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Moi, ancien détenu,bâtisseur de prisons nouvelles

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DU MÊME AUTEUR

Lettre ouverte d’un bouc émissaire à Tapie Bernard etCharasse Michel, « ministres intègres », Albin Michel,1995.

Prison, Michel Lafon, 1997.Mes chers amis, Flammarion, 2000.Il y a toujours des complices..., Flammarion, 2002.J’aime la vie : Comment remonter la pente, avec Julia

Noir, Flammarion, 2003.

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PIERRE BOTTON

Moi, ancien détenu,bâtisseur de prisons nouvelles

Pygmalion

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À mes trois filleset à tous les enfants de détenus…

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Prologue

« Bonjour,Si vous avez ce courrier entre les mains, je vous

en prie, aidez-moi. J’ai 17 ans, je m’appelle Alizéeet je ne sais plus quoi faire pour aider mon père.Merci à vous si vous pouvez m’aider… »

Depuis cette lettre rédigée à l’encre verte surpapier jaune, je n’ouvre plus aucune des enve-loppes adressées à l’association « Les prisons ducœur » – que j’ai fondée afin d’améliorer lesconditions de vie des détenus – et ne souhaitepas qu’on me les raconte. D’ailleurs, sur notresite, une phrase indique que nous ne « pouvonsaider les cas particuliers ».

Mais c’est dans la douleur de cette jeune fille etdans celle que j’ai moi-même infligée à mes enfants

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lorsque j’étais incarcéré que je puise l’énergie, lapassion, la violence parfois, d’essayer de fairechanger les choses. Car, je l’avoue, je crois pos-sible d’y parvenir.

Je pense modifiable, améliorable, l’univers car-céral actuel qui échoue depuis plus de trente ans.Une révolution essentielle pour améliorer la vie

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quotidienne des prisonniers, faire chuter leurtaux de récidive et de suicide, répondre aux exi-gences des institutions européennes qui ont plu-sieurs fois condamné la France pour mauvaistraitements aux détenus. En somme, un sursautd’humanité permettant enfin au pays des Droitsde l’homme de retrouver, sur ce sujet, sa légiti-mité, son aura, ses lettres de noblesse.

Je pense qu’avec le soutien du président dela République, des gardes des Sceaux, desmédias, de certains surveillants, des associa-tions, de tous les partis politiques, d’icônescomme Robert Badinter, Simone Veil, maisaussi de quinze des patrons des plus grandessociétés françaises, de vedettes emblématiquesde la musique et du sport, on peut faire évoluerles choses. Il en va de notre dignité.

Les suicides des surveillants comme des déte-nus, les remontrances mille fois formulées duContrôleur général des lieux de privation deliberté, les condamnations de la Cour euro-péenne ou des tribunaux français – ce qui signifieque la justice condamne l’administration péni-

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tentiaire, une branche de la Justice, donc que laFrance condamne la France –, rien n’y a cepen-dant fait. Notre pays enferme des dizaines demilliers de personnes dans des conditions sani-taires et sécuritaires déplorables.

Des centaines d’articles révélant la violencepsychologique des nouvelles constructions censées

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améliorer les choses, des dizaines de rapportsdénonçant l’échec de la politique carcérale suici-daire suivie depuis des lustres – laquelle nerésout rien, enferme des animaux dangereux etfait ressortir des fauves, voire embastille despetits délinquants dans les mêmes lieux et avecles mêmes mesures de sécurité que des violeurs,truands, etc. –, tous ces cris d’alarme justes etjustifiés, l’administration en charge des prisonsne veut pas les entendre. Pourquoi ?

J’ai pour habitude de dire que, lorsque je suisentré en prison le 13 novembre 1992, j’ignoraiscomment dénicher de la drogue ou une arme,mais qu’en sortant, 602 jours plus tard, j’avaisappris à trouver les deux. Vingt ans après, rienn’a changé.

