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1 FONDATION DE ROTHSCHILD MAISON DE RETRAITE ET DE GERIATRIE 80 rue de PICPUS 75012 PARIS MISE EN PLACE ET ANIMATION D’UN ATELIER DE REMINISCENCE La technique de l’atelier de réminiscence s’adresse à des personnes atteintes de maladies neuro dégénératives, type Maladie d’Alzheimer , à un stade modéré. Sa technique est basée sur l’évocation de souvenirs (réminiscences) à partir de supports variés : photos, objets, documents sonores, dégustation de mets traditionnels… On part des souvenirs les plus lointains (petite enfance) pour arriver progressivement au temps présent. On observe, chez les personnes concernées, une altération de l’humeur (grande tristesse) due, en partie à l’isolement qui est le leur, lorsque la communication avec les autres devient difficile du fait des déficits qui s’installent progressivement. Le but premier de l’atelier de réminiscence est de resocialiser ces personnes qui s’enferment dans leur tristesse et de leur permettre de renouer avec les autres et avec eux-mêmes. L’atelier de réminiscence regroupe au maximum dix personnes sélectionnées pour la similitude de leurs difficultés et à travers dix séances hebdomadaires consécutives d’une heure chacune, se propose d’offrir un moment de détente et de réconciliation avec soi-même, comme avec les autres. Cet atelier n’a pas de but thérapeutique ; cependant, les effets bénéfiques sur l’humeur et la socialisation sont indéniables. Les familles sont sollicitées pour assister aux séances. Elles ont un rôle d’auditeur et n’interviennent que rarement dans l’évocation des souvenirs, le but étant de laisser s’exprimer le ressenti de la personne âgée. Cependant, elles peuvent aider à la réminiscence car elles connaissent ces souvenirs et partagent un moment de lucidité qui est très valorisant pour la personne âgée malade comme pour la famille. Deux animateurs sont nécessaires pour chaque séance : l’un anime la discussion et l’autre prend des notes afin pouvoir tenir un « journal » de l’atelier et noter les différentes réactions et participations de chacun. Dès le deuxième atelier, deux animatrices en formation ont participé aux séances de façon à pouvoir, à leur tour animer un atelier et former de nouveaux collègues. Le premier atelier s’est déroulé d’avril à juin 2005 et le second de septembre à décembre 2005.

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FONDATION DE ROTHSCHILD MAISON DE RETRAITE ET DE GERIATRIE

80 rue de PICPUS 75012 PARIS

MISE EN PLACE ET ANIMATION D’UN ATELIER DE REMINISCENCE

La technique de l’atelier de réminiscence s’adresse à des personnes atteintes de maladies neuro dégénératives, type Maladie d’Alzheimer , à un stade modéré. Sa technique est basée sur l’évocation de souvenirs (réminiscences) à partir de supports variés : photos, objets, documents sonores, dégustation de mets traditionnels… On part des souvenirs les plus lointains (petite enfance) pour arriver progressivement au temps présent. On observe, chez les personnes concernées, une altération de l’humeur (grande tristesse) due, en partie à l’isolement qui est le leur, lorsque la communication avec les autres devient difficile du fait des déficits qui s’installent progressivement. Le but premier de l’atelier de réminiscence est de resocialiser ces personnes qui s’enferment dans leur tristesse et de leur permettre de renouer avec les autres et avec eux-mêmes. L’atelier de réminiscence regroupe au maximum dix personnes sélectionnées pour la similitude de leurs difficultés et à travers dix séances hebdomadaires consécutives d’une heure chacune, se propose d’offrir un moment de détente et de réconciliation avec soi-même, comme avec les autres. Cet atelier n’a pas de but thérapeutique ; cependant, les effets bénéfiques sur l’humeur et la socialisation sont indéniables. Les familles sont sollicitées pour assister aux séances. Elles ont un rôle d’auditeur et n’interviennent que rarement dans l’évocation des souvenirs, le but étant de laisser s’exprimer le ressenti de la personne âgée. Cependant, elles peuvent aider à la réminiscence car elles connaissent ces souvenirs et partagent un moment de lucidité qui est très valorisant pour la personne âgée malade comme pour la famille. Deux animateurs sont nécessaires pour chaque séance : l’un anime la discussion et l’autre prend des notes afin pouvoir tenir un « journal » de l’atelier et noter les différentes réactions et participations de chacun. Dès le deuxième atelier, deux animatrices en formation ont participé aux séances de façon à pouvoir, à leur tour animer un atelier et former de nouveaux collègues. Le premier atelier s’est déroulé d’avril à juin 2005 et le second de septembre à décembre 2005.

