NFJ1_Lundi_26_octobre - Le Nouvelliste - Grand Angle - Pag 5

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Un geste responsable pour toi et la nature www.lesssalt.ch L’alternative écologique au déneigement classique FRANK® PUBLICITÉ ZOOM 5 LUNDI 26 OCTOBRE 2015 Elu en septembre 2014 au poste de pré- posé cantonal à la protection des données et à la transparence, Sébastien Fanti est, depuis, omniprésent: blocage du dossier informatique du patient, recommanda- tion de ne pas installer Windows 10 dans les écoles, conflit juridique avec le Service du développement territorial concernant l’application de la LAT. Cet avocat sédu- nois ne fait-il que mettre de l’ordre dans un secteur jusqu’ici peu surveillé ou va-t- il trop loin? Sébastien Fanti, vous devez en faire grincer des dents à l’Etat du Valais… Comment expliquez-vous cette ava- lanche d’interventions de votre part? Les demandes du public et des adminis- trations en matière de transparence et de protection de données ne datent pas d’hier. Simplement, je dispose d’une équipe aguerrie de trois ou quatre person- nes qui permet de traiter plus de dossiers que par le passé. Certains vous reprochent une hyper- activité qui bloque leurs projets. Que leur répondez-vous? Au contraire. Je suis un partenaire de confiance qui agit en amont et qui évite des soucis et des procédures juridiques dont des plaintes pénales en cascade. Un exemple? Celui du dossier médical en ligne du pa- tient: nous avons fait état de réserves et aujourd’hui nous travaillons avec la con- seillère d’Etat pour certifier les processus et éviter toute déconvenue. Le patient au- ra la garantie que ses données sont utili- sées à bon escient et protégées. N’êtes-vous pas tout de même trop ta- tillon? Ceux qui le pensent n’ont pas compris que nous n’en sommes qu’aux prémices d’un mouvement inéluctable de transpa- rence et d’accroissement de la protection des données. On donne parfois l’impres- sion de s’agiter dans tous les sens, mais nous rattrapons un retard. Le système était quasiment paralysé par manque de moyens. N’êtes-vous pas en train de devenir un superprocureur dont tout le monde se demande où il va frapper la prochaine fois? Aux Etats-Unis, c’est déjà un procureur qui fait mon travail. Selon une nouvelle directive européenne, le préposé aura plus de pouvoirs. Ceci dit, le but n’est pas d’agir comme un procureur, car le prépo- sé ne sanctionne pas. Il émet des recom- mandations. Le trend est toutefois claire- ment à une capacité de sanction à l’avenir. L’administration ne risque-t-elle pas d’être paralysée par la peur de trans- mettre – ou non – des données sensi- bles? Je suis là pour l’aider en lui expliquant comment traiter les données des ci- toyens. Nous avons entre trois et six dé- nonciations hebdomadaires de citoyens concernant des employés de l’Etat ou de communes. Pour éviter une explosion de ces cas, il faut agir en amont. Comment? Par exemple en publiant un livre sur les drones et la vidéosurveillance ou en pro- posant une formation spécifique aux se- crétaires communaux. Quels sont les nouveaux dossiers sur lesquels vous allez intervenir? Notamment celui du mercure dans le Haut-Valais. Un média s’est vu refuser par le canton l’accès aux données historiques de cette pollution massive. Nous allons émettre une recommandation plaidant pour la transparence environnementale. Mais je ne peux pas donner mon avis pu- bliquement avant de l’avoir transmis aux parties. GILLES BERREAU «À LA JUSTICE DE TRANCHER» Jean-Michel Cina, conseiller d’Etat Le préposé est une entité indépendante nommée par le Grand Conseil à qui incombe la haute surveillance sur son travail. Sébastien Fanti est responsable de son activité devant les députés. Lorsque mes services ont un autre avis que lui, par exemple sur le dossier du surplus des zones à bâtir, c’est à la justice de trancher ces divergences de vue. «C’EST UN THÈME SENSIBLE» Esther Waeber-Kalbermatten, conseillère d’Etat La protection des données est un thème sensible. C’est une bonne chose de tenir compte de ce paramètre pour tout nouveau projet. Toutefois, j’ai été surprise de la montée aux barricades du préposé lors du lancement du dossier informatisé du patient valaisan. Mais il n’avait pas connaissance des informations que nous avions transmises de longue date à son prédécesseur. «LE PRÉPOSÉ NE FAIT QUE SON JOB» Philipp Spörri, chancelier d’Etat Sébastien Fanti a un autre style que son prédécesseur. Il a sa façon de sensibiliser le public, mais je m’en accommode. Nous appliquons ses recommandations autant que possible, car le préposé a son rôle à jouer. Nous sommes bien évidemment dans sa ligne de mire, c’est vrai, mais il ne fait que son job. Il défriche un terrain nouveau. «POUR UNE APPROCHE MESURÉE» Claude-Alain Berclaz, chef du Service cantonal de l’informatique Nous attendons une approche partenariale, pragmatique et mesurée du préposé qui devrait permettre de faire face aux défis qui nous attendent, dans une optique collaborative et constructive et dans le but d’avoir les meilleures réponses possibles, tant d’un point de vue technique que juridique. CE QU’ILS EN PENSENT LES DOSSIERS CHAUDS 1. Le dossier électronique du patient Les patients valaisans devaient avoir accès à leur dossier médical personnel via une plate- forme internet. Mais le préposé, qui a relevé des problèmes de sécurité, a recommandé de sus- pendre le lancement de la plateforme, ce qui a été fait. 2. Windows 10 Le préposé valaisan a estimé que Windows 10 envoie automatiquement des informations des utilisateurs aux éditeurs de logiciels. Le Départe- ment de la formation avait alors recommandé aux écoles du canton de ne pas l’installer pour l’instant. 3. LAT et zones à bâtir Le préposé a fait recours contre le refus du Ser- vice du développement territorial de communi- quer aux médias les premières estimations de surplus de zones à bâtir faites sur la base de la LAT. Ces chiffres avaient été transmis par écrit aux communes en juin. 4. Courriers électoraux Avant les élections fédérales, Sébastien Fanti di- sait crouler sous les plaintes de citoyens qui dé- noncent des violations de la protection des don- nées de la part de candidats. Il a tiré la sonnette d’alarme parlant d’un problème éthique et légal. «Je veux éviter des plaintes pénales en cascade» INTERVIEW Omniprésent depuis sa nomination, le préposé valaisan à la protection des données et à la transparence Sébastien Fanti en fait-il trop? SABINE PAPILLOUD

