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Dossier central du Lot en Action d'octobre 2013

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  • LE LOT EN ACTION n 75 - vendredi 18 octobre 2013 P 15

    Dans le service pdiatrique quil dirige au CHU de Montpellier, le professeur Charles Sultan constate tous les jours les effets dvastateurs des pesticides pertur-bateurs endocriniens. Ces molcules sont particulirement redoutables (1) pour les ftus. Chez les petits garons, cela pro-voque notamment des malformations des organes sexuels. Chez les petites filles, on note une pubert prcoce. Au-del des problmes psychologiques et socitaux que cela pose, on sait que cest un facteur de risque de cancer du sein , dtaille le mdecin. Les enfants dagricul-teurs sont particulirement touchs. 28 % des nouveau-ns prsentant une malfor-mation gnitale sont issus dune famille dagriculteurs alors que cette proportion descend 14 % chez les autres, rvle une

    tude que le mdecin a mene en 2002 sur plus de 2000 naissances. Des rsultats confirms par une deuxime tude en 2011(2), dans un contexte o les agricul-teurs commencent se battre pour faire reconnatre le caractre professionnel de leurs maladies, aprs une longue omerta.Depuis plus de dix ans, Charles Sultan

    alerte ses collgues et les responsables politiques sur le danger de ces perturba-teurs endocriniens. Les effets sanitaires des pesticides auxquels sont exposs les ftus ne se voient pas ncessairement la naissance, ni mme au cours de len-fance ou de ladolescence. Les problmes peuvent surgir 20, 30 ou 40 ans aprs lex-position. Des effets transgnrationnels ont par ailleurs t rcemment mis en vi-dence , prcise Charles Sultan. Interve-nant dans un congrs organis au Snat le 23 mars dernier par lassociation Gn-rations futures, il a lanc un cri dalarme et appel la France, premier consom-mateur europen avec 65 000 tonnes pulvrises chaque anne, une sor-tie des pesticides . Le dfi pourrait tre relev, condition que le pays se pr-pare une rvolution agricole majeure.

    1. Sortir des laboratoires pour slectionner les plantes Il est trs difficile, avec les varits uti-

    lises aujourdhui en agriculture, de se passer de pesticides , dplore Marc Du-fumier, agronome et professeur lInsti-tut des sciences et industries du vivant et de lenvironnement (agroParisTech). Les plantes daujourdhui sont slec-tionnes en laboratoire, loin des rali-

    ts des champs et des agressions du cli-mat. Elles ont de hauts potentiels de rendement, mais dans des cosystmes trs simplifis, sans chenilles, sans cham-pignons, sans acariens, etc. La slec-tion gntique de ces plantes sest faite trs rapidement, dans la France daprs-guerre, loppos de ce qui se prati-quait depuis des sicles en agriculture : Les agriculteurs cherchaient leurs se-mences dans leurs propres champs. Ils prenaient les meilleures chaque fois. Ils taient les matres de leur slection. Et la plante tait adapte, au fil des annes et des sicles, son environnement. Pour pouvoir cohabiter avec des in-

    sectes piqueurs-suceurs, elles staient, par exemple, pares de poils. Tandis que leurs voisines, qui avaient se pro-tger des chenilles, nen avaient sur-tout pas, puisque cela aurait t len-droit idal pour pondre des ufs. Tout cela parfois au sein dune mme par-celle. Avoir des varits paysannes mul-tiples et extrmement diversifies, sur un mme terroir, est une tape impor-tante pour sortir des pesticides. Qui saccommode mal avec la loi vote par nos dputs en novembre dernier sur le certificat dobtention vgtale, qui sup-prime le droit de ressemer librement sa propre rcolte sans verser de taxes.

    2. Rapprendre travailler la terre

    Mais, pour apprendre cultiver la terre sans recourir aux produits chimiques, les agriculteurs franais doivent de

    toutes faons changer compltement leur manire de travailler. Arrivs dans les campagnes franaises partir des annes 1960, les pesticides ont enfer-m nombre de paysans dans un pige dont ils ont du mal se tirer. Quand ils ont supprim latrazine (un herbi-cide, ndlr), se souvient lun deux, je me suis demand comment jallais faire. Je ne savais pas, je ne savais plus que lon pouvait dsherber autrement quavec un pulvrisateur. Ailleurs en Europe, et notamment en Allemagne et en Au-triche, dimportants progrs techniques ont t raliss en matire de dsher-bage mcanique. Mais ces techniques ne sont, curieusement, que rarement enseignes dans les coles franaises. Pour viter le dsherbage chimique,

    on peut aussi simplement dcaler les dates de semis , claire Laurence Gui-chard, agronome lInstitut national de la recherche agronomique (Inra), qui a particip lexpertise cophyto R&D. Les mauvaises herbes poussent les pre-mires, et on peut alors les retirer faci-lement. Les auteurs de lexpertise co-phyto R&D , qui ont recens cette technique dite du faux-semis , tudient la faisabilit dune rduction de 30 % de lusage des pesticides. Cette rduction est possible sans gros bouleversements du paysage agricole franais, poursuit Laurence Guichard. Cest--dire avec les mmes cultures et les mmes assole-ments. Mais avec, par contre, une petite baisse des volumes, sans incidence co-nomiques pour les agriculteurs puisque le manque gagner est compens par les moindres dpenses en intrants. Mais ce premier palier de rduction

    pose quand mme problme Aux ven-deurs de pesticides bien sr, mais aussi aux coopratives, qui ne voient pas n-cessairement dun bon il la baisse des volumes rcolts. Dans le systme co-nomique actuel, les coopratives nont aucun intrt encourager ce genre de pratiques , tranche Laurence Guichard. Que dire, alors, dune suppression totale ?