Je n’ai jamais été un faux-cul : la justice m’acondamné et je méritais d’aller en prison. Mieux,elle a sauvé ma vie en m’ouvrant les yeux. Soit,mais elle n’a pas préservé mes enfants qui, eux,n’avaient rien fait. Aussi, je me suis dit que,peut-être, mon expérience pouvait être utile pourréformer l’incarcération des primo-délinquants,

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hors crime sexuel et crime de sang. Aussi, j’aiproposé l’instauration de mesures améliorant lechoc subi par ceux qui entrent en prison pour lapremière fois, ainsi que la création d’établisse-ments différents de ceux existant. Avec ces idées,j’espère créer quelque chose de nouveau enFrance. Quelque chose que l’on viendra voir de

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tous les pays du monde comme autant d’expé-riences de bon sens.

Mais, avant d’aboutir, quelle galère !

Je me suis battu, j’en ressors vidé mais monrêve demeure réalisable. Réalisable parce que, aucours de cette guerre contre les habitudes, lesconservatismes, les mauvais coucheurs, j’ai décou-vert les murs qu’il me fallait abattre avant d’édi-fier cet établissement d’un genre nouveau. Un artde la guerre appris en détention, qui exige d’êtresans cesse en action, de toujours bousculer, avan-cer, ne jamais croire quelque chose acquis.

Car Messieurs de la rue du Renard (le siègede l’administration pénitentiaire), Messieurs dela place Vendôme (le ministère de la Justice),vous êtes des techniciens de la défausse, desspécialistes dans l’art de ne rien faire en lais-sant croire que tout avance. Or voici trente ansque si « tout va mieux chaque année », on ne voitjamais ces « améliorations ». Pire, que tout sedétériore. Que vous manque-t-il ? Sans doute deréagir plus en êtres humains et moins en rouagesd’une machine. Pourriez-vous continuer à dor-

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mir sur vos deux oreilles si vous réalisiez com-bien vous êtes sourds aux cris des femmes quipleurent au parloir, des détenus qui hurlent leurmal-être, des personnels qui traînent leur déses-poir, des victimes de la récidive qui augmententles statistiques de la délinquance ? À force de nerien faire ou de faire mal, à force de ne pas

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entendre les associations ou les autorités euro-péennes, à force de voir la question de la déten-tion selon une grille de lecture datée etkafkaïenne, vous sclérosez le système et inventezdes situations ubuesques – si on a de l’humour –,terrifiantes, si on a de l’humain en soi.

Qu’on en juge.

En février 2011, dans un bureau de la direc-tion de l’administration pénitentiaire, un techno-crate a pris une décision relative à « la liste desobjets et catégories d’objets dont la réception del’extérieur, ou l’envoi vers l’extérieur, pour lespersonnes détenues est autorisée ».

Cet homme, ou cette femme, a estimé que :« Seront interdits tous écrits, dessins et objets[…] dépassant 10 centimètres dans leur plus grandedimension et réalisés par les enfants mineurs surlesquels une personne détenue exerce l’autoritéparentale. »

Oui, vous avez bien lu, un abruti – peut-êtremême se sont-ils mis à plusieurs dans une com-mission pour accoucher de cette ineptie – a jugéqu’il fallait mesurer les dessins des enfants de

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détenus et interdire qu’ils parviennent à ceux-cis’ils dépassaient 10 centimètres ! Pourquoi ? Parcequ’avec 15 cm on croirait à des tracts ou desaffiches de protestation ? Parce qu’un peu plusgrand, le prisonnier en ferait un missile pours’évader ? A-t-il songé, le rond-de-cuir digne deCourteline, qu’une mère aurait du mal à expliquer

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à son fils que le beau paysage pour papa devraitêtre peint sur un Post-it parce que, sinon, cepapa qu’on ne voit déjà plus ne le recevraitpas ?

N’est-ce pas pathétique ? N’est-ce pas trèsc… ? !

D’autant plus c… que certains surveillants, surlesquels pourtant s’exerce le pouvoir de ces déci-sions technocratiques inutiles, n’appliquent pasdes règlements aussi absurdes.

