Italie, au Portugal et au Japon. Corres-

pondant à Londres du New York Times pour les questions de cinéma.

teurs de dépeindre la vie telle qu'ilsla voient. Si des bandes telles que« Païsa » ou « Rome, ville ouverte »dépeignent de manière saisissantel'Italie en guerre, c'est que leurs pro-ducteurs, pauvres en équipement, nedisposant ni de studios ni de capitauxmais riches en idées, ont traité leursujet avec réalisme et simplicité.

Parmi les films réalisés récemmentet qui possèdent une valeur humaine,il faut citer la nouvelle productionmultilingue austro-suisse"Quatredans une jeep », qui traite de l'admi-nistration quadripartite de Vienne. LesRusses, il est vrai, ont protesté contrela projection de ce film au Festival deCannes, trouvant sans doute insuffi-samment héroïque le principal person-nage soviétique, mais la critique enfut élogieuse, tant à Cannes qu'àLondres et à Berlin. « Quatre dansune jeep » sera présenté ce mois-ci. àVenise dans la catégorie des filmsmultilingues et compte parmi les can-didats au Prix du Laurier d'Or, quoi-que, au Festival de Berlin, le Laurierd'Argent (épreuve préparatoire en vuedu Laurier d'Or) ait été attribué,pour les films de langue allemande, àune production locale : « HerrlicheZeiten ».

« Quatre dans une jeep » représenteadmirablement le genre de productionauquel s'adresse le Prix du Laurierd'Or. Certains critiques ont vu dansce film c un plaidoyer pour une meil-leure compréhension entre les êtreshumains s, rappelant ainsi les termesmêmes des buts de ce prix tels queles avait définis son fondateur, M. Da-

vid O. Selznick : c Rendre hommageaux films de production européenneréalisés en Europe qui ont le mieuxcontribué à resserrer les liens d'en-tente et de compréhension entre lespeuples du monde démocratiquelibre. »

Créé en 1950, le Prix du Laurierd'Or a récompensé l'an dernier, àVenise, le film italien c Donne SenzaNome » (« Femmes sans nom »), imageémouvante et dramatique de la vie defemmes sans patrie et sans nom dansun camp de personnes déplacées.

Certes, les prix foisonnent dansl'industrie cinématographique : Oscars,coupes, médailles, diplômes, plaques etmême (en Grande-Bretagne) sta-tuettes du sculpteur Henry Moore,couronnent le meilleur de ceci, l'excel-lence de cela. Pour les lauréats-vedettes, réalisateurs, producteurs ouopérateurs-ces prix ont une valeurde prestige et de publicité, à moinsqu'ils ne flattent simplement la vanitédu fondateur.

Le Prix du Laurier d'Or, par contre,présente l'avantage de se préoccuperen premier lieu de ces valeurs humai-nes trop souvent laissées au secondplan, et d'être libre de toute contin-gence commerciale ou intéressée.

Magnat du cinéma américain,M. Selznick a établi les conditions duLaurier d'Or de telle sorte qu'aucunfilm de son pays ne puisse concourirpour le prix. En fait, il offre ainsi aulauréat une chance de concurrencerles productions de Hollywood y com-pris celles de M. Selznick. Le jury duPrix, qui siège à New-York, décerne

le Laurier d'Or à l'un des vainqueursdes six Lauriers d'Argent (un pourchacun des cinq groupes linguistiques :anglais, français, allemand, italien etscandinave et le sixième à un filmdont la langue ne figure pas parmi cescinq). Il est composé de personnalitéstelles que le Dr Ralph Bunche, prixNobel de la Paix, M. Herbert BayardSwope, M. Edward Murrow, M. JohnGunther, et le Dr d'Harnoncourt, duMusée d'Art Moderne de New-York.

Cette année, trente-deux films, pro-venant de sept pays, seront examinéspar ce jury. Outre t Quatre dans unejeep » et « Herrliche Zeiten », figurentles lauréats « locaux » du Royaume-Uni (« Trio »), de France (« Justiceest faite »), de l'Italie (« il Camminodella Speranza » : Le Chemin de l'es-poir) et de la Scandinavie z MedanStaden Sover »).

Tiré de trois nouvelles de SomersetMaugham, « Trio » est une étude pi-quante et pleine d'humour du carac-tère britannique ; ce film confirmeral'étranger dans l'opinion qu'une desplus sympathiques marnes de l'An-glais est d'aimer se moquer de lui-même. Les sujets des bandes fran-çaise et italienne sont plus profonds :l'une traite des perplexités d'un juryde braves gens aux prises avec un casd'euthanasie ; l'autre, du sort de pau-vres émigrants siciliens qui marchentvers la frontière française dans l'es-poir de trouver du travail, après lafermeture des mines de soufre de leurvillage natal.

Cette compétition ne manquera pasde stimuler la production cinématogra-phique en Europe et d'éveiller l'inté-rêt des cinéastes pour un aspect deleur tâche dont ils ont trop souventtendance à ignorer la portée.

FEMMES SANS NOM (Italie). Le sort tragique de femmes apatrides dans un camp de D.P.Prix du Laurier d'Or 1950.

L'académie du Film britannique (British Film Academy) décerne chaque année un prix récompensant) le merl-leur film de fiction Qui s'inspire d'un ou de plusieurs principes de base de la Charte des Nations Urnes. Ce« Prix des Nations Unies) » Il été créé en 1948 par la British Film Academy à la demande de la Division du Cinémade t'O-N. U. Le Conseil de la British Academy s'est réservé je droit de ne pas décerner le prix si, selon sonopinion, le mérite des films présentés n'est pas établi de manière indiscutabie. Ce fut le cas en 1948. Le premierfilm primé, (en 1949), « Les Anges marqués », fut une production suisso-américaine de la Metro GoldwynMayer, qui raeonte l'histoire émouvante d'un petit garçon réfugie, l'un des milliers d'enfants D. P. séparés deleurs parents pendant ou après la dernière guerre, L'an dernier le prix récompensa un film américain de laM. G. M. « L'Intrus », long métrage de fiction inspiré par un roman de William Faulkner faisant le procès duracisme anti-noir aux Etats-Unis. C'est l'éminent sculpteur britannique Henry Moore qui a réalisé la statuettesymbolisant le prix. Le metteur en scène du film lauréat reçoit une réplique en bronze de cette statuette etla garde jusqu'à ce que le prochain prix soit décerné par l'Académie, en principe pendant une année.

LE PRIX DE LA BRITISH FILM ACADEMY POUR 1950

EST DÉCERNÉ A UN FILM ANTIRACISTE

NACHTWACHE (Allemagne)

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F ! LMS POUR ENFANTS..

Lesété réalisées irouges par tMinistère brai,puis deux ansles enfants est.

NOMBREUX sont les adultes qui regret-tent la place que tient aujourd'huile cinéma dans la vie des enfants.c De mon temps... : Þ, disent-ils. Une

telle attitude est évidemment stérile. Bonou mauvais, dangereux ou bienfaisant, lecinéma existe. Il est, du moins pour lescitadins, un élément de la vie quotidienne.TI a pris dans nos moeurs une place quel'on ne peut nier.

De plus, et c'est là un autre fait contrelequel on ne peut rien, les enfants vontau cinéma. Ils constituent une partimportante du public des salles obscures.Une enquête effectuée en Grande-Breta-gne par Mme Henriette Bower (1) donneà cet égard des chiffres probants : surun total de 7 millions d'enfants de cinq àquinze ans, 1. 250. 000 vont au cinéma aumoins deux fois par semaine, 550. 000 aumoins trois fois, ce qui représente pources derniers un total de 1. 560 séancesabsorbées en dix ans. Et l'on ne compte

(i) Citée par M. Henri Storck dans un livreintitulé c Le Film récréatif pour IIpectateurs; uvértiles. publié par l'Unellco en t950.

pas les séances de cinéma-éducativescelles-là-organisées à l'école.

On peut déduire de ces constatationsque le cinéma joue désormais son rôledans la formation de l'enfant. S'il con-tribue à donner aux adultes certainesconceptions du monde, son influence estplus profonde encore lorsqu'elle s'exercesur des êtres malléables, particulièrementsensibles aux émotions, vulnérables auxchocs psychologiques et qui en conserventdes traces dont, bien souvent, nous som-mes incapables de mesurer l'importance.

Mais il serait excessif de dire que lesenfants ne trouvent qu'au cinéma l'occa-sion d'éprouver de tels chocs, des émo-tions de cette nature. Outre que la vieelle-même s'en charge souvent, l'enfantdispose d'autres moyens pour se formerune image du monde, quand ce ne seraitque le livre et le journal. Les choses seprésentent pourtant de façon dilférentepour le cinéma, et l'on arrive précisé-ment à mieux juger l'action de celui-cien la comparant par exemple à celle dela littérature.

