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NOTES DE LA FONDATION ROBERT SCHUMAN MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE DÉBAT 46 NOTES DE LA FONDATION ROBERT SCHUMAN NOTES DE LA FONDATION ROBERT SCHUMAN www.robert-schuman.eu 46 MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE Pierre Lequiller A quelques semaines des élections européennes de juin 2009, le débat démocratique semble, une fois de plus, détourné par des polémiques récurrentes :l’Europe coûte cher,l’Europe est technocratique, l’Europe n’a pas de frontières, etc. C’est pour recentrer le débat sur les vraies questions, que l’auteur tente de démontrer, de manière concise et accessible, que ces craintes sont infondées et qu’elles relèvent souvent du mythe. En s’appuyant sur son expérience et sur les rencontres marquantes de sa vie,Pierre Lequiller propose une réflexion personnelle sur les enjeux de cette campagne.En filigrane,c’est la vision d’un Européen convaincu et engagé que l’auteur propose à la discussion : celle d’une Europe politique, qui prend son destin en main. Pierre Lequiller, député des Yvelines, préside la Commission chargée des Affaires européennes à l’Assemblée nationale. SÉRIE CONTRIBUTION AU DÉBAT 10 ISBN 978-2-917433-06-5 mai 2009

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www.robert-schuman.eu

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MYTHES ET RÉALITÉS ENCAMPAGNE EUROPÉENNEPierre Lequiller

Aquelques semaines des élections européennes de juin 2009, le débat démocratique semble, unefois de plus, détourné par des polémiques

récurrentes :l’Europe coûte cher,l’Europe est technocratique,l’Europe n’a pas de frontières, etc.C’est pour recentrer ledébat sur les vraies questions, que l’auteur tente dedémontrer, de manière concise et accessible, que cescraintes sont infondées et qu’elles relèvent souvent dumythe.

En s’appuyant sur son expérience et sur les rencontres marquantesde sa vie,Pierre Lequiller propose une réflexion personnellesur les enjeux de cette campagne.En filigrane,c’est la visiond’un Européen convaincu et engagé que l’auteur proposeà la discussion :celle d’une Europe politique,qui prend sondestin en main.

Pierre Lequiller, député des Yvelines, préside la Commission chargée desAffaires européennes à l’Assemblée nationale.

SÉRIECONTRIBUTION

AU DÉBAT

10 €ISBN 978-2-917433-06-5

mai 2009

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MMYYTTHHEESS EETT RRÉÉAALLIITTÉÉSS EENN CCAAMMPPAAGGNNEE EEUURROOPPÉÉEENNNNEE

par Pierre LEQUILLER

Député des YvelinesPrésident de la Commission chargée des Affaires européennes

à l’Assemblée nationale

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sommaireAvant propos......................................................... 4

1er mythe :l’Europe est technocratique ............................................... 8

2ème mythe :l’Europe n’est pas démocratique .................................... 14

3ème mythe :l’Europe est libérale, elle est le cheval de Troie de la mondialisation ............................................ 24

4ème mythe :l’Europe coûte cher ........................................................... 30

5ème mythe :l’Europe n’a pas de frontières ......................................... 36

6ème mythe :l’Europe ne s’occupe pas de notre quotidien ............. 42

7ème mythe :l’Europe n’a pas d’identité ................................................. 50

8ème mythe :les élections européennes sont une élection secondaire et défouloir .................... 58

9ème mythe :l’Europe politique n’est pas possible............................... 62

Conclusion........................................................... 70

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5MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE4 MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE

concentrer sur des arguments parfaitementétrangers aux objectifs de ces élections, d’êtredétourné par des problématiques qui tiennentdavantage de l’imagination et de la peur.

J’entends aussi certains partis qui veulent cen-trer le débat sur les questions nationales, etfaire de cette échéance cruciale un référen-dum sur la politique du Gouvernement. C’estle cas typique de François Bayrou qui, à unmois des élections européennes, sort un pam-phlet contre le Président de la Républiquefrançaise, Nicolas Sarkozy : mais pas un motsur l’Europe ! Quant à Martine Aubry,elle por-te des attaques violentes contre Nicolas Sar-kozy et le Premier ministre français, FrançoisFillon, qui ne couvrent pas le concert de voixdiscordantes sur l’Europe dans son propreparti.Elle mène une course à l’échalote à la foisavec François Bayrou et Olivier Besancenotce qui est compliqué. En fait, et pour l’un, etpour l’autre, l’obsession n’est pas l’échéanceeuropéenne, mais la prochaine élection prési-dentielle de 2012 ! Pourtant, l’Histoire a mon-tré que ceux qui tentent de faire des scrutinseuropéens un tremplin pour leur carrière,connaissent par la suite des déconvenuesspectaculaires : Philippe de Villiers, avecCharles Pasqua aux élections européennes de1994,obtint 12,34% des suffrages,devant la lis-te Sarkozy-Madelin.Cela ne l’a pas empêché deculminer à 4,7% lors de l’élection présidentielleun an plus tard ! De même, qui se souvient queLaurent Fabius,qui avait prôné le « non » au ré-férendum de 2005, n’est même pas arrivé endeuxième place lors des primaires socialistes envue de l’élection présidentielle de 2007 ?

1979-2009 : trente ans cette année que le Par-lement européen est élu au suffrage universeldirect. Je crains pourtant que les citoyens euro-péens, et parmi eux les Français, soient tentésune fois de plus par le mal récurrent d’une for-te abstention.

Alors que la campagne pour les élections euro-péennes va entrer dans sa dernière ligne droi-te, le débat politique sur l’Europe revient - ti-midement - sur le devant de la scène.Et avec luison cortège de détracteurs, qui fourbissentleurs armes dans une élection qui constituesouvent pour les partis extrémistes un exutoi-re,et une occasion de se refaire politiquement.L’Histoire se répète : j’entends monter les at-taques, une rumeur qui s’assourdit et qui enva-hit chaque jour davantage l’espace du débat dé-mocratique. « Europe libérale», « Europe techno-crate »,« Europe inutile,qui ponctionne l’argent descitoyens en temps de crise »,« Europe déconnectéedu quotidien». Quel sera notre nouveau « Bol-kestein »(1)?

Cette année encore, le débat risque d’êtreconfisqué par les eurosceptiques, de se

Avant propos

(1) En 2005, la fameuseproposition de directive « services » avait servid’épouvantail pour lespartisans du « non » auréférendum sur laConstitution en mai2005. Son sort n’avaitpourtant rien à voir avecl’enjeu du scrutin !

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6 7MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE

Je souhaite qu’elle fasse réagir ses lecteurs, carj’en suis convaincu, c’est dans la confrontationdes idées, fût-elle animée, que l’Europe prendses racines.

Ma foi européenne me pousse à réagir pour nepas laisser le débat démocratique abandonné àdes idées reçues, des mythes. Les citoyens eu-ropéens méritent un débat de qualité. Ils doi-vent pouvoir voter en ayant toutes les cartesen main. Par ce petit ouvrage, je me proposemodestement de répondre aux préjugés lesplus coriaces sur l’Europe. J’ai choisi une sortede « best of » des arguments de la prose anti-européenne. Chacun les a déjà entendus, les amême peut-être prononcés ! Beaucoupd’entre nous y ont sûrement été confrontés.Beaucoup aussi n’ont pas dû savoir que ré-pondre, face à des attaques qui tiennent sou-vent de la discussion de comptoir. Mais chacunpeut se rendre compte que ce sont souvent lesdéveloppements les plus simplistes qui résis-tent le mieux à une argumentation raisonnée.

Il est vrai que l’Europe paraît parfois complexe.Je peux le vérifier tous les jours, en tant quePrésident de la Commission des Affaires euro-péennes à l’Assemblée nationale. Je n’ai pasvoulu ici donner un cours sur l’Europe.Mais enm’appuyant sur mon expérience, sur les ren-contres marquantes de ma vie, je veux rétablirquelques vérités, livrer quelques munitions auxpartisans de l’Europe, et lancer une invitationau débat à ceux, nombreux, qui exprimentleurs craintes, leurs doutes, leur défiance en-vers une Europe qui leur semble lointaine.

Cette campagne voit déjà ressurgir les travershabituels de ce type de scrutin.C’est bien pourcela que j’ai ressenti le besoin urgent d’écrirecette « note de la Fondation Robert Schuman ».

Avant propos

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Commission européenne, composée exclusi-vement, non pas de technocrates, maisd’hommes et de femmes politiques ! Tous lesCommissaires européens ont eu des respon-sabilités politiques dans leurs pays d’origine !A commencer par le premier d’entre eux, JoséManuel Barroso, qui fut élu à six reprisesdéputé,avant de devenir Premier ministre por-tugais.

D’autres exemples ? Charité bien ordonnée…Commençons par le Français, Jacques Barrot !Vice-président de la Commission, chargé duvolet Justice, Liberté et Sécurité, il a été éludéputé national de 1967 à 2004, et il a été cinqfois ministre ! La Suédoise Margot Wallström,Vice-présidente de la Commission, chargéedes relations institutionnelles et de la stratégiede la communication, élue députée de 1979 à1985 et trois fois ministre ! L’Allemand GünterVerheugen, Vice-président de la Commission,chargé des entreprises et de l’industrie : éludéputé au Bundestag pendant quinze ans, etministre d’Etat, chargé des Affaires étrangèresde 1998 à 1999. L’Espagnol Joaquin Almuniachargé des Affaires économiques et moné-taires, a été élu député aux Cortes de 1979 à2004, et il a été nommé deux fois ministre ! LeBelge Louis Michel, chargé du Développementet de l'Aide humanitaire : député au Parlementfédéral, puis sénateur, et trois fois ministre ! LaNéerlandaise Neelie Kroes, chargée du postetrès sensible de la concurrence, a été éluedéputée de 1971 à 1977,et ministre des trans-ports, des travaux publics et des télécommu-nications.La liste est longue et je n’évoque mêmepas la composition des précédentesCommissions.

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Au Panthéon des idées reçues,celle-ci s’est bâtiune place de choix. Combien de fois ai-jeentendu cette antienne, cuisinée à toutes lessauces de la mauvaise foi : « l’Europe des tech-nocrates »,« des bureaucrates bruxellois,déconnectésdes spécificités de chaque pays, et qui ne sont pasélus démocratiquement », selon certains adver-saires de l’Europe.

Or les « technocrates bruxellois » ne viennentpas d’une autre planète, ni même d’un autrecontinent,mais bien de chez nous,de chez vouset, n’en déplaise à certains, rentrent dans leurspays par les mêmes routes que tout le monde,pleinement conscients des spécificités de leurslieux d’origine !

Qui décide à Bruxelles ? Non pas des robotsen cravate tout droit sortis d’un roman deGeorge Orwell, mais bien des politiques : nosministres nationaux, réunis au Conseil desministres de l’Union européenne ; les députéseuropéens démocratiquement élus ; et la

1er mythe :l’Europe esttechnocratique

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11MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE10 MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE

lui-même votés en Conseil des ministres del’Union européenne ! C’est une drôle de tradi-tion politique en France, que de voter dans laconcorde des dispositions à Bruxelles, pour lesrenier une fois la frontière repassée.Le double jeude certains responsables politiques contribueainsi à véhiculer une image négative de l’Europe.

Les absents ont toujours tort : c’est bien pourfaire mentir ce proverbe que pendant sa pré-sidence de l’Union européenne,Nicolas Sarkozya imposé à ses ministres un devoir de présencelors des sessions des Conseils des ministres.Lesuccès de la présidence française doit sansdoute beaucoup à cette implication des poli-tiques.

Il faut démonter un autre tabou : la Commissioneuropéenne n’impose rien. Aucune directive n’ajamais été imposée par la Commission aux Etatsmembres, n’en déplaise à Messieurs de Villierset Ganley. Elle a un pouvoir d’initiative sur lesfutures lois européennes. Aux politiques deprendre le pouvoir par la suite ! Au Parlementeuropéen, au Conseil, d’exercer le mandat quileur a été confié !

Néanmoins, les avancées sont indéniables depuisplusieurs années, et les politiques prennentdavantage la mesure du pouvoir qui est le leur.Voilà un domaine où l’Europe doit continuer às’améliorer.

L’Europe, c’est beaucoup plus simple qu’on lepense : la Commission propose, le Parlementamende, et le Conseil des ministres dispose(2)!Pour plusieurs compétences, il faut même quele Parlement et le Conseil tombent d’accord

De même, les députés européens sont bien éluspar les citoyens de leurs pays et le Conseil réunitautour d’une même table des ministres natio-naux, qui défendent souvent bec et ongles lespositions de leurs pays respectifs ! Ce sont biennos femmes et nos hommes politiques quidécident ! Et la France, un des pays fondateursdu marché commun, deuxième puissance enEurope après l’Allemagne, sait, sur tous lessujets, trouver les alliés nécessaires pour fairevaloir son point de vue.C’est tellement vrai,quedepuis la création de l’Europe, la France n’a étébattue que sur une seule décision : elle portaitsur l’heure d’été !

