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Thiers, Henri (01). Henri Thiers. Au bord du Nil. Isis et Osiris, fragment de l'histoire primitive.... 1876. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].

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Egypte

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  • Thiers, Henri (01). Henri Thiers. Au bord du Nil. Isis et Osiris, fragment de l'histoire primitive.... 1876.

    1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numriques d'oeuvres tombes dans le domaine public provenant des collections de laBnF.Leur rutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n78-753 du 17 juillet 1978 : *La rutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la lgislation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La rutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par rutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produitslabors ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accder aux tarifs et la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la proprit de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code gnral de la proprit des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis un rgime de rutilisation particulier. Il s'agit : *des reproductions de documents protgs par un droit d'auteur appartenant un tiers. Ces documents ne peuvent tre rutiliss, sauf dans le cadre de la copie prive, sansl'autorisation pralable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservs dans les bibliothques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signals par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothquemunicipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invit s'informer auprs de ces bibliothques de leurs conditions de rutilisation. 4/ Gallica constitue une base de donnes, dont la BnF est le producteur, protge au sens des articles L341-1 et suivants du code de la proprit intellectuelle. 5/ Les prsentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont rgies par la loi franaise. En cas de rutilisation prvue dans un autre pays, il appartient chaque utilisateurde vrifier la conformit de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage respecter les prsentes conditions d'utilisation ainsi que la lgislation en vigueur, notamment en matire de proprit intellectuelle. En cas de nonrespect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prvue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute dfinition, contacter [email protected].

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  • HENRI THIERS

    AU BORD DU NIL

    ISIS ET OSIMS

    FRAGMENT DIS L'HISTOIRE PRIMITIVE

    EXTRAIT DE LA REVUEDE FRANCE

    PARISIMPRIMERIE TYPOGRAPHIQUE DE A. POUOIN

    13, QUAIVOLTAIRE,13

    1876

  • AU BORD DU NIL

    ISIS ET 0S1R1S

    FRAGMENTDK L'HISTOIREPRIMITIVE

    Uno visite au Dosphoreou aux Pyramides est, do nos jours, laportode tout le monde. Deuxmoissuffisentpour traverserla Mdi-terrane,voir lesbordsdu Nil, voquer, Thbcs, les souvenirspha-raoniques,saluer, au Caire,la civilisationmusulmane ou ce qui enreste, s'emplirles yeuxdo tous les enchantementsdo la couleuret dela lumire. Aussi les relations de ces facilesvoyagesont-ellesrare-ment le don d'intresserle lecteur. On lui a dit ces chosesdans tousles styles. La peinture a vulgarisles sites, les types,voire le soleildel'Orient. Il semblequ'il n'y ait plus rien connatrede cessplen-dldes contres.Jamais cependant les apparencesn'ont t si trom-peuses.On a gnralement, en France, sur l'Egypto moderne, desdonnesbien Incompltes; mais, sauf quelquesrudits, personnen'yconnat l'gypto des premiers temps. Cette ignorancen'a rien d'ail-leurs qui puissesurprendre. La rvlationde ce monde antique date peine d'un demi-sicle.Champolllonle jeune, en dcouvrant lesystmede l'criture hiroglyphique,a rendu la parole ces pierresternelles, tmoinsmuets, avant lui, du plus merveilleuxpass.

    Danscevoyagea traverslesruines, les exgtesqu'il faut suivre,cesont donc les continuateursde Champolllon: Blot,Lettonne, Lenor-mand,de Roug,Chabas,pour nociter que les matres de l'ruditionfranaise. Il faut accompagnerMarlette-Beydans les palais et les

  • 4 .

    temples qu'il a dcouverts et dblays, lui demander l'histoire desmonuments qu'il a conquis sur le dsert, et l'explicationdes inappr-ciables richessesarchologiquesrunies par ses soins dans le musedo Boulq. C'est co point do vuo quo jo proposeau lecteur de mosuivre-sur les bordsdu Nil.

    I

    Supposonsun instant quo la vuo puisse embrasser uno tenduedodeux cents lieues; l'Egypto apparatrait, au milieu d'un ocan desables, comme-uno longue oasis. Un double ruban do verduro suitle cours des eaux limoneuses.A drolto et a gauche, so dveloppentdes coltinesnues, striles, grs et calcaire aux tons criards. Les deuxchanes vont en s'abaissant vers le nord ; elles se soudent,au midi, un massifgranitique qui constitue, Syne, la portodo l'Egyptesurla Nubio et la dernire cataracte quo le Nil franchisse.A partir doce point, aucun affluentn'alimento lo fleuvo; il suit, aveo uno ten-dance l'ouest, son coursmajestueuxet solitairevers la Mditerrane.La terre vgtaloatteint a pclno lo pied des monts chauves; parfoiscllo no s'tendgure qu'a uno deml-lieuodes berges. Vers lo Fayoumet l'ancien lac do Moeris,la valle s'vaso cependant; mais bienttelle se resserreencore, jusqu' ce quo, au del du Caire, les eaux sedivisent et crent ce vaste jardin, lo Delta, qui s'arrondit en ventailvers la mer.

    Cepays est superbe, doux et terrible. La nature y saisit d'abord lovoyageur. Tout lui parat nouveau, trange II reoitla mme Impres-sion s'il observo les moeurs des riverains du NU; mais son tonne-ment n'a plus do bornesquand, mettant profit les dcouvertesrali-ses depuis le commencementde ce sicle,il interroge, sur le passde l'Egypto, les ruines qui jonchent lo sol. C'est alors qu'il reconnatl'exactitude do cette observationd'Hrodote: Lesgyptiens viventsous un ciel a eux propre; leur contre est arrosepar un-fleuvequidiffre do tous les autres fleuves; enfin, Usont tabli des coutumeset des loisopposes,pour la plupart, a cellesdu restedes humains.

    En mme temps qu'on est impressionn par la singularit dupaysage, quelque choso d'indflnlssablo,comme ml l'air qu'onrespire, vous pntre, et, par uno action lento mais implacable,agitsur vos facults.Cette tide atmosphre nerve l'esprit. Ces vastesplaines du Delta, verdoyanteset gracieuses, mais d'une accablantomonotonie, jettent l'Amedans uno sorto d'engourdlsscmontplacidequi n'est ni la mlancolloni l'ennui et qu'on ne peut dcrire. Unciel bleu, clatant, sans nuages; un air chaud qui porto aux rves

  • I- 5 -du demi-sommeil; une terre si feondoqu'elle donne, presquosanstravail, jusqu' trois rcoltesdans l'anno ; un fleuvebni, crateur,une providence: voil l'Egypte. Le dsert mouvantet aride s'agitesur ses flancs; mais l'oasis a lo NU et se rit du dsert. Naturecharmante,merveilleusel Son souvenir resto jamais vivant dansl'imaginationdu voyageur. Il n'en reoit pas cependantuno Impres-sion unique. Aucune contre no subit plus do mtamorphoses,norevt des aspectsplus divers. Est-co un den dofertilit et do fra-cheur? Un dsert aridoet brlant ? Unomer maillod'iles et semode barques? La valleoffre,tour tour, cesdiffrentsspectacles,ellopassopar cestransformationsbien caractrises.

    Tandis quo l'hiver blanchit les campagnes do notre Europe, losol dploieici un luxe magnifiquede vgtation.Des rivages de lamer Mditerranenu del do la premire cataractodu NU,l'Egypton'est qu'une ij.-.mensoprairie. Tout croit avecunoactivit prodigieuse,Les moissonslvent et grandissent. Les fleurs abondent.Les fruitsfont ployer les branches. Uno sve cralrlco clrculo dans lo limonhumide. L'automnehtlvo suit co printemps prcoco; la verduresuccdentlesjaunes piset lesproductionsvariesdocelte inpulsabloterre.

    Ulentt l'aspect gnral change. Lo sol so dessche.Les champ?,brlspar lo soleil,se crevassent,Lolimon dovlentgristro,et, rduiten flno poussire,so dispcrso tous les vents. Les chameaux,lesbuffles altrs, haletants, no trouvent plus qu'une paturo Insuffi-sante et, do leurs narines dilates,cherchent,dans l'air embras, lestracesdes courants qui viennent"du Nil. Les eaux du fleuvobaissentdeplus en plus. I soleildevient terrible. Con'est plus uno lumiroqulclatro; c'estune splendeurqui aveugle.Con'est plus la chaleurqui vivifie; c'est la flammequi dvoro.

