module 3 - Université TÉLUQ€¦ · de la mer puisque, selon le principe d’Archimède, un corps...

27
L’AUGMENTATION DU NIVEAU DE LA MER par Sebastian Weissenberger module 3

Transcript of module 3 - Université TÉLUQ€¦ · de la mer puisque, selon le principe d’Archimède, un corps...

Page 1: module 3 - Université TÉLUQ€¦ · de la mer puisque, selon le principe d’Archimède, un corps déplace un volume d’eau correspondant à sa masse (figure 3). Il s’agit du

L’AUGMENTATION DU NIVEAU DE LA MER

par Sebastian Weissenberger

module 3

Page 2: module 3 - Université TÉLUQ€¦ · de la mer puisque, selon le principe d’Archimède, un corps déplace un volume d’eau correspondant à sa masse (figure 3). Il s’agit du

2 ENV 1110|CHANGEMENTSCLIMATIQUES

SOMMAIRE

1. Les causes de l’augmentation du niveau de la mer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

1.1 L’expansionthermique

1.2 Lafontedesglaciers

1.3 Lescalottesglaciaires

2. Les mesures du niveau de la mer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

3. Les prévisions du niveau de la mer en fonction des changements climatiques . . . . . . 13

4. L’impact de l’augmentation du niveau de la mer sur les côtes et les sociétés

humaines et les stratégies d’adaptation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

4.1 Tuvalu–unpetitÉtatinsulaire

4.1.1 Lasituation

4.1.2 Lastratégied’adaptation

4.2 LeBangladesh–144millionsdepersonnesaurasdesflots

4.2.1 Lasituation

4.2.2 Lastratégied’adaptation

4.3 LesPays-Bas–affluenceetvulnérabilité

4.3.1 Lasituation

4.3.2 Lastratégied’adaptation

4.4 Autresexemplesd’adaptation

4.5 Lesdéterminantsduchoixdesstratégiesd’adaptation

Page 3: module 3 - Université TÉLUQ€¦ · de la mer puisque, selon le principe d’Archimède, un corps déplace un volume d’eau correspondant à sa masse (figure 3). Il s’agit du

MODULE 3|LESIMPACTSDESCHANGEMENTSCLIMATIQUES3

1. LESCAUSESDEL’AUGMENTATIONDUNIVEAUDELAMER

Deuxfacteurscontribuentàl’augmentationduniveaudelamer :l’expansionthermique

etlafontedeseauxcontinentales.Cesdeuxfacteurscontribuentactuellementàpeu

prèsenpartségalesàlamontéeobservéeduniveaudelamer,commeilestillustréà

lafigure 1.

Figure1Augmentation du niveau de la mer à long terme.

L’augmentationduniveaud’eauàlongueéchéancecauséeparundoublementduCO2atmosphériqueàlasuited’uneaugmentationduCO2atmosphériquede1 %sur70anssedécomposeendeuxvariantes,l’expansionthermiqueet la fontedesglaciers,qui varientdans leur évolutiontemporelle.LasimulationnetientpascomptedelafontedescalottesduGroenlandetdel’Antarctique.Source : D’aprèsHadleyCentre,1999.

Entre1961et2003,lacontributiondel’expansionthermiqueaétéestiméeà0,4 ± 0,1 mm.

an-1.Entre1993et2003,périodepourlaquelledesobservationsplusprécisestransmi-

ses par satellite sont disponibles, l’expansion thermique aurait été responsable de

1,6 ± 0,5 mm.an-1del’augmentationtotalemesuréede2,8 ± 0,7 mm.an-1,leresteétant

attribuableàlafontedeglaciersetdecalottesglaciaires.

1,5

1,0

0,5

0,0200 400 600 800

Aug

men

tatio

n du

niv

eau

de la

mer

(m)

Années

total

expansion thermique

fonte de glaciers

Page 4: module 3 - Université TÉLUQ€¦ · de la mer puisque, selon le principe d’Archimède, un corps déplace un volume d’eau correspondant à sa masse (figure 3). Il s’agit du

4 ENV 1110|CHANGEMENTSCLIMATIQUES

1.1 L’expansion thermique

L’expansion thermique provient du fait que, comme toute substance, l’eau prend de

l’expansionenseréchauffant.Lecoefficientd’expansionthermiquedel’eauestmoins

élevéqueceluidecertainsmétaux,maissuffisantpourprovoqueruneélévationpouvant

à long terme atteindre en moyenne jusqu’à plusieurs mètres sur une colonne d’eau

océaniquede4000 mètres.Leréchauffementdel’océannes’opèreniinstantanément

niuniformément.Lescouchessupérieuresdel’océanseréchauffentenpremier.Les

couchesintermédiairesetprofondesseréchauffentaugrédumélangedeseauxdes

différentescouches.Letransportverticaldiffusifdechaleuresttrèslong.

Lemélangedeseauxdedifférentesprofondeursestessentiellementrégléparlacircu-

lationthermohaline.Commeletempsdemélangedel’océanenvertudecettecirculation

estd’environ800à1000 ans, le réchauffementde l’océanet l’augmentationdeson

niveauseprolongerontpendantcettepériode,mêmeencasd’unestabilisationdela

température de la surface de laTerre. Cette expansion thermostérique a été de

0,40 ± 0,09 mm.an-1,entre1955et1995(Antonovet al.,2005),de1,6 ± 0,5 mm.an-1,

entre1993et2003(IPCC,2007).

1.2 La fonte des glaciers

Lafontedesglaciers,quantàelle,estobservablesurtouslescontinentsetconstitue

undessignesvisiblesduchangementclimatiquedesplusspectaculaires(voirlediapo-

rama).LesstatistiquesmontrentquelesglacierssontenretraitenEurope(saufpour

quelquesglaciersenNorvège),enAmérique,autantduNordqueduSud,etparticuliè-

rement enAlaska, enAsie ou en Nouvelle-Zélande. Les neiges «  éternelles  » du

Kilimandjaro(figure2),ayantinspirédesécrivainscommeHemingway,ontdiminuéde

75 %depuisledébutduXlXe siècleetpourraientdisparaîtreentièrementd’icià2015.

D’autresglaciersafricainssontaussidanslamêmesituation.

Page 5: module 3 - Université TÉLUQ€¦ · de la mer puisque, selon le principe d’Archimède, un corps déplace un volume d’eau correspondant à sa masse (figure 3). Il s’agit du

MODULE 3|LESIMPACTSDESCHANGEMENTSCLIMATIQUES5

Figure2Glacier du Kilimandjaro en Tanzanie.

Lesneiges« éternelles »duKilimandjaroontdiminuéde75 %entre1912et2000etpourraientdisparaîtred’icià2015.Source : Encarta,[Enligne].fr.encarta.msn.com(Consultéle7septem-bre2007)

L’eaudefontedesglaciersruisselleàtraverslescontinentsetfinitparsedéverserdans

l’océanoùellecontribueàl’élévationduniveaudelamer.Cettecontributionestestimée

à0,50 ±0,18 mm.an-1,entre1961et2003,età0,77 ±0,22 mm.an-1,entre1993et2003

(IPCC, 2007). La fonte des glaciers s’est accélérée dans les deux hémisphères

(Bindschadler,2006).Voiciquelquesobservations.

