Nos Régles et Constitutions À travers notre histoire

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Cahiers Spiritains Cahiers Spiritains

Volume 18 Number 18 Octobre Article 5

1984

Nos Régles et Constitutions à travers notre histoire Nos Régles et Constitutions à travers notre histoire

Henri Littner

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NOS REGLES ET CONSTITUTIONS A TRAVERS NOTRE HISTOIRE

I - LE SEMINAIRE ET LA CONGREGATION DU SAINT-ESPRIT (1 7 0 3 -18 4 8 )

Claude-Franqois Poullart des Places

En fondant son oeuvre, Claude-Franpois P o u lla r t des P la ­ces poursuivait un but bien pr6cis: il s'agissait de venir en aide aux «pauvres 6coliers», aspirants d l'6tat eccl6siastique, obli- g6s de besogner pour s'assurer le vivre et le v§tem ent, tout en essayant de poursuivre leurs 6tudes. L'originalit6 de notre Fondateur r6side dans le fait d'avoir group6 autour de lui, alors qu'il n'6tait lui-mgme que simple tonsur6, quelques pauvres 6tudiants pour partager leur vie, en les aidant des ressources, modestes pourtant, et gr§ce aux aumones qu'il recueillerait pour eux. Son m6rite fut d'avoir renonc6 la s§curit6 que lui offrait le College Louis-le-Grand, ou, regu comme interne, il 6tait k I'abri de tout souci, pour se lancer dans I'aventure par amour pour ses fr^res dans le besoin: d6sormais il assume tous les tracas de leur subsistence materielle, pour les aider ̂devenir pr§tres, tout en se pr6parant lui-m§me au sacerdoce, devenu ainsi « primus inter pares*. CEuvre bien modeste en ses d6buts, simple communaut6 d'6tudiants, qui ne revendi- quait pas le titre de S6minaire, laissant ̂ la Providence le soin de decider de son avenir. Peu i peu, cependant, cette commu- naut6 se structure: en 1705 , le jeune fondateur fait appel ^ un pr§tre, Michel-Vincent Le Barbier, pour I'aider a diriger la mai- son; h la m§me ^poque, il compose des «R6glements g6n6- raux et particuliers*, v6ritables rfeglements de S6minaire. (Tex- te dans H. Koren, Les 6crits spirituels de M . Claude-Frangois P o u lla r t des Places, Pittsburgh 1959 , pp. 1 6 4 -2 2 1 , texte frangais et traduction anglaise).

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Aprds la mort pr6matur6e de Claude-Frangois P o u lla r t des Places, son oeuvre continua. On prit pour r6gle de choisir le Sup^rieur et les Directeurs parmi les anciens 6l6ves de la mai- son. Le r^glement du S6minaire 6tait aussi, d'une certaine fapon, celui des Directeurs: on n'6prouvait pas le besoin de faire une rdgle sp^ciale d leur intention.

Monsieur Bouic e t les REgles ET Constitutions de 1734

Monsieur Bouic, entr6 au seminaire comme diacre en d6- cembre 1709, fut choisi, trois mois plus tard, pour succ6der h Monsieur Garnier que la mort venait d'emporter aprds cinq mois de Sup^riorat. II fut I'instrument providential pour conso- lider I'oeuvre de Claude-Franpois P o u lla r t des Places pendant un sup6riorat qui se prolongera sur pr6s de 53 ans. Nous lui devons: la reconnaissance I6gale de la Communaut6 du Saint- Esprit, les Regies et les Constitutions, et I'orientation nette- ment missionnaire du S6minaire.

