Notes Pulsions

7/23/2019 Notes Pulsions

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Notes sur la théorie des pulsions de vie et des

pulsions de mort

Une ère nouvelle s’ouvrait pour la psychologie, lorsque Breuer et

Freud (i) découvrirent que les symptômes hystériques d’une de leurs

patientes provenaient de confits intrapsychiques non résolus

!oursuivant les o"servations réalisées sur ce cas particulier, Freud

continua # étudier la vie émotionnelle de ses patients, et ses

recherches sur la nature du confit l’amenèrent # la découverte de

l’inconscient $ partir de l#, il poursuivit l’e%ploration de la

dynamique et de la structure du psychisme, et l’éla"oration de sesthéories sur la maladie et le développement psychiques &n pourrait

donc considérer l’investigation systématique du confit émotionnel '

usqu’alors en dehors de la sphère de la science médicale ' comme

la naissance de la psychanalyse

Freud a réduit les confits émotionnels # l’action de orces

ondamentales de *ns opposées, c’est+#+dire de pulsions

antagoniques out au long de ses recherches, il a maintenu cette

approche dualiste des processus psychologiques, et insisté sur la

nécessité de comprendre la nature des pulsions $u dé"ut, acceptant

le contraste généralement admis entre la aim et l’amour, il vit ces

orces pulsionnelles en opposition dans les pulsions

d’autoconservation, d’une part, et les pulsions se%uelles de l’autre

!lus tard, il éta"lit la di-érence entre les pulsions du moi et les

.



/otes sur la théorie des pulsions de vie et des pulsions de mort

pulsions se%uelles, et pensa que ce dualisme s’accordait avec le

dou"le rôle de l’0tre humain comme individu et comme représentant

de l’espèce 1ais les progrès de ses recherches

(i) Le mécanisme psychique des phénomènes hystériques (.234)

ne con*rmèrent point cette distinction, et, en dernière analyse, il

arriva # la conclusion que les premiers moteurs du comportement

humain étaient une pulsion de vie et une pulsion de mort

5l est intéressant de voir comment Freud lui+m0me a hésité #

accorder une pleine adhésion, et, pourrait+on dire, un status de plein

droit # sa dernière découverte sur les pulsions, et comment il a

pourtant été amené, par sa vérité inélucta"le, # maintenir cettenotion d’une antithèse aussi dé*nitive et ondamentale que

l’antithèse entre une pulsion primitive de vie et une pulsion primitive

de mort 5l a ait remarquer la nature hypothétique de sa théorie, n’a

amais considéré son acceptation comme un signe distincti des

psychanalystes et n’a proessé # son égard qu’une 6 tiédeur

"ienveillante 7 8ependant, ses travau% contiennent des passages

comme le suivant, qui montrent clairement sa conviction au suet desa théorie 9 6 8e sont les :instincts; vitau% au sens propre du mot, du

ait qu’ils onctionnent # l’encontre de la tendance des autres

:instincts;, qui, # travers la onction, acheminent l’organisme vers la

mort, ils se mettent avec ceu%+ci dans un état d’opposition dont la

psychanalyse a de "onne heure saisi l’importance et la signi*cation 7

(i)

Freud a e%pliqué une ois l’hostilité qui a re<u ses découvertes parle ait qu’elles "lessaient le narcissisme humain, comme celles de

8opernic et de =ar>in (?) 8opernic a détruit la chère croyance que

la terre de l’homme était le centre de l’univers (c’est 6 l’o-ense

cosmologique 7 au narcissisme) @ c’est de =ar>in qui est venu .’

6 o-ense "iologique 7, quand il a montré que l’homme n’a pas une

position privilégiée dans l’échelle des créatures @ et la psychanalyse

a causé 6 l’o-ense psychologique 7 en découvrant que l’homme n’est

?




pas maAtre de son propre monde intérieur, puisqu’il e%iste des

processus psychiques inconscients au+del# de son contrôle

e dirais que la théorie de Freud sur les pulsions de mort a

"eaucoup intensi*é cette o-ense psychologique Ce ressentiment et

l’angoisse suscités par l’o"stacle opposé au narcissisme humain

doivent 0tre encore plus grands, lorsque # la douleur de la "lessure

s’aoute la peur de voir que les orces de mort agissent dans l’homme

lui+m0me (4)

(.) Au-delà du principe du plaisir (.3?D), p E

(?) Une dificulté de la psychanalyse (.3.)

(4) 6 /ous admettons qu’il y a deu% sortes, essentiellementdi-érentes, d’instincts 9 les instincts se%uels, le mot se%uel étant pris

dans son sens le plus large, . ’ Ëros, si vous prééreG, et les instincts

d’agression dont le "ut est de détruire Hous trouvereG qu’il n’y a l#

rien de nouveau et que e ne ais qu’essayer d’e%pliquer

théoriquement l’opposition entre la haine et l’amour, opposition qui

se conond peut+0tre avec cette autre 9 l’attirance et la répulsion dont

les sciences physiques admettent l’e%istenceCa théorie des pulsions de mort a provoqué "ien des roncements

de sourcils et "ien des discussions Un argument contre elle dénie la

légitimité de son origine dans des considérations psychologiques et

a-irme que Freud est arrivé # elle e%clusivement par la voie de

spéculations et d’imaginations sur les aits "iologiques In ait, il

n’en est pas ainsi =ans Au-delà du principe du plaisir Freud part

clairement du matériel clinique, c’est+#+dire des r0ves des patients,sou-rant de névroses traumatiques qui, en contradiction avec la