    Quelquefoisl'astre se lve,clatant, dans l'azur d'uno telntochaude.Soudain son disque s'obscurcit. Un pais brouillard rousstre sorpanddans l'atmosphroardente. Le globosolaire,sans rayons, rougocommebraise, monto l'horizon. On respiredo la flammo.Unopous-siresubtile vous pntre, voussuffoque Le plus grand calmorgnodansl'air. Il sembleque la nature soit dans l'attento d'un phnomnoeffrayant.Le Nil s'agitesanscausoapparente; il devient tumultueuxcomme si ses flots taient remus par uno forcemystrieuse.Tout coup,un vent furibondso dchane Les arbres ploient. La rafalecourbo jusqu'au sol les hautes tiges des palmiers. On vit dans unofournaise. Lobrouillardfauve,pour tre ardent, n'en fait pas moinsrgner, autour do vous,un bloulssementsinistre qui ressembleauxtnbres.Dans le voisinagedu dsert,le sableest souleven trombesnormes qui so dressent en tournoyant dans l'espace; tantt elles

  • 6 restent immobiles, tantt elles s'allongent, comme de gigantesquesreptilesdans l'immensit desplaines. Cevent terrible, c'est lokhamsin,ainsi nomm parce qu'il so manifeste, intervalles plus ou moinslongs,pendant une priode do cinquante jours ',

    Nouvelle mtamorphose. Accru dans ses sources lointaines, le Nilpeu peu s'ivo. Il sort enfin de son lit et couvre les champs deses flotslimoneux. L'Egypte prend alors l'aspect d'une mer seme devillages; des barques pavoisesvont do l'un l'autro, tablissant descommunications joyeuses entre ces lies phmres. Les eaux sjour-nent ainsi quelque tomps sur la terre desscho,apportant, avec leprincipe humide qui fconde, une paisse couche do limon qui tientlieu de tout engrais,

    Lo paysagoso modlfloencore Lo Nil abandonno la campagne trans-forme en vastes marais, l/s fellah* confie la torro les diversessemences,et l'Egypto entre dans son merveilleuxprintemps.

    On voit que trois voyageurspourraient faire de la valle trois des-criptions ditlrentes et galementexactes. Coqu'il y a de plus remar-quable dans cesphnomnes,c'est la ponctualit avec laquelle ils seproduisent. Non-seulement l'indlgno prvolt ces variations, mais illespressentsousl'influencedocertains symptmesavant-coureurs.Toutest rgulier dans cetto nature singulire ; tout est rgl dans les habi-tudes du peuple. Aujourd'hui, comme dans l'antiquit, des ftesontlieu qui ont pour unique objet de consacrer les diverses phases del'anue. El-chanvei-nsim, l'aspiration des brises so clbio vers lafin de mars. Ds avant l'aurore, la population du Caire se porte onfoulodans les jardins publics. Chrtiens et musulmans vont respirerles derniers zphirs. Les jours suivants, et quelquefois ce jour-lmme, commencola priode du Khamsin : la valle est en proie ausouffle brlant du dsert. Lorsquo les eaux du fleuve atteignent leniveau dsir et pntrent dans le canal qui traverse lo Caire, dograndes rjouissances ont lieu. C'est la Ondes chaleurs dsastreuses

    gypto va tre fcondepar lo NU.

    II

    La science,d'accord aveclesplus anciennes traditions, nous montre, uno poque trs-loin do nous, la place de cette riche contre, unvastegolfede la mor\ Les flotsvenaient so briser sur le massif gra-

    1. Del'arabeKhamsin,Cinquante.2. Lepaysangyptien.3. Hrodote,1.11,4,5,11,sqq.;15.Dlodore,t. I, 31.Strabon,1.1,53,

    Cl,sqq.Voyexaussi: DescriptiondeFEgypte,les Mmoiresde Girard,d'An-dreosiy,etc.Dlie,Lettresgologiques,etc.

  • nlttque de Syae. * Anciennement, dit Plutarque, Egypte estoit hmer, de manire qu'eucore presque,aujourd'hui*, dedans \?s mineso(il'on fouilleet parmi lc3 montagnes,l'on trouve forcocoquillesdemer, et toutes les fontaineset tous lespuits, qui sont en grand nom-bre, ont l'eau saumtre et amro commeestant encore un resto etrservedo la mer qui serait l coulo'. Ces faits ont t, do nosjours, observs do nouveau; les savants da l'expdition franaisoenont constat l'exactitude. Il est certain que les flotsont couvert cettocontre. Un mlnentgologueattribuo la retraite deseaux l'appari-tion soudainoet terrible des volcansdo la Mditerra i-e,et dosconsi-drations intressantesvUnnent l'appui do cetto opinion*.Quelleque soit d'ailleurs la cause do co phnomne lo golfe devint, d.msces tempsreculs,une plagosemblableaux dsertsdu littoral africain.Soit que la violencedo la secuisso volcaniqueait amenla rupturedo la chane transversale qui relie, Hyne,les monts arabiquesceux do la Libye,soitquo l'cartemoutdesrochesgranitiquesait unoautro origine, lo massif s'ouvrit, uno poque antlquo, aux eauxfertilisantes du Nil qui antrieurement, arrtes par cet obstacle,suivaient un cours plus occidental.Lo fleuve so rpandit alors surla plagonrido: c'est en comomentquonuit l'Egypte.

    L'uspect seul do la cataracte rvle la nature du phnomnequis'est accomplien colieu. Cesroc3taills pic, do structiiro trange,appartenant tousau mmo terrain et et l entasss les uns sur losautres, attestent la pulssanco do la secoussoqui brisa ce tronon domoutagnod'apparencoindestructible.

    Les flots du Nil commencrentdonc Inonderlo sol infcondmis nu par la retraitdo la mer ; lo limon qu'ils charriaient couvritcettonrnoarido. Desmarcagesso formrent.Maisloventdu dsert,soulevantles sables,annihilait l'oeuvredu NU. La terrofertile,encorefalblo,disparaissait.Le fleuve, toujours valr.cu, n'en continuait pasmoinsd'apporter le tribut de ses alluvlons. Peu peu, la vgtationdevint possible; le khamsin fut Impuissant la dtruire La prsencede l'homme est indique cettopoque: en runissant les eauxdansun lit unique, il rgularisa leurs dptset cra,coutroles envahisse-ments du dsert, une barrire dfinitive. Ainsi lo fleuve,secondparle gniehumain, parfit sa vallejusqu' cequ'elledevnt cettoEgyptesi merveilleusementfcondoqui nourrit un peuplepuissant.

    C'est cescirconstancesquo la contredoit la singularitde sa con-formation.Creusezle limon, vous trouvez lo sable marin. La vg-tation expireaux limitesextrmesquo les eaux atteignent: o le flot

    |. D'/iuttdQtirii (attribui Plutarque),traductiond'Amyot.2. liodeBeaumont.Noticesurlestystimtdemontagnes,p. 1110,

  • ~ 8 -;s'arrte, e'est le dsert. Le phnomne de l'inondation se produit dansdes conditions exceptionnelles. Le limon charri par lo Nil, abondantau point de dpart, se dpose en couches do plus en plus minces hmesure quo les eaux s'loignent des berges. L'exhaussement annueldu sol suit ainsi une progression dans laquelle le lit du fleuveoccupele point culminant, la terre dclinant droite et gauche. Ce faitexpllquo comment les dbordements, attendus et rgls par le fellah,sont pour l'Egypte une source de fcondit, tandis qu'on les redoutepartout ailleurs : Ici, en effet, au Heu de couler dans le fond de lavalle, lo flot so dveloppesur uno crto*.

    Dans de telles conditions gologiques,il est vident que l'emplace-ment de Thbes a seul t habitablo d'abord, et la tradition recueilliepar Hrodote est, en ceci encore, conforme aux conclusions de lascience: Mens, dit le voyageur grec, fut, au compte des prtres del'Egypte, le premier des hommes qui rgna sur le pays, lequel, exceptle nomo de Thbes, tait tout entier en marais, rien de cette contrequi existe aujourd'hui au-dessus du lao de Moeris ne se montrantalors hors de la surface do l'eau.

    Hrodote dclare qu'il so fait l'cho de la sclenco sacerdotale Lopassagequ'on vient do llro est effectivementen parfait accord avec lestraditions religieuses. Ce sont ces lgendes sacres, conserves dansles sanctuaires, qu'un crivain national, Manthon, prtre de Scben-nuytus, a mis en oeuvre dans son histoire dont nous no possdonsmalheureusement quo des fragments plus ou moins altrs 1. Toute la

    1. Voy.Grard,MmoiresurFagriculture,toc.cit.2. D'aprsl'opinionla plus gnralementaccepte,Manthon,gyptien*t

    appartenantau sacerdoce,crivitengrec et entroislivresl'histoirede onpays,depuisles tempslesplusreculset d'aprsles crituressacres.Tousles frag-mentsde cetauteurnoussontparvenusparl'intermdiairede Josphe,d'Eusbeet de Georgele Syncelle.Ils sontdedeuxsortes; ils nousdonnent: 1*tessriesdesPInraonsdepuisMens,groupsen dynasties,et antrieurement Mensdesdynastiesdivinesquiembrassentplusieursmilliersd'annes;2quelquesIndica-tionsrelatives l'invasiondeshyesosou pasteur.

    Personnen'exprimeaujourd'huile moindredoutesur la trs-grandevaleurdesrenseignementsquecesprcieuxfragmentsnousfournissent;Marlette-Beylesconsidreavecraisoncommele meilleurguidequenouspossdionsaumilieudestnbresquicouvrentl'histoiredo l'Egypteancienne.Lesdivergencesd'opinionsne portentque sur l'poque laquelleManthona vcu.Le Syncellecofaituncontemporainde PtolmoPniladelphedansun passageo it citeune lettreduprtrede Sbcnnytus cesouverain.Lescriboy ditau roi: Je doism'occuperde toutesleschosessur lesquellesil to plaitde m'inlcrroger.Tu me demandescequi doit arriverde l'univers; je vaismettre sous tes yeux,pour obir&tesordres,leslivressacrscritspar Herms,l'aeultroisfolsgrand. LescritsdeManthondateraientainside la premiremoitidu troisimesicleavant notrere. Unsavant,M. Havet,descendraitvolontiersunsicleet demiplustard.

