n°85 - les types de farine

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n°85 JANVIER 2005 Supplément aux Nouvelles de la Boulangerie Pâtisserie du 15 janvier 2005

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n°85 JANVIER 2005

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Les Nouvellesde la Boulangerie Pâtisserie

Supplément TechniqueI.N.B.P.

Janvier 2005

En guise d’introMIEUX CONNAÎTRE LA FARINE

RédactionINBP150, boulevard de l'EuropeBP 103276171 Rouen cedex 1

Tél : 02 35 58 17 77Fax : 02 35 58 17 86

www.inbp.comE-mail : [email protected]

Responsable de la rédactionGérard BROCHOIRE

Ont collaboré à ce numéro

Régis DEL FRATE, Catherine STEPHAN

IllustrationJérôme LANIER

AbonnementsS.O.T.A.L. 27, avenue d'Eylau75782 PARIS cedex 16Tél. 01 53 70 16 25

Éditeur S.O.T.A.L.Société d'Edition et de Publication"Les Talemeliers"Directeur de la publication : Jean-Pierre CrouzetN° CPPAP : 57846

Imprimeur La Loupe Quebecor SA28240 La Loupe

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n°85

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Découverte d’une activitéL’ANALYSE DE FARINE

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LES TESTS LES PLUS RÉPANDUS 12L’ALVÉOGRAPHE DE CHOPIN 12LES TESTS DE PANIFICATION 14

Etude du comportementdes pâtes

12

LES PRINCIPAUX COMPOSANTS 5L’AMIDON 5L’EAU 6LES MATIÈRES MINÉRALESET TYPES DE FARINE 7LES PROTÉINES ET LE GLUTEN 9LES ENZYMESET L’ACTIVITÉ ENZYMATIQUE 11

Etude de la compositiondes farines

5

La rédaction de ce Supplément technique

a été assurée par Régis Del Frate,

ingénieur responsable du LEMPA,

laboratoire d’essais des matériels et

produits alimentaires, situé à Rouen.

Ce laboratoire pratique de nombreux tests

et analyses sur les farines. Il assure aussi

des formations auprès des artisans

boulangers et de tous les professionnels

du secteur.

LEMPA : 02 35 58 17 75

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Vieuxcomme le monde, le blé tendre

a fait l’objet de culture, dès le VIIe siècleav. JC en Mésopotamie. Comme tout produit naturel,

le blé subit des variations de tous ordres. On pense biensûr aux différentes variétés de blé, mais ce n’est pas le seul

facteur ! Le terroir est aussi un élément de variabilité, de mêmeque le climat, la pratique culturale. Puis, selon le délai de

transformation du blé entre récolte et mouture, ou le temps de plancheraccordé aux farines, on obtiendra des matières premières de caractéristiques

variables.

Or, si le produit naturel n’est pas stable, le meunier s’engage, lui, à fournir unefarine de qualité qui soit régulière, et plus exactement des gammes de farine,qui permettent au boulanger d’appliquer ses recettes, dans les meilleuresconditions. Pour connaître précisément la composition de sa farine de façon à enassurer une qualité constante, le meunier dispose de méthodes d’analyses. Et si le boulanger n’a pas vocation à les pratiquer lui-même, il lui est utiled’avoir des connaissances de base, pour mieux dialoguer avec sonfournisseur de farine. Quand ce dernier vante le «W» et le taux de protéines

de sa farine : encore faut-il savoir à quoi cela correspond pour bien lecomprendre !

Ce Supplément technique a pour objectif d’abordersimplement la farine, matière première phare

du boulanger, sous un angletechnologique. Méthodes

En guise d’intro

MIEUX CONNAÎTRELA FARINE

ANALYSES DE FARINE

SPÉCIAL

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• Le laboratoire au cœur des analysesPour travailler dans de bonnes conditions etobtenir des résultats fiables, il faut impérative-ment disposer d’un lieu équipé de paillassescarrelées alimentées en eau et en électricité,un peu comme un laboratoire d’analysesmédicales. C’est le laboratoire.

L’environnement dans lequel sont réaliséesles analyses a aussi son importance. La tem-pérature du laboratoire doit être maintenue à20°C, été comme hiver.

Les différents matériels utilisés dans un labora-toire se caractérisent par leur grande sensibilitéet leur grande précision. Une balance est parexemple capable de peser une masse de0,0001 gramme : ce n’est pas lourd !

Tous ces appareils de mesure sont régulièrementsoumis à des contrôles et à des étalonnages,permettant de s’assurer de leur fiabilité.

En plus des appareils, les techniciens de lab-oratoire disposent de réactifs chimiques(acide sulfurique, bleu de bromophénol, acidelactique, éthanol...).

Pour mener à bien leurs analyses, les techni-ciens n’ont souvent besoin que de quelquesgrammes de farine. Ce sont des personnesméticuleuses qui ont pour habitude de travaillersur de très faibles quantités.

Enfin la devise d’un technicien de laboratoirepourrait s’énoncer ainsi : j’écris ce que je fais(j’assure ainsi la traçabilité de l’ensemble de montravail d’analyses), je fais ce qui est écrit (jerespecte scrupuleusement des méthodes de tra-vail prédéfinies), je vérifie que j’ai fait ce qui estécrit et je conserve mes résultats d’analyses.

DÉCOUVERTE D’UNE ACTIVITÉ : L’ANALYSE DE FARINE

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ANALYSES DE FARINE

SPÉCIAL

Analyses : rigueur et précision s’imposent

éalisées pour les meuniers, lesanalyses de farine ont pour objectifde bien connaître la composition dulot étudié et surtout ses qualitéstechnologiques, autrement dit sa“valeur boulangère”. Pour cela, ilfaut disposer d’un local et d’unéquipement propres à cette activité.Seuls des techniciens formés à cesanalyses peuvent en assurer le bonfonctionnement.

R

Qui peut réaliser des analyses ?