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    Dossier prpar par Bluboux

    Pesticides : le changement, cest pour quand ?par Nolwenn Weiler, Sophie Chapelle (Basta mag)

    L'impact des pesticides sur la sant publique est norme. De nombreuses tudes scienti ques rcentes tablissent qu'ils contribuent directe-ment au dveloppement des cancers. l'image de celle publie par l'quipe du Professeur en biologie molculaire, Luc Gaudreau, au mois de septembre (1), qui dmontre les liens de causalit entre les cancers du sein et celui de la prostate avec le MCPS, un herbicide, et le Chlopyrifos, un insecticide, tous deux trs couramment utiliss. Or, les quantits de pesticides utiliss en agriculture augmentent considrablement depuis des annes. Plus de 7 000 pesticides diffrents sont commercialiss, et chacun d'eux contient un ou plusieurs des 500 ingrdients actifs homo-logus. Que nous habitions la ville ou la campagne, nous y sommes tous exposs, par les aliments et l'eau potable que nous consommons, l'air que nous respirons.L'opinion publique commence tout juste y tre sensible. L'explosion de la demande en produits bio en est un des signes. Alors pouvons-nous raisonnablement tre optimistes et penser que notre modle agricole va voluer dans le bon sens ? Peut-on esprer que ceux qui nous gou-vernent, confronts une opinion publique qui ne cessera d'augmenter sa pression, lgifrent en n pour que cesse le crime contre l'humanit que commettent les multinationales de l'agrochimie ? Contrairement la pense unique que tentent de nous imposer Monsanto, Bayer, Syn-genta, nourrir l'humanit ne passe pas ncessairement par l'agriculture intensive chimique et des solutions existent. Un dossier du Lot en Action pour y voir un peu plus clair.

    Note : (1) Source : Universit de Sherbrooke, article consultable sur internet (en franais) : http://goo.gl/XDoZV0

    Les effets dvastateurs des pesticides pour la sant, en particulier chez les enfants, ne sont plus dmontrer. Mais peut-on vritablement se passer de ces produits phytosanitaires censs accrotre les rendements et fa-ciliter le travail des agriculteurs ? Sortir des pesticides est loin dtre impossible, mais implique que les agriculteurs, les chercheurs et les politiques soient capables de se remettre en cause. Voici comment sortir des pesticides, en sept leons.

    le professeur Charles Sultan

    Nourrir l'humanit sans pesticides

  • P 16 LE LOT EN ACTION n 75 - vendredi 18 octobre 2013

    3. Redcouvrirles cosystmes

    Le vrai problme est que les agricul-teurs vont y tre obligs , souligne Marc Dufumier. Il propose que lon nattende pas des dizaines dannes, et les rsul-tats des tudes pidmiologiques sur les effets sanitaires de ces produits, pour apprendre sen passer . Selon lagro-nome, certains agriculteurs anticipent ce changement. Il cite lexemple dagricul-teurs picards qui sexercent se passer de labours, pour laisser travailler les vers de terre. Et qui ont dcouvert que la luzerne, qui pige les nitrates, permet de neutrali-ser les mauvaises herbes, en mme temps quelle protge le sol de lrosion. Mais pour que ce genre dexpriences se mul-tiplie, il faudrait quil y ait un dbouch local pour la luzerne, poursuit Marc Du-fumier. Il faudrait imaginer de remettre en place llevage dans cette rgion. Le bouleversement que suppose la sor-

    tie des pesticides ne rime pas avec un retour lagriculture de nos grands-pa-rents , prvient Marc Dufumier. En Charente-Maritime, par exemple, on fait des lchers de micro-organismes par-faitement prouvs contre la pyrale du mas. Cest le rsultat dune recherche trs pousse en agrocologie. Mais lob-jet de la recherche, cest lcosystme, et non la plante hors sol. Ces tech-niques de lutte intgre sont trs utilises par les agriculteurs qui choi-sissent de se passer peu peu de pesti-cides. a marche vraiment trs bien. Cest presque miraculeux, dit lun deux. Passer en bio, bien sr, ce serait ltape suivante, la plus logique. Mais attention, a devient trs technique ! Shabituer travailler sans les produits auxquels on est habitu depuis des annes, ce nest pas forcment simple non plus. Il faut passer beaucoup de temps observer. Avoir une connaissance pointue de son cosystme et de son sol. On a perdu tout a, pour beaucoup dentre nous.

