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Nº 313 - octobre 2016 Supplément de l’Eco austral Nº 313 - Octobre 2016 - Ne peut être vendu séparément ANTSIRABE POUMON ÉCONOMIQUE DE MADAGASCAR NOUVELLE FORMULE Andriamambola Zou

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Nº 313 - octobre 2016

Supplément de l’Eco austral Nº 313 - Octobre 2016 - Ne peut être vendu séparément

ANTSIRABEPOUMON

ÉCONOMIQUE DE MADAGASCAR

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Antsirabe, qui vient de la contraction des mots malgaches« Any sira be » (là où il y a beaucoup de sel), est lecentre administratif de la région Vakinankaratra, situéedans la province de Tananarive, au centre de l’île. Ellefait partie des vingt-deux régions de Madagascar,formée administrativement de 7 districts, 90 communes

et de 998 « fokontany » (subdivision administrative de base).

UN CENTRE INDUSTRIEL DE PREMIER PLAN

Le groupe Socota (avec Cotona et Cottonline), premier employeur dupays, le groupe mauricien Ciel (avec Aquarelle et Floreal) et le groupechinois Accord Knits ont implanté des usines textiles à Antsirabe. Larégion dispose d’un pôle agroalimentaire avec les laiteries de Socolaitet du groupe Tiko, qui exploitait également une huilerie, le groupeSTAR et NBM (Nouvelle brasserie de Madagascar) du groupe françaisCastel. Antsirabe est aussi un centre de production de tabac avec laprésence du groupe britannique Imperial Tobacco, l’un des cinqgrands acteurs mondiaux. Quant au cimentier Holcim, il y exploite uneusine intégrée d’une capacité de production de 150 000 tonnes/an.D’ailleurs, Holcim (Madagascar) SA possède le seul site de fabricationde clinker de toute la zone. Il faut ajouter que la région bénéficie desous-sols riches en or, en pierres précieuses et semi-précieuses dontla majorité ne sont pas encore exploités malgré la présence de petitesexploitations minières...

UN VÉRITABLE GRENIER AGRICOLE

Les types de sol (volcanique et ferralitique) d’Antsirabe lui offrent lapossibilité d’activités agricoles variées. La région accueille des culturesvivrières de zones tropicales (riz, mais, manioc…) et de zonestempérées comme le blé, le soja, le sorgho et l’orge. On y trouveMalto, filiale du Groupe STAR spécialisée dans la vulgarisation de laculture de l’orge, du maïs et du sucre. Le secteur agricole compteégalement des élevages extensifs de bovidés sur les vastes terres dumoyen ouest et, sur la partie orientale, de l’élevage laitier. La régionVakinankaratra fournit 60% de la production laitière de l’île.

VERS UNE RENAISSANCE DE LA VICHY MALGACHE

Ville d’eau et de villégiature pendant la période coloniale française, la« Vichy malgache » est chargée d’Histoire. Son hôtel des Thermes futmême le lieu de résidence du roi du Maroc Mohamed V en exil forcé...La région mise aujourd’hui sur le tourisme durable et la promotion dessites villageois. De nombreuses randonnées sont proposées pour dé-couvrir ses paysages montagneux avec leurs rizières en terrasses.Des guides proposent de loger dans des maisons traditionnelles ré-habilitées (gîtes d’étape ruraux), au cœur des villages, ce qui est uneoccasion d’avoir un « contact direct » avec la population locale et dedécouvrir les « us et coutumes ». Ce secteur touristique, encorebalbutiant, va pouvoir profiter d’une nouvelle ligne aérienne reliant Tananarive, Antsirabe et Fianarantsoa. Pour cela, des travaux de réha-bilitation et d’extension de l’aérodrome d’Antsirabe ont eu lieu. Détailintéressant, il s’agit d’un partenariat public-privé. Autant de signes dela renaissance d’une ville paisible, au regard de la capitale qui se situeà trois heures de route, mais jouissant d’un fort potentiel de dévelop-pement. ■

Située en plein centre du pays, la ville d’Antsirabe (prononcer Antsirabé) est un pôle industriel de premierplan avec de gros acteurs comme les groupes Socota et STAR. Mais cette région est aussi un véritablegrenier agricole qui alimente la capitale.Dossier réalisé par Jean-Michel Durand et Njaratiana Rakotoniaina

ANTSIRABE POUMON ÉCONOMIQUE DE LA GRANDE ÎLE

Ville d’eau et de villégiature pendant la période coloniale française, la « Vichy malgache » est la troisième plus grande ville de la Grande île, située à trois heuresde route de Tananarive.

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L’Eco austral : Depuis avril 2007, Madagascar est officiellement découpéeen 22 régions. Et vous êtes, depuis le 15 mars 2015, le chef de la région duVakinankaratra. Pourriez-vous présenter le modèle de décentralisation misen place dans votre pays ?