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CREER ET ANIMER UN ATELIER DE REMINISCENCE OU

COMMENT MIEUX VIVRE SON PASSE POUR MIEUX VIVRE SON PRESENT

Par Michèle BOURDEAU et Marie-Jeanne FOGLINO

1. DEFINITION : La réminiscence est l’ensemble de souvenirs vagues, imprécis qui peuvent en faire ressurgir d’autres. Chez les personnes démentes, la mémoire ancienne reste intacte et les souvenirs anciens étant enjolivés, on essaie de rappeler des souvenirs agréables. L’atelier de réminiscence est différent de l’atelier mémoire car, il ne fait pas appel à la connaissance, ni à la logique, ni au raisonnement. C’est l’évocation d’émotions pures à l’aide de stimuli divers se rapportant à une période de la vie. Il n’y a aucune visée thérapeutique ; mais,

la réminiscence a un effet ANTIDEPRESSEUR : on s’adresse au participant comme à une personne unique et on l’amène à parler de son passé afin qu’elle retrouve son identité.

C’est aussi un moyen de SOCIALISATION des personnes isolées par leur handicap, une aide à la transmission du passé, une facilitation de la transmission entre parents et enfants, si ceux-ci assistent à l’atelier.

2. PHASE PREPARATOIRE :

Avant de créer le premier atelier, il est nécessaire :

D’informer les équipes soignantes et la Direction de la mise en place de la nouvelle activité.

D’informer les familles. De solliciter les résidants en leur expliquant le projet. De rechercher des objets riches en symboles.

3. LA POPULATION CIBLEE :

Les personnes âgées en début de maladie d’Alzheimer ou de démence sénile

ayant des troubles légers d’apparition récente. Les personnes ayant eu un léger accident vasculaire cérébral avec des troubles

de l’expression orale.

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Il faut éviter les personnes en déambulation qui empêcheraient le bon fonctionnement du groupe. Pour ces personnes, plus lourdement atteintes, il faut envisager des entretiens individuels.

4. LA SELECTION DU GROUPE : Il peut être homogène dans les origines et croyances de chacun ou hétérogène, ce qui permet un enrichissement des échanges.

5. LES HISTOIRES DE VIE : Pour chaque personne pressentie, il faut établir son histoire de vie de façon succincte (une page environ). Le recueil de la biographie se fait en entretien particulier d’une heure environ, dans la chambre du résidant. La personne choisit de livrer d’elle ce qu’elle veut. Il n’y a aucune recherche de la vérité historique ou chronologique. C’est son ressenti qui importe. En cas de difficulté majeure, l’aide de la famille peut être sollicitée. Cette histoire de vie doit être incluse dans le dossier de soin de façon à personnaliser la prise en charge de chacun. L’histoire de vie des participants au groupe permet de conduire la réminiscence en stimulant chacun de façon personnalisée, afin de mieux la faire naître.

6. LA CONSTITUTION DU GROUPE : Il est formé de la façon suivante :

Dix personnes maximum. Un animateur. Un coanimateur chargé de noter les interventions de chacun afin de permettre

une évaluation finale. Un membre de la famille, si c’est une volonté affichée du résidant et de son

parent. Il est essentiel de réguler strictement les interventions de la famille de façon à ce qu’elle ne s’exprime pas à la place de la personne âgée ; mais soit simplement une aide au souvenir.

7. LE FONCTIONNEMENT DU GROUPE :

Fixer les règles de fonctionnement dès la première séance : nombre de séances prévues, écoute de l’autre, temps de parole partagé…

Le lieu de déroulement doit être toujours le même : pièce calme, fermée, facilement accessible à tous, intime.

Le temps est fixé entre 1h et 1h30 maximum Un atelier s’étale sur 10 semaines, à raison d’une séance par semaine Veiller à ce que chacun s’exprime : encourager l’expression en captant le

regard .

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Valoriser la parole de tous : tous les souvenirs valent la peine d’être écoutés. Réguler le temps de parole. La décoration et l’aménagement de la pièce où se déroule l’atelier peuvent

faire l’objet d’une concertation. Chaque séance se termine par le partage du goûter La fin de l’atelier, annoncée dès le début, est rappelée avant la dernière séance

et fait l’objet d’une petite fête. Le coanimateur note le nombre d’interventions pour chaque participant, à

chaque séance afin de pouvoir évaluer l’évolution de chacun. L’évocation de souvenirs qui déclenchent une émotion forte doit être

envisagée : les pleurs doivent être respectés par tous. A la fin de l’atelier les personnes qui ont subi une réminiscence forte en émotion ne doivent pas être laissées seules, face à elles-mêmes .