Nous avons créé, depuis des siècles, une

littérature enfantine. Elle a ses défautset ses qualités, mais du moins est-elleécrite en vue de convenir à son public,pour l'instruire, l'édiRer ou simplement ledistraire. Elle a ses auteurs illustres :Fénelon, Andersen, Lewis Caroll, JulesVerne. D'une manière générale, il est cer-tain que les enfants lisent plus de livresécrits pour eux que de livres d'adultes.Il en est de même pour les journaux.

Or il se produit exactement le con-traire pour le cinéma. Ce sont des filmspour adultes que les enfants voient leplus souvent. Ils vont au cinéma le plusproche de chez eux, l'après-midi du jeudiou du dimanche. Ils y vont même avecleurs parents. Westerns, films de gang-sters, films d'aventures ou sentimentaux,actualités, documentaires et dessins ani-més défilent devant leurs yeux avec cetteforce hypnotique qui émane de l'écranlumineux posé au centre d'une obscuritéqui interdit à l'attention de se disperser.

Aussi bien la réalisation de films pourles enfants pose des problèmes de toutessortes. Des problèmes financiers d'abord'quel producteur acceptera de tourner des

... FAUT-tL

films dont il sait, par avance, qu'il nepourra les exploiter sur les circuits nor-maux ? C'est-à-dire que de tels films nepourront être amortis qu'au bout dequinze ou vingt ans. La solution proposéspar Mme Henriette Bower pour résoudrecette difficulté, est que de tels investisse-ments soient effectués par les gouverne-ments, qui créeraient à cet effet un<&lt; pool international de films d'enfants ».Si intéressante soit-elle, il ne s'agit làque d'une suggestion, et nous devonsenvisager la situation telle qu'elle se pré-sente aujourd'hui.

La rareté des films spécialisés fait queles clubs ou association qui se préoccu-pent d'organiser des séances de cinémapour enfants doie : net sélectionner, parmiles films pour adultes, ceux qui convien-nent le mieux à leur public. Tâche trèsdélicate..

LA mode est, dans certains milieux,d'accuse le cinéma de tous les mé-faits. On le charge des fautes et par-

fois même des crimes que commettent lesenfants. Il les conduirait toujours, sinonà la délinquance, du moins à l'immoralité,leur enseignerait à se conduire en gang-sters. Ses audaces érotiques-le plussouvent bien timides et se bornant aubaiser-troubleraient gravement lesjeunes spectateurs. De tout cela, quefaut-il garder ?

Peu de chose assurément. Nous avonstendance à juger de l'infiuence du cinémasur les enfants par celle qu'il exerce surnous. Elle est, pour eux, fort différente.Le Dr Le Moal, qui a fait en France uneimportante étude à ce sujet, signale quedepuis l'âge de cinq ans jusqu'à lapuberté, les problèmes sexuel et les com-plications sentimentales n'inspirent auxenfants qu'une profonde indifférence etun certain ennui. Si, au-dessus de quinzeans, les filles préfèrent les films senti-mentaux, les préférences des jeunes gar-çons du même âge vont aux bandesd'aventures et aux films historiques.

Le Dr Le Moal cite aussi l'histoire dece petit garçon, malheureux dans safamille auprès d'une mère qui ne l'aimepas, qui, après avoir assisté à la projec-tion de <&lt; Poil de Carotte », tenta, commele pauvre héros de Jules Renard, de sependre. Qu'est-ce au regard des innom-brables suicides qui-dit-on-suivirentla publication de <&lt; Werther ?

Accuser le cinéma de favoriser la délin-quance des mineurs, c'est ignorer lesconditions sociales et psychologiques qui

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LES INTERDIRE AUX MOINS DE 16 ANS ?

donnent naissance aux attitudes asocia-les : inadaptation psychologique, mau-vaises conditions de vie familiale, misère,promiscuité. On conçoit mal qu'un film degangsters conduise au crime le petit gar-çon qui, en sortant du cinéma, retrouveautour de la table une famille unie, heu-reuse et prospère. Quant à celui qui vitdans un taudis ou dans la rue et qui,chaque soir, assiste aux querelles de sesparents alcooliques, a-t-il vraiment be-soin du cinéma pour s'instruire dans lecrime ?

Il serait faux pourtant de dire que lecinéma ne pose pas, au regard de l'en-fance, de graves problèmes.

Bien souvent, les jeunes spectateurs luidoivent des chocs émotionnels dont ilspourront garder des traces. Il n'est quede voir ces photographies que Mme Bowera prises, sur des plaques sensibles auxrayons infra-rouges, dans l'obscurité dessalles de cinéma. De telles émotions peu-vent être dangereuses pour des etresencore très jeunes.

Les nombreuses études effectuées surce problème donnent des conclusionsquelquefois très différentes. Ainsi, Ri-chard Ford, dans son livre <&lt; Les enfantset le Cinéma", cite les résultats d'uneenquête effectuée auprès des directeursde clubs et qui lui a permis de dresserune liste des sujets ayant le plus effrayéles enfants ; scènes de mystere et d'in-connu, d'épouvante, scènes se déroulantdans l'obscurité ou qui montrent desfantômes, des squelettes, des sorcières,scènes de crimes de guerre, de bagarresmettant aux prises des personnages àfaces patibulaires.

Peut-on considérer comme définitive-ment acquis les résultats de cetteenquête ? Il semble bien que non. Répon-dant à des questions posées par Mme Bo-wer, un enfant écrit, et Mme Bower con-sidère sa réponse comme typique :<&lt; J'aime les films de fantômes, parce queje sais que cela ne peut arriver. >&gt; Notonsque l'enfant ne déclare pas que ces scènesne lui font pas peur, il aime avoir peur.

Prenons des exemples plus précis. Voicitrois films particulièrement destinés auxpuhlics enfantins : Pinocchio Blanche-Neige, Le voleur de Bagdad. M. ArmandLanoux a décelé dans ces trois bandesdes séquences susceptibles de provoquerdes chocs violents et a remarqué l'intenseémotion qu'elles provoquent : lorsquePinocchio est avalé par la baleine, lesenfants ont peur du monstre et éprou-

vent une violente terreur de la claustra-tion (il ne faut pas oublier que le jeunespectateur s'assimile au héros bien plusprofondément que l'adulte) ; dans Bilan-che-Neige, c'est la métamorphose de lafée en sorcière qui les impressionne leplus ; dans le Voleur de Bagdad, tous sonteffrayés du combat avec l'araignée, quiest, en effet, un combat de cauchemar.

De plus, on a remarqué que les couleursdes dessins animés contribuent à déter-miner chez l'enfant une violente excita-tion qui diffère profondément du plaisir.

Pourtant, de tels exemples sont prisdans des films qui ont été conçus pourdes publics enfantins. Que dire de ceuxqui montrent de perpétuelles scènes deviolence, qui font de celle-ci leur thème

par Jean BLOCH-MICHEL

principal ? En ce qui les concerne,M. P. Mayer note dans <&lt; Sociologie dufilm Þ que très souvent les enfants décla-rent avoir été impressionnés par un filmau point d'en garder un souvenir persis-tant, accompagné de cauchemars et d'in-somnies. Certains films laissent mêmedans leurs souvenirs une trace qui nes'efface pas pendant plusieurs mois.

Que les enfants subissent de violentschocs émotionnels au spectacle des filmspour adultes-et parfois même devantles films qui ont éte conçus pour eux-cela ne peut être nié. Mais on ne s'ac-corde pas non plus sur la gravité destraumatismes psychiques que de tellesémotions provoquent. Certains pensentqu'ils peuvent être la cause de troublesdurables. D'autres, comme le Dr ElliottJach, sont d'un avis opposé. Celui-cipense, en effet, que <&lt; les scènes horriblessont peut-être une bonne chose dans lesens où elles permettent aux enfants dese libérer de leurs angoisses ou des ins-tincts qu'ils refoulent en eux >&gt;.

SANS vouloir entreprendre ici une dis-cussion sur la nature et les qualitésesthétiques du cinéma, il est néan-

moins permis de dire qu'il s'agit d'un art- ou d'une distraction-qui ne requiertdu spectateur que le sentiment le plusspontané, le plus fugace, et dont l'émo-

tion n'est pas appelée à se renouveler.C'est donc un élément culturel de

valeur très nouvelle, on pourrait mêmedire insolite, qu'a introduit le cinémadans notre temps. Peut-être est-il troptôt pour en mesurer les effets. Mais, enparlant ainsi, nous ne considérons que lecinéma en soi, non pas même tel qu'il est.Or il est avant tout une entreprise quidemande d'énormes capitaux. Pour êtrerentable-il ne s'agit ici que des filmspour adultes-il doit plaire au plusgrand nombre. C'est-à-dire qu'il suit, enmême temps qu'il crée, un certain con-formisme. Là peut-être réside le plusgrand danger qu'il fait peser sur la cul-ture.