onction onirique de réaliser des désirs, répètent l’événement

traumatique péni"le @ et aussi du eu des enants, qui répète en

action une e%périence péni"le, inlassa"lement 5l est "ien vrai que

Freud interrompit l’e%amen de ces deu% phénomènes, mais il ne le

ait qu’après avoir montré l’élément de répétition, qui est le point

essentiel 5l continue en o"servant que les patients en traitement

4




psychanalytique, au lieu de se rappeler les événements reoulés, les

répètent dans leur vie courante, en se causant # eu%+m0mes

"eaucoup de sou-rance 8’est # partir d’o"servations cliniques qu’il

arrive # déduire l’e%istence d’une 6 compulsion # la répétition 7,

concept dont la validité dans le travail psychologique a été éprouvée

depuis lors et il montre que cette compulsion est universelle et

qu’elle n’est pas régie par le principe du plaisir

Ce ait est donc que Freud est parti d’o"servations cliniques

quand il s’est em"arqué dans la voie qui l’a amené # éta"lir la

pulsion de mort, et que, chemin aisant, il a découvert un principe

psychologique d’une e%tr0me importance 9 la compulsion # la

répétition In outre, il est resté tout au long du chemin en contact

avec les aits cliniques (.)

dans le monde inorganique 1ais, chose étrange, nom"re de gens

considéreront cet e%posé comme une dangereuse innovation qu’il

convient de reeter au plus vite 8’est # mon avis l’infuence d’un

acteur a-ecti qui se manieste dans ce reet !ourquoi avons+nous,

nous+m0mes, tant tardé # admettre l’e%istence d’un instinct

d’agression J !ourquoi n’avons+nous pas hardiment mis en lumière,

e%pliqué théoriquement des aits qui sautent au% yeu% et que chacun

connaAt J Kans doute la résistance serait+elle moindre si pareil

instinct n’était pr0té qu’# l’animal 1ais admettre la présence de cet

instinct dans la nature humaine, voil# qui parait sacrilège, voil# qui

va # l’encontre d’un trop grand nom"re d’hypothèses religieuses et

de conventions sociales /on, il aut que l’homme soit "on, ou tout au

moins, "ienveillant K’il se montre # l’occasion "rutal, violent et

cruel, la aute eni ncom"e # certains trou"les passagers de sa vie

sentimentale, trou"les provoqués, pour la plupart, et dont est

responsa"le, sans doute, la déectueuse organisation sociale

maintenue usqu’# ce our 7 (Freud, Nouelles con!érences sur la

psychanalyse, p .L.+.L?)

E




(.) 8 aussi 9 6 ce qui nous amena # admettre la présence cheG

l’homme, d’un instinct d’agression et de destruction, ce ne urent ni

les enseignements de l’histoire, ni notre propre e%périence de la vie,

mais "ien certaines considérations générales suggérées par

l’o"servation de deu% phénomènes 9 le sadisme et le masochisme" 7

#Nouelles con!érences sur la psychanalyse, p .E?)

Kes spéculations "iologiques suggèrent que, lorsque, dans un

événement qui 6 déoue toute conecture 7, la vie s’est créée # partir

de l’inorganique, la tendance # revenir vers la condition originaire

est née avec elle !arallèlement # la pulsion de vie, la pulsion de

mort a commencé # agir dans l’0tre animé /ous pouvons laisser au%

"iologistes le soin de uger de la valeur des considérations

"iologiques de Freud, mais nous avons le droit d’utiliser la partie

psychologique de la théorie ' de l’utiliser sans prétendre qu’elle

résout tous les mystères de la vie humaine

Ce travail psychologique ne révèle pas directement l’action de la

pulsion 8e que nous voyons, ce sont les pulsions en tant qu’elles

donnent naissance au% émotions, au% espoirs, au% craintes, au%

confits, au% comportements et au% actes /ous o"servons des

processus comme la transormation d’un désir inconscient en une

crainte consciente, ou d’une haine inconsciente en une e%agération

de l’amour conscient

=istinguons donc les motions pulsionnelles, comme entités

cliniquement o"serva"les, et les pulsions comme les orces ultimes

desquelles naissent les motions pulsionnelles Ca pulsion est donc un

concept, une a"straction, qui s’accorde avec un certain type

d’approche en psychologie /ous ne pouvons ni le prouver ni

l’in*rmer par l’o"servation directe out ce que nous pouvons aire

c’est présenter une interprétation des aits que nous o"servons

8ette interprétation impliquera une spéculation qui, naturellement

est suette au doute 1ais la science ne peut progresser par la simple

collection de matériel o"serva"le Ki nous ne laissons amais le

M




terrain des aits, nous a"andonnons le procès constituti de la

science, qui arrive au moyen de l’a"straction et de l’induction ' de

la spéculation ' # la découverte des principes dont les aits

o"serva"les sont la maniestation Un psychologue non analyste (i) a

dit 9 6 Ca science étend le domaine de l’évidence au+del# de ce qui

est accessi"le au sens commun 7 Ce travailleur scienti*que doit

com"iner l’o"servation roide et l’interprétation imaginative 5l y a

des pièges C’imagination peut égarer si elle s’écarte trop des aits

o"servés, mais ces écarts d’imagination ne sont pas plus stériles que

la notation mécanique des aits, sans travail imaginati sur les

données o"tenues (?)

