MIROIR(S) - IDAGIO · 2019. 3. 26. · 6 Roméo et Juliette (original version, Act IV) “Dieu !...

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OPERA ARIAS ELSA DREISIG ORCHESTRE NATIONAL DE MONTPELLIER OCCITANIE MICHAEL SCHØNWANDT

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OPERA ARIAS

ELSA DREISIGORCHESTRE NATIONAL DE MONTPELLIER OCCITANIE

MICHAEL SCHØNWANDT

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ELSA DREISIG sopranoORCHESTRE NATIONAL DE MONTPELLIER OCCITANIE

MICHAEL SCHØNWANDT conductor

MIROIR(S)

Manufactured and printed in the EU.

p & c 2018 Parlophone Records Limited, a Warner Group Company

Total Time: 70’22

Pour son premier récital d’airs d’opéra, Elsa Dreisig met en miroir des héroïnes de caractère : deux compositeurs, deux visions de Salomé, Juliette, Manon et Rosine, et les deux miroirs, bien réels, de Marguerite et Thaïs : « Ces couples de miroirs sont là pour se nourrir réciproquement, s’enrichir, se contredire… pour nous ouvrir les yeux sur les différents visages d’une même femme ».

For her debut album, Elsa Dreisig conjures mirror images of four operatic heroines – two composers, two views of roles including Salomé, Juliette, Manon and Rosina – and two beauties, Marguerite and Thaïs, who were captivated by the looking glass. As Elsa explains: ‘these reflected roles are there to inspire, confront and feed off each other … to open our eyes to multiple visions of the same woman.’

DEUX MIROIRS GOUNOD Faust (Jewel Aria) 1 2 MASSENET Thaïs (Mirror Aria)

“Les grands seigneurs … “Ah ! je suis seule …

Ah ! je ris de me voir si belle” (Marguerite) Dis-moi que je suis belle” (Thaïs)

MANON PUCCINI Manon Lescaut 3 4 MASSENET Manon “In quelle trine morbide” “Allons, il le faut !… Adieu, notre petite table”

JULIETTE STEIBELT Roméo et Juliette * 5 6 GOUNOD Roméo et Juliette (original version) * “Je vais donc usurper les droits de la nature” “Dieu ! Quel frisson court dans mes veines ?”

ROSINA ROSSINI II barbiere di Siviglia 7 8 MOZART Le nozze di Figaro “Una voce poco fa” (Rosina) “Porgi, amor” (Contessa)

SALOMÉ MASSENET Hérodiade 9 10 R. STRAUSS Salomé (Final scene)

“Celui dont la parole e�ace toutes peines … “Ah ! Tu n’as pas voulu”

Il est doux, il est bon”

* WORLD PREMIERE RECORDING

elsadreisig.com · erato.com

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MIROIR(S) OPERA ARIAS

DEUX MIROIRS CHARLES GOUNOD (1818–1893) 1 Faust (Act III, Jewel Aria) “Les grands seigneurs… Ah ! Je ris de me voir si belle” (Marguerite) 6.24

JULES MASSENET (1842–1912) 2 Thaïs (Act II, Mirror Aria) “Ah ! Je suis seule… Dis-moi que je suis belle” (Thaïs) 7.03

MANON GIACOMO PUCCINI (1858–1924) 3 Manon Lescaut (Act II) “In quelle trine morbide” 2.40

JULES MASSENET 4 Manon (Act II) “Allons, il le faut !… Adieu notre petite table” 4.08

JULIETTE DANIEL STEIBELT (1765–1823) 5 Roméo et Juliette (Act II) “Je vais donc usurper les droits de la nature… Un pouvoir inconnu m’entraîne” 7.26 world-premiere recording

CHARLES GOUNOD 6 Roméo et Juliette (original version, Act IV) “Dieu ! Quel frisson court dans mes veines ?… Viens ! Ô liqueur mystérieuse !… Amour, ranime mon courage” world-premiere recording 11.01

ROSINA GIOACHINO ROSSINI (1792–1868) 7 II barbiere di Siviglia (Act I) “Un voce poco fa” (Rosina) 6.14

WOLFGANG AMADEUS MOZART (1756–1791) 8 Le nozze di Figaro (Act II) “Porgi, amor” (Contessa) 3.52

SALOMÉ JULES MASSENET 9 Hérodiade (Act I) “Celui dont la parole efface toutes peines… Il est doux, il est bon” 5.04

RICHARD STRAUSS (1864–1949) 10 Salomé (Final scene) “Ah ! Tu n’as pas voulu…” 16.24

70.20

ELSA DREISIG soprano

ORCHESTRE NATIONAL MONTPELLIER OCCITANIE

MICHAEL SCHØNWANDT conductor

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Enfant, je me regardais chanter. Je ne cherchais pas seulement à entendre ma voix, je voulais la voir. L’impossibilité de voir ma voix me fascinait. Aujourd’hui,

je comprends qu’enfant, j’avais saisi la différence entre l’être et le paraître. Mon image apparaît, ma voix est.

Pourquoi alors appeler mon album Miroirs, objet du paraître et non de l’être? Parce que le miroir m’a aidé à prendre conscience de ma voix. Cette voix qui a

eu besoin de se confronter à l’image pour se dévoiler dans le réel : c’est par ma voix que je suis, sans artifice aucun.

Le fil conducteur de cet album est la mise en miroir d’un même personnage par deux compositeurs. Il me permet d’aborder la question du regard. Tout est question de représentation et d’interprétation. Ces couples de miroirs sont là pour se nourrir réciproquement, s’enrichir, se contredire… pour nous ouvrir les yeux sur les différents visages d’une même femme.

ELSA DREISIG

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MIROIR(S)par Alexandre Dratwicki (Palazzetto Bru Zane)

Pour son premier récital avec orchestre, Elsa Dreisig a imaginé de présenter, se reflétant en miroir, cinq couples d’airs aux rapports ambigus. Ces mises en regard font s’entrechoquer volontairement styles musicaux, instants dramatiques, périodes historiques et vocalités contrastées  : classicisme et romantisme se complètent, terreur et réjouissance se répondent et c’est l’âme féminine sous toutes ses facettes qu’il est ainsi donné à voir.

Les deux scènes tirées des Roméo et Juliette de Steibelt (1793) et de Gounod (1867) — proposées et publiées par le Palazzetto Bru Zane — apportent une véritable nouveauté au répertoire des airs de soprano maintes fois enregistrés. Si l’on croit connaître la fameuse scène du philtre « Dieux ! quel frisson court dans mes veines » de Charles Gounod, on oublie qu’elle fut presque systématiquement coupée par le passé, jugée trop dramatique pour la voix légère de Madame Carvalho, la créatrice du rôle, et de ses successeurs (Adelina Patti y renonce également pour l’entrée de l’ouvrage au Palais Garnier en 1888). On ignorait plus encore que la conception d’origine prévoyait d’introduire la strette « Amour ranime mon courage » par un cantabile du plus bel effet (« Viens ! ô liqueur mystérieuse »). Cette scène terrible avait déjà donné l’occasion à Daniel Steibelt, en 1793, d’atteindre à un paroxysme de tension dans son propre Roméo et Juliette, prévu à l’origine pour l’Opéra de Paris mais finalement « recoupé » en opéra-comique avec dialogues pour le théâtre Feydeau. « Je vais donc usurper les droits de la nature » offre à Juliette un monologue de premier ordre, qui se joue autant qu’il se chante, tant le récitatif permet de déployer une palette dramatique variée. Cette scène donne à entendre le style typique de l’opéra dit « révolutionnaire », dont Méhul et Cherubini furent les figures de proue (l’un avec Médée en 1797, l’autre avec Ariodant en 1799). Autour d’eux gravitèrent Lesueur, Gaveaux, Kreutzer, Dalayrac et Steibelt ; les origines germaniques de ce dernier expliquent le goût pour l’écriture « Sturm und Drang » viennoise, aux accents tourmentés. Après une dizaine d’années passées à Paris, Steibelt achèvera sa carrière en Russie où il meurt en 1823. C’est lui qui — en 1800 — est à l’origine de la première exécution française (et en français) de La Création de Haydn par près de 500 exécutants à l’Opéra.