• Lesglaciersdel’Alaskapourraientavoirsubiunepertede52 ± 15 km3.an-1,équivalant

à0,14 ± 0,04 mm.an-1d’augmentationduniveaudelamerentre1950et1990.Ce

résultataétéobtenuenextrapolantàl’ensembledesglacierslesobservationsfaites

paraltimétrielasersur67 glaciersenAlaska(MeieretDyurgerov2002;Arendtet al.,

Page 6: module 3 - Université TÉLUQ€¦ · de la mer puisque, selon le principe d’Archimède, un corps déplace un volume d’eau correspondant à sa masse (figure 3). Il s’agit du

6 ENV 1110|CHANGEMENTSCLIMATIQUES

2002).Letauxdediminutionquiaétémesurésur28 glaciers,entre1990et2000,

équivautà96 ± 35 km3.an-1del’ensembledesglaciersdel’Alaska,soit27 ± 0,10 mm.

an-1d’augmentationduniveaudelamer(Arendtet al.,2002).

• LasituationdesglaciersdePatagonieenAmériqueduSudestsemblable,puisque

des relevés topographiques effectués par satellite ont estimé que la fonte des

63 principauxglaciersestresponsablede0,042 ± 0,002mm.an-1d’augmentation

duniveaudelamer,durantlapériodede1968à2000(Rignottet al.,2003).Cette

fontes’estaccéléréerécemmentpuisquelacontributionàl’augmentationduniveau

delameraétéestiméeà0,105 ±0,011 mm.an-1aucoursdelapériodede1995à

2000,cequiestplusdudoubledelamoyennede1968à2000.

• Lesimagessatellitesmontrentquel’étenduedesglaciersdumassifdeRwenzorienAfrique de l’Est a diminué de 2,01 ± 0,56 km2 entre 1906 et 1987 et de0,96 ±0,34km2entre1906et2003.Ceciestclairementdûàl’augmentationdestempératuresdel’airde0,5°Cpardécenniepuisquelesprécipitationssontrestéesconstantes(Tayloret al.,2006).

• Pourtouslesglaciersaumonde,excluantceuxduGroenlandetdel’Antarctique,

lesbilansdemasseétablissuggèrentqu’ilyauraiteuunepertedeglaceéquivalente

àuneaugmentationduniveaudelamerde0,33 ± 0,17 mm.an-1entre1961et1990.

Cettepertes’estaccéléréeplusrécemment.Elleauraitatteint0,77 ± 0,15 mm.an-1

durantlapériodede2001à2004(Kaseret al.,2006).

La fontedesglaciersn’estpasseulementunproblèmequiadesconséquencessur

l’augmentationduniveaudelamer,maisc’estaussiunproblèmequiaffectel’alimenta-

tioneneaudespopulationsvivantenmargedesglaciersdemontagne,surtoutaupied

del’HimalayaoudanslesAndes.

1.3 Les calottes glaciaires

LesgrandescalottesglaciairesduGroenlandetdel’Antarctique,dontlafonteauraitdes

répercussionsdramatiquessurleniveaudelamer,représententuncasparticulier.Ilfaut

bienfaireattentionànepasconfondrelescalottesglaciaires–ancréessurlecontinent

–etlesbanquises–laglaceflottante.Lafontedesbanquisesn’affecteenrienleniveau

delamerpuisque,selonleprinciped’Archimède,uncorpsdéplaceunvolumed’eau

correspondantàsamasse(figure3).Ils’agitdumêmeprincipequistipulequelafonte

d’unglaçondansunverred’eauneferapasdébordercelui-ci.Ainsi,ladiminutiondela

banquisearctiquen’aaucuneffetsurleniveaudelamer.

Page 7: module 3 - Université TÉLUQ€¦ · de la mer puisque, selon le principe d’Archimède, un corps déplace un volume d’eau correspondant à sa masse (figure 3). Il s’agit du

MODULE 3|LESIMPACTSDESCHANGEMENTSCLIMATIQUES7

Figure3Impact sur le niveau de la mer de la fonte de banquises et de glaciers.

Enhaut :lafonted’unicebergoud’unebanquisen’affectepasleniveaudelamer.Enbas :lafonted’unglacieroud’unecalotteglaciairefaitaugmenterleniveaudelamer.

LescalottesglaciairesduGroenlandetdel’Antarctiquemesurentplusieurskilomètres

d’épaisseuretcontiennentl’équivalentde6 mètresd’augmentationduniveaudelamer

pourleGroenlandetde23 mètrespourl’Antarctique(dont7 mètrespourlaplusinstable

calottedel’AntarctiqueOuest).Levolumedecescalottesestfonctiondel’équilibredyna-

miqueentrel’accroissementparprécipitationd’eauatmosphériquesousformedeneige

oudecondensationdirecteet la fontedesglacierssur lesbordsdescontinents.Le

réchauffementclimatiqueprovoqueàlafoisuneaugmentationdelafontedesglaciers,

maisaussiuneaugmentationdesprécipitations,quifontaugmenterlevolumedesgla-

ciersetdescalottesglaciairesparaccrétion.

Page 8: module 3 - Université TÉLUQ€¦ · de la mer puisque, selon le principe d’Archimède, un corps déplace un volume d’eau correspondant à sa masse (figure 3). Il s’agit du

8 ENV 1110|CHANGEMENTSCLIMATIQUES

Lesmodèlesclimatiquesprévoientquelesdeuxcalottesresterontrelativementstablesau

débutduréchauffementclimatique,mêmesilesobservationsrécentessemblentindiquer

uneprépondérancedelafonteparrapportà l’accrétion.Ladynamiquedescalottesn’est

pasaiséeàprévoir.Enplusdel’incertitudesurlebilanhydriquedescalottess’ajoutentles

phénomènescomplexesinfluençantleurvitessedefonte.Habituellement,cesontlesbords

desglaciersetdescalottesquifondent.Cependant,danscertainscas,lorsd’unréchauf-

fement rapide, la formationde lacsetdescrevassesà l’intérieurdesglaciersontété

observées.Parailleurs,lavitessedefonted’unglacierdépendnonseulementdelatem-

pérature,maisaussidesavitessed’écoulement.Uneaccélérationdel’écoulementdu

glacieraugmentelachaleurdégagéeparlafriction,cequiprovoqueunefonted’eauaccé-

léréeàlabaseduglacier.Cecimèneàunelubrificationdelabaseduglacier,provoquant

àsontouruneaugmentationdelavitessed’écoulement.Lavitessed’écoulementdépend

enoutredelapente,dumatérielminéraletdelamorphologiedesglaciers.

Durantladernièrepériodeinterglaciaire,unefonted’unepartiedesglaciersduGroenland

acontribuéàl’augmentationobservéede6 mètresduniveaudelamer(SchøttHvidberg,

2000;CuffeyetMarshall,2000).Dessimulationsnumériquesconfirmentcesobservations

etrévèlentquelafontedelacalotteduGroenlandauraitpuêtreresponsablede2,2à

3,4 mètresd’augmentationduniveaudelamer(Otto-Bliesneret al.,2006).Danstous

lescas,unefontedecesdeuxcalottess’échelonneraitsurdesmillénaires,commeil

peutêtreobservédanslessimulationsduHadleyCenter,présentéesdanslafigure4.

