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    Les hirophantes :

    tudes sur lesfondateurs de religions

    depuis la Rvolutionjusqu' ce jour / Fabre

    Des Essarts

    Source gallica.bnf.fr / Bibliothque nationale de France

    http://www.bnf.fr/http://gallica.bnf.fr/
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    Fabre Des Essarts, Lonce (1848-1917). Les hirophantes : tudes sur les fondateurs de religions depuis la Rvolution jusqu' ce jour / Fabre Des Essarts. 1905.

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    FABRE DES ESSARTS

    LES HIROPHANTESTUDES SUR LES FONDATEURS DE RELIGIONSDEPUIS LA RVOLUTION JUSQU'A CE JOUR

    Le temps-de la philosophie est pn~ -

    le temps de la religion est venu.PIEUKE LEROUX

    re Srie

    illustre de sept portraits

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    LES HIROPHANTES

    TUDES SUR LES FONDATEURS DE RELIGIONS

    DEPUIS LARVOLUTION JUSQU'A

    NOSJOURS.

    (Jn Srie)

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    OEUVRE DE FABRE DES ESSARTS

    POESIE

    Humanit, (^K. Lemerre, diteur, Paris).La Chanson des Couleurs, (puis).La Clef d'or, drame mystique (puis).Ode Michelet.

    Odes phalanstriennes (lhaiza, Montreuil-sous-Bois).

    Les Eclogues de Virgile (ouvrage honor d'une souscription duMinistre de l'Instruction publique).

    Le Christ Sauveur (drame gnostique (sous presse).Apothoses et Iconostases, (sous presse).

    RELIGION ET SOCIALISME

    Les Hirophantes, (chez l'abb Julio, 111 bis, rue de PouLenay Vincennes (.Seine), et chez Ghacornac, 11, quai Si Michel, Paris).

    L'Arbre Gnostique, (chez l.eymarie, .\u, rueSainl-.lucques, etchez liodin, 5, rue Christine, Paris).

    Le Filon rvolutionnaire travers les religions, (sous presse)

    La Force, la Droit et les tj'oitt Ghninbrcx.Lu Loi militaire et le Service agraire

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    FABRE DES ESSARTS

    LES HIROPHANTESTUDES SUR LES FONDATEURS DE RELIGIONSDEPUIS LA RVOLUTION JUSQU'A CE JOUR.

    Le temps de la philosophie est pass,le temps

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    EN PRPARATION :

    LES HIROPHANTES(2e Srie)

    Le P. Loyson et lu Rforme catholique.'

    SuinL-Yves l'/Vlveydre et la Synarchie.

    Le Culte d'isis.

    Le Culte de .Milhni.

    Le Martinisme.

    L;i Rose-Croix et le Sar Placlan.

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    INTRODUCTION

    Ce qui a fait la force et la gloire des vieilles

    Rpubliques, c'est que tous leurs organes

    constitutifs, toutes leurs sources de vie intel-lectuelle et morale, e fondaient et s'harmoni-

    saient dans une imposante synthse.Ce qui fait la faiblesse et l'abaissement des

    tats modernes,

    de notre malheureux paysen ti li c'est tout est divis

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    II INTRODUCTION

    entendre raison tous ces organes dissocis,

    pris du vertigineux dlire de la division . des:

    pouvoirs ?

    Arme, Magistrature, Eglise, Enseignement, ,'

    pour ne citer que les corps les plus importants, -

    forment autant d'tats dans l'Etat, qui se ja-

    lousent, se maudissent sourdement, quand ils J

    ne s'anathmatisent pas haute voix, et ne se

    prodiguentpas mutuellement toutes les foudres

    de l'excommunication majeure, et cela pour le

    plus navrant dommage et dam du peuple,le vrai

    chef de ces membres en rvolte, qui toujours-

    mshaign, marri, dolent et malenpoint,voitles

    substantiliques nergies se retirer chaque jourde plus en plus de sa pauvre cervelle anmie !

    Certes, nous ne voulons pas renchrir plus'il ne sied sur l'l des constitutions anti

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    INTRODUCTION lit

    Il nous plat de revivre, par la pense, quel-

    m'une de ces solennelles journes de la R-

    publiqueathnienne, o les iils de la Patrie,

    vainqueurs des barbares de l'Orient, venaient,

    couronns de laurier, assister la pompe reli-

    gieuse, qui droulant, travers les colonnades

    del'Acropole,

    le merveilleux ensemble de ses

    infinies splendeurs, mlait aux flottantes et ro-.

    ses apparitions des thories, les enchantements

    des vers de Sophocle. Il y avait l des juges,

    des tribuns, des vieillards au pas grave, des

    mres, tenant clans leurs bras des enfants nour-

    ris par leur sein, tous unis, tous heureux, re-

    disant l'envi le joyeux poean Phcebus Ap-

    pollon, Dieu du jour, ou l'hymne auguste Pal-

    las Athn, patronne et protectrice de la Cit!

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    IV INTRODUCTION

    Une arme qui, vivant d'une vie spciale,dans des btiments spciaux, sous une morale

    spciale (1), est spare par unabyme del po-

    pulation civile, qui la redoute ; une magistra-

    ture, qui, en tant qu'assise, constitue une v-

    ritable fodalit judiciaire, grce au principe

    de l'inamovibilit ; des coles o Dieu n'a plusdroit de cit, mais en revanche un clerg quel'on paie (s) et que l'on soutient pour qu'il

    puisse en toute guise et fantaisie prcher l'in-

    dissolubilit du mariage et dgoiser son aisecontr la Rpublique.

    En vrit n'est-ce pas le comble du dsordre,

    l'inharmonie devenue institution, le chaos rig

    en principe, l'anarchie faite loi unique et su- ?

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    INTRODUCTION V

    ments de mare montante et menace d'ten-

    dre son flot niveleur sur tout ce hrissement

    d'lments en bataille.

    Des aptres se sont dj levs, qui essaient

    de se colleter avec les temptes que dcha-

    nent tous ces heurts sinistres, et qui ont pris

    tche de sauver la nation du naufrage o ellecourt perte d'haleine, un surtout, un de ces

    vieillards dont la longue vie n'a t qu'une

    indfectible jeunesse, Charles Fauvety, a jet

    au milieu de nous un cri, qui, s'il est cout,peut devenir le signal du salut : La Concilia-

    tion par le Socialisme !

    Notre rle, plu odeste, se bornera ten-

    ter derpandre quelque

    lumire sur laques-tion religieuse

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    VI INTRODUCTION

    saisisse bien le fond de notre pense. Quand

    noua disons sentiment religieux nous ne di-

    sons ni croyance particulire, ni symbole dog-

    matique. Nous parlons de ce besoin mystrieux

    d'adorer, de nous lever, d'esprer que tout ne

    finit pas ici-bas et qu'en dehors de l'troit ca-

    chot du relatif et du matriel, il y a les espaces,les zones sans limites, les,, infinits de l'absolu

    et, de l'immatriel ! S'il est quelqu'un qui n'ait

    jamais, aucun moment de sa vie, senti s'-

    mouvoir confusment en lui cesreligieuses

    as-

    pirations, que celui-l se lve et nous contre-

    dise.

    Et quand mme hypothse impossible !

    cet homme-l existerait, quand il vivrait, cet

    athe incorruptible, dont jamais l'me n'au-

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    INTRODUCTION VIi

    fuies, de vos rves crouls, vous n'avez pas en-

    core entendu passer Dieu, nous vous ajournons

    devant la mort. Vous qui n'aurez voulu ni de

    la religion de Rousseau, ni de celle de Platon

    ou de Pythagore, vous ferez comme Jules Favre

    et Littr ; vous appellerez le prtre officiel,

    vous vous agenouillerez devant un ftiche !Vous aurez, du moins ador une fois en Arotre

    vie !

    Oui, l'homme a des besoins religieux. Libre

    lui de lea satisfaire, comme et quand il l'en-tend. Pour cela une minute de recueillement,

    un coin sous les cieuxlui suffisent. La nature

    est son temple. Il est lui-mme son propre

    prtre. La question est de savoir si, pris collec-tivement il ' ces mmes besoins

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    VII INTRODUCTION

    les hommes se ne sont-ils pas rassembls pourmurmurer en commun leurs prires, quelles

    qu'elles fussent, supplications attristes ou triom-

    phantes actions de grces ? Ecoutons ce quedit cet gard l'incomparable gnie, qui s'est

    appel Lamennais :

    Puisqu'il (l'homme) ne vit de sa vie vri- table que dans la socit, toutes les condi-

    tions de sa vie, soumises celles de la socit, en prennent le caractre ou se produisent sous une forme sociale. C'est ainsi

    quela Re-

    ligion devient une institution politique, et la

    premire et la plus importante, car expres- sion des lois fondamentales de l'existence et

    rgle suprme des actes ncessaires pour la perptuer, elle est la base de la socit et

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    INTRODUCTION IX

    se proportionner aux intelligences les plus faibles, l'autre, raison du

    vague

    ds

    symbo- les, de transporter l'me au-dessus de la r-

    gion des ides, dans les espaces indfinis du

    mystre, o elle se nourrit du sentiment de

    l'infini.

    Tous les rands actes de la vie humaine doi-

    vent tre marqus par des rites spciaux, dont

    les formes peuvent sans doute varier, mais quitous sont un emblme de l'effusion de Dieu

    dans l'homme. A sa naissance l'enfant reoit

    un signe qui indique son entre dans lasocit

    des cratures intelligentes et libres. Plus tard,

    quand il sera en ge de fonder une nouvelle fa-

    mille, un nouveau signe lui montrera que lesl li

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    INTRODUCTION

    et c'est, notre sentiment formel, en ajouter un

    quatrime, celui de l'Eucharistie, l'Eucharistie

    spare, bien entendu, du dogme relatif unsystme particulier de conception thologique,

    l'Eucharistie exprimant symboliquement la loi

    de vie de l'Humanit, comme aussi la Fraternit

    universelle.

    Oui, la crmonie de la communion dgagedu prjug dogmatique, a droit tous nos res-

    pects. Quoi de plus saint, de plus vnrable,

    que cet usage d'lever vers Dieu le pain et le

    vin,qui nourrissent nos corps, d'appeler sur euxlesbenedictionscelestes.de les partager avec

    nos frres, de les consommer avec reconnais-

    sance, avec amour pour le Matre infini, quinous les donne.