Albert Andrianjanaka : Avant de vous répondre, je veux poser unequestion. Cette année, mon pays a fêté les 56 ans de son indépendance ;qu’avons nous fait durant ces cinq décennies ? C’est une question, jen’ai pas la réponse. Effectivement, la décentralisation est le modèlequ’a choisi l’État malgache. Choix qui s’est accentué avec la loiorganique N°2014-018 qui régit les compétences, les modalités d’or-ganisation et de fonctionnement des Collectivités territoriales décen-tralisées (CTD). Je cite : « Elles assurent avec le concours de l’État,notamment la sécurité publique, la défense civile, l’administration,l’aménagement du territoire, le développement économique, la pré-servation de l’environnement et l’amélioration du cadre de vie. LesCTD disposent d’un pouvoir réglementaire, dont les actes sont soumisà un contrôle de légalité a posteriori. » Ce dernier point est fondamentalcar il nous permet une autonomie de décision. Ces dispositions ontété complétées par loi organique N°2014-020 relative aux ressourcesdes CTD qui comprennent « le produit des impôts et taxes votés, lapart qui lui revient de droit sur le produit des impôts et taxes perçus auprofit du budget de l’État, le produit des subventions affectées ou nonaffectées consenties par le budget de l’État à l’ensemble ou à chacunedes Collectivités territoriales décentralisées, le produit des aides exté-

rieures non remboursables, les revenus de leur patrimoine et lesemprunts dont les conditions de souscription sont fixées par la loi ».Concrètement, il y aura un glissement progressif des dépensespubliques vers les CTD allant des 4% actuels vers 15% et enfin 20%,parallèlement à des prises de décision dévolues aux CTD afin qu’ellesse prennent en main progressivement. C’est très complexe, mais c’estd’autant plus important que notre région sera une région pionnièredans la mise en application de ces nouvelles dispositions législatives.

Les dispositions proposées ressemblent beaucoup à un modèle confédéral ?

Effectivement, cela y ressemble, mais cela reste de la décentralisationcomme cela existe ailleurs, en France, au Rwanda et bien sûr dans la

Le président du Vakinankaratra (la région d’Antsirabe), deuxième pôle industriel de Madagascar, nemanque pas d’ambitions pour sa collectivité territoriale décentralisée (CTD), en pointe dans la mise enapplication des nouvelles dispositions législatives…Propos recueillis par Jean-Michel Durand - [email protected]

ALBERT ANDRIANJANAKA : « IL FAUT FAIRECONFIANCE À LA RÉGIONALISATION POUR DÉVELOPPER LE PAYS »

ALBERT ANDRIANJANAKA Âgé de 58 ans, cet économiste de formation a effectué une grandepartie de sa carrière dans l’industrie locale, plus précisément dans lesecteur textile et dans l’agroalimentaire. Très actif dans son approchedu développement à base de partenariat public-privé, il est depuis 2008le président de la Chambre de commerce et d’industrie d’Antsirabe.

« Je comprends le trouble que la décentralisation a pu et peut susciter, en particulier par rapport au modèle jacobin dont Madagascar a hérité. Pour répondreà ces inquiétudes, je demande à ce qu’on fasse confiance aux régions. »

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confédération helvétique. Je comprends aussi le trouble que cela a puet peut susciter, en particulier par rapport au modèle jacobin dont Ma-dagascar a hérité. Pour répondre à ces inquiétudes, je demande à cequ’on fasse confiance aux régions.

Revenons à l’économie. La région Vakinankaratra a une vocation à la fois industrielle et agro-pastorale. Que prévoyez-vous en matière d’agriculture ?

Nous proposons de mettre en place une politique agricole qui sera unvéritable appui aux agriculteurs, leur permettant de rester dans uncadre rural. Des Zones d’investissements agricoles (ZIA) seront misesen place pour élever le PIB national assez rapidement par l’octroi degrandes surfaces sous bail emphytéotique. Autre décision : les« Greniers communautaires villageois » (GCV), montés et gérés pardes organismes privés experts, qui vont dissuader les ventes sur pieddes produits locaux aux collecteurs usuriers lors des basses saisonsculturales conduisant à l’appauvrissement des producteurs. Cesderniers pourront par la suite se procurer davantage de semencespour les prochains travaux. Autre dossier important, un centre AgroTechnopole vendant sesservices aux opérateurs économiques pour des opérations de nettoyage,triage, calibrage, pesage, emballage, entreposage, stockage froid,transformations légères, laboratoires, services phytosanitaires, etc..Un outil indispensable pour orienter les producteurs vers la qualité,que ce soit pour le marché national ou pour l’exportation.

L’un des freins au développement industriel est la faiblesse de l’offre énergétique du pays. Quelles sont vos solutions ?

Nous estimons actuellement nos besoins énergétiques à 19 mégawatts(MW). Mais les entreprises présentes dans le Vakinankaratra sont,pour beaucoup, en plein développement comme le groupe Socota,

qui va recruter 2 000 personnes en plus cette année, et la nouvelleusine de Floréal qui a embauché 2 250 salariés, ou même Holcim quiva tripler la production de sa cimenterie. On évalue cette augmentationdans les deux ans à venir à 40 MW. Notre région aura donc un besoinstratégique d’une capacité électrique supplémentaire. Aussi, nousvoulons transformer la centrale hydroélectrique de Sahanivohitra pouralimenter directement Antsirabe et installer, à moyen terme, despanneaux solaires sur 40 hectares. Il y a également un appel d’offreslancé par l’État.

Pour mettre en avant les produits de votre région, vous avez organisé la3ème édition de la foire Z’Ovy. Quel bilan en tirez-vous ?