    4. Rorienter les aidespubliques lagriculture

    la Fdration nationale de lagricul-ture biologique (Fnab), on estime que le dfi, majeur, est possible relever. Un plan de travail prvoyant 20 % de la sur-face agricole utile (SAU) en bio en 2020 a mme t labor (la France plafonne aujourdhui 2,5 % de la SAU en agri-culture biologique). Ce plan propose no-tamment la mise en place dun nou-veau mode de calcul des aides, bas sur le principe des cots de pollution vi-ts, ou des services environnemen-taux en tenant compte des emplois plus que de la taille de lexploitation .Comment financer ces changements

    structurels ? Et notamment la formation et laccompagnement technique des mil-liers dagriculteurs franais qui ne savent plus se passer des produits phytosani-taires ? Pourquoi ne pas piocher dans les 9,5 milliards d du premier pilier de la Politique agricole commune ? , inter-roge Marc Dufumier. Dici un an et demi, on va devoir tout reformuler, insiste-il. On devrait avoir le courage de conditionner toutes les aides publiques un cahier des charges qui respecterait une sortie des pesticides. Cela exigera beaucoup de tra-vail, qui devra tre bien rmunr. Il est vident que si lon poursuit dans cette mme course aux cots les plus bas, on est sr dchouer . Pour lagronome, qui se dit techniquement optimiste , les dif-ficults pourraient tre plutt politiques.La faon dont le plan cophyto 2018

    a t men semble donner raison ses doutes. Promulgu dans la foule du Gre-nelle de lenvironnement, ce plan ambi-tieux promettait de rduire lusage de pesticides de 50 % en dix ans. Trois ans aprs son lancement, aucun progrs. En 2011, le volume de pesticides consom-ms a mme augment ! Labsence de contrles srieux et de moyens de coer-cition font que les 41 millions deuros dpenss pour ce plan fantme ont sur-tout servi de la communication, pour faire croire au changement. Et conti-nuer dencourager les autres modes de culture. Comme les agrocarburants, par exemple. Trs consommateurs de pesti-cides, et qui ont bnfici davantages fis-caux valus en janvier dernier 1,8 mil-liard deuros par la Cour des comptes !

    5. Soutenirles prparations naturellesFaciliter le passage une agriculture

    sans pesticides se traduirait aussi par la li-bert dutiliser, de produire, dchanger et de commercialiser des prparations natu-relles dites peu proccupantes (PNPP), qui protgent notamment les plantes des maladies et peuvent donc remplacer les produits phytosanitaires. Si lortie est de-venue lemblme de ces prparations, les PNPP peuvent galement tre base de prle ou de fougre, sous forme dextrait ferment (purin), de dcoction, dinfusion ou de macration. Ce sont aussi largile, le vinaigre blanc, le petit lait ou lhuile de Neem, souligne Jean-Franois Lyphout, ortieculteur et membre dune asso-ciation qui promeut ces prparations (Aspro-PNPP). Mais en France, les PNPP se heurtent des impasses rglemen-taires . Leur commercialisation requiert en effet linscription de leurs substances actives sur une liste communautaire, au mme titre que les produits chimiques. 40 000 euros , cest le cot moyen des taxes pour le dpt dun dossier en vue de linscription de la matire active. Pas simple raliser (3), pour des demandeurs qui sont pour lessentiel des agricul-teurs, des jardiniers ou des associations.En avril 2011, le ministre de lAgricul-

    ture annonce lautorisation de vente du purin dortie et en tablit la recette de fabrication . Problme : cette recette ne correspond pas aux pratiques des fabri-cants ! De fait, cet arrt recre linterdit.

    Alors que Jean-Fran-ois Lyphout stonne toujours de lachar-nement du ministre bloquer les alterna-tives aux pesticides , de plus en plus de communes et dlus sengagent dfendre et promouvoir les PNPP. Deux rgions, un

    conseil gnral, douze villes, cinq com-munes, deux parcs naturels rgionaux et un lyce agricole sont dores et dj par-tenaires de la dmarche de lAspro-PNPP. Ces derniers mois, des agriculteurs, des jardiniers, des lus et des consommateurs ont multipli les actions civiques en pan-dant symboliquement sur les places pu-bliques du purin dortie sur les plantes. Tant que le gouvernement ne respec-tera pas lamendement la loi sur leau de dcembre 2006, adopt par les deux Assembles, affirmant que les PNPP ne sont pas des pesticides, et ne permettra pas leur commercialisation et leur utilisa-tion effectives, nous appellerons tous les citoyens et les lus soutenir nos actions civiques , affirme Jean-Franois Lyphout.