    Le pain c'est le bl c'est la blanche farine

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    INTRODUCTION XI

    sous la dent la chair et les entrailles du doux

    Nazaren !Le vin, c'est aussi le soleil, mais le soleil

    chang en bienfaisante onde, coulant en flots

    de pourpre ou d'or, travers nos veines et y

    rpandant un peu de cette joie, qui rit sous lescaresses de vendmiaire, au milieu des grappes

    fcondes. ff

    Mais v soneons-nous V Vouloir revenir l'i-

    de religieuse sous le vent d'athisme qui souf-!le sur la France, n'est-ce pas chimre et folie !

    Nullement, Ce n'est point folie de vouloir se

    rveille!" d'un mauvais rve et conqurir- la v-

    rit et le calme de l'mts. - . ~L l i l

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    XII INTRODUCTION

    tmoin J.-J. Rousseau, Gilbert. En vain. Le

    ehar est lanc. C'est la course l'abyme.

    La Constituante labore vaguement une r-forme religieuse : Constitution civile du clerg.La tentative choue, lamentablement.

    Ces braves gens veulent faire de l'oppurtu-

    nisme en matire religieuse. Cette conceptionhybride ne pouvait tre accepte par la masse

    de la nation, qui attendait mieux et plus.Chose singulire ! c'est la Commune,

    cette Commune deiy]

    si souvent calomnie et

    prsente comme le boulevard de l'Anarchie,

    que, durant la priode rvolutionnaire, l'ide

    religieuse se manifeste srieusement pour la

    premire fois. Cette ide, entrant dans le fait,

    produit le culte de la Raison.

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    INTRODUCTION XU

    aux closions ecclsiales. Robespierre parle et

    cre la Religion de l'Etre suprme.

    Puis ce fut le tour de la Thophilantropie,

    prche par Jean-Baptiste Chemin. Puis, brus-

    quement, cet pouvantable recul : le Concor-

    dat !

    Ce repltrage catholico-imprial fut une me-

    sure aussi antireligieuse, antinationale, antihu-

    manitaire, que l'Homme de brumaire la pou-vait souhaiter. OEuvre d'athes sans vergogne

    et de politiciens cyniques, ce compromis bizarre

    est la restauration du dogmatisme fodal, avec

    la foi en moins et l'hypocrisie en plus. Il sub-

    siste encore, ayant la vitalit des choses nfas-

    tes.

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    XIV INTRODUCTION

    d'tudes sur celles de mme nature dont la R-

    volution fut le thtre, que nous avons essayd'crire dans ce livre.

    Toutes ont nos sympathies, parce que toutes

    combattent Rome. Toutes aussi d'ailleurs con-

    tiennent des lments utilisables pour la grandeSynthse religieuse laquelle le xx" sicle as-

    sistera.

    Cette Religion de l'avenir, ce culte de demain

    quelsseront-ils ? Il faudrait tre

    prophte pourle dire, il suffit d'tre un ami du Progrs pourle pressentir.

    Dieu, les aeux, les bienfaiteurs de l'Huma-

    nit, l'Harmonie universelle, la Justice, la Ver-

    tu, tels pourraient tre les points essentiels du

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    INTRODUCTION XV

    blouissant comme une mosque, d'immense

    comme un hypoge gyptien, d'hospitaliercomme une pagode indienne.

    Pour prtres, nous voudrions des hommes,

    qui fussent la fois de grands savants, de grands

    penseurs et de grands saints.Oui, ces choses s'accompliront. Des hommes

    de coeur, de raison et de foi viendront rvler

    l'Humanit rajeunie la Religion glorieuse des

    temps

    nouveaux.

    Nous aurons, nous aussi, nos blanches tho-

    vies, couronnes de roses, chantant-...l'hymned Amour l'Eternel.

    Nous aussi, nous aurons nos temples parftwmes d'encens, ruisselants cle toutes les richesses

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    XVI INTRODUCTION

    Les saints de notre Calendrier ne' seront ni

    lesDominique,

    ni lesCharlemagne,

    ni les* La-

    bre, mais les Platon, les Jsus, les La Botie,les Giordano Bruno, les Savonarole, les Campa-

    nella, les DenisPapin,les Parmentier, les Pesta-

    lozzi, les Millire, les Louis Thuillier, tous ceux,en un mot, qui ont travaill au Progrs humain,

    tous ceux qui se sont dvous pour leur frres

    et sont morts pour eux. ?

    I! sera beau de contempler alors, par quelque \

    radieux matin de germinal, une longue procs- ;

    sion de vierges pures, portant dans leurs

    mains les prmices de la terre, suivies du choeur

    augustedes vieillards, tenant le Livre de la Loi,

    accompagns eux-mmes de l'essaim blond des

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    INTRODUCTION XVII

    et sans mesure que le Trs-Haut leur rserve en

    de mystrieuses et lointaines sphres, le triom-

    phe final du Peuple Souverain et la chute pro-chaine du dernier des tyrans !

    F.DESE.

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    FOUGH, CHAUMETTE, CHANTRE AUET LE CULTE DE LA RAISON

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    FOUGH, CHAUMETTE, CHANTREAU

    ET LE CULTE DE LA RAISON

    I

    Au dbut d'octobre I7g3, Foucli alors mission-

    naire de la Convention a Nevers, avait lanc un

    dcret dont voici lespassages

    lesplus

    saillants :

    Le Peuple franais ne peut reconnatre d'au-

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    religion d'Odin et t elle-mme prfrable ce

    dsesprant nantisme. Elle promettait du moins,

    celte religion de barbares, les dlices de Walhalla

    aux guerriers qui mouraient pour la patrie.

    Oh ! nous les connaissons ces docteurs du nant,

    ces fanatiques rebours. Nous savons comment

    ils finissent. Ils commencent par dcrter le

    triomphe absolu de la Matire, et meurent en

    baisant la sandale du pape !

    Et d'ailleurs, on ne se deprtrise point. Le grandsminaire vous met un sceau de servitude, qui ne

    s'efface

    pas.

    Le souflle de l'Athisme peut passersur votre me. Il n'emporte point le signe indl-

    bile. Fouch jeta au vent sa soutane, sa chasuble

    d'or, son aube de dentelle. Il insulta le Christ. Il

    clbra la Matire. L'homme de brumaire arriva,

    quilui mit au cou son licol de

    moire,le couvrit de

    ses i i de ses croix de ses crachats

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    - *4 -

    autorits constitues, autour de l'autel de l Pa-

    trie, ou dfaut devant l'Arbre de la Libert,

    poury chanter les hymnes patriotiques, y enten-

    dre la proclamation des lois et un rapport abrgsur la situation politique de la Rpublique et sur

    les travaux de la Convention nationale.

    Quelle diffrence avec le sectarisme de Fouch !

    Cavaignac n'imposeaucun

    dogme, aucune croyance.On sent la proccupation de fonder une religionvraiment nationale, que tous puissent accepter,

    qui ne heurte aucun sentiment respectable. La

    lecture de la Loi sera mle aux manifestations

    cultuelles. Une sorte de sanction sacre viendraainsi affermir l'oeuvre des lgislateurs du Peuple.

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    qui lui permt de s'affranchir des momeries et

    pratiques nommes religion. Lorsque la lecture

    de ce document fut ueheve', Sergent demanda

    l'ordre du jour pur et simple, mais Lonard Bour-

    don et Thuriol insistrent poiir que la ptition de

    Parons ft prise en considration.

    In brusque changement de dcor se produisiten ce moment. On vil. paratre Gohel, voque cons-

    lilulionncl de Paris, prcd de Chaumette t;t de

    "Momoro, et accompagn de ses vicaires, ainsi que

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    %suivi par les vques Gay-Vernon (de la Haute- J

    Vienne) et Lalande (delaMeurlhe').*

    Chaumette prit son four la parole : |T(( Le jour o la Raison reprend son empire mrite ;

    une place dans les brillantes poques de la , Rvo- |lulion franaise. Je fais en ce mnnip.nl la ptition |

    que la Convention charge son comit d'instruction |

    publique de donner dans le nouveau calendrier une f!place au jour de la Raison! $

    Et tout radieux il alla porter la bonis nouvelle | la commune: -|

    Le fanatisme expire, Ions les litres du charla- )

    tanisme en religion sont dposs sur la tribune. Les fministres de fous les cultes abjurent leurs erreurs, |s'embrassent fraternellement. Nous sommes rg- \

    nrs.

    11 ne faut point s'y mprendre, ce mouvement '

    quelle que ft la pense intime de quelques-uns

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    -27 -

    en te rendant utile tes frres, tu as tout ce qu'il

    faut pour plaire la Divinit!

    Voyons maintenant ce qu'tait ce Chaumette,

    (pii fut le vritable organisateur, le vritable hi-

    rophante du'Cul te de la Raison.

    Chaumette, - Pierre-Gaspard, de par son bap-lme catholique, Anaxagoras, de par son baptme

    rvolutionnaire, ^n'avait aucun des dehors quieu imposent aux niasses. Mesquin d'apparence,

    petit, faible, avec des cheveux noirs et plats, tel

    est le portrait que BioulTe nous trace de lui. Un

    autre biographe adoucit ce dessin, en donnant

    l'original une ligure agrable, des yeux vifs. Maissous tous les pinceaux Chaumette demeure un pau-vre enfant dbile et souffreteux, tourment de l'-

    pre besoin d'aimer et surtout d'tre aim.

    Ne dirait-on pas, en vrit, que la nature coule

    lotis les sacerdotes dans le mme moule ? A ceux

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    de voir celles d'en bas. Ne les plaignons pas. La

    nature fait bien. Moins exsangues, plus alourdis

    par le poids de la chair, ils tiendraient davantage la terre et travailleraient avec moins d'ardeur

    l'oeuvre du ciel.

    Les pamphltaires, qui ont reproch Chaumette

    de s'tre gorg d'a, tandis que la nation ne se

    nourrissait (/ne de pommes de terre, ont odieuse-ment calomni ce cnobite. On peut leur accorder

    la mme crance qu'aux crivains qui ont racont

    les orgies de Robespierre.Comme tant d'autres initiateurs,, comme Maho-

    met et Jsus, comme Socralo et Rousseau, Chau-mette est sorti des rangs du Peuple. Son pre tait

    un modeste cordonnier de Nevers. On dit qu'ilconnut l'auteur de l Emile, l'poque o ce pau-vre sublime-fou prenait en haine ses plus sincres

    amis et se passionnait pour ht botanique. Chau-

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    Culais, Avignon, collabore avec Prudhomme aux

    Jiceolutions de .Paris, lit les Encyclopdistes, faitsa mdecine, publie des brochures, suit les clubs,

    devient orateur. 11 a, du reste, au milieu de toutes

    ces vicissitudes, conserv une grande puret de

    moeurs. Le.canon du 10 aot qui lana Danton au

    ministre, le lana, lui, la Commune, avec lesfonctions de procureur-syndic.