8. LES THEMES ABORDES : On part des souvenirs les plus éloignés pour se rapprocher du présent :

L’enfance L’école Le travail précoce des enfants non scolarisés La jeunesse Les fiançailles et le mariage Les enfants Les fêtes Le monde du travail Les vacances…

Cette liste n’est nullement exhaustive et peut varier en fonction de la composition du groupe.

9. LES SUPPORTS : Il faut réunir dans la salle de l’atelier, un maximum d’objets et de documents évocateurs qui intéressent les cinq sens :

Objets de la vie quotidienne : ustensiles de cuisine, objets personnels, bibelots…

Outils Cartes postales Documents sonores (prévoir un lecteur de CD) Substances odorantes (fleurs, épices…) Matières de textures différentes (liège, tissus, fourrure, pierres…) Dégustations de produits régionaux. Photos anciennes. Lecture de documents Vieux journaux…

Cette liste doit s’adapter aux spécificités de chaque groupe. Les objets peuvent resservir avec un autre groupe.

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Il est important de mettre à contribution les familles pour qu’elles apportent des objets ou documents en relation avec la vie de chacun. En cas d’impossibilité, il est important d’identifier ces objets ou documents pour essayer de se les procurer.

10. L’EVALUATION : C’est une évaluation qualitative, principalement qui se base sur l’évolution de l’humeur et de la socialisation de chaque personne. En dehors de notes prises en cours d’atelier, la participation et l’avis de tout le groupe pluridisciplinaire sont primordiaux pour connaître la perception de l’évolution de la personne. Cette évaluation peut être affinée en demandant à la psychologue clinicienne de procéder à des tests d’humeur et d’établir une échelle de dépression au début et à la fin de l’atelier (10 séances). De même, la perception de l’évolution de l’humeur par la famille est primordiale. L’animateur et le coanimateur mettront en place un document simple qui reprendra les notes prises au cours des séances afin d’en tirer une évaluation qualitative.

11. QUAND ET COMMENT DEMARRER ? Le temps de la sélection du groupe, du recueil des histoires de vie et de la réunion des objets et documents supports peut être estimé à environ 2 mois. Le but est, par la suite, de multiplier ces ateliers, éventuellement dans les lieux de vie, de façon à aller à la rencontre des personnes en difficulté. Chacune formerait donc un nouvel animateur qui deviendrait lui-même formateur et ainsi de suite. Ceci nous permettrait :

D’aider un maximum de résidants De valoriser et d’impliquer les intervenants en leur donnant un rôle relationnel fort De favoriser les échanges entre résidants et intervenants en les éclairant d’un jour

nouveau. De personnaliser la prise en charge des résidants.

Il serait souhaitable de trouver un nom à l’atelier de réminiscence, le terme étant mal connu et rébarbatif. Quelques suggestions :

Retour vers le futur A la recherche des souvenirs perdus Musée de ma jeunesse Le jardin des souvenirs Dans mon grenier, il y a… Souvenirs, souvenirs… En ce temps-là…

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LE PREMIER ATELIER DE REMINISCENCE 13/04/05-15/06/05

Les thèmes du premier atelier ont été déterminés par les deux animatrices : Il s’est tenu chaque mercredi, de 15h à 16h, toujours dans la même salle.

SEANCE DATE SUJET 1 13/04/05 Présentation de l’atelier et

des participants

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20/04/05

La naissance et la petite enfance, La scolarité : la

tenue, le mobilier de classe, les punitions, les

récompenses

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27/04/05

La jeunesse, les fiançailles, les coutumes, le mariage, la

dot, le trousseau

4

04/05/05

Le mode de vie : l’équipement de la maison,

les corvées ménagères (lessive, repassage), cuisine,

entretien de la maison 5 11/05/05 la vie professionnelle

L’atelier est baptisé 6 18/05/05 La mode, la publicité, les

sorties 7 25/05/05 La période de l’occupation.

La libération.

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01/06/05 Dégustation de spécialités culinaires traditionnelles.

9 08/06/05 Les voyages, moyens de communication, l’évolution

technologique 10 15/06/05 C’est le fête de fin d’atelier :

musique et délices

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LE DEROULEMENT DU PREMIER ATELIER

Suite à des ennuis de santé, 3 des personnes pressenties ne peuvent se joindre au groupe. Une autre a refusé de faire ce travail de mémoire de peur de voir renaître des souvenirs douloureux. Le groupe ne comporte donc que 6 personnes.