Les personnes travaillant dans un laboratoire sont for-mées soit à l’université, soit dans des écoles. Elles yacquièrent un niveau scientifique général et des con-naissances qui leur permettent de s’adapter à dif-férents types d’analyses dans des secteurs variés.

Il existe par ailleurs l’ENSMIC, une école spécialiséedans la meunerie et les industries céréalières qui dis-pense, à l’intérieur de certains cursus, des cours spé-cifiques d’analyse. ENSMIC : 01 44 23 23 44 ouwww.ensmic.org

Il faut aussi savoir que les apprentis boulangers pré-parant un CAP sont sensibilisés, dans le cadre de leurformation théorique, à l’importance des analyses defarine. Ils découvrent les appareils classiquement util-isés dans le secteur des farines.

Technicien de laboratoire : un vrai métier !

Les analyses de farine sont confiées à deslaboratoires spécialisés, intégrés dans lesmoulins ou indépendants. Ils ont pour missionde suivre “à la lettre” des méthodes de travailtrès précises, souvent normalisées (*), enemployant du matériel spécifique (étuve, fourà pyrolyse, alvéographe...). On est loin desanalyses empiriques, qui consistaient àmâchouiller des grains de blé, pour en évaluerla valeur boulangère. Les techniques, depuis,ont incontestablement évolué.

(*) Les normes sont des documents officiels de travail trèsdétaillés, utilisés par l’ensemble des laboratoires.

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L’amidon est un sucre complexe, de la familledes glucides, contenant glucose et maltose.Le maltose sert de nutriment à la levure, lorsdu processus de fermentation. Il fait rarementl’objet de dosage (*) en laboratoire d’analyses,car on admet que sa quantité est toujourssuffisante dans la farine, pour permettre unebonne fermentation.

En revanche, on dose parfois l’amidon endom-magé (blessé ou lésé). En effet, au cours de lamouture, les granules d’amidon sont malmenéset peuvent subir un endommagement, suscepti-ble de modifier les propriétés de la farine. Si laquantité d’amidon endommagé est trop impor-tante, lors de la panification, l’hydratation, plusrapide, risque d’entraîner un relâchement de lapâte. La fermentation peut s’en trouver accéléréeet éventuellement favoriser des pains plats tropcolorés.

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ETUDE DE LA COMPOSITION DES FARINES

Les principaux composants de la farine

L’amidonour mieux dialoguer avec son meu-nier, le boulanger doit avoir desconnaissances de base sur la compo-sition de la farine. D’autant plusqu’elle représente sa princi-palematière première. “Qu’y a-t-il dansma farine ?”

P

AmidonAmidon

Eau

Protéines

Matières minérales

65 à 70%

13 à 16%

< 2,1 % sur matière sèche

10 à 13%sur matière

sèche

Sucres simplesEnzymes naturels

Traces de vitamines

dosage : action de quantifier un élément, selon des règles spécifiques

Le phénomène d’endommagement de l’amidonest lié :

- au réglage des cylindres de mouture,- à la variété des blés et à la dureté de l’amande.

Cela fait partie du savoir-faire du meunier de maîtris-er le taux d’endommagement de l’amidon, enréglant par exemple ses cylindres de mouture.

Retenons que l’amidon est essentiel à la panification.Par ailleurs, il faut un peu d’amidons endommagéspour favoriser une bonne hydratation et une bonnefermentation, mais pas trop !

Commentaires en direct du labo

De façon très sommaire, on peut dire que ledosage des amidons endommagés repose

sur la vitesse de fixation d’un réactif chimique sur lesgranules d’amidon. Plus l’amidon est endommagé,plus la vitesse est rapide. Elle renseigne ainsi sur letaux d’endommagement.

Principe d’une méthode de dosage

Il est important pour le meunier de pouvoirétablir la carte d’identité de chacune de sesfabrications. Cela lui permet de classer sesfarines et de répondre précisément auxbesoins du boulanger.

Chaque composant joue un rôle essentiel aumoment de la fabrication du pain. On peut lescomparer aux pièces d’un puzzle, qui, une foisréunies, assureront la qualité de la panification.

Parmi les pièces maîtresses, citons l’amidon,composant majeur, non seulement en quantité(il représente presque les deux tiers du puzzle)mais aussi dans le rôle qu’il tient au moment dela fermentation. Les protéines, bien qu’étanten quantité inférieure, jouent également un rôleessentiel dans la constitution du gluten.

Voici les composants naturels de la farine. Sil’on écrase simplement du blé, on obtient ceci.

Farine intégrale

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Quantitativement, l’eau est le deuxième con-stituant de la farine. On peut s’en étonner carsa présence n’est détectable ni à l’œil, ni autoucher ! Et pourtant, un sac de 50 kilo-grammes de farine contient en moyenne de 7à 8 kg d’eau. Il reste donc de 42 à 43 kg dematières sèches.

L’eau est contenue naturellement par le grainde blé. Elle peut aussi être apportée (en trèsfaible quantité) avant la mouture. Elle sertalors à préparer le grain de blé à l’écrasement,en assouplissant les enveloppes.

Comprendre l’étiquetage de sa farineOn peut lire fréquemment sur les sacs defarine : teneur en eau 15,5% - produit sujet àdessiccation. Cela signifie que la farine, lors del’ensachage, a bien une teneur en eau de15,5%, mais lorsque la farine va sécher, cetteteneur va diminuer, et la masse du sac avec...Ce phénomène est naturel : il suffira de lecompenser en hydratant davantage.

Nécessité de connaître la teneur en eauIl est essentiel de connaître la teneur en eau,appelée aussi humidité, pour plusieurs raisons.

Connaître la teneur en eau permet de calculerfacilement la teneur en matière sèche(% de matière sèche = 100 - % teneur en eau).Or, la teneur de certains composants de lafarine est exprimée uniquement sur matièresèche. C’est le cas des protéines et desmatières minérales (cf sac de farine page 5).

