L'Avenir à hauteur d'homme: le monde de l'UNESCO;...

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del'unesco

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AUTEUR D'HOMME

Le temps des peuples

0 MEXIQUE Jeune fille seri

Le petit groupe des Indiens seri vit sur la côte nord-ouest du Mexique, dans l'Etat de Sonora, non loin de l'île de Tibu¬rón, leur patrie spirituelle. Leur principale activité réside dans la pêche du poisson, des tortues et des coquillages. LesSeri ont su conserver leurs coutumes et leurs croyances. Les femmes portent de longues robes en calicot de couleur vive.Certaines continuent à se peindre le visage, comme on le voit ici, coutume qui est le plus souvent liée aux rites de lapuberté. L'élément principal de cette décoration est un trait ferme de couleur claire qui traverse l'arête du nez et lespommettes. Au-dessous de cette ligne, de petits points colorés dessinent des motifs ovales ou triangulaires d'une grandecomplexité.

ieCourrieriUne fenêtre ouverte sur le monde

JANVIER 1983 36» ANNÉE

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Une édition trimestrielle en braille est publiéeen français, en anglais et en espagnol.

Mensuel publié par l'UNESCOOrganisation des Nations Uniespour l'Éducation,la Science et la Culture

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l'Unesco. Retourner à Unesco, PUB/C, 7, place deFontenoy - 75700 Paris.

Reliure pour une année : 46 francs.

Rédacteur en chef

Edouard Glissant

ISSN 0304-3118

N° 1 - 1983 - OPI - 82 3 - 394 F

pages

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AUX SOURCES DU FUTUR

par Amadou-Mahtar M'Bow

LES 14 GRANDS PROGRAMMES DE L'UNESCO

I LES PROBLEMES MONDIAUX, RÉFLEXION ET

PROSPECTIVE

II L'ÉDUCATION POUR TOUS

III LA COMMUNICATION AU SERVICE DES HOMMES

IV LES POLITIQUES DE L'ÉDUCATION

V ÉDUCATION, FORMATION ET SOCIÉTÉ

VI LES SCIENCES ET LEUR APPLICATION AU

DÉVELOPPEMENT

VII SYSTÈMES D'INFORMATION ET ACCÈS À LA

CONNAISSANCE

VIII PRINCIPES, MÉTHODES ET STRATÉGIES DE L'ACTION

POUR LE DÉVELOPPEMENT

21 IX SCIENCE, TECHNOLOGIE ET SOCIÉTÉ

23 X ENVIRONNEMENT HUMAIN ET RESSOURCES TERRESTRES

ET MARINES

25 XI LA CULTURE ET L'AVENIR

28 XII PRÉJUGÉS, INTOLÉRANCE, RACISME, APARTHEID

30 XIII PAIX, COMPRÉHENSION INTERNATIONALE, DROITS DEL'HOMME ET DROITS DES PEUPLES

32 XIV LA CONDITION DES FEMMES

l-IV L'ESSENTIEL DU PLAN À MOYEN TERME

2 LE TEMPS DES PEUPLES

MEXIQUE : Jeune fille seri

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CE numéro du Courrier de

l'Unesco expose, sous uneforme évidemment conden¬

sée, le Plan à moyen terme del'Unesco pour les années 1984-1989. Ce Plan présente la particu¬larité d'être un ensemble ordonné

d'orientations et non directement

un programme d'action détaillé.

Sa caractéristique principaletient à ce gu 'il a été conçu à partird'une analyse desproblèmes quiseposent à l'heure actuelle dans lemonde et qu'il s'articule, de ma¬nière intersectorielle et par consé¬quent interdisciplinaire, en cinqmissions que ¡'Unesco s'assigne,lesquelles se répartissent sur qua

torze grands programmes d'inter¬vention et de réalisation.

Ce deuxième Plan à moyenterme de l'Organisation a été éla¬borépar le Directeur général aprèsune enquête sansprécédent auprèsdes 158 Etats membres et aprèsconsultation de tous les membres

du Secrétariat qui désiraient fair^edes suggestions en la matière. Il aété discuté et ratifiépar le Conseilexécutif de l'Organisation, puisamendé et approuvé à l'unanimitépar la Conférence générale extra¬ordinaire convoquée à cet effet auSiège de l'Unesco, du 23 novem¬bre au 3 décembre 1982.

On trouvera donc plus loin lerésumé des quatorze grands pro

grammes qui correspondent à cesmissions que l'Unesco s'est assi¬gnées. Un texte d'introduction deM. Amadou-Mahtar M'Bow

éclaire divers aspects de ce vasteensemble de toute premièreimportance pour qui désire savoirce que veut et ce quefait l'Unesco.Et un tableau, placé en encart,donne la synthèse du Plan.

Enfin, pour illustrer ce numéroexceptionnel, qui ne laissera indif¬férent aucun de nos lecteurs con¬frontés avec les défis du présent etde l'avenir, nous avons choisi de

montrer, parmi d'autres docu¬ments, quelques-unes des réalisa¬tions de l'Unesco dans le monde.

AUX SOURCES

DU FUTURpar Amadou-Mahtar M'Bow

Directeur général de l'Unesco

DEPUIS que l'Unesco a été créée il y a trente-sept ans, parla volonté de ses fondateurs de donner à l'humanité dans

le domaine des activités de l'esprit les moyens d'influencerson devenir, le monde a beaucoup changé. La communauté interna¬tionale s'est considérablement élargie avec l'émergence de nouvellesnations. Et l'humanité n'a cessé d'accroître son emprise sur la pla¬

nète, d'augmenter ses pouvoirs intellectuels et matériels. Les pro¬grès scientifiques et techniques dont les étapes ont jalonné de façonspectaculaire l'évolution de ce dernier quart de siècle, et qui ont per¬mis notamment à l'homme d'explorer jusqu'à l'espace extraterres¬tre, ont amélioré considérablement la vie d'un certain nombre depeuples, et ils offrent désormais à l'espèce humaine, pour la pre¬mière fois dans son histoire, les moyens de s'affranchir dans sonensemble des principaux soucis qui l'obsédaient depuis l'aube destemps alimentation, santé, logement, protection contre lesfléaux naturels, sécurité. L'extension de l'éducation a ouvert à un

nombre toujours plus grand de personnes l'accès aux connaissancesles plus diverses et les plus élevées accroissant ainsi de façon consi¬dérable la capacité d'innovation, et donc de bien-être de nombreu¬ses sociétés. L'avènement de la quasi-totalité des nations à la souve¬raineté politique ouvre la possibilité d'un extraordinaire élargisse¬ment de la marge d'initiative et de liberté humaines et offre à cha¬que peuple la chance de devenir sujet d'une histoire qui s'élaboredésormais d'une manière collective. Les échanges de biens, de capi¬taux, dé savoirs et de savoir-faire se multiplient; les brassages intel¬lectuels et culturels s'intensifient; les soucis, les espoirs, les craintes

commencent à se rejoindre, au-delà des démarcations tracées parl'histoire ou créées par la géographie. Toutes les collectivités étantde plus en plus réunies dans un même réseau de rapports vitaux etmême de dépendances réciproques, la perspective s'ouvre enfind'une communauté mondiale solidaire et définitivement réconciliée

avec elle-même, où seraient assurés à tous des moyens de vivremieux, à l'abri de la peur, et qui connaîtrait un épanouissement tou¬jours plus grand des libertés et des facultés créatrices.

Mais, aujourd'hui encore, des populations entières vivent dansune pauvreté absolue. Des disparités profondes continuent de sépa¬rer les peuples et les individus; et la poursuite même du progrès sus¬cite parfois contradictions, incertitudes et interrogations. Le milieunaturel subit des atteintes inquiétantes. Les tensions tendent às'exacerber entre nations ou à l'intérieur de certaines d'entre elles;

la violence trouble la vie de nombreuses sociétés. Les moyens de

destruction se perfectionnent et s'accumulent. Les armes nucléai¬res, par leur quantité et leur capacité destructrice, sont déjà suscep¬tibles d'anéantir tout ce que l'humanité a construit grâce à desefforts millénaires, et jusqu'à son existence même. Le surarmementn'exprime pas seulement la méfiance réciproque qui veut le justi¬fier; il renforce la tendance au partage du monde en zones d'in¬fluence et conduit à l'ingérence militaire, économique et culturelledans la vie des autres; il détourne d'immenses ressources de la satis¬

faction des besoins urgents des sociétés.

Un espace planétairei Quel que soit l'angle sous lequel on aborde l'examen des grandesquestions auxquelles l'humanité est appelée à donner des réponses,on s'aperçoit que le devenir des sociétés contemporaines s'inscritdans un espace qui s'élargit désormais aux dimensions de la planète.

Des sociétés qui avaient pu vivre, jusqu'à ces dernières décennies,en s'ignorant presque totalement, se trouvent ainsi placées de plusen plus en contact suivi. Les influences réciproques se multiplient,l'interdépendance de fait devient multidimensionnelle. Elle est cer¬tes source d'enrichissement mutuel, d'ouverture, d'initiative et decréation, mais aussi source de frustration dans la mesure où elle

s'accompagne de l'aggravation de la condition de certains peuples,d'une restriction des marges de man d'un accroissement del'imprévisible, d'une vulnérabilité accrue.

Ainsi, l'image qui s'impose à toute analyse et à toute réflexion estcelle d'un monde de plus en plus complexe, où se multiplient lessources de friction en même temps que se renforcent les raisons decoopérer et les moyens de communiquer.

Asymétries et inégalités oLes données économiques témoignent avec une évidence brutale

de l'étendue des disparités entre nations et groupes de nations. Maisdes inégalités subsistent également et parfois s'accentuent même àl'intérieur de la plupart des sociétés. La prospérité de bien des paysindustrialisés n'exclut pas une distribution inégale des revenus et

certaines couches de population y mènent une existence difficile etparfois même précaire. Dans le tiers-monde, ce sont souvent de vas¬tes populations qui ne bénéficient d'aucun des avantages du progrèset les villes y apparaissent dans bien des cas, et du moins en ce quiconcerne certaines catégories sociales, comme des îlots d'unemodernité en rupture avec l'arrière-pays.

Le tableau de la misère humaine, qui se concentre surtout dansles pays du tiers-monde, est connu. Un mot venu du fond des âgesdésigne un concept central qu'emploient aujourd'hui les économis¬tes : c'est celui de pauvreté. Il correspond à des carences graves enmatière de nourriture, de logement, de santé et d'éducation et à unseuil extrêmement bas de revenus. Selon les critères adoptés, on

peut considérer qu'il y a, dans le monde, quelque 800 millions depersonnes dans un état de pauvreté absolue (Banque mondiale) ouenviron 1.100 millions de pauvres (Bureau international du travail).Si l'on tente de serrer de plus près certaines catégories de besoinsnon satisfaits, d'autres chiffres aussi impressionnants s'imposent :

plus de 430 millions de personnes gravement sous-alimentées,1 milliard de personnes mal logées, 1.300 millions de personnesn'ayant pas d'accès à l'eau potable, et selon les statistiques établiespar l'Unesco, 814 millions d'adultes analphabètes, 123 millionsd'enfants d'âge scolaire ne fréquentant pas l'école.

Le système économique internationalLa situation actuelle n'est, en fait, que le stade le plus récent

d'une évolution dont les origines remontent loin dans le passé. L'es¬sor de certains pays, la contribution à leur profit de vastes empirescoloniaux, l'éclosion et le développement, sur leur territoire, de larévolution industrielle ont eu pour effet de leur assurer une pri¬mauté économique qui a abouti à réduire de nombreuses autres par¬ties du monde à l'état que décrit la notion de « dépendance », tellequ'elle a été énoncée par certaines théories économiques.

Colonisés politiquement ou non, la plupart des pays « dépen¬dants » ont joué le rôle de réserves de matières premières ou dedébouchés privilégiés pour les produits manufacturés des paysdominants. Ainsi, les économies de ces pays ont évolué essentielle¬ment sous la pression d'impératifs suscités de l'extérieur, plutôtqu'en fonction des nécessités internes.

Aujourd'hui encore, si on excepte le pétrole, les pays du tiers-monde n'ont aucune maîtrise ni sur les prix des produits qui consti¬tuent la base de leurs exportations, ni sur ceux des produits qu'ilssont amenés à importer. La balance des paiements de beaucoupd'entre eux ne cesse de se détériorer alors que leur capacité d'endet¬tement s'amenuise.

En dépit des contraintes qu'ils subissent et des situations qui leursont propres, le développement des pays du tiers-monde a étéconçu, théorisé et orienté, dans la plupart des cas, par référence ausystème économique international qui s'est imposé à eux. Le sous-développement a été interprété essentiellement comme un retardpris dans les secteurs d'activité socio-économique par rapport à lasituation des pays dits développés. Et le développement a été consi¬déré comme un processus qui se déploie partout, en tout lieu et entout temps, selon une même séquence, par « phase ». Ainsi a étéconçu un cheminement qui mènerait nécessairement de la sociététraditionnelle à prédominance agricole vers la société « moderne »,caractérisée souvent comme « l'âge de la consommation », et pas¬sant forcément, tôt ou tard, par le « décollage économique ». C'estdans cette perspective que se sont situés, semble-t-il, de manièreplus ou moins explicite les efforts entrepris au cours des dernièresdécennies sans que soit toujours perçue l'importance décisive descontraintes que le système économique international fait peser surles pays en développement.

Il apparaît cependant qu'un véritable développement ne peut êtrequ'une entreprise suscitée du dedans, voulue et menée ensemble partoutes les forces vives d'une nation. Il devrait donc intégrer toutesles dimensions de la vie, et toutes les énergies d'une communautédans le cadre de laquelle chaque personne, chaque catégorie profes¬sionnelle, chaque groupe social sont appelés à participer à l'effortgénéral et à en partager les fruits.

Dès lors, le développement ne peut être considéré sous le seulangle des performances économiques et de la croissance des biensmatériels. Certes, croissance économique et production de biensmatériels restent primordiales car elles seules permettent d'assurerune part essentielle du bien-être de tous. Mais elles doivent servirdes fins assumées en commun, qui enrichissent la vie de chacun et

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^multiplient les potentialités créatrices de tous et qui trouvent leurfondement dans la culture, dans ce qu'elle comporte de fidélité à soiet d'ouverture au progrès.

La prise de conscience croissante de l'importance de la dimensionculturelle dans le développement apparaît ainsi comme un fait

majeur de notre époque.

La paix et la course aux armementsLa guerre a changé aujourd'hui de nature. L'importance et la

puissance destructrice des armes nucléaires modernes ainsi que desarmes chimiques et biologiques sont telles qu'un conflit entre lesgrandes puissances où ces armes seraient inévitablement employéesentraînerait la destruction de l'humanité. Ce qui distingue radicale¬ment l'époque actuelle de celles qui l'ont précédée, c'est cette capa¬cité qu'a l'humanité de se détruire. Ce fait est unique dans l'histoirehumaine et il est nécessaire de le rappeler sans cesse, à un momentoù, avec les armes nucléaires tactiques, l'opinion est parfois expri¬mée qu'un conflit nucléaire pourrait rester localisé et ses consé¬quences surmontées. En fait, nul ne peut assurer que, une foisdéclenché, le feu nucléaire pourrait rester limité. Les conséquencesdes explosions atomiques seraient d'une telle ampleur que le seuiloù les destructions seraient mortelles pour l'ensemble de l'humanitérisquerait d'être vite atteint.

C'est dans ce contexte qu'il faut évoquer les nombreux conflitslocalisés, dans lesquels sont impliqués principalement les pays endéveloppement, et qui ont entraîné la mort de millions d'êtreshumains, depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Plusieursde ces conflits résultent de la volonté des peuples colonisés ouanciennement colonisés de conquérir leur indépendance ou de résis¬ter à des pressions extérieures qui mettent en danger leur liberté.D'autres ont des origines certes plus complexes : il peut s'agir d'af¬frontements à l'intérieur des nations elles-mêmes, ou de différendsentre nations, mais les uns et les autres ne peuvent qu'être avivés parles antagonismes au sein de la communauté mondiale, quand ils nesont pas induits par eux.

La course aux armements, née souvent d'une volonté de prépon¬dérance ou d'un sentiment d'insécurité que, loin d'apaiser, elle ren¬force, porte en elle le principe de sa propre accélération. Elle estdevenue incontestablement un phénomène qui, par ses dimensions,par ses implications, domine la scène internationale. Le montant

des dépenses militaires peut être évalué, pour 1980, à plus de500 milliards de dollars. Il s'agit de ressources énormes dont onpeut dire qu'elles sont gaspillées en pure perte puisqu'elles n'amé¬liorent pas la sécurité de ceux qui les consentent, l'équilibre tendantsimplement à s'établir à un niveau de plus en plus élevé.

Il convient aussi de rappeler que la course aux armements mobi¬lise actuellement de précieuses ressources humaines et en particulierun très grand nombre de scientifiques' de haut niveau. Si cetimmense potentiel de recherche-développement était mis au serviced'objectifs de bien-être de l'homme, des progrès considérablespourraient être réalisés pour résoudre certains grands problèmesauxquels l'humanité est confrontée, en particulier en matière de

santé, d'éducation ou de production agricole. Une telle reconver¬sion comporte, de toute évidence, une dimension éthique, et est undes éléments essentiels du débat contemporain sur les finalités de lascience et de la technologie.

D'une manière plus générale, les préoccupations éthiques ne peu¬vent être séparées des efforts pour construire la paix, qui est bienplus que l'absence de guerre. La paix a un contenu positif, qui estl'exigence de justice dans les rapports entre les sociétés et de recon¬naissance de l'égalité en dignité de tous les peuples et de toutes lescultures. Elle est donc synonyme en particulier du respect des droitsfondamentaux de l'homme et de la libre détermination des peuples.

Les droits de l'homme

Des violations massives des droits de l'homme se poursuivent; aupremier rang de celles-ci, il convient de citer le régime d'apartheidqui se maintient en Afrique du Sud, en dépit des condamnationsrépétées de la communauté internationale. Ce régime continued'institutionnaliser le racisme et de nier, par son existence même,le principe le plus fondamental sur lequel reposent les droits del'homme celui de l'unité de l'espèce humaine et de l'égale dignité detous les êtres humains.

Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes souffre également degraves atteintes. Des peuples sont encore asservis politiquement, àla suite de circonstances historiques anciennes ou parfois récentes.Le droit à l'identité continue d'être refusé à de nombreuses

communautés.

Le monde compte à l'heure actuelle quelque dix millions de réfu¬giés, dont la situation est particulièrement dramatique, en raison dela précarité de leurs conditions de vie, de leur déracinement et de ladifficulté de trouver des solutions viables dans la conjoncture politi¬que et économique actuelle.

L'évolution n'est pas moins inquiétante en ce qui concerne les liber¬tés individuelles. Celles-ci sont mises en cause de diverses manières,soit par un terrorisme aveugle, s'attaquant jusqu'aux plus inno¬cents au nom d'aspirations ou de principes particuliers, soit par desautorités établies. Beaucoup de pouvoirs ont imposé le recul deslibertés politiques et des libertés d'association et répriment les mou¬vements d'opposition. Dans certains cas, c'est par la loi elle-mêmeque se multiplient les atteintes aux droits de l'homme : lois rétroacti¬

ves, répressives; élargissement de la notion de sécurité nationale;institutionnalisation des mesures d'exception. Il y a une tendanceinquiétante à «criminaliser» l'opposition en soumettant à la loipénale de simples désaccords politiques. De même, il est fréquentque les garanties judiciaires normales ne soient plus assurées, ce quientraîne le développement de diverses formes de détention sansjugement.

Tout aussi grave, sinon davantage, est la tendance à doubler larépression officielle et légale par des procédés en marge de la légalitéet de l'Etat, par la pratique occulte d'enlèvements ou d'assassinatsdont les auteurs bénéficient d'une sorte d'impunité.

Par ailleurs, même si la législation de la plupart des Etats les inter¬dit, la torture et plus généralement les traitements humiliants etdégradants sont encore pratiqués. Dans certains territoires ils sontinfligés, d'une manière qui semble systématique, lors de l'arresta¬tion de suspects, pendant les interrogatoires et en cours dedétention.

Mais la dénonciation même des violations des droits de l'homme

n'échappe pas aux clivages politiques du monde. Ainsi, ceux-là quihabituellement s'indignent de certains faits ont une tendance à enminimiser d'autres, pourtant aussi graves, parce que les régimes quien sont responsables partagent leur vision du monde ou serventleurs intérêts. Ces attitudes à l'égard des violations des droits del'homme risquent de laisser s'instaurer une sorte de complaisancedes consciences; il est nécessaire de leur opposer une exigence incon¬ditionnelle du respect des droits de l'homme, quelle que soit lanature du jugement politique que l'on peut porter sur telle ou tellesituation particulière. Les libertés des personnes et les libertés des

peuples sont les deux faces d'une même réalité. Ces problèmescomme ceux du développement et de la paix, concernent chaqueêtre humain en même temps que l'espèce tout entière.

L'environnement et les ressources naturelles

Il est un autre plan sur lequel destinées individuelles et destinéescollectives des hommes apparaissent désormais intimement liées.

L'attention se porte désormais, à la suite d'une prise de conscience

AUX SOURCES DU FUTUR

qui s'est manifestée fortement au cours des dernières décennies, surla pression que les activités humaines, s'appuyant sur les progrès dela technologie, exercent sur l'environnement, soit par une consom¬mation effrénée de ressources et d'espaces, soit par la productionde déchets que le milieu naturel n'a plus la capacité d'absorber sansen être lui-même profondément affecté. Epuisement ou pénurie decertaines ressources non renouvelables, essentielles à l'activité

humaine, dommages irréversibles pouvant menacer les équilibres dela biosphère, tels sont les risques majeurs qui se manifestent dansle domaine des relations entre l'homme et la nature.

Il convient de situer ces préoccupations dans le contexte de pro¬blèmes de société et de développement qui sont déterminants enmatière d'environnement. En fait, à l'origine de l'ensemble de cesproblèmes se trouvent les modes de production et de consommation

des sociétés industrielles. Dans la logique purement technique etéconomique de l'industrialisation telle qu'elle a été généralementconçue, l'environnement et les ressources naturelles sont traitéscomme de purs instruments au service de la croissance économi¬que ; la recherche d'une rentabilité élevée et rapide conduit à négli¬ger le coût des dommages infligés à l'environnement ; c'est alors lasociété tout entière qui supporte, à l'échelle nationale ou internatio¬nale, les coûts qui ne sont pas pris en compte par le calcul économi¬que. Ce type de comportement, qui conduit à une exploitation sansréserve et, pourrait-on dire, sans scrupule des ressources naturelles,

provoque des dommages graves. Il impose, dans nombre de pays dutiers-monde, une surexploitation des ressources naturelles, préjudi¬ciable à long terme, qu'il s'agisse des ressources vivantes, commeles forêts et les richesses halieutiques, ou des ressources minéralesexistant en quantités finies.