Page 9: module 3 - Université TÉLUQ€¦ · de la mer puisque, selon le principe d’Archimède, un corps déplace un volume d’eau correspondant à sa masse (figure 3). Il s’agit du

MODULE 3|LESIMPACTSDESCHANGEMENTSCLIMATIQUES9

Figure4Simulation de l’évolution de la calotte glaciaire du Groenland dans un scénario de 4×CO2.

LafontedelacalotteduGroenlandajouterait7 mètresauniveau de la mer et s’échelonnerait sur 3000  ans si laconcentrationatmosphériquedeCO2atteignaitquatrefoislaconcentrationpréindustrielle.Source :HadleyCenter,1999.

Le rapportduGIEC (IPCC,2001)prévoit que la calotteduGroenlandcontribueraà

l’augmentationduniveaudelamerde-0,02 à+0,09 mentre1990et2100.Plusieurs

étudespubliéesaucoursdesdernièresannéesindiquentcependantquelafontede

cettecalotteestplusrapidequeprévu,particulièrementdanslapartiesudetdansles

régions côtières (Velicogna etWahr, 2006a; Murray, 2006). Des mesures du champ

gravitationnel terrestre, transmises par satellite, indiquent une perte de masse de

248 ± 36 km3.an-1,équivalantà0,5 ± 0,1 mm.an-1d’élévationduniveaudelamer,entre

2002et2006.Lerythmedelapertedeglaceaplusquedoubléentrelespériodes2002

à2004et2004à2006.Cerythmeestconsidérablementplusélevéqueles0,13 mm.

an-1estimésprécédemmentàpartirderelevésaltimétriqueslaserpourlapériode1994

à1999(Krabillet al., 2000).LafontedesglaciersauGroenland,enplusdes’accélérer,

s’estégalementdéplacéeplusloinaunord,suggérantquelacontributiondesglaciers

0 600 1200 1800 2400 3000

Années

100% 61% 35% 17% 7% 3%

Volume

Antarctique Est

Pôle Sud

Antarctique Ouest

Barrièrede Filchner

Barrièrede Ronne

Barrièrede Ross

Mer de Ross

Mo

nta

gnes transantarctiq

ue

s

Page 10: module 3 - Université TÉLUQ€¦ · de la mer puisque, selon le principe d’Archimède, un corps déplace un volume d’eau correspondant à sa masse (figure 3). Il s’agit du

10 ENV 1110|CHANGEMENTSCLIMATIQUES

duGroenlandàl’augmentationduniveaudelamercontinueraàaugmenter(Rignotet

Kanagaratnam,2006).L’accélérationdelafontedesglacierss’exprimeaussiparune

vitessed’écoulementaccruedesglaciers(Joughin,2006).Cesmouvementsprovoquent

dessecoussessismiquesmesurables,dontlafréquenceadoubléentre2000et2005

(Ekströmet al.,2006).

Lacalottedel’AntarctiqueOuest(figure5)perdégalementplusdeglacequ’anticipé.Desétudesaltimétriqueslaserdusecteurd’Amundsendémontrentquecelui-ciperd60%plusdeglacequ’ilenaccumule,pertequiéquivautàuneaugmentationde0,2mm duniveaudelamerparan.Lestauxd’amincissementdesglaciersprochesdescôtesétaientplusélevésen2002et2003quedanslesannées1990(Thomaset al.,2004).Encontrepartie,selondesmesuresaltimétriquesradar,l’intérieurdelacalotteantarctiqueaaugmentésamassede45±7km3paran,entre1992et2003,équivalantà0,12±0,02mm.an-1deréductionduniveaudelamer(Daviset al.,2005).Larésultanteseraitcependantunepertedeglacedel’ordrede152±80km3.an-1,équivalantà0,4± 0,2mm.an-1d’augmen-tationduniveaudelamer,entre2002et2005(VelicognaetWahr,2006b).

Page 11: module 3 - Université TÉLUQ€¦ · de la mer puisque, selon le principe d’Archimède, un corps déplace un volume d’eau correspondant à sa masse (figure 3). Il s’agit du

MODULE 3|LESIMPACTSDESCHANGEMENTSCLIMATIQUES11

Figure5Carte de l’Antarctique.

L’Antarctiquecontientunvolumed’eausuffisantpourfaireaugmenterleniveaudelamerde23mètres.Lafontedelacalottedel’AntarctiqueOuest,plausibledansunscé-nariodechangementsclimatiques,mèneraitàuneaug-mentationduniveaudelamerde7 mètres.

0 600 1200 1800 2400 3000

Années

100% 61% 35% 17% 7% 3%

Volume

Antarctique Est

Pôle Sud

Antarctique Ouest

Barrièrede Filchner

Barrièrede Ronne

Barrièrede Ross

Mer de Ross

Mo

nta

gnes transantarctiq

ue

s

Page 12: module 3 - Université TÉLUQ€¦ · de la mer puisque, selon le principe d’Archimède, un corps déplace un volume d’eau correspondant à sa masse (figure 3). Il s’agit du

12 ENV 1110|CHANGEMENTSCLIMATIQUES

2. LESMESURESDUNIVEAUDELAMER

Ilestdifficiled’effectuerunemesurepréciseduniveaudelamerpourplusieursraisons.

D’abord,leniveaudelamern’eststrictementconstantnidansletempsnidansl’espace.

Lescirculationsocéaniques, lesventset lesphénomènescomme l’ENSOmodifient

localementetparfoistemporairementleniveaudelamer.Danslesgrandsgyresocéa-

niques,causésparlescourantsmarinssoumisàlaforcedeCoriolis,lapartiecentrale

estsurélevéed’environ20 cm.PendantunphénomèneElNiño,lesfortsventsest-ouest

provoquentunrefoulementdesmassesd’eauversl’Australieetungradientd’élévation

duniveaudelamerdeplusde20 cm.

Ensuite,leniveaudescontinentsn’estpasnécessairementstable.Certainesîlesvolca-

niquess’enfoncentcontinuellementdanslamertandisqued’autresémergent duplancher

océanique.Lescontinentsaffectésparlaglaciationsubissentdesremplacementsde

plaquesàlasuitedeladisparitiondesénormeschargesqueconstituaientlescalottes

glaciairesdel’âgeglaciaire.Cephénomènesenommelerebondisostatique.AuCanada,

lesenvironsdelabaied’Hudsonsontencoreentraindesesoulever,10 000 ansaprès

ladéglaciation.Enrevanche,d’autresrégions,commelapartiesuddugolfeduSaint-

Laurent,s’enfoncent,contribuantainsiàl’augmentationperçueduniveaudelamer.Ces

mouvementssontd’environ0,1 mm.an-1.