En 1726 , un pr§tre de la paroisse Saint-M§dard fit un legs assez important en faveur de la Communaut§ du Saint-Esprit. Mais pour h6riter, il faut d'abord exister. Or I'oeuvre des pau- vres 6coliers, n'avait aucune existence I6gale, ni eccl^siasti- que, ni civile. Une proc6dure trds longue, aux p6rip6ties va­rices qu'il est inutile de rapporter ici, s'engagea d cette occa­sion. Avant d'enregistrer les Lettres Patentes du roi, c 'e s t-i- dire avant de leur donner force de loi, la Chambre des Comp- tes du Parlement exigea le d^pdt des statuts et des r6gle- ments de la Communaut6, pr^alablement approuv6s par I'ar-

*chev§que de Paris.En 1733 , M . Bouic, assist6 des quatre autres directeurs du

S6minaire, dont M M . Caris et Thomas, qui 6taient au S6minaire depuis 1704 , comme ^l^ves d'abord, comme directeurs en- suite, se mit i I'oeuvre pour composer ces regies. Leur but ^tait de joindre aux ^l^ments d^jd contenus dans les Rdgle- ments g^n^raux et particuliers du S6minaire, des usages non 6crits qui s'6taient 6tablis soit du vivant du Fondateur, soit au cours des 2 0 dernidres ann^es. Ils entendaient raster entiSre- ment fiddles d I'esprit de Claude-Frangois P o u lla r t des Places.

Ces statuts furent approuvds par Mgr de Vintim ille, arche- vdque de Paris, le 2 janvier 1734, sous le titre de «Regulae et

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Constitutiones Sodalitii et Seminarii Sancti Spiritus sub Imma- culatae Virginis Tutela» (Texts dans Le Floch, Claude - Fran- gois Poullart des Places, Paris 1906 , p. 5 3 4 ss; et Paris 1915 , p. 5 8 6 ss).

Le 3 0 juillet 1734 , la Chambre des Comptes enregistrait les Lettres patentes du roi et reconnaissait done I'existence legale de la communaut^.

Dans ces Rdgles, chapitre I, le but de I'lnstitut est 6nonc§ comme suit:

«Sodalitium pro fine habet in ecclesiasticae discipli- nae zelo et amore virtutum , obedientiae praesertim ac paupertatis, pauperes clericos educate qui sint in manu Praelatorum parati ad omnia: Xenodochiis in- servire, pauperibus et etiam infidelibus evangelizare, munia Ecclesiae infima e t laboriosa magis, pro quibus ministris difficile reperiuntur, non modo suscipere sed etiam toto corde am are e t prae ceteris diligere».

Ce qui doit caract6riser les pretres sonant du S6minaire, c'est leur disponibilit6 totals (p a ra ti a d om nia) entre les mains des Pr4lats. Cette disponibilit^ doit les rendre capables non seulement d'accepter, mais m§me d'aimer de tout coeur et de pr^f^rer ̂ toutes autres, les fonctions ^ccl^siastiques les plus humbles et les plus p6nibles pour lesquelles on trouve difficile- ment des ministres. Le texts precise ces fonctions: service des hdpitaux, annoncer I'Evangile aux pauvres et m§me aux infiddles.

Orientation missionnaire du sEminaire

Ces fins assignees au sdminaire concordant avec ce que nous savons des objectifs que se proposait notre Fondateur. La mention de I'dvangdlisation des infiddles, cependant, est nouvelle. File s'explique par le fait qu'en 1732^j'6vdque_dft. Qudbec s'dtait adressd au sdminaire du Saint-Esprit pour en recevoir des prdtres. La mdme annde, un premier didve du Sdminaire gagnait la rue du Bac pour fairs aux Missions Etran- gdres le stage obligatoire, indispensable pour les formalites du ddpart en Mission. Tout au long du 17dme sidcle, des prdtres, sonis du Sdminaire, alldrent travailler, soit au Canada, soit en

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ExtrSme-Orient. Six de ces derniers furent m@me 6lev6s d r^piscopat. II est difficile cependant de pr^ciser le nombre de ces premiers missionnaires spiritains.

Apr6s la tourmente r6volutionnaire, Louis XVIII charges la Congr6gation du Saint-Esprit — c'est le nom donn6 au S6mi- naire par les Ordonnances royales de l'6poque — «de fournir les pr§tres n^cessaires au service paroissial dans les colo­nies® (Notes et Documents relatifs h I'Histoire de la Congrega­tion du Saint-Esprit, Paris 1917, p. 34). Toutes les colonies franpaises d'alors, c'est-^-dire Saint-Pierre-et-Miquelon, la Martinique et la Guadeloupe, la Guyane, Saint-Louis-du-S6n6- gal. Bourbon (He de la Reunion) et Pondichery etaient done confiees e la Congregation renaissante. De 1817 e 1832, M. B e rto u t put faire partir 97 missionnaires, venant soit du Seminaire, soit de divers diocdses de France.