Le cinéma est aujourd'hui à la sourcede nombreux préjugés, ou bien il ne faitrien pour combattre ceux qui, déjà, nousencombrent. TI présente, d'autre part, auxenfants, le plus souvent, une image dumonde et de la vie sans contacts véri-tables avec ce que seront pour etc lemonde et la vie.

Voici, par exemple, une liste de c cli-chues.. relevées dans le cinéma anglo-saxon par M. Roger Manivell dans Film(Pelican Books, Londres 1946) :

a) Le luxe, spéci4lelment par rapportaux femmes, est normal.

b) L'assiduité, sans répit, d'hommesd'affaire oisifs ou de princes charmantsauprès ders héroïnes est chose courante.

c) Les hommes sont une source d'ar-Sfent pour ! es femmes.

d) Le problème sexuel est à la base dusentiment le plus importants de la vie.

e) Les problèmes posés par l'esprit sontsoit (frôles, soit excentriques, charlata-nesques, ou bien extraordinairement mer-veilleux (d'habitude on déforme l'art enartifices mièvres, on présente la religioncomme une manie. la mystique commeune langueur doucereuse).

f) L'étranger est considéré comme unétre suspect, l'Oriental comme un cro-quemitaine.

TI est évident que ce n'est pas seule-ment dans le cinéma anglo-saxon quel'on peut relever de telles inepties. A cetégard, il semble bien que le mal est géné-ral.

Revenons sur le dernier point de cetteliste : l'image que le cinéma donne del'étranger. Pour beaucoup d'enfants, cetteimage est la seule qu'ils auront sous lesyeux durant de longues années. Cellequ'on leur oSre peut être à la source debien des incompréhensions, dont les con-séquences seront sérieuses pour l'avenirmême de leur pays. Bien entendu, ilexiste des exceptions. Tous ceux qui ont

vu, par exemple, La dernière chance,enfants ou adultes, en garderont un sou-venir qui leur permettra de mieux com-prendre des problèmes que les passionsavaient déformés. Dans ce film, quelle quesoit la langue qu'il parle, chaque person-nage n'est rien autre qu'un être humain.

. lé conformisme, que, par la force des

choses, le cinéma doit respecter,atteint jusqu'aux meilleurs esprits

C'est ainsi que les conclusions tirées desrapports des <&lt; Children's EntertainementFilms x indiquent que pour plaire auxenfants les personnages chargés dans unfilm de jouer les rôles antipathiques doi-vent être revêtus des signes convention-nels de leur méchanceté : c Vêtementssales et en gueniUes : Þ, visages antipathi-ques sans rien de repoussant ou d'horri-ble... x Et M. Henri Storck écrit à la suitede cette remarque : c Notons que c'est untrait propre à l'esprit occidental actueld'identifier le méchant et le pauvre. Al'époque du mélodrame, le personnageantipathique était figuré par un c noblecruel et puissant : Þ. La plus courteréfleXion montre quel danger fait subir àla société cette c identification du mé-chant et du pauvre : Þ. Après avoir pré-senté aux enfants des images du mondequ'ils ne rencontreront sans doute jamaisdans la réalité, le cinéma va-t-il inspireraux uns le sentiment dangereux de leursupériorité, aux autres celui, non moinsdangereux, de leur infériorité ? Tel qu'ilest bien souvent, le cinéma, par son con-formisme, risque de rendre plus rigidesencore, moins susceptibles d'évoluer faci-lement, les cadres d'une société qu'ilaffermit en la respectant.

Vouloir transformer le cinéma pour enfaire autre chose que ce qu'il est, seraitun projet insensé. Mais ses possibilitéssont immenses. Il n'est pas de progrèshumain qui ne puisse, selon l'usagequ'on en fait, améliorer la condition deshommes, les instruire et les rapprocher,ou bien au contraire aggraver leur sortet leur apprendre à se haïr. Aussi n'est-ilpas inutile d'appeler l'attention de ceuxqui dirigent l'évolution du cinéma sur lesplus subtiles, les plus lointaines et peut-être les plus graves de ses conséquences.

Que les auteurs de films le veuillent ounon, s'en préoccupent ou l'oublient, lecinéma apporte à la culture un élémentnouveau. Encore faut-il que, dans samarche, il n'oublie pas que la cultureexiste et qu'il en fait partie.

s illustrant cette page ontà un appareil à rayons infra-enriette Boxer, expert au

que de l'éducation qui, de-die les effets du cinéma sur

les rapports font autorité."

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LE COURRIER DE L'UNESCO-Page) 10

L'ENCYCLOPÉDIE FILMÉE

VA TRADUIRE LA PENSÉE

FRANCAISE EN IMAGES..

par Yves HECQUARD

m DEUX cents ans d'intervalle, l'EncyclopédieFilmée reprend la tradition de Diderot et dela Grande Encyclopédie.

c La vache est la femelle du taureau ; letaureau, le mâle de la vache... : >, vous précisera avecune aimable fantaisie le Petit Dictionnaire La-rousse. A moins de ressentir les effets torturantsd'un empoisonnement par les champignons, vousne songerez pas à lui demander la définition desAmanites, surtout si vous les tenez pour des ani-maux fossiles ou pour un peuple de l'Union Fran-çaise. Avez-vous rèvé du mot Artère qui s'appliqueaux voies urbaines aussi bien que circulatoires ; ouà ce Bureau qui désigne un grave Conseil d'Admi-nistration après avoir habillé un paysan médiéval ?Que savez-vous de l'Arithmétique depuis les tempsanciens où vous ânonniez la table de multiplica-tion ?

Le mois d'avril 1951 marquera une date dansl'histoire du Cinéma. Les représentants les plusqualifiés de la pensée française dans les Lettres, lesArts et les Sciences se sont associés aux cinéastesles plus notoires pour reprendre la tradition desEncyclopédistes du 18'siècle. Définis, commentéset exprimés en images, les mots se succéderont surl'écran en une série de films dont l'ensemble cons-tituera une Encyclopédie Filmée accessible augrand public.

Avec un enthousiasme de pionniers, les collabo-rateurs d,'uneaussi considérable entreprise ontchoisi d'aborder en face l'obstacle majeur qui pour-rait stopper leur effort au départ. Pour le grandpublic, en effet, malgré ses réalisations dans les do-maines les plus imprévus de la recherche et de l'ex-ploration, quoiqu'il ait atteint la maitrise d'unegrammaire et d'un style propres, le Septième Artest resté essentiellement un moyen de distraction.Le public scolaire rend en quelque sorte des pointsau réalisateur d'un film éducatif : il accepte àl'avance de payer, au prix de l'effort intellectuel et

d'une certaine sécheresse, les éléments de connais-sance présentés sous une forme plus ou moins di-dactique. Le spectateur des salles obscures y vientchercher l'évasion dans le temps, dans l'espace etdans toutes les dimensions du rêve. Il attend qu'onle place dans un état de détente et de réceptivité,peu propices à l'analyse rationnelle que suppose ladéfinition d'un mot.

Mais il y a deux siècles, le philosophe Diderotavait découvert le pouvoir éducatif de la reproduc-tion fidèle. L'oeuvre des Encyclopédistes dut sonsalut au fait que la favorite royale, Mme de Pom-padour, y put trouver la composition de son rougeet l'illustration exacte des techniques qu'on avaitemployées pour lui tisser ses bas. Et les admirablesplanches gravées consacrées aux différents métiersont déterminé la vocation de générations d'Euro-péens. Epargnant les commentaires oiseux, l'imagedevenait un lien organique de l'exposé et permet-tait une plus grande objectivité-ou une déforma-tion plus subtile du réel.

Au cours de son évolution fulgurante, il est signi-ficatif que le cinéma, l'image en mouvementrythmée de brèves légendes complémentaires autemps du muet, ait constamment tendu vers unesymbiose idéale du langage et de la sensation. Leparlant a engendré le documentaire scientifique ouartistique et les actualités sonores et parlantes :l'image exige et redoute à la fois le langage qui laconfirme ou la dissout, mais le mot trouve dansl'image cet espace vierge où se déploieront sesharmoniques, ce blanc, ce silence dont on a faitl'essence du poème.

Avant tout, les réalisateurs de l'EncyclopédieFilmée veulent éviter la vulgarité, le monnayage deconnaissances au rabais. Comme le bon La Fon-taine, ils veulent instruire et plaire, et ils se sontpréoccupés de réunir au départ tous les élémentsdu succès. La culture, la rigueur du jugement, l'es-

prit seront les premiers garants de la production.Dans le Comité de Rédaction qui s'est réuni pour lapremière fois le 27 avril dernier se retrouvent, pourne citer que quelques noms, des écrivains, roman-ciers, essayistes, philosophes ou dramaturges :Marcel Achard, Alexandre Arnoux, Jean Cocteau,Pierre Descaves, Roger Ferdinand, André Gillois,André Labarthe, le professeur Mondor, Léon Mous-sinac, Marcel Pagnol, Raymond Queneau ; des ju-ristes, de hauts fonctionnaires et des personnalitéspolitiques : Mme Georges Bidault, Julien Cain,M'Maurice Garçon, Jean Marin (secrétaire géné-ral du Comité) ; des humoristes : Jean Rigaux,Jean Effel, le directeur de la Radiodiffusion et dela Télévision françaises : Wladimir Porché, et touteune pléïade de cinéastes confirmés : Colette Audry,Jean Benoit-Lévy, Marcel Carné, André Cayatte,René Claim, Jean Grémillon.