On peut dire que la Foire économique du Vakinankaratra est devenueun rendez-vous annuel incontournable. En ligne avec notre philosophie :« Vakinankaratra, une région ouverte à la prospérité et à la modernisa-tion », nous avons convaincu les Malgaches et surtout les bailleurs de fonds, comme le programme suisse Matoy et la principauté de Monaco, à venir découvrir notre potentiel dans différents domaines. ■

« Nous voulons transformer la centrale hyd roé lec t r ique de Sahan ivohi t ra pou r alimenter directement Antsirabe et installer,à moyen terme, des panneaux sola ires sur40 hectares. Il y a également un appeld’offres lancé par l ’État . »

Riz 405 032 Maïs 65 274Haricot 15 231Pomme de terre 169 219Carotte 9 347Tomate 5 410Arachide 3 333Pois chiche 13Manioc 417 822Oignon 5 559Chou 4185Soja 5 712Blé 1 476Orge 1 909Pomme 16 837Kaky 5 371Pêche 10 541Poire 814Avocat 618Ananas 3 110

Source : Région Vakinankaratra

PRODUCTIONS AGRICOLES(en tonnes)

À vocation à la fois industrielle et agricole, la région du Vakinankaratra produit annuellement plus de 400 000 tonnes de riz.

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Le groupe STAR (Société tananarivienne d’articles réfrigé-rés) est, depuis plus de soixante ans, un acteur écono-mique, social et citoyen majeur de la Grande île. Leaderrégional dans la production et la distribution de boissonsalimentaires, il est présent sur six segments de produits :les boissons gazeuses (il possède la licence des boissons

Coca Cola), la bière (en plus de la production de ses marques locales,il est le distributeur exclusif de Heineken à Madagascar), le rhum, leseaux minérales et gazeuses, les jus et les boissons énergisantes. Ilpropose 25 marques déclinées en plus de 70 références. Le groupeest composé de quatre filiales : les Brasseries STAR Madagascar,SEMA Eau Vive, la Nouvelle Brasserie de Madagascar et Malto. Ilcomprend 1 800 collaborateurs, 240 métiers, 6 usines, 17 agences et20 000 points de vente. Il collabore également avec plus de 22 000paysans.

UNE ENTREPRISE ANCRÉE DANS LA GRANDE ÎLE

Détenu depuis 2011 par le groupe français Castel, numéro un desventes de bières et de boissons gazeuses en Afrique francophone, leGroupe STAR est le deuxième contributeur aux recettes budgétairesde l’État avec 55 millions d’euros (plus de 180 milliards d’ariary) decontribution fiscale par an. Cette belle réussite a d’ailleurs été saluéelors de la 11e Foire internationale de Madagascar (FIM). Il faut rappelercependant que le Groupe STAR demeure, depuis sa création, unesociété qui produit du Vita Malagasy et qui appartient aux Malgachespuisque que 36% de l’actionnariat est malgache (34% à l’État malgacheet 2% à des indépendants malgaches).

UNE BRASSERIE MODERNE AU TOP NIVEAU

L’une des forces du groupe est de s’appuyer sur une grande capacitéindustrielle avec six usines. « En 2015, notre capacité de productionde bière était de 1 070 000 hectolitres. Nous prévoyons cette année 1 750 000 hectolitres. Pour cela, nous allons augmenter de 15% la ca-pacité de notre cave et de la salle à brasser grâce à un investissementde trois millions d’euros », explique Laurent Guiquerro, le directeur del’usine de la brasserie STAR d’Antsirabe. Son usine, qui est la plus

importante du groupe, produit depuis 1953 la fameuse bière THB(Three Horses Beer). Véritable institution nationale, son slogan est« Soa Ny Fiarahantsika » (« le plaisir d’être ensemble »). Cette bière detype Pils titrant 5,4 degrés représente 80% des ventes de la productionde l’usine. Elle est suivie par la bière Queen’s qui représente 15% dela production, le reste étant constitué des bières de la gamme Gold.L’usine approvisionne directement les 17 agences du Groupe Star autravers de quatre plateformes logistiques réparties dans tout le pays etqui prennent en charge la distribution en demi-gros et au détail avecune flotte de plus de 800 véhicules. Ainsi, ce sont plus de 20 000points de vente qui commercialisent les produits STAR dans tout Madagascar.

MALTO, UNIQUE MALTERIE DE MADAGASCAR

Dans une volonté d’intégration verticale amont-aval de ses activités,l’usine travaille avec la société Malto, l’une de ses filiales, qui est sonfournisseur de matières premières locales. Créée en 1976, Malto estspécialisée dans la vulgarisation de la culture de l’orge, du maïs et dusucre. C’est l’unique malterie de Madagascar. Et le groupe STAR estainsi la seule industrie du groupe Castel à disposer de sa propremalterie. La totalité de la production de Malto en malt, maïs et sucreest destinée à la production de la bière locale pour les usines desbrasseries STAR et de la Nouvelle Brasserie de Madagascar. Maltocollecte chaque année 10 000 tonnes de maïs dégermés auprès de15 000 paysans, produit 5 500 tonnes d’orge brassicole grâce à plusde 7 200 paysans et collecte et utilise 1 500 tonnes de sucre roux dansla production des bières et des boissons gazeuses.Au total, plus de 50% des matières premières utiles à la production dela bière à Madagascar sont fournies par Malto grâce à la collaborationdes 22 200 paysans. « Pour cela, l’entreprise accompagne le paysande la semence à la collecte , explique Daniel Couderc, le directeur deMalto. Il est très important de cultiver, au deux sens du terme, cetterelation bilatérale entre nous et les agriculteurs. » Cela passe par descontrats qui garantissent l’engagement des deux parties, le pré-finan-cement des intrants, le suivi technique et la formation, un prix d’achatgaranti et connu d’avance, une assurance sinistre « perte de production », la livraison totale de la production et enfin la valorisation

Le groupe STAR s’appuie sur son système agro-industriel mis en place entre sa filiale de production dematières premières locales Malto et son outil industriel composé de six usines dont son navire amiralhistorique basé à Antsirabe.