Si Juliette, prête à boire le philtre donné par le Frère Laurent, n’en est plus à se soucier des coquetteries de sa première rencontre amoureuse, il n’en va pas de même pour Marguerite (Gounod, Faust, 1859) et Thaïs (Massenet, 1894) dans leurs airs respectifs. L’une et l’autre se contemplent dans leur miroir, découvrant les plaisirs frivoles du luxe pour la première, s’inquiétant des prémices de la vieillesse pour la seconde. À l’insouciante Marguerite, Gounod dédie une valse entraînante dans l’esprit caractéristique du Second Empire, où tinte le triangle qui figure le scintillement des bijoux ; à la sulfureuse Thaïs échoit une page lyrique où la ligne vocale semble hésiter entre héroïsme et intériorité, et que Massenet colore de quelques mélismes exotiques de la flûte. À Marguerite, le si aigu d’extase, à Thaïs le contre-ré (optionnel) de supplique, mais à toutes deux l’inquiétude du conflit entre « être » et « paraître ».

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Un autre miroir d’Elsa Dreisig répond à l’angoisse du temps qui passe  : celui qu’offre la juxtaposition de « Porgi amor » (Mozart, Le nozze di Figaro, 1786) et « Una voce poco fa » (Rossini, Il barbiere di Siviglia, 1816). Cette fois c’est le même personnage, saisi à plusieurs années de distance, qui s’exprime  : la jeune Rosine, piquante et déterminée chez Rossini, n’est plus que nostalgie et désabusement sous la plume de Mozart. L’amour a fui et l’heure des tromperies commence. Au chant dépouillé de Mozart, seulement coloré par les clarinettes, cors et bassons de l’orchestre, répondent les fioritures effrontées de Rossini, dont le personnage eut tant de succès au XIXe siècle qu’on le transposa de la voix de contralto à celle de soprano aiguë pour le rendre abordable par presque toutes les chanteuses capables de vocalises. C’est la version grave en mi majeur qu’a choisi Elsa Dreisig. La prouesse de cette cavatine ne réside pas seulement dans sa bravoure technique ou la largeur de sa tessiture : c’est d’affronter crânement désinvolture, espièglerie, menace, moquerie qu’il s’agit.

Les ravages de l’amour n’épargnent pas non plus Manon — quatrième miroir —, dont deux compositeurs ont particulièrement su fixer le destin tragique. Dans « Adieu notre petite table » (Massenet, Manon, 1884) comme dans « In quelle trine morbide » (Puccini, Manon Lescaut, 1893), l’héroïne se rappelle les temps heureux partagés avec le Chevalier Des Grieux qu’elle abandonne lâchement. Remords fugitifs mais sincères parfaitement rendus par des structures musicales très courtes, Puccini s’étant fait une spécialité des airs brefs et poignants. Massenet, tout au long de l’opéra, multiplie également les interventions courtes et contrastées de la jeune fille (six airs en tout) afin de rendre tout le paradoxe de son caractère versatile, tiraillé entre sentimentalité et coquetterie.

Le dernier miroir proposé par Elsa Dreisig confronte deux pièces aux antipodes l’une de l’autre, pour évoquer une héroïne autrement plus cruelle  : la Salomé biblique est ici croquée à deux moments très différents de son histoire, et dans des ouvrages qui ne lui confèrent en rien la même place ni la même psychologie. «  Il est doux, il est bon  » (Massenet, Hérodiade, 1881) la présente rêveuse et partiellement résignée (elle ne sera pas l’ennemie du prophète qu’elle chérit) tandis que «  Ah ! tu n’as pas voulu  » (Strauss, Salomé, 1905, première version française en 1907) fait d’elle le monstre sanguinaire qui embrasse la tête tranchée de celui qui l’avait repoussée. Tant le langage de Massenet se fait classique  — ou du moins convenu  — dans un air qui a pourtant les faveurs de nombre de sopranos, tant la gamme de sonorités et la richesse harmonique de Strauss marquent le début des modernités postromantiques dont lui-même allait être le chantre et le modèle. La version en français de cet air, qui présente des variantes intéressantes de prosodie (et donc de ligne vocale), reste encore trop peu connue des programmateurs et des chanteurs. Elle se fonde pourtant sur le texte originel d’Oscar Wilde, légèrement retouché.

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Salo

Salomé

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As a child I used to observe myself singing. I was trying not only to hear my voice but to see it too. The impossibility of actually seeing my voice

fascinated me. Today I realise that as a child I had grasped the difference between being and appearing. My reflection was an illusion while my voice was the real thing.

Why then call my album Mirrors, an object of illusion rather than reality?Because mirrors have helped me become aware of my voice  — a voice that

needed a mirror image of itself to become real. It is through my voice that I am wholly myself, without any artifice.

Running as a common thread through this album are mirror images of the same character from two composers. This has allowed me to explore differing viewpoints. Everything is a question of representation and interpretation. These reflected roles are there to inspire, confront and feed off of each other… to open our eyes to multiple visions of the same woman.

ELSA DREISIG

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MIRROR(S)by Alexandre Dratwicki (Palazzetto Bru Zane)

For her first recital disc with orchestra, Elsa Dreisig has devised a programme of mirror images — five pairs of arias, loosely linked. These portraits constitute a deliberate clash of musical styles, dramatic moments, historical periods and contrasting vocal styles: classicism and Romanticism sit side by side, terror alternates with joy and it is the feminine soul in all its facets that is revealed.

The two scenes from the Roméo et Juliette settings by Steibelt (1793) and Gounod (1867) — proposed by the Palazzetto Bru Zane, publisher of these editions — bring something entirely fresh to the repertoire of frequently recorded soprano arias. Anyone who thinks they know the famous potion scene, “Dieu! quel frisson court dans mes veines” by Charles Gounod, is overlooking the fact that it was almost universally omitted in the past, considered too dramatic for the light voice of Madame Carvalho, who created the role, and her successors (Adelina Patti likewise dispensed with it when the opera was first staged at the Palais Garnier in 1888). Less known still is that, in the original conception, the stretto, “Amour, ranime mon courage”, was preceded by a wonderfully effective cantabile, “Viens! Ô liqueur mystérieuse”. The same harrowing scene had already provided Daniel Steibelt, in 1793, with the opportunity to achieve a climax of dramatic tension in his own Roméo et Juliette, originally planned for the Paris Opera but eventually “rehashed” as an opéra-comique with spoken dialogue for the Théâtre Feydeau. “Je vais donc usurper les droits de la nature” is a superlative monologue for Juliet, a dramatic test as much as a vocal one, in which the recitative gives the singer ample opportunities to display an extensive dramatic palette. This scene illustrates the typical style of “revolutionary” opera, of which Méhul and Cherubini were the leading figures (the latter with Médée in 1797, the former with Ariodant in 1799). Their circle included figures such as Lesueur, Gaveaux, Kreutzer, Dalayrac and also Steibelt, whose Germanic origins account for a penchant for the tortured accents of Viennese Sturm und Drang. After some ten years in Paris, Steibelt ended his career in Russia where he died in 1823. It was Steibelt who, in 1800, was the driving force behind the first performance in France (and in French) of Haydn’s The Creation, given by close to 500 performers at the Paris Opera.

If Juliet, poised to swallow Friar Laurence’s draught, has come a long way from the coquettishness of her first romantic encounter, this is not the case for Marguerite (Gounod, Faust, 1859) or Thaïs (Massenet, 1894) in their respective arias. Both gaze upon their reflection in the mirror, the first discovering the frivolous pleasures of luxury, the second fretting about the first signs of old age. For the carefree Marguerite, Gounod composes a lively waltz in the spirit of the Second Empire, where the tinkling triangle evokes the sparkle of jewels; for the sultry Thaïs there is a lyrical episode in which the vocal line seems to waver between heroism and introspection and which Massenet colours with exotic melismas on the flute. For Marguerite the high B of ecstasy, for Thaïs the (optional) high D of supplication, but for both there is the anxiety stemming from the dichotomy between “being” and “appearing”.