&n a dit que la théorie des pulsions de Freud dépasse la

psychologie

(.) Ktout, $he %round&or' o! (sychology , p ?L

(?) Ces deu% erreurs proviennent # mon avis d’une attitude

narcissique de la part du travailleur scienti*que, qui reste éloigné de

l’o"et de sa recherche, dans un cas parce qu’il suit seulement ses

propres caprices, dans l’autre parce qu’il reuse toute contri"utionpersonnelle # ses o"servations 8ette attitude narcissique est

essentiellement stérile

pour tom"er dans la physiologie et dans la "iologie ' mais c’est

ce que ait l’o"et m0me de la psychologie, l’0tre humain

!sychologues, psychiatres, psychanalystes ' aucun d’entre nous n’a

a-aire # un psychisme isolé /ous voyons chaque our l’e%tension des

orces psychiques dans la sphère physique par des processus commecelui des symptômes de conversion et des trou"les psychosomatiques

(et ice ersa, l’e-et des processus physiques sur l’état

psychologique d’une personne) et nous ne pouvons e%clure de notre

travail toute considération physiologique et "iologique

C’étude du comportement humain nous o"lige # reconnaAtre une

dou"le source de orces dans les proondeurs de la personnalité In

plus, nos o"servations nous montrent qu’il n’y a pas de clivage net

L




entre le psychisme et le corps 8ela nous o"lige # introduire un

acteur physique dans notre conception de la source dou"le et

ondamentale 8es e%igences sont remplies par la conception de

Freud de pulsions primaires poursuivant les *ns opposées de la vie

et de la mort

Kelon la théorie de Freud, les deu% pulsions ondamentales sont

touours usionnées l’une avec l’autre Ca nature de cette usion et la

nature des événements qui altèrent les proportions des deu% pulsions

ou l’infuence de chacune doivent 0tre de la plus grande importance,

mais notre connaissance ne nous mène pas encore usque+l# 5l

pourrait "ien se aire que ce soit le caractère de ce mélange

pulsionnel qui décide si une attitude ou une activité est saine ou

mor"ide

Nuoique usionnées, les deu% pulsions luttent l’une contre l’autre

# l’intérieur de l’organisme Ca pulsion de vie tend # l’union et

entraAne l’individu vers les autres, la pulsion de mort tend # "riser

l’organisme et l’union entre les organismes individuels, ou #

emp0cher cette union de se ormer Ce développement de

l’organisme unicellulaire en organisme multicellulaire, avec sa

di-érenciation croissante liée # la ormation d’organes doués de

onctions spécialisées, serait l’Ouvre de la pulsion de vie @ mais en

m0me temps ce développement constitue autant de ci"les pour la

pulsion de mort, puisque toute étape vers l’union comporte une

désintégration potentielle

Ca théorie des deu% pulsions ondamentales a mené # une

nouvelle classi*cation Ces pulsions se%uelles et les pulsions

d’autoconservation sont toutes deu% considérées maintenant comme

des représentants de la pulsion de vie C’idée antérieure, que les

deu% "uts de la vie humaine sont en confit, a été corrigée In

essence, ils sont complémentaires /ormalement, le sentiment

qu’une personne a d’0tre vivante est intensi*é au supr0me degré

dans l’acte de procréation, et l’accomplissement de l’individu




coPncide avec celui de l’espèce Ca recherche psychanalytique a

montré que l# oQ il y a des confits entre les deu% "uts, ils surgissent

de pertur"ations dans le développement de l’individu, mais ne

peuvent 0tre attri"ués # une antithèse inhérente au% "uts eu%+

m0mes

C’e%pression psychologique de la pulsion de vie se trouve dans

l’amour, dans les tendances constructives, dans le comportement de

coopération, toutes choses qui surgissent essentiellement du désir

d’union @ l’e%pression poétique 6 Rros, la orce qui lie 7, est souvent

citée dans la littérature psychanalytique Ca pulsion de mort

s’e%prime dans la haine, la destructivité, et les tendances négatives,

en un mot dans tous les modes de comportement qui s’opposent #

l’éta"lissement ou au maintien des liens sur le plan intrapsychique

aussi "ien que sur le plan social

Freud a dit que la technique essentielle de la pulsion de vie dans

sa lutte contre la pulsion de mort est la défection de celle+ci vers

l’e%térieur 5l considérait ce mécanisme comme l’origine de la

proection et pensait que la pulsion de mort est 6 muette 7 quand elle

opère # l’intérieur de l’organisme et ne devient manieste que dans

son action ultérieure # la défection

8’est cependant un pro"lème de savoir si la pulsion de mort est si

6 muette 7 quand elle attaque la personne Ces occasions ne

manquent pas de voir des comportements autodestructeurs, depuis

les simples "évues que les gens commettent évidemment contre

leurs propres intér0ts, usqu’au préudice sérieu% qu’on se porte #

soi+m0me (6 la tendance au% accidents 7), au comportement

grossièrement masochiste et au suicide In outre, l’e%istence de la

maladie et de la détérioration physiques, aussi "ien que des

di-icultés dans la guérison, devrait 0tre attri"uée # l’action de la

pulsion de mort qui va dans le m0me sens que les agents e%térieurs

nocis et acilite leur infuence

2




Ce pro"lème de la proection des orces intérieures dangereuses

n’est pas simple non plus 8e ne sont pas seulement les pulsions

destructrices qui sont proetées par un processus qui soulage la

personne de la douleur de sentir des pulsions dangereuses s’agitant

urieusement # l’intérieur d’elle+m0me =es pulsions et des traits de

"onté et d’amour sont proetés eu% aussi (i), et cette proection se

(i) 8 chap 5H et 5S =ans son article )ntroduction au narcissisme

