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U ORNéE DES

ATIONS UN'IES

24>/Octobre, 19511-1&

LE COURRIER DE L'UNESCO-Page 2 OCTOBRE 1951

RÉDACTION-ADMINISTRATION :MAISON DE L'UNESCO19. avenue Ktéber, PARIS-16e

Rédacteur en chef : S. M. KOFFLER.Secrétaires de rédaction :

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Les articles paraissant dans.. Le Courrier tt expriment l'opi-nion de leurs auteurs et nonpas necessauement celles deL'UNESCO ou de la redaclion.

LES NATtONS UN) ES COMBATTENT EN COREE pour repousser l'agression et rétablir la paix et la sécurité. En réponseà l'appel du Conseil de Sécurité, les Etats-Unis et quinze autres Etats membres ont envoyé en Corée des unités terrestres,navales ou aériennes qui forment, pour la première fois dans l'histoire, une force internationale de sécurité collective.

C'éTAIT le 24 octobre 1949 ;

au-dessus des gradins du

grand stade de Santiagodu Chili les drapeaux d'une

cinquantaine de nations frémis-saient au vent. Un étendard azur,rehaussé d'une couronne de lau-riers blancs entourant les cinq

continents, dominait tous les autres.Il était assez difficile de concentrerson attention, de méditer sur cetémblème de paix car, dans le stade

plein à craquer, plus de quarantemille personnes applaudissaient

frénétiquement les choeurs et lesgroupes de danseurs venus de tousles pays de l'Amérique latine pourcélébrer cette journée dédiée àl'unité mondiale, à la volonté demaintenir la paix.

Un monde uni ? La paix ? Etaient-ce là des mots vides, des utopies ?Je m'interrogeais ainsi, il y a deux

ans, au stade de Santiago. Même àcette époque, il n'était pas facilede répondre énergiquement : non.

Aujourd'hui, les dangers sont en-core plus grands, les problèmes

plus urgents. La crise mondiale estdevenue telle que tous les hommesou presque vivent dans la crainte.

Ce 24 octobre 1949, en contem-

plant le drapeau de l'ONU, je son-geais, je me souviens, à San-Fran-cisco qui fut en 1945 le berceau desNations Unies. Ce nom de <&lt; San-Francisco » m'évoquait saint Fran-

çois d'Assise, qui considérait tousles vivants, même les loups, commeses frères, aidait tous les êtresdans le besoin et, par sa bonté etson humilité, communiquait à ceux

qui l'approchaient sa foi en unmonde meilleur.

Quelque chose de l'idéal francis-cain se retrouve dans la Charte desNations Unies, mais saint Françoisn'avait pu transformer ni le mondeni l'esprit de l'homme qui, loin deconsidérer le loup comme son frère,

voyait dans son frère un loup. Labonté elle-même, le pur esprit de

justice ne peuvent faire que l'idéedu bien l'emporte sur celle du mal.Il fallait ainsi que l'humanitétrouve un système coercitif capablede supprimer et d'éviter les dange-reux états de tension internationale

qui conduisent éventuellement à la

guerre et de prévenir l'agressionelle-même. De même que les loisinternationales châtient les délin-

quants afin de maintenir l'équili-bre moral au sein de la société, de

même, la Charte des Nations Uniesdevait prévoir un châtiment pour

l'agresseur ou le délinquant inter-national. Elle l'a fait en instituantle principe de la 4 : sécurité collec-tive >&gt;, inséparable de celui de la

coopération et de l'assistance mu-tuelle. Restait à savoir si, dans unmoment de crise, le texte de laCharte pourrait être traduit enactes, ou s'il allait demeurer lettremorte.

L'agression contre la Corée, en1950, allait mettre ce principe àl'épreuve. Dans cette conjoncture,l'avenir et l'existence même desNations Unies étaient en jeu. En1935, l'invasion de l'Abyssinie etl'incapacité de la Société des Na-tions de résoudre le problème pro-voquèrent ou annoncèrent l'effon-drement de la sécurité collective etde la S. D. N. elle-même avec le dé-clenchement des hostilités en 1939.

Nous savons tous que, lorsque

l'organisme humain est attaquépar certains microbes, ceux quel'on pourrait appeler les microbesde la < santé » s'activent pour sau-ver la vie du malade. De même,

l'attaque contre les Nations Unies- qui représentent la grande ma-

jorité des peuples du monde-etcontre les principes de leur Charte,a provoqué une réaction immédiate,

prouvant ainsi que la sécurité col-lective n'était pas un vain mot maisconstituait pour les membres del'ONU une obligation moraled'agir. Elle prouvait aussi que lerespect de la loi-l'un des fonde-ments de l'ordre international-est une réalité et que les nationssont prêtes à lutter contre toutetentative de modifier cet ordre parla violence.

Mais l'oeuvre des Nations Uniesva plus loin : l'ONU se préoccupeessentiellement de poser les basesde la paix mondiale. Le corpshumain ne possède pas seulementdes micro-organismes pour ledéfendre ; il a aussi des organesvitaux : cerveau, coeur, poumons,

foie. Les Nations Unies ont aussides organes vitaux qui sont les Ins-titutions spécialisées, et un cer-veau directeur qui est le Conseil

Economique et Social. Vivre, cen'est pas tout-et plus de la moi-tié de la population du monde nefait qu'exister dans la maladie, lamisère et l'ignorance. Encore faut-il vivre dans la dignité et pour celaaméliorer les conditions de vie collective et individuelle de l'hemme.C'est ici qu'interviennent l'Organi-sation Mondiale de la Santé, l'Or-ganisation pour l'Alimentation etl'Agriculture, l'Unesco et les autresInstitutions spécialisées qui ontchacune un rôle important à jouerdans l'établissement des fonde-ments solides de la paix interna-tionale.

En cette année 1951, pour célé-brer leur sixième anniversaire, le24 de ce mois, les Nations Uniesont lancé le mot d'ordre : <&lt; Asso-cions nos efforts >&gt;, tiré du préam-bule de la Charte. <&lt; Les Peuplesdes Nations Unies>&gt; se sont enga-

gés, en effet, à associer leursefforts pour réaliser les buts pro-clamés par ce document. En d'au-tres termes, éviter non seulementles guerres, mais travailler ensem-ble pour éliminer leurs causes pro-fondes-les faux nationalismes,

l'intransigeance religieuse, socialeou politique, la famine et la misère,la maladie et l'ignorance-qui, detous temps, ont obsédé l'humanité.

<&lt; Que l'on compare les causesdes disputes actuelles aux raisons

que nous avons de nous unir pouraffronter d'aussi vastes problè-mes >&gt;, a déclaré M. Torres Bodet.<&lt; L'avenir dicte notre devoir

d'aujourd'hui. La coopération in-ternationale dans tous les domainesn'est pas un voeu généreux et dis-cutable. Elle s'impose à tous les

pays comme la plus urgente desnécessités. Les Nations Unies

appellent tous les hommes à cetteaction, qui n'est dirigée contre per-sonne, qui sert les intérêts de tousles peuples dans le respect de toutesles libertés. >&gt;

A cette fin, associons donc nosefforts.