Poursuivons la réflexion sur cette décisionpitoyable et étonnons-nous : personne, en décou-vrant cette mesure, ne s’est dit qu’on franchis-sait allègrement les barrières du ridicule ? Aucuncontrôle n’a joué ? Le directeur de l’administrationpénitentiaire qui, « pour le Ministre et par délé-gation », a signé, le 24 février 2011 – avec paru-tion au Journal Officiel le 5 mars –, ce texte scélérat,ne s’est pas interrogé sur sa pertinence ? L’avait-illu seulement ?

Couronnement de cette incurie, une fois ledécret inique porté à la connaissance du public,puis du ministre responsable de cette adminis-tration, alors que ce dernier en demande la rec-tification, celle-ci n’aboutit qu’après sept mois.Sept mois durant lesquels les gosses auront dû

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faire leurs dessins sur de quasi-Post-it !

Décision aberrante isolée ? Hélas, non. Il enexiste bien d’autres, preuves d’une attitude oud’une « philosophie » de la détention qui n’a plus

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aucune raison d’être tant elle a prouvé son inef-ficacité. Et ce livre va le montrer !

Exemples, noms et coulisses dévoilés à l’appui.

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3 septembre 2009

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Sans jeu de mots, le « point » de départ demon combat, précisément ce 3 septembre 2009,est une interview pour l’hebdomadaire Le Point.À l’occasion de la sortie du film Le Prophète, deJacques Audiard, et de l’examen du projet de loipénitentiaire par l’Assemblée nationale.

Dans l’entretien accordé, je reprenais les argu-ments que je développe depuis plusieurs annéesafin d’améliorer les conditions de vie en déten-tion, et insistais sur le fait que, de plus en plus,la prison « n’arrive pas qu’aux autres » tant lesincarcérations se multiplient avec les délits rou-tiers liés à l’alcool ou aux addictions en tousgenres. J’attirais aussi l’attention des lecteurs surla manie bien française qui consiste à demander

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des rapports que l’on va enterrer ou à créer descommissions de réflexion qui ne débouchent surrien, et juste pour laisser croire qu’on essaie defaire avancer les choses.

Je poursuivais en jugeant scandaleux d’en-fermer les voleurs de poules et les fichés au grandbanditisme dans des conditions de sécurité

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identiques, précisant que ça coûte un prix fousans grand résultat puisque la France affiche leplus fort taux de récidive d’Europe.

Enfin, je demandais pourquoi on ne faisait pasrénover les prisons par les détenus eux-mêmes,idée à mes yeux frappée au coin du bon sens quandon sait que les prisonniers, en cellule, passent lajournée devant la télévision alors qu’ils rêveraientde combler ce temps inutile par une activité !

Bref, très honnêtement, rien de vraimentnouveau.

Et pourtant, le jour même de la parution, jereçois un appel de l’assistant de Marc-OlivierFogiel, alors sur Europe 1, qui va changer mavie. L’objet : venir parler des prisons dans sonentretien du matin diffusé juste après l’interviewde Jean-Pierre Elkabach. Lequel reçoit MichèleAlliot-Marie… la garde des Sceaux !

Le 4 septembre 2009, au micro de Fogiel,c’est donc avec emportement et passion – mes

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péchés mignons – que je dénonce les conditionsde détention et réitère mes convictions : il fautoccuper le temps de l’incarcération à faire com-prendre au détenu sa peine et non l’enfermerdans le seul but de l’écarter de la société puisqu’onle remettra, quelques mois ou quelques annéesplus tard, dans le circuit. Au mieux, il sortira

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19. 5 décembre 2011 ................................. 211

20. 9 décembre 2011 ................................. 221

Épilogue ...................................................... 237

Annexe : Mes premières propositionspour les prisons..................................... 245

Remerciements ............................................. 249

N° d’éditeur : L.01EUCN000480.N001Dépôt légal : avril 2012

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