L’Europe ne devient technocratique que si lespolitiques ne s’en mêlent pas,s’ils n’y travaillentpas assez !

Si l’Europe n’est pas assez politique,ce n’est pasde la faute de « Bruxelles », c’est parfois de lafaute des gouvernements ! La pratique est cor-rigée depuis quelques années,mais par le passé,combien de ministres se sont fait représenterlors du Conseil à Bruxelles,préférant consacrerleur temps à l’actualité nationale ? Que les poli-tiques ne prennent pas cet air effarouché,quand ils ont,de leur propre initiative,abandonnéleur terrain à un suppléant - certes qualifié,maisdépourvu de toute légitimité démocratique etde tout poids politique – au cours de ces âpresnégociations, qui nécessitent toute la force deconviction du politique.

Je me souviens d’avoir assisté à une séance del’Assemblée nationale, où l’ancien ministre del’Agriculture, Jean Glavany,accablait « Bruxelles »de tous les maux,ruant contre des textes qu’il avait

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(2) A l’exception, il estvrai, de la politique deconcurrence, et de lapolitique commerciale,sur lesquelles laCommission exerce unvéritable pouvoir.

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13MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE12 MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE

pour qu’une loi soit adoptée.Cette procédurede codécision est appelée à prendre de plus enplus d’ampleur, notamment avec le traité deLisbonne. Cessons d’accuser « Bruxelles »,comme si « Bruxelles », ce n’était pas nous.

Le poids des « technocrates » à Bruxelles et àStrasbourg tient donc davantage du mythe quede la réalité. La responsabilité relève pleine-ment des politiques : à eux de l’assumer !

11er mythe :l’Europe esttechnocratique

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C'est là un des reproches les plus courammentformulés,un des plus ignorants de la réalité aussi.

Imaginez un pays, dont le Premier ministre estchoisi en fonction de la composition politiquede son Parlement. Rien de révolutionnaire, j'enconviens. Imaginez cependant, qu'une fois cePremier ministre choisi,chacun de ses ministres,avant de prendre ses fonctions, soit auditionnépar les parlementaires membres des commissionsspécialisées du Parlement,afin de juger de sa com-pétence, de ses convictions, de son projet...Imaginez qu'il puisse être révoqué, avant mêmed'avoir franchi le seuil de son ministère.Imaginezun pays, dont le Parlement réuni, ferait démis-sionner un gouvernement jugé incompétent(3) .

C’est pourtant ce qui se passe dans l’Union euro-péenne. Après les élections européennes de2004,le Président de la Commission,José ManuelBarroso,a été confirmé par un vote du Parlementeuropéen.Chacun de ses Commissaires a passéun « examen » devant chacune des commissionsspécialisées du Parlement européen, et cer-taines d’entre elles ont récusé des candidats pro-posés.

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Ainsi l’Italien Rocco Buttiglione a été refusé enraison de ses positions homophobes.La LettoneIngrida Udre a dû faire ses bagages pour manquede conviction européenne,et le Hongrois LaszloKovacs a dû changer d’affectation pour manquede compétence en la matière.

Je me souviens de l’anxiété de Jacques Barrotavant son « grand oral » qu’il a passé brillamment.Il s’est d’ailleurs révélé un excellent Commissaireaux Transports, puis à la Justice. Et se souvient-on de la démission de l’ensemble de laCommission Santer en 1999, devant la simplemenace d’une motion de censure du ParlementEuropéen ?

L’Europe est, par certains aspects, plus démo-cratique que certains de ses Etats membres ! Elleest démocratique, mais différemment de cheznous. L’art de la démocratie y est plus intelli-gemment exercé,parce qu’il est fondé sur le dia-logue entre forces opposées.

Contrairement à chez nous,aucune décision n’estprise sans l’accord de la droite et de la gauche,parce que ni la droite (le Parti PopulaireEuropéen), ni la gauche (le Parti SocialisteEuropéen),n’y ont la majorité absolue.Ce fonc-tionnement rend la discussion obligatoire, lecompromis inévitable. Imposer son point devue par sa seule force politique ? Impossible !C’est tellement vrai que droite et gauche se par-tagent à égalité le mandat de cinq ans du Présidentdu Parlement européen.

Ce système,que je considère comme une formede « démocratie avancée »,nous permet de pro-gresser ensemble, que ce soit sur la directive

2ème mythe :l’Europe n’est pas démocratique

(3) Cette possibilité existeen France, avec laquestion de confiance.

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pas envisageable dans cette démocratie avancée,à laquelle je suis fier d’appartenir. Je me demandemême si nous, Européens, ne sommes pas entrain d’inventer, empiriquement, le modèledémocratique du 21ème siècle.Ce système ori-ginal est certes laborieux, les décisions sontlongues et difficiles à arrêter ; mais n’est-il pasen définitive un modèle plus efficace et plusdémocratique que dans bien des Etats « déve-loppés » de nos jours ?

Prenons le cas de l’offensive russe en Géorgie,en août 2008 :pour mettre un terme à ce conflit,le président du Conseil de l’Union en exercice,Nicolas Sarkozy, a su trouver un compromisentre des conceptions différentes de sortie decrise défendues par les Etats membres euro-péens. Parce qu’elle dépend de ses approvi-sionnements en gaz, l’Italie voulait ménager laRussie,tandis que les pays baltes et ceux de l’an-cien bloc soviétique appelaient à des sanctionscontre leur ancien dominateur.

Qu’a fait Nicolas Sarkozy ? Il a consulté, il anégocié, et il n’a pris l’avion pour Moscou etTbilissi qu’avec une feuille de route ferme àl’égard de la Russie,mais qui excluait toute sanc-tion à l’encontre de l’une ou l’autre des parties.Cette démocratie,où le compromis fait loi,n’est-elle pas plus moderne et avancée que celle alorsexercée par les Etats-Unis ? Accordez-moi cepoint ou pas,mais il n’en fallait pas moins pourapaiser les velléités d’un Saakachvili et d’unMedvedev !

Pourtant,cette démocratie européenne,si avancéesoit-elle,souffre d’un terrible handicap : elle resteincomprise.L’« entreprise Europe » a un gros pro-

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« services » ou sur un nombre incalculabled’autres textes,votés aussi bien par la droite quepar la gauche au niveau européen.

Aussi,certains partis français feraient bien de s’eninspirer, avant de critiquer des orientations queleur propre formation politique au Parlement euro-péen a votées des deux mains. Je pense, parexemple, au Parti socialiste, qui n’a de cesse des’opposer à la politique de l’immigration enFrance, quand le Parti Socialiste Européen s’estprononcé en faveur du pacte européen de l’im-migration et de l’asile que tous les gouvernementsd’Europe, même socialistes, ont approuvé ! Seulle Parti socialiste français a voté, par idéologie,contre la directive sur la libéralisation des ser-vices,alors même que le rapporteur sur ce projetétait une députée socialiste allemande, et que lereste du Parti Socialiste Européen a voté pour.

Cette « démocratie avancée », je la vois aussiquand je compare le fonctionnement de l’Europeavec celui d’autres grandes démocraties. Jugez-en par vous-même : imaginez un pays, dont lePrésident perd les élections intermédiaires,dontla majorité bascule au Parlement, et qui décide,le lendemain de sa défaite,de renforcer le contin-gent militaire dans une guerre à laquelle s’opposela nouvelle majorité… S’agit-il d’une obscure dic-tature, d’un régime totalitaire ? Il n’en est rien.Je fais ici allusion aux Etats-Unis,où le PrésidentBush a envoyé, le lendemain du basculement dela chambre des députés en 2006,17 000 hommesde plus en Irak,contre l’avis de la nouvelle majo-rité démocrate !

Un tel comportement serait impossible enEurope.Un tel déni de la volonté du peuple n’est

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22ème mythe :l’Europe n’est pasdémocratique

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velles règles,et de se défausser sur l’Europe quandleurs plages ont été maculées de goudron !

Davantage qu’une question de travail effectif ausein des institutions européennes, je pense quele problème français a tenu par le passé,d’abord,à une question d’attitude. Trop souvent nosreprésentants revenaient de Bruxelles tel unempereur romain après une campagne.Deboutsur son char, on faisait croire à ceux qui vou-laient bien l’entendre qu’on avait gagné la bataille,alors qu’il aurait été plus honnête, et productif,de reconnaître que l’Europe prend souvent debonnes décisions, inspirées parfois par la France(pas de fausse modestie), mais de manière col-lective ! Ce travail collectif, on l’a vu pendant ladernière présidence française, est possible !

« Bruxelles » n’est pas un terrain politique deseconde zone, au contraire ! Ne pas s’y inves-tir à 100% est nuisible à plus d’un titre : celadécrédibilise l’action et l’influence de nos poli-tiques à Bruxelles,et cela détourne les électeursdes scrutins européens. J’aurai l’occasion de lerépéter : l’Europe, ce ne sont pas des Affairesétrangères, mais bien des Affaires intérieures !

Le problème de service après-vente,nos médiasen portent aussi une lourde responsabilité.Comment voulez-vous que l’Europe intéresse lescitoyens,si on ne la leur présente pas ? Commentvoulez-vous tomber amoureux d’une femmesans qu’elle vous ait été présentée ? Cela se pra-tiquait au XVIIème siècle ; plus au XXIème ! Or l’Europe peut intéresser les gens !

La preuve ? Lors de la campagne pour le réfé-rendum de 2005,un débat passionné en France,

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blème de service après-vente.Dès lors,il est com-préhensible que beaucoup de ses « clients » sou-haitent changer d’opérateur, et le fassent savoirpar un vote protestataire lors des électionseuropéennes – ou pire encore, par une absten-tion toujours grandissante.

Le dernier sondage en ma possession(4) pro-nostique 66% d’abstention aux élections euro-péennes de juin 2009.C’est terrifiant.Dès lorsnotre premier combat n’est pas tant un combatpolitique, qu’une bataille pour ramener lesélecteurs désabusés ou mal informés vers lesurnes. L’Europe ne mérite pas qu’on laisse lescitoyens se détourner d’elle,et les citoyens méri-tent que l’on travaille, sans relâche,à leur expli-quer l’Europe, à leur donner les clés pour lacomprendre. A eux enfin, dans l’isoloir, de seprononcer en toute conscience,et en connais-sance de cause.

L’Union européenne est mal vendue : les gou-vernements et les médias ont souvent eu tendanceà attribuer à l’Etat la réussite d’un projet euro-péen.Prenons le projet ITER,implanté après plu-sieurs années de bataille entre différents pays, àCadarache dans le sud de la France : cette vic-toire collective européenne a été présentée cheznous comme un succès qui devait tout à laFrance. Heureusement pourtant que l’Unioneuropéenne a apporté tout son soutien au projetfrançais, alors que le principal concurrent japo-nais était soutenu par les Etats-Unis ! Je n’oubliepas non plus que c’est l’Union européenne qui afait tout le travail sur les normes « Erika », des-tinées à améliorer la sécurité du trafic maritimesur nos côtes. Cela n’a pas empêché les Etatsmembres de traîner sur l’application de ces nou-

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22ème mythe :l’Europe n’est pasdémocratique

(4) Avril 2009.

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qu’elles ne font qu’une. Ils ont bien comprisqu’on ne peut parler sérieusement de la criseéconomique qui frappe notre pays,sans évoquerla crise qui touche tous les pays européens. Ilsont bien compris que la solution à cette crisen’est pas seulement nationale,mais européenne,et que l’union fait la force !

Mes collègues de la Commission des Affaireseuropéennes à l’Assemblée nationale me disent,tous, à quel point parler d’Europe devant leursélecteurs,même cinq minutes à chaque réunionpublique,est utile et nécessaire pour faire cettepédagogie. Pour que chaque citoyen se rendecompte que c’est de son Europe qu’on parle,et pas d’un autre pays.

Quand je lis les « programmes » et les « idées »de « partis » politiques comme Libertas, je suisatterré par ce qui en transparaît :pour ces gens,l’Europe, ce n’est pas nous ! L’Europe, pour deVilliers et ses alliés de circonstance,c’est une sortede planète hors de notre système solaire,contrô-lée par des extra-terrestres sans aucune attachenationale.