Les réalisateurs auront la plus rentière libertépour traiter chaque mot sans parti pris, sans stylepréconçu, sous la forme du documentaire, du dessinanimé, avec ou sans affabulation. L'EncyclopédieFilmée s'en remet aux rencontres heureuses duhasard et de l'inspiration, aux résultats de l'intérêtpassionné que les milieux et les tempéraments lesplus divers ont déjà manifesté et manifesteront

pour le projet. Elle compte d'ailleurs donner leurschances aux jeunes et à toutes les idées fécondes.

Traitant des Amanites, Mme Georges Bidault,dont le mari, chercheur averti, consacre les raresloisirs que lui laisse la politique à enrichir une trèsbelle collection de champignons et l'une des biblio-thèques d'Europe les plus complètes sur la question,s'aidera du film en couleur pour évoquer les somp-tueux bulbes rouges piquetés de points blancs quiillustrent les gravures de notre enfance et s'atta-chera à démontrer aux gourmets leur incontestablesupériorité sur les champignons de couche.

Assis à sa table de travail, Raymond Queneauméditera devant nous, avec humour, sur les plusabstruses questions de l'Arithmétique, se deman-dera comment être certain qu'il a bien cinq doigtset rappellera que le coureur N-l et le coureur N-3ne font pas quatre coureurs, que zéro bobine de filégale zéro tire-bouchon et qu'il y a une chance enun hypergoogol d'années pour qu'une casserole misesur le feu se congèle. Pierre Kast, dans le style del'expressionnisme allemand, fera apparaître sur levisage du penseur l'effort progressif d'abstraction,nous aidant à entrer avec lui dans les mystères dunombre, clef de l'univers.

Il s'agit en effet de piquer l'attention pour ame-ner le spectateur par une pente insensible vers lesplus larges perspectives philosophiques ou morales.L'Azur, dira Jean Grémillon, c'est la couleur duciel, des culottes de gendarmes et du manteau dela Vierge. La Côte d'Azur cesse de l'être en Italie,où l'azur symbolise la force et l'adresse. Mais c'estau réalisateur Marcel Pagliero qu'il reviendra d'évo-quer la pureté et la grâce par un très beau décol-leté de femme souriante avec un collier de pierresd'azur.

Douze mots choisis dans la lettre A sont en chan-tier d'ici la fin de l'année. Pierre Laroche, à proposdu mot Age, enfilera comme des perles toutes les

expressions du langage courant. Mme Simonechantera l'acteur. Colette Audry s'attaquera à l'ab-sence. Alexandre Arnoux visitera l'Amazone et sesAmazones, aidé de Nicole Vedrès, tandis que JeanMarin remontera jusqu'à Atlas pour sillonnerl'Atlantique.

Si la société productrice envisage un financementnormal par les chaînes de distribution, elle espèrenouer d'étroits rapports avec les organismes d'en-seignement et s'oriente déjà vers l'exploitation télé-visée. Le commentaire enregistré en différentes lan-gues apportera au public étranger, en particulierdans le circuit c non théàtrical * américain et dansles ciné-clubs, un aperçu à la fois alerte et imagéde la langue française.

Ainsi une oeuvre cinématographique de qualité,riche de possibilités, ira porter aux quatre coins du.monde un message de culture, d'esprit et de liberté.-TI est vrai, en ce qui concerne cette dernière,comme le remarque André Gi1lois en conclusion deson commentaire sur le mot Automate, qu'il nousfaudra attendre la lettre L de l'Encyclopédie. c Maisvous attendez depuis si longtemps que vous n'êtespas à cela près. »

COMPLETANT LES <&lt; MIDIS DE LA MUSIQUE.ET LES * M) D) S DE LA POEStE., séancesartistiques auxquelles les tra,'ailleurs, à lasortie du bureau ou de l'usine, peuventassister tout en prenant leur repas, on orga-nise maintenant à Bruxelles les <&lt; Midis ducinéma * sous le nom de <&lt; Déjeuners devantl'écran. >&gt; Gràce à cette initiative, due à descritiques cinématographiques, les ouvriers etemployés peuvent assister, pendant leurdéjeuner, à la projection de films de Storck.Painlevé, McLaren, Humphrey, Jennings.Cousteau, et à des films de marionnettes deTchécoslovaquie.

GRACE AUX EFFORTS DE L'ASSOCIATION DUCINEMA POUR LA JEUNESSE, fondé à Casa-blanca en 1949, des films de plus en plusnombreux dont la qualité s'améliore sanscesse, sont mis à la disposition de la jeu-nesse marocaine. Ces films choisis en rai-son de leur valeur éducative et de leur qua-lité artistique, sont présentés aux jeunesgens de dix ans et au-dessus.

LES CAMIONS DE CINEMA ET DE RADIO POURL'EDUCATION DE BASE. Tel est le titred'une brochure de 192 pages que publiel'Unesco. Cette brochure montre que par-tout l'utilisation de ces camions a donné detrès bons résultats, spécialement parmi lespopulations privées de salles de projectionet de sources d'énergie électrique. Plusqu'une simple étude, cet ouvrage est unguide pour l'utilisation de ces camions. Ony trouve des explications détaillées, desplans et des informations sur l'équipementqui correspond le mieux aux besoins desdiverses contrées.

LE FILM <&lt; LA MONTAGNE EST VERTE. s estvu décerner, sur proposition de l'Unesco, lepatronage du Conseil du Cinéma des Nationst'ni'f sa haute élévation de pensée et, t',"'lUinentes qualités techniques. Documen-taisre français de moyen métrage produit parJ. K. Raymond Millet et réalisé par JeanLehérissey. cefitm présente sous l'aspectd'une évocation historique de l'émancipationdes noirs dans les colonies françaises au siè-cle dernier et constitue un vibrant hommageà la mémoire de Victor Schoelcher quiconsacra sa vie à la lutte pour l'abolition del'esclavage à la Martinique et la Guadeloupe.<&lt; La Montagne est Vertes retatetesdiversesphases d'un long combat qui aboutit audécret d'abolition de l'esclavage signé ent 848 par te gouvernement provisoire de lalIe République française. Il a été réalisé sansaucune aide financière des Nations Unies etconstitue un remarquable exemple de laconfribution que le cinéma peut apporter àla diffusion des principes de la Déclarationuniverselle des Droits de l'Homme.

LA REPUBLIQUE FEDERALE ALLEMANDE acréé un prix annuel, le < ; Théodore des-tiné à récompenser des producteurs, auteurset acteurs de cinéma débutants qui se serontdistingués au cours de l'année. Des prixrécompenseront également les meilleursfilms traitant un thème philosophique, socialou démocratique, tes meitteures productionscultuelles, de notion et celles qui dévelop-pent le mieux un concept européen.

LES EDUCATEURS DU CONGO BELGE démon-trent la valeur de l'instruction dans un filmdistrayant, <&lt; Savoir Lire >&gt;. C'est le récit desmésaventures d'un jeune paysan, Alphonse,qui se trouve en proie à mille difficultés etperd une chance d'obtenir un bon emploiparce qu'il ne sait pas lire. <&lt; Savoir Lire >&gt;est utilisé par les équipes mobiles qui mè-nent au Congo Belge la campagne contrel'analphabétisme.

ACCEPTONS CE DEVOIR est le titre d'un docu-mentaire de vingt minutes que vient d'ache-ter ta Division du Film de l'Unesco. C'estun compte rendu visuel de quelques-unesdes activités de l'Organisation dans diffé-rents pays et du travail du Secrétariat, àParis. Le film est distribué en i6 et 35 mil-limètres avec sonorisation en huit langues :anglais, français, espagnol, portugais, alle-mand, arabe, hindustani et italien à laMaison de l'Unesco, 19, avenue Kléber,Paris-16e.

A L'AIDE DE BONS DE FILMS Unesco acquisdans des pays à <&lt; devises fortes >&gt;, toutessortes de matériel cinématographique peu-vent être obtenus par des personnes habi-tant des pays à <&lt; devises faibtes. Jusqu'ici14 des Etats Membres de l'Unesco ont adhéréà ce système, notamment les principaux paysmondiaux producteurs de films. Sur un totalde près d'un million et demi de dollars deCoupons Unesco mis en circulation, 10 %environ ont été émis en vue de l'achat defilms éducatifs. Ainsi, le ministère égyptiende la Santé a récemment commandé auxEtats-Unis dix-neuf films documentairessonorisés en arabe et traitant de sujets têtsque les soins à donner aux enfants, tessecours d'urgence, les refroidissements etles soins dentaires. Un autre système deBons (voir Courrier de mars 1951) peutégalement être utilisé pour l'achat de filmséducatifs et d'appareils de projection.