Mais les situations de sous-développement comportent aussi enelles-mêmes des conséquences néfastes pour l'environnement. Lapauvreté entraîne une surutilisation ou une utilisation irrationnelledes capacités productives des écosystèmes, des sols, des eaux, dubois. Elle conduit aussi à un développement non maîtrisé de l'urba¬nisation qui est devenue aujourd'hui un problème majeur dansbeaucoup de pays.

Les problèmes d'environnement ne sauraient être considérésindépendamment des formes actuelles de la division internationaledu travail et des contraintes imposées par le système économiqueinternational. La maîtrise par les pays en développement de leurspropres ressources naturelles est d'ailleurs l'un des axes principauxde la recherche d'un nouvel ordre économique international.

Mais cet objectif ne peut être séparé de l'idée d'une éthique glo¬bale de l'environnement fondée sur une utilisation judicieuse desressources que la planète offre aux hommes et que l'ingéniositéhumaine parvient à découvrir et à utiliser.

Un tel but peut supposer, à long terme, des changements dans lemode d'utilisation des ressources dans la plupart des pays dumonde, c'est-à-dire, en définitive, des changements profonds descomportements, et la reconnaissance du primat de valeurs telles quela solidarité et l'équité, s'appliquant d'ailleurs non seulement auxhommes actuellement vivants mais aussi à ceux qui viendrontensuite, par opposition à des comportements fondés sur le seul inté¬rêt immédiat.

La communication entre les hommes et

entre les cultures

L'évolution récente a entraîné une unification croissante du

monde en tant que lieu de communication et d'échanges entre leshommes et entre les cultures.

D'innombrables réseaux de communication se sont établis avec

l'universalisation des technologies de production, de gestion etd'organisation, la circulation intense des produits et des hommes,

l'essor des télécommunications et de l'informatique, et la proliféra¬tion des messages que diffusent sur l'ensemble de la planète lesmoyens de communication de masse.

Ces technologies contribuent à transformer les sociétés et à orien¬ter leur évolution dans le sens d'une complexité toujours plusgrande. La communication et l'information peuvent en effet êtreconsidérées comme le système nerveux des sociétés contemporai¬nes : elles sont indispensables à leurs activités, notamment écono¬miques ; elles jouent un rôle essentiel dans les transactions financiè¬res et les activités bancaires, dans le développement des échangescommerciaux, des transports terrestres, de la navigation maritimeet aérienne, des systèmes de santé ou d'administration publique etaussi des systèmes militaires. Tout pouvoir politique se situe néces¬sairement au centre d'un système complexe de communication etd'information : les décisions exigent de plus en plus que soient pri¬ses en considération des informations toujours plus nombreuses etconstamment renouvelées ; toute politique, par ailleurs, doit êtreexpliquée et commentée pour pouvoir recueillir l'adhésion. Cer¬tains considèrent ainsi que l'économie de demain sera une économieprincipalement fondée sur l'information, et que l'information esten voie d'être la ressource clé appelée à jouer un rôle majeur, plusdécisif encore que celui des matières premières et de l'énergie.

Les disparités très importantes qui caractérisent la situation desdifférents pays, quant à leur capacité de communication et d'infor¬mation, n'en sont que plus sérieuses. Les pays les moins bien pour¬vus, et en particulier les pays en développement, se trouvent privésde moyens parmi les plus efficaces pour maîtriser les différentsaspects du processus de développement. Ainsi le développement dela communication et de l'information dans les pays en développe¬ment, dont la nécessité fait actuellement l'objet d'un consensus dela communauté internationale, est-il un enjeu central pour l'avène¬ment d'un monde plus équitable et plus solidaire et pour l'épanouis¬sement de la démocratie au sein des diverses sociétés. Dotés de meil¬

leures capacités de communiquer, de s'informer et d'informer, lespays en développement non seulement pourraient mieux faireentendre leur voix dans le concert des nations, mais pourraientmieux progresser en matière d'éducation notamment en ce quiconcerne la lutte contre l'analphabétisme , développer leurscapacités scientifiques et techniques, améliorer leurs systèmes desanté, promouvoir le développement rural, mieux combattre lescatastrophes naturelles. La communication et l'information peu¬vent également être pour ces pays, comme pour tous les autres d'ail¬leurs, un moyen de consolider l'unité nationale, de préserver l'iden¬tité culturelle et de promouvoir une participation accrue des popu¬lations aux évolutions en cours.

Il paraît donc essentiel d'éliminer les obstacles qui empêchent leshommes et les nations d'accéder à toutes les sources de l'informa¬

tion et d'exprimer directement leurs propres points de vue, essentielaussi d'éviter les distorsions qui portent atteinte à la dignité et à l'in¬dépendance des peuples. Dans cette perspective, il paraît importantde favoriser l'épanouissement de toutes les formes de communica¬tion et d'information dans tous les pays et, en particulier, dans ceuxen développement; d'encourager la recherche et la mise en pratiqued'innovations, permettant une adaptation plus souple des structu¬res et des contenus à des utilisateurs différenciés, une élaborationd'informations faisant appel à une plus large participation despopulations, et une diversification accrue des expressionsculturelles.

La science, la technologie et la sociétéLes technologies modernes, telles qu'elles existent d'ores et déjà,

confèrent aux hommes des pouvoirs immenses et le potentielqu'elles représentent, si elles étaient mises systématiquement en

pourrait permettre de résoudre bien des problèmes qui seposent aux sociétés humaines. Les perspectives qu'ouvrent les nou-^.

^veaux horizons de la science sont pleines de nouvelles promesses.Pour mieux cerner les perspectives, il est nécessaire de souligner

que de très profonds bouleversements viennent de remanier la cartede l'univers scientifique et les rapports réciproques entre les scien¬ces. Cette évolution et ses implications pratiques sont appelées àexercer une influence considérable sur les stratégies scientifiques et

technologiques. On peut dire que se constitue actuellement unenouvelle configuration des savoirs où les domaines d'avenir parais¬sent être la biologie, l'informatique, la théorie des systèmes, lessciences de la communication et de l'information. Ainsi, c'est à une

véritable révolution scientifique et technologique que l'on assiste,qui semble pouvoir modifier non seulement les modes de produc¬tion et de consommation, mais aussi les mentalités et les pratiquessociales. Elle tend même à dissoudre, jusqu'à un certain point toutau moins, les frontières instituées entre sciences de la nature et

sciences sociales et humaines. Les hommes vivent peut-êtreaujourd'hui l'époque où se dessinent des passages entre les grandsdomaines de la création humaine: entre les différentes disciplinesscientifiques, et entre celles-ci et la culture.

Malgré des efforts importants, il reste beaucoup à faire pourapporter des réponses adéquates aux problèmes qui se posentencore, sous des formes et à des degrés divers, dans toutes les socié¬tés en matière de fourniture d'énergie, d'alimentation, de logement,de transport, de loisirs, ou d'aménagement du cadre de vie. La plusgrande partie du potentiel scientifique et technologique continued'être concentrée dans un nombre restreint de pays qui seuls possè¬dent les moyens nécessaires pour poursuivre la recherche dans cer¬tains domaines et en particulier dans les domaines de pointe, déte¬nant ainsi, en quelque sorte, les clefs des grands progrès futurs. Parailleurs, l'orientation de la recherche et le choix de ses domaines

d'application sont surtout déterminés par les besoins et les problè¬mes des nations les plus munies ce qui renforce la capitalisationdes connaissances scientifiques et techniques à leur profit, alorsmême que le stock de savoirs et de savoir-faire déjà accumulésdemeure inaccessible à la plupart des pays en développement.

Mettre la science au service du bien-être de tous les peuples s'im¬pose. Cela suppose une circulation plus libre et plus intense desinformations et des connaissances, non seulement scientifiquesmais aussi technologiques; un effort de concertation mondiale pourune orientation des recherches scientifiques dans des domainesrépondant mieux aux besoins de l'ensemble des hommes et un déve¬

loppement propre de la science et de la technologie dans tous lespays et, en particulier, dans les pays en développement. Sur ce der¬nier point, il importe de souligner que le développement des scienceset des techniques doit résulter d'un ensemble d'interactions com¬

plexes entre, d'une part, le besoin d'apporter des solutions scientifi¬ques et technologiques aux problèmes économiques et sociaux et,d'autre part, les efforts en matière de formation de chercheurs et de

spécialistes, et'd'organisation de programmes de recherche scienti¬fique et de développement expérimental.

L'identité culturelle

La nécessité de repenser le développement et d'inventer des stra¬tégies nouvelles, susceptibles de prendre en considération la spécifi¬cité sociale et culturelle de chacune des nations et de mobiliser les

capacités d'initiative de l'ensemble des individus et des groupes quiles composent, se fait d'autant plus pressante aujourd'hui que sedéveloppe un mouvement d'homogénéisation qui atteint, dans denombreux pays et dans de nombreuses couches de populations, lesmodes de vie et de pensée, les formes d'organisation de l'espacesocial, individuel et familial. Cette uniformisation résulte moins

d'une convergence des différentes valeurs de civilisation que de laprédominance de certains pôles de diffusion des savoirs, des savoir-faire et des savoir-vivre, propres aux sociétés les plus munies. Dufait même de la mondialisation croissante de l'espace économique,

social et culturel, il en résulte, dans des milieux de plus en plus nom¬breux, et au sein de diverses sociétés, la prééminence de certainsbesoins et de certaines aspirations, et leur alignement sur un mêmemodèle, celui des biens et services produits et distribués à l'échellede la planète. Dans tous les domaines, de l'alimentation à l'habille¬ment, des transports aux loisirs, les mêmes modes de consomma¬tion tendent à se répandre. Ce mouvement est amplifié par lesmédias et les industries culturelles qui en étendent les dimensionsaux cultures, aux idées, aux modes de perception et de représenta¬tion du monde.

Cette logique de l'uniformisation privilégie certains tracés dusavoir, au détriment d'autres formes de connaissance ; elle fait pré¬valoir certaines valeurs, qu'elles soient d'ordre esthétique ou éthi¬que ; elle suscite l'essor de certaines branches d'activités, elleencourage certains talents et certaines sensibilités et ignore lesautres. Des pans entiers de créativité se trouvent ainsi refoulés, dessociétés mutilées dans leur personnalité spécifique et dans leur con¬figuration particulière. Poussée à son extrême, cette logique pour¬rait conduire à une humanité figée tant il est vrai que la diversité,si elle est assumée dans l'égalité complète, est à l'échelle d'unesociété comme à l'échelle du monde, une source essentielle etféconde de vitalité.

Car l'homogénéité croissante qu'amènerait l'uniformisation dumonde, sur la base d'un modèle unique, risquerait de laisser toutel'espèce humaine démunie face à des dangers inconnus ou nou¬veaux. Qui pourrait dire que telle culture, ou tel caractère génétiquedisparus dans les ruines des sociétés traditionelles ne faisaient paspartie intégrante d'un patrimoine, peut-être nécessaire à la pour¬suite de la marche de l'espèce humaine ? Rien n'interdit de penserqu'un jour la société technique mondiale pourrait périr d'entropie,faute d'un écart différentiel suffisant entre des cultures diverses.

Tel est, semble-t-il, le sens historique que revêt, face à la mondia¬lisation croissante des processus sociaux fondamentaux, face auxpressions uniformisantes qui s'exercent sur les mentalités indivi¬duelles et collectives, le réveil des spécificités, manifestation d'uneexigence devenue prioritaire, celle de l'identité, que l'on constatedans toutes les parties du monde et qui rejoint, dans certains pays,les efforts accomplis avec succès ou entrepris plus récemment pourvaloriser la culture nationale.

Il est significatif à cet égard que la revendication d'identité cultu¬relle, perceptible dès le 19e siècle, notamment dans certaines partiesde l'Europe, et qui a cristallisé les aspirations des jeunes nationsanciennement colonisées pour qui la conquête, ou la reconquête,d'un passé mutilé constituait l'acquis le plus précieux du combatpour l'indépendance cette revendication resurgit maintenant ausein des sociétés industrialisées où s'affirme le besoin de préserver,ou de réactiver, les identités régionales ou ethniques. Dans toutesles régions, l'identité culturelle paraît se poser désormais comme undes principes moteurs de l'histoire : ce n'est ni un héritage figé niun simple répertoire de traditions, mais une dynamique interne, unprocessus de création continue d'une société par elle-même, qui senourrit de diversités internes consciemment et volontairement assu¬

mées, et accueille les apports venus de l'extérieur, en les assimilantet, au besoin, en les métamorphosant. Loin de coïncider avec unrepli sur un acquis immuable et clos sur lui-même, c'est un facteurde synthèse vivante et originale perpétuellement recommencée.L'identité apparaît ainsi de plus en plus comme la condition mêmedu progrès des individus, des groupes, des nations. Car c'est elle quianime et fonde le vouloir collectif, qui suscite la mobilisation desressources intérieures pour l'action, qui fait du changement néces¬saire une adaptation créatrice. Aussi voit-on de plus en plus de col¬lectivités, linguistiques, confessionnelles, culturelles, profession¬nelles, affirmer leur originalité et renforcer leur solidarité interne.La défense de leurs spécificités apparaît comme le premier pas versune réappropriation de leurs facultés créatrices, de leurs capacités

AUX SOURCES DU FUTUR

d'invention et de participation à un monde qui tend à les effacer.Elle ne saurait être interprétée comme une simple réactivation devaleurs anciennes ; eue révèle surtout une recherche de projets cul¬turels nouveaux aptes à prolonger la réhabilitation du passé par laconscience d'une responsabilité accrue à l'égard du futur.

Incertitudes et renouveau des valeurs

Si la conscience est claire désormais que l'économique ne peutconstituer l'unique terme de référence en matière de développe¬ment, que d'autres objectifs doivent être définis et que des voiesnouvelles sont à inventer, qui se modèlent plus étroitement sur lesexigences et les aspirations du corps social, ce qui caractérise denombreuses sociétés contemporaines, c'est une extrême diversitédans les comportements, les demandes et les aspirations des indivi¬dus et des groupes, ainsi que la juxtaposition, parfois, de hiérar¬chies de valeurs différentes. Sans doute la diversification des systè¬mes normatifs est-elle liée à l'évolution et aux changements internesdes sociétés, mais elle l'est aussi, pour partie, à la circulation crois¬sante des biens et des services, des techniques et des messages d'unepartie à l'autre du monde.

Dans la plupart des pays du tiers-monde, une multitude debesoins et de motivations nouvelles apparaissent qui s'inspirent dessystèmes de normes et de valeurs propres à certaines sociétés indus¬trialisées; aux attachements traditionnels s'ajoutent des aspirationsnouvelles qui insinuent la dualité au cgur de certaines régions, decertaines familles et même d'individus de plus en plus nombreux.La ligne de fracture qui sépare la modernité et les cultures profon¬des semble creuser dans de nombreux pays un fossé entre ceux quis'intègrent à l'univers nouveau et ceux qui lui restent étrangersaggravant la polarisation entre groupes, entre villes et campagnes,entre secteur industrialisé et secteur rural.

Depuis quelques années cependant, on assiste dans un certainnombre de pays à un effort de reconstruction de la société, surla base d'une réactivation de ses valeurs culturelles les plus profon¬des. C'est cette aspiration qui donne un nouvel élan aux courantsspirituels, religieux ou mystiques, par où une partie de ces popula¬tions cherche à renouer avec une éthique de la solidarité et de l'en¬traide. C'est elle aussi qui suscite la volonté, chez certains peuples,de bâtir une modernité qui leur soit propre, en réinterprétant la tra¬dition pour en dégager les dimensions créatrices. Cette ambitionsuppose un effort de renouvellement des normes et des pratiquessociales, par la mobilisation des traditions culturelles et producti¬ves, des valeurs esthétiques ou morales qui pourront permettre à lasociété d'accueillir le progrès sans se trahir, et par le rejet de toutescelles qui l'enferment dans un passé sans issue.

Contestations et renouvellements apparaissent également, pourd'autres raisons et sous d'autres formes, dans un certain nombre desociétés industrialisées. Là, des groupes de plus en plus nombreux,chez les jeunes notamment, inaugurent des attitudes nouvelles àl'égard du revenu et de la réussite sociale, du travail et du tempslibre, du cadre de vie et de l'environnement. Des aspirations nouvel¬les se font jour, qui se traduisent par des demandes accrues dedécentralisation et de participation, par la recherche de nouvellesformes d'enracinement au sein de petites communautés géogra¬phiques, professionnelles, religieuses, linguistiques , par unmoindre attachement à l'ordre et même à la sécurité économique,et par une volonté d'affranchissement à l'égard de tout ce qui peutavoir une fonction' centralisatrice. Ces changements sont-ils l'an¬nonce d'une prochaine mutation dans les systèmes axiologiques decertaines sociétés industrialisées? Il est difficile d'en apprécier l'am¬pleur comme la signification exacte, du fait même de l'extrêmediversité de ces attitudes, de leur caractère incertain, souvent

ambigu ou contradictoire, et de l'hétérogénéité des aspirationsqu'elles révèlent.

Dans certains pays, des mouvements sociaux d'un type nouveauapparaissent, qui font entrer sur la scène politique et dans l'actioncollective des thèmes qui étaient jusqu'ici considérés comme rele¬vant du seul domaine privé : naissance, vieillesse, habitat, environ¬nement, communication. Des associations se constituent échap¬pant aux clivages sociaux habituels : groupements de femmes, clubsde « troisième âge », coopératives de voisinage, association de con¬sommateurs ou d'usagers, groupes de loisirs ou de travail, qui expé-'rimentent des formes d'action culturelle originales insérant souventdes rapports nouveaux entre l'économique et le politique. Des ques¬tions neuves trouvent ainsi une représentation dans la société, pen¬dant que production culturelle et production sociale retrouventleurs liens originels.

L'ensemble de ces tentatives témoigne à la fois de profondesremises en cause et de recherches nombreuses et diversifiées, quipeuvent être le signe d'un renouveau de la créativité sociale.

Entre rupture et renouvellement se trouve ainsi posé un défiessentiel auquel seront confrontées, sans doute dans les années quiviennent, un grand nombre de sociétés et la communauté interna¬tionale elle-même : comment concilier, devant la complexité crois¬sante des modes d'organisation et des systèmes de production, l'exi¬gence de cohésion et d'efficacité requise au plan national commeau plan international par l'action pour le développement, avecla part d'initiative et de création qui est souvent revendiquée ? Lemouvement qui, en réaction contre les tendances à l'uniformisationet au conditionnement, s'oriente vers la diversification des systèmesde références, révèle sans aucun doute la profonde vitalité des cultu¬res contemporaines. Il peut constituer une promesse de renouveau,à condition toutefois que soient établies, dans un contexte de plusgrande justice, des formes plus appropriées de communication etd'échanges entre les sociétés et en leur sein même, entre des groupessociaux séparés par la diversité de leurs appartenances et de leursprojets, et entre des nations qui doivent parvenir à se comprendreet à s'unir autour des actions de coopération que le monde d'au¬jourd'hui appelle et même exige.

Amadou-Mahtar M'Bow

Vue du Siège de l'Unesco, à Paris, devant lequel flottent des drapeaux des Etats membres. Là s'est tenue, du 23 novembreau 3 décembre 1982, la Conférence générale extraordinaire au terme de laquelle fut approuvé le Plan à moyen terme.

Cent cinq Etats membres, dix-neuf organisations intergouvernementales,quatre-vingt trois organisations non gouvernementales, dans un effort deréflexion collective, ont apporté leurs témoignages sur lesproblèmes quiseposentactuellement à l 'humanité, sous des vocables différents mais aussi avec une remar¬quable convergence. Ainsi, les programmes de l'Unesco sont-ils redevables del'ensemble de ces réponses la diversité des points de vue dans un schéma unifi¬cateur a dicté la substance des quatorze grands programmes qui définissent l 'ac¬tion de l'Unesco.

L Les problèmes mondiaux,réflexion et prospective

Ce grand programme tend à renforcer le rôle de l'Unescocomme "laboratoire d'idées" où puissent être recueillies,analysées et confrontées, les réflexions et les études qui

sont menées dans les différentes régions et qui portent sur lasituation du monde actuel, les tendances qui s'y manifestentdans tous les domaines qui intéressent la vie des peuples, leurprogrès et leur coopération - en un mot sur le devenir del'humanité - . L'esprit dans lequel ces travaux seront menéssera celui d'une indépendance rigoureuse à l'égard de touteposition partisane, mais aussi d'une volonté de faire place à ladiversité des courants intellectuels, aux sensibilités propres auxdifférentes cultures, aux idées venues des horizons les plusvariés, tout en s'inspirant d'une vision axée sur les grandsidéaux de l'Unesco.

Il comporte deux volets : le premier est orienté vers l'analysedes travaux existants effectués en dehors de l'Organisation enmatière d'étude de la conjoncture et de prospective et vers destravaux de méthode tendant à situer les facteurs relevant de

l'éducation, de la science, de la culture, de la communication etde l'information dans l'analyse d'ensemble des problèmes mon¬diaux. Le second volet est consacré à une étude prospective inter¬nationale qui devrait constituer un apport original de l'Unesco.L'accent y sera mis notamment sur la dimension culturelle des

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évolutions futures, en prenant en considération les visions pro¬pres à des cultures différentes.

Il paraît plus que jamais nécessaire que toutes les personnesqui les composent prennent pleinement conscience des implica¬tions que comportent, pour l'avenir, les options auxquelles il estprocédé aujourd'hui. Ainsi serait facilitée, dans tous les domai¬nes, l'adoption de stratégies préventives à l'égard des problèmes,de manière à pouvoir anticiper sur leur évolution future, et enga¬ger à temps des actions pour éviter l'aggravation des difficultésqui s'annoncent. De nombreuses études prospectives sont certesmenées dans le monde, mais elles sont souvent inspirées par despréoccupations spécifiques touchant un seul secteur de la vie descollectivités ou par le souci d'aider à définir les stratégies,notamment économiques, d'un Etat ou de tel ou tel groupe parti¬culier d'Etats. La nécessité d'une approche qui dépasse les pointsde vue sectoriels ou régionaux et qui prenne pleinement en consi¬dération les dimensions sociale et culturelle des problèmes,paraît s'imposer.

Dans la mise en suvre de ce grand programme, il sera fait lar¬gement appel à l'apport des sciences sociales et humaines et aussià celui de la réflexion philosophique, dont ce sera, sans doute,le principal champ d'application à l'Unesco au cours des pro¬chaines années.

IL L'éducation pour tous

EN dépit d'une diminution du taux d'analphabétisme dansle monde; le nombre absolu des analphabètes adultes necesse d'augmenter, notamment en raison de l'accroisse¬

ment démographique. Il y avait 760 millions d'analphabètes en1970, 814 millions en 1980, et si les tendances actuelles se main¬tiennent il y aurait 900 millions d'analphabètes vers la fin de cesiècle. C'est là un défi majeur que la communauté internatio¬nale se doit de relever.