(.3.E), Freud e%amine diverses attitudes # l’égard de l’o"et d’amour

qui peuvent s’o"server cheG les hommes et les emmes 5l décrit

comme caractéristique de l’homme d’aimer selon le type anaclitique

et de aire preuve d’une surestimation de l’o"et aimé 6 C’amour

o"ectai complet du type anaclitique est, # proprement parler,

caractéristique de l’homme 5l montre la nette surestimation se%uelle

qui dérive sans doute du narcissisme originaire de l’enant, transéré

maintenant sur l’o"et se%uel 8ette surestimation se%uelle est

l’origine de l’état particulier qu’on appelle 6 0tre amoureu% 7, état

qui ait penser # une compulsion névrotique, et qui peut ainsi se

réduire # un appauvrissement du moi qui se dépouille de sa li"ido en

aveur de l’o"et aimé 7

Un e%amen plus détaillé des mécanismes utilisés dans ce que

Freud appelle ici révélera "ienaisante ou dangereuse selon le

caractère de l’o"et choisi pour la réaliser, et selon les relations

ultérieures avec cet o"et Ce danger de la proection réside dans

l’o"scurcissement de la réalité car elle mène souvent # de graves

délires !roeter des pulsions d’amour 6 "onnes 7 sur un o"et

6 mauvais 7, et le rendre 6 "on 7 de ce ait peut n’0tre pas moins

nuisi"le que de proeter des pulsions destructrices 6 mauvaises 7,

sur un o"et aimé, et de le perdre ainsi =’autre part, la proection de

pulsions "onnes se révélera avora"le si elle renorce l’attachement

du suet # un o"et "ienveillant et si elle lui permet d’introecter la

"onté de l’o"et (8e type d’introection implique que le suet re<oive

en retour ce qui ait originairement partie de son propre moi)

3




C’a-irmation que l’amour représente la pulsion de vie et la haine

la pulsion de mort appelle quelques précisions =ans le

sadomasochisme, l’amour est intimement lié au désir d’infiger et de

sou-rir de la douleur, tendances qui dérivent de la pulsion de mort

8ependant ces phénomènes ne mettent pas en question la théorie

des pulsions primaires 5ls prouvent seulement l’e%istence de leur

usion, qui ait partie de la théorie Ca m0me idée vaut pour la haine,

si elle est dirigée contre un agresseur, et m0me pour le meurtre

d’une autre personne dans le cas de légitime déense Ce

comportement destructi au service de la conservation personnelle

indique que la usion entre les pulsions de "ase penche en aveur de

la pulsion de vie 8ette interprétation est con*rmée par le ait que,

quand la déense personnelle en est le moti prédominant,

l’agression n’est pas déli"érément cruelle

8es e%emples nous avertissent en outre contre toute tentative de

simpli*er e%agérément ce suet /ous ne pouvons pas relier

directement un événement appartenant # un niveau d’e%périence

hautement comple%e # une pulsion de "ase Kur le chemin qui mène

d’un degré ultérieur de développement # un degré antérieur se

trouvent de multiples vicissitudes de la *nalité pulsionnelle primaire,

précisément # cause de l’infuence e%ercée par la pulsion

antithétique et de l’interaction entre les pulsions de "ase

5l y a cependant certains aits qui laissent penser que la usion

originaire des pulsions est capa"le de modi*cations telles qu’elles

permettent # chacune des deu% pulsions de "ase d’opérer presque

sans mélange Une sorte de déusion sem"le alors se produire, oQ

l’une

6 transert sur l’o"et se%uel 7 a montré que des parties du moi

sont ici clivées et proetées =es composantes des attitudes du moi,

des traits de caractère, etc, et de la li"ido sont reusées par la

personne, clivées du moi et proetées sur l’o"et, qui apparaAt dès

lors comme doué de qualités hautement appréciées qui le rendent

.D




non seulement supr0mement digne d’amour, mais encore

e%cessivement supérieur au suet (c le concept d’identi*cation

proective dé*ni dans le chap 5S)

des pulsions règne a"solument e pense # des e%emples

d’e%tr0me sacri*ce de soi ou d’e%tr0me dévouement (sans le "éné*ce

d’un plaisir masochiste) d’un côté @ et de cruauté aveugle et

e%cessive, de l’autre

e voudrais e%aminer seulement les seconds, puisqu’on n’a pas

l’ha"itude de considérer les premiers comme un pro"lème

psychologique # discuter

5l n’est pas nécessaire de donner des e%emples =e temps entemps le monde est révolté par des récits de meurtres d’une cruauté

sauvage, 6 "estiale 7, commis par un individu ou par un groupe Ca

cruauté e%cessive est commise sans provocation, ou, s’il y en a eu

une, elle e%cède clairement ce qui pourrait 0tre considéré comme

une réponse nécessaire ou utile In outre, dans ces cas, les actes

cruels sont calculés et éla"orés dans le détail de telle a<on que seul

un "esoin pulsionnel de cruauté sauvage peut en 0tre considérécomme le mo"ile et le "ut Ce meurtrier a "esoin d’une victime pour

satisaire sa nécessité d’infiger # quelqu’un le ma%imum de douleur,

et il agit évidemment sans la moindre inhi"ition provenant de la

sympathie, de la culpa"ilité ou de l’horreur de ce qu’il est en train de

aire

5l est asseG curieu% qu’un tel comportement soit en général

considéré comme causé par une se%ualité perverse, et qu’on appellesouvent ces crimes des 6 crimes se%uels 7 5l est vrai que le sadisme

est une orme de perversion se%uelle, mais il aut distinguer les

pratiques se%uelles oQ le sadisme (et le masochisme) ont quelque

participation, et les agressions violentes oQ la cruauté est le trait

prédominant $u sens strict du terme, la perversion se%uelle doit

désigner des rapports physiques intimes entre adultes dans lesquels

le plaisir préliminaire l’emporte sur le plaisir *nal, dans lesquels les

..