Enfin,ilfauttenircomptedesmouvementstectoniquesetvolcaniques,quiinfluencent

égalementleniveaudelamer.L’éruptionduKrakatoaen1883etleséruptionsimpor-

tantesrécentesauraientainsiréduitlahausseduniveaudelamerauXXIe siècle,car

lerefroidissementdelasurfacedelamerseraittransportéparconvectionversleszones

plusprofondesetperdureraitpendantdesdécennies(Gleckeret al.,2006).Faitintéres-

sant,laretenued’eaudanslesbarragesacauséunebaisseduniveaudelamerde0,5

à0,7 mm.an-1aucoursdesdernièresdécennies(IPCC,2001).

Ilestànoterquedepuisquelquesdécennieslesméthodesdetélédétectionàpartirde

satellitesontpugrandementaméliorerlaprécisiondesmesuresduniveaudelamer.

Page 13: module 3 - Université TÉLUQ€¦ · de la mer puisque, selon le principe d’Archimède, un corps déplace un volume d’eau correspondant à sa masse (figure 3). Il s’agit du

MODULE 3|LESIMPACTSDESCHANGEMENTSCLIMATIQUES13

3. LESPRÉVISIONSDUNIVEAUDELAMERENFONCTIONDESCHANGEMENTSCLIMATIQUES

Aprèsenvirondeuxmillénairesdestabilité,leniveaudelameracommencéàmonter

durantleXIXesiècle.Letauxmoyend’augmentationduniveaudelamerentre1961et

2003étaitde1,8 ± 0,5 mm.an-1(IPCC,2007).Entre1993et2003,cetauxétaitplus

élevé,soit3,1 ± 0,7 mm.an-1.Commedestauxélevésontprobablementétéatteintsau

coursdecertainesdécenniesdepuis1950,ilestimpossibledediresicetteaugmentation

faitpartiedesvariationsobservéesoud’uneaccélérationdel’augmentationduniveau

delamer.

Lesprévisionsdu rapportduGIECde2001 (IPCC,2001)établissaient la fourchette

plausibledelamontéeduniveaudelamerentre9et88 cmaucoursduXXIe siècle.Le

rapportde2007adopte,quantàlui,unefourchettepluspetitede18 cmà59cm,dont

10à41 cmsontattribuablesàl’expansionthermique,7à17 cmàlafontedeglaciers

continentauxet1à12cmàlafontedelacalotteduGroenland.Lacalottedel’Antarctique,

quantàelle,ens’épaississant,hausseraitleniveauocéaniquede1à3 cm(IPCC,2007).

LerapportduGIECde2007mentionnecependantqueceschiffrespourraientêtresous-

évalués,carl’augmentationobservéeduniveaudelamerdépassede0,7 ± 0,7 mm.

an-1lasommedetouslesfacteursconnusetquantifiésycontribuant.

Certainesétudesrécentesn’étaientpasdisponibleslorsdelarédactiondurapportdu

GIECde2007,carseuleladocumentationpubliéejusqu’en2005aétéretenuepoursa

rédaction.Or,certainesdecesétudesfontétatd’uneaccélérationdelafontedenom-

breuxglacierscontinentauxetdescalottesduGroenlandetdel’Antarctique.Actuellement,

lacalotteduGroenlandcontribueraitenviron de0,5 mm.an-1(RignotetKanagaratnam,

2006)etcelledel’Antarctiquede0,2à0,6 mm.an-1(VelicognaetWahr,2006)àlamontée

actuelleduniveaudelamer.Cestauxsontplusimportantsqueceuxcitésdanslerap-

port du GIEC de 2007, où la contribution de la calotte du Groenland est estimée à

0,05 ± 0,12 mm.an-1,entre1961et2003,età0,21 ± 0,07 mm.an-1,entre1993et2003,

et celle de l’Antarctique à 0,14  ±  0,41  mm.an-1, entre 1961 et 2003, et à 0,21 

± 0,35mm.an-1,entre1993et2003.

Page 14: module 3 - Université TÉLUQ€¦ · de la mer puisque, selon le principe d’Archimède, un corps déplace un volume d’eau correspondant à sa masse (figure 3). Il s’agit du

14 ENV 1110|CHANGEMENTSCLIMATIQUES

4. L’IMPACTDEL’AUGMENTATIONDUNIVEAUDELAMERSURLESCÔTESETLESSOCIÉTÉSHUMAINESETLESSTRATÉGIESD’ADAPTATION

Cetteaugmentationduniveaudelamermenaceraitentre13et94 millionsdepersonnes

parandeplusqu’enl’absencedechangementsclimatiques.Vingtmillionsdepersonnes

seraientvictimesd’inondationsfréquentes;60 %d’entreellesenAsieduSud(Pakistan,

Inde,SriLanka,BangladeshetBirmanie)et20 %dansleSud-Estasiatique(Thaïlande,

Vietnam,IndonésieetPhilippines)(HadleyCentre,1999).

Laremontéeduniveaudelamermenaceraitégalementleszoneshumidescôtières –

maraissalants,mangrovesetzonesintertidales(HadleyCentre,1999).

Leszonescôtièresseraientencoreplusfragiliséesparl’augmentationconcomitantedes

températuresdel’eau,quipourraavoiruneffetsurlecorailetlesécosystèmes,affectant

dessecteurscléscommeletourismeetlapêche.

L’impactdel’augmentationduniveaudelamersurlescôtesestd’autantplusgrandque

l’importance des événements météorologiques extrêmes, comme les tempêtes, les

ouragans,etc.augmente(voirletexte« Lesimpactsdeschangementsclimatiquesà

l’échellemondiale »).Parexemple,legolfeduSaint-Laurentaconnuunecertaineaug-

mentationde l’amplitudedesondesde tempêteaucoursdesannées 2000 (Daigle,

2006).EnmerduNord,lahauteurmaximaledesondesdetempêteaaugmentéde15

et16 mà17et18 m(rp-online,2007).Cetteaugmentationdesévénementsmétéorolo-

giquesextrêmesaccentue les risquesd’inondationset l’érosionquisontcauséspar

l’augmentationduniveaudelamer.

Faceàcetteréalitéincontournable,lessociétéshumainesdoiventtrouveruneréponse

etétablirdesplansd’action.Lesstratégiesderéponsevis-à-visdelamontéeduniveau

delamerseclassifientselonlestroiscatégoriessuivantes :laprotection,l’adaptation,

etlaretraite.

• Laprotection. Résisteràlamontéeduniveaudelamerpardesouvragesprotecteurs

est lameilleuresolution lorsquedes intérêtséconomiques, fonciersouculturels

importantssontmisenpéril,dontlavaleurdépasselecoûtdesouvragesdedéfense

àériger.

Page 15: module 3 - Université TÉLUQ€¦ · de la mer puisque, selon le principe d’Archimède, un corps déplace un volume d’eau correspondant à sa masse (figure 3). Il s’agit du

MODULE 3|LESIMPACTSDESCHANGEMENTSCLIMATIQUES15

• L’adaptation.L’adaptationpermetdecontinuerd’utiliserleszonescôtières,maisen

prenantencompte le facteurde lamontéeduniveaude lamerdans lesplans

d’aménagementetd’utilisationdecesrégionsetenprévoyantà long terme les

ajustementsàapporterauxdifférentstypesd’usage.