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Rosina

Rosina

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Another of Elsa Dreisig’s mirrors, reflecting the anguish at time’s passing, is the juxtaposition of “Porgi, amor” (Mozart, Le nozze di Figaro, 1786) and “Una voce poco fa” (Rossini, Il barbiere di Siviglia, 1816). This time it is the same character, seen a few years apart: the young Rosina, acerbic and determined in Rossini’s portrait, feels only nostalgia and disillusionment in Mozart’s, where love has been banished by duplicity. Mozart’s pared-back setting, coloured by clarinets, horns and bassoons, is worlds away from the audacious fioritura of Rossini’s heroine, who was so popular in the 19th century that the role was transposed from contralto to high soprano to enable it to be sung by almost all the virtuoso vocalists of the time. It is the low version in E major that Elsa Dreisig has chosen. The ingenuity of this cavatina lies not only in its technical bravura or the extent of the tessitura but also in its daring blend of flippancy, mischief, menace and mockery.

Just as prone to the ravages of love is Manon  — the fourth mirror image  — whose tragic fate was depicted by two composers in particular. In “Adieu, notre petite table” (Massenet, Manon, 1884) as in “In quelle trine morbide” (Puccini, Manon Lescaut, 1893), the heroine recalls the happy times spent with the Chevalier Des Grieux, the lover she cravenly abandons. A master of brief poignant arias, here Puccini uses very short musical devices as a perfect depiction of the heroine’s sincere if short-lived remorse. Likewise, a recurring feature of Massenet’s opera is the use of short, contrasting arias (six in all) for his young heroine, to convey the many paradoxes of her volatile character, torn between sentimentality and coquettishness.

Two works, poles apart, are juxtaposed in the last of Elsa Dreisig’s mirror images, depicting a far crueller heroine, the biblical Salome, seen at two very different moments in her story and in two operas where her situation and psychological state are not at all the same. “Il est doux, il est bon” (Massenet, Hérodiade, 1881) portrays her as dreamy and somewhat resigned (a devotee, rather than enemy, of the Baptist) while in “Ah! tu n’as pas voulu” (Strauss, Salome, 1905, first French version 1907) she becomes the bloodthirsty monster who kisses the severed head of the man who had rebuffed her. While in Massenet’s aria — a favourite of a number of sopranos — the idiom is classical, or at least conventional, Strauss’s range of sonorities and harmonic richness mark the beginnings of post-Romantic modernity, of which he himself would become the figurehead and prototype. The French version of this aria, which contains interesting variants in the metre of the text (and therefore the vocal line), is still too little known among concert programmers and singers. It is based on Oscar Wilde’s original text, with minor adjustments.Translation: Robert Sargant

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Als Kind beobachtete ich mich beim Singen. Ich sang nicht nur, um meine Stimme zu hören, ich wollte sie auch sehen. Es faszinierte mich, dass gerade

das unmöglich war. Heute ist mir klar, dass ich damals den Unterschied zwischen Sein und Schein begriff. Mein Äußeres erscheint, meine Stimme ist.

Warum also nannte ich mein Album Miroirs, Spiegel, Objekt des Scheins, und nicht des Seins?

Weil der Spiegel mir half, mir meiner Stimme bewusst zu werden. Diese Stimme, die sich am Abbild reiben musste, um sich der Wirklichkeit offenbaren zu können: durch meine Stimme bin ich, und zwar ganz natürlich.

Das Leitmotiv des Albums ist das Spiegeln der gleichen Figur durch zwei verschiedene Komponisten. So konnte ich die Problematik des Blickes beleuchten. Es ist alles eine Frage der Darstellung und der Interpretation.Die Spiegelpaare nähren sich gegenseitig, widersprechen und bereichern sich… und öffnen uns die Augen für die unterschiedlichen Gesichter ein- und derselben Frau.

ELSA DREISIG

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SPIEGELvon Alexandre Dratwicki (Palazzetto Bru Zane)

Für ihr erstes Konzert mit Orchester hat Elsa Dreisig ein besonderes Konzept erdacht: sie präsentiert, gleichsam gespiegelt, fünf vielschichtig verknüpfte Arienpaare. Bei dieser Gegenüberstellung prallen bewusst gegensätzliche Musikstile, dramatische Momente, Epochen und Ausdrucksformen aufeinander: Klassik und Romantik ergänzen einander, auf Schrecken folgt Freude, und so kommt die weibliche Seele in all ihren Facetten zum Vorschein.

Die beiden Ausschnitte aus Romeo und Julia von Steibelt (1793) sowie Roméo et Juliette von Gounod (1867)  — vorgeschlagen und veröffentlicht vom Palazzetto Bru Zane  — bringen frischen Wind in das ewig gleiche, hundertmal aufgenommene Repertoire für Soprane. Wer glaubt, die berühmte Szene mit dem Wundertrank — „Komm Wundertrank, geheimnisvoller“ — zu kennen, vergisst, dass sie in der Vergangenheit beinahe systematisch gekürzt wurde, weil sie für Madame Carvalhos rollengebenden lyrischen Koloratursopran sowie für ihre Nachfolgerinnen (Adelina Patti schreckte bei der Erstaufführung 1888 an der Opéra Garnier ebenfalls davor zurück) als zu dramatisch galt. Ebenso wird oft vergessen, dass der Teil „Die Liebe soll meinen Mut beleben“ ursprünglich durch ein äußerst reizvolles Cantabile eingeführt werden sollte („Komm, oh komm, mein Wundertrank“). Diese gewaltige Szene hatte bereits 1793 Daniel Steibelt Anlass zu einem Spannungshöhepunkt in seiner eigenen Oper gegeben, die er zunächst für die Opéra de Paris konzipiert, aber letztendlich fürs Théâtre Feydeau in eine Opéra comique mit Dialogen „umgeschrieben“ hatte. „Ich will’s tun, auch wenn Natur ihr Recht verlor“, heißt es dann auch in einem erstrangingen Monolog für Julia, der nicht nur gesungen, sondern auch gespielt werden muss, so reichhaltig ist die dramatische Palette dieses Rezitativs. Die Szene illustriert den typischen Stil der sogenannten „opéra révolutionnaire“, deren Vorreiter Méhul (1799 mit Ariodant) und Cherubini (1797 mit Médée) waren. Lesueur, Gaveaux, Kreutzer, Dalayrac und Steibelt sahrten sich um die beiden. Steibelts deutsche Wurzeln erklären womöglich die Vorliebe für den Wiener Sturm und Drang mit seinen stürmischen Akzenten. Nach über zehn Jahren in Paris beendete Steibelt seine Karriere in Russland, wo er 1823 verstarb. 1800 zeichnete er verantwortlich für die französische Erstaufführung von Haydns Schöpfung in Frankreich mit fast 500 Mitwirkenden an der Pariser Oper.

Während Juliette aber, im Begriff, Bruder Lorenzos Wundertrank einzunehmen, jegliche Koketterie über die erste große Liebe abgeht, ist in den Arien von Marguerite (Gounod, Faust, 1859) und Thaïs (Massenet, 1894) genau das Gegenteil der Fall. Beide betrachten sich im Spiegel, entdecken die weltlichen Freuden des Luxus, bzw. sorgen sich wegen erster Anzeichen des Alterns. Der unbekümmerten Marguerite dachte Gounod einen eingängigen Walzer ganz im Geiste des Zweiten Kaiserreiches zu; der Klang der Triangel imitiert das Klimpern von Schmuck. Der dämonischen Thaïs wird eine lyrische Passage zuteil, in der die Stimmlinie zwischen Heldentum und Inbrunst zu schwanken scheint; Massenet schmückt sie mit einigen exotischen Flötenmelismen aus. Das hohe H der Ekstase für Marguerite, das (optionale) flehende hohe D für Thaïs, und beide im Zwiespalt, hin- und hergerissen zwischen „Sein“ und „Scheinen“.