activités orales et e%crétoires, les "uts voyeuristes et

e%hi"itionnistes, l’emportent sur le "esoin d’un rapport hétérose%uel,

et aussi ceu% dans lesquels le plaisir corporel est dérivé du contact

avec une personne du m0me se%e Freud a montré que cette

se%ualité perverse (qui contient en général quelques éléments

sadiques et masochistes) est due # la persistance de la se%ualité

inantile et représente certains des moyens qu’a l’enant de ressentir

la grati*cation se%uelle

Ca victime assassinée dans le soi+disant crime se%uel ne meurt pas

d’une e%périence se%uelle, quelque inantile qu’elle soit, mais de

l’e%ercice de la violence la plus cruelle C’aspect se%uel du

comportement du meurtrier est peut+0tre introduit pour tromper la

victime et pour ournir ainsi une occasion de se réaliser au "esoin de

cruauté 5l se peut que le meurtrier commence dans un état

d’e%citation se%uelle qui cependant cède "ientôt et ne sert qu’#

ouvrir les portes au fot des pulsions violentes et destructrices 5l

sem"le que ceu% qui ont étudié ces crimes soient conscients du ait

que seul le pouvoir élémentaire d’une pulsion peut 0tre leur cause,

mais qu’ils ne puissent concéder # autre chose qu’# la se%ualité les

caractéristiques de cette orce pulsionnelle e dirais que la théorie

de Freud sur les deu% pulsions de "ase en lutte l’une avec l’autre et

sur la défection vers l’e%térieur de la pulsion de mort par la pulsion

de vie nous donne une idée des orces en question e pense pouvoir

supposer avec raison que, dans des cas de cruauté aveugle, il se

produit une sorte de désastre pulsionnel, que pour quelque moti la

usion entre les deu% pulsions de "ase se "rise, et que la pulsion de

mort s’éveille # l’intérieur de la personne # un degré e%tr0me, sans

pouvoir 0tre adoucie par la pulsion de vie Ca déense de celle+ci doit

donc 0tre la plus primitive, c’est+#+dire la défection "rutale sur une

victime du danger intérieur d’une sou-rance et d’une mort cruelles

e ne pense pas que le meurtrier ait quelque e%périence consciente

de la menace de sa propre catastrophe intérieure, ou qu’il agisse en

.?