Pour les souverainistes, « l’enfer, c’est les autres ». Et bien justement, l’Europe, ce ne sontpas « les autres », c’est nous ! Ce sont nosministres,nos représentants élus,qui siègent etdécident à Bruxelles et à Strasbourg ! S’il y aquelqu’un à blâmer sur telle ou telle décision,ce sont les gouvernements, les députés euro-péens, qui sont comptables de leurs décisions.

Dans l’abstrait, je rêve d’une Europe où un gou-vernement national serait renversé en raisonde ses prises de positions européennes…

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un taux de participation record ;pour un résul-tat qui m’a déçu, je le reconnais bien volontiers,moi qui avais pris part avec passion aux travauxde la Convention sur l’avenir de l’Europe, pré-sidée par Valéry Giscard d’Estaing,qui avait tra-vaillé sur le projet de Constitution européenne.

Mais qu’importe,preuve en était faite : l’Europeintéresse les citoyens ! Il y a une véritable soifde savoir,de s’impliquer sur les questions euro-péennes dans notre pays. Pourquoi nos grandsmédias nationaux (télévisuels principalement,les radios, la presse écrite, et surtout Internet,faisant sur ce point un travail très satisfaisant),pourquoi eux qui sont si empressés de donnerà voir au téléspectateur ce qu’il veut voir,pour-quoi ne lui proposent-ils pas d’étancher cettesoif de connaissance ?

Allons-y pour les clichés : l’Europe, ça ne faitpas vendre, ce n’est pas accrocheur, ça ne faitpas rêver… Combien de référendums ratésfaudra-t-il pour convaincre les journalistes ducontraire ? Pour intéresser les citoyens àl’Europe, encore faut-il, comme les Allemands,installer à Bruxelles et à Strasbourg un contin-gent important de correspondants de pressespécialisés !

Dans ma circonscription, je ne tiens jamais de réunion publique sans parler d’Europe. Est-ce à dire que la salle se vide dès que les gensvoient un drapeau bleu étoilé surgir ? Aucontraire ! 80% des questions qui me sontposées portent sur l’Europe. Et comment enserait-il autrement ? Les citoyens ont biencompris que problématiques nationales et pro-blématiques européennes sont imbriquées,

MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE

22ème mythe :l’Europe n’est pasdémocratique

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Drôle de rêve ? Au moins aurait-il le mérite defaire prendre conscience à nos gouvernants deleurs responsabilités. Au Danemark,un ministrepart à la réunion de son Conseil avec une feuillede route claire, déterminée à l’avance, et surlaquelle il rend des comptes devant laCommission des Affaires européennes de sonParlement.

En France, l’esprit de nos institutions est diffé-rent.La Commission des Affaires européennes(5)

ne rend que de simples « avis », qui ont néan-moins une force politique importante,puisqu’ilssont donnés le plus souvent à une écrasantemajorité – les questions européennes faisantsouvent consensus entre la droite et la gauche.De plus, des progrès sensibles ont été accom-plis : nous recevons désormais le ministre desAffaires européennes avant et après chaqueConseil européen,qui expose devant les députésnationaux les enjeux, le compte-rendu des déli-bérations et des avancées obtenues.

La démocratie européenne existe, même sielle n’est pas parfaite ! Elle passera notammentpar une plus grande implication des Parlementsnationaux, que prévoit d’ailleurs le traité deLisbonne.

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22ème mythe :l’Europe n’est pasdémocratique

(5) Les 36 députés de laCommission que je présideexercent une doublemission d’information et decontrôle de l’activitéeuropéenne. La révision dela constitution en 2008 luidonne davantage depouvoirs : outre l’examendes textes européenssoumis par leGouvernement,macommission exerce unefonction d’information etde contrôle de l’Assembléenationale sur les affaireseuropéennes.Ainsi, en plusdes nombreux rapportsd’information, nousauditionnons trèsrégulièrement les membresdu Gouvernement, desparlementaires d’autrespays européens,où desacteurs de la société civileimpliqués dans les affaireseuropéennes.

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promeut une « économie sociale de marché », quiconsacre le « rôle des partenaires sociaux » dansle dialogue social européen,qui crée une base juri-dique pour les services d’intérêt économiquegénéral (les services publics) en Europe,qui placela « concurrence libre et non faussée » commemoyen,et non plus comme une fin en soi de l’ac-tion européenne.C’est encore le traité simplifiéinitié par Nicolas Sarkozy,qui affirme la vocationde l’Europe à protéger ses citoyens d’une mon-dialisation débridée,ou qui instaure un protocolesur la reconnaissance des services publics natio-naux de qualité.

La cacophonie des motions socialistes, lors deleur dernier Congrès, est le révélateur d’uneabsence de ligne politique sur l’Europe et d’unmalaise à parler d’une Europe « sociale » : leurspropositions irréalistes vont de l’instaurationd’un salaire minimum européen à l’évocationvague d’une « Europe sociale », qui ne masqueque leurs divergences sur cette question.

A ceux qui font campagne pour une harmoni-sation sociale et fiscale en Europe, je veux leurrépondre que cette harmonisation n’est ni pos-sible, ni d’ailleurs souhaitable pour la France !

Elle n’est pas possible, parce qu’en matièresociale et fiscale, les décisions se prennent àl’unanimité.Croire que 27 pays s’accordent surces questions sensibles, c’est irréaliste ! Il esttout simplement mensonger de faire croire auxélecteurs que l’Europe peut s’occuper de cesquestions,qui relèvent des compétences natio-nales de chaque pays.Ce qui n’exclut pas pourautant de faire preuve de solidarité entre Etatsmembres.

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Ah, l’Europe « libérale » ! Ah, l’Europe « sociale » !A la seule évocation de ces concepts accolés, uneseule réaction prévaut en général :tous aux abris !

A chaque élection européenne,on nous ressortle même couplet : après « l’Europe sociale » duPS en 2004, « l’Europe libérale » dénoncée parMartine Aubry, et « l’Europe sociale + + » deBenoît Hamon, on ne sait pas où donner de latête. Osons un pari : en 2014, l’Europe sociale« +++ » ?

Il faut tordre le cou à cette surenchère hysté-rique et typiquement française : l’Europe n’estpas « sociale », pas plus, d’ailleurs, qu’elle n’est« libérale ».

Jamais avares de critiques, les socialistes français« oublient » souvent de rappeler que c’est le « traité simplifié » initié par Nicolas Sarkozy qui

L’AGRICULTURE EUROPÉENNE À L’HEURE DES CHOIX L’AGRICULTURE EUROPÉENNE À L’HEURE DES CHOIX

3ème mythe :l’Europe estlibérale, elle est

le cheval de Troie de la mondialisation

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pose pas comme cela ses idées en Europe,surtout quand on les accompagne de promessesde déficits publics peu reluisantes. Lorsque j’aiaccompagné en avril 2008, le ministre du travailfrançais chez son homologue allemand,d’ailleurssocialiste, ce dernier était totalement fermé àl’idée d’un Smic européen(6) !

Certains hommes de gauche, à commencer parun des plus éminents d’entre eux,Jacques Delors,ont tenu un discours autrement plus réaliste,plus….européen. Car l’ancien Président de laCommission européenne affirmait que « la poli-tique du marché du travail et la politique de l’Etatprovidence, sont de la compétence et de la respon-sabilité des Etats membres. Il faut,sans cesse, le rap-peler aux démagogues de tous les bords »(7). EtDelors de rappeler aux socialistes de 2009(8),quela priorité dans cette campagne, c’était de « direaux gens qui fait quoi : si certains problèmes sontdu ressort national, pourquoi accabler l’Europe ? »

Compte tenu de son histoire et des réalités poli-tiques, économiques, sociales et culturelles del’Europe actuelle, l’Union européenne fait déjàbeaucoup.

Durant la présidence française de l’Union euro-péenne, différents textes européens ont étéadoptés grâce à l’action du ministre français dutravail Xavier Bertrand : sur les Comités d’entre-prise européens,en améliorant la concertation etl’information au sein des entreprises de taillecommunautaire ;sur le travail intérimaire,en assu-rant l’égalité de traitement entre les intérimaireset les autres salariés ; sur la lutte contre les dis-criminations,contre la pauvreté,contre la maladied’Alzheimer et les maladies orphelines, etc.

L’AGRICULTURE EUROPÉENNE À L’HEURE DES CHOIX26

Une harmonisation n’est pas souhaitable,car laFrance possède l’un des systèmes de sécuritésociale les plus protecteurs du monde, et uneharmonisation sur nos voisins européens nousconduirait à baisser nos standards. La Franceserait alors contrainte de s’aligner par le bas,et cela, les Français le refuseraient.Nous avonstout à y perdre, rien à y gagner ! De la mêmefaçon, jamais certains pays du nord de l’Europen’accepteraient d’avoir notre fiscalité chez eux,ni nos charges sociales.

Voilà bien une arrogance toute française :notresystème de sécurité sociale serait une sorte depanacée universelle,que dans leur aveuglementcollectif, la plupart des pays du monde rechi-gneraient à adopter : il nous appartiendrait alorsd’imposer ce modèle de gré ou de force parune harmonisation européenne.

Aux « croisés » de l’Europe sociale, je leurdemande franchement : êtes-vous certainsd’avoir le courage et l’honnêteté de dire à nosamis européens :« notre modèle social est meilleurque le vôtre,vous devez le prendre,et avec lui toutesles charges sociales afférentes ».Eh oui ! Dit commecela, je ne serais pas étonné que les meilleuresvolontés s’émoussent !

Ce mode de pensée méprise l’esprit européen.Cela ne fonctionne pas comme ça en Europe,par le rapport de force, tout convaincu qu’onest de sa propre supériorité sur les autres.Celame rappelle la réaction du chancelier allemandGerhard Schröder, juste après l’adoption des 35heures en France :« les 35 heures en France,quellebonne idée…pour l’Allemagne ! »,ou celle de TonyBlair, les refusant pour le Royaume-Uni.On n’im-

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33ème mythe :l’Europe estlibérale, elle est lecheval de Troie dela mondialisation

(6) L’Allemagne n’ad’ailleurs pas de Smiccomme en France. Lesalaire minimal y est uneexception, réservée àquelques secteurs commele bâtiment.

(7) Jacques Delors,Mémoires, 2004.

(8) TV5, (26/04/2009).

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Dans ce domaine, les avancées se font pas à pas.Les résultats de la présidence française duConseil de l’Union européenne prouvent quesur certains sujets, on peut avancer à 27. Il estbeaucoup plus raisonnable d’avancer avec desobjectifs concrets et réalisables,que d’attendrela main sur le cœur un « grand soir » social euro-péen.

L’Europe sociale progresse. C’est un sujet quimérite des avancées concrètes sur des pointsprécis ; pas des grands discours ! Affirmer lecontraire, c’est promettre ce qu’on est sûr dene pas pouvoir tenir.Pour l’heure,construisonsl’Europe politique,une Europe politique à la fois« libérale » et « sociale », conjuguant liberté etsolidarité, bâtissons concrètement le modèleeuropéen de l’économie sociale de marché.

L’AGRICULTURE EUROPÉENNE À L’HEURE DES CHOIX28

A ceux qui critiquent le manque de « social »en Europe, j’ai envie de poser la question :combien d’entre vous, si vous êtes élus locaux,ont fait appel aux fonds européens pour aidervos concitoyens, lancer des projets associatifs,de nouvelles entreprises, rénover vos infra-structures ? Et ceux qui ne l’ont pas fait, pourquelle raison cachez-vous cette manne de plu-sieurs millions d’euros par région à vos élec-teurs ? La première des politiques de solidarité,c’est la politique régionale européenne, avec leFonds Social Européen (FSE) et le FondsEuropéen de Développement Régional (FEDER).

C’est Nicolas Sarkozy qui a réagi le premier àla crise financière et économique mondiale, enréunissant les dirigeants européens pour éla-borer des plans de sauvetage concertés,et pro-téger nos économies, nos citoyens… et nosemplois !

C’est encore Nicolas Sarkozy, au nom del’Europe, qui a lancé l’idée d’un G20 réuni àWashington, pour refonder les règles du capi-talisme et des marchés financiers au niveaumondial. La seconde réunion du G20, qui s’esttenue le 2 avril à Londres, a donné des résul-tats très concrets et inespérés sur la morali-sation du capitalisme, l’encadrement desmarchés, la lutte contre les paradis fiscaux, etla coordination des mesures de relance éco-nomique.Encadrer et réguler le capitalisme, voilà uneEurope sociale réaliste et efficace ! A mille lieuxdes utopies harmonisatrices de certains, quin’auraient qu’un seul résultat tangible : soule-ver les peuples contre ces projets,et mettre enpéril notre propre modèle social français.