    6. Sortir du dniPour des agriculteurs comme Paul Fran-

    ois, victime de pesticides, prsident de lassociation Phytovictimes, la diminution des pesticides doit passer par une recon-naissance du mal que font ces produits. Il y a un dni terrible dans la profes-sion , affirme-t-il. Ce tabou fait dailleurs craindre aux plus pessimistes un nombre alarmant de victimes dans les annes ve-nir. Si le silence commence tre rompu dans certains coins de campagne, il reste quand mme trs pesant. Le fait que ces produits soient en libre service naide pas prendre conscience du danger .Les vendeurs de pesticides sappliquent

    avec zle masquer les dangers mor-tels de ces produits. Lappellation quils se donnent - Syndicat profession-nel des industriels de la protection des cultures - annonce, elle seule, tout leur programme de communication. Dans le cahier de dolances rdig lors du congrs de Gnrations futures le 23 mars dernier, figure une demande dti-quetage trs claire sur les risques pour la sant et lenvironnement, un peu comme pour les paquets de cigarettes.

    7. Combattre les lobbiesUne France sans pesticides ne ressem-

    blerait pas tout fait celle dans laquelle on vit. Cest sans doute l le problme pour ceux qui ont le pouvoir en tout cas. Alors que le professeur Sultan appelait la sortie des pesticides, Xavier Beulin, pr-sident de la toute-puissante Fdration nationale des exploitants agricoles (FN-SEA), se trouvait dans les Pyrnes, las-semble gnrale dune section dparte-mentale du syndicat. Il sy est illustr par un brillant les grenouilles ou les libellules, a commence bien faire , voquant aussi cette cologie punitive et dogma-tique . Il y a un an, il avait affirm que le cas de Yannick Chenet, un agriculteur mort quelques jours avant dune leuc-mie due aux pesticides, tait un cas isol.Le mme Xavier Beulin stait insurg

    contre les termes de laccord sign entre le Parti socialiste et Europe cologie Les Verts, dans lequel tait mentionn le n-cessaire soutien lagriculture paysanne et biologique pour atteindre les 20 % de la SAU en bio . Esprons que la promesse d'un dbat national sur lagriculture, la pche et lalimentation sera tenue. Et qu'on y tiendra compte de la sant des agriculteurs, et de celle de leurs enfants.

    Notes :(1) Voir l'tude publie sur le site du Mouve-ment pour le droit et le respect des gnrations futures : http://goo.gl/J8AKBI(2) Cette seconde tude, dirige par le Professeur Charles Sultan, publie en 2011, montre que la frquence des hypospadias (malformation de lurtre) passe de 0,2 % 8,2 % chez les garons issus de grands-mres distilbne , un mdi-cament xno-strogne considr comme un modle de laction des pesticides perturbateurs endocriniens.(3) Issues de savoirs populaires, les PNPP sont ralisables par tous et non brevetables : le cot des procdures nest donc pas amorti par le monopole accord par un brevet.

    Aussi bien dans le monde quen France, les questions alimentaires revtent une importance de plus en plus critique. Aprs la Rvolution verte des annes 60, dans les dsastreuses consquencesde laquelle nous nous dbattons et mou-rons encore, et face au dfi insens dune population mondiale sans cesse grandis-sante et dont un septime meurt de faim, la voie pour subvenir au premier des be-soins humains est un enfer pav dinten-tions plus ou moins bonnes. Lagriculture biologique est presse de toutes parts dexigences contradictoires. Face aux sou-cis, voire aux alarmes que soulvent les scandales sanitaires et les atteintes len-vironnement parmi les populations, lagri-culture dite biologique - et souvent rduite la dnomination de bio - est tantt pr-sente comme une niche alimentaire pour riches, tantt comme un label de marke-ting de peu de ralit et tantt comme un horizon utopique. La difficult est que tout cela est vrai en mme temps. Le livre dirig par Philippe Baqu, La bio, entre business et projet de socit, vise rpondre aux questions souleves par les mutations ra-pides de lagriculture biologique, qui a de plus en plus de succs aprs plusieurs crises sanitaires mondiales. En France, le march bio est ainsi en forte croissance, alors que les terres cultives en bio ne le sont pas.

    La raison en est trouver du ct des lob-bies de lagroalimentaire qui ont uvr pour que les gouvernements ne favorisent pasle dveloppement de lagriculture biolo-gique - titre de preuve, le budget pour les agrocarburants est 12 fois suprieur en France celui prvu pour aider les agri-culteurs se convertir au bio. En outre, la labellisation bio, sous la protection de la-quelle le citoyen et consommateur pour-rait esprer se placer, tolre mme la production en masse et moindre cot, dune agriculture bio intensive fonde sur la monoculture, la concurrence sauvage, lappauvrissement de la biodiversit, la spoliation des terres et lexploitation de la main duvre ! Cest, encourage par la grande distribution, quune certaine fi-lire bio se rsout pitiner ses valeurs, en France comme dans le reste du monde. Pourtant, le monde du bio et de la bio est divers dans ses pratiques et ses objectifs, et cest tout lintrt de cet ouvrage que de nous en faire dcouvrir les contradic-tions, les dangers et les immenses espoirs. Au seuil de cette lecture, on comprend que la bio est la croise des chemins.

