New 100 ans de Moonbeam IV La fierté de Captain’ Mik · 2015. 4. 21. · sionnalisme, sa soif de...

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À la barre de l’aristocratique plan Fife, ce Finistérien prolonge une autre saga : celle d’un vivier de rudes pêcheurs bretons où les têtes couronnées d’hier recrutaient les marins de leurs yachts. L a légende du Moonbeam IV tient aussi aux marins qui le mènent. Depuis 2007, Mikaël Créac’h est le capitaine du célèbre plan Fife, désormais cente- naire et qu’il décrit lui-même comme un bateau extrême. Mais l’homme a du mé- tier et toutes les qualités pour valoriser l’image et optimiser les performances de son bateau. De fait, le palmarès du Moon- beam IV s’est grandement étoffé depuis sa prise en main. Né en 1968 à Locquénolé, dans la baie de Morlaix, Mikaël s’est forgé un destin digne des illustres marins que n’a cessé de fournir cette petite contrée : Jean Queme- ner, skipper de Hispania, Jean Bohic, Jean- Michel Leven ou encore Jean-Claude Becam (capitaine du Moteur Yacht Daida). Les familles royales anglaises elles-mêmes venaient y débaucher leurs futurs capitaines et subalternes pour navi- guer sur les 15 M JI de l’époque. C’est bercé par ces récits que Mikaël a mené une carrière de marin désormais riche de 23 années de services. Les côtes africaines lui permettent de fourbir ses premières armes. Mais pas en mer. Il a 19 ans et son engagement dans l’armée à l’époque de la première guerre du Golfe et six mois pas- sés en conflit, l’endurcissent. De retour au pays, le capitaine de Eugenia 4, ketch de 24 mètres, lui propose de rejoindre l’équi- page à Saint-Tropez. Une belle opportu- nité pour le jeune homme qui rêve de grands espaces. À 24 ANS, IL PREND SON PREMIER comman- dement, sur un 18 m, ses premiers galons à 26 ans sur Amaalta, ex Piooner, sister- ship de Kriter VIII où il passe cinq années en tant que chef de bord. Il poursuit avec les grandes unités : Hygie, Halloween et le Moonbeam III. Il cumule 18 ans de navi- gation et une solide expérience des cotres auriques au moment de prendre la barre du Moonbeam IV, en avril 2007. Le début d’une nouvelle aventure car le bateau re- vient sur le circuit des régates classiques. Mikaël est un Léonard pure souche, de la trempe des ténébreux de la mer, mais aussi un excellent communiquant. Sur les pontons des régates classiques, où l’aura du bateau s’associe au charisme de son capitaine, chacun reconnaît son profes- sionnalisme, sa soif de performances et sa passion débordante pour le Moonbeam IV. Il a su choisir un équipage alliant sens marin, pédagogie et élégance. Des hommes à même d’entretenir aussi bien le bateau que sa légende. Sur le pont, Tris- tan, Germain, Julie, Greg et les autres se dévouent corps et âme dans les ma- nœuvres et l’informent en permanence des rendements des voiles hors de son champ visuel. Une belle complicité, et un protocole finement rodé. Toute une am- biance singulière que la cornemuse de son ami Dominique résume à elle seule en résonnant à l’occasion des départs et re- tours à quai en hommage à l’Écosse na- tale du Moonbeam. MIKAEL CRÉAC’H EST INSTALLÉ SUR L’ÎLE de Majorque depuis trois ans, pour être au plus près de son bateau à l’hivernage et du chantier Astilleros. Pour lui qui a vécu sur la côte méditerranéenne et notam- ment à Sainte-Maxime, dans le golfe de Saint-Tropez, la plus grande île des Ba- léares lui assure la sérénité et l’anonymat qu’il apprécie en dehors de l’intense sai- son de régates méditerranéennes. C’est l’occasion aussi, dans la douceur hiver- nale, de sortir planches de kite ou de wake, sports de glisse qu’il apprécie de longue date. Son tempérament casse-cou l’a également conduit vers la pratique du parapente et du paramoteur. Sportif, donc, Mikaël est aussi un esthète. Dans les cordes de la guitare qu’il expé- rimente aux côtés d’un célèbre musicien de flamenco, il n’est plus question de ré- glages en force mais de doigté, et cet an- cien champion de tennis de table n’en manque pas. Pour preuve, les chaudes sonorités qui s’échappent de son instru- ment lancent les folles soirées de régates qu’il affectionne. Il y a aussi un temps pour bien vivre. SA RÉCOMPENSE SUPRÊME : PARTAGER le plai- sir et les émotions qu’un tel bateau pro- cure. Avec un bateau si puissant, l’enjeu est aussi sécuritaire. Une bonne coordi- nation à bord est indispensable pour évi- ter les incidents. Captain’ Mik veille sans tergiverser et son équipage l’accompagne consciencieusement. Peut-être que vien- dra le temps pour lui de changer sa voi- lure et de surfer de nouveaux défis ma- rins. Mais une chose est sûre : son histoire d’hommes se perpétuera avec ses compa- gnons de mer, que Mikaël en bon breton, a su choisir, sentir et aimer au gré de ses intuitions et navigations. REPORTAGE GILLES CLÉMENT CLASSIQUES RÉGATES ROYALES ET VOILES DE SAINT-TROPEZ 1 968. Naissance à Locquénolé (22) 1990-1991. Participe à la guerre du Golfe. 1994. Premiers galons sur Amaalta. 2000. Crée la société de charter, Celtic cruising. 2 007. Prend la barre de Moonbeam IV. 2014. Célèbre le centenaire du navire. Régates Royales de Cannes du 21 au 28 septembre 2014 Voiles de Saint-Tropez du 29 septembre au 5 octobre 100 ans de Moonbeam IV La fierté de Captain’ Mik Mikaël Créac’h à la barre du plan Fife : le 8 des vareuses d’équipage correspond au numéro d’origine des voiles de Moonbeam IV. À gauche, le cotre aurique sort d’hivernage dans les eaux de Majorque. À droite, le bout de bôme à l’effigie de Grace et Rainier de Monaco qui passèrent leur nuit de noce à bord. 22 ¬ Octobre 2014 Octobre 2014 ¬ 23