  • o

    premirepartie de ces annales, la srie des dieuxqui auraient rgnsur le pays durant un nombre stupfiant d'annes, me parait con-server, dans leurs lments essentiels, les mythes successifsqui per-pturent, dans les temples,le souvenirdela gensemmedel'Egypte.Les matriaux, les monuments font ncessairementdfaut la criti-que pour tudier ces dynasties divines, Mais quand l'archologuomanquodo textes consulter, lo gologuolui vient en aide. Celui-cilit en plelno naturo; la terro est l'imprlssablo monument qu'ildchiffre.Nous allons voir do quelle lumlro Inespre les phno-mnes physiques,rapprochsdo la lgende,clairentcette page d'his-toire avant l'histoire. Tout s'oxpliquo,les dates aussi bien que lasuccessiondesdieuxdynastes. A travers le rcit symbolique,les diff-rentes transformationsdo la valle du Nil s'aperoiventsans aucuneffortd'imagination: c'est la cration mme de l'Egypte quo racon-tait lo prtre dans la lgende d'Osiris. Voici les principaux dtailsdo co mythe clbre.

    La desseNout, unie au dlou Seb,enfanta, dans les cinq jours com-plmentairesde l'anne ,lesdieuxOslrls,Haro5rlsetSet,que lesGrecsappelaientTyphon, et les dessesIsls et Nephtys.

    Osirls connut sa soeurIsis ds lo sein do sa mre; de cetto unionnaquitHarorls,considrtantt commefrre,tanttcommofilsd'Oslrls.

    La premiremanifestationdu coupledivin eut lieu sur les bords duNU.Lodieu apprit auxgyptiens cultiverlosolquo la dessodotadovgtation.

    Cependant le rgno du bienfaisant Osirls fut interrompu par lestramesdoson frre Set.Codieu mchantcherchad'abord lodtrner,tandis qu'il allait, au loin, faire la paclfiquoconqutedes peuples lacivilisationpar l'agriculture et l'industrlo. La fermetd'Isls djouasesprojets. Mais, Osirls tant revenu dans se3Etats, Set lui tendit desembches, russit l'enfermer dan3un coffre,l'y touffa et livra lecercueilaux flotsdu Nil.

    Dsqu'elle connut son malheur, Isls se mit la recherchedu corpsde son poux. Osirlsavait connu par mprisesa soeurNephtys,femmede Set, et II avaiteu d'elle un filssemblable* lui, nomm Anubis. Cofut avecl'aidod'Anublsqu'Isls retrouva lo corps de son divin poux.Elle lo cachadans les marais do Dutopour lo soustraire la haine deSet. Maiscedieu chassant,la nuit, la clart do la lune,aperut lecer-cueil et reconnutson frre. Il divisa le corpsen quatorzepartieset lesdispersa.

    1. Onsaitqueles anciensdivisaientl'annoen 12moislunairesdo30jourschacun,donnantensemble360jours,d'ola ncessitd'ajouter,aux 12mois,5jourspourcomplterlapriodeannuelle.

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    Isls,ayant eu connaissancede cet vnement,entreprit de rechercherlesmembrespars d'Oslrls, Elle parvint &les runir, exceptl'organede la gnration que certains poissonsdu NUavalent dvor.Ladessele remplaapar un simulacre et consacrale phallus.

    Quand elle eut reconstitu le corpsde sonpoux, quand Anubls eutInvent, pour lui, l'embaumement, Isls, assistedu dieu Thoth, ressus-cita Osirls par la puissance des paroles divines, Elle dposale cerouelldans 111edo PhlUequi devint le lieu saint par excellence.

    Cependant le fils lgitime d'Isls et d'Oslrls, Ilorus, grandissait dansles marais de Buto. Lorsquelo jeune dieu sesentit assezfort, 11songea venger son pre et dclara la guerro son oncle. Set fut vaincu parIlorus qui le dieu Thoth prta son aide. Les vainqueurs ne turentpas leur ennemi; Us l'masculrent seulement. Et, tandis que cettegrande lutte avait lieu, Osirls dfunt prsidait au combat. Isls eut dudieu, aprs sa mort, un fils n avant terme, boiteux et mutil, Harpo-crate '.

    Pour reconnatre le sens primitif de cette fable, il suffit de restitueraux personnages mythiques le nom des tres qu'ils reprsentent. Onest gnralement d'accord pour voir dans Osirls, le NU; en Isls, laterre; en Set ou Typhon, lo vent du dsert appel Khamsin; enfin, lamer dans Nephtys*. J'ajouterai, pour prciser cesassimilations,qu'Islsme parait avoir signifid'abord uniquement lo sol dpospar les eauxdu fleuve,en quoi ello est bien la soeur d'Oslrls, et je trouve, dans lavgtationdo plus en plus vlvacodont cetto terre se couvrit, lo fruit del'union divine, c'esi--diro Horus'. Anubis reprsente primitivementles terrains marcageux forms sur les bords do la mer par lo NUetprcisment lorsultat de ce que Plutarquo appelle l'adultro d'Oslrlsavec Nephtj s, lequel, ajoute-t-il, se reconnat quelques plantes quisourdent, entro lesquellesest le mlilot. Enfin, tous les savants sontunanimes en cequi concernolo dieu Thoth, l'intclligenco divine, inspi-ratrice du sacerdoce,qui so confond, dans les choseshumaines, avec lacaste des prtres.

    Lomythe d'Oslrls rappellodonc cetto priodo do formation pendantlaquello lo NUse rpandit sur les sablesqui constituaient lo sol entrela chaino arabiquo et les montagnes do Libye. Les alluvions du fleuveso couvrirent bientt doquelque vgtation. Mais lo brlant Khamsin

    1.Voy.Plutarque: DehideetOsiride;M. Emm.doRoug: tudesurle rituefunrairedesancuntgyptiens;Marictte-Bey: Noticesdu Musede Bouldq.

    2. Plutarque,loc.cit.3. Je suisicienparfaitaccordavecM.Jomard: Osirls,dit-il,c'estloNilj Isls

    estla terre fertile,Horusc'est son fils,ce sontsesproductions. DescriptiondeVgypteantique,t. II, ch.XII, 6,p. 19,sqq.

  • - il -Set desschaitla mincecouchedo limon et faisait disparatre lespremiers germesde fertilit qui s'y manifestaient.La lutte entre ledsertelle vent de feu qui en est commol'me, s'tablit avecla terreapporteetfcondepar le principehumtde,soninsparablevlvificateur.Lesol Islsrsiste.Matsle Nil, Osirls,sodveloppantverslonord et lo volumede ses eaux venant s'amoindrir par suite do leurabaissementannuel, la valleest plus quo jamais en proie au souffledvastateur. On put alors diro du euvoqu'il tait semblablo unhommotouffdans un cercueil.La terre embraselepleuro,cherchantavidementsesondes rafrachissantes.C'est sur lo rivagedo la mer, cet endroit o, par l'effetdescourantsmaritimes et desapports inces-sautsde Union, un terrain marcageuxs'tait formquo locours duNil so laissaitapercovotr.Danslo langagede la lgende, c'est Anubis,fruit de l'adultre d'Osirls avec Nephtys, qui dcouvre lo corpsdudieu.

    LoNUtait comme enseveli.Lo vent du dsertqui soufoprcis-ment l'poquedel't!age,en amoncelantet lles sables,dut creuserau fleuvedes lits multiplespar lesquels,au momentdo l'inondation,les eaux divisess'coulrentvers la mer, fait qui rpond trs-bienla dissminationdes membres d'Ostris par Set. Cependantla terrofertileso renforaitdo plus en plus. Les travaux des hommesvinrenten aldo la nature L'ondocratrice no so rpandit plus au hasard :l'intelligencehumalnolui traa unovolorgulireThoth secondoIslsdans la confectiondu cercueildoson pouxet ressuscitelo dieu par lavertu des parolesdivines. Losol s'est couvert d'uno vgtationpuis-santo.Horusa grandi dans les marais do Iluto, Dsormaislesenvahissementsdu d3ert trouveront une barrlro Infranchissable,lavallepourra braver lo Khamsin,Fait remarquable! La fablo constatequo Set n'est point Immolpar Horuset Thoth; les vainqueurs sobornent lo frapperd'impuissance

    Le vent redoutablene cessopas, en effet, do so manifester; mais ilne saurait dsormaisdtruire l'oeuvredu Nil. Le lieuo la traditionplaco lo tombeaud'Osirlsest aussi trs-slgnlflcatlf: c'est Phlfco,auseuil de l'Egyptol. Autre dtail du mytho qui concordeavec lesphnomnesnaturels : Osirls dfuntasslsto nanmoinsau triomphedoson frre, sa lutte avecHoruset la victoiredfinitivedu jeunedieu. Lo fleuve, quoique affaibli, no cesso jamais compltementd'arroser la contre. Enfin une dernire circonstancedu rcit attribu Plutarque, c'est la naissance d'IIarpocrate, VHop-pe-Khotides textes

    1. D'aprsDiodore,MosaintedePhlUetaitaccessibleaux prtresseulement.Le sermentle plusinviolabledes gyptiensconsistait jurerpar Osirlsquirepose Phlla:.