    L'agriculture biologique peut-elle nourrir le monde ? Les produits bio peuvent-ils tre accessibles tous ? Quelles sont vrai-ment les performances de l'AB par rapport

    La raison en est trouver du ct des lob-

    L'agriculture bio la croise des chemins

  • LE LOT EN ACTION n 75 - vendredi 18 octobre 2013 P 17

    Rien ne prdestinait Paul Franois devenir un contestataire de lagricul-ture intensive avec son lot de produits chimiques. Cest Bernac, en Charente, que ce cralier g aujourdhui de 49 ans, a repris lexploitation gre par son pre. Un peu par dfaut, confie t-il, avant que a ne devienne une passion . Durant des annes, il mise sur le tout chimique . Il utilise massivement des engrais de synthse, irrigue tout-va pour le mas. Cela collait bien aux va-leurs de lentrepreneur et du travailleur, javanais . Trs vite, sa ferme sagran-dit. Ils sont aujourdhui quatre, deux as-socis et deux salaris, vivre sur un peu plus de 400 hectares, essentiellement en bl et mas. Une grosse exploitation.Lui-mme nimaginait pas quun jour,

    il troquerait une partie des produits de synthse contre des purins de plantes. Quand jtais dans mon agriculture in-tensive, le purin dortie me faisait sou-rire. Puis quand on comprend les cons-quences des molcules chimiques, on se dit que cest peut-tre avec a que lon a envie de travailler . Il est fier dsormais de pouvoir croquer le grain de bl qui sort de chez lui, den donner ses poules et de manger leurs ufs. Sans danger. Je me sens mieux dans ma peau de pay-san, mme si je sais que jai encore nor-mment defforts faire pour ne plus avoir dimpact sur lenvironnement .

    Une prise de conscience progressive...

    Avant den arriver l, Paul Franois et son associ ont commenc rduire lusage des produits phytosanitaires ds les annes 90. La moiti de la sur-

    face est alors consacre des mono-cultures de mas irrigues. On cher-chait rduire nos cots, ctait une dmarche purement conomique , pr-cise t-il. Ils rencontrent dautres agricul-teurs ayant eux aussi rduit lusage des produits chimiques mais pour dautres raisons, notamment environnemen-tales. On a pris conscience petit pe-tit quil existait dautres techniques .Au mme moment, ils constatent des

    problmes de texture du sol. Il ny avait plus de vie dans le sol, les rende-ments stagnaient. Plein de choses nous inquitaient . Les rotations entre le bl et le colza semblent trop courtes. Ils d-cident donc de modifier leurs faons dexploiter et commencent rappor-ter de la matire organique dans les sols, du fumier en particulier. Pour lanecdote, il a fallu dix ans pour revoir du vivant dans le sol, comme les vers de terre. Cela avait quasiment disparu .

    avant laccident Et puis il y a eu ce quil nomme lacci-

    dent . Suite une mauvaise manip , il inhale du monochlorobenzne, un com-posant du Lasso, cet herbicide fabriqu et commercialis par le gant Monsan-to. Nous sommes en 2004. Amnsie, in-suffisance respiratoire, problmes dlo-

    cution, nauses, vanouissements... De cette intoxication aige , il souligne ses neuf mois dabsence de lexploita-tion et ses cinq mois dhospitalisation . En 2005, Paul Franois demande la recon-naissance en maladie professionnelle. Cinq ans de procdure seront ncessaires avant quil ne lobtienne. un mo-ment donn, javais pris conscience quil y avait peut-tre un danger pour lenvi-ronnement, mais bizarrement, javais sous-estim que je mettais mes proches et moi-mme en danger. Un dni ?Dtermin, Paul Franois lance une pro-

    cdure en responsabilit civile contre Monsanto. Et remporte une premire bataille. Monsanto est responsable du prjudice de Paul Franois suite linha-lation du produit Lasso , expose ainsi le jugement rendu le 13 fvrier 2012 par le tribunal de grande instance de Lyon. Se-lon Me Lafforgue, Monsanto aurait man-qu son obligation dinformation en ne dtaillant pas la composition du produit sur ltiquette, et en navertis-sant pas des risques lis linhalation, ni de lobligation de porter un masque. Sans surprise, la firme a fait appel. Et Paul prpare la suite. Ils sont en train de vouloir retourner la situation, ce se-rait moi qui aurais tenu des propos dif-famatoires . Mais il tient bon. Certes, la mdiatisation nest pas toujours facile malgr les apparences . Mais le point positif, ajoute t-il, cest quelle aura per-mis des agriculteurs de se dire "peut-tre que je suis moi aussi victime..." .