    En dpit de l'ide de la guillotine roulettes

    qui traversa son esprit un jour qu'il voyait rouge,'

    . et qui donc en ces terribles jours peut se van-

    ter de n'avoir jamais vu rouge ? Chaumette fut

    en somme le grand philanthrope de lit Rvolution.

    C'est lui qui demanda et obtint l'organisationdes secours, en logement, nourriture et vtement,

    pourles

    pauvres,au

    moyend'une taxe leve sur

    les l i l'extermination del

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    3o

    service des hpitaux, cra des hospices lac'am-

    pagne pour

    les mendiants, des asiles de maternit :

    pour les femmes en couches, etc., elc.

    Il allait rptant ce mot sublime, qu'il mettait

    chaque jour en pratique: Il faut aller aux pau-

    vres avant qu'ils viennent nous! f

    Son amour de l'humanit le poussa une fois jus- }

    qu' demander que la charrue passt sur les jar-dins publics et qu'on y plantt des lgumes. Et il

    ajoutait : Ne vaut-il pas mieux des aliments quedes statues ?

    Quelle magnifique prure en action, quels augus-

    tes prolgomnes que toutes ces oeuvres de frater-

    nelle pit ! Chaumette pouvait, avec le psalmisle,dire son Dieu Raison: Pnrnlum cor meuin !

    'trois jours aprs la scne de la Convention, pr-cdemment retrace, le Culte nouveau tait inau-

    gur Notre-Dame.

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    3i ,

    de la cathdrale. Un temple grec, le temple de

    la Philosophie, - remplaait le matre-autel. On y

    voyait les statues des sages de tous les pays, presde la Rvolution. Sur un rocher brlait le flambeau

    de la Vrit.

    Les citoyens vinrent sait ; armes la crmonie.

    11 fallait prouver au monde que ce n'tait point au

    Dieu Sabaoth que l'on rendait hommage et que celle

    le Le tait bien celle de l'Amour et de la Fraternit.

    Une phalange de gracieuses fillettes vtues de

    blanc et couronnes de feuilles de chne consti-

    tuait toute la partie dcorative du cortge.

    Lorsque le Peuple fut mass dans la quintuplenef de la vieille basilique, le choeur suivant se lit

    entendre, alternant avec les puissantes harmonies

    del'orgue

    etles mlo

    liesberceuses de l'orches-tre

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    47/390

    3.2

    phie et prendre place sur un sige de verdure. Les

    jeunesbiles lui chantent un

    cantique d'allgresse,puis elle traverse le pied de la montagne en dis-

    tribuant ses sourires l'Assistance. Elle regaime

    ensuite le temple, qui lui sert de demeure. Le

    choeur dit de nouveaux chants et la crmonie se

    termine, sans autres pompes.Mais pour Dieu ! o donc tous les Loriquets, qui

    ont crit l'histoire de cette poque ont-ils dterr ces

    contes de l'autre monde, ces filles de joie -assises

    toutes nues sur l'autel, ce marbre vivant d'une,

    chair publique remplaant le Dieu du taberna-

    cle '?' Il est vrai qu'aprs la crmonie de Noire-Dame,

    Chaumette conduisit Mlle Maillard (l'Officiante)

    la Convention, que le prsident la lit asseoir .

    ct de lui et lui donna l'accolade. Mais o est le

    crime?

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    personnes dont le caractre rende la beaut respec-

    table, dont la SVRIT DE rasmis et de regard re-pousse la licence et remplisse les coeurs de senti-

    ments honntes et purs !

    Mais qu'importe ce document aux scribes de sa-

    cristie? Ils n'y regardent pas de si prs, lorsqu'il

    s'agit de polluer la Rvolution!Reproduisons, pour terminer cette partie de no-

    tre tude, les paroles qui'furent dites par Chau-

    mette la Convention, lorsqu'il y amena la Raison :

    Vous l'ave/, vu, citoyens lgislateurs, le fana-

    tisme a lch prise et abandonn la place qu'il oc-cupait la Raison, la Justice, la Vrit; ses

    yeux louches n'ont pu souteniiT'clatde la lumire,il s'est enfui. Nous nous sommes empars des tem-

    ples qu'il nous abandonnait. Nous les avons rg-

    nrs. Aujourd'hui tout le Peuple de Paris s'est

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    - 34 -

    En somme, cette fle de la Raison laissa dans les

    fasles religieux de Parisun inoubliable souvenir.

    Et quand les derniers chos de la musique de Gos-sec et de Mhul se furent vanouis, les citoyens r-

    ptaient encore le refrain de.l'hymne final :

    Rendus la Nature entire,Combien sont plus grands nos destins !

    Nous voyons partoutnotre

    Mre,Nos frres sont tous les humains!

    On sait sous quelle accusation et par quel accu-

    sateur, hlas! tomba Chaumette. Camille Desmou-

    lins insinua qu'il tait pensionn par la Prusse.

    Celte criminelle insinuation fournit au Procureurde la Lanterne un de ses plus spirituels articles:

    Jamais manche de poignard, dit Marc Dufraisse,n fut mieux sculpt, cisel avec plus de got, ni

    la lame mieux allile et plus arlisfemcnt damas-

    quine. Mais c'est toujours un couteau.

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    Auch. Il se nommait : Les documents de la Bat-

    son, feuille anti-fanatique publie par le citoyenChant reau.

    Ce Clninl reau n'laif pas, certes, le premier venu.

    Clic/bu, le journaliste, chose devenue assez rare

    depuis, se doublait d'un penseur. Philosophe, ru-

    dit, tourment d'humanitarisme, il s'tait nourride la substance de Voltaire et de Rousseau. Comme

    tel, il professait le disme le plus formel. Incar-

    nant le sentiment des populations -du Sud-Ouest,

    qui furent toujours rebelles la religion abstraite

    de l;i raison pure, Ohanlroau s'effora de concilierlu conception cultuelle de la Commune de Paris

    avec l'ide de l'Etre Suprme.Le numro deux de son journal contient une vio-

    lente sortie contre le ealholic:smo. Pour construire,

    il tait indispensable de conmi"neer par l'aire laide

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    bls, qui font mouvoir les millions de mondes quisont, lancs de

    l'Espace.

    >.

    Pour lui, le Culte de la Raison, c'est l'hommage

    que l'on rend l'ordre tabli par l'ternelle Sa-

    gesse qui ne prescrit ii l'homme (pie les vrais ver-

    tus ncessaires son bonheur et celui de ses

    frres.

    Pour lui enlin, c'est celle religion philosophique

    quia prcd toutes celles qu'oui inventes les

    hommes ; eile seule vient, du ciel. Elle rejette toute

    croyance, qui ne lend pas directement au bonheur

    de, l'homme et qui, de ce. chef, est une imposture,

    purile ou une. perlidie.A la dale du 1:>. ventse. Cbanlreati dit dans ses

    Documents propos do l'organisation du gouver-nement rvolutionnaire:

    Je profite du jour heureux, o le Peuple com-

    mence bgayer avec intrt le nom sacr de la

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    IV

    Nous avons, de la Fle de la Raison qui fui.c-

    lbre Cognac, la date du -'.o frimaire, une des-

    cription trs intressante qui quivaut un vri-

    table rituel et qui permet de la reconstituer de

    toutes pices. Ce document, qui ligure la Biblio-

    thque nationale, sous la rubrique ya8. Lb. /|i,est

    sign

    du eonimissaiio on chef de la fte et approuv

    jiar l'administration du district. Nous le rsu-

    mons.

    Ds le malin, les citoyens et les corps constitus

    se sonl rendus ii la salle des amis de la Paix, o

    les attendaitun

    groupede

    jeunesfilles vtues de

    li bl h t i t t i l

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    bonnet phrygien, de l'autre un livre, .symbole de

    la Loi crite.Les autorits du district viennent-ensuite, puisles vtrans, le bataillon de ht Garde nationale, la

    Compagnie de l'Esprance, forme de jeunes gens. arms de petites piques ; six d'entre eux portent

    des bannires o se se lisent ces mots: Croissonspour la. Pairie ! Un grand tendard les prcde,avec ces deux vers brods- dans ses plis :

    Nous outrerons.dans lu carrire.

    Quand nos aines n'y seronl plus!

    Le Peuple ferme le cortge. Durant tout le Ira-

    jet on clumle. l'hymne de la Libert. Le service

    d'ordre est l'ail par dos commissaires munis de b-

    tons tricolores.

    L'Eglise devenue le temple de la Raison a subi

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    image du Peuple. De temps en temps une voix

    s'lve des profondeurs de la montagne : Peuplesouverain, renverse les trnes, frappe les rois, pul-

    vrise les tyrans ! Par endroits de petits suns-

    culolles allument du feu el brlent de l'encens.

    Toutes les chapelles (les ci-devant chapelles, dit

    le, compte rendu) sont couvertes de verdure, plan-tes d'ormes. Les murailles sont charges d'inscrip-

    tions analogues celle-ci : Homme, sers loi de

    la Raison ; c'est le plus grand bienfait cpie lu aies

    reu de l'Etre Suprme!

    Voici l'heure ii prsent de la crmonie religieuse

    proprement dite : le corlgejpn.lre dans le temple.Un couji de canon annonce au dehors l'introt de

    cette imposante messe dit Peuple,Les citoyennes se dirigent vers la montagne, tan-

    dis que l'orgue excute Y air chri:

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    Qui vient de briller il nos yeux,Soi.o {voix defemitie) :

    Erreurs frivoles,De vos idoles,

    Nous abjurons le culte fastueux;Vertu chrie,

    Raison, Patrie

    Soyex nos autels cl nos dieux;

    A la VritOffrons nos voeux ;

    De l'galitSerrons les noeuds.

    Un attir solo succde au premier. C'est une

    voix d homme. Puis lotit le Peuple chante son

    tour.

    Des pres el des mres de famille s'avancent an

    pied de la montagne el chantent divers couplets

    appropris leurs fonctions sociales.

    Le silence se l'ail La Raison se lve et adresse

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    l'lvation del pense, si non par la perfection de

    la forme :

    O bienfaisant auteur de la Nature,

    Qu'unis enfin tous les cnfans,lin mprisant l'erreur el l'imposture

    T'offrenl un libre cl pur encens ;

    Croyons lui plaire, son exemple,lin rendant nos frres heureux,Car ses yeux le plus beau templeEst un coeur juste el vorlncux !