LE GROUPE STAR LEADER RÉGIONAL DANSLA PRODUCTION ET LA DISTRIBUTION DE BOISSONS ALIMENTAIRES

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des sous-produits. « La culture de l’orge brassicole est une culture decontre-saison du riz. Ce qui représente donc un revenu complémentairepour ces milliers d’agriculteurs qui sont autant de collaborateurs denotre entreprise », rappelle Daniel Couderc.

UNE DOUBLE CERTIFICATION

Pour permettre au groupe de maintenir sa place de leader, unepolitique de formation soutenue a été mise en place. « Nos opérateursde l’usine suivent régulièrement des cours à l’Institut français de labrasserie et de la malterie (IFBM). Au total, notre personnel bénéficede 40 000 heures de formation par an, cela va des cours de français àdes formations pointues liées au corps de métier », indique LaurentGuiquerro.La politique de formation s’accompagne d’un processus de certification.En 2013, le Groupe STAR a obtenu la certification FSSC 22000 (FoodSafety System Certification), la plus haute certification internationaleen matière de sécurité des denrées alimentaires, pour ses usines deboissons gazeuses à Andraharo et à Antsiranana et son usine de CO2à Antsirabe. Cette certification atteste que la chaîne de production, del’achat des matières premières jusqu’à la distribution, répond entièrementaux exigences des normes internationales. D’ailleurs, la STAR a été lapremière industrie certifiée FSSC 22 000 à Madagascar et l’une desrares dans l’océan Indien et en Afrique. « La bière est un produitvivant. Les contrôles sont indispensables. Le fait que nous soyonscertifiés à ces normes est un bel hommage. » Autre certification

obtenue : l’ISO 9001 qui définit les critères pour un système de mana-gement de la qualité. Enfin, l’évolution du système qualité ira sansdoute vers la norme ISO 14 000 qui désigne l’ensemble des normesdéfinissant le management environnemental. L’usine du groupe STARest déjà engagée dans ce sens. « Nous avons réduit de 20% notreconsommation d’eau ainsi que nos rejets de déchets que nousvalorisons au maximum. Notre outil industriel n’a rien à envier auxgrandes brasseries internationales. Chacune de nos usines est dotéed’une station d’épuration afin de traiter les eaux usées avant de lesrestituer à la nature. Nous appliquons aussi une politique de zérodéchet. Cela se traduit par le recyclage des étiquettes usées, des bou-teilles en verre et de la drêche (résidu du brassage – Ndlr). » ■

UN FERVENT DÉFENSEUR DE L’INDUSTRIE MALGACHEDurant l’édition 2016 de la Foire internationale de Madagascar (FIM), leGroupe STAR fut le sponsor exceptionnel et n’a pas manqué de plaidoyerauprès des autorités pour que l’agro-industrie soit « l’océan bleu » deMadagascar. En effet, dans son allocution, Emmanuel de Tailly, Présidentdirecteur général adjoint du Groupe STAR a souligné que la réduction dela pauvreté à Madagascar passe par le développement du secteurprimaire et du secteur secondaire et ceci à travers une stratégie solidaireamont-aval entre les paysans et l’industrie.

En 2015, la capacité de production de bière à l’usine d’Antsirabe était de 1 070 000 hectolitres et devrait atteindre 1 750 000 hectolitres en 2016 grâce à un investissement de 3 millions d’euros.

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Créée en 1971 par le groupe industriel malgache SMPL,Socolait est une figure de l’industrie agroalimentairedans la Grande île. Anciennement usine du groupeNestlé, les unités de production sises à Antsirabeétaient notamment spécialisées dans la fabrication delait concentré sucré et de farine de blé lactée instanta-

née. 85% du chiffre d’affaires de la société étaient d’ailleurs réalisésavec ces produits de longue conservation. En 2012, l’entreprise est ra-chetée par deux fonds d’investissement et connaît une nouvelleimpulsion. La direction générale est assurée par Philippe Penouty, unprofessionnel de l’agroalimentaire ayant plusieurs décennies d’expérienceacquises en côtoyant Freddy Heineken (petit-fils du fondateur dugroupe éponyme et CEO du groupe de 1971 à 1989) et Pierre Castel(fondateur et président du groupe industriel français).

RENOUVELLEMENT DE LA GAMME DE PRODUITS

La stratégie adoptée consiste à démocratiser le lait et ses produitsdérivés. D’autant plus que le potentiel de progression du marché localest important avec une consommation annuelle nationale qui nes’élève qu’à 5 litres par habitant. La société s’est ainsi inscrite dansune véritable démarche d’analyse des besoins du consommateur afinde satisfaire au mieux ses attentes. Dans cette optique, Socolait amené une politique de renouvellement de gamme avec d’autresproduits laitiers frais et de longue conservation comme les yaourts, lesfromages frais, le beurre ou encore le lait en poudre. Pour unemeilleure accessibilité, elle a également augmenté sa distribution deproximité et adapté la contenance de certains de ses produits enfonction du pouvoir d’achat. La stratégie s’est s’avérée payante car, aucours des quatre dernières années, l’entreprise est devenue le leaderdu marché. Actuellement, elle commercialise mensuellement près de450 tonnes de produits. Et si la tendance se maintient, son chiffred’affaires 2016 devrait atteindre 8 millions d’euros.