  • 12

    hiroglyphiques,Horus enfant. Cedernier n d'Oslrls, venu au mondeaprs sa mort, boiteux et mutil, correspondbien ce me semble laplus rcente cration du NU,le Delta, qui, l'poque o furent coor-donns les lments de la lgende, touchait probablement encoreau chaos.

    Cette tendance exprimer des idesabstraites l'aide de3mythes estbien conformoau gnie des peuplesprimitifs. En voiciun remarquableexemple cit par M. Guignlaut, le savant annotateur de Creuzer :Les Arcadiens avalent conserv le souvenir do l'invasion de leurpays par la mer et la strilit qui se prolongeajusqu' ce quo lesalluvlonsdo leurs rivires eussent rendu au sol la fcondit. Le pote-gologuedes premiers jours do la Grce racontait ainsi ces phno-mnes naturels : Crs, ayant t violopar Neptune, demeura long-temps Irrite.Sa colrecessaquand elle so fut baignodans lo fleuveLadon.>

    III

    Je croisavoir mis suffisammenten lumire la significationprimitivedu mythe d'Oslrls par le simple rapprochementdes faits de la lgendeavec lesparticularits gologiquesque prsente l valle gyptienne.Le dveloppementsculaire de la civilisation pharaonique est toutentier en germe dans cette fable.Avant de suivre les transformationsprogressivesde cette gense potique du pays do Kcm, il est intres-sant de rechercher, dans cette antique conception, les traces do lapriode anthistorique des dynasties divines qui ouvrent les listesroyalesdoManthon.

    Lescrivains grecs et romains plaaient les dbuts de l'Egypte dansles temps les plus reculs. Certaines traditions faisaient remonterl'existencedes riverains du Nil une poqueantrieure l'apparitionde quelques-unsdes astres,. Simpliclus donne une date norme, l'an630,000,commecellede leurs premires observationscrites! Diognede Larte descend l'an 48,803avant Alexandre. D'autres auteursrduisent cenombre d'annes 30,523.Enfin, Diodorede Sicile, rsu-mant cet gard l'opinion des anciens, dit que les observationsdesgyptiens remontent un nombre incroyable d'annes*.

    Manthon, Interprte autoris des traditions sacerdotales,place, eneffet, avant Mn3,premier roi humain, des dynasties de dieux dont

    1. Voy.le Scoliasted'Apollonius,IV,263.2. Voy.montudesurlesmythesreligieuxdel'Egypte,Revuecontemporaine,

    15septembre1866.

  • 13

    les rgnescomprennentuno prlodod'environ 2*>,000ans. Dans cettesried'tresdivins,la lgendod'Osirlsme parat conserverle souvenirde cequoloprtredoSbennytusappellel'poqued'Osirlset d'Isls. La fable embrassomme, dans son dveloppement,le rgnedo Seb,prod'Oslrlset s'tendjusqu' l're deMa. L'ordrodesuccessionest lommedansl'historiennationalet dansle mythe.Celui-cinousfournitles rgnesdo Seb, d'Osirls, de Set, d'Horus et deThoth. Lo tableauquol'on trouvedans la traduction armnienned'Eusboest identique.Au rgne deThoth succdel'poquo deMa ou dojustice. C'est l'god'or gyptien.NoustouchonsIci cestempsreculeso, deseffortsper-svrantsde l'intelligencehumaine, rsulta, pour l'Egypte,une re doreposet do prosprit.Lorgne doMa,abstractionfaite dela date quilui est assigneparManthon,dut offrirle spectaclod'une organisationsocialedjperfectionneUnsavant, M. Rodlcr*, fait remonter cestemps si loin do nous, l'institution de l'anne de30.jours. Il est effec-tivementprobableque c'est pendant cetge d'or de la valledu NU,que seforma,dessouvenirslaissspar lesphnomnesextraordinairesauxquels les anctresavaient assist, cetto lgende d'Osirls dont lesacerdoces'empara et qui opra une transformationdcisivede lacroyance religieuse Plus tard, en formulant le mythe, le prtre yrattacha sansdoutola rformedu calendrier. Le trait attribu Plu-tarque semble confirmercetteopinion.Lo Soleilayant mauditRha,sonpouseInfidle,la condamna n'enfanterni dans le moisni dansl'anne. MaisHermsdsirant s'unir cettodesseet avoird'elledesenfants,joua auxdsavecla Lune et lui gagnala septentimopartie dechacunede sc3illuminations dont il fit cinq jours qu'il ajouta auxtrois cent soixantedel'anne. Cesontcesjours quole3gyptienscl-braient et solennisalcntcommetant ceuxde la nativit des dieux*.Ce procdest bien, du reste, dans lo vritable esprit sacerdotal.L'annedetroiscent soixante-cinqjours n'estplusainsi une dcouvertedu prtre astronome;clicest rvleauxhommespar le faitde la nais-sancedes dieux.

    Lo premier corps d'histoire lgendaires'anvtapeut-tre l'poquodoPhr ou rgnodu Soleil, qui sembleavoir t pour l'Egypteaumoins, sinon pour toutes les religionsdu berceau de l'humanit, lapriodeprimitive.Nous trouvons,au delde Seb, le rgnedeKnub,le Knouphis des Grecs dont le nom gyptien est Notim, le principehumide viviflcateur.Ledieuest reprsentavecune tte deblier,sym-bolede l'ardeur cratricedu principeactifde la nature. Il tait vnren Nubieet particulirementaux cataractes, la rgiono se versent

    1. Rodier,Antiquitdesraceshumaines.2. Plutarque,DeIsideet Oriside.

  • 14 les eaux, comme disent les lgendes hiroglyphiques. Un papyrusdu muse de Boulq nous le montre assimil Osirls dans un rlefunraire; Noum n'est peut-tre qu'une forme archaque de cettegrande figuredivine.Champolllonlo jeune pensait que les pardres dudieu, les dessesSat et Anouk, pouvaient tre les formes primitivesd'isis et de Nephtys. Quoi qu'il en soit, le rgne do Knouphis tablituno transition entre l'idoltrie solaire et la religion plus philosophiquedont le mytho qui nous occupedevint le point de dpart. Sa placeestdonc indique entre l'poquede Phr et celle de Seb, et c'est prcis-ment le rang quo lui assigneManthon.

    Lo rgne du Soleil1est videmment un souvenir du culte primitif.Il est certain, dit M. de Roug, que l'idoltrio solaire pntra profon-dment touto la religion gyptienne, depuis un temps trs-recul.L'apparition rgulire de cet astre qui semble rgner dans l'espace,l'clat de celte lumire devant laquelle les toilesplissent clipses,cette grande source de chaleur qui rpand sur la terre la fconditetla vie, parlrent ncessairement l'imagination des hommes. Lepres-tige dut tre singulirement puissant en Ethiopie, sous un ciel d'uneInaltrable srnit qui, selonDiodore,rendait co pays si favorablel'observation du lever et du coucherdes astres. La table du Soleil ,qu'on y voyait encore au temps d'Hrodote,tait peut-tre un derniervestigede cette premire expansiondu sentiment religieux. De mmoqu'ils indiqurent le rgne d'Osirls sur la terre d'Egypte, les prtresproclamrent celui plus ancien du Soleil. Je crois avoir reconnu, dansun dtail do la lgende,la filiation de ces formes du culte. Haroris,ce dieu frre et fils la fois d'isis et d'Osirls, cr avant que le coupledivin ft sorti du sein de Nout, qui est la personnificationmmede l'espacecleste,Haroris, Horus an, me parait symboliser la con-tre fertilise par le Nil avant que le fleuvepntre dans la valled'Egypte, c'est--direl'Ethiopie. Bientt la contre et le culte primitifqu'on y professaitse confondirent.Haroris rappela cette poqued'ido-ltrie solaire,ce rgne du Soleil mentionn par Manthon. Noustrouvons en effet constamment dans les textes hiroglyphique) ledieu identifi avec cet astre.

    C'est ainsi que le mythe d'Osirls transforma, sans l'annihiler, lacroyancedes premiers jours. Il rvla, aux sagesdo l'Egypte, tout unmonded'Idesnouvelles,en montrant la nature anime par la divinitmme. Nous allons voir bientt le prtre s'lever la conceptiond'unDieuunique, cause initiale do tout ce qui existe et seul existant enralit. La premire trace de ce progrs dcisifde la pense sacerdotale

    1. PhrouPhra,le Soleil,et pluscommunmentRa,Soleil,sansl'articlemasculinsingulierPh,le.

  • 15 se trouve dans le rgne qui ouvre la srie desdynastiesdivines : lergne de Phtah. Phtah est l'ouvrier divin, celui qui donne la forme(totonen). Crateurdes astres, de l'oeufdu soleilet de la lune, c'estlui qui a suspendula votedu ciel.Par lui a t dpos,dans lo seinde la matire,le germequi l'oblige se renouvelersans cesse.