•   Laretraite.Finalement,laretraites’avèreinévitablelorsquelescoûtsd’adaptation

oudedéfensedeviennentdémesurésparrapportauxdommagesévités.

Letypedestratégiequiestchoisidépenddenombreuxfacteurs,dontl’importancede

lamontéelocaleduniveaudelamer,l’expositionauxtempêtes,auxcruesetauxévé-

nementsmétéorologiquesextrêmes,leniveaudedéveloppement,lemoded’aménage-

mentetd’utilisationdelaterre,ladensitédelapopulation,lalongueurdelacôteainsi

queletyped’écosystèmesconstituantlamosaïquecôtière.

L’adaptationàlamontéeduniveaudelamerainsiqu’auxévénementsmétéorologiques

extrêmesdoitinclureplusieursprincipeset,enparticulier,encequiconcernelespaysen

voiededéveloppement,lerenforcementdecertainscapitauxdelasociété,quisont:

• La connaissance. En encourageant le transfert de technologie et l’échange de

connaissances,lespaysserontmieuxenmesuredeprévoirl’évolutionduclimatet

dediffuserlesinformations.

• Le capital humain.L’investissementdanslasantéetl’éducationaugmentel’effica-

citédel’informationdescommunautésetl’élaborationdeplansdedéveloppement

prenantencompteleschangementsclimatiques.

• Le capital physique.Lesgouvernementspeuventrendrelesinfrastructuresplus

résistantesauclimatenadaptantlesrèglementsetlesnormesdeconstruction,en

révisantlezonagedesterresetlagestiondeseauxdesurface.Lesinfrastructures

publiquescommelesroutesdevrontêtrerenforcéesoudéplacées.Desstructures

deprotectionserontégalementnécessaires.

• Le capital social.Laprésencedestructuressocialesfortes,baséessurdesinsti-

tutions ou des traditions, permet d’augmenter l’efficacité de la préparation aux

événementsclimatiquesetauxchangementsà long termeetpermetdemieux

répartirl’effortderécupérationetdereconstructionàlasuitedesévénements.

• Le capital naturel.Laprésencedesystèmesdeprotectionnaturels,telsqueles

mangroves,lecorailoulesbancsdesableetlavégétationcôtière,réduitsensible-

mentlavulnérabilitéphysiquedesmilieuxcôtiers.L’entretienoul’aménagementde

telssystèmesestuneméthoded’atténuationpréventiveefficace.

Page 16: module 3 - Université TÉLUQ€¦ · de la mer puisque, selon le principe d’Archimède, un corps déplace un volume d’eau correspondant à sa masse (figure 3). Il s’agit du

16 ENV 1110|CHANGEMENTSCLIMATIQUES

Voicimaintenanttroisexemplesdepaysdifférentsquiillustrentcommentlesdifférentes

contraintesauxquellessontsoumiseslessociétéspeuventdéterminerletypedestra-

tégieadaptativeàadopter.

4.1 Tuvalu – un petit État insulaire

4.1.1 Lasituation

Tuvaluestsouventconsidérécommelepaysemblématiquedesdangersqueconstituent

leschangementsclimatiquespourlespayscôtiers.Eneffet,Tuvalurisquededevenirle

premierpaysrayédelacarteàlasuitedeschangementsclimatiques.Deuxièmeplus

petitpaysaumonde,Tuvaluestconstituédeneufatollscoralliensquisonthabitéspar

11 000 Tuvaliens.Ils’agitd’unpaysextrêmementplatpuisquesonplushautpointculmine

à5 metquelamoyenned’élévationestde1,5 mètre.Leschangementsclimatiquess’y

fontdéjàsentirsousformed’inondationsplusfréquentesetd’intrusiond’eausaléedans

leseauxsouterraines.Cedernierfacteurmenacedirectementlavégétation,l’agriculture

quis’ypratiqueàpetiteéchelleainsiquel’approvisionnementeneaupotable.L’ensem-

bledecesfacteursfaitqu’encasdepoursuitedel’augmentationduniveaudelamer,

cepaysdeviendraitinhabitable.

4.1.2 Lastratégied’adaptation

Danscecas,laseulesolutionenvisageableàlongtermesembleunerelocalisationdela

population.Unprogrammed’émigrationlimitéeverslaNouvelle-Zélandeestdéjàenplace.

Cependant,undéplacementdelapopulationversdescentresurbainsenNouvelle-Zélande

ousurdesîlesinhabitéesdelagrandebarrièrecorallienned’Australie,commecertains

ontproposé,rendraitunmaintiendutissusocialetdel’identiténationaledifficile.

4.2 Le Bangladesh – 144 millions de personnes au ras des flots

4.2.1 Lasituation

LeBangladeshfigureparmilespayslesplusmenacésparleschangementsclimatiques,

àlafoisàcausedesasituationgéographiqueetdesastructuresociodémographique

(figure6).Eneffet,laprincipalepartieduBangladeshestuneplainealluvialeparcourue

parlestroisgrandsfleuvesdel’AsieduSud :leGange,leBrahmapoutre(Jamounaen

Page 17: module 3 - Université TÉLUQ€¦ · de la mer puisque, selon le principe d’Archimède, un corps déplace un volume d’eau correspondant à sa masse (figure 3). Il s’agit du

MODULE 3|LESIMPACTSDESCHANGEMENTSCLIMATIQUES17

bengali),etleMeghna.LeBangladeshcompte144 millionsd’habitantset580 kmde

lignedecôte.LePIBn’estquede2200 dollarsaméricainsparpersonneparan.Dans

toutelapartiesuddupays,lereliefestquasiinexistant,lerendantvulnérableauxinon-

dations.Cesinondationssurviennentprincipalementetdemanièrespectaculairelors

delapériodedesmoussonsetdescyclones.Lescyclonesprovoquentdesondesde

tempêtepouvantatteindreplusieursmètresdehaut.

Figure6Carte du Bangladesh.Source  : Wikipédia, [En ligne]. http://fr.wikipedia.org/wiki/Bangladesh(Consultéle7septembre2007)

Enmêmetemps,lespluiesabondantesprovoquentdesdébordementscatastrophiques

destroisfleuves.Cesinondationssesontsouventavéréesmeurtrières.En1970,elles

ontcausé500 000victimeset,en1991,143 000victimes.En2004,alorsquelesdeux

tiers du pays étaient inondés et que 10  millions d’habitants étaient sans abri, seuls

Page 18: module 3 - Université TÉLUQ€¦ · de la mer puisque, selon le principe d’Archimède, un corps déplace un volume d’eau correspondant à sa masse (figure 3). Il s’agit du

18 ENV 1110|CHANGEMENTSCLIMATIQUES

400 mortsétaientàdéplorer,peut-êtreunrésultatdesmesuresdeprotectionadoptées.

En2007,lecycloneSidrafait3200 mortset40 000blessés(Radio-Canada,2008;Le

Monde,2007).Entout,entre1970et1998,170 catastrophesnaturellesdegrandeampleur

(inondationsetcyclones)ontfrappéleBangladesh(Stern,2006).Commelemontrela

figure 7,uneaugmentationduniveaudelameraffecteraituneproportionimportantedu

territoireetdelapopulation.