Mais la démocratisation de l'éducation n'a pas que desaspects quantitatifs. II importe d'assurer "les mêmes chancespour tous" en donnant "les meilleures chances à chacun".

La généralisation de l'éducationUn des axes prioritaires de l'action au cours de la prochaine

décennie sera de conjuguer la généralisation et la rénovation del'enseignement primaire, condition de toute eradication défini¬tive de l'analphabétisme, avec l'alphabétisation des adultes.Celle-ci doit être intensifiée et étroitement articulée avec l'ensei¬

gnement institutionnalisé, qui garde toute son importance. Tou¬tefois, une meilleure adaptation aux exigences du milieu restesouvent nécessaire afin d'éviter toute rupture avec le monderural.

Il s'agit donc à la fois d'étendre le réseau éducatif dans leszones les plus démunies, de mobiliser toutes les ressources édu¬catives, de susciter la participation effective de toute la commu¬nauté à l'action éducative, et de promouvoir des formules nova¬trices. L'Unesco s'emploiera à favoriser des expériences de for¬mation de personnels polyvalents pour la scolarisation desenfants et l'alphabétisation des adultes, et des activités novatri¬ces destinées à faciliter l'insertion des jeunes ayant quitté l'écoledans le circuit de production.

La démocratisation de l'éducation

Le deuxième axe de la stratégie d'action sera d'inscrire lesprincipes d'équité et de justice aucmême de l'action éduca¬tive. L'Organisation continuera donc à lutter contre toutes lesformes de discrimination dans le domaine éducatif, mais aussià aider à promouvoir les différentes mesures propres à réaliserles conditions de la démocratisation dans ses différents aspectset de rendre plus effectif pour les couches sociales les moinsfavorisées l'exercice du droit à l'éducation.

La démocratisation de l'éducation, dans une large mesure,apparaît comme inséparable de l'éducation permanente quiimplique un élargissement des possibilités éducatives à mettre,aux différentes étapes de la vie, à la disposition de tous ceux quin'ont pas eu accès au système scolaire et universitaire ou quisouhaitent compléter leurs connaissances.

Dans la perspective de l'éducation permanente, l'éducationdes adultes prend une importance nouvelle, tant comme facteurd'épanouissement personnel qu'aux fins de perfectionnement etde recyclage professionnel. Une attention particulière sera atta¬chée à faciliter la mobilité des adultes dans la vie profession¬nelle, en particulier par la coopération entre organismes d'édu¬cation des adultes et organisations de travailleurs et d'em¬ployeurs. En outre, un des rôles les plus importants de l'éduca¬tion des adultes est de préparer à la prise de conscience et àl'exercice des responsabilités civiques et à la gestion des affairescommunes, en utilisant l'apport éducatif des moyens decommunication.

Si la notion de l'éducation permanente amène à prévoir desactivités éducatives pour le troisième âge, elle comporte égale¬ment le développement de l'éducation préscolaire qui permet,entre autres, de compenser certains désavantages d'ordre socio-économique et socio-culturel.

L 'éducation des femmes

Les jeunes filles et les femmes restent encore minoritairesdans les systèmes éducatifs de nombreux pays, et leur propor¬tion tend souvent à diminuer à mesure que le niveau d'enseigne¬ment s'élève.

Cependant, un des problèmes les plus urgents reste celui del'analphabétisme féminin (en 1980, 33,9 % des femmes de plusde 15 ans sont illettrées, contre 23,3 % des hommes) qui peutavoir des incidences graves sur l'avenir des jeunes générations.

Ici, les travaux de l'Unesco, largement interdisciplinaires,feront appel aux sciences sociales et humaines en vue de mettreen évidence les obstacles d'origine économique, sociale ou cul-ture.Ue qui, dans des contextes différents, pèsent sur l'accès et laparticipation des jeunes filles et des femmes à l'éducation, etviseront à élucider l'influence qu'exerce, sur l'action éducativeelle-même, la plus ou moins grande proportion de femmes dansles personnels enseignants.

Ce centre expérimental de développe¬ment pour les enfants a été construitpar les villageois de Bang IMong Pai,dans le nord-est de la Thaïlande. Le

plan initial, conçu par l'Unesco. futensuite modifié sur place pour permet¬tre d'utiliser au mieux les matériaux

locaux. Le projet de ce centre a été éta¬bli en collaboration avec l'Unicef.

Photo John Beynon, Unesco - ROEAP, Bangkok

Une coopération sera apportée aux Etats membres en vue deles aider à élaborer des politiques destinées à diminuer le nom¬bre des femmes analphabètes. Un soutien sera apporté au ren¬forcement des services nationaux d'orientation scolaire et pro¬fessionnelle dans le cadre du programme consacré à la promo¬tion de l'égalité d'accès des jeunes filles et des femmes aux étu¬des scientifiques et à tous les niveaux de l'enseignement techni¬que et professionnel.

L 'éducation dans les zones rurales

Dans ces zones, où vit la plus grande partie de la populationde nombreux pays, il s'agit à la fois d'améliorer l'implantationdes établissements scolaires et universitaires, trop éloignés du

Le Nicaragua, en 1978. après la guerre de libération, comptait52 % d'analphabètes. Une Campagne nationale d'alphabétisation,appuyée par l'Unesco avec l'aide de la communauté internationale,mobilisa dans ce pays près de 270 000 alphabétiseurs volontairesformant l'Armée populaire pour l'alphabétisation. En six mois, plusde 400 000 personnes furent alphabétisées et le taux d'analphabé¬tisme fut ramené de 52 à 1 3 %. Ci-dessus : une équipe d'alphabéti-seurs au Nicaragua.

L'Unesco coopère avec l'UNRWA (Office de secours et de travauxdes Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) à la scolarisation des réfugiés palestiniens du Proche-Orient. Ci-contre : les cours reprennent dans une école de Chatila,au Liban, après les désastres de la guerre et les massacres qui ontbouleversé la conscience universelle.

Au cours des deux dernières décennies, un remarquable effort descolarisation a été accompli dans les pays en développement. Dansle premier degré, le taux de scolarisation, de 61 % en 1960, estpassé à 86 % en 1980. Mais l'essor démographique ajoute aux dif¬ficultés. Comme le montrent ces dessins, ci-dessous, pour mainte¬nir, en l'an 2 000, un taux de scolarisation de 86 %, les effectifsscolaires actuels devraient augmenter de 50 %, et même de 75 %si l'on veut parvenir à un taux de scolarisation de 100 %.

an 1980Taux de scolarité

86%

an 2000Taux de scolarité

86% 100%

lieu de résidence des enfants et des jeunes, et la qualité des servi¬ces éducatifs: beaucoup d'écoles sont à cycle incomplet, biendes maîtres peu qualifiés, les locaux et les matériels sont fré¬quemment insuffisants. Le problème consiste à assurer unemeilleure contribution de l'éducation au développement deszones rurales et sa pertinence aux besoins des populations, touten évitant une division entre «éducation urbaine» et «éducationrurale».

Handicapés, réfugiés, migrantsL'action de l'Unesco visera à faciliter à certains groupes qui

se trouvent dans une situation défavorable à cet égard l'exercicedu droit à l'éducation.

En insistant sur le dépistage et la prévention, l'action del'Unesco accordera une attention particulière à l'éducation desparents d'enfants handicapés ; à l'information du grand publicsur les problèmes posés aux individus et aux sociétés par l'inser¬tion des personnes handicapées et sur les solutions apportées à .ces problèmes et à l'application d'une pédagogie individualisée.

Il y a dix millions de réfugiés dans le monde, dont cinq mil¬lions en Afrique. L'Unesco continuera à coopérer avecl'UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations Uniespour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) au pro¬gramme d'éducation pour les réfugiés de Palestine dans leProche-Orient. Elle fournira son appui technique aux activitésdu Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) en faveur del'éducation des réfugiés et encouragera les gouvernements despays d'accueil à mettre en place, dans le cadre de leurs systèmesd'enseignement, des programmes spéciaux à l'intention desréfugiés. L'aide en matière d'éducation apportée par l'Unescoaux mouvements de libération nationale sera renforcée et orien¬

tée en priorité vers la réalisation du droit à l'éducation.

Enfin, un problème majeur est celui des travailleurs migrantset de leurs familles et notamment celui de l'adaptation de la

Photo UNRWA

deuxième génération de migrants aux conditions de vie du pays-d'accueil, (entre autres par la maîtrise de la langue), et de saréinsertion ultérieure dans le pays d'origine. Une attention spé¬ciale sera accordée à l'enseignement de la langue maternelle età la reconnaissance mutuelle des titres et diplômes. Des activitésseront entreprises aussi pour permettre aux enfants d'immigrésde bénéficer d'un enseignement particulier les liant aux valeursculturelles de leur pays d'origine.

III. La communication

au service des hommes

LA communication devient de plus en plus un systèmecomplexe de signalisation et de conditionnement quirenforce le pouvoir des grands organismes publics ou

privés, nationaux ou internationaux. Ils disposent de possibili¬tés d'influence et d'action très supérieures à celles des individuset des groupes qui ne détiennent que des fragments d'informa¬tion. C'est là la source d'un pouvoir culturel considérable donton peut prévoir qu'il pourrait même contrôler à terme toutautant le pouvoir économique que le pouvoir politique.

Cela peut avoir des conséquences d'autant plus graves pourla liberté des individus et la vie des sociétés, et leurs relationsréciproques, que l'information et le processus par lequel elle estvéhiculée, par des organismes publics, privés et/ou commer¬ciaux, peuvent être l'objet de manipulations diverses. L'infor¬mation peut être utilisée pour perpétuer des idées préconçues,renforcer l'ignorance et le mépris des autres, l'intolérance. Ellepeut aussi être une source féconde de compréhension et de res¬pect mutuel.

L'Unesco n'a certainement pas à dicter aux médias le contenudes messages qu'ils diffusent, mais elle peut stimuler, susciterune utilisation des médias qui contribue au développement del'éducation, de la science et de la culture.

Etudes sur la communication

L'évolution rapide des technologies impose une recherchecontinue sur les aspects socio-culturels, économiques, juridi¬ques et prospectifs de la communication. Cette recherche s'or¬donnera selon trois lignes d'action.

La première, Développement de la recherche, vise à renforcerles institutions nationales et régionales, à accroître les moyensde formation, d'échange et de perfectionnement des chercheurs.Des études seront également entreprises sur la nature et lescaractéristiques de la "société de l'information" qui émergeprogressivement, et de ses conséquences politiques, économi¬ques et sociales.

La deuxième consiste à approfondir la notion de droit à com¬muniquer aux niveaux individuel et collectif et ses différentescomposantes (droit à être informé, droit d'informer, droit aurespect de la vie privée, droit d'accès aux documents administra¬tifs); à favoriser le libre accès aux sources de l'information et laparticipation du public à l'élaboration des décisions affectant lacommunication ; à étudier le fonctionnement des mécanismesde production et de diffusion des messages.

La troisième devra contribuer à l'élaboration et au perfec¬tionnement de méthodes de planification, de programmation etde financement applicables au développement de la communi¬cation, en tenant compte de la diversité des milieux culturels etdes systèmes socio-économiques.

Liberté et équilibre de l'information

La liberté de l'information comporte la liberté des personneset des groupes d'organiser la collecte, la circulation et la diffu¬sion des nouvelles, des idées et des programmes et d'y partici¬per, ainsi que la liberté d'accès à l'ensemble des moyens de com¬munication et à la diversité des sources officielles et non officiel¬

les de nouvelles et de programmes. L'exercice de cette libertérencontre encore de nombreux obstacles de toute nature, politi¬ques, juridiques, économiques, financiers et techniques, y com¬pris toutes les formes de censure et d'autocensure, qui entraventla production endogène et pluraliste de livres, de journaux, denouvelles et de programmes, limitent leur libre circulation etrestreignent la multiplication et la diversification des échanges.

La liberté implique cependant une lourde responsabilité de lapart des communicateurs qu'il s'agisse de personnes physi¬ques ou d'entités juridiques, publiques ou privées. Journalistes,

agences de presse, éditeurs de livres, journaux et revues, pro¬priétaires de médias, producteurs de matériels audio-visuels,organismes de radio et de télévision ont à l'égard de la commu¬nauté un devoir de véracité et d'exactitude, en d'autres termesd'honnêteté. A la situation privilégiée qui est celle des commu¬nicateurs doivent correspondre une intégrité, une conscienceprofessionnelle et une éthique qui garantissent aussi une protec¬tion des individus et du public en général. Les organes d'infor¬mation pourraient jouer un rôle important en examinant de prèstoutes les activités susceptibles de conduire à des abus dépouvoir.

Les organes d'information sont d'incomparables instrumentspour faire respecter les droits de l'homme au plan individuel oucollectif. Les médias peuvent défendre ces principes et mettre enlumière de manière aussi impartiale que possible les transgres¬sions où qu'elles se produisent.

Pour une circulation libre et une diffusion plus large et mieuxéquilibrée de l'information, trois programmes d'action sontenvisagés :

Le premier consiste à identifier et à mieux comprendre lanature des obstacles à la circulation internationale et de propo¬ser les moyens de les réduire ou de les surmonter, notammenten étudiant les pratiques professionnelles de l'industrie du livre,de la presse écrite ou radiodiffusée, des organismes de radio¬télévision, du cinéma, etc.

Le deuxième concerne les mécanismes publics et privésd'échange de livres, de nouvelles et de programmes aux niveauxnational, régional et mondial. Il s'agit de favoriser la créationet le renforcement d'agences de presse publiques ou privées,d'accroître l'efficacité des systèmes de collecte et de distributiondes nouvelles ainsi que des réseaux régionaux d'échanges denouvelles ; de stimuler la production locale de livres, de jour¬naux, de programmes de radio-télévision et de films, particuliè¬rement dans les pays en développement, de façon à réduire lesdisparités existant dans les capacités de produire, traiter et dis¬tribuer l'information.

Une troisième ligne d'action visera à susciter lacontribution des moyens de communication au respect mutuel,à la compréhension internationale et à la paix, ainsi qu'à la solu¬tion des grands problèmes mondiaux. Cette action s'exerceradonc auprès des responsables de la communication, elle com¬portera un travail de sensibilisation auprès de ceux qui agissentsur l'opinion publique.

Développement de la communication

La volonté politique est indispensable pour mettre en valeuraux niveaux national, régional et mondial, chaque forme decommunication, depuis les formes interpersonnelles et tradi¬tionnelles jusqu'aux plus modernes. Elle l'est aussi pour renfor¬cer les capacités endogènes, en particulier des pays en dévelop¬pement, en facilitant leur auto-suffisance de manière à réduireet combler progressivement les écarts qui subsistent dans cedomaine entre les différents pays et les différentes régions.

Sept programmes d'action :

Le premier consiste à coopérer avec les Etats et les organis¬mes chargés de la communication à la formulation de politiquesnationales de développement de la communication portant no¬tamment sur les infrastructures en équipement et en personnel.

Le deuxième suppose une collaboration avec ces mêmespartenaires pour choisir et mettre en place des équipementsrépondant, dans chaque pays ou région, aux besoins de la popu¬lation et des différents médias et pour rechercher des technolo¬gies répondant aux conditions prévalant dans ces pays.

Le troisième consiste à coopérer avec les Etats membres,les autres organisations du système des Nations Unies, les orga-^

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Le monde et les médias

Les déséquilibres très importants qui existent au niveau international dans la produc¬tion et dans la circulation des messages et des programmes sont aujourd'hui recon¬nus. En 1978, les pays en développement, avec 70 % de la population mondiale,ne disposaient que d'une fraction minime des moyens de communication : 22 % destitres de livres publiés, 1 7 % de la distribution totale de journaux, 9 % de la consom¬mation de papier journal, 27 % des émetteurs de radio, 18 % des récepteurs deradio, 5 % des émetteurs de télévision et 12 % des récepteurs de télévision. Leschiffres par rapport au nombre d'habitants étaient les suivants :

PAYS EN DÉVELOPPEMENT PAYS INDUSTRIALISÉS

journaux 36 exemplaires par mille habitants 321 exemplaires par mille habitants

papier 1,2 kg par habitant 18,2 kg par habitant

titres de livres 37 par million d'habitants 450 par million d'habitants

sièges de cinéma 1 1 par mille habitants 63 par mille habitants

récepteurs de

radio89 par mille habitants 762 par mille habitants

récepteurs de TV 24 par mille habitants 322 par mille habitants

Loin de s'atténuer, ces déséquilibres qui affectent aussi certains pays industrialisés,n'ont cessé de croître avec l'évolution des technologies. Ces déséquilibres sontaussi particulièrement sensibles partout entre zones rurales et zones urbaines.

Ci-dessus, ouvrière d'une imprimerie de maté¬riel d'alphabétisation à Addis-Abeba (Ethiopie).

Photo D. Roger - Unesco

Jeunes élèves d'une école primaire créée parl'Unesco dans la région de Kaboul (Afghanis¬tan). Le Plan à moyen terme de l'Unesco pré¬voit un programme de promotion du livre et dela lecture dans toutes les sociétés. L'accent

sera mis sur les ouvrages pouvant servir à l'al¬phabétisation et à la postalphabétisation.

Photo H. Fehl - Unesco

nisations internationales, gouvernementales et non gouverne¬mentales, mondiales ou régionales en vue d'un renforcementaux plans national, régional et mondial des structures et desméthodes de préparation initiale, de formation générale et deperfectionnement professionnel du personnel de la communica¬tion à tous les niveaux (gestionnaires, réalisateurs et metteurs enscène de programmes de film, radio et télévision ; rédacteurs etjournalistes de la presse, des agences d'information et de laradiodiffusion, éditeurs, libraires, graphistes et personnel defabrication des livres, ingénieurs et techniciens des différentsmoyens de communication, personnel d'entretien, archivistes,documentalistes, imprimeurs, etc.), en tenant compte desbesoins nés de la spécialisation croissante qu'entraîne le progrèstechnique et de la nécessité de renforcer la représentation desfemmes parmi les personnels de la communication.

Le quatrième vise à établir ou renforcer les capacités endo¬gènes de production d'imprimés, de nouvelles et de programmessur tous supports afin d'accroître l'autodépendance des pays endéveloppement dans ce domaine en favorisant notamment l'im¬plantation d'industries culturelles et de la communication loca¬les ; de faciliter la mise en place de structures appropriéesd'éducation permanente et à distance, indispensables à l'univer¬salisation de l'enseignement primaire et à l'élimination del'analphabétisme ; de contribuer à la diffusion de la culture, àl'affirmation de l'identité culturelle et au développement cultu¬rel en général ; et de mettre les ressources de la communicationau service de la vulgarisation scientifique.

Le cinquième consiste à promouvoir le livre et à encouragerla lecture dans toutes les sociétés. Une attention particulière seraaccordée aux ouvrages qui peuvent servir à l'alphabétisation et

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à la postalphabétisation. La diffusion internationale des livressera aussi favorisée, l'accent étant mis sur la circulation deslivres tant à l'intérieur des régions en développement et entrecelles-ci, que de ces régions vers les pays industrialisés.

Le sixième vise à promouvoir le développement du cinéma,de la photographie et de la télévision dans chaque pays, en parti¬culier pour servir à l'éducation scolaire et extrascolaire, à laconservation du patrimoine culturel, physique et non physique,à la connaissance réciproque des cultures, à la création artisti¬que et à la vulgarisation scientifique. L'action, qui consistera àencourager la fabrication de supports pour l'enregistrement dessons et des images, la formation de réalisateurs et la productionde films et de programmes, ainsi que le développement du patri¬moine photographique, visera, par ailleurs, à favoriser l'archi¬vage et la conservation des photographies, des films et desautres supports audiovisuels, notamment ceux ayant uneimportance particulière du point de vue culturel et historique.

Le septième consiste à favoriser l'appropriation autonomedes informations et des connaissances, à développer l'esprit cri¬tique et à familiariser les différentes catégories d'usagers, etplus particulièrement les jeunes, avec les conditions d'organisa¬tion et d'emploi des véhicules de la communication.

Ainsi conçu, ce grand programme semble constituer le cadreconceptuel qui devrait permettre d'approfondir les bases et derechercher les principes sur lesquels pourrait progressivements'instaurer, selon un principe évolutif, un nouvel ordre mondialde l'information et de la communication, apte à assurer à tous,individus, groupes et nations, l'exercice d'une communicationlibre, réciproque et équilibrée.

IV. Les politiques de Péducation

LE rythme accéléré du changement des sociétés et des pro¬grès du savoir et de ses applications, ainsi que du dévelop¬pement des moyens de communication, impose à l'éduca¬

tion une évolution plus dynamique et une capacité d'innovationaccrue. En même temps, l'importance et la complexité des rôlesde l'éducation et des problèmes éducatifs entraînent souvent desefforts plus systématiques pour élaborer des politiquesd'éducation.

Afin que l'éducation puisse s'acquitter de ses tâches,l'Unesco s'emploiera à promouvoir l'élaboration de politiquesde l'éducation ainsi que la réalisation des conditions de leurmise en ruvre, en ce qui concerne la planification et la gestionde l'éducation, la rénovation de contenus et de méthodes, la for¬mation des personnels de l'éducation, et les infrastructures dusystème éducatif.

Les choix qu'exigent l'élaboration et la mise en auvre despolitiques de l'éducation se font de plus en plus souventà la lumière des acquis des sciences sociales et humaines :psychologie, sociologie, linguistique et socio-linguistique, éco¬nomie de l'éducation ; et aussi d'autres sciences : physiologie,biologie, diététique, ergonomie, sciences de l'information et dela communication, par exemple. En même temps, les éducateurspeuvent trouver des auxiliaires précieux dans les moyens decommunication, l'informatique et l'ensemble des moyensaudio-visuels qui les aident à rénover leurs méthodes et à évaluerleur action.

Une place particulière est faite, pour la première fois, audéveloppement des sciences de l'éducation - le renforcement etl'élargissement de la recherche en éducation apparaissant indis¬pensable pour entreprendre sur des bases solides la rénovationdu processus éducatif.

Une large diffusion des études et des résultats des recherches,des expériences et des innovations présente donc une extrêmeimportance tant pour les enseignants et les spécialistes de l'éla¬boration des programmes, que pour les responsables des politi¬ques, de la planification, de la gestion et du développement del'éducation, en vue de faciliter la prise de décision dans chaquepays.

Les divers buts assignés à l'éducation, dans sa double fonc

tion d'assurer la continuité et d'ouvrir au changement, se tra¬duisent, sur le plan des contenus de l'enseignement, par des exi¬gences multiples et parfois hétérogènes et posent de délicats pro¬blèmes de priorité, de sélection, d'organisation et d'équilibragedes contenus. En effet, dispenser une éducation qui soit tout àla fois adaptée au milieu naturel et humain, à la psychologie del'enfant ou de l'adulte, à l'état du savoir et aux besoins de lasociété, est une tâche des plus ardues.