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Omniprésent depuis sa nomination, le préposé valaisan à la protection des données et à la transparence Sébastien Fanti en fait-il trop?"

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Un geste responsablepour toi et la nature

www.lesssalt.chL’alternative écologique au déneigement classique

FRAN

PUBLICITÉ

ZOOM5LUNDI 26 OCTOBRE 2015

Elu en septembre 2014 au poste de pré-posé cantonal à la protection des données et à la transparence, Sébastien Fanti est, depuis, omniprésent: blocage du dossier informatique du patient, recommanda-tion de ne pas installer Windows 10 dans les écoles, conflit juridique avec le Service du développement territorial concernant l’application de la LAT. Cet avocat sédu-nois ne fait-il que mettre de l’ordre dans un secteur jusqu’ici peu surveillé ou va-t-il trop loin?

Sébastien Fanti, vous devez en faire grincer des dents à l’Etat du Valais… Comment expliquez-vous cette ava-lanche d’interventions de votre part?

Les demandes du public et des adminis-trations en matière de transparence et de protection de données ne datent pas d’hier. Simplement, je dispose d’une équipe aguerrie de trois ou quatre person-nes qui permet de traiter plus de dossiers que par le passé.

Certains vous reprochent une hyper-activité qui bloque leurs projets. Que leur répondez-vous?

Au contraire. Je suis un partenaire de confiance qui agit en amont et qui évite des soucis et des procédures juridiques dont des plaintes pénales en cascade.

Un exemple? Celui du dossier médical en ligne du pa-

tient: nous avons fait état de réserves et aujourd’hui nous travaillons avec la con-seillère d’Etat pour certifier les processus et éviter toute déconvenue. Le patient au-ra la garantie que ses données sont utili-sées à bon escient et protégées.

N’êtes-vous pas tout de même trop ta-tillon?

Ceux qui le pensent n’ont pas compris que nous n’en sommes qu’aux prémices d’un mouvement inéluctable de transpa-rence et d’accroissement de la protection des données. On donne parfois l’impres-

sion de s’agiter dans tous les sens, mais nous rattrapons un retard. Le système était quasiment paralysé par manque de moyens.

N’êtes-vous pas en train de devenir un superprocureur dont tout le monde se demande où il va frapper la prochaine fois?