Connaître la teneur en eau permet de vérifierla conformité à la réglementation. Elle ne doitpas dépasser 16%. Au-delà, il y a risqued’altération de la farine.

Connaître la teneur en eau permet de réalisercertaines analyses pour lesquelles la méthodeimpose de travailler des pâtes à teneur en eauconstante, quelle que soit la farine (cf l’alvéo-graphe de Chopin p.12).

ETUDE DE LA COMPOSITION DES FARINES

L’eau

Il existe plusieurs méthodes. La méthode offi-cielle, (référence NF V 03-707), est la plus utilisée.

Elle s’intitule “Céréales et produits céréaliers -Détermination de la teneur en eau (méthode deréférence pratique). Elle est validée par l’AFNOR(Association française de normalisation).

Son principe est simple. Il suffit de sécher, pendant90 minutes, dans une étuve adaptée et réglée entre130 et 133°C, environ 5 grammes de farine. Lapesée est réalisée dans une coupelle en aluminium,sur une balance de précision, au mg près (par exem-ple : 5,002 g). L’échantillon sec, une fois revenu àtempérature ambiante, est de nouveau pesé. La dif-férence observée représente la quantité d’eau ini-tialement présente dans la farine.

Pour calculer la teneur en eau, on applique :Teneur en eau (%) = quantité d’eau

Principe de la méthode de dosage

Pour le boulanger, la teneur en eau est impor-tante. Ainsi fera-t-on avec une farine à 14% d’hu-

midité 164 kg de pâte et 162 kg avec une farine à 16%pour une même consistante de pâte. C’est donc 2 kgde pâte en plus pour un même coût de farine.

Les résultats d’analyses sont souvent exprimés parrapport à la matière sèche. Elle est égale au poidsdu produit, moins le poids d’eau contenu dans celui-ci.Cela permet de ne pas tenir compte des variationsd’humidité des produits. Il est important de savoir siles valeurs sont exprimées par rapport à la matièresèche ou par rapport à la matière totale, car ellessont sensiblement différentes. Ainsi si l’on considèrequ’avec une pâte salée à 35g/litre, on trouve environ1,9% de sel dans le pain frais, ce taux monte à 2,7%,si on le rapporte à la matière sèche.

Commentaires en direct du labo

ANALYSES DE FARINE

SPÉCIAL

masse initiale de farine X 100

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ETUDE DE LA COMPOSITION DES FARINES

On parle de matières minérales, par opposi-tion aux matières organiques qui contiennentnotamment l’élément carbone.

Les minéraux sont classés en 2 catégories : - les minéraux majeurs ou macro-éléments.Ce sont le calcium (Ca), le magnésium (Mg),le phosphore (P), le potassium (K), le sodium(Na). Ils sont tous présents dans la farine.- Les oligoéléments ou éléments traces, plusnombreux, mais en très petite quantité. La farinecontient notamment du fer, du cuivre, du zinc.

Un grain de blé contient de 1,6 à 2,1% dematières minérales. On les trouve majoritaire-ment dans les enveloppes.

Seulement un intérêt nutritionnelLes matières minérales n’ont pas de valeurtechnologique : elles ne jouent aucun rôle lorsde la fabrication du pain.

Elles présentent un intérêt nutritionnel avéré.De nombreuses publications et discours mar-keting mettent en valeur oligoéléments etautres minéraux car ils sont essentiels pournotre santé. On les réintroduit de plus en plusdans les produits. Il est inutile de le faire dansla farine : elle en contient naturellement, d’au-tant plus qu’elle est riche en sons. De ce pointde vue, un pain complet est plus intéressantqu’un pain courant.

Les matières minérales et types de farine

Enveloppes(appelées sons après mouture) de 20 à 40%

Le principe de la méthode officielle (*) est simple :il repose sur la calcination d’un échantillon de 5 g

de farine (pesé à 0,0001 gramme près), dans unenacelle en platine ou en silice.

Lors de la combustion, dans un four à moufle réglé à900°C, en atmosphère oxydante (le four est munid’un orifice permettant une légère circulation d’air),les matières organiques présentes dans l’échantillondisparaissent totalement. Cette combustion dure auminimum 1h 15.

Il ne reste dans la nacelle que les cendres, représen-tatives de la teneur en matières minérales. Il suffit deles peser pour obtenir la masse des cendresprovenant des 5 g de farine brute. Les valeursfréquentes sont de l’ordre de 0,0200 g.

Il faut savoir que le taux de cendres d’une farine esttoujours exprimé sur matière sèche. Il suffit donc derapporter le résultat obtenu à la matière sèche. D’oùla nécessité de connaître au préalable la teneur eneau de la farine analysée (cf page 6).

Principe de la méthode de dosage

5 g de farine à analyser

Au début de la combustion, la farine s’enflamme

Les cendres sont peu visibles à l’œil nu

(*) Référence de la méthode officielle qui fait l’objet d’une norme :NF V 03-720

Le taux de cendres (toujours exprimé sur matièresèche) permet de classifier les farines par type. Cetteclassification est spécifiquement française.Pour le blé, on en distingue 6 : T45, T55, T65, T80,T110 et T150. Plus le type est élevé, plus la farine contient de sonsde blé, donc plus elle contient de matières minérales.Et plus le type est élevé, moins la farine est blanche.

% calculé sur la matière sèche

Amande de 0,3 à 0,6%

Germe 5%

Répartition des matières minérales dans le grain de blé

Pesée

Entrée dans le four

Sortie du four

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ETUDE DE LA COMPOSITION DES FARINES

Le test Pékar : simple mais limitéCe test simple à mettre en œuvre dans unfournil peut permettre au boulanger de dis-tinguer deux farines de types sensiblementdifférents.

On étale sur des planchettes de bois lesfarines à comparer. On lisse leur surface. Onplonge très délicatement les planchettes dansde l’eau, quelques secondes. Cela fait ressor-tir les “piqûres”, c’est-à-dire les fragments desons.