Par suite de cet eiargissement du champ.apostolique de la Congregation, le Saint-Sidge demands h voir ses Regies et ses Constitutions. On en profits pour solliciter I'approbation ponti­ficals, qui fut obtenue le 11 janvier 1824. Une seule modifica­tion y etait apportee: au lieu de dependre du seui archeveque de Paris, comme en 1734 , elle relevait desormais de la Propa- gande pour tout ce qui concernait les missions.

Rien n'est change au paragraphs concernant le but de la Societe, qui est toujours «pauperes clericos educate». II est e presumer cependant qu'avec I'orientation de plus en plus ex- clusivement missionnaire donnee au Seminaire, cette clause de pauvrete a ete mise plus ou moins en sourdine. Deje dans les Regies de 1734 , la pauvrete etait devenue la derniere des tjois conditions d ’admission, aprds I'aptitude pour les etudes

I et les bonnes mceurs. Une edition abregee des Regies, publiee en 1843 , ports une note non officielle:

«Nunc sodalitii est insuper curam gerere missionum coloniarum gallicanarum turn per sodales, turn per sa- cerdotes ad id munus in suo seminario form ates».

Essai de reorganisation e t REgles de 1848

L'organisation des missions coloniales frangaises laissait cependant bien e desirer. Le Seminaire etait charge de fournir

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des prgtres aux colonies, il en avait la responsabilit^. Mais une fois sortis du S^minaire, les anciens ^Idves 6chappaient au Sup^rieur du Saint-Esprit qui n'avait aucune autorit^ sur eux et qui pourtant en 6tait responsable. Bien souvent d'ailleurs, i cause du manque de sujets, il 6tait oblige d'envoyer aux colo­nies des prgtres qui venaient directement de leur diocgse d'origine et que leur gveque laissait partir sans difficult^ aucu­ne. . . Le Supgrieur gtait rgduit au rang d'un simple pourvoyeur de personnel. On ne manquait pas de lui faire des reproches si les sujets envoygs ne donnaient pas satisfaction, mais il 6tait absolument impuissant pour remgdier au m al: il ne pouvait ni rappeler, ni dgplacer qui que ce soit. Privg des moyens de ses responsabilitgs, il gtait atteig g «une terrible corvge», comme disait de lui le P. Libermann (N. D., IX , p. 134).

IVL. Fourdinier. glu supgrieur en 1832 , n'eut d'autre souci que de rgformer le clergg des Colonies et congut le projet d'associer tous ces prgtres g la Congrggation. Devant I'oppo- sition des prgfets apostoliques, peu dgsireux de voir une autre autoritg se superposer g la leur, devant les rgticences des prg­tres eux-mgmes, ce projet ne put aboutir. II fut repris, modifig, par M . Leguay, g partir de 18 4 5 ; le Sgminaire n’accepterait plus que des aspirants-spiritains et les prgtres des Colonies seraient invitgs g s'affilier g la Congrggation. Pour faciliter les ralliements, on instituerait un second Ordre, dont les membres ne seraient unis g la Congrggation que par des liens spirituels, alors que les membres du premier Ordre mettraient en com- mun le reliquat des honoraires de messes et des revenus de leur ministgre, aprgs avoir pris ce qui leur gtait ngcessaire, sans avoir g donner aucun compte des dgpenses faites. C'gtait une grave entorse g la Rggle de 1734 , qui prgvoyait la mise en commun de ce fonds, la socigtg se chargeant de four- nir g chacun le ngcessaire en santg et en maladie. Ce projet, adoptg par le Conseil Ggngral de la Congrggation le 14 dgcem- bre 1847 , fut soumis g Rome, qui approuva des Rggles rgfor- mges le 11 mars 1848.