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33ème mythe :l’Europe estlibérale, elle est lecheval de Troie dela mondialisation

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31MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE30 MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE

Le budget européen représente 1% du PIB del’Union européenne. Autrement dit, l’Europeconsacre 1% de sa richesse à son budget.Rapporté au nombre de citoyens des 27 paysde l’Union, l’Europe « coûte » 235 € par per-sonne et par an. A titre de comparaison, les Etatsmembres consacrent en moyenne 40 à 45% deleur PIB à leurs budgets respectifs !

Cette proportion (1% pour l’Union euro-péenne) est relativement stable depuis desannées,et elle ne bougera pas au moins jusqu’en2013.Sur la période 2007-2013, le budget euro-péen varie entre 117 et 127 milliards €, selonles années.

J’entends souvent certains se prononcer pourune augmentation sensible du budget européen.Les partis de gauche français en ont même faitun axe de campagne pour les élections euro-péennes de juin 2009.

D’autres répondent qu’avant d’augmenter lebudget de l’Europe, il conviendrait d’abord demieux le dépenser, et dénoncent régulière-ment le décalage entre les crédits votés (par le

Conseil, donc les Etats, et le Parlement euro-péen) et les sommes effectivement dépensées.

Cette sous-exécution des crédits européens apérennisé l’image d’Etats membres qui ne sau-raient pas employer efficacement l’argent quel’Europe leur attribue. Cette image n’est pasfausse,mais elle tend à s’estomper.D’une part,le « reliquat » des sommes non dépensées estsystématiquement reporté sur le budget del’année suivante. L’argent ne s’envole donc pasdans la nature.Par ailleurs,ces surplus se rédui-sent de plus en plus chaque année.En 2008 parexemple, sur un budget européen oscillantentre 100 et 120 milliards €, il ne restait à la finde l’année que 1,7 milliard € non attribués.

L’Europe coûterait cher, mais qui sait que,contrairement aux Etats membres, l’Unioneuropéenne a l’obligation de présenter unbudget en équilibre ? L’Union a l’interdictionabsolue d’être en déficit ! L’Europe ne peut toutsimplement pas s’endetter et donc faire sup-porter aux générations futures le poids de sesdéficits,puisqu’elle n’en a pas.Voilà des principesde bonne gestion dont bien des Etats pourraientutilement s’inspirer !

Voilà pour les chiffres, et pour le mythe d’uneEurope à la poche percée.

Certains médias ont tendance à propager uneimage négative de ces questions,en invoquant sys-tématiquement la question du « juste retour » :« pour tant d’argent donné, combien en reçois-je enretour ? » Ce raisonnement n’est pas le mien : ilvéhicule une image faussée et une logique de mar-chand de tapis.

4ème mythe :l’Europe coûtecher

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Revenons aux chiffres, puisqu’il faut bien enpasser par là.La France a versé en 1998,14 mil-liards € au budget communautaire.En 2003,16,3milliards ; en 2006,17,6,et en 2009,elle devraitcontribuer à hauteur de 18,9 milliards.Contribution en constante augmentation, nemanqueront pas de remarquer les euroscep-tiques. C’est oublier un peu vite, que depuis1998, l’Europe a intégré 12 nouveaux Etatsmembres,et qu’elle fait en 2009 beaucoup plusde choses qu’en 1998 !

Quant à se focaliser sur la comparaison entre lesmontants versés, et ceux perçus par la France,cette fameuse question du « juste retour »,c’estune question artificielle. Certaines sommesdépensées par l’Europe le sont pour un pays enparticulier, mais il ne faut pas oublier que beau-coup sont versées pour des projets bénéficiantà plusieurs pays à la fois,que d’autres concernentl’ensemble de l’Union européenne,et même quecertains crédits ne touchent directement aucunEtat membre en particulier !

Par exemple, l’Union européenne vient de pro-mettre une aide de 2,5 milliards € à l’Ukraine.Et ce afin qu’elle modernise ses gazoducs,et ren-force ainsi la sécurité de l’approvisionnement engaz de toute l’Europe. Il est évident que tous lespays européens trouvent un intérêt dans cesinvestissements, car ils contribuent à notrepropre sécurité. Pourtant, pas un euro n’a étéversé à un pays européen dans cette affaire !

Autre exemple aussi technique : les intercon-nexions électriques entre l’Espagne et la France.Qui irait se demander auquel des deux pays pro-fitent le plus ces investissements européens ? Les

deux pays sont évidemment bénéficiaires col-lectivement.Et comment calculer exactement lapart de bénéfice qui revient à l’un ou l’autre ? Onvoit bien que cette question du « juste retour »est une fausse question,qu’elle fait fi de la réalité,certes parfois complexe, de l’Union.

Il existe cependant des « dépenses réparties »,celles qui sont attribuées précisément à un paysen particulier. En France par exemple, ellesconcernent la politique agricole commune, lapolitique régionale (Fonds Social Européen,FEDER), mais aussi les crédits Erasmus, ou lesréseaux européens de transport d’énergie(RTE-T). Le fonds européen d’ajustement à lamondialisation peut également intervenir dansles cas de licenciements massifs. Le gouverne-ment français, avec d’autres, a obtenu que sonenveloppe soit doublée de 500 millions à 1 mil-liard €, pour faire face à la crise économiqueactuelle.

La France a ainsi reçu 13,9 milliards € de « dépenses réparties » en 2007,soit 13% du totaldes dépenses réparties sur toute l’Union euro-péenne.Voilà un chiffre qui devrait faire taire leseurosceptiques de notre pays : la France est aupremier rang,en 2006 et 2007,des bénéficiairesd’aides réparties ! Mais encore une fois, il estvain de ne retenir que ce chiffre, tant les aideseuropéennes peuvent être attribuées à desprojets qui dépassent les frontières entre Etats.

A ceux qui veulent absolument se prendre aujeu, comment comptent-ils quantifier le béné-fice de l’aide au développement que l’Europeverse aux pays du Sud, pour leur propre pays ?Comment quantifier en termes de « retour »

44ème mythe :l’Europe coûtecher

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34 35MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE

l’action d’agences comme Frontex, qui protègeet gère nos frontières,ou l’action d’Europol,quilutte contre la criminalité internationale ? Veut-on vraiment calculer le nombre d’affaires réso-lues par pays, afin de savoir qui en bénéficie leplus,comme si la criminalité s’arrêtait aux fron-tières ? Comment ne pas voir que les actionsextérieures de l’Union,au Kosovo,en Palestine,en Somalie, via le Fonds Européen deDéveloppement, l’aide humanitaire, participentau rayonnement de l’Europe, et à notre sécu-rité à tous ?

Il faut donc faire un sort à cette idée reçue selonlaquelle l’Europe serait un puits sans fond pourles dépenses publiques. Au contraire, beau-coup de nos démocraties devraient s’inspirerde ces méthodes de gestion,plus transparenteset saines que celles en pratique dans les Etats.Il faut surtout accepter l’idée que notre déve-loppement économique, notre sécurité, notreapprovisionnement énergétique, dépendentd’une Europe forte de l’intérieur, et influente àl’extérieur de ses frontières.Cela passe par desinvestissements sur le long terme, dont on neperçoit pas souvent les bénéfices immédiats.Mais c’est ainsi que nous assurons un mondeplus stable pour les générations futures.Notregénération, qui est souvent accusée d’avoirvécu sans se soucier des dettes qu’elle lègueraà ses enfants (dette économique, dette écolo-gique surtout !), ferait bien de considérer cesdépenses non pas sous l’angle réducteur du justeretour, mais avec le sentiment que l’argentinvesti maintenant servira l’Europe de demain.

44ème mythe :l’Europe coûtecher

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intérêt à s’entourer de voisins aux régimes poli-tiques démocratiques et à l’économie déve-loppée. Notre prospérité économique, notresécurité intérieure,notre sécurité énergétiquepassent par l’édification et la consolidationd’un vaste espace européen de paix.

Du fait de la guerre, l’Europe fut, pendant plu-sieurs décennies, coupée en deux. Je n’oubliepas mon combat d’alors,pour soutenir tous lesamoureux de la liberté, qui luttaient contre ladictature soviétique dans leur pays.Avec le jour-naliste Bernard Leconte, nous nous étionsrendus à Vilnius pendant plusieurs jours, sansl’autorisation du pouvoir soviétique,afin de ren-contrer les opposants au communisme. Je n’ou-blierai jamais ces discussions animées et pas-sionnantes,dans un parlement lituanien encerclépar les chars, avec son président VytautasLandsbergis, que j’ai rencontré ensuite àBruxelles,alors qu’il était député européen.Quelbeau symbole !

Fort heureusement, la question de l’élargisse-ment « à l’Est » ne soulève plus beaucoup depolémiques. Je me réjouis que de « petits » paysnouvellement entrés dans l’Union, comme laSlovénie,aient présidé le Conseil de l’Union avecbrio en 2008. C’est une belle victoire, qui enannonce d’autres ! Mieux que tout discours,ellelégitime l’intégration de ces pays à l’aventureeuropéenne.Sans parler du fait que la Slovénie,comme la Slovaquie,ont rempli les critères d’ad-hésion à l’euro et partagent désormais avec nousla même monnaie.

Sur un élargissement au-delà des mers, soyonsclairs, je suis plus réservé. La question de l’en-

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Il est un temps,pas si lointain,où des voix s’éle-vaient de toute part pour fustiger l’adhésion del’Espagne ou du Portugal à l’Union européenne.Des pays à peine sortis d’une dictature, dontle développement économique était sans com-paraison avec le nôtre.

Qui dorénavant aurait encore l’audace de cri-tiquer l’entrée de ces deux pays dans l’Union ?Qui serait suffisamment aveugle pour constaterleur extraordinaire rattrapage économique ? Quis’étonnerait encore de voir un Portugais à la têtede la Commission européenne ? Plus personne!

C’est la même logique qui m’a convaincu de sou-tenir l’adhésion des pays de l’ancien bloc sovié-tique situé en Europe centrale et orientale:l’Europe a tout à gagner à construire un espaceintérieur stable, autour d’un marché communqui lui assure la prospérité, comme elle a tout

5ème mythe :l’Europe n’a pas de frontières

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Je ne suis pas contre la Turquie. Je suis pourl’Europe politique.Et cette Europe politique mesemble incompatible avec l’entrée d’un pays deplus de 70 millions d’habitants.

Recevant le ministre des Affaires européennesde Turquie, Egemen Bagis, je lui ai rappelé maconviction que son pays est un pont nécessaireentre le monde musulman et le monde chré-tien. Nous sommes tombés d’accord sur lanécessité de rapprocher la Turquie de l’Europe,de nos valeurs, et de ne pas céder à la tenta-tion du radicalisme religieux.« Le premier oppo-sant à l’entrée de la Turquie dans l’Europe, c’est Al-Qaida »,m’a confié M.Bagis.Nous sommes tousles deux conscients du rôle majeur joué par sonpays dans les négociations entre Israël et le Liban,et de son rôle de stabilisateur indispensable dansla région du Proche-orient, sur l’Iran, surl’Afghanistan.

Mais l’entrée de la Turquie ne peut pas obérerl’Europe politique que nous voulons.Les citoyenseuropéens ne peuvent pas voter pour uneEurope dont eux-mêmes ne connaissent pas lesfrontières. Pour moi, ces frontières s’arrêtentaux Balkans. Après l’entrée des pays d’ex-Yougoslavie, on arrête.

Le Président du Conseil italien Silvio Berlusconivoyait bien l’Union européenne s’élargir à toutle pourtour méditerranéen, à Israël, « et mêmejusqu’à l’Afrique du Sud ». Où va-t-on ? Cettevision purement économique de l’Europe n’estpas la mienne, et je privilégierai toujours uneUnion forte et politiquement cohérente à unedilution périlleuse au-delà de nos frontières cul-turelles.

trée de la Turquie dans l’Union européenne,encore une fois, ne manque pas d’alimenter ledébat à l’approche des élections européennes.

La position de la France est claire : non à l’ad-hésion de la Turquie, oui au « partenariat pri-vilégié »(9). L’ouverture de deux nouveaux cha-pitres, en décembre 2008, n’est pas synonymed’une prochaine adhésion de la Turquie à l’Unioneuropéenne.Ces deux chapitres ont été ouvertsparce qu’ils mènent précisément au partenariatprivilégié, non à l’adhésion. La France s’estopposée aux cinq chapitres qui pouvaientmener à l’adhésion.