Plus la farine est piquée, plus elle est colorée,plus son type est élevé. Le test Pékar reposesur une simple observation visuelle et nedonne pas de chiffre.

Le test peut être réalisé encore plus rapide-ment, à sec, en étalant des échan-tillons defarine sur le tour.

Classification des farines de blé françaises

UN TABLEAU QUI MÉRITE COMMENTAIRE

On observe que certaines frontières entre lestypes sont très fines, à tel point qu’une même farineanalysée deux fois peut fournir des résultats non iden-tiques, mais très proches, rendant sa classification diffi-cile. Par exemple :1ère analyse : taux de cendres = 0,49%2ème analyse : taux de cendres = 0,50%Ces deux résultats sont acceptables, au regard de lanorme d’analyse. Cette farine peut donc être indif-féremment classée en type 45 ou type 55.

LA CHASSE AUX IDÉES FAUSSES

Très souvent les professionnels associent le type dela farine avec ses performances technologiques aucours de la fabrication.

Ainsi pour la pâtisserie et/ou les viennoiseries, ils ontpour habitude d’employer de la farine de type 45. Dela même façon, le boulanger fabrique le plus souventses baguettes de tradition française avec un type 65.Il pourrait aussi bien le faire avec un type 45 ou 55,en obtenant un résultat équivalent. Au-delà, seule lacouleur de la mie changerait. Et rien n’interdit aupâtissier de faire ses religieuses avec un type 55 !

Comme nous l’avons vu, le type de la farine n’estreprésentatif que de sa teneur en matièresminérales. Les clients sont de plus en plus sensiblesaux aspects nutritionnels et plus le type est élevé,plus la richesse en matières minérales est grande.

Il est important de rappeler que le texte réglementantle pain de tradition française (décret pain du 13septembre 1993) n’impose pas l’utilisation d’un typeprécis de farine française. Ainsi le meunier peut pro-poser tous les types de farine.

UNE BASE DE CLASSIFICATION SIMPLE

On reproche souvent aux scientifiques d’être com-pliqués. Il n’en est rien en matière de classificationdes farines en France. Elle repose tout simplementsur la notion de blancheur.

LA FARINE DE SEIGLE OBÉIT À UNE AUTRE CLASSIFICATION

Si vous apercevez sur un sac un type autre que l’unde ceux cités dans le tableau, sachez qu’il ne contientpas de blé. C’est du seigle. Voici sa classification :T 70 0,60 à 1,00%T85 0,75 à 1,25%T130 1,20 à 1,50%T170 > 1,50%Qu’il s’agisse de blé ou de seigle, seuls les types citésexistent au regard de la réglementation française.

Commentaires en direct du labo

ANALYSES DE FARINE

SPÉCIAL

Typesde farine

Aspect des farines

Teneur en cendres oumatières minérales

(%ramené à la matière sèche)

T 45

blanches

bises

complètes

< 0,50%

0,50% à 0,60%

0,62% à 0,75%

0,75% à 0,90%

1,00% à 1,20%

> 1,40%

T 55

T 65

T 80

T 110

T 150

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ETUDE DE LA COMPOSITION DES FARINES

On en parle beaucoup, mais on les connaîtpeu. La teneur en protéines d’un blé ou d’unefarine est souvent avancée comme argumentmajeur de qualité. Or, il vaut mieux avoir desprotéines de bonne qualité en quantité suff-isante, que des protéines de qualité médiocreen grande quantité.

Une farine avec 12% de protéines n’est pasforcément meilleure pour la panificationqu’une farine qui n’en contient que 11%. C’estce que nous allons démontrer.

Intérêt nutritionnelLes protéines sont les molécules de grandetaille qui caractérisent les êtres vivants et quisont présentes dans toutes les cellules.

D’un point de vue nutritionnel, les protéines,parfois appelées protides, sont avec les glu-cides et les lipides, un des trois nutrimentsessentiels à notre alimentation. Elles sontsources d’acides aminés.

Les protéines assurent de nombreuses fonc-tions dans notre corps : - elles jouent un rôle structural et participentau renouvellement des tissus musculaires,des cheveux, des ongles, des poils, de lapeau, etc - elles assurent de nombreuses fonctionsphysiologiques, par exemple sous la formed'enzymes, d'hormones...Par ailleurs, elles constituent une sourceessentielle d’azote pour notre organisme.

Les protéines peuvent être d’origines animaleou végétale. On les trouve dans les laits et pro-duits laitiers, dans les viandes, charcuteries etpoissons, dans certains féculents et bien sûrdans les céréales. Le germe de blé en contiententre 20 et 30 g pour 100 g.

Mais ce n’est pas tant leur fonction nutri-tion-nelle qui nous intéresse ici. Examinons surtoutleurs propriétés technologiques.

Les protéines et le gluten Intérêt technologiqueLes protéines sont classées selon leur degréde solubilité dans l’eau. De 10 à 20% des pro-téines du blé sont solubles dans l’eau. Cesont des protéines cytoplasmiques oumétaboliques. On trouve également desenzymes (*) (cf page 11). Elles sont situées enpériphérie du grain de blé.

Les 80 à 90% restantes sont insolubles dansl’eau et sont capables de s’associer pour for-mer un réseau, une charpente, que l’onappelle le gluten. Il existe pour le blé deuxfamilles de protéines insolubles : lesgliadines et les gluténines. Les premièressont responsables de l’extensibilité (*) et ducollant des pâtes. Les secondes sont res-pon-sables de la ténacité (*) et de l’élasticité (*) despâtes. Selon le rapport gliadines surgluténines, les caractérisques des pâtesseront donc différentes.