Un instrument d'ouverture

Un décalage de plus en plus notable s'observe entre l'état desconnaissances et les valeurs, d'une part, et, d'autre part, les"contenus des programmes : une mise à jour fréquente devientnécessaire pour que l'éducation ne soit pas entachée d'irréalité,et n'encoure pas_le risque de la désaffection ou de l'indifférencedes élèves. L'émergence de nouveaux domaines de connaissanceet d'activités a souvent pour effet d'entraîner l'adjonction denouveaux contenus aux matières inscrites dans les programmes.Au demeurant, l'enseignement ne peut être séparé du milieu ;il est donc important de veiller à ce que l'éducation assure latransmission et le développement des valeurs autochtones, touten étant un instrument d'ouverture aux autres cultures.

Demain, la multiplication des ordinateurs, l'utilisationaccrue de la télévision par câble, de la télématique, des satellitesde communication donneront une acuité bien plus grande auxproblèmes qui se posent déjà : ceux de l'apport de ces technolo¬gies au processus éducatif, de leur maîtrise à des fins pédagogi¬ques, du rôle de l'éducateur face à ses instruments dont il luifaut assimiler l'utilisation, apprenant ainsi à pénétrer dans ununivers nouveau et peut-être à élaborer une pédagogie nouvelle.La préparation des enseignants à cette responsabilité constitueun des éléments de la formation continue qui s'ajoute désormaisà toute formation initiale pour les mettre en mesure de s'acquit¬ter de tâches toujours plus complexes et plus nombreuses.

Faire de l'éducation un processus continu et cohérent, gar¬dant ses caractéristiques spécifiques tout en se rénovant aurythme de l'évolution de l'environnement social et des progrèsdu savoir : tel est le défi auquel font face tous ceux qui, à destitres divers, en assument la responsabilité, la dispensent oucontribuent à en promouvoir le développement.

Séminaire régional destiné à remodeler l'enseignement de la biolo¬gie en Asie, qui s'est tenu aux Philippines en 1980 et placé sous lesauspices de l'APEID (Programme asien d'innovation éducative envue du développement). Ce programme coopératif des Etats mem¬bres de l'Unesco en Asie et dans la région du Pacifique vise à encou¬rager les solutions novatrices aux problèmes d'éducation liés auxbesoins prioritaires de la région en matière de développement.

Un séminaire régional, parrainé par l'Unesco, sur les problèmes liésà l'introduction du travail productif dans les systèmes éducatifss'est tenu à Porto Novo et à Corné en 1980. Ci-dessus, des partici¬pants à ce séminaire visitent l'atelier de production artisanale duCentre d'enseignement moyen général de Corné (République popu¬laire du Bénin).Photo Unesco

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V. Education, formationet société

L'ÉDUCATION, si elle a sa spécificité et ses exigences pro¬pres, est déterminée dans une large mesure par l'ensemblede la société. Mais elle est loin d'être passive et

conditionne de façon notable l'évolution et l'avenir de lasociété. Aussi s'ouvre-t-elle de plus en plus sur le monde con¬temporain et s'oriente-t-elle vers la solution des problèmes pra¬tiques. L'éducation ne peut à elle seule résoudre tous les problè¬mes , mais elle peut dispenser les connaissances nécessaires etsusciter les attitudes requises pour les comprendre et participerà leur solution. L'éducation peut donc apporter une contribu¬tion à la solution de problèmes majeurs de l'humanité tels quela paix, les droits de l'homme, le développement, l'environne¬ment. En outre, il y a lieu d'attacher une importance particu¬lière aux relations entre l'éducation et certains autres aspects del'activité sociale.

Education et culture

La fonction et les contenus éthiques de l'éducation ont unrapport direct avec la culture.

Dans beaucoup de pays, et notamment ceux qui ont accédérécemment à l'indépendance, l'affirmation de l'identité cultu¬relle apparaît comme un moyen essentiel de formation civiqueet comme un puissant facteur de cohésion nationale. L'éduca¬tion peut contribuer à remettre en honneur le patrimoine artisti¬que d'un pays dans toute la richesse de ses expressions et à fairepercevoir la spécificité de chaque culture. Mais l'éducation doitfaire plus : elle doit assurer l'émergence d'un humanismemoderne conjuguant certaines valeurs traditionnelles et certai¬nes valeurs nouvelles porteuses de progrès. C'est dans un soucide renforcement de l'identité culturelle mais aussi d'effica¬

cité pédagogique que s'est développée au cours des dernièresannées, dans de nombreux pays, en particulier ceux qui ontrécemment accédé à l'indépendance, la tendance à utiliser leslangues maternelles ou nationales comme langues d'enseigne¬ment. L'Unesco encouragera ces tendances.

L '«école parallèle» et l'écoleAu cours des dernières années, les grands moyens de commu¬

nication ont eu un impact sur les adultes comme sur les enfants,si bien qu'on a pu parler "d'école parallèle", source de dichoto¬mie possible avec l'institution éducative. La question qui se poseest de savoir comment l'éducation peut utiliser et valoriser lesinformations et les messages de plus en plus nombreux qu'émetla société, tout en contribuant à corriger, au besoin, les influen¬ces négatives qu'ils peuvent avoir sur la mentalité et les compor¬tements des adolescents.

L'institution scolaire pourrait bien avoir désormais, parmises fonctions essentielles, celle d'aider les jeunes à trier et àordonner, dans un esprit critique, les messages largement distri¬bués par les moyens de communication.

Enseignement des sciences et de la technologieL'Unesco contribuera à la généralisation, à tous les niveaux

et dans tous les types d'éducation, de l'enseignement des scien¬ces et de la technologie et au développement de la vulgarisationscientifique surtout dans les pays en développement.

Son objectif sera, en particulier, d'étendre et améliorer l'en¬seignement des sciences et de la technologie aux niveaux pri¬maire et secondaire et dans l'éducation extrascolaire en faisant

une plus large place à la compréhension des concepts scientifi¬ques, à l'observation, à l'expérimentation, à l'orientation versla solution des problèmes pratiques ; le contenu de cet enseigne¬ment devra être conforme aux plus récents acquis de la recher¬che et tenir compte des caractéristiques de l'environnementlocal.

Education et monde du travail

Le souci de rapprocher l'éducation de la vie a amené de nom¬breux éducateurs à souligner la nécessité de renforcer la liaisonde l'éducation et du monde du travail.

Une série d'activités est prévue afin de favoriser l'introduc¬tion du travail productif ou socialement utile dans le processuséducatif, en raison de sa valeur pédagogique, éthique, et.sociale; l'harmonisation et l'ajustement mutuel entre politiquede l'éducation et les politiques de l'emploi; et le développementet l'amélioration de l'enseignement technique et professionnel.Les activités tendront à modifier les attitudes des jeunes àl'égard du travail, à développer l'orientation professionnelle, àassurer une meilleure articulation entre enseignement général,enseignement technique, et secteur productif; et à éliminer ladichotomie traditionnelle entre travail intellectuel et travailmanuel.

L 'éducation physique et le sportLa pratique de l'éducation physique et du sport n'est pas

encore assurée partout comme un droit fondamental pour tous,bien qu'elle soit nécessaire au développement complet de la per¬sonnalité et à la préservation de la santé, dans les conditions devie moderne qui accompagnent l'urbanisation et la mécanisa¬tion croissantes. La moitié de la population, dans beaucoup depays, ne pratique aucune activité sportive; et 80 °7o des enfantsdes pays en développement ne bénéficient pas de l'éducation

Utilisés judicieusement, les progrèsactuels de la technologie de communi¬cation offrent, pour l'éducation, d'im¬menses promesses. L'« Ecole paral¬lèle » des programmes scolaires de laradio et de la télévision peut atteindreles villages et les hameaux les plusreculés, mettant fin à des siècles de

pénurie en matière d'éducation. Adroite : même les occupants de ceshabitations troglodytiques de Matmata,en Tunisie, peuvent bénéficier deI'« explosion télévisuelle ».

Photo © André Stevens, Winksele, Belgique

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physique. Les activités prévues contribueront à assurer la for¬mation des personnels et la mise en place des installations et deséquipements nécessaires, et le développement du sport pourtous, ainsi qu'à renforcer la coopération entre États membres,organisations non-gouvernementales et mouvements desjeunes.

Enseignement supérieur, formation et rechercheC'est pour l'enseignement supérieur que se posent quelques-

uns des problèmes majeurs d'éducation, et les disparités, à ceniveau, de pays à pays se traduisent par des disparités d'accèsau savoir ou de possibilité de création du savoir. Une vingtainede pays industrialisés disposent de plus de 90 % des scientifi¬ques du monde et 130 se partagent le reste. Un enseignementsupérieur de qualité est indispensable à tout État moderne pourformer ses cadres et participer à l'effort international de recher¬che. Le rôle de l'enseignement supérieur dans le développementest de plus en plus clairement perçu, et explique l'intérêt que lesÉtats membres attachent à l'étendre et à l'améliorer, comme àla coopération internationale dans ce domaine.

Les activités prévues auront pour objet essentiel de promou¬voir une meilleure contribution de l'enseignement supérieur auprogrès de la société, notamment par l'élargissement et la réo¬rientation des filières de formation, et par l'adoption d'appro¬ches interdisciplinaires de recherche et de formation. Les tâchesde recherche et de formation de l'enseignement supérieur en vuede l'amélioration de l'ensemble du système d'éducation serontsoulignées.

En outre, l'enseignement supérieur est considéré en tantqu'élément important de l'ensemble du dispositif national deformation et de recherche, dans la perspective d'une action àlong terme tendant à favoriser, par étapes successives, l'harmo¬nisation, puis l'intégration des activités de formation et derecherche.

Ci-dessus, un cours d'alphabétisation pour adultes, auSénégal, où l'enseignement est dispensé dans six des lan¬gues nationales du pays. A l'époque coloniale, des mil¬lions d'enfants et d'adultes devaient surmonter ce han¬

dicap : recevoir leur instruction dans une langue étrangère.Aujourd'hui, les éducateurs, dans le monde entier, sontde plus en plus conscients du fait que l'emploi des lan¬gues maternelles ou nationales comme langue d'enseigne¬ment est plus efficace pédagogiquement tout en renfor¬çant l'identité culturelle et la cohésion nationale.

Photo Unesco - BREDA, Dakar

VI. Les sciences

et leur applicationau développement

DE profondes disparités caractérisent la répartition desmoyens matériels et humains dans le domaine de lascience et de la technologie. Le montant des dépenses

consacrées à la recherche par personne active est soixante foisplus faible dans les pays en développement que dans les autres.,.Sur le plan des résultats, les inégalités sont évidemment aussigrandes : plus de 93 % du nombre des brevets déposés le sontpar les pays industrialisés.

Science et technologie au service

du développement

Ces disparités se trouvent sans aucun doute au ceur des pro¬blèmes de développement. Une meilleure répartition des tâchesde recherche et la création de nouveaux pôles de développe¬ments scientifique et technologique permettraient aux sociétés,jusqu'ici improductives dans ces domaines, de prendre part nonseulement au progrès scientifique et technique, mais aussi à ladéfinition des finalités de la science et de ses applications sur leplan international.

Un tel élargissement de la coopération internationale appa¬raît d'autant plus nécessaire que de nombreuses disciplinesscientifiques, comme la géologie, l'océanographie, la climatolo¬gie, la radio-astronomie ou l'épidémiologie, transcendent pardéfinition les frontières nationales et régionales.

Le Centre international de physique théorique deTrieste, fondé en 1963 et financé par l'Italie, l'Agenceinternationale de l'énergie atomique et l'Unesco, orga¬nise des cours de spécialisation et des séminaires dehaut niveau à l'intention de jeunes physiciens originai¬res des pays en développement, leur permettant ainsid'actualiser leurs connaissances et d'entrer en contact

avec d'autres scientifiques. Ci-dessous, quelques-unsdes 1 500 physiciens que le Centre accueille chaqueannée.

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enoughAn optimistic assessment of world energy

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Photo ¿ Unesco PressPhoto Paul Almasy - Unesco

La planète est-elle en train d'épuiser ses réserves d'énergie ? En restera-t-il assez pour tous lorsque la popu¬lation mondiale aura atteint ou dépassé le chiffre de 6 milliards dans les vingt prochaines années ? Cesquestions, parmi d'autres, sont abordées par une douzaine d'experts dans « Plus qu'il n'en faut ? », pre¬mier titre (en haut à gauche) de « Sextant », une récente collection de l'Unesco destinée à permettre auprofane de s'orienter dans l'océan d'informations compliquées, et souvent confuses, concernant diversproblèmes. Les nouvelles sources d'énergie renouvelables couvrent une fraction croissante des besoinsen énergie du monde. L'énergie solaire, en particulier, en tant que source d'énergie, représente un grandespoir pour les pays en développement. En haut, à droite, un four solaire mis au point par le Laboratoired'énergie solaire de l'université de Dakar (Sénégal).

Les objectifs sont donc de renforcer le potentiel national derecherche en sciences exactes et naturelles, et d'en améliorer lesinfrastructures institutionnelles ; de développer les program¬mes de formation universitaire et post-universitaire, et de lesadapter aux besoins et aux conditions spécifiques ; d'élargir etde renforcer la coopération internationale.

Comme les sciences exactes et naturelles, les principales scien¬ces de l'ingénieur ont connu au cours des dernières années uneévolution rapide, de sorte que le volume croissant deconnaissances rend la polyvalence technique plus difficilementréalisable. La solution préconisée pour résoudre ce problème estune formation qui vise à inculquer les concepts de base plutôtqu'un savoir encyclopédique, et que viendraient compléterd'autres moyens d'apprentissage : formation permanente,recherche et documentation personnelle, stages dans lesentreprises.

Périls et promesses des technologies nouvellesLes progrès conjugués de l'informatique et de la micro¬électronique, leurs applications qui se propagent du secteur desservices (télématique, bureautique) à celui de la productionmanufacturière (automatisation et robotique) provoquent, àplus ou moins long terme, dans les pays industrialisés, des modi¬fications radicales de la nature et de la structure des industries,qui risquent fort de priver les pays en développement d'un cer¬tain nombre de débouchés pour leurs productions moinsconcurrentielles.

Les biotechnologies contribuent à la fois à la conservation dela diversité génétique (collections de cultures microbiennes,sélection de nouvelles souches, dé nouvelles variétés de plantescultivées et de nouvelles races d'animaux domestiques) et à l'in¬novation technologique : ces deux aspects intéressent les paysen développement autant que les pays industrialisés. Les bio¬technologies reposent sur l'ingéniosité et le savoir-faire bienplus que sur les sciences à logistique lourde, et leur développe¬ment, qui se trouve à la portée des pays moins favorisés, leursera profitable pourvu que les buts en soient bien définis.

Pour l'Unesco, les objectifs sont donc de contribuer à la dif¬fusion des technologies nouvelles après en avoir mesuré toutes

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les conséquences et examiné les adaptations et les ajustementsnécessaires ; de renforcer la formation des spécialistes et- déstechniciens concernés en créant des conditions favorables à la

recherche ; et de développer les échanges d'informationspécialisée.

Les sciences humaines : un rôle indispensableLa nécessité de recherches en sciences humaines se fait parti¬

culièrement pressante dans les pays en développement. Ildevient essentiel de mettre en évidence les modalités de

l'échange inégal, les conséquences de l'introduction de l'agri¬culture de rapport, les mécanismes à l'suvre dans le change¬ment social rapide et leurs conséquences sur les valeurs et sur laculture en général. Il convient aussi de recueillir les donnéessocio-économiques et de forger les instruments nécessaires à laformation des plans de développement. Il est à peine moinsurgent d'élucider les processus historiques, la nature des rap¬ports sociaux internes, leurs influences sur les processus dedéveloppement, la juxtaposition ou les interférences entre pou¬voirs modernes et pouvoirs traditionnels, l'influence de certainsprocessus de modernisation sur la vie économique et sociale, surla culture, sur les technologies locales et la médecine tradition¬nelle, sur le droit coutumier et les structures parallèles du pou¬voir en milieu rural, etc.

Or, la compréhension de pareils problèmes et la recherche desolutions supposent que l'on fasse appel à plusieurs disciplinestravaillant en symbiose. Une telle démarche est particulièrementimportante lorsque la question à l'étude n'est autre que le vastedomaine du développement.

L'action de l'Unesco aura pour objet la mise en place de pro¬grammes de formation et de recherche sur le plan universitaireet au-delà.

Les activités de programme prévues au titre de ces domainesclés comprennent de ce fait non seulement la création ou le ren¬forcement des infrastructures de recherche et de formation,mais aussi la formulation de politiques et de programmes, enmême temps qu'une meilleure perception des conséquencessociales et culturelles de l'introduction et du développement destechnologies nouvelles.

VIL Systèmes d'Mormationet accès à la connaissance

ON constate un accroissement spectaculaire de la produc¬tion de documents dans le monde. Quelques chiffrespermettent de mesurer l'ampleur du phénomène. Il

paraissait en 1970 plus de 6 000 documents par jour ouvrable,soit 2 millions dans l'année, et l'on prévoit que ce dernier chiffresera multiplié par quatre ou cinq d'ici à 1985, année au cours delaquelle paraîtront 8 à 10 millions de documents scientifiques ettechniques imprimés. Cette augmentation considérable duvolume de l'information a rendu nécessaire la mise en place demécanismes de stockage et de diffusion de l'information.

Or', sur les 900 bases de données bibliographiques et numéri¬ques actuellement disponibles en ligne à l'échelle mondiale,moins de 1 % sont produites dans des pays en développement.L'accès de toutes les nations à l'ensemble des bases de données

paraît indispensable au progrès de chaque société comme àl'avancement général du savoir humain.

UNISISTEn 1973, l'Unesco a institué, en collaboration avec le Con¬

seil international des Unions scientifiques, un programmeintergouvernemental, baptisé UNISIST, qui tend à promou¬voir « une action internationale ordonnée et soutenue, afinde faciliter le transfert de l'information scientifique et tech¬nique pour le développement économique et social desnations ». En 1979, la portée de ce programme a été éten¬due, dans la perspective d'un réseau mondial d'informations,à l'ensemble des informations scientifiques, techniques, éco¬nomiques et sociales utiles au développement.

Il se révèle donc indispensable que les pays en développementpuissent tout à la fois utiliser, selon leurs besoins, les bases dedonnées extérieures et développer parallèlement, sur le plannational ou régional, leurs propres bases et banques de données.

Contre les entraves et les monopolesParmi les obstacles au libre accès à l'information figure le

coût très élevé des nouvelles technologies de l'informatique etdes télécommunications appliquées au traitement de l'informa¬tion ; les pays en développement les plus démunis risquent de nepouvoir mettre en place l'infrastructure nécessaire à l'établisse¬ment de systèmes et de réseaux automatisés, sauf à recourir àune aide extérieure. Ces nouvelles technologies soulèvent parailleurs des problèmes juridiques complexes, notamment enmatière de droit d'auteur.

Les pays industrialisés détiennent actuellement une sorte demonopole de fait en matière d'information, qui touche autantà la substance du savoir qu'aux moyens techniques de le diffu¬ser. Le transfert des techniques de l'information, et de l'infor¬mation elle-même, vers les pays en développement risque d'êtreentravé par des pratiques restrictives, mais il peut égalementplacer ces pays dans des situations de dépendance par rapportà des fournisseurs privilégiés.

Les pratiques restrictives entravant la libre circulation de l'in¬formation s'observent également dans les relations entre paysindustrialisés, et au sein d'un même pays.

Il apparaît aujourd'hui que l'établissement d'un réseau mon¬dial d'information devrait constituer un élément essentiel d'une

stratégie de développement envisagée en fonction de l'instaura¬tion d'un nouvel ordre économique international.

Le Programme général d'information de l'Unesco, quiregroupe actuellement l'essentiel des activités de l'Organisationen matière d'information, de bibliothèques et d'archives - etdont l'UNISIST est partie intégrante - paraît particulièrementadapté à la nature des principales tâches à accomplir au titre duprésent grand programme. Par son objet même, ce grand pro¬gramme est à la fois interdisciplinaire et intersectoriel. II s'ap¬plique en effet aux sciences exactes et naturelles, aux sciencessociales et humaines, comme à toutes les autres branches dusavoir et à tous les secteurs de l'activité humaine.

VIII. Principes,méthodes

et stratégies deFaction pour ledéveloppement

LES pays industrialisés, qui ont connu pendant plusieursdécennies une croissance économique sans précédent,n'ont pas toujours réussi à apporter une réponse

satisfaisante à la question d'une répartition équitable des reve¬nus, ni à celle suscitée par la crise des valeurs qui accompagnecertains changements rapides. Dans plusieurs d'entre eux, lapauvreté subsiste dans différentes couches de population et lerecul du sens civique et moral affecte gravement certains élé¬ments de la population et en particulier les jeunes. Des difficul¬tés nouvelles apparaissent, sur les plans économique et social,du fait de la récession et de l'effet conjugué de l'inflation et duchômage.

Si la reprise de l'expansion économique paraît être indispen¬sable à la solution de la crise que traversent de très nombreuxpays, des divergences surgissent quant aux politiques à mener.

Des interrogations fondamentales apparaissent quant à lafinalité de la croissance, les conséquences qu'elle peut avoir sur ^

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l'environnement naturel et sur le bien-être des populations. Parailleurs, si le potentiel industriel, et parfois même agricole, dedivers pays industrialisés reste pratiquement sous-employé, lesbesoins non satisfaits des pays en développement restent énor¬mes. Dès lors se pose la question - d'ordre à la fois économi¬que, social et politique, mais aussi éthique de la coexistencedans un même monde de zones de pauvreté et même de misèreet d'autres, où c'est la surabondance qui constitue un problème.

Nécessité des actions globalesSi, en matière de coopération économique internationale,

aucun progrès décisif n'a pu être réalisé, la communauté inter¬nationale semble bien avoir acquis la conviction que la mondia¬lisation croissante de la production, des flux économiques etfinanciers et des échanges d'information enlève dorénavanttoute efficacité aux solutions unilatérales fondées sur une

analyse partielle des problèmes et que seules pourraient porterfruit des actions globales et intégrées tenant compte de l'ensem¬ble des peuples et des nations. Malheureusement, la mondialisa¬tion fondée sur la concurrence maintient la logique où chacunpense résoudre sa crise en l'exportant chez l'autre. Il en résultedes situations marquées par des pénuries graves dans certainspays alors que dans d'autres des moyens de production de¬meurent soit insuffisamment employés, soit utilisés exclusive¬ment en vue du profit, même à rencontre des intérêts collectifsde l'humanité comme c'est le cas des industries d'armement.

Dépasser le concept mécanistede la croissance

Longtemps on a cru pouvoir réduire le développement à saseule dimension économique et dès lors tous les autres secteursd'activités humaines devaient être subordonnés aux exigencesde la croissance.