    Nous abordons ici la religion gyptienne dans ce qu'elle a deplus lev et do moins connu. Avant de suivre ce dernier dve-loppement du mytho d'Oslrls, nous devonsconstater un fait impor-tant : mesurequ'on remontevers aie rgne dePhtah , on se trouvoen prsenced'une hlstoiro lgendairecomposeen des tempsplus prsde nous. Il est certain quo l'Egypte n'a pas dbut par le mono-thisme ; or, la conceptionqui se rattache Phtah est essentielle-ment monothiste. Ds ce moment, les nombreuses divinits dupanthon gyptien ne sont plus que des noms divers appliqus l'tre primordialcone'dr comme crateuret dans ses rapportsavecl'homme. Elles reprsentent les modificationsdu premier principe,depuis le moment de la constitution do l'univers par la Sagessesuprme,Phtah ; la cration des tres et le commencementdu tempsavec le Soleil, Phra; la divine fcondit de la nature anime parKnouph, jusqu' la formation de l'Egypte et l'organisation dessocitshumaines auxquelles prsident les dieux osiriaques, ceuxqu'on peut appeler avec Dlodore les dieux terrestres1 . Lo carac-tre cosmogoniquedo ces dynasties ressort de leur ordre de suc-cession: la lgendea toute la logiqued'une dissertationphilosophique.

    M. Rodier,dont nous avon3dj rencontr le nom, a dmontr,avec beaucoup de sagacit, que le3 dates des divers rgnes divins,inscrits par Manthon, en tte de ses listes royales, correspondent,avec uno prcisionsingulire, certains phnomnesastronomiques,et l'auteur de YAntiquitdesraceshumainesen dduit la ralit histo-rique de cespoques.Les considrationsdans lesquellesnous venonsd'entrer, rapprochesdu fait trs-remarquableque constate ce savant,me semblent dmontrer au contraire d'uno manire dcisiveque letableau ds dynasties antrieures Mens,avecleurs datescorrespon-dant desobservationsastronomiquesreconnuesexactespa; la science,est l'oeuvreprogressivedu sacerdocegyptien.Cespriodesont dtredtermines,dans le secret des temples,au fur et mesure que s'yconstitua, pendant la longue dure des empires pharaoniques, lesystmereligieuxqui prvalutdans la croyance.Ces

  • 16

    d'interprtations, nousracontentdoncla crationuniverselle.Manthonles a placesen tte de ses annales par une penseanalogue cellequifait dbuter les livres doMosepar lo rcit do l'oeuvredes six jours. Laformo seule diffre. O lo lgislateur d'Isral dit : Au commencementDieu cra lo ciel et la terre, lo prtro gyptien s'exprimait ainsi : Au commencement fut lo rgne de Phtah ; et cetto indicationsuffisait l'initi des sanctuaires pour qui Phtah reprsentait la puis-sance cratrice distribuant les mondes dans l'immensit.

    IV

    Lo rgno do Ma , la dessede jusllco et do vrit, comprendpeut-tre celte priode do thou-atic pure au sein dolaquelle la civilisationgyptlenno a son berceau, o elle acquit sespremiers dveloppements.L'gyptologlo no possde aucun vestige do cette enfance; les plusanciensmonuments appartiennent aux successeursdo Mens. Or, huitsiclesenviron aprs ce premier roi humain, l'art nous offre, commespcimen... les grandes pyramides1...

    C'est sur le plateau septentrional do Saqqrah, dans le voisinagedulieu o fut Mcmphis, quoM. Marletto a mis au jour les ruines lesplusantiques, celles qu'il fait remonter aux trois premires dynasties. Dsco moment lo mythe d'Osirls constitue dj lo fond de la croyance.La doctrine religieuse a opr son volution dcisive. La traditionrecueillie par Hrodote est, ici encore, conforme aux rvlations destextes hiroglyphiqueset des scnessymboliques. D'aprs lo voyageurgrec, Mens fondeMcmphis, la ville do Phtah. Or, l'Ide de Dieuquise raltachc Phtah est cellommede la Causepremire et immatrielle,conceptionqui immortalisa, bien des siclesplus tard,lcnomd'Anaxa-gore et qui fut saluo en Grcocomme la plus glorieuse conqutede la philosophie. Avec Phtah, lo mythe d'Osirls revt sa dernireforme, celle qui assure l'Egypte sacerdotaleune placo part et desplus levesdans l'oeuvreaccompliepar la pensehumaine.

    Cette fconde lgendo se perd donc dans la nuit des sicleset l'onne peut mettre, sur son origine, quo des hypothses plus ou moinsfondes; nous no nous attarderons pas les numrer pour les prco-niser ou pour les combattre. Si les noms des personnagesque le mythemet en scne sont uno importation trangre, l'appropriation dudrame divin la nature de l'Egypte est si complteque la fableparaittre lo fruit spontan de l'imagination populaire. D'ailleurs, c'est decopremier symbolisme naturaliste que dcoule, commed'uno sourceintarissable, tout lo dveloppementreligieux, moral, social et politiquedes riverains du Nil. Homre place, sur le rivage du Delta, la grotte

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    de Proto, le vieuxptre de Neptunequi connat le secret des dieux.On ne pouvait contraindre le vieillard rvler la sciencesacre,sansmettre en oeuvrola forceet la violence. Il fallait triompher do sesartidces, l'treindro sans merci sous les mille formes qu'il savaitrovtir pour tromperla curiositdoshommes.Cettefictiondu poteestune imagovivante dola lgendeosirlenno.Tout est en elle;elle con-tient lo grand mystre quo l'oplnitro et puissant gnie du prtros'efforcerado pntrer. Gensedo l'Egypto d'abord,nous l'avonsvuodevenirpour lui la gensedu mondomme;puis, sa penses'levantplus haut encore,il rencontre l'ided'un Dieu unique, Intelligencesuprme,principeet fin de touteschoses.

    Comment cette grande lumiro s'est-ello faito dans l'esprit dol'hommo? L'immensit de l'universet la fragilitde l'tro qui lo con-templeont d sans doute s'emparerd'abordde l'imagination. L'effroidescenddans l'medu spectateur.Il adorecoqu'il redouteavecplusdoferveurque co qu'il aime. Peu peu, cependant, il prend conscienced'une puissance,qui est en lui, suprieuro la vigueur des fauves,l'imptuositdesmers, l'effrayante nerglodeslments.Co qui sopasseau dedans de lui est incomparablementplus admirableque lesmystrieusesbeautsdela terreet lesbrillantesnigmesdu ciel.Certes,sesyeux sont blouispar les hnomnusde la vie universelle ptris-sant et transformant lo mondesensible comme lo sculpteur l'nrgiioqu'il plio tous les capricesdoson gnie Mais dans son forintrieurrsidol'Intelligence Par elle tout lui est soumis.Elle conoit l'idefcondedans lo recueillementde sa pense; cette Iderevt une formevivante, s'incarno dans la paroleet possdealors une forceirrsistible.Voilco que l'hommea pu observeren lui-mme Dscomomentil adistingudeuxordres dophnomnes: ceux du mondosensibleet ceuxde l'me. Aussitt cettedouble question soposa : Qu'est la matire?Qu'estl'esprit?doubleproblmeque lesgnrationsse lguentsans enpouvoirtrouver la solution.

    Si cesdeux modesde l'existenceno peuvent tre dfinisdans leuressence,leurs conditionsspcialestombent cependantsous l'observa-tion; il est doncpermisdeprciser lo caractre qui leur est propre.Or, tout coqui est corporel tend visiblement la division, la plura-lit, au particulier, l'inertie; tout coqui est du domainede la vioctsurtout ce qui est intelligenceobit au contraire une loi d'union,cherchel'unit, aspiro la gnralit par uno activit incessante.Lamatiresemblen'avoirde forcequepour dtruire l'tre organis,pouren ramener les lments une strilit informe.reprsentantla seuleideconcevabledu non-tre; l'esprit, au contraire, possdel'Inextin-guibledsir deproduirela vie,detout fconderet fairerenatre.Sont-cedonc l deux tres trangers l'un l'autre dans leur cause comme

  • Il -dans leurs effets?A les voir aux prises, au sein de la nature, ils parais-sent exister dans un antagonisme ternel. C'est mme cette lutte quidevient la base du dualisme si nergiquement symboliro'dans Osirlset son frreSet. Cedernier personnified'abord le dsert, puis la matirestrilisante. Mais les deux divinits sont issues d'un mme pre,engendres par la mmo mre : elles ont une origine commune. Con-ception remarquable! Pour le prtre gyptien, lo mondosensible etcelui de l'intelligence proviennent d'une Causeunique.