    Un citoyen monte alors la tribune, la chaire,probablement,

    *-et prononce tin discours philoso-

    phique. La Raison dit ensuite une dernire strophe laquelle succdent les cris de vive la Raison ! vive

    ht Vrit ! A bas les charlatans ! vive la Fraternit !

    De jeunes enfants excutent le choeur:

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    te

    Chacun pose le niveau sur son chapeau et le

    cortge se retire en bon ordre enchantant :Amis, assez el trop longtempsSous le rgne affreux des tyrans...

    Pour complter la fte, un bal eut lieu dans lu

    soire, auqueltoutes les

    citoyennesassistrent en

    costume de crmonie. Le compte rendu ajoute quelu joie la plus vive et la dcence la plus parfaitene cessrent d'v rgner.

    On le voit, le culte de la Raison avait en pro-vince un caractre

    profondmentdiste. Comment

    pouvait-il en tre autrement ? Ce peuple, qui te-

    nait tte il l'Europe conjure, avait la foi, la foi'

    sainte cl pure, celle foi, qui transporte les monta-

    gnes. Une abstraction ne pouvait suffire il ses ap-

    ptits religieux

    Au dessus de ses luttes et de ses

    souffrances il lui fallait le ciel au dessus de ses

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    Le document dont nous nous sommes servi, pour

    dcrire la fle de Cognac, ne saurait tre contest.C'est un crit officiel, approuv, sign el contresi-

    gn. Il est, en outre, contrl par les comptes ren-

    dus nombreux de ftes analogues, qui eurent lieu en

    diffrentes villes, ngou'.me, Bourges, Limoges.,

    Pau, etc., etc. Tous s'accordent dcrire des ma-nifestations-harmonieusement ordonnes, des ru-

    nions srieuses o l'on chante les douceurs de la

    fraternit et les gloires du Crateur. La morale yest toujours respecte. On y abuse parfois du sym-

    bole et de l'allgorie. Mais tout, prendre, ces rai-sons on ceinture tricolore, ces Hercules brandis-

    sant, leur massue, ces arbres de la Libert, tout cela

    vaut bien les Christs sanglants clous sur les ta-

    bernacles et les vierges montrant, au fond de leur

    poitrine ouverte un coeur qui flamboie !

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    ROBESPIERRE, ET

    L'TRE SUPRME

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    ROBESPIERRE,ET

    L'ETRE SUPRME

    1

    Il avait le temprament prtre !. a dit Miche-

    lel/le Robespierre Prtre ! il le fut en effet mais

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    Rvolution eut fait main basse sur les biens d'E-

    glise.

    Adieu les

    prbendes,

    adieu l messe!

    Fin dpit des dires de ses contemporains, notam-

    ment de Lotivet et de toute la faction girondine,Ro-

    bespierre fut toutes les heuresdesa courte vie, un

    ascte. Son existence chez le nienujser Duplay fut

    celle d'un solitaire de la Thbade. A demi mas-

    eul par les veilles et les fatigues de l'lude, il

    connut fort peu le plaisir. Il fut l'incorruptible,

    parce qu'il fut le penseur, le travailleur, 1 opini-tre !

    Nous n'avons

    pas

    rappeler

    ici tout ce

    que

    ce

    pauvre myope, ce ehtif robin de province, dut

    dpenser d'pre nergie el d'inflexible volont pourarriver tre le formidable tribun devant qui- fr-

    mit la France.

    ?{qus n'avons pas non pltjs relyaer ni jugersqn l E f l] i l J' i fait l un

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    -

    qu'aux confins exlrnies du possible.Il lui fallait

    plus et mieux. Puisqu'il la place de la vieille Mo-narchie on avait mis la jeune Rpublique, pourquoi

    ne pas aussi remplacer le vieux culte? Pqur lui,

    U'iioimiie psi un tre religieux, cp ne se passe pas

    iplusde prier et d'adorer qu'il ne se passe de boire

    tel de manger. 11 petit sans doute ajourner ses bersoins spirituels, les abroger, jamais. Il vient un

    |jour o ils se manifestent quand mme, d'autant

    'plus intenses, qu'ils ont t plus longtemps com-

    . hiillus.

    Quand ce rveil viendra, tpie fera lePeuple, quefera la France ? Elle se jettera dans les bras de

    l'ancien fanatisme, dans la religion de Charles IX

    pi (le Epuis XVI. Robespierre, ne veut pas d P re-

    doutable ypcul. C'esl pour ceja qu'ij songe i\donner

    la Rpublique un Dieu un Credo et plispnsd

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    prparer une rgression vers les

    croyancesdu

    passet d'ailleurs, qu'on le sache bien, une fois pourtoutes, il y a moins de distances entre l'athismeet la religion des papes qu'entre celle dernire clune religion rationnelle quelconque. A toutes les

    poques, les

    gensde Rome Font

    prouv ; pour euxle pre Loyson est une diabolique incarnation etLittr est un saint laque !

    II

    Robespierre, il est vrai, avait eu contre le Cullcde Chaumelle des

    paroles quiconcordent

    presqueavec celles d i i

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    .5i

    des prtres ; ils levrent des temples la Rai-

    son ! )>Forcez la note el vous aurez la phrase de Joseph

    ilcMaislre :

    Sur ces autels que la foi antique environne de

    chrubins blouis, on a l'ail monter des prostitues

    nues !

    Aujourd'hui qu'il nous est possible de contem-

    pler les hommes et les choses de la Rvolution,

    dans cet loignenienf qui, attnuant les saillies et

    lesgouffres,

    nouspermet

    de mieux voir les

    grandeslignes, nous nous expliquerons mieux peut-tre ce

    qu il y avait en apparence d'anormal dans les sor-

    ties de Robespierre et des siens contre le culte de-

    l Raison.

    La savante et patiente exgse deMicheleta ir-

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    5a

    m'il s'en sqjt lui-mmp dfendu, Ge que yyaillefils de Jean-Jacques, c'tait un culte de toutes, pi-

    ces, avepim s.quveyain pontificat pour cpurpnpe-menl. Son attitude la fte de l'Etre Suprme le

    prquve s^iljjssammenl. Il s'lail adjoint le plus ha-

    bile ineltpur pu spe qui ft, clans, la personne du

    peintre David. Le plan de la crmonie avait l

    hmguepienb [u ji et piri entre eux. Rien n'y

    mannu;ijt, ni les sy]nbq]es, pi les lyriques envoles,

    piles, splendeurs sereines de l'esthtique. Pour la

    m-usiqup qii s"tait adress Oqssee, pour les pa-roles ;'[ M. .1. llhniei'.

    Ce fut une solennit superbe, que cette fte du 20

    prajriaj, an II. Robespierre avait dessein, chpisjcette date, qui tombait un dcadi, el se trouvait

    tye en mine lenips le dimanche de la Penteqte,En ee|a, il suiyjl fort hid^ilenient j'exeniple des pa-

    pes catholiques 'qui avaient fix la plupart (les fles

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    53

    pelle le peuple la prire ; comme aux solennits

    de la Raison, c'est le canon et le tambour, accentsplus n-.aies et plus en harmonie avec les sentiments

    i qui fermentent dans foules les mes.

    | C'est au ci-devant jardin des Tuileries, devenu

    | le jju'dhi national, que la premire partie de la c-

    1 rnionie doit avoir lieu. Le peuple s'y est transpor-I l en foule, les adolescents groups en carr autour

    ^ du drapeau de la section, les mres portant des

    .-bouquets de roses, les jeunes filles des corbeilles

    \ de Heurs. Une salve d'artillerie annonce l'arrive de

    I ht Convention. Les dputs sont vtus d'habitsl bleu fonc. Robespierre marche devant eux, habill

    I de bleu clair, un bouquet d'pis la main.

    % Un amphithtre a t dress au centre du jardin.Les reprsentants y prerlient place. Robespierre

    j moule sur une haute t ib i le centre

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    -54- iil voit dans ce moment une nation entire, aux pri- \

    ses avec tous lesoppresseurs

    dugenre

    humain,sus- i

    pendre le cours de ses Iraveaux hroques, pour li;- '-

    versa pense el- ses voeux vers le, grand Fltrc, cjui :

    lui donna la mission de les entreprendre et, la foi--*

    ce de les excuter. l sous le

    libreazur qu'on veut fter l'Etre des tres. Foin d'unelangue qu'on ne comprend plus, arrire tous cesvlements dmods, tous ces oripeaux archaques,vieux de douze sicles ! C'est en franais,c'estdansla langue de Jean-Jacques Rousseau

    ' di ll i d t l

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    '-

    57-

    ! fort judicieusement remarqu Michelet, n'tait-ce

    pas le plus tonnant de tous les prodiges que cettes lvation de Robespierre la suprme puissance,

    | par le Seul fait de sa parole ?

    Ajoutez cela les lettres nombreuses venues de

    -f lotis les points de la province, le saluant Messie de

    ]a France, et la constellation de Robespierre entre-;] vue au ciel par la lunette des astrologues, et le pr-* sident des Jacobins le nommant le Sauveur qui alr-

    ^ lait venir, eltout.le cortge des saintes femmes de

    ce nouveau Christ, joignant les mains devant son

    I image,en s'eriant,extasies :

    Oui, Robespierre,lu es un dieu ! (Michelet).Dans cet excs d'hommages, mme est peut-tre

    " la cause de la chute du prtre et de la ruin de la

    religion. Ces explosions-l peuvent faire vivre une

    d t i l ' llont lieu sur la tombe de l'I-

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    58

    te de FElre Suprme, lorsipic lecture fut donnedu rapport de Rarrre.Ce rapport mlait trs adroi-

    tement le nom de Robespierre celui de la femme

    Thol, chez laquelle on avait trouv, disait-on, unelettre, manant de celle-ci.o Maximilien tait Irai-

    l de lils de l'Etre suprme, de Verbe ternel, de

    Rdempteur du genre humain, etc. Il a t depuisdmontr que ce document, tait l'oeuvre de Snarl;la Thol ne savait pas crire !

    Le, rapport relatait autre, grief ! : que dom

    Gerle.le mystique collaborateur de( lai ho ri ne. Thol,

    el, petil-lro aussi un pou l'amant de coeur de celle

    ancienne beaut, avait obtenu de Robespierre un

    certificat, de civisme. Le futur dictateur ceci

    n'tait pas dit, mais insinu, devait tre admis

    dans les runions de la rue Contrescarpe, o entre

    autres-pratiques bizarres, on baisai l sept, fois la

    . Mre do. Dieu, en entrant, deux fois au fronl, deux

    f i f i

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    -5g-

    Le rapport de Rarrre. avait tu 'hirophanteLe q thermidor tuera le dictateur. .