De même, la réforme constitutionnelle votéeen 2008 ne signifie pas l’abandon du référen-dum pour l’entrée de la Turquie.La précédenteréforme constitutionnelle rendait obligatoire leréférendum pour l’adhésion d’un nouveau pays,après celle de la Croatie. Avec la réformeconstitutionnelle de modernisation de nos ins-titutions, nous avons voulu améliorer ce fonc-tionnement : le référendum reste la règle,maisle Président de la République peut décider desoumettre,après l’accord de l’Assemblée natio-nale et du Sénat, l’adhésion d’un nouveau paysau Parlement convoqué en Congrès, qui doitl’adopter à la majorité des trois cinquièmes.Pourne pas faire de langue de bois, cela permettraaux derniers pays des Balkans, qui ont déjà unpied dans l’Europe,de nous rejoindre,en tempsvoulu,par approbation parlementaire en France.Mais il va de soi que l’entrée, ou non, de laTurquie se décidera par référendum, car ilserait surréaliste que le Président de laRépublique, l’Assemblée nationale et le Sénatpassent outre la volonté du peuple.

55ème mythe :l’Europe n’a pasde frontières

(9) « Le partenariatprivilégié, alternative àl’adhésion » Note 38 dela Fondation RobertSchuman, décembre 2006.

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A l’inverse, la vision d’une Europe forteresse aaussi la vie dure. Barricadée derrière ses fron-tières, l’Europe se serait fermée à toute colla-boration avec ses voisins. Mais alors qu’est ceque l’Union pour la Méditerranée ? Qu’est ceque le Partenariat oriental(10), initié avec les paysdu Caucase du Sud et les voisins orientaux del’Europe ? La sécurité de l’Europe commenceen dehors de ses frontières et ces projetsambitieux ont pour vocation de consoliderl’équilibre intérieur de ces régions, tout en ren-forçant nos relations avec elles. Se rapprocher,oui, les intégrer, non !

Le fantasme d’une Europe tentaculaire, quis’étendrait au-delà de toute limite raisonnable,est d’ores et déjà éculé. Les Européens ontcompris que l’urgence, c’est de se concentrersur notre fonctionnement, sur nos politiques,sur notre influence internationale, sur la façonde sortir de cette crise économique et finan-cière, plutôt que d’intégrer sans fin tous nosvoisins.

55ème mythe :l’Europe n’a pasde frontières

(10) Avec l’Arménie,l’Azerbaïdjan, la Géorgie,la Moldavie, l’Ukraine etla Biélorussie.

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42 43MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE

Un élu d’un « quartier sensible » m’a récem-ment posé la question : « les gens me deman-dent ce que fait l’Europe pour eux. L’Europe leurparaît lointaine,déconnectée de leur vie quotidienne.Pendant cette campagne, comment leur montrerque l’Europe,ce ne sont pas que des sommets inter-nationaux,des décisions qui ne les touchent pas ?».Mieux que tout discours, j’ai rédigé un docu-ment appelé « La journée européenne d’OlivierMartin ». Il montre de manière ludique en quoil’Europe change notre quotidien à tous,comment elle change ma vie et celle de tousles citoyens.

LA JOURNEE EUROPEENNE D’OLIVIER MARTIN

Du matin au soir, sans nous en rendre compte,nous rencontrons l’Europe jusque dans nosgestes les plus anodins. Depuis près de 60 ans,« l’Europe qui protège » est notre vie quoti-dienne.

Elle agit concrètement dans beaucoup d’aspectsimportants de notre vie :ce que nous mangeons,ce que nous achetons, les vêtements que nousportons, les services dont nous avons besoinrépondent très souvent à des règles com-munes établies pour protéger les consomma-teurs européens.Beaucoup de consommateursdans le monde n’ont pas cette chance…

06h30 : Le réveil sonne, Olivier Martin seréveille.Son habitude pour garder un ventre bienplat : un verre d’eau à jeun ! Il sait qu’il peut laboire sans inquiétude, car l’Europe a établi desstandards minima pour la qualité de l’eaupotable dans tous les pays(11) .06h45 : Comme tous les matins,Olivier com-mence la journée l’esprit tranquille,par un bonpetit-déjeuner. Il savoure ce moment, car il saitque son verre de lait, son jus de fruit, le miel etles confitures qu’il mange,répondent à des exi-gences européennes de qualité(12) .07h25 : Pendant que les tartines fument dansle grille-pain, Olivier écoute d’une oreille lamétéo à la radio(13). Si le grille-pain et la radiod’Olivier consomment peu d’électricité, c’estgrâce aux nouvelles normes européennes d’éco-conception, applicables aux appareils ména-gers et de bureau.8h00 : Les enfants se préparent : Julien, le filsd’Olivier,se fait la dernière coupe à la mode avecdu gel coiffant ; Alice, sa fille, maquille sonminuscule bouton. Grâce aux normes euro-péennes, les produits cosmétiques compor-tent moins de risques d’allergies,tout en restantefficaces(14) .08h35 : Tout le monde prend place dans lavoiture. Les Européens se sont accordés surune baisse progressive des émissions de CO2

6ème mythe :l’Europe nes’occupe pas

de notre quotidien

(11) Directive européenne98/83/CE.

(12) Directive 2001/112/CE;Directive 2001/113/.

(13) Directive 2005/32/CE.

(14) Directives80/1335/CEE,82/434/CEE, 83/514/CEE,85/490/CEE, 93/73/CEE,95/32/CE, 96/45/CE.

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10h05 : Le patron d’Olivier est rassuré aussi :depuis une décision de la Cour de Justice euro-péenne de décembre 2008, il est sûr d’êtreindemnisé par la compagnie aérienne,si son volest annulé pour des raisons techniques ou demauvais temps. En plus, il est sûr de trouver unvol au meilleur prix :en favorisant la concurrenceet le développement des compagnies low cost,l’Europe a divisé le prix des voyages par 4(19)!10h10 : Pour bien préparer ce voyage d’affaire,la DRH de son entreprise propose à Olivier desuivre une formation pour se mettre à niveau.Grâce à l’aide du Fonds Social Européen, sonentreprise peut offrir à Olivier des formationsprofessionnelles pour améliorer ses qualifica-tions. Ce fonds aide aussi à la réinsertion despersonnes sur le marché du travail, ou à laréorientation de certains travailleurs.11h00 : Elsa, la femme d’Olivier, attend pourbientôt un troisième enfant. Elle veut en profi-ter pour réaliser quelques travaux dans leurappartement.Elle a pris rendez-vous avec sa ban-quière pour discuter d’un crédit.Elsa a confiancequand elle pousse la porte de sa banque.Malgréla crise mondiale très profonde, l’Europe aprotégé ses banques pour leur permettre decontinuer à faire crédit(20).12h40 : Pendant sa pause, qui est un droitreconnu pour tous les travailleurs en Europe,Olivier en profite pour acheter son journal aukiosque.En parcourant les dernières nouvelles,il suit l’avancée de l’enquête sur un attentatdéjoué dans un centre commercial. Il apprendque les services de sécurité de tous les payseuropéens travaillent ensemble pour faire denotre continent un espace sûr pour ses citoyens,tout en respectant les libertés individuelles(21).

MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE44

de leurs véhicules neufs (-18% d’ici 2015)(15).08h50 : Sur la route de l’école, la famille tra-verse un pont fraîchement inauguré. Par lafenêtre, on aperçoit les immeubles flambantneufs d’un quartier réhabilité.Le saviez-vous ? La politique régionale euro-péenne constitue le deuxième poste de dépensede l’Union. Elle permet aux Etats membres delutter contre les disparités et contre l’enclave-ment rural, de soutenir la construction de cer-taines infrastructures, de réhabiliter des quar-tiers en difficulté ou d’aider nos départementsd’Outre-mer.09h00 : Dans la cour du lycée de Julien,un standinforme les jeunes sur les dangers de la drogue.L’Union européenne met en œuvre pour lapériode 2007-2013 un plan d’action pour sen-sibiliser tous les publics aux dangers de laconsommation et du trafic de drogue.L’Europeprotège aussi nos enfants et leur santé, enorganisant des campagnes d’information sur letabac ou l’alcool(16).09h30 : En arrivant au travail, Olivier apprendqu’un de ses collègues a eu un accident sur laroute, et qu’il a été transféré à l’hôpital.Tout lemonde s’inquiète pour lui,mais Olivier rassureses collègues en leur apprenant qu’en cas detransfusion, la qualité et la traçabilité du sangsont strictement contrôlées en Europe(17).10h00 : Le patron d’Olivier lui propose de l’em-mener pour un futur voyage d’affaires. Oliviern’est jamais très rassuré en avion,mais il est aumoins certain que la compagnie qu’il prendrarespectera des normes strictes de sécurité.Depuis 2005, l’Europe établit et actualise régu-lièrement une liste noire des compagniesaériennes qui ne respectent pas ces règles(18).

MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE

66ème mythe :l’Europe nes’occupe pas denotre quotidien

(15) Proposition derèglement du Parlementeuropéen et du Conseildu 19 décembre 2007.

(16) Décision 150/2007/CEdu Parlement européen etdu Conseil du 25septembre ;Recommandation2003/54/CE du Conseil.

(17) Directive 2002/98/CE.

(18) Règlement (CE)n°2111/2005 duParlement européen etdu Conseil du 14décembre 2005.

(19) Arrêt C-549/07Wallentin-Hermann de laCJCE, 22/12/2008.

(20) Sommet des pays de lazone euro : déclarationsur un plan d'actionconcertée des pays de lazone euro - 12/10/2008.Conseil européen du16/10/2008.

(21) Directive 2003/88/CE.

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tique en Europe, avec près de 10 milliards €reçus chaque année(25).18h45 : Olivier est rentré du travail avec uncatalogue de vacances dans les mains. Soncomité d’entreprise lui propose des prix allé-chants pour partir cet été au bord de la mer.Elsa s’inquiète de la propreté de l’eau, à causedes dégazages au large des côtes. Grâce auxmesures drastiques prises par l’Europe, il y amoins de dégazages sur nos côtes : de plus,l’Union européenne décerne chaque annéedes « pavillons bleus »,véritables labels de pro-preté pour nos plages(26).18h55 : Olivier est bien tenté aussi parl’Espagne. Pendant leurs vacances, si sa famillea des problèmes de santé, il sait qu’avec leurcarte européenne d’assurance maladie, leurssoins seront pris en charge(27).19h50 : Pour soigner une mauvaise toux,Julien, l’aîné,prend ses médicaments pendant lerepas. Sur les conseils de son pharmacien, samère a choisi de donner à Julien des médica-ments génériques. L’Europe a mis en place unevaste réforme de la législation pharmaceu-tique,qui permet le développement et la sécu-rité des médicaments génériques(28).20h30 : Pendant le repas, Julien raconte avecenthousiasme son entretien avec la conseillèred’orientation de son lycée.Après son bac, il vou-drait partir étudier à l’étranger.Ce serait un vrai« plus » sur son C.V. ! Le programme Erasmuslui permet de passer plusieurs mois dans l’uni-versité européenne de son choix. Il n’aura pasde frais d’inscription supplémentaires, recevraune bourse qui l’aide sur place, et validera sonannée universitaire dans son établissementd’origine. Avant d’aller étudier avec Erasmus,Julien aura la chance de partir avec sa classe lors

MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE46

15h30 : À l’école d’Alice, la cloche sonne. Lamaîtresse distribue en guise de goûter desproduits laitiers, pour que tous les enfantsbénéficient d’une alimentation équilibrée.Pourlutter contre l’obésité, l’Union européennes’est accordée pendant la présidence françaisesur un programme de distribution hebdoma-daire de fruits dans les écoles, qui débutera en2009(22).16h00 : La maîtresse d’Alice parle à la classed’un de leur camarade,qui souffre d’une maladierare,et qui est absent aujourd’hui car il doit rece-voir des soins à l’hôpital. L’Europe s’est dotéed’un plan ambitieux,pour que les Etats membresprennent davantage en considération les situa-tions difficiles des patients qui souffrent de mala-dies orphelines. L’Europe qui protège, c’estaussi l’Europe qui s’occupe de chaque citoyen,quelle que soit sa situation(23).18h30 : Après ses devoirs,Alice s’amuse dansle salon avec ses jouets, sous le regard attentifde sa maman.Elsa peut finir de préparer le dînertranquillement :elle sait que les jouets de sa fillerépondent à des exigences strictes de sécurité.L’Europe met régulièrement à jour sa régle-mentation sur les jouets, parce qu’elle ne tran-sige pas avec la sécurité de nos enfants(24).18h40 : Au menu de ce soir, Elsa prépare unrôti de bœuf pour toute la famille. Depuisjanvier 2005, l’Europe assure la traçabilité de laviande que les Européens mangent « de lafourche à la fourchette ».L’Europe protège leursanté des risques sanitaires comme la « vachefolle » ou la grippe aviaire.C’est en grande partiegrâce à l’Europe et à la Politique AgricoleCommune que la France est le 2nd producteuragroalimentaire du monde ! En effet, notrepays est le premier bénéficiaire de cette poli-

MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE

66ème mythe :l’Europe nes’occupe pas denotre quotidien

(22) Proposition derèglement du Conseilmodifiant les règlements(CE) n° 290/2005 et (CE)n° 234/2007 (COM(2008)0442 - C6-0315/2008 -2008/0146(CNS).