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À la barre de l’aristocratique plan Fife, ce Finistérien prolonge une autre saga : celle d’un vivierde rudes pêcheurs bretons où les têtes couronnées d’hier recrutaient les marins de leurs yachts.

La légende du Moonbeam IV tient aussi aux marins qui le mènent. Depuis 2007, Mikaël Créac’h est le capitaine

du célèbre plan Fife, désormais cente-naire et qu’il décrit lui-même comme un bateau extrême. Mais l’homme a du mé-tier et toutes les qualités pour valoriser l’image et optimiser les performances de son bateau. De fait, le palmarès du Moon-beam IV s’est grandement étoffé depuis sa prise en main.Né en 1968 à Locquénolé, dans la baie de Morlaix, Mikaël s’est forgé un destin digne des illustres marins que n’a cessé de fournir cette petite contrée : Jean Queme-ner, skipper de Hispania, Jean Bohic, Jean-Michel Leven ou encore Jean-Claude Becam (capitaine du Moteur Yacht Daida). Les familles royales anglaises elles-mêmes venaient y débaucher leurs futurs capitaines et subalternes pour navi-guer sur les 15 M JI de l’époque. C’est bercé par ces récits que Mikaël a mené une carrière de marin désormais riche de 23 années de services. Les côtes africaines lui permettent de fourbir ses premières

armes. Mais pas en mer. Il a 19 ans et son engagement dans l’armée à l’époque de la première guerre du Golfe et six mois pas-sés en conflit, l’endurcissent. De retour au pays, le capitaine de Eugenia 4, ketch de 24 mètres, lui propose de rejoindre l’équi-page à Saint-Tropez. Une belle opportu-nité pour le jeune homme qui rêve de grands espaces.