un état de panique consciente, mais que ses actes ne peuvent 0tre

compris qu’en supposant qu’il est saisi d’un "esoin rénétique de

trouver une victime

' comme su"stitut de lui+m0me Keule cette hypothèse me

sem"le e%pliquer l’a"sence complète de toute sympathie pour la

sou-rance de la victime, le "esoin d’une sauvagerie aussi minutieuse

que possi"le dans l’acte de tuer, et de la satisaction qu’il o"tient (et

qu’on croit, par erreur, de nature se%uelle) dans l’agonie de la

victime =u ait de quelque processus au niveau le plus proond,

sem"la"le # ce que ’appelle catastrophe pulsionnelle en l’a"sence

d’une connaissance plus sTre, le meurtrier doit sentir la ureur de la

orce de mort # l’intérieur de lui+m0me # un degré d’intensité tel que

seule la défection vers l’e%térieur peut l’en délivrer, parce que cette

orce n’est plus contrôlée par la pulsion de vie

Ca théorie de Freud sur les pulsions de vie et de mort comme

source ultime de motivations constitue un système coordinateur

e%tr0mement compréhensi pour nos o"servations cliniques, qui

indiquent clairement que les émotions et la conduite résultent de

l’impact de deu% orces opposées Ce pro"lème si discuté de l’origine

de l’angoisse apparaAt maintenant, lui aussi, de a<on plus claire

In gros, il y a trois théories sur l’origine de l’angoisse Ca

première est la théorie originaire de Freud qui considère l’angoisse

comme le résultat d’une 6 transormation automatique 7 des pulsions

li"idinales reoulées Nuand un "ut li"idinal est reoulé, l’angoisse

apparaAt # sa place Bien que Freud ait plus tard (.) précisé cette

a-irmation, qu’il ait ait remarquer que l’angoisse précède souvent le

reoulement, et que m0me il ait parois sem"lé reeter cette théorie,

il ne l’a amais

(.) )nhi*ition, sympt+me et angoisse, .3?L, p 4D, 3, etc, trad

ury et Fraenel

a"andonnée en ait Ille réapparaAt réquemment dans ses

Ouvres

.4




Ca seconde théorie a été avancée par Irnest ones (i), qui s’est

demandé au départ ce qui rend l’0tre humain capa"le de sentir de la

peur 5l est arrivé # la conclusion qu’il y a une 6 capacité innée 7

d’avoir peur qu’il a nommée .’ 6 instinct de peur 7

1elanie Vlein (?) a ormulé la troisième théorie 9 l’angoisse

provient en ligne directe des pulsions destructrices @ le danger pour

l’organisme produit par la pulsion de mort, source des pulsions

destructrices, est la cause première de l’angoisse Ce acteur

li"idinal est cependant compris dans sa théorie, en ce que la

rustration li"idinale augmente ou li"ère l’angoisse en accentuant

l’agressivité, alors que la grati*cation li"idinale diminue l’angoisse

ou la tient en lisière =onc, pratiquement, c’est le degré de usion

entre les pulsions primaires et l’interaction entre elles qui sont

responsa"les de l’angoisse

e crois qu’il est possi"le de dé*nir cette interaction et de décrire

la participation de chacune des deu% pulsions dans la production de

l’angoisse &n verrait alors que ces trois théories, qui sem"lent

s’opposer si ort entre elles, peuvent se concilier

&n ne peut douter que la capacité d’avoir peur est innée comme

celle d’aimer ou de haPr Ille ait partie de l’équipement

psychologique de l’individu C’angoisse peut 0tre considérée comme

l’état oQ la capacité d’avoir peur passe # l’acte &n la ressent

su"ectivement comme un état de tension péni"le qui orce l’individu

# prendre des mesures pour l’éloigner, et ces mesures impliquent des

déenses contre le danger =e cette a<on l’angoisse a une onction

de protection (4) et doit 0tre classée avec les pulsions

d’autoconservation 8ela voudrait dire que c’est # la pulsion de vie

qu’on devrait attri"uer la capacité innée d’avoir peur, de m0me qu’on

devrait lui attri"uer l’activation de cette capacité dans l’e%périence

de l’angoisse

.E




=’autre part, le danger contre lequel la pulsion de vie institue et

mo"ilise la capacité d’avoir peur a son origine dans l’action de la

pulsion de mort, dont les "uts s’opposent # la vie et # la santé (E)

Ce danger qui surgit originairement # l’intérieur de l’organisme

constitue le stimulus de la capacité innée qu’a l’0tre humain d’avoir

peur 8e patron de réaction peut 0tre considéré comme la disposition

(.) $he (athoogy o! or*id An.iety (.3..), p E?4 6 C’angoisse

mor"ide est souvent décrite par les reudiens comme dérivant de la

se%ualité reoulée 8eci est vrai sur le plan clinique, mais il est peut+

0tre plus e%act sur le plan psychologique de la décrire comme une

réaction contre la se%ualité reoulée, une réaction dérivée de

/instinct de peur (les italiques sont de moi)

(?) 8 chap H555, et aussi La psychanalyse des en!ants"

(4) Irnest ones, loc" cit"

(E) Freud, Au-delà du principe du plaisir"

intrapsychique # reconnaAtre les dangers e%térieurs et # utiliser

contre eu% des déenses apprises originairement pour répondre au

danger intérieur

8es considérations ont évidemment un plein usage de la théorie

de 1elanie Vlein, et du concept de ones d’une 6 capacité innée

d’avoir peur 7, mais elles évitent de compliquer la théorie des

pulsions de "ase par l’hypothèse d’une troisième pulsion primaire

In ce qui concerne la théorie originaire de Freud d’une

6 transormation automatique 7 de la li"ido reoulée, e dirais qu’on

doit tenir compte de deu% acteurs =’a"ord que la notion d’un

processus 6 automatique 7 dans la production de l’angoisse implique

un élément pulsionnel, un événement au niveau de la pulsion

Insuite, que nous devons tenir compte de la orce qui est

responsa"le de l’inhi"ition d’une pulsion li"idinale 8omme on sait,

l’inhi"ition d’un désir li"idinal peut conduire # une grati*cation

su"stitutive, par e%emple, la su"limation, et, dans ce cas, l’angoisse

.M




n’apparaAt pas et on n’arrive # aucune situation de tension péni"le

Ki le reoulement d’un désir li"idinal mène # une situation

intoléra"le, on peut voir dans l’analyse que des pulsions

destructrices (.) interviennent dans ce désir, de a<on que la

grati*cation désirée (et réprimée) aurait également permis leur

e%pression simultanée (comme défection # l’e%térieur de la pulsion

de mort) =ans ces cas, le reoulement li"idinal mène # l’angoisse en

réponse # la stimulation interne de la pulsion de mort C’angoisse qui

est liée # certains types de reoulement est donc la réponse # un

danger qui provient de l’activité de la pulsion de mort Ca notion

d’une 6 transormation automatique 7 de la li"ido reoulée implique

une lutte entre les pulsions de "ase, dans laquelle la pulsion de vie

ne peut remporter une victoire complète (grati*cation li"idinale ou

su"limation), mais peut produire la réponse d’angoisse en ace du

danger

5l peut 0tre utile d’aouter e%plicitement que e m’occupe ici de

l’origine de l’angoisse au niveau le plus proond, au niveau

pulsionnel, et non des processus comple%es de niveau% plus élevés '

qui, cependant, sont construits selon le patron de "ase

&n pourrait aouter encore quelques mots sur les multiples

e%emples oQ l’angoisse échoue # produire un comportement utile de

protection &n sait que l’e%cès d’angoisse peut paralyser une

personne et aggraver ainsi le danger contre lequel l’angoisse devrait

la protéger In ce cas, la lutte entre les pulsions de "ase tourne en

aveur de la pulsion de mort, qui est capa"le d’interérer la déense

m0me, la mo"ilisation de la capacité d’avoir peur que la pulsion de

vie avait

(.) 8 chap H

éta"lie Une constellation de orces analogue rendrait compte de

l’a"sence inadéquate d’angoisse et de comportement de protection

en ace du danger

.L




Ca théorie dé*nitive de Freud sur les pulsions primaires de vie et

de mort, représentées cliniquement par les pulsions d’amour, la

se%ualité et l’autoconservation, ou "ien la destructivité et la cruauté,

n’a pas encore été pleinement éla"orée ni appliquée =ans son

Ouvre, la théorie de la li"ido garde encore sa orme originaire, dans

laquelle la cruauté est considérée comme 6 une pulsion

composante 7 de la li"ido Ca théorie psychanalytique a traité les

deu% pulsions de a<on très inégale 9 la pulsion se%uelle est la

première née, et la privilégiée, et la pulsion destructrice est la

dernière venue, la demi+sOur Ca première a été reconnue dès le

dé"ut et dotée d’un nom, li*ido @ la reconnaissance de son adversaire

a été "eaucoup plus lente, et on ne lui a pas encore donné un nom #

elle (Ce terme destrudo suggéré par Idoardo Weiss (i) il y a "ien des

années n’a pas re<u droit de cité dans la terminologie

psychanalytique)