• SEANCE 1 : Présentation de l’atelier : Chaque participant, y compris les animatrices, a devant lui son prénom inscrit en gros caractères. La première séance est une séance de présentation : chacun se présente succinctement. Les animatrices en font de même. On bannit le terme de madame ou monsieur. Les prénoms sont utilisés mais, le vouvoiement est de rigueur. On explique le but de cet atelier et on fixe les règles de fonctionnement : chacun doit s’exprimer librement et doit être écouté respectueusement. On prévient de sa durée de dix séances consécutives, après quoi, il cessera d’exister pour ce groupe. On indique qu’on essaiera, vers la cinquième séance, de rebaptiser l’atelier en fonction du ressenti du groupe. La règle de nos échanges doit être la bonne humeur et le plaisir partagé d’une rencontre amicale et d’une conversation libre. Le goûter est partagé avant de se séparer. L’ambiance : les échanges sont difficiles. L’expression en public n’est pas simple pour certains. Aucune communication directe entre les résidants qui se connaissent « de vue » mais ne se fréquentent pas.

• SEANCE 2 : la petite enfance et la scolarité : Evocation des soins apportés aux bébés : l’allaitement, l’emmaillotement, le bain dans la bassine en zinc, la mode, les nourrices, les frères et sœurs de lait… Pour la scolarité : beaucoup d’évocations sur le matériel de classe : le tableau noir, l’estrade, les pupitre partagés à deux, les encriers, les porte-plumes, les ardoises, l’odeur des cahiers neufs, le jour de la rentrée. La tenue de l’écolier est largement évoquée : les blouses, les protège-manches… Les premiers échanges entre résidants apparaissent : apartés amusées sur le côté « pète-sec » des institutrices et sur les bêtises faites en classe. On évoque également les jeux de récréation, les récompenses et les punitions(le martinet) La séance se termine par une dégustation de Banania contenu dans une boîte métallique d’époque. Beaucoup de commentaires sur le Zouave qui orne la boîte. La bonne odeur de cacao flatte les papilles L’ambiance : beaucoup de participation de chacun. Des échanges entre les participants qui se sont reconnus. Il n’y a plus l’inquiétude de l’inconnu. La cohésion du groupe commence à naître. Les échanges avec les animatrices sont plus détendus.

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Deux des participants ne se souviennent plus d’être déjà venues mais se disent contentes d’être là.

• SEANCE 3 : Les premiers émois amoureux, les fiançailles, le mariage : Evocation des sorties : la seule distraction était souvent le bal du samedi ou du dimanche après-midi. Les messieurs sortaient régulièrement et avouent en souriant avoir eu du succès auprès des dames (l’un d’entre eux a bientôt cent ans et se sent tout revigoré à cette évocation). On parle aussi beaucoup du rituel de la demande en mariage, des fiançailles et des chaperons, du trousseau et de la cérémonie du mariage, différente selon les origines des participants. On termine la séance en chantant « Parlez-moi d’amour ». Ambiance très chaleureuse. L’ambiance est de plus en plus conviviale. Les échanges avec les animatrices se font très facilement. Les apartés entre résidants se multiplient. Tout le monde vient de bon cœur à ces séances ; même si deux des participantes ne se souviennent pas être venues. Seule une résidante est capable de venir seule dans la salle. Tous les autres ont besoin d’être accompagnés. L’une des participantes est célibataire. Elle a moins participé aux débats.

• SEANCE 4 : L’équipement de la maison et les travaux ménagers : Pour cette séance, beaucoup d’objets anciens ont été réunis : fers à repasser en fonte et à réserve de braises, lampe à pétrole, lessiveuse, savon de Marseille, planche à laver, battoir, brasero d’Afrique du Nord qui interpelle les natifs de Tunisie et du Maroc, pilon en cuivre, vieux moulin à café. On fait moudre du café à chacun des participants : certains retrouvent l’attitude qu’ils adoptaient pour moudre le café : moulin entre les genoux…. On hume le café fraîchement moulu avec délice. On évoque le temps où le chauffage central n’existait pas : les poêles à charbon, les cheminées, les cuisinières à bois et à charbon, les bouillottes dans les lits glacés, les bassinoires… Une séance très porteuse de souvenirs grâce aux nombreux objets rassemblés. Tous les participants ont participé, sans exception à cette séance, même les deux personnes qui sont le plus en difficulté. Elles ont retrouvé les gestes pour moudre, repasser, laver le linge sur la planche à laver.

• SEANCE 5 : le métier : Dans un premier temps, chacun parle de son métier.