    IV

    11 ne faut, pas croire que la clbration de lal'le de 1 Etre Suprme se soit borne la solennit,

    dont Paris l'ut le thtre. A celle mme date du

    :>.prairial, la province oui, elle aussi, ses pompes

    religieuses.

    Le thme est toujours pou.prs identique. Cesont les mmes symboles, les mmes emblmes, le

    mme aspect d'ensemble. Ce qui varie, c'est le d-

    tail, ce sont les hymnes, la forme purement externe.

    Lit bibliothque nationale possde un extrait des

    i t i i d M i d i t

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    6o

    conduisent des agneaux. Puis vient le cortge des

    agriculteurs firement arms de leurs instruments

    de travail.

    A l'air joyeux des enfants, s'crie le rdacteur

    du compte rendu, il tait alors permis d'tre en

    mme temps officiel et sentimental, ;leur con-

    tenance respectueuse, l'Eternel a vu combien leur

    nommage tait pur et digne de lui. Le cortge parcourt les rues de la ville dont les

    maisons ont l transformes en arceaux de Heurs,

    en grottes de verdure. Les couleurs nationales bril-

    lent de toutes parts, maries aux rameaux de chne.

    On arrive aux halles et l'on fait halte autour del'arbre de la Libert. L. nous retrouvons l'em-

    blme de l'Athisme. C'est un ruorrier menaant,

    le ciel d'une (lche, qui le symbolise. Le maire

    prononce un discours, qui e; l coin me un cho affai-

    bli d l i d R b i M i ' t i t di

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    6i -

    nie en temple de l'Eternel. Les murs et les piliersde l'difice disparaissent sous des tentures de fleurs

    et de verdure. Une montagne majestueuse, dit le

    texte, se dresse au milieu. L'arbre de la Libert en

    couvre le sommet de ses branches. Tandis que les

    petils bergers chassent leuis moulons vers la cime

    de lu montagne, la foule se dispose avec recueille-

    ment ses alentours. Puis un citoyen, un pote,le vrai prtre de la circonstance,

    dclame une

    ode l'Etre Suprme. L'auteur est ft, flicit, ac-

    clam. Ensuite nouveau discours et nouveaux

    livnmes. Comme la fte parisienne, chaque gedit son couplet. Quand les chants ont cess, les pe-tits berges jettent au ciel des Heurs, cpti retombent

    en pluie embaume sur les assistants.

    Alors les jeunes citoyennes demandent FEler-

    IIP-1de leur donner des di

    de la Patrie.

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    - 62 -'

    point circonscrit Paris et qu'il y eut bien celle

    poque un lan rel de la nation, une expansion

    religieuse jaillie des entrailles du Peuple. Qu'onne nous dise point que cela se fit ainsi parce que le

    matre le voulut. Il y eut l autre chose que l'ex-

    cution d'une consigne officielle. L'enthousiasme ne

    se commande point.En somme au point de vue de la doctrine, le

    culte de l'Etre Suprme diffre peu de celui de lu

    Raison, tel qu'il fut pratiqu en province. Avant,

    comme aprs le ao prairial, Bourges, au Mans,

    Cognac, c'est bien toujours le mme Dieu qu'onadore ; seulement,

    partirde celle date, le culte

    devient plus artistique, plus solennel, plus gran-diose.

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    JEAN-BAPTISTE CHEMIN, VALENTINHAUY ET LA

    THOPHILANTROPIE

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    JE AN-BAPTISTE CHEMIN, VALENT1N

    HAY ET LA

    THOPHILANTROPIE

    1

    Nous avons vu comment le culte de l'Etre Su-

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    fait de Larveillre-Lpeaux le grand pontife de

    l'Eglise dont nous traons ici l'historique. A ctdes noms de Chemin et d'Hay nous trouvons

    ceux d'Aubermnil, de Mercier, de Dupont de Ne-

    mours el de Beriiardin-de-Saint-Pierre, tous pro-moteurs zls ou sectateurs fidles, mais celui de

    Larveillre n'apparat qu'au second el au troisime

    plan, comme prolecleur timide et ami discret.

    iSolre bon frre, Deenibre-AIonnier, trs experten ces questions d'rudition religieuse, affirme

    cpte ce directeur n'assista pas une seule fois aux c-

    rmonies institues par Chemin et ses confr-

    res.

    Le symbole de Robespierre proclamait sansdoute l'existence du grand Etre et prescrivait les

    hommages qu'il fallait lui rendre,mais il se taisait

    ou ne donnait, (pie d'insuffisants prceptes sur l'a-

    mour qui doit unir l'homme son frre et l'huma-

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    67

    L'association cjui nous occupe fut dfinitive-

    ment constitue au mois de nivse, an V.

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    68

    La religion d'Ilay gagna rapidement la province.Chose assez singulire et bien rare en notre pays

    d'exclusivisme traditionnel ! les crmonies catho-

    ques el celles deslhophilanlhropes avaient parfoislieu tour tour dans les mmes temples et le frre

    en robe blanche remplaait l'autel le cur en

    chasuble, sans que le bon ordre en ft troubl. Je.

    sais bien que huit ou dix confessions chrtiennesdiffrentes officient chaque jour dans l'glise du

    Saint-Spulcre, mais la Palestine esta huit cenls

    lieues de la France !

    La Religion thophilanlhropique portait galement

    le nom de Religion naturelle, cause de la logiquedeses croyances el, delasimpl cit de ses crmonies.

    La Religion naturelle fut surtout l'oeuvre de

    Chemin et d llay. Le premier tait n en 1761,d'une lamiile de bourgeois, qui pensrent relever

    leur en le destinant Le

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    --6g-

    i Un caractre d'une modestie exagre l'empcha! de se mler aux vnements

    politiques.Son

    tempsI resta tout entier consacr l'tude des questions

    [ philosophiques et religieuses. Ses proccupations

    j de rforme cultuelle le mirent bientt en rapport

    j avec l'abb Fauehet, cpti rvait l'organisation d'un

    i catholicisme national. Vainementessaya-t-il

    de

    \ prouver l'vque du Calvados que sa tentative

    j chouerait. Une rforme sur le terrain catholique1 ne pouvait tre qu'un maladroit repltrage et qu'unei paix mal assise. Il fallait, ou ne pas s'en mler, ou

    ;pousser

    la rformejusqu'

    une refonte radicale,

    j On sait, du reste, combien le pauvre Fauehet s'-

    1 tait peu deatholicis, lui qui, la veille de l'cha-

    fatid, fit sa confession un prtre inserment et

    mourut en dplorant ce qu'il appelait ses erreurs.

    Au cours de ses discussions avec le

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    7o

    devenue une ppinire d'aptres thophilantropesValenlin Flay vit le jour Saint-Just en Picar-

    die, le i3 novembre 1745. Venu jeune Paris, il

    y tudia particulirement les langues et la calli- j

    graphie et obtint plus tard un emploi de traducteur

    jur au Ministre des Affaires trangres ; mais su

    gloire est d'avoir consacr les plus beaux jours de

    sa vie l'ducation des jeunes aveugles.Bien qu'il n'entre point dans notre cadre de ra-

    conter les divers travaux qu'il accomplit pour am-

    liorer le sort des malheureux exils de la lumire,

    nous ne pouvons nous dispenser d'voquer, en pas-

    sant, le souvenir de ses entreprises et de ses lut-tes.

    Ds 178/1, il avait pu ouvrir une premire cole,rue- Notre-Dame-des-Victoires. Assez bien accueilli,en 17S6, la Cour cpti le garde quinze jours Ver-

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    7i

    ateur dvou et en quelque sorte le premier vi-

    caire du pasteur Ibophilanthrope. Le dcret, qui

    eur ferma tous deux la porte du temple le d-ermina quitter la France. Nous le trouvons suc-

    cessivement Berlin, o il fonde un institut quiest encore fort prospre l'heure prsente, et

    Saint-Ptersbourg, o le Tsar rcompense son zle

    philanthropique, en le dcorant de l'ordre de Saint-Vladimir, llaiy puis de fatigues, charg d'ans et

    d'infirmits, voulut revoir ht terre de France avant

    de. mourir. C'est Paris, entre les bras de son frre,

    le savant minralogiste, qu'il rendit le dernier sou-

    pir, l'ge de soixante-dix-sept ans.

    On lui a lev une statue dans la cour de l'Insti-

    luL des jeunes aveugles, au boulevard des Invali-

    des.

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    73

    pompe dominicale, dbutait par le chant d'in-

    troduction suivant :

    Adorateurs de l'Eternel.,

    Qui dans tout homme aimez un frre,Enfants chris du mme pre,

    Silence, amour, respect autour de son autel,

    Pendant quele choeur excute cet

    hymne, desenfants ou des lecteurs dposent sur l'autel une cor-

    beille de fleurs el de fruits. 11 esta remarquer, ainsi

    qu'on en peut juger par une intressante gravurede l'poque, que, comme dans le temple protestant,

    la chaire se trouve derrire l'autel qu'elle domine.Le clbrant ou chef de famille, car il n'y a pasd'autre prtre que le pre,

    porte une tunique

    blanche serre la taille par une ceinture tricolore.

    Les lecteurs, cpti assistent et supplent mme le

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    -73-

    iThophilantbropes tiennent toujours grand compte'de, la priode de l'anne o l'on se trouve. Ils ont

    nies hymnes pour le printemps, pour l't, etc., de *"

    ;prires pour l'automne, pour l'hiver, etc. Ces di-

    hors textes, vers ou prose, sont pleins d'allusions

    .aux travaux, aux productions, aux esprances des

    '{(lilfrentes saisons.

    i D'ailleurs la forme littraire en est toujours l-

    gante. On a puis avec un soin judicieux dans les

    necueils lyriques de Fpocjue.1 Lefranc de Pompignan, Lebrun-Pindare, J.-B.

    t Kotisseau ont t mis large contribution. Noussommes loin des bouls-rims assurment pleinsd'excellents sentiments, mais par trop ngligs des

    adorateurs de. la Raison. Le culte, en gnral, se

    distingue par un cachet d'imposante simplicit et

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    d'examen de conscience. Chaque fidle se recueil-lait pendant, quelques instants puis l'officiant pas-sait en revue les diffrents devoirs sociaux, fami-

    liaux ou particuliers, et conjurait les assistants de

    s'interroger mentalement sur la faon dont ils

    avaient rempli ces devoirs et de faire acte de repen-tance et de ferme propos, en cas qu'ils eussent fail-

    li. Une invocation au Pre des humains terminait

    cet examen de conscience, puis venait, un chant de

    saison, par exemple pour le printemps :

    Les eioux instruisent la terre.