Figure7Simulations de l’impact d’une augmentation du niveau de la mer sur le Bangladesh.Source :UNEP,1989,[Enligne].http://www.grida.no/climate/vital/33.htm(Consultéle7 septembre2007)

4.2.2 Lesstratégiesd’adaptation

Lesstratégiesd’adaptationsontpartiellementbaséessurlaconstructiondedigues,mais

surtout surdesstratégiesd’adaptationà l’échelle localequinenécessitentpasdes

moyensfinanciersimportants,maisplutôtunecollaborationetunecohésionsociale.Un

exempleenestdesmaisonsenmatériauxdurablesetrésistantsàl’eau(parexemple

lebéton),construitessurpilotis,quipeuventabriterleshabitantsencasd’inondation

(figure8).Desvillagessontaussireliéspardespetitesdiguesenterre,permettantaux

Aujourd'huiPopulat ion totale : 112 mi l l ionsSuperf ic ie totale : 134 000 km2

Impact de 1,5 mPopulat ion menacée : 17 mi l l ions (15 %)Superf ic ie menacée : 22 000 km2 (16 %)

Page 19: module 3 - Université TÉLUQ€¦ · de la mer puisque, selon le principe d’Archimède, un corps déplace un volume d’eau correspondant à sa masse (figure 3). Il s’agit du

MODULE 3|LESIMPACTSDESCHANGEMENTSCLIMATIQUES19

habitantsdesvillagesvoisinsdeseréfugierdanslesabrisencasdebesoin.Lesmoyens

modestesnécessitéspourcesconstructionsproviennentsouventd’organisationsnon

gouvernementales(ONG)étrangères.Cetyped’adaptationbasésurdesactionscom-

munautaires locales, souvent à l’échelle du village, est approprié dans un contexte

d’infrastructuresetdemoyensdecommunicationlimités.Ainsi,leBangladeshnecompte

que10 millionsdetéléphonescellulairesoufixespourses164 millionsd’habitantset

seulement300 000 utilisateursd’Internet,soit0,2 %delapopulation.L’organisationd’un

systèmelocald’alerteetderéponseadoncunimpactconsidérable.

Figure8Édifice en béton sur pilotis au Bangladesh comme protection contre les inondations et cyclones.Source : GermanWatchProduction, [Enligne]. www.Germanwatch.de(Consultéle7 septembre2007)

Page 20: module 3 - Université TÉLUQ€¦ · de la mer puisque, selon le principe d’Archimède, un corps déplace un volume d’eau correspondant à sa masse (figure 3). Il s’agit du

20 ENV 1110|CHANGEMENTSCLIMATIQUES

Cependant,lasurviedeshabitantsnepeuteffacertouslesproblèmescausésparl’avan-

céedelameretlesinondationsrécurrentes.L’agriculturesouffredelasalificationrépétée

desterresquin’ontplusletempsdeserégénéreretdontlaproductivitédiminue.Lebétail

nepeutpassurvivreàdesinondationstropimportantes.L’intrusiond’eausaléedansles

puitsetlesaquifèresmenacel’approvisionnementeneaupotableeteneaud’irrigation.

Cesproblèmessontd’autantplusgravesquelamajoritédelapopulationdanslesrégions

menacées,lapartielapluspauvredelapopulationduBangladesh,dépenddel’agricul-

ture(63 %pourl’ensembleduBangladesh).Lesmilieuxnaturelsetlabiodiversitésont

égalementenpéril.Undesmilieuxnaturelsuniquessontlessunderband,grandesforêts

demangrovessurlacôteouestduBangladesh,quiabritentdenombreusesespèces,

dontl’emblématiquetigreduBengale,etquisont,commelaplupartdesforêtsdeman-

grovesaumonde,menacéesparl’augmentationduniveaudelamer.

UneadaptationtechnologiqueàgrandeéchellecommeauxPays-Bas(voirlasection

suivante)estdifficilementimaginableetseraitassociéeàuncoûtd’opportunitéconsi-

dérable.Parexemple, le coûtdes75 projetsd’endiguementprévusactuellementau

Bangladeshàl’aidedefinancementsinternationauxpourseprémunircontredenouvel-

lesinondationsestde10milliardsdedollarsaméricains,cequiéquivautà16 années

d’éducationprimaireetsecondairedanslepaysentier(Milmillan,1997).

Aulieudecela,l’adaptationviseessentiellementàréduirelavulnérabilitédelapopula-

tion,plutôtqued’essayerd’endiguerlescatastrophes.Celasetraduitpardesajustements

structurelsdansledomainedel’agriculture,favorisantdesespècesmoinsàrisque,une

intégrationdesmarchésintérieurs,l’augmentationdesimportationsdenourritureetla

transitiondeladépendanceàl’agriculturepardesdenréesexportablesàplushaute

valeurtellesquelesvêtements(Stern,2006).L’attributiondecréditsetsurtoutdemicro-

créditsestnécessairepourrendrecedéveloppementpossible(ODI,2005).

LasituationduBangladeshn’estpasunique.D’autrespayscommelaChineoul’Inde

seraientégalementmenacés.Lepaysleplustouchéquantàsasuperficieseraitl’Indo-

nésie,dont40 %duterritoireseraitmenacéparuneélévationduniveaudelamerde

1 malorsqu’enmoyennemondiale,3 %duterritoireet30 %desterresparmilesplus

fertilesseraientmenacés(AyresetWalter,1991).

Page 21: module 3 - Université TÉLUQ€¦ · de la mer puisque, selon le principe d’Archimède, un corps déplace un volume d’eau correspondant à sa masse (figure 3). Il s’agit du

MODULE 3|LESIMPACTSDESCHANGEMENTSCLIMATIQUES21

4.3 Les Pays-Bas – affluence et vulnérabilité

4.3.1 Lasituation

La situation géographique des Pays-Bas est d’une précarité comparable à celle du

Bangladeshpuisqu’uneimportantepartiedecepayssetrouveendessousduniveaude

lamer.Laraisonenestquedesterritoiresentiers–appeléspolders–ontétégagnéssur

lamergrâceàunprogrammedeconstructiondediguesetd’assèchementdu terrain

(figure 9).Lepoint leplusbasdesPays-Bas, leZuidplaspolder,sesitue7 mètresau-

dessousduniveaudelamer.Lepayscompte16 millionsd’habitantsetsalignedecôteest

de450 kilomètres.LePIBdesPays-Basétait,en2006,de31 7000 dollarsaméricains.

Figure9Carte des Pays-Bas montrant les territoires gagnés sur la mer depuis les années 1930.Source :USGS.