(23) Proposition derecommandation duConseil COM 2008/726 ;Communication de laCommission COM2008/679.

(24) Directive 88/378/CEE ;Proposition de directivedu Parlement européen etdu Conseil du 25 janvier2008 relative à la sécuritédes jouets.Adoptée le18/12/08.

(25) Règlement (CE) n°853/2004 ; Règlement(CE) n°854/2004.

(26) Directive 2006/7/CE ;Normes Erika 1, 2 &3.

(27) Décisions189/190/191 de laCASSTM du 18/06/2003.

(28) Directive 2003/94/CE.

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européenne encourage la coopération culturelledans le domaine des arts vivants, et les œuvreseuropéennes de cinéma et de télévision.23h20 : Dans son lit, Elsa feuillette un maga-zine à la lumière de sa lampe de chevet.Au furet à mesure, la famille remplace les anciennesampoules à incandescence par des ampoules àfaible consommation d’énergie. Quand on saitque l’éclairage peut représenter jusqu’à un cin-quième de notre facture l’électricité, chaquegeste compte ! Ainsi, la maison sera complète-ment équipée, lorsque les anciennes ampoulespolluantes seront définitivement retirées de lacirculation en 2010 (2012 en Europe)(31)!.

MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE48

d’un échange avec un lycée italien. L’Unioneuropéenne soutient le jumelage entre les villesdes Etats membres.Les actions de jumelage inté-grant des programmes éducatifs sont subven-tionnées par la Commission européenne,pourpermettre aux jeunes Européens de découvrird’autres cultures.21h00 : Après le repas, Olivier téléphone à sasœur, qui travaille en Espagne. Il peut prendreson temps pour qu’elle lui raconte sa nouvellevie au soleil. Il sait que, grâce à l’Union euro-péenne, le coût des appels et des SMS vers etdepuis un Etat membre a baissé de moitié.Depuis 2007, l’Europe lui permet de bénéficierd’un tarif commun pour les appels passés d’unpays membre à l’autre.Cet "Eurotarif" fixe unelimite maximum pour les appels passés (0,49€

hors TVA) et reçus (0,24€ hors TVA) sur sonmobile depuis un autre Etat-membre del’Union(29).21h30 : Alors que son fils surfe sur Internet,Elsa n’est pas inquiète quand il lui demanded’acheter une sonnerie de portable.Elle sait quela Commission européenne contrôle la publi-cité mensongère sur Internet.De plus, elle saitqu’il peut commander un produit sans l’avoirvu au préalable.En Europe,elle dispose d’un délaide 7 jours pour se rétracter si sa commandene lui convient pas(30).21h45 : Au moment où son fils s’apprête àsortir avec ses amis, Olivier n’oublie pas de luiconseiller d’emporter,au cas où,des préservatifs.Depuis 1998, la sécurité des préservatifs estgarantie en Europe.22h00 : Pour se détendre après cette journéebien remplie,Olivier et Elsa se rendent à un fes-tival de spectacles de rue organisé dans leur ville,qui est financé en partie par l’Europe. L’Union

MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE

66ème mythe :l’Europe nes’occupe pas denotre quotidien

(29) Règlement (CE) n°717/2007.

(30) Directive 97/7/CE.

(31) Directive 2005/32/CEet nouveau règlementadopté en 2009.

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Mais les choses avancent. Je suis fier que ledrapeau européen ait franchi les portes del’Assemblée nationale !

Quelle n’a pas été pas mon émotion de voir aussile drapeau européen déployé sur le terrain lorsdu tournoi de Rugby des Six nations, en 2006 !J’ai ressenti la même fierté le 14 juillet 2007,quand les armées de tous les Etats membres ontdéfilé ensemble sur les Champs-Élysées, ouencore en passant devant la Tour Eiffel, illumi-née aux couleurs de l’Europe pendant la prési-dence française du Conseil européen. J’ai assistéavec émotion à la cérémonie inaugurant la pré-sidence française, avec les drapeaux français eteuropéen déployés au-dessus de la tombe duSoldat inconnu, sous l’Arc de Triomphe.

Je ne suis pas historien,ni philosophe.Je leur laissele soin d’établir cette Histoire commune euro-péenne,qu’il faudra bien un jour consigner dansun livre à 27 mains.Le manuel d’Histoire franco-allemand est d’ailleurs un premier pas déjà spec-taculaire,quand on sait par quelles atrocités nosdeux nations ont, par le passé, réglé leurs diffé-rends.Je me réjouis que les lycéens des deux rivesdu Rhin apprennent désormais leur Histoire dansun même livre,et que de telles initiatives tendentà démontrer ce qui rapproche et unit les nationseuropéennes, plus que ce qui les a divisées.

L’identité européenne existe. Elle est le fruit desiècles,de millénaires de bouillonnement politique,culturel. Notre identité est une identité en per-pétuelle évolution, elle s’est enrichie de nos dif-férences,de nos échanges,de nos conflits parfois.« La culture européenne ne subit pas seulement cesoppositions,conflits et crises ;elle en vit ».Edgar Morin

MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE50

Il est vrai que l’Europe n’a pas une identité,maisdes identités multiples. Il serait ridicule de pré-tendre que nos 27 pays ont la même histoire,la même culture,comme il serait ridicule de nierleurs spécificités linguistiques.

Mais au-delà d’une Histoire, d’une culture,l’identité se matérialise concrètement par dessymboles.Et en France,nous avons un problèmeavec les symboles. Quand je pense que ledrapeau français est parfois sujet à controverse,je me dis que le chemin à parcourir pourimposer les symboles européens dans le cœurdes citoyens est encore long ! On est loin del’amour des Américains pour leur drapeau,exposé sans complexe chez beaucoup decitoyens.

Qui sait d’ailleurs qu’au-delà du drapeau, nousavons un hymne,une devise commune (Unie dansla diversité), une fête de l’Europe, le 9 mai(32) ?Pas grand monde. Il serait pourtant injuste deblâmer les citoyens, tant cette responsabilitéincombe aux responsables politiques.

MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE

7ème mythe :l’Europe n’a pasd’identité

(32) Cette fête del’Europe, le 9 mai 1950,commémore le discoursfondateur de RobertSchuman, prononcé dansle « salon de l’Horloge »du Quai d’Orsay à Paris.Cette date historique estconsidérée comme l’actede naissance de l’Europetelle que nous laconnaissons.

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Il faut voir ce jeune public,quand je lui expliqueque la paix n’est jamais donnée, qu’il a de lachance de vivre sur un continent apaisé, res-pectueux des Droits de l’Homme,un continentoù ils peuvent aller à l’école, se former, déve-lopper leurs connaissances et leur esprit cri-tique sans craindre la répression, voyager sansfrontières,payer avec la même monnaie… Leurexpliquer que rien n’est jamais acquis d’avance,que toutes ces avancées ont été obtenues dehaute lutte, par la force morale et la volontéinébranlable d’hommes et de femmes d’ex-ception, et dont nous avons l’honneur et ledevoir de perpétuer l’héritage.

Il peut paraître un peu vieux jeu,un peu décalé,un peu anachronique, de se référer à la paix,alors qu’aucune menace sérieuse ne semble laremettre en cause sur le territoire européen.Si c’est ce que vous pensez, détrompez-vous !Il ne faut pas regarder loin, pour voir que dansbien des régions du monde, dans de grandespuissances démocratiques comme dans depetites dictatures, la paix n’est pas acquise. LeProche-Orient qui s’est de nouveau enflammé,le conflit entre la Géorgie et la Russie, sontautant de piqûres de rappel pour nosconsciences endormies. La guerre en ex-Yougoslavie, que les Européens n’ont alors passu empêcher, démontre que même le cœur denotre continent peut encore vivre de sombresheures.

Peu de temps avant la chute du mur de Berlin,Lech Walesa,que je questionnais sur son enga-gement pour la liberté, a eu ces mots terriblesde beauté et d’abnégation : « je ne sais pas si jeme bats pour mes enfants, ou pour mes petits

MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE52

le dit : « c’est la dialogique »,c'est-à-dire « la ren-contre fécondante des diversités,des antagonismes,des concurrences, des complémentarités »,qui est« au cœur de l’identité européenne »(33) .

Schuman, Adenauer, Spaak,de Gasperi ont poséles fondations de l’Europe ; jour après jour,nous-mêmes posons les pierres de l’Europe quenous bâtissons pour nos enfants ; cette iden-tité commune,c’est le ciment de cette construc-tion.

Justement, lorsque j’interviens devant desenfants ou des adolescents, je leur demandesouvent ce qu’évoque, instinctivement, l’Europepour eux. Les premières réponses se ressem-blent souvent : la connaissance des pays voisins,les échanges culturels, Erasmus, me disent lesplus âgés… Et c’est vrai que les jeunes qui ontquitté, quelques mois, leur patrie natale pourdécouvrir d’autres cultures et d’autres peupleseuropéens, n’en reviennent pas tout à faitcomme avant. Ceux qui ont vécu « l’aubergeespagnole » - en Espagne ou ailleurs ! – peuventtémoigner de cette culture commune, de cetenrichissement mutuel qui ne les quitterajamais. Sans parler de l’atout indispensable desavoir manier plusieurs langues !

Mais il manque quelque chose dans cette listede références européennes,que les jeunes évo-quent spontanément. Jamais le mot « paix » n’estévoqué. Cet oubli me rassure et m’inquiète àla fois. Il me rassure,car qui regretterait que nosenfants soient si habitués à vivre dans un climatpacifié, qu’ils ne le mentionnent plus ? Il m’in-quiète,car je n’oublie pas que la paix est un étatfragile, qu’elle n’est pas une évidence.

MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE

77ème mythe :l’Europe n’a pasd’identité

(33) Edgar Morin, Penserl’Europe

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Nowina-Konopka, le cardinal Glemp,Mazowieski, j’emmène alors Philippe de Villiers,à sa demande. Il ne tenait pas alors les proposqu’on lui connaît aujourd’hui.

Peut-être inspiré par l’atmosphère toute « ciné-matographique » de ces entretiens clandestins,il invite en retour tous ces résistants polonaisdans son parc du Puy du Fou, affrète un avion,fait dire une messe par le cardinal Glemp,et rendalors un hommage vibrant devant toute lapresse convoquée, à la Pologne et à ses héros,véritable « transfusion d’espoir » selon sesmots. J’avais trouvé la formule belle !

Il faut croire que le vent a tourné, que la modea changé,quand le même homme prononce lorsdu débat à l’Assemblée nationale sur l’adhésiondes pays d’Europe centrale et orientale à l’Unioneuropéenne, une charge violente contre eux,et qu’il vote contre leur entrée dans l’Europe.Autre époque,autre mœurs,sûrement.Tard dansla nuit, dans les couloirs du Palais Bourbon, jelui dis toute l’amertume que ses revirementsm’inspirent : « Ce n’était vraiment pas la peine, ily a quelques années, de faire venir tous ces amispolonais en grande pompe chez toi,pour leur claquerla porte au nez plus tard.Tu te souviens de la trans-fusion d’espoir ?» Il a tourné les talons sansrépondre.Autres temps, autres mœurs…

Mais la fidélité à nos idéaux européens n’est pasun vain mot, elle résiste aux trahisons, autemps,aux épreuves,et chacune de mes visitesen Pologne est l’occasion de le réaffirmer.

Aux jeunes de 2009, j’ai envie de dire que l’iden-tité européenne,votre identité,ce n’est pas tant

MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE54

enfants ». Mais pour lui, le combat était le plusimportant. Ce combat, j’y ai modestementcontribué,en apportant au cours de nombreuxvoyages, de l’aide humanitaire ou du matérielde travail pour Solidarnosc.Plus tard,en remer-ciement de cet engagement, j’ai eu l’honneurd’être décoré de la main de Walesa,à Bruxelleset à Paris,de la plus haute distinction polonaise,et de la médaille de Solidarnosc.