Il convient de dépasser, dans la pratique, une telle approcheréductrice. C'est par une intégration de plus en plus large despolitiques ayant trait à chaque secteur de l'activité humaine -social, économique, technique, culturel - que pourrait êtrecréée une dynamique de créativité sociale susceptible de mettrela science et la technique au service de l'intérêt des communau¬tés, conformément aux aspirations de leurs populations.

En particulier, il importe que les dimensions culturelles soientprises en compte dans toute entreprise de développement. Lesentiment de la continuité et de la vitalité des valeurs culturelles

joue, en effet, un rôle essentiel. Le développement se doit d'in¬tégrer les héritages du passé et la volonté de changement de tellesorte que les évolutions nécessaires recueillent le plus large con¬sensus social. D'ailleurs, l'une des voies essentielles du consen¬sus social semble bien être la participation des populations auxchoix effectués au nom de la communauté à laquelle elles appar¬tiennent, en ce qui concerne tant les objectifs à atteindre que lesactions à entreprendre et les contreparties à consentir.

Une attention particulière sera accordée à la réflexion sur lesens et les finalités du développement dans différentes perspec¬tives culturelles, ainsi qu'à l'étude des modalités d'action pro¬pres à promouvoir la participation des populations à la défini¬tion des objectifs de développement.

Autonomie et intégrationIl importe aussi de mettre en évidence, du point de vue du

développement des pays, les facteurs positifs que représententles relations internationales, de même que les contraintesqu'elles exercent. Les analyses à mener dans ce sens pourraientporter notamment sur les relations entre paix, désarmement etdéveloppement; les facteurs structurels qui sont à l'origine desphénomènes de domination et de dépendance; les incidences d^s

Cet objet - un petit personnage humain assis en haut d'uneéchelle - date de 3 000 ans environ et fut découvert dans

une nécropole de la région d'Amlash, près de Lahijan, au nordde l'Iran. Aujourd'hui, l'Unesco aide les Etats membres del'Organisation à construire l'échelle de la solidarité Interna¬tionale qui permettra aux pays du monde moins privilégiésd'atteindre un niveau de développement tel qu'ils pourrontréaliser leurs aspirations matérielles et spirituelles les plusprofondes.

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activités de sociétés transnationales; les conditions de l'instau¬ration d'un nouvel ordre économique international et leurs inci¬dences dans les domaines de compétence de l'Unesco. Il impor¬terait, d'une manière plus générale, d'approfondir l'étude desconditions qui permettraient aux pays en développement deconsolider les bases d'une autonomie et d'un développementcollectifs, en soulignant les aspects socioculturels des intégra¬tions régionale et sous-régionale. La situation des pays dits lesmoins avancés devra faire l'objet d'une attention spéciale, demême que les études ou les mesures relatives à des stratégies dedésenclavement pour certains de ces pays.

Quant aux relations entre les facteurs de population et ledéveloppement, leur analyse devrait être menée non seulementselon les points de vue historique et géographique, mais aussi àla lumière des conditions sociales, économiques et culturelles.

Il va de soi que les études portant sur les processus de dévelop¬pement seront entreprises dans des cadres géographiques diffé¬rents, pour mettre en évidence la spécificité qu'imprime aux dif¬férentes expériences de développement la diversité des perspec¬tives historiques et culturelles.

IX. Science,technologie et société

L'ACCROISSEMENT des capacités de création scientifi¬que et technologique ne s'accompagne pas toujoursd'une maîtrise des développements technologiques et ne

donne pas lieu nécessairement à des utilisations répondant auxaspirations des hommes et servant de manière équitable tous lespeuples.

L'effort scientifique et technologique mondial destiné à aug¬menter le pouvoir de destruction des armes et qui engendre lacourse aux armements est un facteur d'inquiétude grave. Nonseulement les recherches consacrées aux armements immobili¬

sent des ressources considérables qui pourraient servir à la satis¬faction des besoins prioritaires des sociétés, mais les innova¬tions technologiques qu'elles engendrent appellent d'autresinnovations, qui compromettent encore la sécurité qu'elles sontsupposées apporter.

D'autre part, lorsqu'il est mal maîtrisé, le développementtechnologique peut avoir des conséquences très préoccupantes :dégradation de l'environnement, migrations massives et urbani¬sation anarchique, menaces pour l'emploi, mise en cause de cer¬taines valeurs culturelles. Dans les pays en développement, l'im¬portation de technologies, souvent par l'intermédiaire desentreprises transnationales, conduit à l'implantation d'indus¬tries qui nécessitent d'importants investissements, ne créent paspour autant de nouveaux emplois, mais provoquent des change¬ments profonds dans les modes de consommation et les modesde vie. Ailleurs, des inquiétudes sont suscitées par les progrès del'informatique et de la robotique, en raison de leurs incidencespossibles sur l'emploi et les conditions de travail, ainsi que surla liberté des individus et la préservation de la vie privée.

Greffe, implantation ou rejetLa technologie est souvent traitée comme un bien marchand

à exporter, alors qu'il s'agit de réaliser un transfert organisé desavoir-faire et qu'il faut une capacité endogène pour adapter cedernier à l'environnement socioculturel et naturel.

L'implantation de la science et de la technologie dans lasociété ne se réduit pas à une simple greffe de connaissances, desavoir-faire, de pratiques et de techniques sur un tissu social quin'y est pas préparé. Il n'y a pas, d'un côté, la science et la tech¬nologie, et de l'autre, la société. Les premières doivent, bien aucontraire, s'enraciner profondément dans la seconde et leuressor dépend de réalités tout à la fois matérielles, sociales, éco¬nomiques, culturelles, historiques et politiques.

Les gouvernements, conscients de l'importance des enjeux,adoptent à cet égard une attitude de jour en jour plus volonta¬riste. Ils répondent en cela à une demande croissante de la jeu¬nesse qui n'accepte plus la fatalité ou le hasard dans ce domaine.Vouloir son avenir ou le subir, telle est la question. C'est aussila raison d'être des politiques de la science et de la technologie.

Orientations du progrès : la participation socialeLa maîtrise ou le contrôle des transferts de technologie se

révèle d'autant plus difficile pour les pays en développementque ces pays ne disposent pas d'un nombre suffisant de spécia¬listes capables de choisir, d'adapter et de veiller eux-mêmes àl'assimilation des technologies étrangères. Cette pénurie de spé¬cialistes est souvent aggravée par l'exode des compétences.

Il importe que soient associés au progrès non seulement lesresponsables politiques mais aussi les universitaires, les cher¬cheurs, les ingénieurs et les représentants des divers secteurs deproduction. Il convient aussi d'assurer la participation despopulations à l'identification de leurs besoins et leur collabora

tion à la définition des orientations des recherches et à l'implan¬tation et à la propagation des innovations. A cet égard, ilimporte en particulier d'obtenir la participation des femmes etdes jeunes.

La conscience se fait plus claire, depuis quelques années, dela nécessité de tenir compte, dans l'élaboration de ces politi¬ques, de certaines valeurs fondamentales d'ordre éthique, reli¬gieux et culturel. II faut sans doute y voir le besoin, ressenti par¬tout dans le monde, de s'adapter à la modernité des savoirsscientifiques ou des technologies de pointe, et de favoriser enmême temps tout ce qui peut contribuer à la conservation, voireà l'épanouissement, des traditions et valeurs humaines par les¬quelles chaque société exprime sa spécificité, son identité, sadignité. En conséquence, les politiques de la science et de latechnologie s'éloignent progressivement de l'approche "tech¬nocratique" basée sur des critères d'ordre exclusivement cogni-tif et utilitaire.

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La technologie est souvent traitée comme un bien marchand à expor¬ter, alors que son transfert, pour être réussi, exige une apprécia¬tion objective des besoins locaux et une compréhension réelle deses effets économiques, sociaux et culturels à long terme. Ci-dessus,une pompe à eau mue par l'énergie éolienne dans la région de Gozi-rah, au Soudan.

Photo Eric Schwab, Unesco

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L'écologie en actionLe programme international de recherche et de formation intituléL'homme et la biosphère (MAB), que l'Unesco a lancé ¡I y a plus dedix ans, avait comme objectif général de « préciser dans les scien¬ces exactes et naturelles et dans les sciences sociales, les basesnécessaires à l'utilisation rationnelle et à la conservation des ressour¬

ces de la biosphère et à l'amélioration des relations globales entrel'homme et l'environnement, de prévoir les répercussions des actionsprésentes sur le monde de demain et, par là, de mettre l'homme mieuxà même de gérer efficacement les ressources naturelles de labiosphère ».Les résultats de plus de 1000 projets de recherche menés à bien dans79 pays ont été acheminés vers les centres scientifiques par les voleshabituelles ; mais, comme les décisions concernant l'aménagementdu territoire et la planification environnementale impliquent des con¬sidérations culturelles, sociales et politiques, elles doivent être pré¬sentées aussi sous une forme accessible aux non-scientifiques (déci¬deurs, éducateurs, groupements écologiques, associations locales,agriculteurs et, plus généralement, à un large public) pour qui ces déci¬sions sont également d'un intérêt vital.Pour ce faire, le secrétariat du MAB a conçu, en collaboration avecle groupe Etudes et planification des communications, dont le siègese trouve à Paris, une exposition itinérante de 36 affiches se réfé¬rant à cinq thèmes principaux : approches intégrées de l'aménage¬ment du territoire ; forêts tropicales ; terres marginales (zones ari¬des, régions montagneuses) ; villes et urbanisation ; conservation dela nature. Trois de ces affiches ont été reproduites ci-contre. En haut :l'affiche qui présente le programme du MAB et souligne sa dimen¬sion planétaire, sa finalité et son organisation. Au centre : l'affichequi explique la nécessité de synchroniser le travail des hommes descience, des planificateurs et des gens qui appliquent les résultatsdes recherches du MAB, chacun pouvant travailler à une échelle detemps différente (ainsi l'homme de science peut être concerné parl'amélioration à long terme du rendement d'une variété de blé ; le pla¬nificateur par la prévision, six mois à l'avance, d'une pénurie alimen¬taire ; le cultivateur par la mise à l'abri de sa récolte avant la saisondes pluies attendue une semaine plus tard). En bas : l'affiche mon¬trant le risque de dégradation des sols et suggérant les moyens del'éviter.

L'exposition, qui existe en français, anglais, espagnol, est intituléeL'écologie en action. Elle a déjà été présentée dans des écoles, desministères, des foires commerciales et des conférences scientifiques,suscitant partout un extrême intérêt.

MAB: an international programme

What is MAB?

The MAB Programme at a glance

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Synchronizing scientists and planners...A TIME TO STUDY, A TIME TOACT, A DATE TO BE KEPT...

Un- ililfrrrnt mm- -c.ilrs ol síjentiüi of

ill ffwent dtsdpHaes, ami < >f scientistsand ptftnoe» sJxmiM be hwrnontwd.

Rernainiag flexible and ablechangm* condHwrts ¡\ also iwccvin (<deal with the moving targets or rapidlyo »J ting land use problems.

The risk of soil degradationr.wojmr.tkttMfktkrlMioffMtt;

K**ltko«frtattM*rbkl<aa4»lfc<7

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X. Environnement humain

et ressources terrestres et marines

LE développement des sociétés industrielles s'est opéré surla base d'une utilisation à grande échelle des ressourcesnaturelles, confinant dans certains cas au gaspillage -

qu'il s'agisse des ressources énergétiques, des ressources miné¬rales ou des ressources vivantes.

L'ensemble de ces processus, survenant dans un mondecaractérisé par une grande inégalité de répartition des activitésindustrielles entre les pays et les régions, a souvent suscité uneutilisation excessive des ressources de toute nature des pays dutiers-monde, qui ont joué le rôle de pourvoyeurs de matièrespremières dans le cadre de la division internationale du travail.Il a également conduit, dans certains cas, à transférer dans cespays des activités polluantes dont les collectivités mieux pour¬vues tendent à empêcher l'implantation. Par ailleurs, les pays endéveloppement n'ont dispose que de manière limitée de la capa¬cité de connaître et d'exploiter leurs propres ressources dansl'intérêt de leur propre progrès.

En vue de la préservation des écosystèmes et de certains espa¬ces menacés, des parcs naturels et des réserves de la biosphèreont été créés dans la plupart des pays et dans la plupart des airesbiogéographiques. La protection des mers et des zones côtièrescontre une pollution grandisante a provoqué la concertation depays riverains.

En même temps s'est affirmée la prise de conscience de l'im¬portance que revêt, pour chaque pays, et notamment pour lespays en développement l'utilisation mieux.maîtrisée de ses res¬sources naturelles. C'est d'ailleurs un des aspects fondamen¬taux ' de la recherche d'un nouvel ordre économiqueinternational.

L'Unesco consacre des programmes spécifiques à l'écorceterrestre et aux ressources minérales et énergétiques, aux res¬sources en eau ; à l'océan et à ses ressources ; aux régions littora¬les et insulaires et, enfin, aux ressources des écosystèmesterrestres.

En particulier, le Programme intergouvernemental surl'homme et la biosphère (MAB) trouve son expression concrètedans cinq des programmes proposés (Aménagement des régionslittorales et insulaires, Aménagement du territoire et ressourcesterrestres, Systèmes urbains et urbanisation, Patrimoine natu¬rel, Education et information relatives à l'environnement).Loin d'être une fragmentation, cette présence du MAB permetde refléter son caractère interdisciplinaire et sa contribution àplusieurs domaines importants. La cohérence de l'action uni¬taire du MAB sera renforcée dans ses activités concrètes et dans

sa structure.

Un inventaire des ressources

Les recherches entreprises par l'Unesco sur l'écorce terrestreet ses ressources minérales couvrent les domaines suivants:

La Corrélation géologique spatio-temporelle concerne lapoursuite du Programme internationale de corrélation géologi¬que (PICG), ecécuté conjointement par l'Unesco et l'Unioninternationale des sciences géologiques en vue d'une meilleureconnaissance de l'histoire géologique de la planète; la Géologieappliquée au développement économique a pour objet de four¬nir les données nécessaires à l'inventaire et à la mise en valeur

des ressources minérales dans les pays en développement; laGéologie appliquée à l'aménagement du territoire comprendl'étude des facteurs géologiques et géochimiques qu'il convientde prendre en compte dans l'aménagement du territoire et lestravaux de génie civil ; le Traitement et diffusion des donnéesrelatives aux sciences de la terre se propose de rassembler, detraiter et de diffuser les informations en sciences de la terre,notamment sous la forme de cartes géologiques, métallogéni-ques et tectoniques, un effort particulier étant également fait en

faveur de l'interprétation des données fournies par les techni¬ques de télédétection et leurs applications.

Les catastrophes naturelles d'origine tellurique - séismes,éruptions volcaniques, tsunamis, glissements de terrain -entraînent chaque année de lourdes pertes en vies humaines etdes destructions très importantes. D'autres catastrophes, d'ori¬gine climatique, telles que les sécheresses exceptionnelles et lesinondations, peuvent avoir des conséquences encore plus éten¬dues, en particulier dans les pays en développement. Ici il serafait appel à la coopération internationale dans les domaines dela recherche scientifique et technique, des sciences sociales et dessciences du comportement, ainsi qu'à la coopération directeavec les pays menacés ou victimes de catastrophes naturelles.

Sécheresses ou inondations

Globalement les ressources en eau sont bien supérieures à lademande prévisible, mais leur répartition est inégale et certainesrégions connaissent déjà une grave pénurie qui risque de s'ac¬centuer à l'avenir. A ces situations d'insuffisance de l'alimenta¬

tion en eau par rapport à la demande, s'ajoutent, périodique¬ment et dans certains cas de façon endémique, de grandes varia¬tions des approvisionnements.

La situation est dans bien des cas encore aggravée par la mau¬vaise qualité des eaux, par la pollution des eaux superficielles,et même des eaux souterraines, par les effluents des usines et àla suite de l'emploi intensif des pesticides et des engrais.

Le Programme hydrologique international (PHI) continuerad'être le principal instrument d'action. Les orientations fonda¬mentales de sa troisième phase (1984-1989) portent, entreautres, sur l'extension des activités de recherche et de formationconcernant la planification et la gestion des ressources en eau.

Les trois projets majeurs régionaux entrepris en 1981, enAfrique, en Amérique latine et aux Caraïbes, et dans les Etatsarabes, doivent contribuer à l'accroissement du potentiel scien¬tifique et technique endogène, au progrès des recherches et audéveloppement des réseaux d'information, et à une utilisationdes ressources en eau qui soit fondée sur les choix technolo¬giques les plus appropriés et tienne compte des conditions bio¬géographiques et socio-économiques. Ces projets pourront êtreétendus à d'autres régions.

Exploitation et connaissance de la mer

Même si les négociations engagées depuis dix ans dans lecadre de la Conférence des Nations Unies sur le droit de la mer

n'ont pas encore abouti à instituer, un -nouveau "régime de lamer", un nouveau droit coutumier est né. U consacre l'exten¬

sion des souverainetés nationales sur des "zones économiquesexclusives", et doit conférer à la communauté internationaledes responsabilités accrues en matière de recherche, de conser¬vation et de gestion des ressources, y compris celles des grandsfonds océaniques, considérés comme "patrimoine commun del'humanité".

De nombreux pays en développement se trouvent désormaisdétenteurs de droits sur des zones marines très étendues qui,notamment pour beaucoup d'Etats insulaires, sont bien plusvastes, et éventuellement plus riches en ressources, que leur ter¬ritoire proprement dit. Or, la plupart d'entre eux n'ont ni lesmoyens technique et financier, ni le personnel qualifié, qui leurpermettraient d'explorer et d'exploiter systématiquement leursnouveaux domaines. Ils sont ainsi amenés à concéder des droits

de pêche hauturière ou de prospection pétrolière sous-marine,à acheter de l'équipement et à rechercher une assistance tech¬nique auprès des grandes puissances maritimes.

23

L'Unesco et sa Commission océanographique intergouverne¬mentale (COI) ont à relever un double défi : d'une part, denombreux Etats membres ont un besoin accru d'assistance pouratteindre leurs objectifs en la matière et pour collaborer effica¬cement aux programmes internationaux de recherche océanolo¬gique et aux services océaniques ; d'autre part, les connaissan¬ces des océanologues doivent être mobilisées pour réaliser l'ex¬ploitation rationnelle des ressources de l'océan et protéger lemilieu marin.

Les côtes et les îles

Deux hommes sur trois vivent aujourd'hui dans les régionscôtières, à proximité de la mer, sur le littoral des continents oudans les îles. Cette situation, qui résulte tant de l'accroissementdémographique et des mouvements de population que des effetsdu développement économique, affecte des régions aux équili¬bres délicats qui sont bien souvent des zones de civilisationancienne, dont la prospérité était fondée sur la navigation et lecommerce maritime, ainsi que sur la productivité relativementélevée des milieux côtiers.

»L'environnement côtier exerce une forte attraction en tant

que zone d'implantation d'établissements humains, permanentsou saisonniers, urbains ou industriels. En particulier, les zoneslittorales sont affectées par l'ampleur du tourisme saisonnier.

Or, il se trouve que les plages, les estuaires, les lagunes, lesmangroves, les récifs coralliens sont des milieux très vulnérableset particulièrement exposés aux conséquences du développe¬ment moderne.

Les îles, et notamment celles dont la superficie ne dépasse pas10 000 km2, subissent les mêmes contraintes que les côtes descontinents, et connaissent en outre des difficultés spécifiques.La vulnérabilité des écosystèmes insulaires est très grande et lestentatives faites pour accroître la production afin de répondreaux besoins du développement ou aux pressions démographi¬ques se heurtent à des contraintes spatiales particulièrementaiguës. Dans bon nombre d'îles, les ressources terrestres, enparticulier celles de l'agriculture, ne permettent plus de satis¬faire les besoins d'une population en expansion ; l'exploitationdes ressources côtières et marines devient alors un impératiféconomique. Ce problème intéresse tous les pays qui ont à assu¬rer la gestion d'îles plus ou moins nombreuses, et il concernetout particulièrement les Etats insulaires.

Ici, quatre grands objectifs :- faire connaître les caractéristiques de certains écosystèmes

côtiers ou insulaires, promouvoir les recherches interdisciplinai¬res requises et réaliser une synthèse des connaissances sur lesinteractions entre les milieux continentaux et côtiers ;

- contribuer à un aménagement intégré des zones littoralesqui tienne compte des différentes options d'aménagement pourrésoudre les conflits d'intérêts entre urbanisation, tourisme,industrialisation, agriculture intensive, aquaculture et pêche ;

- conduire des recherches interdisciplinaires sur le milieuinsulaire, sur les rapports entre populations, ressources, envi¬ronnement et développement ;

- former des spécialistes responsables de l'aménagementintégré des régions littorales et insulaires.

Le Programme hydrologique international (PHI) de l'Unesco est con¬sacré à l'évaluation, au développement et à la gestion rationnellede l'une de nos ressources les plus précieuses : l'eau. Les program¬mes du PHI concernant la neige et la glace aident à approfondir notreconnaissance des interconnexions unissant la neige et la glace, leclimat et les ressources en eau. Les dépôts de glace annuels, commeceux qu'on peut voir distinctement sur cette photo de la calotte gla¬ciaire de Quelccaya, au Pérou, sont autant de témoins indiquant leschangements climatiques qui se sont produits sur une période deplusieurs siècles.

Photo L.G. Thompson, avec l'aimable autorisation de Science (Vol. 203) © The AmericanAssociation for the Advancement of Science, Washington, D.C

L 'homme et la biosphèreL'utilisation du sol donne lieu, dans toutes les régions, à des

activités concurrentes : exploitation agricole ou pastorale,implantation d'industries, urbanisation, tourisme, etc. Il enrésulte des conflits d'intérêts liés à la spécificité des situationslocales mais aussi aux interdépendances et aux déséquilibreséconomiques à l'échelle mondiale.

Nombre de formules d'aménagement du territoire s'inspirentde celles qui ont été adoptées dans quelques pays industrialiséset à climat tempéré ; elles s'appliquent difficilement aux condi¬tions écologiques ou socioculturelles d'autres zones. Dans lespays industrialisés eux-mêmes, l'aménagement du territoiredans certaines régions vulnérables d'interface (ville-campagne,littoral, montagnes) rend nécessaire l'élaboration de nouvellesapproches.

L'Unesco s'efforcera de développer la connaissance scientifi¬que des processus physiques et biologiques et des conditions

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sociales et culturelles qui sont à prendre en considération danstoute politique d'aménagement intégré du territoire et d'utilisa¬tion rationnelle des ressources des écosystèmes terrestres.

Le programme "l'homme et la biosphère" (MAB) assureunité conceptuelle et unité de gestion pour les activités opéra¬tionnelles de recherche, de formation et de démonstration por¬tant sur la conservation des zones naturelles protégées, la ges¬tion de l'espace rural et la gestion de l'espace urbain.