Page 22: module 3 - Université TÉLUQ€¦ · de la mer puisque, selon le principe d’Archimède, un corps déplace un volume d’eau correspondant à sa masse (figure 3). Il s’agit du

22 ENV 1110|CHANGEMENTSCLIMATIQUES

4.3.2 Lesstratégiesd’adaptation

AucontraireduBangladesh,lastratégiedesPays-Basvis-à-visdel’augmentationdu

niveaudelamerreposepresqueentièrementsurlaconstructiondediguesetdebarra-

ges.Selonlavulnérabilitédeszonesàprotéger,lesbarragessontconstruitspourrésis-

teràdescruesde10 000 ans(cruesseproduisantstatistiquementunefoistousles

10 000 ans)danslesrégionsàhautrisquetellesquecellesabritantlesgrandesvilles

AmsterdametRotterdamavecl’aéroportdeSchiphol,undesplusgrandsenEurope,et

leportdeRotterdam,undesplusimportantsenEurope.Dansdeszonesmoinspeuplées

etd’uneimportanceéconomiquemoindre,unrisqued’inondationplusélevéest jugé

acceptable.Certainsbarragescomportentdesportesrelevablespourpermettrelacir-

culationd’eauentrel’océanetleseauxintérieures.

Laconstructiondebarragesà cetteéchelle soulèvecependantplusieursproblèmes

environnementauxetsociaux.Lesdiguesetlesbarragesontunprofondimpactsurle

paysageetcontribuentàartificialisercelui-ci.Lesplagessituéesenavaldesdiguessont

soumisesàuneérosionaccrue,cequilimiteleurusagepourlesactivitéshumaines,et

ontaussiunimpactsurlesécosystèmesmarins,puisquelesplagesreprésententdes

lieuxdereproductionetd’alimentationpourplusieursespèces.Leseauxintérieures,si

ellessontisoléestropsouventdel’océan,nepeuventpassepurifiersuffisamment.Ce

problèmeestaggravéparlesfortesconcentrationsenpolluantsetenfertilisants,char-

riéespar lescoursd’eaudepays industrialisés.Ainsi, ceseaux risquentdedevenir

eutrophiéesetpolluées.Cesmesuressontcoûteuses.LesPays-Basdépensentchaque

année400 millionsd’eurospourlaprotectiondeleurcôte.Cependant,lesdommages

évitéssontestimésà1,7 milliardd’euros.

4.4 Autres exemples d’adaptation en Europe

D’autrespayseuropéensadoptentdesstratégiessimilairesauxPays-Basaveclesmêmes

interrogationsenvironnementalesetsociales.EnAngleterre,degrandsbarragesmobiles

ontétéconstruitssurlaTamisepouréviterdesinondationscommecellede1953,ayant

causé307 décès,30 000 évacuationsetdesdommagesde5 milliardsdelivressterling

ainsiqueprèsde2000 victimesauxPays-Bas.Actuellement,cesbarrièresoffrentune

protectionsuffisante.Selonlesprévisions,ellesrésisterontàuneinondationde1000 ans

(inondationseproduisantstatistiquementune fois tous les1000 ans) jusqu’en2030.

Page 23: module 3 - Université TÉLUQ€¦ · de la mer puisque, selon le principe d’Archimède, un corps déplace un volume d’eau correspondant à sa masse (figure 3). Il s’agit du

MODULE 3|LESIMPACTSDESCHANGEMENTSCLIMATIQUES23

Mais,d’iciàlafinduXXIe siècle,elless’avérerontinsuffisantespouruneinondationde

50 ans,siellesnesontpasrenforcées.L’augmentationduniveaudelamerpourraitfaire

augmenterlescoûtsdemaintiendesbarrièresde3,8à6,8 milliardsdelivressterling

surunsiècle.

L’Italieaentreprisungigantesqueprojetdeconstructiondebarrageshydrauliquesdans

lestroisentréesdelalagune(figure10),afindeprotégerlavilledeVenise,bâtieautour

decanaux,patrimoinehistoriquedel’UNESCO.

Figure10Lagune de Venise. Source :IFREMER.

Ceprojet,appeléleprojetMoïse,aétéextrêmementcontesté.Venise,bâtieauniveau

delamer,oùlescanauxagissentàtitrederues,estd’autantplusmenacéeparl’aug-

mentationduniveaudelamerquelavilleconstruitesurdesmilliersdepieuxenbois

s’enfonce lentementdans lesolmeuble.Ainsi, les inondationsqui touchent laplace

Saint-Marc ont augmenté d’une fréquence de moins de 10  fois par an au début du

XIXe siècleàpresque100 foisen1996(Stern,2006).LeprojetMoïsepermettradeblo-

querl’accèsauxondesdetempêtesetdemarée,quandcelaseranécessaire,àl’aide

debarrageshydrauliques(figure11).Sicessituationsseproduisenttropfréquemment,

Passe du LidoVenise

Passe du Malamocco

Passe de Chioggia

entrée d'air comprimée

merlagon

eau évacuée

Page 24: module 3 - Université TÉLUQ€¦ · de la mer puisque, selon le principe d’Archimède, un corps déplace un volume d’eau correspondant à sa masse (figure 3). Il s’agit du

24 ENV 1110|CHANGEMENTSCLIMATIQUES

lalagunedeVenisesetrouverapresqueconstammentisoléedelameretl’eaunepour

pluss’yrenouveler,causantdesproblèmesd’eutrophisationetd’accumulationdepol-

luants.Deplus,lesbarrageshydrauliquessontconçuspouruneélévationduniveaude

lamerde20 cm,quirisqued’êtredépasséebienavantlafindusiècle.

Figure11Barrages hydrauliques à l’entrée de la lagune de Venise.Source : IFREMER.

4.5 Les déterminants du choix des stratégies d’adaptation

Danslechoixdesstratégiesd’adaptationetladéterminationdelavulnérabilité,larichesse

d’unpaysestunfacteurimportant.Lesdommagesdanslespaysindustrialisésatteignent

souventdesmontantsimportantsquijustifientlaconstructiondestructuresdeprotection

onéreuses.CommedanslecasdesPays-Bas,lesmesuresdeprotectionévitentdes

dommagesévaluésàun milliardd’eurosparan. Il aétéestiméque l’inondationde

Londrescauseraitdesdommagesde50 milliardsdelivressterling,surunevaleurtotale

assuréede125 milliardsdelivressterling.Autotal,lescoûtsannuelsdusauxinondations

enEuropepourraientaugmenterde10 milliards dedollarsaméricainsparan,dansles

années2000à2010,de120à150 milliards dedollarsaméricainsparan,d’iciàlafin

duXXIesiècle,oude20 milliardsdedollarsaméricainsparan,silesinfrastructuresde

protectionsontrenforcées.

Lesdommages,quandilssontexprimésentermesfinanciers,apparaissentmoinsélevés

danslespaysmoinsrichesquedanslespaysriches,àcausedel’absenced’infrastruc-

turesimportantesetdelavaleurmoinsélevéedesterrainsetdesbiens.Cependant,

Passe du LidoVenise

Passe du Malamocco

Passe de Chioggia

entrée d'air comprimée

merlagon

eau évacuée

Page 25: module 3 - Université TÉLUQ€¦ · de la mer puisque, selon le principe d’Archimède, un corps déplace un volume d’eau correspondant à sa masse (figure 3). Il s’agit du

MODULE 3|LESIMPACTSDESCHANGEMENTSCLIMATIQUES25

puisque lePNBdecespaysestmodesteetque leuréconomiedépendsouventen

grandepartiedesressourcesnaturelles,l’impactdel’augmentationduniveaudelamer

pourlespopulationsestplusimportant,commel’illustreletableau 1.