Le but de la Congrggation tel qu'il ressort de ces Rggles est, g quelques diffgrences prgs, celui de 1734 et de 1 8 ^ . Un petit mot, cependant gtait ajoutg: «ubicurnqu¥»^,^«gvinggliser p a r to u t les pauvres et les infidgles», ce qui donne g I'lnstitut une vocation gvangglisatrice universelle: partout ou se trou- vent des pauvres ou des infidgles, un Spiritain doit se sentir concerng. II n'est pas question de territoires dgtermings, on ne

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parle pas des Colonies francaises dont le soin spirituel est pourtant confi6 it I'lnstitut.

Une phrase nouvelle terminait l'alin§a: «Enfin la Congrega­tion se charge de la direction des s6minaires diocesains lor- qu'elle en est requise par les ev§ques».

II - LA CONGREGATION DU SAINT-CCEUR DE MARIE (184 1 -18 4 8 )

GenEse de la REgle provisoire

A Rome, M . Libermann occupe ses loisirs e ecrire une Rd- gle pour une Congregation dont la naissance est encore toute probiematique, cas rare, sinon unique dans I'histoire des Re­gies religieuses: celles-ci sont d'habitude le fruit d'une expe­rience plus ou moins longue pendant laquelle les associes ont travailie ensemble, guides par quelques idees mattresses qui leur etaient communes. La Regie provisoire, au contraire, pre- ceda, d'un an, la Congregation dont elle devait etre la regie de vie.

Nous ne connaissons pas le texte primitif des Regies pro- visoires. Au cours de I'automne 1841 , au noviciat de La Neu- ville, M . Libermann fixa le texte qui nous est parvenu, de con­cert avec M M . Le Vavasseur et Collin . Ce furent des mois penibles pour le Venerable Pere, car M . Le Vavasseur trouvait

t e redire e tout, estimait la Regie trop peu austere, chicanait sur les m o ts : rien ne trouvait gr3ce devant ses idees de perfection imaginaire, alors que M. Libermann avait des vues toutes de moderation et de prudence. Nous ignorons dans quelle mesure il a pu ceder aux remarques de M. Le Vavasseur. Quoi qu'il en soit, lorsque ce dernier partit pour Bourbon en fevrier 1842, aprds avoir vu sa tentation contre le V.P. s'evanouir au cours de la nuit du 2 fevrier passee en prieres it Notre-Dame-des- Victoires, il fait sa consecration apostolique «selon les regies arrStees it la fin de 1841» (N.D. Ill p. 10).

C'est selon ces principes que les Missionnaires du Saint- Coeur-de-Marie travaillerent jusqu'en 1848 , jusqu'e leur fusion avec la vieille Congregation du Saint-Esprit.

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Hi - LA FUSION DE 1848 ET LES R^GLEMENTS DE 1849

La Fusion, en supprimant la Congregation du Saint-;Coeur- de-Marie, mettait fin par le fait meme a la R^gle provisoire. Les Ragles et Constitutions du Saint-Esprit, approuv6es en mars 1848, devenaient les Ragles constitutives de tous. Lors des pourparlers pr^alables, M . Libermann les avait acceptSes, sous reserve de quelques modifications concernant la pauvret6 et de la suspension de I'admission des membres du second ordre. II les acceptait d'autant plus faciiement que les buts 6taient les m§mes que ceux de la Regie provisoire, (nous en avons signal^ plus haut les convergences). «Nos deux Soci6- t6s, 6crit-il aux Communaut6s le 2 0 d§cembre 1848 , se pro- posent la meme oeuvre, marchent dans la meme ligne; il n'est pas dans I'ordre de la divine Providence de susciter deux soci§t6s pour une oeuvre sp6ciale, si une seule peut suffire». (N. D. X , p. 339) Et il ajoute: «Vivez, en attendant, comme par le pass6; car il ne sera apport6 aucun changement tant soit peu important d la mani^re de vivre des missionnaires» (Ibid, p. 341).

Et il annonce des Reglements explicatifs de la Regie Spiritaine: «J'ai plain pouvoir de faire des Reglemehts pour I'application des Constitutions (du Saint-Es­prit) . . . Vous savez que, depuis longtemps, je me dis­posals a corriger les Regies provisoires du Saint- Coeur-de-Marie. . . Eh bien, ce n'est pas autre cho­s e . . . Vous voyez que nous ne perdez rien de ce qui doit maintenir la ferveur, la regularite et I'esprit de la Congregation» (N. D. X , p. 342 ).