NORMAN MC LAREN, le producteur canadien dedessins animés qui a acquis une notoriétémondiale par son extraordinaire technique depeinture directe sur les bobines sans l'aidede la camera, a produit pour le Festival deGrande-Bretagne un nlm révolutionnaire àtrois dimensions <&lt; Around is Around >&gt;. LecOté nouveau de ce film de dix minutes pro-'duit par le National Film Board du Canadaen collaboration avec l'Institut du Film Bri-tannique, consiste dans sa présentation entrois dimensions pour l'image comme le son.Les spectateurs sont munis de lunettesspéciales grâce auxquelles les images sem-bent sortir de l'écran, tandis que le sonc s'échappe de l'écran pour fuir danstoutes les directions. D'autres expériencesdans le domaine du son et de l'image Iltrois dimensions sont en cours dans nombrede pays.

ENCYCLOPAEDIA BRITANNICA FILMS. la plusgrande firme productrice de films éduca-tifs dans le monde, fournit 70 % de tousles films utilisés dans les classes améri-caines. Cette organisation américaine a déjàproduit 5'00 bandes sur des sujets aussidivers que c Les aventures de Bunny lelapin *ptn * < Eteotrodynamtque et c La théo-rIe de la matière *. Des versions en treizelangues étrangères ont été réalisées pourl'utilisation dans le monde entier. Encyclo-paedia Britannica Films a récemment placé'm certain nombre de ces ms scolaires àla disposition de l'Unesco pour l'tre utilisésdans la campagne d'éducation de base det'Ownisation.

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Page Il-lE COURRIER DE L'UNESCO

"JUSTICE EST FAITE"

POUR LA CENSURE CINÉMATOGRAPHIQUE

"TOUT VA TRÈS B) EN...

. par Charles SPAAKPrésident du Syndicat des Scénaristes Français 19 50-S 1

"RETOUR A LA VIE"

Lue Cinéma peut-il aider les peuplesà se découvrir, à se connaîtremieux, et de fil en aiguille, à s'ap-précier ? Voici un beau thème offeru

aux amateurs de dissertations, qui appelleirrésistiblement les lieux communs lesplus optimistes. Certes, il le pouvait...mais la production cinématographiqueest organisée et contrôlée de telle sortequ'il n'en est rien. C'est précisément par-Ce que l'écran pourrait nous livrer surl'existence de chaque nation des indica-tions qui auraient le prix de confidencesou d'aveux qu'avec vigilance et sévéritéchaque gouvernement tend à donner desrégions qu'il contrôle une image corrigée.

Qu'on ne l'oublie pas : le cinéma est lemode d'expression le moins libre qui soitau monde, pris entre deux censures éga-lement détestables ; l'une qui surveille laproduction des films, l'autre qui s'exercesur l'exploitation des films venus del'étranger. La première interdit qu'ontouche à tout ce qui prête à discussiO'n ;la seconde refuse à ses populations ledroit de s'informer de ce qu'on pense ail-leurs dès qu'il est fait allusion à un pro-blème qui l'effarouche. Ainsi, chaquenation répond aux autres : je suis trèsdésireuse d'apprendre ce que votre gou-vernement vous autorise à exprimer, maisà la condition que votre pensée soit con-forme en tous points à celle que mongouvernement m'autorise à formuler. Surles bases de cet accord, on ne demandepas mieux que de s'informer, de se décou-vrir, de s'apprécier... Et sans rire, desgens sérieux s'interrogent sur le rôle quirevient au cinéma dans la noble tâchede rapprocher les peuples par une meil-leure compréhension de leurs particula-rités sociales, intellectuelles ou reli-gieuses.

Les films de fiction et les documen-taires sont soumis au même régime. Cesderniers qui, par définition, ne devraientcontenir que des documents, sont encoreplus que les autres au service dirigé deceux qui les commanditent et l'on ne sau-rait, sans de grandes réserves, se fier àl'objectivité des témoignages qu'ils nousapportent.

Il en est de même partout. La censureétouffe les oeuvres dont l'intention n'estpas conventionnelle, la peur de la censureparalyse les cinéastes. Que peuvent avoirappris aux pays anglo-saxons, par exem-ple, les films tournés à Paris depuis dixans ? Que les grands cafés ont des ter-rasses qui envahissent la chaussée, qu'ondanse dans des caves des pas singuliers,que les époux s'obstinent à coucher dansle même lit et qu'il arrive à des individuspervers d'éprouver des sentiments amou-

reux pour des femmes qu'ils n'ont pasépousées. C'est peu. Mais qu'ont-ils révélédes inquiétudes, de l'angoisse française ?Et quel cinéaste français aurait la témé-rité d'en vouloir dire un mot ? QuandAutant-Lara, metteur en scène du <&lt; Dia-ble au Corps », veut raconter l'histoired'un objecteur de conscience, quand An-dré Cayatte, metteur en scène de <&lt; Jus-tice est faite : Þ- (c'est à dessein que jene cite que des auteurs de films célèbres)- a l'intention d'exposer l'affaire Seznec(cet infortuné Breton fit vingt ans debagne pour un assassinat dont il n'estplus personne pour croire qu'il en étaitcoupable), ils se heurtent tous deux à detels obstacles qu'ils doivent renoncer àleur projet : ne parlez pas de la guerre,ne parlez pas de la justice ! Mais qu'ilsaspirent à donner leur point de vue surla religion, s'ils ne sont pas satisfaits, surl'argent, sur la liberté, sur l'amour, sur lavie ou sur la mort, qu'ils prennent gardeà la censure qui les tient à l'oeil ! Dèslors, quelle valeur d'information peuventavoir à l'étranger des films qui n'expri-ment rien que d'officiel ou de banal ?<&lt; Ici, tout va très bien, Madame la Mar-quise..."Et chacun d'entonner la mêmechanson. A fréquenter les salles obscures,on acquiert l'impression que tout va pourle mieux dans le meilleur des mondes ;le documentaire et le grand film de fic-tion corrigeant l'inquiétude qu'avaientéveillée les actualités...

Révélant si peu de la vie profonde,secrète, de la nation, les cinéastes fran-çais ont-ils au moins servi le rapproche-ment des peuples par des oeuvres qu'ins-pirait une pensée généreuse de réconci-liation avec le vieil adversaire ? Quel au-tre film citer que « La Grande Illusion » ?Elle plaçait face à face, et sans haine, lesAllemands et des Français, dans un mo-ment que les événements historiques enauraient dû faire d'impeccables ennemis.Le film fut interdit en Allemagne etquand il fut projeté à Paris, tout de suiteaprès la dernière guerre, une violentecampagne de presse tenta d'en faire in-terdire les représentations... honnête-ment, il faut bien en convenir : lecinéma, d'inspiration nationaliste, sertmal la cause d'information universelleque par sa nature même il pouvait tantaider...

Notre regret en est d'autant plus vif.A quelles fins viriles, abominables pour-rait s'employer ce magnifique instrumentd'enquête internationale... Ce n'est pointma faute, si comme les animaux quiéprouvent un malaise en se découvrantdans une glace, les hommes d'aujourd'huicraignent le terrible miroir que l'écranleur propose.

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LE COURRIER DE L'UNESCO-Page 12

GRACE A LA CAMERA, LA SC ! ENCE

PÉNÈTRE DANS UN MONDE INCONNU

L'art nègre pourrait à juste titre revendiquer ce masque de guerrier, ces cornes monstrueuses, ces bras mena-çants. Simple apparence. En y regardant de près, on reconnaît un charmant et pacifique grillon du Cameroun.

par Maurice GOLDSMITH

LE film a été un instrument de recherchescientifique avant de devenir un moyen dedivertisement.

Avant les frères Lumière, avant Edison,avant l'invention du cinéma lui-même, dessavants avaient mis au point d'ingénieux ins-truments capables d'enregistrer et d'analyserdes mouvements qui échappent à la perceptionde l'oeil nu.

En 1874, l'astronome français Janssen photo-graphiait les phases successives de la trajectoirede la planète Vénus et, vers 1880, le savant Ma-rey se servait du <&lt; fusil à images : > pour étudierle vol libre des oiseaux. On connait aussi la célè-bre expérience faite par le photographe Muy-bridge à la suite d'un pari : il s'agissait desavoir si, à quelque moment, un cheval au trotperd tout contact avec le sol. Vingt-quatre ap-pareils photographiques installés en alignementet déclenchés au bon moment quand le chevalpassait devant eux, devaient enregistrer les atti-tudes de l'animal et servir à faire la synthèsedu mouvement par projection. Ainsi prenaitnaissance le cinéma scientifique.