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ManonManon

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Ein weiterer „Spiegel“ bei Elsa Dreisig beschäftigt sich mit der Angst vor der Vergänglichkeit: Hier werden „Porgi, amor“ (Mozart, Le nozze di Figaro, 1786) und „Una voce poco fa“ (Rossini, Il barbiere di Siviglia, 1816) gegenübergestellt. Diesmal äußert sich ein- und dieselbe Figur, allerdings im Abstand mehrerer Jahre. Die junge Rosina, bei Rossini noch frisch, bissig und entschlossen, ist unter Mozarts Feder nur noch wehmütig und desillusioniert. Von der einstigen Liebe keine Spur, dafür hält Untreue Einzug. Dem puren Gesang in Mozarts Werk, nur von Klarinetten, Hörnern und Fagotten untermalt, stehen die kühnen Fiorituren Rossinis gegenüber; Rosina war im 19. Jahrhundert derart beliebt, dass man die für eine Altstimme angelegte Rolle für hohen Sopran transponierte, damit so gut wie alle Koloratursoprane sie singen konnten. Elsa Dreisig hat sich für die tiefe Fassung in E-Dur entschieden. Die Größe dieser Kavatine liegt nicht nur im technischen Bravour oder im enormen Tonumfang, sondern darin, dass sie Ungeniertheit, Schalk, Drohungen und Spott beherzt die Stirn bietet.

Manon (der vierte „Spiegel“) bleibt ebenfalls nicht von den Heimsuchungen der Liebe verschont. Gleich zwei Komponisten wussten ihr tragisches Schicksal auf besondere Art und Weise zu bannen. Sowohl in „Adieu notre petite table“ (Massenet, Manon, 1884) als auch in „In quelle trine morbide“ (Puccini, Manon Lescaut, 1893) erinnert sich die Heldin an glückliche Zeiten mit Chevalier Des Grieux, den sie schnöde im Stich ließ. Die flüchtige, aber aufrichtige Reue kommt in der äußerst kurzen Form perfekt zur Geltung, knappe und prägnante Arien wurden zu Puccinis Spezialität. Auch Massenet setzt die gesamte Oper hindurch kurze, kontrastierende Vorträge der jungen Manon (im Ganzen sechs Arien) ein, um das Paradox ihres sprunghaften Charakters aufzuzeigen, stets zwischen Sentimentalität und Koketterie schwankend.

Im letzten „Spiegel“ von Elsa Dreisig treffen zwei völlig gegensätzliche Stücke aufeinander und beschwören eine ungleich grausamere Heldin herauf: Die biblische Salome wird in ganz unterschiedlichen Momenten skizziert, und beide Male in Werken, die ihr ganz unterschiedliche Rollen oder Beweggründe einräumen. „Il est doux, il est bon“ (Massenet, Hérodiade, 1881) zeichnet sie träumerisch und ein wenig resigniert (sie wird nicht zur Feindin des geliebten Propheten), während „Ah! Tu n’as pas voulu“ (Strauss, Salome, 1905, frz. Erstfassung 1907) ein blutrünstiges Monster aus ihr macht, das den abgeschlagenen Kopf desjenigen küsst, der sie zurückwies. Und ebenso wie Massenets Stil klassisch — oder zumindest konventionell — wirkt, wobei die Arie sich unter Sopranistinnen großer Beliebtheit erfreut, so markiert die klangliche Bandbreite und die reiche Harmonik bei Strauss die Anfänge der postromantischen Moderne, deren Vorreiter und Vorbild er dann wurde. Die französische Fassung der Arie präsentiert interessante Facetten in der Prosodie (und damit in der Stimmlinie), ist aber noch immer recht unbekannt bei Programmleitern und Sängern. Dabei basiert sie, mit leichten Änderungen, auf Oscar Wildes Originaltext.Übersetzung: Anne Thomas

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Michael Schønwandt

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Orchestre National Montpellier Occitanie Michael Schønwandt conductor

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1 Nur große Herren,sie gehn so stolz einher,so huldvoll auch dabei ...Doch nun davon nichts mehr!O Valentin! Hört Gott mein Flehen,kehrst bald du heim! ...Bin ja hier so allein ...Ein Strauß! Siebel bracht’ ihn sicher mir! Ach, armer Freund! ... Was seh’ ich da?Wo kommt das reiche Kästchen her?

Ich wag’ mich kaum heran, doch vielleicht ... Dabei der Schlüssel liegt!Soll ich es öffnen?Ha, ich bebe! ... Warum?Wenn ich’s öffne, tu’ ich deshalbdoch keine Sünde, denk’ ich ...O Gott! Welch reicher Schmuck!Ist’s ein lieblicher Traum,der mich täuscht, der mich belügt,und der mit seinem wunderbaren Glanz mich betrügt?

Ach, ich wage es kaum, und trüge doch so gern hier diese Ohrgehänge! Ach, ein Spiegel liegt dabei, gleich darin sich zu sehen, recht bequem! Wie nun ihm länger widerstehn?

Welch ein Glück,mich zu sehn!Bist denn du es, Margarete?Schnelle, schnelle mir es sage!Nein, nein, nicht Gretchen ich find’, nein, nein, ihr Bild sich hier nicht zeiget! ’s ist ein stolzes Königskind,vor dem sich jeder beuget!Ach, wär’ er jetzt bei mir!Säh’ er so schön mich hier!Kaum würd’ er mich erkennen,holdes Fräulein mich nennen!

Wie so schön diese Pracht mich schmückt! Begierig bin ich, nun zu sehn,wie Kett’ und Halsband mir wird stehn! Gott! Als ob eine Handauf meinen Arm sich legte!

Ha, welch ein Glück, usw.

1 Les grands seigneurs ont seulsdes airs si résolus,avec cette douceur…Allons ! n’y pensons plus !Cher Valentin, si Dieu m’écoute,je te reverrai !…Me voilà toute seule…Un bouquet ! C’est de Siebel, sans doute ! Pauvre garçon !… Que vois-je là ?D’où ce riche coffret peut-il venir ?

Je n’ose y toucher, et pourtant…Voici la clef, je crois !Si je l’ouvrais !Ma main tremble… pourquoi ?Je ne fais, en l’ouvrant,rien de mal, je suppose…Ô Dieu ! que de bijoux !Est-ce un rêve charmantqui m’éblouit, ou si je veille ?Mes yeux n’ont jamais vude richesse pareille !

Si j’osais seulementme parer un momentde ces pendants d’oreille ! Ah ! Voici justement,au fond de la cassette,un miroir !… Commentn’être pas coquette ?

Ah ! je ris de me voirsi belle en ce miroir !Est-ce toi, Marguerite ? Réponds-moi, réponds vite ! Non ! non ! ce n’est plus toi ! Ce n’est plus ton visage ! C’est la fille d’un roiqu’on salue au passage.Ah ! s’il était ici !S’il me voyait ainsi !Comme une demoiselleil me trouverait belle !

Achevons la métamorphose ! Il me tarde encore d’essayer le bracelet et le collier.Dieu ! c’est comme une main qui sur mon bras se pose !

Ah ! je ris de me voir, etc.

1 Only fine gentlemen have suchforceful manners,such gentility...Come now, I’ll think of it no more!Dear Valentine, if God hears my prayersI will see you again!...Now I am alone...A bouquet! From Siebel, surely!Poor lad!...But what’s this?Where might this rich casket

have come from? I don’t dare touch it, and yet...Here is the key, I think!If I just opened it!My hand trembles...why, now?I shouldn’t think that openingit could do any harm...Oh Lord! What jewels!Is some sweet dreamdeceiving me, or am I awake?I’ve never laid eyes on such richness!

If only I daredto put on for a moment these earrings!Why, here at the bottomof the casket there is evena mirror!...How could anyoneresist playing the coquette?

Ah! I laugh to see myselfso pretty in this mirror!Is it you, Marguerite?Answer me, answer quickly!No, no, it is not you!That is no longer your face!It is some king’s daughteryou bow to as she passes!If only he were here!If he could see me like this!He would think me beautiful, dressed as a young lady!

Let us complete the transformation! I have yet to try onthe bracelet and the necklace.Lord, it is as if a handwere weighing down my arm!