Le 26 mars 1849 , le V6n6rable P§re pouvait 6crire i M . Le Vavasseur: «M on travail sur la Rdgle est termin6. Je I'ai fait passer au Conseil et tout a 6te admis avec joie; je n'ai pas eu une syllabe retrancher. C 'est tout bonnement nos Regies, sous le nom de R6glements» (N. D. X I, p. 87).

Le volume paraissait, imprim6, en octobre 1849 sous le titre complet de « Reglements de la Congregation du Saint- Esprit, sous I'invocation de I'lmmacuie Coeur de Marie, ayant

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pour but de d6velopper I'esprit de nos Constitutions, d'assurer le parfait accomplissement des devoirs qu'elles imposent d ses membres et de fixer dans ses details son organisation et son administration®. (Texte integral dans N. D., X , pp. 4 5 0 - 569).

Le V6n^rable P^re, en r^digeant ces rdglements de 1849, avait conscience de leur caractdre provisoire: «Dans quelques ann6es, 6crivait-il au P. Le Vavasseur, le 2 6 mars 1849 , apr^s avoir acquis I'exp^rience pratique sur leur execution, nous les refondrons avec les Constitutions anciennes du Saint-Esprit; nous corrigerons celles-ci, nous en ferons un tout que nous proposerons h I'approbation du Saint-Siege® (N.D., X I, p. 89). Ce sera I'oeuvre de son successeur, le T.R.P. Schwindenham- MER, qui I'accomplira en deux temps: en 1 8 5 3 -1 8 5 5 d'abord, en 1 8 7 5 -1 8 7 8 ensuite.

IV - LES CONSTITUTIONS DU T.R.P. SCHWINDENHAMMER

La reunion du C ard (OCTOBRE 1853)

%

Ignace Schwindenhammer ^tait k la veille de ses 3 4 ans quand il fut choisi le 10 f6vrier 1852 pour succ^der au V6n6ra- ble P6re, comme Vicaire G6n6ral, et un an plus tard comme

y Sup^rieur G^n^ral, conform^ment aux Ragles spiritaines qui pr6voyaient une ann^e de gouvernement int6rimaire.

Son objectif, pendant les 29 ann^es de son Sup6riorat, fut de compl6ter I'oeuvre du V6n6rable P6re et surtout de donner k la Congregation une solide organisation. Comme dans bien des Congregations nouvellement fondees, au prophete (qu'etait le fondateur) succedait le juriste. Le coup d'envoi de la reforme des Constitutions fut donne du 3 au 6 octobre 1853^ e la fin de la retraite annuelle du Gard. Au cours de cet- te retraite, le Superieur General, voyant le grand nombre de confreres reunis pour la circonstance (il y avait 2 9 Peres sur les 67 que comptait la Congregation) eut I'inspiration de tenir une reunion generale. Dans sa Circulaire n. 2 du 25 mars

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1854, le T.R.P. Schwindenhammer nous assure que «cette es- p6ce de chapitre n'a 6t6 ni pr6vu ni pr6par6 d I'avance. Ce fut ii la lettre une veritable improvisation®. II fit part aux «capitu- lants® d'une d6couverte qu'il avait faite et qui mettait en ques­tion la valeur juridique des Rdglements de 1849. Ceux-ci en effet, sur plusieurs points, 6taient en contradiction ou allaient plus loin que les Regies et Constitutions de 1848 , qui 6taient depuis la fusion les vraies Regies de la Congregation, approu- v6es par Rome. Ainsi la vie commune, la possibilit6 pour les clercs d'6mettre des voeux s'ils le d6siraient, ne figuraient pas dans la R^gle. Celle-ci ignorait les Frdres et a fortiori I’obliga- tion pour eux de prononcer des voeux de religion. «Ni le V e n i­re P6re, ni personne parmi nous n'avait remarqu6 cette irr6gu- larite®. (Ibid. p. 14).