    Double peineIsols, des agriculteurs se sont pro-

    gressivement rapprochs de Paul Fran-ois. Qui rpte lenvi quil ne serait pas l o il en est sil avait t seul. En-semble, ils crent lassociation Phyto-Vic-times en mars 2011 pour briser lomer-ta sur le sujet. La FNSEA ne veut pas dire que la chimie peut nous empoison-ner et nous tuer, souligne Paul Franois. Le monde agricole et ses reprsentants syndicaux nont pas voulu sinvestir sur ce dossier-l lche t-il, avant que le tlphone ne sonne nouveau. Cest une nouvelle demande dinterview, suite la parution dune tude de lIn-serm(1) reconnaissant les effets des pes-ticides sur la sant. Plus que jamais, nous avons une lgitimit , rsume t-il.Paul Franois a toutefois une crainte,

    celle de la double peine. Certains dentre nous vont tre malades, certains vont en crever, et ils pourront aussi tre accuss. Demain, on ne pourra plus dire que lon ne savait pas . ses yeux, il faut

    prendre ses responsabilits ds mainte-nant. Mais il nest pas pass au bio pour autant. La premire raison cest que lagriculture biologique est beaucoup plus difficile et technique que lagricul-ture que jai pratique . Du fait de ses squelles, il sait quil devra peut-tre sar-rter de travailler du jour au lendemain, et il ne veut pas laisser son associ et ses salaris dans la panade . Nanmoins, il estime qu il faut faire tout ce qu'il est possible pour dvelopper le bio, com-mencer par la formation des jeunes .

    Enlever les produitsdangereux

    En attendant de faire mieux, de faire bio, il faut pouvoir produire et que chaque consommateur, y compris celui qui vit avec les minima sociaux, puisse se nourrir sans se mettre en danger . Lui et son associ ont donc fait le choix dal-ler vers une autre agriculture, de faon progressive insiste t-il. Il est impra-tif pour lui de maintenir son rendement tout en faisant un bl qui soit le plus sain possible, avec des mthodes ayant le moins dincidence sur la sant . Avec leur cooprative, ils ont commenc par ne plus employer toutes les molcules clas-ses risques cancrignes, cancrignes avrs ou mutagnes . Et il se rjouit que ses rendements et sa marge cono-mique soient largement aussi bons que certains de ses collgues qui continuent utiliser de lisoproturon, un herbicide.Il ne se fait toutefois pas dillusion

    quant aux rsultats du plan Ecophyto, lanc en 2008, visant rduire de 50 % les pesticides en dix ans. Alors que les vo-lumes consomms ont augment entre 2009 et 2011, il interroge : Mme si on atteint 20 % de bio en 2020, que fait-on des 80 % qui, dans lEure ou la Beauce, continuent produire nimporte com-ment ? Les nappes se rejoignent toutes un moment donn et lair ne connat pas de frontires. Paul Franois pro-pose que lon commence par retirer du march tous les produits dangereux, cancrignes et mutagnes notamment, dici 2018. Et quon arrte de dire que la production serait mise en danger !

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    aux modes de production conventionnels dans les pays dvelopps ? Peut-on faire une conomie relocalise qui situe lesconsommateurs et les producteurs en col-laboration plutt qu'en concurrence d'int-rt ? Autant de questions rcurrentes qui ont dj trouv leurs rponses au travers d'alternatives qui fonctionnent travers le monde. L'exemple de l'tude compa-rative entre agricultures bio et chimique, mene par l'institut Rodale, aux tats-Unis, est stupfiante. Dbute en 1981, cette re-cherche sest concentre sur le mas et le soja qui, ensemble, reprsentent 49 % des terres cultives aux USA. Aprs des baisses de rendement du ct biologique lors de la transition, il a suffi de quelques annes pour quelle rattrape le conventionnel. Les conclusions, qui se basent donc sur une priode de trente ans, sont stupfiantes : Les rendements en biologique galent ceux de lagriculture chimique. Les rendements en bio surpassent le chimique dans les annes de scheresse (pour le mas on parle de 31 % de plus).

    Le systme dagriculture biologique ajoute de la matire organique au sol au lieu de lpuiser, prouvant ainsi quil est plus durable. Lagriculture biologique a utilis 45 % de moins dnergie que le conventionnel.

    Le systme conventionnel a produit 40 % de plus de gaz effet de serre.

    Lagriculture biologique, au point de vue des ressources et de la communaut, est plus rentable que le conventionnel. Un des points importants, du point de vue des agriculteurs est videmment le re-venu. En cela les chiffres sont frappants, le revenu net moyen pour lagriculture biologique a t de 558 $/acre/an contre seulement 190 $/acre/an pour le conven-tionnel. Mme si on prtextait le suppl-ment de la prime en biologique versus le cot des intrants, le revenu ainsi major serait largement en faveur du biologique.