La conférence que Muybridge fit en 1882 àLondres sur c la science de la locomotion ani-male dans ses rapports avec la compositionartistique : > devait confondre ceux qui considé-raient comme impossible la reproduction photo-graphique d'un objet se déplaçant à une vitesseaccélérée. Un rédacteur de l'Illustrated LondonNews de l'époque se faisait l'écho de la surprisegénérale en écrivant que : <&lt; à l'aide d'un appa-reil extraordinaire, le zoopraxinoscope, les ani-maux deviennent soudain mobiles et gracieux,marchant, galopant et franchissant des obsta-cles... d'une manière parfaitement naturelle etvivante... *

Depuis plus de cinquante ans, la photogra-phie et le cinéma scientifique ont fait des pro-grès considérables, révélant les beautés cachéesde la nature et contribuant ainsi au dévelop-pement de nos connaissances.

Considérée non seulement comme un instru-ment capital de recherches, mais aussi commeun important auxiliaire de la vulgarisationscientifique, la caméra joue aujourd'hui au labo-ratoire un rôle essentiel : témoin anonyme etinfatigable, elle peut fonctionner pendant desheures, voire des journées entières, constituantpour la postérité les archives de la recherchescientinque. Elle peut freiner la marche dutemps ou, au contraire, l'accélérer, enregistrerdes mouvements, des objets invisibles à l'oeil nu.

1. ! G N E 5LIGNES

ET' (CERCLES

Symphonie des yeux : l'oeil de crabe (1) fait perdre l'appétit aux plus grands amateurs de crustacés ; les yeux émergeant de cettegueule de poisson (2) de Madagascar ne sont guère plus rassurants ; quant à ceux de t'araignée (3), ils sont ignobles. L'anémonede mer (4), aux multiples tentacules, possède une arme secrète : des centaines de boutons qui contiennent un liquide foudroyanteEnfin la queue d'une crevette (5) présente au microscope cette apparence belliqueuse d'un hérisson aux défenses dressées.

Il 2 &commat;

4 0

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Page 13-lE COURJUER DE l'UNESCO

DANS le domaine de l'astronomie, lecinéma a apporté une contribu-tion importante à notre connais.-

sance du soleil et, notamment, des pro-tubérances solaires. Ainsi le film amé-ricain Explosions solaires permet depasser en revue, sur l'écran, en quel-ques minutes, des phénomènes detranfJormation qui ont mis des heuresà se produire, d'admirer un arc d'érup-tion se déployant à un rythme d'envi-ron 1. 600 km. par seconde. Le cinémaa enregistré également la naissance etl'éruption d'un volcan à Paracutin, auMexique, témoignage unique de la vieet du déclin de cette foudroyante forcede la nature.

Le premier film biologique, tourné ily a une quarantaine d'années, est dft àun Français : Jean Comandon. <&lt; Lecinéma, écrivait-il, est devenu, de nosjours, une nécessité pour le savant dé-sireux de démontrer à ses collègue1des phénomènes transitoires, de dé-crire des expériences ou l'observationd'objets, d'êtres et de faits. Þ Projetés àl'Institut Pasteur de Garches, certainsde fes films, tels que Les champignonsprédateurs-qui s'attaquent aux vers- et La substitution de noyaux d'ami-bes ont beaucoup contribué à la réus-site de certaines expériences. La notequi accompagne ce dernier film com-mence ainsi : <&lt; La pose et la ciné-micrographie ont été particulièrementutiles dans l'étude des mouvementslent.. des amibes et ont révélé des phé-nomènes invisibles en observation di-recte. Þ Montée sur des microscopes,des télescopes, des stéréoscopes ettoutes sortes d'instruments d'optique, lacaméra permet, en effet, d'enregistrer,de manière permanente, des documentsd'une exactitude extraordinaire.

Dans le domaine de la médecine, lecinéma permet de suivre de manièrecontinue le mouvement des poumons oudes membres sans faire courir au ma-lade le risque d'une trop longue expo-sition aux rayons X. On a pu dire, eneffet. que l'introduction du cinéma apermis de réaliser en médecine desprogrès considérables en ce sens qu'ilpermet <&lt; d'utiliser le même malade àjet continu Þ.

Au point de vue technique, l'éclai-rage infrarouge sert à prendre desphotographies dans l'obscurité appa-rente. Ce procédé a été utilisé pourtourner un film destiné aux savants dé-sireux d'étudier la contraction et ladilatation de la pupille soumise à unelumière brillante puis plongée dansl'obscurité. L'éclairage ultra-violet 11-servi notamment à l'examen de la sur-face de barres d'acier chauffées àblanc. Lorsque le métal est travaillé,des corps étrangers pénètrent dans lesbarres, mais il est difficile de suivrece processus en raison de la lumièreéolouis'-ante dégagée par le métal.L'utilisation d'un filtre devant la len-tille de la caméra et d'un éclairagebleu ou violet-outremer permet dephotographier la barre d'acier aussifacilement que si elle était froide.

LE cinéma offre à la science troisim : : >ortants auxiliaires de vulgari-sation : le documentaire, le film

d'enseignement et le long métrage.

L'école documentaire, fondée par JohnGrierson, s'est efforcée, dès le début,de maintenir des contacts entre spé-cialistes et techniciens d'une part, etle grand public de l'autre. Le docu-mentaire scientifique se différencie dufilm d'enseignement en ce sens qu'ilconstitue une <&lt; interprétation créa-trice de la réalité , traitant des rap-ports entre la science et la société.

Dans le livre Experiment in theFilm (1), John Maddison, président del'Association internationale du Filmscientifique décrit deux exemplesfrappants'<&lt; de ce pouvoir que pos-sède le documentaire d'interpréter lascience . Réalisé par Elton et Bell,Transfer of Power (Transfert de puis-sance) rend parfaitement clair, enl'espace d'une vingtaine de minutes, ledéveloppement d'un dispositif tech-nique ainsi que ses conséquences so-ciales. Dans Blood Transfusion(Transfusion de sang), Rotha et Neu-rath démontrent avec succès, en com-binant adroitement l'actualité, lesmodèles réduits et les dessins animés,que la science est une affaire de coo-pération internationale.

PARLANT du travail accompli parles techniciens du documentaireanglais ainsi que par leurs collè-

gues au Canada et ailleurs qui, sousles auspices de leurs gouvernementset d'organisations diverses, utilisent lefilm comme instrument d'éducation,M. Maddison écrit : <&lt; Le film met enrelief le rôle social que la science estappelée à jouer dans divers domaines.Dans Enough to eat (Manger à safaim), Housing probleJmS (Problèmesde l'habitat) et Smoke menace (Ledanger du feu), il sert de tribune àd'éminents interprètes de la sciencetels que Huxley, Haldane et Boyd Orr.Il a permis, au cours de la dernièreguerre, de faire connaître largementde nouvelles découvertes et techni-ques destinées à combattre des ma-ladies telles que la <&lt; brunissure.. despommes de terre et la gale. Tout der-nièrement, des productions commePersonnel Selection (Le choix du per-sonnel) et Children learning by expe-rience (Les enfants apprennent parexpérience) ont démontré que la ca-méra pouvait exposer avec succès lesnouvelles méthodes mises au pointpour régler de délicats problèmes decomportement humain.

ET John Maddison poursuit : <&lt; Trèsimportantes aussi sont les expé-riences entreprises dans le do-

maine de la distribution non commer-ciale, en dehors du circuit normal dessalles de cinéma. Des films portant surles dernières réalisations scientifiquesont ainsi pu être diffusés dans les sallesde classe, les fermes, les usines... >&gt; eten général dans tous les endroits oùles hommes se réunissent.

LE film d'enseignement sert de sti-mulant à l'étudiant comme auprofesseur. Une enquête effectuée

aux Etats-Unis a permis de conclureque <&lt; produit et utilisé de manièrerationnelle, le film possède, toutes pro-portions gardées, une valeur pédagogi-que qui dépasse nettement celle destraditionnelles méthodes d'enseigne-ment... >&gt;. On a pu constater que desenfants dont l'instruction se fait aumoyen de films apprennent plus queleurs camarades qui ne bénéficient pasde cet auxiliaire. Parmi les meilleursfilms britanniques d'enseignement, ci-tons les <&lt; Secrets de la Nature >&gt;, sériede vulgarisation scientifique, dontPercy Smith fut le fondateur et quifut réalisée en double version-l'unepour les écoles, l'autre, avec commen-taire explicatif, pour le grand public.

