Notice sur les ᅢノmaux peints anciens et...

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Transcript of Notice sur les ᅢノmaux peints anciens et...

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NOTICEsrri LES

ÉMAUX PEINFTSNCIJ:çs & MOJ)flNF's

L'ATELIER D'ÉMAILLERIE DE M. ROURDER y, A LIMOGES

I'IrnOiTC przenf t a société Archoto2ique et XIioïue

DU LIMOUSIN

PAR

l'-I. Caini11 .10 UJ-IANNFAUDAVOCAT

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LIMOGESIMPRIMERIE CIIATRAS ET de, RUR TURGOT, 6.

1879

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LES ÉMAUX PEINTSANCIENS & MODERNES

RAPPORT

De pliisieuri Menibres de la Soi-iété AiehoIogique et historique dit Linioiisii

A L'ATELIER D'ÉMAILLERIE 0E M. BOLJROERY, A LIMOGES ('

 la séance de la Société du 228 février 1879,présidée par M. l'abbé Arbellot, M. Camille

Jouhanneaud, membre de cette Société, a donné

lecture du mémoire suivant

ME S SIEUR S,

A la précédente séance de notre Société, un denos excellents collègues, M. Bour(Iery, a bien

(I) Ce mémoire u déjà parn dans le Coinrr,er dtr Centre (numépoa Us Sut G ruai 1079)

La publication û part litre nous en faisons ici nous a paru assez oppor'-tune à la veille de l'Exposition des Beaux-Arts le Limoges, qui promet àtous égards d'élre brillante, et de nature à démontrer que le mouvementartistique ct loin d'être inactif dans notre ville et qu'il y coniple des ftdep-tes laborieux et distingués.

Nous sommes heureux que les circonstances qui noirs ont amené ûrendre compte des travaux de l'un de nos artistes locaux, nous aientfourni l'occasion de signaler le fiait le lu renassanee rie l'émaillerie rLimoges, persitadé que l'opinion de nos Concitoyens ratifiera lu nôtre etrendruà troc émailleurs modernes une justice qui leur est bien due.— C. J.

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voulu nous convier, sur la demande de notre dé-voué président, à visiter l'atelier d'émaillerie etd'objets divers qu'il a installé à son domicile à Li-moges, rue (les Combes, n° 1 . Une douzaine (leSociétaires, parmi lesquels j'ai eu la bonne fortunede me trouver, ont pu prendre part à cette visitequi a laissé chez nous tous, je puis le constater,

d'agréables et UIjiCS souvenirs. J'aurais voulu,

Messieurs, (JU' Ufl de vous, plus autorisé que moi,plus compétent par ses connaissances artistiques,se fit ici l'interprète de la satisfaction générale etvous fit connaitre les résultats de notre examenavec toute la. clarté, la précision et l'érudition querequiert un tel sujet. Mais les circonstances Ont faitque j'ai du me charger (le cette tâche, et si je l'aiacceptée un peu témérairement, c'est, que dans mapensée, mieux valait encore un compte-rendu in-

suffisant qu'un silencesilence que l'on eCt pu qualifier

d'injuste.

Les objets d'art dont M. Bourdcry a enrichi sademeure, offrent ceci de particulier et d'intéressantqu'ils sont l'oeuvre de sa main. 11 ne s'agissait doncpas pour nous, dans cette visite, de voir, d'admi-rer les richesses que nous ont hguées les ages an-térieurs, mais de nous rendre compte des produc-tions de l'art moderne actuel, et d'observer notam-ment les essais qui se réalisent chaque jour dans lavoie de restauration d'un de ces arts, celui des

émaux peints.