Aux Etats-Unis, c’est déjà un procureur qui fait mon travail. Selon une nouvelle directive européenne, le préposé aura plus de pouvoirs. Ceci dit, le but n’est pas d’agir comme un procureur, car le prépo-sé ne sanctionne pas. Il émet des recom-mandations. Le trend est toutefois claire-ment à une capacité de sanction à l’avenir.

L’administration ne risque-t-elle pas d’être paralysée par la peur de trans-mettre – ou non – des données sensi-bles?

Je suis là pour l’aider en lui expliquant comment traiter les données des ci-

toyens. Nous avons entre trois et six dé-nonciations hebdomadaires de citoyens concernant des employés de l’Etat ou de communes. Pour éviter une explosion de ces cas, il faut agir en amont.

Comment? Par exemple en publiant un livre sur les

drones et la vidéosurveillance ou en pro-posant une formation spécifique aux se-crétaires communaux.

Quels sont les nouveaux dossiers sur lesquels vous allez intervenir?

Notamment celui du mercure dans le Haut-Valais. Un média s’est vu refuser par le canton l’accès aux données historiques de cette pollution massive. Nous allons émettre une recommandation plaidant pour la transparence environnementale. Mais je ne peux pas donner mon avis pu-bliquement avant de l’avoir transmis aux parties.

GILLES BERREAU

«À LA JUSTICE DE TRANCHER» Jean-Michel Cina, conseiller d’Etat Le préposé est une entité indépendante nommée par le Grand Conseil à qui incombe la haute surveillance sur son travail. Sébastien Fanti est responsable de son activité devant les députés. Lorsque mes services ont un autre avis que lui, par exemple sur le dossier du surplus des zones à bâtir, c’est à la justice de trancher ces divergences de vue.

«C’EST UN THÈME SENSIBLE» Esther Waeber-Kalbermatten, conseillère d’Etat La protection des données est un thème sensible. C’est une bonne chose de tenir compte de ce paramètre pour tout nouveau projet. Toutefois, j’ai été surprise de la montée aux barricades du préposé lors du lancement du dossier informatisé du patient valaisan. Mais il n’avait pas connaissance des informations que nous avions transmises de longue date à son prédécesseur.

«LE PRÉPOSÉ NE FAIT QUE SON JOB» Philipp Spörri, chancelier d’Etat Sébastien Fanti a un autre style que son prédécesseur. Il a sa façon de sensibiliser le public, mais je m’en accommode. Nous appliquons ses recommandations autant que possible, car le préposé a son rôle à jouer. Nous sommes bien évidemment dans sa ligne de mire, c’est vrai, mais il ne fait que son job. Il défriche un terrain nouveau.

«POUR UNE APPROCHE MESURÉE» Claude-Alain Berclaz, chef du Service cantonal de l’informatique Nous attendons une approche partenariale, pragmatique et mesurée du préposé qui devrait permettre de faire face aux défis qui nous attendent, dans une optique collaborative et constructive et dans le but d’avoir les meilleures réponses possibles, tant d’un point de vue technique que juridique.

CE QU’ILS EN PENSENT

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DS 1. Le dossier électronique du patient

Les patients valaisans devaient avoir accès à leur dossier médical personnel via une plate-forme internet. Mais le préposé, qui a relevé des problèmes de sécurité, a recommandé de sus-pendre le lancement de la plateforme, ce qui a été fait. 2. Windows 10

Le préposé valaisan a estimé que Windows 10

envoie automatiquement des informations des utilisateurs aux éditeurs de logiciels. Le Départe-ment de la formation avait alors recommandé aux écoles du canton de ne pas l’installer pour l’instant. 3. LAT et zones à bâtir

Le préposé a fait recours contre le refus du Ser-vice du développement territorial de communi-quer aux médias les premières estimations de

surplus de zones à bâtir faites sur la base de la LAT. Ces chiffres avaient été transmis par écrit aux communes en juin. 4. Courriers électoraux Avant les élections fédérales, Sébastien Fanti di-sait crouler sous les plaintes de citoyens qui dé-noncent des violations de la protection des don-nées de la part de candidats. Il a tiré la sonnette d’alarme parlant d’un problème éthique et légal.

«Je veux éviter des plaintes pénales en cascade»

INTERVIEW

Omniprésent depuis sa nomination, le préposé valaisan à la protection des données et à la transparence Sébastien Fanti en fait-il trop?

SABINE PAPILLOUD