Le film de long métrage est essen-tiellement destiné à distraire le public.Dans ce domaine, peu d'efforts ont étédéployés pour présenter la sciencecomme un élément vital de la viequotidienne, et cependant l'influencede films tels que <&lt; L'<Euvre scientifi-que de Pasteur et <&lt; Madame Curie >&gt;a été considérable. Dans le même es-prit, le développement des films defiction scientifique constitue un fac-teur d'une grande importance. Cesfilms sont très populaires et certains,comme <&lt; Destination Lune >&gt;, ne sesont pas écartés outre mesure de laréalité. Ces dernières années, lesRusses ont fait du film de long mé-trage un instrument idéal pour racon-ter la vie dramatique de grands sa-vants tels que Zoukovsky, le pionnierde l'aviation russe, et Mitchourine, lebotaniste.

dont la réputation est mondiale. Dansl'ouvrage cité ci-dessus, M. Maddisonexplique comment Painlevé a tenté de<&lt; créer une nouvelle espèce de biogra-phie cinématographique à l'usage duspectateur profane. Avec Georges Rou-quier, il a réalisé une étude passion-nante sur les découvertes biologiquesde Louis Pasteur. Pour faire vivre surl'écran la lutte menée par Pasteurcontre les préjugés de ses contempo-rains, Rouquier engagea un ouvrier

parisien, dont la ressemblance avec legrand savant était frappante. Maisl'élément le plus passionnant du filmest dans la façon dont Painlevé <&lt; con-sacrant des journées entières à tra-vailler dans son laboratoire à l'aide dela caméra et du microscope s a décritla longue bataille et le triomphe dePasteur contre les microbes. n

Les Associations du Film scientifi-que, qui existent dans la plupart despays européens, réalisent aujourd'huiun travail important en diffusant cesfilms dans les écoles, universités, usi-nes, clubs, cinémas et ciné-clubs (2).L'objectif qu'elles se sont fixé estd'une importance vitale pour la so-ciété : forger, grâce au film, des liensétroits entre le savant, l'artiste et lespectateur.

(2) Il a été formé, en 1947, line Associa-tion internationale du Film scientifique.

IL convient de mentionner spéciale-ment les réalisations du cinémafrançais dans ce domaine et parti-

culièrement le travail de Jean Painlevé

Les photos illustrant ces deuxpages nous ont été aimable-ment prêtées par M. JeanPainlevé, directeur de l'Institutde Cinématographie scientifi-que de Paris. EUes sont toutes

tirées de ses films.

Duel à mort. Un dyptique achève sa victime. Le dyptique est un insecte aquatique dont la boucheest remplacée par deux crochets qui injectent le suc digestif dans la nourriture et aspirentensuite le tout directement dans l'estomac avec lequel ils communiquent directement.

(i) c Experiment in the Film a (Ed. Grey'VaUs Press, Londres, 1949).

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LE COURRIER DE L'UNESCO-Page) 4

LA presse filmée, dont on ne tirepas encore pleinement parti,est un moyen d'information

aussi puissant qu'universel. Les ci-néastes ont en effet compris quetout homme, qu'il sache bien lire ounon, est capable de comprendre lesimages et que celles-ci font de lui,en quelque. sorte, le témoin oculairedes événements. Dans la plupartdes pays, les < : actualités sontaujourd'hui passées dans les moeurs,tout comme la presse illustrée, aveclaquelle elles ont d'ailleurs bien despoints communs.

Un rapport récemment publié parl'Unesco (1) montre que chaquepersonne dans le monde va enmoyenne cinq fois par an au cinémaet que les programmes de la plu-part des 95, 000 salles du globe com-prennent des <&lt; actualités >&gt;,'c'est-à-dire des films prenant pourthème des événements actuels oudes bandes documentaires d'infor-mation générale ou de propagande.

L'HISTOffiE du développementdes actualités, telle que larelate le rapport, est passion-

nante, car c'est dans ce domainequ'est né le cinéma. En effet, la pré-occupation essentielle des premiersproducteurs comme Lumière, Pathé,Gaumont, était de donner aux spec-tateurs des films pris sur le vif, àmême la vie quotidienne, dans larue, dans les gares, partout où il sepassait quelque chose. Le tout pre-mier film du monde : <&lt; La sortiedes Usines Lumière, à Lyon-Mont-plaisir ;) était, en quelque sorte, unsujet d'actualité. TI fut suivi bientôtde l'<&lt; Arrivée du train en gare de

(1) La Presse filmée dans le monde, parPierre Baechlin, cinéaste suisse, et MauriceMuller-Strauss, spécialiste français de l'his-toire du cinéma. Publicatton de l'Unesco878 ; prix 500 fr. français, 2 dollars, ou10, 16. On peut obtenir l'édition française decet ouvrage chiez tous les dépositaires del'Unesco. L'édition anglaise est en prépa-ration.

la Ciotat », de la <&lt; Rue de la Répu-blique à Lyon », et de nombreusesbandes du même genre dont la lon-gueur ne dépassait jamais vingtmètres.

Cependant, la caméra n'étant pasencore admise partout, comme denos jours, les cinéastes étaient par-fois amenés à <&lt; reconstituer x l'ac-tualité. C'est le cas de l'AméricainAmet qui reconstitua-dans sabaignoire-la destruction de laflotte espagnole durant la guerrehispano-américaine (1898). Le filmeut un succès fou. Le même Ametdevait faire sensation en reconsti-tuant dans les terrains vagues deBrooklyn des scènes atroces de laguerre des Boers.

La naissance des premiers jour-naux filmés coïncida avec deuxrévolutions d'ordre industriel : leremplacement de l'exploitation am-bulante par l'exploitation fixe (quidut changer plus souvent de pro-gramme, le public ne se renouvelantpas) et celui de la vente ferme parla location des films. Cela se passavers 1905 aux Etats-Unis et 1907en France. C'est aussi en 1907 queCharles Pathé créa son journal ;il fut suivi en 1908 par Léon Gau-mont et la Société Eclair. Les ac-tualités modernes étaient nées etla guerre de 1914-1918 devait leurdonner l'occasion de s'affirmer etde gagner de haute lutte l'accès auxgrandes manifestations de la vie dumonde. Une nouvelle révolutiondevait s'accomplir avec l'introduc-tion des bandes sonores et les jour-naux filmés adoptèrent alors laforme et l'organisation qu'ils ont,à peu de chose près, gardées jus-qu'à nos jours.

Les organismes qui se spécialisentaujourd'hui dans la productiond'actualités se répartissent en troisgrandes catégories : les entreprisesprivées, les entreprises mixtes (oùle Gouvernement participe, ou quisont subventionnées) ; et les entre-prises ou services d'Etat. Sur les47 pays dont il est question dansle rapport, 40 totalisent 160 firmes

de production. La plupart d'entreelles, cependant, ne produisent quedes bandes d'actualités nationalesqui circulent principalement dansleur pays d'origine.

L'information filmée est presqueexclusivement assurée par un petitgroupe de compagnies américaines,britanniques, françaises ou soviéti-ques. Qu'elles soient privées ou con-trôlées par l'Etat, ces compagniesjouissent pratiquement d'un mono-pole de reportage d'actualités quileur procure une position compara-ble à celle des grandes agences depresse. Cette primauté se traduitpratiquement par l'échange de do-cuments et de services, par le con-trôle des circuits cinématographi-ques et la <&lt; location en bloc)) dersactualités et des films de long mé-trage. Un certain nombre de paysproduisent dans ce domaine desbandes nationales, cependant, étantdonné qu'un journal filmé ne de-vient financièrement viable et indé-pendant que s'il a une clientèlerégulière d'au moins 1. 000 salles, ilest difficile, pour les petits pays, demaintenir leurs propres firmesd'actualités.

En raison de ces facteurs écono-miques, l'information filmée tend àune formule de plus en plus uni-forme et standardisée, où l'élémentde <&lt; divertissement joue un rôleimportant. Les bandes d'actualitécomprennent le plus souvent desnouvelles sportives, des informa-tions d'ordre général, des séquencessur la mode, etc. Les accordsd'échange conclus entre les grandescompagnies et qui constituent desexpédients techniques utiles, ontégalement pour effet de standar-diser les programmes sur les écransdes divers pays.

POUR tirer pleinement parti decet important instrument d'in-

formation, il conviendrait doncd'instituer plus largement et si pos-

sible à l'échelle mondiale, des ser-vices d'échange d'informations fil-mées.

Tout cela sera d'ailleurs bientôtremis en question puisque noussommes à la veille d'une nouvellerévolution dans l'industrie des ac-tualités cinématographiques, elle apour origine une nouveauté tech-nique d'une portée beaucoup plusgrande encore que le cinéma par-lant : la télévision. Ses derniersdéveloppements, tant aux Etats-Unis qu'eu France et en Grande-Bretàgne, font prévoir que les filmsd'actualités projetés sur les écransde cinéma comme sur ceux de latélévision, évolueront vers le genredu magazine filmé.