    Notes :Pour en savoir plus et consulter cette tude : Institut Rodale : http://rodaleinstitute.org/tude Farming Systems Trial (en anglais) : http://goo.gl/K6uLQM Sources utilises pour rdiger cet article : La revue des res-sources : http://goo.gl/5n38Xv Confrence interna-tionale de l'agriculture biologique : http://goo.gl/IuTYIy Bibliographie :La bio, entre business et projet de socit, di-tions Agone, 422 pages, 22. ISBN 2748901703

    aux modes de production conventionnels

    L'agriculture bio la croise des chemins

    Sortir des pesticides : Paul Franois, linsoumis Monsanto

    par Sophie Chapelle (Basta mag)

    Cralier en Charente, Paul Franois a baign dans lagriculture intensive. Victime dun accident lors de la manipulation dun herbicide, lagricul-teur attaque son fabricant, Monsanto. Et gagne le procs en premire instance. Lhomme qui fait vaciller le gant de lagrochimie nest pourtant pas encore sorti des pesticides. Critiqu par ses pairs pour ne pas stre converti au bio, soucieux de maintenir son rendement, il exprimente aujourdhui des al-ternatives au tout chimique. Portrait dun agriculteur au parler-franc.Paul Franois

  • P 18 LE LOT EN ACTION n 75 - vendredi 18 octobre 2013

    blic et les professionnels sur les risques des perturbateurs endocriniens. Interdire terme tous les PE. Assurer lintgration horizontale des PE dans lensemble des politiques pu-bliques et notamment les grands plans de sant publique et de protection des consommateurs, en parallle et en appui des plans daction pour lenvironnement. Dvelopper la recherche dans le do-maine de la sant environnementale, notamment sur les spcificits de la per-turbation endocrinienne et sur leffet cocktail.

    Au ministre du Redressement productif de : Mettre en place des instruments co-nomiques pour pnaliser lusage conti-nu des PE, favoriser la substitution (par des techniques et/ou des substances non nocives) et financer des plateformes dchange de comptences et dinforma-tions au service des entreprises. Faire des dfis de la sant environne-mentale un moteur de linnovation et du savoir-faire industriel et conomique franais. Promouvoir des filires dexcellence Zro PE lexportation, par exemple dans le domaine alimentaire et des cos-mtiques.

    Aux groupes de distribution alimentaire de : Retirer les PE suspects et avrs des produits rfrencs, commencer par les bisphnols, les phtalates, les parabnes et les perfluors, les pesticides PE, et pro-poser une offre sans PE aux consomma-teurs. Mettre en place une information et un tiquetage clairs, comprhensibles et ac-cessibles sur les produits afin de renfor-cer les capacits des consommateurs faire des choix clairs.Ces mesures permettront dans un pre-

    mier temps de rduire notre exposition aux perturbateurs endocriniens, puis de ramener cette exposition zro afin de protger aussi bien notre environnement que notre sant.

    Notes :1- Gnrations Futures, Rseau Environne-ment Sant, WECF, Appel de la jeunesse, Bio-coop, Confdration paysanne, Cniid, Biocon-somacteurs, Attac, cologie sans frontire, Adquations, IDAE.2- Lien : http://goo.gl/P226zh 3- Parmi les 6 groupes leaders en France (Car-refour/Leclerc/Intermarch/Casino/Auchan/Systme U).

    Au moment o la consultation pu-blique sur la Stratgie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE) vient de s'achever (fin septembre) et qu Bruxelles se ngocie la future dfinition rglementaire des perturbateurs endo-criniens, Agir pour lenvironnement et ses 12 partenaires(1) lancent une cam-pagne de mobilisation citoyenne intitu-le : Perturbateurs endocriniens : Envi-ronnement perturb, sant menace !Mis en vidence en 1991, les perturba-

    teurs endocriniens (PE) recouvrent plu-sieurs centaines de substances chimiques dusage courant(2), susceptibles dinterf-rer des doses infimes avec la rgulation hormonale des tres vivants. Lexposition humaine aux PE est prcoce (dans lut-rus) et quotidienne du fait de leur grande htrognit : on retrouve, en effet, des PE parmi les ingrdients des produits de consommation et comme contaminants de leau, de lair ou de nos aliments.La perturbation endocrinienne re-

    met en cause toute approche clas-sique en toxicologie et en valuation des risques chimiques : la dose compte moins que le moment de lexposition et elle peut tre potentialise par ef-fet cocktail, les effets sont latents et ventuellement transgnrationnels.Les preuves scientifiques saccumulent

    pour dsigner la participation des PE lpidmie mondiale de maladies chroniques : cancers hormono-dpen-dants, troubles mtaboliques (diabte, obsit), troubles neurocomporte-mentaux et neurodveloppementaux, atteintes la reproduction et la fertilit.

    Par la pollution environnementale, la toxicit faible dose des PE sexerce aussi sur la faune sauvage, en particu-lier aquatique, avec des effets graves sur la capacit de reproduction de nom-breuses espces, linstar de la fmi-nisation des poissons deau douce.Il est donc grand temps de mettre

    cette problmatique au cur du d-bat public, afin de pousser les dci-deurs franais et europens prendre des mesures fortes pour rame-ner zro notre exposition aux PE.Avec cette campagne, les citoyens

    ont jusquau 30 juin 2014 pour ren-voyer les cartes ptitions afin dinterpel-ler le Commissaire europen la san-t et aux consommateurs, Toni Borg, le ministre du Redressement produc-tif, Arnaud Montebourg, ainsi que les groupes de distribution de leur choix (3).