QUALITÉ ET RESPECT DES NORMES

La bonne performance affichée par Socolait ne repose pas seulementsur la diversification et l’augmentation en quantité de ses produits. Sacroissance est également, et avant tout, tirée par un fort engagementdans le respect des normes de qualité. À travers cette démarche vo-lontariste, il s’agit de s’assurer d’un avantage compétitif face aux deux

autres industriels concurrents, mais aussi et surtout face aux producteursartisanaux. En effet, les produits de Socolait offrent aux consommateursune garantie en matière de sécurité alimentaire. D’amont en aval, lesintrants et les produits finis sont traçables. Et depuis leur fabrication àl’usine jusqu’à leur distribution dans les points de vente, les produitsultra-frais sont rigoureusement maintenus dans la chaîne de froid.

Socolait (Société commerciale laitière) aspire à être une référence nationale et régionale dans sonsecteur. Pour atteindre son objectif, elle s’est lancée dans un vaste processus d’innovation stratégique quicommence à porter ses fruits.

SOCOLAIT AMBITIONNE D’ÊTRE UN FLEURON DE L’AGRO-INDUSTRIE

Philippe Penouty, directeur général de Socolait : « Notre ambition est de devenir une« love mark » avec des produits 100% ‘Made in Madagascar’. »

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DES AMBITIONS À L’EXPORT

La forte implication de Socolait dans sa démarche qualité traduit sonambition d’être un fleuron de l’agro-industrie, non seulement à Mada-gascar, mais aussi dans l’océan Indien. À moyen et long termes, lasociété laitière espère promouvoir l’industrie malgache en conquérantdes marchés à l’export. Philippe Penouty précise cependant que« l’ambition doit être mesurée et cohérente ». C’est dans cette optiqueque depuis 2013, l’entreprise s’est lancée dans la mise en place dedifférents systèmes de management portant sur la qualité, la sécuritédes denrées alimentaires et l’environnement. Elle a investi 2 millionsd’euros dans la rénovation des unités aux standards internationaux, laformation du personnel, la constitution d’un département hygiène etsécurité et la création d’infrastructures de traitement des déchets.Cela lui a valu d’être la première industrie locale à obtenir la certificationHazard Analysis Critical Control Point (HACCP) codex alimentarius, en2014. Des audits internes et externes sont en outre régulièrementmenés et ont permis de renouveler la HACCP et d’obtenir la certificationISO 22 000 (relative à la sécurité des denrées alimentaires). Laprochaine étape étant de préparer l’obtention de la certification envi-ronnementale ISO 14 001 (*).

UN RÉSEAU DE PLUS DE 1 400 ÉLEVEURS

Pour améliorer sa production et être en mesure de réaliser sesambitions d’exportation et de démocratisation des produits laitiers,Socolait s’est engagé auprès du monde rural. L’entreprise industriellea noué un partenariat avec les éleveurs de la région d’Antsirabe pourla collecte de lait. Elle développe et professionnalise un réseau de 11 centres de collecte qui regroupent plus de 1 400 éleveurs. L’objectifest d’améliorer le volume et la qualité du lait car la productivitédemeure faible. Actuellement, une vache ne donne que 4 litres parjour alors que, dans de bonnes conditions, elle pourrait produire

10 à 12 litres par jour sur une période de dix mois. Avec l’aide de sestechniciens, Socolait accompagne les éleveurs à travers des formationsen matière d’hygiène et d’optimisation de l’alimentation du bétail. Lesefforts commencent aujourd’hui à payer car le lait récolté présente dixfois moins de germes qu’auparavant. Et grâce à l’introduction decompléments alimentaires dans la nutrition des vaches, le cheptel de2 000 têtes arrive à produire 20% de lait supplémentaire en périodesèche. Ce partenariat permet de maintenir une stabilité des prix enversles consommateurs tout en développant un projet économique etsocial en faveur des éleveurs. Pour les agriculteurs de la région d’Antsirabe, il s’agit plus que d’un complément de ressources puisqu’ilspeuvent ainsi doubler leur revenus. Cette implication dans l’agriculturelocale présente aussi l’avantage de diminuer les importations depoudre de lait et de sécuriser l’approvisionnement en lait frais. Un travail de longue haleine qui permet à Socolait d’afficher sonambition d’être une « love mark » avec des produits 100% « Made inMadagascar ». ■(*) ISO 14001 est une norme internationalement reconnue qui établitles exigences relatives à un système de management environnemental.Elle permet une utilisation plus rationnelle des ressources et laréduction des déchets.

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Socolait s’est lancée dans une polit ique de renouvellement de gamme avec d’autresp rodu i ts l a i t i e r s f r a i s e t de l ongue conse r va t i on c omme l e s yaou r ts , l e s fromages frais, le beurre ou encore le laiten poudre.

Socolait est la première industrie locale à avoir obtenu la certification Hazard Analysis Critical Control Point (HACCP) codex alimentarius, en 2014.

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Lecofruit (Légume, Condiment et Fruit) appartient augroupe malgache Basan, acteur agro-industriel importantdans l’océan Indien. Créée en 1989, l’entreprise produitet transforme des légumes. « Nos premières productionsétaient des cornichons au vinaigre. Mais nous en avonsarrêté la production en 2006 en raison de la concurrence

féroce de l’Inde », explique Christophe Berthou, directeur de DivisionLecofruit basée à Tananarive. Dès 1995, l’entreprise s’est lancée, sur les Hauts Plateaux deMadagascar, dans la production de haricots verts, de haricots beurre,de poireaux et autres légumes prisés par les consommateurs européens.