Ah! I laugh to see myself, etc.

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ThaïsThaïs

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2 Ach! Ich bin allein, endlich allein!Alle diese Männer sind nurgleichgültig und brutal.Die Frauen sind bösartig,und die Stunden drückend...Meine Seele ist leer...Wo finde ich Ruhe?Und wie das Glück festhalten?Oh, mein treuer Spiegel, beruhige mich!

Sag mir, daß ich schön binund schön bleiben werdefür immer, für immer!Daß nichts meine rosigen Lippen beflecken wird,und nichts das reine Gold meiner Haare trüben wird!Sag es mir! Sag es mir!Sag mir, daß ich schön binund schön bleiben werdefür immer, für immer!Ach! Ich werde für immer schön bleiben!

Ach! Schweig, unbarmherzige Stimme, Stimme, die zu mir sagt:“Thaïs, auch du wirst altern...Thaïs, auch du wirst altern...So wird eines Tages Thaïs nicht mehr Thaïs sein...”Nein, ich kann es nicht glauben.Du, Venus, antworte mir, daß ich schön bin! Venus, antworte mir, daß die Schönheit ewig bleibt!Venus, unsichtbar und doch anwesend!Venus, du Wonne des Schattens!Venus! Antworte mir! Antworte mir!

Sag mir, daß ich schön bin, usw.

2 Ah ! je suis seule, seule enfin !Tous ces hommes ne sontqu’indifférence et que brutalité.Les femmes sont méchanteset les heures pesantes…J’ai l’âme vide…Où trouver le repos ?Et comment fixer le bonheur ?Ô mon miroir fidèle, rassure-moi !

Dis-moi que je suis belle,et que je serai belleéternellement ! éternellement !Que rien ne flétrira les roses de mes lèvres,que rien ne ternira l’or pur de mes cheveux !Dis-le-moi ! Dis-le-moi !Dis-moi que je suis belle,et que je serai belleéternellement ! éternellement !Ah ! je serai belle éternellement !

Ah ! Tais-toi, voix impitoyable,voix qui me dis :« Thaïs, tu vieilliras… Thaïs, tu vieilliras…Un jour, ainsi, Thaïs ne serait plus Thaïs… »Non ! Non ! Je n’y puis croire.Toi, Vénus, réponds-moi de ma beauté !Vénus, réponds-moi de son éternité !Vénus, invisible et présente !Vénus, enchantement de l’ombre !Vénus ! Réponds-moi ! Réponds-moi !

Dis-moi que je suis belle, etc.

2 Ah! I am alone, alone at last.All these men are nought but indifference and brutality. The women are spiteful and the hours tedious.My soul is empty. Where shall I find rest?How shall I secure happiness?O my faithful mirror, comfort me.

Tell me that I am beautiful and that I shallalways be beautiful.

That nothing will wither the rose of my lips,that nothing will tarnish the pure gold of my hair,Tell me! Tell me!Tell me that I am beautiful and that I shallalways be beautiful.

Ah! I will always be beautiful!

Ah, keep silent, pitiless voice.The voice that tells me “Thaïs, you will grow old”!

And so, one day, Thaïs will no longer be Thaïs!No! No! I will not believe it!Venus, tell me I am beautiful!Venus, tell me that my beauty is immortal!Venus, invisible yet present!Venus, spell of the darkness,Venus, speak to me, speak to me!

Tell me I am beautiful, etc.

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3 In dieser weichen Spitzenpracht,im vergoldeten Alkoven,ist ein Schweigen, eine Todeskälte —ist ein Schweigen,eine Kälte, die mich frieren läßt!

Und ich, die ich gewöhnt waran eine wollüstige Zärtlichkeitvon brennenden Lippen und leidenschaftlichen Armen,ich habe nun ganz Anderes!O mein armseliges Heim,du erscheinst wieder vor mir —heiter, einsam, weiß,wie ein zarter Traum ist es von Frieden und Liebe!

3 In quelle trine morbide,nell’alcova doratav’è un silenzio, un gelido mortal —v’è un silenzio,un freddo che m’agghiaccia!

Ed io che m’ero avvezzaa una carezza voluttuosadi labbra ardenti e d’infuocate bracciaor ho tutt’altra cosa!O mia dimora umile,tu mi ritorni innanzi —gaia, isolata, bianca,come un sogno gentil e di pace e d’amor!

3 In those soft lace hangings,in that gilt alcovethere is a silence, a mortal chill — there is a silence,a coldness that turns me to ice!

And I who was accustomedto a voluptuous caressof ardent lips and passionate armsnow have something quite different. Oh, my humble dwelling,you again appear before me — cheerful, secluded, white-walled,like a sweet dream of peace and love!

3 Dans ces molles dentelles,dans l’alcôve dorée,règnent un silence, un froid mortels,règnent un silence,un grand froid qui me glacent !

Moi qui m’étais accoutuméeà la caresse voluptueusede ses lèvres ardentes, à la chaleur de ses bras, je découvre bien autre chose, à présent !Ô mon humble demeure,je me souviens de toi,gaie, solitaire et blanche,comme un tendre rêve d’amour et de paix !

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4 Nun! ’s ist für ihn! Drum zurück darf ich nimmer ...Mein armer Chevalier!Gewiß, ihn liebe ich allein!Und warum doch schwank’ ich so sehr?Nein, nein! ... Ich bin seiner nicht würdig mehr!Ich höre die lockende Stimme,sie verwirrt meinen Sinn:Manon! Manon, du wirst durch deine SchönheitKönigin! Ja, Königin!Schwach bin ich doch fürwahr und unberechenbar! Ach, dennoch fühl’ ichmeine Tränen fließen ...Dem fliehenden Traume folgt mein Sinn;wird die Zukunft mir das Glück erschließender schönen Tage, die dahin?

Mein Tischchen, ich muß von dir nun scheiden, das uns oft vereint zum schönen Los!Du Tischchen klein,für uns doch so groß!Wir brauchten, oh, man glaubt es kaum, dicht beieinander so wenig Raum…

4 Allons ! Il le faut pour lui-même…Mon pauvre chevalier !Oui, c’est lui que j’aime !Et pourtant, j’hésite aujourd’hui.Non, non !… Je ne suis plus digne de lui !J’entends cette voix qui m’entraînecontre ma volonté :Manon, Manon, tu seras reine…Reine… par la beauté !Je ne suis que faiblesse — et que fragilité !Ah ! malgré moije sens couler mes larmes devant ces rêves effacés ; l’avenir aura-t-il les charmesde ces beaux jours déjà passés ?

Adieu, notre petite table,qui nous réunit si souvent ! Adieu, notre petite table,si grande pour nous cependant ! On tient, c’est inimaginable,si peu de place en se serrant…

4 Come now, I must do it, for his sake...My poor Chevalier!Yes, he’s the one I love!And yet today I’m still hesitating.No, no!... I’m no longer worthy of him!I keep hearing this voice thatattracts me against my will:Manon, Manon, you will be queen...A queen... by your beauty!I am nothing but weakness and frailty!…Ah! despite myself,I feel my tears flowingbefore those vanished dreams!Will the future have the charmsof those fair days already passed?

Goodbye, our little table,where we so often are joined!Goodbye, goodbye, our little table, nevertheless for us so large.One takes up — one can hardly believe it — so little room when pressed close.

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5 Ich will‘s tun, auch wenn Natur ihr Recht verlor;Und mein Los besiegeln, auf ewig, ohne Bangen:Auf Cébas wart ich, denn Cébas schwor;Von seiner Hand werd ich das Gift empfangen.Vergib, oh Romeo, wenn die Geliebte zartIn jener dunklen Stunde von Furcht ergriffen ward.Ach! Nur für dich, für dich allein, Geliebter, halt ich stilldeine Liebe ich um jeden Preis bewahren will.Ach, ich beklage meine Lieben —Cécile, du Teure, und Vater, dass Ihr allein zurückgeblieben…Ich zittre! Götter, lasst mich auf ewig scheiden absteht Romeo, erwach ich, nicht am Grab.Wohin? Ah! Was ist jener böse Schatten dort?Tybalt: Himmel! Armer Geliebter! Du bist fort!Er droht dir, schreit dich an… „Entsage ihr!Romeo, für alle Ewigkeit sei du bei mir.“

Eine unbekannte Macht ergreift mein Herz:ich aber sprenge meine Ketten:fühl keine Unbill, keinen Schmerzder Augenblick ist da, nichts soll mich retten.Das Gift, mit dem ich aus dem Leben scheideZurrt umso fester nur die Bande, die uns halten beide.Sollt ich leben ohne Romeo tagaus, tagein —Oh! So muss tägliches Sterben sein.