José de BENITO.

OCTOBRE 19 5 1 Page 3-LE COURRIER DE L'UNESCO

nos efforts...

24 octobre : date d'un anniversaire célébré dansle monde entier... H/a six ans, ce jour-là, la Chartedes Nations Unies entrait en vigueur. A cetteoccasion, nous réaffirmons les buts de t'Organisa-tion, nous rappelons ses réalisations et nous nousengageons à « associer nos efforts >&gt; pour réaliserses desseins.

Création d'une force de sécurité collective pourlutter contre l'agression

E. efforts renouvelés pour le règlement pacifique desconflits

Coopération internationale pour le progrès écono-mique et social

Soutien des peuples qui luttent pour leur liberté

Voilà dans quel sens l'O. N. U. a orienté son actiondans la sixième année de son existence. Partout dansle monde, et dans tous les domaines, les NationsUnies et leurs Institutions spécialisées se sontattachées à réaliser les buts et principes énoncésdans la Charte. Deux événements d'importancecapitale auront tout particulièrement marquél'année 1951 : la mise sur pied d'une force desécurité collective pour rétablir la paix en Coréeet la création d'un programme d'assistance tech-

nique aux pays économiquement défavorisés, quidoit élever le niveau de vie de tous les peuples.

LE RELEVEMENT DE LA COREE constitue l'une des tâcfìes les plus importantes des NationsUnies. Seule une action internationale permettra de secourir la population civile de ce pays.Déjà, plusieurs Etats membres de i'O. N. U. ont fourni des secours : la Tha ! ! ande et les Philip-pines ont envoyé du riz ; Israël des sulfamides... Les contributions atteignent dès maintenantune valeur de deux cents millions de dollar, On voit ici une distribution de riz à Séoul.

LE PROGRAMME D'ASSISTANCE TECHNIQUE a été conçu pour favoriserle progrès économique et social. Les Nations Unies envoient des experts dansles pays dont il importe d'aider le développement technique. En Grèce, parexemple, l'un des conseillers de l'O. N. U. a été chargé du problème de la main-d'oeuvre inemployée et 150. 000 voiontaires ont construit ou réparé 5. 272 kilo-mètres de routes et rendu à la culture 20. 000 ha. de marais et de terres en friche.

LA LIBYE SUR LE CHEMIN DE L'INDEPENDANCE. Les Nations Unies ontdécidé du sort futur des anciennes colonies italiennes. Sous les auspices del'O. N. U., la Libye deviendra en 1952 un Etat indépendant et souverain. Ici, lefutur roi de Libye arrive à Tripoli, où s'est réunie l'Assemblée nationale libyenne,

PAR SES DISTRIBUTIONS DE REPAS PREPARES, de vêtements ou desérum antituberculeux, le Fonds International de Secours à l'Enfance (F. I. S. E.)rend tangible pour des milliers d'enfants ('existence des Nations Unies. Onvoit sur notre photo l'un des dépôts de chaussures de la F. I. S. E. en Grèce.

LE COURRIER DE L'UNESCO-Page 4

QUELQUES ASPECTS

DU TRAVAIL DES

INSTITUTIONS

SPÉCIALISÉES DES

NATIONS UNIES

O CAMPAGNE MONDIALE CONTRE LA MALADIE. L'Or-ganisation Mondiale de la Santé mène une lutte constantecontre le paludisme, la tuberculose, le typhus, Cette haitienneva faire inoculer son enfant contre le péan. Une équipe demédecins et d'infirmières de l'OMS lutte contre ce terriblemal tropical dans la Vallée de Marbial en Haiti, où l'Unescoa entrepris une expérience-témoin d'éducation de base.

2, UNE VIE NOUVELLE POUR LES RéFUGIES, L'Organi-U nation internationale pour les Réfugiés a rapatrié ou réins-tallé plus d'un million de personnes déplacées. Avec d'autresInstitutions spécialisées des Nations Unies, l'OIR est venueen aide à des millions de malheureux ; en Palestine, notamment,plus de 800, 000 réfugiés dépendent des secours de l'O. N. U.

3 L'ÉDUCATION DE BASE, CLEF DU PROGRÈS. ( L'anai-phabétisme engendre la misère,)) Plus de la moitié de lapopulation du monde ne sait ni lire ni écrire. C'est pourquoil'Unesco s'efforce d'assurer aux habitants de tous les paysdéfavorisés un minimum d'instruction et les connaissancesnécessaires pour améliorer leurs conditions de vie. A Patzcuaroau Mexique (notre photo), l'Unesco a fondé le premierrelais d'un réseau mondial de centres d'éducation de base.

4 LES TRANSPORTS AÉRiENS. Le développement rapideW due l'aviation nécessite la formation de cadres spécialisés

pour les pays dont le développement technique est moinsavancé. C'est pourquoi l'Organisation de l'Aviation CivileInternationale organise chaque année un programme de sta-giaires pour normaliser et assurer la sécurité des opérationsd'atterrissage et d'envol sur les aérodromes internationaux.

O AMéLIORATION DES CONDITIONS DE TRAVAIL.L'Organisation Internationale du Travail (OIT) aide lespays à résoudre des problèmes de main-d'oeuvre, d'émigra-tion ou de sécurité sociale ; elle encourage aussi l'établisse-ment de normes internationales de protection des ouvriers.

DES PRETS POUR L'INDUSTRIE, Par l'intermédiaire dela Banque Internationale pour la Reconstruction, lesNations Unies accordent des prêts aux pays défavorisés oudévastés par la guerre. Ces prêts permettent de développerles ressources hydroélectriques (voir photographie ci-dessous),d'acheter du matériel agricole, de reconstruire les ports, etc.

7 UNE AGRICULTURE RATIONNELLE. Entre autres tâchesl'organisation pour l'Alimentation et l'Agriculture estchargée de répandre la connaissance des méthodes moder-nes de culture et d'élevage : introduction des maïs hybridesen Europe, analyse des sols en Equateur, développement dela pisciculture en Haïti, exploitation des pâturages à Chypre,élevage des moutons en Afghanistan. L'Organisation travailleaussi au développement des ressources forestières mondiales.

OCTOBRE 195' Page 5-LE COURRIER DE L'UNESCO

Trois grandes tâches des Nations Unies

dans le domaine Économique et Social

CRAQUE année, au cours de sa session d'été, le Conseil Economique et Social passeen revue les activités de l'O. N. U. et de ses douze Institutions spécialisées, dontl'Unesco, dans les domaines économique et social. Le Conseil est non seulement

habilité à orienter les futurs travaux de ses propres commissions, mais encore à for-muler des recommandations aux Institutions spécialisées.

Cette procédure permet aux intéressés de connaitre l'ensemble des activitésentreprises par des organisations ayant leurs sièges dans différentes capitales, de sti-muler l'action commune dans les cas nombreux où la collaboration de deux ou deplusieurs organisations s'avère désirable, et d'établir d'un commun accord les travauxprioritaires auxquels doivent tendre les efforts de chaque organisation.