(*) enzyme : protéine qui joue un rôle d’aide etd’accélérateur dans le cadre d’une réaction chimique(*) extensibilité : propriété d’allongement d’un corps jusqu’àla rupture(*) ténacité : propriété de résistance d’un corps à la déformation(*) élasticité : propriété de retour à l’état initial d’un corpsaprès déformation

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ETUDE DE LA COMPOSITION DES FARINES

En savoir plus sur le glutenComme nous l’avons vu page 9, le gluten estformé de la fraction insoluble dans l’eau desprotéines contenues dans la farine.

Ainsi les gliadines et gluténines du blé sontcapables en présence d’eau de s’associer,pour former un réseau, lui-même insolubledans l’eau, appelé réseau glutineux ougluten. Ce réseau est doué de propriétésrhéologiques (*) et permet, de plus, à la pâtede retenir le gaz CO2 issu de la fermentation.On peut le comparer à un chewing-gum.

Il existe plusieurs méthodes. Quelles que soientles méthodes, on ne dose pas directement les

protéines. On dose une teneur en azote, puis on con-vertit le résultat pour obtenir la teneur en protéines.En effet, on sait que les protéines sont composées,entre autres, d’azote.

Une méthode rapide couramment utilisée enmeunerie est une méthode d’analyse par spectro-scopie infrarouge. On introduit une petite quantitéde farine dans un appareil muni d’un faisceauinfrarouge (par exemple inframatic). Celui-ci visu-alise la teneur en azote et la convertit instantanémenten teneur en protéines.

Par ailleurs, il existe deux méthodes normalisées :- la directive générale pour le dosage de l’azote avecminéralisation selon la méthode Kjeldahl (NF V03-050).Quand on connaît le taux d’azote contenu dans lafarine (ABVT*), on peut en déduire le taux de pro-téines, selon une certaine règle de calcul. Son principe dans les grandes lignes : - on casse les molécules de protéines (par minéra-

lisation ou catalyse acide),- on purifie le milieu obtenu par distillation,- on quantifie l’azote par un dosage acido-basique.

La deuxième méthode normalisée dite méthodeDumas (Iso 1871) repose sur la mesure d’un volumed’azote dégagé après avoir transformé l’azoteorganique des protéines en azote gazeux.

Méthode de dosage des protéines

*ABVT : azote basique volatile total

Toutes ces méthodes qui reposent sur le dosagede l’azote sont fiables. Ce qu’on peut leur

reprocher, c’est de considérer que l’azote présentdans la farine ne provient que des protéines. Lesrésultats sont donc toujours légèrement surévalués.

Par ailleurs, ces techniques permettent uniquementun dosage global des protéines. On ne distingue pasau moment du dosage les protéines solubles dansl’eau des protéines insolubles (sources de gluten). Or,c’est ce taux de gluten qui nous intéresse le plus enboulangerie. Ainsi deux farines ayant la même teneuren protéines ne présenteront pas forcément lesmêmes teneurs en gluten et n’auront donc pas lesmêmes valeurs boulangères. En conséquence, atten-tion aux chiffres annoncés. Il faut toujours savoir àquoi ils renvoient exactement. L’idéal est de com-pléter le dosage en protéines par une estimation de laqualité du gluten qu’elles fourniront.

Commentaires en direct du labo

Il existe plusieurs méthodes. Nous présentons iciune méthode manuelle, simple et réalisable au

fournil. Les laboratoires d’analyses sont, eux, équipésd’appareil automatisé (par exemple glutomatic).

Pour mesurer la teneur en gluten, on réalise unpâton avec 33,33 g de farine mélangés à 17 ml d’eau,dans un récipient. Une fois qu’il est homogène, on lemalaxe à la main sous un mince filet d’eau. Cetteopération est dite de lixiviation.

L’eau de “lavage“, blanche au début de la lixiviation,devient de plus en plus limpide, au fur et à mesure del’évacuation de l’amidon. Lorsque cette eau est dev-enue limpide, on essore le gluten obtenu et on lepèse. On obtient ainsi le gluten humide. En appli-quant une règle de trois, on en déduit le pourcentagede gluten humide.Gluten humide = masse de gluten humide

De même après séchage à environ 100°C, on endéduit le gluten sec. Généralement, la teneur d’unefarine en gluten humide varie entre 24 et 30%, soit de8 à 10% en gluten sec.

Principe de la méthode de dosage

(*) On entend par propriétés rhéologiques, extensibilité, ténacité,élasticité...

ANALYSES DE FARINE

SPÉCIAL

33,33 gx 100

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ETUDE DE LA COMPOSITION DES FARINES

Supplément technique INBP n°85 15 janvier 200511

Les enzymes sont des protéines douées depropriété de catalyse. Ces catalyseursjouent un rôle d’aide et d’accélérateur dans lecadre d’une réaction biochimique.

Dans le grain de blé, il existe à l’état naturelplusieurs enzymes, essentielles au processusde panification. On trouve, par exemple, lesenzymes capables de dégrader des sucrescomplexes.

Comme nous l’avons vu page 5, l’amidon,composant majoritaire de la farine, est unsucre complexe. Pour le dégrader, il faut desenzymes, appelées amylases (alpha- etbêta-amylases). Le maltose issu de cettedégradation pourra être assimilé par la levure,et rendra possible la fermentation. Tel quel,l’amidon ne pourrait pas servir de nutriment àla levure, car c’est un sucre trop complexe.

Pour être précis, la levure contient elle-mêmedeux enzymes importantes :- la maltoperméase, jouant le rôle de portierqui laisse entrer le maltose issu de la dégra-dation de l’amidon à l’intérieur de la cellule delevure,- la maltase, qui casse, à l’intérieur de la cel-lule de la levure, le maltose en deux frag-ments de glucose. Ces fragments sont eux-mêmes transformés. Pendant leurtransformation, il y dégagement de CO2, legaz de la fermentation responsable de lapousse du pain, retenu par le gluten.