    Nous demandons ainsi auCommissaire europen la

    sant et aux consommateurs de : Mettre en place une dfinition des perturbateurs endocriniens qui ne laisse de ct aucun PE suspect. Engager ds maintenant la rduction de lexposition aux perturbateurs endo-criniens avrs et suspects au sein de lUnion Europenne, en les interdisant en priorit dans les usages susceptibles daf-fecter les populations vulnrables (dis-positifs mdicaux, cosmtiques, jouets, contact et denres alimentaires) et dans les usages dispersifs (pesticides, biocides...).

    Sensibiliser et former davantage le pu-

    Faire primer lagronomiesur la chimie

    Son lien au sol a aussi chang. Il ne sin-terdit pas lutilisation de molcules de synthse, mais la chimie narrive quen dernier recours. On sest rapprochs notamment de nos collgues leveurs et on fait des changes de bons procds : je leur fournis la paille et eux me four-nissent du fumier . De quoi lui faire co-nomiser 30 tonnes dengrais de synthse en 2012. Les temps de rotations entre les cultures ont t rduits et les cultures qui permettent denrichir naturellement le sol en nitrates, telles que lavoine ou le trfle, ont t dveloppes. Une ap-proche agronomique qui lui aurait fait di-viser par deux lutilisation de pesticides.Sa recherche dalternatives la conduit

    exprimenter des semences adaptes

    son terroir. On avait oubli de nous dire que les semences fournies devaient tre biberonnes aux fongicides . Depuis le printemps 2013, Paul Franois a gale-ment dcid dexprimenter des purins de plantes, de fougres notamment, sur une partie de son exploitation. Avec laide dun membre de lassociation pour la pro-motion de ces prparations naturelles (2), il observe les rsultats sur plusieurs hectares de mas, de colza, de bl dur et de bette-raves. Sur le colza trait lextrait dail, il constate quil ny a pas eu dattaques de charanons, des insectes ravageurs.

    Produire autrementConsidre-t-il quil encourt un risque

    avec ces extraits vgtaux ? Pas da-

    vantage quavec les produits chimiques aujourdhui pulvriss et sur lesquels on na pas de recul , assne t-il. Avant que le purin dortie ne provoque un can-cer, il y a encore du chemin faire . Au-jourdhui, Paul Franois veut poursuivre ce protocole dessais avec des prpara-tions naturelles plus grande chelle. On essaie car on a besoin de solutions .Sil explore des pistes de sortie du

    tout chimique, il est conscient quil ne pourra pas compter sur laide de la chambre dagriculture du dparte-ment pour le faire. Ils sont indcrot-tables , regrette t-il. Son exploitation peut apparatre paradoxale. Certains lui reprochent daller trop vite, dautres trop lentement. Mais je reste droit

    dans mes bottes. Il y a des choses que le monde agricole doit entendre . Pas bio, pas vraiment de gauche, il navait pas le profil pour attaquer les lobbies de lagrochimie. Lui estime navoir plus rien perdre. Mon pronostic vital a dj t engag trois fois . Et sa liber-t de parole, il y tient dur comme fer.

    Notes :(1) Voir l'article sur cette tude de l'Inserm : http://goo.gl/GFWXMi

    (2) Aspro-PNPP : http://www.aspro-pnpp.org/

    Pour protger la sant, des ONGlancent une campagne contre

    les perturbateurs endocriniens

    Alors que les preuves scienti ques saccumulent pour dsigner la participa-tion des perturbateurs endocriniens lpidmie mondiale de maladies chroniques , et qu Bruxelles se ngocie leur d nition rglementaire, une campagne de mobilisation citoyenne intitule Perturbateurs endocri-niens : Environnement perturb, sant menace ! est lance.

    Pour aller plus loinInternet : Dossier pesticides sur le site du Mouvement pour le droit et le respect des gnrations futures : http://goo.gl/VTKp8w Le site de la semaine sans pesticides , bien document : www.semaine-sans-pesticides.fr/Le site de l'ACAP (Action citoyenne pour une alternative aux pesticides) : www.acap.net/ Le dossier Pesticides de France Nature Environnement : http://goo.gl/yC7gF7 Le site d'Ecophyto 2018 : http://goo.gl/cVD0Z2 Livres : Pesticides, rvlations sur un scandale franais (de Fabrice Nicolino et Franois Villerette), d. Fayard.Magazine L'cologiste n21 (dcembre-mars 2007, avec un dossier complet Un monde sans pesti-cides ), 6. Pour le commander sur internet : http://goo.gl/sWuGra La Bio, entre business et projet de socit (voir page 17)Films : Pesticides, non merci. Sur Dailymotion : http://goo.gl/uxhvZZ Le temps des grces, un lm de Dominique Marchais (2010). http://goo.gl/wCWCJ4 Notre poison quotidien. Une enqute de Marie-Monique Robin : http://goo.gl/KCgVYV Pesticide mon Amour. Un lm d'Erik Fretel : http://goo.gl/wQ8O91 Pesticides : la mort des sols, par Claude et Lydia Bourguignon : http://goo.gl/ejpx5i Nos enfants nous accuseront, de Jean-Paul Jaud : http://goo.gl/sZh2