Au cours de la session du Conseil, qui s'est terminée le mois dernier à Genève,ses membres ont insisté sur les tâches importantes qui doivent figurer en priorité,pendant quelques années au moins, dans les programmes des diverses organisations.Trois d'entre elles retiendront plus particulièrement notre attention.

AIDER LES TERRITOIRES DÉFAVORISÉS

LE développement économique et socialdes régions insuffisamment dévelop-pées est sans doute le programme le

plus important qui ait jamais été entre-pris dans le cadre d'une action interna-tionale. L'O. N. U. et la plupart de ses Insti-tutions spécialisées ont contribué à cette

. entreprise capitale qui a été fortementstimulée en 1949 lorsque le Conseil Econo-mique et Social lança le Programme élargid'assistance technique en vue du dévelop-pement économique des pays défavorisés.Ce programme est, en de nombreux points,unique en son genre : c'est tout d'abordune entreprise coopérative dans laquelletoutes les organisations jouent leur rôle.Un grand nombre de gouvernements (dontcertains ne sont pas membres de l'O. N. U.)ont contribué à ce jour à la campagnepour un total de plus de 20 millions dedollars. Bien que le programme ne soitdestiné qu'à contribuer, grâce à l'aidetechnique des experts, à l'élaboration deplans de développement économique, lesrésultats acquis ont déjà permis d'amorcerle mouvement et de stimuler des activitésqui dépassent de beaucoup le cadre de sonbudget relativement restreint.

La contribution principale de l'Unesco aporté sur l'enseignement, aucune com-munauté ne pouvant espérer améliorer sonniveau économique de manière durable sises membres ignorent les buts et la naturede l'effort qui leur est demandé. L'actionde l'Organisation s'est plus particulière-ment exercée dans le double domaine del'éducation de base et de l'éducation desadultes, c'est-à-dire l'enseignement élé-mentaire que les gouvernements s'efforcentd'introduire d'urgence dans les régions oùni les enfants, ni leurs parents n'ont béné-

ficié d'un système scolaire organisé. Dès1947, l'Unesco organisait la première expé-rience internationale d'éducation de basedans une vallée de Haïti. Ce programme,tel que le conçoit l'Unesco après cettepremière expérience, ne se borne pasà l'instruction élémentaire, mais combinel'enseignement proprement dit avec uneéducation pratique qui englobe l'agricul-ture, l'hygiène publique, l'artisanat, etc.

A cette première expérience de Haïti ontsuccédé de nombreuses entreprises de na-ture très diverse : dans certains cas,l'Unesco envoie des missions d'expertschargés de faciliter l'organisation decampagnes d'éducation de base ; dansd'autres, c'est l'Unesco elle-même qui di-rige l'entreprise, en partie ou dans sonensemble. La campagne mondiale lancéecette année par l'Unesco contre l'igno-rance a pour but de résoudre le problèmeà sa base-il s'agit de remédier à la pé-nurie de spécialistes d'éducation fonda-mentale. Fondé sur le principe de <&lt; laréaction en chaîne >, ce plan de douze ansprévoit la formation, dans un réseau mon-dial de centres régionaux, d'un corps de5. 000 spécialistes qui, leur instruction ter-minée, rentreront dans leurs pays pourformer à leur tour des. professeurs.

Au cours des dernières années, la néces-sité de conseils scientifiques s'est imposéeun peu partout et l'Unesco fournit auxgouvernements l'aide technique qui leurest nécessaire dans les divers domaines dela science appliquée. L'Organisation con-sacre également son attention aux impor-tants problèmes psychologiques qui ris-que. nt de surgir lorsqu'une communautéprimitive est brusquement appelée à ré-soudre des problèmes d'industrialisation.

Ð FAIRE DES DROITS DE L'HOMME UNE RÉALITÉ

A U cours de sa dernière session, leConseil s'est également préoccupé

d'un autre thème important : la miseen vigueur progressive des droits fonda-mentaux de l'homme tels que les proclamela Déclaration universelle de 1948.L'Unesco a contribué à cette oeuvre dansles sphères qui lui sont propres. Avec leconcours actif d'une cinquantaine de na-tions, elle a lancé une campagne mondialepour l'adoption de la scolarité'primairegratuite et obligatoire, participant ainsi àla mise en vigueur du droit à l'éducationtel qu'il est proclamé à l'article 26 de laDéclaration universelle. Elle s'efforceaussi, par tous les moyens, d'assurer auxhommes le droi'de participer librement àla vie culturel''rtistique et scientifique

de la communauté (art. 27). L'Organisa-tion tente, en outre, et notamment enproposant les moyens de surmonter lesobstacles à la libre circulation des infor-mations, d'assurer l'application du droitreconnu à tout individu d'être pleinementinformé des événements du monde entier.

Le Conseil Economique et Social ne seborne pas à passer en revue les progrèsaccomplis par les diverses Institutionsspécialisées dans les domaines de la santé,de l'agriculture, du travail, de l'enseigne-ment, etc. ; il se consacre aussi à l'élabo-ration d'un Pacte des Droits de l'Hommequi sera soumis à l'approbation des parle-ments de tous les pays et donnera forcede loi aux principes proclamés par la Dé-claration universelle.

E) TRAVAILLER A DÉFENDRE LA PAIX

ROISIEME sphère d'activité interna-tionale : l'effort continu entrepris envue d'assurer et de renforcer la paix

mondiale. Il s'agit surtout ici, il est vrai,d'un problème d'ordre politique qui, de cefait, dépasse la compétence du ConseilEconomique et Social. Cependant, le plande Vingt Ans pour la Paix lancé l'an der-nier par M. Trygve Lie, Secrétaire généralde l'O. N. U., ne se limite pas à des ques-tions politiques et militaires. Il traite éga-lement des conditions élémentaires debien-être sans lesquelles la paix ne sauraitêtre assurée de manière permanente.

L'Unesco s'est appliquée à étudier plu-sieurs aspects de ce problème capital. Sesspécialistes ont établi des rapports sur lesméthodes et techniques qui permettrontd'appliquer universellement les doctrinesde compréhension internationale et defraternité humaine ; elle procède actuelle-ment à des enquêtes dans certaines régionsoù les transformations économiques encours risquent de provoquer des états detension dangereux entre différents groupesde la communauté et elle s'efforce, notam-ment parmi les jeunes, de promouvoir unemeilleure compréhension de l'action del'O. N. U. en faveur de la sécurité collec-tive et de lui assurer le plus large appuipossible.