Un des ondements de la psychanalyse est le principe que la li"ido

se développe anaclitiquement, c’est+#+dire, sous la dépendance des

onctions physiologiques Bien que ce principe, découvert par Freud,

soit paraitement accepté, et que sa écondité soit éta"lie au+del# de

toute discussion, ses implications n’ont pas été pleinement

éla"orées ous les phénomènes "ien connus de l’érotisme oral, anal,

musculaire, etc, ainsi que les liens li"idinau% avec les o"ets qui

satisont les nécessités physiologiques, illustrent la liaison de la

li"ido avec les onctions corporelles Ces études de 1elanie Vlein sur

les eunes enants (?), sa découverte des phantasmes intensément

destructeurs qui sont liés au% onctions corporelles, ont apporté les

données qui mènent # la conclusion que le m0me principe s’applique

# l’action des pulsions destructrices $ la lumière de ses innovations

on peut voir que Freud en découvrant que la li"ido se rattache au%

grandes onctions physiologiques, a décrit plus qu’un caractère de la

li"ido 9 il a ormulé un cas particulier d’un principe plus large, qui

dé*nit le mode d’action de la pulsion en général, et qui repose sur le

.




ait que l’organisme humain est une entité psychique+corporelle Ces

pulsions sont la source des énergies desquelles dépendent tous les

processus psychiques+corporels Illes se situent # la limite du soma

et de la psyché, comme un anus dont un visage regarde les

composantes corporelles de l’organisme, et l’autre ses composantes

psychiques

(.) $odestrie* und asochismus (.34M)

(?) Hoir La psychanalyse des en!ants (.34?)

Ces deu% pulsions ' la li"ido et la pulsion de destruction ' visent

# atteindre leur "ut dans les activités corporelles, tout comme,

réciproquement, les onctions psychiques dérivent de toutes deu%(.) =es e%périences psychiques doivent accompagner l’action des

pulsions dans le corps, et une relation émotionnelle doit s’éta"lir

avec l’o"et qui satisait ou rustre les activités corporelles 8’est+#+

dire qu’il se orme des relations # la ois de nature li"idinale et

destructrice avec les o"ets, dès le dé"ut Xéciproquement, l’attitude

de l’o"et dans le contact physique implique aussi des éléments

émotionnels 5l va sans dire que la mère qui allaite son enant ne luio-re pas simplement une su"stance physique pas plus qu’elle n’a

elle+m0me une simple sensation physique

C’idée de Freud que la li"ido se développe 6 anaclitiquement 7

doit 0tre élargie usqu’# inclure aussi le développement de relations

oQ les pulsions destructrices prédominent Ca rustration des "esoins

physiques trace le chemin de l’hostilité o"ectale Ca haine primitive

n’est pas moins liée au% sensations corporelles que l’amour primitiCes termes de 6 sadique+oral 7 et 6 sadique+anal 7 décrivent en ait

la liaison de la cruauté avec les onctions corporelles, quoiqu’ils aient

été orgés avant qu’on découvre que la cruauté représente la pulsion

de mort, et qu’elle ne ait pas partie de la li"ido, mais lui est

ondamentalement opposée 5l est une autre a-irmation de "ase de la

théorie de la li"ido, qui dérive de sa liaison avec les onctions

physiologiques 9 celle de l’érogénéité virtuelle de tous les organes

.2




8ela aussi doit 0tre élargi # partir de l’Ouvre de 1elanie Vlein Ces

organes suscepti"les de produire des sensations agréa"les

impliquant des phantasmes li"idinau% sont aussi le siège des

sensations qui accompagnent les pulsions instinctuelles destructrices

et les phantasmes cruels (?)

outes les activités corporelles et psychiques, étant ondées sur

les pulsions primaires sont orcées de servir deu% maAtres 9 la pulsion

de vie et la pulsion de mort

Ca théorie d’une pulsion de mort ait+elle avancer notre

compréhension psychologique plus que ne le erait le concept plus

simple d’une pulsion de destructivité ou celui d’une agressivité

innée J &n a soutenu que les spéculations liées au concept de la

pulsion de mort étaient inutiles, puisqu’on peut rendre compte de

toutes les données cliniques sur la destructivité et la cruauté en

supposant qu’il e%iste une pulsion de destructivité

(.) 8omme Freud l’a décrit avec quelque détail dans La

#dé0négatian"