Plus de 130 Etats membres participeront activement au pro¬gramme MAB avant 1989 ; les projets, dont le nombre totalrestera compris entre 1 000 et 2 000, seront davantage orientésvers des applications concrètes ; ils comporteront des activitésde formation et de vulgarisation plus importante. Le nombredes chercheurs et techniciens qui y participeront sera de l'ordrede 20 000.

Quant aux projets-pilotes intégrés nationaux de recherche, deformation et de démonstration sur l'aménagement du territoireet la gestion rationnelle des ressources naturelles, qui consti¬tuent les éléments essentiels des réseaux régionaux, il y en aura15 à 20 par réseau et, au total, une centaine vers la fin de lapériode du Plan. Chaque année, plus de 300 spécialistes de paysen développement recevront une formation post-universitaire- sur les lieux mêmes des projets-pilotes, pour les deux tiersd'entre eux, et dans des centres d'excellence pour le tiers restant.

Villes tentaculaires

En l'an 2000, plus de la moitié des quelque 6 milliards d'habi¬tants de la terre vivra probablement en zone urbaine. Dans lespays en développement, 2 milliards de personnes habiteront lesvilles. Un autre milliard habitera les agglomérations des paysindustrialisés. Sur les 60 villes de plus de 5 millions d'habitants,47 seront situées dans les pays en développement. C'est dans cespays que se trouveront douze des quinze plus grandes villes dumonde.

A ce jour, la planification n'a guère tenu compte de la com¬plexité des relations entre la ville et le milieu rural environnant ;c'est sans doute l'une de ses principales lacunes. A mesurequ'elles se développent, les villes dépendent de régions de plusen plus éloignées pour leur approvisionnement en eau, en éner¬gie, en nourriture, en matériaux de construction. L'accroisse¬ment de la demande conduit à une dégradation des terres pro¬ches et lointaines, surexploitées. Une meilleure connaissancedes relations entre les villes et le milieu rural avoisinant devrait

permettre de gérer rationnellement cet ensemble.

Le patrimoine naturelLes biens culturels immobiliers tels que les monuments et les

ensembles historiques, et les biens naturels tels que les parcsnationaux et les sites exceptionnels, soulèvent un ensemble deproblèmes communs pour leur préservation et leur mise envaleur, et font appel à un même effort de coopération interna¬tionale. Ils ont été placés sur un pied d'égalité dans la Conven¬tion de 1972 concernant la protection du patrimoine mondial,culturel et naturel, que l'Unesco est chargée de mettre en auvreet à laquelle adhèrent plus de 60 pays.

La préservation du patrimoine naturel signifie avant toutcelle des ressources vivantes dont dépend la survie de l'espècehumaine. En effet, toutes les plantes cultivées, tous les animauxdomestiques proviennent d'espèces sauvages et il est essentiel deconserver le maximum de congénères sauvages pour la sélectiongénétique dont dépendent en définitive le maintien et l'accrois¬sement de la production agricole. De plus, des plantes, des ani

maux ou des micro-organismes encore inconnus sont suscepti¬bles de fournir des produits ou de rendre des services importantsà l'humanité, comme le montrent de nombreuses découvertesrécentes.

L'effort portera non seulement sur la protection de paysagesou d'êtres vivants remarquables, mais aussi sur la protectiond'écosystèmes entiers, de paysages équilibrés façonnés parl'homme et de certains processus écologiques et évolutifs. L'in¬strument essentiel de cette action est le développement d'unréseau mondial de réserves de la biosphère contenant des échan¬tillons représentatifs des principaux écosystèmes du monde.

Un marteau de géologue a été choisicomme emblème du Programmeinternational de corrélation géologi¬que (PICG), entreprise scientifique degrande envergure, lancée conjointe¬ment par l'Unesco et par l'Union inter¬nationale des sciences géologiques(UISG) et consacrée à l'étude del'écorce terrestre et de ses ressour¬

ces minérales et énergétiques. Lesprojets entrepris par l'UISG vont del'étude de la géochronologie à la pros¬pection des gisements de mineraisrentables et au traitement de données

géologiques.

Emblème Unesco

XI. La culture et Pavenir

L'AFFIRMATION de l'identité est aussi inséparable de lavaleur attachée à un patrimoine : témoignages architec¬turaux et artistiques, mais aussi signes et symboles

transmis à travers les traditions orales, la littérature et les lan¬gues, l'artisanat et le folkore, la musique et la danse, les croyan¬ces et les mytes, les rites et les jeux.

Les problèmes qui se posent en matière de conservation et demise en valeur de l'héritage monumental et artistique des peuplessont de toutes sortes : techniques et financiers, archéologiques ethistoriques, socioculturels, muséologiques, juridiques. Certainssont de nature psychologique, en premier lieu ceux que soulèvel'indifférence des populations, bien qu'une dynamique de la pré¬servation se soit indiscutablement développée au cours des vingtdernières années, à la faveur des campagnes internationales desauvegarde de monuments insignes lancées sous l'impulsion del'Unesco.

Le problème de la sauvegarde est aussi, pour certains pays quela domination coloniale a dépossédés de leurs et monu

ments les plus symboliques et où le trafic illicite des biens cultu¬rels sévit plus qu'ailleurs, celui de la restitution.

L'effort pour la généralisation et la coordination des enquê¬tes, de la collecte, de l'enregistrement de la tradition orale, musi¬cale où gestuelle, reste encore sporadique et dispersé.

La culture comme industrie

Il convient de souligner les potentialités, mais aussi les risques,que présente le développement des industries culturelles, qui ontprofondément transformé les conditions de la vie et de l'expres¬sion culturelles dans de nombreux pays. Ces industries offrent eneffet la possibilité d'un élargissement considérable des champsdu savoir et des territories de l'imaginaire ; elles peuvent multi¬plier les occasions de contact avec les culturelles de qua¬lité et jouer un rôle croissant dans la rencontre des cultures et leurenrichissement mutuel. Mais elles semblent aussi parfois accré¬diter des conditions de « consommation» de la culture, qui nevont pas toutes dans le sens d'une fréquentation personnalisée etenrichissante des de création. On observe ainsi un certain ^

25

En coopération avec le gouvernement duNiger et le PNUD (Programme desNations Unies pour le développement),l'Unesco a créé, en 1980, à Niamey(République du Niger), un Centre de for¬mation de conservateurs de musée des

pays africains francophones. Dans ceCentre, des cours de six mois se succé¬

deront jusqu'en 1986. Ils porteront surl'administration et la gestion d'un musée,la préservation de l'héritage culturel etnaturel, l'archéologie et la préhistoire afri¬caines, l'ethnomusicologie, les techni¬ques de la photographie et des exposi¬tions, la taxidermie et la conservation. Ci-

contre, une harpe anthropomorphevenant de la République centrafricaine.

Photo © Musée de l'homme, Paris

tion par les Etats, la poursuite de l'action opérationnelle enfaveur de la sauvegarde et de la mise en valeur des monuments,ensembles et sites historiques, constituent des tâchesindispensables.

Les principes d'action à mettre en muvre pour la réalisationde ce programme sont les suivants : accroître les possibilitésd'une action rapide pour répondre à des menaces telles que lesguerres ou les cataclysmes naturels dont les effets sur le patri¬moine peuvent être irrémédiables ; la protection du patrimoineculturel de l'humanité exige de tous la lutte contre les trafics illi¬cites d'ouvres d'art et d'objets archéologiques ; il s'agit de per¬mettre à chaque peuple qui le souhaite de reconstituer les élé¬ments irremplaçables de son patrimoine culturel.

Dialectique de ¡'«identité et de l'interculturel »Les cultures, loin de devoir se refermer sur elles-mêmes, ont

besoin les unes des autres. A l'échelle nationale comme à

l'échelle internationale, l'enracinement de chacun dans sa pro¬pre identité contribue, à travers l'échange, à fortifier et à diver¬sifier cette communauté plus vaste que forge la coopération. Lerenforcement de celle-ci à son tour permet le maintien de ladiversité des cultures, nécessaire au progrès de l'humanité. Maisil y faut une condition : que la coopération se traduise par desrelations fondées sur la reconnaissance de l'égale dignité descultures.

La récusation des ethnocentrismes, la reconnaissance du plu¬ralisme culturel, à l'intérieur et au-delà des frontières nationa¬les, la découverte et l'appréciation des cultures des autresgroupes ou des autres sociétés constituent à cet égard des objec¬tifs prioritaires.

Un problème capital parait être celui des rapports entre la cul¬ture et le développement industriel en général : informatique,robotique, bureautique, génie génétique. Les interactions entreles cultures préindustrielles et industrielles peuvent être négati¬ves, bien que des compatibilités puissent aussi se dégager entreelles.

Création et créativité

La créativité, qui représente l'aptitude des groupes et des indi¬vidus, voire de sociétés entières, à découvrir, à inventer ou à

appauvrissement des pratiques culturelles privilégiant une« culture-évasion » fondée sur l'inaction et le refus du réel.

La nature même de ces industries les conduit en effet à favori¬

ser les produits qui circulent le plus facilement, et dont la stan¬dardisation, voire la médiocrité, ont été souvent dénoncées. Ilpeut en résulter une véritable érosion de certaines valeurs cultu¬relles, à l'échelle d'une société comme à l'échelle mondiale. Leseffets des industries culturelles seront considérablement accrus

avec l'entrée en scène, dans un avenir proche, de satellites decommunication culturels.

Pour chaque pays, la vraie question sera sans doute moins delimiter l'influence des productions étrangères que de se doter lui-même d'industries culturelles qui s'inspireraient des valeurs cul¬turelles de la communauté, encourageraient la participationcréative des individus et des groupes à la vie collective et permet¬traient aux artistes nationaux d'accéder aux marchés de la pro¬duction et de la diffusion.

Patrimoine culturel

Le patrimoine culturel, notamment architectural, est actuel¬lement exposé à des risques sérieux de dégradation par suite deseffets de l'urbanisation et de l'industrialisation, de la pollutionde l'air, de certains climats et de certaines formes de tourisme.En outre, le trafic illicite de biens culturels ne cesse d'appauvrirle patrimoine de tous les peuples, prenant le relais des pertes his¬toriques subies par de nombreux pays du fait de l'occupationcoloniale ou étrangère.

Les objectifs du programme proposé sont d'abord de connaî¬tre, c'est-à-dire d'inventorier, les diverses formes de patrimoineet notamment ses aspects non physiques, tels que les traditionsorales et les langues, les croyances et les mythes, les danses et lamusique. La protection des témoignages du patrimoine cultureln'est pas moins urgente : la mise au point de législations adap¬tées, l'adoption d'instruments internationaux de protection,dans les domaines encore non couverts, et surtout leur applica-

26

L'Unesco encourage le retour aux muséesnationaux d'euvres d'art enlevées à leurs

pays d'origine. Ci-contre, la statue sacréed'Afo-A-Kom, qui fut volée puis vendueaux Etats-Unis. Elle a été restituée à la

République-Unie du Cameroun par leMusée d'art africain de Washington, D.C.,après que celui-ci l'eut acquise à cetteintention, avec l'appui financier de collec¬tionneurs américains. A l'extrême droite,

un mannequin arborant des parures rituel¬les illégalement exportées d'Equateur parun trafiquant d'ruvres d'art.

Photo © Musée d'art africain. Institut Frederick Dou¬

glass, Washington, D C.

L'Unesco prépare le lancement d'unenouvelle campagne internationale pourla sauvegarde de Göreme, en Cappa-doce (Turquie). Ce site unique, quiremonte aux 5e-6» siècles, comprendun ensemble d'églises, de chapelles etde cités souterraines ornées de fres¬

ques byzantines. La même campagnevise à la préservation des quartiers his¬toriques d'Istanbul, y compris la Corned'Or, menacés par le développementurbain actuel. Ci-contre, une vue par¬tielle de Göreme.

Photo Else Madelon Hooykaas Rapho. Paris

réinventer toutes les formes d'expression en rapport avec leurunivers propre, constitue un aspect essentiel de la participationdes individus et des groupes à la création de leur culture.

Or, certaines formes de création paraissent en déclin, notam¬ment dans plusieurs pays en développement, en raison de l'af¬faiblissement de leur lien avec certaines fonctions de la viesociale. La situation est analogue dans les pays industrialisés,bien souvent en raison de la concurrence des médias audio¬visuels. Dans le domaine de la littérature, de la musique, parfoisdes arts plastiques, la diffusion massive de produits de consom¬mation courante se fait au détriment d'ouvres plus difficiles.

De même, certains aspects de la créativité esthétique et intel¬lectuelle subissent un affaiblissement. Dans les pays industriali-

Elément de l'héritagecommun de l'humanité,

le patrimoine mondialde l'art rupestre est deplus en plus menacé parles assauts conjuguésdes travaux publics, dela pollution, de la négli¬gence et du vandalisme.Aussi l'Unesco a-t-elle

lancé un nouveau pro¬gramme qui vise, entreautres tâches, à inven¬

torier et à analyser lessites mondiaux de l'art

rupestre, à les protégeret à développer la créa¬tion de parcs archéo¬logiques et d'éco-musées. Ci-contre, une

peinture rupestre duTassili N'Ajjer (Saharacentral) représentant undromadaire.

Photo J.-D. Lajoux © Rapho, Paris

ses, le temps libre, pourtant en augmentation, est surtout consa¬cré à la consommation culturelle passive. Dans les pays en déve¬loppement, à côté de formes d'expression créatrices remarqua¬bles, on observe aussi une certaine perte de confiance dans lesvaleurs propres par rapport aux formes importées. Or, unesociété qui perd sa créativité s'affaiblit en général.

Pour intervenir dans ces domaines, il convient de situerd'abord la liberté de création, d'expression et de diffusion dansles différents contextes culturels et sociaux comme un principe ^

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préalable à toute action en faveur de la création et de la créati¬vité. Il sera nécessaire ensuite de faciliter par tous les moyens lesrelations entre les créateurs et la société dans laquelle ils vivent.

Pour un développement culturel

Le développement ne peut se limiter au seul champ économi¬que : il implique que les objectifs de la croissance soient définiségalement en termes de valorisation culturelle.

Cette conception d'un développement moins gaspilleurd'énergie, plus respectueux de l'environnement et plus soucieuxde la vie communautaire et de la convivialité, commence à êtreacceptée aussi bien par les pays en développement que par lespays industrialisés.

Aussi les objectifs seront-ils de mieux connaître les significa¬tions concrètes de la prise en compte de la culture commedimension, voire comme fondement du développement écono

mique et social ; d'étudier les écarts qui existent entre les prati¬ques culturelles des individus et des groupes (parfois distinctesde leurs aspirations profondes) et les politiques culturelles quisont mises en uuvre ; de permettre à tous les pays de disposerdes instruments nécessaires au développement culturel et de lesaider à les adapter aux différents contextes politiques etsociaux ; de former les personnels adéquats en veillant à leurpolyvalence, à leur connaissance des besoins culturels de chaquepopulation et à leur relation avec les autres agents du développe¬ment ; enfin, de contribuer au renforcement de la coopérationculturelle internationale et de favoriser ainsi le rapprochemententre les peuples et l'édification de la paix.

XII. Préjugés, intolérance,racisme, apartheid

EN dépit des progrès accomplis depuis trois décennies, leracisme continue de sévir, les conflits ethniques se multi¬plient, l'intolérance et les préjugés gagnent même du ter¬

rain, malgré l'engagement public qu'ont pris tous les Etats, àl'exception de la République sud-africaine, de mettre un termeà toute discrimination.

Du racisme ordinaire

Dans les pays où les groupes souvent définis comme des« races » ont, pour des raisons historiques, fait l'objet d'unediscrimination, des inégalités subsistent à presque tous lesniveaux. Les systèmes d'éducation, même théoriquementouverts à tous, arrivent, en fait, à perpétuer d'anciennes inégali¬tés entre groupes raciaux ou ethniques, comme en témoignentles pourcentages respectifs d'achèvement des études secondairesou les données concernant l'origine ethnique de la grande majo¬rité des étudiants en certaines disciplines, dans l'enseignementsupérieur. Il faut mentionner aussi la sélection qui, souvent,intervient quant aux débouchés professionnels et à la positionsociale, à égalité de formation et de titres, au détriment de cer¬tains groupes. Les effets des obstacles dus à l'appartenance« raciale » ou ethnique se font sentir, en particulier, dans lesdomaines cruciaux de la science et de la technique comme pourl'accès à des postes de responsabilité. Ainsi, les membres de cer¬tains groupes demeurent cantonnés dans des secteurs détermi¬nés de l'économie ou voués à des fonctions subalternes, la« race » ou l'ethnie peuvent en venir à coïncider partiellementavec la classe. De telles situations risquent de se traduire par unesérie de conflits avec la population dominante, doublés de con¬flits subsidiaires entre groupes ethniques.

Tandis que les migrations internes se poursuivent avec larévolution scientifique et technologique, un nombre croissantde pays font appel à des travailleurs migrants.

De plus en plus souvent, ces travailleurs sont non seulementrecrutés pour remplacer la main-d'luvre locale dans certainssecteurs de l'économie qu'elle a désertés, mais ils servent aussi,à l'occasion, de main-d' agricole concentrée dans les sec¬teurs soumis à une législation discriminatoire spéciale. A l'égardd'immigrés originaires de pays anciennement colonisés ou d'an¬ciens territoires sous tutelle, les stéréotypes associés à la coloni¬sation peuvent subsister ou ressurgir.

S'il est vrai que c'est surtout dans les pays fortement indus¬trialisés qu'apparaissent des situations de cette nature, lerecours, dans plusieurs pays en voie d'industrialisation, à unemain-d' immigrée confinée dans certains secteurs de

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l'économie phénomène distinct du recrutement de personnelhautement qualifié peut aussi engendrer des problèmes diffi¬ciles dans les relations « raciales » ou ethniques.

Conflits ethniques ou économiqueset intolérance religieuse

Encore que les problèmes d'ordre « racial » ou ethnique s'im¬posent davantage à l'attention en milieu urbain, ils sont loind'être absents du cadre rural. Un cas extrême est constitué parla conjonction, dans certaines zones, du paupérisme, du man¬que de terres et de clivages raciaux. Une telle situation, qui peutrésulter d'une ancienne conquête, a souvent pour effet de relé¬guer certains groupes dans les zones agricoles les plus pauvresou de les concentrer dans les secteurs de plantation où lesbesoins saisonniers en main-d'1uvre sont importants.

L'existence de groupes dits « raciaux » et de groupes ethni¬ques étant le fait de la culture : langue, religion, expérience his¬torique commune, valeurs et expressions culturelles partagées,la culture est souvent aussi le véhicule de la transmission des pré¬jugés, le cadre dans lequel se forgent les idées de domination etaussi l'esprit de résistance aux injustices et aux inégalités.

Dans les pays où de nombreuses langues sont en usage, desraisons principalement économiques interdisent, surtout dans lecas des nations les plus pauvres, de les utiliser toutes égalementdans l'enseignement, l'administration ou les moyens d'informa¬tion ; il arrive, cependant, qu'une langue dite commune soitimposée comme élément d'un appareil de domination, commesigne symbolique d'une conquête, ou pour faire passer dans lesfaits une discrimination « raciale » ou ethnique non reconnueofficiellement. Certains conflits ethniques peuvent trouver ainsileur expression dans l'ordre linguistique.

Quant aux religions, s'il est vrai qu'elles sont inséparables desvaleurs spirituelles et culturelles les plus hautes, il n'en reste pasmoins que certains phénomènes d'exclusion peuvent égalementse réclamer de la religion et y puiser leur justification. L'appar¬tenance à des religions différentes peut dès lors jouer commefacteur de clivage entre les groupes ou contribuer à donnerforme à certains conflits sociaux et cela en dépit du fait que cesmêmes religions recommandent la tolérance.

La lutte contre les systèmes coloniaux a souvent uni de nom¬breux groupes dans leur combat pour l'indépendance et laliberté. Mais la façon même dont l'occupation s'est effectuée,l'inégalité d'accès à l'éducation, les méthodes de recrutement

administratif, d'attribution de terres ou de règlement de con¬flits, ont parfois suscité des oppositions entre groupes ethniquesdifférents.

La politique inhumaine de l'apartheid est à la base du système poli¬tique et économique de l'Afrique du Sud. Les Noirs, hommes oufemmes, ne peuvent pénétrer dans une ville, dans un quartier ousur un lieu de travail normalement réservé aux blancs que s'ils sontmunis d'un laissez-passer spécial. Ce document, unique au monde,et qu'il ne faut confondre ni avec un passeport ni avec une carted'identité, doit être présenté à la moindre réquisition des autorités.Le Noir qui s'est introduit dans une zone « blanche » et ne peut pré¬senter ce document est passible de lourdes peines de prison. Ci-dessus : couverture et quelques pages intérieures d'un laissez-passerréservé aux Noirs.

Médias et manuels véhiculent les préjugésSi certains aspects de la culture peuvent être les vecteurs des

préjugés, c'est de plus en plus par les médias que le grand publicaccède à la connaissance des autres pays et des différents grou¬pes raciaux ou ethniques. Sans être racistes dans leur présenta¬tion, les informations peuvent pourtant perpétuer des préjugés :'elles peuvent en particulier faire état, surtout, de délits associésà certains groupes ethniques ou culturels. Les reportages decaractère social peuvent impliquer des stéréotypes défavorables.L'immigration peut être présentée de façon telle qu'on puissepenser qu'elle est illégale ou qu'elle appelle une réglementation.Les différences culturelles peuvent être évoquées de façondéformée, sous un jour négatif.

L'influence des médias est souvent redoublée par celle desmanuels scolaires. Ceux-ci peuvent être exempts de racismeexplicite, et même proclamer l'égalité de tous les peuples. Tropsouvent, ils n'en ont pas moins tendance à présenter l'histoire,le développement industriel ou les réalisations culturelles sansles accompagner d'explications suffisantes, ou, tout simple¬ment, de façon peu équilibrée. Des erreurs flagrantes ont étécorrigées dans les manuels, mais les stéréotypes demeurent ets'imposent d'autant plus que le parti-pris passe inaperçu. Le« nationalisme agressif » ne s'annonce pas toujours en termesmanifestes. Un choix d'événements historiques peut suggérerl'existence d'une supériorité ou d'une différence irréductible.

La gravité et l'ampleur des problèmes exigent que l'Unescomobilise ses forces et celles de tous les peuples pour la lutte contrele racisme et la discrimination, les préjugés et l'intolérance, ettout d'abord pour l'analyse et la mise au jour des mécanismes quiy sont àl' Sans préjudice du rôle qui revient aux pouvoirspublics et à leurs décisions politiques lorsqu'il s'agit de réaliserdes changements structurels, le plan sur lequel l'Unesco a man¬dat pour déployer son action est essentiellement celui des institu¬tions sociales dont le fonctionnement est entaché de discrimina¬

tion. On s'attachera, d'une part, aux problèmes de l'accès àl'éducation, à la science y compris les sciences sociales à laculture et à l'information, et, d'autre part, à l'analyse critiquedes notions, des croyances et des valorisations où s'alimententles préjugés, l'intolérance et le racisme.