5 Je vais donc usurper les droits de la nature ; Oui, Je vais pour jamais terminer mon destin : Je l’attends de Cébas, et Cébas me le jure ; Sa main à Juliette offre un poison certain. Pardonne, Roméo, dans ce moment terrible,Si la crainte saisit ton amante sensible ! Hélas ! c’est pour toi seul, oui, c’est pour ton amour Qu’elle met quelque prix à conserver le jour. Que je plains les objets à qui je suis si chère ! Cécile, tendre amie, et vous surtout, mon père…Je frémis ! prolongez à jamais mon sommeil,Grands Dieux ! si Roméo n’est pas à mon réveil.Où fuir ? ah ! quelle est donc cette ombre menaçante ? C’est Théobald : ô ciel ! trop malheureuse amante ! Il te menace, il crie… « Abjure ton amour ; C’est Roméo, c’est lui qui m’a ravi le jour. »

Un pouvoir inconnu m’entraîne ; Je m’affranchis, je romps ma chaîne : Le moment approche, et mon cœur Ne sent ni trouble, ni terreur. Ce poison qui finit ma vie Serre encore le nœud qui nous lie : Sans Roméo, vivre toujours, Ah ! c’est mourir tous les jours.

5 Thus I shall usurp the laws of nature;Yes, I shall forever seal my fate:I await it from Cébas, who has pledged it;His hand brings Juliette a sure poison.Forgive me, Roméo, in this terrible momentIf fear takes hold of your tender lover!Alas! it is for you alone, yes, it is for your loveThat I still value living.How I pity those to whom I am so dear!Cécile, sweet friend, and you, most of all, my father…I shudder! Great gods, prolong forever my sleepIf Roméo is not there when I awake.Where to flee? Ah, what is that sinister apparition?It is Théobald: o heavens, too unhappy lover!He threatens you, he cries: “Renounce your love;It is Roméo who has robbed me of my life.”

A strange power sweeps me along;I free myself, break my chains:The moment approaches, and my heartFeels neither turmoil nor terror.This poison that ends my lifeTightens still the knot that binds us:Without Roméo, to live foreverAh! is to die again each day.

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Julie

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Juliette

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6 Gott! Welche Kälte durchrinnt meine Adern. Wenn dieser Trank nicht wirkte! Vergebliche Ängste!Ich werde nicht gegen meinen Willen handeln! Nein! Nein! Dies Gift sei Hüter meiner Treue! Komm Wundertrank, geheimnisvoller!Durch meine Adern ströme er,Bis Herz und Sinn im Traum versank.Komm, oh komm, mein Wundertrank.Lass mich für alle Augen leblos scheinen!So will mit Romeo ich mich vereinenUnd unter Küssen steigen aus der Gruft, in die ich sank.Komm, oh komm, mein Wundertrank.

Oh welche Angst in mir, mein Herz ist krank.Was, wenn nun wäre Gift der Trank?Ja! Mein Tod, mein Tod kann Sicherheit dem

Mönche geben!Doch nein! Nimmer raubt er mir das Leben.Nein, nimmer.

Liebe, stärke meinen Mutund vertreibe die Furcht aus meinem Herzen! Zaudern hieße dich beleidigen,Beben ist fehlende Treue!Trinke, trinke diesen Trank!O Roméo, ich trinke dir zu!

Doch wenn ich morgen in jener düsteren Gruft erwache, bevor er kommt? Großer Gott!Dieser schreckliche Gedanke läßt mein Blut erstarren!Was wird aus mir in jener Finsternis,an jenem Ort des Todes und der Seufzer,den die Jahrhunderte mit Knochen angefüllt haben? Wo Tybalt, noch blutverschmiert von seiner Wunde, mir nahe ist, in der finsteren Nacht schläft;Gott! Meine Hand berührt die seine!Wer ist dieser Geist, der dem Tode entsprang?Es ist Tybalt! Er ruft mich! Er will meinen Gatten von mir reißen und erhebt seinen furchtbaren Degen!Nein! Geister! Vergeht!Verschwinde, gräßlicher Traum!Möge die Dämmerung des Glückes aufsteigenüber dem Schatten vergangener Qualen!

Komm! Liebe, belebe meinen Mut, usw.

6 Dieu ! quel frisson court dans mes veines ?Si ce breuvage était sans pouvoir !… Craintes vaines !Je n’appartiendrai pas au Comte malgré moi !Non ! non ! Ce poignard, s’il le faut, sera le gardien de ma foi !Viens ! Ô liqueur mystérieuse !De mes terreurs sois victorieuse.Enivre mes sens, enivre mon cœur !Viens, mystérieuse liqueur !Simule la mort dans tout mon être !À mon corps inanimé ouvre cette tombe

où je dois renaître, Sous les baisers de Roméo !…Viens ! Ô liqueur mystérieuse etc.

Pourquoi donc ai-je peur ?Si ce breuvage au contraire était un poison fatal ? Oui, ma mort ! ma mort ! assurerait le moine

de mon silence et peut-être,Non ! non ! pourrait-il mettre en balance une crainte

frivole avec un tel remords ? Non ! Ah !

Amour, ranime mon courage, Et de mon cœur chasse l’effroi ! Hésiter, c’est te faire outrage,Trembler est un manque de foi !Verse toi-même ce breuvage !Ô Roméo ! Je bois à toi !

Ah ! Si demain pourtant dans ces caveaux funèbres Je m’éveillais avant son retour ? Dieu puissant ! Cette pensée horrible a glacé tout mon sang !Que deviendrai-je en ces ténèbresDans ce séjour de mort et de gémissements,Que les siècles passés ont rempli d’ossements ? Où Tybalt, tout saignant encore de sa blessure, Près de moi, dans la nuit obscure dormira ! Dieu ! Ma main rencontrera sa main ! Quelle est cette ombre à la mort échappée ?C’est Tybalt ! Il m’appelle ! Il veut de mon chemin Écarter mon époux ! Et sa fatale épée…Non ! Fantômes, disparaissez !Dissipe-toi, funeste rêve !Que l’aube du bonheur se lèveSur l’ombre des tourments passés !

Amour ! Ranime mon courage, etc.

6 Heav’n! What a chill doth overrun me!What if this potion work not at all? Idle terrors!They cannot make me wed the count ’gainst my will! No! no! For this poignard shall be the guard of my vow! Come! O mysterious draught!Vanquish my fears.Intoxicate my senses, intoxicate my heart!Come, mysterious draught!Feign death in all my being!To my lifeless body open this tomb

where I shall be revivedBy Roméo’s kisses!Come! O mysterious draught etc.

Why then am I afraid?That this drink might instead be deadly poison?Yes, my death! my death would assure the friar

of my silence perhaps,No! no! but could his foolish fear outweigh remorse

so great? No! Ah!

O love, revive my fond devotion,and from my heart banish dismay!Now to doubt, that were to disown thee,to fear were my love to betray, never!Never! Rather for dead may he bemoan me!O, my belov’d, I will obey!

But, if tomorrow morn, ere he return,I waken, amid the lonely chill of the tomb? Heavenly Pow’rs!This horrible conceit chills the blood in my veins! What should I do, lone and forsaken,if in yon abode of death, none near to heed my moans,that the centuries past have replenish’d with bones? And wherein bloody Tybalt, fest’ring yet is lying, close at hand, in the gloom espying, I should view. Heav’ns! And if his hand were touching mine!What is this shade, from the tomb grimly gazing?It is he! It is Tybalt! He calls me to depart from the one whom I love, his fatal blade upraising.No! Ye phantoms! Vanish away!Vanish away, oh vision frightful!Now dawn, oh morn of joy delightfulabove the gloom of woes gone by!