— J —

Les salons de M. l3ourdery présentent à la véritéune ample et attrayante matière 1 étudier, et sou-vent même à admirer. Notre collègue a revu de laProvidence cette heureuse faveur de pouvoir êtreà la fois tin parfait dessinateur, un céramiste habileet un émailleur très distingué. Si j'ajoute qu'il esten même temps un travailleur des plus laborieux,je suis amené à dire, au risque de blesser la mo-destie de M. Buurdery, que son talent est des plusVariés et des plus féconds. A cèté des émaux dontje parlerai dans un instant avec quelques détails,il nous a montré des faïences d'une exécution vive.et originale; ces faïences sont en général peintessur émail cru; elles ont presque toutes figuré auxdernières expositions artistiques de Paris (i). Parmicelles qui ont été les plus remarquées des membresde notre Société, nous citerons une très-grande pla-que représentant une allégorie de la bataille de Kœ-rnœrn, remportée par les Autrichiens sur l'arméeturque, et qui a beaucoup de caractère; des halle-bardiers, d'après Holbein ; deux sujets pour appli-Jucs ou torchères, imitant des majoliques italien-

(1 L'ouvre le M foui' cv n'a a Ité suai lernent appréc iuLimoge,,où le jeune nrtite fait paille de cette pléiade du travailleurs et d'amis dubeau, auxquels l'éminent directeur de ntre Musée céruuuuuique M. Duibou-ché , u donné tant d'ulununis cliii est également connue A Paris, oùM. liourdery o, du l'asie, suivi les cours de l'Ecole des Beaux-Arts etreçu les leçons du Ni. Gérôme, (lui liii u témoigné- son CttOnhin,t où sonnon, u ilgurA depuis cinq uns au Salon pour des faïences stui cru, desémaux sur cuivre, etc.

Cette année notre collègue ecpOse encore à Paris, on méme temps qu'aplusieurs de nos expositions régionales de Beaux-Arts, à Ageri, à Guéretet, principalement A Limoges. - C. J.

11es; d'autres plaques représentant Rachel et Jacob,

la Vierge aux lapins, d'après Albert Dürer ; des ai-guières des gourdes d'un genre fort bien réussiune Diane en camaïeu, et enfin une très-belle faïen-ce, représentant la J'Tierqc au singe, d'après AlbertWtrer, avec cadre d'ornements composé par l'imi-tateur, et qui a valu h ce dernier une médaille debronze à une récente exposition qui s'est tenue àMoulins. Cette récompense n'est qu'un début, maiselle est à nos yeux le présage d'autres encore plushautes et plus estimables pour le jeune artiste quia foi dans son art cl qui poursuit vaillamment sacarrière, soutenu surtout par l'amour du travail etpar l'amour du beau.

M. Bourdery cultive aussi avec succès la pein-ture sur porcelaine; comme preuve de ce qu'il saitfaire de ce chef, il a fuit passer sous nos regardstoute une série d'assiettes à dessert (le service secompose de je ne sais plus combien de douzaines),sur lesquelles sa plume a décrit cri traits imitant lasanguine, les dessins les plus variés, paysages,personnages, types et sujets humoristiques, le toutavec une facilité, une prestesse d'allure qui neslpas

commune.

Signalons encore , sans sortir des salons, deM. Bouraery, (les barbotines, des peintures à l'huileparmi lesquelles deux vues de Biarritz dignes d'at-tention, et surtout des gravures d'un genre tout Spé-

cial et peu commun, croyons-nous et qui semblent

-7—tracées sur fond de cuivre. J)c gravures, à la vérité,et de fond de cuivre, il n'en est pas questionici ; le procédé que M. Bourdery u bien voulu nousdévoiler et dont il se sert avec une grande habileté,consiste à tracer les traits d'un sujet au revers d'unefeuille d'or étendue sur une plaque de verre à la-quelle elle adhère d'une fion très-intime, puis àrecouvrir ce revers d'une teinture ou d'un vernisqui repousse les traits en noir sur le fond d'or, le-quel prend alors l'aspect du cuivre jaune poli. Ceprocédé, comme l'on voit, est très-original et sonemploi se prèle très-bien. comme effet aux croquis,aux paysages, aux dessins auxquels on veut donnerun certain cachet d'antiquité.