Contre l'apartheid

La question de l'apartheid fera l'objet d'un programme spé¬cial. Dans une perspective d'analyse structurale, on exposera lesvoies utilisées pour assurer à l'économie sud-africaine l'avan¬tage d'une réserve quasi illimitée de main-d'tuvre exploitable àmerci aux moindres frais ; on mettra au jour les mécanismes toutà fait spécifiques en vertu desquels les tensions qui existent dansd'autres sociétés sont reprises et intensifiées dans la Républiquesud-africaine au service d'une politique raciste ; on démontrerale recours à de fallacieuses idéologies « culturalistes » pourétayer la présentation de l'apartheid sous l'angle du « développe¬ment séparé » ; on dénoncera l'utilisation délibérée de la languecomme instrument de division.

Sur le plan le plus général, ce grand programme comporteraune réflexion sur le sens de la tolérance et des activités de recher¬

che axées, d'une part, sur la nature des préjugés et les modalitésde leur transmission, d'autre part, sur l'étiologie et les incidencessociales de la discrimination, des préjugés et de l'intoléranceréflexion et recherches qui seront menées de manière à éclaireret guider l'action.

Outre la publication de ces travaux sous une forme accessibleau grand public et leur diffusion parmi les journalistes, les édu¬cateurs, etc., on fera en sorte de les intégrer aux programmes deformation du personnel enseignant à tous les niveaux.

Photos © Fonds international de défense et d'assistance, Londres

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XIII. Paix,compréhension internationale,

droits de l'homme

et droits des peuples

LA course aux armements, menace terrible pour la paix,constitue un immense gaspillage de ressources humaines etmatérielles : toutes les minutes, un million de dollars s'en¬

gouffre dans les usines d'armement, et 500 000 hommes descience, dans le monde, s'occupent de recherches militaires.

La course aux armements structure les systèmes d'alliance etperpétue les rapports de domination. En outre, les Etats ven¬deurs s'assurent des profits économiques considérables et sedotent de systèmes de défense à un moindre coût grâce à leur pro¬duction d'armes à grande échelle. Ces Etats perfectionnent leurstechniques par le truchement des laboratoires que sont leschamps de bataille.

La paix est incompatible avec la malnutrition, la misère ou lerefus du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Le non-respect des droits des individus et des peuples, la persistance de

structures économiques internationales inéquitables, les ingé¬rences dans les affaires internes des autres Etats, les occupationsétrangères et l'apartheid sont toujours des sources réelles oupotentielles de conflits armés et de crises internationales. Seulepeut être durable une paix juste, qui repose sur le respect desdroits de l'homme. Mais force est de reconnaître que les droitsde l'homme et les droits des peuples ne cessent d'être violés.Parmi les cas caractérisés de violations des droits de l'homme,la torture constitue la forme la plus exacerbée ; sa pratique trèsrépandue est un véritable défi à la dignité humaine.

Le respect effectif des droits de l'homme demeure une préoc¬cupation fondamentale de l'Unesco, qui attache une importanceconsidérable à l'articulation entre droits de l'individu et droits

des peuples. Le respect de la dignité de la personne humaine estindissociable du respect de la liberté des peuples et de celui del'égalité de droits des nations. S'il est indispensable que les indi-

Dans le sens de la paix

L'Article premier de l'Acte constitutif del'Unesco assigne comme but essentiel àl'Organisation de « contribuer au maintiende la paix et de la sécurité en resserrant, parl'éducation, la science et la culture, la col¬laboration entre nations...». Ainsi l'Unesco

s'efforce-t-elle, fidèle à sa vocation, d'« opé¬rer une modification progressive des men¬talités dans le sens de la paix » (Amadou-Mahtar M'Bow). Voici quelques-unes de sesactivités dans ce domaine : congrès mon¬dial sur l'éducation pour le désarmement(Paris, 1 980) ; séminaires régionaux de for- .mation des enseignants universitaires dans'le domaine du désarmement (Caracas 1981,

Djakarta 1 982) ; études, notamment sur leseffets sociaux, économiques et culturels dela course aux armements ; diverses publi¬cations : un recueil sur l'armement, le con¬trôle des armements et le désarmement

(1981), des répertoires, et une série d'ou¬vrages sur les « Nouveaux défis au Droitinternational ».

Dessin d'André Paris Photo 'c André Paris,Fontenouille, France

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vidus et les groupes humains concernés soient en mesure de pren¬dre conscience de tous leurs droits et de les exercer effectivement,il appartient également à l'Etat d'assumer les responsabilitésmajeures qui lui incombent pour garantir l'exercice des droitsindividuels, qu'ils soient civils et politiques ou économiques,sociaux et culturels.

Enoncer l'idée d'un « droit de paix », pour les nations et lespeuples comme pour les individus, c'est évoquer, en même tempsqu'une exigence fondamentale de survie et de sécurité, l'aspira¬tion légitime de toute collectivité nationale à participer pleine¬ment et librement, en toute égalité, au concert des nations et àl'édification d'un ordre mondial plus satisfaisant.

Enfin, la reconnaissance du droit de chaque peuple au main¬tien et à l'épanouissement de sa personnalité et à la détermina¬tion de son devenir a contribué à une prise de conscience una¬nime de l'importance cruciale des dimensions culturelles del'identité collective. Le droit de tout individu à un libre accès à

une participation sans entraves à la culture de son choix, ne sau¬rait être remis en question. Cependant, l'idée s'est imposée quele droit des peuples à la préservation, à l'affirmation et au déve¬loppement de leur culture propre, entendue comme culturevivante et en devenir, constitue un chapitre important du tableaudes droits de l'homme et des conditions essentielles de la paix.

Dans cette perspective, trois plans peuvent être distingués :celui des recherches et des études dans le domaine des sciences

sociales et de la philosophie, celui de l'action normative, enfincelui de l'éducation et de l'information.

Qu'il s'agisse des droits de l'homme ou de la paix, l'accentdevra être placé sur la réflexion et la recherche dans une perspec¬tive globale historique, mettant en évidence le rôle que l'éduca¬tion, la science, la culture et la communication peuvent jouer ouqu'elles ont joué dans le passé. Quant à la réflexion philosophi¬que, il lui appartient d'élucider les rapports entre les différentssystèmes de valeurs et les exigences de paix et de respect desdroits de l'homme.

L'ignorance en matière de droits de l'homme est encore large¬ment répandue. De par sa vocation, l'Unesco doit poursuivreavec toujours plus de vigueur sa mission éducative en cedomaine. Par ailleurs, les médias, devraient être encouragés àprésenter de manière équilibrée les résultats des recherchesentreprises dans les différentes régions du monde, de manière àfavoriser l'accès aux connaissances en matière de paix et dedroits de l'homme dans un esprit de compréhensioninternationale.

La promotion de la paix, de la compréhension internationale,la réalisation de la liberté des peuples et des droits de l'hommerelèvent d'une stratégie qu'il faut concevoir comme un ensem¬ble cohérent, car les objectifs à poursuivre sont interdépendantset complémentaires. C'est à tous les niveaux, et en réponse auxdéfis de toutes les situations particulières, qu'il faut mener lecombat pour la paix et les droits de l'homme.

LES DROITS DE L'HOMME:

QUELQUES THÈMES D'ACTION DE L'UNESCO

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XIV. La condition des femmes

LES femmes représentent 50 % de la population adultemondiale et un tiers de la main-d'euvre officielle, maiselles accomplissent, en fait, près des 2/3 de l'ensemble des

heures de travail, ne reçoivent que l/10e du revenu mondial, pos¬sèdent moins de l/100e du patrimoine immobilier mondial. Unegrande partie du travail des femmes n'«st pas reconnu, et ne jus¬tifie en conséquence ni la rémunération ni la considération, ni lesdroits qui sont ordinairement attachés au travail.

Travail au rabais

L'occultation de la valeur proprement économique des tâchesque les femmes accomplissent quotidiennement dans le cadre dufciyer explique la dévalorisation qui frappe les activités dites« féminines », conçues moins comme un travail que comme undevoir qui serait inscrit dans la fonction naturelle des femmes.

De plus, malgré les dispositions législatives, il arrive fréquem¬ment qu'une discrimination de fait subsiste au moment de l'em¬bauche ou sur le plan de la rémunération, du fait de la mentalitéstéréotypée des employeurs qui, à compétence égale, préfèrentréserver les emplois les mieux rémunérés aux hommes. Enpériode de crise, l'image de la femme « voleuse d'emploi »recouvre toute sa force latente. Les difficultés économiquesactuelles ont contribué à ressusciter une certaine idéologie de la« femme au foyer », peu propice à accélérer les progrès versl'égalité des chances.

La situation des femmes dans le monde du travail est liée, pourpartie, à un niveau d'instruction et de qualification générale¬ment inférieur à celui des hommes. Le problème le plus grave,sans doute, est celui de l'analphabétisme féminin ; les chiffresdont on dispose sur le plan mondial pour 1980 indiquent que lenombre de femmes analphabètes sera d'environ 539 millionspour 1990.

Les femmes à l'écart du pouvoirMais une autre constatation s'impose: c'est que, dans de très

nombreux pays, les femmes n'ont pas encore réussi à mettre àprofit l'éducation qu'elles ont reçue pour acquérir un pouvoiréconomique, social ou politique équivalent de celui des hom¬mes. Les comportements socioculturels qu'il s'agissent desattitudes familiales ou des orientations favorisées par le systèmeéducatif scolaire font que les jeunes filles se dirigent plus fré¬quemment vers les études littéraires que vers les enseignementsscientifiques et techniques, et que les femmes sont très peu nom¬breuses aux niveaux et dans les branches qui conduisent auxéchelons supérieurs de la fonction publique. Tout se passecomme si les femmes pouvaient avoir accès à la culture, maisnon au pouvoir.

Les difficultés qu'éprouvent les femmes à accéder aux fonc¬tions qui confèrent des responsabilités soulignent avec force lefait que l'égalité est une question d'ordre essentiellement politi¬que et qu'elle est liée à des rapports de pouvoir. La participa¬tion, ou plutôt la non-participation des femmes à la vie politi¬que, est un élément fondamental de la problématique féminine.

L'éducation peut jouer un rôle décisif dans la prise de cons¬cience, par les femmes, de leurs aspirations et de leurs possibili¬tés réelles autant que de leurs droits. Encore faut-il, à cet effet,procéder à la révision des manuels et matériels d'enseignement,afin d'en éliminer toute forme de discrimination: examiner,dans la même perspective, les filtrages et orientations qui inter¬viennent aux divers niveaux du processus éducatif; ou encoremettre en des actions spécifiques à l'intention des gar¬çons et des hommes, en vue de modifier les attitudes tradition¬nelles à l'égard des femmes et favoriser une redistribution desrôles entre les deux sexes, au sein du foyer notamment.

En ce qui concerne les médias et les industries culturelles, lesfemmes sont représentées beaucoup plus souvent comme objetsque comme sujets et n'ont guère les moyens de faire valoir leurpropre vision du monde, leur interprétation du réel, leur image

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de l'avenir. Il est remarquable que presque tous les scénarios dufutur élaborés à ce jour soient des scénarios d'hommes.Acceptent-elles, en définitive, l'univers façonné par l'homme,dans lequel elles vivent, et se bornent-elles à y rechercher l'éga¬lité avec lui, ou bien ont-elles à proposer une vision différentedu monde qu'elles s'efforceraient de faire accepter par leurs,partenaires masculins?

«Problèmes féminins», problèmes de sociétéTrop souvent, également, les actions engagées en faveur des

femmes ont revêtu un caractère partiel et fragmentaire : alpha¬bétisation, amélioration des savoir-faire ménagers et agricoles,accès aux formations techniques et professionnelles, etc., s'at-tachant à certains aspects spécifiques de la condition féminine,mais sans les intégrer dans une vision d'ensemble de la société,de son organisation, de ses modes de fonctionnement. Or, lescontraintes mutilantes qui pèsent sur les femmes n'ont guère dechance de disparaître tant qu'elles seront considérées commedes «problèmes féminins» et non comme des problèmes glo¬baux qui intéressent la société tout entière; tant qu'on ne poserapas comme préalable à toute action en faveur des femmes lamise en d'activités d'information et de sensibilisation à

l'intention de l'ensemble de la collectivité.

C'est bien la société tout entière qui doit être impliquée. Réa¬liser l'égalité entre les sexes, ce n'est pas seulement permettreaux femmes d'acquérir le même statut que les hommes, afin des'insérer dans un monde structuré en fonction des intérêts et des

rêves des seuls hommes. C'est engager un processus de transfor-

L'Unesco se montre de plus en plus soucieuse de résoudre les prin¬cipaux aspects des problèmes que pose la condition des femmesdans le monde actuel, notamment leur participation au développe¬ment, la revalorisation de leur rôle économique, leur alphabétisa¬tion et leur éducation. Cette action s'inscrit, certes, dans la conti¬

nuité de la participation de l'Organisation aux activités de la Décenniedes Nations Unies pour la femme (1975-1985) : égalité, develop-

Pour accroître la participationdes femmes au développe¬ment et lutter contre l'anal¬

phabétisme féminin, l'Unescocontribue à organiser dans lemonde, notamment en Asie,

en Afrique, en Amérique latineet dans les Etats arabes, aussibien des réunions d'étude

pour l'égalité d'accès à l'édu¬cation des femmes que descours de formation pour lesresponsables de l'éducationdes femmes dans les zones

rurales. Ci-contre : femme

allant au marché (Mexique).

Photo Silvester © Rapho, Pans

mation décisive des rapports de l'homme et de la femme, en vued'aboutir à une véritable redéfinition de leurs rôles respectifs.

Jusqu'ici, la communauté internationale s'est trop souventprivée de leur apport et de leur vision dans la tâche qu'elle entre¬prenait, en tentant de construire l'unité de l'espèce humaine àpartir d'un modèle unique et d'un réfèrent implicite: le mascu-

pement et paix. Mais elle s'oriente désormais, dans une perspec¬tive globale, vers une reconceptualisation des rôles de l'homme etde la femme, inséparable de l'ensemble des problèmes auxquels lessociétés contemporaines doivent faire face. A gauche : cette jeunefemme indienne est professeur à l'Ecole technique supérieure deBombay. A droite, un jeune père européen accomplit des tâchesménagères.

lin. Un effort soutenu doit être désormais entrepris pour«démasculiniser» les concepts mêmes du savoir universel.

Il est clair que c'est aux femmes elles-mêmes qu'il revient dedéfinir les problèmes qui sont les leurs et d'identifier les solutionsqui apparaissent les plus pertinentes. Aussi toute action entre¬prise par l'Organisation devra-t-elle être conçue et mise en tuvreen étroite collaboration avec les organisations féminines gouver¬nementales et non gouvernementales et les institutions mises enplace sur les plans national, régional et international. Des effortsparticuliers seront faits pour aider les mouvements et les organi¬sations de femmes à renforcer leurs activités et à mobiliser en

plus grand nombre des femmes de toutes origines. D'unemanière générale, l'Unesco intégrera la dimension féminine dansl'ensemble des programmes et activités envisagés dans le cadredu Plan à moyen terme.

Traduire effectivement dans les réalités du monde actuel l'exi¬

gence de solidarité de l'humanité, énoncée par les fondateurs de

Entre autres activités en faveur de la femme, l'Unesco s'attache àrenforcer le rôle des femmes dans les mouvements de libération

nationale et à accroître leur participation aux tâches de reconstruc¬tion nationale dans les pays ayant accédé à l'indépendance. Ci-dessus, une jeune mère agite le nouveau drapeau du Zimbabwe,lors du premier anniversaire de la République proclamée en 1980.

Photo James Stanfield © National Geographic Society, Washington, D.C.

l'Organisation, est aujourd'hui une possibilité à notre portée,car l'évolution récente a créé dans les faits une immense collecti¬

vité humaine à l'échelle de la planète; c'est aussi une absoluenécessité qu'imposent les périls qui nous menacent. Pour éviterune dérive de l'aventure humaine vers un avenir que nul ne sau¬rait maîtriser, la seule voie est aujourd'hui celle qui conduit àl'émergence d'une communauté mondiale solidaire et réconci¬liée avec elle-même, dans un esprit de tolérance mutuelle, de jus¬tice et de paix.

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[DERNIERE MINUTE... DERNIERE MINUTE... DERNIA U moment où ce numéro du Courrier de l'Unesco est

ZM souspresse, la quatrième session extraordinaire de lajLjL Conférence générale de l'Unesco touche à sa fin.A ussi sommes-nous dans l 'impossibilité de publier intégrale¬ment le discours de réponse du Directeur général del'Unesco, M. Amadou-Mahtar M'Bow, au débat généralengagé sur le Plan à moyen terme de l'Organisation pour1984-1989.

L'architecture générale du Plan, a déclaré M. M'Bow, arecueilli une large approbation, et l'inclusion, dans la pre¬mière partie du Plan, d'une analyse de la problématiquemondiale a permis "de mieux appréhender les interrelationsqui s'établissent entre les différentsproblèmes et de lesplacerainsi "en perspective" dans une vision d'ensemble de la réa¬lité contemporaine".

Il est apparu qu'existent, par-delà les diversités des situa¬tions et des inspirations, des inquiétudes et des attentes com¬munes. Ainsi s'est dégagée "la possibilité d'un consensusqui, dépassant les divisions entre Nord et Sud, entre Est etOuest, peut réunir la communauté internationale sur unecompréhension partagée d'un petit nombre d'enjeux déci¬sifs". Le Directeur général a souligné que le sentiment domi¬nant des débats a été celui de l'urgence à rechercher des solu¬tions "qu 'ilfaut appeler, au sens le plusplein et le plus large,des réponses culturelles".

Le grand programme Réflexion sur les problèmes mon¬diaux et études prospectives "constitue l'une des missionsessentielles de l'Unesco dans sa vocation intellectuelle et éthi¬

que". Ce programme, résolument novateur au plan despoints de vue, des interprétations, des idées, devra reflétertoute la diversité des approches qui prévalent dans toutes lesrégions du monde, permettre de mieux articuler action etréflexion, et être conduit dans la plus grande objectivité.

Abordant les questions de communication, le Directeurgénéral a relevé que "un large accord se manifestait sur laconception générale" qui guide l'Unesco en la matière. Sou¬lignant que le domaine de la communication est beaucoupplus "complexe" que "ambigu", M. M'Bow a constaté quele diagnostic de la situation faisait l'objet d'un large accord,mais cet accord n 'empêchepas quepersistent bien des hésita¬tions sur la mise en nuvre des solutions. Aussi est-il préma¬turé depréparer une déclaration sur lesprincipes d'un nouvelordre mondial de l'information et de la communication,mais nécessaire "de poursuivre, d'approfondir et d'enrichirle dialogue afin que puissent progressivement émerger uncertain nombre de principes ne parlons pas de normes de

nature à guider l'action internationale en ce domaine".

Le Directeur général a rappelé que le concept de culture aété cerné de façon chaquefois plus précise au cours des der¬nières années. Il a souligné les liens étroits entre l'action dédéveloppement et la prise en compte des situations culturelleslocales. Il s'est montré particulièrement attentifaux culturesdes "petits peuples" dont les langues sont peu répandues.

Après avoir évoqué la question de la condition des fem¬mes, préoccupation qui se reflète dans tous les programmesde l'Unesco, et le grand programme Principes, méthodes etstratégies de l'action pour le développement, le Directeurgénéral a commenté les interventions portant sur le grandprogramme Elimination des préjugés, de l'intolérance, duracisme et de l'apartheid.

Le texte du Plan, a-t-il souligné, "couvre entièrement lesdifférentesformes de discrimination, d'intolérance et depré¬jugés, qu'ils soient d'ordre ethnique, linguistique, culturelou religieux".

A propos du grand programme Paix, compréhensioninternationale, droits de l'homme et droits des peuples, leDirecteur général a relevé que "la très grande majorité desorateurs a exprimé la conviction que la paix constituaitaujourd'hui plus que jamais l'aspiration commune de l'hu¬manité". L'Unesco a toujours encouragé la recherche auplus haut niveau intellectuel, reflétant le panorama mondialdes concepts et des théories. L'Unesco continuera aussi àencourager l'éducation pour le désarmement et la diffusionde l'information sur la paix et le désarmement dans les éco¬les, les universités et les cercles scientifiques, aussi bienqu 'auprès du public en général.

Traitant, enfin, des questions de priorité et de concentra¬tion du programme, le Directeur général a souligné que lesméthodes de planification adoptées avaient permis aux Etatsmembres de déterminer les domaines et les stratégies d'ac¬tions prioritairespour la période du Plan. Il a relevé que "lesdélégations se sont exprimées en faveur d'un accroissementdes activités de l'Unesco", allant dans le sens de leur enri¬

chissement et non vers une sélectivité qui négligerait certainsde leurs aspects. Il a insisté sur la contradiction entre lavolonté d'étendre les activités de l'Organisation et la ten¬dance qui est parfois exprimée de nepas accroître les ressour¬ces de l'organisation en conséquence. L'équilibre entreaction et réflexion doit être préservé. Et l'évaluation ne doitpas devenir unefin en soi, mais un moyen d'aider l'Organisa¬tion à agir dans les conditions les plus appropriées.

5°ce r-

Bureau de la Rédaction :

Unesco, place de Fontenoy, 75700 Paris,France

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Rédacteur en chef adjoint : Olga Rodel

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Edition arabe : Sayed Osman (Paris)Edition allemande : Werner Merkh (Berne)

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Edition hindie : Krishna Gopal (Delhi)Edition tamoule : M. Mohammed Mustafa (Madras)

Edition hébraïque : Alexander Broído (Tel-Aviv)Edition persane : Mohammed Reza Berenji (Téhéran) >Edition néerlandaise : Paul Morren (Anvers)

Edition portugaise : Benedicto Silva (Rio de Janeiro)Edition turque : Mefra llgazer (Istanbul)Edition ourdoue : Hakim Mohammed Said (Karachi)

Edition catalane : Joan Carreras i Marti (Barcelone)

Edition malaise : Azizah Hamzah (Kuala Lumpur)

Edition coréenne : Lim Moun Young (Séoul)

Edition kiswahili : Domino Rutayebesibwa

(Dar-es-Salaam)

Editions croato-serbe, macédonienne, serbo-croate,

Slovène : Punisa Pavlovic (Belgrade)Edition chinoise : Shen Guofen (Pékin)

Edition bulgare : Pavel Pissarev (Sofia)Editions braille : Frederick H. Potter (Paris)

Rédacteurs adjoints :

Edition française :

Edition anglaise : Roy Malkin

Edition espagnole : Jorge Enrique Adoum

Documentation : Christiane Boucher

Illustration : Ariane Bailey

Maquettes : Robert Jacquemin

Promotion-diffusion : Fernando Ainsa

7oufe la correspondance concernant la Rédactiondoit être adressée au Rédacteur en Chef.