Come! Oh love! Revive my fond devotion, etc.

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7 Vor kurzer Zeit drang eine Stimme mir hier ins Herz;mein Herz ist schon verwundet,und Lindoro war es, der es tat.Ja, Lindoro wird mein sein,ich schwöre, ich werde gewinnen. Der Vormund lehnt es ab,ich werde meinen Verstand schärfen; am Ende wird er sich beruhigen,und ich werde zufrieden sein.Ja, Lindoro wird mein sein, usw.

Ich bin fügsam, bin ehrerbietig,bin gehorsam, süß, liebevoll,ich lasse mich führen, lasse mich leiten, ich lasse mich leiten, lasse mich führen. Doch wenn man mich anrührt an meiner schwachen Stelle,so werde ich eine Viper sein,und hundert Schwindeleien werde ich verüben, ehe daß ich nachgeben werde, usw.

8 Hör mein Flehn, o Gott der Liebe, hab Erbarmen mit meiner Not, gib mir meinen Gatten wieder oder sende mir den Tod!

Hör mein Flehn, usw.

7 Una voce poco faqui nel cor mi risuonò, il mio cor ferito è già,e Lindor fu che il piagò. Sì, Lindoro mio sarà,lo giurai, la vincerò, ecc. Il tutor ricuserà,io l’ingegno aguzzerò, alla fin s’accheterà,e contenta io resterò.Sì, Lindoro mio sarà, ecc.

Io son docile, son rispettosa,sono obbediente, dolce, amorosa.Mi lascio reggere, mi lascio reggere, mi fo guidar, mi fo guidar.Ma se mi toccano dov’è il mio debole,sarò una vipera, sarò,e cento trappole prima di cedere, farò giocar, farò giocar, ecc.

8 Porgi, amor, qualche ristoro,al mio duolo, a miei sospir! O mi rendi il mio tesoro,o mi lascia almen morir!

Porgi, amor, ecc.

7 The voice I heard just nowhas thrilled my very heart.My heart already is piercedand it was Lindoro who hurled the dart. Yes, Lindoro shall be mine.I’ve sworn it. I’ll succeed, etc.My guardian won’t consent,but I will sharpen my wits,and at last he will relent,and I shall be content.Yes, Lindoro shall be mine, etc.

I am docile, I am respectful,I am obedient, sweet and loving. I can be ruled,I can be guided,but if crossed in loveI can be a viper, yes,and a hundred tricks I shall play, before they have their way, etc.

8 Grant love, some reliefto my sorrow, to my sighing! Give me back my treasure, or at least let me die!

Grant, love, etc.

7 À l’instant une voixvient de toucher mon cœur,et ce cœur si tôt frappé,c’est Lindoro qui l’a blessé.Oui, Lindoro m’appartiendra,je l’ai juré et je vaincrai, etc. Mon tuteur refusera,j’aiguiserai mes ruses,enfin il cédera,et je vivrai heureuse.Oui, Lindoro m’appartiendra, etc.

Je suis docile, respectueuse, obéissante, douce, amoureuse,on me gouverne, on me gouverne, je laisse faire, me laisse faire.Mais si l’on s’en prend à mon cœur,je me ferai vipère, ah, oui,par mille stratagèmes, avant de plier, je me défendrai, me défendrai, etc.

8 Amour, donne quelque apaisement à ma douleur, à mes soupirs : rends-moi mon amourou laisse-moi mourir.

Amour, donne, etc.

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9 Er, dessen Worte alle meine Schmerzen auslöschen, Der Prophet ist hier! Zu ihm gehe ich nun!

Er ist sanft, er ist gut; seine Sprache ist freundlich, Er spricht, und alles schweigt... Leichter als sonst Bläst der aufmerksame Wind über die Ebene.Ach! Wann kehrt er wieder? Wann nur kann ich ihn hören?Ich litt, ich war allein, doch mein Herz wurde ruhig, Als ich seine melodische und zärtliche Stimme vernahm!Geliebter Prophet, wie kann ich ohne dich leben! Hier, in dieser Wüste, wohin ihm die erstaunte Menge Gefolgt war, nahm er mich verlassenes Kind aufUnd öffnete mir seine Arme!Ach! Wann kehrt er wieder?Wann nur kann ich ihn hören?Ich litt, ich war allein, usw.

9 Celui dont la parole efface toutes peines,Le prophète, est ici ! C’est vers lui que je vais !

Il est doux, il est bon ; sa parole est sereine,Il parle, tout se tait… Plus léger sur la plaineL’air attentif passe sans bruit.Ah ! quand reviendra-t-il ? Quand pourrai-je I’entendre ?Je souffrais, j’étais seule, et mon cœur s’est calmé En écoutant sa voix mélodieuse et tendre !Prophète bien-aimé, puis-je vivre sans toi ! C’est là, dans ce désert où la foule étonnée Avait suivi ses pas, qu’il m’accueillit un jour, Enfant abandonnée, et qu’il m’ouvrit ses bras !Ah ! quand reviendra-t-il ?Quand pourrai-je I’entendre ?Je souffrais, j’étais seule, etc.

9 He whose word banishes all sorrows,the prophet, is here! It is to him that I go!

He is sweet, he is good; his words are serene, he speaks and all is silent… Over the plain the listening air passes noiselessly.Ah! when will he return? When shall I hear his voice?I was suffering, I was alone, and my heart was calmed on hearing his melodious tender voice!How can I live without you, dearly beloved prophet! There in the desert, where the astonished crowd had followed him, he found me one day, an abandoned child, and opened his arms to me!Ah, when will he return?When shall I hear his voice?I was suffering, I was alone, etc.

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10 Ah! Du wolltest mich nichtdeinen Mund küssen lassen, Jochanaan! Wohl, ich werde ihn jetzt küssen!Ich will mit meinen Zähnen hineinbeißen, wie man in eine reife Frucht beißen mag. Ja, ich will ihn jetzt küssen, deinen Mund, Jochanaan.Hab’ ich’s nicht gesagt? Ja, ich hab’ es gesagt.Ah! Ah! Ich will ihn jetzt küssen.Aber warum siehst du mich nicht an, Jochanaan?Deine Augen, die so schrecklich waren, so voller Wut

und Verachtung, sind jetzt geschlossen.Warum sind sie geschlossen?Öffne doch die Augen, so hebe deine Lider, Jochanaan!Warum siehst du mich nicht an?Hast du Angst vor mir, Jochanaan,daß du mich nicht ansehen willst?Und deine Zunge, sie spricht kein Wort, Jochanaan, diese Scharlachnatter, die ihren Geifer gegen mich spie.Es ist seltsam, nicht?Wie kommt es, daß diese rote Natter sich nicht mehr rührt?Du sprachst böse Worte gegen mich, Salome, die Tochter der Herodias, Prinzessin von Judäa.Nun wohl! Ich lebe noch, aber du bist tot, und dein Kopf, dein Kopf gehört mir!Ich kann mit ihm tun, was ich will. Ich kann ihn den Hunden vorwerfen und den Vögeln der Luft.Was die Hunde übriglassen,sollen die Vögel der Luft verzehren.Ah! Ah! Jochanaan, Jochanaan, du warst schön.Dein Leib war eine Elfenbeinsäule auf silbernen Füßen.Er war ein Garten voller Tauben in der Silberlilien Glanz.