    A rvrer son autour;

    pour l't :

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    7'

    Fertilise nos champs, protge nos remparts.

    (En automne et en hiver:)

    Hommage, gloire la Patrie,A l nourrice des grands coeurs !...

    Un lecteur annonait alors que la fle monde el

    religieuse tait termine el prononait cefraternel

    lie miss a est : Allez en paix, ne voiis divisez pas pour des

    opinions et aimez-vous les uns les autres!

    III

    La naissance tait, comme le mariage et la mort,

    de manifestations cultuelles. Mais il ne nous

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    La fte il lieu Notre-Dame,

    dont .on reconnat

    parfaitement les chapiteaux cl, la naissance des ar-

    calures ogivales. Aux colonnes sont fixes des dra-

    peries blanches,-au-dessus desquelles on peut lire

    les inscriptions suivante* :

    Mou* CHOYONSA I.'KXISICNCI-: ni-; DIEU, I-:T A I.'IM.MOHTAI.IT

    Dli I-'AMK.

    Anoniz DIKU, cnttissi-:/, vos SKMUI.AIU.KS. IUXOICZ-VOUS

    UTILES A LA PATIUI:.

    Sur une bitnnire appenduo la vote on lit,encore :

    LlIlKltri 'i l ll iS GIXTISS.

    Les jours particulii'oinenl l'tes par les Ihophi-

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    77

    pes

    dvoils , un pompeux pangyrique del Re-

    ligion naturelle. Nous y lisons cette phrase : Si

    le Christianisme existe encore, ce n'est que par

    quelques volonts particulires et despotiques quett su tard la philosophie anantira.

    : lllas ! ilscomptaient

    ces vaillants adorateurs

    de l'Eternel sans l'hte formidable cpte la Rpubli-

    que avait accueilli, et, cjtti, incarnant en lui toutes

    les volonts despotiques, allait trangler cette R-

    publique, qu'il avait appele sa mre et enchaner

    lottes les liberts, commencer par celle de pen-ser et de prier. On dit que ne sachant point encore

    toiser les hommes comme il l'apprit plus tard, Bo-

    naparte, en qute d'appuis moraux, alla frapper

    la porte des Thophilanlhropes. Mais il ne tarda

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    moiiila lettre suivante adresse au prfet de Maine-

    et-Loirepar

    le Ministre de la Police :

    Citoyen Prfet,

    L'intention du gouvernement est que les soci-ts connues sous le nom de thophilantropiques ne

    puissent plusse runir dans les difices nationaux.

    11 me charge de vous en prescrire l'excution : je.lui rendrai compte de, ce que, vous aurez l'ait pour la

    remplir et je vous prie, de m'en prvenir avecexactitude. "

    LEMINLSTH me LA POLICII GICNIRALE.

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    79

    IV

    Chasss des difices plublics les thophilnthro-

    pes continurent se runir mystrieusement ildes lieux impntrables aux limiers napoloniens.Ce retour de la Religion naturelle l'ge des cata-

    combes se prolongea jusqu'au rgne de Louis-Phi-

    lippe. Auguste Comte qui cherchait encore sa voie

    et qui pour la -trouver devait s'adresser galementaux Sint-Simoniens vint, offrir son appui aux tho-

    philanthropes. 11esprait pouvoir intresser les gou-vernants et les lettrs une religion qui avait

    pour base la fraternit des hommes. Mais les tins

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    8o

    lanthropie n'a point pri. C'est que tout ce qui estdifi sur cette double base, l'Amour et. la Raison,est deux fois immortel.

    Les Thophilanthropes sont aujourd'hui plusnom-

    brettx, plus unis que jamais. Ils se comptent Paris

    par milliers. La province, Bordeaux notamment,contient-divers centres de groupement trs impor-tants. Les fidles de la

    Religionnaturelle ont

    pla-c a leur tte le frre Louis de Yallires, qui conti-

    nue avec un zle fort louable les traditions de i .-B.

    Chemin el d'IIay. Ce n'est ni un Csar niunpape,mais seulement un frre an, un primas in/er pa-

    res, un gardien vigilant des rites sacrs, librementchoisi par l'assemble des fidles, qui guide au che-

    min des vertus les adorateurs du grand Etre.

    Un Comit central Ihophilanlhropique s'est

    annes constitu, a voulu fai-

    81

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    de la propagande. A cet effet, il fut fond une cais-

    se o chacun versa ce qu'il put ou ce qu'il vou-

    lut.

    Les sommes produites par ces dons volontaires

    oui t scrupuleusement employes la publica-tion de brochures religieuses et humanitaires. Le

    i'"' janvier 1.883,le Comit central a fond un Jour-

    nal, la Fraternit universelle, qui a vaillamment

    l'ail sa troue parmi ceux, nombreux encore,

    Dieu merci ! qui ont le. noble ddain des feuilles 'chres aux sectateurs de Plulus et de Pri.upe.

    Le Manuel dj cit nous apprend cpie les minis-

    tres thophilanlhropes ne portent aucun costume

    spcial, mais qu'un simple ruban moir plac la

    boutonnire indique les fonctions que chacun doit

    remplir, au cours de la crmonie. Pourquoi ont-

    ils renonc aux choses si majestueusement dcora-

    tives d'autrefois, aux robes blanches el aux tuni-

    ques d'azur des compagnons de J.-B. Chemin ?

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    L'GLISE DE MNILMONTANT ET LE

    PRE ENFANTIN

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    L'EGLISE DE MENILMONTANT ET LE

    PRE ENEANTTJN

    I

    Trente quarante citoyens taient groups, la

    date d 6 juin i83:i, dans un petit jardin de la col-

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    vait tre complt, ordonnance absolument ri-

    goureuse,

    par de longs cheveux tombant surles paules, soigneusement lisss, el, une barbe en

    pleine vgtation, parfaitement tenue.

    Des fous, direz-vous, des tudiants en rupturede quartier latin, s'ingnianl faire de leur mieux

    s'baudir lebourgeois ! Non, je vous assure. Nul

    pour l'heure n'avait envie de rire. Paris tait en

    insurrection ; il et trouv hors de, saison toulo

    tentative d'biitlemenl carnavalesque.Ces braves gens taient tout lait srieux,

    jeunes pourla

    plupart. Quant

    l'quilibrede leurs

    facults intellectuelles, rien n'autorise le mellre

    en- doute. Tous au contraire, ont prouv par la

    suite qu'ils taient hommes de videur, dous du

    plus grand sens pratique, capables de faire excel-

    lente dans le momie. Tmoin Michel Che-

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    ciens des rveurs, ds religiolinaires, pi-esqU des

    mystiques? C'est l un problme jisychologiquedont ht suite de celle tude fournira peut-tre ht

    clef.

    Notons en passant l'irrsistible fascination quele regard et, la voix d'Enfantin exeraient sur tous

    ceux qui l'approchaient.Le chef de FFlglise saiiif-simoiiieiine' tait mer-

    veilleusement beau, non point de celte beaut fu-

    gace que donne ht jeunesse et qui meurt avecelle,mais de celle beaut faite de splen leur sereine el.

    d'imposante grandeur, laquelle chaque annesemble ajouter un rayon et qui garde toute sa pl-

    nitude, niiiie sous les rides de l'Age. En lui, on

    so.nl.tiil. le pontife, oii devinait le. demi-dieu. Notre

    ami, le 1> Foley, qui l'a vu plusieurs J'ois aux jotirs-

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    occuper ici. Nous ne rappellerons que pour m-

    moire les confrences de la rue Taranne, suivies

    bientt des brlantes prdications, de la rue Tait-

    bout. L se firent entendre lotira tour les Barraull.

    les Charton, les Laurent, les Abel Transon, dve-

    loppant, en d'loquents discours, les thories de

    Saint-Simon : association universelle fonde sur

    l'amour, chacun suivant ses oeuvres, organisa-tion de l'industrie.

    Rue Taitboul, on observait toutefois'dj un va-

    gue crmonial, qui faisait pressentir le culte,futur.

    Ecoutons ce qu'en dit Louis Blanc :

    Autour d'une vaste salle, sous un toit de ver-

    re, tournaient trois tages de loges. Devant un

    amphithtre, dont une foule empresse couvrait

    ds midi, tous les dimanches, les banquettes rouges, se plaaient sur trois rangs des hommes

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    -8Q-

    toute l'assemble un tonnement ml d'admi-

    ration ; les plus sceptiques ne pouvaient se d-

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    go

    bages : Bazard et Enfantin. A vrai dire, le second

    seul mritait cette dnomination, tait s'Hil dcid

    complter la palingnsie sociale par la rnova-tion religieuse. Bazard, lui, au contraire, n'entre-

    voyait au bout de ses efforts, qu'une solution poli-

    tique. Il y avait entre, eux l'abyme qui spare l'hom-

    me d'Etat de l'hirophante.

    Fin cette maison de la rue Monsigny, des diseus-" sions commencrent s'engager-, d'une violence el,

    d'une dure telle, que la sant de plus d'un en l'ut

    compromise.Ces discussions se prolongeaient quel-

    quefois pendant plusieurs nuits, sans interruption.

    Elle rappelaient, certains gards, les scnes desconvulsionnaires au cimetire Sainl-Milard.

    La surexcitation crbrale finissait par produirechez les orateurs des phnomnes d'extase ou de

    catalepsie. Un jour,c'est Ca-.eaux qui s'imagine tre

    se mol

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    91

    III

    La situation allait se tendant de, jour en jour.Une

    rupturetait invitable. Ce fut

    Bazard, quidonna le signal de la retraite. Il fut suivi tour

    tour par Pierre Leroux, Cazeaux, Beynaud, P-

    reirc. Le fauteuil autrefois occup par le coad-

    juleiir resta vide, comme attendant la femme,

    complment indispensable du Binoi'HV sacerdotal,du Couple-Prtre.Bientt les difficults financires survinrent.

    Grave occurrence ! Car en ce sicle de banquiers,sans argent, on ne saurait rien fonder, pas mme

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    92

    le g fvrier i83a elle avait t annonce par ces \{.

    gnes. insres dans le Globe: Pour nous s'ouvre

    une re nouvelle, nous avons enfin un Dieu, tuie foi, un pre ; notre apostolat est- dfinitivement constitu.