Tous tombdrent d'accord qu’il ne fallait pas toucher aux Rdglements, mais qu'il fallait mettre les Regies en conformit6 avec eux. On s’accorda egalement sur l'opportunit6 de distin- guer les deux documents et de ne pas les fondre en un seql, comme g'avait 6t6 I'id6e du V6n6rable P§re, pour la bonne rai­son que la fusion des deux documents r6clamerait I'approba- tion du Saint-Sidge et qu’ensuite on ne pourrait plus y toucher. On proc6derait done par voie d'amendements des Regies dont on demanderait quelques modifications d Rome.

Les REgles e t Constitutions de 1855

De retour S Paris, le P. Schwindenhammer se mit S I’oeuvre, mais bien vite il d6borda le cadre qu'il s'6tait fixe. Au lieu de dresser simplement une liste d’amendements aux Regies d soumettre au Saint-Si6ge, il en redistribue les matidres, les amplifie. Quant aux R6glements constitutifs, il op6re de m§me et en fait une oeuvre toute nouvelle. Dans sa Circulaire n. 11 du 27 d6cembre 1855, le P. Schwindenhammer expose les princi- pes qui I’ont guid6 dans son travail, comments et explique les diff6rents chapitres des Regies et des Constitutions nouvelles, promulgu^es par cette Circulaire.

Les Regies, approuv6es par la Propaganda le 6 mai 1855, reproduisent, pour la fin, le texts de 1848 , i une variants pr6s, motives par le changement de nature de I'lnstitut, devenu Congregation religieuse.

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Les Constitutions de 1855 se pr6sentent sous forme de deux fascicules lithographies de 112 et 128 pages. A la diffe­rence des Reglements constitutifs leur plan est caique sur celui de la Regie dans sa nouvelle version.

En somme, malgre une formulation differente, les Consti­tutions de 1855 ne different pas essentiellement des Regle­ments du venerable Pere.

Vers les Constitutions de 1878

Dans la pensee du P. Schwindenhammer ces Constitutions de 1855 ne devaient gtre qu’une etape: les Constitutions defi­nitives viendraient plus tard.

En 1862 , le Tres Reverend Pere lance une nouvelle revi­sion des Constitutions. Les circulaires se succedent: toute une organisation est mise en place, ad e xp e rim e n tu m , compietant et modifiant parfois les Constitutions. Tous sont appeies e collaborer: dans les communautes, on doit, dans un deiai de trois ans, etudier, examiner et discuter toutes les Constitutions et envoyer regulierement les comptes rendus de ces reunions e Paris. Chaque confrere est invite e soumettre spontanement e la Maison-Mdre «les doutes, les difficultes, les questions e resoudre» et «e suggerer des usages, coutumes et pratiques que Ton croirait utiles ou opportunes» (Circulaire n. 2 0 du 8 juin 1862). Ces appels et ces invitations eurent un succds modere (Circulaire n. 4 8 de 1873, p. 3). Le travail avangait len- tement, et fut retarde en 1868 par une grave maladie du Supe- rieur General, puis par le Concile de Vatican I, et ensuite par la guerre de 1870. Au lendemain de cette guerre, le P. Schwin-

'denhammer reprend la tSche, travaille d'arrache-pied avec I’aide de quelques P6res. La marche suivie nous est decrite dans la Circulaire n. 4 8 , pp. 10 -11 : premiere redaction par le P. Sch­windenhammer; examen individual de ce texte par les princi- paux Pdres de la Maison-M6re, par les Superieurs et autres Peres plus anciens qui auront I'occasion de revenir en France; «je me propose de le soumettre enfin au Conseil General, sur- tout, pour les points qui sont les plus importants ou les plus embarrassants et difficiles. De cette maniere ce ne sera plus mon oeuvre personnelle qui sera soumise au Chapitre». Le Chapitre fut convoque pour 1875: c ’etait le premier chapitre general regulier depuis les Constitutions de 1855.

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Les discussions capitulaires dur^rent 19 jours. Lors de la derniSre stance, les capitulants s'en remettaient au T. R. P. et d son Conseil, aid^s d'une commission sp^ciale, pour la mise au point d6finitive. Puis il fallut envoyer le proJet i Rome, et ce ne fut que le 31 juillet 1878 que la 51dme circulaire, la dernid- re du P. ScHWiNDENHAMMER, promulguait les nouvelles Constitu­tions, «la grande oeuvre de sa vie» (Circulaire n. 4 8 , p. 5). Enfin, on avait des Constitutions completes (354 pages), bien adapt6es, claires, nettes et pr6cises dans leur redaction. Enfin elles 6taient approuv^es par Rome.