À 24 ANS, IL PREND SON PREMIER comman-dement, sur un 18 m, ses premiers galons à 26 ans sur Amaalta, ex Piooner, sister-ship de Kriter VIII où il passe cinq années en tant que chef de bord. Il poursuit avec les grandes unités : Hygie, Halloween et le Moonbeam III. Il cumule 18 ans de navi-gation et une solide expérience des cotres auriques au moment de prendre la barre du Moonbeam IV, en avril 2007. Le début d’une nouvelle aventure car le bateau re-vient sur le circuit des régates classiques.Mikaël est un Léonard pure souche, de la trempe des ténébreux de la mer, mais aussi un excellent communiquant. Sur les pontons des régates classiques, où l’aura

du bateau s’associe au charisme de son capitaine, chacun reconnaît son profes-sionnalisme, sa soif de performances et sa passion débordante pour le Moonbeam IV. Il a su choisir un équipage alliant sens marin, pédagogie et élégance. Des hommes à même d’entretenir aussi bien le bateau que sa légende. Sur le pont, Tris-tan, Germain, Julie, Greg et les autres se dévouent corps et âme dans les ma-nœuvres et l’informent en permanence des rendements des voiles hors de son champ visuel. Une belle complicité, et un protocole finement rodé. Toute une am-biance singulière que la cornemuse de son ami Dominique résume à elle seule en résonnant à l’occasion des départs et re-tours à quai en hommage à l’Écosse na-tale du Moonbeam.

MIKAEL CRÉAC’H EST INSTALLÉ SUR L’ÎLE de Majorque depuis trois ans, pour être au plus près de son bateau à l’hivernage et du chantier Astilleros. Pour lui qui a vécu sur la côte méditerranéenne et notam-ment à Sainte-Maxime, dans le golfe de Saint-Tropez, la plus grande île des Ba-léares lui assure la sérénité et l’anonymat qu’il apprécie en dehors de l’intense sai-son de régates méditerranéennes. C’est l’occasion aussi, dans la douceur hiver-nale, de sortir planches de kite ou de wake, sports de glisse qu’il apprécie de longue date. Son tempérament casse-cou l’a également conduit vers la pratique du parapente et du paramoteur.Sportif, donc, Mikaël est aussi un esthète. Dans les cordes de la guitare qu’il expé-

rimente aux côtés d’un célèbre musicien de flamenco, il n’est plus question de ré-glages en force mais de doigté, et cet an-cien champion de tennis de table n’en manque pas. Pour preuve, les chaudes sonorités qui s’échappent de son instru-ment lancent les folles soirées de régates qu’il affectionne. Il y a aussi un temps pour bien vivre.

SA RÉCOMPENSE SUPRÊME : PARTAGER le plai-sir et les émotions qu’un tel bateau pro-cure. Avec un bateau si puissant, l’enjeu est aussi sécuritaire. Une bonne coordi-nation à bord est indispensable pour évi-ter les incidents. Captain’ Mik veille sans tergiverser et son équipage l’accompagne consciencieusement. Peut-être que vien-dra le temps pour lui de changer sa voi-lure et de surfer de nouveaux défis ma-rins. Mais une chose est sûre : son histoire d’hommes se perpétuera avec ses compa-gnons de mer, que Mikaël en bon breton, a su choisir, sentir et aimer au gré de ses intuitions et navigations.

REPORTAGE GILLES CLÉMENT

CLASSIQUES RÉGATES ROYALES ET VOILES DE SAINT-TROPEZ

1 968. Naissance à Locquénolé (22)1990-1991. Participe à la guerre du Golfe.1994. Premiers galons sur Amaalta.2000. Crée la société de charter, Celtic cruising.2 007. Prend la barre de Moonbeam IV.2014. Célèbre le centenaire du navire.Régates Royales de Cannes du 21 au 28 septembre 2014Voiles de Saint-Tropez du 29 septembre au 5 octobre

100 ans de Moonbeam IVLa fierté de Captain’ Mik

Mikaël Créac’h à la barre du plan Fife : le 8 des vareuses d’équipage correspond au numéro d’origine des voiles de Moonbeam IV.

À gauche, le cotre aurique sort d’hivernage dans les eaux de Majorque. À droite, le boutde bôme à l’effigie de Grace et Rainier de Monaco qui passèrent leur nuit de noce à bord.

22 ¬ Octobre 2014 Octobre 2014 ¬ 23