(?) 8 la description par oan Xivière des charges destructricesdes divers organes 6 Ces mem"res vont cogner 7, p E2

e dirais contre cet argument qu’en reetant le postulat d’une

source ultime de la pulsion de destruction (ou de l’agressivité innée),

nous appauvririons toute la "ase de nos concepts théoriques et tout

le système de réérences de notre travail psychologique Ces

implications du concept d’une pulsion de mort agissant en

contradiction avec la pulsion de vie sont "eaucoup plus riches quecelles d’une pulsion destructrice /ous nous trouverions dans une

situation analogue # celle oQ nous étions ace au% pro"lèmes se%uels

avant de reconnaAtre la pulsion se%uelle comme dérivée d’une entité

plus large, la pulsion de vie Ce caractère impérati des pulsions

se%uelles et la signi*cation du plaisir pour la vie émotionnelle n’ont

été compris qu’incomplètement avant que Freud ait montré que la

li"ido dérivait de la pulsion de vie 5l y a eu un hiatus dans

.3




l’ordonnancement théorique des aits tant qu’on a cru que les

pulsions d’autoconservation s’opposaient au% pulsions se%uelles

Bien des pro"lèmes sont devenus plus accessi"les quand Freud a uni

les pulsions se%uelles et les pulsions d’autoconservation comme

e%pressions di-érentes d’une orce unique qui les détermine, la

pulsion de vie

=e la m0me a<on, la cruauté et tout le système de motivations

qui s’y lie ne peuvent se voir dans leur perspective authentique que

si on les considère comme dérivés d’une source aussi puissante et

décisive que la pulsion de mort Kans cette conne%ion, la pulsion de

destruction se trouve, pourrait+on dire, en l’air, comme un

am"assadeur sans Rtat qui puisse rendre compte de son e%istence et

de ses onctions Xéciproquement, la théorie des pulsions de vie et

de mort, d’une antithèse aussi dé*nitive et cardinale que celle qui se

produit entre des pulsions primaires en confit intrinsèque, nous

o-re un pont vers les aspects les plus proonds de la nature humaine,

et nous aide en m0me temps # retrouver notre voie # travers

l’étonnante richesse de signi*cations (surdétermination) et

d’am"iguPtés des e%pressions o"serva"les des processus

psychologiques Ca surdétermination est causée par cette dualité de

"ase, et porte témoignage des opérations dynamiques qu’elle

engendre

In outre, l’acceptation de la théorie de la pulsion de mort change

notre ugement sur l’hostilité et la cruauté @ puisque en e-et ce sont

des éléments d’un réseau émotionnel comple%e, et en interaction

constante, notre conception de la personnalité dans son ensem"le

s’en trouve infuencée &n voit le psychisme humain orcé par sa

nature m0me de trouver constamment sa voie entre deu% orces

ondamentalement opposées dont dérivent toutes les émotions et les

sensations, tous les désirs et les actes 5l ne peut amais échapper au

confit ni rester statique, mais il doit touours aller de l’avant, et

s’e-orcer s’éta"lir un équili"re entre ces tendances antithétiques

?D




8’est le succès dans l’issue de ces e-orts qui permet les états

d’harmonie et d’unité, et ces états sont menacés par des acteurs

endogènes aussi "ien que par des acteurs e%ogènes It, puisque les

pulsions sont innées nous devons déduire qu’une certaine orme de

confit e%iste dès le dé"ut de la vie

/ous estimons que l’orientation # l’égard des pro"lèmes

psychologiques qui découle de l’acceptation des pulsions primaires

de vie et de mort est d’une valeur inestima"le dans notre travail

/otre appréciation des confits dans les relations sociales est

remarqua"lement infuencée par le ait de les envisager sur l’arrière+

ond dynamique d’une lutte intrapsychique perpétuelle entre la vie et

la mort /ous n’entendons que plaintes, dans notre travail, sur des

dommages causés # nos patients par leurs parents, leur emme, leur

mari, leurs compagnons de travail, etc @ ces plaintes sem"lent

souvent dignes de oi et concordent avec des o"servations générales

It pourtant l’analyse montre la quantité d’e%périences malheureuses

qui sont activement provoquées ou e%ploitées par celui qui en

sou-re $ cause de la nécessité de déféchir la haine et la

destructivité, en *n de compte la pulsion de mort, du moi vers les

o"ets, on a "esoin d’o"ets 6 mauvais 7, et on les a"rique si l’on

n’en trouve pas # portée

Ce pro"lème de la rustration (des "esoins corporels ou des désirs

li"idinau%) est étroitement lié # celui+ci, et il apparaAt sous un our

di-érent si on le considère # partir de l’action des pulsions de vie et

de mort !uisque la rustration agit comme un levier pour la

défection de la haine et de la destructivité hors de la personne, on la

recherche pour pouvoir haPr et anéantir avec plus de usti*cations

l’o"et qui infige la douleur ou la rustration $insi la rustration a sa

place de plein droit dans l’ensem"le des déenses primitives 1ais

c’est précisément pour cette raison qu’un milieu rustrateur, le

manque de compréhension ou d’amour, sont si dangereu% pour

l’enant Nuand le milieu va au+devant de sa nécessité primitive de

?.




déféchir ses pulsions destructrices, par sa roideur, son reus ou son

hostilité, un cercle vicieu% se crée C’enant croAt dans l’attente de la

méchanceté, et, quand ses craintes se trouvent con*rmées par le

monde e%térieur, ses propres pulsions cruelles et négatives se

perpétuent et s’intensi*ent

/otre compréhension de l’individu devient plus poignante si nous

avons conscience des sources "iologiques proondes d’oQ naissent sa

destructivité, son "esoin déensi du malheur et ses angoisses @ et

notre capacité de traiter des pro"lèmes techniques aussi

déconcertants que le sadomasochisme, le délire de persécution ou la

réaction thérapeutique négative, augmentera grYce # la lumière que

nous pouvons acquérir pour notre travail de la conception reudienne

des pulsions de vie et de mort

??

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