Tableau1Pourcentage du PNB perdu à la suite d’une augmentation

de 38 à 55 cm du niveau de la mer

Pays Perte de PNB

États-Unis 0,02 %

Pays-Bas 0,03 %

Grande-Bretagne 0,1à0,3 %

Maldives 34 %

Tuvalu 14,4 %Source :ChiffresdeIPCC-CZMS,1990,dansFAO1998.

Il fautaussiconsidérerque l’impact financierneprendpasencomptebeaucoupde

facteursessentielsdanslespaysenvoiededéveloppement,commel’autarciealimen-

taire,leseffetssurlasanté,l’absenced’assurancesfinancièresetd’aideétatique.

RÉFÉRENCES

Antonov,J.I.,Levitus,S.,Boyer,T.P.2005.Thermostericsealevelrise,1955-2003.Geophysical Re-search Letters,32,L12602,doi : 10.1029/2005GL023112.

Arendt,A.A.,Echelmeyer,K.A.,Harrison,W.D.,Lingle,C.S.,Valentine,V.B.2002.RapidwastageofAlaskaglaciersandtheircontributiontorisingsealevel.Science,297,382-386.

Ayres,R.U.,Walter,J.1991.Thegreenhouseeffect :Damages,costsandabatement.Environmental Research Economics, 1,237-270.

Bindschadler,R.2006.Hittingtheicesheetswhereithurts.Science,311,1720-721.

Cuffey,K.M.,Marshall,S.J.2000.Substantialcontributiontosea-levelriseduringthelastinterglacialfromtheGreenlandicesheet.Nature, 404,591-594.

Daigle,R.2006.Impacts de l’élévation du niveau de la mer sur la côte sud-est du Nouveau-Brunswick.Rapportduprojetrecherchepiloted’EnvironnementCanada.

Page 26: module 3 - Université TÉLUQ€¦ · de la mer puisque, selon le principe d’Archimède, un corps déplace un volume d’eau correspondant à sa masse (figure 3). Il s’agit du

26 ENV 1110|CHANGEMENTSCLIMATIQUES

Davis,C.H.,Li,Y.,McConnell, J.R.,Frey,M.M.,Hanna,E.2005.Snowfall-drivengrowth inEastAntarcticicesheetmitigatesrecentsea-levelrise.Science,308,1898-1901.

Ekström,G.,Nettles,M.,Tsai,V.C.2006.SeasonalityandincreasingfrequencyofGreenlandglacialearthquakes.Science,311,1756-1758.

Gleckler,P.J.,AchutaRao,K.,Gregory,J.M.,Santer,B.D.,Taylor,K.E.,Wigley,T.M.L.2006.Kraka-toalives :Theeffectofvolcaniceruptionsonoceanheatcontentandthermalexpansion.Geophy-sical Research Letters, 33,L17702,doi :10.1029/2006GL026771.

HadleyCentre.1999.Climatechangeanditsimpacts:StabilisationofCO2intheatmosphere,[Enligne]. http://www.metoffice.gov.uk/research/hadleycentre/(Consultéle7septembre2007)

IPCC.2001.Climatechange2001:Thephysicalscientificbasis.IPCC,[Enligne]. http://www.ipcc.ch(Consultéle7septembre2007)

Joughin,I.2006.Greenlandrumbleslouderasglaciersaccelerate.Science,311,1719-1720.

Kaser,G.,Cogley,J.G.,Dyurgerov,M.B.,Meier,M.F.,Ohmura,A.2006.Massbalanceofglaciersandice caps  : Consensus estimates for 1961-2004. Geophysical Research Letters, 33, L19501,doi : 10.1029/2006GL027511.

Krabill,W.,Abdalati,W.,Frederick,E.,Manizade,S.,Martin,C.,Sonntag,J.,Swift,R.,Thomas,R.,Wright,W.,Yungel,J.2000.Greenlandicesheet :High-elevationbalanceandperipheralthinning.Science,289,428-430.

LeMonde.2007.AuBangladesh,ledernierbilanducycloneSidrfaitétatde3 500 morts,Le Monde,20 novembre.

Meier,M.F.,Dyurgerov,M.B.2002.HowAlaskaaffectstheworld.Science,297,350-351.

Milmillan,J.D.1997.Blesseddamsordamneddams?Nature,365,325.

Murray,T.2006.Greenland’siceonthescales.Nature, 443,277-278.

Otto-Bliesner,B.L.,Marshall,S.J.,Overpeck,J.T.,Miller,G.H.,Hu,A.2006.Simulatingarcticclimatewarmthandicefieldretreatinthelastinterglaciation.Science,311,1751-1753.

OverseasDevelopmentInstitute(ODI).2005.Aftershocks :Naturaldisasterriskandeconomicdevelop-mentpolicy.ODI Briefing Paper, novembre.

Radio-Canada.2008.Les10principalescriseshumainesen2007.Macadam Tribus,12janvier.

Rignot, E., Kanagaratnam, P. 2006.Changes in the velocity structure of the Greenland ice sheet.Science,311,986-990.

Rignot,E.,Rivera,A.,Casassa,G.2003.ContributionofthePatagoniaicefieldsofSouthAmericatosealevelrise.Science,302,434-437.

Page 27: module 3 - Université TÉLUQ€¦ · de la mer puisque, selon le principe d’Archimède, un corps déplace un volume d’eau correspondant à sa masse (figure 3). Il s’agit du

MODULE 3|LESIMPACTSDESCHANGEMENTSCLIMATIQUES27

rp-online.2007.Orkan« Britta »hatneueMa�st�begesetzt :18MeterhoheExtremwelleninderNord-2007.Orkan« Britta »hatneueMa�st�begesetzt :18MeterhoheExtremwelleninderNord-see.Rheinische Post Online,20avril.

SchøttHvidberg,C.2000.WhenGreenlandicemelts.Nature, 404,551.

Stern,N.2006.Sternreviewontheeconomicsofclimatechange.Independent report to H. M. Treasury of the United Kingdom,[Enligne].

http://www.hm-treasury.gov.uk/independent_reviews/stern_review_economics_climate_change/stern_review_report.cfm(Consultéle7septembre2007)

Taylor,R.G.,Mileham,L.,Tindimugaya,C.,Majugu,A.,Muwanga,A.,Nakileza,B.2006.Recentglacialrecession in theRwenzorimountainsofEastAfricadue torisingair temperature.Geophysical Research Letters, 33,L10402,doi :10.1029/2006GL025962.

Thomas,R.,Rignot,E.,Casassa,G.,Kanagaratnam,P.,Acuña,C.,Akins,T.,Brecher,H.,Frederick,E.,GogineniP.,Krabill,W.,Manizade,S.,Ramamoorthy,H.,Rivera,A.,Russell,R.,Sonntag,J.,Swift,R.,Yungel,J.,Zwally,J.2004.Acceleratedsea-levelrisefromWestAntarctica.Science,306,255-258.

Velicogna,I.,Wahr,J.2006a.AccelerationofGreenlandicemasslossinspring2004.Nature,443,329-331.

Velicogna, I.,Wahr,J.2006b.Measurementsof time-variablegravityshowmass loss inAntarctica.Science,311,1754-1756.