Les sessions annuelles du Conseil Eco-nomique et Social sont donc bien plus quedes délibérations conventionnelles et ad-ministratives. Elles constituent une occa-sion unique de faire le point des travauxde douze Institutions et d'insuffler à cesorganisations une foi nouvelle dans lesprincipes qu'elles ont à défendre. Les Ins-titutions spécialisées, telles que l'Unesco,sont autonomes et ne sont liées que parles décisions de leurs Conférences géné-les. Et c'est peut-être le caractère (< non-officiel >&gt; de ces délibérations qui donnetoute sa valeur à l'enquête du ConseilEconomique et Social. Les membres duConseil, les directeurs généraux des diver-ses organisations, les hauts fonctionnaireset les spécialistes participant à la réunionpeuvent tous parler librement et commen-ter les travaux de chaque Institution. Ilpeut y avoir désaccord sur des questionsde doctrine politique ; il se pose constam-ment des problèmes de juridiction,d'administration et de financement qu'ilimporte d'étudier et de résoudre. Mais ilne fait aucun doute que le Conseil Econo-mique et Social offre à l'Unesco et à sesInstitutions soeurs une occasion uniqued'étudier leurs travaux dans une pluslarge perspective et de les intégrer enmême temps à l'oeuvre des Nations Unies.

C'est dans ce gratte-ciel de 39 étages que travaille le Secré-tariat des Nations Unies. Il peut héberger 4. 000 personnes.Les autres bâtiments du siège permanent de l'O. N. U. à New-York, dont la construction sera probablement terminée l'anprochain, abriteront l'Assemblée Générale, le Conseil Éco-nomique et Social et d'autres organes des Nations Unies.

Henry est un brave garçon américain, pas compliqué.Une nuit, il rêve de voyages dans des pays lointains.

A Henry essaye de convaincre ses nouveaux voisins que sonV accède vie est meilleur que le leur. Mais il n'y arrive pas

POUR l'Athénien de la rue au temps de Périclès,aucune hésitation : les Béotiens étaient sots, lesCrétois menteurs, les Asiatiques etIéminés et

barbares. Une littérature incomparable a maintenuvingt-cinq siècles ces clichés devenus parfaitement inof-fensifs. Mais depuis vingt-cinq siècles, chaque nation,chaque ville en a inventé bien d'autres, et ceux qui ontcours aujourd'hui ne manquent malheureusement pasde virulence. Il y en a par centaines, qu'il serait indé-cent de citer ; il suffit de prier n'importe qui, en n'im-porte quelle langue, de compléter des propositionscomme celles-ci : les Allemands sont... les Juifs sont...les Français sont... En général, le témoin n'hésiterapas à aligner des attributs péremptoires : il ne se faitaucune illusion sur les Français, les Allemands, lesJuifs, ni d'ailleurs sur les Tchérémisses. Il est vrai queles attributs varient selon la nationalité du témoin, etque tel peuple « scientifique et travailleur >&gt; pour sesvoisins de l'Ouest n'est plus que <&lt; militaire et hypo-crite s. pour ceux de l'Orient (par exemple...)

Mais si l'on souhaite des exemples, scientifiquementcontrôlés, on en trouvera de fort nombreux, scandaleuxou réjouissants selon l'humeur du lecteur, dans un livredu professeur Otto Klineberg que publie à New-York leSocial Science Research Council. Cet ouvrage qui dressele bilan des recherches sur les <&lt; Tensions qui affectentla compréhension internationale » est une contributionaux travaux entrepris par l'Unesco dans le domaine dessciences sociales. Le but de ces travaux est clair si l'onsonge que les erreurs et les malentendus, même entrepays qui se sentent amis, foisonnent dans tous les pro-pos et tous les discours. Erreurs et malentendus engen-drent ressentiments et tensions, dont la postérité esttrop souvent monstrueuse. Il faut donc comprendre :analyser les préjugés en vue de les détruire. Alors, quellebroussaille de fausse science à défricher, que de slogans,que d'illogismes, que de clichés...

PROPOS de ces clichés, ou, comme il dit en sociolo-gue, de ces stéréotypes nationaux, M. Klineberg sedemande honnêtement s'ils ne contiennent pas,

après tout un grain de vérité : quand dix ou vingt

millions d'hommes considèrent leurs voisins commelégers, spirituels et paresseux, ne devrait-on pas lescroire sur parole, et d'emblée franchir la frontière pourexaminer cette parese spirituelle et légère ?

Or il semble qu'en la matière on aurait tort de faireconfiance à l'opinion. Elle n'est pas seulement à lamerci de l'histoire la plus anecdotique ; la propagande ladirige à son gré, et moins encore : pour la renverser,,.cette instable opinion, il suffit de quel-ques romans, de quelques films, dequelques terreurs vagues aussi, et lapolitique joue son rôle. Si les intérêtséconomiques s'en mêlent, toute unerace peut se voir en un tournemainaffublée de masques grimaçants. M. Kli-neberg rappelle à ce propos l'histoire desChinois de Californie. (Américain, il seborne courtoisement à chasser sur sesterres ; mais quelle nation n'a fait desemblables expériences ?) Ces Chinois, ily_a cent ans et plus, la Californie lesaccueillait très cordialement ; les Blancsvoulaient de promptes fortunes, ils cher-chaient de l'or, et il fallait de bons ma-noeuvres, de bons domestiques. <&lt; Ils sont fort capables >&gt;,disaient alors les journaux, <&lt; économes, sobres, polis,travailleurs... les meilleurs de nos immigrants.)) Vinrentles années 1860, des bouleversements industriels, unafflux de population du centre et de l'est, quelque chô-mage : aux élections, bientôt les deux partis promirentde « protéger les Californiens contre la concurrencemongole >&gt;. Les Chinois maintenant étaient <&lt; inassimi-lables, menteurs et vicieux x.. Bref, il s'agissait de noyer)le chien.

On soupçonne qu'en stéréotypes de ce genre, le « grainde vérité » doit être minuscule. Certaines enquêtes indi-queraient que le plus souvent il se réduit à rien. Plu-sieurs universités ont fait l'expérience de soumettre auxétudiants une liste des divers groupes ethniques de laplanète en les priant de noter quel degré de sympathie

Les photograL BrotherhProductif,

Travailleurs j(Races de 11-d'Anthropo !)protagoniste !en ricananí : <chaque prodis'en éloigne.

En se réveiilant il est surpris de voir devant sa fenêtre desV paysages exotiques. Il se frotte les yeux : pas de doute.

A Les habitants des pays lointains, accoudés à leurs balcons,se regardent, mutuellement étonnés, ne comprenant rien.

A Bientôt tous les personnages se fâchent et s'agitent furieu-V sement, se tiraillant, se battant, se griffant, se bousculant.

A Mais ils s'arrêtent brusquement ? Pourquoi nous battons-nous ? Sommes-nous différents les uns des autres ?