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34

REVUES DE L'UNESCO TARIFS 1983

LE COURRIER DE L'UNESCO12 numéros : 58 FF

Trimestrielles

26 éditions linguistiques.le numéro . 6 FF

, PERSPECTIVES : Dans chaque numéro, un dossier où les responsa¬bles de l'enseignement dans les pays membres de l'Unesco confrontentleurs expériences sur un thème d'actualité.4 numéros par an : 68 FF le numéro : 20 FF

DOCUMENTATION ET INFORMATION PEDAGOGIQUES : Bul¬letin du Bureau International d'Education. Des articles descriptifs surd'importants centres nationaux et internationaux de documentationpédagogique. Bibliographie sélective et commentée.4 numéros par an : 52 FF le numéro : 16 FF

REVUE INTERNATIONALE DES SCIENCES SOCIALES : Un

thème par numéro choisi en fonction de son importance internationaleet de sa signification théorique et méthodologique : la musique, la mili¬tarisation, les politiques économiques, etc.4 numéros par an : 110 FF le numéro : 34 FF

IMPACT : SCIENCE ET SOCIÉTÉ : L'homme peut-il maîtriser lesconséquences de ses découvertes scientifiques ? La biosphère, les océans,le son, l'écologie, etc.4 numéros par an : 68 FF le numéro : 20 FF

NATURE ET RESSOURCES : Chronique internationale sur les acti¬vités de l'Unesco relatives à l'environnement, les ressources naturelles,la recherche et la conservation.

4 numéros par an : 38 FF le numéro : 12 FF

CULTURES. DIALOGUES ENTRE LES PEUPLES DU MONDE.

Les créations culturelles des différentes civilisations à travers le monde

mais aussi leurs systèmes de valeurs, moeurs, styles de communicationet traditions populaires.4 numéros par an : 110 FF le numéro : 34 FF

MUSEUM : Revue sur l'art et les multiples facettes de la vie des muséesà travers le monde.

4 numéros par an : 110 FF le numéro : 34 FF

BULLETIN DU DROIT D'AUTEUR : Rend compte des plus récen¬tes dispositions adoptées sur le plan international en matière de droitd'auteur. Documentation tenue régulièrement à jour.4 numéros par an : 38 FF le numéro : 12 FF

REVUE DE L'UNESCO POUR LA SCIENCE DE L'INFORMA¬

TION, LABIBLIOTHÉCONOMIEETL'ARCHIVISTIQUE. Résul¬tats des recherches, théories et pratiques relatives aux différents aspectsde la question.4 numéros par an : 52 FF le numéro : 16 FF

Pour vous abonner, écrire à l'Unesco - Bureau D.080 - 7, place deFontenoy, 75700 Paris, enjoignant votre règlement à l'ordre de la

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ALBANIE. N. Sh Botimeve Nairn Freshen, Tirana. - ALGÉRIE..Société nationale d'édition et diffusion (SNED), 3 bd Zirout You-

cef, Alger. - RÉP. FED. D'ALLEMAGNE. Le Courrier del'Unesco {allemand, anglais, français, espagnol). Mr. Herbert BaumDeutscher Unesko-Kurier Vertrieb Besaitstrasse 57 5300 BONN 3.

Autres publications : S. Karger GmbH, Karger Buchhandlung,Angerhofstr. 9, Postfach 2, D-8034 Germenng/Munchen. Pour lescartes scientifiques seulement: Geo Center Postfach 800830Stuttgart 80 - RÉP. DÉM. ALLEMANDE. Buchhaus Leipzig,Postfach, 140, Leipzig. Internationale Buchhandlungen, enR.D.A. - ARGENTINE. Librería El Correo de la Unesco EDILYR

S.R L. Tucumán 1685 1050 Buenos Aires. - AUTRICHE. Buch¬

handlung Gerold and Co Graben 31 A-101 1 Wien. - BELGIQUE.Ag pour les publications de l'Unesco et pour l'édition française du"Courrier" : Jean de Lannoy, 202, Avenue du Roi, 1 060 Bruxelles,CCP 000-0070823-13. Edition néerlandaise seulement: N.V.

Handelmaetschappij Keesing, Keesinglaan 2-18,21000 Deurne-Antwerpen. RÉP. POP. DU BÉNIN. Librairie nationale, B.P.294. Porto Novo. BRÉSIL. Fundación Getúho Vargas, Editora-Divisao de Vendas, Caixa Postal 9 052-ZC-02, Praia de Botafogo,188 Rio de Janeiro RJ BULGARIE. Hemus, Kantora Literatura,

bd Rousky 6, Sofia. - CAMEROUN. Le secrétaire général de laCommission nationale de la République unie du Cameroun pourl'Unesco, B P. N° 1600, Yaounde. - CANADA. Editions RenoufLimitée, 2182, rue Ste. Catherine Ouest, Montréal, Que H3H IM7.- CHILI. Librería La Biblioteca Alejandro, 1867 Casilla, 5602Santiago 2 - CHINE. China National Publications Import andExport Corporation, P.O. Box 88, Beijing. - COLOMBIE. InstitutoColombiano de Cultura, Carrera 3A n° 18/24 Bogota. - RÉP.POP. DU CONGO. Librairie populaire B.P. 577 Brazzaville; Com¬mission nationale congolaise pour l'Unesco, B.P. 493, Brazzaville

CÔTE-D'IVOIRE. Librairies des Presses Unesco, Commission

Nationale Ivoirienne pour l'Unesco, B P. 2871, Abidjan. - DANE¬MARK. Munksgaard export and subscription service 35 NorreSogade 1370 Copenhague K. - EGYPTE (RÉP. ARABE D').National Centre for Unesco Publications, N° 1 , Talaat Harb Street,

Tahrir Square, Le Caire - ESPAGNE. MUNDI-PRENSA LibrosSA, Castello 37, Madrid 1, ediciones LIBER, Apartado 17, Mag

dalena 8, Ondárroa (Viscaya) DONAIRE, Aptdo de Correos 341,La Coruna ; Librería Al- Andalus, Roldana, 1 y 3, Sevilla 4. LibreríaCASTELLS, Ronda Universidad 13, Barcelona 7. - ÉTATS-UNIS.Unipub. 345, Park Avenue South, New York, N Y. 1 001 0. - FIN¬

LANDE. Akateeminen Knrjakauppa, Keskuskatu 1, 00100 Hel¬

sinki. Suomalamen Ktrjakauppa Oy, Koivuvaraan Kuja 2, 01640Vantaa 64 FRANCE. Librairie Unesco, 7, place de Fontenoy,75700 Pans C.C P. 12.598 48 - GRÈCE. Toutes librairies inter¬

nationales. RÉP. POP. REV. DE GUINÉE. Commission natio¬

nale guinéenne pour l'Unesco, B.P. 964, Conakry. HAÏTI.Librairie A la Caravelle, 26, rue Roux, B.P. 111, Port-au-Prince.

HAUTE-VOLTA. Lib. Attie B.P. 64, Ouagadougou. - LibrairieCatholique «Jeunesse d'Afrique». Ouagadougou. HONGRIE.Akadémiai Konyvesbolt, Váci U 22, Budapest V A.K.V. Konyvtâ-rosok Boltja. Népkoztasasag utja 1 6, Budapest VI INDE. Orient

Longman Ltd. : Kamani Marg. Ballard Estate. Bombay 400038 ;17 Chittaranjan Avenue, Calcutta 13; 36a Anna Salai, MountRoad, Madras 2. 5-9-41/1 Bashir Bagh, Hyderabad 500001 (AP),1, 80/1 Mahatma Gandhi Road, Bangalore- 560001, 3-5-820

Hyderguda, Hyderabad-500001. Publications Unit, Ministry ofEducation and Culture, Ex. AFO Hutments, Dr. Rajendra PrasadRoad, Nouvelle-Delhi-1 10001 ; Oxford Book and Stationery Co.,17 Park Street, Calcutta 700016 ; Sandia House, Nouvelle-Delhi

1 10001. IRAN. Commission nationale iranienne pour l'Unesco,av. Iranchahr Chomali N° 300 ; B P. 1533, Téhéran ; Kharazmie

Publishing and Distribution Co. 28 Vessal Shirazï St EnghélabAvenue, P.O. Box 314/1486, Téhéran. - IRLANDE. The Educa¬

tional Co. of Ir. Ltd., Ballymount Road Walkinstown, Dublin 12.ISRAËL. A.B C. Bookstore Ltd, P.O. Box 1 283, 71 Allenby Road,Tel Aviv 61000. ITALIE. Licosa (Librería Commissionaria San-

soni, S.p.A.) via Lamarmora, 45, Casella Postale 552, 50121 Flo¬rence. JAPON. Eastern Book Service Shuhwa Toranomon

3 Bldg, 23-6 Toranomon 3-chome, Mmato-ku, Tokyo 105LIBAN. Librairie Antione, A. Neufal et frères ; B P. 656, Beyrouth.

LUXEMBOURG. Librairie Paul Brück, 22, Grande-Rue, Luxem¬

bourg. MADAGASCAR. Toutes les publications : Commissionnationale de la Rép. dém. de Madagascar pour l'Unesco, Ministèrede l'Education nationale, Tananarive. MALAISIE. University of

Malaya Co-operative Bookshop, Kuala Lumpur 22- 11 MALI.Librairie populaire du Mali, B P. 28, Bamako. MAROC. Líbrame

« Aux belles images », 282, avenue Mohammed-V, Rabat, C.C.P.68-74. « Courrier de l'Unesco » pour les membres du corps ensei¬

gnant : Commission nationale marocaine pour l'Unesco 19, rueOqba, B.P. 420, Agdal, Rabat (C.C.P. 324-45). - MARTINIQUE.Librairie «Au Boul' Mich», 1, rue Pernnon, et 66, av. du Parquet,972, Fort-de-France MAURICE. Nalanda Co. Ltd., 30, Bour¬

bon Street, Port-Louis. MEXIQUE. Librería El Correo de la

Unesco, Actipán 66, Colonia del Valle, Mexico 12 DFMONACO. British Library, 30, boulevard des Moulins, Monte-Carlo. MOZAMBIQUE. Instituto Nacional do livro e do Disco

(INLD), Avenida 24 de Julho, 1921 r/c e 1* andar, Maputo.

NIGER. Librairie Mauclert, B.P. 868, Niamey. - NORVÈGE. Tou¬tes les publications : Johan Grundt Tanum (Booksellers), Karl

Johans gate 41/43, Oslo 1. Pour le «Courrier» seulement : A.S.Narvesens Litteraturjeneste, Box 6125 Oslo 6. Universitets Bok-handelen, Universitetssentret, P.D.B. 307, Blindem. Oslo 3. -

PAKISTAN. Mirza Book Agency, 65 Shahrah Quaid-i-azam, Box

729 Lahore 3. PARAGUAY. Agencia de diarios y revistas, Sra.Nelly de Garcia Astillero, Pte. Franco N° 580 Asunción. PAYS-

BAS. Pour les périodiques seulement. Dekker and Nordemann _NV,P.O. Box 197, 1 000 AD Amsterdam. Pour les publications seule-

. ment: Keesing BoekenB.V., Postbus 1118, 1000B C Amsterdam.PEROU. Librería Studium, Plaza Francia 1 1 64. Apartado 21 39,

Lima. - POLOGNE. ORPAN-Import. Palac Kultury, 00-901 Var¬sovie, Ars-Polona-Ruch, Krakowskie- Przedmiescie N° 7, 00-068

Varsovie. PORTUGAL. Días & Andrade Ltda Livrana Portugal,rua do Carmo, 70, Lisbonne. ROUMANIE. ILEXIM, Export-

Import, 3 Calea "13 Decembne", P O. Box 1-136/1-137, Buca¬rest. - ROYAUME-UNI. H.M. Stationery Office P.O. Box 569,

Londres S.E.I. Mc Carta Ltd., 122 Kings Cross Road, LondresWCIX, 9 DS - SÉNÉGAL. La Maison du Livre, 13, av. Roume,B.P. 20-60, Dakar, Librairie Clairafnque, B P. 2005, Dakar, Librai¬

rie « Le Sénégal » B P. 1954, Dakar. - SEYCHELLES. New Ser¬vice Ltd , Kingsgate House, P.O. Box 131, Mahé ; National Books¬hop, P.O. Box 48, Mahé. SUÈDE. Toutes les publications : A/BCE. Fntzes Kungl. Hovbokhandel, Regenngsgatan, 12, Box16356, 103-27 Stockholm, 16. Pour le «Courrier» seulement :

Svenska FN- Forbundet, Skolgrand 2, Box 150-50, S-10465

Stockholm- Postgiro 184692. SUISSE. Toutes publicationsEuropa Verlag, 5, Ramistrasse, Zurich, C.C P. 80-23383 LibrairiePayot, 6, Rue Grenus, 1211, Genève 11. CCP.: 12236. -SYRIE. Librairie Sayegh Immeuble Diab, rue du Parlement, B P.704, Damas. - TCHÉCOSLOVAQUIE. S.N.T.L., Spalena 51,Prague 1 (Exposition permanente) ; Zahracini Literatura, 1 1 Souke-nicka, Prague 1. Pour la Slovaquie seulement : Alfa Verlag Publis¬hers, Hurbanovo nam. 6, 893 31 Bratislava. TOGO. Librairie

Evangélique, B.P. 1164, Lomé, Librairie du Bon Pasteur, B.P.1164, Lomé, Librairie Moderne, B P. 777, Lomé. - TRINIDAD

ET TOBAGO. Commission Nationale pour l'Unesco, 1 8 AlexandraStreet, St. Clair, Trinidad, W.l. TUNISIE. Société tunisienne de

diffusion, 5, avenue de Carthage, Tunis. TURQUIE. Haset Kita-pevi A S., Istiklâl Caddesi, N° 469, Posta Kutusu 219, Beyoglu,

Istambul. U.R.S.S. Mejdunarodnaya Kniga, Moscou, G-200

URUGUAY. Edilyr Uruguaya, S.A. Librería Losada, Maldonado,1092, Colonia 1340, Montevideo. - YOUGOSLAVIE. Mladost,

Mica 30/1 1 , Zagreb ; Cankarjeva Zalozba, Zopitarjeva 2, Lubljana ;Noht, Terazije 27/11, Belgrade. - RÉP. DU ZAIRE. La librairie.Institut national d'études politiques, B P. 2307, Kinshasa. Com¬mission nationale de la Rép. du Zaïre pour l'Unesco, Ministère del'Education nationale, Kinshasa

DU PLAN

A

MOYEN TERME

1984-1989

L'ESSENTIEL DU FLA

ANALYSE DES PROBLEMES MONDIAUX

Un espace planétaireLa première constatation est ce qu'on pourrait appeler la « mondialisation », c'est-à-dire le fait que les activités humai¬nes s'inscrivent désormais dans un champ qui est celui de la planète tout entière. Comme l'avait prédit, il y a déjà plusd'un demi-siècle, le poète Paul Valéry : « Rien ne se fera plus que le monde entier ne s'en mêle ». Cependant, malgrécette conscience claire de la globalité des enjeux, on ne dispose le plus souvent que d'instruments d'analyse et de prévi¬sion incomplets.

L'interdépendanceLa deuxième constatation qui s'impose, c'est que l'interdépendance coexiste, de façon contradictoire, avec des lignesdefracture, et que les disparités entre individus et populations s'aggravent, risquant de mener d'innombrables êtres humainsau désespoir.

La course aux armements

La course aux armements atteint des dimensions telles qu'elle domine aujourd'hui la scène internationale. Mais la paixa elle aussi sa dynamique, comme le révèlent les mouvements qui se renforcent en sa faveur dans tous les pays. Maisdisparités et course aux armements doivent être situées dans leur contexte: d'une part, ce qu'on pourrait appelerMn« maldéveloppement » qui, à des titres divers, affecte toutes les sociétés, et un système économique international dontles disfonctionnements sont aujourd'hui douloureusement ressentis ; d'autre part, des tensions et des conflits qui se mani¬festent à l'échelle du monde comme dans les différentes régions.

Un nouvel ordre économique international

C'est dans cette perspective qu'ilfaut situer les efforts en vue d'instaurer un ensemble de relations économiques interna¬tionales plus équitables et l'adoption d'approches qui considèrent « qu'un véritable développement ne peut être qu'uneentreprise suscitée du dedans, voulue et menée par toutes les forces vives d'une nation ».

Les droits de l'homme

L'analyse relative aux droits de l'homme met en lumière le caractère paradoxal de la situation actuelle. La notion dedroits de l'homme s'est étendue et enrichie; elle s'applique tant aux droits civils et politiques qu 'aux droits économiques,sociaux et culturels ; non seulement les individus, mais aussi les peuples doivent bénéficier de droits propres. Mais, enmême temps, on constate des violations massives, notamment dans le cadre de l'apartheid ; des atteintes aux droits despeuples à disposer d'eux-mêmes ; des millions de réfugiés; une remise en cause des libertés individuelles, principalementdans le cadre de la répression des mouvements d'opposition ; la pratique de la torture.

L'environnement

Les menaces qui pèsent sur l'environnement témoignent que destinées individuelles et destinées collectives sont désor¬mais liées. D'où la recherche des convergences et la mise en des solidarités pour trouver des solutions.

Universalisation et diversification

Autre axe de réflexion : le constat des tensions dialectiques entre, d'une part, le processus d'universalisation de certainesfaçons d'être, de penser et d'agir, et, de l'autre, une revendication de spécificité.

Nouvelles formes de communication

L 'une des évolutions les plus fondamentales du monde contemporain : l'émergence de nouvelles formes de communica¬tion. Cette évolution peut constituer une source d'enrichissement, pour le monde entier. A condition, toutefois, qu'ellene mène pas à la prééminence de certains pôles de production et de diffusion des savoirs, des savoir-faire et des savoir-vivre. Or, on observe déjà une tendance à l'uniformisation des comportements et des modes de vie qui peut représenterun appauvrissement potentiel pour l'humanité.

Une nouvelle carte des savoirs

Commence à se dessiner une nouvelle carte des savoirs : les nouveaux rapports entre les sciences de la nature et les scien¬ces sociales et humaines devraient permettre de mieux appréhender la complexité du réel. D'où de possibles modifica¬tions dans les modes de production et de consommation, mais aussi dans les relations sociales elles-mêmes. Toutefois,l'inégal développement du potentiel scientifique et technique mondial est tel que seuls, un petit nombre de pays détien¬nent actuellement les clefs des grands progrès futurs.

La culture, sens plénier du développementSciences et techniques, communication et information, tout comme l'éducation, font partie intégrante de la culture.Telle est la principale conclusion qui se dégage de cette réflexion sur la problématique mondiale: c'est dans la cultureque le développement trouve son impulsion fondatrice, son sens plénier. De la mêmefaçon, les problèmes relatifs à l'en¬vironnement renvoient à des options fondamentales touchant aux valeurs, c'est-à-dire, là encore, à une perspective cul¬turelle. Les menaces qui pèsent sur la paix, les violations flagrantes que subissent les droits de l'homme, les attitudesd'intolérance et le racisme s'enracinent également dans la culture.

II

^N A MOYEN TERME

LES CINQ GRANDES MISSIONS p LES GRANDS PROGRAMMESDans le droit fil de la vocation fondamentale que

lui assigne son Acte constitutif, les principales mis¬sions de l'Unesco au cours des années à venir pour¬raient être définies de la manière suivante :

1 Contribuer à une réflexion continue sur les

problèmes du monde actuel de manière àfaire progresser la conscience de la communauté dedestin qui unit désormais les individus comme lespeuples.

Réflexion sur les problèmes mondiaux et étu¬des prospectives.

2 Contribuer à créer les conditions de la par¬ticipation la plus large des individus et des

groupes à la vie des sociétés auxquelles ils appartien¬nent et à celle de la communauté.

II. L'éducation pour tous.

III. La communication au service des hommes.

3 Contribuer à renforcer la capacité à faireface aux problèmes en favorisant le dévelop¬

pement et la démocratisation de l'éducation et l'avan¬cement des sciences, en multipliant et en développantles potentiels de créativité - scientifique et technique -en faveur de tous les peuples, en renforçant les apti¬tudes et les capacités, en développant les infrastruc¬tures de recherche et de formation, en favorisant lalibre circulation des savoirs et des savoir-faire.

IV. Conception et mise en muvre des politiquesde l'éducation.

V. Éducation, formation et société.

VI. Les sciences et leur application au dévelop¬pement.

VII. Systèmes d'information et accès à laconnaissance.

4 Contribuer à faciliter les évolutions et les

transitions d'ores et déjà reconnues néces¬saires par l'ensemble de la communauté interna¬tionale, dans les domaines où la convergence des aspi¬rations donne lieu à un large consensus.

5 Susciter et encourager le renouvellement desvaleurs dans la perspective d'une authen¬

tique compréhension entre les peuples et faire ainsiavancer la cause de la paix et des droits de l'homme.

VIII. Principes, méthodes et stratégies de l'actionpour le développement.

IX. Science, technologie et société.

X.

XI.

XII.

XIII.

Environnement humain et ressources terres¬

tres et marines.

La culture et l'avenir.

Élimination des préjugés, de l'intolérance, duracisme et de l'apartheid.

Paix, compréhension internationale, droitsde l'homme et droits des peuples.

Chacune de ces cinq grandes missions correspond à l'une desdémarches essentielles que paraît exiger de la part de ¡'Unescol'état du monde, tel qu'il ressort de l'analyse de la problé¬matique mondiale.

XIV. La condition des femmes.

Ce grand programme cherche à définir une vision nouvelledes rôles masculin etféminin dans tous les domaines de l'ac¬tivité humaine. Mais la dimension féminine des problèmesque ¡'Unesco s'attache à traiter apparaît dans toutes les par¬ties du Plan.

III

IV

Homme qui marcheSculpture de Alberto Giacometti. Photo Dominique Roger, Unesco.

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s du futur ,*.^¡flaute vision de l'humain, perçu à la fois comme source et avenir du monde, tel est le souci qui oriente

. _te l'action de l'Unesco, dans sa mission unificatrice au service dèu' peuples et de la paix. Les photosde nos deux couvertures, qui montrent, d'un eôté, un estuaire de la côte colombienne, et de l'autre, la sourced'un fleuve d'Europe, en sont une illustration symbolique. Ce numéro du Courrier dé l'Unesco présente lesgrandes lignes de réflexion etjd'action-de l^rgaftisátíon pour l'éducation, la science et la culture dans lesannées qui vie^ment (1£8*^98j9Lr/ ' >^ '~

ouverturfae face : Georg Gerster ^^CaCbd^Pant Photo couverture de dos : Claude Thibault © Fotogram. Parj

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