UNE CLIENTÈLE EUROPÉENNE EXIGEANTE

En 2006, le haricot vert devient le produit phare de l’entreprise et laporte à son rang actuel de numéro deux mondial. « Nos haricots vertssont rangés à la main pour en préserver la texture et la présentation,ce qui positionne nos produits dans le haut de gamme. L’Europe, pé-nalisée par ses coûts de main-d’œuvre, doit recourir à la mécanisationagricole et industrielle qui limite la mise en valeur du produit. » Lecofruit sert la plupart des grands industriels européens de laconserve appertisée à leur marque. « Toutefois, notre premier segmentde clientèle est constitué par la grande distribution européenne sousMarques de distributeurs (MDD), commente Christophe Berthou. Leharicot vert appertisé est très apprécié des Français ; aussi la Franceest-elle notre premier marché, mais nous servons également tous lespays limitrophes. »

LE CHOIX STRATÉGIQUE DU BIO

Pour se démarquer de la forte concurrence chinoise et kenyane,Lecofruit a décidé, dès 2009, de se diversifier dans l’agriculturebiologique (AB). Le marché européen bio dans l’alimentaire est encorerelativement modeste, mais il connaît une croissance moyenne de10% à 15% par an. « Les jeunes générations européennes soignent

de plus en plus leur alimentation. Elles préfèrent manger moins maismieux, donc bio, quitte à payer plus cher. » Sur ce marché émergent,Lecofruit se différencie par la production de conserve « Bio », produitnovateur et encore peu concurrencé.

LA CERTIFICATION D’ECOCERT

Pour rassurer ses clients, l’entreprise a obtenu les certifications IFS

Lecofruit, filiale du groupe Basan, est aujourd'hui le deuxième producteur mondial de haricots vertsappertisés(1), cueillis et rangés à la main. L'entreprise travaille avec 13 000 petits producteurs répartis surl'île sur un principe de contractualisation individualisée. Cette collaboration apporte ainsi aux paysans unrevenu complémentaire entre deux récoltes de riz. Elle a fait récemment le choix stratégique de sediversifier sur le marché de l’asperge.

LECOFRUIT : LA QUALITÉ ET LE SAVOIR-FAIRE MALGACHES À L’INTERNATIONAL

Christophe Berthou, directeur de Division Lecofruit basée à Tananarive : « Nos haricots verts sont rangés à la main pour en préserver la texture et la présentation,ce qui positionne nos produits dans le haut de gamme… »

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(International Food Standard), GlobalGap (ensemble des exigencesimposées, au niveau mondial, aux entreprises agricoles et horticolesen matière de sécurité alimentaire, de durabilité et de qualité) et BioCE (norme européenne pour l’alimentation bio). « Nos productionsbio sont certifiées par l’organisme officiel français Ecocert. C’est leprincipal certificateur des produits labellisés AB. Il vient contrôler toutenotre chaîne de production, du champ à l’usine. Il s’agit d’auditsréguliers qui peuvent avoir lieu de façon inopinée. » Lecofruit joue lejeu car « même si le niveau d’exigence est élevé et la productionagricole bio encore limitée, nous accentuons notre différenciation parrapport à nos concurrents », se félicite Christophe Berthou.Cette certification est d’autant plus importante que la Grande îlebénéfice d’une excellente image sur le marché du bio européen. L’en-treprise a donc opéré un changement stratégique car jusqu’en 2009,la totalité de la production de haricots verts appertisés, cueillis etrangés à la main, était conventionnelle. « Le bio représente aujourd’huiune part croissante de notre volume de production, surtout en valeur.L’objectif est d’atteindre 20% de notre production en bio d’ici 2025. »Les principaux canaux de distribution du bio en Europe, outre lagrande distribution classique, passe par un réseau d’enseignes spécialisées. Sa réussite en haricot vert bio a convaincu l’entreprisedepuis 2013 de se diversifier rapidement sur le marché de l’asperge bio.

VALORISER L’AGRICULTURE DURABLE

Tout en choisissant de se lancer dans la production bio, Lecofruitsoutient l’agriculture durable. « Nous travaillons avec 13 000 petits ex-ploitants agricoles. Notre partenariat, qui a plus de vingt ans, reposesur le principe de contractualisation individuelle. » Avec ce systèmed’agriculture, les producteurs bénéficient d’avances en agrofournitures,de semences et de petits matériels nécessaires à la production des lé-gumes, d’accès aux technologies modernes de production agricole et

de formation permanente. Au moment des récoltes, les légumes sontacheminés quotidiennement aux centres d’agréage où ils sont rigou-reusement sélectionnés.Lecofruit vise également une certification environnementale ISO 14001(2) pour fin 2016, qui répondra aux exigences des clients eu-ropéens et fera progresser toutes les opérations de production. À titre d’exemple, l’entreprise a réduit de manière significative laconsommation d’eau d’irrigation au niveau des parcelles grâce à unsystème de goutte à goutte fonctionnant uniquement par gravité,donc sans utilisation d’énergie fossile. En outre, Lecofruit a réalisé unBilan Carbone (méthode Ademe) qui permettra de limiter davantagel’emprunte carbone de ses activités. ■(1) L’appertisation est une méthode de conservation des aliments par

stérilisation à la chaleur, dans des récipients hermétiquement clos. (2) ISO 14001 est une norme internationalement reconnue qui établit

les exigences relatives à un système de management environne-mental. Elle permet une utilisation plus rationnelle des ressourceset la réduction des déchets.

Pour se démarquer de la forte concurrencechinoise et kenyane, Lecofruit a décidé, dès2009, de se diversifier dans l’agriculturebiologique (AB).