ECA, des échanges d'actualitéstélévisées sont organisés entreles U. S. A., la Grande-Bretagne

et la France. Bien qu'aidant les peu-ples de différents pays à mieux seconnaître et se comprendre, de tels.échanges posent d'importants pro-blèmes. Les pays dans lesquels latélévision se développe le plus rapi-dement sont ceux dont les bandesd'actualité sont diffusées dans laplus grande partie du monde. Touterivalité pouvant survenir dans cesquelques pays entre la télévision etla presse filmée déterminera donc,dans une grande mesure, le carac-tère, la qualité et la présentationdes informations visuelles dans lesautres nations plus petites qui nepossèdent elles-mêmes aucun de cesdeux moyens de diffusion.

Telles qu'elles sont aujourd'hui,les actualités permettent de diffuseret de mettre en relief des événe-ments importants, de montrer àl'homme de la rue comment viventet se comportent les hommes d'au-tres pays. Avec la télévision, ellesconstituent un précieux auxiliaired'information des masses, dont ilconvient de faire usage avec objec-tivité et avec impartialité.

LES BAN'DES D'ACTUALITÉS :

. par Phili. p SOLJAK

LE TOUR DU MONDE

EN 15 MINUTES

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Page 15-lE COURRIER DE L'UNESCO

LA CAMERA ENREGISTRE LES CATASTROPHES

Un hélicoptère s'écrase sur une colline du Pays de Galles(Films Pathé).

Un navire torpillé en pleine mer pendant la dernière guerre(USIS).

LA CAMERA PRÉSENTE LES HOMMES DONT ON PARLE

Le Président Soekarno vient de proclamer l'indépendancede l'Indonésie (UN).

Le maltre Arturo Toscanini dirigeant un orchestre (LaMarche du Temps).

LA CAMERA SUIT LA RECONSTRUCTION

Construction d'une usine hydro-électrique près du MontBlanc (ECA).

Des réfrigérateurs géants purifieront la fumée avant qu'ellene pénètre dans les turbines (ECA).

LA CAMERA ASSISTE A L'OEUVRE DE L'O. N. U.

L'UNICEF procure du lait à un petit Européen. Echange standard : du neuf contre du vieux.

la caméra témoin de la vie sportive : instantané d'un accident angoissant pendant une course d'automobiles.

NAISSANCE DES ACTUALITÉS

! t"

: 1 1900 : Visite à l'Exposition de Paris.

1901 : Les obsèques de la Reine Victoria.2

1909 : la première traversée de la Manche en avionpar Louis Blériot.'3

1910 : Les inondations de la Seine à Paris. (Archives dela Cinémathèque française.)4

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L'oeil de Rubens, d'après son célèbre portrait. Gros plan du film belge, RUBENS, par Pau ! Haeserts et Henri Storck.

Où passent donc les films d'art ?

QUAND un cinéaste réalise un film de court métrageavec pour unique sujet une oeuvre d'art plastique, ouun ensemble d'oeuvres d'art plastique, il reçoit les

compliments, ou les reproches, de quelques critiques spécia-lisés qui sont généralement ses confrères ; il peut aussi re-cevoir un prix, et même certains encouragements officielsqui le pousseront à continuer son oeuvre. Mais que devientle film ? Cette collaboration créatrice du cinéma et des artsplastiques ne date pas d'hier : les premières réussites deHenri Storck sont de 1936, les « Thèmes d'inspiration » deDekeukeleire, le « Michel Ange » de Curt Oertel, 1'< AgneauMystique x d'André Cauvin, parurent avant la guerre.D'incontestables chefs-d'oeuvre ont été réalisés, et leursauteurs jugent leur métier déjà si ancien qu'ils redoutent àchaque pas de sombrer dans l'imitation et les poncifs. Ilstravaillent durement, avec une conscience professionnelle,une volonté de renouvellement et de découverte que le ci-néma « commercial » ne connaît plus depuis longtemps.Mais quelle victoire, finalement, ont-ils remportée ? Encoreune fois, que deviennent leurs films ? L'Unesco en dressele catalogue et en dénombre 476-de valeur d'ailleurs trèsinégale-produits dans vingt et un pays. Mais si l'on

interroge le public, celui qui va au cinéma avec cette im-pressionnante régularité que proclament les statistiques, etqui, en outre, y va pour voir n'importe quoi au hasard desprogrammes, combien de spectateurs ont vu ces films ?Combien en ont été informés et enrichis ? Dans les sallesd'exclusivité ou de quartiers, de capitales ou de provinces,le documentaire a sa chance, même le court métrage scien-tifique : le film sur l'art au contraire semble banni, par lesmêmes propriétaires sans doute qui ont décidé une foispour toutes que le public ne s'intéresse pas à l'art, et« exige & la bêtise et la vulgarité. Les rares expériences quiont été faites à cet égard ont prouvé radicalement lecontraire ; rien n'y fait : Storck, Emmer, Haesaerts, Resnaissont relégués dans les cinémathèques. Leurs films pour-raient révéler aux plus ignorants quelques aspects del'univers magique du peintre, de l'architecte et du sculpteur :ils pourraient faire comprendre aux plus obtus l'émouvantenoblesse de la vie d'un van Gogh, ou de la recherche d'unPicasso, les inviter pour un instant à la joie franciscained'un Giotto ou d'un Fra Angelico... Ce serait une révolution.Mais elle n'est sans doute pas pour demain...

Georges FRADIER.

Maillol au travail. Une scène du film français MA ! LLOL de Jean Lods.

La plupart de

ces films vous

sont inconnus

et pourtant...

ALBRECHT DURER. DI. Gro...Holzschnlttpaaslon (AUTRICHE) :ta Passion d'après les 12 gravuressur bois de Dürer, t 51 O'.

DIE GOTTE8MUTTER (ALLEMA-GNE) : la Vierge dans la sculpturedu moyen âge en Allemagne rhé-nane.

EIN MARIENLEBEN (ALLEMAGNE) :sculptures mariales des autelsd'églises du XVIe siècle.

LES FAUX VERMEER (BELGIQUE) :examen physique et micro-chimi-que des faux Vermeer.

TIRADENTE8 (BRESIL) : fresquesdu peintre Portinari glorl1'iant lehéros national Tiradentes.

LOOK'8 NECKLACE (CANADA) :évocation d'une légende indienne àl'aide de masques originaux.

FERNAND LEGER lN AMERICA-HisNew Rea) i*m (ETATS-UNIS) :narration en français par l'artistequi évoque sa vie et son oeuvre auxEtats-Unis.

LASCAUX, CRADLE OF MAN'S ART(ETATS-UNIS) : étude des pein-tures rupestres de la grotte deLascaux en Dordogne.

ART OF CHINA (CHINE) : l'archi-tecture ancienne, peintures, par-chemins, sculpture, jades, céra-miques, broderies sur soie.

CHRISTIAN IV.-SOM BYGMESTER(DANEMARK) : <&lt; Christian IV-lemaitre-constructeur l'intérêtporté par le roi à l'architectureet son influence sur le style renais-sance au Danemark vers l'an 1600.

WORKS OF CALDER (ETATS-UNIS) : incursions dans le mondeenchanté de Calder, créateur célè-bre d'objets < : mobiles .

L'AFFAIRE MANET (FRANCE) : desdaguerréotypes, des caricatures,des coupures de journaux mettenten lumière le scandale provoqué ent 865 par les tableaux du peintre.

IMAGES DE LA FOLIE (FRANCE) :peintures et dessins réunis à lapremière Exposition mondiale d'artpsychopathologique, Paris 1950.

LE8 CHARMEZ DE L'EXISTENCE(FRANCE) : chronique satiriquedes grands salons de la peinturedes années 1880 à 1910.

IMAGES MEDIEVALES (FRANCE) :évocation de la vie française dumoyen âge à l'aide de miniaturesdes XIVe et XVe siècles.

LOOKING AT 8CULPTURE (GRAN-DE-BRETAGNE) : Comment visiterun musée avec le plus de fruit.

LE MONT PATHOS (GRECE).IL DRAMMA DI CR) STO (ITALIE) :

les fresques de Giotto à Padoue.LEZIONE DI GEOMETRIA (ITALIE) :

Film sur l'art abstrait et ses rap-ports avec les mathématiques su-périeures.

MOSAICI DI RAVENNA (ITALIE) :Les chefs-d'oeuvre de la mosaïque

byzantine du moyen âge.MEXICO PRECORTES) ANO (MEXI

CO) : art mexicain précolombien.BISKOPINE (POLOGNE) : mise à

jour et étude de vestiges d'art pré-historique.

VAR GAMLA STAD (SUEDE) : Stock-holm au moyen âge. historique duPalais-Royal.

NEJSTARSI UMENI (TCHECOSLO-VAQUIE) : présentation des prin-cipaux vestiges connus de dessinset gravures préhistoriques.

A. S. POUCHKINE (U. R. S. S.) : inspi-rations et oeuvres du poète.