10 Ah ! tu n’as pas voulu melaisser baiser ta bouche, Iokanaan !Eh bien ! je la baiserai maintenant.Je la mordrai avec mes dentsComme on mord un fruit mûr.Oui, je baiserai ta bouche, Iokanaan.Je te l’ai dit, n’est-ce pas ? Je te l’ai dit.Ah ! Ah ! je la baiserai maintenant…Mais pourquoi ne me regardes-tu pas, Iokanaan ?Tes yeux si terribles, qui étaient si pleins

de colère et de mépris, ils sont fermés maintenant.Pourquoi sont-ils fermés ?Ouvre tes yeux ! Soulève tes paupières, Iokanaan. Pourquoi ne me regardes-tu pas ?As-tu peur de moi, Iokanaan,que tu ne veux pas me regarder ?…Et ta langue, elle ne remue plus, Iokanaan, cette vipère rouge qui a vomi son venin sur moi.C’est étrange, n’est-ce pas ?Comment se fait-il que la vipère rouge ne remue plus ?Tu m’as traitée comme une courtisane, moi, Salomé, la fille d’Hérodias, Princesse de Judée !Eh bien, Iokanaan, moi je vis encore,mais toi tu es mort et ta tête m’appartient. Je puis en faire ce que je veux.Je puis la jeter aux chiens et aux oiseaux de l’air.Ce que laisseront les chiens,les oiseaux de l’air le mangeront…Ah ! Ah ! Iokanaan, Iokanaan, tu étais beau.Ton corps était une colonne d’ivoire sur un socle d’argent.C’était un jardin plein de colombes et de lys d’argent.

10 Ah! Thou wouldst not suffer me to kiss thy mouth, Jochanaan! Well, I will kiss it now!I will bite it with my teethas one bites into a ripe fruit. Yes, I will kiss thy mouth, Jochanaan.Did I not say it? Yes, I said it.Ah! Ah! I will kiss it now.But wherefore dost thou not look at me, Jochanaan?Thine eyes, that were so terrible, so full of rage and

contempt, are closed now.Wherefore are they closed?Open thou thine eyes, lift up thine eyelids, Jochanaan!Why dost thou not look at me?Art thou afraid of me, Jochanaan,that thou wilt not look at me?And thy tongue doth speak no word, Jochanaan, that scarlet viper that spat its poison upon me.It is strange, is it not?How is it that this red viper doth stir no more?Thou spakest evil words against me, against me, Salome, daughter of Herodias, Princess of Judea.Well then! I am living still but thou art dead, and thy head, thy head belongs to me!I can do with it what I will.I can throw it to the dogs and to the birds of the air.What is left by the dogsthe birds of the air may devour.Ah! Ah! Jochanaan! Jochanaan, thou wert beautiful.Thy body was a column of ivory set upon feet of silver.It was a garden full of doves in the gleam of silver lilies.

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Nichts in der Welt war so weiß wie dein Leib.Nichts in der Welt war so schwarz wie dein Haar.In der ganzen Welt war nichts so rot wie dein Mund.Deine Stimme war ein Weihrauchgefäß,und wenn ich dich ansah,hörte ich geheimnisvolle Musik.Ah! Warum hast du mich nicht angeseh’n, Jochanaan?Du legtest über deine Augen die Binde eines, der seinen Gott schauen wollte.Wohl, du hast deinen Gott geseh’n, Jochanaan,aber mich, mich hast du nie geseh’n.Hättest du mich geseh’n, du hättest mich geliebt!Ich dürste nach deiner Schönheit, hung’re nach deinem Leib.Nicht Wein noch Äpfel können mein Verlangen stillen.Was soll ich jetzt tun, Jochanaan?Nicht die Fluten, noch die großen Wasser können dieses brünstige Begehren löschen. Oh! Warum sahst du mich nicht an?Hättest du mich angeseh’n, du hättest mich geliebt.Ich weiß es wohl, du hättest mich geliebt. Und das Geheimnis der Liebeist größer als das Geheimnis des Todes.

Ah! Ich habe deinen Mund geküßt, Jochanaan. Es war ein bitterer Geschmack auf deinen Lippen.Hat es nach Blut geschmeckt? Nein!Doch es schmeckte vielleicht nach Liebe.Sie sagen, daß die Liebe bitter schmecke. Allein was tut’s? Was tut’s?Ich habe deinen Mund geküßt, Jochanaan.

Rien au monde d’aussi blanc que ton corps,rien au monde d’aussi noir que tes cheveux.Dans le monde tout entier il n’y avait riend’aussi rouge que ta bouche.Ta voix était un encensoir qui répandait d’étranges parfums, et quand je te regardais, j’entendais une musique étrange !Oh ! pourquoi ne m’as-tu pas regardée, Iokanaan ?Tu as mis sur tes yeux le bandeaude celui qui veut voir son Dieu.Eh bien, tu l’as vu, ton Dieu, Iokanaan,mais moi, moi… tu ne m’as jamais vue.Si tu m’avais vue, tu m’aurais aimée.J’ai soif de ta beauté. J’ai faim de ton corps.Et ni le vin, ni les fruits ne peuvent apaiser mon désir.Que ferai-je maintenant, Iokanaan ?Ni les fleuves, ni les grandes eauxne pourraient éteindre ma passion.Ah ! pourquoi ne m’as-tu pas regardée ?Si tu m’avais regardée, tu m’aurais aimée.Je sais bien que tu m’aurais aimée,et le mystère de l’amourest plus grand que le mystère de la mort.

Ah ! j’ai baisé ta bouche, Iokanaan.Il y avait une âcre saveur sur tes lèvres.Était-ce la saveur du sang ?Mais peut-être, est-ce la saveur de l’amour.On dit que l’amour a une âcre saveur…Mais qu’importe ? Qu’importe ?J’ai baisé ta bouche, Iokanaan !

Nothing on earth was so white as thy body.Nothing in the world was so black as thy hair.In the whole world there was nothing so red as thy mouth.Thy voice was a censer,and when I looked at theeI heard a strange music.Ah! Why didst thou not look at me, Jochanaan?Thou didst put upon thine eyes the covering of one who would see his God.Well, thou hast seen thy God, Jochanaan,but me, me thou didst never see.If thou hadst seen me, thou wouldst have loved me!I am thirsty for thy beauty. I am hungry for thy body.Neither wine nor apples can appease my desire.What shall I do now, Jochanaan?Neither the floods nor the great waterscan quench this burning passion.Oh, why didst thou not look at me?If thou hadst looked at me, thou wouldst have loved me.I know it well, thou wouldst have loved me. And thy mystery of loveis greater than the mystery of death.

Ah! I have kissed thy mouth, Jochanaan.There was a bitter taste upon thy lips.Was it the taste of blood? No!But perhaps this was the taste of love.They say that love hath a bitter taste.But what of that? What of that?I have kissed thy mouth, Jochanaan.

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Page 31: MIROIR(S) - IDAGIO · 2019. 3. 26. · 6 Roméo et Juliette (original version, Act IV) “Dieu ! Quel frisson court dans mes veines ?… Viens ! Ô liqueur mystérieuse !… Amour,

Recorded: 16–21.IV.2018, Le Corum, Montpellier, FranceExecutive producer: Alain Lanceron

Producer: Olivier RossetSound engineer: Hugues Deschaux

Publishers: Alphonse Leduc (1–2, 4, 9); Casa Ricordi (3, 7); Bärenreiter (8); Boosey & Hawkes Music Publishers Ltd (10);scores and parts for both the Gounod and the Steibelt Roméo et Juliette excerpts (5–6)

have been edited and furnished by the Palazzetto Bru Zane – Centre de musique romantique françaiseSung text translations: English – Robert Sargant (5, 6: cantabile); � 1969 Joseph Allen (6); � 1961 Warner Classics (7, 8); Hugh Graham (9).

Français – B. Vierne (2). Deutsch – � 2000 Decca / Claudia Jost (2); Anne Thomas (5, 6: cantabile); Annegret Fauser (9).Photography: Denis Rouvre (Elsa Dreisig); � Mario Sinistaj (orchestra); � Marc Ginot (Michael Schønwandt)

Stylists / creative direction: Loanna Haseltine, Corinne Marques (assistant)Special thanks to Rouge Margaux, Dice Kayek, Sandrine Tessier haute joaillerie & Haseltine Atelier

Cover and digipack design: Marc PellerinBooklet design and editorial: WLP Ltd

� & � 2018 Parlophone Records Limited, a Warner Music Group Companyelsadreisig.fr · erato.com

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