Pour rassurer ses clients, l ’entreprise aobtenu les cer t if icat ions IFS (InternationalFood Standard), GlobalGap (ensemble desexigences imposées, au niveau mondial,aux ent reprises agricoles et hor t ico les en matière de sécuri té al imenta ire, de durabil i té et de qualité) et Bio CE (normeeuropéenne pour l ’al imentat ion bio).

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Premier employeur de Madagascar avec plus de 7 000salariés, un nombre qui devrait passer à 10 000 dansles trois prochaines années, le groupe textile Socota faitpartie de l’histoire d’Antsirabe depuis 1957. L’entreprisefamiliale de négoce, créée en 1930 à Tananarive, arepris alors une usine qui deviendra Cotona (La Cotonnière

d’Antsirabe). Et elle s’engage dans la réalisation d'un projet intégréverticalement de la culture du coton à la production de tissus destinésau marché intérieur. Jusqu’à devenir, au début des années 70, l’undes principaux complexes industriels textiles de l’Afrique Sub-saharienne,avec le groupe sud-africain Frame. En 1976, elle est nationalisée àhauteur de 51% de son capital et la famille Ismail obtient l’autorisationde placer ses 49% au sein d’une holding au Luxembourg, à partir delaquelle elle commence à assurer sa diversification.

UNE MULTINATIONALE ISSUE DE MADAGASCAR

En 1985, la holding familiale met en œuvre les études de faisabilité duprojet STM (Socota Textile Mills) qui aboutira à l’ouverture d’une usinede production de tissus à Maurice en 1989. « La décision de s’implanterdans la zone franche mauricienne a changé de manière radicale l’étatd’esprit du Groupe Socota et sa vision du monde, explique son Pdg Salim Ismail. Nous avons dû nous adapter à la concurrence internationale,

moderniser nos métiers et intégrer de nouveaux savoir-faire dans deschaînes de valeur mondiales. »La reprivatisation de Cotona en 1989 rouvre des perspectives d’avenirsur la Grande île. Mais le contexte n’est pas rose pour autant. Lafamille Ismail, qui a pu se réapproprier son entreprise, fait face à desimportations illégales de friperies et de fins de série qui lui font perdreson marché intérieur et la conduisent à se redéployer vers l’exportation.En 1992, elle lance son bureau de design et de marketing à Paris, aucœur des marchés européens. Sous la conduite de Véronique Auger,aujourd’hui CEO Textile & Clothing Division, Socota Design permetd’offrir des produits différenciés et des services à valeur ajoutée.« Nous avons pu créer une bonne synergie entre les six personnes àParis et nos designer malgaches qui ont un très bon coup de crayon »,se souvient Véronique Auger. Cette nouvelle approche du marchéaboutira, en 2000, à une diversification en aval de la chaîne deproduction avec le lancement d’usines de confection dont principalementCottonline qui emploient aujourd’hui 80% des salariés de l’activité

DIVERSIFICATION DANS L’AQUACULTURE ET LA DISTRIBUTION DES PRODUITS DE LA MEREn 2002, le groupe Socota a lancé une activité d’aquaculture de crevettesdans la région de Diego Suarez (nord de la Grande île). OSO Faming estun modèle du genre avec ses 425 hectares de bassins édifiés dans unvaste domaine familial de 3 717 hectares. Cette ferme aquacole a été lapremière au monde à obtenir, en 2006, le label bio AB délivré par leministère de l'Agriculture français pour ses crevettes d'élevage venduessous la marque OSO. En lien avec cette nouvelle activité, le groupe a faitune entrée significative dans le capital de la Maison Reynaud (groupeAtlantys), un leader sur le marché français de la distribution de produitsde la mer. De quoi afficher en 2015 un chiffre d’affaires consolidé de344 millions d’euros.

Salim Ismail, Pdg du groupe Socota : « Nous avons pu affirmer notre image demarque auprès de nos clients internationaux en tant que guichet unique (one stopshop) africain offrant des solutions de mode. »

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L’entreprise de Salim Ismail a concentré ses activités sur sa base historique d’Antsirabe et son usinemodèle Socota Garments fournit des grands noms du prêt-à-porter dans l’hémisphère nord comme dansl’hémisphère sud.

LE GROUPE SOCOTA BIEN POSITIONNÉSUR LE MARCHÉ MONDIAL DE L’HABILLEMENT

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textile du groupe Socota. Cette diversification dans la confectionpasse par un joint-venture avec un partenaire américain et deux parte-naires sri-lankais, permettant de saisir les opportunités de l’AfricanGrowth Opportunité Act (AGOA) et de compter comme principal clientl'Américain Walmart.

UN GUICHET UNIQUE QUI OFFRE DES SOLUTIONS DE MODE

Après le retrait de ses partenaires en 2006, suivi de la perte de l’AGOApar Madagascar en 2008, Socota poursuit seul son développement etdiversifie sa clientèle avec de grands noms du prêt-à-porter. On peutciter en Afrique du Sud Woolworth, qui compte 220 magasins et aaussi racheté David Jones, l’équivalent des Galeries Lafayette enAustralie, et Truworths, des clients qui ont l’avantage d’être en contre-saison par rapport à l’Europe. Sur le Vieux continent, le groupe fournitCamaïeu, Décathlon et, plus récemment, Orchestra et Zara, sachant

que les produits livrés en Europe à Décathlon et à Zara peuvent êtrecommercialisés n’importe où dans le monde, y compris en Chine. Cequi fait qu’on peut retrouver du « Made in Madagascar » à Shanghai.La marque Zara appartient au groupe Inditex, leader mondial de laconfection avec plus de 7 000 magasins en 2015 dont plus de 300 enChine. Des chiffres qui ne cessent de progresser puisqu'on enregistre

Hakim Fakira, Chief Executive Officer Project Development & Financial EngineeringDivision.