13 Physiquement, IfS hommes se ressemblent bien plus qu'onne pourrait se l'imaginer. témeins ces donneurs de sang.

15 Devenus adultes ils constatent avec étonnement que leMilieu, plus que tout le reste, a influé sur leur développement.

Pour faire une expérience, deux femmes échangent leur :bébés ; les enfants grandissent selon leur nouveau milieu

us des 1JaÆ 1

par Georges FRADIER

ou d'antipathie ils éprouvent à l'égard de chaque peuple.La liste est très longue ; on y glise trois noms denations parfaitement imaginaires : les Daniréens, lesPiréniens et les Valonans. Les résultats sont constants.Chaque fois une minorité d'étudiants s'abstient de jugerces fantômes ; mais les autres n'hésitent pas à marquer

) hies qui illustrent ces pages sont tirées du dessin animé en couleursId of Man (Fraternité de l'Homme), réalisé en 1945 par les United. of America, Burbank, Californie, sur l'initiative du Syndicat dest'Automobiie-OO. Le film est basé sur la brochure Races of Mankindmanité) rédigé par Ruth Benedict et Gene Wettfish, du Départemente de l'Université Coiumbia. Dans Races of Mankind, l'alter ego duchaque groupe ethnique est représenté par un Diable Vert qui lui souffle

IS les vieux slogans racistes. A mesure que le commentateur résoutme et que le personnage est débarrassé de ses préjugés, le Diable VertCopyright U. P. A. reproduction interdite sans autorisation préalable.)

leur méfiance ou leur inclination. En général, lesDaniréens ne leur disent rien de bon ; et parfois lesPiréniens ou les Valonans l'emportent dans leur estimesur des peuples bien réels. Il est vrai que si les pauvresétudiants n'ont jamais rencontré de Valonans, ils n'ontpas vu davantage les Hindous, par exemple, ou lesArabes.

TOUTE la question est là : personne n'a jamais vu les) Arabes. Personne ne verra jamais les Américains.Jadis, l'enseignement classique formait au moins

les eprits à cette simple discipline de ne point attribuerau collectif les qualités de l'individuel ; et même enexaltant la vertu de Pénélope on se taisait sur la fidé-lité globale des ménagères d'Ithaque. On espérait ainsi

reconnaître l'homme cultivé à ce trait : en toutes cir-constances, énergiquement, il refusait d'asséner sur lespeuples, les races et généralement les concepts tropvagues, le moindre jugement de_ valeur.

Sans doute, même aujourd'hui, chacun est-il prêt àadmettre qu'il est sot de parler de ce que l'on ignore ; ilfaut ajouter que ce bavardage est, en outre, dangereux.Ainsi, M. Klineberg note que <&lt; les sujets qui réagissentde façon hostile envers les minorités sont habituelle-

ment ceux qui réagissent en termes de;stéréotypes. Ce sont ceux qui disent : lesJuifs sont... les Anglais sont... Le seulfait de consentir à parler en termesaussi généraux sur la base de postulatsinvérifiables doit être considéré commesuspect. >&gt;

Le mot <&lt; suspect)) parait faiblequand on voit que ces postulats invéri-fiables font partie, plus que jamais peut-être, de l'éducation donnée aux enfantschez eux, dans la rue, même à l'école.Tous les parents ne sont pas logiciens,et la société, bien sûr, doit respecter lesvérités premières qui chaque soir inon-dent la table de famille. Mais rien ne lui

interdit d'intervenir dans le marché des préjugés tels queles négocie par exemple la « littérature « enfantine plusou moins illustrée.

A cet égard, de nombreuses études ont montré que letraître ou le criminel, dans cette littérature, ne peutmanquer d'être un étranger, membre le plus souventd'un groupe « ennemi » ou méprisé. D'ailleurs, lorsqu'ilabandonne ces journaux, l'adolescent risque de trouverla même nourriture dans les magazines populaires ;. etl'ouvrage de M. Klineberg rapporte une curieuse ana-lyse des stéréotypes nationaux présentés par huit maga-zines particulièrement prospères. En passant au cribledans ces publications cent quatre-vingt-dix-huit nou-velles, on constate que les personnages n'y jouent leurrôle que selon une hiérarchie ethnique strictement éta-

blie : telle nationalité convient au gangster, telle origineà la prostituée, telle couleur au joyeux imbécile, etc.

ON peut penser que Ce système reste aussi incons-. client pour les éditeurs que pour le public ; il n'est

pas niable malheuremement qu'il soit très efficace.Si, comme le montrent d'autres études, il est égalementemployé, avec certaines variantes, par la radio et lecinéma, on ne s'étonnera pas que le nombre aillecroissant des gens <&lt; qui consentent à parler en termesgénéraux >&gt; et nettement péjoratifs de toute race et detoute nation-les leurs exceptées.

Quant à l'école, M. Klineberg souligne ( à quel pointles manuels peuvent influencer la masse des enfants >&gt;.Et après avoir passé en revue plusieurs examens de cesmanuels, en particulier des livres d'histoire, il note :« Les auteurs de manuels d'histoire dans tous les payss'accordent généralement sur un point : les chefs de lanation furent honorables, et ses soldats nobles et coura-geux ; lorsqu'ils furent vaincus, ce fut par le nombre ; etles ennemis furent toujours fourbes et lâches, >&gt; Maissur ce point, chacun peut rappeler ses souvenirs.

Sous les auspices de l'Unesco, de nombreux éduca-teurs, historiens et géographes, s'efforcent précisémentde préparer une réforme des manuels en usage : ilsvisent à l'impartialité. Le but d'une telle réforme n'estaucunement de ternir aux yeux des jeunes citoyensl'honneur et la gloire de leurs ancêtres, mais seulementde leur permettre de croire aussi au droit et à l'hon-neur de leurs voisins d'outre-mer ou d'outre-mont.

Et d'ailleurs, pour conclure, il faut dire une fois deplus sans doute, que le but de toute éducation digne dece nom est de lutter, dans tous les domaines, contre lespréjugés, les mépris ignorants, les haines stupides dontl'esprit de l'enfant reste quotidiennement assiégé. Maisni les professeurs, ni les philosophes ne suffiront pourconseiller le silence au choeur sentencieux qui, sur cha-que point du globe et à chaque échelon de la société, nese lasse pas d'exprimer sa méfiance ou sa terreur desCrétois et des Valonans.

Henry commence à hésiter : sera-t-il à son aise dans ce nou-venu milieu parmi tous ces gens étranges et bizarres ?

La vie commença sur une base d'égalité avec Adam et Eve,'1 ! 1 puis les peuples se répandirent à travers le monde.

A Son Diable Vert le tire par la manche et lui souffle subrepti-cement des idées fâcheuses sur les différences raciales.

Et tous les Diables Verts commencent à travailler leursV maîtres afin de créér un maximum d'incidents et discussions.

11 A mesure que la vie se développait sur les continents, la civi-lisation s'épanouissait plus rapidement en Asie qu'ailleurs,

12 Aujourd'hui, le développement intellectuel des trois races deV l'humanité-blanche. jaune et noire-est à peu près égal.

Les gens raisonnables savent tout cela et apprennent ainsià vivre fraternellement dans l'amitié et dans la paix retrouvée.

i.-Ils cessent de se hair et de se combattre et s'appliquent àV bar. nir complètement de leur existence et de leur esprit...

Ces vilains Diables Verts qui représentent les préjugés, ! ahaine et l'éternelle bêtise humaine. (Copyright UPA.)