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Nous avons réuni des outils se rapportant à deux des métiers exercés : le fourreur et la modiste. Le fourreur retrouve les gestes pour se servir des outils et expliquer leur destination. La modiste nous explique les étapes de fabrication d’un chapeau. On évoque ensuite, grâce à des photos, des métiers disparus : le ,vitrier, le rémouleur, le cordonnier, le chanteur des rues, le laitier, le forgeron. L’atelier est rebaptisé, à l’unanimité « Souvenirs, souvenirs… » Au total, une séance très animée. Les échanges entre résidants se font plus fréquents. Leurs relations sont plus amicales, ils plaisantent entre eux, échangent des regards complices. La fille d’un des résidants présents note ce changement : elle ne les a pas vus depuis 2 séances et le changement la frappe.

• SEANCE 6 : La mode, la publicité, le cinéma : On évoque, à partir de photos et de magazines, la mode à travers les époques et les noms des grands couturiers. Pour la publicité, on s’est amusé à feuilleter des journaux du début du 20ème siècle et on a pu constater que beaucoup de produits actuels faisaient déjà l’objet d’encarts publicitaires. Les annonces concernant les amaigrissements miracles et les produits censés donner « une belle poitrine » font naître des sourires malicieux des messieurs. Les photos d’artistes de cinéma des années d’immédiate après-guerre sont reconnues unanimement par tous les participants. On a également fredonné des chansons de Tino Rossi, Charles Trenet et Edith Piaf ; Au total, une séance pendant laquelle les évocations ont guidé le programme. Des réminiscences étonnantes pour les personnes qui sont le plus en difficulté. Les paroles des chansons qui reviennent, intégralement.

• SEANCE 7 : l’occupation et la libération : Ce sujet a été abordé à la demande des résidants qui souhaitaient évoquer des souvenirs se rapportant à cette période. Les souvenirs ont été racontés sur le mode anecdotique et ont eu trait à des épisodes un peu rocambolesques de marché noir. Tous se sont appliqués à ne pas évoquer de souvenirs trop douloureux (certains sont Juifs et ont eu a souffrir de l’occupation allemande en France et à porter l’Etoile Jaune). Un moment de révolte à l’évocation des résidences réquisitionnées et de l’humiliation de ne plus être chez soi. Au total, une séance qui n’a pas été triste, malgré le sujet évoqué. Les participants quittent la salle de plus en plus tard. Ils ont du plaisir à rester un peu pour bavarder entre eux et avec les animatrices.

• SEANCE 8 : Dégustation de spécialités culinaires :

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Nous avons choisi de faire déguster des spécialités culinaires en rapport avec les origines de chacun des participants. La fille d’un des résidants, originaire d’Europe Centrale nous a préparé des spécialités salées et sucrées. Le reste a été préparé par les animatrices : la Bretagne et l’Afrique du Nord sont représentées. Beaucoup d’émotion et de plaisir gustatif ; mais aussi l’étonnement devant les recettes qui sont retrouvées par les personnes qui sont en difficulté mnésique. Beaucoup d’émotion pour la fille du résidant d’Europe Centrale qui reçoit les félicitations de son père qui lui dit : « ton strudel est aussi bon que celui de maman ». Ce fut un vrai moment de convivialité partagée. Tous sont repartis heureux et détendus. Encore plus étonnant : tous, sans exception, sont capables, le lendemain de se souvenir de ce qu’ils ont dégusté la veille.

• SEANCE 9 : L’évolution des moyens de transport : Des documents photographiques sont présentés, montrant l’évolution des moyens de transport par mer, air, fer et route. C’est l’occasion d’évoquer les voyages lointains les transatlantiques, les premiers avions longs courriers, la découverte d’ Israël, les vieux trains à vapeur, les voitures(l’évocation de la première voiture) Beaucoup de souvenirs évoqués. Tous les résidants sont capables de se remémorer au moins un voyage, petit ou grand. Le sujet a intéressé tout le monde. Les animatrices rappellent que l’atelier prendra fin la semaine prochaine. Beaucoup de regrets et d’inquiétudes sont exprimés sur l’après atelier.

• SEANCE 10 :Le bilan : Les animatrices font un rappel des thèmes abordés lors des séances précédentes. Un tour de table permet à chacun d’exprimer son ressenti par rapport à ce qu’il a vécu pendant l’atelier. Tous disent y avoir trouvé du plaisir à se retrouver régulièrement et constatent qu’ici, c’est facile de parler ensemble. L’un d’eux remarque qu’en dehors de l’atelier, lorsqu’ils se rencontrent, ils se saluent mais ne se parlent pas. Une autre enchaîne : « on ne sait pas de quoi parler ». Une autre se met à pleurer : « pourquoi l’atelier s’arrête-t-il ? On aimerait continuer ! » Un des messieurs dit s’être bien amusé et avoir découvert des gens sympathiques. Pour ce qui est des thèmes préférés, la scolarité et l’équipement de la maison semblent avoir remporté tous les suffrages. Un des charmants messieurs réplique : « moi j’aime tout car tout m’intéresse ! C’est vraiment bien de se parler ! ». Ils souhaitent tous une suite à ces rencontres et sont conscients de ne pas savoir l’organiser tout seuls. Nous avons clôturé l’atelier par une petite fête : crêpes, cidre, petits fours, fruits déguisés et musique. On a chanté et dansé avec bonheur.