V - DE MGR LE ROY A NOS JOURS

V ers la revision des Constitutions

D6s sa deuxi^me circulaire. Mgr Le Roy, 6Iu Sup6rieur G6n6ral en mai 1896, aprfes avoir rappel6 le but de la Congre­gation : apostolat aupr^s des 3mes les plus abandonnees, an- nonce la necessite de d^velopper nos oeuvres de missions, le maintien des oeuvres d'Europe destin6es aux pauvres, aux humbles et aux deiaisses «que nous pouvons oonsiderer com- me n6tres», mais envisage le disengagem ent progressif de certaines maisons d'iducation. «Ainsi, ne perdons Jamais de vue notre fin: I'apostolat des Smes abandonnies».

Le Chapitre de 1896 avait cr6e une commission perma- nente pour la revision des Constitutions, com posie du Conseil G6n6ral et de six P ires. Le projet fut travailli pendant 10 ans, et fut p ris e n ti au Chapitre G in ira l de 1906. A p ris discussion et derniire mise au point, il fut envoyi i Rome et approuvi le 17 aoQt 1909 par la S. C. des Religieux. Par la m§me occa­sion, de minimes modifications furent apporties aux Regies.

Les Constitutions de 1 9 0 9

Selon Mgr. Le Roy, promulguant les nouvelles Constitu­tions par sa Circulaire du 2 fiv rie r 1910: «La nature et les fins

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de la Congregation ne sont pas chang6es, mais elles sont pr6- cisees, et dans un sens plus nettement apostolique».

C'etait une traduction e peine glos4e de nos Regies dont elles retrouvent le souffle.

Nous retrouvons le climat des Reglements de 1849.

Les Constitutions d e 1922

La parution du Code de Droit canonique en 1917 rendait necessaire une mise cl jour des Constitutions de toutes les Congregations religieuses. Dans sa Circulaire de promulgation de janvier 1923, Mgr. Le Roy nous informe de ce que le but apostolique de la Congregation a ete plus nettement affirme chaque fois que I'occasion s'en presentait dans les differents articles.

Ce m§me texte se retrouve sans changement dans les Constitutions de 1956.

CONCLUSION

Au terme de ce survol historique, nous pouvons degager une constante: notre fin propre et distinctive, c'est le ministe- re aupres des Smes pauvres et abandonnees, specialement parmi les infideies. C'est le seui point qui se retrouve, sans exception, dans toutes nos Regies et dans toutes les editions

I successives des Constitutions, de 1734 d nos jours.Ce qui importe, c'est de poursuivre notre but, i la m an id re

sp ir ita in e , c'est-e-dire dans la fideiite aux intuitions de nos Fondateurs et selon nos traditions authentiques. Ce sont ces intuitions et ces traditions que Vatican II nous invite h mettre en pleine lumiere et e vivre dans une Congregation rajeunie.

Parmi tous les documents que nous venons d'etudier, il semble que les Reglements de 1849 soient un lieu priviiegie oD nous pouvons retrouver la pensee conjointe de nos Fonda­teurs. Ms veulent etre un commentaire de la Regie spiritaine, qui elle-mgme est le reflet de la pensee de Claude Frangois PouLLART DES PLACES. Le Venerable L ib e r m a n n a tenu h respecter tres loyalement et scrupuleusement les fins assignees h I'lnsti-

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tut par les Ragles spiritaines. De plus, il y a mis ce qu’il y avait de meilleur dans la R6gle provisoire. Repr6sentant la pens6e conjointe de nos Fondateurs, ces R^glements de 1849 peu- vent done §tre, sans prejudice 6videmment des autres 6crits du V6n6rable P6re, compte tenu de nos meilleures traditions, et ^ la lumifere de Vatican II, une base de depart valable pour I'aggiornamento de notre Congr6gation.

P. Henri L it t n e r , C.S.Sp., R om e octobre 1984