Cette identité européenne nous échappe un peuà tous, il faut bien le reconnaître. Mais ne laretrouve-t-on pas dans ces gestes d’amitié, desolidarité, entre les peuples européens ? Entredes peuples qui pendant des siècles se sontcôtoyés sans oser véritablement se connaître,entre des nations qui se sont parfois battues sau-vagement entre elles.Quelle plus belle médaillepourrions-nous recevoir que ce lien indéfectible,qu’aucun mur, qu’aucune guerre n’a su couperdéfinitivement ?

L’époque juge un homme politique à l’aune de sesréformes, de ses résultats, de sa « carrière ».L’Histoire le juge sur de tout autres critères. Lavaleur.L’engagement.La fidélité à ses convictions,à ses idéaux à ses amis.Et sur le grill de l’Histoirecertains ne résistent pas bien longtemps,eux quiembrassent des idées pour mieux les renierquand le vent,ou la « mode »,changent de direc-tion.

Pologne.Guerre froide.Les opposants à la dic-tature soviétique se cachent dans les églises etles presbytères pour organiser d’incertaines ren-contres,avec ceux qui soutiennent leur combatdepuis l’autre côté du Mur. Dans mes valises,pour rencontrer Walesa, Geremek, Michnik,

MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE

77ème mythe :l’Europe n’a pasd’identité

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Je me souviens de Peter Altmaier, Secrétaired’Etat allemand,venu exprès de Berlin,dire,dansun français parfait :« Nous avons découvert,PierreLequiller et moi-même,que nos grands-pères étaientpendant la Première Guerre mondiale, sur le mêmechamp de bataille, du côté français et du côté alle-mand. Aujourd’hui, leurs petit-fils travaillent quoti-diennement main dans la main…C’est cela l’Europe,ce qui nous unit, c’est notre identité européennecommune ». Beau témoignage !

MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE56

ce qui vous a précédés,que ce que vous en ferez.Que ce bouillonnement culturel dans lequelvous baignez soit le ferment de l’Europe dedemain.Que parmi vous se lèvent des femmeset des hommes qui défendent et propagent leursvaleurs et leurs convictions, avec la mêmeferveur, le même courage,que ceux qui se sontbattus avant nous.

Je suis fier d’être Français et Européen.Et c’estmême parce que je suis patriote que je suis unEuropéen de cœur. Car je sais que l’intérêt dela France passe par l’Europe. L’identité euro-péenne, je la vis tous les jours, au cours descontacts multiples que j’ai sans cesse,avec meshomologues et mes amis européens, de droitecomme de gauche d’ailleurs.

L’identité européenne, je la ressens par la visioncommune de l’Europe que je partage avec eux,par l’effort de compréhension mutuelle quechacun fait l’un envers l’autre,y compris en appre-nant la langue de l’autre (en plus du français etde l’anglais,mes « langues maternelles » ,car mamère était britannique, j’ai appris l’espagnol etl’allemand, efforts qui m’ont permis de lire undiscours en allemand pendant la campagne deStoiber en Allemagne devant 9000 personnes,et d’en faire un en espagnol à un colloque àMadrid, devant José Maria Aznar).

C’est d’ailleurs en enseignant à chaque jeune 2langues européennes en plus de sa languematernelle, que l’on forgera son identité euro-péenne,qui lui permettra de mieux comprendrel’autre, de mieux connaître l’Histoire et laculture de son pays.

MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE

77ème mythe :l’Europe n’a pasd’identité

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Cet accroissement des pouvoirs du Parlementeuropéen ne s’est pourtant pas accompagnéd’une plus large participation des citoyens fran-çais aux élections européennes.Au contraire,elle n’a cessé de baisser (en 1979, 60.7% enFrance - en 1984, 56.7% - en 1989, 48.7% - en1994,52.7% - en 1999,46.8% - en 2004,42.76%).Les sondages pour 2009 ne sont pas rassu-rants… pour le moment.

Les Français ont tendance à faire de l’électioneuropéenne une élection intérieure ; une élec-tion dont on ne perçoit pas bien les enjeux,dontcertains partis, le reste du temps quasimentabsents du débat politique,s’emparent commed’une tribune,qui sert souvent d’exutoire et dedéfouloir lors d’un scrutin proportionnel.

Résultat ? Nous avons,juste après l’Italie, la repré-sentation au Parlement européen la plus éclatéedes Etats membres.Avec sept groupes différentsdans lesquels se répartissent nos députés,notrepoids politique s’en trouve considérablementaffaibli au sein des instances européennes. Dansle principal groupe au Parlement européen,celui du Parti populaire européen (PPE), la CDUallemande a 49 députés, quand l’UMP françaisen’en compte que 17 ! Il est vrai que l’Allemagnecompte 99 députés quand la France en a 78, enraison de nos populations respectives.Mais celan’explique pas tout !

En 2009, l’objectif doit être de mobiliser en prio-rité l’électorat et d’insister précisément sur lefait que les élections européennes ne sont passecondaires. Par ailleurs, il est important qu’auParlement européen, le maximum de députésdéfende une conception de l’Europe politique.

MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE58

Depuis 1979, le rôle du Parlement européen abien changé.Désormais, il est devenu une véri-table instance législative : il peut amender lestextes, et dans de très nombreux domaines, ilexerce un pouvoir de codécision, c’est-à-direque pour qu’une décision soit prise, le Conseildes ministres a besoin de son accord. Pour lesélargissements de l’Union à d’autres pays, l’avisfavorable du Parlement européen est requispour toute adhésion.

De plus, il a le pouvoir d’approuver la nomina-tion du Président de la Commission euro-péenne et peut renverser la Commission. Il ale pouvoir aussi d’approuver ou de rejeter lanomination des Commissaires eux-mêmes, cedont il a fait usage en 2004.

MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE

8ème mythe :les électionseuropéennes

sont une électionsecondaire et défouloir

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Pour quelles raisons ces élections européennesmobilisent-elles peu ? D’abord parce que la péda-gogie en matière européenne est tout à fait insuf-fisante entre les élections.Demain,la France aura72 députés européens pour 62 millions d’habi-tants.Confier la pédagogie de l’Europe à nos seulsdéputés européens est illusoire :ce n’est pas dansleur capacité de travail. Ne confondons pas lesrôles :un député européen n’est pas un élu local,il n’est pas là pour répondre aux questions surle marché, ni pour défendre la construction detel ou tel rond-point ! Cessons l’hypocrisie :pourque l’Europe soit comprise par ses citoyens,notre premier devoir est de les informer hon-nêtement sur son fonctionnement, quitte àbriser quelques tabous. C’est un mal pour unbien !

Cependant, il faut que les candidats s’engagentà ce qu’une fois élus, ils rendent plus souventcompte de leur mandat, notamment par desréunions régulières,et par l’utilisation de moyensplus « modernes » de communication. Internet,par sa réactivité et son instantanéité,est le plussûr moyen de relier l’Europe à ses citoyens.Ona pu le voir lors du référendum de 2005, avantlequel les Français se sont emparés d’Internetpour en faire un espace à part entière dedébats et d’échanges - un véritable terrainpolitique.

La pédagogie de l’Europe doit être l’affaire detous (députés et sénateurs nationaux, éluslocaux), et doit être un travail de tous lesjours,pas uniquement réservé aux périodes decampagnes européennes.

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88ème mythe :les électionseuropéennessont uneélection et undéfouloir

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Une autre conception est néanmoins défenduepar la France, l’Allemagne, la Belgique et leLuxembourg,avec le soutien moins permanentd’autres Etats membres.Elle consiste à s’appuyerévidemment sur l’alliance avec les Etats-Unis,mais aussi à construire une Europe qui prenden main son destin dans le monde,une Europecapable de se défendre et de défendre sesoptions, même quand elles peuvent se diffé-rencier de celles de nos alliés américains. Bref,une Europe qui assume son rôle de puissancepolitique.

De l’absence de réponse à la question fonda-mentale de l’objectif de la construction euro-péenne découle un handicap sérieux pour allerde l’avant. Pourtant que de chemin parcouru !

Le Marché commun, la création du Conseileuropéen des chefs d’Etats et de gouvernements,les pouvoirs toujours accrus du Parlementeuropéen, l’avènement de l’euro : que d’étapesdécisives vers une construction politique del’Europe !

Napoléon citait,parmi les caractéristiques d’unenation, sa monnaie. L’Europe fête cette annéeles dix ans de l’euro. C’est une victoire euro-péenne majeure,sur le plan monétaire bien sûr,mais surtout sur le plan politique ! La monnaieunique a déjà été adoptée par 16 Etats membres,dont 4 qui ont adhéré en 2004 :Chypre,Malte,la Slovénie et la Slovaquie.

Le traité de Lisbonne, ratifié d’ores et déjà par25 des 27 Etats membres (il reste la ratificationpar le Sénat tchèque et par le peuple irlandaisavant la fin de l’année), constituera également

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Il est vrai que les difficultés de construction del’Europe politique,telle que les Français la conçoi-vent,sont grandes.En clair,deux conceptions s’op-posent en Europe, sur l’Europe. Veut-on uneEurope économique,telle qu’elle fut imaginée parles Pères fondateurs,qui pariaient sur les fameuses« solidarités de fait » pour parvenir à maintenirla paix entre les Etats membres ? Ou veut-on uneEurope qui dépasse son objectif premier, com-mercial,pour bâtir un ensemble politique,capablede faire entendre - et respecter - sa voix dansle monde ? Ces deux conceptions ne sont pasantagonistes.

La vision d’une Europe purement économiqueest surtout défendue par les Britanniques, quine voient pas de frontières à l’Europe. Ils per-çoivent tout l’intérêt économique du marchéintérieur,en poussant au maximum l’intégrationde nouvelles puissances, à commencer par laTurquie. Leur ambition n’est pas de faire del’Europe une entité capable de défendre desvaleurs propres à l’Union européenne dans lemonde.

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9ème mythe :l’Europe politiquen’est pas possible

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matière de politique financière et économique,le président de l’Union,Nicolas Sarkozy,a réunià plusieurs reprises le Conseil européen,qui ras-semble les chefs d’Etat et de gouvernement,pour répondre avec efficacité aux crises suc-cessives.

Sur le conflit Géorgie-Russie,l’Europe a pris pourla première fois de son histoire, à l’unanimité,une initiative forte, indépendante des Etats-Unis d’Amérique,afin de mettre fin à une guerrequi frappait à ses portes.Il faut mesurer le cheminparcouru, depuis le déclenchement en 2003 del’offensive américaine contre l’Irak ! La Franceavait alors pris une position courageuse, auxcôtés de l’Allemagne, de la Belgique et duLuxembourg, mais l’Europe n’avait pas réussi àaffirmer une position commune. Par la suite, laplupart des pays européens engagés dans ceconflit ont retiré leurs troupes d’Irak,mais l’in-capacité des Européens à s’entendre sur uneposition commune avait laissé des séquellesdurables.

De la même manière, les chefs d’Etat et de gou-vernement,des 16 pays membres de l’Eurozonealors, se sont réunis pour la première fois, afinde prendre des mesures concertées contre lacrise financière,puis en faveur de la relance éco-nomique de l’Europe. A noter que le Premierministre britannique,dont le pays n’est pas dansla zone euro, participait à cette rencontre.Enfin, ils ont pris l’initiative, approuvée par leConseil européen, de la convocation du G20,instance nouvelle dont la réunion de Londresdu 2 avril a été couronnée de succès avec desmesures concrètes de moralisation et de régu-lation du capitalisme mondial.Cela prouve que,

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une avancée politique décisive : l’élection d’unPrésident stable de l’Europe, la nominationd’un Haut représentant chargé de la politiqueétrangère, l’ajout de quarante nouveauxdomaines sur lesquels l’Europe se prononceraà la majorité qualifiée, et non à l’unanimité…sont autant d’avancées fondamentales vers uneEurope plus politique.Le Parlement européen,mais aussi les parlements nationaux, verrontleurs pouvoirs renforcés.

« L’Europe, quel numéro de téléphone ? »,demandait Henry Kissinger en 1970. Avec cePrésident stable institué par le traité deLisbonne, ce numéro existera enfin ! Pourl’anecdote, pendant la Convention sur l’avenirde l’Europe, j’avais proposé la fusion entre lespostes de président de la Commission et de pré-sident du Conseil européen.Cette propositionn’avait pas été retenue, mais elle aurait permisune meilleure visibilité de l’Europe, tant auniveau international qu’aux yeux de ses citoyens.Au moins ai-je réussi à ce qu’un passage duprojet de traité excluant que ces deux postespuissent être occupés par une seule personnesoit enlevé. Cela laisse la porte ouverte pourplus tard,une fois que l’Europe sera enfin sortiede son imbroglio institutionnel.