    Mais alors lequel des deux principes est la Cause primordiale? Unfait incontestable, c'est l'action que l'esprit et la matire exercent l'unsur l'autre II y a donc uno affinit entra ces deux tres dont l'opposi-tion est teUecependantquo lojour et la nuit leur ont servi dosymboleset qu'ils sont dovenusles principes du bien et du mal. Quel esf.celuiqui engendre l'autre ? No faut-il voir dans la vie et l'intelligence quodos phnomnesdu mondo corporel,ou bien le mondosensible n'est-illui-mme qu'uno dgnrescencedo la cause intelligente? C'est la der-nire hypothsoqui semble avoir t considre commela vrit dansles sanctuaires do l'ancienne Egypte. La matire, abandonne elle-mme, y tait l'expressiondu nant. L'tre rel, le seul vivant, c'estl'intelligence Ainsi furent expliqus les mystrieux phnomnesobservs dans cette unit suprieure qui s'appelle l'homme. Fait biendigne assurment des mditations du philosophe! L'hommo rsume lomonde, il est la synthso vivante do la cration et c'est en quelquosorte par lui quo Dieuest prsent dans son oeuvre.Attribuer cettoorga-nisation intelligenteau concoursphmre do certaines forces propres la matire, c'est mettre uno hypothse qui no so fondo sur rien dedmontr, de positif, de scientifiqueet qui, de plus, rpugne la rai-son. L'expriencedes siclesest invariable sur copoint : nulle part lamatire n'engendre la vie par une nergioqui soit en elle, et encoromoins la voit-on engendrer l'intelligence; les tres organiss ne sereproduisent qu'en vertu du germe qui est en eux. Il y a donc unocause premire de tous les germes vivants. Dans aucun cas, en dehorsde l'homme, la vio n'est accompagnod'intelligence : il existe donc unprototype do l'homme qui est la source de l'intelligence et do la vie.Voil sans doute par queUes dductions le gnio sacerdotal parvint concevoirDieu commela suprme intelligence.

    C'est avec stupfaction quo l'on rencontre les premires traces deces vues sublimesaux confins des temps historiques, aune poquepourlaquello l'Egypte seule a conservd'irrcusables tmoignages.Le Nousd'Anaxagore n'est pas autre choseen effetque le Thoth des sanctuairesde Thbes et de Memphis.

    Thoth on s'en souvient est un des personnagesde la lgendeoslrlenne. La haute significationqui se rattache ce dtail du mythe

  • 10ne s'aperoit pas tout de suite dans le rcit attribu Plutarque. Onsedemandequel est ce dieu qui intervient, au derniermoment, dansla lutte engageentre Set et Horus et qui manifestetout coupunepuissancesans l'appui dolaqueUele triomphede la bonnecausen'au-rait pu tre obtenu. Horusest filsd'Oslrls, mais la DUationde Thothn'est point Indique.SI nous consultonsles texteshiroglyphiques,Usrpondent que Thoth est apparu commeun tro non engendr.Ceciest uno rvlation.Nousabordons,avec ce personnagedivin, loctmtaphysiquedu mytho naturaliste d'Osirls.Le prtre avait trs-nettement aperuDieudans sesoeuvreset l'y adorait.Mais lui-mme,ce qui, en lui, concevaitle crateur, tait aussi l'ouvrage de l'tre-suprme. Dieu tait donc intelligence dans l'absolu de mme quol'hommeest Intelligencedans le relatif. Or, le principeintelligibleestsuprieuren nous et autour de nous au mondosensible,d'o il fautconclurequol'ide deDieu intelligencedominetoutesles autres mani-festationsdola divinitou plutt cesmanifestationsn'existeraientpassans la Causeinitiale, lo premier do premier, le pre sans commence-ment, le saint dessaints, le vrai Dieu.

    Voil bien, en effet, ce qu'est Thoth dans la doctrine gyptienne:l'ideabstraitodu premier principe.A cepoint dovue, il est identique Phtah et aux formesdiversesdu dmiurge :Ammon,Noum, Atoum.Si l'on isolo sa significationd'Intelligencesuprme,il sera le premierThoth trois fols trs-grand. Commole Brahm indien, qui crit lesVdasavant la confectionde l'univers, 11a compristernellementsaproprenature et dpossonomnisciencedans des livres rests inditsjusqu' l'apparition desmes. Ce dtail du mytho cacheune pensoaussi profonde quo juste : la cration est lo livre qui contient lessecretsdela divine sagesse!

    Cettephilosophiereposeexclusivementsur l'observationet l'tude dosot-mme.N'est-ilpas vrai que la notion de tout cequi est du domainode l'hommeexistedans son esprit? Ainsi, toutes chosessont en Dieusans cependanttre Dieu.La conceptionde l'tre cr est restreinte;ellea de3au del qu'il peut conqurir, d'autres qui chappent sesefforts : la conception do Dieu comprend l'infini, ou plutt c'estl'infini mme.Qui n'a laiss, certainesheures,la solitudeet le calmeextrieur aidant, sa penselivre elle-mme? Le cerveau s'emplitd'une confusiond'impressionsidales,vagues, presque Insaisissables.On ferme les yeux pour mieux voir, car tout est informe, indfini,fugitif danscesperceptionsmultiples. Voilbien l'imagela plus com-plte, qui soit notre porte,de l'tre dans l'absolu.Tout ceque pos-sdel'intelligencehumaine,soitpar sesrapportsavecle mondesensible,soit par sonapplicationaux chosesde l'esprit existedans cerecueiUe-mentdela pense: maistouty est incohrent : c'estbienlechaos.Cepen-

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    dant, quel'intelligencemanifestesonnergie,qu'une de ces ImpressionsIdalesl'attire, pour me servir d'un langagehumain, veille en ellel'amour qui est sa forceexpauslve, aussitt la volont saisit l'Ide, ladtermine, la possde,et la lumire se fait en nous par cette premtroforme donno l'abstraction. C'est ainsi que lo prtre gyptien etl'on peut dire galement les sagesde l'indo et de la Perso rendentcompte de la cration; 11 semble quo lo gnio do ce3 penseurs despremiers ges l'ait conue comme l'ternelle rflexiondo Dieu. C'estpar la puissancedo son verbe quo Dieu cre incessammentet le verbeest Identlquoavecl'amour.

    Le personnagemystrieuxde la mythologieindienneOum est la pre-mire parolequo profreBrahm, c'est la formesensible de Brahm, loverbodivin en qui se rvlela cration tout entire. Fait remarquable!C'est encorel'homme mystique appel, commel'hommo lui-mme, unsymbolede l'univers. La mmoconceptionse retrouve chez le3Perses:tout provient du verbe crateur (ah vairy Honover) antrieur auciel, l'eau, la terre, la vache, l'arbre, au feu, l'homme vrl-dlque, auxdews, aux hommes carnivores, tout l'univers existant 1.C'est la parole d'Ormuz qu'il profre terneUcment. Les esprits larptent ternellement aveclui.

    On voit quo dans ces trois grands foyers de la civilisation primitive :l'Inde, la Perse,l'Egypte, l'Intelligencecrepar l'nergiequi est en cUe,par son verbe Co premier actode la volont divino no tire point duchaosle mondesensible, mais le type de ce mondequi est, par rapport lui, ceque la penseest la parole. La Bibledit d'ailleurs exactementla mmechose.Pour l'crivain sacr, comme dans les cosmogoniesdespeuplescitsplus haut, le principede la cration c'est la parole de Dieu.Dieu dit: Quo la lumire soit, et la lumire fut. Une lecture atten-tive despremires pages de la Genselaisse trs-nettement apercevoirdeux crations : celle des germes,qui dbute par la lumire et se ter-mine par l'homme hermaphrodite, et celle des tres vivants danslaquelle la lumire se manifeste dans le soleUet les astres et o le3sexes se distinguent pour obir l'ordre du Seigneur: Croissezetmultipliez.

    Les ides qui so rattachent au dieu Thoth peuvent, on le voit, trerevendiques par plusieurs civilisations. Mais ce qui me parait treplus spcial l'Egypte, c'est le dveloppementdonn cette ide quel'Univers est la parole mme de Dieu, de sorto que la cration devientl'hiroglyphepar excellence,l'criture trois fois sainte que le gniedel'homme aid du dieu Thoth est appel dchiffrer.Sans inteUIgence

    1. 19lia du Yona.L'IIonover,parS. Oppert.Annalesdephilosophiechr-tienne,janvier1862.

  • 21

    cre,lanature et sesmerveillessontcomparablesau plus admirabledeslivres qui serait condamn ne point avoir de lecteur. Quelquochosemanque l'harmonieuniversello; Dieun'est pas obi librementselonson essence. Ds qu'apparat l'tre dou do raison, l'Intelligencesuprmepeut secontemplerdans son Image.Voilpourquoi,tandis quoles texteshiroglyphiquesnous montrent ledmiurgefaonnantter-nellementl'oeufdes mondes, la tradition lgendairereprsentele dieuThothmlantl'eau et la terro pour formerlecorpsde l'homme.L'Intel-ligencecrel'homme son Image,c'est--diredoudela facultdepn-trer le sens des principes sacrs quoThoth trois fois trs-grandavaitconsignssur desstles,dit Manthon.LosecondThoth traduira pourles hommesce toxtedivin. Nous aurons ainsi l'criture symboliquedont lescaractressont empruntsaux trois rgnesde la nature et quiembrasse le ciel et la terre, l'hiroglyphepur ; puis l'criture hira-tique ou sacredans laquellela reprsentationsymboliqueprend unesignificationphontiquo et devient un instrument docilede la pense.Il y a le mme progrs entre le caractre symboliqueet le caractrophontiquequ'entre le naturalismepanthistiquoetlaconceptionmta-physique qui se rattacheau dieu Thoth.