Quelque fùt l'attrait que nous pussions éprouverpour toutes les curiosités qiieje viens d'énumérer,il est certain que l'intérôt principal de notre excur-s ion artistique chez H. Bourdery devait se perler surla fabrication des émaux, à laquelle il s'est consacréd'une manière toute spéciale depuis deux ou troisannées. Son oeuvre se compose déjà d'un très-grandnombre de pièces de toutes tailles et de genres di-vers qui révèlent une main savante, exercée. Laplupart de ces pièces en cffi1 se distinguent parla vérité des poses, la ïiettelé des lignes et la finessedes visages, en même temps que par le bel éclat1e plusieurs des couleurs. De plus, les ressourcesartistiques de M. Bourdery lui permettent d'abor-der les grandes difficultés de la composition et du

dessin, de peindre des scènes où se rencontre lamultiplicité des personnages et des détails. Nousavons tous donné nos éloges à un triptyque repré-sentant une nombreuse procession de personnages duXP siècle entourant un prêtre portant le Saint-Viatique, dont l'ordonnancement, les types et l'exé-cution générale sont très-réussis. L'examen attentifde ce triptyque nous u convaincu que M. l3ourdcrypourra, quand il le voudra, entreprendre avec suc-cès les grandes compositions d'ensemble, par exem-ple celle des cations d'autel.

J'indiquerai un peu plus loin les autres émauxque nous avons plus particulièrement remarquésparmi les oeuvres de notre collègue. Mais vous mepermettrez au préalable de vous rappelr quelquesobservations sur la fabrication des émaux, quel'examen de visu dans l'atelier de M. 1]ourdery nousn rendus plus sensibles que ne pourrait le faire letraité d'un commentateur.

C'est en suivant le travail de l'émailleur pas àpas, en l'étudiant dans toutes ses phases, que l'onpeut juger de toute la difficulté de cet art. Parquelles opérations et métamorphoses successivesdoit passer une simple feuille de cuivre rouge pourdevenir un de ces précieux objets que nous admi-rons à juste titre ? Quel labeur assidu et minutieuxil faut à l'émailleur pour préparer une de ces pla-ques, la décaper, la polir, la mettre en état derecevoir une première couche de simple fondant

— o —incolore, puis les traits ou le modelé du sujet, etenfin les oxydes vitrifiables qui se changeront enémaux riches et éclatants ? Avec quelle dextérité ilétend avec sa spatule ces fondants colorés qu'ilsuivra ensuite au feu de son four d'un oeil expert etvigilant, pour prévenir tous les accidents de la fu-sion? Et ces opérations et ces premières cuissonsfaites, avec queue délicatesse (le main encore plusgrande il compose les chairs, les carnations des vi-sages avec de légères couches superposées de blancet de carmin, et il rehausse enfin les contours dusujet do minces filets d'or pour mieux accuser leslumières ! Ce sont là toutes choses qu'il me seraitLien difficile d'exprimer dans un compte renducomme celui-ci, mais qui sont encore sans nuldoute présentes à tous vos esprits ; de telles remar-ques ne pouvaient manquer de satisfaire notrecuriosité d'autant plus vivement excitée, que lascience de l'émaillerie nous intéresse à un doubletitre, comme archéologues et comme Limousins.

L'organisation de l'atelier de M. Bourdery nous adonc permis d'observer de près les faits et gestesde l'émailleur. Nous avons aussi - constaté l'excel-lente installation de ses deux fours, dont l'un peutcontenir des plaques de très-grandes dimensions,de 40 Ù 50 centimètres au moins. C'est lui-mèmequi a fait édifier ce four d'après un plan tout àfait personnel, car il y u introduit de nouveauxaccessoires, d'utiles perfectionnements qui en ren-dent la mise en oeuvre très-commode et très-rapide.

En notre présence il a fait passer dans l'intérieurincandescent d'un de ces fours quelques plaquestoutes disposées, et après de courts intervalles, sousl'action d'une chaleur qui atteint normalement prèsde 1 ,900 degrés, les couches de fondants métalli-ques se sont vitrifiéps et sont ressorties, devantnos yeux, avec tout l'éclat brillant de l'émail. 11faut qu'une pièce passe pour le moins par huit oudix cuissons successives, non compris les retouches,avant d'être terminée.

l)o toutes les explications techniques qu'a bienvoulu nous fournir M. Bourdery, il en est que j'aicru devoir noter d'une façon plus spéciale, bienque sans doute elles ne soient pas nouvelles.J'entends parler des différents procédés employéspar les artistes et qui caractérisent les périodes del'histoire de l'émaillerie. Il n'est pas une personne,quelque peu habituée à voir des émaux anciens,qui n'ait constaté que ces émaux n'ont pas tous lemème aspect, que les couleurs et les teintes ensont plus translucides et éclatantes, ou au contraireplus mates et quelquefois nième assez ternes.D'où proviennent ces différences? Nous allons enfaire comprendre la raison le plus brièvement pos-sible.

