M.Plocque - Etude Chronotopique de Pigalle

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1 Etude chronotopique du quartier Pigalle Michaël Plocque Avril 2009

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Etude chronotopique du quartier Pigalle

Michaël Plocque

Avril 2009

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Le boulevard de Clichy, lieu de l'étude, est partagé entre le 9ème et 18ème arrondissement. A l'ouest, la partie étudiée commence à l'intersection avec le premier tronçon de son boulevard. Ensuite, le boulevard rencontre dans un premier temps la place Blanche suivi dans son prolongement de la place Pigalle. A l'est, le lieu d'étude se clôt à l'intersection avec le boulevard Rochechouart. 700 mètres s'étendent entre ces deux points. De part et d'autre du boulevard, sept rues partent du lieu étudié. Celles vers le nord, filent en direction de la butte Montmartre, celles du sud rejoignent, malgré une distance plus longue, l'église de la Saint-Trinité. La Place de Clichy se situe à moins de 200 mètres de la Place Blanche.

Périmètre d'étude : le boulevard de Clichy (échelle : 1/4000)

Sur le boulevard, une large voie est réservée aux piétons et aux vélos. Les deux places viennent

donc séquencer la promenade en trois tronçons. De nombreux arbres et bancs la composent. La circulation automobile se fait donc de part et d'autre de cette promenade. Le paysage urbain du boulevard de Clichy ne s'écarte guère des habitations haussmaniennes et quelques immeubles construits plus récemment s'intercalent par endroits. De nombreux restaurants, bars et brasseries composent le boulevard de Clichy et les boutiques de souvenirs se mélangent aux sex-shops. Des hôtels et agences de voyages sont aussi bien présents.

Partant de la Place de Clichy, l'ensemble des bars et autres structures sont de plus en plus présents au fur et à mesure que l'on s'aventure sur le boulevard du même nom. D'ailleurs, ils atteignent leur densité maximale entre les places Blanche et Pigalle et s'amenuisent peu à peu une fois cette dernière passée. Le Moulin Rouge domine la place Blanche. Plus loin, la façade noire du Folie's surplombe celle de Pigalle.

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Il est 11h20, un mercredi

Posté devant le musée de l'Erotisme, 20 personnes ont été recensées dans un temps d'une minute. Les passants sont peu nombreux et la plupart sont seuls, marchant d'un pas normal et fluide. Toutefois, quelques couples et personnes âgées déambulent l'allée principale du boulevard. Des personnes promenant leur chien en profitent aussi pour prendre possession de l'espace central et les touristes, très présents, sont le nez plongé dans leur guide. Certains d'entre eux demandent des indications aux passants. Quelques vélos viennent s'ajouter aux acteurs de la promenade centrale.

Sur les trottoirs parallèles à celle-ci, les passants déambulent mais ne rentrent que très fréquemment dans les magasins. Mis à part des incursions dans le Monoprix, ils ne font que globalement les traverser. Les rues perpendiculaires, montantes et descendantes, ne font pas l'objet d'une grande affluence. En effet, les (peu de) passants se déplacent bien plus linéairement sur le boulevard. Toutefois, une exception peu être faite concernant la rue Lepic, très commerçante, qui accuse une population plus élevée que ces parallèles. Conjointement à ces flux, des personnes surgissent ou plongent des entrées des métros Blanche et Pigalle. Les abords de la fontaine localisée sur la place Pigalle sont déserts.

A gauche : la promenade centrale entre la place Blanche et la Place Pigalle A droite : le croisement de la rue Lepic et le boulevard de Clichy

La circulation automobile révèle un trafic peu élevé aux mêmes horaires. En effet, 16 voitures ont été comptabilisées à la minute. Malgré la faiblesse du passage routier, des nuisances viennent perturber l'environnement urbain puisque le bruit des voitures associé à quelques coups de klaxons retentissent. Aussi, lors du non-passage de voitures qui pouvait durer au mieux 20 secondes, aucun autre bruit ne venait interrompre le bruit du vent dans les arbres. Sur le bas-côté, des cars de tourisme stationnent.

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Il est 18h38 le même jour

La clarté du jour commence à disparaître et les lumières prennent possession du boulevard. Violet, rose, un peu de bleu et une dominante de rouge jaillissent des enseignes. La rupture lumineuse est très marquée, à l'est, entre le début du boulevard de Clichy et la place Blanche. En effet, très peu de structures, de par leurs enseignes, viennent éclairer ce tronçon du boulevard. C'est également le cas entre la Place Pigalle et le début du boulevard Rochechouart, qui accueille moins de magasins et donc, est bien plus obscure. Seule une épicerie ouverte 24h/24 fait jaillir une lumière blanche qui donne de la clarté à l'allée centrale.

L'ouverture des magasins semble bien plus importante que dans la matinée et quelques touristes, curieux, s'y aventurent alors que d'autres préfèrent faire crépiter leur flashs devant le Moulin Rouge. D'ailleurs, certains d'entre eux y prennent des renseignements. Les piétons, répartis équitablement entre les trottoirs et l'allée centrale, sont un peu plus nombreux que dans la matinée puisque dix de plus sont recensés en une minute. En effet, la place Blanche, conforte ce chiffre puisque, malgré le bruit puissant de la soufflerie venant du métropolitain, plusieurs groupes (des touristes pour moitié) y prennent possession. Les voitures sont plus nombreuses mais restent encore peu présentes sur le boulevard. Il 22h20 le même jour

Les pales du Moulin Rouge, d'un rouge vif, scintillent de mille feux. L'affluence reste peu supérieure à celle de l'après-midi : l'allée centrale est d'ailleurs quasi-déserte. Des musiciens, guitares à la main, entrent et sortent des bars alors qu'une queue se forme le long du Moulin Rouge. Sur le trottoir, côté rue Lepic, des gens (hommes ou femmes), postés devant les sex-shops attendent les passants pour leur proposer d'y rentrer. Certains acceptent. Le boulevard s'agite très peu et reste encore bien calme.