    H faudrait peu approfondirce sujet pour y trouver l'explicationdesfables et deslgendesqui, sous des formesvaries l'infini, ont bercnotre enfance. Lo tempso lesbtes parlaient et instruisaient leshommes,c'est videmment l'poquode 1hiroglypheet les rcits quis'y rapportent nous conservent le souvenir persistant des premiersenseignementsde la nature.

    V

    Une nation chez laquelle la pense a pu acqurir un si admirabledveloppement mrite, certes, de fixer l'attention des hommes. Etcependant,jusqu' ces derniers temps, l'histoire,par une trangecon-tradiction,aprsavoirexaltla sagessedesgyptiens,nousmontrait,danslesantiques riverainsdu Nil, des populationsplies, pendant dessicles, toutesles servitudeset prosternesdevant d'absurdesidoles.On constatait que Thbes et Mcmphisont t les institutricesde laGrce,et, en mme temps, Bossuet rsumait bien l'opiniongnralequand 11disait de l'Egypte que tout y tait dieu exceptDieului-mme. Nous savons aujourd'hui que la contradiction n'estqu'apparente. Cette civilisationa t sublime dans les sanctuaires,tandis qu'elleoffrait, dans les masses,la crdulitet le servilisme.Leprtreserservaitl'espritet abandonnait ta lettre&uprofane,et c'est Icile cas dereconnatrequela lettre a tu l'esprit.

  • -. il -Ne nous htons pas cependant de nous indigner. Ce,fait, le juger

    sans passion, est le rsultat pour ainsi diro ncessaire d'un concoursde circonstances contro lesquelles le libre arbitre semble impuissant ragir. Personne ne nie l'influence du milieu sur lo dveloppementdes groupes humains. Or, cetto action do la nature sur l'hommo s'estexerce, en Egypte, avec uno Implacable intensit : nous en suivronsun peu plus loin les dernires consquencesdan3 l'organisation sociale.Assurment les tribus primitives ont, en elles, le germe de la civili-sation qui les fera peuple; les institutions qu'elles crent ou qu'ellesadoptent portent l'empreinte do leur gnie. Mais les conditionsphysiques modifient Incontestablement ces tendances initiales. C'estainsi que les proccupations de la vie matricllo,le souci do l'existence,le besoin do protection rendirent les gyptiens amoureux de la paix.Ils devinrent, par ces causes, laborieux, doux, enclin3 l'ordre.La rflexion d'Aristote : quo la dure des institutions de ce peupletint sa pusillanimit ne laisse pas que d'lro vraio jusqu' uncertain point. Primitivement effray par la nature, il ne sortitde son effroi, de sa panique*, qu' force de travail ; il devint pusil-lanime. Oblig do se dfendre sans trve contro lo dsert et lekhamsin, le calme no put so faire assez tt en lui pour quo sonnergiemoralesodveloppt,il fut terrifi, dompt,avant mmed'avoirdes matres !Dol sa timidit. Lorsqu'il subit un joug humainceluide la caste sacerdotalo ce fut pour lui un joug sauveur. L'asservis-sement oppressa moins qu'il no soulagea ce peuple en proie latyrannie deslments. Il s'habitua l'entrave parcoqu'elle le soutenait,La prison fut son asile; il so rfugia dans la thocratie, dans la reli-gion : 11fut pieux.

    Tous les peuples offrent d'ailleurs, leur origine, une grande fcon-dit de conceptions religieuses. 11semble qu'une sve divine fermentealors dans les mes. Un monde de pensesse rvle, travail collectif etspontan qui porte le sceau du gnie propre cescivilisations jeuneset naves. Quelle riche closiond'images dans laGrceprimitive! Quelsoufflepotique inspire les mythes printaniers des Yavanas dans lapatrie de leur choix ! La cration est, cette priode, toute d'inspira-tion, d'lan. Voil pourquoi la physionomie d'un peuple se reflte avec

    1. C'estun dtaildumythed'Osirisqui, selonPlutarque,a donnnaissance&cetteexpression: Unefrayeurpanique. On se rappelteque Set dressadesembches sonfrreet russit l'enfermerdansun coffrequ'ilclouaet scellaavecduplombfondu,aprsquoiil lejeta dansla branchedu Nilqu'onnommeTanihque. Lespremiersqui entendirentla nouvell,dit Plutarque,furentlesPanes et les Satyresqui habitaientautourde Chemnlset qui commencrentmurmurerentreeux.C'estpourquoi,jusqu'aujourd'hui,on appellelessoudainespeuM,troubleset motionsdepeuples,frayeurspaniques.

  • 23 une merveilleuse fidlit dans cette premire notion du divin. Ici,l'imaginationest presquesouveraine; la raison viendraplus tard. Nousno pouvonsassurment nourrir l'espoirde reconstituerpour l'Egyptecette grandiose pope. Cependant, l'tudo attentive du symbolismesacerdotalpermet d'entrevoir le germe doce vaste panouissementdemythes. Nousl'avons dj constat; co fut un sabsmcqui eut pourbase l'idoltriosolaire.Les toiles,lesplantes reurent sans douteunculte. Nous voyons, en effet, qu' uno poquoultrieure, la GrandeOurse est appeleastre do Typhon; Orlon est l'astre d'Horus; Sirlusse nomme Sothis, l'astre d'isis. Nanmoins,il semble impossibledorefuseraux tribus primitives do l'Egypte une certaino tendanceaumonothisme. On peut dire, de ce peuple, peu prs ce que ditM. Renan de la race smitique : Exclusivementfrappsde l'unitde gouvernementqui clatedans le monde, lesSmitesn'ont vu, dansle dveloppementdeschoses,que l'accomplissementde la volontd'untre suprieur. La diffrencequi spare, dans l'expansionde leurgnie, ces deux branches do la famillo humaine, tient la naturomme do leur patrie Les Smites,rejets dans lo dsert, conoiventDieu commeune solitude Le3gyptiensavalent aussi logrand spec-taclo de cesvastesplaineso tout se confonddans une immensestri-lit; mais,en mme temps, ils vivaientsur une terremerveilleusementfconde.Cette circonstancene put rester sans influencesur les esprits.Hsemblo,en effet,que l'homme ait alli, sur lesbordsdu Nil, au sen-timent instinctif de l'unit de Dieu, cette prodigieuseactivitcra-trice qui est propre la race indo-europenne.Cefait pourrait luiseul expliquer lo caractre singulier que prsente la religion dol'Egypte antique, si purllo dans sa forme populaire o l'idoltrieabsorbelanaturo entire, sileve,si rationnelle,au contraire,dans coquo lespapyrus nous rvlentde la philosophiesacerdotale.

    Certes, si cette conceptionsublime : l'unit de Dieu,et t atteinted3le premier jour, elle ft sans doute devenue la base immuabled'un culte contre lequel la raison humaine, quelque claire qu'ellesoit notre poque,ne pourrait lever d'objection.Maisce n'est pointl un dbut; c'est, au contraire, un progrs suprme ralis par legnie de l'homme aprsqu'il eut puis, pour ainsi dire, une multi-tude de conceptionsreligieuses, sources de mythes innombrables.Loprtre, au fur et mesure que la lumire se faisait en lui, ne putqu'adapter les lgendes sacres aux thories qui lui apparaissaientcommel'expressionabsoluede la vrit. Voil pourquoi,arriv cellehauteur : un seul Dieu, une suprme Intelligence, il lui fut Interditdes'y dgagerdu cortgedes erreurs au milieudesquellescettegrandeclart s'tait faiteen lui. Le sacerdocene pouvait, sans renoncer sonrle politique et religieux, sans abdiquer et se suicider en quelque

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    6orte, avouer que, pendant des sicles,il avait impos au peuplo unefaussedoctrine ; et tandis qu'il donnait son enseignement commelofruit d'une rvlationdivino, qu'il en tait rduit, en ralit, au douteet la recherche de Dieu. Le prtre ne dtruisit donc rien, et Uesttrs-probablo quo ce fut de bonno foiqu'il s'effora,au contraire, detout concilier, de tout expliquer. La preuve do sa sincrit nous estapportepar un fait qui la rend en quelquo sorte irrcusable.Ce nefut pas pour le vulgaireque lo gnie sacerdotalrattacha l'Ide d'unseul Dieu les diverses lgendes; la doctrine qui rsulta de ce travailtait exclusivementrservo l'initi. Nullement accessibleau profane,elle constituait bien la conviction du prtre, sa religion. Voicien quoielle consistait.