    Le 27 fvrier suivant, Michel Chevalier crivaitencore : Aprs les pnibles dchirements qui oui

    loign de nous les hommes qui"nous sont chers, nous sommes tous rangs la pense de noire Pre suprme el nous sommes prts la dve-

    lopper ; l're religieuse s'ouvre, car nous som-

    mes tous pleins de foi en lui.

    Charles Lemonnier disait de son ct, en s'adres-

    sant Enfantin :

    Il fallait que votre fils vous envoyt, non pas(( une troite, et inquite adhsion, mais un chant

    (( de reconnaissance, d'admiration et d'amour. 0

    mon Pre, votre puissante parole nia mis en

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    -93-

    n ni t et protest contre votre autorit, c'est pu-'c bliquement aussi que je dois dclarer que je suis

    compltement vous.

    Nous avons tenu reproduire ces diffrents ex-

    Irails, parce qu'ils donnent une ide exacte de,F-

    lai

    .psychique

    des disciples et de l'ascendant exerc

    par le matre.'Us en taient ce point prcis de la

    vie intellectuelle du croyant, o l'me voluant

    vers Je mysticisme, se sent ouverte tous les en-

    thousiasmes.

    Mnilnionlanl allait devenir la fois la Thbade

    de ces nouveaux anachortes et le Mont-Sacr de

    ces nouveaux proltaires.C'tait le -38 mai i83a.

    Enfantin offrit gracieusement ht maison et le jar-

    din, qu'il possdait sur la petite colline, tous

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    _ 94 -

    griide cit n'y arrivent cpie par bouffes expiran-

    tes, par rumeurs berceuses. 11 va de la prire et

    de l'apaisement rpandus dans l'air qu'on y respire.On y sent flotter je ne sais tpioi d'attirant et de

    caressant.

    La maison-et le jardin existent encore, non pascomme ils taient au temps d'Enfantin, mais tels

    cependant que le moindre effort d'imagination sullitpour reconstituer les parties morceles ou dtruites

    par le mercantilisme moderne. C'est encore- tran-

    quille, isol, conventuel comme jadis.En ces lieux, on pouvait du moins, trouver le

    recueillement et le silence dont le petit cnacle

    avait besoin pour se pntrer des doctrines du

    Matre et se prparer l'apostolat. La police, pen-saienf-ils, n'oserait pas escalader ht sainte monta-

    gne !

    Nous verrons plus loin s'ils se trompaient.

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    -9&

    ~

    plus matriels et les plus pnibles. On fit des

    croupes de pelleteurs, de broUetteurs, de rem-

    hlayeurs, et pour que l besogne ft moins rude,

    on l'accompagna d'hymnes composs par un mem-

    bre de la communaut. (Louis Reybaud).F'aisons maintenant assister nos lecteurs aux d-

    dtails de la crmonie, que nous avons simplement

    indique, aux premires lignes de celte tude.

    On est la date du 6 juin i83a. Un ciel lourd et

    bas pse sur Paris. Par intervalles quelques larges

    gouttes de pluie tombent et roulent sur la pous-"siredes trottoirs. Deux heures viennent de son-

    ner. MM. Bergier et Pennekrc se prsentent

    l'entre de l'htel de Mnilmonlant et annoncent

    l'arrive du Pre. Enfantin ne tarde pas, en effet, paratre Il est accompagn de Michel et .d'Au-

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    -96-

    l'enthousiasme des solitaires, la vue de leur Pre

    spirituel :

    Les enfants dont il avilit t loigns pendanttrois jours, tressaillent d'une joie vive, grave,

    exalle,profonde ; une religieuse motion se tmoi-

    gne sur tous les visages eldans l'altitude de, tous.

    Lorsque le chant est lermin, Enfantin prie. Bar-rault de le mettre au courant-de ce qui s'est pass

    pendant son absence. Barraull rpond :

    Pre, voici devant vous vos enfants que vous

    aviez confis pendant ces trois jours Michel,

    Fournel et moi.; nous voici tous devant vous ettous, j'ose le dire, meilleurs, parce que la parole

    cpie vous nous avez laisse en parlant a commenc

    germer en nous. Vous nous avez dit : Travaillez

    et mditez ! nous avons obi. Vient ensuite une

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    Enfantin appelle ensuite Caboche, pour lui con-

    fierla mission de

    parlerau

    peuple insurg. L'atti-lude de Caboche est hsitante. Le Vve, lui retire la

    mission et la donne lloart, ancien capitaine d'ar-

    tillerie.

    Cependant le bruit de la fusillade continue re-

    Icnlir (buis le lointain.

    Le Pre dit quelques ptiroles affectueuses C-

    cile, Fournel, autre brebis infidle quia rejoint le

    pasteur.Enfantin s'loigne un moment pendant que

    Tourneux et Talabotdisposent

    l'habitapostolique,

    puis il revient et revt en crmonie les saints orne-

    ments. Talabot lui prsente un ceinturon de ve-

    lours. Le. Pre regrette de, n'avoir pas une ceinture

    de cuir, comme tous ses frres. Pendant qu'ilachve de se un blanc et

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    -9.8-

    Puis enfin il prend dans sa main droite la main

    d Ilolsteinelpose sa main gauche sur l'paule droite

    de. celui-ci, dont la main gauche s'appuie sur l'-

    paule droite d'Enfantin : c'est le signe de la fra-ternit.

    La prise d'habits se continue par Bcrgier, Broc,

    Desloges, Pennekre, David, Justus. Belourel,

    Raymond Bonheur, etc., elc.

    La crmonie acheve, la Famille, ayant le Pre

    sa tte se met processionnellement en marche, et

    consacre le jardin aux accents du cantique :

    Peuple,si notre voix rclame, etc.

    Le cortge rentre ensuite sous la galerie. AglaSainl-Ililaire prend alors la parole .pour dclarer

    lit d'Fnfanlin

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    dsordre el l'anarchie dans les familles, si l'on n'y

    niellait bon ordre.Quelle singulire chose, vraiment, que le juge-

    ment des foules ! De longues annes se sont cou-

    les durant lesquelles, pour la majorit des gils

    bien pensants, Stiat-Simonisais voulait dire pro-

    miscuit ds femmes, suppressionradicale de ht

    famille, adultre, infamie ! Aujourd'hui encore,

    bien que la critique indpendante promen parlotitson scalpel, c'est peine si l'on est revenu de, cette

    insigne erreur, il laquelle une sentence de tribunal

    avilit donn force d'axiome.

    Qu'on me permette d'insister sur le, point doc-

    trinal, qui ;i pu donner lieu toutes ces hideuses

    calomnies: je veux parler du relvement de fa

    Chair.

    Pour lMifantin l'homme tant la fois et

    OO

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    connatre et de se diriger ; s'il s'gare c'est volon-

    tairement et sa volont doit le ramener dans la si-

    tuation qu'il a quitte. Son ignorance, n'est pas

    telle qu'il n'aitpu viter l'erreur. Il a dans sa cons-cience rudiment aire les indications qui doivent le

    prserver de sti chute, s'il ne les suit pas il est cou-

    pable, et la rparation est ncessaire dans la mesu.

    re de la faute. Dieu a mieux lait (pie les hommes, il

    ne, s'est pas content de. leur dire, : Nul n'est, censignorer la loi. 11 a, on peut dire, crit celle loi en

    eux-mmes, en leur mnageant (buis leur conscien-

    ce la possibilit de la lire. Il les met par elle en

    communication directe avec lui, e'esl-- dire avec

    lii vrit ternelle. La voit, la lit et la connat quiveut,ds qu'il est arriv, 1 tal intellectuel et cons-

    cient. Qui transgresse une loi. sait sa faute, et sa

    conscience, lui en montrera, lot ou tard, la rparti-tion invitable.

    Dieu a

    loi

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    nrlendus carts qui ne sont que la consquence

    de sa nature et un des moyens voulus par le Cra-

    leur lui-mme pour amener l'esprit au but qu'il lui

    u fix.On comprendra qu'un pareil -symbole ne pou-

    vait tre accept de gal de, coeur par la masse

    (lesoroyanls. Considrer le corps comme une quan-

    lif apprciable, abroger de la sorte le mmento

    uiiia pulvis es, c'tait l une hrsie digne de toutesles foudres canoniques. El pourtant Jsus lui-

    mme n'a-l-il pas quelquefois song au corps ?

    (Ju'on se, souvienne de la Madeleine, versant une.

    urne de, parfums sur ses pieds divins, (ju'on se

    rappelle les noces deCana, qu'il honora d'un vri-table, miracle gastronomique. jN'ii-t il pas lav les

    pieds de, ses disciples le jour de la Cne ? Les

    paraboles vaiigliques ne. sont-elles pas, cha-

    que verset, remplies de comparaisons, qui prou-

    102

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    mis en honneur ce mpris absolu de l'tre mat-

    riel ; les anachortes, les slylile.s, les Simon, les

    Labre, nous ont gt Jsus.

    V

    Un autre point sur lequel Enfantin se rapproche

    plus de l'ide chrtienne qu'il ne semble le croire lui-

    mme, c'est le relvement de la femme. L'homme

    et la femme, voil'l'individu' social, s'crie-l-il

    d dans un de. ces lans oratoires, qui lui sont la-

    miliers ; l'ordre moral nouveau appelle la femme une vie nouvelle ; il faut que la femme nous

    rvle tout ce qu'elle sent, tout ce qu'elle dsire.

    (( fout ce qu'elle veut pour l'avenir. .

    Ai-je besoin de rappeler ici le cas que Jsus fai-

    sait de la femme? il l'accueille et la

    io3

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    io3

    nient unis, c'est l pour lui la vraie forme de l'hy-men idal. Mais combien peu possdent 1a profon-

    deur d'affection qu'exige cet hymen! Combien, Ucontraire, lgers papillons de l'amour, se plaisent- luthier toutes les fleurs, ne fixant leur sjour

    auprs d'aucune ! Pour un Othello, combien de

    don Juans! Mais ne croyez pas qu'il condamne ces

    derniers. Loin de l. Dans cette facilit -de volti-

    ger d'affection eu affection il voit Une vertu. S'il

    est plein de respect et d'admiration pour les cons-

    tants on amour, il n'est pas sans sympathie pour les

    volages. Satisfaire cette double n attire, et cependant

    lui imposer des rgles, l'harmoniser eii un iiiol.,tel est le but atteindre. C'est le. Couple-Prtre

    qui doit y conduire, l'humanit.