Les enzymes et l’activité enzymatique

Comme nous venons de l’expliquer, certainesenzymes sont responsables de la dégradation

de l’amidon et sont donc directement impliqués dansle processus de fermentation. Il est donc utile de pou-voir disposer d’information, quant à leur activité diteenzymatique.

La méthode la plus courante s’appelle le temps dechute de Hagberg ou Falling Number. Cette tech-nique repose sur l’état de viscosité d’un gel d’amidon,obtenu à partir d’environ 7 grammes de farine addi-tionnés de 25 ml d’eau. Ce mélange est introduitdans un tube à essai, plongé dans un bain-marie. Onmesure, en seconde, le temps mis par un piston,pour tomber au fond de ce tube.

En effet, il faut savoir qu’à environ 70°C, le mélange eau-amidon devient un gel (empois d’amidon). Moins l’ami-don est dégradé par les enzymes, plus ce gel resteravisqueux et plus la chute du piston sera longue. A l’in-verse, plus l’amidon est dégradé par les enzymes, plus legel devient fluide, et plus la chute du piston sera rapide.

En conséquence, si l’on mesure un temps de chutecourt (par exemple 200 secondes), on peut dire quela farine contient beaucoup d’enzymes (elle est ditehyperdiastasique). Si le temps mesuré est de 400secondes, on parlera d’une farine hypodiastasique,c’est-à-dire moins riche en enzymes. La valeurmoyenne est d’environ 280 secondes.

Farine hyperdiastasique ou hypodiastasique :laquelle est la meilleure ? Le plus souvent, mieux

vaut avoir plus que moins ! Or, en matière d’enzymes,mieux vaut être prudent.

Si l’on utilise une farine qui contient trop d’enzymes(hyperdiastasique), on observera :- une fermentation plus rapide, donnant des pains plats

à croûte fine,- une coloration trop rapide à la cuisson. Ce phénomène

est lié à la présence importante de glucose, issu de ladégradation de l’amidon par les enzymes.

Si l’on utilise une farine hypodiastasique, on observerales phénomènes inverses.

Il faut savoir que le meunier peut facilement “corriger”une farine hypodiastasique, en ajoutant des enzymesou du malt. Cela est bien sûr autorisé. Mais, comme il luiest impossible d’en enlever, il ne peut pas corriger unefarine hyperdiastasique.

Commentaires en direct du labo

Estimation de l’activité enzymatique

Dégradation de l’amidon

MALTOSE

MALTOSE

GLUCOSEGLUCOSE

MEMBRANECELLULAIRE INTÉRIEUR

DE LA CELLULEDE LEVURE

MALTASE

ACTIONDES AMYLASES

PASSAGE PAR LAMALTOPERMÉASE

MALTOSE

AMIDON

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Supplément technique INBP n°85 15 janvier 200512

ETUDE DU COMPORTEMENT DES PÂTES

es connaissances de base étantacquises, nous savons maintenantde quoi est composée la farine.Reste à déterminer comment elle vase comporter au cours de la fabri-cation. Est-elle bien adaptée à larecette mise en œuvre ? Là encore,les laboratoires d’analyses peuventapporter de précieuses réponses.

L

Différentes techniques permettent d’évaluer lecomportement d’une farine lorsqu’elle rentreradans la composition d’une pâte. Ces tech-niques nous renseignent sur la valeurboulangère de la farine. Deux d’entre elles sonttrès répandues dans les laboratoires d’analy-ses : l’alvéographe de Chopin et des essaisde panification. Elles nécessitent unéquipement très spécifique et une formationpréalable.

Les tests les plus répandus

Ce test est très couramment pratiqué. Il estdevenu incontournable. Il est le plus souvent réal-isé à l’intention du meunier. On peut le pratiquersur une farine de blé pur, sur une farine issue d’unassemblage de lots de blés ou sur une farine prêteà la commercialisation. L’intérêt du test sur blé purest de permettre au meunier d’optimiser sesassemblages de blés, pour des farines avec tellesou telles caractéristiques technologiques.

Pratiqué sur la farine prête à la commer-ciallisa-tion, ce test a pour objectif de mesurer sa valeurboulangère et notamment son fameux “W”, sou-vent mis en avant par le meunier auprès duboulanger.

L’alvéographe de Chopin

EN GUISE D’INTRODUCTION

On parle souvent de la force d’une pâte. Onpeut à ce titre rappeler que lorsqu’on fait du pain, onobserve une levée, sous l’action des gaz issus de lafermentation (cf page 11).

Cette levée est fonction bien sûr de la pousséegazeuse, mais aussi de la qualité du réseau glutineux(cf page 10), notamment de sa capacité à sedéformer et à retenir le CO2 formé.

L’alvéographe de Chopin est une technique assezrapide visant à estimer cette valeur boulangère ouforce de la pâte.

Ce test fait l’objet de la norme NF ISO 5530-4, intit-ulée “Farine de blé tendre - Caractéristiquesphysiques des pâtes - Détermination des caractéris-tiques rhéologiques au moyen de l’alvéographe”.

LE PRINCIPE

Remarque importanteIl faut impérativement travailler sur une farine dont onconnaît la teneur en eau (cf page 6).

1°) Préparation de la pâteLa norme impose de réaliser une pâte à partir de 250 gde farine, plus de l’eau salée. On n’ajoute jamais delevure. La teneur en eau de cette pâte doit être constante,quelle que soit la farine à tester. On tient donc comptede la teneur en eau de la farine (cf page 6), pourajuster précisément la quantité d’eau salée à ajouter.La norme impose une hydratation de 50% pour unefarine qui contient 15% d’eau. Mais toutes lesfarines ne contenant pas forcément 15% d’eau, il estnécessaire d’ajuster le taux d’hydratation.Si la teneur en eau des 250 grammes de farine àtester est effectivement de 15%, on ajoutera 125 gd’eau (soit 125 ml).

2°) Pétrissage de la pâteLe pétrissage est réalisé pendant 8 minutes dans unmini-pétrin intégré à l’alvéographe, dans des condi-tions rigoureuses standardisées et imposées par lanorme et l’appareillage.