REFLEXIONS

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SUR LE PREMIER ATELIER DE REMINISCENCE

PREAMBULE : Cette première expérience nous a laissé un sentiment de satisfaction mêlé de tristesse : satisfaction d’avoir mené à bien notre projet et d’avoir, au fil des séances, vu le groupe évoluer positivement dans la qualité du relationnel et de la communication ; mais aussi, tristesse de devoir le terminer et ne pas dire « à mercredi prochain » à ceux qui nous sont devenus si proches. LA MISE EN ŒUVRE : Elle nécessite une coordination avec le corps médical et les équipes soignantes afin d’observer conjointement les effets de l’atelier et l’encourager la participation des personnes aux séances Nous avons rencontré chacune des 10 personnes pour lui expliquer le projet et lui demander son assentiment. Nous avons écrit une biographie succincte pour chacun, en faisant appel aux familles si nécessaire, dans les cas où les souvenirs étaient imprécis ou l’interview impossible. Nous avons informé les familles en les invitant à participer, selon leur désir. Nous avons travaillé à la programmation des différents ateliers afin de déterminer les thèmes de chacun des ateliers et chercher les documents et objets pouvant servir de support. Pour chaque atelier, une invitation est remise, la veille du rendez-vous, qui porte une illustration en rapport avec le thème traité. Deux familles ont répondu à notre invitation : 1 présente à tous les ateliers, a proposé de filmer les séances et une autre a assisté à 2 séances seulement ; car, ne réside pas Paris. DEROULEMENT : Les participants ayant tous des difficultés d’orientation temporo-spatiale, il était nécessaire, pour tous, d’aller les chercher malgré l’invitation transmise et de les accompagner dans la salle.

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Nous avons vu, de séance en séance, le groupe évoluer. La communication est devenue plus facile avec nous ; puis, entre eux. Les objets et les documents présentés capturent immédiatement l’attention des résidants. Ces supports apparaissent comme indispensables pour alimenter les échanges. Les supports gustatifs (recettes traditionnelles) et tactiles(fourrure) ont été particulièrement porteurs d’émotions et de souvenirs. Tous les documents photographiques sont en nombre suffisants pour que chacun ait le sien. L’animation est assurée alternativement par l’une ou l’autre des animatrices. Les séances ont débuté à l’heure ; mais, surtout à partir du quatrième atelier, les participants ont plaisir à s’attarder en bavardant, autour du goûter qui leur est servi en fin de séance. Chaque rencontre dure donc entre 2h et 2h30. LES ENSEIGNEMENTS :

• L’atelier demande un grand investissement en temps et une grande disponibilité : il faut être là 10 semaines consécutives et il faut, en moyenne, 2h de préparation pour chaque atelier et autant pour la rédaction du compte-rendu de la séance.

• Il faut être vigilant quant à la constitution du groupe : l’une des participantes s’est trouvée en difficulté lors de l’atelier sur le mariage (elle est célibataire et ne pouvait évoquer de souvenirs) et sur les métiers (elle était employée de maison et ne l’a pas dit, restant évasive sur sa vie professionnelle). Elle était la seule Catholique du groupe, ce qui a pu également l’isoler.

• La fin de l’atelier a été un moment difficile auquel nous étions tous mal préparés : les résidants sont en attente d’une suite, cet atelier ayant pris une place importante dans leur emploi du temps et dans leur cœur et nous avons ressenti un grand vide en ne leur disant pas « à la semaine prochaine ».

• Les relations entre les résidants et nous ne sont plus au niveau des soignants et soignés mais beaucoup plus cordiaux, détendus et permettent une mise en confiance qui aide à la réminiscence.

• La fille du résidant qui a filmé a profité pleinement de l’atelier et s’est attachée aux résidants présents. Elle a participé activement à la réminiscence et en a tiré plaisir et apaisement (flagrant quand elle a reçu l’aval de son papa sur la qualité de son strudel aux pommes : « il est aussi bon que celui que faisait Maman »).