Les artistes qui, vers le milieu du X siècle, in-ventèrent à Limoges les émaux peints, avaient étéfrappés évidemment de l'adhérence propre qti'ob-tient un corps fondant et vitreux avec une feuille

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de métal tel que le cuivre. Laissant donc dans l'ou-

bli l'ancienne méthode du cha?np-levé ou de la taille

d'épargne, ils trouvèrent très-simple d'étendre lacouche d'émail sur la face nue de l'excipient,voyant q u' ainsi l'émail acquérait une grande solidité,et que de plus sa grande translucidité empruntaitau fond de cuivre un très-vif éclat. Ils peignaientdonc sur le cuivre, ou du moins sur une très-mincefeuille d'or ou d'argent recouvrant le cuivre, lestraits et les ombres du dessin à l'aide d'un oxydefondant très-léger, et ils recouvraient ensuite letout de couleurs translucides. Ce procédée que l'on

a appelé méthode par apprêt peut aussi étre qua-

lifié du nom de procédé du Inoyen-âge, car cefut vers la lin de cette époque de notre histoire qu'ilfut mis en pratique. Nous allons voir, au contrai-re, que la renaissance y apporta certaines modifi-cations qui devaient plus tard en changer totale-

ment le caractère.

La peinture en émail n'acquit pas de prime-abordle vif éclat qui distingue les chefs-d'oeuvre qu'elleproduisit plus tard; il était réservé aux artistes de lagrande époque de clpnner aux émaux translucidesune grande richesse et une grande variété de toits; cefurent encore ces artistes qui, pour mieux varierleurs ctels, recoururent h un emplOi fréquent despaillons, ces feuilles d'or, d'argent ou de platine

que l ' on place sous le couvert de l'émail et sur lesparties du dessin dont on veut rehausser l'éclat.

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Mais en mème temps qu'ils voulaient donner àleurs oeuvres cet éclat et cette richesse, les émail -leurs de la renaissance subissaient l'influence de lagrande peinture et recherchaient également la dou-ceur et l'harmonie des tons. Voilà pourquoi etcomment Léonard Limosin eut l'idée de prendrepour fond l'émail blanc, et de peindre sur cettecouche unie avec des émaux plus fortement colo-rés et offrant une plus grande fusion dans les nuan-ces, moins d'épaisseur et une touehe plus légère.Cette manière de faire offrait un réel avantage pourlexécution des portraits, grâce à la délicatesse, aufini qu'on pouvait donner aux teintes, mais ellene convenait pas aux compositions (l'ensemble. Legrand émailleur et ses pareils n'en abusèrent pas;mais la peinture sur émail blatte devait se retrou-ver aux époques de décadence et amener une véri-table substitution de la peinture sur émail à laPeinture en émail, au grand préjudice de l'art. Onvit les émailleurs de ces époques, déjà si inférieurspour le dessin et la composition à leurs devan-ciers, empaler leurs émaux (le couleurs mates,opaques, et presque toujours assez ternes, oudonner à leurs grisailles une coloration imitantcelle des miniatures on même la décoration de nosporcelaines. L'art était non-seulement dégénéré,niais complètement altéré et tombait iuiserisjljlernent,au niveau d'une industrie ordinaire.

Nous retrouvons de nos jours ces méfies procé-

dés employés par les rénovateurs de l'émaillerie,mais en quelque sorte d'une façon éclectique;à l'exemple des bons émailleurs d'autrefois, ilss'efforcent de trouver la variété, la richesse etl'éclat, et, pour atteindre ce but multiple, ilsabordent tous les genres d'essais. L'atelier deM. Bourdcry nous a permis de juger de ces diver-ses manières de faire par de nombreux échanti-llons. Le procédé moyen-Xge est assez naturelle-meut celui auquel il s'attache avec le plus de pré-dilection ; comme à cette époque, il trace d'aborden noir les traits du dessin sur la plaque de cuivrerecouverte simplement d'un fondant incolore quiI'empèche de s'altérer; il applique ensuite les émauxsur ce modelé très-foncé ; les chairs et les visagesseuls sont composés par des couches d'une natureparticulière superposées et très-légères; enfin lescontours et les lumières sont accusés et rehausséspar des filets d'or. Les émaux ainsi peints ont unegrande translucidité et un éclat naturel qu'ils doi-vent à la surface de cuivre sur laquelle ils sontdirectement appliqués.