3°) Extraction de la pâteOn prélève par extrusion 5 morceaux de pâte.

4°) Laminage des pâtonsCes 5 morceaux de pâte sont laminés, de façon àobtenir des abaisses identiques.

Principe de la méthode

ANALYSES DE FARINE

SPÉCIAL

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Supplément technique INBP n°85 15 janvier 200513

ETUDE DU COMPORTEMENT DES PÂTES

5°) Découpe des pâtonsOn découpe les cinq morceaux laminés à l’aide d’unemporte-pièce spécifique. On obtient ainsi 5 pâtonsrigoureusement identiques.

6°) Mise à l’étuveLes 5 pâtons reposent 20 minutes dans une étuveréglée à 25°C, intégrée, elle aussi à l’appareil.

7°) Réalisation d’une bulleC’est l’étape la plus spectaculaire ! Chaque pâton estdéposé sur la platine de l’alvéographe et un systèmepneumatique insuffle de l’air en dessous. Le pâtongonfle et forme une bulle. Pendant le gonflement,l’alvéographe enregistre les variations de pressions’exerçant sur les parois internes de cette bulle,jusqu’à éclatement. On obtient ainsi 5 courbes (unepar pâton), dont on fait une moyenne pour obtenir uneseule courbe.

LECTURE DE LA COURBE

Le “W“Il vient du mot anglais “Work”, désignant le travail ausens physique du terme. Sa valeur est proportionnelleà la surface sous la courbe obtenue, calculée automa-tiquement par l’alvéographe. Il est exprimé en joule.Le “P“Connu sous le nom de pression, il représente la résis-tance à la déformation de la pâte (ou ténacité) sous lapression de l’air insufflé. Il est exprimé en mm H20.Le “L”La longueur ou allongement correspond à l’extensibilitéde la pâte, depuis le début du gonflement jusqu’àéclatement de la bulle. Il est exprimé en mm.Avec la valeur de L, on peut calculer l’indice de gon-flement G selon :G = 2,226 x racine de L. Il est exprimé en cm3.

Selon la forme de la courbe, il est possible depréjuger de la ténacité et de l’extensibilité d’unefarine. Plus le rapport P/L est élevé (courbe plushaute que longue), plus la farine sera tenace. Parcontre, si ce rapport est plus faible (courbe pluslongue que haute), plus la farine sera extensible. Le“W“, quant à lui, peut être identique dans ces deuxcas.

1°) - 2° ) Préparationet pétrissage de la pâte

3°) Extraction de la pâte

4°) Laminage des pâtons 5°) Découpe des pâtons

6°) Mise à l’étuve 7°) Réalisation de la bulle

Comme nous venons de le voir, à la lecture de lacourbe, une même valeur de “W” peut corre-

spondre à une farine plus ou moins tenace et/ou plusou moins extensible. Le “W” seul ne permet donc pasde préjuger du comportement futur de cette farine.

Il faut savoir qu’il n’y a pas de farine idéale. Enrevanche, on choisira une farine présentant des car-actéristiques de ténacité ou d’extensibilité adaptéesaux recettes. Par exemple, pour les brioches et crois-sants, on préférera une farine tenace, dont le réseaude gluten est plus “solide”. Ces pâtes sont en effetsoumises à des opérations brutales (laminage, pas-sage au froid...), susceptibles d’affaiblir leur réseauglutineux. En panification où les opérations d’al-longement sont plus fréquentes, on privilégiera unefarine plus extensible que tenace. La pousse con-trôlée nécessite des farines plus fortes que la méth-ode directe. Inversement les méthodes anciennes(pétrissage lent et long pointage) se satisfont defarines plus faibles.

Il faut cependant modérer ces propos, car ces tests nesont que prédictifs, notamment pour deux raisons :- la pâte testée est dépourvue de levure (son comporte-

ment sera-t-il le même avec de la levure ?),- la pâte testée a une teneur en eau imposée, pas for-

cément adaptée aux réelles capacités d’hydratationde la farine.

Attention aux interprétations hâtives : seuls les tests depanification pourront confirmer les hypothèses émises.

Commentaires en direct du labo

50

50

0100 150

P= Ténacité

L= ExtensibilitéH (mm)

L (mm)

W= Force boulangère(surface de la courbe)

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Supplément technique INBP n°85 15 janvier 200514

ETUDE DU COMPORTEMENT DES PÂTES

Tous les tests et analyses vus précédemmentnous ont permis d’établir la carte d’identité dela farine, composant par composant, et detester notamment la qualité de son réseau degluten.

Pour l’instant, on analysait des éléments defaçon indépendante, sans tenir compte deleurs interactions. Les tests de panificationpermettent de s’assurer d’une façon globalede la valeur boulangère d’un lot de blés oud’une farine. Ils permettent de détecterd’éventuels défauts ou faiblesses, pouvantêtre corrigés par le meunier ou le boulanger.

Le meunier peut corriger ses farines enajoutant des améliorants, autorisés dans cer-tains cas. Il peut aussi conseiller au boulangerd’adapter légèrement sa recette.

Par exemple, certaines années, les blés etfarines présentent un taux de protéines et unequalité du gluten supérieurs à la moyenne. Leboulanger pourra donc pratiquer des autoly-ses plus longues, sans crainte de trop assou-plir le gluten et par conséquent la pâte.

Comme toute analyse, les tests de panifica-tion doivent être pratiqués dans des labora-toires d’analyses comportant un équipementtrès spécifique. Les pétrins sont de petitecapacité (au maximum 3 kg de farine). Il fautdisposer de mesureurs de pousse, de ther-momètres de haute précision, d’une balancede précision, au gramme près.

Les tests sont conduits par un technicien enpanification, appelé aussi boulanger d’essai.C’est une personne disposant le plus souventau moins d’un CAP de boulanger, ayant suiviune spécialisation en laboratoire. Rigueur,organisation, précision sont les qualités mini-males requises.