    Le Couple-Prtre- aura pour mission d'impo-

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    le toile de la genl clricale, le jour o ces thories

    transsudrent travers les murs de la petite Eglise.Comment! Mais n'est-ce pas l ce que font tous

    les jours vos prtres? Est-ce que vos confesseurs ne

    sont pas initis aux plus intimes secrets de l'al-

    cve? J'en appelle aux femmes que leurs maris ont

    encore la faiblesse de laisser aller confesse, le di-

    recteur de votre conscience n'csl-il pas le conseil-

    ler de, vos penses ou de vo-' actes, l'inspirateur de

    vos abandons ou de vos rsistances?Confesseur pour confesseur, je prfre encore le,

    Couple-Prtre. Je sais du moins cpioi m'en tenir

    son endroit. Je sais jusqu'o peut aller l'exercice

    du droit sacerdotal. Enfantin n'en lait nul mys-

    tre. Ailleurs, c'est le. contraire, d'oui, est sombre.On ne sait o l'on va. La thologie a des abymeso mon oeil plonge avec effroi. Lire le Prtre de

    Michelet et surtout, les divers guides de confesseur

    auxquels il renvoie.

    Pour Dieu ! donc

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    VI

    Le, 17 aot i(S3a, le Pre Enfantin et ses princi-

    paux disciples taient traduits devant la Cour d'as-

    sises del Seine, sous la double accusation d'attrou-

    pement illicite el-d'allehlal la morale publique,liie enqute, longuement labore dans l'ombre parles limiers du plus souponneux des gouvernements,avait prcd cet, clat. FUlle remontait l'poquedes runions de la rue, Taithoul. C'est ce qui expli-

    que la prsence dans celte affaire de diffrents per-

    sonnages qui. depuis longtemps, avaient fait scis-

    sion.

    Nous devons reconnatre leur honneur tous,

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    ractres, el vtu du costume d la Famille, avec

    cette diffrence que, pareil l'habit de Robespierre,le jour de la Fte de l'Etre Suprme, le sien tait

    d'un bleu plus clair.Les disciples suivaient, dans un ordre irrpro-

    chable, portant galement leurs noms brods sur

    le plastron du traditionnel gilet.Ce spectacle ne manquait pas d'une certaine

    grandeur. La foule se pressait sur leurs pas, fai-sant la haie, tmoignant d'abord plus de curiosit

    que de malveillance. Mais cette humour pacifiquene dura gure. Peu ii peu, elle se sentait envahie

    par cette colre ble du taureau et de ht femme hys-

    trique, qui s'attaquentaux tres les

    plusinoffen-

    sifs. Elle en voulait ces malheureux, d'avoir du

    rouge dans leur costume, de n'lre point vtus

    comme elle, dmarcher en rang, que sais-jc enfin?

    (Dette exhibition im.olilc. troublait son repos, aga-

    ait ses nerfs. Ce furent d'abord des murmures con-

    107

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    tes judiciaires ne fournissent pus d'autre exemple. Ne vous qualiliez-vous pas le Pre de f huma-

    nit ? Neprofessez-vous pas cpie

    vous tes la Loi

    vivante ? -- dit le prsident en s'adressant En-

    l'anfin. Oui, monsieur, rpondit le Pre avec

    u:i majestueux sang-froid.Mose Refouret est ensuite, interpell. Le prsi-

    dent le prie de prter serment. Le tmoin se tourne

    alors vers Enfantin :

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    voiren ce procs. LeJSamt-Sim.onisme n'tait pointune religion. 11 n'avait ni symbole., ni corps de.

    doctrine,ni

    dogmes,ni crmonies.

    Est^il besoin d'insister sur l'odieux de ces accu-

    sations?. La dfense des ides saint-simoniennes est

    tout entire dans les dpositions de Michel Clieva-

    liery'de Barrault, de Duveyrier et de Simon, et de

    d'Eichtal, leius conseils.

    Essayons de les rsumer,

    On prtendait que le Saint-Simonisme n'tait

    pas iiii'e religion. On reprochait aux disciples d'En-

    : fantin d'adorer un homme, accusation aussi injus-te que ridicule. Le Pre avait dit : Dieu est tout

    ce qui est. La plus simple logique le poussait, l'abrogation de la guerre entre l'espritet le corps,entre rintllig'ence et la chair.

    Il avait ajout : Nul de nous n'est hors de

    Dieu, mais nul de nous n'est en Dieu.' 11 de-

    og

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    128/390

    og

    ne saurait comporter ni uite., ni corps de doctri-

    nes. L'enqute judiciaire avait t pourtant assez

    minutieuse, pour que le tribunal st quoi s'entenir cet gard. Le Ministre public n'tait pasexcusable d'ignorer que les disciples du P. Enfan-

    tin avaient un symbole, des articles de foi, des cr-

    monies. On s'occupait Mnilmontant, il est vrai,des intrts

    temporelsdes

    fidles,autant

    quede

    leurs intrts spirituels. Mais n'en est-il pas ainsi

    dans toutes les religions ? Est-ce que les sectateurs

    de Brahma, aussi bien que ceux d'Odinou de Ma-

    homet, est-ce que les Hbreux eux-mmes n'a-

    vaient pas intimement uni la religion et la politi-

    que ? Le Catholicisme ne s'l.ait-il pas, lui aussi,

    proccup des grandes questions sociales ?

    Ne lui devait-on pas l'abolition de l'esclavage. ?

    Ne s'taif-il pas insurg contre le csarisme ? M.

    l'avocat gnral devait connatre ce mot typique

    1 O

    mais il en faut encore au catholicisme actuel, t-

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    moin le budget des cultes.

    Les saint-simoniens taient des hommes religieux.Ils l'avaient surabondamment.prouv, en abandon-

    nant, pour obir leur foi, famille, carrire, for-tune, en se livrant aux travaux matriels les plus

    vulgaires, la face cFulie socit, qui n'a que m-

    pris pour les proltaires, en affrontant les railleries

    de la foule, vtus du costume, que leur imposait

    leur religion. Quels taient, aprs fout, les hommesqui venaient ici mettre en doute la foi religieusede la Famille saint-simonienne ? des indillerents en

    matire le religion, des athes, qui voilaient d'un

    toile verte l'image de Jsus.

    Restait le chef d'accusation le

    plus grave

    : l'im-

    moralit ! Quoi,c'est tre immoral cpie de demander

    que les relations entre poux soient alfranchies de

    ce caractre d'exclusion et de violence, que le co-

    de leur impose ! c'est compromettre le principedu mariage que de vouloirinstifuer un Couple-Pr-

    111 _

    il un officiel o ert a c lte d la

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    il pas un temple officiel ouvert au culte de la

    Beaut, la religion de la Chair ?

    Eh ! quoi, c'tait cette socit, la plus corrompue,

    la plus fltrie, la plus gangrene, la plus immorale

    qui venait accuser les saint-simoniens d'immoralit !

    On ne pouvait faire un pas dans les rues, sans se

    heurter au libertinage patent et la prostitution

    qui aVait son quartier gnral au Palais-Royal,

    sous les fentres mme de la reine et de sa jeunefamille. -

    Ah ! on avait pens avoir raison de la doctrine

    d'Enfantin, en parlant du droit du Seigneur. Le

    droit du seigneur ! mais il existait clans cette in-

    fme socit. 11 tait amplement pourvu aux plai-sirs des honnte yens, et il y avait ct de l'ar-

    me des fils du peuple, chair canon, jete

    l'aggression trangre, l'arme des filles du peuple,malheureuses la condamnait aux

    112

    c'taient des hommes accuss d'attentat aux bon-

    nes l

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    nes moeurs, cpii le prononaient.Le 28 aot, Enfantin prit son tour la parole.

    Il se leva, grave et solennel, promenant autour de

    lui ces magntiques regards, que les plus impas-sibles ne supportaient pas sans trouble. Un long-frisson parcourut l'auditoire :

    On trouve mauvaise, immorale, et. pleine de

    fatuit, cette pense que j'ai mise; savoir que

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    eux le geste, la voix et surtout le regard du Pre.

    Mais bout de fatigue, ils suspendirent bientt la

    sance. A la reprise de l'audience, Enfantin con-

    tinua son plaidoyer, justifiant une une toutes

    ses thories, dclarant qu'il avait sans doute pr-ch la rhabilitation de la chair, mais aussi la

    sanctification de la beaut, la direction et la rgle

    desapptits physiques ;

    il avaitpris

    enpiti

    la

    misre du travailleur et voulu la reconstitution de

    la proprit sur des bases quitables. L'orateur

    terminait par une apothose enthousiaste de la

    femme :

    Ma parole est celle de l'homme prcurseur de celle de la femme, messie de son sexe, qui doit

    la sauver de l'esclavage (l'esclavage qui est la

    prostitution), comme le Christ a sauv l'homme

    d'un autre esclavage. J'ai prparer l'affranchis-

    - n4 -

    Enfantin, Michel Chevalier et Duveyrier se virent

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    ycondamner un an de prison et cent francs d'a-

    mende. Rdrigues et Barrault en furent cpiittes

    pour cinquante francs d'amende.

    VIII

    Les dbats une fois clos, le cortge se reforma

    comme la veille et l'avant-veille, et l 'on se remit

    en marche pour Mnilmontant. La pluie tombait

    torrents. Quelques curieux suivaient de loin,

    mlant des cris hostiles aux injures du ciel. Maisrien n'altrait la srnit de ces intrpides vain-

    cus ; ils allaient, le front grave, les yeux rayon-nants de foi, chantant foute voix les hymnes de

    Flicien David.

    Loin d'teindre la ferveur des fidles del tit

    ib

    commun des fruits du travail de chacun d'

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    en commun des fruits du travail de chacun d'eux,

    faisant ressortir de la pratique de cette vie de,

    solidarit l'exemple de ce qui sera-dans l'avenir

    la rgle glorieuse de tous les hommes entre eux.

    En fait, ces missionnaires tirent un certain nom-

    bre de conversions. On se groupait autour d'eux,

    hommes et femmes, attir d'abord parla singula-rit de leur costume, puis sduit, subjugu par leur

    persuasive loquence. Au bret, coiffure de l'ap-

    tre, au gilet et au justaucorps que nous avons pr-cdement dcrits, ils avaient ajout le collier sym-

    bolique, compos d'anneaux de diffrentes formes,

    qui reprsentaient,

    les

    phasessiicessives de la

    Doctrine. Le fermoir tait: une demi sphre, em-

    blme du monde social actuel, o l'homme seul

    rgne et gouverne. Pour que l'oeuvre saint-simo-^

    nienne s'accomplisse, il faut que la femme ait s.a

    moiti de ' t di d

    n6

    Un jour entre autres comme on faisait la con-

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    Un jour, entre autres, comme on a sa t a co

    duite Jules Mercier, les