A gauche : Le moulin Rouge et la discothèque La Loco Au centre : les sex-shops du boulevard de Clichy A droite : la façade du Folie's Pigalle éclaire la place Pigalle

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Il est 1 h30, un vendredi soir (ou samedi matin)

La population est le double de celle du mercredi à la même heure. Devant la discothèque de la Loco, une file d'attente est en train de se former, tout comme devant le Moulin Rouge. La clientèle n'est évidemment pas la même. En effet, bien plus de jeunes se concentrent devant la discothèque. Inversement, ce sont des touristes, en couple ou en famille, que l'on remarque devant le bâtiment mitoyen.

La fermeture du métro oblige les plus courageux à se rapprocher de la borne Vélib de l'allée

centrale, proche de la Place Blanche. Sur la place Pigalle, l'affluence est encore forte et une voiture de police, sirène enclenchée, traverse le boulevard à une vitesse élevée. Il est 2h37, le même jour

Proche de la place Blanche, malgré la faiblesse d'activité, deux jeunes en débattent devant leurs amis. Des cris fusent. Les taxis ont investi l'ensemble du boulevard puisqu’une voiture sur deux en est un et certains groupes de jeunes essaient, en vain, d'en attraper un. D'autres traversent le boulevard, sans réellement faire attention aux voitures, qui garées en double-file, gênent la circulation.

Les kebabs, ouverts 24/24, sont pris d'assaut. Sur le boulevard, d'autres restaurants, n'ayant pas

le même succès invitent les riverains à s'y arrêter un instant. Sur l'allée principale, les bancs sont justement investis de personnes mangeant leur fast-food. L'appropriation de l'espace public se justifie aussi par la présence de groupes de jeunes qui, verre à la main, se regroupent devant les bars (Le O'Sullivans notamment, à côté de la discothèque de La Loco). La discothèque laisse d'ailleurs sortir les fumeurs le temps d'une cigarette ou d'un coup de fil. L'ouverture des portes laissent filer la musique, venant de l'intérieur, le temps de l'ouverture de la porte. La musique provient également des voitures, qui vitre baissée, traversent le boulevard.

A gauche : les personnes se dirigent vers les fast-foods ouverts du boulevard de Clichy Au centre : devant le bar « Aux Noctambules », des clients prennent l'air, un verre à la main A droite : La Loco : quelques personnes sortent le temps d'une cigarette ou d'un coup de fil

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Sur le boulevard de Clichy, la période matinale est peu fréquentée. Il concerne un faible flux

d'automobiles qui traversent le boulevard et concerne aussi celui des passants qui, d'une manière plus douce, participe à l'appropriation de ce boulevard malgré sa faible densité. Les passants, pour beaucoup des touristes, traversent la promenade d'un mouvement fluide. Ces derniers profitent du métro Blanche ou Pigalle pour visiter le quartier Pigalle pour ensuite, par la rue Lepic, se diriger sur les hauteurs de la butte Montmartre. Tout comme la Tour Eiffel, Pigalle est l'une des nombreuses caractéristiques incontournables de la capitale française. Rare endroit accueillant autant de sex-shops dans la capitale, le boulevard de Clichy est un passage obligé qui attire de nombreux touristes en visite à Paris. Le nom de Pigalle est connu de par le monde et à l'évocation de ce nom, il y a de fortes chances pour qu'il soit perçu comme un lieu incontournable.

En soir de semaine, mises à part, les couleurs qui viennent égayer le boulevard, l'atmosphère qui

y règne est celle d'un endroit calme, qui semble prêt à recevoir du public, à accueillir du monde. Même les enseignes multicolores (rouge notamment) qui donnent une image de quartier chaud susceptible d'attirer grand nombre de touristes, s'apparentent bien plus à un décor où les acteurs ont oublié d'entrer en scène. Pas grand-chose ne s'y passe et la différence de densité de population est à peine perceptible entre les différents horaires de la journée.

Si une ambiance calme, tranquille, paisible est à retenir concernant les horaires de la journée du vendredi, c'est une ambiance de fête et de plaisir qui prédomine le soir des week-ends. En effet, les discothèques, cabarets et bars sont investis par une population bien supérieure à celle de la journée, qui vient ici se retrouver entre amis le temps de la soirée. Cela se manifeste par une forte appropriation de l'espace public proche des deux places festives que compose le boulevard.

Malgré une ambiance animée, l'atmosphère ne s'assimile pas, contrairement à ce que l'on aurait

pu penser préalablement, à une impression de foule. La saison hivernale actuelle peut l'expliquer en partie et, afin d'apprécier la temporalité urbaine complète du lieu, cela nécessiterait d'y retourner aux beaux jours...

Photos : Michaël PLOCQUE (janvier 2009)