LE COURRIER DE L'UNESCO-Page B OCTOBRE 1951

GRACE A LA PHOTOGRAPHIE AÉRIENNE

LES ARCHÉOLOGUES ARRACHENT A LA

TERRE LE SECRET DES SIÈCLES PASSÉS

PERSONNE dans la région nevoulait y croire : ni les mé-tayers, ni Chris le laboureur,

ni le châtelain lui-même. La nou-velle avait fait du bruit au village :pensez... les traces d'une coloniepré-romaine dans les champs duchâtelain ! Jack, Bill, Fred et tousles autres ne connaissaient-ils paschaque pouce du terrain, n'avaient-ils pas labouré ces mêmes champsd'un bout à l'autre sans jamais ydécouvrir le moindre vestige dupassé ? Les archéologues eux-mê-mes, ces doctes professeurs quivenaient en nombre, entreprendredes fouilles dans la région, n'yavaient trouvé aucune trace d'unecivilisation antique. Non vraiment,ces messieurs de Londres y allaientfort.

Et pourtant, preuves en main, ilfallut bien se rendre à l'évidence :les photographies aériennes, prisesaux environs d'Andover, dans lesud de l'Angleterre, révélaient bienle tracé d'un village établi par lespremiers habitants de la Grande-Bretagne. Le plus étrange est queces photos avaient été prises nonpas au moment des semailles, lors-qu'il est facile de déceler les acci-dents du terrain, mais juste avantla moisson, au moment où l'épaissevégétation rend le sol virtuellementinvisible. Dans ces riches champsde blé, balayés par le vent, onvoyait clairement le plan de la co-lonie comme relevé à vol d'oiseau ;la photo révélait même des fosséset des puits enfouis depuis dessiècles.

Si pour les villageois du Hamp-shire ces documents constituaient, une manière de révélation, les ar-chéologues, pour leur part, ne ma-

par Richard O'FARRELL

nifestèrent aucun étonnement ; ilsconstatèrent simplement, une foisde plus, que la photographie aé-rienne est un auxiliaire utile, voireindispensable puisqu'il permet dedécouvrir des sites invisibles auniveau du sol. Même si des contourspeuvent s'apercevoir d'en bas, laperspective les déforme à tel pointqu'il est souvent impossible d'enreconnaître le plan. La fonctionessentielle de l'avion dans ce genrede photographie est donc de per-mettre l'observation globale d'unsite depuis un point de vue éloigné.

Les accidents de terrain, ou lesvariations de la végétation, reflé-tant des particularités enfouiessous la surface du sol et depuislongtemps invisibles, les photogra-phies aériennes enregistrent ainsi,avec une netteté extraordinaire, laforme et le développement de villes,de villages et même de grands tra-vaux de terrassement. Elles per-mettent aux archéologues de re-constituer l'histoire de civilisationsantiques.

Comme on le sait, la photogra-phie aérienne est largement utiliséeen Grande-Bretagne et dans d'au-tres pays pour la préparation deplans de construction et pour larévision des cartes. Les documentsenregistrés à haute altitude et àn'importe quelle époque de l'annéene permettent cependant pas auxarchéologues d'obtenir toutes lesdonnées qui leur sont nécessaires.Leurs recherches exigent des re-connaissances plus détaillées, ef-fectuées à une altitude variantentre 300 et 900 mètres environ

dans des conditions favorables detemps, de luminosité, de végéta-tion.

*

CE n'est que pendant une courtepériode de l'année, quelquessemaines avant la moisson,

que les terres cultivées reflètentl'image la plus précise des encein-tes enfouies, révélant non seule-ment un emplacement inconnumais encore son caractère et sonancienneté.

Chaque année, au cours de cettepériode, les archéologues britanni-ques ont fait des découvertes im-portantes. Ain. si, les trois forts ro-mains découverts à Watling Streetfourniront sans doute de précieuxrenseignements sur l'histoire de laconquête romaine de l'Angleterre.

La réussite de ces photographiesdépend dans une large mesure dela nature du sol et du type deculture. En général, les céréales àlongues racines, examinées à lafin du printemps ou au début del'été, permettent les investigationsles plus délicates. Ainsi des photo-graphies prises en 1945 à Carriden,dans le Linlithgowshire (Ecosse),révélaient clairement trois fossésd'un camp romain cachés sous unemoisson de blé ; l'année suivante,pourtant, les photographies ne dé-celaient plus rien, l'herbe ayantpris la succession du blé.

Pour obtenir des résultats satis-faisants, il s'avère souvent néces-saire de poursuivre les observationssur une période assez longue. Pourune année donnée, seule une cer-

taine proportion des terres culti-vées est susceptible de fournir debons résultats ; mais les champsportant chaque année des récoltesdifférentes suivant l'assolement, lesdifférentes parties de la configura-tion des sites sont décelées tôt outard.

A Dunblane, en Ecosse, les ar-chéologues sont revenus chaque étépendant plusieurs années pourphotographier les camps romains,obtenant chaque fois des donnéesplus complètes sur ces forts telsqu'ils étaient il y a deux mille ans.

Du fait de l'extrême sècheresse,des photos prises en 1949 à Inch-tuhill, dans le Perthshire, font res-sortir avec un ensemble de détailsexceptionnels grâce aux marquesdesséchées au milieu de l'herbesauvage, le plan de l'un des anglesde la forteresse légionnaire ro-maine qui s'étend sur une super-ficie de vingt hectares. La photo-graphie révèle l'emplacement debaraquements de bois disposés parpaires, l'un en face de l'autre. On ydistingue non seulement les grosmurs mais aussi les murs inté-rieurs, remarquable exemple duplan d'une forteresse de bois tellequ'on n'en peut voir nulle part ail-leurs dans l'ancien Empire romain.

L'archéologie aérienne offre despossibilités immenses. Elle a déjàpermis de découvrir des vestigesqui s'étendent sur toutes les épo-ques depuis l'âge de pierre. Elleconstitue un instrument de recher-ches incomparable pour l'étude dudéveloppement social de l'huma-nité.

Photos copyright by Y. K. St-Joseph,Unicel'silé de Cambridge.

FORTERESSE RETROUVÉE.-Seule la photographie aérienne peut révé-ler les contours de la forteresse de Bonchester Hill (Roxburgshire), probable-ment occupée depuis les temps préhistoriques jusqu'à la période romaine.

CARREFOUR DES TOMBEAUX.-A lia lumière du soir, les tumulus pré-historiques de Lambourn (Berkshire), prennent un relief saisissent, Ils ontdonné leur nom au carrefour qui les situe : Seven Barrows (sept tombeaux).

ICI CAMPÈRENT LES ROMAINS.-Ces travaux de terrassement deChew Green (Northumberland) sont proches de la principale route romainevers l'Ecosse. Dans cette lande sauvage, les armées de César faisaient halte.

OCTOBRE 1951 P. 9-LE COURRIER DE L'UNESCO

LE « CARNAC » ANGLAIS.- D'une beauté qui grandit à mesure que passent les siècles, ce monument mégalithique de Stonehenge, Wiltshire, le plus fameuxde Grande-Bretagne, est aussi important dans l'archéologie britannique que Carnac dans l'archéologie française. C'est un monument complexe, où l'on retrouvele travail de plusieurs périodes. La vue est prise de l'Est, presque Je long de la ligne de « l'avenue » que t'on voit s'étendre jusqu'au coin droit en bas de la photo.