Mais le tournant majeur dans les faits s’est situéau deuxième semestre 2008. Il résulte de lavigueur et de la détermination de la présidencefrançaise de l’Union, et de l’ampleur des défisauxquels elle a été confrontée, deux facteursqui ont soudé les Vingt-sept.

En dépit des carences des traités actuels,notam-ment en matière de politique étrangère et en

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99ème mythe :l’Europepolitique n’estpas possible

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L’Europe doit être à la tête du combat pour lapréservation de notre planète,contre le réchauf-fement climatique. Là aussi, elle a obtenu desrésultats concrets : l’adoption d’un paquet dedirectives, dites « Energie-Climat », pendant laprésidence française de l’Union européenne, aplacé notre continent à la tête de la luttecontre le réchauffement climatique. Cette vic-toire n’était pas donnée, il a fallu l’arracher dehaute lutte et au terme de longs mois de négo-ciations. C’est une arme écologique – et poli-tique – dont seule l’Europe peut se prévaloir.Ne la gaspillons pas ! Le revirement récent desEtats-Unis, suite à l’élection de Barack Obama,fait espérer de futurs succès.

L’Europe doit également promouvoir la démo-cratie et la paix dans le monde. Moins de lamoitié des pays membres de l’ONU peuventêtre considérés comme des démocraties !L’Europe doit défendre aussi les droits del’homme et le droit des minorités, et montrerl’exemple en la matière, ce qui n’est malheu-reusement pas le cas partout dans l’Union.Elledoit promouvoir aussi la diversité culturelle pourlaquelle l’ancien président français JacquesChirac a fait adopter une convention à l’Unesco.Elle doit défendre le multilatéralisme et lerespect de l’ONU : une réforme de ses statutsest urgente,et doit passer par l’association plusétroite des grands pays émergents et l’Afrique,continent si souvent oublié.

Enfin, l’Europe ne sera politique que si, de l’in-térieur, elle parvient à renforcer le sentimentdes citoyens qu’elle les protège durablement,et qu’elle favorise la naissance d’une véritableidentité européenne.Pour cela, je me bats pour

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quand il y a une volonté à sa tête,et qu’elle saitprendre des décisions concertées, l’Europepolitique existe, et peut influer sur la marchedu monde. Les eurosceptiques ou europessi-mistes en ont pris pour leur grade !

Certes, il ne faut pas que l’élan insufflé retombe.Les difficultés internes de la République tchèqueaffectent bien entendu la qualité de sa prési-dence. Elles ne font que mettre plus en valeurencore la nécessité impérieuse de l’ententefranco-allemande, qui s’est manifestée pleine-ment dans les crises successives que nousavons connues,et dans la préparation d’une posi-tion européenne commune lors du G20.

Ces derniers mois ont démontré que l’Europepolitique était possible, et donné raison à ceuxqui pensent qu’elle est nécessaire.D’ailleurs, lerôle joué par le Royaume-Uni tout au long deces événements prouve également son prag-matisme et sa capacité à entrer dans le jeu euro-péen, lorsque les circonstances et les défisl’exigent.

L’Europe politique ne doit évidemment pass’arrêter là. Elle a ses valeurs à défendre dansle monde. Par exemple, l’abolition de la peinede mort qui a fait des progrès importants dansles vingt dernières années. Pour entrer dansl’Union, il faut abolir la peine de mort.Une cen-taine de pays dans le monde l’ont fait, 36 ne lapratiquent plus de facto, mais 62 pays la prati-quent encore,dont les Etats-Unis d’Amérique,la Chine, l’Iran, l’Arabie Saoudite. Il faut pour-suivre sans relâche ce combat pour l’abolitionde la peine de mort dans le monde : il en va denotre conception de l’humanisme.

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99ème mythe :l’Europepolitique n’estpas possible

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qu’émerge une vraie politique de préférencecommunautaire, qui garantisse face à la mon-dialisation, la préséance des emplois et des pro-ductions européennes.Elle doit promouvoir unepolitique industrielle européenne qui favorisela constitution de grands groupes européenscompétitifs : pourquoi ne pas créer un postede Commissaire dédié ? Elle doit aussi renfor-cer le programme Erasmus,afin qu’il ne soit pasréservé à certains étudiants privilégiés,qu’il per-mette de concerner toutes les catégoriessociales,et qu’il s’adresse également aux appren-tis. Je rêve que chaque étudiant puisse passer sixmois de sa scolarité dans un autre pays européen.

Je m’étais interrogé sur les motivations duParlement et du Gouvernement japonais,lorsqu’ilsm’avaient invité à venir à Tokyo parler de l’Europe.En écoutant les questions,j’ai compris :« commentvous êtes vous réconciliés avec les Allemands,alorsque nous ne sommes réconciliés ni avec les Chinois,ni avec les Coréens ? » Il est vrai que le contrasteest saisissant, et que l’Europe sert d’exempleen la matière.

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99ème mythe :l’Europepolitique n’estpas possible

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l’Europe peut ! Je ne m’en cache pas, le combatde ma vie, c’est l’Europe politique ! Celle quise construit pas à pas depuis plus de 50 ans,et qui s’est illustrée notamment pendant la pré-sidence française de l’Union.C’est le projet,unevision ambitieuse et réaliste de l’Europe que jeveux voir aboutir.

***

En ces temps de crise, quand nos repèresvacillent, je garde une conviction profonde.Nous,Européens,avons accompli la plus grandeaventure humaine jamais imaginée, jamaisespérée par des générations de conteurs,d'écri-vains, de politiques de tous bords : celle d'uncontinent uni, en paix, rayonnant sur le mondenon par la violence mais par la force du Droit,la force de nos convictions,de nos valeurs.Cesvaleurs, elles se nomment liberté, démocratie,espérance. Elles ont traversé les âges, sansqu'aucune guerre n'en vienne à bout. Noussommes tous les héritiers de cet idéal européen.

De nouvelles puissances émergent. La Chine,l’Inde, le Brésil, la Russie, sont d’ores et déjà desgéants géopolitiques.Et bientôt, l’Afrique du Sud,l’Iran. Face à elles, que peut une Europe recro-quevillée sur son complexe d’infériorité, uneEurope qui se voit, et que tout le monde va finirpar voir comme l’éternelle victime de la mondia-lisation si elle ne prend pas son destin en main ?

L’Europe peut,et elle doit,devenir la premièrepuissance économique, monétaire et politiquedu monde. Non pour dominer, mais pour pro-pager nos valeurs dans le monde.

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Le temps presse avant les élections. Ce petitouvrage n’a pas la prétention de donner uneimage exhaustive de l’Europe. Je n’ai pas voulunon plus livrer la vision complète de l’Europeque j’appelle de mes vœux.

J’ai voulu, face aux dévoiements de la campagne,démonter quelques mythes,détricoter quelquesidées reçues qui ressortent en ce début decampagne européenne.Dans quel but ? Je voulaisen quelque sorte expurger le débat des faussesquestions, des diversions politiciennes, pour lerecentrer sur les vrais enjeux de ces élections :la sortie de crise, bien sûr, mais aussi l’immigra-tion, la défense européenne, notre politiquecommerciale, une agriculture durable, la luttecontre le réchauffement climatique… Les sujetsde débat ne manquent pas ! Et ce sont bien ceux-là qui doivent retenir notre attention,alimenterles discussions.Que l’on parle de l’Europe,maissurtout que l’on parle des vrais sujets !

Comme l’a déclaré le Premier ministre,FrançoisFillon, « fédéralisme ou souverainisme, libéra-lisme ou socialisme, là n’est pas le sujet de cetteélection ».Le véritable enjeu de ce scrutin,c’estl’Europe politique, car quand l’Europe veut,

MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE

Conclusion

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Notre modèle politique européen est un vecteurfantastique pour propager nos valeurs.Cet acquis communautaire - mais où l’Europeva-t-elle chercher d’aussi insondables expres-sions ? - , c’est pourtant notre bien le plus pré-cieux, garant de sociétés développées et res-pectueuses des Droits de l’Homme.

Face à la crise économique, face à la crise éco-logique, face aux nouvelles puissances, la Francen’est pas seule. L’Europe est notre meilleurearme dans la mondialisation.Mais le monde dedemain n’aura pas le même visage, selon qu’onaura une Europe forte, ou une Europe simplespectatrice de son destin.

La conclusion ? A vous de l’écrire ! Aux citoyens,le 7 juin, de décider quelle Europe ils souhai-tent. Je vous invite par votre vote, à choisir,comme le poète Fernando Pessoa, « une Europequi parle dans le monde d’une seule et même voix,mais dans toutes ses langues » !

Paris, le 30 avril 2009

MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE

Conclusion

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75MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE74 MYTHES ET RÉALITÉS EN CAMPAGNE EUROPÉENNE

Elections européennes :l’heure des choixYves Bertoncini et Thierry ChopinMai 2009

L’agriculture européenne à l’heuredes choix : pourquoi croire à la PAC ?Nicolas–Jean BREHONOctobre 2008

Renouveler la production d’énergieen Europe : un défi environnemental,industriel et politique.Antoine PellionJanvier 2008

Union européenne / Afrique : lepartenariat stratégiqueNathalie Delapalme, Elise ColetteDécembre 2007

La stratégie de Lisbonne :une voie européenne dans lamondialisationYves Bertoncini,Vanessa Wisnia-Weill,Septembre 2007

Réflexions d’un ancienconventionnel sur la relanceeuropéenneHubert Haenel, Février 2007

Europe : comment sortir del’impasse - un Traité institutionnelpour l’EuropePierre Lequiller, Janvier 2007

Le partenariat privilégié,alternative à l’adhésionCarlo Altomonte, Pierre Defraigne, LucasDelattre, Sylvie Goulard, Karl-TheodorFreiherr zu Guttenberg, Rudolf Scharping,Décembre 2006

L’Union européenne un demi-siècleplus tard : état des lieux et scénariosde relance Michel Foucher, Novembre 2006

Europe / Etats-Unis : valeurscommunes ou divorce culturel ?Bruno Tertrais, Octobre 2006

Chypre : une déchirure pour unpeuple, un enjeu pour l’Unioneeuurrooppééeennnnee,, Kipros Kibriz et VesnaMarinkovic, Septembre 2006

Les parlements nationaux,un appui pour l’EuropeHubert Haenel, Juin 2006

Vers l’autonomie des capacitésmilitaires de l’Union européenne ?Edouard Pflimlin, Mai 2006

Les systèmes de retraite en EuropeAlain Roulleau, Avril 2006

L’Europe et la pauvreté : quellesréalités ?Sarah BouquerelPierre-Alain de Malleray, Mars 2006

Quelles stratégies énergétiques pour l'Europe ?Christophe-Alexandre Paillard,Janvier 2006

La politique européenne decoopération au développementCorinne Balleix, Août 2005

Quels moyens pour l’Europe ? Débatsur le budget de l’Union européenneAlexandre Muller,Avril 2005

Constitution européenne :deux fois “oui”Yves Bertoncini,Thierry Chopin, Janvier2005

L’Union européenne face àl’immigrationSophie Garcia-Jourdan,Novembre 2004

L’avenir de l’Europe spatialeNicolas Werner, Octobre 2004

Laïcité : le modèle français sousinfluence européenneOlivier Dord, Septembre 2004

Dérive ou rapprochement ? La prééminence de l’économietransatlantiqueJoseph P. Quinlan, Juin 2004

L’Europe, une chance pour la femmePascale Joannin, Mai 2004

Déjà parus...

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Créée en 1991, reconnue d’utilité publique, la Fondation RobertSchuman développe des études sur l’Union européenne et ses poli-tiques et en promeut le contenu dans les nouvelles démocraties. Elleest devenue une référence en matière d'information européenne, enFrance, en Europe et à l’étranger.

Centre de recherches français de référence sur l’Europe et ses poli-tiques, la Fondation provoque et stimule le débat européen par la richesse, la qualité et le nombre de ses publications. Son indépendan-ce lui permet de traiter les sujets d’actualité européenne de manièreapprofondie et objective. Ses études et analyses apportent aux déci-deurs des arguments et des éléments de réflexion.

Vecteur d’informations permanent,elle met à la disposition des cher-cheurs et du public toutes les informations utiles à une bonneconnaissance des questions communautaires. Son site internet pro-pose des documents électroniques uniques, notamment une lettrehebdomadaire diffusée à plus de 200 000 abonnés, en 5 langues, lesQuestions d'Europe (policy paper) et un Observatoire des élections.Des brochures d’information pédagogique sont diffusées en grandnombre à l’occasion de chaque grand événement européen.

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Achevé d’imprimer en mai 2009