De plus en plus, les meuniers disposent deressources internes pour réaliser ces essais.

Les tests de panification

Les tests peuvent être réalisés selon plusieursméthodes. Celle que nous allons présenter est la

méthode dite “BIPEA”, normalisée sous le code NFV03-716. Une autre connue est la méthode CNERNA.

FABRICATION DE PAIN SELON LA MÉTHODE BIPEAElle se déroule selon un processus rigoureusementétabli. - On utilise au minimum une quantité de farine per-

mettant de fabriquer 8 pâtons de 350 g.- On mesure la température de la farine et du fournil,

afin de déterminer la température de l’eau decoulage.

- On fabrique une pâte bâtarde, avec une hydratationd’au moins 60%, contenant 2,5% de levure et 2,2%de sel. Le sel est ajouté 5 minutes avant la fin dupétrissage.

- Le pétrissage est intensif : exactement 4 minutes en1ère vitesse (frasage), puis exactement 15 minutesen 2ème vitesse.

- La température de pâte doit être de 25°C (plus oumoins un degré).

- Le pointage dure 20 minutes, à une température de27°C (plus ou moins 2°C), à une hygrométrie mini-male de 60%.

- On divise.- On laisse une détente de 20 minutes.- On façonne.- On laisse un apprêt de 120 minutes pour 4 pains, et

un apprêt plus long si on le souhaite pour les 4autres. L’apprêt se fait en chambre de fermentationà 27°C (plus ou moins 2°C), à une hygrométrie min-imale de 60%.

- On donne 3 coups de lame obliques. - On enfourne aussitôt dans un four préalablement

réglé à 250°C (plus ou moins 10°C). Les pains sontrépartis de façon précise et ordonnée sur la sole.

- On laisse ressuer une heure.- On mesure le volume et la masse des pains.

Si l’une de ces conditions n’est pas respectée, à uneétape ou à une autre, il faut arrêter l’essai et recom-mencer. Chaque étape de la panification fait l’objet d’unrelevé des caractéristiques observées, sur une grille denotation. Voici un exemple de relevé lors du pétrissage.

Principe de la méthode

ANALYSES DE FARINE

SPÉCIAL

CRITÈRE INSUFFISANCE EXCÈS

LISSAGE

COLLANT (PÂTE)

EXTENSIBILITÉ

ELASTICITÉ

RELÂCHEMENT

1 4 7 10

X

X

X

X

X

7 4 1

très insuffisante trop élastiqueléger relâchement

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Page 15: n°85 - les types de farine

Supplément technique INBP n°85 15 janvier 200515

ETUDE DU COMPORTEMENT DES PÂTES

On a pu découvrir, à travers ce Supplémenttechnique, un large éventail d’analyses, plusou moins simples à réaliser.

Plus qu’une analyse particulière, c’est unensemble d’analyses réalisées en laboratoirequi permet d’éclairer le professionnel sur ceque l’on peut appeler de façon très globale, laqualité de la farine.

Un résultat d’analyse est issu du respect deprotocoles très stricts. Certains résultats néces-sitent une interprétation et une réflexion (c’est lecas de la teneur en protéines). D’autres se suff-isent à eux-mêmes (teneur en eau).

Généralement, ces tests sont réalisés avantla mise sur le marché des farines. Ils peuventl’être aussi en cas de difficultés rencontréeslors de la fabrication. Néanmoins, il ne fautpas oublier que la farine peut évoluer dans letemps et que deux analyses pratiquées à3 mois d’intervalle ne donneront pas exacte-ment les mêmes résultats. Le savoir-faire dulaboratoire consistera à comprendre et àexpliquer ces résultats.

En guise de conclusion

Les modes opératoires suivis lors des tests depanification, sont différents de ceux qui sont

appliqués par l’artisan boulanger. Ils permettenttoutefois d’apporter un jugement objectif sur la farinetestée.

Le boulanger d’essai n’a pas pour vocation de fairedu beau pain, mais il a pour impératif de respecter unprotocole à la lettre. L’artisan boulanger, lui, apporteau cours de la fabrication son savoir-faire et adapteses processus, si besoin est. En production, le tempsde pointage n’est pas strictement défini ; il l’est, à laminute près, lors des tests de panification.

Enfin, selon la méthode utilisée pour réaliser un testde panification, la note globale obtenue sur unemême farine peut varier. Il faut donc toujours com-parer ce qui est comparable et penser à demanderquelle méthode a été mise en œuvre.

Commentaires en direct du labo

Un exemple de grille de notation

Division Boulage léger Apprêt

Pétrins d’essai

Sortie des pains du four Mesure des volumesdes pains

Fin de pétrissage

Sup technique n°85 26/05/05 15:47 Page 15

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N°17 Entremets et petits gâteauxN°18 TraiteurN°19 Cakes salés, sucrésN°20 Chocolat, spécial Pâques

N°29 Vitrines de Pâques I1 Initiation/recyclage en boulangerieI2 Initiation/recyclage en pâtisserieI3 Initiation/recyclage en boulangerieR1 Repreneurs en boulangerie-pâtisserie

BOULANGERIE PÂTISSERIE

VITRINES AUTRES STAGES

N°1 Baguette de traditionN°2 Spécial levain liquideN°3 Tartines et sandwichsN°4 ViennoiseriesN°5 Tradition et innovation

MARS 2005FEVRIER 2005JANVIER 2005

STAGES COURTS I.N.B.P.STAGES COURTS I.N.B.P.

12345678910111213141516171819202122232425262728

marmerjeuvensamdimlunmarmerjeuvensamdimlunmarmerjeuvensamdimlunmarmerjeuvensamdimlun

Pâques

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12345678910111213141516171819202122232425262728293031

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2 5

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3

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Jour de l’an

Epiphanie

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