Véronique Auger, Chief Executive Officer Textile & Clothing Division.

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Plus de 60% des t issus produits par legroupe le sont désormais pour ses propresbesoins en confection, le reste étant destinéà la zone franche malgache. Une tendancequi s’accentue avec l’arrivée de nouveauxcl ients impor tants dans le prêt-à-por ter.

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Premier employeur de Madagascar avec plus de 7 000 salariés, un nombre qui devrait passer à 10 000 dans les trois prochaines années, le groupe textile Socota fait partie del’histoire d’Antsirabe depuis 1957.

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en moyenne une ouverture par jour. Impressionnant succès pour cegroupe fondé et dirigé par l’emblématique Espagnol Amacio Ortega.« Un homme d’une grande humilité qui continue, à 80 ans, à être trèsimpliqué dans la conduite du design de cette grande enseigne de lamode », souligne Véronique Auger qui a eu l’occasion de le croiser. LaCEO Textile & Clothing Division, qui évolue au sein du groupe depuisvingt-six ans, s’est chargée en effet de capter les grands clients.« Nous avons limité volontairement leur nombre car nous voulons leuroffrir un service à la carte et entretenir une relation sur la durée. » Ce développement international a pu se faire malgré un contexte quin’était pas toujours facile dans la Grande île. Après une grande crisepolitique en 2003, qui entraîne sept mois d’inactivité, une nouvellecrise survient en 2009 et, de plus, le marché mondial du textile subitde profonds bouleversements qui affectent Maurice. Le groupe repensesa stratégie et ferme son usine mauricienne de fabrication de tissus enveillant au reclassement de ses 500 salariés. L’activité est délocalisée

sur le site d’Antsirabe où la stratégie d’intégration verticale est renforcée.« Nous avons alors affirmé notre image de marque auprès de nosclients internationaux en tant que guichet unique (one stop shop)africain offrant des solutions de mode », explique Salim Ismail. Malgréla récession en Europe et la perte de l’AGOA, le groupe parvient àassurer sa croissance et double ses effectifs. Le nombre de piècesproduites en confection est passé de 1,8 million en 2006 à 7,5 millionsen 2015.

RÉUSSITE ÉCONOMIQUE ET RESPONSABILITÉ SOCIÉTALE

Si le groupe Socota a pu se faire aujourd’hui une place sur la cartemondiale du textile, cela ne l’a pas empêché de s’impliquer àMadagascar dans sa responsabilité sociétale. La très grande majoritéde ses 7 000 employés ont été recrutés localement, ce qui estsignificatif dans une ville de 350 000 habitants. Ils bénéficient desalaires supérieurs à ce qui se pratique en général dans la zonefranche, d’un suivi médical en lien avec le SMIA (Service médical interentreprise d’Antsirabe) et d’une politique de gestion des ressourceshumaines très élaborée. Leurs enfants ne sont pas oubliés et ont droità un soutien scolaire, en particulier des cours d’initiation à l’informatiqueet à l’Internet. Le personnel, pour sa part, peut accéder à des cours delangue, de technologies de l’information et de la communication et dedéveloppement personnel. En 2016, l’objectif est de dépasser les20 000 heures de formations dispensées. Et pour aller plus loin, legroupe compte lancer le système de validation des acquis en entrepriseafin que les employés puissent bénéficier de qualifications validéespar l’administration publique. Socota a également décidé de formerdes étudiants grâce à un partenariat avec l’université de Tananarive. Ila financé la mise en place d’un cursus à Antsirabe avec un nouveauparcours de cinq ans dans le domaine des sciences en ingénierie dutextile. Vingt-quatre étudiants en deuxième année de l’école polytechniquede Tananarive ont déjà intégré le cursus et seront recrutés par legroupe à la fin de leurs études. Quand on visite les usines d’Antsirabe,des modèles du genre avec leurs espaces verts, leur station d’épurationet leurs locaux bien agencés pour les salariés, on comprend cettevolonté de motiver le capital humain. Et son ambition de « montrer cequ’il est possible de faire à Madagascar », comme aime le répéterSalim Ismail. ■

Socota compte de gros clients internationaux comme Woolworth, Truworths, Camaïeu, Décathlon, Orchestra et Zara, leader mondial de la confection avec plus de 7 000 magasins en 2015 dont plus de 300 en Chine.

La d iversi f ication dans la confect ion acommencé en 2000 et cette activité emploieaujourd’hui 80% des salariés du groupetext i le qui a connu une impressionnantecroissance ces dernières années.

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Les enfants du personnel ont droit à un soutien scolaire, en particulier des coursd’initiation à l’informatique et à l’Internet.

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DE GRANDES AMBITIONS DANS L’AGRICULTUREAprès avoir réalisé au mois d’août 2016 une exportation d’environ 2 000tonnes de grains secs, le Groupe Socota vient d’annoncer le lancementd’un programme d’investissement de 35 millions de dollars visant àexporter, à l’horizon 2020, 10 000 tonnes de fruits, légumes et grainssecs produits dans les régions d’Antsirabe et de Mahajanga. Ce projet,réalisé sous l’autorité de Hakim Fakira, CEO de la Division « Project De-velopment & Financial Engineering », comportera l’installation en 2017sur le site de Socota à Antsirabe d’une unité de traitement et de condi-tionnement qui permettra à Socota Agriculture de se positionner sur dessegments de marché à forte valeur ajoutée.

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