M. Bourdery nous a montré un très-bel émailde sa composition, représentant une Sentinelle dutemps de Charles IX, pour lequel il n'a employéaucun paillun et qui est remarquable pourtant parla vivacité et la clarté lumineuse des couleurs poséessur le cuivre.

Il convient de noter dans la série des émaux (le

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la mèrne nature, et en sus du triptyque dont nousavons parlé plus haut, deux plaques figurant laremise d'un manuscrit au X VP Siècle et un trou-vère récitant ses poésies devant une cour italienne,une Aune de Urtagne, un saint Pierre et saintPaul tenant tons deux le voile de sainte Véronique,le portrait d'un niemhre de la famille d'Argeniré

au XI I-IIi eXII-III siècle, un sujet intitulé : la Femme auxdeux Maris, d'autres sujets encore, des portraits,des médaillons exécutés avec ou sans paillons, et(l'un travail soigné.

M. Bourderv a fait aussi quelques peintures surémail blanc, et notamment une reproduction deScène flamande au XVI siècle, d'après Lucas deLeyde, qui a été admise à figurer au dernier Salonde Paris. Le mérite propre Ù Ces sortes d'émaux,comme nous l'avons constaté plus haut, est de pré-senter à l'oeil des touches plus fines, plus douces,plus délicates ; l'écueil en est dans le défaut delumières, dans l'opacité des tons. C'est l'affaired'un peintre habile de savoir composer ses modelés,combiner ses teintes et demi-teintes, choisir sesémaux de coloration, de façon h ne pas tomberdans l'exagération du procédé et h ne pas imiter lesdéfauts de la décadence.

,Nous avons enfin trouvé chez M. Ilourilery quel-ques grisailles dont une, encore inachevée, figurantune Minerve, est d'un beau dessin et promet uneheureuse réussite.

- -Ces travaux multiples et distingués témoignent

des efforts de notre collègue et de l'excellent em-ploi qu'il sait faire d'un talent naturel des plus esti-mables. Nous sommes heureux d'avoir à l'en féli-citer, comme d'ailleurs nos félicitations sont toutacquises à ceux de nos concitoyens qui s'adonnentaux mêmes labeurs.

Dans un temps où le public se porte de plus enplus vers les merveilles de l'émaitlerie, où nousassistons en France, depuis plusieurs années, à unevéritable renaissance de cet art, il eût été profon-dément à regretter que notre ville , la mère-patriedes émaux, demeurât entièrement oublieuse de savieille gloire, la plus incontestée. GrXce à de zéléstravailleurs, tels que H.H. Bourdery, Dalpayrat,Sazerat, de Laere, que notre Société archéologiques'honore de compter tous parmi ses membres, cettesollicitude nous est ôtée. Notre amour-propre localpeut voir, au contraire, avec une certaine joie, laville de Limoges chercher Ù reprendre ses tradi-tions, en marchant vaillamment sur les traces desrénovateurs parisiens.

Espérons que ces exemples trouveront encore desimitateurs, espérons surtout que cette initiative seraféconde en résultats pour l'avenir. l)ieu nous gardede faire des souhaits trop ambitieux I Mais serait-il trop étrange que Limoges qui, dès avant lemoyen-âge, connut les pratiques de l'émaillerie, quin'a jamais perdu l'instinct de cet art même aux

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époques de décadence, ( lui n'a délaissé les émauxde cuivre au siècle dernier (l ue pour cultiver lapeinture et les émaux sur porcelaine, aujourd'hui siflorissants, serait-il très-étonnant (lue notre villeressaisît, sinon sa suprématie, du moins une partiede ses aptitudes et de sa réputation? En tout cas,c'est pour nous un devoir, à ce qu'il nous semble,de ne refuser à tous ceux de nos artistes limou-sins qui se consacrent à une entreprise si louable,ni les encouragements, ni de légitimes éloges.

Camille JOUHANNEAUD.

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Limoges. - Typ. Chaires et Cie, rue TUrh'OL, 6-

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