• Le fils de la résidante qui est venu 2 fois, a pu noter, à plusieurs semaines d’intervalle, l’évolution du groupe et la façon extraordinaire dont sa maman s’est ouverte, devenue souriante, prenant du plaisir à parler avec le groupe, elle qui est d’habitude si taciturne.

EVALUATION : Cette évaluation est purement subjective puisque aucune évaluation de départ n’a été faite.

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Nous somme d’accord pour constater que :

• L’humeur des participants s’est améliorée au cours des différents ateliers : ils se sont montrés plus gais et plus ouverts.

• La communication avec nous, s’est modifiée : elle devenue plus facile, plus simple :

nous étions sur un pied d’égalité, la relation est dénuée de l’autorité du soignant

• La communication du groupe s’est beaucoup améliorée : au début, nous servions d’intermédiaires, vers le 4ème atelier, la communication se faisait déjà directement entre participants et avec une certaine complicité quelquefois pleine d’espièglerie.

• Les enfants présents sont repartis heureux : ils ont découvert leur parent sous un autre

jour, ils ont participé à l’évocation de souvenirs.

• Deux Infirmières ont remarqué le changement chez deux des résidantes concernées : plus alertes, plus souriantes et plus présente.

• L’une des participantes qui était diminuée par un épisode aigu a retrouvé un peu son

orientation temporelle et semble plus ancrée dans la réalité.

• Pour une des résidantes, le constat de son déficit de mémoire a quelquefois été douloureux.

• La participation active de sa fille à l’atelier a amplifié le plaisir que l’un des résidants

a pris à partager ses souvenirs, non seulement avec le groupe, mais avec elle .

• Pour deux des participantes, il nous a semblé que, sauf pendant quelques instants de lucidité, il était trop tard pour que l’atelier leur soit profitable. Cependant, elles ont été heureuses de partager ces moments conviviaux et se sentaient bien à l’atelier.

• Le plus âgé des résidants (bientôt cent ans) est venu irrégulièrement. Les premières

fois ont été difficiles car son angoisse prédominait et l’empêchait de s’intéresser aux échanges. Il a particulièrement bien profité de la séance sur les métiers, sur les premiers émois amoureux et sur les moyens de transport. Les crêpes l’ont conquis…

• Nous avons eu beaucoup de plaisir à animer ces ateliers mais restons sur notre faim

quant à la suite à donner à ces dix séances qui appellent une prise en charge du groupe.

• Nous décidons donc de donner rendez-vous au groupe dans quelques semaines, après les congés d’été, afin de faire un point sur son devenir.

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Comme promis, nous avons réuni les participants du premier atelier de réminiscence, 2 mois après la fin de cette première expérience. Je vous livre ici nos impressions. Le groupe s'est réuni le 29/08/05 à 15h. Les sept résidants sont présents, souriants et détendus . "Les résidants se sont dit "bonjour" ; mais, ont du mal à mettre un prénom sur les visages. Notre pharmacienne a pris la parole la première. elle dit se souvenir de certaines séances : l'enfance, les métiers (elle reparle de sa pharmacie). Elle enchaîne sur ses promenades dans le jardin avec ses enfants et petits-enfants et des paroles échangées avec l’un des participants et sa fille qu'elle a trouvée très sympathique. Elle lui a raconté sa vie (elle reprend le récit de ses études de pharmacie et son métier). Une autre résidante trouve négatif le fait de se retrouver dans cet atelier (elle était une des plus demandeuses à la fin de la série d'ateliers). Je lui demande pourquoi. Elle hausse les épaules et esquisse son petit sourire triste et finit par dire qu'elle se sent mal à l'aise. Elle ne se souvient pas du très vieux monsieur mais se souvient parfaitement que l’autre monsieur était dans la confection, que sa voisine de table était pharmacienne, de cette autre personne qu'elle rencontre dans le forum et de la personne qui est en face d’elle et qui est souvent assise à côté d'elle dans le salon, sur une autre banquette. Le doyen du groupe a été accompagné par l’auxiliaire de vie qui prend soin de lui. A peine assis, il demande à repartir car il a 100 ans et qu'il est fatigué. Il consent tout de même à rester pour prendre le goûter. Il ne comprend rien aux explications que je lui donne pour qu'il comprenne où il se trouve. J. discute avec M. ; mais, a du mal à suivre la conversation car M. soliloque sur elle-même. J. pose son regard sur son voisin. Ils se sourient et il use de son humour habituel et lui dit "quand je la regarde, elle me sourit, comme si je l'avais chatouillée !". Tous deux éclatent de rire... M. constate : "on peut dire beaucoup de choses avec les yeux !" G. s'amuse avec la nappe. Elle n'est pas détendue et semble absente. Elle regarde autour d'elle mais ne dit rien. Je la sollicite et lui demande si elle est contente d'être avec nous. Elle répond que oui, sans rien ajouter et reprend son examen de la nappe. Notre Don Juan est très content d'être là. Il dit que les ateliers lui ont permis de nouer des liens avec les gens, de connaître d'autres personnes avec lesquelles il peut bavarder. Il reconnaît que les approches avec les autres résidants sont timides mais que le courant passe très bien avec sa voisine et complice : quand ils se rencontrent, ils se reconnaissent, bavardent. Il aime aider les résidants qui en ont besoin en poussant leur fauteuil roulant."Il faut être galant et respecter autrui". Une autre résidante est toujours aussi passive. Elle se dit contente d'être là mais n'a aucun souvenir des séances partagées."