VOICI LE « MUR D'ADRIEN ?.-Ce sont les éléments du système fortifiérigide établi par les Romains dans le Northumberland. Au-delà du fort de Hou-sesteads (1er plan), on voit le mur et la route militaire filer Je long des rochers.

" PISTES D'ENVOL"ROMAINS,-L'archéologue qui photographia

l'intersection de ces routes romaines à Badbury Rings (Dorset), fut surprisde constater qu'elles ressemblent aux pistes d'un aérodrome moderne.

LE COURRIER DE L'UNESCO-Page 10 OCTOBRE 1951

ENCEINTES

ENGLOUTIES

Seul un changement dans la cou-leur de la végétation a révélé, ily a deux ans, cette enceinte deCoupland dans le Northumber-land, dont le grand axe mesureenviron 85 mètres entre lesentrées. Jusque-là, l'emplace-ment était inconnu, car, du sol,on ne peut rien distingue, Il enest de même pour l'enceinteovale de Hutton Moor, dans leYorkshire, dont bien des détailssont mis en valeur par des con-tours tracés dans la moisson decéréales. L'enceinte est entouréed'un large talus et de deux fos-sés, l'un intérieur, l'autre exté-rieur, le tout interrompu par desentrées aux extrémités opposées.C'est là un exemple saisissant desservices que rend aujourd'huil'aviation aux disciplines les plusdiverses-de l'archéologie à. la

géographie physique. Dans lesannées 1920 l'avion avait révélé

déjà des villes et des civilisationsdisparues en Syrie et en Mésopo-tamie. Certaines universités, enFrance notamment, l'utilisentpour l'étude des systèmes volca-niques, des phénomènes d'éro-sion, ou de l'histoire néologique.Et tout récemment, sous les aus-pices des Nations Unies, on ainstallé à Delft en Hollande uncentre international destiné àformer des spécialistes de l'ex-ploration aérienne dans les ré-gions dont les ressources sontencore mal connues ; il s'agitdans ce cas d'une des applicationsles plus fécondes de la photogra-

phie aérienne à la géologie, à lacartographie et à t'agricutture.(Photos copyright by J, K, St, Joseph)

ARCHÉOLOGIE. AÉRIENNE

(suite)

OCTOBRE) 95) Page Il-LE COURRIER DE L'UNESCO

ASPECTS DE LA SCIENCELES SAVANTS PÉNÈTRENT

CHAQUE JOUR PLUS AVANT

DANS LE ROYAUME GLACÉ

DU ZÉRO ABSOLU

In ne stimule l'esprit humaincomme un défi. Les savantsétant des hommes, il n'estdonc pas étonnant que les expé-riences qui visent à découvrircomment la nature se comporte àl'extrême limite des conditions réa-lisables en laboratoire aient tou-jours exercé une attirance particu-lière sur nombre de pionniers dela science. Tel est le cas des effortsdéployés pour observer et pourcomprendre les réactions de la ma-tière à des températures extrême-ment basses. La poursuite du zéroabsolu fait pendant, parmi les tra-vaux de laboratoire, aux expédi-tions lancées à la conquête despôles ou de l'Everest-à cette dif-férence près que le physicien, lui,sait d'avance qu'il échouera.

Que faut-il entendre par le zéroabsolu de température ? La sciencemoderne a prouvé de façon incon-testable que la ( : température n'est qu'une mesure de la dansefrénétique et ininterrompue desmolécules qui constituent toutematière-le « mouvement vibra-toire infinitésimal des particulesdes corps >&gt;, comme dit Newton.Chauffer un objet, c'est augmenterla vitesse moyenne à laquelle semeuvent les myriades de moléculesqui le composent ; le refroidir, c'estréduire cette vitesse. S'il n'y a pas,apparemment, de limite maximum

aux températures que l'on peutobtenir dans l'univers-le centred'une étoile incandescente atteintprobablement une température del'ordre de 40 millions de degrés-il existe'en théorie une tempéra-ture minimum, le zéro absolu-où tout mouvement moléculairecesserait. Pour atteindre à ce point,il faudrait figer tout le mouvementchaotique des molécules.

L'eau gèle à 0 degré centigrade(32 degrés Fahrenheit) ; la ( neigecarbonique ou anhydride carbo-nique solide se forme à 73 degrésau-dessous du zéro centigrade(-100 degrés F.) ; à-183 degrésC. (-300 degrés F.) l'air ordinairepeut être transformé par compres-sion et refroidissement à l'eaucourante en un liquide bleuâtre. Lezéro absolu semble se situer à- 273 degrés C., ou-460 degrésF. Les savants ne l'ont jamais obte-nu en pratique-et on a debonnes raisons théoriques de pen-ser qu'ils ne l'obtiendront jamais

Les recherches sur les très basses tempéra-tures comptent parmi les travaux les pluspassionnants de la physique moderne. Elles ontrendu possible la production massive de gazliquides, nécessaires au procédé de gazéifi-cation souterraine dans les mines, à la propul-sion des avions supersoniques, des fusées àcombustible liquide et, dans l'avenir, desfusées interplanétaires. Le dessin ci-dessusreprésente un réfrigérateur à hélium avec ses

réservoirs de gaz liquides.

Depuis la fin de la dernière guerre, de grandsprogrès ont été enregistrés dans la physiquedes très basses températures grâce à l'appareilconçu et mis au point par le Professeur S. C.Collins, de l'Institut de Technologie du Massa-chusetts (U. S. A.). Cet appareil. dont nouspublions ci-contre la photographie, permetde passer directement de la température del'eau froide à celle de l'hélium liquide sans qu'ilsoit nécessaire d'utiliser des réfrigérants telsque l'hydrogène ou l'air liquides. Avant 1946,seuls deux laboratoires américains s'étaientspécialisés dans les recherches sur les trèsbasses températures. Aujourd'hui, ces tra-vaux intéressent plus de 35 instituts aux Etats-Unis et une vingtaine dans divers autres pays.

par Ira M. FRffMAN

- bien qu'ils soient parvenus àquelques millièmes de degrés dubut. Ils y arrivent en partant del'hélium liquide, dont la tempéra-ture n'est supérieure que de 4 de-grés centigrade environ au zéroabsolu.

Au début du siècle dernier, Mi-chel Faraday, le génial expérimen-tateur anglais, réussit pour la pre-mière fois à faire passer à l'étatliquide un gaz qui parais, salit« stable >&gt;, le chlore ; à la fin dusiècle, on avait réussi à liquéfierl'oxygène, l'azote et l'hydrogène,permettant ainsi aux expérimenta-teurs de descendre jusqu'à 20 de-grés au-dessus du zéro absolu.L'hélium, le dernier gaz à capitu-ler, s'est rendu en 1908 à H, Ka-merlingh Onnes, qui travaillait aufameux laboratoire des basses tem-pératures de Leyde. En provoquantl'évaporation rapide de l'héliumliquide, Onnes s'est approché àmoins d'un degré du zéro absolu.A partir de là, on a pu, par des mé-thodes modernes, fondées sur lemagnétisme, refroidir certainscorps jusqu'à un millième de degrépeut-être du zéro absolu. De nou-veaux procédés, actuellement àl'étude, permettent d'espérer quel'on pourra réduire cet écart à unmillionnième de degré environ,mais les difficultés expérimentalessont immenses.