    Lo monde, sa formation, les principes qui le gouvernent, l'homme,sa destine sur la terre et aprs la mort, furent considrscommeundrame immense C'est le mytho d'isis et d'Osiris qui ouvre la penseceshorizonsnouveaux. Lesensprimitif de la lgendes'largit l'infini.Osirls devient l'tre par excellence,celui de qui toutprovient et dansle sein duquel tout retourne. Il est sorti de son repos par la puissancede son Verbe et a donn la matire !e mouvementet la vie. Set, lefrre ennemi d'Osiris, symbolisealors la tendance de cette matire auchaoset l'inertie; le mal, la mort, l'anantissement sont les fatalestapesde ce qu'elle domine; lo bien, la vie, l'immortalit, l'absorptionen Dieu accompagnentl'obissanceau Verbedivin. Le dualismequiempreint toute la doctrinegyptienne dcouledo cette conceptionduddoublement de l'tre primordial. La lutte s'tablit, ainsi que nousl'avonsdj vu plus haut, entre l'esprit et la matire, la vie et la mort,lo jour et la nuit, commedans la lgende, entre Osirls et Set. Lotriomphe ternel du Dieu bon vivifiela cration universelle,et cesontses diverses manifestations dan3 la nature que le prtre personnifiedans diffrents types divins. Ainsi, par la desseNout, il voulutreprsenter le chaosantrieur au ddoublementde l'tre, l'abyssusbiblique sur lequel flottait l'esprit do Dieu. Phtah fut cet esprit mme,Celui qui ouvre1lesportes de la vie. Seb tait la matire chaotique,avec les germes fcondsqu'elle recle. Ammon symbolisait la forcesecrtequi assure le renouvellement incessant des tres. Des flancsde Nout unie Seb, du chaos antrieur, sort le dieu Raou Phra: leSoleil,et avec lui commence le temps et l'humanit. Osirls, enfin,plus ancien que Ra, tait le Soleil nocturne, le principe mmede cettelumire dont l'astre du jour n'est que l'clat matriel.

    11serait possibled'assimiler toutes les triades du panthon gyptienaux phnomnesque prsente l'univers ; mais il suffit de constaterce

    1. PhtahsignifieOuvrir.

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    faitimportant : chaquodivinit est comme le Dieu inaccessible,sanscommencementet sans fin. Le prtre exprimait celteide en disantd'Ammonqu'il tait lo mari do sa mre et, par consquent,sonpropre pre. Thoth se formaitlui-mmesans avoir t engendr.Ratait enfant non engendr.Tel fut du reste le point de dpart destriades adoresdans les divers nomes de l'Egypte. O le vulgaireet l'tranger voyaientdes dieux et des dessesmultiplispresque l'infini, l'Initi n'apercevait que des manifestationsd'un principeunique. Pour celui qui avait le secret des paroles divines , lestrois personnagesdo la trinlt gyptienne se rsolvaienten un seulDieu. De prime abord, cette affirmationparait trange. Rien n'estcependantplus certain et plus comprhensible,si l'on consent suivreattentivement la pense du philosophesacr. Par la triade,il voulutrendre l'infini tangible en quelquesorte : le pass,le pre, le prsent,la mreet l'avenir, le filsy formentle cerclesymboliquede l'ternit.Dans la doctrine gyptienne,l'enfant n'est que le renouvellement, le devenir du pre, et les trois lments expriment une seuleide: l'inaltrable et incessante fcondit de la cause premire. Lofminin, le maternel,est uniquement le point de jonction entre lepass et l'avenir, l'heure mystrieuse do la rsurrection. C'est le minuit de la course diurne quo le solei".tait supposaccomplirautour de la terre. Dans co grand jour qui s'appelle l'anne, c'estle solstice d'hiver d'o vient le printemps, le renouveau. Dansla constitution de l'univers, c'est le moment o s'est accompli leddoublementde l'tre. Chaquetriade a son lmentfminin; mais,en ralit, il n'y a qu'une dessesous des noms divers. Pascht,Hathor, Isis,Neith sont la mmedivinit, ont une significationiden-tique : cellede cetto chosefugitive et fictlvoquo l'hommeappelle loprsent, au sein de laquelle s'accomplit le rajeunissement ternelde la nature.

    Ainsi fut rsolu le problme qui consistait faire rentrer, dansla conceptiond'un Dieuunique, les mythes successivementou simul-tanment donns au peuple comme les dogmes immuables de lafol et qui, h ce titre, ne pouvaienttre rpudis.

    Un dernierpoint restait cependantinexpliqudanscesystmetho-gonique.Quandet commentl'tre suprmetait-il devenucrateur?Ce Premier de Premier, commel'appcllo Jambliquc, ce Un de Un,uaenua, commedisent les texteshiroglyphiques,s'il n'absorbepasenlui touteschoses,se trouve en prsenced'tres qu'il domine sans lespouvoirdtruire, qui ont sacauseau dehorsde lui, cequi est contra-dictoire l'idedo Dieu; et si tout so rsout dan3sa personnalitinfi-nie, le drameuniversel devientune purilit. Devant ce problme,legniesacerdotals'arrte. Faisantpreuvede profondesagesse,Usemble

  • - ? _

    vouloirdclarerqu'il Ignore,et 11formuleson impuissancemme dansun suprme symbole: celui qui se rattache la desseNelth. On con-nat la clbrelgende do cette divinit, Sais: Je suis ce qui EST,cequi SBRA,COquiAET6; personnen'a soulevma tunique; le fruit quej'ai enfantest le soleil. Nelth est donc, en mmetemps, la grandemre divine et la desse-vierge.Leprtre, dans cette haute conception,transfigure le principe fminin. Il n'tait, dans les triades, que l'occa-sion del rsurrection du dieu; il devient l'expression mmede l'Infiniet de l'absolu, Nelth acquiert le sens suprme de prsent ternel ;car, s'il est vrai que, par rapport aux tres crs, le prsent soit unefiction,qu'en ralit, il n'y ait, pour nous, quedes chosesqui onttouqui seront, il est strictement exact do dire que, pour l'tre incr, quin'a ni commencement ni fin, rien n'a t ni ne sera : tout est. Nelthexprimeceltepense.C'estbien le mythe de l'inaccessible,de l'inconnudans lequel se laissepressentir, avec une singulire nergie, la toute-puissancecratrice. C'est la mre-viergeet, pour me servir d'une com-paraison qui me parat rendre cettoconceptionplus saisissable,c'est leverbe l'infinitif, tre, essere,une sorte de prsent indfini, qui con-tient tous les tempset tous lesmodesde l'existence.Dans ce haut sym-bolisme,Nelth est quelquefoisreprsente allaitant deux crocodiles.Lecrocodile,emblmedu dieu Sebek, est le symbolo des tnbresenne-mies du soleil. Le dualisme gyptien fit de Set l'adversaire d'Osirls etde Sebek(formede Set), l'antagoniste de Ra ou HaroUrls.En reprsen-tant Nelth nourrissant des crocodiles, le prtre voulait sans douteenseignerque le bien et le mal n'existent point dans l'absolu.

    L'Egypte ancienne est parvenue, dans son exploration de l'ide deDieu, ce faite o les plus fiersgnies se sont arrts. Vouloir allerau del, c'est affronter le vertige, s'exposer tomber dans la ngationpar aveuglementet par impuissance. Notre sicle, plus tmraire quel'Egypte, n'a pas su comprendrequ'il y a des limites fatalesaux effortsde l'homme; il a perdu le sentiment du mystre, chosetout autre quola crdulit. Nous vivons une poqued'orgueil intense qui, morale-ment et mentalement, nous dvoie.La sagesse ne nous reviendra quele jour o notre esprit rentrera dans l'harmonie unlverseUede la cra-turo aveclo principe crateur, quand nous comprendrons que l'infininous domine,que nous sommesau monde pour le concevoirsans l'ex-pliquer, pour y aspirer et pour l'aimer sans l'atteindre ni le possderjamais.

    Les anciens,eux, dans leurs vues religieuses,comblaientles lacune*de leur raison avec le mystre. Ce que l'intelligence ne pouvait pn-trer devenaitdivin : l'on y voyait Dieu et l'on adorait.

    La sciencea maintenant jet un jour clatant sur les phnomnesde la nature; elle rend compte d'une partie de cet Inconnuo nospres

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    voyaient l'action directe de la divinit. Dsabus, trouvant des loisrationnelles o l'on faisait intervenir le merveilleux, l'homme moderneen est venu nier le surnaturel et le divin. Telle me semblebien trel'origine des aberrations de notre temps. L'esprit, bloui par ses con-qutes, conclut des erreurs de l'antiquit la purilit des anciens, etparce que ceux-ci voyaient Dieu partout, en toutes choses,sa proccu-pation premire c'est d'carter Dieu.

    En ralit, nous avons dplac notre ignorance, et rien de plus.Quoi! vous expliquezce qui tait dclar incomprhensible, divin, etvous niez le divin? Mais ne considrezque votre scienceacquise. Ditescomment l'homme s'empare, par son intelligence, des lois de la cra-tion, les analyse, les coordonne, les volt agir, en mesure la porte.Prenez ce fait unique et rendez-encompte. Quand vous aurez dchiffrl'nigme de votre propre nature, quand vous saurez le pourquoi et lecomment do votre science, vous pourrez dire : Le merveilleux, losurnaturel, le mystre sont desrves creux de l'imagination humaine;toutes ceschoses sont claires, et Dieu n'est pas au fond de l'inconnu :je l'ai explor.

    Mais, alors, prenez-ygarde, vous serez Dieu I

    HENRI TUU:Mb.

    fAiti. tir. k, rocci, 13, QUAITOLTAUI.7Jft.