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L'heure du gâteau a sonné (un beau gâteau au chocolat confectionné par notre pâtissier et qui a fait l'admiration de tous). On aurait dit que le fait de partager ce goûter avait ranimé les conversations et, en réjouissant les papilles avait redonné de la joie de vivre à tous (Notre centenaire a mangé de bon appétit et a oublié un temps, son âge et sa fatigue) Au total : Pour deux des participants (un homme et une femme), les séances ont été profitables : ils sont plus dans la réalité, ils circulent plus facilement dans l'établissement et elle a retrouvé un peu d'orientation temporo-spatiale qui lui permet de se rendre souvent seule aux ateliers qui se déroulent dans la semaine, (elle ne faisait plus le lien entre les invitations et les activités auxquelles elle devait se rendre) La plus triste et la plus renfermée admet un contact plus facile : elle accepte de converser et de donner son avis. Elle a participé à une sortie aux Bateaux Mouche, ce qu'elle refusait toujours systématiquement. Elle participe également à plusieurs activités de groupe, ce qu'elle avait toujours refusé. Elle semble mieux accepter de faire partie d'un groupe. Notre pharmacienne a apprécié ces séances qui l'ont ramenée dans un passé dont elle est très fière ; mais en même temps, elles lui ont fait prendre conscience de ses déficits mnésiques, ce qui a été parfois douloureux. Elle abrite ces manques derrière une attitude très digne et ressasse sans cesse les mêmes épisodes de sa vie estudiantine et de sa carrière qui lui redonnent une meilleure image d'elle-même et lui font oublier le présent. Sa surdité aggrave encore son isolement. Pour notre centenaire et les deux autres résidantes, leur participation a été plutôt passive, même si elle leur a apporté des moments de plaisir et n'a pas eu de prolongations bénéfiques. Il semble que nous soyons intervenus trop tard. CONCLUSION : La finalité de l’atelier de réminiscence n’est à aucun moment thérapeutique. Cependant, on a pu observer, au cours de ces séances les effets bénéfiques suivants :

• La possibilité pour chacun de s’exprimer et de parler de lui : c’est l’occasion de retrouver son identité.

• La possibilité de partager une conversation sur des sujets communs qu’on a vécu

différemment .

• La réminiscence fait appel à la mémoire ancienne qui est presque toujours bien conservée et pour les personnes qui ont les premiers troubles mnésiques associés à leur maladie, c’est rassurant et valorisant.

• La rupture de l’isolement et la socialisation de personnes qui ont tendance à se replier sur elles-mêmes du fait du handicap que fait naître la maladie.

• La diminution de l’état dépressif et l’ouverture à autrui.

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• La perte de l’anonymat qui permet d’être reconnu pour ce que l’on a été.

• Le retour à une communication plus aisée avec les autres résidants mais aussi avec les intervenantes : la frontière soignant / soigné s’efface et facilite les échanges.

• La présence des enfants des participants s’est avérée très bénéfique pour les uns

comme pour les autres : partage de souvenirs qui forment les racines familiales, un moment de répit dans l’évolution de la maladie : la communication qui, d’habitude, est difficile voire impossible, redevient pendant les évocations, normale et apaisante : les parents retrouvent leur rôle de guide et de référent à part entière ; les enfants écoutent les enseignements parentaux.

• Les rendez-vous réguliers, toujours avec les mêmes personnes, dans le même lieu, à

la même heure, finissent par redonner des repères qui rassurent. Cette expérience est très enrichissante pour les animateurs. C’est un échange libre, d’égal à égal qui apporte beaucoup de plaisir et d’enseignements. Même si cette activité est très consommatrice de temps et demande beaucoup de rigueur dans la préparation et l’organisation pour préserver sa régularité, les bénéfices constatés sont largement encourageants et nous incitent à poursuivre sans hésitation.