LES derniers degrés de l'échellethermométrique sont d'un in-térêt immense pour la science,

parce que la matière s'y comportede façon inattendue et déconcer-tante. A la température de l'airliquide, il apparaît déjà des phéno-mènes bizarres. Le caoutchouc de-vient aussi friable que le verre, etse brise en mille morceaux si on lelaisse tomber à terre. Du coton,plongé dans l'air liquide, explosecomme de la poudre à canon si l'ony porte une allumette. Ces démons-trations peuvent se faire dans leslaboratoires scolaires.

Mais un des phénomènes les plusintéressants est celui de la super-conductivité manifestée par uncertain nombre de métaux lors-qu'ils sont portés à une tempéra-ture supérieure de quelques degrés

seulement au zéro absolu. Si l'onfait passer dans un fil de métal uncourant électrique de faible inten-sité, et que l'on abaisse la tempé-rature, à un certain moment, lemétal cesse d'opposer toute résis-tance au passage du courant. Dansces conditions, si, dès que l'on a faitpasser le courant, on coupe lecontact, le courant continue à pas-ser, et cela presque indéfiniment.Les propriétés magnétiques desmétaux se modifient de façon aussiétrange lorsqu'on approche desmystérieux degrés inférieurs del'échelle thermométrique. Commede nombreux appareils électriquescontiennent des aimants et des bo-bines, les ingénieurs étudient avecun vif intérêt les possibilités quelaissent entrevoir ces découvertes.

Mais les réactions les plus anor-males et les plus énigmatiquessont celles que manifeste le corpsmême qui nous permet d'atteindreles plus basses températures : l'hé-lium liquide. En pompant rapide-ment la vapeur qui se dégage de celiquide, on peut en abaisser la tem-pérature jusqu'à près de 2 degrésdu zéro absolu. A ce moment, il nese comporte comme aucun autreliquide connu. Il passe aisément parles orifices les plus petits, et si onpersiste à vouloir le capter, il re-monte le long des parois du réci-pient, pour s'échapper par-dessusbord.

En outre, chose paradoxale, ce li-quide qui est le plus froid de tousest aussi un excellent conducteurde la chaleur. Si on chauffe unedes parois d'un récipient contenantde l'hélium liquide, la chaleur ga-gne rapidement la paroi opposée.Par analogie avec la transmissiondes ondes sonores par l'air, lesexpérimentateurs russes qui ont étéles premiers à constater ce phéno-mène l'ont appelé <&lt; deuxième son >&gt;,Bien que l'on puisse fournir sur cessurprenantes observations uneinterprétation générale fondée surla théorie des quanta (voir Le Cour-rier de novembre 1950), il estincontestable que le royaume glacédu zéro absolu nous réserve encorebien des découvertes.

Pour obtenir gratuitement unebibliographie sommaire sur la phy-sique des basses températures,s'adresser à la Division de la dit-fusion de la Science, Unesco, 19,avenue Kléber, Paris (16<), France.

APRÈS

LA FAHRENHEIT

ET LA CENTIGRADE

LA KELVIN

Deux échelles de température différenteset deux définitions du zéro sont familiè-res à la plupart d'entre nous : Fahren-heit et Centigrade. Depuis quelquesannées, cependant, les savants tra-vaillent à l'élaboration d'une troisième :l'échelle Kelvin ou échelle du ZéroAbsolu. Ces trois échelles reflètent enquelque sorte le développement de laconception du froid et de la chaleur. Lephysicien allemand Gabriel Daniel Fah-renheit, qui fabriquait des instruments demétéorologie, proposa de prendre commedéfinition du zéro la température la plusbasse qu'il pouvait obtenir par la congé-lation d'un mélange. Cette températurecorrespondait pour le zéro absolu, à- 459, 6 degrés Fahrenheit. En 1742,six ans après la mort de Fahrenheit,le Suédois Anders Celsius proposaitune nouvelle échelle formée de centdivisions égales comprises entre lesdeux températures de la congélation etde l'ébullition de l'eau. Cette-échelle,universellement connue sous le nom deCentigrade, a été officiellement rebap-tisée Echelle Celsius par une conférenceinternationale des poids et mesuresréunie Il y a quatre ans à Paris. Dansl'échelle Centigrade ou Celsius, le zéroabsolu correspond à-273, 16 degrés.Comme les notions de kilo, de livre,de mille ou de mètre, les échelles Fah-renheit et Celsius sont essentiellementconventionnelles et leur adoption a étéguidée par des raisons de commodité.En 1848, avec le développement desrecherches sur les basses températures,le savant britannique Lord Kelvin propo-sait l'établissement d'une échelle abso-lue de températures. Celle-cri conservaitla graduation de l'échelle Celsius maisadoptait pour zéro la température laplus basse qu'on puisse imaginer c'est-à-dire celle où les molécules sont tota-lement immobiles. Le zéro de l'échelleKelvin mérite donc son nom de zéroabsolu. Quant aux échelons de cettegraduation, on leur attribue la lettre K.Le thermomètre reproduit ci-dessusIndique les températures par rapport auzéro absolu de l'échelle Kelvin : ainsi,l'eau se congèle à 273 degrés K. et boutà 373. Toutes les autres indicationsapparaissant en regard des diversestempératures peuvent être converties àl'échelle Celsius en soustrayant 273°'

Pour la deuxièmefois en trois ans, laFrance s'apprête àrecevoir les NationsUnies ; la sixième ses-sion de l'Assembléegénérale s'ouvrira eneffet le 6 novembre

prochain, au Palais de Chaillot, à Paris. Dans cettemême salle où, le 10 décembre 1948, les Nations Unies adop-taient la Déclaration Uniyerselle des Droits de l'Homme, lesdélégués examineront le projet d'un Pacte international qui don-nera force de loi aux principes que proclame la Déclaration Uni-

PARIS S'APPRÊTE

A RECEVOIR LES

NATIONS UNIES

verselle. Pour recevoir la sixième Assemblée générale, le Gouver-nement français procède à la construction de bâtiments provisoiresoù seront logés les divers services du Secrétariat et de la Confé-rence. Comme on le voit sur notre photo, la Tour Eiffel se détacheil l'arrière-plan de cette construction pré-fabriquée de cinq étages,

qui pourra être démontée après la Conférence et réinstalléeailleurs. Le Secrétariat de la Conférence comprendra 1. 300 fonc-tionnaires et les délégations compteront un effectif de 1. 000 per-sonnes. Les béances plénière de l'Assemblée se tiendront dans lasalle de spectacle du Palais de Chaillot, aménagée pOUl'permettrela traduction simultanée dans les cinq langues de travail de l'O. N. U.On prévoit que le siège permanent des Nations Unies, actuelle-ment en construction à New-York, sera achevé l'année prochaine.